L’Amérique latine vers 1850 : sociétés, économies, politiques

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Nous allons voir les contrastes entre l’Amérique latine et les États-Unis. Ces contrastes prennent de l’ampleur dans ce milieu du XIXème siècle en raison des fortes différences qui existent entre ces régions et au cours de leurs processus d’indépendances, d’autre part il y a des différences à l’intérieur de ces deux grands blocs.

En Amérique latine, se développe le libéralisme économique qui profite à une infime minorité, mais qui rend l’immense majorité de plus en plus pauvre, dépossédée de la terre, exploitée et précarisée.

Aux États-Unis c’est aussi le règne du libéralisme économique tandis que l’écart entre riches et pauvres grandis, c’est aussi l’écart entre le Nord qui s’industrialise et se modernise en partie grâce à l’arrivée d’immigrants tandis que le Sud appelé le « roi coton » produit un coton par un grand nombre d’esclaves qui mènera à la guerre de Sécession appelée « guerre civile » aux États-Unis.

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1825 - 1850 : instabilité et ajustements

Les guerres d'indépendance en Amérique latine sont une série de conflits qui se sont déroulés au début du XIXe siècle, entre 1810 et 1825, dans le but d'obtenir l'indépendance vis-à-vis des régimes coloniaux espagnol et portugais. Ces guerres ont été menées par des personnalités telles que Simon Bolivar au Venezuela et Jose de San Martin en Argentine. Après avoir obtenu leur indépendance, les pays nouvellement formés ont connu une période d'instabilité et d'ajustement, entre 1825 et 1850, alors qu'ils mettaient en place de nouveaux gouvernements et systèmes de gouvernance. Dans le cas du Brésil, il est devenu un empire sous Pedro Ier en 1822, mais l'esclavage est resté une institution importante sans qu'aucun changement politique majeur ne soit intervenu. Pour les anciennes colonies continentales de l'Espagne, l'indépendance a signifié un bouleversement politique et social important. Les colonies étaient sous domination espagnole depuis des siècles et étaient profondément ancrées dans la culture, les lois et les institutions espagnoles. Avec l'indépendance, les colonies ont dû créer de nouveaux systèmes politiques et structures de gouvernance, souvent avec peu de conseils ou d'expérience. En outre, les pays nouvellement indépendants ont dû faire face à des problèmes tels que la propriété foncière, le développement économique et les relations avec leurs anciens colonisateurs. Le processus d'établissement de nouveaux gouvernements et de nouvelles sociétés était souvent complexe et tumultueux, entraînant une période d'instabilité et d'ajustement dans les années suivant l'indépendance.

Les nouvelles nations qui ont obtenu leur indépendance de l'Espagne ont rejeté l'autorité suprême du roi d'Espagne, qui était considéré comme une figure protectrice et avait justifié son règne par la tradition et la religion catholiques. Avec l'indépendance, les nouvelles nations ont établi le principe de l'autorité constitutionnelle, selon lequel le pouvoir suprême est conféré à un document écrit, une constitution, qui régit le pays. Toutefois, cela a posé plusieurs problèmes, car la population de ces nations était en grande partie analphabète, ce qui rendait difficile la compréhension ou l'identification avec la constitution. En outre, les constitutions étaient souvent inspirées de celles des États-Unis et de la France, qui n'étaient pas forcément applicables ou pertinentes dans le contexte local, ce qui a entraîné des difficultés dans leur mise en œuvre. Cela a ajouté à l'instabilité et à la période d'ajustement que les nouvelles nations ont traversées après avoir obtenu leur indépendance.

Après l'obtention de l'indépendance, il y a eu une continuité significative en termes de structure économique de ces nouvelles nations, la propriété foncière restant la principale source de richesse, de statut et de pouvoir. Cependant, avec le changement de pouvoir politique, l'acquisition de terres est devenue un objectif clé pour les nouveaux dirigeants et les élites, car elle était considérée comme un moyen d'obtenir et de conserver le pouvoir politique. Les terres des Espagnols qui avaient quitté le continent après l'indépendance étaient considérées comme un "domaine national" et pouvaient être acquises, tout comme les terres des communautés indigènes, qui n'étaient plus protégées par le gouvernement colonial. En outre, de nombreux paysans qui travaillaient la terre n'avaient pas de titre de propriété sur les terres qu'ils exploitaient, ce qui les rendait vulnérables à l'accaparement des terres. Cette situation a entraîné une concentration de la propriété foncière entre les mains de quelques individus et groupes puissants, souvent au détriment de la majorité de la population.

Le type de constitution adopté par une nouvelle nation peut être une question litigieuse et entraîner des désaccords, voire une guerre civile. La constitution est l'autorité suprême qui gouverne un pays et elle définit le cadre du système politique et des institutions du pays ainsi que les droits et les responsabilités de ses citoyens. Les désaccords sur le type de constitution peuvent survenir lorsque différents groupes de la société ont des visions et des idées différentes sur la manière dont le pays devrait être gouverné et sur les droits et libertés à protéger. Par exemple, certains groupes peuvent souhaiter un gouvernement plus centralisé avec un pouvoir exécutif fort, tandis que d'autres peuvent préférer un système plus décentralisé avec plus de pouvoir accordé aux États ou aux régions. Ces divergences d'opinion peuvent conduire à des divisions et des conflits politiques et, dans certains cas, à une guerre civile si elles ne sont pas résolues par des moyens pacifiques.

Pour bien comprendre les défis auxquels sont confrontées ces nouvelles nations après leur accession à l'indépendance, il est important de considérer le contexte dans lequel elles ont émergé. Les économies et les entreprises de ces pays ont été partiellement détruites par les guerres d'indépendance, les laissant dans un état d'incertitude économique. Les élites créoles, qui avaient traditionnellement détenu le pouvoir sous le régime colonial, avaient peu d'expérience en matière de gouvernement, ce qui rendait difficile l'établissement de structures de gouvernance efficaces et efficientes. L'État en tant qu'organisation manquait de personnel, était sous-financé et devait préconiser des taxes et des impôts pour générer des revenus. En outre, les institutions chargées de l'application de la loi et de la sécurité étaient faibles et restaient à construire, ce qui rendait difficile le maintien de l'ordre et la protection des citoyens. Tous ces facteurs ont contribué à l'instabilité et à la période d'ajustement que ces nouvelles nations ont traversées après avoir obtenu leur indépendance, et ont rendu difficile la gouvernance et le développement efficaces de leur pays .

Au lendemain des guerres d'indépendance, l'institution la plus forte dans bon nombre de ces nouvelles nations était souvent l'armée. Ces armées étaient souvent formées dans le feu de l'action et n'étaient pas formées professionnellement, ce qui les rendait moins efficaces pour maintenir la paix et la stabilité. En outre, dans le contexte de la crise économique de l'après-guerre, l'armée est restée la principale voie de mobilité sociale, car elle était l'une des rares institutions à offrir des possibilités d'avancement et de stabilité économique. Cela a conduit à une situation où les militaires ont joué un rôle important dans la politique et la gouvernance, et ont souvent été impliqués dans des conflits internes, des coups d'État et des luttes politiques. Cela a contribué à l'instabilité et à la période d'ajustement que ces nouvelles nations ont traversées après avoir obtenu leur indépendance.

Après avoir obtenu leur indépendance, de nombreuses nouvelles nations d'Amérique latine ont traversé une période où la politique et l'État étaient dominés par des caudillos, ou hommes forts. Ces dirigeants étaient souvent issus des armées indépendantistes et avaient réussi à prendre le contrôle des terres et des ressources pendant la guerre. Ils exerçaient le pouvoir aux niveaux régional et national par le biais du contrôle de l'armée et d'un réseau de clientélisme aux niveaux local et régional. Ils se sont également souvent appuyés sur l'utilisation de la force brutale pour maintenir le pouvoir, ce qui a entraîné un manque de gouvernance démocratique et de stabilité. Cette période, connue sous le nom de "l'ère des Caudillos", a duré plusieurs décennies et se caractérise par un manque de stabilité politique, des guerres civiles, des coups d'État et la répression de l'opposition politique. Elle est considérée comme l'une des périodes les plus difficiles de l'histoire de ces nouvelles nations.

L'équivalent local du caudillo dans de nombreux pays d'Amérique latine est le cacique, un terme qui désigne une figure puissante locale, souvent un grand propriétaire terrien, qui exerce un contrôle important sur une certaine région ou communauté. Le cacique dispose généralement d'un réseau de personnes à charge, notamment des paysans, des métayers, des travailleurs asservis et parfois même de petits fonctionnaires municipaux, qu'il peut mobiliser et protéger. Ces personnes sont souvent redevables au cacique pour leur subsistance et leur protection, et le cacique, à son tour, utilise ce pouvoir et cette influence pour maintenir son contrôle sur la région et ses ressources. Le système cacique est souvent considéré comme une continuation du système colonial traditionnel, dans lequel une petite élite exerce son pouvoir et son contrôle sur la majorité de la population. Cela a également contribué à l'absence de gouvernance démocratique et de stabilité dans ces nouvelles nations.

Beaucoup de caudillos en Amérique latine étaient d'origine métisse ou mixte, ou étaient des cow-boys autodidactes, qui avaient accédé au pouvoir grâce à leurs compétences militaires et politiques. Parmi les exemples, citons Jose Antonio Páez au Venezuela, qui a régné de 1830 aux années 1850, Juan Manuel de Rosas en Argentine, qui a dominé de 1829 à 1832 et de 1835 à 1852. Benito Suarez, au Mexique, qui a détenu le pouvoir dans une grande partie du pays au milieu du XIXe siècle, était également d'origine mixte. Ces dirigeants, malgré leur manque d'éducation formelle, ont réussi à obtenir et à conserver le pouvoir grâce à une combinaison de force militaire, de sens politique et de charisme. Cependant, leur règne était souvent caractérisé par l'autoritarisme, la répression de l'opposition politique et l'absence de gouvernance démocratique, ce qui a contribué à l'instabilité et aux défis auxquels ces nouvelles nations ont été confrontées.

Les caudillos, même s'ils étaient d'origine modeste, n'avaient pas l'intention de changer la structure sociale existante, car ils en tiraient profit. Ils ont maintenu un système de hiérarchie socio-raciale où l'élite continuait d'être blanche et créole tandis que les classes populaires étaient principalement métisses, bien qu'il y ait des exceptions. Cependant, avec l'ascension de ces dirigeants, quelques hommes ont pu gravir les échelons dans l'armée ou dans l'administration régionale, ce qui était auparavant impossible sous le régime colonial. Cela est dû au fait que les caudillos, malgré leur autoritarisme et leur manque de gouvernance démocratique, ont créé des opportunités de mobilité ascendante pour certains individus issus des classes sociales inférieures, principalement par le biais de l'armée. Cela a conduit à un changement dans la hiérarchie traditionnelle qui était basée sur la caste et la pureté du sang, et qui est devenue une hiérarchie socio-raciale, où des individus de différents milieux sociaux pouvaient accéder à des postes de pouvoir.

Après avoir obtenu leur indépendance, les nouvelles nations ont adopté des constitutions et des lois républicaines qui, en principe, ne limitaient pas la position des individus en fonction de leur caste et de la pureté de leur sang, comme c'était le cas sous le régime colonial. Il s'agissait d'un changement important, car il offrait à des personnes issues de milieux sociaux différents la possibilité d'accéder à des postes de pouvoir et d'influence, et remettait en question la hiérarchie traditionnelle fondée sur la caste et la pureté du sang. Toutefois, dans la pratique, l'ascendance raciale est restée un facteur important dans la détermination du statut social et des opportunités, et il était difficile pour les personnes d'origine sociale inférieure, en particulier celles d'origine indigène ou africaine, d'accéder au pouvoir politique et aux opportunités économiques. Cela a conduit à la persistance d'une hiérarchie socio-raciale, où la classe d'élite est restée blanche et créole, tandis que les classes populaires étaient principalement métisses et que les personnes d'origine indigène et africaine étaient sous-représentées dans le pouvoir politique et économique.

Les caudillos, qui sont les figures politiques dominantes de cette période, dirigent des groupes d'intérêt et cherchent à prendre le contrôle de l'État par le biais de différentes institutions. Ils ont également cherché à acquérir davantage de terres en se faisant concurrence lors d'élections ou de guerres civiles. Cependant, ces guerres civiles se limitaient souvent à de petites régions et le nombre de morts n'était pas aussi élevé que dans d'autres conflits. Cela s'explique par le fait que ces guerres civiles opposaient souvent différents caudillos et leurs partisans, plutôt que différentes classes ou groupes de la société. En outre, les caudillos bénéficiaient généralement du soutien des communautés locales, qui comptaient sur eux pour leur protection et leurs moyens de subsistance, ce qui limitait encore l'ampleur des conflits. Cependant, malgré la portée et l'impact limités de ces guerres civiles, elles ont contribué à l'instabilité et aux défis rencontrés par ces nouvelles nations dans leurs efforts pour établir une gouvernance et un développement efficaces.

Pendant la période du règne des caudillos, les divers groupes d'intérêts et factions se sont progressivement transformés en partis politiques, prenant le nom de "conservateurs" et "libéraux". Cependant, il y avait peu de différences économiques et idéologiques entre ces groupes, car les élites conservatrices et libérales vivaient toutes deux de l'agriculture, du commerce, des recettes douanières et de la politique. Ces élites s'accordent sur la nécessité d'instaurer des régimes républicains plutôt que des monarchies, car les républiques sont considérées comme une forme de gouvernement plus moderne et plus progressiste, et elles sont en phase avec la tendance en Europe, qui est alors majoritairement sous contrôle monarchique. Toutefois, malgré leur accord sur la forme de gouvernement, ces partis politiques se livrent souvent à des luttes de pouvoir et à des conflits, ce qui contribue à l'instabilité et aux défis auxquels sont confrontées ces nouvelles nations.

La différence idéologique fondamentale entre les conservateurs et les libéraux concerne le contrôle social, plus précisément la manière dont les élites prévoyaient de contrôler la société de couleur, située dans un vaste territoire où la présence de l'État était faible. Les conservateurs prônent généralement le maintien de la hiérarchie sociale existante et des structures de pouvoir traditionnelles, et estiment que l'Église catholique doit continuer à jouer un rôle dans le contrôle social, comme elle l'a fait à l'époque coloniale, en conservant le monopole de la religion et le contrôle de l'éducation. Les libéraux, quant à eux, préconisaient un modèle plus moderne de séparation de l'Église et de l'État, ainsi que la sécularisation de la société, afin de créer un nouveau système de contrôle social. Cela pourrait être réalisé par des institutions telles que la police, les organisations professionnelles et un système d'éducation plus avancé et plus répandu. L'idée des libéraux était de créer une société plus séculaire et progressiste, où l'église aurait moins de pouvoir sur le peuple et où l'État aurait plus de contrôle sur la société.

Les conflits des années 1825 et 1850 entre les conservateurs et les libéraux, s'ils n'ont pas été dévastateurs en termes de pertes humaines, n'ont touché qu'une petite partie de la population de chaque pays, mais ils ont ralenti la production et le commerce. Ces guerres civiles obligeaient les pays à entretenir des armées importantes et coûteuses, ce qui pesait sur l'économie. De plus, les secteurs des matières premières et de l'agriculture, qui étaient le pilier de l'économie, ont mis du temps à se rétablir, ce qui a entravé le développement d'une économie d'exportation. Il en a résulté un manque de croissance et de développement économiques, ce qui a contribué aux difficultés rencontrées par ces nouvelles nations dans leurs efforts pour établir une gouvernance et une stabilité efficaces.

D'autre part, la population étant très appauvrie, elle a résisté à l'augmentation des impôts, ce qui a rendu difficile la collecte efficace des impôts par les nouvelles administrations. En outre, les nouvelles administrations ne disposaient pas de suffisamment de fonctionnaires et de ressources pour collecter efficacement les impôts. Le principal secteur taxé étant le commerce, de nombreux pays ont dû contracter des emprunts auprès de puissances étrangères, notamment les Britanniques, pour financer leurs dépenses gouvernementales et militaires. L'Amérique latine, y compris des pays comme Haïti, est ainsi entrée dans un cycle d'endettement et de contrôle de son économie par l'étranger, car ces prêts devaient être remboursés avec des intérêts et le fardeau de la dette entravait le développement économique. Cela a contribué aux difficultés rencontrées par ces nouvelles nations dans leurs efforts pour établir une gouvernance et une stabilité efficaces.

1850 - 1870 : l’ère libérale

La période allant de 1850 à 1870 est souvent qualifiée d'"ère libérale" en Amérique latine. Au cours de cette période, de nombreux pays ont connu d'importants changements politiques et économiques. Les mouvements libéraux qui avaient émergé pendant la période du caudillo ont pris de l'ampleur et de nombreux pays ont connu un processus de libéralisation, caractérisé par la mise en œuvre de réformes plus progressistes, telles qu'une plus grande participation politique, la liberté de la presse et une liberté économique accrue. Les libéraux ont cherché à créer une société plus laïque et progressiste, où l'église aurait moins de pouvoir sur le peuple et l'État aurait plus de contrôle sur la société. Le rôle de l'État dans l'économie est réduit et le secteur privé est encouragé à se développer. Cette période a été marquée par un certain nombre de guerres civiles, de coups d'État et de luttes politiques, mais elle a également débouché sur une société plus stable et progressiste à long terme.

Génération née après les indépendances

Alors que l'ère du caudillo touchait à sa fin, une nouvelle génération de dirigeants est apparue, née après l'indépendance et éduquée en dehors du contrôle colonial et ecclésiastique. Cette génération de dirigeants avait une perspective plus moderne et progressiste et était plus disposée à mettre en œuvre des politiques plus libérales. Grâce à leur leadership, les exportations de plusieurs pays d'Amérique latine, notamment du Brésil, ont augmenté. Cette nouvelle génération de dirigeants a également joué un rôle important dans la promotion de réformes plus progressistes et libérales, telles qu'une plus grande participation politique, la liberté de la presse et une liberté économique accrue. Ils ont également cherché à créer une société plus laïque et progressiste, où l'église aurait moins de pouvoir sur le peuple et où l'État aurait plus de contrôle sur la société. Le rôle de l'État dans l'économie est réduit et le secteur privé est encouragé à se développer. Cette période a marqué une transition de l'ère caudillo vers une société plus stable et plus progressive.

La période de 1850 à 1870 a été marquée par une croissance économique et un développement accrus en Amérique latine, dus en grande partie à la demande croissante de matières premières et de produits agricoles tropicaux en Europe, suite à l'industrialisation de l'Europe. L'Europe avait besoin de quantités croissantes de cacao, de sucre, de blé, d'engrais pour son agriculture, de laine pour son industrie textile et de métaux pour la production d'outils et de machines. Cela a créé de nouvelles opportunités pour les pays d'Amérique latine d'exporter ces produits, ce qui a entraîné une croissance économique et un développement accrus. Cette période a également vu une augmentation des investissements étrangers en Amérique latine, les pays européens cherchant à s'assurer un accès à ces précieuses ressources. Ces investissements étrangers ont permis le développement des infrastructures et de l'industrie en Amérique latine, ce qui a encore renforcé la croissance économique et le développement.

Pour répondre à cette demande croissante de matières premières et de produits agricoles tropicaux, les gouvernements des pays d'Amérique latine ont commencé à investir dans les infrastructures nécessaires à l'exportation de ces produits en grandes quantités. Par exemple, le Pérou a commencé à exporter du guano comme engrais, le Brésil a exporté du café, le Venezuela a exporté du cacao, le Mexique a exporté des minéraux et les pays des Caraïbes ont exporté du sucre. Cette activité d'exportation accrue a entraîné une croissance et un développement économiques et a ouvert de nouvelles voies d'enrichissement et de mobilité sociale au-delà de l'armée. Cette période a marqué le début de "l'ère libérale" en Amérique latine, caractérisée par des politiques plus progressistes et une plus grande liberté économique, qui ont contribué à stimuler la croissance économique et le développement. Grâce à ces changements, davantage de personnes ont eu accès à des opportunités économiques et à la mobilité sociale, ce qui a contribué à une société plus stable et progressiste.

Les Libéraux au pouvoir

L'année 1848 est marquée par une révolution en Europe, connue sous le nom de "printemps des peuples", qui a vu le renversement des monarchies et la montée des mouvements libéraux sur tout le continent. La révolution de 1848 en France a conduit au renversement de la monarchie de Juillet et à l'abolition de l'esclavage dans les dernières colonies françaises d'Amérique, comme la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. De même, l'Angleterre avait aboli l'esclavage en 1838. Ces événements ont eu un impact important sur l'Amérique latine, car l'abolition de l'esclavage en Europe a entraîné une pression accrue sur les pays d'Amérique latine pour qu'ils fassent de même. Ces événements ont contribué au déclin de l'ère des caudillos, qui dépendaient largement du travail des esclaves, et ont laissé la place à une nouvelle génération de dirigeants plus disposés à mettre en œuvre des politiques plus progressistes. En outre, les mouvements libéraux qui ont émergé en Europe au cours de cette période ont également influencé la montée des mouvements libéraux en Amérique latine, ce qui a contribué à la libéralisation de la société et de l'économie.

Les bouleversements politiques de 1848 en Europe ont également eu un impact significatif sur l'Amérique latine, car les mouvements libéraux qui ont émergé à cette époque ont également influencé la montée des mouvements libéraux en Amérique latine. Cela a conduit à la libéralisation de la société et de l'économie et, presque partout, les libéraux ont pris le pouvoir, par le biais d'élections ou de coups d'État. Les artisans ont formé des clubs pour se mobiliser contre l'esclavage, et l'idéologie des nouveaux hommes au pouvoir était le libéralisme. Cela a contribué à ouvrir la voie à une société et une économie plus progressistes et libérales, où l'esclavage a été aboli et où davantage de personnes ont eu accès aux opportunités économiques et à la mobilité sociale. Cette période a marqué la transition entre l'ère du caudillo et une société plus stable et progressiste.

Durant cette ère libérale, l'idéologie du libéralisme a non seulement influencé les politiques économiques, mais aussi la pensée, la religion et les mouvements. Cela a conduit à une série de réformes progressistes. Presque toutes les nations devenues indépendantes ont aboli l'esclavage entre 1851 et 1854, dans de nombreux pays des milliers d'esclaves ont été libérés sans recevoir aucune compensation. Cependant, dans certains endroits, l'esclavage a persisté plus longtemps, par exemple en Bolivie et au Paraguay jusqu'aux années 1830, dans les Caraïbes jusqu'en 1873 à Porto Rico, et à Cuba jusqu'en 1886. Au Brésil, l'esclavage a été aboli en 1888. Cette abolition de l'esclavage a constitué une étape importante vers une société et une économie plus progressistes et libérales, où davantage de personnes avaient accès aux opportunités économiques et à la mobilité sociale.

Les nouvelles constitutions qui ont été mises en œuvre durant l'ère libérale étaient presque toutes de nature libérale et garantissaient la séparation entre l'Église catholique et l'État. Cette séparation de l'Église et de l'État était un aspect essentiel du libéralisme, car elle a contribué à créer une société plus laïque et progressiste. Toutefois, le Brésil fait exception à cette tendance car il est encore un empire et maintient une relation étroite entre l'Église et l'État. Dans la plupart des pays, l'État a saisi les biens de l'Église catholique et des congrégations religieuses dans le cadre du processus de libéralisation, ce qui a encore réduit le pouvoir de l'Église sur la société et l'État.

Au cours de l'ère libérale, le suffrage s'est démocratisé et de nombreux pays ont supprimé l'obligation de posséder des biens ou de savoir lire et écrire pour pouvoir voter. Par exemple, en Colombie en 1853, et au Mexique en 1857, le suffrage universel a été adopté pour les hommes, et tout le monde a été décrété citoyen. En outre, les titres de noblesse ont été abolis dans le cadre du processus de libéralisation. Ces changements ont contribué à créer une société plus démocratique et plus inclusive, où davantage de personnes avaient leur mot à dire dans le processus politique. L'introduction du suffrage universel pour les hommes a constitué une étape importante vers une plus grande participation et représentation politiques de tous les citoyens.

L’augmentation des exportations

En même temps, ces gouvernements libéraux appliquent le dogme du libéralisme économique. On appelle cela le libéralisme économique, mais l’État met au service du secteur privé les ressources publiques qui sont détournées des besoins de l’immense majorité de la population.

Les gouvernements décrètent qu’il faut exporter plus, pour cela l’État va tout faire pour assurer les meilleures conditions possibles aux entrepreneurs et aux exportateurs :

  • terres fertiles fournies aux grands entrepreneurs.
  • des emprunts d’État sont passés pour développer les transports non pas pour faciliter la communication entre les gens, mais pour mieux exporter.
  • main d’œuvre abondante soumise par l’armée, la police et de nouvelles lois.

Le gouvernement stimule le libéralisme économique en le subventionnant avec l’argent public tout en assurant la protection de l’État.

Les trois conditions indispensables

Le contrôle de la terre

Les gouvernements cherchent à mettre les terres les plus productives aux mains d’entrepreneurs qui s’engagent à investir et à faire fructifier ces terres au maximum. C’est comme cela que les gouvernements vendent les terres qui leur restent de la couronne espagnole, les vendant sans tenir compte des habitants qui en vivent, mais qui n’ont pas de titre de propriété privé.

Par exemple, la loi lerdo au Mexique en 1858 attaque les propriétés de l’Église catholique sous couvert d’être une loi contre la propriété collectif, ce genre de loi peut être utilisée pour déposséder les communautés amérindiennes de leurs terres communautaires au nom de la propriété privée.

Ce qui se passe est qu’on a des transferts de possessions de terres souvent énormes se faisant au bénéfice de propriétaires terriens créoles, de compagnies étrangères et de quelques immigrants. Ce processus laisse sans terres les propriétaires indiens ainsi qu’une quantité de paysans de toutes races et couleurs qui vont fournir une main d’œuvre et contribuer à former une main d’œuvre docile, abondante et bon marché.

La modernisation des transports

Jusque-là, les transports se faisaient par des sentiers à dos de mules ou à dos d’hommes. Très peu de fleuves sont navigables ce qui va compliquer beaucoup les choses. Vers 1850, de nombreux gouvernements libéraux signent de gros contrats en général avec des compagnies britanniques pour construire des routes, de chemins de fers, des canaux, mais aussi pour aménager des ports maritimes.

Dans ce processus, les États s’endettent encore plus. Il faut noter que ces réseaux de communications ne visent qu’à exporter plus vite les produits tropicaux et miniers ne visant pas à créer un système de communications qui intègrerait les différentes régions d’une même nation et encore moins qui permettrait de voyager d’une nation latino-américaine à l’autre. La plupart des régions frontières sont des régions où il n’y a pratiquement pas de colonisation, on trouve encore des populations indiennes qui ne vivent avec aucun lien avec l’État.

L’existence d’une main-d’œuvre abondante, docile, flexible et bon marché

Les anciens esclaves ne reçoivent aucune aide de l’État pour s’intégrer, au Pérou les propriétaires d’esclaves sont indemnisés pour la perte de leurs « propriétés humaines ». Les gouvernements vont édicter des lois contre le vagabondage qui permettent de condamner les vagabonds au travail forcé ou de les enrôler de force dans les armées.

Il s’ajoute comme main d’œuvre disponible ceux qui ont été dépossédés des terres qui les font vivre comme les petits paysans qui n’ont pas de titre de propriété et les Indiens. Ces hommes deviennent métayers devant payer aux propriétaires une part de leur récolte ou devenant des péons c’est-à-dire des ouvriers agricoles qui sont asservis aux haciendas et aux grandes plantations par l’endettent systématique, on appelle cela le « péonage pour dette » ; au fond, ils sont obligés d’acheter les quelques biens qu’ils ne produisent pas au magasin de l’hacienda avec des jetons qui sont pris sur l’avance de salaire, bien sûr, leurs achats valent plus que le maigre salaire qu’on leur verse les forçant à rester rattachés à l’hacienda.

Pour créer cette main d’œuvre abondante, avant même la fin de l’esclavage le Pérou et Cuba se tournent vers l’Asie pour faire venir des coolies c’est-à-dire des travailleurs qui viennent d’Inde ou de Chine utilisées pour ramasser le guano, mais aussi dans les plantations de canne à sucre. Il y aura en tout 100 000 Chinois importés pour ramasser le guano et le sucre au Pérou et 150 000 pour les plantations sucrières de Cuba ; tout comme les esclaves africains, ils sont sous-alimentés, battus et fouettés souvent jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Malgré le libéralisme on a une continuée du travail forcé qui devient multiforme avec des formes archaïques avec l’esclavage qui perdure au Brésil et à Cuba, mais aussi des formes plus modernes avec le péonage pour dette et les travailleurs engagés d’Asie.

Avec l’augmentation des exportations, on a une augmentation des importations. Presque partout, les outils, les instruments, les armes, les machines et même parfois les textiles et les biens de consommation courants sont importés de pays industrialisés et principalement d’Angleterre.

Cela a un effet lourd pour l’artisanat local, car les artisans latino-américains ont des techniques qui remontent à l’époque coloniale produisant pour un marché intérieur très réduit en direction du local ne pouvant rentrer en compétition avec les usines notamment d’Angleterre qui exportent grâce à un prolétariat sous-payé et cela même si les coûts de transports augmentent beaucoup le prix des biens achetés. Les salaires en Europe sont tellement faibles et la production tellement massive que même avec les frais de transport, les produits européens sont plus compétitifs.

L’industrie domestique ne s’accroit presque pas et les gouvernements libéraux ne cherchent pas à la protéger contre la concurrence étrangère.

Pourquoi le choix du libéralisme économique ?

Il y a la croyance souvent justifiée que les produits manufacturés importés sont de meilleure qualité et parce que de nombreux pays vivent des revenus douaniers c’est-à-dire que des taxes à l’importation et à l’exportation, le protectionnisme aurait limité ces taxes.

Avec les importations d’Europe arrivent des commerçants souvent anglais qui exercent une grosse influence sur le pays d’accueil, car en plus d’être commerçant ils sont actifs dans les transports, les assurances et les prêts financiers. Les plus riches, puissants et influents d’entre eux sont aussi les consules de leur pays d’origine, ils ont donc les moyens de faire pression sur les pays et les gouvernements des pays latino-américains.

L’industrie domestique se développe peu, car la structure de la société demeure très inégale avec une petite élite au sommet et en bas une grande masse de travailleurs sans pouvoir d’achat ; sans augmentation des consommateurs il n’y a pas de développent de l’industrie.

La profonde cause est idéologie, c’est la croyance des élites dans la liberté de commerce, dogme arrivé en Amérique latine avec la philosophie des lumières et l’adhésion des grands leaders de l’indépendance au principe du libéralisme politique et économique.

Au dogme du libéralisme s’ajoute le fait que les élites parviennent à maintenir un système de valeurs et une hiérarchie socio-raciale à travers le libéralisme qui assure le contrôle de la propriété de la terre et de la main d’œuvre tout en restant au pouvoir.

Les tentatives de résistance

La majorité exploitée tente de résister par des révoltes qui sont en général matées dans le sang ; plus généralement, c’est dans la discrétion qu’elle se révolte par le sabotage de la production ou par la fuite après l’accumulation de dette.

Il faut se rappeler que ces classes populaires sont fragmentées par la géographie, affaiblies parce que les structures communautaires ont été cassées, d’autre part il est très difficile de se mobiliser quand on a une coexistence de plusieurs formes de travail. Tout cela entraine souvent le déplacement forcé, la paupérisation, de nombreuses familles sont disloquées faisant de plus en plus de mères célibataires qui sont chefs de famille et qui travaillent dans l’économie domestique des villes ou des gros bourgs tandis que les pères deviennent des travailleurs migrants ou saisonniers, ainsi la situation de leurs enfants devient précarisée.

Conclusion

Vers 1850, on a le triomphe de la propriété privée donc du riche et du plus fort même si les constitutions proclament les idéaux d’égalité et de liberté. Le libéralisme des années 1850 à 1870 est en fait l’ère de liberté pour les puissants et l’ère de l’illusion démocratique pour la majorité des populations.

Annexes

Références