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La réforme agraire au Guatemala, promulguée sous le président Jacobo Arbenz, visait à redistribuer les terres des grandes plantations non cultivées aux paysans sans terre et aux petits agriculteurs. La réforme était considérée comme un moyen de lutter contre la pauvreté et les inégalités généralisées dans le pays, où seulement 2% de la population possédait 70% des terres. La loi autorisait l'expropriation des terres inutilisées des grands propriétaires fonciers avec une compensation basée sur la valeur déclarée de la propriété à des fins fiscales. Les terres étaient ensuite distribuées aux paysans sans terre et aux petits agriculteurs, afin d'augmenter la productivité agricole et de créer une distribution plus équitable des terres. La réforme agraire s'est heurtée à l'opposition farouche de la United Fruit Company, qui possédait de vastes propriétés foncières au Guatemala et risquait de perdre de grandes quantités de terres. La compagnie a fait pression sur le gouvernement américain pour qu'il prenne des mesures contre le gouvernement Arbenz, affirmant que la réforme agraire était d'inspiration communiste et menaçait les intérêts américains dans la région.<ref>Paterson, Thomas G. et al (2009) ; American Foreign Relations: A History, Volume 2: Since 1895, Cengage Learning, ISBN 0547225695, p. 304</ref>
La réforme agraire au Guatemala, promulguée sous le président Jacobo Arbenz, visait à redistribuer les terres des grandes plantations non cultivées aux paysans sans terre et aux petits agriculteurs. La réforme était considérée comme un moyen de lutter contre la pauvreté et les inégalités généralisées dans le pays, où seulement 2% de la population possédait 70% des terres. La loi autorisait l'expropriation des terres inutilisées des grands propriétaires fonciers avec une compensation basée sur la valeur déclarée de la propriété à des fins fiscales. Les terres étaient ensuite distribuées aux paysans sans terre et aux petits agriculteurs, afin d'augmenter la productivité agricole et de créer une distribution plus équitable des terres. La réforme agraire s'est heurtée à l'opposition farouche de la United Fruit Company, qui possédait de vastes propriétés foncières au Guatemala et risquait de perdre de grandes quantités de terres. La compagnie a fait pression sur le gouvernement américain pour qu'il prenne des mesures contre le gouvernement Arbenz, affirmant que la réforme agraire était d'inspiration communiste et menaçait les intérêts américains dans la région.<ref>Paterson, Thomas G. et al (2009) ; American Foreign Relations: A History, Volume 2: Since 1895, Cengage Learning, ISBN 0547225695, p. 304</ref>


En 18 mois, 700 000 hectares sont distribués à 18 000 familles. Immédiatement, il y a opposition de la United Fruit Company parce qu’elle possède d’énormes étendues de terres dont 85 % ne sont pas cultivées, ce sont des réserves pour son expansion avenir.
En 1954, après 13 ans de dictature, Juan Jose Arevalo est élu président du Guatemala avec un programme de démocratisation et de modernisation du pays. Le pays adopte une nouvelle constitution et un code du travail moderne, et une campagne d'alphabétisation est menée. Succédant à Arevalo, Jacobo Arbenz, qui était de centre-gauche, visait à faire du Guatemala un État indépendant doté d'une économie capitaliste. Il met en œuvre une réforme agraire promulguée en 1952, qui permet l'expropriation des terres non cultivées des grandes plantations avec une compensation du gouvernement. En 18 mois, 700 000 hectares ont été distribués à 18 000 familles. Cependant, la United Fruit Company, qui possède d'immenses étendues de terre, s'oppose à la réforme car 85 % de ses terres sont incultes et réservées à son expansion future.


[[File:President Eisenhower and John Foster Dulles in 1956.jpg|thumb|left|200px|Operation PBSUCCESS: US President Dwight D. Eisenhower and Secretary of State John Foster Dulles, the executor and the advocate of the 1954 Guatemalan “coup d’état” that deposed President Jacobo Árbenz Guzmán.]]
[[File:President Eisenhower and John Foster Dulles in 1956.jpg|thumb|left|200px|Operation PBSUCCESS: US President Dwight D. Eisenhower and Secretary of State John Foster Dulles, the executor and the advocate of the 1954 Guatemalan “coup d’état” that deposed President Jacobo Árbenz Guzmán.]]
   
   
Le gouvernement offre 627 000 dollars d’indemnité. Il y a immédiatement une opposition au Guatemala, mais aussi depuis les États-Unis qui lancent des accusations de communisme<ref>Holly, Susan K., and David S. Patterson. Foreign Relations of the United States, 1952-1954. U.S. G.P.O., 2003. url: https://books.google.fr/books?id=jY89Lqr5QnYC&lpg=PA106&dq=guatemala%20psywar&pg=PA106#v=onepage&q=guatemala%20psywar&f=false</ref><ref>Immerman, Richard H. The CIA in Guatemala: the Foreign Policy of Intervention. University of Texas, 1982. url: https://books.google.fr/books?id=erAkfz6c9HoC&lpg=PA113&dq=guatemala%20psywar%20bernays&pg=PA113#v=onepage&q&f=false</ref>.
Le gouvernement guatémaltèque a offert 627 000 dollars de compensation à la United Fruit Company pour l'expropriation de leurs terres non cultivées dans le cadre de la réforme agraire. Cependant, les Guatémaltèques et les États-Unis s'y opposent, en lançant des accusations de communisme.<ref>Holly, Susan K., and David S. Patterson. Foreign Relations of the United States, 1952-1954. U.S. G.P.O., 2003. url: https://books.google.fr/books?id=jY89Lqr5QnYC&lpg=PA106&dq=guatemala%20psywar&pg=PA106#v=onepage&q=guatemala%20psywar&f=false</ref><ref>Immerman, Richard H. The CIA in Guatemala: the Foreign Policy of Intervention. University of Texas, 1982. url: https://books.google.fr/books?id=erAkfz6c9HoC&lpg=PA113&dq=guatemala%20psywar%20bernays&pg=PA113#v=onepage&q&f=false</ref>
   
   
Le gouvernement américain agit au nom de la United Fruit Company et demande 25 fois l’indemnité proposée en accusant Arbenz de communiste.
En réponse à la réforme agraire du gouvernement guatémaltèque et à l'expropriation des terres de la United Fruit Company, le gouvernement des États-Unis a agi au nom de cette dernière. Il a exigé 25 fois la compensation proposée, accusant Arbenz d'être un communiste. Les accusations de communisme étaient un prétexte commode pour le gouvernement américain d'intervenir et de protéger les intérêts de la United Fruit Company. La CIA est autorisée à fournir des armes et une formation à l'armée guatémaltèque, que des agents américains ont déjà infiltrée. Le terrain était préparé pour un coup d'État contre Arbenz.
 
L’idée est que les petites nations d’Amérique centrale sont les maillons d’une seule chaine et que si le Guatemala tombe les autres nations vont tomber jusqu’à remettre en cause le canal de Panama qui pourrait tomber aux mains des Soviétiques.
Les responsables américains voyaient la propagation du communisme comme un effet domino, où la chute d'un pays au communisme entraînerait la chute d'autres pays de la région. Ils craignent que la chute du Guatemala au communisme n'encourage d'autres mouvements gauchistes dans la région, ce qui entraînerait la chute d'autres gouvernements. Le canal de Panama serait également menacé. Cela fait partie de la stratégie plus large d'endiguement du communisme dans la région, que les États-Unis poursuivent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
 
Les États-Unis demandent à l’OEA une intervention militaire au Guatemala qui est refusé, la CIA organise une attaque depuis le Honduras en même temps que des exilés guatémaltèques organisent un coup d’État<ref> http://www.coha.org/NEW_PRESS_RELEASES/Matt%20Ward/MW_Appendix_A.htm </ref><ref>AA, teleSUR -. “Invasión De EE.UU. En Guatemala, Causas y Consecuencias.” TeleSUR, TeleSUR, 27 June 2019, www.telesurtv.net/news/golpe-estado-guatemala-eeuu-20180627-0007.html.</ref><ref>Jiménez, Hugo Murillo. “LA INTERVENCION NORTEAMERICANA EN GUATEMALA EN 1954. DOS INTERPRETACIONES RECIENTES.” Anuario De Estudios Centroamericanos, vol. 11, no. 2, 1985, pp. 149–155., www.jstor.org/stable/40682697.</ref><ref>Chúa, Luis Morales. “El Papel De Guatemala En Asambleas De La OEA.” Prensa Libre, 25 Aug. 2017, www.prensalibre.com/opinion/el-papel-de-guatemalaen-asambleas-de-la-oea/.</ref>.
En 1954, les États-Unis demandent à l'OEA une intervention militaire au Guatemala, mais cette demande est refusée. Malgré cela, la CIA planifie et exécute une attaque contre le Guatemala depuis le Honduras, tandis que les exilés guatémaltèques organisent un coup d'État. L'armée guatémaltèque est rapidement vaincue et Arbenz démissionne de son poste. Après le coup d'État, une série de gouvernements militaires répressifs ont été mis en place avec le soutien des États-Unis, entraînant des décennies de violence politique et de répression dans le pays.<ref> http://www.coha.org/NEW_PRESS_RELEASES/Matt%20Ward/MW_Appendix_A.htm </ref><ref>AA, teleSUR -. “Invasión De EE.UU. En Guatemala, Causas y Consecuencias.” TeleSUR, TeleSUR, 27 June 2019, www.telesurtv.net/news/golpe-estado-guatemala-eeuu-20180627-0007.html.</ref><ref>Jiménez, Hugo Murillo. “LA INTERVENCION NORTEAMERICANA EN GUATEMALA EN 1954. DOS INTERPRETACIONES RECIENTES.” Anuario De Estudios Centroamericanos, vol. 11, no. 2, 1985, pp. 149–155., www.jstor.org/stable/40682697.</ref><ref>Chúa, Luis Morales. “El Papel De Guatemala En Asambleas De La OEA.” Prensa Libre, 25 Aug. 2017, www.prensalibre.com/opinion/el-papel-de-guatemalaen-asambleas-de-la-oea/.</ref>
 
Arbenz est forcé à démissionner, mais il accuse directement la United Fruit Company et Washington provocant des manifestations antiyankees dans toute l’Amérique latine.
Après l'intervention militaire, Arbenz est contraint de démissionner et s'exile. Toutefois, avant de partir, il a publiquement accusé la United Fruit Company et Washington d'orchestrer des manifestations anti-yankees dans toute l'Amérique latine. La chute d'Arbenz a marqué le début d'une période d'instabilité et de violence au Guatemala qui allait durer des décennies.
 
Eisenhower clame sa victoire contre les communistes et Moscou faisant remplacer le gouvernement de Arbenz par une dictature militaire, les expropriations sont annulées, les syndicats détruits et les personnes soupçonnées de communisme sont arrêtés, on ira jusqu’à interdire les misérables de Victor Hugo<ref>[http://books.google.fr/books?id=3m4h8GKT-KsC&lpg=PT62&ots=Eb1TBLiyUm&dq=guatemala%20interdiction%20victor%20hugo&hl=fr&pg=PT62#v=onepage&q=%20victor%20hugo&f=false Le Livre noir de la CIA: Les archives dévoilées], Yvonnick Denoël</ref> et 18 000 personnes seront exécutées laissant libre champ à la United Fruit Company.
Après la démission forcée d'Arbenz, le gouvernement américain crie victoire contre le communisme et remplace son gouvernement par une dictature militaire. Le nouveau régime annule les expropriations, détruit les syndicats et arrête les communistes présumés. Le régime a également interdit Les Misérables de Victor Hugo, et environ 18 000 personnes ont été exécutées. La United Fruit Company est laissée libre de poursuivre ses activités au Guatemala.<ref>[http://books.google.fr/books?id=3m4h8GKT-KsC&lpg=PT62&ots=Eb1TBLiyUm&dq=guatemala%20interdiction%20victor%20hugo&hl=fr&pg=PT62#v=onepage&q=%20victor%20hugo&f=false Le Livre noir de la CIA: Les archives dévoilées], Yvonnick Denoël</ref>  
 
Dans la période de guerre froide, il y a un exemple différent où on essaie de faire une réforme au bénéfice de la population qui est la Bolivie.
La Bolivie est un cas intéressant de pays qui tente de mettre en œuvre des réformes sociales et économiques au profit de sa population pendant la période de la guerre froide. En 1952, un mouvement révolutionnaire mené par les mineurs et les paysans a renversé la dictature militaire. Il a établi un gouvernement démocratique, le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), qui s'est lancé dans un programme de réformes sociales et économiques. Le gouvernement du MNR a nationalisé les mines d'étain de Bolivie, qui avaient été contrôlées par des sociétés étrangères. Il a utilisé les bénéfices des mines pour financer des programmes sociaux, tels que la réforme agraire, l'éducation et les soins de santé. Le gouvernement a également accordé la citoyenneté et le droit de vote aux populations autochtones, qui étaient auparavant exclues de la participation politique. Ces réformes n'ont cependant pas été sans difficultés. La nationalisation des mines a entraîné un conflit avec les États-Unis, qui avaient beaucoup investi dans les mines. Le gouvernement du MNR est confronté à l'opposition des forces conservatrices de Bolivie, hostiles aux réformes. Malgré ces difficultés, le gouvernement du MNR poursuit la mise en œuvre de son programme de réformes, connu sous le nom de Révolution nationale. Les réformes sont populaires parmi la majorité pauvre et ouvrière de Bolivie, mais elles se heurtent également à la résistance de l'élite riche et puissante du pays. En fin de compte, la Révolution nationale n'a été que partiellement couronnée de succès, et l'histoire de la Bolivie dans la seconde moitié du 20e siècle est marquée par l'instabilité politique et les conflits sociaux. Néanmoins, la tentative de mise en œuvre de réformes sociales et économiques face à des structures de pouvoir bien établies et à des pressions extérieures constitue un exemple important et inspirant de lutte démocratique en Amérique latine.


= La Révolution cubaine =     
= La Révolution cubaine =     

Version du 27 février 2023 à 16:36


La guerre froide est une période de tensions géopolitiques intenses et de conflits entre les puissances occidentales, menées par les États-Unis, et les puissances orientales, menées par l'Union soviétique, qui a duré de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au début des années 1990. En Amérique latine, la guerre froide a eu un impact considérable sur la politique et l'économie de la région.

La révolution cubaine, qui a eu lieu en 1959 et qui était dirigée par Fidel Castro, a eu un impact majeur sur la région et a été considérée comme un défi important pour les intérêts des États-Unis dans la région. La révolution a abouti à l'établissement d'un gouvernement communiste à Cuba, qui a été considéré comme une extension de l'influence soviétique dans la région. Les tensions entre les États-Unis et Cuba se sont accrues et le gouvernement américain a tenté à plusieurs reprises de renverser le gouvernement cubain, notamment par l'invasion ratée de la baie des Cochons en 1961.

À la suite de la révolution cubaine, les États-Unis ont adopté une politique d'intervention en Amérique latine pour empêcher la propagation du communisme dans la région. Cela a conduit les États-Unis à soutenir des gouvernements autoritaires, à soutenir des rebelles anticommunistes, tels que les Contras au Nicaragua, et à soutenir des coups d'État militaires, tels que celui du Chili en 1973. Cette intervention des États-Unis a déstabilisé davantage la région et a conduit à des violations généralisées des droits de l'homme.

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La Guerre froide en Amérique latine

La vague démocratique et l'intervention américaine (1944-1946)

De 1944 à 1946, une vague démocratique a balayé l'Amérique latine, plusieurs pays passant de régimes autoritaires à des gouvernements démocratiques. Il s'agissait d'une réponse à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui a vu un changement de la politique mondiale vers la démocratie et le désir des citoyens latino-américains d'une plus grande liberté politique.

En 1944, un coup d'État militaire au Guatemala a conduit au renversement du gouvernement autoritaire de Jorge Ubico, qui était au pouvoir depuis 1931. Cela a conduit à l'établissement d'un gouvernement démocratique et a ouvert la voie à d'autres pays de la région. En 1945, l'Argentine a organisé des élections démocratiques, au cours desquelles Juan Peron, un officier militaire, a été élu président. Cela a marqué le début d'une période de régime démocratique en Argentine, qui a duré jusqu'au renversement de Peron par un coup d'État militaire en 1955. En 1946, le Brésil a tenu ses premières élections démocratiques depuis plus de dix ans, avec l'élection d'Eurico Gaspar Dutra à la présidence. Cela a marqué la fin de la dictature de Vargas, qui était au pouvoir depuis 1930. Le Pérou a organisé des élections démocratiques et José Luis Bustamante y Rivero a été élu président. Son gouvernement a introduit des réformes du travail et nationalisé certaines industries. Haïti était sous la coupe du président Élie Lescot, dont le gouvernement était marqué par la corruption et les violations des droits de l'homme. Le Venezuela a connu une brève période de régime démocratique suite à un soulèvement populaire contre la dictature militaire d'Isaías Medina Angarita en 1945, au cours de laquelle un gouvernement de coalition a mis en œuvre des politiques progressistes et des programmes sociaux. Cependant, un coup d'État militaire en 1948 a conduit à l'établissement d'une autre dictature dans le pays.

Ces transitions démocratiques ont été considérées comme un développement positif dans la région, et les États-Unis ont soutenu ces changements, estimant que la démocratie contribuerait à promouvoir la stabilité et à empêcher la propagation du communisme. Toutefois, ces transitions n'ont pas été sans difficultés, et nombre de ces nouvelles démocraties ont été en proie à l'instabilité politique et aux difficultés économiques dans les années qui ont suivi.

Contrairement à la vague démocratique que connaissent plusieurs pays d'Amérique latine en 1944-1946, Cuba, le Honduras, le Nicaragua, le Salvador et le Paraguay continuent d'être dirigés par des dictateurs pendant cette période. À Cuba, c'est Fulgencio Batista qui est au pouvoir. Il a d'abord été élu président du pays, mais a ensuite pris le contrôle par un coup d'État militaire. Le Honduras était sous la dictature de Tiburcio Carías Andino, qui était au pouvoir depuis 1933 et gouvernait d'une main de fer. De même, Anastasio Somoza Garcia dirigeait le Nicaragua depuis 1937 en tant que dictateur, et sa famille est restée au pouvoir pendant plusieurs décennies. Le Salvador était dirigé par le général Maximiliano Hernández Martínez, qui était au pouvoir depuis 1931 et était connu pour sa répression brutale de l'opposition politique. Enfin, le Paraguay était sous la dictature d'Higinio Morínigo, qui était arrivé au pouvoir par un coup d'État militaire en 1940 et gouvernait de manière autoritaire. Ces pays sont restés sous le contrôle de ces dictateurs, tandis que d'autres dans la région ont évolué vers des gouvernements démocratiques.

En général, lors de la vague démocratique en Amérique latine en 1944-1946, les classes moyennes urbaines ont projeté les partis réformistes au pouvoir et ont souvent gagné avec le soutien des partis communistes et socialistes. Ces partis réformistes visaient à mettre en œuvre des politiques progressistes telles que des réformes foncières, des réformes du travail et des programmes sociaux destinés à lutter contre les inégalités sociales et économiques. Les classes moyennes urbaines ont soutenu ces partis parce qu'elles recherchaient une modernisation politique et économique, et ces partis promettaient de la leur apporter. Pendant ce temps, les partis communistes et socialistes soutenaient ces partis réformistes parce qu'ils partageaient leur vision de la justice sociale et économique. Toutefois, il est important de noter que le soutien des partis communistes et socialistes à ces partis réformistes était souvent une source d'inquiétude pour les États-Unis, qui craignaient la propagation du communisme dans la région. Cette crainte a conduit à l'intervention des États-Unis dans plusieurs pays d'Amérique latine après la Seconde Guerre mondiale.

Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Amérique latine a connu une reprise de l'industrialisation, les pays cherchant à moderniser leur économie et à rattraper les nations développées d'Europe et d'Amérique du Nord. L'émergence de nouvelles industries, le développement des infrastructures et la croissance de la classe moyenne urbaine ont caractérisé cette période de croissance économique. Cependant, l'entrée des États-Unis dans la guerre froide à la fin des années 1940 et la lutte mondiale qui s'ensuivit entre les États-Unis et l'Union soviétique ont eu des répercussions importantes sur l'Amérique latine.

En cherchant à contrer la propagation du communisme dans la région, les États-Unis ont souvent soutenu des régimes autoritaires hostiles aux principes démocratiques et aux libertés civiles. Cela a conduit à une longue période de perte de démocratie dans de nombreux pays d'Amérique latine et à l'émergence de dictatures militaires. Les violations des droits de l'homme, la répression de l'opposition politique et l'accent mis sur le renforcement des capacités militaires ont souvent caractérisé ces régimes.

Au cours de cette période, les États-Unis ont fourni une aide militaire et économique importante à ces régimes, souvent au détriment des valeurs démocratiques et des droits de l'homme. Les politiques de guerre froide des États-Unis en Amérique latine ont eu des effets durables sur la région, car elles ont contribué à l'érosion des institutions démocratiques et à la perpétuation des inégalités et des conflits sociaux. Ce n'est que dans les années 1980 et 1990 que l'Amérique latine a entamé une transition vers la démocratie, les dictatures militaires ayant été remplacées par des gouvernements élus et la société civile ayant commencé à exiger une plus grande responsabilité et une meilleure représentation politique.

L'impact de la guerre froide (1947)

En 1947, l'ouverture que l'Amérique latine avait connue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale est stoppée par l'entrée des États-Unis dans la guerre froide, qui entraîne un renforcement de la puissance militaire dans la région. Les États-Unis ont mené une politique antisoviétique et ont cherché à l'imposer aux autres nations américaines lors des réunions interaméricaines qu'ils dominaient. Ils obtiennent ainsi la signature du traité de Rio, qui établit un système d'assistance mutuelle et déclare qu'une attaque ou une menace armée contre une nation américaine est considérée comme une attaque contre toutes les nations.[8][9]

Ce traité, qui a été signé par la plupart des pays d'Amérique latine, visait à contenir la menace perçue d'une expansion communiste dans la région. Il établissait un cadre de coopération militaire entre les pays signataires, les États-Unis jouant un rôle de premier plan dans la fourniture d'une assistance et d'une formation militaires aux forces armées de ces pays. Le traité justifiait également que les États-Unis interviennent dans les affaires des pays d'Amérique latine pour protéger les intérêts qu'ils percevaient en matière de sécurité.

L'entrée des États-Unis dans la guerre froide et le renforcement de leur puissance militaire en Amérique latine ont eu des conséquences importantes pour la région. Elle a érodé davantage les institutions démocratiques, les régimes militaires s'enracinant davantage et les violations des droits de l'homme se multipliant. La poursuite par les États-Unis de leur politique de guerre froide s'est souvent faite au détriment des valeurs démocratiques et des libertés civiles dans la région. L'Amérique latine mettra de nombreuses années à se remettre de cette période d'agitation politique et de répression.

Pendant la guerre froide, les États-Unis se considéraient comme attaqués par l'Union soviétique et l'idéologie communiste. Dans ce contexte, le gouvernement américain considérait l'Amérique latine comme une région vulnérable à l'influence communiste et voyait la propagation du communisme dans la région comme une menace pour sa propre sécurité. Par conséquent, les États-Unis ont cherché à rallier les nations d'Amérique latine à leur côté dans la lutte contre le communisme. Le gouvernement américain a utilisé divers moyens pour tenter de convaincre les pays d'Amérique latine de le suivre dans cette lutte. Il fournissait une assistance militaire et économique aux régimes qu'il jugeait favorables à ses intérêts et travaillait activement à renverser les gouvernements qu'il considérait comme communistes ou sympathisants du communisme. En outre, les États-Unis ont utilisé la propagande pour promouvoir leur vision du monde et diaboliser le communisme et ses partisans. De nombreux pays d'Amérique latine ont ressenti des pressions pour s'aligner sur les États-Unis dans la lutte contre la guerre froide, même s'ils ne partageaient pas entièrement leurs vues ou leurs intérêts. Certains pays, comme Cuba et le Nicaragua, ont rejeté la vision américaine du monde et ont mené des politiques anti-américaines de manière explicite. Cependant, la plupart des pays de la région étaient pris entre deux feux, essayant d'équilibrer leur désir de maintenir leur indépendance et leur souveraineté avec la pression de s'aligner sur les États-Unis dans la lutte contre le communisme. Cette dynamique a eu des conséquences importantes pour l'Amérique latine, contribuant à l'érosion des institutions démocratiques et à la perpétuation des conflits sociaux et des inégalités. Les efforts déployés par les États-Unis pour rallier les nations d'Amérique latine à leur cause dans la lutte contre la guerre froide se sont souvent faits au détriment des valeurs démocratiques et des droits de l'homme. La région mettra de nombreuses années à se remettre de cette période d'agitation politique et de répression.

L’OEA siège dans l’édifice de la « ’Pan American Union » à Washington DC.

L'Organisation des États américains (OEA) a son siège dans le bâtiment de l'Union panaméricaine, qui est situé à Washington D.C. Le bâtiment a été achevé en 1910 et a servi de siège à l'Union internationale des républiques américaines, le prédécesseur de l'OEA. Aujourd'hui, le bâtiment est le principal centre administratif de l'OEA, qui est la plus ancienne organisation régionale au monde. L'OEA a été fondée en 1948 pour promouvoir la démocratie, les droits de l'homme et le développement économique dans les Amériques. Elle compte 35 États membres d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud et des Caraïbes.

L'Organisation des États américains (OEA) a effectivement été créée en 1948 en tant qu'organisation régionale visant à promouvoir la coopération et la solidarité entre les nations des Amériques. Cependant, si le principe de non-ingérence et de non-intervention est bien stipulé dans la charte de l'OEA, la réalité est que les États-Unis ont souvent dominé l'organisation. Tout au long de la guerre froide, les États-Unis ont utilisé l'OEA comme un outil pour promouvoir leurs intérêts dans la région, souvent au détriment de la souveraineté et de l'indépendance des autres États membres. Comme vous l'avez mentionné, l'OEA a adopté en 1962 une résolution déclarant que le communisme était incompatible avec la démocratie, donnant ainsi aux États-Unis et à d'autres États membres un prétexte pour intervenir dans les affaires intérieures d'autres pays perçus comme sympathisants du communisme. En outre, les États-Unis ont traditionnellement exercé une influence considérable au sein de l'OEA, tant en raison de leur puissance économique et militaire dans la région que du fait que l'organisation a son siège à Washington D.C. Cela a souvent donné lieu à des accusations selon lesquelles l'OEA est biaisée en faveur des États-Unis et qu'elle a été utilisée pour promouvoir les intérêts américains dans la région. Malgré ces critiques, l'OEA a également promu la démocratie et les droits de l'homme dans les Amériques et a joué un rôle déterminant dans la médiation des conflits entre les États membres. Ces dernières années, l'organisation a cherché à réaffirmer son indépendance et à promouvoir une approche plus équilibrée des questions régionales. Cependant, l'histoire de la domination des États-Unis sur l'OEA reste un point de discorde dans la région.

Dans les années 1960, les États-Unis considéraient l'Amérique latine comme un champ de bataille potentiel dans la lutte mondiale contre le communisme. Ils s'inquiètent de la possibilité d'une expansion soviétique dans la région. Ce point de vue a été influencé par plusieurs facteurs, notamment la révolution cubaine de 1959, qui a porté au pouvoir un gouvernement socialiste à seulement 90 miles des côtes américaines. Comme vous l'avez mentionné, le traité de Rio de 1947 stipulait que toute menace à la sécurité ou à l'intégrité territoriale d'un État membre dans les Amériques serait considérée comme une menace pour tous. Cela signifie que si un pays de la région était attaqué ou menacé par une puissance extérieure, les États-Unis seraient obligés de se porter à sa défense. Cette disposition était considérée comme un moyen de dissuader toute agression venant de l'extérieur de la région et de promouvoir la solidarité régionale face à des menaces communes. Toutefois, à mesure que la guerre froide progressait, les États-Unis ont commencé à interpréter cette disposition de manière plus large, en faisant valoir que toute menace interne à la sécurité d'un État membre, telle que la propagation du communisme, menaçait également les États-Unis. Cette interprétation a donné aux États-Unis un prétexte pour intervenir dans les affaires intérieures d'autres pays de la région, souvent avec peu de considération pour leur souveraineté ou leur indépendance. Dans ce contexte, les États-Unis se sont de plus en plus impliqués dans le soutien des forces anticommunistes de la région, notamment par le biais d'une aide et d'une formation militaires, d'opérations secrètes et d'interventions directes dans les conflits. Cela a conduit à plusieurs interventions controversées et parfois sanglantes, notamment au Guatemala, au Nicaragua et au Chili, entre autres.

La doctrine Monroe, que le président James Monroe a formulée pour la première fois en 1823, déclarait que les États-Unis s'opposeraient à toute tentative des puissances européennes de coloniser ou de s'ingérer dans les affaires des nations de l'hémisphère occidental. Au fil du temps, cette doctrine a fini par être considérée comme une justification de l'intervention des États-Unis en Amérique latine, notamment pendant la guerre froide. Le Congrès américain a voté pour fournir une assistance militaire aux pays d'Amérique latine pendant cette période, souvent par le biais de programmes d'aide économique et militaire. Ces fonds étaient destinés à aider à renforcer la capacité militaire de ces pays et à dissuader l'influence soviétique dans la région. Cependant, ils ont également été utilisés pour acheter des armes et des équipements militaires de fabrication américaine, ce qui a stimulé l'industrie de la défense américaine. Cette aide militaire était souvent assortie de conditions, car les États-Unis cherchaient à promouvoir leurs propres intérêts et valeurs dans la région. Cela comprenait des efforts pour promouvoir la démocratie, les droits de l'homme et l'opposition aux mouvements et aux gouvernements de gauche. Dans certains cas, l'aide militaire fournie par les États-Unis a servi à soutenir des régimes répressifs et autoritaires, entraînant des violations des droits de l'homme et une répression politique dans les pays de la région.

L'aide militaire fournie par les États-Unis aux pays d'Amérique latine a souvent pris la forme de paquets d'assistance économique et militaire. Cette assistance était destinée à aider ces pays à renforcer leur capacité militaire et à améliorer leur capacité de défense contre les menaces externes et internes. Toutefois, une partie importante de cette assistance a également été utilisée pour acheter des armes et des équipements militaires de fabrication américaine, ce qui a stimulé l'industrie de la défense américaine. Cela était considéré comme un moyen de promouvoir les intérêts et les valeurs américains, tout en renforçant les capacités militaires des alliés des États-Unis dans la région. La vente d'armes et d'équipements militaires aux pays d'Amérique latine constitue une importante source de revenus pour l'industrie de la défense américaine. Elle a contribué à faire des États-Unis un acteur majeur du commerce mondial des armes. Dans le même temps, elle a renforcé la dépendance de la région vis-à-vis des États-Unis en matière de soutien militaire et de sécurité. Elle a également contribué à la prolifération des armes dans la région, ce qui a alimenté les conflits et l'instabilité dans de nombreux pays.

Outre l'aide militaire et la vente d'armes de fabrication américaine, les États-Unis ont également mis en œuvre une série de programmes de formation et d'initiatives anti-insurrectionnelles en Amérique latine pendant la guerre froide. L'un de ces programmes était l'École des Amériques, fondée en 1946 et basée à Fort Benning, en Géorgie. L'école formait le personnel militaire latino-américain aux tactiques anti-insurrectionnelles, notamment aux techniques de torture et d'assassinat. De nombreux diplômés de l'École des Amériques sont ensuite devenus des dirigeants de régimes militaires en Amérique latine, et certains ont été impliqués dans des violations des droits de l'homme et des atrocités. Parmi les autres programmes et initiatives de formation parrainés par les États-Unis, citons les bérets verts, envoyés en Amérique latine pour former les forces locales aux tactiques anti-insurrectionnelles, et l'Alliance pour le progrès, un programme d'aide économique américain conçu pour promouvoir le développement économique et social de la région. Ces programmes faisaient partie d'un effort plus large des États-Unis pour contrer l'influence soviétique dans la région et pour promouvoir leurs propres intérêts et valeurs. Cependant, ils ont également été critiqués pour leur rôle dans le soutien des régimes répressifs et autoritaires et leur contribution aux violations des droits de l'homme et à la répression politique dans de nombreux pays.

Au fur et à mesure que la menace communiste grandissait dans la région, le gouvernement américain s'est attaché à promouvoir et à consolider les régimes anticommunistes, souvent au détriment de la démocratie et des droits de l'homme. Cela a conduit au soutien d'un certain nombre de régimes autoritaires et répressifs dans la région, dont beaucoup étaient responsables de violations flagrantes des droits de l'homme et de répression politique. Le gouvernement américain a fourni une aide militaire et économique à ces régimes et a souvent fermé les yeux sur leurs abus au nom de la lutte contre le communisme et de la promotion des intérêts américains. Les États-Unis ont également travaillé activement pour saper et renverser les gouvernements démocratiquement élus qui étaient considérés comme favorables aux idéologies communistes ou socialistes, comme dans le cas du Guatemala en 1954 et du Chili en 1973. Alors que les États-Unis prétendaient promouvoir la démocratie et la liberté dans la région, leurs actions ont souvent eu l'effet inverse, contribuant à l'érosion des institutions démocratiques et à la montée de l'autoritarisme dans de nombreux pays. Ce n'est qu'après la fin de la guerre froide et l'effondrement de l'Union soviétique que les États-Unis ont commencé à modifier leur approche et à donner la priorité au soutien de la gouvernance démocratique et des droits de l'homme dans la région.

Pendant la guerre froide, le gouvernement américain pensait que les régimes autoritaires et répressifs étaient plus efficaces pour combattre le communisme que les régimes démocratiques. Il a souvent soutenu de tels régimes dans la région pour cette raison. La logique était que pour empêcher la propagation du communisme, les États-Unis devaient soutenir des gouvernements capables d'assurer la stabilité et la sécurité et disposés à utiliser la force pour supprimer les mouvements communistes et leurs sympathisants. Cela signifiait souvent soutenir des juntes militaires et d'autres régimes autoritaires qui étaient prêts à utiliser la violence et la répression pour se maintenir au pouvoir. Toutefois, cette stratégie a eu un coût important pour les droits de l'homme et la démocratie dans la région, car nombre de ces régimes se sont livrés à des violations flagrantes des droits de l'homme et à une répression politique. De plus, cette stratégie s'est avérée inefficace pour empêcher la propagation du communisme et, dans de nombreux cas, a contribué à la montée des mouvements communistes et socialistes en alimentant le ressentiment populaire contre les régimes soutenus par les États-Unis. Ce n'est qu'après la fin de la guerre froide et l'effondrement de l'Union soviétique que les États-Unis ont commencé à modifier leur approche et à donner la priorité au soutien de la gouvernance démocratique et des droits de l'homme dans la région.

La vague anti-démocratique (à partir de 1947)

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays d'Amérique latine ont connu une évolution vers l'autoritarisme et les pratiques antidémocratiques, les élites dirigeantes cherchant à consolider leur pouvoir et à supprimer les groupes d'opposition, y compris la classe moyenne. Cette évolution a été en partie alimentée par la guerre froide et le soutien du gouvernement américain aux régimes anticommunistes de la région, qui s'est souvent fait au détriment de la gouvernance démocratique et des droits de l'homme. De nombreux pays d'Amérique latine ont été pris dans cette dynamique, et les élites dirigeantes ont profité de la menace perçue du communisme pour justifier leur répression des groupes d'opposition et des voix dissidentes. En conséquence, de nombreux pays de la région ont connu une montée de l'autoritarisme, avec l'arrivée au pouvoir de juntes militaires et d'autres régimes répressifs qui se sont livrés à des violations généralisées des droits de l'homme. Cette vague antidémocratique a persisté pendant des décennies, jusqu'à la fin de la guerre froide et l'évolution subséquente vers la démocratie et les droits de l'homme dans la région.

Tramway en feu devant le Capitole national pendant le Bogotazo.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et du début de la guerre froide, plusieurs soulèvements et crises politiques en Amérique latine ont abouti à l'instauration de régimes autoritaires dans plusieurs pays. En Équateur, par exemple, un coup d'État militaire en 1944 a renversé le gouvernement et établi une junte. Au Pérou, plusieurs coups d'État et crises politiques à la fin des années 1940 et au début des années 1950 ont abouti à l'instauration d'un régime militaire en 1968. Au Venezuela, un coup d'État en 1948 a conduit à l'instauration d'une dictature militaire, qui a duré jusqu'en 1958. En plus de ces pays, des soulèvements et des crises politiques en Argentine et au Guatemala ont conduit à l'établissement de dictatures. En Argentine, un coup d'État militaire en 1943 a conduit à l'instauration d'une dictature militaire, qui a duré jusqu'en 1946. Cette période a été suivie de plusieurs périodes d'instabilité politique, dont la "guerre sale" dans les années 1970 et au début des années 1980. Au Guatemala, un coup d'État en 1954 a renversé le gouvernement démocratiquement élu et a conduit à l'établissement d'une dictature militaire qui a duré jusqu'en 1985. Ces dictatures étaient souvent caractérisées par la répression, les violations des droits de l'homme et la suppression de l'opposition politique. Elles étaient soutenues par les États-Unis, qui les considéraient comme des remparts contre le communisme dans la région. Cependant, ils se sont finalement avérés insoutenables, et de nombreux pays d'Amérique latine ont depuis lors opéré une transition vers une gouvernance démocratique.

En Colombie, la période de 1946 à 1954 a été marquée par une guerre civile connue sous le nom de "La Violencia" (la violence), qui a été déclenchée par la violence politique entre les partis libéral et conservateur. La droite fasciste a joué un rôle important dans le conflit, les forces conservatrices commettant des massacres et d'autres actes violents contre l'opposition libérale. Le gouvernement conservateur arrivé au pouvoir en 1946 n'a pas fait grand-chose pour lutter contre la violence et a plutôt alimenté le conflit en armant les groupes paramilitaires conservateurs. La guerre civile a entraîné la mort d'au moins 250 000 personnes et a eu un impact considérable sur la société et la politique colombiennes pour les années à venir.

Dans certains pays d'Amérique latine pendant la période de la guerre froide, les dirigeants autoritaires ont établi des dynasties, souvent avec le soutien des États-Unis. Par exemple, Fulgencio Batista a dirigé Cuba en tant que dictateur de 1934 à 1940, puis de 1952 à 1959, avec le soutien des États-Unis. En Haïti, la famille Duvalier, dirigée par les dictateurs père et fils François et Jean-Claude Duvalier, a dirigé le pays pendant plus de 30 ans, de 1957 à 1986. Au Nicaragua, la famille Somoza, dirigée par Anastasio Somoza García et ses deux fils, a contrôlé le pays pendant plus de 40 ans, de 1936 à 1979, avec le soutien des États-Unis.

L'Uruguay est souvent cité comme un pays qui a maintenu une démocratie stable et fonctionnelle pendant la guerre froide, malgré les nombreux défis et pressions auxquels sont confrontés d'autres pays d'Amérique latine. En 1942, l'Uruguay est devenu le premier pays d'Amérique latine à établir un État-providence, et il a une longue tradition de démocratie et de respect des droits de l'homme. Pendant la guerre froide, l'Uruguay a organisé des élections régulières et un système politique multipartite. Cependant, il a été confronté à des défis politiques et économiques durant cette période, notamment la polarisation politique, l'agitation sociale et la stagnation économique. Dans les années 1970, l'Uruguay a connu une période d'autoritarisme, marquée par des violations des droits de l'homme et la répression de la dissidence politique. Toutefois, le gouvernement démocratique a été rétabli en 1985, et depuis lors, l'Uruguay est resté une démocratie stable avec un engagement fort en faveur des droits de l'homme et de la justice sociale.

Si l'Uruguay est resté une démocratie pendant la période de la guerre froide, il est important de noter que d'autres pays d'Amérique latine ont également maintenu des gouvernements démocratiques, du moins pendant un certain temps. Par exemple, le Costa Rica avait une longue tradition de démocratie, et pendant la période de la guerre froide, il a pu maintenir un gouvernement démocratique stable. Le Chili a également eu un gouvernement démocratique relativement stable pendant une grande partie de la période de la guerre froide, bien qu'il ait été confronté à des défis importants et qu'il ait finalement connu un coup d'État militaire en 1973. D'autres pays comme le Mexique, le Brésil et le Venezuela ont également connu des périodes de gouvernement démocratique pendant cette période, bien que l'instabilité politique et les défis à la gouvernance démocratique les aient souvent marqués.

Les trois éléments de la croisade anticommuniste en Amérique latine

La "croisade anti-démocratique" qui s'est déroulée en Amérique latine dans les années 1950 comportait trois éléments principaux :

  • Le premier était l'élimination des partis communistes en les rendant illégaux, ce qui a eu pour effet de réduire le nombre de leurs membres, estimé à 400 000 en 1947, à la moitié de ce chiffre en 1952.
  • Le deuxième élément était l'expulsion des communistes des syndicats placés sous le contrôle de l'État. Le gouvernement américain a placé des syndicalistes de l'AFL dans toutes ses ambassades pour créer des syndicats anticommunistes dans les Amériques.
  • Le troisième élément était l'exclusion diplomatique et la rupture des relations diplomatiques avec l'URSS dans toutes les Amériques.

Ces mesures étaient destinées à supprimer l'influence du communisme en Amérique latine et à empêcher la propagation de l'influence soviétique dans la région.

Le cas du Guatemala

Jacobo Arbenz Guzmán sur une fresque à Guatemala.
1954 Guatemalan “coup d’état”: the CIA memorandum (May 1975) which describes the role of the Agency in deposing the Guatemalan government of President Jacobo Árbenz Guzmán in June 1954. (1-5).

Au Guatemala, un gouvernement réformiste et nationaliste dirigé par le président Jacobo Árbenz a été élu en 1951. Árbenz a mis en œuvre des réformes foncières visant à exproprier les terres inutilisées appartenant aux grands propriétaires terriens et à les distribuer aux paysans sans terre. Cette politique est considérée comme une menace par les États-Unis, qui s'inquiètent de l'influence du communisme dans la région et de la perte potentielle des intérêts commerciaux américains au Guatemala. En 1954, les États-Unis ont orchestré un coup d'État contre Árbenz et installé une dictature militaire qui allait régner sur le Guatemala pendant des décennies. La CIA a soutenu et formé des exilés et des mercenaires guatémaltèques pour mener à bien ce coup d'État. Le coup d'État a réussi, et Árbenz a été contraint de démissionner et de fuir le pays. Cet épisode met en évidence la volonté des États-Unis d'intervenir dans la politique latino-américaine pour protéger les intérêts commerciaux américains et combattre le communisme, même si cela implique le renversement d'un gouvernement démocratiquement élu. Il illustre également l'utilisation d'opérations secrètes et de la force militaire pour atteindre ces objectifs.

Le Guatemala est un pays relativement petit d'Amérique centrale, avec une population d'environ 16 millions d'habitants aujourd'hui. Cependant, dans les années 1950, la population était d'un peu plus de 3 millions d'habitants, la majorité étant des indigènes mayas qui vivaient dans la pauvreté et n'avaient qu'un accès limité à l'éducation ou aux soins de santé. L'économie guatémaltèque de l'époque était fortement tributaire de l'exportation de café et de bananes, et la United Fruit Company, une société américaine ayant des liens étroits avec le gouvernement des États-Unis, possédait une part importante des terres.

Juan Jose Arevalo a été élu président du Guatemala en 1944 après qu'un soulèvement populaire connu sous le nom de "Révolution d'octobre" ait renversé la dictature militaire. Il a été le premier président démocratiquement élu de l'histoire du Guatemala et a lancé une série de réformes progressistes, notamment un nouveau code du travail, la sécurité sociale et une réforme agraire. Sa présidence a été suivie par celle de Jacobo Arbenz, qui a poursuivi les réformes et mis en œuvre un programme de réforme agraire qui a exproprié les terres inutilisées appartenant à la United Fruit Company et les a distribuées aux paysans sans terre. Ce programme a été considéré comme une menace pour les intérêts des États-Unis, qui avaient des intérêts dans la compagnie, et l'administration Eisenhower a autorisé une opération secrète pour renverser le gouvernement.

Le gouvernement du président Arevalo a adopté une nouvelle constitution inspirée de celle du Mexique, qui garantissait un large éventail de droits civils et politiques, ainsi qu'un code du travail moderne prévoyant la négociation collective, une journée de travail de huit heures et d'autres protections pour les travailleurs. Le gouvernement a également lancé une grande campagne d'alphabétisation pour éduquer la population, en grande partie analphabète, du pays.

Arbenz a été élu président en 1951, et son principal objectif était de transformer le Guatemala en un État capitaliste moderne, libre du contrôle des intérêts étrangers. Il voulait promouvoir une réforme agraire, nationaliser les terres inutilisées appartenant à la United Fruit Company et à d'autres sociétés étrangères, et les distribuer aux paysans sans terre. Cela aurait menacé les intérêts économiques des États-Unis et des riches propriétaires terriens du Guatemala qui étaient liés à l'oligarchie au pouvoir.

La réforme agraire au Guatemala, promulguée sous le président Jacobo Arbenz, visait à redistribuer les terres des grandes plantations non cultivées aux paysans sans terre et aux petits agriculteurs. La réforme était considérée comme un moyen de lutter contre la pauvreté et les inégalités généralisées dans le pays, où seulement 2% de la population possédait 70% des terres. La loi autorisait l'expropriation des terres inutilisées des grands propriétaires fonciers avec une compensation basée sur la valeur déclarée de la propriété à des fins fiscales. Les terres étaient ensuite distribuées aux paysans sans terre et aux petits agriculteurs, afin d'augmenter la productivité agricole et de créer une distribution plus équitable des terres. La réforme agraire s'est heurtée à l'opposition farouche de la United Fruit Company, qui possédait de vastes propriétés foncières au Guatemala et risquait de perdre de grandes quantités de terres. La compagnie a fait pression sur le gouvernement américain pour qu'il prenne des mesures contre le gouvernement Arbenz, affirmant que la réforme agraire était d'inspiration communiste et menaçait les intérêts américains dans la région.[10]

En 1954, après 13 ans de dictature, Juan Jose Arevalo est élu président du Guatemala avec un programme de démocratisation et de modernisation du pays. Le pays adopte une nouvelle constitution et un code du travail moderne, et une campagne d'alphabétisation est menée. Succédant à Arevalo, Jacobo Arbenz, qui était de centre-gauche, visait à faire du Guatemala un État indépendant doté d'une économie capitaliste. Il met en œuvre une réforme agraire promulguée en 1952, qui permet l'expropriation des terres non cultivées des grandes plantations avec une compensation du gouvernement. En 18 mois, 700 000 hectares ont été distribués à 18 000 familles. Cependant, la United Fruit Company, qui possède d'immenses étendues de terre, s'oppose à la réforme car 85 % de ses terres sont incultes et réservées à son expansion future.

Operation PBSUCCESS: US President Dwight D. Eisenhower and Secretary of State John Foster Dulles, the executor and the advocate of the 1954 Guatemalan “coup d’état” that deposed President Jacobo Árbenz Guzmán.

Le gouvernement guatémaltèque a offert 627 000 dollars de compensation à la United Fruit Company pour l'expropriation de leurs terres non cultivées dans le cadre de la réforme agraire. Cependant, les Guatémaltèques et les États-Unis s'y opposent, en lançant des accusations de communisme.[11][12]

En réponse à la réforme agraire du gouvernement guatémaltèque et à l'expropriation des terres de la United Fruit Company, le gouvernement des États-Unis a agi au nom de cette dernière. Il a exigé 25 fois la compensation proposée, accusant Arbenz d'être un communiste. Les accusations de communisme étaient un prétexte commode pour le gouvernement américain d'intervenir et de protéger les intérêts de la United Fruit Company. La CIA est autorisée à fournir des armes et une formation à l'armée guatémaltèque, que des agents américains ont déjà infiltrée. Le terrain était préparé pour un coup d'État contre Arbenz.

Les responsables américains voyaient la propagation du communisme comme un effet domino, où la chute d'un pays au communisme entraînerait la chute d'autres pays de la région. Ils craignent que la chute du Guatemala au communisme n'encourage d'autres mouvements gauchistes dans la région, ce qui entraînerait la chute d'autres gouvernements. Le canal de Panama serait également menacé. Cela fait partie de la stratégie plus large d'endiguement du communisme dans la région, que les États-Unis poursuivent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En 1954, les États-Unis demandent à l'OEA une intervention militaire au Guatemala, mais cette demande est refusée. Malgré cela, la CIA planifie et exécute une attaque contre le Guatemala depuis le Honduras, tandis que les exilés guatémaltèques organisent un coup d'État. L'armée guatémaltèque est rapidement vaincue et Arbenz démissionne de son poste. Après le coup d'État, une série de gouvernements militaires répressifs ont été mis en place avec le soutien des États-Unis, entraînant des décennies de violence politique et de répression dans le pays.[13][14][15][16]

Après l'intervention militaire, Arbenz est contraint de démissionner et s'exile. Toutefois, avant de partir, il a publiquement accusé la United Fruit Company et Washington d'orchestrer des manifestations anti-yankees dans toute l'Amérique latine. La chute d'Arbenz a marqué le début d'une période d'instabilité et de violence au Guatemala qui allait durer des décennies.

Après la démission forcée d'Arbenz, le gouvernement américain crie victoire contre le communisme et remplace son gouvernement par une dictature militaire. Le nouveau régime annule les expropriations, détruit les syndicats et arrête les communistes présumés. Le régime a également interdit Les Misérables de Victor Hugo, et environ 18 000 personnes ont été exécutées. La United Fruit Company est laissée libre de poursuivre ses activités au Guatemala.[17]

La Bolivie est un cas intéressant de pays qui tente de mettre en œuvre des réformes sociales et économiques au profit de sa population pendant la période de la guerre froide. En 1952, un mouvement révolutionnaire mené par les mineurs et les paysans a renversé la dictature militaire. Il a établi un gouvernement démocratique, le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), qui s'est lancé dans un programme de réformes sociales et économiques. Le gouvernement du MNR a nationalisé les mines d'étain de Bolivie, qui avaient été contrôlées par des sociétés étrangères. Il a utilisé les bénéfices des mines pour financer des programmes sociaux, tels que la réforme agraire, l'éducation et les soins de santé. Le gouvernement a également accordé la citoyenneté et le droit de vote aux populations autochtones, qui étaient auparavant exclues de la participation politique. Ces réformes n'ont cependant pas été sans difficultés. La nationalisation des mines a entraîné un conflit avec les États-Unis, qui avaient beaucoup investi dans les mines. Le gouvernement du MNR est confronté à l'opposition des forces conservatrices de Bolivie, hostiles aux réformes. Malgré ces difficultés, le gouvernement du MNR poursuit la mise en œuvre de son programme de réformes, connu sous le nom de Révolution nationale. Les réformes sont populaires parmi la majorité pauvre et ouvrière de Bolivie, mais elles se heurtent également à la résistance de l'élite riche et puissante du pays. En fin de compte, la Révolution nationale n'a été que partiellement couronnée de succès, et l'histoire de la Bolivie dans la seconde moitié du 20e siècle est marquée par l'instabilité politique et les conflits sociaux. Néanmoins, la tentative de mise en œuvre de réformes sociales et économiques face à des structures de pouvoir bien établies et à des pressions extérieures constitue un exemple important et inspirant de lutte démocratique en Amérique latine.

La Révolution cubaine

Prélude

Fidel Castro firma como Primer Ministro de Cuba el 16 de febrero de 1959.

À la fin de 1958, le dictateur Batista est renversé par la guérilla de Fidel Castro représentant le plus gros échec des États-Unis.

En 1952, alors que les Cubains espèrent enfin des élections libres, Batista organise un coup d’État pour garder le pouvoir. Ses méthodes deviennent de plus en plus violentes faisant que rapidement il n’a plus que le soutien de Washington, de l’armée, de la garde rurale et le soutien de ses acolytes.

La quasi-totalité de l’économie cubaine ainsi que sa politique sont aux mains de corporations étatsuniennes et de Washington. Dans le cas de Cuba l’opposition à Batista est très diverse allant de partis catholiques à des groupes d’actions directes.

Premiers pas

Quand en décembre 1956, le jeune avocat Fidel Castro débarque dans l’est de Cuba avec son frère Raul et Guevara, personne ne croit à Cuba qu’ils peuvent renverser Batista.

Ils vivent cachés dans la montagne de la Siera Maestra protégée par les paysans locaux. À ce moment, ce sont les mouvements urbains qui mènent la lutte contre Batista.

Castro (right) with fellow revolutionary Camilo Cienfuegos entering Havana on January 8, 1959.

C’est seulement à partir de 1958 que les guerreros sous les ordres de Castro menacent Batista au moment où les États-Unis renoncent à approvisionner Batista en armes permettant à ce mouvement de grandir.

Les rebelles derrière Castro attaquent plus systématiquement l’armée et Batista répond par une répression qui touche de plus en plus les classes moyennes. Des partisans joignent le mouvement et le parti communiste cesse de les considérer comme des aventuriers.

En même temps, l’armée commence à lâcher Batista permettant au guerreros d’avancer vers La Havane sur trois fronts séparés.

Le 31 décembre 1958, Batista s’enfuit en avion, et trois jours plus tard, les troupes de Castro entrent à La Havane.

Même si quelques-uns de ces guerreros sont marxistes, Castro ne l’est pas.

En janvier 1959, les révolutionnaires n’ont pas vraiment de plan de gouvernement sauf quelques lignes générales qui sont l’indépendance nationale, donner du travail aux 600 000 cubains sans emplois, améliorer les conditions de vie dans les campagnes, baisser les loyers du logement dans les villes et développer l’éducation ainsi que la santé publique surtout dans les campagnes.

Ce programme tout comme au Guatemala n’a rien de communiste, mais s’oppose aux intérêts de Washington.

Fidel Castro et ses fidèles savent qu’ils ne se laisseront pas renverser par Washington, l’autre chose est qu’ils ne veulent pas partager le pouvoir avec les autres groupes.

Ils établissent des coalitions afin d’unir une majorité de Cubains derrière des buts communs, infléchir la corruption, la démocratie, la justice sociale et l’indépendance nationale. Très vite, cette coalition se divise et il y a lutte pour le contrôle du pouvoir. Fidel Castro neutralise tous ceux qui le menacent ou font de l’ombre à son pouvoir en mobilisant la populace dans une relation directe avec lui.

En même temps, il choisit de conserver et d’utiliser à son avantage le parti communiste puisque c’est le seul parti non corrompu qui a une infrastructure solide ainsi que l’expérience de la mobilisation populaire.

La mobilisation de la population derrière Castro débute déjà pendant la marche triomphale qui amène Castro de Santiago jusqu’à La Havane.

1959 - 1961 : Création ou restructuration des organisations de masse

Après 1959, la méthode populiste de Castro est diffusée à travers la télévision et la radio ; il convainc les audiences qu’il agit pour le peuple.

Très rapidement, il crée des organisations de masses avec l’aide du parti communiste. Tout d’abord, il y avait des organisations qui existaient déjà comme la Fédération des Étudiants Universitaires et la Fédération des Travailleurs Cubains.

"Long Live Socialism" CDR billboard in countryside on the way from Havana to Pinar del Río.
Federacion de Mujeres Cubanas.jpg

De nouvelles organisations de masse sont créées, une milice de 500 000 membres pour 6,7 millions d’habitants appelés le Comité de Défense de la Révolution, sert à soutenir le pouvoir et à éliminer les ennemies intérieures. La mission de ces organisations est d’identifier les ennemies de la révolution et d’appliquer au niveau local les politiques sociales et de santé du gouvernement. Très vite, la plupart des adultes font partie de CDR.

En 1960 est créée la Fédération des Femmes Cubaines pour intégrer les femmes dans le processus. Est créé même temps l’Association de la Jeunesse Révolutionnaire et en 1961 c’est l’Association Nationale des Petits Agriculteurs afin d’organiser la paysannerie.

Pareillement de cette mise en association, Castro et ses proches concentrent tout le pouvoir politique entre leurs mains, tous les démocrates et les modérés ont démissionné.

Il n’y a plus de congrès, la justice est alignée sur le pouvoir exécutif sous l’égide de Fidel Castro, la presse et les églises sont passées sous contrôle gouvernemental, la plupart des associations privées ont disparu ; on est presque dans un régime quasi totalitaire, mais pas socialiste.

Diplomatie et réformes économiques

En même temps, le gouvernement envoie Guevara chercher de l’appui dans les pays non-alignés et socialistes.

L’exécutif lance un vaste programme de réformes économiques en mai 1959 et une réforme agraire qui exproprie avec compensations toutes propriétés de plus de 40 hectares les redistribuant à des coopératives, il est interdit aux étrangers d’acquérir de nouvelles terres.

En 1960, le secteur privé est nationalisé qu’il soit cubain ou étranger allant du pétrole, à l’électricité, au sucre, aux transports, aux commerces, aux petits commerces.

Réformes sociales

Le gouvernement lance aussi des réformes sociales spectaculaires dont en 1960 la fameuse campagne d’alphabétisation à l’issue de laquelle l’analphabétisme est pratiquement éradiqué, les conditions de travail se sont améliorées, les salaires augmentés, les loyers sont baissés.

Pendant les premières années de la révolution, c’est une véritable transformation, les pauvres vont s’installer dans les beaux logements des réfugiés cubains partis vers Miami, des vaches sont tuées en masse afin de donner de la viande et la nation se transforme fondamentalement grâce aux programmes menés servant de vitrine et propulsant Cuba aux Nations-Unies.

Tentatives des États-Unis de supprimer la révolution

Photographie de deux hommes se serrant la main tandis que de nombreux observateurs applaudissent.
Rencontre entre Fidel Castro et Khrouchtchev en 1961.

Pour les États-Unis, c’est une catastrophe, ils vont tout faire pour supprimer cette révolution. En 1958, en même temps qu’ils lâchent Batista, ils tentent de lui trouver un remplacement.

Avec la victoire de Castro, ce n’est plus possible et les relations avec Eisenhower se tendent. La réforme agraire va avoir d’importantes conséquences aux États-Unis, car de nombreuses terres appartenaient à l’United Fruit Company ou à des particuliers tandis que les communistes percent dans le gouvernement américain.

Du côté cubain, on est convaincu qu’aucune transformation profonde ne peut se faire sans changer les relations avec les États-Unis. Dès 1960, il y a une montée des tensions, la CIA tente d’assassiner Fidel Castro et essaie d’envahir Cuba.

Rembarquement des missiles soviétiques à Cuba.

Les révolutionnaires cubains se rapprochent de l’Union soviétique qui dès 1960 accepte d’aider Cuba économiquement. En octobre 1960, les Cubains exproprient tous les avoirs américains et les États-Unis imposent un embargo à Cuba qui est toujours en effet.

En 1961, les deux pays rompent leurs relations diplomatiques.

Aux États-Unis Kennedy est élu président, mais il ne va pas changer de politique envers Cuba et donne le « feu vert » à l’invasion de la baie des cochons se terminant par un fiasco[18][19][20][21][22][23]. La presque totalité des 1300 envahisseurs est emprisonnée à Cuba et Castro en profite pour faire arrêter 100 000 suspects dans la population cubaine.

En 1965, Castro déclare la révolution marxiste-léniniste. En 1962, Castro décide d’installer des missiles nucléaires à Cuba en provenance d’URSS. Sans que les Cubains ne soient consultés Khrouchtchev accepte de retirer ses missiles contre la promesse de ne pas envahir l’ile.

Conclusion

Dans les années 1960, il est possible de constater une montée des régimes autoritaires et dictatoriaux en Amérique latine, jusqu’à la chute de l’Union soviétique en 1989 la guerre froide se poursuit en Amérique latine au prix des libertés fondamentales.

Ce sont des années vraiment très difficiles pour l’Amérique latine de dictatures, de néolibéralisme, l’Amérique latine ne va s’ouvrir qu’après la Guerre froide.

Annexes

Références

  1. Aline Helg - UNIGE
  2. Aline Helg - Academia.edu
  3. Aline Helg - Wikipedia
  4. Aline Helg - Afrocubaweb.com
  5. Aline Helg - Researchgate.net
  6. Aline Helg - Cairn.info
  7. Aline Helg - Google Scholar
  8. The treaty text hosted by the Organization of American States
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