Coups d’État et populismes latino-américains

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L’essor du populisme en Amérique latine, manifeste après la Première Guerre mondiale, trouve son origine dans une combinaison de dynamiques sociales et économiques complexes. La faiblesse des institutions démocratiques, impuissantes face aux exigences croissantes des citoyens, la pauvreté endémique et des inégalités flagrantes, ont formé un terreau fertile pour le germination des idées populistes. L’impact dévastateur de la Grande Dépression de 1929 a amplifié ces tensions préexistantes, plongeant la région dans une ère de violence politique et de troubles sociaux sans précédent.

En Colombie, l’épopée de Jorge Eliécer Gaitán incarne cette période tumultueuse. Porté par une vague de soutien populaire, Gaitán et son mouvement ont capturé l’imaginaire des déshérités, promettant justice et égalité. Son assassinat tragique en 1948 a engendré "La Violencia", une période de conflits internes sanglants et persistants.

Cuba n’était pas en reste. Les années 1930 ont été marquées par l’émergence de Fulgencio Batista, un autre leader charismatique prétendant défendre les intérêts des classes laborieuses. Cependant, la corruption et l’autoritarisme ont érodé la légitimité de son règne, préparant le terrain pour la révolution de Fidel Castro en 1959.

Au Brésil, l’arrivée au pouvoir de Getúlio Vargas en 1930 semblait présager un changement radical. Vargas, avec son discours centré sur le bien-être de la classe ouvrière et des populations marginalisées, a lancé des réformes progressives. Pourtant, la dérive autoritaire de son gouvernement a terni son héritage, culminant dans son renversement en 1945.

Ce travail se propose de disséquer les forces sous-jacentes qui ont favorisé l’émergence du populisme en Amérique latine, en s'appuyant sur un contexte politico-économique marqué par des bouleversements mondiaux. Il offre une analyse minutieuse des répercussions de la Grande Dépression sur la région, illustrée par des études de cas approfondies en Colombie, à Cuba, et au Brésil, révélant les nuances et les spécificités nationales qui ont caractérisé chaque expérience avec le populisme.

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Les années 1920 : Un tournant dans l'histoire de l'Amérique latine

Au cours des années 1920, l'Amérique latine s'est transformée sous l'effet de dynamiques économiques, politiques et sociales en pleine effervescence. Après la fin de la Première Guerre mondiale, la région a bénéficié d'une croissance économique remarquable, souvent qualifiée de « boom ». Cette période de prospérité, qui s'est étirée jusqu'à la fin de la décennie, était largement alimentée par la demande internationale croissante pour les produits sud-américains, stimulée par la reprise économique mondiale et l'expansion industrielle. L’augmentation substantielle de la demande pour les matières premières comme le caoutchouc, le cuivre, et le soja a propulsé les économies latino-américaines sur la voie de la croissance. Les marchés internationaux, en cours de reconstruction et d'expansion, ont absorbé ces produits à un rythme sans précédent. En conséquence, l’investissement étranger a afflué, les industries nationales se sont développées, et l'urbanisation a progressé à un rythme accéléré, modifiant le paysage social et économique de la région. Ce boom économique a également provoqué des changements sociopolitiques significatifs. L’émergence d’une classe moyenne plus robuste et l'accroissement de la population urbaine ont instigué un élan pour des réformes démocratiques et sociales. Les citoyens, désormais plus informés et engagés, ont commencé à exiger une plus grande participation politique et une répartition plus équitable des richesses nationales. Cependant, cette prospérité apparente cachait des vulnérabilités structurelles. La dépendance excessive à l'égard des marchés mondiaux et des matières premières a rendu l'Amérique latine particulièrement sensible aux fluctuations économiques internationales. La Grande Dépression de 1929 a brutalement révélé ces faiblesses, entraînant une contraction économique sévère, le chômage et l’instabilité sociale et politique.

La période dorée des années 1920 en Amérique latine, souvent évoquée sous l'appellation "la danse des millions", incarne une époque de prospérité sans précédent, marquée par une croissance économique galopante et un optimisme contagieux. La hausse exponentielle du produit national brut et l'engouement des investisseurs étrangers, principalement des États-Unis, ont transformé la région en un terrain fertile pour les opportunités d'affaires et l'innovation. Cette ère de prospérité était le produit d'un alignement fortuit de facteurs économiques globaux et régionaux. La reconstruction post-Première Guerre mondiale en Europe et ailleurs stimulait la demande pour les ressources naturelles et agricoles de l'Amérique latine. Les pays de la région, richement dotés en matières premières, ont vu leurs exportations s'envoler, entraînant avec elles une expansion économique et une prospérité nationales. "La danse des millions" n'était pas seulement un phénomène économique. Elle a imprégné la psyché sociale et culturelle de la région, insufflant un sentiment d’optimisme et d’euphorie. Les métropoles bourgeonnaient, les arts et la culture florissaient, et un sentiment palpable que l’Amérique latine était en passe de réaliser son potentiel inexploré se répandait. Cependant, cette danse effrénée était également teintée d'ambiguïté. La prospérité n'était pas uniformément répartie, et les inégalités sociales et économiques persistaient, voire s'aggravaient. L’afflux massif de capitaux étrangers a également suscité des préoccupations quant à la dépendance économique et l’ingérence étrangère. L'embellie était vulnérable, ancrée dans la volatilité des marchés mondiaux et la fluctuation des prix des matières premières.

La "danse des millions" est un épisode emblématique dans l'histoire économique de l'Amérique latine, illustrant une transformation marquée par l'afflux d'investissements étrangers et une diversification économique naissante. Alors que la région était traditionnellement ancrée dans une économie d'exportation dominée par les produits agricoles et miniers, les circonstances mondiales ont ouvert une fenêtre d'opportunité pour une réorientation significative. La Première Guerre mondiale avait contraint l'Europe à réduire ses exportations, créant un vide que les industries naissantes de l'Amérique latine se sont empressées de combler. Le continent, riche en ressources naturelles mais auparavant limité par la faible capacité industrielle, a entrepris un processus d'industrialisation accéléré. Les industries textiles, alimentaires et de construction ont bénéficié d'une croissance remarquable, signalant une transition vers une économie plus autosuffisante et diversifiée. Cet afflux d'investissements étrangers, conjugué à la croissance industrielle intérieure, a également entraîné une urbanisation rapide. Des villes se sont développées et élargies, et avec elles, une classe moyenne urbaine a émergé, modifiant le paysage social et politique de la région. Cette nouvelle dynamique a insufflé une vitalité et une diversité à l'économie, mais a également mis en lumière des défis structurels et des inégalités persistantes. Malgré l'euphorie économique, la dépendance continue à l'égard des exportations de matières premières a laissé la région vulnérable aux chocs externes. La prospérité reposait sur un équilibre précaire, et la "danse des millions" était à la fois une célébration de la croissance et une préfiguration des vulnérabilités économiques à venir.

La période post-Première Guerre mondiale a effectivement été caractérisée par l'ascension de l'impérialisme américain en Amérique latine. Alors que les puissances européennes, notamment la Grande-Bretagne, étaient occupées par la reconstruction après la guerre, les États-Unis ont saisi l'opportunité d'étendre leur emprise sur leur voisinage méridional. Cette ascendance n'était pas simplement le fruit du hasard mais résultait d'une stratégie délibérée. Le Doctrine Monroe, proclamée au début du XIXe siècle, trouvait une nouvelle pertinence dans ce contexte, avec son principe cardinal, « l'Amérique aux Américains », servant de base idéologique à l'expansion américaine. Les modalités de cette intrusion impérialiste étaient diverses. Politiquement, les États-Unis ont été impliqués dans l'ingénierie du changement de régime, installant des gouvernements qui étaient idéologiquement alignés et économiquement subordonnés à Washington. Des interventions militaires directes, des soutiens aux coups d’État, et d'autres formes d'ingérence politique étaient monnaie courante. Économiquement, les compagnies américaines ont proliféré dans la région. Leur influence n'était pas limitée à l'extraction des ressources naturelles et agricoles, mais s'étendait également à la domination des marchés locaux et régionaux. Le concept de "bananeraies", où des entreprises comme United Fruit Company exerçaient une influence considérable, est devenu emblématique de cette époque. Culturellement, l'Amérique latine a été exposée à une intense americanisation. Le style de vie, les valeurs, et les idéaux démocratiques américains ont été promus, souvent au détriment des traditions et des identités locales. L’hégémonie américaine en Amérique latine a eu des implications profondes. Elle a instauré un nouvel ordre régional et a redéfini les relations interaméricaines pour les décennies à venir. Bien que cette influence ait apporté modernisation et développement dans certains secteurs, elle a également engendré des résistances, des ressentiments et des instabilités politiques. La dualité de l'impact américain - en tant que catalyseur du développement et source de contention - continue d'habiter l'imaginaire politique et culturel de l'Amérique latine. Les héritages de cette époque sont encore palpables aujourd'hui, témoignant de la complexité et de l’ambiguïté de l’impérialisme américain dans la région.

Durant la "danse des millions", le tissu social de l'Amérique latine a été remodelé et redéfini par d’importants bouleversements économiques et politiques. La mutation n'était pas seulement visible dans les chiffres de la croissance économique ou les taux d'investissement étranger, mais aussi dans la vie quotidienne des citoyens ordinaires, dont les existences étaient transformées par les courants de changement qui traversaient le continent. La modification structurelle de l'économie a résonné profondément dans la société. L’agriculture, autrefois l’épine dorsale de l’économie, a été mécanisée, réduisant la nécessité d’une main-d'œuvre abondante et exacerbant le déclin de la petite paysannerie. Les grandes haciendas et les entreprises agricoles commerciales sont devenues des acteurs dominants, poussant de nombreux petits agriculteurs et métayers hors de leurs terres ancestrales. L'exode rural, un phénomène d'émigration massive de la campagne vers les villes, était un symptôme visible de ces transformations économiques. Des villes autrefois paisibles et gérables sont devenues des métropoles animées, et avec cette croissance démographique sont venus des défis complexes liés à l'emploi, au logement, et aux services publics. La pauvreté et les inégalités, déjà préoccupantes, ont été exacerbées, avec des bidonvilles et des quartiers défavorisés émergeant à la périphérie des centres urbains florissants. L’immigration européenne massive, en particulier en Argentine et au Brésil, a ajouté une autre couche de complexité à ce mélange social en ébullition. Elle a stimulé la croissance démographique et économique, mais a également intensifié la concurrence pour les emplois et les ressources, et a amplifié les tensions sociales et culturelles. Dans ce contexte de changement rapide et souvent déstabilisant, le terrain était fertile pour l'émergence d'idéologies populistes. Les leaders populistes, avec leur rhétorique axée sur la justice sociale, l'équité économique et la réforme politique, ont trouvé une résonance particulière parmi les masses désenchantées. Pour ceux qui étaient déplacés, marginalisés et désillusionnés par les promesses non tenues de la prospérité économique, le populisme offrait non seulement des réponses, mais aussi un sentiment d'appartenance et de dignité.

L'évolution rapide de la structure démographique en Amérique latine, résultant de l'industrialisation et de l'urbanisation accélérées, a incarné une transformation significative qui a redéfini la région à de nombreux égards. Le déplacement massif de la population des campagnes vers les centres urbains était non seulement une migration physique, mais aussi une transition culturelle, sociale, et économique. Dans des pays comme l'Argentine, le Pérou, et ceux d'Amérique centrale, la baisse rapide du pourcentage de la population vivant dans les zones rurales a mis en évidence l'ampleur du mouvement. Les villes sont devenues les principaux moteurs de croissance, attirant une multitude de migrants ruraux avec la promesse d'emplois et d'opportunités dans le sillage de l'expansion industrielle. Cependant, cette croissance rapide a également amplifié des problèmes existants et en a introduit de nouveaux. Les infrastructures urbaines, non préparées à une telle affluence, étaient souvent submergées. La pénurie de logements, l'insuffisance des services de santé et d'éducation, et le chômage croissant sont devenus des problèmes persistants. Les villes, symboles d'opportunité, étaient également le théâtre d’inégalités criantes et de pauvreté urbaine. Pour les élites traditionnelles, ce bouleversement démographique présentait un défi complexe. Les méthodes anciennes de gouvernance et de maintien de l'ordre social étaient insuffisantes face à une population urbaine en croissance rapide, diversifiée et souvent mécontente. De nouveaux mécanismes de gestion sociale, politique et économique étaient nécessaires pour naviguer dans cette réalité changeante. Ce basculement vers une société urbaine a également eu des implications profondes sur le plan politique. Les nouveaux arrivants urbains, dotés de préoccupations et d'exigences distinctes, ont modifié le paysage politique. Les partis et mouvements politiques qui pouvaient articuler et répondre à ces nouvelles demandes ont gagné en importance. C'est dans ce contexte que le populisme, avec son appel direct aux masses et sa promesse de réformes sociales et économiques, a gagné du terrain. L'héritage de cette transformation rapide est encore visible aujourd'hui. Les villes d'Amérique latine sont des centres vibrants de culture, d'économie et de politique, mais elles sont également confrontées à des défis persistants de pauvreté, d'inégalité et de gouvernance. La migration de la campagne à la ville, qui a été un élément déterminant de la "danse des millions", continue d'influencer la trajectoire de développement de l'Amérique latine, témoignant de la complexité et de la dynamique de cette région diverse et en évolution rapide.

La "danse des millions" n'a pas été seulement une métamorphose économique et démographique ; elle a également été marquée par une effervescence intellectuelle et idéologique. Le développement des réseaux de commerce et de communication a tissé des liens plus étroits non seulement entre les villes et les régions, mais aussi entre les pays et les continents. L’Amérique latine est devenue un creuset où les idées et les idéologies se sont croisées et mélangées, formant un terrain propice à l'innovation sociale et politique, mais aussi à la contestation. Le Mexique, en pleine effervescence révolutionnaire, est devenu un exportateur d'idées progressistes et nationalistes. En même temps, l’influence de l'Europe socialiste et fasciste, et de la Russie bolchévique, s'est infiltrée, introduisant des concepts et des méthodologies qui ont défié les paradigmes existants. Chaque courant de pensée a trouvé ses adeptes, ses critiques, et a contribué à la richesse du discours politique de la région. L’immigration, en particulier l’arrivée d’immigrants juifs fuyant les persécutions en Europe, a ajouté une autre dimension à cette mosaïque culturelle et intellectuelle. Ils ont apporté avec eux non seulement des compétences et des talents divers, mais aussi des perspectives idéologiques et culturelles distinctes, enrichissant le discours social et politique. Les élites traditionnelles se sont retrouvées dans une position précaire. Leur autorité, autrefois incontestée, était désormais mise à l’épreuve par une population de plus en plus diverse, éduquée et engagée. Les villes, centres d'innovation et de contestation, sont devenues des arènes où se déroulaient des débats houleux sur l’identité, la gouvernance, et la justice sociale. Dans ce contexte, le populisme a trouvé son moment et son lieu. Les leaders populistes, avec leur capacité à articuler les frustrations des masses et à présenter des visions audacieuses d'égalité et de justice, ont gagné en popularité. Ils ont su naviguer dans cette mer tumultueuse d'idées et d'idéologies, proposant des réponses concrètes aux défis pressants de la pauvreté, de l'inégalité, et de l’exclusion. La "danse des millions" se révèle ainsi comme une période de transformation multidimensionnelle. Elle a non seulement redéfini l'économie et la démographie de l’Amérique latine, mais elle a également inauguré une ère de pluralisme idéologique et de dynamisme politique qui continuerait à façonner la destinée de la région pour des générations. Dans ce contexte foisonnant, les tensions entre tradition et modernité, élites et masses, ainsi que entre différentes idéologies, ont forgé le caractère distinct et complexe de l’Amérique latine telle que nous la connaissons aujourd'hui.

La période caractérisée par la "danse des millions" a été un moment critique où les structures de pouvoir établies et les normes sociales en Amérique latine ont été profondément remises en question. La conjonction des forces de l'industrialisation rapide, de l'urbanisation et de l'afflux d'idéologies étrangères a mis à nu les fissures dans les fondations des régimes existants et a déclenché une réévaluation de l’ordre social et politique. L’élite traditionnelle et l’Église catholique, jadis des piliers incontestés de l’autorité et de l’influence, ont été confrontées à une série de défis sans précédent. Leur autorité morale et politique a été érodée non seulement par la diversification des idées et des croyances mais aussi par leur incapacité apparente à atténuer la pauvreté et les inégalités exacerbées par la transformation économique rapide. Les nouvelles idéologies, apportées par les vagues d'immigrants et facilitées par les réseaux de communication en expansion, ont contourné les gardiens traditionnels de l’information et de la connaissance. Les idées du socialisme, du fascisme et du bolchevisme, entre autres, ont trouvé un écho parmi des segments de la population qui se sentaient marginalisés et oubliés par le système existant. La croissance rapide des centres urbains a été un autre catalyseur de changement. Les villes sont devenues des creusets de diversité et d’innovation, mais aussi des épicentres de pauvreté et de désenchantement. Les nouveaux arrivants en ville, détachés des structures traditionnelles de la vie rurale et confrontés aux réalités crues de la vie urbaine, étaient réceptifs aux idées radicales et aux mouvements de réforme. C'est dans ce terreau fertile que les mouvements populistes ont germé et prospéré. Les leaders populistes, habiles à canaliser le mécontentement populaire et à articuler une vision d'équité et de justice, ont émergé comme des alternatives viables aux élites traditionnelles. Ils ont offert une réponse, bien que controversée, aux questions pressantes de l’époque: comment réconcilier le progrès économique avec la justice sociale? Comment intégrer les idées et les identités diverses dans une vision cohérente de la nation?

Cette migration massive de la campagne vers la ville a engendré un bouillonnement culturel et social dont les répercussions résonnent encore dans l’Amérique latine contemporaine. Les villes, autrefois des bastions de l'élite urbaine et des traditions coloniales, sont devenues des scènes vibrantes d'interaction et de fusion entre différentes classes, ethnies et cultures. Dans les villes bourgeonnantes, les bidonvilles et les quartiers populaires se sont multipliés, abritant une population diverse et dynamique. Si ces zones étaient marquées par la pauvreté et la précarité, elles étaient aussi des espaces d’innovation, où de nouvelles formes d'expression culturelle, artistique et musicale ont vu le jour. La musique, l'art, la littérature et même la cuisine ont été transformés par cette fusion de traditions et d’influences. Chaque ville est devenue un tableau vivant de la diversité de son pays. À Rio de Janeiro, à Buenos Aires, à Mexico, les sons, les saveurs et les couleurs des régions rurales ont imprégné la vie urbaine, créant des métropoles aux identités riches et complexes. Des traditions qui étaient autrefois isolées dans des villages et des communautés rurales éloignés se sont mélangées et ont évolué, donnant naissance à des formes culturelles uniques et distinctives. Sur le plan social, les migrants ruraux ont été confrontés à la réalité brutale de la vie urbaine. L'adaptation à un environnement urbain exigeait non seulement une réorientation économique et professionnelle, mais aussi une transformation des identités et des modes de vie. Les anciennes normes et valeurs ont été remises en question, et les nouveaux arrivants ont dû naviguer dans un paysage social en constante évolution. Cependant, ces défis étaient aussi des vecteurs de changement. Les communautés de migrants ont été des agents actifs de transformation sociale et culturelle. Ils ont introduit de nouvelles normes, de nouvelles valeurs et de nouvelles aspirations dans le discours urbain. La lutte pour la survie, la dignité et la reconnaissance a donné une nouvelle impulsion aux mouvements sociaux et politiques, renforçant la demande de droits, de justice et d'équité.

//Bien que souvent confrontés au rejet et à la discrimination, ces migrants ruraux ont joué un rôle important dans l'intégration nationale. Leur présence dans les villes a apporté avec eux leurs traditions régionales et leur patrimoine culturel, enrichissant ainsi le tissu urbain. La nécessité d'être alphabétisé dans la vie urbaine a entraîné une croissance de l'éducation, les écoles devenant plus largement accessibles, ce qui a eu pour effet d'accroître l'alphabétisation de la population. En outre, l'arrivée de la radio et du cinéma dans les villes au cours des années 1920 a ajouté une nouvelle dimension à la vie urbaine et a offert de nouvelles possibilités de communication, de divertissement et d'expression culturelle. Ces développements ont apporté de nouveaux défis et opportunités, et ont contribué à façonner l'identité nationale émergente de l'Amérique latine dans les années à venir.

Au cours des années 1910 et 1920, d'autres changements sociaux importants ont eu lieu en Amérique latine. Une nouvelle classe moyenne est apparue : des intellectuels, des propriétaires de petites entreprises, des entrepreneurs, des enseignants et des fonctionnaires des capitales et des grandes villes. Ce groupe recherchait la stabilité et une place dans la société, mais il ne souhaitait plus être contrôlé par les élites traditionnelles ou le capital étranger. L'émergence de cette nouvelle classe moyenne a apporté de nouvelles perspectives, idées et aspirations et a contribué à façonner le paysage politique, social et culturel de la région. Ce groupe a joué un rôle important dans le développement d'un sentiment d'identité nationale et d'une société plus démocratique et inclusive.

À cette époque, le nombre d'étudiants universitaires augmente également, principalement des jeunes hommes issus de la classe moyenne supérieure. Ces étudiants ont apporté une énergie, des idées et des ambitions nouvelles aux universités et ont contribué à façonner la vie intellectuelle et culturelle de la région. L'augmentation de la population étudiante reflète également des changements sociaux et économiques plus larges, un nombre croissant de familles cherchant à offrir à leurs enfants une éducation supérieure et de meilleures opportunités pour l'avenir. La croissance de cette élite intellectuelle a contribué à créer de nouvelles voies pour l'engagement politique et culturel, et a joué un rôle important dans le façonnement de l'avenir de l'Amérique latine.

En 1918, les étudiants sont devenus une force politique en Amérique latine. Ils réclament l'autonomie des universités et sont influencés par diverses idéologies, notamment le socialisme, l'anarchisme, la révolution mexicaine et l'indigénisme. Ce réveil de l'activisme politique étudiant reflète un intérêt croissant pour le développement de leurs pays respectifs et l'éducation des classes ouvrières. Les étudiants se considèrent comme des agents du changement et cherchent à utiliser leur nouvelle voix politique pour façonner l'avenir de l'Amérique latine. Cette période a marqué le début d'une nouvelle ère d'engagement politique et intellectuel régional. Les étudiants continueront à jouer un rôle important dans l'élaboration de son avenir.

Dans les années 1920, les travailleurs de divers secteurs industriels ont commencé à s'organiser en syndicats et à s'intéresser aux idéologies socialistes, anarchistes et communistes. Cette tendance a été largement influencée par les immigrants européens qui ont apporté ces idéologies avec eux en Amérique latine. Des secteurs tels que les mines d'État, les usines, le pétrole et les fabriques de cigarettes sont particulièrement touchés par cette tendance, car les travailleurs de ces industries cherchent à améliorer leurs conditions de travail et leurs salaires par le biais d'actions collectives. Il s'agit d'un développement significatif car il marque le début du travail organisé en Amérique latine et signale une prise de conscience croissante des travailleurs de leurs droits et de l'importance de l'action collective pour atteindre leurs objectifs.

L'armée, source importante d'emplois et d'influence politique, est devenue un acteur majeur de l'évolution politique et sociale de l'Amérique latine à cette époque. Les coups d'État militaires sont de plus en plus fréquents, souvent menés par de jeunes officiers qui cherchent à moderniser leur pays, mais aussi à affirmer leur propre pouvoir. La montée des idéologies populistes, comme celles des régimes militaires du Mexique et du gouvernement populiste de Getulio Vargas au Brésil, reflète le mécontentement croissant des classes ouvrières urbaines et des populations rurales vis-à-vis des systèmes politiques et économiques existants. Ces changements allaient avoir un impact profond sur l'Amérique latine dans les années à venir, notamment les effets dévastateurs de la Grande Dépression de 1929.

En réponse à l'évolution du paysage social et économique, l'armée se positionne de plus en plus comme une force politique, s'affranchissant du contrôle des partis traditionnels et de l'Église catholique. Ce changement a marqué l'émergence de l'armée comme une alternative potentielle au statu quo en Amérique latine.

Cette évolution marque l'émergence d'une nouvelle force politique, l'armée, qui vise à se présenter comme une alternative aux partis politiques traditionnels et à l'Église catholique. Les officiers, principalement issus de la classe moyenne et des villes de province, cherchent à faire jouer à l'armée un rôle plus actif dans le développement économique du pays.

Cela entraîne une évolution vers un système politique plus démocratique et la participation à la sphère politique de groupes auparavant marginalisés, notamment les femmes et les personnes de la classe ouvrière.

L'influence des idéologies d'extrême droite s'accroît parmi les politiciens et les militaires latino-américains. Avec l'avènement des nouvelles technologies telles que le cinéma et la radio, ces politiciens peuvent désormais étendre leur portée et diffuser leur discours à un public plus large, façonnant ainsi le paysage politique de la nation.

Les populismes latino-américains

Les populismes latino-américains, caractérisés par un leader charismatique, une base de masse et un accent mis sur les besoins des gens du peuple, sont apparus dans les années 1920 et ont dominé la politique dans la région des années 1930 aux années 1950. Cette période a été marquée par de nombreux coups d'État, les dirigeants militaires cherchant à renverser les gouvernements populistes. Malgré les difficultés, les populismes latino-américains ont laissé un héritage durable, façonnant le paysage politique et social de la région.

Juan Domingo Perón, en Argentine, est souvent associé au populisme en Amérique latine. Pourtant, il est arrivé au pouvoir dans les années 1940 et a surfé sur la vague de populisme qui s'était déjà installée dans la région depuis les années 1920 et 1930.

Pendant les années 1920 et 1930 en Amérique latine, le populisme était un mouvement politique qui visait à intégrer la classe ouvrière dans la politique nationale sans changer fondamentalement l'ordre social. Il ciblait les masses urbaines, les travailleurs, la petite bourgeoisie, les rentiers, les migrants ruraux, les étudiants, les intellectuels et les soldats, et s'efforçait de répondre à leurs besoins et à leurs préoccupations par le biais d'interventions gouvernementales et de programmes sociaux. Ce type de populisme cherchait à concilier les intérêts des différents groupes sociaux tout en maintenant les structures de pouvoir existantes.

Les classes urbaines d'Amérique latine étaient considérées comme une menace pour l'ordre social existant en raison de leur potentiel de radicalisation. Pour éviter cela, le populisme visait à rejeter la lutte des classes et à promouvoir la solidarité de classe en prônant un État corporatiste. Cet État était considéré comme un moyen de gouverner hiérarchiquement la famille nationale par le biais de coalitions verticales de patronage, maintenant ainsi les structures de pouvoir existantes et évitant la révolution sociale. Le populisme visait à concilier les intérêts des différents groupes sociaux afin de préserver l'ordre social.

Rafael Molina Trujillo.

Le populisme en Amérique latine était souvent caractérisé par un leader charismatique qui avait un lien émotionnel fort avec le peuple. Ce leader était souvent considéré comme une figure macho, caractérisée par la force, l'autoritarisme et la sympathie pour les besoins du peuple. Le leader charismatique était considéré comme l'incarnation de la volonté populaire, et son attrait personnel et son lien émotionnel avec les masses étaient des éléments clés du mouvement populiste.

En Amérique latine, le leader populiste était souvent perçu comme une figure bienveillante et paternaliste qui comprenait et protégeait le peuple. En même temps, il ne tolérait pas l'opposition et pouvait être autoritaire dans son approche. Il a utilisé les médias de masse pour gagner le soutien populaire et construire sa marque personnelle, mais le mouvement lui-même n'avait pas d'idéologie complexe. Il était plutôt centré sur le nationalisme et sur une vague promesse de développement et de justice sociale. Le leader était considéré comme l'incarnation de la volonté populaire, et le lien émotionnel avec les masses était la clé du succès du mouvement.

La forte intervention de l'État dans les affaires économiques et sociales était un aspect essentiel du populisme latino-américain. Pour détourner l'attention des conflits sociaux internes, le leader populiste cherchait souvent à unifier les masses contre un ennemi étranger commun, comme l'impérialisme américain, les immigrants chinois, les immigrants afro-caribéens ou les immigrants juifs (dans le cas de l'Argentine). Cela a contribué à créer un sentiment d'unité et de solidarité nationales, mais a également servi à détourner l'attention des tensions sociales et économiques sous-jacentes au sein du pays.

Le régime de Rafael Trujillo en République dominicaine est considéré comme l'un des exemples les plus extrêmes du populisme latino-américain. Trujillo a été formé dans la garde nationale par les Marines américains et est resté au pouvoir pendant de nombreuses années, gouvernant d'une main de fer. En 1937, il a ordonné le massacre de 15 000 à 20 000 paysans haïtiens par l'armée à la frontière, qui est considéré comme l'une des pires atrocités en matière de droits de l'homme de l'histoire de l'Amérique latine. Malgré cela, Trujillo a conservé le soutien populaire de certains secteurs de la population, en partie grâce à son utilisation des médias de masse pour construire un culte de la personnalité et à ses affirmations selon lesquelles il était un dirigeant fort et bienveillant qui s'efforçait de protéger la nation des menaces étrangères.

L'impact de la Grande Dépression sur l'Amérique latine

Conséquences économiques

La Grande Dépression a eu un impact considérable sur les économies d'Amérique latine, en particulier sur les pays qui dépendaient fortement des exportations vers les États-Unis ou l'Europe. La baisse de la demande pour leurs produits et la chute des prix des matières premières ont entraîné une forte contraction de leurs économies et une baisse du niveau de vie. Les effets de la dépression se sont fait sentir pendant plusieurs décennies et ont contribué à façonner le paysage politique et économique de la région.

La baisse de la consommation américaine a eu un effet en cascade sur les économies latino-américaines, entraînant une diminution de la demande pour leurs exportations et une baisse de leurs revenus. Ce phénomène, combiné à la baisse des prix des matières premières, a entraîné une forte contraction de leurs économies et une baisse de leur niveau de vie. L'instabilité économique causée par la Grande Dépression a eu des effets durables sur la région et a contribué à l'agitation politique et sociale dans de nombreux pays.

Implications sociales

Le ralentissement économique provoqué par la Grande Dépression a entraîné des pertes d'emploi et un chômage généralisés, en particulier dans les zones rurales où de nombreuses personnes travaillaient dans l'agriculture et l'exploitation minière. Les travailleurs qui ont perdu leur emploi ont migré vers les villes à la recherche de travail, ce qui a entraîné une augmentation de la pauvreté et de la surpopulation urbaines. La hausse du chômage et du sous-emploi a également eu des répercussions importantes sur les familles et les communautés, provoquant des bouleversements et des troubles sociaux. La Grande Dépression a eu des conséquences sociales considérables, contribuant à l'élargissement du fossé des revenus et à la baisse du niveau de vie de nombreuses personnes.

Les effets de la Grande Dépression ont été ressentis différemment selon les pays, en fonction de leur développement économique et de leur niveau de pauvreté. En Amérique latine, où la pauvreté était déjà répandue, l'augmentation de la pauvreté et du chômage causée par la dépression a été sévère. Toutefois, elle n'a peut-être pas été aussi visible qu'aux États-Unis, où le contraste entre la prospérité d'avant et d'après la dépression était plus marqué.

Conséquences politiques

La crise économique provoquée par la Grande Dépression a eu des répercussions politiques importantes en Amérique latine. Entre 1930 et 1935, de nombreux pays de la région ont connu des changements de régime, dont certains étaient pacifiques et d'autres violents. La pauvreté généralisée, le chômage et les troubles sociaux alimentés par la dépression ont créé un environnement politiquement instable, propice à l'émergence de dirigeants autoritaires qui promettaient de rétablir l'ordre et la stabilité. Ces bouleversements politiques ont contribué au déclin des institutions démocratiques et à la montée des régimes autoritaires ou militaires, ce qui a eu des conséquences durables pour la région.

Les États-Unis, qui étaient confrontés à leur propre crise économique pendant la Grande Dépression, ne pouvaient pas fournir le soutien financier et l'intervention qu'ils avaient auparavant offerts aux pays d'Amérique latine. La politique de "bon voisinage", qui visait à favoriser les relations amicales et à éviter toute intervention dans les affaires des autres pays, n'a pas suffi à prévenir les bouleversements politiques et les coups d'État dans la région. L'instabilité politique causée par la dépression et l'absence de soutien américain ont créé un environnement propice à l'ascension de dirigeants autoritaires qui promettaient de rétablir l'ordre et la stabilité. Cette période a marqué un tournant dans les relations entre les États-Unis et l'Amérique latine et a eu de profondes conséquences pour la région.

Le cas de la Colombie : crise absorbée par les cultivateurs de café

Facteurs économiques

La Colombie est l'un des pays d'Amérique latine qui a été le plus touché par la Grande Dépression. Son économie dépendait largement des exportations de café, dont 75 % étaient destinées aux États-Unis. Malgré la grave crise économique provoquée par la chute de la demande d'exportation, la Colombie n'a pas connu de changement soudain de pouvoir, contrairement à de nombreux autres pays de la région. Au contraire, la crise a été absorbée en grande partie par les producteurs de café, qui ont dû faire face à une baisse des prix et des revenus à la suite de la dépression. L'impact économique et social de la dépression a été ressenti de manière aiguë dans les régions productrices de café de la Colombie et a eu de profondes conséquences pour le pays.

Après le début de la Grande Dépression en 1929, le prix mondial du café s'est effondré, entraînant une baisse significative des revenus des producteurs de café en Colombie. Cela a entraîné une diminution des importations et une contraction de l'économie, mais par rapport à d'autres pays d'Amérique latine, la Colombie était relativement mieux lotie. Le volume des exportations n'a diminué que de 13 % et le produit national brut (PNB) n'a baissé que de 2,4 %. Contrairement à de nombreux autres pays de la région, la Colombie n'a pas connu de coup d'État ou de révolution pendant cette période. Au lieu de cela, il y a eu un transfert historique du pouvoir du parti conservateur au parti libéral, en raison d'un système politique qui a marginalisé le parti libéral et permis aux conservateurs de garder le contrôle pendant plus de 50 ans. Ce transfert de pouvoir a eu lieu après la division du parti conservateur et l'élection d'un président libéral en 1930.

L'expérience de la Colombie pendant la Grande Dépression peut fournir des indications et des leçons précieuses pour comprendre des événements et des réactions similaires qui pourraient se produire dans le présent ou l'avenir. L'étude des expériences historiques des pays en période de crise économique peut contribuer à éclairer la façon dont les différents pays et régions réagissent à des défis similaires et peut éclairer la prise de décision dans le présent.

La transition de l'économie colombienne pendant la Grande Dépression a été influencée par la façon dont le café était produit. Le passage à la culture du café à petite échelle et le transfert de propriété des grands propriétaires fonciers aux petits exploitants ont aidé le pays à absorber, dans une certaine mesure, le choc économique de la Grande Dépression. En décentralisant l'industrie du café et en répartissant les risques entre de nombreux petits exploitants, le pays a pu atténuer l'impact de la baisse des prix du café et des revenus d'exportation sur l'ensemble de l'économie. Cela montre comment une économie diversifiée peut être plus résistante en temps de crise.

Pendant la Grande Dépression, les petits producteurs de café de Colombie ont été durement touchés par la chute des prix. Les anciens grands propriétaires terriens, qui s'étaient reconvertis dans l'achat et l'exportation de café, ont mieux résisté à la crise car ils n'avaient pas à supporter les coûts directs de la production de café. En revanche, les petits exploitants ont dû continuer à travailler dur pour produire du café malgré la faiblesse des prix, ce qui a entraîné leur exploitation et de nouvelles difficultés économiques. Cela montre comment les chocs économiques peuvent avoir un impact disproportionné sur les communautés vulnérables, perpétuant les cycles de pauvreté et d'inégalité.

Cette semi-autarcie a aidé dans une certaine mesure les petits producteurs de café en Colombie pendant la Grande Dépression. En ayant leur propre potager, ils ont pu produire une partie de leur nourriture, ce qui a réduit leur dépendance vis-à-vis du marché et leur a permis de survivre malgré les faibles prix du café. Cela montre comment les communautés locales et les ménages peuvent adopter des stratégies d'autosuffisance pour faire face aux chocs économiques et aux pressions extérieures. Néanmoins, elle met également en évidence les limites de ces stratégies et la nécessité de solutions systémiques plus larges pour s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité économique.

Dynamiques politiques

Alfonso López Pumarejo, Président de la République de Colombie de 1934 à 1938, puis de 1942 à 1946.

Cette division des conservateurs a conduit au transfert du pouvoir au parti libéral en 1930 et a marqué un changement dans la politique colombienne. Malgré les difficultés économiques rencontrées par le pays pendant la Grande Dépression, il n'y a pas eu de troubles politiques majeurs ni de coups d'État, ce qui contraste avec les expériences de nombreux autres pays d'Amérique latine.

Le programme et les réformes populistes d'Alfonso Lopez ont permis de remédier aux conséquences sociales et économiques de la Grande Dépression en Colombie. Il a introduit des mesures telles que le suffrage universel pour les hommes, des programmes d'éducation, la syndicalisation et la reconnaissance des communautés indigènes pour améliorer le niveau de vie et réduire les inégalités dans le pays. Il s'agit d'une évolution vers des politiques et des réformes plus progressistes visant à remédier aux difficultés sociales et économiques généralisées rencontrées par la population colombienne en raison de la Grande Dépression.

Ce n'est qu'en 1934 qu'Alfonso Lopez est élu et lance un programme populiste connu sous le nom de "revolución en marcha". Ce programme s'inspire de la révolution mexicaine et comprend une petite réforme de la constitution, le suffrage universel pour les hommes et des programmes d'éducation et de syndicalisation. Il y avait également une petite reconnaissance des communautés indigènes de Colombie.

La "Révolution en marche" de Lopez était une tentative de s'attaquer à certains des problèmes sociaux et économiques qui avaient surgi à la suite de la Grande Dépression, notamment la pauvreté, l'inégalité et le chômage. Bien que ses réformes soient limitées, elles représentent une avancée significative pour le pays et marquent une évolution vers un paysage politique plus progressiste.

En 1938, Lopez est chassé du pouvoir par un coup d'État militaire, mettant fin à son programme populiste et réformateur. Le régime militaire d'extrême droite qui a pris le pouvoir a continué à réprimer l'opposition politique et les syndicats et à annuler une grande partie des progrès réalisés sous l'administration de Lopez.

Sous le président Alfonso Lopez, le libéralisme a obtenu le soutien d'une partie de la population urbaine et de la classe ouvrière. Cependant, malgré ce succès, les zones rurales, en particulier les petites communautés de cultivateurs de café, n'ont pas été touchées par les efforts de Lopez. Ces petits agriculteurs souffraient d'auto-exploitation depuis longtemps, et la pression exercée par leur situation a fini par aboutir à une guerre civile pendant la Seconde Guerre mondiale, appelée "violencia", qui a entraîné la mort de plus de 250 000 paysans et un exode rural massif.

Le cas de Cuba : Révolution et coup d’État militaire

Au XXe siècle, Cuba est devenu de plus en plus dépendant des États-Unis, qui importaient plus de 80 % du sucre cubain. L'économie cubaine était marquée par des inégalités sociales et politiques, avec une petite élite riche et de nombreux travailleurs pauvres. En 1959, une révolution menée par Fidel Castro a renversé le dictateur Fulgencio Batista, soutenu par les États-Unis, et a instauré un régime socialiste. Le nouveau gouvernement a nationalisé les biens appartenant aux Américains, notamment les plantations de sucre, et a mis en œuvre des réformes agraires pour améliorer la vie des travailleurs ruraux. Les relations américano-cubaines se dégradent, entraînant un embargo commercial et une série de tentatives américaines de renverser le gouvernement, dont l'invasion ratée de la baie des Cochons en 1961. Malgré les difficultés, la révolution cubaine a permis d'améliorer considérablement l'éducation, les soins de santé et l'égalité sociale, et Cuba reste aujourd'hui l'un des rares États socialistes au monde.

Cela a créé une situation d'extrême inégalité et de pauvreté pour la majorité de la population cubaine, entraînant des troubles sociaux et politiques. En 1933, un coup d'État militaire dirigé par Fulgencio Batista a renversé le gouvernement et établi une dictature qui a duré jusqu'en 1959, lorsqu'une révolution menée par Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet a réussi à renverser Batista et à établir un État socialiste à Cuba. Cette révolution a eu un impact significatif sur l'économie et le paysage politique du pays, conduisant à la nationalisation des entreprises appartenant aux Américains et à l'introduction de réformes sociales et économiques majeures visant à réduire les inégalités et à améliorer le niveau de vie du peuple cubain.

Entre 1929 et 1933, l'industrie sucrière cubaine a connu d'importantes turbulences dues à la Grande Dépression. La forte baisse des prix du sucre, qui ont chuté de plus de 60 %, a entraîné une diminution correspondante des exportations de plus de 80 %. Les grands propriétaires terriens ont pris des mesures draconiennes pour atténuer l'impact de ce ralentissement économique, notamment en réduisant les niveaux de production et en diminuant les salaires agricoles de 75 %. Cela a entraîné le licenciement massif de milliers de travailleurs saisonniers d'Haïti et de Jamaïque et la faillite de centaines de petites usines et de magasins. L'effet d'entraînement de ces événements est considérable : en 1933, un quart de la population active est au chômage et 60 % de la population vit en dessous du minimum vital.

Gerardo Machado est arrivé au pouvoir à Cuba en 1925, après avoir remporté l'élection présidentielle. Au début de sa présidence, Machado a mené des politiques nationalistes et libérales pour moderniser le pays. Il a lancé plusieurs projets d'infrastructure, tels que des routes, des ponts et des bâtiments, et a introduit des réformes dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture et du travail. Ces efforts lui valent la popularité et le soutien du peuple cubain.

Cependant, au fil de sa présidence, Machado devient de plus en plus autoritaire et paranoïaque, réprimant l'opposition politique et violant les droits de l'homme. Il a mis en place une police secrète pour surveiller et intimider ses détracteurs, et a utilisé son armée pour réprimer les protestations et la dissidence. Il s'est également enrichi, ainsi que ses alliés, par la corruption et le détournement de fonds, s'aliénant encore davantage le peuple cubain.

Au début des années 1930, le régime de Machado est profondément impopulaire et il doit faire face à une opposition généralisée de divers secteurs de la société. En 1933, il est contraint de démissionner et de fuir le pays, marquant ainsi la fin de son règne. Bien que la présidence de Machado ait été marquée à la fois par des initiatives progressistes et par une répression brutale, on se souvient surtout de son héritage comme d'une période de dictature et d'abus de pouvoir.

La présidence de Machado est devenue de plus en plus autoritaire et l'opposition à son régime s'est radicalisée et organisée. L'opposition politique, les grèves et les protestations contre son régime sont devenues plus fréquentes, et certains groupes d'opposition ont eu recours à des actes de sabotage et de violence pour contester son pouvoir. Dans le même temps, les mouvements communistes, socialistes et anarchistes de Cuba gagnent en force, alimentés par le mécontentement populaire à l'égard des politiques de Machado.

En réponse à cette opposition croissante, le régime de Machado devient encore plus répressif et violent, utilisant l'armée et la police secrète pour réprimer les protestations et écraser la dissidence. Cette répression est devenue de plus en plus brutale, avec des violations généralisées des droits de l'homme, notamment des arrestations arbitraires, des actes de torture et des exécutions extrajudiciaires. L'instabilité politique et la répression croissantes ont alimenté la colère populaire et radicalisé davantage l'opposition, ce qui a entraîné des troubles et une instabilité généralisés dans le pays.

Face à l'instabilité politique et aux troubles croissants à Cuba, le gouvernement des États-Unis a tenté d'intervenir en envoyant un négociateur pour trouver une solution. Cependant, ces efforts n'ont finalement pas abouti. En août 1933, une grève générale paralyse le pays et l'armée libère Machado, qui part en exil.

Une coalition de divers groupes politiques et de la société civile prend alors le pouvoir, mais cette coalition est hétérogène et ne dispose pas d'un leader ou d'une direction claire. La coalition n'a pas pu gouverner le pays et contrôler efficacement l'anarchie générale, car divers groupes armés et milices parcouraient les rues, se disputant le pouvoir et l'influence. L'incapacité de la coalition à rétablir l'ordre et la stabilité a aggravé l'instabilité politique et la violence dans le pays et a ouvert la voie à de nouveaux conflits dans les années à venir.

Fulgencio Batista à Washington, D.C. en 1938.

La période qui suit l'éviction de Machado est caractérisée par un chaos et une violence généralisés, notamment des émeutes, des grèves et la prise de contrôle de plantations sucrières par des travailleurs qui cherchent à établir un collectif socialiste ou de type bolchevique.

En outre, des soldats et des officiers d'une caserne de La Havane, dirigés par le sergent Fulgencio Batista, se mutinent contre le gouvernement. Ce soulèvement militaire a déstabilisé davantage la situation politique déjà chaotique du pays, et Batista est devenu une figure clé du paysage politique du pays, menant finalement un coup d'État qui a établi sa propre dictature en 1952.

La mutinerie militaire menée par Batista a reçu un soutien inattendu de la part des civils, qui ont transformé le soulèvement en un coup d'État militaire. Le coup d'État a donné naissance à un gouvernement révolutionnaire de 100 jours gouverné par décret et visant à "rendre Cuba à Cuba" et à libérer le pays du contrôle américain. Le gouvernement révolutionnaire visait à mettre en œuvre des réformes radicales et à répondre aux doléances populaires, telles que l'inégalité sociale, la pauvreté et la répression politique.

Toutefois, le gouvernement révolutionnaire a été de courte durée et a dû faire face à l'opposition de divers groupes, dont l'armée et d'autres groupes d'intérêts. Le gouvernement a finalement été remplacé par une autre dictature militaire, marquant le début d'une longue période d'instabilité politique et de violence dans le pays.

Le gouvernement révolutionnaire de 100 jours a introduit plusieurs réformes pour remédier aux inégalités sociales et économiques du pays. L'une des principales réformes a consisté à accorder le suffrage universel aux femmes, leur donnant ainsi le droit de vote pour la première fois.

Le gouvernement a également mis en œuvre des réformes dans le secteur de l'éducation, accordant l'autonomie aux universités et augmentant l'accès à l'éducation pour tous. En outre, les travailleurs, y compris les coupeurs de canne, se sont vu accorder un salaire minimum et d'autres avantages sociaux, tels que des congés payés et de meilleures conditions de travail.

Une autre réforme importante a été le lancement de la réforme agraire, qui visait à remédier à la répartition inégale des terres et à améliorer la vie des agriculteurs ruraux. Ces réformes ont représenté un grand pas en avant pour Cuba. Cependant, elles n'ont finalement pas duré longtemps, et bon nombre des progrès réalisés pendant le gouvernement révolutionnaire ont été perdus pendant les périodes ultérieures d'instabilité politique et de violence.

Les réformes introduites par le gouvernement révolutionnaire de 100 jours ont été considérées comme trop radicales par les groupes de droite et d'extrême droite à Cuba, qui se sont opposés aux changements apportés au système politique et économique existant. Dans le même temps, la gauche marxiste a considéré que les réformes étaient trop timides et insuffisantes, car elles n'allaient pas assez loin dans la résolution des problèmes sous-jacents de la pauvreté, de l'inégalité et de la répression politique.

En outre, les réformes étaient inacceptables pour le gouvernement américain du président Franklin D. Roosevelt, qui les considérait comme une menace pour les intérêts américains dans la région. Les États-Unis s'inquiétaient de la propagation des idées et de l'influence marxistes dans la région, et considéraient les réformes à Cuba comme faisant partie d'une tendance plus large de mouvements et de gouvernements de gauche en Amérique latine. Cette opposition de la droite, de la gauche et des États-Unis a contribué à la chute du gouvernement révolutionnaire et à l'établissement d'une autre dictature militaire à Cuba.

Les États-Unis ne sont pas intervenus militairement à la suite du gouvernement révolutionnaire de 100 jours, mais ont choisi d'influencer les événements par la diplomatie et les manœuvres politiques. Le gouvernement américain a convaincu Batista de prendre le pouvoir par le biais d'une série de présidents civils, puis en tant que dictateur.

Batista dirige Cuba d'une main de fer, supprimant toute dissidence ou opposition politique et s'alignant étroitement sur les intérêts américains dans la région. Il a maintenu son emprise sur le pouvoir jusqu'à la révolution de 1959 menée par Fidel Castro, qui a renversé Batista et instauré un gouvernement socialiste à Cuba. La révolution castriste a représenté un tournant important dans l'histoire de Cuba et a marqué le début d'une nouvelle ère de réformes politiques, économiques et sociales dans le pays.

Le cas du Brésil : coup d’État militaire et régime fascisant

Dans le Brésil des années 1930, un coup d'État militaire a conduit à l'établissement d'un régime fasciste connu sous le nom d'Estado Novo (Nouvel État). Les dirigeants militaires du pays ont organisé le coup d'État et ont été soutenus par les élites conservatrices qui étaient mécontentes de la façon dont le gouvernement démocratique gérait les problèmes sociaux et économiques du pays. Le nouveau régime se caractérise par l'autoritarisme, la censure, la suppression de l'opposition politique et le contrôle du gouvernement sur l'économie. Malgré un certain soutien populaire initial, l'Estado Novo est finalement devenu très impopulaire, ce qui a entraîné sa chute en 1945. La dictature militaire brésilienne qui a suivi a duré jusqu'en 1985.

Contexte économique

Le Brésil a une économie mixte, avec une gamme variée de secteurs comprenant l'agriculture, la fabrication, les services et l'extraction de ressources. Le café a longtemps été une culture d'exportation importante, mais l'économie du pays s'est diversifiée au fil du temps. Les grands propriétaires terriens dominent l'industrie du café et les travailleurs du café, y compris les travailleurs saisonniers, les immigrants européens et les migrants brésiliens, ont un pouvoir de négociation limité. Cette situation a contribué à une répartition inégale des richesses et des revenus au Brésil.

En 1930, le Brésil était dirigé par la Première République de l'ordre et du progrès, un gouvernement marqué par l'instabilité politique et la crise économique. Malgré son nom, le gouvernement n'a pas réussi à résoudre ces problèmes de manière efficace. La crise a été exacerbée par un conflit autour de l'élection présidentielle, car seule une petite partie de la population avait le droit de voter et de participer à l'élection. Cela a entraîné un mécontentement généralisé et a contribué au coup d'État militaire qui a instauré le régime fasciste de l'Estado Novo la même année.

Trois des 17 États du Brésil ont refusé d'accepter les résultats de l'élection présidentielle, ce qui a entraîné des soulèvements et des troubles. En réponse, les militaires ont organisé un coup d'État et renversé le gouvernement civil, donnant le pouvoir à Getúlio Vargas, un éleveur de bétail et gouverneur de l'État de Rio Grande do Sul. Cet événement a marqué le début du régime de l'Estado Novo et d'une ère de pouvoir autoritaire au Brésil.

Paysage politique

Le pouvoir politique du Brésil s'est déplacé au fil du temps, reflétant les changements intervenus dans son paysage économique. Au début de l'histoire du Brésil, l'industrie sucrière dans la région du nord-est était la force économique dominante et exerçait une influence considérable sur le système politique du pays. Au fil du temps, le centre du pouvoir s'est déplacé vers Rio de Janeiro, dans le sud, où l'élevage et la production de produits de base comme le café ont gagné en importance. Cette concentration du pouvoir économique dans le sud a permis l'ascension de personnalités influentes comme Getúlio Vargas et a contribué à la stabilité politique de la région.

Une fois au pouvoir, Vargas a mené une politique de répression et de consolidation de son propre pouvoir. Il a d'abord ciblé la gauche socialiste et communiste, supprimant leurs activités politiques et étouffant les voix de l'opposition. Il a ensuite porté son attention sur la droite fasciste, connue sous le nom d'Intégralistes, que l'Italie de Mussolini finançait secrètement. Vargas a utilisé son pouvoir pour faire taire ses opposants politiques, créant un régime autoritaire caractérisé par la censure et la suppression de l'opposition politique. Cela a contribué à établir sa domination sur le pays et à consolider son pouvoir.

En 1937, Vargas a lancé un second coup d'État et imposé l'Estado Novo, un régime fasciste modelé sur l'Italie de Mussolini et le Portugal de Salazar. Dans le cadre de cet effort, il interdit tous les partis politiques et s'appuie sur le soutien direct de l'armée pour consolider son pouvoir. L'Estado Novo était un État corporatiste qui cherchait à réglementer et à contrôler tous les aspects de la société, y compris l'économie, la politique et la culture. Le régime était caractérisé par l'autoritarisme, la censure et la suppression de l'opposition politique, ainsi que par le contrôle du gouvernement sur l'économie. L'Estado Novo a duré jusqu'en 1945, date à laquelle il a été renversé à la suite d'une opposition et de troubles généralisés.

La dictature brésilienne des années 1930, également connue sous le nom d'Estado Novo, se caractérise par plusieurs éléments clés. Le régime encourageait le nationalisme et soulignait le rôle de l'armée. L'État est intervenu massivement dans l'économie, exerçant un contrôle sur les syndicats et les entreprises privées. La censure et la répression politique étaient également des caractéristiques centrales du régime, Vargas cherchant à supprimer l'opposition et à maintenir son emprise sur le pouvoir. Ces politiques ont contribué à créer un État hautement centralisé et autoritaire, dans lequel les libertés individuelles étaient limitées et le gouvernement exerçait un contrôle étendu sur tous les aspects de la société.

La dictature de l'Estado Novo au Brésil a duré jusqu'en 1954. Bien qu'il soit resté au pouvoir pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale, le régime a dû faire face à une opposition et à des troubles croissants. Finalement, l'armée a organisé un nouveau coup d'État et a contraint Vargas à l'exil, marquant la fin de son règne et le début d'une nouvelle ère dans la politique brésilienne. Malgré la fin de la dictature, son héritage a perduré pendant de nombreuses années, le pays ayant connu une série de changements politiques et économiques dans les décennies qui ont suivi.

Conclusion : Comprendre les Coups d'Etat et les Populismes en Amérique Latine

La crise financière mondiale de 1929 a eu un impact profond sur les entreprises américaines, non seulement celles situées aux États-Unis, mais aussi dans toute l'Amérique latine. Les effets de la crise ont été profonds et dévastateurs, poussant de nombreuses entreprises au bord de la faillite.

La crise de 1929 a exposé les limites du libéralisme économique, qui était une forme de libéralisme relatif caractérisé par le soutien de l'État aux propriétaires terriens, aux industriels, aux entreprises, aux banques, tout en supprimant les droits et les libertés des travailleurs.

La crise de 1929 a révélé les failles de la forme relative du libéralisme économique, car elle aidait principalement les hacendados, les industriels, les sociétés, les banques et réprimait les travailleurs. La crise a mis en évidence les inégalités importantes présentes dans ces sociétés, entraînant le besoin d'un leader fort et charismatique pour unir et rassurer la population. Cette tendance ne s'est pas limitée à l'Amérique latine, puisque même les États-Unis, sous le président Roosevelt, ont eu recours à des politiques nationalistes.

Cela permet de maintenir la paix sociale et d'éviter les troubles sociaux, mais cela n'aboutit souvent qu'à des réformes limitées et insuffisantes. Le populisme peut également donner une illusion de changement, mais en réalité, il renforce les structures de pouvoir existantes et perpétue les inégalités.

Les petits paysans ruraux et la classe ouvrière urbaine, représentés par les partis socialistes et communistes et les syndicats, ont subi l'impact négatif des crises et des glissements politiques vers le populisme. Ces groupes ont souvent été supprimés ou intégrés dans un parti national plus important qui prétendait offrir des avantages sociaux.

La Grande Dépression de 1929 a mis en évidence les défauts et les lacunes du libéralisme économique, caractérisé par une tendance à l'intervention de l'État en faveur de l'élite aisée, y compris les hacendados, les industriels, les sociétés, les banques, et par la suppression de la classe ouvrière. Cette crise a mis en lumière les inégalités persistantes dans les sociétés des Amériques et la nécessité d'un leader charismatique pour unifier et réconforter la population, souvent par le biais d'idéologies nationalistes.

Pour calmer l'agitation sociale, des mouvements populistes ont été adoptés comme moyen d'éviter ou de supprimer la révolution, comme à Cuba en 1933. Néanmoins, ces efforts ont nécessité la mise en place d'une législation sociale pour protéger les droits des travailleurs et des pauvres. Toutefois, si les tensions ont pu être temporairement supprimées, elles n'ont pas complètement disparu et sont réapparues avec plus de force après la conclusion de la Seconde Guerre mondiale. Les répercussions de la Grande Dépression continuent d'être ressenties, en particulier par les petits paysans dans les zones rurales et par les partis et syndicats socialistes et communistes dans les zones urbaines, qui ont dû faire face à la suppression et à l'intégration dans des partis nationaux plus importants avec des dispositions limitées en matière de protection sociale.

Annexes

Références