« Régimes d’Ordre et de Progrès en Amérique latine : 1875 - 1910 » : différence entre les versions

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La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle ont été marqués par une poussée de modernisation en Amérique latine, inspirée en grande partie par les progrès industriels et technologiques observés en Europe et aux États-Unis. Au cœur de cette modernisation se trouvaient les projets d'infrastructure, en particulier la construction de chemins de fer, qui étaient vus comme le symbole par excellence du progrès et de la modernité. Les chemins de fer avaient le potentiel de transformer radicalement l'économie d'un pays. Ils permettaient de transporter rapidement et efficacement des marchandises sur de longues distances, ouvrant ainsi de vastes régions intérieures à l'exploitation agricole et minière. Les villes, quant à elles, ont été modernisées pour refléter l'image d'une nation progressiste, avec de nouveaux bâtiments, des services publics améliorés et une meilleure connectivité. Ces projets étaient attrayants pour les investisseurs étrangers, en particulier les Européens et les Nord-Américains, qui voyaient en Amérique latine un terrain fertile pour leurs capitaux. Les gouvernements latino-américains, désireux d'attirer ces investissements, ont souvent offert des incitations généreuses, telles que des concessions foncières et des exonérations fiscales. Cependant, la médaille avait un revers. La construction de chemins de fer nécessitait d'énormes étendues de terres, souvent obtenues par la confiscation ou l'achat à des prix dérisoires. Les petits agriculteurs et les communautés indigènes, dont les droits fonciers étaient souvent précaires ou non reconnus, se sont retrouvés déplacés de leurs terres ancestrales. Ces terres étaient ensuite souvent vendues ou louées à de grands propriétaires terriens ou à des entreprises, conduisant à une concentration encore plus grande de la propriété foncière. De plus, la modernisation des villes a souvent été réalisée sans égard pour les populations les plus vulnérables. Les quartiers pauvres étaient régulièrement rasés pour faire place à de nouveaux développements, déplaçant des milliers de personnes sans offrir de solutions de relogement adéquates.
La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle ont été marqués par une poussée de modernisation en Amérique latine, inspirée en grande partie par les progrès industriels et technologiques observés en Europe et aux États-Unis. Au cœur de cette modernisation se trouvaient les projets d'infrastructure, en particulier la construction de chemins de fer, qui étaient vus comme le symbole par excellence du progrès et de la modernité. Les chemins de fer avaient le potentiel de transformer radicalement l'économie d'un pays. Ils permettaient de transporter rapidement et efficacement des marchandises sur de longues distances, ouvrant ainsi de vastes régions intérieures à l'exploitation agricole et minière. Les villes, quant à elles, ont été modernisées pour refléter l'image d'une nation progressiste, avec de nouveaux bâtiments, des services publics améliorés et une meilleure connectivité. Ces projets étaient attrayants pour les investisseurs étrangers, en particulier les Européens et les Nord-Américains, qui voyaient en Amérique latine un terrain fertile pour leurs capitaux. Les gouvernements latino-américains, désireux d'attirer ces investissements, ont souvent offert des incitations généreuses, telles que des concessions foncières et des exonérations fiscales. Cependant, la médaille avait un revers. La construction de chemins de fer nécessitait d'énormes étendues de terres, souvent obtenues par la confiscation ou l'achat à des prix dérisoires. Les petits agriculteurs et les communautés indigènes, dont les droits fonciers étaient souvent précaires ou non reconnus, se sont retrouvés déplacés de leurs terres ancestrales. Ces terres étaient ensuite souvent vendues ou louées à de grands propriétaires terriens ou à des entreprises, conduisant à une concentration encore plus grande de la propriété foncière. De plus, la modernisation des villes a souvent été réalisée sans égard pour les populations les plus vulnérables. Les quartiers pauvres étaient régulièrement rasés pour faire place à de nouveaux développements, déplaçant des milliers de personnes sans offrir de solutions de relogement adéquates.


//Ces politiques, bien qu'elles aient favorisé la croissance économique, ont également eu des conséquences négatives pour la majorité de la population. Les petits agriculteurs et les communautés indigènes ont souvent été déplacés de leurs terres et se sont retrouvés avec peu de moyens de subsistance. La concentration des terres entre les mains d'une petite élite a entraîné une pauvreté généralisée et des inégalités sociales, la majorité de la population étant exclue des bénéfices de la croissance économique. Ces politiques n'étaient pas propres à l'Amérique latine, des politiques similaires ont été mises en œuvre dans d'autres régions du monde au cours de cette période, entraînant des conséquences similaires.
Au tournant du XXe siècle, l'industrialisation et la modernisation étaient des objectifs majeurs pour de nombreux pays en développement. Poussés par les exemples de réussite des nations industrialisées et par le désir d'intégrer l'économie mondiale, de nombreux gouvernements ont adopté des politiques favorisant la croissance économique rapide. Cependant, ces politiques étaient souvent mises en œuvre sans une considération suffisante pour leurs impacts sociaux. En Amérique latine, la construction de chemins de fer, la modernisation des infrastructures et l'expansion des industries extractives ont été vues comme des moyens essentiels pour stimuler l'économie. Cependant, ces développements ont souvent nécessité de vastes étendues de terres, entraînant le déplacement de petits agriculteurs et de communautés indigènes. Sans terres pour cultiver et sans accès à leurs ressources traditionnelles, ces populations se sont souvent retrouvées marginalisées, vivant dans la pauvreté et sans moyens de subsistance viables. La concentration des terres et des ressources entre les mains d'une élite économique a exacerbé les inégalités existantes. Alors que cette élite profitait des fruits de la croissance économique, la majorité de la population était laissée pour compte, avec peu d'accès à l'éducation, à la santé ou à des opportunités économiques. Il est important de noter que ces tendances n'étaient pas uniques à l'Amérique latine. Dans de nombreuses régions du monde, de l'Afrique à l'Asie, des politiques similaires ont été mises en œuvre. L'expansion coloniale et l'industrialisation ont souvent conduit à la confiscation des terres, au déplacement de populations et à la concentration de la richesse et du pouvoir. Les conséquences de ces politiques se font encore sentir aujourd'hui, avec de profondes inégalités et des tensions sociales persistantes dans de nombreuses régions du monde.


Le concept d'"ordre" dans les "régimes d'ordre et de progrès" en Amérique latine impliquait souvent le développement et la modernisation de l'armée, souvent avec l'aide de missions militaires de pays comme l'Allemagne. L'armée a été renforcée et utilisée pour supprimer la dissidence politique et maintenir le contrôle social.
L'expression "Ordre et Progrès", bien que largement associée au drapeau brésilien, est devenue emblématique de l'approche de nombreux régimes en Amérique latine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ces régimes ont cherché à moderniser leurs pays en s'inspirant des modèles européens et nord-américains, tout en maintenant un contrôle strict sur la population. Le concept d'"ordre" était central à cette vision. Pour ces régimes, l'ordre ne signifiait pas seulement la paix et la stabilité, mais aussi un contrôle strict et hiérarchique de la société. L'armée jouait un rôle crucial à cet égard. Dans de nombreux pays d'Amérique latine, l'armée a été transformée, modernisée et renforcée, souvent avec l'aide de missions militaires étrangères, en particulier de l'Allemagne, qui était alors considérée comme ayant l'une des armées les plus efficaces et les mieux organisées du monde. Ces missions militaires ont formé les officiers latino-américains aux tactiques, aux stratégies et à l'organisation militaires modernes. Mais elles ont également inculqué une vision du rôle de l'armée dans la société qui allait bien au-delà de la simple défense nationale. L'armée était vue comme une institution garante de l'ordre et de la stabilité, et donc comme un acteur politique crucial. Avec cette nouvelle puissance et ce nouveau rôle, l'armée est devenue un outil essentiel pour les élites au pouvoir pour maintenir leur contrôle. Les dissidents politiques, les mouvements ouvriers, les communautés indigènes et toute autre forme de contestation étaient souvent réprimés avec force. L'armée était utilisée pour disperser les manifestations, arrêter et emprisonner les leaders de l'opposition, et parfois même pour mener des campagnes de répression à grande échelle.


La restauration de nombreuses prérogatives de l'Église catholique, qui avaient été supprimées sous les gouvernements libéraux, était également considérée comme un élément clé de l'"ordre". Cela inclut le retour de l'influence de l'Église dans l'éducation et la vie publique, ainsi que la suppression des minorités religieuses et des mouvements laïques.
L'Église catholique a joué un rôle central dans l'histoire et la culture de l'Amérique latine depuis l'époque coloniale. Toutefois, au XIXe siècle, de nombreux pays de la région ont connu des mouvements libéraux qui ont cherché à réduire l'influence de l'Église sur la vie publique, à séparer l'Église et l'État et à promouvoir la laïcité. Ces réformes libérales ont souvent entraîné la confiscation des biens de l'Église, la restriction de son rôle dans l'éducation et la limitation de son influence politique. Cependant, avec l'avènement des "régimes d'Ordre et de Progrès" à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, il y a eu un retour de balancier. Ces régimes, cherchant à établir un ordre social stable et à contrecarrer les influences libérales et radicales, ont souvent vu l'Église catholique comme un allié naturel. Pour ces régimes, l'Église représentait non seulement une source d'autorité morale, mais aussi un moyen d'inculquer des valeurs conservatrices et d'ordre à la population. Ainsi, de nombreuses prérogatives de l'Église qui avaient été supprimées ou limitées par les gouvernements libéraux précédents ont été restaurées. L'Église a retrouvé une place prépondérante dans l'éducation, avec le retour des écoles confessionnelles et la promotion d'une éducation basée sur les valeurs catholiques. L'influence de l'Église dans la vie publique a également été renforcée, avec une plus grande visibilité des cérémonies religieuses et des événements de l'Église. Parallèlement à cette restauration de l'influence de l'Église, il y a eu une répression des minorités religieuses, en particulier des protestants, qui étaient souvent vus comme des agents de l'influence étrangère, en particulier des États-Unis. Les mouvements laïques, qui prônaient une séparation plus stricte de l'Église et de l'État et qui étaient souvent associés à des idées libérales ou radicales, ont également été réprimés.


L'opposition à ces politiques était souvent réduite au silence par la censure, le retour du vote censitaire, qui limitait le droit de vote à une petite partie de la population, et la répression brutale des travailleurs et des petits agriculteurs qui se mobilisaient contre ces changements. Ces politiques ont entraîné des violations généralisées des droits de l'homme, la suppression de la dissidence politique et la concentration du pouvoir entre les mains d'une petite élite.
L'ascension des "régimes d'Ordre et de Progrès" en Amérique latine a été marquée par une série de mesures visant à consolider le pouvoir entre les mains d'une élite restreinte. Ces mesures, bien que présentées comme nécessaires pour assurer la stabilité et le progrès, ont souvent eu des conséquences dévastatrices pour la démocratie et les droits de l'homme dans la région. La censure est devenue un outil courant pour contrôler le discours public. Les journaux, les écrivains et les intellectuels qui critiquaient le gouvernement ou ses politiques étaient souvent soumis à des sanctions, allant de la fermeture de publications à l'emprisonnement ou même à l'exil. Cette censure a non seulement étouffé la liberté d'expression, mais a également créé une atmosphère de peur et d'autocensure parmi ceux qui auraient pu s'opposer aux actions du gouvernement. Le retour du vote censitaire était une autre tactique utilisée pour limiter la participation politique. En restreignant le droit de vote à ceux qui possédaient une certaine quantité de propriété ou qui remplissaient d'autres critères économiques, les élites ont pu s'assurer que seuls ceux qui avaient des intérêts alignés sur les leurs pouvaient participer au processus politique. Cela a effectivement exclu la grande majorité de la population du processus décisionnel. Mais peut-être le plus troublant était la manière dont ces régimes traitaient ceux qui osaient s'opposer ouvertement à eux. Les travailleurs, les petits agriculteurs et d'autres groupes marginalisés qui se mobilisaient pour revendiquer leurs droits étaient souvent confrontés à une répression brutale. Les grèves étaient violemment réprimées, les leaders syndicaux et communautaires étaient arrêtés ou assassinés, et les communautés entières pouvaient être punies pour les actions de quelques-uns.


Les régimes positivistes, fortement influencés par les idées d'"Ordre et Progrès", ont été mis en place dans de nombreux pays d'Amérique latine à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. Parmi les exemples de ces régimes, citons les régimes de Rafael Reyes en Colombie et de Manuel Estrada Cabrera au Guatemala.
Les régimes positivistes d'Amérique latine, inspirés par les idées d'"Ordre et Progrès", ont cherché à moderniser leurs nations en s'appuyant sur des principes scientifiques et rationnels. Ces régimes ont souvent été caractérisés par une forte centralisation du pouvoir, une modernisation économique rapide et une suppression de la dissidence. Bien que chaque pays ait eu ses propres particularités, certains thèmes communs peuvent être identifiés. Rafael Reyes, qui a dirigé la Colombie de 1904 à 1909, a cherché à moderniser l'économie colombienne en encourageant les investissements étrangers, en particulier dans les secteurs du pétrole et des mines. Il a également promu la construction de chemins de fer pour faciliter le transport des marchandises. Toutefois, Reyes a renforcé le pouvoir exécutif aux dépens des autres branches du gouvernement. Il a également réduit l'autonomie des régions en les plaçant sous le contrôle direct du gouvernement central. En matière de politique, Reyes n'a pas hésité à utiliser la force pour réprimer l'opposition, mettant en place une censure stricte et emprisonnant souvent ou exilant ses adversaires politiques. Manuel Estrada Cabrera, qui a dirigé le Guatemala de 1898 à 1920, a favorisé les intérêts des compagnies fruitières américaines, en particulier la United Fruit Company. Il a accordé d'énormes concessions à ces entreprises, leur permettant d'exercer une influence considérable sur l'économie guatémaltèque. Estrada Cabrera a également encouragé la construction de routes et de chemins de fer pour faciliter le commerce. Cependant, sa gouvernance était notoirement brutale dans sa répression de l'opposition. Il a utilisé à la fois l'armée et des milices privées pour éliminer ses adversaires, et sous son régime, la torture, l'emprisonnement et les exécutions étaient courants pour ceux qui osaient s'opposer à lui. Dans les deux cas, bien que les régimes aient réussi à réaliser certains progrès en matière de modernisation économique, ils l'ont fait au détriment des droits de l'homme et de la démocratie. La centralisation du pouvoir et la répression de la dissidence étaient des caractéristiques courantes des régimes positivistes en Amérique latine, reflétant l'influence des idées d'"Ordre et Progrès".


Deux pays particulièrement remarquables pour leur association avec ces régimes sont le Mexique et le Brésil. Au Mexique, le régime de Porfirio Díaz, qui a régné de 1876 à 1911, a été l'un des plus influents et des plus durables de ces régimes. Le gouvernement de Díaz a encouragé la modernisation et la croissance économique, mais a également réprimé la dissidence politique et maintenu une forte emprise autoritaire sur le pouvoir.
Au Brésil, la période connue sous le nom de "República Velha" (1889-1930) a également été marquée par des régimes d'"Ordre et Progrès". Inspirés par le positivisme, ces régimes ont cherché à moderniser le pays en suivant le modèle des nations occidentales industrialisées. Le maréchal Deodoro da Fonseca, qui a dirigé le coup d'État qui a renversé la monarchie brésilienne en 1889, a été le premier président de la République et a incarné cette philosophie. Sous sa direction et celle de ses successeurs, le Brésil a connu une période de modernisation rapide, avec l'expansion des chemins de fer, la promotion de l'industrialisation et la restructuration de l'éducation sur des bases positivistes. Cependant, tout comme au Mexique sous Díaz, le progrès économique au Brésil s'est accompagné d'une concentration du pouvoir politique. Les "coronels", ou grands propriétaires terriens, exerçaient une influence considérable sur la politique régionale et nationale. Ils contrôlaient souvent le vote dans leurs régions respectives, garantissant ainsi la loyauté des politiciens élus. Cette période, bien que marquée par des avancées économiques, a également été caractérisée par une corruption politique généralisée et une marginalisation des classes populaires.


De même, au Brésil, la Première République (1889-1930) s'est également proclamée comme un régime "d'ordre et de progrès". Ce régime visait à promouvoir la modernisation, l'industrialisation et la croissance économique, mais il a également supprimé la dissidence politique et maintenu une forte emprise autoritaire sur le pouvoir. La phrase "Ordem e Progresso" (Ordre et Progrès) a été inscrite sur le drapeau brésilien pendant cette période, reflétant l'engagement du gouvernement envers ces idéaux.
La Première République brésilienne, également connue sous le nom de "República Velha", a été une période de transformations majeures pour le pays. Après la proclamation de la République en 1889, qui a mis fin à la monarchie, le Brésil a cherché à se moderniser et à s'aligner sur les tendances mondiales de l'époque. L'influence du positivisme était palpable, comme en témoigne l'adoption de la devise "Ordem e Progresso" sur le drapeau national. L'industrialisation a commencé à prendre racine dans les principales villes, en particulier à São Paulo et à Rio de Janeiro. Les chemins de fer, les ports et d'autres infrastructures ont été développés pour faciliter le commerce et l'exportation, en particulier du café, qui est devenu le principal produit d'exportation du pays. Les élites agraires, en particulier les barons du café, ont joué un rôle central dans la politique nationale, consolidant leur pouvoir et leur influence. Cependant, malgré ces avancées économiques, la Première République était loin d'être démocratique. Le système politique était dominé par les élites agraires et les "coronels", qui contrôlaient le vote dans leurs régions respectives. La politique du "café com leite" reflétait l'alternance du pouvoir entre les élites de São Paulo (producteurs de café) et celles de Minas Gerais (producteurs de lait). De plus, la majorité de la population, en particulier les Afro-Brésiliens, les travailleurs ruraux et les populations indigènes, était largement exclue des processus décisionnels. La répression de la dissidence était courante. Les mouvements sociaux, tels que la "Revolta da Vacina" en 1904 ou la "Guerre de Canudos" entre 1896 et 1897, ont été violemment réprimés par le gouvernement. Ces événements montrent la tension entre les aspirations modernisatrices des élites et les besoins et désirs de la majorité de la population.


= Le Porfiriato ou régime de Porfirio Díaz au Mexique : 1876 - 1911 =
= Le Porfiriato ou régime de Porfirio Díaz au Mexique : 1876 - 1911 =
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Le Porfiriato, également connu sous le nom de régime de Porfirio Díaz, est une période de l'histoire du Mexique qui a duré de 1876 à 1911 et qui a été caractérisée par le fort pouvoir autoritaire du président Porfirio Díaz. Ce régime était fortement influencé par le positivisme, qui mettait l'accent sur la pensée scientifique et rationnelle comme moyen de promouvoir le progrès social.
//Le Porfiriato, également connu sous le nom de régime de Porfirio Díaz, est une période de l'histoire du Mexique qui a duré de 1876 à 1911 et qui a été caractérisée par le fort pouvoir autoritaire du président Porfirio Díaz. Ce régime était fortement influencé par le positivisme, qui mettait l'accent sur la pensée scientifique et rationnelle comme moyen de promouvoir le progrès social.


Pendant le Porfiriato, le gouvernement de Díaz a mis en œuvre des politiques visant à moderniser et à industrialiser le Mexique, notamment la construction de chemins de fer, l'expansion des investissements étrangers et la promotion de l'éducation et de la santé publique. Toutefois, ces politiques ont souvent été mises en œuvre au détriment des droits et du bien-être de la majorité de la population. Le régime a supprimé toute dissidence politique et maintenu une forte emprise autoritaire sur le pouvoir, tandis que la concentration des terres entre les mains d'une petite élite a entraîné une pauvreté et des inégalités sociales généralisées.
Pendant le Porfiriato, le gouvernement de Díaz a mis en œuvre des politiques visant à moderniser et à industrialiser le Mexique, notamment la construction de chemins de fer, l'expansion des investissements étrangers et la promotion de l'éducation et de la santé publique. Toutefois, ces politiques ont souvent été mises en œuvre au détriment des droits et du bien-être de la majorité de la population. Le régime a supprimé toute dissidence politique et maintenu une forte emprise autoritaire sur le pouvoir, tandis que la concentration des terres entre les mains d'une petite élite a entraîné une pauvreté et des inégalités sociales généralisées.

Version du 7 septembre 2023 à 10:41


Au tournant du XXe siècle, l'Amérique latine a été marquée par des régimes prônant "l'Ordre et le Progrès". Inspirés par le positivisme et les idéaux de modernisation, ces régimes, souvent sous la houlette de dirigeants autoritaires, ont cherché à industrialiser leurs nations, stimuler la croissance économique et établir un pouvoir centralisé robuste. Tout en mettant en avant des initiatives louables comme la modernisation des infrastructures et l'amélioration des services publics, ces régimes ont aussi été synonymes de répression politique, d'atteintes aux droits de l'homme, et d'une concentration du pouvoir et de la richesse au sein d'une élite restreinte.

L'exemple du Mexique est éloquent. Sous la férule de Porfirio Díaz, de 1876 à 1910, le pays a connu une modernisation rapide, avec la construction de chemins de fer et l'attraction d'investissements étrangers. Toutefois, cette époque, connue sous le nom de Porfiriato, a aussi été marquée par une inégalité croissante, une répression sévère et des violations des droits de l'homme, alimentant un mécontentement qui culminera avec la révolution mexicaine de 1910-1920.

Cette période a également été influencée par des idéologies occidentales, notamment le racisme et le darwinisme social. Ces croyances ont souvent été instrumentalisées pour justifier l'exploitation des groupes marginalisés, tels que les populations indigènes et afro-latino-américaines. Ces idéologies ont renforcé les pratiques d'exploitation, comme le travail forcé, même après l'abolition formelle de l'esclavage.

Le libéralisme économique, bien qu'il prône une intervention étatique minimale, s'est en réalité manifesté en Amérique latine avec un soutien actif de l'État, favorisant les grands propriétaires et industriels. Parallèlement, des politiques migratoires ont été mises en place pour encourager l'immigration européenne, dans le but de "blanchir" la population, reflétant ainsi les préjugés raciaux de l'époque et les intérêts de l'élite au pouvoir.

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L’idéologie positiviste

Le contexte en Amérique latine

Au cours du dernier quart du XIXe siècle, l'Amérique latine, fraîchement sortie des guerres d'indépendance, était en quête de modèles pour structurer ses jeunes républiques. Dans ce contexte d'aspiration à la modernité et face à l'instabilité politique et sociale, le positivisme, une philosophie développée principalement par Auguste Comte en France, a trouvé un terrain fertile. Avec sa foi inébranlable dans la science et la rationalité comme moyens de comprendre et de transformer la société, cette idéologie a été adoptée par de nombreux intellectuels et dirigeants latino-américains. Au Brésil, par exemple, le positivisme a laissé une empreinte indélébile. La devise nationale, "Ordem e Progresso", est un témoignage direct de cette influence. Les positivistes brésiliens étaient convaincus de la nécessité d'une élite éclairée pour guider le pays vers la modernité. Au Mexique, sous le régime de Porfirio Díaz, connu sous le nom de Porfiriato, une approche positiviste a été adoptée pour moderniser le pays. Cela s'est traduit par des investissements massifs dans les infrastructures, l'éducation et l'industrie, mais a également été accompagné d'une répression politique. L'adoption du positivisme en Amérique latine peut également être vue comme une réponse à la montée de l'impérialisme américain. Avec des politiques comme la doctrine Monroe et la politique du "Big Stick" de Theodore Roosevelt, les États-Unis étaient perçus comme une menace imminente. Le positivisme offrait aux pays latino-américains une voie vers le développement interne et la modernisation, sans avoir à se soumettre à l'influence ou à l'intervention américaine.

Le positivisme, avec ses racines en Europe, a trouvé une résonance particulière en Amérique latine à la fin du XIXe siècle. Cette philosophie, qui mettait l'accent sur la science, la rationalité et le progrès, est devenue le pilier de nombreux dirigeants latino-américains désireux de transformer leurs nations. L'attrait du positivisme résidait en grande partie dans sa promesse de modernité. À une époque où l'Amérique latine cherchait à se définir après des décennies de luttes coloniales et post-coloniales, le positivisme offrait un modèle clair pour le développement national. Les dirigeants croyaient que, en adoptant une approche scientifique et rationnelle de la gouvernance, ils pourraient accélérer la modernisation, tout en établissant une stabilité tant recherchée. L'État est devenu le principal acteur de cette transformation. Sous l'influence du positivisme, de nombreux gouvernements ont cherché à centraliser le pouvoir, convaincus qu'un État fort était essentiel pour réaliser les ambitions de modernisation. Cette centralisation visait à éliminer les inefficacités et à créer une structure plus cohérente pour la mise en œuvre des politiques publiques. L'infrastructure est devenue une priorité majeure. Les gouvernements ont investi dans la construction de chemins de fer, de ports, de routes et de télégraphes, facilitant ainsi le commerce, la communication et l'intégration nationale. Ces projets n'étaient pas seulement des symboles de progrès, mais ils étaient essentiels pour intégrer des régions auparavant isolées et pour stimuler l'économie. L'éducation et la santé publique ont également bénéficié d'une attention renouvelée. Les dirigeants positivistes croyaient fermement que l'éducation était la clé du progrès. Des écoles ont été construites, des curriculums réformés et des efforts ont été déployés pour augmenter le taux d'alphabétisation. De même, en reconnaissant le lien entre la santé, la productivité et le progrès, des initiatives ont été lancées pour améliorer l'hygiène publique, lutter contre les maladies et établir des hôpitaux.

Le positivisme, malgré ses promesses de progrès et de modernisation, a également eu des conséquences sombres en Amérique latine. En effet, sous le couvert de la rationalité et de l'ordre, cette philosophie a souvent été détournée pour justifier des politiques autoritaires et répressives. L'idée centrale du positivisme était que la société devait progresser à travers des étapes définies, en s'appuyant sur la science et la rationalité. Cependant, cette vision linéaire du progrès a conduit certains dirigeants à croire que tout ce qui était considéré comme "arriéré" ou "primitif" devait être éliminé pour que la société puisse avancer. Dans ce contexte, la dissidence politique, souvent associée à des idées "rétrogrades" ou "chaotiques", était considérée comme un obstacle au progrès. Ainsi, de nombreux régimes positivistes ont réprimé, voire éliminé, les opposants politiques au nom de l'"Ordre et du Progrès". De plus, la vision positiviste du progrès a souvent été teintée de préjugés ethnocentriques. Les cultures indigènes, avec leurs traditions et leurs modes de vie distincts, étaient souvent perçues comme des vestiges d'une étape "inférieure" de développement. Cette perspective a conduit à des politiques d'assimilation forcée, où les populations indigènes étaient encouragées, ou souvent contraintes, à abandonner leurs traditions au profit de la culture dominante. Dans certains cas, cela a même conduit à des déplacements forcés et à des politiques génocidaires. Parallèlement, pour "blanchir" la population et la rendre plus homogène, de nombreux États ont encouragé la migration européenne. L'idée sous-jacente était que l'arrivée de migrants européens, considérés comme porteurs de culture et de progrès, diluerait les influences indigènes et afro-latino-américaines et accélérerait la modernisation.

Au milieu du XIXe siècle, l'Amérique latine a connu des transformations majeures qui ont stimulé son économie et renforcé son rôle sur la scène mondiale. L'expansion des voies de communication et la croissance démographique ont été des facteurs déterminants dans cette dynamique économique ascendante, en particulier en ce qui concerne la production et l'exportation de matières premières. La construction de chemins de fer a été l'une des innovations les plus transformatrices de cette époque. Ces voies ferrées ont traversé des terrains auparavant inaccessibles, reliant des régions éloignées aux centres urbains et aux ports. Cela a non seulement facilité l'extraction de minéraux précieux, tels que l'argent, l'or et le cuivre, mais a également rendu possible le transport de ces ressources vers les ports pour l'exportation. De plus, les chemins de fer ont stimulé le développement de l'agriculture commerciale, permettant aux produits tels que le café, le sucre, le cacao et le caoutchouc d'être transportés de manière plus efficace et à moindre coût. Les routes, bien que moins révolutionnaires que les chemins de fer, ont également joué un rôle crucial, en particulier dans les régions où les voies ferrées n'étaient pas présentes ou économiquement viables. Elles ont permis une meilleure circulation des biens et des personnes, renforçant ainsi les liens économiques entre les villes et les campagnes. Les ports, quant à eux, ont été modernisés pour répondre à la demande croissante d'exportation. Ces infrastructures portuaires améliorées ont permis d'accueillir des navires de plus grande taille et d'augmenter la capacité d'exportation, facilitant ainsi le commerce avec l'Europe, les États-Unis et d'autres régions. La croissance démographique a également joué un rôle essentiel. Avec une population croissante, il y avait une main-d'œuvre plus abondante pour travailler dans les mines, les plantations et les industries naissantes. De plus, l'immigration, en particulier en provenance d'Europe, a apporté des compétences, des technologies et des capitaux qui ont contribué à la modernisation de l'économie.

La croissance démographique en Amérique latine au XIXe siècle a eu des répercussions profondes sur l'économie de la région. Une population croissante signifie une demande accrue de biens et de services, et dans le contexte de l'Amérique latine, cela s'est traduit par une demande accrue de matières premières et de produits agricoles. Au niveau national, l'augmentation de la population a conduit à une demande accrue de nourriture, de vêtements et d'autres biens essentiels. Les produits agricoles, tels que le maïs, le blé, le café, le sucre et le cacao, ont connu une demande croissante, stimulant ainsi l'expansion des terres agricoles et la mise en place de méthodes agricoles plus intensives et spécialisées. Cette demande interne a également encouragé le développement d'industries locales pour transformer ces matières premières en produits finis, comme les moulins à sucre ou les torréfacteurs de café. Sur le plan international, l'ère industrielle en Europe et en Amérique du Nord a créé une demande sans précédent de matières premières. Les pays industrialisés cherchaient des sources fiables de matières premières pour alimenter leurs usines, et l'Amérique latine, avec ses vastes ressources naturelles, est devenue un fournisseur clé. Par exemple, le caoutchouc d'Amazonie était essentiel pour la fabrication de pneus dans les usines européennes et nord-américaines, tandis que les minéraux comme l'argent et le cuivre étaient exportés pour répondre aux besoins de l'industrie métallurgique. L'expansion de ces industries a eu un impact économique majeur. Elle a créé des emplois pour des milliers de personnes, allant des travailleurs agricoles et des mineurs aux commerçants et aux entrepreneurs. Cette croissance de l'emploi a, à son tour, stimulé d'autres secteurs de l'économie. Par exemple, avec plus de personnes gagnant un salaire, il y avait une demande accrue de biens et de services, ce qui a encouragé le développement du commerce et des services.

L'essor de la production et de l'exportation de matières premières au XIXe siècle a transformé l'Amérique latine en une pièce maîtresse de l'économie mondiale. Cependant, cette transformation a eu des conséquences à double tranchant pour la région. La dépendance à l'égard des exportations de matières premières a créé ce que l'on appelle souvent une "économie de rente". Dans ce modèle, un pays repose fortement sur une ou quelques ressources pour ses revenus d'exportation. Bien que cela puisse être lucratif pendant les périodes de forte demande et de prix élevés, cela expose également le pays à une grande volatilité. Si les prix des matières premières chutent sur le marché mondial, cela peut entraîner des crises économiques. De nombreux pays d'Amérique latine ont connu cette réalité à plusieurs reprises, où une chute des prix d'une ressource clé a entraîné des récessions, des endettements et des instabilités économiques. Cette dépendance a également renforcé des structures économiques inégalitaires. Les industries d'exportation étaient souvent contrôlées par une élite nationale ou par des intérêts étrangers. Ces groupes ont accumulé d'énormes richesses grâce à l'exportation de ressources, tandis que la majorité de la population n'a vu que peu ou pas de bénéfices. Dans de nombreux cas, les travailleurs de ces industries étaient mal payés, travaillaient dans des conditions difficiles et n'avaient pas accès à des avantages sociaux ou à une protection du travail. De plus, la concentration des investissements et des ressources dans les industries d'exportation a souvent négligé le développement d'autres secteurs de l'économie. Cela a limité la diversification économique et a renforcé la dépendance à l'égard des matières premières.

À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'écart entre l'Amérique latine et les États-Unis du Nord et de l'Ouest s'est considérablement creusé, reflétant des trajectoires de développement divergentes influencées par une combinaison de facteurs économiques, politiques et sociaux. Sur le plan économique, alors que les États-Unis et l'Europe occidentale connaissaient une industrialisation rapide, la plupart des pays d'Amérique latine demeuraient largement agraires, dépendant fortement de l'exportation de matières premières. Cette dépendance les a exposés à la volatilité des prix mondiaux. Les investissements étrangers en Amérique latine, bien que substantiels, étaient souvent concentrés dans des secteurs extractifs, tels que les mines. De plus, une grande partie des bénéfices générés par ces investissements retournait aux pays investisseurs, limitant ainsi les avantages économiques pour les pays d'Amérique latine. En matière d'infrastructures, bien que des investissements aient été réalisés, ils étaient principalement axés sur le soutien aux industries d'exportation, négligeant parfois le développement d'un marché intérieur robuste. Politiquement, la stabilité relative dont bénéficiaient les États-Unis et l'Europe occidentale contrastait fortement avec l'instabilité fréquente de nombreux pays d'Amérique latine, marquée par des coups d'État, des révolutions et des changements fréquents de gouvernement. De plus, la politique étrangère des États-Unis, notamment la Doctrine Monroe et la politique du "Big Stick", a renforcé leur influence dans la région, souvent au détriment des intérêts locaux. Socialement, l'Amérique latine a continué à lutter contre des structures d'inégalité profondément enracinées, héritées de la période coloniale. Ces inégalités, où une élite restreinte détenait une grande partie de la richesse et du pouvoir, ont entravé un développement économique inclusif et ont souvent été à l'origine de tensions sociales et politiques. Par ailleurs, contrairement aux États-Unis et à l'Europe occidentale qui investissaient massivement dans l'éducation, l'Amérique latine offrait un accès limité à l'éducation, en particulier pour ses populations rurales et indigènes.

À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les différences économiques, politiques et sociales entre l'Amérique latine et les États-Unis du Nord et de l'Ouest sont devenues de plus en plus marquées, reflétant des trajectoires de développement divergentes et influençant leurs relations sur la scène internationale. Économiquement, les États-Unis du Nord et de l'Ouest avaient réussi à diversifier leur économie, s'éloignant d'une dépendance exclusive aux matières premières pour embrasser l'industrialisation. Cette diversification a offert une certaine protection contre les aléas du marché mondial. En revanche, l'Amérique latine, avec sa dépendance accrue à l'exportation de matières premières, était à la merci des fluctuations des prix internationaux. Cette vulnérabilité économique a non seulement freiné la croissance de la région, mais a également contribué à creuser l'écart de richesse avec les nations plus industrialisées, exacerbant les disparités de niveau de vie entre les deux régions. Politiquement, la stabilité et la nature démocratique du gouvernement aux États-Unis ont créé un environnement propice aux affaires, attirant des investissements étrangers et des immigrants en quête de meilleures opportunités et de libertés civiles. L'Amérique latine, en revanche, avec ses régimes souvent autoritaires, a connu des périodes d'instabilité politique, marquées par des coups d'État, des révolutions et, dans de nombreux cas, des violations flagrantes des droits de l'homme. Ces conditions ont non seulement découragé les investissements étrangers, mais ont également poussé de nombreux Latino-Américains à chercher refuge ailleurs, notamment aux États-Unis. Sur le plan social, les États-Unis avaient investi considérablement dans le développement de leurs systèmes d'éducation et de santé, ce qui a conduit à une amélioration générale du niveau de vie pour une grande partie de leur population. L'Amérique latine, malgré ses richesses culturelles et naturelles, luttait contre d'importantes inégalités. Une élite restreinte détenait une grande partie de la richesse et du pouvoir, tandis que la majorité de la population faisait face à des défis tels que l'accès limité à l'éducation de qualité, à des soins de santé adéquats et à des opportunités économiques.

Au tournant du XXe siècle, le paysage géopolitique et économique des Amériques a connu des changements significatifs. Alors que l'Angleterre avait historiquement été le principal partenaire commercial et investisseur en Amérique latine, la montée en puissance des États-Unis a modifié cette dynamique. Les États-Unis, ayant consolidé leur propre développement industriel et économique, ont commencé à regarder vers le sud pour étendre leur influence et leurs intérêts économiques. Cette transition de l'influence britannique vers l'influence américaine en Amérique latine n'était pas simplement une question de commerce et d'investissement. Elle s'inscrivait dans un contexte plus large de projection de puissance et d'influence. Les États-Unis, avec la Doctrine Monroe et plus tard la politique du "Big Stick", ont clairement indiqué leur intention de jouer un rôle dominant dans l'hémisphère occidental. Sur le plan économique, les États-Unis ont investi massivement dans des infrastructures clés en Amérique latine, notamment les chemins de fer, les ports et, de manière emblématique, le canal de Panama. Ces investissements ont certainement aidé à moderniser certaines parties de l'Amérique latine et à faciliter le commerce. Cependant, ils ont souvent été réalisés dans des conditions avantageuses pour les entreprises américaines, parfois au détriment des intérêts locaux. Politiquement, l'influence croissante des États-Unis a eu des conséquences variées. Dans certains cas, ils ont soutenu ou installé des régimes favorables à leurs intérêts, même si cela signifiait la suppression de mouvements démocratiques ou nationalistes. Cela a parfois conduit à des périodes d'instabilité ou à des régimes autoritaires qui ont négligé les droits et les besoins de leur propre population. Culturellement, l'influence américaine a commencé à se faire sentir dans de nombreux domaines, de la musique au cinéma, en passant par la mode et la langue. Cela a ouvert la voie à un échange culturel enrichissant, mais a également soulevé des préoccupations quant à l'érosion des cultures locales et à l'homogénéisation culturelle.

L'influence du darwinisme social

Le darwinisme social, une interprétation erronée des théories évolutionnistes de Charles Darwin, a eu une influence profonde et souvent néfaste sur la pensée américaine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. En extrapolant les idées de la "survie du plus apte" à la société humaine, certains ont soutenu que certaines races ou groupes ethniques étaient naturellement supérieurs à d'autres. Aux États-Unis, cette idéologie a été utilisée pour soutenir l'idée que la domination économique et politique des Anglo-Saxons était le résultat de leur supériorité biologique. Cette croyance a eu des conséquences profondément discriminatoires pour de nombreux groupes aux États-Unis. Les immigrants, en particulier ceux d'Europe de l'Est et du Sud, ont été considérés comme biologiquement inférieurs et moins aptes à la citoyenneté américaine. Les Afro-Américains, déjà opprimés par le système de l'esclavage, ont été confrontés à une nouvelle justification pseudo-scientifique pour la ségrégation et la discrimination raciale. Les Amérindiens, quant à eux, ont été dépeints comme une "race en voie de disparition", justifiant ainsi leur déplacement forcé et l'assimilation forcée. Le darwinisme social a également influencé la politique américaine. Les lois sur l'immigration, par exemple, ont été façonnées par des croyances sur la supériorité raciale, limitant l'immigration de régions considérées comme "biologiquement inférieures". La ségrégation raciale, en particulier dans le Sud, a été justifiée non seulement par des préjugés ouverts, mais aussi par des croyances pseudo-scientifiques sur la supériorité raciale.

L'influence du darwinisme social n'était pas limitée à l'Amérique du Nord. En Amérique latine, cette idéologie a également trouvé un terrain fertile, influençant profondément les politiques et les attitudes sociales pendant une période critique de modernisation et de changement national. La complexité ethnique et culturelle de l'Amérique latine, avec ses mélanges d'héritages indigènes, africains et européens, a été interprétée à travers le prisme du darwinisme social. Les élites, souvent d'ascendance européenne, ont adopté cette idéologie pour justifier et perpétuer leur domination économique et politique. En affirmant que les groupes d'origine africaine et amérindienne étaient biologiquement inférieurs, ils ont pu rationaliser les inégalités flagrantes et le sous-développement comme étant le résultat inévitable de la composition ethnique de la région. Cette idéologie a eu des conséquences dévastatrices pour les populations indigènes et afro-latino-américaines. Les cultures indigènes, avec leurs langues, leurs traditions et leurs croyances, ont été activement supprimées. Dans de nombreux pays, des politiques d'assimilation forcée ont été mises en place, cherchant à "civiliser" ces populations en les intégrant dans la culture dominante. Les terres indigènes ont souvent été saisies, les forçant à travailler dans des conditions proches de la servitude pour les élites terriennes. Les Afro-Latino-Américains ont également été victimes de cette idéologie. Malgré leur contribution significative à la culture, à l'économie et à la société de la région, ils ont été relégués à des positions subalternes, souvent confrontés à la discrimination, à la marginalisation et à la pauvreté. La concentration de la richesse et du pouvoir entre les mains d'une petite élite était justifiée par cette croyance en la supériorité biologique. Les élites ont utilisé le darwinisme social comme un bouclier contre les critiques, arguant que les inégalités étaient naturelles et inévitables.

Au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle, une transformation intellectuelle a eu lieu en Amérique latine. Les élites, confrontées à la réalité du sous-développement relatif de leurs nations par rapport à certaines puissances européennes et à l'Amérique du Nord, ont cherché à comprendre et à rectifier cette situation. Contrairement à certaines interprétations fatalistes qui auraient pu attribuer l'arriération à la volonté divine ou à des facteurs immuables, de nombreux penseurs et dirigeants latino-américains ont adopté une perspective plus proactive. Ils ont perçu l'arriération non pas comme une fatalité, mais comme le résultat d'actions, de décisions et de circonstances historiques. Cette perspective était en partie influencée par les courants de pensée européens de l'époque, tels que le positivisme, qui valorisait la raison, la science et le progrès. Si l'arriération était le résultat de choix humains, alors elle pouvait également être surmontée par des actions humaines délibérées. Cette croyance a conduit à une série d'efforts de modernisation à travers le continent. Les gouvernements ont investi dans les infrastructures, tels que les chemins de fer et les ports, pour faciliter le commerce et l'intégration économique. Ils ont cherché à réformer les systèmes éducatifs, à promouvoir l'industrialisation et à attirer les investissements étrangers. Beaucoup ont également adopté des politiques d'immigration pour "blanchir" leurs populations, dans l'espoir que l'arrivée de colons européens stimulerait le développement économique et social. Cependant, ces efforts de modernisation n'étaient pas sans leurs contradictions. Bien que cherchant à transformer leurs sociétés, de nombreuses élites ont maintenu des structures sociales et économiques inégalitaires. Les populations indigènes et afro-latino-américaines ont souvent été marginalisées ou directement opprimées dans ce processus de modernisation. De plus, les tentatives d'imitation des modèles européens ou nord-américains ont parfois conduit à des résultats inattendus ou indésirables.

L'histoire des États-Unis est marquée par une tension entre l'idéal déclaré d'égalité et les réalités de la discrimination et de l'oppression. Une partie de cette tension peut être attribuée à la manière dont les croyances religieuses ont été interprétées et utilisées pour justifier des structures de pouvoir existantes. Aux États-Unis, le protestantisme, en particulier dans ses formes évangéliques et puritaines, a joué un rôle central dans la formation de l'identité nationale. Les premiers colons puritains croyaient qu'ils avaient conclu une alliance avec Dieu pour établir une "cité sur une colline", une société exemplaire basée sur les principes chrétiens. Avec le temps, cette idée d'une mission divine spéciale s'est transformée en une forme de destinée manifeste, la croyance que les États-Unis étaient destinés par Dieu à s'étendre et à dominer le continent nord-américain. Cette croyance en une mission divine a souvent été entrelacée avec des notions de supériorité raciale et culturelle. Les élites protestantes anglo-saxonnes, en particulier au XIXe siècle, ont souvent vu leur succès économique et politique comme une preuve de la faveur divine. Dans ce contexte, la domination sur d'autres groupes, qu'il s'agisse des Amérindiens, des Afro-Américains ou des immigrants non anglo-saxons, était souvent perçue non seulement comme naturelle, mais aussi comme ordonnée par Dieu. Cette interprétation de la foi a été utilisée pour justifier une série de politiques et d'actions, allant de l'expansion vers l'ouest et la dépossession des terres amérindiennes, à la ségrégation raciale et aux lois discriminatoires contre les immigrants. Elle a également servi de contrepoids aux mouvements de réforme. Par exemple, pendant la période de la Reconstruction après la guerre civile, de nombreux Blancs du Sud ont invoqué des arguments religieux pour s'opposer aux droits civils pour les Afro-Américains.

L'histoire de l'Amérique latine est profondément marquée par les hiérarchies raciales et sociales héritées de la période coloniale. Après l'indépendance des nations latino-américaines au début du XIXe siècle, ces hiérarchies ont persisté et ont souvent été renforcées par des idéologies modernes, y compris le darwinisme social et d'autres formes de pensée raciale. Les élites latino-américaines, souvent d'ascendance européenne ou "criolla" (descendants de colons espagnols nés en Amérique), ont joué un rôle central dans la formation des nouvelles républiques. Ces élites ont souvent vu leur position de pouvoir et de privilège comme le résultat de leur supériorité culturelle et raciale. Dans ce contexte, les populations indigènes, métisses et afro-latino-américaines étaient souvent perçues comme inférieures, non seulement en termes de race, mais aussi de culture, d'éducation et de capacité à contribuer au progrès national. Cette perception a eu des conséquences profondes pour la politique et le développement de la région. Les élites ont souvent cherché à "améliorer" la composition raciale de leurs pays en encourageant l'immigration européenne, dans l'espoir que cela stimulerait le développement économique et "blanchirait" la population. Dans certains pays, comme l'Argentine et l'Uruguay, ces politiques ont eu un impact significatif sur la composition démographique. Les populations indigènes, en particulier, ont été victimes de politiques d'assimilation forcée. Leurs terres ont été saisies, leurs cultures et langues activement réprimées, et ils ont été encouragés ou forcés à adopter des modes de vie "occidentaux". Dans de nombreux pays, les indigènes étaient considérés comme des obstacles à la modernisation, et leurs terres et ressources étaient convoitées pour le développement économique. Les métis et les Afro-Latino-Américains ont également été marginalisés, bien qu'ils aient souvent joué un rôle central dans l'économie et la société. Ils étaient souvent relégués à des positions subalternes, confrontés à la discrimination et à l'exclusion des sphères politiques et économiques du pouvoir.

Le positivisme, introduit en Amérique latine principalement au XIXe siècle, a été adopté avec enthousiasme par de nombreuses élites de la région. Inspirées par les travaux de penseurs européens tels qu'Auguste Comte, ces élites voyaient dans le positivisme une solution aux défis auxquels étaient confrontées leurs jeunes républiques. Pour elles, le positivisme offrait une approche systématique et rationnelle pour guider le développement national. L'idée centrale était que, grâce à l'application de la méthode scientifique à la gouvernance et à la société, on pourrait surmonter les "irrationalités" et les "archaïsmes" qui entravaient le progrès. Ces "irrationalités" étaient souvent associées aux cultures et traditions des populations indigènes, métisses et afro-latino-américaines. Ainsi, le positivisme était à la fois une idéologie de modernisation et un outil pour renforcer le contrôle des élites sur la société.

Les régimes "d'ordre et de progrès" qui ont émergé dans ce contexte avaient plusieurs caractéristiques communes :

  • Centralisation du pouvoir : Ces régimes cherchaient souvent à centraliser le pouvoir entre les mains d'un gouvernement fort, réduisant l'autonomie régionale et locale.
  • Modernisation des infrastructures : Ils ont investi massivement dans des projets d'infrastructure tels que les chemins de fer, les ports et les systèmes d'éducation, dans le but d'intégrer leurs économies nationales et de promouvoir le développement.
  • Promotion de l'éducation : Convaincues que l'éducation était la clé du progrès, ces élites ont cherché à établir des systèmes éducatifs modernes, souvent en s'inspirant des modèles européens.
  • Réforme de la santé publique : La modernisation des systèmes de santé était également considérée comme essentielle pour améliorer la qualité de vie et promouvoir le développement économique.

Cependant, ces efforts de modernisation étaient souvent accompagnés de politiques d'assimilation forcée à l'égard des populations indigènes et d'autres groupes marginalisés. De plus, bien que le positivisme prône la rationalité et la science, il a souvent été utilisé pour justifier des politiques autoritaires et pour réprimer la dissidence.

L'adoption par les élites latino-américaines du mantra "d'ordre et de progrès", bien qu'inspirée par des intentions de modernisation et de développement, a souvent eu des conséquences néfastes pour de vastes segments de la population. Les principes positivistes, tout en prônant la rationalité et la science, ont été détournés pour justifier des politiques qui renforçaient les inégalités existantes. Sous prétexte de maintenir l'ordre et de promouvoir le progrès, de nombreux régimes ont réprimé toute forme de dissidence. Les opposants politiques, les syndicalistes, les militants des droits de l'homme et d'autres groupes ont été persécutés, emprisonnés, torturés ou même exécutés. Ces actions étaient souvent justifiées par la nécessité de préserver la stabilité et d'éliminer les "éléments perturbateurs" de la société. Parallèlement, les populations indigènes, déjà marginalisées depuis la période coloniale, ont été davantage opprimées. Leurs terres ont été confisquées pour des projets de développement ou pour l'agriculture à grande échelle. Leurs cultures et traditions, quant à elles, ont été dévalorisées ou activement réprimées dans le cadre d'efforts d'assimilation. Les ouvriers, en particulier dans les industries extractives et agricoles, ont été soumis à des conditions de travail précaires et souvent dangereuses. Les tentatives de syndicalisation ou de revendication de droits ont été violemment réprimées. Dans le même temps, les politiques économiques favorisaient souvent les intérêts des élites, conduisant à une concentration accrue de la richesse. Les grands propriétaires terriens, les industriels et les financiers ont bénéficié de subventions, de concessions et d'autres avantages, laissant la majorité de la population continuer à vivre dans la pauvreté. Malgré la croissance économique que certains pays ont connue pendant cette période, les bénéfices n'ont pas été équitablement répartis. De vastes segments de la population sont restés exclus des avantages du développement. Les leçons tirées de cette période restent pertinentes aujourd'hui, rappelant les dangers potentiels de l'adoption acritique d'idéologies étrangères sans tenir compte du contexte local et des besoins de l'ensemble de la population.

La philosophie positiviste

Le positivisme, développé par le philosophe français Auguste Comte au milieu du 19e siècle, est né dans un contexte de profonds bouleversements sociaux et intellectuels en Europe. La Révolution industrielle était en train de transformer radicalement les sociétés, et les révolutions politiques remettaient en question les ordres établis. Face à ces changements, Comte cherchait à établir une fondation solide pour la connaissance et le progrès social. Dans la première phase, l'étape théologique, les individus tentent d'expliquer le monde qui les entoure à travers le prisme de la religion. Les phénomènes naturels et sociaux sont compris comme étant le résultat de la volonté des dieux ou d'un dieu supérieur. C'est une période dominée par la foi et les croyances surnaturelles. À mesure que la société évolue, elle entre dans l'étape métaphysique. Les explications surnaturelles cèdent la place à des idées plus abstraites. Bien que les gens commencent à chercher des explications plus abstraites pour les phénomènes, ces idées restent spéculatives et ne sont pas nécessairement basées sur la réalité empirique. Finalement, la société atteint l'étape scientifique ou positive, que Comte considère comme le stade ultime du développement humain. Les individus reconnaissent que la véritable compréhension du monde provient de l'observation scientifique et de la méthode expérimentale. Les croyances et les actions sont alors basées sur des faits et des preuves tangibles, et la société est guidée par des lois scientifiques. Comte espérait qu'en adoptant une approche positiviste, la société pourrait surmonter le désordre engendré par les bouleversements sociaux de son époque. Il a envisagé la création d'une "science de la société", la sociologie, qui appliquerait à l'étude de la société la même rigueur que celle utilisée dans les sciences naturelles pour étudier le monde physique. Bien que le positivisme ait eu une influence considérable, il a également été critiqué pour sa vision déterministe de la progression sociale et pour sa confiance parfois aveugle dans la science comme remède à tous les maux sociaux.

Auguste Comte, dans sa vision positiviste, a conceptualisé le développement de la société humaine comme une progression ordonnée à travers des étapes distinctes. Cette idée de progression était profondément enracinée dans sa croyance en un ordre naturel et en une évolution linéaire de la société. Il percevait la société comme un organisme vivant, soumis à des lois naturelles similaires à celles qui régissent le monde physique. Tout comme les espèces biologiques évoluent par le biais de la sélection naturelle, Comte croyait que les sociétés avanceraient à travers un processus similaire. Les sociétés qui étaient capables de s'adapter, d'intégrer et de développer des structures sociales et intellectuelles avancées prospéreraient, tandis que celles qui ne pouvaient pas s'adapter seraient laissées pour compte. L'intégration sociale, pour Comte, était un indicateur clé du progrès. Une société intégrée était une société où les individus et les institutions travaillaient en harmonie pour le bien commun. Les conflits et les désordres étaient considérés comme des symptômes d'une société moins évoluée ou en transition. Le degré de connaissance scientifique était un autre critère essentiel pour mesurer le progrès. Comte croyait fermement que la science et la rationalité étaient les outils ultimes pour comprendre et améliorer le monde. Ainsi, une société qui embrassait la pensée scientifique et rejetait les superstitions et les dogmes religieux était, à ses yeux, plus avancée.

L'adoption du positivisme en Amérique latine au 19e siècle et au début du 20e siècle était en partie une réponse à la quête de modernisation et de progrès. Les élites latino-américaines, impressionnées par les avancées industrielles et technologiques des États-Unis et de l'Europe, ont vu dans le positivisme une feuille de route pour le développement. Elles espéraient que, en suivant les principes positivistes, leurs nations pourraient également réaliser des progrès rapides et significatifs. Cependant, cette adoption n'était pas dénuée d'arrière-pensées géopolitiques. Avec la montée de l'impérialisme américain, de nombreux pays d'Amérique latine ont ressenti la nécessité de se moderniser rapidement pour résister à la domination ou à l'influence des États-Unis. Le positivisme, avec son accent sur la rationalité, la science et le progrès, semblait offrir une voie vers cette modernisation. Mais la mise en œuvre du positivisme en Amérique latine a eu des conséquences inattendues et souvent néfastes. Plutôt que de servir simplement de guide pour le développement, il a été utilisé comme un outil de contrôle politique. Les régimes qui se sont proclamés champions de "l'Ordre et du Progrès" ont souvent utilisé ces idéaux pour justifier la répression des dissidents et la centralisation du pouvoir. Le "progrès", tel qu'il était conçu, nécessitait un ordre strict et une direction claire, ce qui a souvent conduit à des violations des droits de l'homme. De plus, le positivisme, avec son accent sur la science et la rationalité, a souvent été interprété comme étant en opposition aux cultures indigènes, perçues comme "arriérées" ou "superstitieuses". Cela a conduit à des efforts pour assimiler ou éradiquer ces cultures, dans le but de créer une société plus "moderne" et "rationnelle". Enfin, la modernisation et l'industrialisation encouragées par le positivisme ont souvent bénéficié à une petite élite, qui a pu consolider sa richesse et son pouvoir. Les grands propriétaires terriens, les industriels et les financiers ont prospéré, tandis que la majorité de la population est restée en marge des bénéfices de la croissance économique.

Le positivisme, avec son accent sur la rationalité, la science et le progrès, a souvent été associé à des idées économiques libérales pendant le 19e siècle et le début du 20e siècle. Le libéralisme économique, qui prône une intervention minimale de l'État dans l'économie et valorise les droits de propriété privée, était considéré par beaucoup comme le moyen le plus efficace de promouvoir le développement économique et, par conséquent, le progrès social. Dans cette perspective, le marché, s'il est laissé libre de toute intervention excessive, serait le moteur le plus efficace de la croissance économique. Les forces du marché, à travers la concurrence et l'innovation, conduiraient à une allocation optimale des ressources, stimulant ainsi la production, l'investissement et l'emploi. Les positivistes croyaient que cette croissance économique, à son tour, faciliterait la transition de la société vers le stade positif, où la rationalité et la science domineraient la pensée et la prise de décision. La protection des droits de propriété privée était également considérée comme essentielle. En garantissant les droits de propriété, l'État encourageait l'investissement et l'innovation. Les entrepreneurs seraient plus enclins à investir s'ils étaient assurés que leurs investissements seraient protégés contre les expropriations ou les interventions arbitraires.

Le positivisme, en dépit de son accent sur la rationalité et la science, a souvent porté en lui une méfiance envers la capacité des masses à prendre des décisions éclairées et rationnelles. Cette méfiance était en partie le produit de l'époque dans laquelle le positivisme s'est développé, une période marquée par des bouleversements sociaux, des révolutions et une transformation rapide des structures sociales traditionnelles. Les positivistes, en général, estimaient que la société avait besoin d'une direction éclairée pour naviguer à travers ces changements. Ils croyaient qu'une élite éduquée, imprégnée des principes de la science et de la rationalité, serait la mieux placée pour guider la société vers le stade positif. Cette élite, pensaient-ils, serait capable de prendre des décisions pour le bien commun, sans être entravée par les préjugés, les superstitions ou les intérêts particuliers qui pourraient influencer les masses. En Amérique latine, cette perspective a été adoptée par de nombreuses élites au pouvoir, qui ont vu dans le positivisme une justification pour leurs régimes autoritaires. Les régimes d'"Ordre et Progrès" ont souvent été caractérisés par une centralisation du pouvoir entre les mains d'une petite élite, qui se considérait comme les gardiens du progrès et de la modernisation. Ces régimes ont souvent mis en œuvre des politiques visant à moderniser leurs économies, à développer des infrastructures et à promouvoir l'éducation. Cependant, ils ont également réprimé la dissidence politique, souvent avec force, dans le but de maintenir l'ordre et de garantir la stabilité nécessaire au progrès. La suppression de la dissidence était justifiée par la croyance que les critiques et les oppositions étaient des obstacles au progrès. Les régimes positivistes en Amérique latine considéraient souvent les mouvements sociaux, les revendications indigènes ou les demandes ouvrières comme des menaces à l'ordre établi et, par conséquent, comme des entraves à la marche vers le progrès.

Le positivisme, dans sa quête de rationalité et de progrès, a souvent adopté une vision hiérarchique de la société. Cette hiérarchie était basée sur l'idée que certains groupes étaient plus "avancés" ou "civilisés" que d'autres. Dans le contexte latino-américain, cette perspective a souvent été utilisée pour marginaliser et opprimer les groupes considérés comme "inférieurs" ou "arriérés", tels que les populations indigènes, les métis, les Afro-Latino-Américains et les classes laborieuses. La notion positiviste de progrès impliquait souvent l'homogénéisation de la société. Les élites au pouvoir, influencées par le positivisme, croyaient que pour qu'une nation progresse, elle devait se débarrasser de ses éléments "arriérés". Cela signifiait souvent l'assimilation forcée des cultures indigènes, la suppression des traditions et des langues locales, et la promotion d'une culture et d'une identité nationales unifiées. Sur le plan économique, cette perspective a souvent été utilisée pour justifier des politiques qui favorisaient les intérêts des élites au détriment des classes laborieuses. Le rejet de la protection des droits des travailleurs était en partie basé sur l'idée que les revendications des travailleurs étaient un obstacle au progrès économique. Les élites croyaient que pour moderniser l'économie, il fallait une main-d'œuvre flexible et non entravée par des réglementations ou des droits syndicaux. Cela a conduit à des pratiques telles que le travail forcé et le péonage pour dettes, où les travailleurs étaient souvent liés à la terre ou à un employeur et ne pouvaient pas quitter leur emploi sans rembourser une dette, souvent à des taux exorbitants. Ces systèmes ont maintenu les travailleurs dans des conditions proches de la servitude et ont permis aux élites de s'enrichir aux dépens des classes laborieuses. La concentration de la richesse et du pouvoir entre les mains d'une petite élite était une conséquence directe de ces politiques. Alors que les élites s'enrichissaient grâce à l'exploitation des ressources et de la main-d'œuvre, la majorité de la population restait en marge, sans accès à l'éducation, à la santé ou à des opportunités économiques.

Le positivisme, en tant que doctrine, a offert une solution séduisante pour les élites latino-américaines du 19e siècle et du début du 20e siècle. Il promettait la modernisation et le progrès tout en préservant l'ordre social existant. Pour ces élites, c'était une combinaison idéale : elles pouvaient se présenter comme des agents du changement et du progrès tout en conservant leurs privilèges et leur pouvoir. La modernisation, telle qu'elle était envisagée par ces élites, ne signifiait pas nécessairement une démocratisation de la société ou une redistribution de la richesse. Au lieu de cela, elle impliquait souvent le développement d'infrastructures, l'industrialisation et l'adoption de technologies et de méthodes occidentales. Ces changements pourraient, en théorie, améliorer la position économique et internationale de leurs pays sans menacer la position dominante des élites. La notion positiviste d'ordre était particulièrement attrayante. L'ordre, dans ce contexte, signifiait la stabilité sociale et politique. Les élites craignaient que les mouvements populaires ou les revendications des classes laborieuses ne déstabilisent la société et ne menacent leur position. Le positivisme, avec son accent sur la rationalité et la science, offrait une justification pour maintenir l'ordre et réprimer la dissidence au nom du progrès. La question de la citoyenneté complète était également problématique. Accorder des droits complets aux classes ouvrières, aux populations indigènes ou aux Afro-Latino-Américains signifierait remettre en question l'ordre social existant. Cela pourrait également signifier partager le pouvoir politique et économique, ce que de nombreuses élites n'étaient pas disposées à faire. Le positivisme, avec sa croyance en une hiérarchie naturelle et son mépris pour les éléments "arriérés" de la société, fournissait une justification idéologique pour cette exclusion.

Le positivisme, en tant que doctrine, a offert une solution séduisante pour les élites latino-américaines du 19e siècle et du début du 20e siècle. Il promettait la modernisation et le progrès tout en préservant l'ordre social existant. Pour ces élites, c'était une combinaison idéale : elles pouvaient se présenter comme des agents du changement et du progrès tout en conservant leurs privilèges et leur pouvoir. La modernisation, telle qu'elle était envisagée par ces élites, ne signifiait pas nécessairement une démocratisation de la société ou une redistribution de la richesse. Au lieu de cela, elle impliquait souvent le développement d'infrastructures, l'industrialisation et l'adoption de technologies et de méthodes occidentales. Ces changements pourraient, en théorie, améliorer la position économique et internationale de leurs pays sans menacer la position dominante des élites. La notion positiviste d'ordre était particulièrement attrayante. L'ordre, dans ce contexte, signifiait la stabilité sociale et politique. Les élites craignaient que les mouvements populaires ou les revendications des classes laborieuses ne déstabilisent la société et ne menacent leur position. Le positivisme, avec son accent sur la rationalité et la science, offrait une justification pour maintenir l'ordre et réprimer la dissidence au nom du progrès. La question de la citoyenneté complète était également problématique. Accorder des droits complets aux classes ouvrières, aux populations indigènes ou aux Afro-Latino-Américains signifierait remettre en question l'ordre social existant. Cela pourrait également signifier partager le pouvoir politique et économique, ce que de nombreuses élites n'étaient pas disposées à faire. Le positivisme, avec sa croyance en une hiérarchie naturelle et son mépris pour les éléments "arriérés" de la société, fournissait une justification idéologique pour cette exclusion.

L'adoption du positivisme par les élites d'Amérique latine a eu des conséquences profondes et souvent néfastes pour de vastes segments de la population. Sous le prétexte de poursuivre "l'ordre et le progrès", de nombreux régimes ont instauré des politiques autoritaires qui ont bafoué les droits fondamentaux des citoyens. La dissidence politique, souvent perçue comme une menace à l'ordre établi et donc à la modernisation, a été brutalement réprimée. Les journalistes, les intellectuels, les syndicalistes et d'autres acteurs sociaux qui osaient critiquer le régime ou proposer des alternatives étaient souvent emprisonnés, torturés ou même exécutés. Cette répression a créé un climat de peur qui a étouffé le débat public et limité la participation démocratique. Les populations indigènes et la classe ouvrière ont été particulièrement touchées. Les politiques de "blanchiment" de la population, qui visaient à assimiler ou éliminer les cultures indigènes au profit d'une culture nationale homogène, ont souvent entraîné la perte des terres, des traditions et des droits pour les peuples autochtones. De même, les travailleurs qui revendiquaient de meilleurs salaires ou conditions de travail étaient souvent réprimés ou marginalisés. La concentration de la richesse était une autre conséquence directe de ces politiques. Alors que les élites profitaient des avantages de la modernisation, comme l'accès à de nouveaux marchés ou technologies, la majorité de la population ne voyait pas les bénéfices de cette croissance. Les inégalités se sont creusées, avec une petite élite qui accumulait d'énormes richesses tandis que la majorité restait dans la pauvreté.

Le positivisme en Amérique latine

L'adoption du positivisme en Amérique latine n'était pas un simple hasard, mais plutôt une réponse aux défis et aux aspirations de la région à cette époque. Avec l'indépendance des nations latino-américaines au début du XIXe siècle, il y avait un désir ardent de définir une identité nationale et de tracer une voie vers le progrès et la modernité. Les élites, qui avaient souvent été formées en Europe et étaient exposées aux idées européennes, ont vu dans le positivisme une réponse à ces aspirations. Le positivisme, avec son accent sur la science, la rationalité et le progrès, semblait offrir un modèle pour le développement et la modernisation. Il promettait une société ordonnée, progressiste et moderne, guidée par la raison plutôt que par la superstition ou la tradition. Pour les élites latino-américaines, cela représentait une opportunité de modeler leurs nations selon des principes "modernes" et "civilisés". Cependant, il y avait aussi un aspect plus pragmatique à l'adoption du positivisme. Les élites, conscientes de leur position minoritaire mais privilégiée dans la société, étaient souvent réticentes à partager le pouvoir ou les ressources avec la majorité de la population. Le positivisme, avec sa croyance en une hiérarchie naturelle et son mépris pour les éléments "arriérés" de la société, fournissait une justification idéologique pour cette exclusion. Il permettait aux élites de se présenter comme les gardiens du progrès et de la rationalité, tout en maintenant les structures de pouvoir existantes. En pratique, cela signifiait souvent que les bénéfices de la modernisation – qu'il s'agisse d'infrastructures améliorées, d'éducation ou de santé – étaient inégalement répartis. Les élites profitaient de ces avantages, tandis que la majorité de la population restait en marge. De plus, toute dissidence ou critique de cet ordre établi était souvent réprimée au nom du "progrès" et de "l'ordre".

L'adoption du positivisme par les élites d'Amérique latine a eu des conséquences profondes et souvent néfastes pour de vastes segments de la population. Bien que le positivisme promette le progrès et la modernisation, sa mise en œuvre a souvent été teintée d'autoritarisme, justifiée par la croyance que seules les élites éclairées étaient capables de guider la société vers son avenir "positif". La répression politique est devenue courante dans de nombreux pays de la région. Les voix dissidentes, qu'elles proviennent d'intellectuels, de journalistes, de syndicalistes ou de simples citoyens, étaient souvent réduites au silence par l'intimidation, la censure, l'emprisonnement ou même la violence. Cette suppression de la liberté d'expression et de la dissidence a créé un climat de peur, empêchant un véritable débat démocratique et limitant la participation des citoyens aux affaires de leur pays. Les populations indigènes et la classe ouvrière ont été particulièrement touchées par ces politiques. Les efforts pour "moderniser" l'économie ont souvent entraîné la confiscation des terres appartenant aux communautés indigènes, les déplaçant de leurs terres ancestrales et les privant de leurs moyens de subsistance traditionnels. De même, les travailleurs qui revendiquaient de meilleurs salaires ou conditions de travail étaient souvent réprimés, et leurs droits fondamentaux, tels que le droit de grève ou de s'organiser, étaient bafoués. La concentration de la richesse était une autre conséquence directe de ces politiques. Alors que les élites profitaient des avantages de la modernisation, comme l'accès à de nouveaux marchés ou technologies, la majorité de la population ne voyait pas les bénéfices de cette croissance. Les inégalités se sont creusées, avec une petite élite qui accumulait d'énormes richesses tandis que la majorité restait dans la pauvreté.

L'Amérique latine, avec son histoire complexe de colonisation, d'indépendance et de quête d'identité nationale, a vu ses élites utiliser et adapter diverses idéologies pour maintenir leur emprise sur le pouvoir et les ressources. Le libéralisme économique et politique, bien que prônant théoriquement l'égalité et la liberté individuelle, a souvent été détourné pour servir les intérêts de ces élites. La concentration de la propriété foncière est un exemple frappant de cette manipulation. Dans de nombreux pays d'Amérique latine, de vastes étendues de terres étaient détenues par une poignée de familles ou d'entreprises, souvent héritées de l'époque coloniale. Ces propriétaires terriens exerçaient une influence considérable sur la politique et l'économie, et utilisaient souvent leur pouvoir pour s'opposer à toute tentative de réforme agraire ou de redistribution des terres. La main-d'œuvre, quant à elle, était souvent exploitée et privée de droits fondamentaux. Les travailleurs, en particulier dans les secteurs agricole et minier, étaient soumis à des conditions de travail précaires, avec peu ou pas de protection sociale. Toute tentative de s'organiser ou de revendiquer de meilleurs droits était souvent réprimée, parfois violemment. Les élites utilisaient la menace de la violence ou la coercition économique pour empêcher la formation de syndicats ou la contestation des conditions de travail. La hiérarchie socio-raciale, héritée de l'époque coloniale, a également été maintenue et renforcée. Les élites, souvent d'origine européenne ou blanche, considéraient les populations indigènes, métisses et afro-latino-américaines comme inférieures et les maintenaient dans des positions subalternes. Ces préjugés raciaux étaient utilisés pour justifier l'exploitation économique et la marginalisation politique de ces groupes.

Drapeau du Brésil avec la notion "ORDEM E PROGRESSO" qui est la devise du positivisme fondé par le philosophe français Auguste Comte.

Cette période, marquée par l'ascension des "régimes d'ordre et de progrès", a été caractérisée par une dualité frappante. D'une part, il y avait une quête effrénée de modernisation, d'industrialisation et d'intégration au marché mondial. Les élites, inspirées par les succès économiques des puissances occidentales, aspiraient à transformer leurs nations en économies prospères et modernes. Les villes ont commencé à se transformer avec l'apparition de nouvelles infrastructures, telles que les chemins de fer, les ports modernes et les bâtiments imposants. L'éducation et la santé publique sont devenues des priorités, du moins en théorie, et il y avait un sentiment général d'optimisme quant à l'avenir. Cependant, cette quête de progrès avait un coût. Les politiques économiques libérales ont favorisé les intérêts des élites et des investisseurs étrangers, souvent au détriment des populations locales. La concentration de la propriété foncière est restée un problème majeur, avec de vastes étendues de terres entre les mains de quelques-uns, tandis que de nombreux paysans étaient sans terre ou travaillaient dans des conditions proches de la servitude. L'industrialisation, bien que créant de nouveaux emplois, a souvent conduit à l'exploitation des travailleurs dans des conditions précaires. La démocratie, en tant que concept, était largement absente ou limitée pendant cette période. Les régimes autoritaires, sous le prétexte de maintenir l'ordre et de garantir le progrès, ont réprimé toute forme de dissidence. Les élections, lorsqu'elles avaient lieu, étaient souvent manipulées, et les voix de la majorité étaient marginalisées. Les populations indigènes, en particulier, ont été victimes de politiques d'assimilation forcée, leurs terres étant confisquées et leurs cultures souvent dévalorisées ou supprimées. L'ironie de cette période est que, bien que les élites aient cherché à imiter les modèles occidentaux de développement, elles ont souvent ignoré ou rejeté les principes démocratiques qui accompagnaient ces modèles dans leurs pays d'origine. Au lieu de cela, elles ont opté pour un modèle qui consolidait leur pouvoir et leurs privilèges, tout en promettant le progrès et la modernisation. Le résultat a été une période de croissance économique pour certains, mais aussi d'inégalités profondes, de répression politique et de marginalisation pour la majorité.

L'Amérique latine, au tournant du XXe siècle, était une mosaïque de nations cherchant à se définir dans le sillage des mouvements d'indépendance qui avaient renversé le joug colonial. Cependant, malgré la fin formelle du colonialisme, de nombreux vestiges de l'ère coloniale perduraient, notamment les structures socio-économiques qui favorisaient une élite blanche dominante. Cette élite, souvent d'ascendance européenne, avait hérité de vastes étendues de terres et de ressources économiques. La terre, en particulier, était un symbole de pouvoir et de richesse. En contrôlant d'immenses domaines, ces élites pouvaient exercer une influence considérable sur l'économie et la politique de leurs pays respectifs. Les petits agriculteurs et les populations indigènes étaient souvent marginalisés, leurs terres étant confisquées ou achetées pour une bouchée de pain, les laissant sans ressources ni moyens de subsistance. La main-d'œuvre était une autre ressource précieuse que l'élite cherchait à contrôler. Les travailleurs, en particulier dans les secteurs agricole et minier, étaient souvent soumis à des conditions de travail précaires. Toute tentative de s'organiser, de revendiquer de meilleurs salaires ou conditions de travail, était réprimée. Les grèves étaient brisées, souvent violemment, et les syndicats étaient soit interdits, soit étroitement surveillés. La répression politique était un autre outil utilisé par l'élite pour maintenir son emprise sur le pouvoir. Les partis d'opposition étaient souvent interdits, les élections truquées et les voix dissidentes réduites au silence. Les journalistes, les universitaires et les activistes qui osaient critiquer le statu quo étaient souvent emprisonnés, exilés ou, dans certains cas, assassinés. Derrière cette répression se cachait une peur profonde : la peur de perdre le pouvoir et les privilèges. L'élite savait que sa position était précaire. Dans un continent marqué par des inégalités profondes et une histoire de révoltes et de révolutions, le maintien de l'ordre était considéré comme essentiel pour la survie de l'élite.

L'Amérique latine, pendant la période des régimes "d'Ordre et de Progrès", a été le théâtre d'une transformation profonde. Les élites, souvent influencées par les idéaux positivistes et les modèles occidentaux, ont cherché à moderniser leurs nations. Cependant, cette modernisation s'est souvent faite au détriment des droits fondamentaux de la majorité de la population. Les violations des droits de l'homme étaient courantes. Les voix dissidentes étaient réduites au silence, souvent par la force. Les populations indigènes, en particulier, ont été victimes de politiques d'assimilation forcée, leurs terres étant confisquées et leurs cultures souvent dévalorisées ou supprimées. La classe ouvrière, quant à elle, a été exploitée, ses droits bafoués au nom du progrès économique. Cette concentration du pouvoir et de la richesse entre les mains d'une élite a creusé le fossé entre les riches et les pauvres, exacerbant les inégalités socio-économiques. Cependant, il est crucial de ne pas peindre l'ensemble de l'élite avec le même pinceau. Bien que beaucoup aient profité de ces politiques pour renforcer leur pouvoir et leurs privilèges, d'autres étaient sincèrement préoccupés par le bien-être de leur nation et de ses citoyens. Ces élites progressistes ont souvent plaidé en faveur de réformes dans des domaines tels que l'éducation, la santé et l'infrastructure. Grâce à leurs efforts, de nombreux pays d'Amérique latine ont connu des avancées significatives dans ces domaines pendant cette période. Par exemple, l'éducation a été élargie pour inclure des segments plus larges de la population, et des institutions d'enseignement supérieur ont été créées ou renforcées. La science et la technologie ont également bénéficié d'investissements, avec la création de centres de recherche et le développement de nouvelles technologies adaptées aux besoins locaux.

La vision du progrès adoptée par les élites d'Amérique latine au tournant du XXe siècle était fortement influencée par les modèles économiques et sociaux des puissances coloniales et post-coloniales européennes. Pour ces élites, le progrès était synonyme de modernisation, et la modernisation était souvent mesurée en termes de croissance économique, d'industrialisation et d'intégration au marché mondial. L'Amérique latine possédait d'immenses ressources naturelles, des terres fertiles aux riches gisements minéraux. Les élites ont vu dans l'exportation de ces ressources, en particulier les produits tropicaux comme le café, le sucre, le caoutchouc et les bananes, ainsi que les minéraux comme l'argent et le cuivre, une opportunité en or pour stimuler la croissance économique. Ces exportations ont été facilitées par la construction de nouvelles infrastructures, telles que les chemins de fer et les ports, souvent financées par des investisseurs étrangers. Cependant, cette vision du progrès avait un coût humain élevé. Pour maximiser la production agricole et minière, de vastes étendues de terres ont été confisquées, souvent par la force ou par des moyens légaux douteux. Les petits agriculteurs et les communautés indigènes, qui dépendaient de ces terres pour leur subsistance, ont été déplacés, marginalisés ou réduits à un état de quasi-servitude. Les grands propriétaires terriens, souvent en collusion avec les élites politiques et économiques, ont consolidé leur pouvoir et leur richesse, exacerbant les inégalités socio-économiques. Pour les élites, ces actions étaient justifiées au nom du "bien commun". Elles croyaient que la modernisation et la croissance économique bénéficieraient à terme à l'ensemble de la société. Cependant, en pratique, les bénéfices de cette croissance étaient inégalement répartis, et les coûts sociaux et environnementaux étaient souvent ignorés.

La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle ont été marqués par une poussée de modernisation en Amérique latine, inspirée en grande partie par les progrès industriels et technologiques observés en Europe et aux États-Unis. Au cœur de cette modernisation se trouvaient les projets d'infrastructure, en particulier la construction de chemins de fer, qui étaient vus comme le symbole par excellence du progrès et de la modernité. Les chemins de fer avaient le potentiel de transformer radicalement l'économie d'un pays. Ils permettaient de transporter rapidement et efficacement des marchandises sur de longues distances, ouvrant ainsi de vastes régions intérieures à l'exploitation agricole et minière. Les villes, quant à elles, ont été modernisées pour refléter l'image d'une nation progressiste, avec de nouveaux bâtiments, des services publics améliorés et une meilleure connectivité. Ces projets étaient attrayants pour les investisseurs étrangers, en particulier les Européens et les Nord-Américains, qui voyaient en Amérique latine un terrain fertile pour leurs capitaux. Les gouvernements latino-américains, désireux d'attirer ces investissements, ont souvent offert des incitations généreuses, telles que des concessions foncières et des exonérations fiscales. Cependant, la médaille avait un revers. La construction de chemins de fer nécessitait d'énormes étendues de terres, souvent obtenues par la confiscation ou l'achat à des prix dérisoires. Les petits agriculteurs et les communautés indigènes, dont les droits fonciers étaient souvent précaires ou non reconnus, se sont retrouvés déplacés de leurs terres ancestrales. Ces terres étaient ensuite souvent vendues ou louées à de grands propriétaires terriens ou à des entreprises, conduisant à une concentration encore plus grande de la propriété foncière. De plus, la modernisation des villes a souvent été réalisée sans égard pour les populations les plus vulnérables. Les quartiers pauvres étaient régulièrement rasés pour faire place à de nouveaux développements, déplaçant des milliers de personnes sans offrir de solutions de relogement adéquates.

Au tournant du XXe siècle, l'industrialisation et la modernisation étaient des objectifs majeurs pour de nombreux pays en développement. Poussés par les exemples de réussite des nations industrialisées et par le désir d'intégrer l'économie mondiale, de nombreux gouvernements ont adopté des politiques favorisant la croissance économique rapide. Cependant, ces politiques étaient souvent mises en œuvre sans une considération suffisante pour leurs impacts sociaux. En Amérique latine, la construction de chemins de fer, la modernisation des infrastructures et l'expansion des industries extractives ont été vues comme des moyens essentiels pour stimuler l'économie. Cependant, ces développements ont souvent nécessité de vastes étendues de terres, entraînant le déplacement de petits agriculteurs et de communautés indigènes. Sans terres pour cultiver et sans accès à leurs ressources traditionnelles, ces populations se sont souvent retrouvées marginalisées, vivant dans la pauvreté et sans moyens de subsistance viables. La concentration des terres et des ressources entre les mains d'une élite économique a exacerbé les inégalités existantes. Alors que cette élite profitait des fruits de la croissance économique, la majorité de la population était laissée pour compte, avec peu d'accès à l'éducation, à la santé ou à des opportunités économiques. Il est important de noter que ces tendances n'étaient pas uniques à l'Amérique latine. Dans de nombreuses régions du monde, de l'Afrique à l'Asie, des politiques similaires ont été mises en œuvre. L'expansion coloniale et l'industrialisation ont souvent conduit à la confiscation des terres, au déplacement de populations et à la concentration de la richesse et du pouvoir. Les conséquences de ces politiques se font encore sentir aujourd'hui, avec de profondes inégalités et des tensions sociales persistantes dans de nombreuses régions du monde.

L'expression "Ordre et Progrès", bien que largement associée au drapeau brésilien, est devenue emblématique de l'approche de nombreux régimes en Amérique latine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ces régimes ont cherché à moderniser leurs pays en s'inspirant des modèles européens et nord-américains, tout en maintenant un contrôle strict sur la population. Le concept d'"ordre" était central à cette vision. Pour ces régimes, l'ordre ne signifiait pas seulement la paix et la stabilité, mais aussi un contrôle strict et hiérarchique de la société. L'armée jouait un rôle crucial à cet égard. Dans de nombreux pays d'Amérique latine, l'armée a été transformée, modernisée et renforcée, souvent avec l'aide de missions militaires étrangères, en particulier de l'Allemagne, qui était alors considérée comme ayant l'une des armées les plus efficaces et les mieux organisées du monde. Ces missions militaires ont formé les officiers latino-américains aux tactiques, aux stratégies et à l'organisation militaires modernes. Mais elles ont également inculqué une vision du rôle de l'armée dans la société qui allait bien au-delà de la simple défense nationale. L'armée était vue comme une institution garante de l'ordre et de la stabilité, et donc comme un acteur politique crucial. Avec cette nouvelle puissance et ce nouveau rôle, l'armée est devenue un outil essentiel pour les élites au pouvoir pour maintenir leur contrôle. Les dissidents politiques, les mouvements ouvriers, les communautés indigènes et toute autre forme de contestation étaient souvent réprimés avec force. L'armée était utilisée pour disperser les manifestations, arrêter et emprisonner les leaders de l'opposition, et parfois même pour mener des campagnes de répression à grande échelle.

L'Église catholique a joué un rôle central dans l'histoire et la culture de l'Amérique latine depuis l'époque coloniale. Toutefois, au XIXe siècle, de nombreux pays de la région ont connu des mouvements libéraux qui ont cherché à réduire l'influence de l'Église sur la vie publique, à séparer l'Église et l'État et à promouvoir la laïcité. Ces réformes libérales ont souvent entraîné la confiscation des biens de l'Église, la restriction de son rôle dans l'éducation et la limitation de son influence politique. Cependant, avec l'avènement des "régimes d'Ordre et de Progrès" à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, il y a eu un retour de balancier. Ces régimes, cherchant à établir un ordre social stable et à contrecarrer les influences libérales et radicales, ont souvent vu l'Église catholique comme un allié naturel. Pour ces régimes, l'Église représentait non seulement une source d'autorité morale, mais aussi un moyen d'inculquer des valeurs conservatrices et d'ordre à la population. Ainsi, de nombreuses prérogatives de l'Église qui avaient été supprimées ou limitées par les gouvernements libéraux précédents ont été restaurées. L'Église a retrouvé une place prépondérante dans l'éducation, avec le retour des écoles confessionnelles et la promotion d'une éducation basée sur les valeurs catholiques. L'influence de l'Église dans la vie publique a également été renforcée, avec une plus grande visibilité des cérémonies religieuses et des événements de l'Église. Parallèlement à cette restauration de l'influence de l'Église, il y a eu une répression des minorités religieuses, en particulier des protestants, qui étaient souvent vus comme des agents de l'influence étrangère, en particulier des États-Unis. Les mouvements laïques, qui prônaient une séparation plus stricte de l'Église et de l'État et qui étaient souvent associés à des idées libérales ou radicales, ont également été réprimés.

L'ascension des "régimes d'Ordre et de Progrès" en Amérique latine a été marquée par une série de mesures visant à consolider le pouvoir entre les mains d'une élite restreinte. Ces mesures, bien que présentées comme nécessaires pour assurer la stabilité et le progrès, ont souvent eu des conséquences dévastatrices pour la démocratie et les droits de l'homme dans la région. La censure est devenue un outil courant pour contrôler le discours public. Les journaux, les écrivains et les intellectuels qui critiquaient le gouvernement ou ses politiques étaient souvent soumis à des sanctions, allant de la fermeture de publications à l'emprisonnement ou même à l'exil. Cette censure a non seulement étouffé la liberté d'expression, mais a également créé une atmosphère de peur et d'autocensure parmi ceux qui auraient pu s'opposer aux actions du gouvernement. Le retour du vote censitaire était une autre tactique utilisée pour limiter la participation politique. En restreignant le droit de vote à ceux qui possédaient une certaine quantité de propriété ou qui remplissaient d'autres critères économiques, les élites ont pu s'assurer que seuls ceux qui avaient des intérêts alignés sur les leurs pouvaient participer au processus politique. Cela a effectivement exclu la grande majorité de la population du processus décisionnel. Mais peut-être le plus troublant était la manière dont ces régimes traitaient ceux qui osaient s'opposer ouvertement à eux. Les travailleurs, les petits agriculteurs et d'autres groupes marginalisés qui se mobilisaient pour revendiquer leurs droits étaient souvent confrontés à une répression brutale. Les grèves étaient violemment réprimées, les leaders syndicaux et communautaires étaient arrêtés ou assassinés, et les communautés entières pouvaient être punies pour les actions de quelques-uns.

Les régimes positivistes d'Amérique latine, inspirés par les idées d'"Ordre et Progrès", ont cherché à moderniser leurs nations en s'appuyant sur des principes scientifiques et rationnels. Ces régimes ont souvent été caractérisés par une forte centralisation du pouvoir, une modernisation économique rapide et une suppression de la dissidence. Bien que chaque pays ait eu ses propres particularités, certains thèmes communs peuvent être identifiés. Rafael Reyes, qui a dirigé la Colombie de 1904 à 1909, a cherché à moderniser l'économie colombienne en encourageant les investissements étrangers, en particulier dans les secteurs du pétrole et des mines. Il a également promu la construction de chemins de fer pour faciliter le transport des marchandises. Toutefois, Reyes a renforcé le pouvoir exécutif aux dépens des autres branches du gouvernement. Il a également réduit l'autonomie des régions en les plaçant sous le contrôle direct du gouvernement central. En matière de politique, Reyes n'a pas hésité à utiliser la force pour réprimer l'opposition, mettant en place une censure stricte et emprisonnant souvent ou exilant ses adversaires politiques. Manuel Estrada Cabrera, qui a dirigé le Guatemala de 1898 à 1920, a favorisé les intérêts des compagnies fruitières américaines, en particulier la United Fruit Company. Il a accordé d'énormes concessions à ces entreprises, leur permettant d'exercer une influence considérable sur l'économie guatémaltèque. Estrada Cabrera a également encouragé la construction de routes et de chemins de fer pour faciliter le commerce. Cependant, sa gouvernance était notoirement brutale dans sa répression de l'opposition. Il a utilisé à la fois l'armée et des milices privées pour éliminer ses adversaires, et sous son régime, la torture, l'emprisonnement et les exécutions étaient courants pour ceux qui osaient s'opposer à lui. Dans les deux cas, bien que les régimes aient réussi à réaliser certains progrès en matière de modernisation économique, ils l'ont fait au détriment des droits de l'homme et de la démocratie. La centralisation du pouvoir et la répression de la dissidence étaient des caractéristiques courantes des régimes positivistes en Amérique latine, reflétant l'influence des idées d'"Ordre et Progrès".

Au Brésil, la période connue sous le nom de "República Velha" (1889-1930) a également été marquée par des régimes d'"Ordre et Progrès". Inspirés par le positivisme, ces régimes ont cherché à moderniser le pays en suivant le modèle des nations occidentales industrialisées. Le maréchal Deodoro da Fonseca, qui a dirigé le coup d'État qui a renversé la monarchie brésilienne en 1889, a été le premier président de la République et a incarné cette philosophie. Sous sa direction et celle de ses successeurs, le Brésil a connu une période de modernisation rapide, avec l'expansion des chemins de fer, la promotion de l'industrialisation et la restructuration de l'éducation sur des bases positivistes. Cependant, tout comme au Mexique sous Díaz, le progrès économique au Brésil s'est accompagné d'une concentration du pouvoir politique. Les "coronels", ou grands propriétaires terriens, exerçaient une influence considérable sur la politique régionale et nationale. Ils contrôlaient souvent le vote dans leurs régions respectives, garantissant ainsi la loyauté des politiciens élus. Cette période, bien que marquée par des avancées économiques, a également été caractérisée par une corruption politique généralisée et une marginalisation des classes populaires.

La Première République brésilienne, également connue sous le nom de "República Velha", a été une période de transformations majeures pour le pays. Après la proclamation de la République en 1889, qui a mis fin à la monarchie, le Brésil a cherché à se moderniser et à s'aligner sur les tendances mondiales de l'époque. L'influence du positivisme était palpable, comme en témoigne l'adoption de la devise "Ordem e Progresso" sur le drapeau national. L'industrialisation a commencé à prendre racine dans les principales villes, en particulier à São Paulo et à Rio de Janeiro. Les chemins de fer, les ports et d'autres infrastructures ont été développés pour faciliter le commerce et l'exportation, en particulier du café, qui est devenu le principal produit d'exportation du pays. Les élites agraires, en particulier les barons du café, ont joué un rôle central dans la politique nationale, consolidant leur pouvoir et leur influence. Cependant, malgré ces avancées économiques, la Première République était loin d'être démocratique. Le système politique était dominé par les élites agraires et les "coronels", qui contrôlaient le vote dans leurs régions respectives. La politique du "café com leite" reflétait l'alternance du pouvoir entre les élites de São Paulo (producteurs de café) et celles de Minas Gerais (producteurs de lait). De plus, la majorité de la population, en particulier les Afro-Brésiliens, les travailleurs ruraux et les populations indigènes, était largement exclue des processus décisionnels. La répression de la dissidence était courante. Les mouvements sociaux, tels que la "Revolta da Vacina" en 1904 ou la "Guerre de Canudos" entre 1896 et 1897, ont été violemment réprimés par le gouvernement. Ces événements montrent la tension entre les aspirations modernisatrices des élites et les besoins et désirs de la majorité de la population.

Le Porfiriato ou régime de Porfirio Díaz au Mexique : 1876 - 1911

General Porfirio Díaz.

//Le Porfiriato, également connu sous le nom de régime de Porfirio Díaz, est une période de l'histoire du Mexique qui a duré de 1876 à 1911 et qui a été caractérisée par le fort pouvoir autoritaire du président Porfirio Díaz. Ce régime était fortement influencé par le positivisme, qui mettait l'accent sur la pensée scientifique et rationnelle comme moyen de promouvoir le progrès social.

Pendant le Porfiriato, le gouvernement de Díaz a mis en œuvre des politiques visant à moderniser et à industrialiser le Mexique, notamment la construction de chemins de fer, l'expansion des investissements étrangers et la promotion de l'éducation et de la santé publique. Toutefois, ces politiques ont souvent été mises en œuvre au détriment des droits et du bien-être de la majorité de la population. Le régime a supprimé toute dissidence politique et maintenu une forte emprise autoritaire sur le pouvoir, tandis que la concentration des terres entre les mains d'une petite élite a entraîné une pauvreté et des inégalités sociales généralisées.

Le Porfiriato a également vu une résurgence de l'influence de l'Église catholique dans la vie publique et la suppression des minorités religieuses et des mouvements laïques. Ce régime a souvent été critiqué pour avoir violé les droits de l'homme et ne pas avoir répondu aux idéaux de progrès et d'ordre, car la majorité de la population était exclue des bénéfices de la croissance économique et restait marginalisée.

Le Porfiriato s'est terminé par l'explosion de la Révolution mexicaine, un conflit de dix ans qui allait aboutir au renversement de Porfirio Díaz et à l'instauration d'une république constitutionnelle au Mexique.

En 1876, le Mexique est un pays beaucoup plus petit qu'au moment de son indépendance, car une partie importante de son territoire a été annexée par les États-Unis à la suite de la guerre américano-mexicaine (1846-1848). Cette perte de territoire a eu un impact important sur l'économie et la société du pays.

En plus de cette perte territoriale, le Mexique a également connu des changements importants en termes de propriété foncière et de droits de propriété. La loi Lerdo de 1856, adoptée sous le Second Empire mexicain, a permis la privatisation des propriétés appartenant à l'Église catholique, ainsi que des terres des communautés et villages indigènes. Cette loi a permis à de riches Mexicains, y compris des investisseurs étrangers, d'acquérir de grandes étendues de terre, souvent au détriment des petits agriculteurs et des communautés indigènes.

Cette loi aura un impact important sur les inégalités sociales et économiques et sera également l'un des facteurs qui mèneront à la révolution mexicaine, car de nombreux petits agriculteurs et communautés indigènes exigeront la restitution de leurs terres.

Porfirio Díaz était un homme politique et un chef militaire mexicain qui a été président du Mexique pendant plus de 30 ans, de 1876 à 1911. Il était d'origine mixte, avec un mélange d'ascendance indigène et espagnole, et venait d'un milieu modeste - ses parents étaient aubergistes. Il reçoit une éducation catholique et s'engage ensuite dans l'armée, gravissant les échelons pour devenir un dirigeant régional puis national.

En 1876, il est élu président sur un programme libéral, promettant de mettre en œuvre des politiques de modernisation et d'industrialisation du pays. Cependant, à la suite d'élections frauduleuses, il s'impose comme un dictateur, et son régime est connu sous le nom de Porfiriato. Il a dirigé le Mexique d'une main de fer, supprimant l'opposition politique et maintenant une forte emprise autoritaire sur le pouvoir.

Le régime de Díaz était fortement influencé par le positivisme, qui met l'accent sur la pensée scientifique et rationnelle comme moyen de promouvoir le progrès social. Il a mis en œuvre des politiques visant à moderniser et à industrialiser le Mexique, notamment la construction de chemins de fer, l'expansion des investissements étrangers et la promotion de l'éducation et de la santé publique. Cependant, ces politiques ont souvent été mises en œuvre au détriment des droits et du bien-être de la majorité de la population. La concentration des terres entre les mains d'une petite élite a entraîné une pauvreté et une inégalité sociale généralisées.

Le Porfiriato se terminera par le déclenchement de la Révolution mexicaine, un conflit de dix ans qui aboutira au renversement de Porfirio Díaz et à l'instauration d'une république constitutionnelle au Mexique.

Après avoir pris le pouvoir, Porfirio Díaz s'est entouré d'un groupe d'intellectuels positivistes connus sous le nom de "científicos" (scientifiques). Ces intellectuels pensaient qu'ils incarnaient la modernité au Mexique et qu'ils se trouvaient au dernier stade d'évolution du positivisme. Ils pensaient qu'en mettant en œuvre des politiques fondées sur le positivisme, ils pourraient améliorer les infrastructures, promouvoir l'éducation et la santé publique, et apporter le progrès social sans changer fondamentalement les structures de pouvoir existantes ni accorder des droits égaux à tous les citoyens.

Les "científicos" étaient un petit groupe d'intellectuels d'élite qui étaient nommés à des postes clés du gouvernement et jouaient un rôle important dans l'élaboration des politiques du Porfiriato. Ils étaient chargés de conseiller Díaz sur diverses questions, notamment le développement économique, l'éducation et la santé publique. Ils ont également contribué à supprimer la dissidence politique et à maintenir une forte emprise autoritaire sur le pouvoir. Les intellectuels mexicains n'ont pas tous soutenu le régime du Porfirio, et les "científicos" ont été critiqués par d'autres intellectuels et groupes sociaux pour leur rôle dans la mise en œuvre de politiques qui ont conduit à des violations généralisées des droits de l'homme, à la suppression de la dissidence politique et à la concentration de la richesse et du pouvoir entre les mains d'une petite élite.

Le Progrès

Pour le régime porfirien et ses partisans, le progrès était étroitement lié à la modernisation et à l'industrialisation du Mexique, ce qui signifiait à leurs yeux la confiscation des terres des petits paysans et des communautés indigènes au profit des grands propriétaires terriens et des investisseurs étrangers. Cette politique a été accélérée par des lois adoptées en 1884, telles que la "ley de desamortización" (loi de désamortissement), qui décrétait que les richesses de la surface et du sous-sol de la terre appartenaient à son propriétaire, et la "ley del español" (loi de l'Espagnol) qui stipulait que toute parcelle de terre dont l'occupant ne pouvait pas produire de titre de propriété pouvait être saisie par le premier acheteur.

Ces lois ont permis à de riches Mexicains, y compris des investisseurs étrangers, d'acquérir de grandes étendues de terre, souvent au détriment des petits agriculteurs et des communautés indigènes. La concentration des terres entre les mains d'une petite élite a entraîné une pauvreté généralisée et des inégalités sociales, la majorité de la population étant exclue des bénéfices de la croissance économique. Ces politiques n'étaient pas propres au Mexique. Des politiques similaires ont été mises en œuvre dans d'autres régions du monde au cours de cette période, entraînant des conséquences similaires. En outre, ces politiques ont été fortement critiquées pour avoir violé les droits de l'homme et ne pas avoir respecté les idéaux de progrès et d'ordre, car la majorité de la population était exclue des bénéfices de la croissance économique et restait marginalisée.

Le résultat des lois adoptées en 1884 a été une concentration spectaculaire de la propriété foncière au Mexique. Aux alentours de 1900, environ 20 % des terres du Mexique avaient été retirées à leurs occupants, une part importante étant acquise par de grands propriétaires terriens et des investisseurs étrangers. Cela a entraîné une augmentation significative de la taille des grandes propriétés foncières et une diminution du nombre de petits agriculteurs.

En outre, environ 90 % des communautés indigènes du plateau central ont perdu leurs terres communales. Cela a été un coup dur pour leur mode de vie, leur économie traditionnelle et leur culture. Ces politiques ont entraîné une pauvreté et une inégalité sociale généralisées, la majorité de la population étant exclue des bénéfices de la croissance économique et restant marginalisée. Ces politiques ont eu des conséquences importantes à long terme pour le pays, car elles ont contribué aux inégalités sociales et économiques, ainsi qu'au mécontentement qui allait conduire à la révolution mexicaine. L'appel à la réforme agraire sera l'une des principales revendications des révolutionnaires, ce qui conduira aux lois de réforme agraire et à l'établissement d'ejidos (propriétés foncières communales) qui seront mises en œuvre après la révolution.

Les lois adoptées en 1884 ont accru la spéculation financière, les riches Mexicains et les investisseurs étrangers pouvant acquérir de grandes étendues de terre aux dépens des petits agriculteurs et des communautés indigènes. Cependant, ces lois n'ont pas augmenté la productivité agricole, car de plus en plus de paysans et d'indigènes se retrouvaient sans terre, ce qui entraînait un surplus de main-d'œuvre sans terre. Cette situation a eu un effet négatif sur le marché du travail, car il n'y avait aucune incitation à mécaniser l'agriculture, ce qui aurait augmenté la productivité.

De plus en plus de terres étaient cultivées pour l'exportation, et de moins en moins pour nourrir la population mexicaine croissante. Cette situation était d'autant plus problématique que la population du Mexique augmentait rapidement, passant d'environ 10 millions d'habitants en 1877 à 15 millions en 1900, en partie grâce aux progrès de la médecine qui ont entraîné une baisse des taux de mortalité.

En outre, le passage à une agriculture orientée vers l'exportation a entraîné une baisse de la production de denrées alimentaires de base telles que le maïs et les haricots, qui étaient essentiels au régime alimentaire de la plupart des Mexicains. Cette situation a entraîné une insécurité alimentaire et une malnutrition au sein de la population, en particulier parmi les sans-terre et les groupes marginalisés.

La propriété des terres étant aux mains d'une petite élite, moins de biens ont été produits pour la consommation intérieure, ce qui a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires. Dans le même temps, les salaires ont baissé, car il y avait trop de demandeurs d'emploi sur le marché, ce qui a entraîné une baisse du niveau de vie pour la plupart de la population.

Comme de plus en plus de terres étaient utilisées pour les cultures d'exportation, moins de terres étaient disponibles pour la culture des aliments de base tels que le maïs et les haricots, qui étaient essentiels au régime alimentaire de la plupart des Mexicains. Cette situation a entraîné une pénurie de ces aliments de base et une augmentation des prix des denrées alimentaires, ce qui était particulièrement problématique pour les groupes sans terre et marginalisés qui ne pouvaient pas se permettre d'acheter de la nourriture à ces prix.

En outre, le surplus de main-d'œuvre sans terre a entraîné une baisse des salaires, les employeurs pouvant payer des salaires plus bas en raison de la forte concurrence pour les emplois. Cette situation, combinée à la hausse des prix des denrées alimentaires, a entraîné une baisse du niveau de vie de la majorité de la population.

Le gouvernement de Porfirio Díaz a investi massivement dans la construction de chemins de fer, faisant passer la longueur totale des voies ferrées au Mexique de 800 kilomètres en 1877 à 24 000 kilomètres en 1900. Ces voies ferrées ont été construites pour relier le nord et le sud du pays, et certaines des réalisations techniques étaient assez impressionnantes. La construction des chemins de fer a permis de déplacer les marchandises, les personnes et les idées plus rapidement, plus efficacement et à moindre coût, ce qui a contribué à stimuler la croissance économique. Néanmoins, elle a également eu un impact social et environnemental important.

La construction de chemins de fer a permis l'exportation de produits agricoles et miniers du Mexique vers les marchés étrangers, ce qui a contribué à stimuler la croissance économique du pays. Cependant, la construction de chemins de fer a également entraîné le déplacement de nombreuses communautés, la destruction d'habitats naturels et l'introduction d'espèces envahissantes. La construction de chemins de fer a été une réalisation majeure pour le pays, mais elle a également eu un impact considérable sur l'environnement et les communautés qui vivaient à proximité des voies ferrées. En outre, les chemins de fer ont été principalement construits pour servir les intérêts des élites et des investisseurs étrangers, et non ceux de la majorité de la population.

El ferrocarril representó uno de los avances de la economía del Porfiriato y fue expuesto ante el mundo como símbolo de progreso. La cultura mexicana en la época de Díaz tuvo rasgos de la economía, como este cuadro de José María Velasco, en que se refleja el ferrocarril del Valle de México.

La construction de chemins de fer sous le régime porfirien a permis l'expansion de l'appareil d'État et la mobilité de l'armée, ainsi que l'augmentation du nombre de fonctionnaires. Le gouvernement a également tenté d'attirer des migrants européens au Mexique afin de "blanchir" la population. Cependant, très peu d'entre eux sont venus, car les conditions de vie au Mexique n'étaient pas assez attrayantes.

Le gouvernement de Díaz a également encouragé l'éducation primaire publique et l'hygiène comme moyens d'"améliorer la race". Le gouvernement pensait qu'en éduquant et en améliorant la santé de la population, il pourrait améliorer la qualité générale de la population et réduire le nombre d'individus "inférieurs". Cependant, ces politiques n'ont pas été mises en œuvre au profit de la majorité de la population, mais plutôt au profit des élites et des investisseurs étrangers. Ces politiques ont été fortement critiquées parce qu'elles étaient fondées sur des idées racistes et eugéniques et qu'elles ne répondaient pas aux idéaux de progrès et d'ordre, puisqu'elles n'amélioraient pas les conditions de vie de la majorité de la population. En outre, l'accent mis sur le "blanchiment" de la population a été critiqué pour son caractère raciste et pour avoir favorisé la marginalisation des communautés indigènes et afro-mexicaines.

Les chiffres économiques de la période porfirienne sont impressionnants, puisque le produit national brut (PNB) a augmenté de 8% par an en moyenne entre 1884 et 1900. Cette période a connu une expansion économique importante, et une véritable économie nationale s'est formée avec un marché intérieur. La construction de chemins de fer, l'expansion d'une agriculture orientée vers l'exportation et la modernisation de l'industrie ont contribué à cette croissance économique.

Cette période a également vu une augmentation des investissements étrangers et la modernisation du pays, avec la construction d'infrastructures, telles que des chemins de fer, des ports et des lignes télégraphiques, et la modernisation de l'industrie et des mines du pays. L'expansion de l'économie axée sur les exportations a contribué à stimuler la croissance économique. Cependant, elle a également conduit à une concentration de la richesse et du pouvoir entre les mains d'une petite élite, et elle était fondée sur l'exploitation de la terre et du travail de la majorité de la population. La croissance économique de cette période a été impressionnante, mais elle a également eu des conséquences sociales et environnementales importantes. La concentration de la richesse et du pouvoir entre les mains d'une petite élite a entraîné une pauvreté et des inégalités sociales généralisées, ainsi que l'exploitation de la terre et du travail de la majorité de la population. En outre, ces politiques ont été fortement critiquées pour ne pas avoir répondu aux idéaux de progrès et d'ordre, car la majorité de la population était exclue des bénéfices de la croissance économique et restait marginalisée.

Alors que l'économie était en pleine croissance durant la période porfirienne, la majorité des Mexicains étaient exclus des bénéfices de ce progrès. L'économie était de plus en plus dominée par les investisseurs étrangers, en particulier ceux des États-Unis, qui possédaient une part importante des plantations tropicales, des mines, des chemins de fer, du pétrole, des banques et de l'industrie légère. Cette situation a conduit à une concentration de la richesse et du pouvoir entre les mains d'une petite élite, et elle était basée sur l'exploitation de la terre et du travail de la majorité de la population.

La majorité des Mexicains, notamment les petits agriculteurs et les communautés indigènes, ont été déplacés et dépossédés de leurs terres. La majorité de la population est restée marginalisée et exclue des bénéfices de la croissance économique. En outre, ce modèle économique était fortement tributaire de l'exploitation des ressources naturelles, ce qui a entraîné une dégradation de l'environnement et la destruction des modes de vie traditionnels. Il convient de noter que ces politiques ont été fortement critiquées car elles ne répondaient pas aux idéaux de progrès et d'ordre, la majorité de la population étant exclue des bénéfices de la croissance économique et restant marginalisée. En outre, la dépendance à l'égard des investissements étrangers et l'exploitation des ressources naturelles ont été critiquées pour ne pas être durables et ne pas favoriser le développement à long terme du pays.

Pendant la période porfirienne, les disparités régionales dans le pays se sont considérablement accrues. La région centrale du Mexique, qui était connue comme le grenier à blé du Mexique, continuait à produire principalement du maïs, du blé et des haricots, mais cela ne suffisait pas à nourrir la population qui augmentait rapidement. De petites industries se développent dans la région, mais elles ne peuvent pas répondre à la demande croissante de nourriture et d'autres biens.

La plupart des terres de la région centrale sont occupées par de grands propriétaires terriens, qui se concentrent sur les cultures d'exportation, comme la canne à sucre, ce qui signifie que moins de terres sont disponibles pour la culture des aliments de base comme le maïs, le blé et les haricots. Cette situation a entraîné une pénurie de ces aliments de base et une augmentation des prix des denrées alimentaires, ce qui était particulièrement problématique pour les sans-terre et les groupes marginalisés qui ne pouvaient pas se permettre d'acheter de la nourriture à ces prix.

En outre, le surplus de main-d'œuvre sans terre a entraîné une baisse des salaires, les employeurs pouvant payer des salaires plus bas en raison de la forte concurrence pour les emplois. Cette situation, combinée à la hausse des prix des denrées alimentaires, a entraîné une baisse du niveau de vie de la majorité de la population de la région centrale.

Pendant la période porfirienne, la région nord du Mexique a connu des changements importants, devenant une importante région minière. La production de cuivre, de plomb, de zinc et d'argent s'est développée, de même que la culture du coton et l'établissement d'industries légères. La population du Nord a également augmenté, en raison de la migration de 300 000 Mexicains appauvris, en particulier des paysans du Mexique central qui avaient perdu leurs terres, ainsi que de l'installation d'environ 15 000 Américains qui étaient des investisseurs, propriétaires de mines et de grandes haciendas.

Le développement de l'exploitation minière et des industries légères dans le Nord a créé de nouvelles opportunités d'emploi, qui ont attiré de nombreux migrants d'autres régions du pays. Cependant, la majorité de ces emplois étaient peu rémunérés et dangereux, et les conditions de vie de la majorité de la population du Nord étaient mauvaises. En outre, la concentration de la propriété foncière entre les mains d'une petite élite et le passage à une agriculture orientée vers l'exportation ont entraîné une pauvreté et une inégalité sociale généralisées.

L’Ordre

Afin de mettre en œuvre les politiques de progrès et de développement, le régime porfirien a fortement insisté sur le maintien de l'ordre et le contrôle de la société. Pour ce faire, il utilise diverses méthodes, dont les principes "diviser pour régner" et "le pain ou le bâton".

Le principe de "diviser pour régner" était utilisé pour affaiblir le pouvoir de toute opposition potentielle en jouant différents groupes les uns contre les autres. Par exemple, le gouvernement favorisait certaines régions ou certains groupes ou créait des divisions au sein de la classe ouvrière ou des communautés indigènes.

Le principe du "pain ou du bâton" était utilisé pour contrôler la population en lui offrant des incitations ou des récompenses pour qu'elle se conforme au régime, ou en utilisant la répression et la force pour punir ceux qui s'opposaient au régime. Par exemple, le gouvernement offrait des emplois, des terres ou d'autres incitations à ceux qui soutenaient le régime ou utilisait l'armée et la police pour réprimer ceux qui s'y opposaient.

Le régime porfirien a également eu recours à la censure, à la propagande et à la surveillance pour maintenir son contrôle sur la population. Il a également réprimé l'opposition politique, supprimé la liberté d'expression et de la presse, et restreint les libertés civiles. Cette répression a été particulièrement ressentie par les travailleurs, les petits agriculteurs, les communautés indigènes et les dissidents politiques.

Un détachement de Rurales en uniforme de campagne pendant l'ère Diaz.

L'approche "du pain ou du bâton" du régime porfirien pour maintenir l'ordre et contrôler la société visait principalement l'élite et les piliers du régime, comme l'armée et l'église. Le régime offrait des incitations ou des récompenses, comme des emplois, des terres ou d'autres avantages, à ceux qui le soutenaient et étaient prêts à coopérer avec lui. Il s'agissait d'"acheter" le soutien de certains membres de l'élite et de les empêcher de s'opposer au régime.

Cependant, pour la majorité de la population, en particulier la classe ouvrière et les communautés indigènes, le régime s'appuyait principalement sur la répression et la force pour maintenir son contrôle. L'armée et la police ont été utilisées pour réprimer toute opposition au régime et pour maintenir le contrôle sur la population. Cette approche était particulièrement efficace dans les zones rurales, où la présence et le contrôle du gouvernement étaient plus faibles.

Porfirio Diaz, lui-même ancien officier militaire, a compris l'importance de contrôler l'armée afin de maintenir son emprise sur le pouvoir. Pour y parvenir, il a créé une force parallèle, connue sous le nom de "rurales", qui dépendait directement du gouvernement central et maintenait l'ordre dans les zones rurales. Cela permettait à Diaz d'exercer un contrôle sur la population rurale et de prévenir toute rébellion ou opposition potentielle.

Diaz a également cherché à maintenir la loyauté de l'armée régulière en augmentant les salaires et les avantages des soldats et des officiers, et en modernisant l'armée avec de nouvelles armes et de nouveaux équipements. En jouant sur la concurrence entre les rurales et l'armée régulière, Diaz espérait prévenir tout renversement potentiel.

Soulèvement des Indiens Yaqui - Guerriers Yaqui en retraite, par Frederic Remington, 1896.

Porfirio Diaz a entretenu une relation prudente et pragmatique avec l'Église catholique pendant son régime. Il n'a pas officiellement réformé la constitution pour supprimer les dispositions anticléricales de la constitution libérale de 1857, mais a préféré les ignorer. Diaz a rendu à l'Église catholique les monastères et les écoles religieuses qui avaient été confisqués sous le régime libéral précédent, et a permis à l'Église de continuer à jouer un rôle important dans la société.

En retour, l'Église soutient Diaz et son régime, et ne s'oppose pas ouvertement à ses politiques ni ne les critique. Cet accord informel entre l'Église et le gouvernement a permis à Diaz de conserver le soutien de l'Église et de ses fidèles, qui était considéré comme une source importante de pouvoir politique au Mexique à l'époque.

Les critiques, cependant, ont affirmé que cet accord informel entre Diaz et l'Église, bien que permettant à Diaz de conserver le soutien de l'Église, a conduit à l'ingérence de l'Église dans la politique et à la suppression des libertés religieuses, et a également eu un effet négatif sur l'éducation. En outre, le soutien de l'Église à Diaz et à son régime a été considéré comme une légitimation des politiques autoritaires du régime et de la répression de la dissidence politique.

Le régime de Porfirio Diaz s'est caractérisé par une politique de répression sélective, où il ciblait ceux qui s'opposaient à lui tout en permettant aux grands propriétaires terriens, aux banquiers et aux entrepreneurs de prospérer. Diaz a utilisé cette approche pour conserver le soutien de l'élite économique, tout en l'empêchant de devenir une menace politique pour son régime.

Diaz donnait souvent des terres, des concessions ou d'autres avantages à ceux qui le soutenaient politiquement, tout en lançant une répression contre ceux qui s'opposaient à lui. Cette approche permettait à Diaz de conserver le soutien d'une partie importante de l'élite économique, tout en les empêchant de devenir trop puissants ou de contester son propre pouvoir.

Comme le régime porfirien a investi massivement dans le développement des infrastructures et l'expansion de l'État, de nouveaux postes de fonctionnaires ont été créés pour gérer ces efforts. L'un des exemples les plus notables est l'expansion du réseau ferroviaire, qui permet le transport efficace de troupes et de fournitures vers différentes parties du pays.

Cette expansion du réseau ferroviaire a permis au gouvernement de répondre rapidement et efficacement à toute révolte ou soulèvement potentiel dans les zones rurales, en transportant des troupes et en réprimant toute opposition. Cette stratégie était considérée comme essentielle pour maintenir le contrôle et l'ordre sur la population, car elle permettait au gouvernement de répondre rapidement à toute menace potentielle pour son pouvoir.

Pendant le régime porfirien, plusieurs révoltes et soulèvements ont eu lieu dans les zones frontalières, notamment parmi les communautés indigènes telles que le peuple Yaqui dans le nord du Mexique. L'économie des Yaqui était basée sur l'agriculture, essentielle pour alimenter les zones minières, mais leurs terres ont été saisies par le gouvernement et les grands propriétaires terriens, ce qui a conduit à leur révolte.

Le gouvernement a répondu en envoyant l'armée pour réprimer ces révoltes, ce qui a souvent entraîné des massacres des communautés indigènes. De nombreux survivants ont ensuite été déportés de force pour servir de travailleurs forcés dans d'autres régions du pays, comme la péninsule du Yucatán. Le gouvernement et les officiers de l'armée y voyaient un moyen de tirer profit du travail forcé des indigènes et de réaliser des bénéfices sur leurs déportations.

Par exemple, en une seule opération, un colonel a réussi à déporter 15 700 hommes, femmes et enfants Yaqui en seulement trois ans. Les planteurs du Yucatán payaient 65 pesos pour chaque Yaqui, dont 10 pesos allaient au colonel et 55 pesos au ministère de la Guerre.

Cette politique de déportation et de travail forcé a été considérée comme une violation des droits de l'homme et des droits des indigènes. Elle a également été critiquée car elle a détruit les communautés, la culture et le mode de vie traditionnels des Yaqui. En outre, elle a entraîné l'exploitation des peuples indigènes pour une main-d'œuvre bon marché, ce qui a contribué au mécontentement croissant et à l'opposition au régime.

Le peuple Yaqui n'était pas le seul à être visé par la répression et la violence sous le régime porfirien. Les travailleurs, les opposants politiques et d'autres groupes qui s'opposaient au régime ont également fait l'objet de massacres et de déportations. Les grèves et les manifestations ouvrières ont fait l'objet d'une répression brutale de la part de la police et de l'armée, et de nombreux travailleurs ont été tués, blessés ou arrêtés.

Les opposants politiques au régime ont également été pris pour cible, et nombre d'entre eux ont été arrêtés ou exilés en raison de leur opposition au gouvernement. Cette situation a engendré un climat de peur et de répression, dans lequel de nombreuses personnes avaient peur de s'exprimer contre le gouvernement ou de participer à des activités politiques.

Diaz a pu maintenir son régime pendant une longue période en éliminant et en muselant l'opposition par la répression et la violence. Cependant, plusieurs facteurs s'accumulaient qui allaient finalement conduire au déclenchement de la révolution mexicaine en 1911.

Tout d'abord, le mécontentement croissant des classes ouvrières et des paysans, dû à la concentration de la propriété foncière et à la suppression des droits du travail. Le fossé entre l'élite riche et la majorité pauvre se creusait, et de nombreux Mexicains avaient du mal à gagner leur vie. En outre, le manque de représentation politique et la suppression de la dissidence ont suscité la frustration et la colère de la population.

Deuxièmement, une crise économique se développe en raison de la dépendance excessive à l'égard de l'exportation de matières premières et de la négligence des industries nationales. Cela a entraîné une baisse des exportations et une diminution de la croissance économique globale.

Troisièmement, l'approche musclée du régime pour maintenir l'ordre, notamment la répression brutale des grèves et de l'opposition politique, a suscité un ressentiment croissant au sein de la population. Ainsi que la migration forcée et le travail forcé de la population indigène.

Enfin, le régime de Diaz devenait de plus en plus autocratique et antidémocratique, Diaz lui-même étant au pouvoir depuis plus de 35 ans et manipulant les élections pour rester au pouvoir. Cela a conduit à un sentiment croissant de désillusion au sein de la population, qui était prête à un changement de gouvernement.

Tous ces facteurs ont contribué au déclenchement de la révolution mexicaine en 1910, qui a finalement abouti au renversement du régime porfirien et à l'établissement d'un nouveau gouvernement au Mexique.

La Première République du Brésil : 1889 - 1930

La proclamation de la République, par Benedito Calixto.

Après l'abolition, l'élite brésilienne a été confrontée à la question de l'organisation de la main-d'œuvre pour l'économie en pleine croissance du pays. En 1889, la monarchie brésilienne a été renversée par un coup d'État sans effusion de sang, et une république a été établie avec la devise "Ordre et progrès". Le nouveau gouvernement, dirigé par une petite élite de riches propriétaires terriens, d'industriels et de chefs militaires, a cherché à moderniser le pays et à promouvoir la croissance économique.

La Première République du Brésil, comme on l'a appelée, a mis en œuvre un certain nombre de politiques visant à promouvoir la modernisation et la croissance économique. Elle a notamment investi dans les infrastructures, comme la construction de chemins de fer et de ports, et créé une banque nationale. Le gouvernement a également encouragé les investissements étrangers et a cherché à inciter les immigrants européens à s'installer au Brésil.

Toutefois, ces politiques ont été mises en œuvre principalement au profit de l'élite du pays et des investisseurs étrangers, plutôt que de la majorité de la population. L'approche du gouvernement en matière de main-d'œuvre était fortement influencée par le darwinisme social, selon lequel certaines races étaient supérieures aux autres. Par conséquent, les politiques du gouvernement favorisent les immigrants blancs et discriminent les Afro-Brésiliens et les autochtones.

Le gouvernement a également maintenu un contrôle étroit sur la sphère politique, supprimant toute opposition ou dissidence. Il en résulte un manque de représentation politique pour la majorité de la population et un manque de responsabilité du gouvernement.

La Première République du Brésil a été marquée par un fossé croissant entre l'élite et la majorité de la population et par un manque de représentation politique et de responsabilité du gouvernement. L'économie du pays s'est développée au cours de cette période, mais cette croissance n'était pas répartie de manière égale, et la majorité de la population a continué à vivre dans la pauvreté. Ces facteurs ont contribué à la chute de la Première République du Brésil en 1930 et à l'avènement d'un nouveau gouvernement.

La Première République du Brésil, qui a duré de 1889 à 1930, était principalement contrôlée par une petite élite de riches propriétaires terriens, d'industriels et de chefs militaires qui cherchaient à moderniser le pays et à promouvoir la croissance économique, mais d'une manière qui leur profitait principalement à eux-mêmes et aux investisseurs étrangers. Ils ont utilisé l'idéologie du positivisme pour justifier leurs actions et maintenir la hiérarchie socio-spatiale qui existait sous la monarchie. Ils ont mis en œuvre des politiques telles que l'investissement dans les infrastructures, l'encouragement des investissements étrangers et de l'immigration. Néanmoins, ces politiques ont été mises en œuvre principalement au profit de l'élite, plutôt que de la majorité de la population, ce qui a conduit à un fossé croissant entre les riches et les pauvres, ainsi qu'à un manque de représentation politique et de responsabilité du gouvernement.

La population du Brésil pendant la Première République était encore largement concentrée sur les côtes et dans l'État du Minas Gerais, avec une population totale d'environ 14 millions d'habitants. Le vaste intérieur du pays était relativement peu peuplé, et l'accent mis par le gouvernement sur la modernisation et la croissance économique a principalement profité aux régions côtières et à l'État du Minas Gerais, plutôt qu'à l'intérieur. Cela a entraîné des disparités supplémentaires en matière de développement économique et de représentation politique entre les différentes régions du pays.

Au cours de la première République du Brésil, des changements socio-économiques importants se sont produits, notamment avec le déplacement du pouvoir économique du Nord-Est vers les États de Minas Gerais et de São Paulo, où la production de café augmentait rapidement. Les bénéfices des exportations de café ont été utilisés pour investir dans la création de nouvelles industries, ce qui a contribué à stimuler la croissance de centres urbains comme São Paulo. Dans le même temps, l'augmentation rapide de la population a créé un marché intérieur plus important pour les biens, ce qui a permis de remplacer les biens importés par des biens produits localement. Cela a entraîné un déplacement du pouvoir économique de l'élite traditionnelle vers une nouvelle élite urbaine d'industriels et d'entrepreneurs.

La première République du Brésil, bien qu'officiellement une république, était en fait dominée par les producteurs de café de São Paulo. Cela a conduit à un système de gouvernement qui ressemblait davantage à une fédération d'États relativement autonomes, chacun étant gouverné par de grands propriétaires terriens qui détenaient un pouvoir et une influence considérables. Ce groupe d'élite contrôlait également le gouvernement fédéral et l'armée. Le droit de vote était limité à un petit pourcentage de la population. Seuls les hommes de plus de 21 ans sachant lire et écrire et disposant d'une certaine somme d'argent avaient le droit de voter. Cela signifie que la majorité de la population, y compris la classe ouvrière et les pauvres des zones rurales, est effectivement exclue du processus politique. Ce système de gouvernement et d'exclusion politique a fini par entraîner la montée des mouvements populistes et des troubles sociaux, ce qui a conduit à la chute de la Première République en 1930.

Le Progrès

Le programme de progrès de cette république comprend, comme sous la monarchie, la construction des chemins de fer, la modernisation des ports, et la modernisation de la ville sur le modèle de Paris, en empruntant aux Anglais. Le gouvernement de la Première République du Brésil a cherché à moderniser les villes du pays, en mettant l'accent sur Rio de Janeiro et Sao Paolo. Pour ce faire, il a investi dans la construction de nouvelles infrastructures, telles que des routes et des bâtiments publics, et a encouragé la planification et le zonage urbains. Ils ont également cherché à rendre ces villes plus esthétiques en reproduisant l'architecture et l'aménagement urbain des villes européennes, notamment Paris. Ils ont notamment créé de larges boulevards, des parcs et des places publiques, et construit de grands bâtiments et monuments publics. Cette modernisation des villes a apporté quelques améliorations, mais a également entraîné le déplacement de nombreux habitants de la classe ouvrière et la destruction de quartiers historiques.

L'abolition de l'esclavage au Brésil s'est faite progressivement, avec la "loi d'or" de 1888, qui a officiellement aboli l'esclavage mais n'a prévu aucune compensation ou aide pour les anciens esclaves. En conséquence, de nombreux anciens esclaves ont été contraints de continuer à travailler dans les mêmes plantations qu'auparavant, mais désormais en tant que salariés mal payés. L'abolition de l'esclavage n'a pas amélioré la vie de la majorité des Afro-Brésiliens, car ils étaient toujours exclus des structures de pouvoir politique et économique du pays. Le "progrès" de la première République du Brésil a principalement profité aux élites et aux investisseurs étrangers, laissant la majorité de la population, en particulier les Afro-Brésiliens, marginalisés et défavorisés.

La première république a également vu la poursuite de l'accaparement des terres, en particulier dans la région de l'Amazonie, où de grandes plantations de caoutchouc ont été établies, souvent grâce au travail forcé des populations autochtones. Cela a conduit à la décimation de nombreuses populations indigènes de la région. En outre, le gouvernement a continué à soutenir la concentration de la propriété foncière entre les mains d'une petite élite, ce qui a entraîné le déplacement des petits agriculteurs et de la population indigène. Malgré la rhétorique du progrès, ces politiques ont perpétué les inégalités socio-économiques et l'exploitation qui existaient sous la monarchie.

Malgré ces efforts, très peu d'Européens ont effectivement migré au Brésil, de sorte que la population est restée majoritairement composée de personnes d'origine africaine et indigène. Le fossé entre les riches et les pauvres s'est également creusé, une petite élite contrôlant les ressources économiques et le pouvoir politique du pays. Dans le même temps, la majorité de la population est restée appauvrie et marginalisée. Cette hiérarchie socio-économique, associée à la répression brutale des travailleurs et des opposants politiques, a finalement conduit à un mécontentement généralisé et au renversement de la première république en 1930.

Cependant, la grande majorité de ces immigrants n'ont pas pu trouver un emploi dans les villes et ont été contraints de travailler dans les plantations de café dans de mauvaises conditions. Malgré ces efforts, la population d'origine africaine et indigène constituait toujours la majorité de la population et la hiérarchie socio-raciale restait inchangée. Le progrès des élites n'a pas amélioré la vie de la majorité de la population et a plutôt conduit à une exploitation et une oppression accrues.

L’Ordre

Pendant la première République du Brésil (1889-1930), les planteurs des États du sud ont utilisé des fonds publics pour faire venir des migrants européens afin de créer un marché du travail dominé par la libre concurrence. Toutefois, en réalité, cette stratégie a été utilisée comme un moyen de marginaliser les Afro-Brésiliens sur le marché du travail. Cette tactique a été efficace dans les régions les plus prospères et les emplois les mieux rémunérés, où les migrants ont systématiquement déplacé les travailleurs afro-brésiliens, ce qui a entraîné leur exclusion des usines et leur remplacement dans l'artisanat par des immigrants. En conséquence, les Afro-Brésiliens ont été relégués au travail domestique et à d'autres occupations marginales, avec un accès limité à l'éducation, aux soins de santé et aux autres services sociaux. Cette situation historique est un exemple de racisme et de discrimination systémiques qui a eu un impact durable sur la société brésilienne, perpétuant les inégalités économiques et sociales jusqu'à aujourd'hui.

La marginalisation des Afro-Brésiliens n'était pas seulement due au manque de qualifications, mais aussi au racisme qui régnait dans la société. Au moment de l'abolition, de nombreux Afro-Brésiliens n'étaient plus esclaves et étaient tout aussi qualifiés, sinon plus, que les migrants européens qui ont été amenés pour les remplacer sur le marché du travail. En outre, nombre de ces migrants étaient analphabètes, sans profession et ne parlaient pas portugais. Pourtant, ils bénéficiaient d'un traitement préférentiel par rapport aux Afro-Brésiliens en raison du racisme omniprésent dans la société. Cette situation historique illustre la façon dont le racisme et la discrimination peuvent créer des obstacles aux opportunités économiques et sociales pour les groupes marginalisés, même s'ils sont tout aussi qualifiés, voire plus, que les personnes qui sont choisies à leur place.

L'intégration sociale des Afro-Brésiliens, qui étaient autrefois réduits en esclavage, a été entravée par la discrimination et l'exclusion dont ils ont fait l'objet sur le marché du travail pendant la première République du Brésil (1889-1930). En conséquence, de nombreux hommes afro-brésiliens ont été confinés dans des emplois peu rémunérés dans les régions les plus pauvres ou dans les plantations, où les salaires étaient insuffisants. Parallèlement, les femmes afro-brésiliennes étaient principalement reléguées au service domestique, car il s'agissait de l'une des rares options d'emploi à leur disposition. Cette situation a contribué à la perpétuation de l'inégalité économique et sociale parmi les Afro-Brésiliens, rendant difficile leur intégration sociale et leur accès aux opportunités de mobilité ascendante. Ces facteurs historiques continuent d'influencer le bien-être économique et social des Afro-Brésiliens à l'heure actuelle.

La discrimination et l'exclusion auxquelles les Afro-Brésiliens ont été confrontés sur le marché du travail pendant la Première République du Brésil (1889-1930) ont entraîné la séparation des familles, la mère devenant souvent le principal soutien de famille. Cette situation a eu un double impact sur les pères afro-brésiliens, non seulement parce qu'il leur est difficile de trouver un emploi correctement rémunéré, mais aussi parce qu'ils sont marginalisés au sein de la famille. Il ne s'agit pas seulement d'un problème économique, mais aussi d'un problème social et culturel, car il va à l'encontre de la dynamique familiale traditionnelle et peut conduire à l'érosion de la structure patriarcale des familles afro-brésiliennes. Cela a contribué à la perpétuation des inégalités économiques et sociales parmi les Afro-Brésiliens, ce qui rend difficile leur intégration sociale et leur accès aux opportunités de mobilité ascendante.

Le positivisme racial, une idéologie qui met l'accent sur les différences biologiques et culturelles supposées entre les races et sur la supériorité supposée de certaines races sur d'autres, a eu un effet particulièrement pernicieux au Brésil. Contrairement à d'autres pays où la ségrégation est codifiée par la loi, au Brésil, il s'agit d'une forme de racisme plus subtile et discrète qui se manifeste dans la vie quotidienne. Malgré cela, il a toujours un impact important sur les Afro-Brésiliens, qui représentent une très petite minorité de la population et sont touchés de manière disproportionnée par la pauvreté, l'inégalité et l'accès limité à l'éducation, aux soins de santé et aux autres services sociaux.

L'élite brésilienne proclame souvent que le pays est une république et une démocratie raciale, mais cela est contredit par la réalité : seule une très petite minorité d'Afro-Brésiliens, généralement des mulâtres, parvient à s'élever socialement. Cela permet à l'élite de nier l'existence du racisme dans le pays et perpétue la marginalisation des Afro-Brésiliens. Cette situation historique illustre la manière dont des formes subtiles et discrètes de racisme peuvent avoir un impact significatif sur les groupes marginalisés, rendant difficile leur intégration sociale et leur accès aux opportunités de mobilité ascendante.

L'affirmation du Brésil comme une démocratie raciale, souvent utilisée par l'élite et l'État pour nier l'existence du racisme et de la discrimination dans le pays, a joué un rôle important dans la perpétuation de la marginalisation des Afro-Brésiliens. Ce récit permet à l'élite et à l'État de se décharger de toute responsabilité quant à la mauvaise condition socio-économique des Afro-Brésiliens après l'abolition de l'esclavage et de rejeter la faute sur la communauté afro-brésilienne. Cela implique que leur condition est le résultat de leur propre faute ou qu'ils sont racialement inférieurs.

Ce récit crée un cercle vicieux de racisme. Non seulement il absout l'élite et l'État de toute responsabilité, mais il perpétue également les stéréotypes et la discrimination auxquels les Afro-Brésiliens sont confrontés quotidiennement. Elle rend difficile l'accès des Afro-Brésiliens à l'éducation, aux soins de santé et aux opportunités d'emploi. Cela perpétue la marginalisation sociale et économique des Afro-Brésiliens et rend difficile leur intégration sociale et leur mobilité ascendante.

Il est important de noter que le mythe brésilien de la démocratie raciale, qui affirme que le racisme n'existe pas dans le pays, a coïncidé avec la transition de l'esclavage vers un système de travail libre et la transition d'une monarchie vers une république, plus précisément la Première République du Brésil (1889-1930). L'État et l'élite ont utilisé ce récit pour masquer la réalité de la structure socio-raciale qui s'est perpétuée après l'abolition de l'esclavage.

Pendant cette période, l'État et l'élite ont cherché à établir un régime d'ordre et de progrès autoritaire et élitiste. Ils ont utilisé le récit de la démocratie raciale pour cacher la réalité de la discrimination et de l'exclusion dont sont victimes les Afro-Brésiliens sur le marché du travail et dans la société en général. Ce récit a servi d'outil pour maintenir la structure socio-raciale qui existait sous l'esclavage, où les Afro-Brésiliens étaient marginalisés et se voyaient refuser l'accès à l'éducation, aux soins de santé et à la promotion économique.

Le mythe brésilien de la démocratie raciale, qui affirme que le racisme n'existe pas dans le pays, a coïncidé avec le passage de l'esclavage à un système de travail libre et la transition d'une monarchie à une république. L'État l'a utilisé, ainsi que l'élite, pour masquer la réalité de la structure socio-raciale qui s'est perpétuée après l'abolition de l'esclavage, et pour maintenir un régime autoritaire et élitiste qui reproduit l'ancienne structure socio-raciale.

Annexes

Références