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La Constitution de 1917 du Mexique est, sans aucun doute, l'une des réalisations législatives les plus significatives de la période post-révolutionnaire. Elle est née de la nécessité d'apporter des réponses concrètes aux revendications populaires qui avaient alimenté les années tumultueuses de la révolution. Remplaçant la constitution de 1857, ce nouveau document était le reflet des aspirations d'un pays en quête d'équité et de justice sociale. La réforme agraire en était l'épine dorsale, cherchant à corriger les inégalités foncières historiques en faveur des petits agriculteurs et des communautés indigènes. La réforme du travail, quant à elle, visait à protéger les droits des travailleurs face à des conditions souvent précaires et injustes. Par ailleurs, l'éducation était considérée comme un pilier essentiel pour bâtir une nation moderne et informée, d'où l'accent mis sur une éducation laïque et accessible à tous. Le désir de séparer l'Église de l'État était également un élément central de cette constitution, reflétant une volonté de limiter l'influence du clergé dans les affaires de l'État. En plus de ces réformes structurelles, la Constitution de 1917 était révolutionnaire dans sa reconnaissance des droits civiques. Le fait qu'elle envisage le suffrage féminin, protège la liberté d'expression et reconnaisse le droit syndical montre à quel point elle était avant-gardiste. De plus, en tant que première constitution des Amériques à reconnaître explicitement les droits des peuples indigènes, elle a tracé la voie pour d'autres nations dans la reconnaissance et la protection des droits des populations autochtones. Ainsi, la Constitution de 1917 n'était pas simplement un document législatif ; elle était le symbole d'un Mexique renouvelé, reflétant les espoirs et les aspirations d'une nation qui avait traversé une période de bouleversements majeurs.[[file:Lázaro.Cárdenas.jpg|thumbnail|left|200px|General Lázaro Cárdenas.]]
La Constitution de 1917 du Mexique est, sans aucun doute, l'une des réalisations législatives les plus significatives de la période post-révolutionnaire. Elle est née de la nécessité d'apporter des réponses concrètes aux revendications populaires qui avaient alimenté les années tumultueuses de la révolution. Remplaçant la constitution de 1857, ce nouveau document était le reflet des aspirations d'un pays en quête d'équité et de justice sociale. La réforme agraire en était l'épine dorsale, cherchant à corriger les inégalités foncières historiques en faveur des petits agriculteurs et des communautés indigènes. La réforme du travail, quant à elle, visait à protéger les droits des travailleurs face à des conditions souvent précaires et injustes. Par ailleurs, l'éducation était considérée comme un pilier essentiel pour bâtir une nation moderne et informée, d'où l'accent mis sur une éducation laïque et accessible à tous. Le désir de séparer l'Église de l'État était également un élément central de cette constitution, reflétant une volonté de limiter l'influence du clergé dans les affaires de l'État. En plus de ces réformes structurelles, la Constitution de 1917 était révolutionnaire dans sa reconnaissance des droits civiques. Le fait qu'elle envisage le suffrage féminin, protège la liberté d'expression et reconnaisse le droit syndical montre à quel point elle était avant-gardiste. De plus, en tant que première constitution des Amériques à reconnaître explicitement les droits des peuples indigènes, elle a tracé la voie pour d'autres nations dans la reconnaissance et la protection des droits des populations autochtones. Ainsi, la Constitution de 1917 n'était pas simplement un document législatif ; elle était le symbole d'un Mexique renouvelé, reflétant les espoirs et les aspirations d'une nation qui avait traversé une période de bouleversements majeurs.[[file:Lázaro.Cárdenas.jpg|thumbnail|left|200px|General Lázaro Cárdenas.]]
   
   
//La Constitution de 1917 a été rédigée en grande partie par Francisco Mujica, un socialiste proche de Lazaro Cardenas. C'était un nationaliste et un progressiste qui s'est engagé à répondre aux griefs sociaux et économiques de la population qui avaient conduit à la révolution.
La Constitution de 1917 est le fruit d'une collaboration collective, mais l'influence de figures clés comme Francisco Mujica est indéniable. Mujica, un socialiste dévoué proche de Lazaro Cardenas, a apporté sa vision progressiste et nationaliste à la rédaction de ce document capital. Francisco Mujica était un fervent défenseur des droits des travailleurs, des paysans et des peuples indigènes. Son idéologie était profondément enracinée dans l'idée que le Mexique devait forger sa propre voie, libérée des influences étrangères et centrée sur l'équité sociale. Son attachement au progrès et à la justice sociale a été crucial dans la formulation des dispositions de la Constitution, en particulier celles qui se rapportaient à la réforme agraire, à la protection des droits des travailleurs et à la séparation de l'Église et de l'État. Il est également important de souligner son étroite relation avec Lazaro Cardenas, qui deviendra plus tard président du Mexique. Cardenas, lors de son mandat, mettra en œuvre certaines des réformes les plus radicales prévues par la Constitution, notamment la nationalisation de l'industrie pétrolière. La vision partagée par Mujica et Cardenas a grandement contribué à façonner le Mexique post-révolutionnaire et à redéfinir la relation entre le pays, ses citoyens et ses ressources. En somme, Francisco Mujica, avec sa passion pour la justice sociale et son engagement envers les idéaux de la révolution, a joué un rôle déterminant dans l'élaboration d'une Constitution qui cherchait à redresser les torts du passé et à guider le Mexique vers un avenir plus juste et plus équitable.


La Constitution de 1917 est considérée comme une constitution libérale car elle a établi un système de gouvernement présidentiel, tout en étant l'une des constitutions les plus progressistes de son époque sur le plan social. Elle a introduit plusieurs réformes majeures pour répondre aux griefs sociaux et économiques qui avaient conduit à la révolution, comme la réforme agraire, la réforme du travail, la réforme de l'éducation et la réforme religieuse.
La Constitution de 1917 du Mexique est un mélange fascinant d'idées libérales et progressistes. En surface, elle a repris les principes libéraux classiques en instaurant un système de gouvernement présidentiel. Ce système, axé sur la séparation des pouvoirs, vise à équilibrer et à limiter le pouvoir du gouvernement tout en garantissant les libertés fondamentales des citoyens. Cependant, ce qui distingue vraiment cette constitution de ses contemporaines, c'est sa nature profondément progressiste. À une époque où de nombreux pays n'avaient pas encore pleinement reconnu les droits sociaux et économiques, le Mexique a pris des mesures audacieuses pour codifier ces droits dans sa constitution. Les réformes mises en avant étaient clairement destinées à corriger les inégalités historiques et à établir une société plus juste. La réforme agraire, par exemple, avait pour but de briser les structures de pouvoir traditionnelles en redistribuant les terres aux petits agriculteurs et aux communautés indigènes. C'était une tentative de corriger des siècles de concentration des terres entre les mains de quelques propriétaires terriens privilégiés. La réforme du travail, quant à elle, a placé les droits des travailleurs au centre des préoccupations, garantissant des conditions de travail décentes, le droit de grève et la protection contre l'exploitation. La réforme de l'éducation a promis une éducation publique, laïque et gratuite, mettant l'accent sur la formation de citoyens informés et engagés. La réforme religieuse, enfin, a représenté une rupture majeure avec le passé. En cherchant à séparer l'Église et l'État, la constitution a cherché à limiter l'influence traditionnelle de l'Église catholique sur la politique et l'éducation mexicaines. Ces mesures progressistes ont fait de la Constitution de 1917 l'une des plus avancées de son époque, reflétant les aspirations et les idéaux de la révolution mexicaine. Elle n'était pas simplement libérale; elle était radicalement tournée vers l'avenir, cherchant à transformer le Mexique en une nation où les droits et la dignité de tous seraient respectés et protégés.


La réforme agraire était un élément clé de la constitution. Elle visait à redistribuer des terres aux petits agriculteurs, aux communautés indigènes et aux ejidos (propriétés foncières communales) afin de résoudre le problème de la privation de terres. La réforme du travail visait à améliorer les conditions de travail et à protéger les droits des travailleurs. La réforme de l'éducation visait à fournir une éducation gratuite et laïque à tous les citoyens. La réforme religieuse visait à séparer l'Église et l'État, le gouvernement prenant le contrôle du système éducatif et des biens de l'Église catholique. La constitution prévoyait également une protection sociale pour ses citoyens.
La Constitution de 1917 du Mexique a cherché à rectifier de nombreuses injustices héritées de l'époque coloniale et du règne prolongé de Porfirio Díaz. L'importance des réformes incluses dans ce document ne saurait être sous-estimée, car elles touchaient presque tous les aspects de la société mexicaine.


La Constitution de 1917 était également une constitution nationaliste. Elle définissait que les ressources du sous-sol, y compris le pétrole qui était exploité à l'époque par les Britanniques et les Américains, appartenaient à la nation, et elle imposait des limites à la propriété étrangère. Il s'agissait d'un aspect important de la constitution, car elle visait à protéger les ressources naturelles et la souveraineté du Mexique contre l'exploitation étrangère.
La réforme agraire était l'une des plus urgentes. Des millions de Mexicains, en particulier les communautés indigènes, avaient été privés de leurs terres traditionnelles par des siècles de politiques coloniales et post-coloniales. La redistribution des terres n'était pas seulement une question de justice sociale, mais elle visait également à équilibrer le pouvoir économique. Les ''ejidos'', ou terres communales, permettaient à des communautés entières de posséder et de cultiver la terre collectivement, renforçant ainsi la solidarité communautaire. La réforme du travail était également essentielle. Sous Díaz, les travailleurs étaient souvent exploités, avec peu ou pas de droits. La nouvelle constitution garantissait le droit de grève, de meilleures conditions de travail, et cherchait à mettre fin à l'exploitation flagrante des ouvriers et des paysans. L'éducation, traditionnellement sous le contrôle de l'Église catholique, était une autre préoccupation majeure. La constitution garantissait une éducation publique, laïque et gratuite pour tous les citoyens. Elle cherchait ainsi à créer une citoyenneté informée, capable de participer pleinement à la vie démocratique du pays. La séparation de l'Église et de l'État était également un changement radical. En réduisant l'influence de l'Église sur les affaires publiques, la constitution cherchait à créer un État laïc où les droits et libertés des citoyens n'étaient pas dictés par la doctrine religieuse. Enfin, en prévoyant une protection sociale pour ses citoyens, la constitution a reconnu l'importance de soutenir ses citoyens les plus vulnérables. C'était une avancée majeure pour l'époque et mettait le Mexique à l'avant-garde des réformes sociales en Amérique latine.


La constitution comprenait également une disposition permettant au gouvernement d'exproprier des biens appartenant à des étrangers dans les cas jugés d'intérêt national. Cette mesure était considérée comme un moyen de protéger les ressources et l'économie du Mexique contre le contrôle étranger. La constitution limitait également la propriété étrangère des terres situées près de la frontière et de la côte...
La dimension nationaliste de la Constitution de 1917 est un élément crucial pour comprendre les motivations et les aspirations qui ont guidé sa rédaction. Le Mexique, comme de nombreux pays d'Amérique latine, a eu une histoire de relations complexes avec les puissances étrangères, en particulier en ce qui concerne l'exploitation de ses ressources naturelles. À l'époque, le pétrole était devenu une ressource stratégique et sa présence au Mexique attirait de nombreux investisseurs étrangers, principalement britanniques et américains. Ces entreprises étrangères, avec le soutien tacite de leurs gouvernements respectifs, exerçaient une influence considérable sur la politique et l'économie du Mexique. Pour de nombreux révolutionnaires, cette situation était inacceptable. Elle symbolisait l'impérialisme étranger et la perte de souveraineté nationale. La décision d'inclure dans la constitution une clause stipulant que les ressources du sous-sol, notamment le pétrole, appartenaient à la nation était donc profondément symbolique. Elle reflétait une volonté de reprendre le contrôle des richesses nationales et de garantir que les bénéfices de leur exploitation profiteraient à l'ensemble de la population mexicaine, plutôt qu'à une poignée d'investisseurs étrangers. De plus, la limitation de la propriété étrangère était une manière d'affirmer la souveraineté mexicaine. Elle envoyait un message clair : si les étrangers souhaitaient investir au Mexique, ils devraient le faire selon les termes définis par les Mexicains eux-mêmes. Enfin, cette dimension nationaliste de la constitution s'inscrivait dans un mouvement plus large en Amérique latine à cette époque. De nombreux pays ont cherché à affirmer leur indépendance et leur souveraineté face à l'ingérence étrangère, que ce soit par la nationalisation des ressources ou par d'autres moyens. La Constitution de 1917 était donc à la fois un produit de son époque et une expression audacieuse des aspirations du peuple mexicain.


Une autre dimension importante de la Constitution de 1917 est qu'elle était laïque et même anticléricale. Elle supprime les privilèges de l'Église catholique en séparant l'Église et l'État. Elle limite également le pouvoir de l'Église en prenant le contrôle du système éducatif et des propriétés de l'Église catholique. Il s'agit d'un changement important par rapport à la constitution précédente de 1857, qui avait accordé à l'Église catholique un statut spécial et un pouvoir politique et économique important. La position anticléricale de la Constitution de 1917 était en accord avec les idéaux progressistes et laïques de nombreux dirigeants de la révolution, qui considéraient l'Église comme un obstacle à la modernisation et à la démocratisation du Mexique.
La Constitution de 1917, dans sa quête de souveraineté et d'autodétermination, a pris des mesures spécifiques pour garantir que les intérêts nationaux prévalent sur les intérêts étrangers. L'incorporation d'une disposition autorisant l'expropriation de biens appartenant à des étrangers pour des raisons d'intérêt national était un outil puissant. Cette mesure n'était pas uniquement symbolique, elle offrait au gouvernement mexicain un moyen concret de contrôler et de réguler les investissements et l'influence étrangère dans le pays. Les limitations concernant la propriété étrangère près de la frontière et de la côte étaient également des mesures stratégiques. Les frontières et les zones côtières sont souvent considérées comme des régions sensibles sur le plan stratégique et sécuritaire. En limitant la propriété étrangère dans ces zones, la constitution cherchait à garantir que ces régions cruciales restent sous contrôle mexicain et soient à l'abri de tout potentiel influence ou contrôle étranger. Ces mesures reflètent une profonde méfiance à l'égard de l'intervention étrangère, enracinée dans l'histoire du Mexique. Le pays avait déjà subi des occupations, des invasions et des interventions étrangères. Le 19e siècle avait été marqué par des interventions américaines et françaises, ainsi que par de courtes périodes d'occupation étrangère. Ainsi, ces dispositions constitutionnelles peuvent être vues comme une réponse directe à ces expériences, cherchant à prévenir toute future domination ou influence étrangère indue. Il est important de souligner que ces mesures n'étaient pas uniquement dirigées contre les investisseurs ou les propriétaires fonciers étrangers en tant qu'individus, mais visaient plutôt à protéger la souveraineté nationale et à garantir que le développement économique du Mexique profite à ses citoyens. Ces dispositions montrent à quel point la révolution mexicaine était déterminée à rompre avec le passé et à tracer une nouvelle voie pour l'avenir du pays.
 
L'anticléricalisme inscrit dans la Constitution de 1917 était l'une des ruptures les plus significatives avec le passé du Mexique. Depuis l'époque coloniale, l'Église catholique avait été une force dominante, non seulement en termes religieux, mais aussi en tant que puissance économique et sociale. Elle détenait d'immenses étendues de terres et exercçait une influence considérable sur la vie quotidienne des Mexicains. La volonté de limiter le pouvoir de l'Église était liée à plusieurs facteurs. Tout d'abord, il y avait une reconnaissance du rôle de l'Église en tant que gardienne du statu quo et de son alliance fréquente avec les élites conservatrices. Deuxièmement, les leaders révolutionnaires étaient influencés par les idées libérales qui circulaient en Europe et en Amérique latine, où la séparation de l'Église et de l'État était considérée comme essentielle à la formation d'un État-nation moderne. La prise de contrôle des biens de l'Église était autant une question d'économie que d'idéologie. En expropriant les vastes terres de l'Église, le gouvernement pourrait redistribuer cette terre aux paysans, répondant ainsi à l'une des principales revendications de la révolution. La nationalisation du système éducatif avait également un double objectif : elle permettait au gouvernement de mettre en place un programme éducatif national, tout en mettant fin à l'influence de l'Église sur l'éducation. La position anticléricale de la Constitution a, bien entendu, rencontré une résistance significative, notamment de la part de secteurs conservateurs et de l'Église elle-même. Cette tension a culminé lors de la Guerre des Cristeros dans les années 1920, une insurrection armée contre les politiques anticléricales du gouvernement. Cependant, malgré ces défis, la sécularisation inscrite dans la Constitution de 1917 a jeté les bases d'un Mexique moderne où l'Église et l'État demeurent séparés.


== Mise en œuvre de la Constitution ==
== Mise en œuvre de la Constitution ==
Pendant son mandat, Carranza, arrivé au pouvoir en 1914, a très peu fait pour appliquer les dispositions de la Constitution de 1917. Il s'attachait davantage à consolider son propre pouvoir et à garder le contrôle du pays qu'à mettre en œuvre les réformes sociales et économiques décrites dans la constitution.
//Pendant son mandat, Carranza, arrivé au pouvoir en 1914, a très peu fait pour appliquer les dispositions de la Constitution de 1917. Il s'attachait davantage à consolider son propre pouvoir et à garder le contrôle du pays qu'à mettre en œuvre les réformes sociales et économiques décrites dans la constitution.


En outre, le gouvernement de Carranza était miné par la corruption et les luttes politiques intestines, et il a dû faire face à plusieurs contestations de son pouvoir de la part d'autres leaders révolutionnaires tels que Villa et Obregon. Il est également confronté à l'opposition des zapatistes qui réclament une réforme agraire et une redistribution des terres dans le sud du pays.
En outre, le gouvernement de Carranza était miné par la corruption et les luttes politiques intestines, et il a dû faire face à plusieurs contestations de son pouvoir de la part d'autres leaders révolutionnaires tels que Villa et Obregon. Il est également confronté à l'opposition des zapatistes qui réclament une réforme agraire et une redistribution des terres dans le sud du pays.

Version du 14 septembre 2023 à 09:57


La Révolution mexicaine, survenue entre 1910 et 1940, représente l'un des épisodes les plus déterminants de l'histoire du Mexique et, plus largement, de l'ensemble des Amériques. Sous l'ombre du long règne de Porfirio Díaz, période connue sous le nom de Porfiriato, le Mexique avait connu un essor économique notable, mais ce développement s'était accompagné de profondes inégalités sociales et économiques. Les communautés indigènes, les agriculteurs ruraux et d'autres groupes marginalisés se trouvaient en situation de précarité, éclipsés par l'ambition modernisatrice de Díaz.

C'est dans ce contexte tumultueux que la rébellion a éclaté, initiée par Francisco Madero, contre la dictature de Díaz. Tout au long de ces trois décennies de bouleversements, des figures emblématiques telles qu'Emiliano Zapata, Pancho Villa et Venustiano Carranza ont émergé, chacune incarnant différents intérêts et visions pour le pays. Ces leaders, particulièrement Zapata et Villa, ont souvent porté la voix des plus défavorisés, revendiquant une distribution équitable des terres et des ressources.

La Révolution mexicaine ne se résume pas simplement à une lutte pour le pouvoir ou à des transformations économiques. Elle symbolise une quête profonde d'identité nationale et d'inclusion. Durant cette période, les droits des peuples indigènes, des Afro-Mexicains, des descendants d'esclaves, mais aussi des femmes et des travailleurs, ont été projetés sur le devant de la scène, renforçant l'importance d'une nation diversifiée et unie.

Finalement, malgré le coût humain effroyable, estimé à 1,5 million de vies, la Révolution a pavé la voie à la formation d'une république constitutionnelle au Mexique, redéfinissant ainsi la structure sociale, économique et politique du pays pour les générations futures.

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La dictature de Porfirio Díaz : 1876 - 1910

Le règne de Porfirio Díaz, souvent désigné sous le nom de "Porfiriato", représente une période ambivalente dans l'histoire du Mexique. Bien qu'il ait impulsé une modernisation significative du pays, son régime a également engendré des disparités socio-économiques flagrantes qui ont alimenté les tensions menant à la Révolution mexicaine. Díaz, visionnaire pour certains et dictateur pour d'autres, était animé par l'idée d'un Mexique moderne, industrialisé et connecté au reste du monde. Pour y parvenir, il a encouragé les investissements étrangers et a entrepris des projets d'infrastructures tels que les chemins de fer, les ports et les télégraphes. Ces initiatives ont stimulé l'économie mexicaine, intégrant davantage le pays au commerce mondial et attirant des investisseurs, notamment des États-Unis et d'Europe. Cependant, ces progrès ont eu un coût social. La modernisation a souvent favorisé les élites urbaines et les investisseurs étrangers aux dépens des populations rurales et indigènes. Sous Díaz, de vastes étendues de terres communales, connues sous le nom d'ejidos, ont été vendues ou confisquées pour être mises à disposition des grandes plantations ou des entreprises étrangères. Cela a déplacé de nombreuses communautés rurales, les privant de leurs moyens de subsistance traditionnels et exacerbant la pauvreté et l'inégalité. De plus, le Porfiriato a été marqué par une forte répression politique. Díaz, tout en prônant la paix et l'ordre (un slogan célèbre de son régime était "Ordre et Progrès"), a souvent utilisé la force pour réprimer ou éliminer l'opposition. Les élections sous son règne étaient largement considérées comme truquées, et les voix dissidentes étaient fréquemment réduites au silence par la censure, la prison ou la violence. Ces profondes inégalités économiques et l'absence de libertés politiques ont créé un terreau fertile pour la mécontentement et la révolte. La grande majorité des Mexicains, en particulier les classes rurales et indigènes, se sont retrouvées marginalisées et opprimées, alimentant ainsi les aspirations révolutionnaires qui allaient finalement éclater en 1910.

Le Porfiriato est un chapitre contrasté dans l'histoire du Mexique. D'une part, il a supervisé une période de modernisation rapide et d'expansion économique, mais d'autre part, il s'est appuyé sur une série de politiques répressives pour consolider son pouvoir. Ces actions, tout en stabilisant son régime à court terme, ont semé les graines du mécontentement qui conduira finalement à la Révolution mexicaine. La censure de la presse était un élément fondamental de la stratégie de Díaz pour contrôler le discours public. Les médias qui osaient critiquer le gouvernement ou remettre en question ses politiques étaient souvent muselés. Les journalistes qui refusaient de se conformer à cette ligne directrice risquaient l'emprisonnement, et dans certains cas plus extrêmes, l'exil. En parallèle, Díaz traitait durement les mouvements ouvriers naissants. À mesure que le Mexique s'industrialisait et que les classes laborieuses prenaient conscience de leurs droits, des grèves et des manifestations devenaient courantes. Cependant, ces mouvements étaient souvent réprimés avec force, et leurs leaders étaient régulièrement emprisonnés ou même assassinés pour avoir osé défier l'autorité de Díaz. Les communautés indigènes, souvent les plus vulnérables et les plus exploitées, subissaient également la répression de Díaz. Lorsqu'elles tentaient de défendre leurs terres traditionnelles ou leurs droits, elles étaient confrontées à une résistance brutale de la part du gouvernement. Mais peut-être l'outil le plus redouté dans l'arsenal de Díaz était sa force de police, les "rurales". Originellement créées pour maintenir l'ordre dans les régions rurales du Mexique, elles sont rapidement devenues l'instrument de terreur préféré de Díaz. Connues pour leur brutalité, elles avaient pour mission d'éliminer toute opposition à Díaz, instaurant ainsi un climat de peur. Cependant, la stratégie de répression de Díaz a eu des conséquences imprévues. Bien qu'elle ait consolidé son pouvoir pendant de nombreuses années, elle a également alimenté le mécontentement et l'insatisfaction parmi le peuple mexicain, qui finira par s'élever contre lui et chercher à reprendre le contrôle de son destin lors de la Révolution mexicaine.

L'année 1910 a été une période critique pour le Mexique, un tournant où la frustration accumulée envers le régime autocratique de Díaz a finalement éclaté en un mouvement de contestation nationale. La candidature de Francisco Madero aux élections présidentielles de cette année-là représentait un défi audacieux à la longue domination de Díaz. Madero, avec son pedigree de propriétaire terrien aisé et ses aspirations de réformateur politique, était une figure idéale pour canaliser le mécontentement grandissant envers le régime de Díaz. Lorsque Díaz a proclamé sa victoire aux élections malgré des allégations évidentes de fraude, l'indignation s'est intensifiée. La situation a été exacerbée par l'arrestation de Madero, perçue par beaucoup comme une tentative flagrante de museler l'opposition. Cette arrestation n'a pas seulement indigné les partisans de Madero, mais elle est devenue un symbole de l'injustice et de la corruption du régime de Díaz. En réponse, des soulèvements ont éclaté dans tout le pays. Ce qui a commencé comme des protestations localisées s'est rapidement transformé en une révolution à part entière, avec différentes factions et leaders révolutionnaires émergeant dans différentes régions du Mexique, chacun avec sa propre vision pour l'avenir du pays. Le conflit qui a suivi a été tumultueux et complexe, impliquant une série de batailles, de trahisons et de reconfigurations du pouvoir. Mais finalement, ce mouvement a renversé le régime de Díaz et a ouvert la voie à la création d'une nouvelle constitution en 1917. Cette constitution a cherché à répondre à de nombreuses revendications des révolutionnaires, notamment la réforme agraire, la protection des droits des travailleurs et l'instauration de garanties civiles. Ainsi, la Révolution mexicaine, déclenchée par une élection controversée en 1910, n'était pas seulement une rébellion contre un dictateur. C'était une lutte pour redéfinir le Mexique, pour construire une nation plus juste, inclusive et démocratique. Et bien que le chemin ait été sinueux et souvent sanglant, il a abouti à des transformations profondes et durables de la société mexicaine.

Le Porfiriato, la période de gouvernance de Porfirio Díaz, bien que marquée par une modernisation et un développement économique impressionnants, a semé les graines de son propre renversement. Un certain nombre de facteurs clés se sont combinés pour catalyser le soulèvement qui a culminé avec la Révolution mexicaine. D'abord et avant tout, l'augmentation effrénée de la pauvreté parmi les masses. Bien que le Mexique ait connu une croissance économique sous Díaz, celle-ci n'a pas été partagée équitablement. La richesse était concentrée entre les mains d'une minorité privilégiée, tandis que la majorité des citoyens languissaient dans la pauvreté. Les vastes étendues de terres agricoles étant monopolisées par quelques grands propriétaires, beaucoup de petits agriculteurs ont été dépossédés, exacerbant leur misère. Le déséquilibre entre l'exportation des produits agricoles et la fourniture aux besoins locaux a créé une situation où, malgré la richesse agricole du Mexique, sa propre population souffrait de pénuries alimentaires. Cette politique orientée vers l'exportation a mis la nourriture hors de portée pour de nombreux Mexicains ordinaires, les laissant affamés au milieu de l'abondance. Pendant ce temps, en ville, les conditions de travail s'aggravaient. L'industrialisation a amené une pléthore de problèmes pour les travailleurs : des journées de travail interminables, des salaires dérisoires et des conditions de travail dangereuses. Bien que Díaz ait réprimé les syndicats, le mécontentement parmi les travailleurs urbains a continué de croître, alimentant le mouvement syndical malgré la menace de persécution. Le contrôle étranger sur des secteurs économiques essentiels était une autre épine dans le côté du peuple mexicain. Les industries majeures, telles que le pétrole et les mines, étaient dominées par des intérêts étrangers, ce qui suscitait des sentiments anti-impérialistes et nourrissait la montée du nationalisme. L'inflation est devenue un autre malaise. Alors que l'économie se développait, l'inflation rongeait les économies des gens ordinaires, rendant la vie quotidienne encore plus difficile. Enfin, la montée du nationalisme a joué un rôle crucial. Les classes moyennes émergentes, instruites et politiquement conscientes, étaient de plus en plus exaspérées par le contrôle étranger et les inégalités économiques flagrantes. Cette combinaison de facteurs économiques, sociaux et politiques a finalement conduit à une tempête parfaite, provoquant le renversement de Díaz et le déclenchement de la Révolution mexicaine.

Causes de la révolution

La révolution mexicaine, qui a commencé en 1910 et s'est poursuivie pendant près de trente ans, est un sujet d'étude complexe et multidimensionnel qui a été interprété et reconsidéré sous de nombreux angles au fil des ans. Les perspectives divergentes sur ce mouvement révolutionnaire reflètent non seulement la complexité des événements eux-mêmes, mais aussi les diverses orientations idéologiques et méthodologiques des chercheurs qui étudient cette période. Les auteurs marxistes, par exemple, évaluent souvent les révolutions en fonction de la manière dont elles s'alignent sur les théories marxistes de la lutte des classes et de la transformation sociale. Du point de vue marxiste classique, une "véritable" révolution devrait conduire à l'établissement du socialisme, c'est-à-dire à la prise de pouvoir par la classe ouvrière et à la fin de la propriété capitaliste privée. Sur cette base, certains critiques marxistes affirment que la révolution mexicaine n'était pas une véritable révolution car, bien qu'elle ait entraîné des changements politiques significatifs, elle n'a pas abouti à une transformation socialiste complète de la société. En effet, la révolution mexicaine a entraîné la fin du Porfiriato et a introduit des réformes agraires significatives, ainsi que la nationalisation de certaines industries clés comme le pétrole. Cependant, ces changements n'ont pas aboli la propriété privée ni instauré un système socialiste. De plus, alors que certaines des revendications populaires, telles que celles du mouvement zapatiste pour une réforme agraire radicale, étaient de nature socialiste, ces revendications n'ont pas été entièrement réalisées. Néanmoins, réduire la révolution mexicaine à une simple lutte pour le pouvoir politique est une simplification. Bien que les changements économiques et sociaux n'aient peut-être pas été aussi radicaux que certains l'auraient souhaité, la révolution a tout de même entraîné une transformation significative de la société mexicaine. Elle a modifié les relations entre l'État et la société, a établi une nouvelle constitution en 1917 qui est toujours en vigueur aujourd'hui, et a conduit à des changements dans les structures agraires et les droits des travailleurs, parmi d'autres réformes.

La révolution mexicaine est, sans aucun doute, un épisode complexe et nuancé de l'histoire, et son interprétation a été le sujet de débats intenses parmi les historiens et les chercheurs. La perspective marxiste, axée sur les structures de classe et le changement économique, offre une lecture particulière de cet événement majeur. Il est vrai que l'issue de la révolution n'a pas radicalement bouleversé la structure économique capitaliste du Mexique. Après le chaos et les luttes de pouvoir de la révolution, la nation a finalement émergé en tant que république constitutionnelle avec l'adoption de la Constitution de 1917. Bien que ce document ait introduit des réformes sociales et politiques progressives, comme la réforme agraire et les droits des travailleurs, le Mexique est resté fondamentalement une économie capitaliste. En effet, malgré les tentatives de redistribution des terres, au fil du temps, de vastes étendues de terres sont retournées ou sont restées entre les mains de propriétaires terriens influents et d'entreprises. Les critiques marxistes pointent également le fait que bon nombre des figures centrales de la révolution, comme Venustiano Carranza ou Alvaro Obregón, provenaient des classes moyenne et supérieure de la société. Ces dirigeants, bien qu'opposés à la dictature de Porfirio Díaz, n'avaient pas nécessairement en tête les intérêts des classes les plus défavorisées. Ils cherchaient, plutôt, à établir un système politique stable qui répondrait également à leurs propres intérêts. Il est également à noter que bien que des figures comme Emiliano Zapata et Pancho Villa aient eu un programme beaucoup plus radical, axé sur les droits des paysans et la redistribution des terres, leurs visions n'ont pas triomphé de manière durable dans le paysage post-révolutionnaire. Zapata, en particulier, était profondément préoccupé par les droits des communautés rurales et voulait une réforme agraire radicale, mais sa vision n'a pas été pleinement réalisée malgré sa profonde influence. Cependant, même si la révolution n'a pas abouti à un renversement complet du capitalisme ni à une transformation radicale de la structure sociale, elle a néanmoins entraîné des changements significatifs dans le paysage politique et social du Mexique. Elle a mis fin à des décennies de dictature, introduit des réformes légales importantes et a été l'incubateur de débats intenses sur la justice sociale, la nation et la démocratie. En cela, même les perspectives les plus critiques reconnaissent son importance historique et son impact durable sur le Mexique.

La révolution mexicaine a entraîné une série de changements profonds qui ont remodelé la société mexicaine. L'un des éléments les plus emblématiques de cette période est la réforme agraire. La Constitution de 1917 a facilité la redistribution des terres, mettant fin à l'emprise des grands propriétaires terriens qui dominaient le pays depuis des siècles. Cette redistribution était une réponse à l'appel passionné d'Emiliano Zapata pour la "Tierra y Libertad" (Terre et Liberté). Bien que la mise en œuvre de la réforme ait connu des inégalités, elle symbolise néanmoins une rupture avec le système foncier antérieur. Par ailleurs, la nationalisation des ressources a été un autre tournant majeur de cette période. L'article 27 de la Constitution de 1917 stipulait que toutes les terres et ressources sous-terraines appartenaient à la nation. Ceci a préparé le terrain pour la nationalisation de l'industrie pétrolière en 1938 par le président Lázaro Cárdenas, renforçant ainsi la souveraineté économique du Mexique. La question des droits des peuples indigènes a également été mise en avant pendant la révolution. Cet événement a remis en question le système de haciendas, qui exploitait de manière flagrante les communautés indigènes. De plus, la nouvelle constitution a reconnu certaines des traditions communales de ces communautés, intégrant davantage leurs droits et leur culture dans la structure nationale. Sur le plan politique, la fin de la dictature de Porfirio Díaz a ouvert la voie à un régime plus démocratique. Bien que les années suivantes aient été marquées par des périodes de répression, la révolution a instauré une démocratie plus participative, jetant les bases d'une nouvelle dynamique politique. Enfin, l'évolution sociale qu'a connue le Mexique pendant et après la révolution a été remarquable. Une nouvelle identité nationale mexicaine a émergé, cherchant à fusionner les traditions indigènes et hispaniques. Cela s'est traduit par une renaissance culturelle, visible notamment dans les domaines artistiques et musicaux. Bien que certaines critiques puissent souligner que la révolution n'a pas complètement transformé toutes les structures de pouvoir, elle a néanmoins introduit des changements significatifs qui continuent d'influencer le pays.

La révolution mexicaine se distingue nettement dans le paysage historique par son ampleur, son impact et la profondeur de ses transformations. Elle ne fut pas une simple modification du système en place mais plutôt une transformation radicale des structures politiques, économiques et sociales du Mexique. La grande participation populaire à la révolution est un élément clé qui souligne son caractère révolutionnaire. Avec des racines s'étendant du Nord au Centre du pays, des millions de Mexicains se sont levés pour réclamer des changements. Ces soulèvements n'étaient pas seulement le fruit d'un mécontentement, mais reflétaient également les aspirations divergentes des différentes régions du pays. Par exemple, alors que les habitants du Nord cherchaient à se libérer des chaînes du pouvoir central, ceux du Centre étaient animés par la soif de justice foncière, espérant récupérer les terres qui leur avaient été usurpées sous le régime de Díaz. Mais la lutte ne se limitait pas à de simples revendications; elle s'est transformée en une véritable guerre pour le contrôle de la nation. Les batailles acharnées et les confrontations ont non seulement renversé le régime de Díaz mais ont également fait s'effondrer les fondements mêmes sur lesquels reposait son pouvoir. Ces conflits ont ouvert la voie à l'émergence de nouveaux dirigeants, qui, tout en cherchant à consolider leur pouvoir, ont également tenté d'établir une nouvelle vision pour le pays. La fin du Porfiriato a marqué le début d'une ère nouvelle. Les nouvelles élites au pouvoir ont introduit une idéologie fondamentalement différente, centrée sur le nationalisme. Cette nouvelle vision a mis l'accent sur la souveraineté, l'indépendance économique et la valorisation de l'identité mexicaine. Elle a cherché à redéfinir le Mexique non seulement politiquement mais aussi économiquement, en cherchant à créer un capitalisme ancré dans la nation.

La révolution mexicaine est un tournant majeur dans l'histoire du pays, tant par sa portée que par ses implications. L'ampleur sans précédent de la participation populaire à cette révolution démontre l'effervescence sociale et politique qui régnait à l'époque. Des hommes et des femmes de toutes origines, qu'ils soient paysans, travailleurs ou intellectuels, se sont ralliés à la cause, exprimant leurs frustrations, leurs espoirs et leurs aspirations pour un Mexique meilleur. Cette époque a également été marquée par une multitude de visions concernant l'avenir du pays. Alors que certains rêvaient de justice sociale et d'une redistribution des terres, d'autres envisageaient une démocratie libérale et un pays industrialisé. Ces différentes perspectives ont souvent conduit à des tensions et des conflits, mais elles ont aussi enrichi le discours révolutionnaire, offrant une pluralité de voies pour le futur de la nation. La lutte pour le pouvoir n'était pas seulement symbolique, mais profondément enracinée dans la réalité du terrain. La chute de Díaz n'était que le début d'une série de batailles, tant militaires que politiques, pour déterminer qui dirigerait le Mexique et comment. Ces affrontements ont conduit à la dissolution des structures antérieures de pouvoir et ont ouvert la porte à de nouvelles formes de gouvernance. Le remplacement du système de contrôle de Díaz était essentiel pour la transformation du pays. Sous la nouvelle administration, d'anciens mécanismes de pouvoir ont été démantelés et remplacés par des institutions plus représentatives et démocratiques. Cette refonte institutionnelle a également été accompagnée par l'émergence d'une nouvelle élite qui, bien qu'elle cherche à consolider son pouvoir, s'est également engagée à mettre en œuvre les réformes nécessaires. Enfin, l'idéologie dominante de la nation a subi un changement radical. L'accent mis sur le nationalisme, la justice sociale et l'indépendance économique a façonné la manière dont le Mexique se percevait lui-même et son rôle dans le monde. Cette nouvelle vision a fourni une base solide pour la consolidation et la croissance du pays au cours du XXe siècle. Ainsi, la révolution mexicaine n'était pas simplement un changement de régime, mais une transformation profonde de la société mexicaine, redéfinissant son identité, ses valeurs et sa trajectoire pour les générations futures.

La révolution mexicaine, qui a débuté en 1910, se distingue effectivement comme l'une des premières grandes révolutions du 20e siècle. Ses implications et ses répercussions ont eu une portée bien au-delà des frontières mexicaines, influençant le cours des mouvements révolutionnaires à travers le monde. Lorsqu'elle a éclaté, la révolution mexicaine n'était pas simplement une réaction contre la longue dictature de Porfirio Díaz, mais elle représentait également une réponse aux profondes inégalités socio-économiques, à l'exploitation des classes ouvrières et paysannes, et aux aspirations nationales pour une autonomie et une souveraineté renouvelées. Elle a porté une attention particulière aux droits fonciers, à la réforme agraire, à l'éducation, et à la réduction de l'influence étrangère, notamment américaine, sur l'économie mexicaine. Le contexte international a également joué un rôle. À cette époque, le monde entrait dans une phase d'agitation politique et sociale. L'industrialisation rapide, le capitalisme et les inégalités économiques croissantes, ainsi que l'effritement des empires et le mouvement pour la décolonisation, ont créé un terreau fertile pour les révolutions. Par rapport à d'autres mouvements révolutionnaires, la révolution mexicaine s'est distinguée par sa concentration sur les questions agraires et foncières, contrastant avec les approches plus industrielles et prolétariennes des révolutions russe et chinoise. De plus, bien qu'elle ait comporté des éléments radicaux et des personnalités socialistes, la révolution mexicaine n'a pas cherché à instaurer un système communiste comme en Russie ou en Chine. La révolution cubaine, survenue près d'un demi-siècle plus tard, a été influencée par les contextes de la guerre froide et de la décolonisation, et s'est fortement appuyée sur des idéologies marxistes-léninistes.

La révolution mexicaine est singulière, car elle se déroule dans le contexte des Amériques, une région qui, à l'époque, était largement sous l'influence des politiques d'expansion des États-Unis. Cette influence, avec le Corollaire Roosevelt à la Doctrine Monroe et la politique du Big Stick, signifiait que tout mouvement politique significatif dans la région serait inévitablement confronté à l'intervention ou à l'influence des États-Unis. Le Mexique, à travers sa révolution, a tenté de redéfinir son identité nationale, en s'éloignant de l'héritage colonial et des intérêts étrangers, tout en cherchant à instaurer une forme de gouvernement plus démocratique et inclusive. Les figures emblématiques de la révolution, comme Emiliano Zapata et Pancho Villa, étaient des champions des droits des classes paysannes et indigènes, et leurs causes trouvent un écho dans les mouvements révolutionnaires et sociaux d'autres pays d'Amérique latine. Les principales revendications de la révolution - la réforme agraire, la reconnaissance des droits des indigènes et une répartition plus équitable des ressources - reflétaient les profondes inégalités et tensions sociales qui étaient présentes non seulement au Mexique, mais également dans d'autres pays de la région. Ces enjeux ont été le moteur de nombreux autres mouvements sociaux et révolutionnaires en Amérique latine tout au long du 20e siècle. En outre, la révolution mexicaine a démontré que le changement pouvait être initié et conduit par des acteurs non-étatiques, et que les mouvements populaires pouvaient effectivement remettre en question et remodeler l'ordre établi. Cela a eu un impact indéniable sur la façon dont d'autres mouvements de résistance et de révolution en Amérique latine ont envisagé leur propre lutte.

La révolution mexicaine a établi un précédent fort pour le reste de l'Amérique latine, démontrant qu'un mouvement populaire pourrait déstabiliser un régime autoritaire établi et ériger un nouvel ordre basé sur la justice sociale et la démocratie. L'une des contributions majeures de la révolution mexicaine a été sa mise en évidence de la réforme agraire. Le cri de Zapata, "¡Tierra y libertad!" (Terre et liberté), a trouvé un écho bien au-delà des frontières mexicaines. Dans des pays comme la Bolivie, le Pérou et le Chili, l'idée d'une redistribution des terres pour profiter à ceux qui la travaillent a été mise en avant, menant à des réformes agraires au milieu du XXe siècle. Simultanément, la révolution a également souligné l'importance des droits des populations indigènes. Depuis la période coloniale, ces groupes étaient largement marginalisés. Le soulèvement mexicain a inspiré les mouvements indigènes en Bolivie, en Équateur et au Guatemala, qui ont depuis lutté pour obtenir reconnaissance et droits. La décision audacieuse du président Lázaro Cárdenas de nationaliser le pétrole mexicain dans les années 1930 a démontré une forte souveraineté économique. Cela a donné naissance à un sentiment de nationalisme économique, incitant d'autres nations d'Amérique latine à envisager la nationalisation de leurs ressources, en particulier lors de la vague de nationalisations des années 1960 et 1970. Les mouvements de base qui ont été la force motrice de la révolution mexicaine ont illustré que le pouvoir ne pouvait pas seulement être contesté par les élites, mais aussi par les citoyens ordinaires. Qu'il s'agisse de syndicats, de communautés paysannes ou de mouvements indigènes, le pouvoir résidait dans la solidarité du peuple. Enfin, bien que la révolution mexicaine ait connu des périodes d'autoritarisme, elle a promu une forme de démocratie plus inclusive et représentative que celle de l'ère Diaz. Les dirigeants et activistes d'Amérique latine, ayant étudié la révolution mexicaine, se sont inspirés de ses leçons pour façonner les mouvements populaires dans leurs propres nations, montrant comment la contestation des structures de pouvoir en place pouvait influencer l'histoire.

La Révolution mexicaine

La révolution mexicaine, qui a profondément façonné le paysage politique, économique et social du Mexique au 20ème siècle, peut être vue en trois phases distinctes, chacune ayant ses propres particularités et défis.

De 1910 à 1920, le Mexique a été plongé dans une intense guerre civile, marquée par le renversement de la longue dictature de Porfirio Díaz. Ce chaos a donné lieu à divers chefs et mouvements révolutionnaires, comme Emiliano Zapata et Francisco Villa, luttant pour l'idéal de la justice sociale et le contrôle du pays. Ce tumulte a finalement culminé avec la promulgation de la Constitution de 1917, un document progressiste qui cherchait à rectifier les inégalités profondément enracinées dans la société mexicaine, en garantissant des droits fondamentaux tels que la redistribution des terres, les droits des travailleurs et une éducation publique.

La deuxième phase, de 1920 à 1934, connue sous le nom des "années de Sonora", a vu l'émergence de figures dominantes comme Alvaro Obregon et Plutarco Elías Calles. Malgré le retour relatif à la stabilité, ces années ont également été marquées par une centralisation croissante du pouvoir et par la répression des dissidences. Le gouvernement a favorisé un développement économique robuste, tout en consolidant son contrôle sur la nation, établissant ainsi les bases de ce qui deviendra plus tard le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) dominant.

La période de 1934 à 1940, sous la présidence de Lazaro Cardenas, est peut-être la plus transformative de toutes. Cardenas, avec une vision profondément sociale et nationale, a lancé des réformes audacieuses qui ont défini le Mexique moderne. Sa décision de nationaliser l'industrie pétrolière en 1938 a été particulièrement emblématique, reflétant une volonté de mettre les ressources du pays au service du peuple. En outre, sa politique de réforme agraire a redistribué d'immenses étendues de terres, cherchant à corriger les inégalités héritées de l'époque porfirienne. Ces initiatives, tout en continuant à faire face à des défis et des critiques, ont solidifié l'héritage de la révolution mexicaine comme un tournant décisif dans l'histoire du pays.

1910 – 1920 : Une décennie de luttes

Les principaux protagonistes

Durant la première phase de la révolution mexicaine (1910-1920), le Mexique a subi d'intenses bouleversements politiques et sociaux. Cette époque était, en effet, chaotique, sanglante, avec d'incessantes batailles et des renversements de pouvoir. Francisco Madero, souvent considéré comme le pionnier de la révolution, est parvenu à mettre fin au long régime autoritaire de Porfirio Díaz en 1911. Toutefois, ses aspirations démocratiques ont été de courte durée. En 1913, après à peine deux ans au pouvoir, Madero a été trahi et renversé lors de la tristement célèbre "Decena Trágica" (Dix Jours Tragiques). Il a été assassiné peu après, marquant le début d'une période encore plus instable. L'une des figures les plus emblématiques de cette période est Emiliano Zapata, qui venait de l'état de Morelos et défendait fermement la cause des paysans. Son plan d'Ayala, réclamant une réforme agraire radicale, est devenu un symbole de la lutte pour les droits fonciers des communautés rurales. Zapata, malgré son leadership et sa popularité, n'a pas échappé à la violence de l'époque. En 1919, il a été traîtreusement assassiné sur ordre de Jesús Guajardo, un acte qui a profondément démoralisé ses partisans et a marqué un tournant dans la révolution. Cette décennie a vu la montée et la chute de nombreux autres leaders, comme Pascual Orozco, Venustiano Carranza et Francisco "Pancho" Villa. Leurs destins tragiques témoignent de la nature imprévisible et brutale de la révolution, où les alliances changeaient fréquemment et où la loyauté pouvait se retourner en trahison du jour au lendemain. Mais malgré les tragédies individuelles, cette période a jeté les bases de changements durables et significatifs pour le Mexique.

La phase de 1910 à 1920 de la révolution mexicaine est souvent comparée à un carrousel de conflits entre différentes factions cherchant à façonner l'avenir du Mexique selon leur vision. Francisco "Pancho" Villa, originaire du nord du Mexique, était à la tête de la Division du Nord. Charismatique et doté d'une forte personnalité, il était admiré par beaucoup pour ses prouesses sur le champ de bataille et sa volonté de lutter pour les droits des plus défavorisés. Villa a souvent été dépeint, tant dans l'histoire que dans la culture populaire, comme un bandit au grand cœur ou un Robin des Bois mexicain, volant aux riches pour donner aux pauvres. Emiliano Zapata, en revanche, venait du sud du Mexique et était le champion des droits des paysans et des communautés indigènes. Son plan d'Ayala, qui exigeait une réforme agraire radicale, reflétait son engagement envers la restitution des terres à ceux qui les travaillaient. Zapata est souvent cité pour sa célèbre déclaration, "La tierra es para quien la trabaja" (La terre appartient à celui qui la travaille). Álvaro Obregón, bien qu'initialement moins connu que Villa ou Zapata, s'est révélé être l'un des stratèges militaires et politiques les plus habiles de cette période. Il a finalement réussi à consolider le pouvoir en sa faveur, émergeant comme le leader principal après la défaite des autres factions importantes. Malgré leurs différences idéologiques et géographiques, ces leaders avaient un objectif commun : renverser le système oligarchique qui avait régné pendant des décennies sous Porfirio Díaz. Cependant, leur vision du futur Mexique était souvent en conflit, ce qui a conduit à de nombreuses confrontations entre eux. Le pays était profondément marqué par cette période de tumulte. Les batailles étaient féroces, et les civils étaient souvent pris entre deux feux. Les villes étaient détruites, et de nombreux Mexicains ont été déplacés ou ont fui vers les États-Unis pour échapper à la violence. Malgré la turbulence et le coût élevé en vies humaines, cette décennie a été fondamentale pour façonner le Mexique moderne, jetant les bases d'un changement social et politique durable.

La Constitution de 1917 est, sans doute, l'un des legs les plus durables de la révolution mexicaine. En dépit des conflits armés omniprésents et des divergences idéologiques entre les différentes factions, il y avait un consensus émergent sur la nécessité d'un cadre juridique qui garantirait les droits fondamentaux des citoyens et adresserait les principaux griefs qui avaient alimenté la révolution. Dans le contexte de cette époque tumultueuse, l'élaboration de la Constitution a été une démonstration de vision et de détermination. Elle n'était pas seulement une réponse à la dictature de Porfirio Díaz ; elle représentait une refonte complète des principes directeurs de la nation. L'article 3, par exemple, garantissait une éducation laïque, gratuite et obligatoire pour tous les Mexicains. Cela visait non seulement à améliorer l'éducation dans le pays, mais aussi à limiter l'influence de l'Église catholique dans les affaires éducatives. L'article 27, l'un des plus radicaux et des plus contestés, traitait de la redistribution des terres. Il stipulait que toutes les terres et eaux étaient à l'origine la propriété de la nation, permettant ainsi une réforme agraire en faveur des paysans qui avaient perdu leurs terres pendant les années de domination de Díaz. L'article 123 abordait les droits des travailleurs, garantissant le droit de grève, établissant une journée de travail de huit heures et protégeant les droits des femmes et des enfants au travail. Cette disposition visait à contrer les abus flagrants subis par les ouvriers sous le régime antérieur. La Constitution de 1917 est donc devenue un symbole de la volonté du Mexique de se moderniser et de répondre aux demandes de justice sociale qui avaient été au cœur de la révolution. Malgré les défis de sa mise en œuvre et les diverses interprétations de ses dispositions dans les années qui ont suivi, elle reste un jalon essentiel de l'histoire mexicaine, témoignant de l'ambition du pays de créer une société plus juste et égalitaire.

Victoriano Huerta est un personnage controversé de la révolution mexicaine. Militaire de carrière, il était au départ loyal à Porfirio Díaz, le dictateur de longue date du Mexique. Cependant, après la chute de Díaz, Huerta s'est retrouvé dans une position de pouvoir au sein de l'armée pendant la présidence de Francisco Madero. Madero, qui était un idéaliste, a sous-estimé la complexité de la politique mexicaine et a commis l'erreur de faire confiance à Huerta, le gardant comme général de l'armée. En 1913, à travers un coup d'État connu sous le nom de la "Decena Trágica" (la "Décennie tragique"), Huerta a trahi Madero, l'a fait arrêter et peu après, Madero a été assassiné, bien que les circonstances exactes de sa mort soient encore sujettes à débat. Avec le soutien de divers intérêts, dont certains aux États-Unis, Huerta a pris le pouvoir. Cependant, il s'est vite révélé impopulaire, car il cherchait à restaurer l'ordre autoritaire associé au régime de Díaz. Son gouvernement a été contesté par de nombreux chefs révolutionnaires, dont Venustiano Carranza, Pancho Villa et Emiliano Zapata, qui ont formé une coalition contre lui. Face à une opposition croissante, à une pression diplomatique et à des soulèvements internes, le régime de Huerta s'est effondré en 1914, et il a été contraint de fuir le pays. Il s'est d'abord réfugié en Espagne, puis a déménagé aux États-Unis où il a tenté, sans succès, de mobiliser un soutien pour reprendre le pouvoir au Mexique. En 1916, il a été arrêté aux États-Unis pour avoir comploté contre le gouvernement américain. Il est mort à El Paso, au Texas, en 1916, officiellement de cirrhose, bien que des rumeurs aient suggéré qu'il aurait pu être empoisonné.

La période de 1910 à 1920 au Mexique, connue comme la première phase de la révolution mexicaine, fut une époque tumultueuse qui a vu un bouleversement majeur de la structure politique et sociale du pays. Elle est souvent décrite comme une des périodes les plus violentes de l'histoire du Mexique, et cet énoncé en est un témoignage clair. Francisco Madero, issu d'une riche famille de propriétaires terriens, avait des idéaux de justice sociale et de démocratie. Son assassinat en 1913, peu de temps après qu'il eut pris le pouvoir, a mis en évidence la fragilité et l'instabilité de la situation politique de l'époque. Pancho Villa et Emiliano Zapata sont probablement les figures les plus emblématiques de la révolution. Villa, bien que souvent décrit comme un bandit, était un tacticien doué avec une armée puissante. Zapata, quant à lui, était un défenseur fervent de la réforme agraire et du droit des paysans à la terre. Les deux ont subi des destinées tragiques, assassinés pour leurs idéaux et leur influence. Pascual Orozco, bien que moins connu internationalement que Villa ou Zapata, a joué un rôle clé dans les premières étapes de la révolution, avant de changer plusieurs fois d'alliance, ce qui a finalement conduit à sa chute. Alvaro Obregón et Venustiano Carranza étaient des figures centrales dans la consolidation de la révolution. Obregón, en particulier, est connu pour avoir apporté une certaine stabilité au Mexique après une décennie de violence. Cependant, comme beaucoup d'autres avant lui, il a été tragiquement assassiné. Cette période de l'histoire mexicaine met en évidence les dangers et les défis de la transformation révolutionnaire, où même les victoires peuvent être éphémères et où le pouvoir peut coûter la vie. La violence et les trahisons de cette époque ont façonné la mémoire collective du Mexique et continuent d'influencer sa politique et sa culture.

Les figures clés de la révolution mexicaine ont non seulement façonné le cours de la révolution elle-même, mais leur destin tragique a également joué un rôle majeur dans la direction qu'a prise le pays après leur disparition. Francisco Madero, en renversant la longue dictature de Porfirio Díaz, a mis en évidence le mécontentement profond du peuple mexicain envers le régime en place. Son assassinat a provoqué un vide de pouvoir qui a exacerbé les tensions entre les différentes factions révolutionnaires, rendant la situation encore plus volatile. Emiliano Zapata et Pancho Villa, bien qu'opérant dans des régions différentes du pays, symbolisaient l'espoir des classes les plus défavorisées. Zapata, avec son slogan "Tierra y Libertad", incarnait les aspirations des paysans pour une juste redistribution des terres. La mort de Zapata a été un coup dur pour le mouvement agrariste. De même, Villa, avec sa Division du Nord, représentait un défi majeur pour le gouvernement central, et sa mort a éliminé un adversaire important pour l'establishment politique. La mort d'Alvaro Obregón, qui avait réussi à stabiliser le pays après une décennie de révolution, a également marqué la fin d'une époque. Son pragmatisme politique et sa capacité à naviguer entre différentes factions ont été cruciaux pour la consolidation de la révolution. Avec sa disparition, le pays a perdu un leader qui avait la vision et la capacité de guider le Mexique vers un avenir plus stable. Venustiano Carranza, bien qu'ayant des idéaux moins radicaux que certains de ses contemporains, a joué un rôle essentiel en établissant la Constitution de 1917. Son assassinat a mis en évidence les dangers et les rivalités persistantes au sein des élites révolutionnaires. Toutes ces morts ont non seulement reflété la nature volatile et brutale de la révolution, mais ont aussi créé des vides de pouvoir et des opportunités pour d'autres leaders de s'affirmer. Leur héritage a influencé les décennies qui ont suivi, et leurs histoires sont devenues intrinsèques à l'identité nationale du Mexique.

La révolution mexicaine a été une période tumultueuse, sanglante et indécise, où l'allégeance changeait fréquemment et où les alliances étaient souvent éphémères. Les leaders révolutionnaires, malgré leurs différences idéologiques et régionales, partageaient un objectif commun de renverser le vieil ordre et d'instaurer un régime qui reflétait leurs idéaux et aspirations pour le Mexique. Cependant, leurs visions du futur du pays étaient souvent en conflit, ce qui a conduit à de nombreux affrontements et trahisons. Le fait que six des sept principaux leaders aient été assassinés en dit long sur la nature brutale et impitoyable de cette période. Ces assassinats n'étaient pas seulement le résultat d'affrontements sur le champ de bataille, mais étaient souvent le résultat de trahisons politiques, d'embuscades et de machinations. Victoriano Huerta est un cas à part. Bien qu'il n'ait pas été tué directement à cause de la révolution, sa chute du pouvoir et son exil aux États-Unis sont directement liés à son rôle pendant la révolution. Huerta, avec son association à l'ancien régime de Díaz et sa prise de pouvoir après le renversement de Madero, était vu par beaucoup comme une trahison des idéaux révolutionnaires. Son échec à établir un contrôle stable sur le pays et à pacifier les différentes factions révolutionnaires a finalement conduit à sa chute. L'issue tragique de la plupart de ces leaders montre à quel point la révolution mexicaine était complexe et imprévisible. Chacun de ces hommes a laissé une empreinte durable sur l'histoire du Mexique, et leur destin tragique est un témoignage des dangers et des sacrifices inhérents à la lutte pour le changement radical.

La révolution mexicaine a été un tourbillon de changements et d'événements inattendus. La disparition soudaine de figures charismatiques et influentes a laissé des vides de pouvoir qui ont souvent été comblés par de nouvelles factions ou individus cherchant à promouvoir leurs propres agendas. À chaque fois qu'un leader était éliminé, cela créait une opportunité pour d'autres de monter en puissance, mais cela ajoutait également une couche supplémentaire d'incertitude à un paysage politique déjà chaotique. Les assassinats successifs des dirigeants clés ont également renforcé l'idée qu'aucun leader n'était vraiment en sécurité, quel que soit son pouvoir ou son influence. Cela a pu décourager certains de poursuivre des initiatives radicales ou de se mettre en avant, de peur de devenir la prochaine cible. D'autre part, cela a pu encourager d'autres à adopter des tactiques plus brutales ou à agir rapidement, sachant que leur temps au pouvoir pourrait être limité. De plus, le Mexique était un pays avec des divisions régionales, sociales et économiques profondes. Ces divisions étaient souvent reflétées dans les factions révolutionnaires elles-mêmes. Sans un leadership fort et unifié pour guider le pays, ces divisions sont devenues plus prononcées. Des régions entières, comme le Nord avec Pancho Villa et le Sud avec Emiliano Zapata, avaient leurs propres agendas et visions pour l'avenir du Mexique, ce qui a compliqué encore davantage les efforts pour établir une direction unifiée. Finalement, la révolution mexicaine n'était pas seulement une lutte contre l'ancien régime de Díaz, mais aussi une bataille pour définir l'identité et l'avenir du Mexique. Les conflits internes, exacerbés par la mort de dirigeants clés, ont prolongé cette période de turbulence et rendu la transition vers un nouvel ordre d'autant plus complexe.

Plan de San Luis Potosí

Le nord du Mexique, en particulier les États de Chihuahua, Coahuila et Sonora, était le cœur économique du pays à cette époque, grâce à l'agriculture, l'élevage, la mine et l'industrie. Ces États étaient également proches des États-Unis, ce qui facilitait le commerce et les investissements. Ainsi, la région avait vu naître une classe bourgeoise locale influente qui, avec le temps, s'était sentie aliénée par les politiques centralisatrices et népotiques de Díaz. Francisco Madero, issu d'une riche famille de propriétaires terriens de Coahuila, était un reflet de cette bourgeoisie du nord. Bien qu'il ait personnellement profité de la période porfirienne, Madero était également influencé par les idées libérales et démocratiques, et s'opposait fermement à la continuité autocratique de Díaz. Lorsque Madero a été arrêté pour avoir osé se présenter contre Díaz lors des élections de 1910, cela a alimenté la colère et le mécontentement parmi ses partisans. Lorsque le Plan de San Luis Potosí a été proclamé, il a rapidement gagné le soutien de divers groupes qui avaient des griefs contre le régime de Díaz, et pas seulement dans le Nord. Cependant, c'est dans le Nord que la révolte a rapidement pris de l'ampleur, grâce à des leaders tels que Pascual Orozco et Pancho Villa. Ces deux leaders, bien que soutenant initialement Madero, avaient également leurs propres visions pour le Mexique.

Francisco Madero a suscité un soutien significatif face à la longue dictature de Porfirio Díaz. En réponse à l'appel au soulèvement du Plan de San Luis Potosí, de nombreux groupes à travers le pays ont pris les armes contre le régime de Díaz. Deux des figures les plus notables à se joindre à Madero dans cette lutte ont été Pascual Orozco et Pancho Villa, deux leaders charismatiques originaires du nord du pays. Pascual Orozco, initialement loyal à Madero, a joué un rôle clé dans les victoires initiales contre les troupes de Díaz. Pancho Villa, quant à lui, est devenu une légende à la fois pendant et après la révolution, commandant la fameuse "Division du Nord", qui était l'une des forces les plus puissantes et les mieux organisées de la révolution. En mai 1911, après plusieurs batailles décisives, dont la prise de Ciudad Juárez, les forces révolutionnaires ont réussi à mettre fin au règne de Díaz. En résultat des négociations des Accords de Ciudad Juárez, Díaz a démissionné de la présidence et s'est exilé en France, où il a vécu le reste de ses jours jusqu'à sa mort en 1915.

L'élimination de Porfirio Díaz de la présidence a créé un vide de pouvoir auquel plusieurs dirigeants révolutionnaires ont tenté de répondre. Chacun de ces leaders - comme Francisco Madero, Emiliano Zapata, Pancho Villa, Alvaro Obregón, et Venustiano Carranza - avait sa propre vision pour l'avenir du Mexique. Ces visions divergentes ont conduit à de multiples affrontements entre ces factions. Emiliano Zapata, par exemple, a promulgué le Plan d'Ayala en 1911, exigeant une réforme agraire radicale. Il voulait que les terres soient restituées aux communautés villageoises et que toute propriété foncière acquise illégalement par les hacendados (propriétaires terriens) et les étrangers soit reprise. Pancho Villa, pour sa part, était moins préoccupé par des réformes spécifiques que par l'opposition aux élites qui avaient trahi la révolution, notamment les dirigeants comme Carranza et Obregón. La nécessité de créer un consensus parmi ces groupes divergents a culminé avec la Constitution de 1917. Convoqué par Venustiano Carranza, le Congrès constitutionnel a tenté de forger un compromis entre les différentes revendications et idéologies des groupes révolutionnaires. La Constitution a incorporé des réformes agraires, des garanties pour les droits des travailleurs, et une position nationaliste en ce qui concerne les ressources naturelles du pays, entre autres choses. Malgré son adoption, les combats n'ont pas immédiatement cessé, mais la Constitution de 1917 est demeurée, avec des modifications, la loi fondamentale du Mexique, soulignant l'importance et la durabilité de cet effort pour redéfinir la nation.

Bien que Francisco Madero ait été un personnage central dans le renversement de la longue dictature de Porfirio Díaz, sa période au pouvoir en tant que président a été tumultueuse et marquée par des tensions internes. L'un des principaux griefs contre Madero était qu'il n'avait pas apporté les changements radicaux que de nombreux révolutionnaires attendaient. Pour nombre d'entre eux, le simple fait de renverser Díaz ne suffisait pas : ils souhaitaient également un changement profond des structures socio-économiques du Mexique, en particulier en ce qui concerne la réforme agraire et les droits des travailleurs. Madero, venant d'une famille aisée de grands propriétaires terriens, était essentiellement un démocrate libéral qui cherchait à instaurer des élections libres et un gouvernement constitutionnel, mais n'était pas nécessairement en faveur d'une révolution sociale radicale. Ainsi, bien qu'il ait pris certaines mesures pour apporter des réformes, il a été perçu par beaucoup comme trop modéré ou trop lent dans la mise en œuvre de ces réformes. Des figures comme Emiliano Zapata étaient particulièrement mécontentes du rythme de la réforme agraire. Le Plan d'Ayala, proclamé par Zapata, critiquait ouvertement Madero pour ne pas avoir rendu les terres aux communautés paysannes. De plus, Madero a fait face à une série de rébellions et de conspirations dès le début de son mandat. Des figures de l'ancien régime, des officiers militaires mécontents et même certains de ses anciens alliés ont remis en question sa légitimité et son leadership. Finalement, cela a culminé avec le coup d'État orchestré par le général Victoriano Huerta en 1913, qui a conduit à l'arrestation et à l'assassinat de Madero. La trahison de Huerta et la mort de Madero ont rallumé la flamme de la révolution, avec de nombreux Mexicains se levant contre le régime autoritaire de Huerta et en défense des idéaux pour lesquels Madero avait initialement combattu.

La dynamique entre Francisco Madero et d'autres leaders révolutionnaires met en évidence les tensions et les divergences idéologiques au cœur de la révolution mexicaine. Pancho Villa, originaire de l'État du Nord de Chihuahua, avait formé l'une des principales forces révolutionnaires, la célèbre "Division du Nord". Bien qu'il ait été initialement un allié clé de Madero dans la lutte contre Díaz, après l'accession de Madero au pouvoir, les relations entre les deux hommes se sont tendues. Villa considérait que Madero n'avançait pas assez rapidement avec ses réformes, et cette tension a été exacerbée lorsque Madero a ordonné l'arrestation de Villa en 1912. Pascual Orozco, un autre allié initial de Madero dans le renversement de Díaz, est rapidement devenu mécontent du manque de réformes profondes sous Madero. En particulier, il était frustré par le rythme lent de la réforme agraire. En conséquence, Orozco a pris les armes contre le gouvernement Madero en 1912, déclenchant une nouvelle phase de la révolution. Emiliano Zapata, du Sud de l'État de Morelos, s'est distingué comme un fervent défenseur de la réforme agraire. Il a été l'une des voix les plus critiques envers Madero, accusant le président de ne pas mettre suffisamment l'accent sur la restitution des terres aux paysans. Son "Plan d'Ayala" de 1911 était un appel passionné à une transformation radicale de la structure foncière du pays. Ces divergences illustrent le défi fondamental de la révolution mexicaine: concilier les différentes aspirations et demandes des divers groupes révolutionnaires. Bien que Madero souhaitait démocratiser le pays, d'autres, comme Zapata, cherchaient une transformation sociale profonde. La multiplicité des agendas et des idéologies a rendu la période exceptionnellement instable et conflictuelle.

Après l'assassinat de Madero, le général Victoriano Huerta a pris le pouvoir, inaugurant une période de tyrannie militaire. Cependant, la prise de pouvoir de Huerta a été largement contestée, en particulier par des leaders tels que Pancho Villa et Emiliano Zapata, qui ont formé une alliance contre lui. Ce regroupement contre Huerta a également inclus Venustiano Carranza, un autre leader influent de la révolution. La coalition anti-Huerta, bien qu'hétérogène dans ses objectifs et motivations, était unie dans sa détermination à renverser Huerta. La guerre civile qui a suivi a vu des batailles majeures et des affrontements dans tout le Mexique. En juillet 1914, après plusieurs défaites militaires et face à une pression politique intérieure et internationale croissante, Huerta a démissionné et s'est exilé. Cependant, même après la chute de Huerta, la paix n'a pas été restaurée. Les divisions profondes entre les leaders révolutionnaires, en particulier entre Carranza, Villa et Zapata, ont persisté. La rivalité entre ces factions a conduit à une nouvelle série de conflits, chacun cherchant à imposer sa vision pour le Mexique post-révolutionnaire. L'instabilité a persisté jusqu'en 1920, lorsque Alvaro Obregón a lancé un coup d'État contre Carranza, conduisant finalement à une période de stabilisation relative. Toutefois, comme le montrent les événements des années suivantes, les tensions sous-jacentes et les conflits d'intérêts entre les différents groupes n'ont jamais été complètement résolus, faisant de la révolution mexicaine une période complexe et multiforme de l'histoire du pays.

Le mécontentement dans l'État de Morelos est emblématique des tensions plus larges qui se sont développées au Mexique pendant cette période. Le mouvement dirigé par Emiliano Zapata, connu sous le nom de zapatistes, était profondément enraciné dans les communautés paysannes. Il incarnait leurs aspirations à retrouver leurs terres, souvent saisies pour servir les intérêts des grandes haciendas sucrières et des entreprises étrangères. L'insatisfaction à l'égard des actions de Madero s'est cristallisée autour du Plan d'Ayala en 1911, un document révolutionnaire proclamé par Zapata, qui appelait à une réforme agraire radicale. La vision de Zapata contrastait nettement avec celle de Madero. Alors que Madero préconisait une approche modérée, cherchant à équilibrer les intérêts des différentes factions du pays, Zapata voyait la réforme agraire comme le cœur même de la révolution. Pour les zapatistes, la terre était non seulement une ressource économique, mais aussi un élément fondamental de leur identité et de leur mode de vie. Les tensions entre Madero et les zapatistes se sont intensifiées lorsque le gouvernement fédéral a tenté de réprimer le mouvement de Zapata par la force. L'incapacité de Madero à répondre aux aspirations des paysans de Morelos et d'autres régions a contribué à sa chute ultérieure. Le mouvement zapatiste, bien qu'ayant connu des hauts et des bas pendant la révolution, est devenu un symbole durable de la résistance paysanne et des aspirations à la justice sociale au Mexique.

Le Plan d'Ayala, proclamé en novembre 1911, représente l'une des étapes les plus critiques de la Révolution mexicaine. Il traduit le profond sentiment de trahison ressenti par les paysans face à l'administration Madero. Emiliano Zapata, qui avait initialement soutenu Madero dans l'espoir de réformes agraires profondes, a rapidement perdu confiance en lui face à son apparente réticence à prendre des mesures décisives contre les grands propriétaires fonciers. Le contenu du Plan d'Ayala va bien au-delà de la simple dénonciation de Madero. Il met en avant la nécessité d'une restitution radicale des terres. Zapata y préconise une réforme agraire qui exproprierait un tiers des terres des haciendas pour les redistribuer aux paysans. Les zapatistes étaient particulièrement préoccupés par la sauvegarde des terres communales, les ejidos, qui avaient été accaparées par des intérêts privés sous les régimes précédents. Ce plan n'était pas seulement une déclaration d'intentions : il représentait un programme concret et radical pour transformer la société mexicaine. Il s'opposait directement aux élites foncières et économiques du pays et cherchait à replacer le paysan au cœur du projet national mexicain. L'insistance de Zapata sur une réforme agraire radicale et son refus de compromettre les droits des paysans ont fait du mouvement zapatiste l'un des courants les plus radicaux et influents de la révolution. Bien que le Plan d'Ayala n'ait pas été pleinement réalisé pendant la vie de Zapata, il a jeté les bases des réformes agraires ultérieures au Mexique et est devenu un symbole de la lutte pour la justice sociale et les droits des paysans.

Emiliano Zapata, avec ses idéaux profondément enracinés dans la justice sociale et la restauration des droits fonciers des paysans, est rapidement devenu une figure emblématique de la résistance et de l'aspiration à la justice. Les zapatistes, souvent composés de paysans et d'indigènes, étaient animés par un désir ardent de récupérer les terres qui leur avaient été injustement arrachées par les haciendas et d'autres intérêts privés. La phrase "Tierra y Libertad" (Terre et Liberté), souvent associée à Zapata, résume en grande partie l'essence du mouvement zapatiste. Il ne s'agissait pas seulement d'une lutte pour la terre en tant que ressource, mais également d'une quête de dignité, de respect et de reconnaissance des droits des plus marginalisés. Zapata et son mouvement, tout en étant principalement actifs dans le centre et le sud du Mexique, ont eu une influence significative sur l'ensemble de la révolution. Ils ont posé un défi constant aux gouvernements successifs, insistant sur l'importance de concrétiser les promesses révolutionnaires plutôt que de se contenter de simples réformes cosmétiques. La persistance de Zapata à défendre les droits des paysans a contribué à façonner l'héritage de la révolution mexicaine. Même après sa mort, son esprit et ses idéaux ont continué à influencer les mouvements sociaux et les réformes agraires au Mexique, faisant de lui une figure éternelle de résistance et de changement.

Le Plan d'Ayala, proclamé en novembre 1911, est l'un des documents les plus significatifs de la révolution mexicaine. C'était à la fois une réponse directe à la déception ressentie envers Francisco Madero et une vision plus large des aspirations et des revendications des paysans indigènes. Les principaux griefs de Zapata concernaient le manque de progrès dans la mise en œuvre de réformes agraires et les promesses non tenues de la révolution. Emiliano Zapata, fervent défenseur des droits des paysans, a vu le Plan d'Ayala comme un moyen de codifier officiellement la demande pour une redistribution équitable des terres. En déclarant Madero incapable de réaliser les vraies réformes nécessaires pour le Mexique, Zapata a essentiellement remis en question la légitimité du gouvernement de Madero. L'accent mis sur la restitution des terres, forêts et eaux aux communautés paysannes indigènes n'était pas seulement une question de justice économique, mais aussi de justice culturelle et sociale. Pour beaucoup de ces communautés, la terre était intrinsèquement liée à leur identité, leur culture et leur spiritualité. Zapata croyait fermement que la terre appartenait à ceux qui la travaillaient. Pour lui et ses partisans, le Plan d'Ayala n'était pas simplement un appel à la réforme, mais une exigence pour une refonte complète de la structure foncière et sociale du Mexique, en mettant l'accent sur les droits et les besoins des plus marginalisés. Cette vision radicale de la justice et de la réforme a eu un impact durable sur la direction et les résultats de la révolution mexicaine.

Victoriano Huerta, après avoir orchestré un coup d'État contre Francisco Madero en 1913, s'est emparé du pouvoir avec l'ambition de restaurer un semblant d'ordre et de stabilité dans le pays, qui était secoué par des années de révolution. Son régime est souvent considéré comme une tentative de revenir à la "paix porfirienne", une période de relative stabilité sous la longue présidence de Porfirio Díaz, mais elle a été obtenue au prix de la répression politique et d'un contrôle autoritaire. Huerta était soutenu par les classes privilégiées du Mexique - les grands propriétaires terriens, l'Église catholique et les élites urbaines. Ces groupes étaient principalement intéressés par la protection de leurs propres intérêts et privilèges et craignaient les réformes radicales promises par les différents mouvements révolutionnaires. Les investisseurs étrangers, en particulier les entreprises américaines, soutenaient également Huerta, car ils souhaitaient un Mexique stable où leurs investissements seraient sécurisés. Toutefois, cela a mis Huerta en conflit avec le président américain Woodrow Wilson, qui s'opposait à son régime autoritaire et cherchait à soutenir d'autres factions révolutionnaires plus démocratiques. Malgré sa prise de pouvoir, Huerta a été incapable de stabiliser le pays et de gagner un soutien généralisé. Sa tentative de maintenir le statu quo et de résister aux appels à la réforme a conduit à une large coalition de forces anti-Huerta, y compris des leaders tels que Venustiano Carranza, Alvaro Obregón, Pancho Villa et Emiliano Zapata. Cette coalition a finalement réussi à chasser Huerta du pouvoir en 1914. L'épisode Huerta met en évidence les tensions sous-jacentes de la révolution mexicaine et la complexité des alliances politiques et des ambitions qui ont façonné cette période tumultueuse de l'histoire mexicaine.

Victoriano Huerta, malgré son désir de restaurer l'ordre et de maintenir le statu quo, a rapidement découvert que ses ambitions étaient plus faciles à concevoir qu'à réaliser. L'opposition à son régime a rapidement fusionné sur plusieurs fronts, rendant sa position de plus en plus intenable. Dans le nord, la forte résistance militaire organisée par des leaders révolutionnaires comme Alvaro Obregón et Venustiano Carranza s'est avérée être un adversaire redoutable pour Huerta. Ces forces, principalement composées d'anciens opposants à Porfirio Díaz, étaient mécontentes de voir un autre dictateur, perçu comme similaire à Díaz, prendre le pouvoir. Pendant ce temps, dans le centre du Mexique, Emiliano Zapata continuait sa lutte pour la réforme agraire et les droits des paysans. Bien que son mouvement, le zapatisme, ait été principalement centré sur des questions agraires, la résistance de Zapata à Huerta a également été renforcée par son opposition au type de régime autoritaire que Huerta représentait. En plus des menaces militaires, Huerta devait également faire face à une opposition civile croissante. Dans les zones urbaines, la classe ouvrière, qui avait déjà ressenti l'oppression et l'exploitation sous le régime de Díaz, a commencé à s'organiser en syndicats et à manifester pour des réformes sociales et du travail. Ces mouvements ouvriers et artisanaux n'étaient pas seulement préoccupés par des questions de salaires ou de conditions de travail, mais également par des préoccupations plus larges concernant la démocratie, l'éducation et les droits civiques. La convergence de ces diverses formes d'opposition - militaire, paysanne et urbaine - a créé un front uni d'opposition à Huerta qui a finalement conduit à sa chute. C'est une période illustrative de l'histoire mexicaine, montrant la complexité des dynamiques politiques, sociales et économiques qui ont influencé la révolution et ses nombreuses phases.

L'émergence de cette nouvelle intelligentsia, nourrie par une variété de courants de pensée, a marqué un tournant idéologique crucial au cours de la révolution mexicaine. L'échec du positivisme, une philosophie que Díaz et son administration avaient embrassée, a été particulièrement mis en lumière pendant le Porfiriato. Le positivisme prônait le progrès à travers la science, l'industrialisation et la modernisation, souvent au détriment des droits et des traditions des communautés indigènes. Cette nouvelle génération d'intellectuels, souvent éduquée à la fois au Mexique et à l'étranger, a commencé à puiser dans des idéologies socialistes, nationalistes et indigénistes. Ils ont vu dans ces idéologies une réponse aux échecs du Porfiriato et une voie vers une nation plus égalitaire et inclusive. Le rejet du positivisme a été complété par une réévaluation romantique du passé précolombien du Mexique, de ses cultures indigènes et de ses traditions. Ces intellectuels ont cherché à redéfinir l'identité nationale, en mettant l'accent sur les racines indigènes du pays et en appelant à un changement social et politique radical. Victoriano Huerta, malgré ses efforts pour consolider le pouvoir, a été incapable de contenir ou de concilier ces forces contradictoires. Sa tentative de rétablir un régime autoritaire similaire à celui de Díaz n'a fait que galvaniser l'opposition. De plus, sa répression des dissidents n'a fait qu'exacerber les tensions et le mécontentement à son égard. Ainsi, avec un régime de plus en plus impopulaire à sa tête, confronté à la montée en puissance de factions rivales soutenues par cette nouvelle intelligentsia et d'autres groupes sociaux, le destin de Huerta était scellé. Son incapacité à naviguer dans cet environnement complexe et changeant a conduit à sa chute et a ouvert la voie à une nouvelle phase de la révolution, caractérisée par une plus grande inclusion des idéaux socialistes et nationalistes dans le discours politique et la politique nationale.

En 1913, Victoriano Huerta orchestre un coup d'État contre Francisco Madero, établissant un régime qui rappelle en bien des façons l'autoritarisme de Porfirio Díaz. Cependant, l'ambiance au Mexique a changé, et Huerta ne peut recréer le calme relatif du Porfiriato. Au nord, Alvaro Obregón et Venustiano Carranza mobilisent d'importantes forces armées contre lui, tandis qu'au centre, l'influent Emiliano Zapata et ses troupes zapatistes réclament la justice agraire. Mais ce n'est pas seulement sur les champs de bataille que Huerta est contesté. Dans les centres urbains, une agitation sociale grandissante émerge. Les ouvriers et artisans, souvent organisés en syndicats, prennent les rues pour exprimer leur frustration face à l'injustice sociale et réclamer des réformes. Ils sont appuyés et souvent influencés par une intelligentsia naissante, une classe d'intellectuels éduqués qui aspirent à plus que la simple modernisation économique. Cette nouvelle classe penseuse rejette fermement le positivisme, l'idéologie dominante du Porfiriato, qui valorisait la science et le progrès au détriment des droits et traditions des masses. À la place, ces intellectuels prônent un mélange d'idées socialistes, nationalistes et indigénistes, appelant à une révolution non seulement politique mais aussi culturelle. Dans cette atmosphère de bouillonnement social et idéologique, le régime de Huerta, avec ses tentatives de restaurer l'ancien ordre, apparaît déphasé et finalement insoutenable. La conjonction de ces forces diverses finira par précipiter sa chute.

Pan de Guadalupe

Le Plan de Guadalupe, annoncé en 1914, représente un moment charnière dans la révolution mexicaine. Élaboré sous la direction de Venustiano Carranza, ce plan exprime le rejet total du gouvernement de Victoriano Huerta, considéré comme illégitime après avoir renversé Francisco Madero. Carranza, qui avait déjà acquis de l'expérience en politique en tant que gouverneur de Coahuila et membre du cabinet de Madero, était l'un des chefs révolutionnaires les plus influents du nord du pays. Le Plan de Guadalupe n'était pas seulement une déclaration contre Huerta, mais il établissait également Carranza comme le "Premier Chef" de l'Armée Constitutionnaliste, chargé de restaurer l'ordre constitutionnel au Mexique. Le document réaffirmait les principes de la Constitution de 1857 et appelait à la convocation de nouvelles élections une fois que Huerta serait destitué. Il est intéressant de noter que le plan ne contenait pas de propositions sociales ou économiques radicales. En effet, il s'agissait davantage d'une déclaration politique visant à restaurer l'ordre constitutionnel plutôt qu'une vision complète pour la refonte de la société mexicaine. Néanmoins, sa proclamation a été une étape cruciale vers la destitution de Huerta et l'ascension de Carranza au pouvoir.

Le Plan de Guadalupe était distinct des autres plans de la révolution mexicaine en cela qu'il se concentrait principalement sur des questions institutionnelles et politiques plutôt que sur des revendications socio-économiques. L'accent était mis sur le renversement de Victoriano Huerta et le retour à l'ordre constitutionnel. C'était une réponse directe à la perception que Huerta avait usurpé le pouvoir illégitimement en orchestrant le coup d'État contre Madero. Venustiano Carranza, en tant que Premier Chef de l'Armée Constitutionnaliste, cherchait à consolider une coalition de forces anti-Huerta autour d'un ensemble commun d'objectifs politiques, sans se perdre dans des débats plus complexes sur des réformes sociales ou agraires. En mettant l'accent sur le rétablissement de l'État de droit et l'établissement d'un gouvernement constitutionnel, Carranza espérait créer un front uni contre Huerta. Cependant, cette approche a aussi eu ses critiques. Beaucoup ont estimé que le Plan de Guadalupe n'allait pas assez loin dans l'adresse des injustices socio-économiques profondément ancrées au Mexique. Les leaders comme Emiliano Zapata, par exemple, ont continué à appeler à une réforme agraire radicale, se sentant insatisfaits de l'approche de Carranza. Mais malgré ces critiques, le Plan de Guadalupe a joué un rôle essentiel dans la consolidation des forces révolutionnaires pour la phase suivante de la lutte.

Le plan Guadalupe est soutenu par de nombreux dirigeants révolutionnaires du Nord, dont Alvaro Obregon, et il contribue à unir les différentes factions qui se battent pour le contrôle du gouvernement. Carranza et ses partisans sont devenus la force dominante de la révolution. En 1915, Carranza s'est déclaré premier chef de l'armée constitutionnelle et a commencé à prendre le contrôle du gouvernement central du Mexique. Cependant, la montée de Carranza au pouvoir n'a pas été sans résistance. Bien qu'il ait réussi à consolider le soutien de nombreuses forces du nord du pays, de nombreuses tensions subsistaient entre les divers groupes révolutionnaires. Emiliano Zapata, par exemple, a toujours été préoccupé par la question agraire et les droits des paysans, et a vu dans le Plan de Guadalupe un manque d'engagement envers une réforme agraire réelle. De même, Pancho Villa, un autre leader révolutionnaire important, a eu des désaccords avec Carranza, menant à la fameuse "Guerre des factions" entre les forces de Carranza, Villa, et Zapata. Pendant cette période, Alvaro Obregón s'est révélé être un stratège militaire compétent et a réussi à vaincre les forces de Villa lors de la bataille de Celaya en 1915, consolidant ainsi le pouvoir de Carranza. Avec le soutien d'Obregón, Carranza a pu renforcer son emprise sur le pays, établissant sa base à Mexico et commençant la tâche complexe de reconstruction nationale. Mais la route vers une nation stable et unifiée n'était pas encore terminée. En 1917, Carranza a supervisé l'adoption de la Constitution mexicaine, un document progressiste qui incluait des dispositions pour la réforme agraire, les droits des travailleurs et l'éducation. Cependant, malgré ces avancées, les divisions entre les factions révolutionnaires sont restées, menant à des années supplémentaires de conflits et de changements politiques.

En 1914, la pression sur le régime de Victoriano Huerta était à son paroxysme. Les forces constitutionnalistes, dirigées par Carranza, Villa et Obregón, avançaient du nord, tandis que les zapatistes avançaient depuis le sud. Pancho Villa et Alvaro Obregón étaient d'importants commandants des forces du nord. Villa avait une armée importante, appelée la Division du Nord, et était reconnu pour son charisme et sa capacité à mobiliser et inspirer ses troupes. Obregón, quant à lui, était un stratège talentueux qui a apporté des innovations tactiques modernes sur le champ de bataille. En juillet 1914, les forces de Huerta sont écrasées, et il démissionne, se réfugiant finalement à l'étranger. Après sa démission, Mexico est brièvement occupé par les zapatistes avant que les troupes constitutionnalistes de Carranza n'entrent dans la ville. Mais malgré cette victoire commune contre Huerta, les divisions au sein du camp révolutionnaire sont devenues de plus en plus évidentes. Carranza, Villa et Zapata avaient des visions différentes de ce que devait être le Mexique post-révolutionnaire. Carranza était préoccupé par le rétablissement de l'ordre et la mise en place d'un gouvernement constitutionnel. Zapata, d'autre part, était principalement préoccupé par la réforme agraire, la restitution des terres aux paysans et l'autonomie des communautés locales. Villa avait ses propres aspirations et préoccupations, parfois en accord avec Zapata, parfois en opposition à lui. Ces tensions ont finalement abouti à la "Guerre des factions", une série de conflits internes parmi les groupes révolutionnaires qui ont éclaté après le renversement de Huerta. Ce n'est qu'après plusieurs années de conflit et de négociations que l'ordre a finalement été rétabli et que la Constitution mexicaine de 1917 a été adoptée, jetant les bases du Mexique moderne.

Le régime de Victoriano Huerta, bien qu'autoritaire, n'a pas pu maintenir sa position face à la montée des forces révolutionnaires qui le menaçaient à la fois du nord et du sud. Les avancées successives des armées de Villa et d'Obregón dans le nord et celles de Zapata dans le sud ont mis une pression immense sur la capitale, affaiblissant considérablement le pouvoir de Huerta. Alvaro Obregón, avec son génie militaire et stratégique, a joué un rôle déterminant dans la chute de Huerta. En 1914, après une série de victoires décisives, ses troupes, ainsi que celles des autres chefs révolutionnaires, ont convergé vers Mexico. Face à l'effondrement imminent de son régime, Huerta a démissionné et s'est enfui du pays. Avec le départ de Huerta, Venustiano Carranza, l'un des principaux instigateurs du mouvement anti-Huerta, s'est trouvé dans une position favorable pour établir son autorité. En se basant sur le Plan de Guadalupe, qu'il avait lui-même promulgué, Carranza s'est déclaré "Primer Jefe" (Premier Chef) de l'Armée Constitutionnaliste et a formé un gouvernement qui cherchait à rétablir l'ordre constitutionnel. Cependant, même avec la chute de Huerta, le pays n'a pas retrouvé la stabilité. Les différentes factions révolutionnaires avaient des visions différentes pour l'avenir du Mexique, et des conflits ont éclaté entre elles, prolongeant la période de guerre civile.

La première phase de la révolution mexicaine, riche en conflits et en bouleversements, a vu l'émergence et la chute de plusieurs leaders, ainsi que des changements radicaux dans la dynamique du pouvoir au Mexique. La défaite de Huerta et l'ascension de Carranza à la présidence ont signalé la fin des combats les plus intenses et la transition vers une phase de reconstruction nationale. Cependant, malgré la position prédominante de Carranza, les tensions internes au mouvement révolutionnaire ne se sont pas dissipées. Alors que Carranza cherchait à consolider son pouvoir et à moderniser le Mexique sur la base d'un programme libéral, des divergences profondes persistaient quant à la direction future du pays. Des leaders tels qu'Emiliano Zapata et Pancho Villa avaient des visions différentes pour l'avenir du Mexique, en particulier en ce qui concerne la réforme agraire. Ces différences ont conduit à d'autres conflits. Cependant, en dépit de ces tensions, l'ère de Carranza a vu la réalisation de l'une des principales réalisations de la révolution : la promulgation de la Constitution de 1917. Ce document, toujours en vigueur aujourd'hui, a jeté les bases d'un nouvel ordre social et politique au Mexique, cherchant à instaurer des réformes agraires, éducatives et laborales, tout en limitant le pouvoir de l'église et des investisseurs étrangers.

La défaite de Huerta et l'ascension de Carranza à la présidence ont été un tournant décisif dans la révolution mexicaine. Avec le soutien de ses alliés, notamment Villa et Obregón, Carranza a réussi à déplacer l'équilibre du pouvoir et à instaurer une nouvelle ère de leadership. Malgré les combats intenses et la complexité des alliances entre les différentes factions révolutionnaires, ce moment a symbolisé une transition majeure dans la lutte pour le contrôle du Mexique. Avec l'adoption du plan Guadalupe comme base de son gouvernement, Carranza a tenté de restaurer l'ordre et d'établir une nouvelle direction pour le pays. Bien que des conflits internes et des différences idéologiques persistent, cette période marque la fin de la phase la plus tumultueuse de la révolution, ouvrant la voie à des efforts de reconstruction et de réforme.

Après la chute de Huerta et l'ascension de Carranza au pouvoir, le Mexique n'a pas trouvé immédiatement la paix ou la stabilité. Plusieurs des factions qui avaient uni leurs forces pour combattre Huerta ont commencé à se diviser sur la direction que devrait prendre le Mexique post-révolutionnaire. Très vite, il est devenu évident que Carranza et ses alliés les plus proches, notamment Alvaro Obregón, avaient des visions différentes pour l'avenir du pays par rapport à d'autres leaders révolutionnaires comme Pancho Villa et Emiliano Zapata. Tandis que Carranza était principalement préoccupé par la restauration de l'ordre et la consolidation de son pouvoir, Villa et Zapata voulaient voir des réformes sociales et agraires radicales être mises en place. En 1914, une tentative pour réconcilier les différentes factions révolutionnaires a été réalisée à la Convention d'Aguascalientes. Malheureusement, cette rencontre n'a fait qu'intensifier les tensions, conduisant à une rupture nette entre Carranza d'un côté, et Villa et Zapata de l'autre. L'année suivante, ces divisions ont provoqué des affrontements directs entre les troupes de Carranza, menées par Obregón, et celles de Villa. Bien que Carranza ait adopté la Constitution de 1917, qui prévoyait des réformes agraires et des droits pour les travailleurs, sa mise en application a été lente. Beaucoup ont ressenti que Carranza était trop prudent, voire réactionnaire, dans ses politiques, en particulier par rapport aux aspirations radicales de la révolution. Ainsi, la période de 1914 à 1915 reflète la complexité de la révolution mexicaine. Même après le renversement des "porfiristas" et de Huerta, le pays était loin d'être unifié, et les différentes factions révolutionnaires étaient toujours en lutte pour définir l'avenir du Mexique.

Malgré la chute de Huerta et l'avènement de Carranza, la période qui a suivi n'a pas été de tranquillité pour le Mexique. Carranza, bien que bénéficiant initialement du soutien de nombreux leaders révolutionnaires pour son rôle dans la lutte contre Huerta, a rapidement fait face à des défis majeurs en tant que chef du pays. Les décisions politiques de Carranza ont souvent été perçues comme des tentatives de renforcer sa propre position plutôt que de réaliser les idéaux de la révolution. Les réformes promises, notamment celles touchant à l'agriculture, aux droits des travailleurs et à l'éducation, n'ont pas été mises en œuvre avec la vigueur attendue. Cela a créé des tensions et des frustrations parmi ceux qui avaient combattu pour un changement radical, en particulier au sein des groupes les plus radicaux tels que les partisans de Villa et Zapata. En outre, Carranza a montré une certaine méfiance envers ses anciens alliés et a tenté d'éliminer ceux qu'il considérait comme des menaces à sa primauté, ce qui a exacerbé les conflits internes. La méfiance entre Carranza et d'autres dirigeants révolutionnaires comme Obregón, Villa et Zapata a débouché sur une série d'affrontements et de manœuvres politiques qui ont entraîné une fragmentation continue du mouvement révolutionnaire. Le manque d'un agenda clair et la réticence de Carranza à mettre en œuvre des réformes profondes ont laissé de nombreux Mexicains déçus. Les espoirs d'une nation transformée et d'un gouvernement qui répondrait aux besoins des plus marginalisés semblaient s'éloigner. Cela préparait le terrain pour de nouvelles confrontations et la continuation de l'instabilité politique dans les années à venir.

Le mandat de Carranza s'est révélé tumultueux, non seulement à cause des tensions internes à son gouvernement, mais aussi à cause de la pression constante exercée par des factions externes puissantes. Les zapatistes, dirigés par Emiliano Zapata dans le sud, étaient particulièrement vocaux dans leurs critiques. Ils avaient combattu avec l'espoir d'une réforme agraire substantielle, et la lenteur des progrès à cet égard a été une source majeure de frustration. Zapata, avec son Plan d'Ayala, avait mis en avant le besoin urgent de redistribuer les terres aux paysans. L'incapacité de Carranza à répondre de manière adéquate à ces demandes a aliéné de nombreux zapatistes et les a poussés à des actions plus radicales. Au nord, Pancho Villa, autre figure emblématique de la révolution, se sentait également trahi. Villa avait été un allié clé dans la lutte contre Huerta, et il espérait que le nouveau gouvernement adopterait une approche plus radicale des réformes. Au lieu de cela, il a constaté que Carranza était plus préoccupé par la consolidation de son propre pouvoir que par l'avancement des idéaux révolutionnaires. Les relations entre Carranza et Villa se sont rapidement détériorées, menant à des affrontements et à une rivalité qui a exacerbé l'instabilité du pays. Ainsi, bien que Carranza ait été en mesure d'éliminer la menace directe de Huerta et d'établir son gouvernement, il a été rapidement englouti dans une nouvelle série de conflits avec d'autres factions révolutionnaires. Ces tensions ont révélé les divisions profondes au sein du mouvement révolutionnaire et ont mis en lumière les défis inhérents à la construction d'une nation unie après une période de bouleversements majeurs.

La cause des zapatistes était profondément enracinée dans l'histoire sociale et économique du Mexique. Depuis l'époque coloniale, de vastes étendues de terres avaient été concentrées entre les mains de quelques élites, tandis que la majorité des paysans, en particulier les populations indigènes, étaient souvent privés de leur droit ancestral sur la terre. Cette inégalité foncière a été exacerbée pendant le règne de Porfirio Díaz, où de vastes étendues de terres communales, ou "ejidos", ont été vendues ou confisquées au profit des grands propriétaires terriens ou des investisseurs étrangers. Emiliano Zapata, originaire de l'État de Morelos, est devenu le champion de ces communautés agraires marginalisées. Confronté à la pression des propriétaires terriens pour céder des terres communales et à l'injustice persistante de l'ordre foncier, il a été poussé à la rébellion. Le Plan d'Ayala, qu'il a proclamé en 1911, servait non seulement de critique à l'égard de ceux qui avaient trahi la révolution, mais aussi de manifeste pour une réforme agraire profonde. Le mouvement zapatiste était unique en ce sens qu'il n'était pas seulement axé sur le changement politique au sommet. Au lieu de cela, il visait à transformer la structure foncière du pays, en plaçant la terre entre les mains de ceux qui la travaillaient. Les zapatistes ont vu la terre non seulement comme une ressource économique, mais aussi comme un élément central de l'identité, de la culture et de la dignité des communautés rurales. Malgré les défis auxquels ils ont été confrontés face à des adversaires mieux armés et souvent mieux financés, les zapatistes ont maintenu une résistance tenace tout au long de la révolution. Leur détermination et leur engagement envers "tierra y libertad" ont fait d'eux l'un des acteurs les plus mémorables et les plus influents de la révolution mexicaine.

La vision des zapatistes était fortement influencée par l'histoire et la culture des communautés rurales du Mexique. Plaçant la communauté au cœur de leurs ambitions, ils aspiraient à une société où les "ejidos", ou terres communales, étaient protégés et cultivés pour le bénéfice de tous, plutôt que d'être appropriés ou exploités par quelques-uns. Cette vision était profondément démocratique dans son essence, puisqu'elle cherchait à équilibrer les pouvoirs et à garantir une participation active des communautés à la prise de décisions concernant leur avenir. La relation entre les zapatistes et l'Église catholique était complexe, en partie à cause de la diversité des positions au sein même de l'Église. Alors que l'Église institutionnelle soutenait généralement l'ordre établi et avait de nombreux liens avec l'élite foncière, de nombreux prêtres et laïcs étaient profondément préoccupés par la justice sociale et soutenaient les aspirations des communautés rurales et indigènes. Dans certains cas, l'Église a joué un rôle actif en soutenant les communautés locales dans leurs efforts pour récupérer et gérer leurs propres terres. Emiliano Zapata lui-même était un catholique dévot, ce qui a renforcé les liens entre le mouvement zapatiste et l'Église dans certaines régions. Cependant, il y a eu des moments de tension, en particulier lorsque l'Église institutionnelle semblait soutenir les intérêts des grands propriétaires terriens ou du gouvernement central. En dépit de ces tensions, les zapatistes n'ont jamais vu l'Église comme un ennemi monolithique, reconnaissant plutôt les différences au sein de cette institution et cherchant des alliances avec ceux qui partageaient leur vision de justice et d'équité.

Pancho Villa est né dans le nord du Mexique, dans l'État de Durango, et sa vision et ses tactiques reflétaient les particularités culturelles, économiques et sociales de cette région. Contrairement à Emiliano Zapata, dont les priorités étaient profondément enracinées dans les communautés agricoles du sud du pays, Villa était davantage influencé par les défis du nord, où l'agriculture, l'élevage et la proximité avec la frontière américaine jouaient des rôles cruciaux. La trajectoire de Villa, d'un bandit local à un leader révolutionnaire, est le reflet de son pragmatisme et de sa capacité d'adaptation. Son armée, souvent appelée la "Division du Nord", était constituée d'un mélange hétérogène de cow-boys, d'anciens bandits, de paysans mécontents et d'autres encore qui cherchaient à renverser le régime de Porfirio Díaz et ses successeurs. Contrairement aux zapatistes, dont les revendications étaient centrées sur la question agraire, les objectifs de Villa étaient plus variés. Ils comprenaient des préoccupations telles que les droits des travailleurs, la souveraineté nationale face à l'intervention étrangère et le contrôle des ressources naturelles. Le leadership de Villa était indéniablement charismatique. Son style audacieux, son audace tactique et sa propension à s'impliquer directement dans les combats ont fait de lui un personnage légendaire tant au Mexique qu'à l'étranger. Toutefois, son approche du leadership s'écartait de la démocratie participative prônée par les zapatistes. Villa, avec son style de caudillo, prenait souvent des décisions unilatérales, basées sur son intuition et sa vision du bien supérieur. Il convient également de noter que, bien que Villa ait eu des différends et des conflits avec d'autres dirigeants révolutionnaires comme Carranza et Obregón, il a également eu des périodes de collaboration avec eux. Son approche changeante vis-à-vis de ces alliances démontre sa flexibilité stratégique, mais a également contribué à des perceptions parfois contradictoires de sa loyauté et de ses intentions.

Le mouvement de Pancho Villa et sa vision de la réforme agraire étaient distincts de ceux des zapatistes, bien qu'il y ait eu des chevauchements dans leurs objectifs respectifs. Pancho Villa, originaire du nord du Mexique, a été témoin des vastes haciendas, qui étaient des domaines massifs contrôlés par une élite foncière. Ces haciendas avaient souvent leur propre infrastructure, leurs propres forces de sécurité, et opéraient presque comme de petits États à l'intérieur de l'État. La main-d'œuvre des haciendas, composée principalement de paysans, était souvent exploitée, avec peu de droits ou de protections. La situation économique et sociale du nord était différente de celle du sud, et cela s'est reflété dans les objectifs et les tactiques de Villa. Lorsque Villa et sa "Division du Nord" ont pris le contrôle des régions du nord, ils ont exproprié de nombreuses haciendas, non pas avec l'intention première de redistribuer les terres aux paysans comme le souhaitaient les zapatistes, mais plutôt pour financer la révolution. Les haciendas étaient des centres économiques importants, et Villa comprenait que le contrôle de ces domaines lui donnerait accès aux ressources nécessaires pour soutenir et équiper son armée. En confiant ces haciendas à ses lieutenants de confiance, Villa s'assurait que les revenus de ces domaines soutiendraient directement les efforts de guerre de la Division du Nord. Cela a également permis à Villa de récompenser ses alliés les plus proches et de consolider son pouvoir dans le nord. Néanmoins, cette approche n'était pas sans ses critiques. Certains ont accusé Villa de reproduire simplement un système de patronage et d'élitisme, même s'il le faisait au nom de la révolution.

Pancho Villa, malgré son image de Robin des Bois, était un personnage complexe avec des méthodes qui, dans certains cas, ne reflétaient pas les idéaux de la révolution. Son approche pragmatique pour obtenir des fonds et des ressources, souvent à travers des expropriations et des pillages, lui a permis d'entretenir et de soutenir une armée importante. Cependant, cela l'a également mis en désaccord avec d'autres dirigeants révolutionnaires qui estimaient que ses actions trahissaient les principes plus nobles de la révolution, en particulier ceux liés à la justice sociale et à la redistribution des terres. En outre, les forces de Villa étaient tristement célèbres pour leur brutalité. Les exécutions sommaires, les massacres et d'autres violations des droits de l'homme étaient souvent justifiés au nom de la révolution, mais pour beaucoup, ces actes étaient indicatifs d'un manque de discipline au sein de ses troupes ou d'un mépris flagrant pour les principes humanitaires. Cette brutalité a contribué à une image controversée de Villa. Pour ses partisans, il était un champion de la cause, un homme qui combattait pour les droits des opprimés et contre l'injustice. Pour ses détracteurs, il était un opportuniste qui utilisait la révolution comme prétexte pour satisfaire ses ambitions personnelles et enrichir ses proches. Ces critiques ne sont pas uniques à Villa. De nombreux dirigeants révolutionnaires, dans différents contextes, sont souvent confrontés à des dilemmes similaires. Les méthodes radicales peuvent parfois être justifiées comme nécessaires pour atteindre des objectifs révolutionnaires, mais elles peuvent également saper la légitimité morale de la cause. Dans le cas de Villa, son héritage est double. D'une part, il est célébré comme un héros révolutionnaire, un homme du peuple qui s'est levé contre l'injustice. D'autre part, sa carrière est entachée d'actes de violence et de trahison qui ont remis en question la pureté de ses motivations.

Venustiano Carranza et Alvaro Obregón, originaires du nord industriel et plus urbanisé du Mexique, avaient une perspective différente de celle des dirigeants du sud, comme Emiliano Zapata, ou des caudillos du nord comme Pancho Villa. Leur vision de la révolution était fortement influencée par leur propre contexte régional et social. Carranza et Obregón venaient d'une région où le développement industriel, les chemins de fer, et le commerce étaient plus présents. Ainsi, leurs priorités reflétaient les besoins et les désirs des populations urbaines, de la bourgeoisie naissante, et de la classe ouvrière industrielle. Bien qu'ils aient reconnu la nécessité de réformes agraires, ils ont perçu le développement économique, l'éducation, et la modernisation comme essentiels à la transformation du Mexique. Carranza, en particulier, cherchait à instaurer un État de droit et à établir un gouvernement constitutionnel stable après des années d'instabilité. Son intention était de mettre fin à la série de conflits et de guerres civiles qui avaient déchiré le pays et de poser les bases d'une nation moderne. La Constitution de 1917, promulguée sous sa direction, reflète cette vision. Bien qu'elle contienne des dispositions sur la réforme agraire, elle établit également des droits sociaux et politiques, tels que le droit de grève, l'éducation laïque et des garanties pour les libertés individuelles. Obregón, pour sa part, était plus pragmatique et flexible dans son approche. En tant que militaire, il a compris les dynamiques de pouvoir et a travaillé à consolider l'autorité de l'État central tout en répondant aux demandes populaires pour des réformes. Son gouvernement a poursuivi les réformes de Carranza, tout en étant plus attentif aux besoins des différentes factions révolutionnaires.

La méfiance envers l'Église catholique et son influence politique n'était pas nouvelle dans l'histoire mexicaine. Le combat pour réduire l'influence cléricale avait été une constante depuis les lois de la Réforme du milieu du XIXe siècle, menées par des figures libérales telles que Benito Juárez. La révolution mexicaine a ravivé et intensifié cette tension entre l'État et l'Église. Venustiano Carranza et Alvaro Obregón, ainsi que d'autres révolutionnaires, percevaient l'Église comme un vestige de l'ancien ordre colonial et de l'ère Porfiriato, pendant laquelle l'Église avait accumulé des richesses et du pouvoir, souvent au détriment des pauvres et des marginalisés. Ils considéraient également que l'Église soutenait des éléments conservateurs qui s'opposaient à la transformation sociale et économique qu'ils envisageaient pour le Mexique. La Constitution de 1917, un document profondément progressiste et révolutionnaire pour son époque, reflétait ces préoccupations anticléricales. Elle incluait des articles qui:

  • Interdisaient aux institutions religieuses de posséder des terres.
  • Interdisaient au clergé d'exercer le droit de vote et de critiquer les lois ou le gouvernement.
  • Proclamaient que toutes les églises et biens religieux appartenaient à l'État.
  • Imposaient l'éducation laïque dans les écoles publiques.

Obregón, après avoir succédé à Carranza en tant que président, a poursuivi la mise en œuvre de ces dispositions, provoquant de fréquentes tensions avec le clergé et les catholiques pratiquants. Ces tensions culmineront plus tard, après le mandat d'Obregón, pendant la présidence de Plutarco Elías Calles dans les années 1920, avec la guerre des Cristeros – un conflit armé entre le gouvernement mexicain et des milices catholiques qui s'opposaient à l'application stricte des lois anticléricales.

Durant la Révolution mexicaine, la taille des armées de chaque faction révolutionnaire variait considérablement, reflétant leurs bases de soutien et leur capacité à mobiliser. L'armée de Carranza, les Constitutionnalistes, comptait entre 20 000 et 40 000 soldats. Malgré cette taille modeste, Carranza avait le soutien des citadins et de la classe moyenne, ainsi que de certaines régions du nord du Mexique. Il avait aussi l'avantage du contrôle sur certaines ressources gouvernementales après la déposition de Huerta. La Division du Nord de Pancho Villa était nettement plus grande, avec un effectif estimé entre 100 000 et 200 000 soldats. Cette force impressionnante témoignait du talent de Villa en tant que stratège militaire et de sa capacité à rallier un soutien massif, en particulier dans le nord du pays. Les Zapatistas, dirigés par Emiliano Zapata, avaient une force comprise entre 10 000 et 20 000 soldats. Bien qu'ils aient été moins nombreux que la Division du Nord, ils bénéficiaient d'un soutien solide dans le sud du Mexique, principalement parmi les paysans qui soutenaient la vision de Zapata d'une réforme agraire. Ces chiffres sont basés sur des estimations et peuvent varier selon les sources. De plus, la nature fluctuante de la loyauté des troupes durant cette période rend difficile la détermination de chiffres exacts à tout moment donné.

Le corps de Zapata a été exposé à Cuautla (Morelos) le 10 avril 1919.

L'année 1914 et les années qui ont suivi ont vu des alliances changeantes et des affrontements intenses entre les différentes factions révolutionnaires au Mexique. À un moment donné, Pancho Villa et Emiliano Zapata, bien que leurs agendas et leurs bases de soutien aient été différents, ont reconnu un intérêt commun à s'opposer à Carranza et ont formé une alliance. L'Armée de libération du Sud (Ejército Libertador del Sur) était à l'origine le nom des forces d'Emiliano Zapata, qui opéraient principalement dans l'État de Morelos et dans les régions environnantes du sud du Mexique. Après que Zapata et Villa ont uni leurs forces, leurs troupes ont convergé sur Mexico, et pendant un court laps de temps, ils ont réussi à prendre le contrôle de la capitale. Il y a une image célèbre de Villa et Zapata ensemble à la présidence à Mexico, démontrant symboliquement leur prise de pouvoir temporaire. Cependant, cette alliance entre Villa et Zapata n'a pas duré longtemps. Les deux leaders avaient des visions différentes pour le futur du Mexique. Alors que Zapata priorisait la réforme agraire, Villa, en tant que caudillo du nord, avait des préoccupations et des objectifs différents. Face à cette menace combinée, Carranza et ses constitutionnalistes ont monté une contre-offensive. Les constitutionnalistes, sous le commandement d'Alvaro Obregón, ont utilisé des tactiques militaires modernes et une stratégie bien organisée pour repousser et finalement défier les forces combinées de Villa et Zapata. En fin de compte, Carranza a réussi à consolider son contrôle sur le gouvernement mexicain, bien que des conflits sporadiques et des tensions aient persisté avec les différentes factions révolutionnaires dans les années qui ont suivi.

L'alliance entre Pancho Villa et Emiliano Zapata était principalement une alliance de circonstance. Elle n'était pas basée sur une vision commune du futur du Mexique, mais plutôt sur une opposition partagée envers Venustiano Carranza et son gouvernement. Villa, un caudillo du Nord, avait une base de soutien composée en grande partie de paysans, mais il était également associé à d'autres élites régionales et à certains intérêts commerciaux. Ses priorités reflétaient ces alliances mixtes, avec une focalisation sur l'expropriation des haciendas et la redistribution de ces terres, mais pas nécessairement dans le même esprit communautaire que les Zapatistes le souhaitaient. Zapata, en revanche, était fermement enraciné dans les communautés agraires du Sud. Son slogan "Tierra y Libertad" (Terre et Liberté) encapsule la vision zapatiste de la réforme agraire, où les terres seraient rendues aux communautés et gérées collectivement. C'était une vision basée sur la tradition communautaire des peuples autochtones et des paysans du Sud du Mexique. Lorsque ces deux forces ont convergé sur Mexico, leur ennemi commun en Carranza les a unis, mais leurs divergences idéologiques ont finalement érodé cette alliance. Une fois la menace immédiate écartée, leurs différences sont rapidement devenues insurmontables, et ils se sont retrouvés à nouveau en position antagoniste.

Après 1915, le cours de la révolution mexicaine a connu des changements significatifs. Alors que Zapata a maintenu un fort contrôle sur Morelos, son bastion, et a continué à défendre les principes du Plan d'Ayala, sa capacité à influencer la politique nationale a été considérablement réduite. Ses efforts pour réaliser une réforme agraire radicale et une gouvernance plus démocratique et participative se sont principalement concentrés sur son fief de Morelos. D'autre part, la défaite des forces de Villa aux mains de Carranza, particulièrement lors de la bataille de Celaya en 1915 dirigée par Álvaro Obregón, a marqué un tournant dans la révolution. Après cette défaite, Villa n'a jamais retrouvé sa puissance antérieure, bien qu'il soit resté un acteur important dans le nord du pays. La reconnaissance de Carranza comme président par les États-Unis a renforcé sa position, offrant une légitimité internationale à son gouvernement. Cela a également assuré un certain degré de stabilité économique et politique, car les États-Unis étaient un acteur clé dans la politique et l'économie mexicaines. Cependant, la période qui a suivi n'a pas été exempte de troubles. Bien que Carranza ait réussi à mettre en place la Constitution de 1917, qui a incorporé plusieurs réformes progressistes, son régime a été confronté à des défis internes et à des tensions continues avec des factions opposées. Ces tensions ont finalement culminé avec l'assassinat de Carranza en 1920, marquant la fin de sa présidence et le début d'une nouvelle phase de la révolution mexicaine.

L'assassinat d'Emiliano Zapata en 1919 a marqué un tournant majeur dans la révolution mexicaine. Le 10 avril de cette année-là, Zapata fut tué dans une embuscade à Chinameca, Morelos, orchestrée par Jesús Guajardo sur les ordres de Pablo González, un général fidèle à Carranza. Cette mort a gravement affaibli le mouvement zapatiste, bien que leur influence n'ait pas été complètement éradiquée. Après avoir éliminé Zapata, Carranza a tourné son attention vers d'autres menaces pour consolider son pouvoir, Pancho Villa étant la plus imminente. Les hostilités ont perduré jusqu'à ce que Villa, reconnaissant la futilité de sa résistance après plusieurs revers, accepte un accord en 1920. Cet accord lui a permis de prendre sa retraite à Canutillo, Durango, mettant fin à son rôle actif dans la révolution. L'assassinat de Carranza en 1920 a marqué la fin de son règne. Sa chute a été provoquée par le Plan d'Agua Prieta, orchestré par Álvaro Obregón, Plutarco Elías Calles et Adolfo de la Huerta. Cherchant refuge, Carranza a tenté de fuir vers Veracruz. Cependant, son voyage fut interrompu à Tlaxcalantongo, Puebla, où il fut tué alors qu'il campait dans les montagnes. Après cette période tumultueuse, Adolfo de la Huerta est devenu président intérimaire, suivi de l'élection d'Álvaro Obregón en 1920, inaugurant une nouvelle phase dans l'histoire post-révolutionnaire du Mexique.

La mort de Venustiano Carranza en 1923 a effectivement mis fin à une série de conflits entre les principales factions révolutionnaires du Mexique. Cette période avait été marquée par des trahisons, des alliances changeantes et des assassinats de plusieurs des principaux acteurs de la révolution. Carranza lui-même, en tant que dirigeant, avait fait face à de nombreux défis, notamment de la part de ceux qui étaient autrefois ses alliés. Alvaro Obregón, autre figure majeure de la révolution, avait eu des divergences significatives avec Carranza, en particulier concernant les politiques post-révolutionnaires et la direction que devait prendre le pays. Avec la disparition de Carranza, Obregón était dans une position stratégique pour consolider le pouvoir et réaliser sa vision pour le Mexique. En tant que président, Obregón a introduit une série de réformes et a établi une certaine stabilité après une décennie de guerre civile. Son administration a marqué le début d'une ère de reconstruction et de transformation, sentant les fondations pour les décennies suivantes du développement mexicain.

Le contexte entourant la mort de Venustiano Carranza est complexe et riche en implications. Carranza, malgré son rôle clé dans le renversement du régime de Victoriano Huerta et sa contribution à l'établissement d'un gouvernement post-révolutionnaire, s'est montré réticent à mettre en œuvre les réformes profondes attendues par de nombreux secteurs de la société mexicaine, en particulier les réformes agraires et du travail. Alvaro Obregón, qui avait été un allié majeur de Carranza pendant une grande partie de la révolution, s'était de plus en plus distancé de lui en raison de ces questions de réforme. L'écart entre les deux hommes s'est creusé en raison de la perception croissante parmi les partisans d'Obregón que Carranza était trop autoritaire et qu'il n'était pas suffisamment engagé en faveur des réformes. L'assassinat de Carranza peut être vu à la fois comme un acte politique et comme une vengeance. C'était un reflet des tensions internes qui avaient marqué la révolution mexicaine et des rivalités personnelles entre ses principaux dirigeants. De plus, il illustrait le prix élevé de la politique dans le Mexique post-révolutionnaire, où la trahison et la violence étaient souvent les instruments de choix pour résoudre les différends et les luttes pour le pouvoir.

L'assassinat de Venustiano Carranza en 1923 illustre la complexité et les tensions internes qui ont marqué la période révolutionnaire mexicaine. En tant que l'une des figures centrales de la révolution, Carranza avait joué un rôle déterminant dans l'éviction de Victoriano Huerta et la mise en place d'un régime post-révolutionnaire. Cependant, une fois au pouvoir, sa réticence à mettre en œuvre des réformes significatives, en particulier les réformes agraires et du travail, avait provoqué des frustrations et des tensions parmi ses alliés. Alvaro Obregón, bien qu'ayant été un allié crucial de Carranza pendant une grande partie de la révolution, s'était progressivement distancié de lui. Les différends entre Carranza et Obregón s'étaient intensifiés, en partie en raison de la perception d'Obregón et de ses partisans que Carranza devenait de plus en plus autoritaire. De plus, la réticence de Carranza à poursuivre les réformes attendues par de nombreux révolutionnaires a accentué cette fracture. L'assassinat de Carranza par des partisans d'Obregón peut donc être perçu comme la culmination d'une série de tensions politiques et idéologiques. C'était un acte mêlant à la fois des motivations politiques et une volonté de vengeance contre un leader qui, à leurs yeux, avait trahi les idéaux de la révolution. Ce moment tragique reflète l'instabilité et les luttes de pouvoir qui ont continué à affliger le Mexique même après que les principaux combats de la révolution eurent pris fin.

Adoption de la Constitution de 1917

La Constitution de 1917 est une réalisation emblématique de la révolution mexicaine et représente une tentative d'intégration des diverses revendications et aspirations des différentes factions révolutionnaires en un seul document. C'est dans ce texte que les idéaux et les aspirations de la révolution sont le mieux reflétés. À l'inverse de la Constitution de 1857, qui était essentiellement libérale et se concentrait sur les droits individuels et la séparation de l'Église et de l'État, la Constitution de 1917 intégrait des éléments plus radicaux, notamment dans les domaines de la réforme agraire, de l'éducation, et des droits du travail. Elle est le fruit d'un consensus parfois difficile entre les différents acteurs de la révolution. La Constitution de 1917 comportait des dispositions novatrices pour l'époque. Par exemple, l'article 27 autorisait la nationalisation des ressources naturelles et reconnaissait le droit à la terre pour les communautés paysannes. L'article 3 établissait la laïcité de l'éducation publique, ce qui était un changement majeur dans un pays profondément catholique. L'article 123, quant à lui, établissait les droits des travailleurs, incluant le droit de grève et la journée de travail de huit heures. La Constitution de 1917 était, à bien des égards, en avance sur son temps. Elle reconnaissait non seulement les droits individuels mais aussi les droits sociaux. Toutefois, malgré sa nature progressive, la mise en œuvre de ses dispositions a été inégale et a souvent dépendu de la volonté politique des dirigeants successifs. Cela dit, elle reste l'un des documents les plus importants dans l'histoire moderne du Mexique et a jeté les bases de l'État mexicain tel que nous le connaissons aujourd'hui.

La Constitution de 1917 a été un document fondateur dans l'histoire du Mexique, abordant de nombreux problèmes qui avaient alimenté les tensions pendant des décennies :

  • La réforme agraire : Au cœur de la révolution mexicaine se trouvait la question de la terre. Des millions de paysans avaient été privés de leurs terres ancestrales pendant le règne de Porfirio Díaz. La Constitution de 1917 a cherché à corriger ces injustices par le biais de la réforme agraire. Elle visait à redistribuer les terres des grands propriétaires fonciers aux petits agriculteurs, aux communautés indigènes et aux ejidos. Les ejidos, ou terres communales, étaient un concept traditionnel mexicain où la terre était possédée collectivement par des communautés.
  • Réforme du travail : La condition des travailleurs, notamment dans les industries naissantes du pays, était une préoccupation majeure. La Constitution a introduit des garanties pour les droits des travailleurs, notamment la journée de travail de huit heures, le droit de grève, et l'interdiction du travail des enfants. Ces mesures visaient à protéger la classe ouvrière des abus des employeurs et à promouvoir une répartition plus équitable de la richesse.
  • Réforme de l'éducation : Reconnaissant l'éducation comme un moyen essentiel d'améliorer la condition du peuple mexicain, la Constitution a prévu la fourniture d'une éducation publique, gratuite et laïque. Cela a non seulement augmenté l'alphabétisation et l'accès à l'éducation, mais a également réduit l'influence de l'Église catholique dans les écoles.
  • Réforme religieuse : La relation entre l'État et l'Église au Mexique avait toujours été complexe. La Constitution de 1917 a cherché à renforcer la séparation de l'Église et de l'État. En conséquence, le gouvernement a pris le contrôle du système éducatif, garantissant qu'il serait laïc. De plus, la Constitution a nationalisé les biens de l'Église catholique et a imposé des restrictions à l'Église en matière d'éducation et de propriété foncière.

Ensemble, ces réformes ont marqué une rupture radicale avec le passé et ont cherché à créer un Mexique plus égalitaire et moderne. Bien que leur mise en œuvre ait varié au fil du temps, ces réformes ont façonné le Mexique pendant la majeure partie du XXe siècle.

La Constitution de 1917 du Mexique a en effet été avant-gardiste, inscrivant dans son texte des droits qui étaient à l'époque novateurs, même si certains d'entre eux ont mis du temps à être pleinement mis en œuvre.

  • Droits des femmes: Bien que la Constitution de 1917 n'ait pas immédiatement accordé le droit de vote aux femmes, elle a posé les bases des droits civiques et a ouvert la porte à leur participation future dans la vie politique. Il faudra attendre 1953 pour que les femmes obtiennent le droit de vote aux élections nationales au Mexique, mais l'esprit progressiste de la Constitution a certainement pavé la voie à cette avancée.
  • Liberté d'expression et de la presse: La protection de la liberté d'expression et de la presse était essentielle pour éviter la censure et les abus du gouvernement. Cette disposition de la Constitution a joué un rôle vital pour garantir une société plus transparente et démocratique, bien que, comme dans de nombreux pays, sa mise en pratique ait parfois été mise à l'épreuve.
  • Droit de former des syndicats: Cet élément était intrinsèquement lié à la réforme du travail. Il garantissait aux travailleurs le droit de s'organiser pour défendre leurs intérêts, ce qui était une étape essentielle pour équilibrer les relations entre travailleurs et employeurs et pour assurer la justice sociale.
  • Droits des peuples indigènes: Le Mexique, avec sa riche histoire et sa diversité culturelle, comprend de nombreuses communautés indigènes. La Constitution de 1917 a été pionnière en reconnaissant les droits des peuples indigènes. Bien que leur mise en œuvre ait été inégale, et qu'il y ait eu de nombreux défis à relever au fil des ans, cette reconnaissance était un pas important vers la justice et l'égalité pour ces communautés.

La Constitution de 1917 du Mexique est, sans aucun doute, l'une des réalisations législatives les plus significatives de la période post-révolutionnaire. Elle est née de la nécessité d'apporter des réponses concrètes aux revendications populaires qui avaient alimenté les années tumultueuses de la révolution. Remplaçant la constitution de 1857, ce nouveau document était le reflet des aspirations d'un pays en quête d'équité et de justice sociale. La réforme agraire en était l'épine dorsale, cherchant à corriger les inégalités foncières historiques en faveur des petits agriculteurs et des communautés indigènes. La réforme du travail, quant à elle, visait à protéger les droits des travailleurs face à des conditions souvent précaires et injustes. Par ailleurs, l'éducation était considérée comme un pilier essentiel pour bâtir une nation moderne et informée, d'où l'accent mis sur une éducation laïque et accessible à tous. Le désir de séparer l'Église de l'État était également un élément central de cette constitution, reflétant une volonté de limiter l'influence du clergé dans les affaires de l'État. En plus de ces réformes structurelles, la Constitution de 1917 était révolutionnaire dans sa reconnaissance des droits civiques. Le fait qu'elle envisage le suffrage féminin, protège la liberté d'expression et reconnaisse le droit syndical montre à quel point elle était avant-gardiste. De plus, en tant que première constitution des Amériques à reconnaître explicitement les droits des peuples indigènes, elle a tracé la voie pour d'autres nations dans la reconnaissance et la protection des droits des populations autochtones. Ainsi, la Constitution de 1917 n'était pas simplement un document législatif ; elle était le symbole d'un Mexique renouvelé, reflétant les espoirs et les aspirations d'une nation qui avait traversé une période de bouleversements majeurs.

General Lázaro Cárdenas.

La Constitution de 1917 est le fruit d'une collaboration collective, mais l'influence de figures clés comme Francisco Mujica est indéniable. Mujica, un socialiste dévoué proche de Lazaro Cardenas, a apporté sa vision progressiste et nationaliste à la rédaction de ce document capital. Francisco Mujica était un fervent défenseur des droits des travailleurs, des paysans et des peuples indigènes. Son idéologie était profondément enracinée dans l'idée que le Mexique devait forger sa propre voie, libérée des influences étrangères et centrée sur l'équité sociale. Son attachement au progrès et à la justice sociale a été crucial dans la formulation des dispositions de la Constitution, en particulier celles qui se rapportaient à la réforme agraire, à la protection des droits des travailleurs et à la séparation de l'Église et de l'État. Il est également important de souligner son étroite relation avec Lazaro Cardenas, qui deviendra plus tard président du Mexique. Cardenas, lors de son mandat, mettra en œuvre certaines des réformes les plus radicales prévues par la Constitution, notamment la nationalisation de l'industrie pétrolière. La vision partagée par Mujica et Cardenas a grandement contribué à façonner le Mexique post-révolutionnaire et à redéfinir la relation entre le pays, ses citoyens et ses ressources. En somme, Francisco Mujica, avec sa passion pour la justice sociale et son engagement envers les idéaux de la révolution, a joué un rôle déterminant dans l'élaboration d'une Constitution qui cherchait à redresser les torts du passé et à guider le Mexique vers un avenir plus juste et plus équitable.

La Constitution de 1917 du Mexique est un mélange fascinant d'idées libérales et progressistes. En surface, elle a repris les principes libéraux classiques en instaurant un système de gouvernement présidentiel. Ce système, axé sur la séparation des pouvoirs, vise à équilibrer et à limiter le pouvoir du gouvernement tout en garantissant les libertés fondamentales des citoyens. Cependant, ce qui distingue vraiment cette constitution de ses contemporaines, c'est sa nature profondément progressiste. À une époque où de nombreux pays n'avaient pas encore pleinement reconnu les droits sociaux et économiques, le Mexique a pris des mesures audacieuses pour codifier ces droits dans sa constitution. Les réformes mises en avant étaient clairement destinées à corriger les inégalités historiques et à établir une société plus juste. La réforme agraire, par exemple, avait pour but de briser les structures de pouvoir traditionnelles en redistribuant les terres aux petits agriculteurs et aux communautés indigènes. C'était une tentative de corriger des siècles de concentration des terres entre les mains de quelques propriétaires terriens privilégiés. La réforme du travail, quant à elle, a placé les droits des travailleurs au centre des préoccupations, garantissant des conditions de travail décentes, le droit de grève et la protection contre l'exploitation. La réforme de l'éducation a promis une éducation publique, laïque et gratuite, mettant l'accent sur la formation de citoyens informés et engagés. La réforme religieuse, enfin, a représenté une rupture majeure avec le passé. En cherchant à séparer l'Église et l'État, la constitution a cherché à limiter l'influence traditionnelle de l'Église catholique sur la politique et l'éducation mexicaines. Ces mesures progressistes ont fait de la Constitution de 1917 l'une des plus avancées de son époque, reflétant les aspirations et les idéaux de la révolution mexicaine. Elle n'était pas simplement libérale; elle était radicalement tournée vers l'avenir, cherchant à transformer le Mexique en une nation où les droits et la dignité de tous seraient respectés et protégés.

La Constitution de 1917 du Mexique a cherché à rectifier de nombreuses injustices héritées de l'époque coloniale et du règne prolongé de Porfirio Díaz. L'importance des réformes incluses dans ce document ne saurait être sous-estimée, car elles touchaient presque tous les aspects de la société mexicaine.

La réforme agraire était l'une des plus urgentes. Des millions de Mexicains, en particulier les communautés indigènes, avaient été privés de leurs terres traditionnelles par des siècles de politiques coloniales et post-coloniales. La redistribution des terres n'était pas seulement une question de justice sociale, mais elle visait également à équilibrer le pouvoir économique. Les ejidos, ou terres communales, permettaient à des communautés entières de posséder et de cultiver la terre collectivement, renforçant ainsi la solidarité communautaire. La réforme du travail était également essentielle. Sous Díaz, les travailleurs étaient souvent exploités, avec peu ou pas de droits. La nouvelle constitution garantissait le droit de grève, de meilleures conditions de travail, et cherchait à mettre fin à l'exploitation flagrante des ouvriers et des paysans. L'éducation, traditionnellement sous le contrôle de l'Église catholique, était une autre préoccupation majeure. La constitution garantissait une éducation publique, laïque et gratuite pour tous les citoyens. Elle cherchait ainsi à créer une citoyenneté informée, capable de participer pleinement à la vie démocratique du pays. La séparation de l'Église et de l'État était également un changement radical. En réduisant l'influence de l'Église sur les affaires publiques, la constitution cherchait à créer un État laïc où les droits et libertés des citoyens n'étaient pas dictés par la doctrine religieuse. Enfin, en prévoyant une protection sociale pour ses citoyens, la constitution a reconnu l'importance de soutenir ses citoyens les plus vulnérables. C'était une avancée majeure pour l'époque et mettait le Mexique à l'avant-garde des réformes sociales en Amérique latine.

La dimension nationaliste de la Constitution de 1917 est un élément crucial pour comprendre les motivations et les aspirations qui ont guidé sa rédaction. Le Mexique, comme de nombreux pays d'Amérique latine, a eu une histoire de relations complexes avec les puissances étrangères, en particulier en ce qui concerne l'exploitation de ses ressources naturelles. À l'époque, le pétrole était devenu une ressource stratégique et sa présence au Mexique attirait de nombreux investisseurs étrangers, principalement britanniques et américains. Ces entreprises étrangères, avec le soutien tacite de leurs gouvernements respectifs, exerçaient une influence considérable sur la politique et l'économie du Mexique. Pour de nombreux révolutionnaires, cette situation était inacceptable. Elle symbolisait l'impérialisme étranger et la perte de souveraineté nationale. La décision d'inclure dans la constitution une clause stipulant que les ressources du sous-sol, notamment le pétrole, appartenaient à la nation était donc profondément symbolique. Elle reflétait une volonté de reprendre le contrôle des richesses nationales et de garantir que les bénéfices de leur exploitation profiteraient à l'ensemble de la population mexicaine, plutôt qu'à une poignée d'investisseurs étrangers. De plus, la limitation de la propriété étrangère était une manière d'affirmer la souveraineté mexicaine. Elle envoyait un message clair : si les étrangers souhaitaient investir au Mexique, ils devraient le faire selon les termes définis par les Mexicains eux-mêmes. Enfin, cette dimension nationaliste de la constitution s'inscrivait dans un mouvement plus large en Amérique latine à cette époque. De nombreux pays ont cherché à affirmer leur indépendance et leur souveraineté face à l'ingérence étrangère, que ce soit par la nationalisation des ressources ou par d'autres moyens. La Constitution de 1917 était donc à la fois un produit de son époque et une expression audacieuse des aspirations du peuple mexicain.

La Constitution de 1917, dans sa quête de souveraineté et d'autodétermination, a pris des mesures spécifiques pour garantir que les intérêts nationaux prévalent sur les intérêts étrangers. L'incorporation d'une disposition autorisant l'expropriation de biens appartenant à des étrangers pour des raisons d'intérêt national était un outil puissant. Cette mesure n'était pas uniquement symbolique, elle offrait au gouvernement mexicain un moyen concret de contrôler et de réguler les investissements et l'influence étrangère dans le pays. Les limitations concernant la propriété étrangère près de la frontière et de la côte étaient également des mesures stratégiques. Les frontières et les zones côtières sont souvent considérées comme des régions sensibles sur le plan stratégique et sécuritaire. En limitant la propriété étrangère dans ces zones, la constitution cherchait à garantir que ces régions cruciales restent sous contrôle mexicain et soient à l'abri de tout potentiel influence ou contrôle étranger. Ces mesures reflètent une profonde méfiance à l'égard de l'intervention étrangère, enracinée dans l'histoire du Mexique. Le pays avait déjà subi des occupations, des invasions et des interventions étrangères. Le 19e siècle avait été marqué par des interventions américaines et françaises, ainsi que par de courtes périodes d'occupation étrangère. Ainsi, ces dispositions constitutionnelles peuvent être vues comme une réponse directe à ces expériences, cherchant à prévenir toute future domination ou influence étrangère indue. Il est important de souligner que ces mesures n'étaient pas uniquement dirigées contre les investisseurs ou les propriétaires fonciers étrangers en tant qu'individus, mais visaient plutôt à protéger la souveraineté nationale et à garantir que le développement économique du Mexique profite à ses citoyens. Ces dispositions montrent à quel point la révolution mexicaine était déterminée à rompre avec le passé et à tracer une nouvelle voie pour l'avenir du pays.

L'anticléricalisme inscrit dans la Constitution de 1917 était l'une des ruptures les plus significatives avec le passé du Mexique. Depuis l'époque coloniale, l'Église catholique avait été une force dominante, non seulement en termes religieux, mais aussi en tant que puissance économique et sociale. Elle détenait d'immenses étendues de terres et exercçait une influence considérable sur la vie quotidienne des Mexicains. La volonté de limiter le pouvoir de l'Église était liée à plusieurs facteurs. Tout d'abord, il y avait une reconnaissance du rôle de l'Église en tant que gardienne du statu quo et de son alliance fréquente avec les élites conservatrices. Deuxièmement, les leaders révolutionnaires étaient influencés par les idées libérales qui circulaient en Europe et en Amérique latine, où la séparation de l'Église et de l'État était considérée comme essentielle à la formation d'un État-nation moderne. La prise de contrôle des biens de l'Église était autant une question d'économie que d'idéologie. En expropriant les vastes terres de l'Église, le gouvernement pourrait redistribuer cette terre aux paysans, répondant ainsi à l'une des principales revendications de la révolution. La nationalisation du système éducatif avait également un double objectif : elle permettait au gouvernement de mettre en place un programme éducatif national, tout en mettant fin à l'influence de l'Église sur l'éducation. La position anticléricale de la Constitution a, bien entendu, rencontré une résistance significative, notamment de la part de secteurs conservateurs et de l'Église elle-même. Cette tension a culminé lors de la Guerre des Cristeros dans les années 1920, une insurrection armée contre les politiques anticléricales du gouvernement. Cependant, malgré ces défis, la sécularisation inscrite dans la Constitution de 1917 a jeté les bases d'un Mexique moderne où l'Église et l'État demeurent séparés.

Mise en œuvre de la Constitution

//Pendant son mandat, Carranza, arrivé au pouvoir en 1914, a très peu fait pour appliquer les dispositions de la Constitution de 1917. Il s'attachait davantage à consolider son propre pouvoir et à garder le contrôle du pays qu'à mettre en œuvre les réformes sociales et économiques décrites dans la constitution.

En outre, le gouvernement de Carranza était miné par la corruption et les luttes politiques intestines, et il a dû faire face à plusieurs contestations de son pouvoir de la part d'autres leaders révolutionnaires tels que Villa et Obregon. Il est également confronté à l'opposition des zapatistes qui réclament une réforme agraire et une redistribution des terres dans le sud du pays.

Carranza a également tenté de se maintenir au pouvoir illégalement en cherchant à modifier la constitution pour pouvoir se représenter aux élections. Cette initiative est largement contestée et entraîne la scission de son gouvernement. Il a finalement été renversé en 1920, et alors qu'il tentait de fuir le pays avec une quantité importante du trésor national, il a été assassiné.

Après l'assassinat de Carranza en 1920, Obregón est devenu le leader le plus puissant et le plus influent de la révolution. Il prend rapidement le contrôle du gouvernement et est élu président en 1920.

Pendant cette période, le pays est en effet ravagé par la guerre civile, le nombre de morts étant estimé entre 1 et 1,5 million de personnes, soit 10 à 15 % de la population totale. La guerre a touché tous les secteurs de la société, de nombreuses personnes ayant été déplacées et ayant souffert de la violence et de la destruction. La guerre a également eu un impact économique important : de nombreuses entreprises et exploitations agricoles ont été détruites et les infrastructures du pays ont été gravement endommagées.

La présidence d'Obregón a été marquée par une période de stabilité relative et de reprise économique. Toutefois, le pays ne s'était pas encore remis des ravages de la guerre civile et les réformes sociales et économiques décrites dans la Constitution de 1917 n'avaient pas encore été pleinement mises en œuvre. Le gouvernement d'Obregón a fait quelques progrès en matière de réforme agraire, mais la mise en œuvre de ces réformes n'était pas terminée.

Les chemins de fer ont joué un rôle important dans la révolution mexicaine, permettant le transport rapide des troupes et des fournitures à travers le pays. Cette mobilité a été un facteur clé du succès des différentes factions révolutionnaires, qui ont rapidement acheminé des troupes et des ressources là où elles étaient nécessaires.

Les femmes ont également joué un rôle important dans la révolution, nombre d'entre elles participant activement aux combats. En revanche, d'autres ont soutenu les troupes en travaillant comme infirmières, cuisinières et dans d'autres rôles de soutien. Elles ont également joué un rôle clé dans l'organisation de la résistance et le soutien de l'effort de guerre, en particulier dans les zones rurales, où elles étaient souvent laissées seules pour gérer les fermes et les ménages pendant que les hommes étaient partis se battre.

Il est important de noter que cette révolution a eu un coût humain important. Un grand nombre de personnes ont perdu la vie, et beaucoup d'autres ont été déplacées et ont souffert de la violence et de la destruction causées par la guerre. Le pays a également dû faire face à d'importants défis économiques et sociaux qui ont mis de nombreuses années à être surmontés.

1920 – 1934 : Les années des Sonoriens

Le projet des Sonoriens

La période comprise entre 1920 et 1934 est souvent appelée les "années sonoriennes", au cours desquelles des dirigeants de l'État septentrional de Sonora, tels qu'Obregón et Calles, ont détenu un pouvoir et une influence considérables au sein du gouvernement national.

À cette époque, le pays connaît un processus de modernisation et de développement économique, et les dirigeants sonoriens cherchent à transformer le Mexique en une nation plus développée et industrialisée, semblable aux États-Unis. Ils ont mis en œuvre des politiques visant à promouvoir la croissance économique et la modernisation, comme la construction d'infrastructures, l'encouragement des investissements étrangers et la promotion de l'industrialisation.

Cependant, cette période a également été marquée par la répression politique et l'autoritarisme, les dirigeants sonoriens cherchant à maintenir leur contrôle sur le pays et à supprimer toute opposition à leurs politiques. Cela a conduit à un certain nombre de violations des droits de l'homme et de répressions politiques au cours de cette période, notamment la persécution des syndicats, la suppression de la dissidence politique et l'exil forcé de nombreux opposants politiques.

Le programme de modernisation mis en œuvre par les dirigeants sonoriens au cours des années 1920 et 1930 était axé sur le développement de l'agriculture, de l'irrigation, des transports et des infrastructures bancaires afin de créer une économie plus prospère et autosuffisante. Ce programme était similaire à bien des égards au programme de modernisation de l'ère du Porfiriato, mais il présentait quelques différences importantes.

L'une des principales différences était que les dirigeants sonoriens se concentraient davantage sur le développement du secteur agricole du Mexique, plutôt que sur le secteur industriel. Ils ont mis en œuvre des politiques visant à accroître la productivité agricole, comme la construction de systèmes d'irrigation et de routes, et l'octroi de crédits bancaires aux agriculteurs. Cependant, ils ont également cherché à promouvoir une certaine industrialisation, en particulier dans le secteur agricole, par exemple, dans la production de coton, de sucre et d'autres produits agricoles.

Une autre différence importante est que le programme de modernisation sonorien était davantage axé sur le développement national et l'autosuffisance, plutôt que de compter sur les investissements étrangers. Ils cherchaient à créer une économie plus indépendante et autosuffisante, en favorisant l'industrie nationale et en limitant l'influence des investisseurs étrangers.

L'économie mexicaine a souffert des crises de 1921 et 1929, ce qui a entraîné le retour de nombreux travailleurs mexicains des États-Unis. Les dirigeants sonoriens ont pu mettre en œuvre certaines de leurs politiques de modernisation au cours de cette période, ce qui a entraîné une croissance importante du secteur agricole et le développement des infrastructures dans le nord du pays. En revanche, le centre du pays a rencontré plus de difficultés, notamment en matière de production alimentaire.

La population du Mexique a doublé, passant de 20 millions d'habitants en 1920 à 40 millions en 1940, ce qui a exercé une pression sur la capacité de production alimentaire du pays. Malgré les efforts de modernisation, le secteur agricole a eu du mal à répondre à la demande d'une population en forte croissance, ce qui a entraîné un déclin de la production alimentaire.

Il convient également de mentionner que le retour forcé des travailleurs mexicains des États-Unis n'a pas été une évolution positive pour l'économie du pays, car il a aggravé les problèmes de chômage et de pauvreté déjà existants. De plus, la croissance démographique et les luttes économiques de cette période, combinées à la répression politique et à l'autoritarisme du gouvernement sonorien, ont créé une situation difficile pour de nombreux Mexicains durant cette période.

Les dirigeants sonoriens cherchaient à contrôler les classes ouvrières par l'intégration plutôt que par la répression, ce qui était l'approche utilisée par Porfirio Díaz. Ils pensaient qu'en améliorant le niveau de vie des classes ouvrières, ils pourraient réduire la menace de révolution et de troubles sociaux.

La réforme agraire mise en œuvre au cours de cette période a eu une portée importante, car elle a touché un grand nombre de paysans. Cependant, tous les paysans n'ont pas pu bénéficier de la réforme. On estime que seuls 10% de la paysannerie, soit environ 40% de la population rurale, ont bénéficié de la réforme agraire. Cela était particulièrement vrai dans le centre du pays, où le zapatisme avait été fort.

La réforme agraire était un élément central du programme de modernisation de Sonorian, visant à créer un secteur agricole plus prospère et autosuffisant. Le gouvernement a mis en œuvre des politiques visant à accroître la productivité agricole et à améliorer le niveau de vie de la population rurale. Malgré ses limites, il s'agit d'une avancée significative dans la résolution du problème de la répartition des terres et de la pauvreté dans les zones rurales.

Au cours de cette période, l'approche du gouvernement envers la classe ouvrière était un mélange de contrôle, de cooptation et de répression. Le principal syndicat est progressivement placé sous le contrôle du ministre de l'Industrie, ce qui constitue un moyen pour le gouvernement d'exercer un contrôle sur le mouvement ouvrier. Dans le même temps, les syndicats socialistes, anarchistes et communistes sont réprimés et le droit de grève est restreint.

Le gouvernement pensait qu'en contrôlant le mouvement syndical et en cooptant ses dirigeants, il pouvait empêcher la montée de mouvements radicaux ou révolutionnaires parmi les travailleurs. Cependant, cette approche signifiait également que le gouvernement était en mesure de supprimer toute forme de dissidence au sein de la classe ouvrière et de restreindre ses droits d'organisation et de protestation.

La répression et le contrôle de la classe ouvrière faisaient partie d'une stratégie plus large du gouvernement visant à maintenir la stabilité sociale et le contrôle de la population au cours de cette période. Si les efforts de modernisation du gouvernement ont permis d'améliorer le niveau de vie, la répression du mouvement ouvrier et la restriction de ses droits ont créé une situation difficile pour de nombreux Mexicains au cours de cette période.

L'approche du gouvernement à l'égard des partis politiques durant cette période consistait à neutraliser les partis indépendants et à créer un système de partis dominants. Cet objectif a été atteint par la formation du Parti national révolutionnaire (PNR), qui était le précurseur institutionnel de l'actuel Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). Le PNR a été créé en 1929 et a dominé la scène politique du Mexique jusque dans les années 2000. Le parti disposait d'un vaste réseau de patronage et de contrôle, et il était capable de coopter et de neutraliser les autres partis politiques.

Le PNR a été créé en tant que coalition de différentes factions, notamment les sonorisateurs, les zapatistes et d'autres groupes issus de la révolution. L'objectif principal du parti était de maintenir la stabilité et la continuité du gouvernement, et il a pu y parvenir par une combinaison de contrôle, de cooptation et de répression. La domination du PNR sur la scène politique a eu pour effet de marginaliser les partis d'opposition et de permettre au gouvernement de maintenir un haut degré de contrôle sur la population.

La domination du PNR a également permis au gouvernement de mettre en œuvre des politiques favorables à la modernisation et au développement du pays. Cependant, elle a également entraîné un manque de concurrence politique et de responsabilité, ce qui a conduit à un manque de transparence et à une concentration du pouvoir entre les mains du parti au pouvoir.

L'un des principaux changements survenus pendant la révolution mexicaine a été la réorganisation de l'armée. Sous le régime de Porfirio Díaz, la garde rurale était la principale force militaire chargée de maintenir l'ordre et de faire appliquer les politiques du gouvernement dans les campagnes. Cependant, pendant la révolution, la garde rurale a été remplacée par une nouvelle armée nationale, plus centralisée et mieux équipée.

La nouvelle armée nationale a été créée pour consolider le pouvoir et le contrôle sur les différentes régions du pays, ainsi que pour se défendre contre les agressions étrangères. La nouvelle armée était mieux entraînée et équipée et disposait d'armes plus perfectionnées que la garde rurale, ce qui a contribué à maintenir la stabilité et l'ordre pendant la révolution.

La nouvelle armée nationale a également été utilisée pour mettre en œuvre des politiques de modernisation et de développement, telles que la construction d'infrastructures, la promotion de l'éducation et de la santé publique, et la réalisation de la réforme agraire. La nouvelle armée a également joué un rôle clé dans le maintien de la stabilité et de la sécurité pendant la période du gouvernement sonorien et les années qui ont suivi.

En plus de la nouvelle armée nationale, le gouvernement a également créé une nouvelle force de police, la police rurale fédérale, afin de maintenir l'ordre dans les zones rurales et de soutenir l'armée nationale dans l'accomplissement de ses tâches. Cette nouvelle force de police était chargée de faire appliquer les politiques du gouvernement et de maintenir l'ordre dans les campagnes, en particulier dans les zones où la réforme agraire était mise en œuvre.

Construction du nationalisme mexicain

Pendant la révolution mexicaine et dans les années qui ont suivi, le Mexique a cherché à construire une nouvelle identité nationale fondée sur ses racines métisses et indigènes. Il s'agissait d'un changement important par rapport au précédent régime porfirien, qui avait cherché à mettre en valeur l'héritage européen du Mexique et à minimiser la population indigène et métisse du pays.

Le nouveau gouvernement révolutionnaire cherche à promouvoir une nouvelle identité nationale qui célèbre l'héritage métis et indigène du Mexique, considéré comme une source de force et d'unité pour le pays. Cela s'est reflété dans les politiques et les initiatives culturelles du gouvernement, comme la promotion des langues indigènes, l'utilisation de symboles et de motifs précolombiens dans l'art et l'architecture, et la célébration des fêtes et des coutumes traditionnelles.

Le gouvernement a également cherché à promouvoir une nouvelle histoire nationale qui mettait l'accent sur les contributions des populations indigènes et métisses du Mexique, et qui soulignait le rôle de ces groupes dans le façonnement de l'identité culturelle et politique du pays.

Cette nouvelle identité nationale s'est également reflétée dans les politiques politiques et économiques du gouvernement, qui a souligné l'importance de l'autosuffisance nationale et de la protection des ressources et des industries du Mexique contre la domination étrangère. Cela s'est traduit par la nationalisation d'industries clés telles que le pétrole et la réforme agraire, qui visait à redistribuer des terres à la population indigène et métisse du Mexique.

Ainsi, cette construction identitaire nationaliste était un moyen de créer un sentiment d'unité et de cohésion nationales, de légitimer les politiques du nouveau gouvernement et d'affirmer la souveraineté et l'indépendance du Mexique face à l'influence étrangère.

Fresque par Diego Rivera.

Cette période a également vu l'essor du muralisme au Mexique, qui célébrait l'histoire, la culture et le peuple du pays, et la création de l'École nationale d'anthropologie et d'histoire, qui visait à étudier et à promouvoir la culture et l'histoire du Mexique. En outre, le gouvernement a parrainé la création d'un système d'éducation nationale, qui visait à promouvoir les idéaux du nationalisme et à créer un sentiment d'identité nationale chez les Mexicains. Dans l'ensemble, cette période de la révolution mexicaine a été marquée par la construction d'un nouveau nationalisme mexicain fondé sur l'héritage métis et indigène du pays, qui visait à unir la population diverse du pays sous une identité et une culture communes.

Le soutien du gouvernement à l'anthropologie et à l'archéologie a été un aspect important de la construction de ce nouveau nationalisme mexicain. L'École nationale d'anthropologie et d'histoire, créée en 1919, avait pour objectif d'étudier et de promouvoir la culture et l'histoire du Mexique, en mettant l'accent sur l'héritage indigène et précolombien du pays. Elle a contribué à revaloriser les cultures indigènes du Mexique et à promouvoir une identité nationale fondée sur le riche patrimoine culturel du pays. En outre, le soutien du gouvernement à l'anthropologie et à l'archéologie a également contribué à préserver le patrimoine culturel du pays et à promouvoir l'étude des cultures et des sociétés indigènes, qui étaient souvent marginalisées et sous-évaluées par le passé.

José Vasconcelos, philosophe, écrivain et homme politique, est considéré comme l'un des principaux architectes de la politique culturelle de la révolution mexicaine. Il a occupé le poste de ministre de l'éducation entre 1921 et 1924 et, pendant cette période, il a mis en œuvre un certain nombre de politiques culturelles et éducatives importantes, notamment la promotion de la culture indigène et la célébration du mestizaje ou métissage. Dans son livre "La Raza Cósmica", publié en 1925, il imagine un futur Mexique composé d'une "race cosmique" d'individus métissés, puisant dans l'héritage indigène, européen et africain du pays. Cette idée de "race cosmique" visait à promouvoir un sentiment d'unité nationale et de fierté à l'égard du patrimoine culturel diversifié du Mexique. Elle est devenue un aspect important de l'identité nationale du pays pendant la période post-révolutionnaire.

Si les idées de Vasconcelos étaient progressistes pour l'époque, elles étaient également problématiques et avaient des relents racistes. L'idée d'une "race cosmique" était censée promouvoir l'unité et la fierté nationale, mais elle a également perpétué l'idée d'une hiérarchie raciale et la disparition éventuelle des communautés indigènes et afro-mexicaines. La célébration du mestizaje, ou mélange racial, a également ignoré la discrimination et la marginalisation dont sont victimes les communautés indigènes et afro-mexicaines dans le pays.

Diego Rivera avec Frida Kahlo, sa troisième épouse.

Les années des Sonoriens, entre 1920 et 1934, ont vu une période de modernisation et la mise en place d'un gouvernement nationaliste qui célébrait le patrimoine mixte du pays. Bien que certaines réformes sociales et économiques aient été mises en œuvre, il ne s'agissait pas d'une révolution socialiste et le gouvernement a maintenu le contrôle sur les classes ouvrières par un mélange de contrôle, de cooptation et de répression. Le gouvernement a également promu une idéologie nationaliste qui célébrait le patrimoine mixte et les racines indigènes du pays. Dans l'ensemble, il s'agit d'une période de transformation de l'histoire du Mexique qui a jeté les bases du développement du pays au cours des décennies suivantes.

C'est également à cette époque que le gouvernement a investi massivement dans la construction d'écoles et d'universités dans tout le pays, dans le but d'améliorer l'éducation et les taux d'alphabétisation. L'objectif était d'utiliser l'éducation comme un outil de construction de la nation et de créer une population plus informée et politiquement active. L'accent mis sur l'éducation était également considéré comme un moyen d'améliorer la vie des pauvres et de créer une société plus égalitaire. Cependant, malgré ces efforts, de nombreuses communautés rurales et indigènes n'ont toujours qu'un accès limité à l'éducation, et le fossé entre les personnes instruites et non instruites reste important.

Sous Vasconcelos, l'éducation a représenté jusqu'à 14% du budget national, des écoles ont été ouvertes dans les villages, des enseignants itinérants ont été envoyés dans les zones reculées, des cours du soir ont été ouverts pour apprendre aux adultes à lire et à écrire, et des bibliothèques ont été ouvertes avec des ouvrages d'auteurs mexicains. Entre 1921 et 1934, le taux d'analphabétisme est passé de 72% à 62% et près de la moitié des enfants ont été scolarisés. Cette célébration du métissage s'est faite sous l'égide de Vasconcelos, qui fut ministre de l'éducation entre 1921 et 1924. Il est surtout connu pour son ouvrage La Raza Comisca qu'il publie en 1925 et qui imagine la race cosmique composée de métis, d'Européens, d'Indiens et d'Africains. Dans le même temps, cette période a également vu l'idéologie que l'éducation peut améliorer la race, en particulier les Indiens, c'est à cette époque que Vasconcelos parmi d'autres avait beaucoup poussé l'éducation du pays. Tout cela se faisait d'abord à l'école, tout comme après la Révolution française, la révolution mexicaine était convaincue que l'instituteur remplacerait le prêtre, devenant le lien entre les citoyens et l'Etat.

Tout cela a été fait pour promouvoir la conscience nationale et l'identité culturelle au Mexique dans les années 1920 et 1930. Le gouvernement a investi massivement dans l'éducation et les arts afin de créer une identité nationale forte et unifiée. L'accent était mis sur la célébration du patrimoine métissé et indigène du pays, tout en s'efforçant de réduire les taux d'analphabétisme et de promouvoir l'alphabétisation. Ces efforts ont été largement couronnés de succès, le taux d'analphabétisme étant passé de 72 % à 62 % et le taux de scolarisation ayant augmenté de manière significative. En outre, le soutien du gouvernement aux arts a permis l'émergence de plusieurs artistes de renommée internationale, tels que Diego Rivera, Orozco et Frida Kahlho.

En résumé, les années 1920 à 1934, également connues sous le nom d'années sonoriennes, ont été caractérisées par un souci de modernisation et d'intégration nationale. Le gouvernement, dirigé par des hommes de la région de Sonora, a cherché à transformer le Mexique en un pays prospère et moderne, en se concentrant sur l'agriculture, l'irrigation et la technologie. Ils ont également mis en œuvre une réforme agraire nationale et des protections sociales pour les travailleurs, tout en supprimant les partis politiques indépendants et en réprimant les syndicats socialistes, anarchistes et communistes. En outre, au cours de ces années, le Mexique a développé un fort sentiment de nationalisme, enraciné dans son patrimoine métis et indigène, par le biais de l'éducation, de l'archéologie et des arts. Ce mouvement a continué à avoir un impact durable sur le pays et la région.

Le gouvernement de Lázaro Cárdenas, 1934 – 1940

Lázaro Cárdenas.

Pendant son gouvernement, Lázaro Cárdenas met en œuvre un certain nombre de réformes sociales et économiques, notamment la nationalisation de l'industrie pétrolière, l'expropriation de grands domaines, la création d'un système d'ejidos (propriété foncière communale) et l'établissement d'un système de droits du travail. Il s'est également efforcé d'améliorer les conditions de vie de la population indigène, notamment en créant un système d'écoles indigènes.

Cárdenas est également connu pour son programme de réforme agraire, qui a redistribué des terres à la paysannerie, ainsi que pour ses efforts visant à améliorer la vie de la population rurale. Il a notamment créé des écoles rurales, des dispensaires et d'autres services sociaux dans les campagnes.

Cependant, son gouvernement a également dû faire face à certains défis, comme la rébellion zapatiste dans l'État de Morelos, menée par les partisans de Zapata qui estimaient que le gouvernement n'avait pas fait assez pour mettre en œuvre les idéaux de la révolution.

En termes de politique étrangère, le gouvernement de Cárdenas a maintenu une politique de non-ingérence et de non-alignement, qui était conforme à la politique étrangère traditionnelle de neutralité du Mexique. Il a également cherché à renforcer les liens avec les autres pays d'Amérique latine, ce qui a conduit à la formation de la Société des Nations des Amériques en 1938.

En outre, le gouvernement de Cárdenas a mis en œuvre des politiques visant à améliorer les conditions de vie de la population rurale, comme la construction d'écoles, d'hôpitaux et de routes dans les zones rurales, ainsi qu'une série de mesures destinées à promouvoir le développement de l'agriculture et de l'industrie. Il a également introduit des mesures visant à améliorer les droits des travailleurs et a créé les premières industries gérées par l'État, comme la nationalisation de l'industrie pétrolière en 1938. Le gouvernement de Cárdenas a également mis l'accent sur les programmes de protection sociale et de santé publique. Le gouvernement de Cárdenas est considéré comme l'un des plus progressistes et des plus orientés vers le social de l'histoire du Mexique, et il a eu un impact significatif sur le développement politique et social du pays.

Cárdenas a également nationalisé l'industrie pétrolière, qui était principalement aux mains de sociétés étrangères, notamment américaines. C'est un coup dur pour les États-Unis, qui ont longtemps considéré le Mexique comme leur arrière-cour. La nationalisation de l'industrie pétrolière symbolise l'indépendance et la souveraineté retrouvées du Mexique.

Outre ces politiques, Cárdenas a également mis en œuvre un certain nombre de programmes de protection sociale, tels que la création d'un système de santé publique et le développement de l'éducation et du logement. Il a également cherché à promouvoir les droits et la culture indigènes, cimentant davantage la "mexicanidad" qui avait été promue au cours des années précédentes.

Cárdenas a également nationalisé l'industrie pétrolière en 1938, brisant le quasi-monopole des compagnies pétrolières étrangères au Mexique et affirmant le contrôle du pays sur ses ressources naturelles. Cette mesure a permis d'augmenter considérablement les revenus du gouvernement et de consolider la position du Mexique en tant que grand producteur de pétrole. Cárdenas a également étendu le rôle économique de l'État, en mettant en œuvre des politiques qui ont contribué à moderniser et à industrialiser le pays. Sa présidence est souvent considérée comme un tournant dans l'histoire du Mexique, car elle a marqué un changement vers un gouvernement plus populiste et socialiste qui donnait la priorité aux besoins des classes ouvrières et rurales.

Il s'agissait d'un changement majeur, car le Mexique était à l'époque l'un des plus grands pays producteurs de pétrole au monde, et les entreprises étrangères, principalement américaines, dominaient l'industrie pétrolière. La nationalisation de l'industrie pétrolière était une mesure audacieuse qui a permis d'augmenter les revenus de l'État et le contrôle des ressources naturelles du pays. Elle a également envoyé un message fort aux entreprises étrangères : le Mexique ne tolérerait pas qu'elles exploitent ses ressources. Cette mesure a été très populaire au Mexique, et Cárdenas est devenu un héros national pour sa position contre la domination étrangère. La nationalisation de l'industrie pétrolière a également créé un précédent pour les autres pays de la région et a contribué à consolider la position du Mexique en tant que leader dans la région.

Cette mesure audacieuse a également renforcé la position du Mexique en tant que nation souveraine et a contribué à en faire un leader en Amérique latine en termes d'indépendance économique et politique. La nationalisation de l'industrie pétrolière a également fourni au gouvernement une importante source de revenus, qu'il a utilisée pour financer d'autres réformes sociales et économiques, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé et du développement des infrastructures. La présidence de Cárdenas a marqué un tournant dans l'histoire du Mexique et ses politiques ont eu un impact durable sur le pays.

Cette décision a contribué à consolider l'emprise du parti sur le pouvoir et a jeté les bases de la domination du PRI sur la politique mexicaine pendant les décennies suivantes. Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) a été créé en 1929 sous le nom de Parti national révolutionnaire (PNR) et a été le parti au pouvoir au Mexique de 1929 à 2000. Les politiques et les réformes mises en œuvre par Cárdenas pendant sa présidence ont jeté les bases de l'idéologie politique du PRI et ont contribué à consolider son soutien parmi la classe ouvrière et les paysans. L'accent mis par le parti sur le nationalisme économique, la réforme agraire et les programmes de protection sociale sont devenus des éléments clés de son programme. Cela a contribué à en faire une force politique dominante au Mexique pendant plusieurs décennies. La présidence de Cárdenas est souvent considérée comme un moment fort de la révolution mexicaine, car elle a marqué une étape importante dans le développement social et économique du pays, en particulier dans les domaines de la réforme agraire, des droits des travailleurs et de la nationalisation des industries clés.

Les politiques mises en œuvre par Cárdenas et son gouvernement ont servi de prélude à la formation du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui allait dominer la politique mexicaine pendant les sept décennies suivantes. Le PRI a construit sur les bases posées par la révolution, continuant à mettre en œuvre des politiques visant à l'intégration nationale et à la modernisation, tout en promouvant les idéaux de "mexicanidad" et de fierté nationale. La longévité et la domination du PRI dans la politique mexicaine peuvent être attribuées en partie aux succès de la période révolutionnaire, qui a établi un fort sentiment d'identité nationale et un désir de stabilité politique dans le pays.

Les gouvernements post-Cárdenas, connus sous le nom de "dictature parfaite", se sont davantage concentrés sur la croissance économique et la modernisation, souvent au détriment de la population rurale et de la classe ouvrière. Ils ont également mis l'accent sur les investissements étrangers et les entreprises privées, ce qui a entraîné une augmentation des inégalités et un déclin du soutien aux idéaux révolutionnaires. Malgré cela, l'héritage de la révolution mexicaine, notamment les réformes constitutionnelles et la célébration de la culture et de l'identité mexicaines, continuera à façonner le pays pendant des décennies.

Annexes

  • Posada, et al. “La Revolución Mexicana y Los Estados Unidos En Las Colecciones De La Biblioteca Del Congreso El Ascenso De Francisco Madero.” El Ascenso De Francisco Madero - La Revolución Mexicana y Los Estados Unidos En Las Colecciones De La Biblioteca Del Congreso | Exposiciones - La Biblioteca Del Congreso, www.loc.gov/exhibits/mexican-revolution-and-the-united-states/rise-madero-sp.html.

Références