Introduction à la sous-discipline des relations internationales

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Nous allons explorer les fondements de la sous-discipline des relations internationales, en mettant l'accent sur des concepts cruciaux. Nous discuterons des éléments fondamentaux qui composent le système international des États et examinerons comment le processus d'internationalisation et la dynamique de la mondialisation modifient ce système. Nous aborderons également l'architecture interétatique, mettant en lumière son rôle et son fonctionnement dans le contexte actuel. De plus, nous passerons en revue les trois principales théories ou paradigmes des relations internationales, qui nous fournissent des outils d'interprétation pour analyser les phénomènes que nous observons à l'échelle mondiale.

La COP21 est un mouvement mondial soutenant un accord international, un phénomène particulièrement notable car traditionnellement, le rôle des citoyens et de la société civile dans la politique internationale a été relativement sous-discuté. Ceux-ci ont souvent été tenus à l'écart d'une politique perçue comme élitiste. Néanmoins, les questions climatiques et environnementales sont des domaines où nous observons une pression croissante émanant de la base de la citoyenneté et de la citoyenneté mondiale pour des politiques plus efficaces. Lors de la COP21 à Paris, ce n'étaient pas seulement les États et les dirigeants mondiaux qui étaient présents, mais également de nombreux représentants de la société civile et des organisations non gouvernementales. Un cadre mondial était en cours de négociation, centré sur l'idée d'un bien public mondial qui nécessite une coopération au-delà des frontières. Comme l'a souligné Ban Ki Moon, les problématiques environnementales transcendent les frontières nationales et ne portent pas de passeport, d'où la nécessité de cette mobilisation.

Il est crucial de noter que cette mobilisation n'implique pas seulement les États, mais aussi la société civile et le secteur des affaires, y compris les entreprises qui sont directement concernées par les questions relatives à l'utilisation d'énergies à base de carbone. De manière surprenante, même les maires des villes ont joué un rôle actif et ont cherché à soutenir ce processus. Nous observons donc une structure multi-niveaux qui a été mise en place, englobant divers acteurs. Des mesures de coopération qui dépassent les simples accords internationaux sont en train de se développer à l'échelle mondiale, avec la participation active d'ONG et de bureaucraties étatiques. Ainsi, il est clair que la coopération dans le monde d'aujourd'hui ne dépend plus uniquement des traités internationaux.

Nous allons aborder une vue d'ensemble de ce sujet, en se concentrant principalement sur la gouvernance mondiale. Nous examinerons comment le système international s'est construit, jusqu'à quel point il est en évolution et comment nous pouvons interpréter ce changement d'un point de vue théorique.

Le système étatique et les relations internationales[modifier | modifier le wikicode]

Les Principes des Traités de Westphalie de 1648[modifier | modifier le wikicode]

La question de la naissance des États-nations est complexe et souvent débattue parmi les historiens et les politologues. Pendant une grande partie de l'histoire humaine, l'organisation politique dominante était celle d'empires ou de royaumes, plutôt que d'États-nations comme nous les connaissons aujourd'hui. La structure politique que nous appelons aujourd'hui un "État" a ses origines dans l'Europe de l'époque moderne, en particulier avec le système westphalien qui a émergé des traités de Westphalie de 1648. Ces traités ont mis fin à la guerre de Trente Ans, un conflit dévastateur qui a impliqué un grand nombre de puissances européennes et qui était largement centré sur des questions religieuses. Les traités de Westphalie ont introduit plusieurs principes qui sont devenus fondamentaux pour le concept d'État. Premièrement, ils ont affirmé le principe de la souveraineté, selon lequel chaque État a le droit exclusif d'exercer le pouvoir politique sur son territoire et sa population. Deuxièmement, ils ont établi le principe de l'égalité juridique entre les États, quelles que soient leur taille ou leur puissance.

Cependant, le système westphalien n'a pas immédiatement conduit à l'émergence d'États-nations modernes. Pendant plusieurs siècles après Westphalie, de nombreux territoires en Europe et ailleurs étaient encore gouvernés par des empires ou des royaumes qui ne correspondaient pas à la structure politique de l'État-nation. Ce n'est qu'au 19ème siècle que le concept d'État-nation a commencé à prendre une importance prédominante, avec l'émergence du nationalisme comme force politique majeure. Aujourd'hui, l'État-nation reste la forme dominante d'organisation politique à travers le monde, bien que la mondialisation et d'autres forces transnationales mettent de plus en plus en question la prééminence de l'État-nation.

Banquet de la garde civile d'Amsterdam fêtant la paix de Münster (1648), exposé au Rijksmuseum, par Bartholomeus van der Helst.

Un État se distingue par sa territorialité, en tant qu'entité sociale indissociablement liée à un territoire défini. Ces territoires sont intrinsèquement exclusifs, chaque État exerçant un contrôle juridique complet sur son propre territoire, sans revendiquer une juridiction sur le territoire des autres États. De plus, un État détient une souveraineté interne, ce qui signifie qu'il monopolise le recours à la force à l'intérieur de ses frontières.

Selon cette définition, un État est caractérisé par la territorialité. Il s'agit d'une structure sociale qui est associée à un territoire précis. Ces territoires sont mutuellement exclusifs, c'est-à-dire qu'un État a juridiction sur son propre territoire, mais pas sur celui d'autres États. La souveraineté est une autre caractéristique cruciale d'un État. Cela signifie qu'un État a le contrôle ultime et incontesté sur son territoire et sa population. Il a le pouvoir de faire des lois, d'appliquer ces lois, et de punir ceux qui ne les respectent pas. En d'autres termes, l'État a le monopole de l'usage légitime de la force physique à l'intérieur de ses frontières. C'est généralement l'État qui contrôle les forces armées, la police et les tribunaux, et qui a le pouvoir de prélever des impôts. Cependant, bien que les États aient la souveraineté à l'intérieur de leurs frontières, ils sont aussi tenus de respecter le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'autres États, une autre norme fondamentale du système international qui est dérivée des traités de Westphalie. Dans la pratique, bien sûr, la réalité peut être plus complexe. Par exemple, certains États peuvent ne pas avoir un contrôle effectif sur tout leur territoire, ou peuvent voir leur souveraineté compromise par des interventions étrangères, des conflits internes, ou d'autres facteurs. Néanmoins, le concept d'un État comme une entité territoriale souveraine reste un principe de base de la politique internationale.

La définition de l'État proposée par Max Weber s'articule autour de la monopolisation légitime des moyens de la force, c'est-à-dire qu'elle est acceptée par la population de l'État en question. Toutefois, le pouvoir d'un État ne se limite pas au seul monopole de la force. Il englobe également l'autorité juridique exclusive, qui comprend l'établissement et l'application des lois, ainsi que la levée de taxes et d'impôts - deux autres traits distinctifs d'un État. La monnaie est également un élément de cette définition. Historiquement, ces concepts étaient déjà présents dans les traités, où l'on retrouve les termes latins indiquant que le roi était l'"imperator" dans son royaume, c'est-à-dire celui qui détient le pouvoir suprême.

En plus de la souveraineté interne, qui se manifeste par la monopolisation de la force et de l'autorité juridique, un autre aspect clé est la souveraineté externe. La souveraineté externe fait référence aux relations entre les États, et inclut notamment le principe fondamental de l'autonomie des États, de leur reconnaissance mutuelle et du respect de la non-ingérence. Cette norme, cruciale au sein du système international, assure non seulement la survie des États, mais garantit également leur autonomie pour mener leurs politiques nationales sans intervention extérieure. Elle protège ainsi chaque État contre toute ingérence étrangère dans ses affaires internes.

La souveraineté externe, aussi connue sous le nom de souveraineté internationale, est un aspect central du système international d'États. Elle se réfère à l'indépendance d'un État vis-à-vis de l'extérieur et à sa liberté de mener sa propre politique sans ingérence étrangère. Le concept de souveraineté externe est fondé sur plusieurs principes importants :

  1. Autonomie : Chaque État a le droit de gérer ses affaires internes comme il le juge bon, sans ingérence de la part d'autres États. Cela comprend la capacité de prendre des décisions politiques, économiques et sociales indépendamment.
  2. Reconnaissance mutuelle : Les États doivent reconnaître l'existence et la légitimité des autres États. Cela implique le respect des frontières et de la souveraineté de chaque État, et la non-intervention dans les affaires internes d'un autre État.
  3. Non-ingérence : C'est le principe selon lequel aucun État n'a le droit d'intervenir, directement ou indirectement, dans les affaires internes d'un autre État. C'est un principe fondamental du droit international et est consacré dans la Charte des Nations Unies.

Ces principes de la souveraineté externe aident à maintenir la stabilité et l'équilibre dans le système international, en prévenant l'intervention arbitraire et l'ingérence dans les affaires d'autres États. Cependant, ils sont souvent mis à l'épreuve par des questions telles que les interventions humanitaires, les conflits internationaux, et les pressions exercées par des forces transnationales telles que la mondialisation et les organisations internationales.

Le principe de non-ingérence est fondamental dans la Charte des Nations Unies et dans celle de la Société des Nations, et continue de jouer un rôle crucial dans la gouvernance internationale. Néanmoins, ce principe est en train de subir des transformations en raison de l'émergence croissante de normes internationales qui sont de plus en plus contraignantes. Ces normes, qui peuvent provenir de traités internationaux, de conventions ou d'autres formes d'accords, peuvent imposer des limites sur la manière dont un État peut exercer sa souveraineté interne et externe. Par exemple, les accords internationaux sur les droits de l'homme, l'environnement ou le commerce peuvent exiger que les États prennent certaines mesures ou s'abstiennent de certaines actions, même si cela pourrait interférer avec leur autonomie interne ou leur politique externe. De plus, le concept de "responsabilité de protéger", qui a gagné en importance ces dernières années, suggère que la communauté internationale a le devoir d'intervenir dans certaines situations, comme lors de génocides ou de crimes contre l'humanité, même si cela implique une violation de la souveraineté d'un État. Ces évolutions mettent en lumière les tensions entre la souveraineté des États et les impératifs internationaux, et posent des questions difficiles sur l'équilibre entre les droits des États et les responsabilités globales. Elles illustrent également comment les normes internationales évoluent en réponse à l'évolution des préoccupations et des priorités mondiales.

Ces trois principes - l'autonomie des États, la reconnaissance mutuelle et la non-ingérence - sont les piliers fondamentaux sur lesquels l'ordre international a été construit. Ces principes ont été codifiés pour la première fois dans les Traités de Westphalie en 1648, qui marquent la naissance du système d'États souverains que nous connaissons aujourd'hui.

  1. L'autonomie des États signifie que chaque État a le droit de gérer ses propres affaires internes sans interférence extérieure, ce qui lui permet de prendre ses propres décisions politiques, économiques et sociales.
  2. La reconnaissance mutuelle entre les États implique le respect des frontières de chaque État et de son droit à la souveraineté. Cela signifie que chaque État doit être reconnu et traité comme un égal par les autres États.
  3. La non-ingérence dans les affaires internes d'un autre État est un principe central du droit international qui protège la souveraineté et l'indépendance de chaque État.

Ensemble, ces principes ont façonné le développement du système international d'États souverains, et continuent d'influencer la manière dont les États interagissent entre eux sur la scène internationale. Cependant, comme mentionné précédemment, ces principes sont constamment défiés et adaptés en réponse aux nouvelles réalités et aux défis mondiaux.

La « globalisation » du système étatique[modifier | modifier le wikicode]

Comment les États se sont constitués de fait ? Il y a le traité de Westphalie de 1648, mais en Europe cela a duré plus longtemps jusqu’à ce que nous avons eu vraiment des États et aboli les empires. Du point de vue global, ce processus a pris bien plus longtemps.

La formation des États en tant qu'entités politiques distinctes a été un processus long et complexe qui s'est déroulé sur plusieurs siècles. En Europe, le traité de Westphalie de 1648 est souvent cité comme un point de départ majeur, car il a codifié les principes de la souveraineté de l'État et de la non-ingérence. Cependant, la transition des empires et des royaumes vers des États-nations modernes, tels que nous les connaissons aujourd'hui, a pris beaucoup plus de temps. Dans le contexte européen, ce processus a été facilité par divers facteurs, tels que l'émergence de la bourgeoisie, les révolutions nationales, l'essor du nationalisme et l'affaiblissement des structures féodales. Ce fut un processus graduel, marqué par des guerres, des révolutions et des négociations diplomatiques. En fin de compte, le concept d'État souverain est devenu le principal modèle d'organisation politique en Europe aux alentours du 19ème siècle. À l'échelle mondiale, la formation des États a été un processus encore plus long et plus complexe. Dans de nombreuses régions du monde, le concept d'État souverain a été introduit par le colonialisme européen. Après la décolonisation au milieu du 20ème siècle, de nombreux nouveaux États ont émergé, souvent avec des frontières arbitrairement tracées par les anciennes puissances coloniales. Ces nouveaux États ont dû naviguer dans un certain nombre de défis pour établir leur souveraineté et leur légitimité, notamment la diversité ethnique et linguistique, le sous-développement économique, et les conflits internes et externes.

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Le système des Nations Unies a été fondé en 1945 par 51 pays déterminés à préserver la paix par la coopération internationale et la sécurité collective. La Charte des Nations Unies, qui est l'acte fondateur de l'ONU, a été signée le 26 juin 1945 à San Francisco à la fin de la Conférence des Nations Unies sur l'Organisation internationale, et est entrée en vigueur le 24 octobre 1945. Ces 51 États membres originaux ont accepté les obligations de la Charte des Nations Unies et se sont engagés à respecter ses principes. En tant que tels, ils ont établi les bases de l'organisation actuelle, qui vise à maintenir la paix et la sécurité internationales, à promouvoir le respect des droits de l'homme, à favoriser le développement social et économique, à protéger l'environnement et à fournir une aide humanitaire en cas de famine, de catastrophes naturelles et de conflits armés. Depuis sa création, l'ONU a grandi et évolué pour refléter les changements politiques et géographiques du monde. En 2023, l'ONU compte 193 États membres, ce qui témoigne de l'augmentation du nombre d'États souverains depuis 1945 et du rôle central de l'ONU en tant que forum pour la coopération internationale.

L'idée d'un État est en constante évolution et le nombre d'États dans le monde continue de changer. La création d'un État n'est pas un processus fixe et défini, mais est plutôt façonnée par une combinaison de facteurs historiques, politiques, sociaux et culturels. En 1945, lorsque l'ONU a été fondée, il y avait 51 États membres. Cependant, le nombre d'États membres de l'ONU a considérablement augmenté depuis lors, pour atteindre 193 aujourd'hui. En outre, il existe des entités qui ont une certaine forme de gouvernance autonome et qui se considèrent comme des États, mais qui ne sont pas reconnues comme tels par la communauté internationale. Ces entités, telles que le Kosovo, la Palestine et Taiwan, sont souvent dans une situation complexe de reconnaissance partielle ou contestée. Cela nous rappelle que la souveraineté et la reconnaissance internationale sont des processus politiques complexes qui dépendent non seulement des structures internes d'un territoire, mais aussi de la manière dont d'autres États et organisations internationales perçoivent et interagissent avec ces territoires. En somme, l'existence et la reconnaissance des États sont en constante évolution et font l'objet de négociations continues. Cela souligne la complexité et la fluidité du système international et le fait que la constitution d'un État est un processus dynamique et en constante transformation.

L'augmentation du nombre d'États souverains au fil du temps peut être largement attribuée à deux processus historiques majeurs : la décolonisation et la chute des régimes autoritaires et des empires. La décolonisation, qui a principalement eu lieu dans les années 1960 et 1970, a conduit à la création de nombreux nouveaux États souverains en Afrique, en Asie et dans les Caraïbes. Ces nouveaux États sont nés de la lutte pour l'indépendance des peuples colonisés contre les puissances coloniales européennes. Ensuite, avec l'effondrement de l'Union soviétique et de la Yougoslavie dans les années 1990, de nombreux autres États sont apparus sur la scène internationale. Ces événements ont marqué la fin de la Guerre froide et ont remodelé les frontières politiques et géographiques de l'Europe et de l'Asie centrale. Cependant, ce processus n'est pas terminé. Il y a toujours des régions du monde où le statut d'État est contesté ou incertain. De plus, le concept même d'État souverain est en constante évolution, en réponse aux changements politiques, économiques, technologiques et culturels. Par conséquent, même si le système international a beaucoup évolué depuis le traité de Westphalie, nous vivons toujours dans un monde d'États en transformation, où la souveraineté et l'autonomie ne sont jamais définitivement acquises, mais sont toujours l'objet de négociations et de conflits.

Implications du Modèle Étatique "Westphalien" pour les Relations Internationales[modifier | modifier le wikicode]

Qu’est-ce que cette division du monde en États souverains représente ou implique pour les relations internationales ?

La division du monde en États souverains a des implications profondes pour les relations internationales. Essentiellement, cela crée un système international qui est souvent décrit comme anarchique. Ce n'est pas à dire qu'il s'agit d'un chaos total, mais plutôt qu'il n'existe pas d'autorité mondiale supérieure qui puisse imposer des règles ou des lois aux États. Chaque État a sa propre autorité interne et aucun État n'a d'autorité officielle sur un autre. Cela signifie que les États sont les acteurs principaux sur la scène internationale. Ils ont la capacité de faire la guerre, de conclure des traités, de reconnaître d'autres États, et d'entrer en relations diplomatiques. Toutefois, leur liberté d'action est en pratique souvent limitée par des facteurs tels que le pouvoir économique et militaire, les alliances et les obligations découlant du droit international. Cela implique également que la coopération internationale est souvent difficile à réaliser. En l'absence d'une autorité mondiale, les États doivent s'entendre volontairement sur des règles et des normes communes. C'est là qu'interviennent les organisations internationales, comme les Nations Unies, qui offrent un cadre pour la négociation et l'élaboration de ces normes communes. Finalement, cela peut aussi mener à des conflits d'intérêts entre les États, car chaque État cherche à protéger et à promouvoir ses propres intérêts. Ces conflits peuvent être gérés par le biais de la diplomatie, mais ils peuvent aussi, dans certaines circonstances, déboucher sur des conflits militaires. En somme, la division du monde en États souverains crée un système international complexe et dynamique, où la coopération et le conflit sont tous deux possibles, et où le pouvoir et l'influence sont constamment en jeu.

Au cours des premières phases du développement du droit international, l'accent était mis principalement sur la coexistence des États et le règlement des différends par le biais de la force militaire, plutôt que par des mécanismes juridiques internationaux. Cela inclut le "droit de la guerre" (jus ad bellum et jus in bello), qui réglementait quand un État avait le droit de déclarer la guerre et comment il devait se comporter pendant la guerre. Dans ce contexte, l'objectif principal du droit international était de prévenir ou de limiter les conflits en établissant des normes de comportement acceptables pour les États. Par exemple, les lois régissant les déclarations de guerre, la neutralité et le traitement des prisonniers étaient destinées à fournir un certain degré de prévisibilité et de stabilité dans un système international autrement anarchique.

Cependant, l'absence d'une autorité internationale supérieure signifiait que l'application de ces lois dépendait en fin de compte de la volonté des États et de leur capacité à faire respecter ces normes par la force. Autrement dit, la loi du plus fort prévalait souvent. Avec le temps, cependant, le droit international a évolué et s'est élargi pour englober une gamme beaucoup plus large de questions, y compris le commerce international, les droits de l'homme, l'environnement, et le droit de la mer, entre autres. De plus, des institutions internationales ont été créées pour faciliter l'application de ces lois et la résolution des différends. Ces développements ont contribué à la création d'un ordre juridique international plus complexe et plus sophistiqué, bien qu'il reste de nombreux défis à relever pour assurer l'application efficace du droit international.

Les Structures Traditionnelles de l'Ordre International[modifier | modifier le wikicode]

Il est possible de représenter l’idée de l’anarchie au niveau international avec ce schéma.

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Dans la structure classique de l'ordre international, on distingue une hiérarchie à l'intérieur des États et une anarchie entre eux.

À l'intérieur d'un État, une hiérarchie structurelle est clairement observable. Le gouvernement, agissant au nom de l'État, exerce son autorité sur la société. Cette autorité est généralement acceptée par les citoyens, dans une forme de consentement mutuel ou de "souveraineté partagée", particulièrement perceptible dans les systèmes démocratiques. L'État, grâce à sa mainmise sur les forces de l'ordre et l'armée, garantit le respect de la loi et maintient l'ordre, établissant ainsi une hiérarchie claire sur la société.

En revanche, à l'échelle internationale, aucun système hiérarchique comparable n'existe entre les États. Aucun État n'a de juridiction ou d'autorité reconnue sur un autre, et aucun organisme supranational n'exerce un pouvoir absolu sur tous les États. On parle donc d'"anarchie" dans le système international. Dans ce contexte, les relations entre États sont régies par le pouvoir, les négociations et, dans certains cas, le droit international, plutôt que par une autorité supérieure reconnue.

C'est dans ce cadre d'anarchie que les États exercent leur souveraineté externe, respectant la règle de la non-ingérence et agissant de manière autonome sur la scène internationale. Les interactions se déroulent principalement par le biais de la diplomatie et des négociations, bien que les conflits et les rivalités de pouvoir peuvent parfois dominer.

Il est important de noter que bien que l'anarchie décrive l'absence d'une autorité mondiale centrale, cela ne signifie pas que le système international est dépourvu de structure ou d'ordre. Les traités, les conventions, les organisations internationales et d'autres mécanismes de coopération jouent un rôle crucial dans la structuration des interactions entre États et contribuent à la stabilité relative du système international.

L’« internationalisation » du système international[modifier | modifier le wikicode]

L'"internationalisation" du système international peut être décrite comme le processus par lequel les États sont devenus de plus en plus interconnectés et interdépendants sur le plan international. Cette tendance a commencé bien avant 1945, mais s'est nettement accélérée au cours de la période de l'après-guerre. La formation de l'Organisation des Nations Unies en 1945 marque un tournant significatif dans l'internationalisation du système international. Avec la création de l'ONU, les États ont cherché à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques et à collaborer sur des questions d'intérêt commun, contribuant ainsi à une interconnexion accrue et à une plus grande coopération internationale. Toutefois, il est important de noter que le processus d'internationalisation ne s'est pas limité à la création de l'ONU. Il a également été marqué par des avancées technologiques, la croissance du commerce mondial, l'émergence d'organisations non gouvernementales (ONG) internationales, et l'expansion des communications mondiales. Ces facteurs ont contribué à briser les barrières entre les États et à accroître leur interdépendance.

L'internationalisation a également été favorisée par des événements majeurs tels que la décolonisation, qui a entraîné l'émergence de nouveaux États et la redéfinition des relations de pouvoir internationales. De plus, l'évolution des normes internationales, telles que les droits de l'homme et le droit humanitaire international, a également contribué à façonner le système international d'aujourd'hui. Il est donc essentiel de comprendre que l'internationalisation est un processus dynamique, qui continue d'évoluer et de façonner le système international. Les États souverains, tout en conservant leur autonomie, doivent désormais tenir compte de leurs obligations et responsabilités internationales, reflétant ainsi l'interconnexion et l'interdépendance croissantes qui caractérisent le système international moderne.

L'établissement du système international actuel peut être attribué à un certain nombre de moments historiques clés. Toutefois, une date particulièrement significative est celle de 1945, avec la création des Nations Unies à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce moment représente un point de basculement où les États du monde, profondément affectés par les ravages de deux guerres mondiales, se sont unis pour créer une organisation qui visait à prévenir un tel conflit à l'avenir. L'adoption de la Charte des Nations Unies par 51 pays, établissant des principes de coopération internationale, de résolution pacifique des conflits et de respect des droits humains, a marqué le début d'un nouvel ordre mondial basé sur des règles. Toutefois, le système international actuel ne s'est pas arrêté là. De nombreux autres moments clés ont façonné son évolution, comme la décolonisation de l'après-guerre, qui a vu émerger de nombreux nouveaux États souverains, ou la fin de la Guerre Froide, qui a marqué une nouvelle ère de coopération et de conflit entre les nations.

L'année 1945 marque un tournant particulièrement significatif pour le système international avec la fondation des Nations Unies. Cependant, l'exploration des événements historiques précédents révèle que la souveraineté des États était déjà en cours de transformation avant cette période de modernisation. La transformation de la souveraineté des États a commencé bien avant 1945, notamment avec le développement du commerce international et la naissance du droit international. Par exemple, dès le 19e siècle, l'expansion de l'impérialisme et la colonisation avaient déjà créé des réseaux d'interdépendance internationale. Les traités commerciaux établissaient des normes et des règles pour les relations entre les États, érodant ainsi certains aspects de leur souveraineté. De plus, les Conférences de la Paix de La Haye de 1899 et 1907 ont marqué des étapes préliminaires importantes dans la réglementation des conflits internationaux et l'établissement de certaines normes de comportement international. Ainsi, bien que l'année 1945 marque une étape cruciale dans la structuration du système international tel que nous le connaissons aujourd'hui, le processus d'érosion et de transformation de la souveraineté des États avait déjà commencé bien avant cette date, à travers le développement des relations internationales et l'émergence progressive d'une communauté internationale interconnectée.

Ces processus se sont accélérés ces dernières années à trois niveaux. On voit une internationalisation de l’ordre international au travers de :

  1. Mondialisation et diffusion de valeurs libérales : Les interconnexions mondiales entre les sociétés et les populations des États sont de plus en plus intenses. Cela est principalement dû à la mondialisation, où des transactions sociales accrues conduisent à un niveau d'interdépendance sans précédent. De plus, la diffusion des valeurs libérales, qui favorisent la libre circulation des idées, des biens et des personnes, facilite et renforce ce processus de mondialisation. La mondialisation est un phénomène multifacette qui influence profondément notre monde contemporain. Il s'agit d'un processus qui intensifie les interactions et l'interdépendance entre les États, les sociétés et les populations à travers le monde. D'une part, ce processus est alimenté par une augmentation significative des transactions sociales. En effet, grâce aux avancées technologiques et aux moyens de communication modernes, les individus, les groupes et les organisations sont de plus en plus en contact les uns avec les autres. Que ce soit par le biais du commerce, des voyages, de l'éducation, de l'immigration ou des réseaux sociaux, les personnes et les sociétés entrent en interaction et en interdépendance à une échelle jamais vue auparavant. Ces interactions croissantes conduisent à une convergence des cultures, des idées et des modes de vie, rendant le monde de plus en plus "petit". La mondialisation est également facilitée par la diffusion des valeurs libérales. Ces valeurs, qui incluent des principes tels que l'égalité, la liberté, les droits de l'homme, la démocratie et le capitalisme de libre marché, ont été largement promues et adoptées dans le monde entier, en particulier depuis la fin de la Guerre Froide. La diffusion de ces valeurs libérales a non seulement ouvert la voie à une plus grande interconnexion et interdépendance entre les sociétés, mais elle a aussi créé un environnement propice à la mondialisation. En effet, en promouvant l'ouverture, l'échange et la coopération, ces valeurs favorisent la coopération internationale et la mise en réseau à travers les frontières nationales. Ainsi, la mondialisation et la diffusion des valeurs libérales sont deux processus interdépendants qui, ensemble, ont contribué à une plus grande intégration et interdépendance entre les sociétés à travers le monde.
  2. Organisations et institutions internationales : Un autre aspect de l'internationalisation du système international réside dans l'émergence et le renforcement des organisations et institutions internationales, à travers lesquelles les États collaborent et coordonnent leurs actions. L'observation de ce phénomène n'est pas seulement intéressante en termes de croissance numérique de ces entités, mais aussi en ce qui concerne les changements qualitatifs qui se sont produits, en particulier depuis la fin du 20ème siècle. Une tendance notable est la judiciarisation croissante de certaines de ces organisations internationales. En d'autres termes, de plus en plus de ces entités ont développé des mécanismes juridiques qui leur permettent d'exercer une autorité légale supranationale et de rendre des décisions qui sont contraignantes pour les États membres. Cela marque un éloignement du principe traditionnel de la souveraineté étatique dans le sens où les États sont désormais tenus de respecter les décisions de ces organisations internationales, même lorsqu'elles peuvent aller à l'encontre de leurs intérêts nationaux. Parallèlement à ce processus de judiciarisation, nous avons également assisté à un développement considérable de l'intégration régionale. Les exemples d'intégration régionale vont bien au-delà de l'Europe et de l'Union européenne. On peut penser à des organisations comme la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), et la Communauté des États latino-américains et caraïbes (CELAC), qui ont tous cherché à promouvoir une plus grande coopération et intégration entre leurs États membres.
  3. Relations transgouvernementales et transnationales : Le troisième niveau de l'internationalisation du système international se trouve dans l'émergence de relations transgouvernementales et transnationales. Les relations transgouvernementales se réfèrent aux interactions entre différentes parties du gouvernement - les bureaucrates, les techniciens spécialisés et autres fonctionnaires - plutôt qu'aux relations officielles entre les gouvernements elles-mêmes. Par exemple, les responsables de la politique environnementale ou financière peuvent établir des réseaux entre eux, partager des informations et des meilleures pratiques, et influencer ainsi les politiques nationales. Ce phénomène, connu sous le nom de transgouvernementalisme, a été particulièrement marqué au cours des dernières décennies. D'un autre côté, les relations transnationales concernent les interactions entre des acteurs non gouvernementaux, tels que les organisations non gouvernementales (ONG), les entreprises multinationales et d'autres entités de la société civile, qui jouent un rôle de plus en plus important dans la politique internationale. Ces acteurs peuvent influencer les politiques et les normes internationales, engager des activités transfrontalières et même négocier directement avec les gouvernements et les organisations internationales. En somme, le système international ne se limite plus seulement aux interactions entre les États souverains. Avec l'augmentation des relations transgouvernementales et transnationales, les frontières entre les affaires internes et externes des États deviennent de plus en plus poreuses, et une multitude d'acteurs non étatiques participent activement à la politique internationale.

Ces développements témoignent d'un paysage international en constante évolution, où la souveraineté des États est à la fois érodée et réarticulée.

La Globalisation des Échanges Sociaux, Interdépendance et la Théorie du Libéralisme[modifier | modifier le wikicode]

Il n’y a pas de définitions simples du phénomène de la mondialisation. La mondialisation est un concept complexe et multidimensionnel qui ne peut être facilement résumé par une seule définition. Cependant, on peut la comprendre comme un processus de plus en plus rapide d'intégration et d'interdépendance entre pays à travers le monde, en raison de l'accroissement des échanges internationaux et des mouvements de capitaux, ainsi que de la diffusion rapide d'informations et de technologies.

La définition proposé par Anthony Giddens dans Dimensions of Globalization met l'accent sur l'interconnexion croissante des sociétés à travers le monde.[1] Selon lui, la mondialisation est "l'intensification des relations sociales mondiales qui relient des localités distantes de telle manière que les événements locaux sont façonnés par des événements survenant à des kilomètres de distance et vice-versa."

Cette définition souligne deux aspects clés de la mondialisation :

  • L'intensification des relations sociales mondiales : Cela renvoie à l'augmentation des interactions et des interconnexions entre individus, groupes, organisations et États dans le monde entier. Cela peut se manifester par des échanges commerciaux, des flux d'information, des mouvements migratoires, etc.
  • L'influence mutuelle des événements locaux et globaux : Cela signifie que les événements ou les décisions prises dans une partie du monde peuvent avoir des effets significatifs dans d'autres régions, et vice versa. Par exemple, une décision prise par une entreprise multinationale dans un pays peut avoir un impact sur les conditions de vie des personnes dans un autre pays. De même, les problèmes environnementaux locaux peuvent avoir des répercussions à l'échelle mondiale, comme c'est le cas avec le changement climatique.

Dans l'ensemble, la définition de Giddens souligne la nature interconnectée de notre monde contemporain et comment les événements, les décisions et les processus à différents niveaux (local, national, régional et global) sont de plus en plus interdépendants.

Giddens conceptualise la mondialisation comme un processus par lequel une activité réalisée dans une région éloignée a un impact immédiat et perceptible dans une autre région distincte. L'exemple du changement climatique illustre parfaitement comment les actions menées dans une partie du monde peuvent avoir des impacts significatifs ailleurs. Les émissions de gaz à effet de serre, qu'elles soient produites au Nord ou au Sud, ont des conséquences mondiales car elles contribuent au réchauffement climatique, qui affecte la planète dans son ensemble. De même, les conflits, les crises politiques ou économiques et les catastrophes naturelles peuvent déclencher des mouvements de migration qui ont des répercussions bien au-delà des frontières du pays concerné. Par exemple, une guerre civile dans un pays peut provoquer un afflux de réfugiés dans les pays voisins et même au-delà, affectant la stabilité et les ressources de ces pays. La mondialisation a amplifié ces interdépendances. En raison de la facilité accrue des voyages et des communications, ainsi que de l'interdépendance économique croissante, les problèmes locaux peuvent rapidement devenir globaux. En même temps, les problèmes mondiaux nécessitent de plus en plus de solutions globales, ce qui requiert une coopération internationale accrue.

Selon Robert Gilpin, la mondialisation est le processus par lequel les économies nationales sont de plus en plus intégrées et interconnectées, aboutissant à une économie mondiale unifiée.[2] Cela signifie que les décisions économiques et les activités dans un pays peuvent avoir des impacts significatifs sur ceux d'autres pays, même ceux situés à des milliers de kilomètres de distance. La mondialisation économique, telle que définie par Gilpin, a plusieurs facettes, notamment le commerce international, les investissements directs étrangers, la migration des travailleurs et le mouvement des capitaux. Par exemple, une entreprise basée aux États-Unis peut faire fabriquer ses produits en Chine, les vendre en Europe et investir les profits dans des marchés émergents en Afrique. Ce processus d'intégration économique mondiale a été largement facilité par les avancées technologiques (notamment dans les domaines des télécommunications, du transport et de l'informatique), l'adoption de politiques économiques libérales favorisant le libre-échange et la libéralisation financière, ainsi que l'essor d'institutions internationales comme l'Organisation mondiale du commerce.

La mondialisation a profondément changé la manière dont les biens et les services sont produits et distribués. Les chaînes de production sont de plus en plus fragmentées et réparties à travers différents pays, une réalité parfois désignée par le terme de "chaînes de valeur mondiales". Un exemple de ce phénomène est la production d'un produit technologique, comme un smartphone. Différents composants du téléphone peuvent être fabriqués dans divers pays à travers le monde. Par exemple, les puces peuvent être produites au Japon, l'assemblage peut être effectué en Chine, et le design et le développement du logiciel peuvent être réalisés aux États-Unis. Ensuite, le produit fini est distribué et vendu dans le monde entier. Parallèlement à cela, les marchés financiers sont également devenus de plus en plus interconnectés. Les investissements peuvent être réalisés presque instantanément à travers les frontières et les monnaies, et les impacts des décisions économiques dans un pays peuvent être ressentis dans le monde entier. Cette intégration des processus de production et des marchés financiers a permis une plus grande efficacité et une réduction des coûts, mais elle a également conduit à une plus grande interdépendance économique. Cela signifie que les crises économiques ou financières peuvent se propager rapidement d'un pays à l'autre, comme on l'a vu lors de la crise financière mondiale de 2008. Dans l'ensemble, la mondialisation a conduit à une plus grande interconnexion et interdépendance des économies du monde, avec des implications à la fois positives et négatives.

Jan Aart Scholte, chercheur néerlandais en relations internationales, offre une perspective différente sur la mondialisation en la définissant comme la « déterritorialisation », ou la croissance des relations supraterritoriales entre les individus.[3] La déterritorialisation fait référence à l'affaiblissement des liens entre la culture, la politique, l'économie et le territoire physique. Dans le contexte de la mondialisation, la déterritorialisation signifie que les frontières géographiques et les distances deviennent moins pertinentes dans les interactions sociales, économiques et politiques. Par exemple, dans l'économie numérique actuelle, de nombreuses transactions et interactions peuvent se produire indépendamment de la localisation physique des participants. Des individus et des organisations peuvent collaborer sur des projets, échanger des informations et des idées, et mener des affaires ensemble malgré des différences significatives de localisation géographique. De plus, le concept de relations supraterritoriales implique que des personnes, des organisations et des gouvernements interagissent et s'influencent mutuellement à travers les frontières nationales et régionales. Les organisations internationales, les réseaux transnationaux et les communautés en ligne illustrent ces relations supraterritoriales. Il est important de noter que la déterritorialisation n'élimine pas l'importance du territoire et de l'État-nation, mais elle complique et transforme ces relations. Ainsi, dans la perspective de Scholte, la mondialisation représente une évolution vers un monde plus interconnecté et moins ancré dans des territoires spécifiques.

La déterritorialisation fait référence à l'affaiblissement des contraintes géographiques sur les interactions sociales, culturelles et économiques. Avec le développement des technologies de communication, notamment d'Internet et des médias sociaux, les interactions et les transactions peuvent se faire instantanément et indépendamment de la localisation géographique. Ceci est particulièrement évident dans le monde numérique, où les informations et les idées se propagent à une vitesse fulgurante à travers les frontières nationales et régionales. Les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou Instagram, ainsi que les plateformes de communication comme Zoom ou Teams, permettent aux gens de communiquer et d'échanger des idées indépendamment de leur emplacement géographique. Cette déterritorialisation a de profondes implications pour les relations internationales. Elle rend plus complexe le contrôle de l'information par les États, favorise le partage d'idées et de cultures, et peut accélérer le changement social et politique. Cependant, elle peut aussi engendrer des défis, comme la diffusion de désinformation, l'émergence de cyberattaques, ou l'exploitation des technologies numériques par des groupes extrémistes.

David Harvey, un éminent géographe britannique, conçoit la mondialisation comme une "compression espace-temps".[4] Cette conception se réfère principalement à la manière dont les progrès technologiques, en particulier dans les domaines du transport et de la communication, ont raccourci les distances et accéléré les interactions entre les personnes et les lieux à travers le monde. Par exemple, il suffit d'un clic pour envoyer un email à l'autre bout du monde, ce qui aurait pris des jours, voire des semaines, par courrier postal il y a quelques décennies. De même, les avancées dans le domaine du transport aérien ont réduit le temps nécessaire pour se déplacer d'un continent à un autre. Cette compression espace-temps a facilité et intensifié les interactions et les échanges globaux, en rapprochant les lieux et les personnes. Elle a donc joué un rôle majeur dans la mondialisation. Cependant, tout comme la déterritorialisation, la compression espace-temps peut également poser des défis en termes de relations internationales, comme la diffusion rapide des maladies ou la gestion de l'information à l'échelle mondiale.

Cette définition englobante de la mondialisation illustre bien l'évolution de notre monde. Elle souligne le passage d'une réalité où les entités (les États et leurs sociétés nationales) étaient distinctes et interagissaient dans une certaine mesure d'indépendance, à un monde où existe maintenant un espace social partagé, en grande partie grâce à la technologie, aux voyages internationaux et à l'interconnexion économique. Dans ce contexte, les questions, les défis et les opportunités ne sont plus uniquement nationaux, mais ont une dimension internationale. Par exemple, les questions environnementales, la sécurité, l'économie et même les problèmes sociaux sont de plus en plus abordés dans un contexte mondial. Cette situation exige une coopération internationale accrue, tout en soulevant de nouveaux défis en matière de gouvernance, de droits de l'homme, d'équité et de développement durable.

Une Exploration du Libéralisme[modifier | modifier le wikicode]

Le libéralisme a joué un rôle central dans la promotion et la facilitation de la mondialisation. Il s'agit d'une philosophie politique et économique qui prône la liberté individuelle, la démocratie représentative, les droits de l'homme, la propriété privée et l'économie de marché. Dans un contexte international, le libéralisme soutient l'interdépendance entre les nations et favorise la libre circulation des personnes, des biens, des services et des idées. Cette vision se traduit par la promotion du commerce international, l'ouverture des frontières, le soutien aux organisations internationales, la coopération multilatérale et le respect du droit international. En ce qui concerne la mondialisation, la diffusion des idées libérales a facilité la création d'institutions internationales, l'établissement de règles commerciales mondiales et la formation d'une culture globale. Cela a encouragé la connectivité et l'interdépendance entre les sociétés du monde entier.

Le libre-échangisme est un principe fondamental du libéralisme économique qui soutient la minimisation des barrières commerciales et des interventions gouvernementales dans les échanges internationaux de biens et de services. Cela signifie qu'il n'y a pas de tarifs, de quotas, de subventions ou de restrictions imposées par le gouvernement sur les importations ou les exportations. Au cours des dernières décennies, ce principe a été largement adopté au niveau mondial, en partie grâce à des institutions internationales comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui promeuvent le libre-échange entre les pays. Cela a conduit à une intégration économique accrue et à une interdépendance entre les économies nationales, un phénomène souvent associé à la mondialisation.

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L'Organisation mondiale du commerce (OMC) joue un rôle fondamental dans le maintien et l'expansion du système mondial de libre-échange. En réunissant presque tous les États de la planète en tant que membres ou observateurs, l'OMC facilite les négociations commerciales, règle les différends commerciaux et œuvre à réduire les barrières au commerce international. L'adhésion à l'OMC implique une adhésion aux principes du libre-échange, ainsi qu'à une série de règles et de normes visant à rendre le commerce international plus prévisible et plus équitable. Cela comprend la réduction ou l'élimination des tarifs et autres obstacles au commerce, la garantie de la transparence et de la prévisibilité des régimes commerciaux, et le respect des droits de propriété intellectuelle, entre autres obligations. Les États avec le statut d'observateur sont généralement en phase d'intégration dans l'OMC. Ce statut leur permet de participer aux discussions et aux réunions de l'OMC, tout en leur donnant du temps pour se préparer à l'adhésion complète. Ces pays travaillent généralement à aligner leurs politiques et leurs réglementations commerciales sur les normes de l'OMC, dans le but ultime de devenir membres à part entière. Cela dit, alors que la carte verte représente la grande majorité des États du monde, il est important de noter que l'adhésion à l'OMC et la pratique du libre-échange ne sont pas sans contestation ou critique. Certaines voix mettent en question la justice du système commercial mondial, suggérant qu'il favorise les pays les plus riches et les plus puissants, et peut exacerber les inégalités économiques tant entre les pays qu'à l'intérieur de ceux-ci.

Le statut d'observateur au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est souvent une étape préliminaire vers l'adhésion pleine et entière. Les pays observateurs sont généralement ceux qui ont exprimé un intérêt à rejoindre l'OMC et qui sont en train d'aligner leurs politiques commerciales nationales avec les normes et réglementations de l'OMC. Pendant cette période, ils peuvent assister aux réunions de l'OMC et participer aux discussions, mais ils ne peuvent pas voter sur les décisions. Il est important de noter que le processus d'adhésion à l'OMC peut être complexe et prendre beaucoup de temps. Les pays candidats doivent négocier avec les membres existants et faire preuve de leur engagement en faveur des principes du libre-échange et des normes de l'OMC. Ces négociations peuvent porter sur une multitude de sujets, allant des tarifs douaniers aux normes sanitaires et phytosanitaires, en passant par les droits de propriété intellectuelle. En termes de couverture géographique, l'OMC est véritablement une organisation mondiale, avec des membres dans presque toutes les régions du monde. Cependant, comme mentionné précédemment, l'OMC et le système de libre-échange qu'elle promeut font l'objet de critiques et de débats. Certaines voix soulignent les défis associés à la mondialisation et au libre-échange, notamment en ce qui concerne les inégalités économiques, les droits des travailleurs et l'environnement.

Selon la théorie libérale des relations internationales, le commerce et l'interdépendance économique entre les nations peuvent contribuer à la stabilité internationale et réduire les risques de conflit. C'est ce que l'on appelle parfois la "théorie de la paix démocratique" ou l'hypothèse de "la paix par le commerce". L'idée de base est que, lorsque les pays sont économiquement liés les uns aux autres, ils ont un intérêt financier à maintenir des relations pacifiques. Par conséquent, le coût économique d'une guerre deviendrait prohibitif, ce qui découragerait les conflits. De plus, l'interdépendance économique peut encourager la coopération internationale et la résolution pacifique des différends. Les États sont plus susceptibles de régler leurs différends par la négociation et le dialogue, plutôt que par la force, lorsqu'ils ont des relations commerciales fortes et mutuellement bénéfiques.

Il y a aussi un projet de paix qui est lié à l’idée d’ouvrir les marchés économiques. Cette notion est souvent appelée la "théorie du commerce pacifique" ou la "théorie de la paix libérale". Cette théorie suggère qu'une augmentation des liens commerciaux entre les nations peut réduire la probabilité de conflit car les coûts économiques de la guerre seraient trop élevés. En d'autres termes, les pays qui commercent beaucoup entre eux ont plus à perdre en cas de conflit, ce qui les rendrait moins enclins à se battre. Les partisans de cette théorie soulignent souvent que le commerce peut non seulement rendre la guerre plus coûteuse, mais aussi aider à construire des liens interpersonnels et interculturels, promouvoir la compréhension mutuelle et encourager la coopération internationale. Ils soulignent également que le commerce peut contribuer à la prospérité économique et donc à la stabilité politique, ce qui pourrait également réduire les chances de conflit.

La deuxième transformation particulièrement depuis les années 1990 est le triomphe de la démocratie. Depuis la fin de la Guerre Froide dans les années 1990, la démocratie est devenue de plus en plus prédominante à l'échelle mondiale. Plusieurs facteurs ont contribué à cette tendance, dont la fin de la rivalité entre les États-Unis et l'Union soviétique, qui a ouvert la voie à des changements politiques majeurs dans de nombreux pays. Après la chute du mur de Berlin et la dissolution de l'Union soviétique, de nombreux pays d'Europe de l'Est ont adopté des formes de gouvernement démocratiques. En Amérique latine, en Afrique et en Asie, des transitions similaires ont eu lieu, avec la chute de nombreux régimes autoritaires et leur remplacement par des gouvernements démocratiques. Dans de nombreux cas, ces transitions ont été accompagnées par des réformes économiques visant à ouvrir les économies à la concurrence mondiale.

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La fin de la Guerre Froide et la chute du communisme dans de nombreux pays a suscité une vague d'optimisme sur le potentiel de la démocratie et de la coopération internationale. La "Fin de l'Histoire" déclarée par Francis Fukuyama symbolise cette époque, suggérant que la démocratie libérale pourrait être le point culminant de l'évolution socio-politique humaine. L'augmentation du nombre d'États démocratiques, comme illustré par la ligne bleue, suggère une acceptation croissante des principes démocratiques tels que les élections libres et justes, la séparation des pouvoirs et le respect des droits de l'homme. Parallèlement, on constate une diminution du nombre d'États autoritaires, illustrée par la ligne rouge. Cette évolution a certainement créé de nouvelles opportunités pour la coopération internationale, y compris le partage des compétences et la résolution commune des défis mondiaux. Les démocraties, en général, ont tendance à être plus ouvertes à la coopération internationale et au respect des normes et règles internationales.

Francis Fukuyama, dans son célèbre ouvrage "The End of History and The Last Man", a soutenu que la fin de la Guerre Froide représentait le triomphe final de la démocratie libérale sur les autres idéologies politiques, notamment le communisme et le fascisme.[5] Selon lui, cela marquait la fin de l'évolution idéologique de l'humanité et l'aboutissement ultime du progrès humain vers une forme de gouvernement universellement acceptable. Fukuyama envisageait un monde où la majorité des pays adopteraient une forme de gouvernement démocratique et respecteraient les droits de l'homme et les principes du libre marché. Il prévoyait également une augmentation de la coopération internationale à travers des organisations supranationales, ce qui contribuerait à un monde plus stable et prospère.

La mondialisation et l'interdépendance croissante des États ont entraîné de nombreux défis et contre-mouvements. Parmi ceux-ci, on peut citer la montée du nationalisme et du protectionnisme, la défiance envers les institutions internationales, et la polarisation sociale et politique exacerbée par la diffusion des réseaux sociaux et des fausses informations. Dans le même temps, nous sommes confrontés à des problèmes mondiaux urgents, tels que le changement climatique, les pandémies, les inégalités économiques et les migrations massives, qui nécessitent une coopération internationale accrue. La question est de savoir comment équilibrer ces tendances contradictoires et comment façonner un ordre mondial qui soit à la fois équitable et stable. Les théories des relations internationales peuvent nous offrir des outils pour comprendre ces dynamiques. Par exemple, le réalisme met l'accent sur les conflits d'intérêts et la lutte pour le pouvoir entre les États, tandis que le libéralisme souligne l'importance de la coopération internationale et de la gouvernance mondiale. En fin de compte, la direction que prendra le système mondial dépendra des choix politiques et des actions des acteurs clés sur la scène internationale.

Nous avons parlé de l’internationalisation du système international, de la mondialisation et de la diffusion du libéralisme, il faut aussi aborder la prolifération des organisations internationales et leur judiciarisation.

Le Rôle des Organisations Internationales, Judiciarisation et Intégration Régionale[modifier | modifier le wikicode]

Prolifération d’organisations intergouvernementales (IGOs) et Non-Gouvernementales (NGOs).

Ce tableau est un résumé quantitatif de la prolifération d’organisations internationales. Ces données sont issues de l’Union of International Organisations qui fournit des statistiques sur ces questions. Le nombre d'organisations internationales, à la fois intergouvernementales et non gouvernementales, a augmenté au fil du temps. Ceci est en partie dû à la mondialisation et à la nécessité croissante de coordination et de coopération internationales sur une variété de questions, allant de l'économie et du commerce à l'environnement, à la santé et aux droits de l'homme. Les IGOs, comme l'ONU, l'OMC, l'UE, l'OTAN, l'OMS et d'autres, jouent un rôle crucial dans la facilitation de la coopération entre les États. D'autre part, les NGOs, comme Amnesty International, Médecins Sans Frontières, Greenpeace et d'autres, jouent un rôle important dans la défense de certaines causes et l'apport d'expertise et de pression pour le changement à l'échelle mondiale. Le développement de ces organisations reflète à la fois la complexité croissante du système international et la diversité des problèmes mondiaux qui doivent être abordés.

L'aspect peut-être le plus captivant ne se limite pas simplement à la création et à la prolifération des organisations internationales et des ONG, mais plutôt à l'influence réelle que ces institutions peuvent exercer. Il s'agit de déterminer si elles émergent en tant que forces politiques autonomes ou si elles restent simplement des plateformes où les États négocient dans le cas des organisations intergouvernementales. Concernant les ONG, le questionnement porte sur leur rôle : sont-elles des entités qui élèvent leur voix sans pour autant avoir un impact politique substantiel ? La problématique réside alors dans l'évaluation de l'influence réelle de ces acteurs internationaux.

Mesurer l'impact des organisations internationales et des ONG peut se faire de plusieurs manières, et dépendra en grande partie de l'objectif spécifique de l'organisation en question.

  • Influence sur les politiques et les lois: Certaines organisations internationales, comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou le Fonds monétaire international (FMI), ont un impact significatif sur les politiques et les réglementations des pays membres. De même, certaines ONG, en particulier les grandes organisations internationales, peuvent influencer les politiques en menant des campagnes de plaidoyer et en fournissant des informations et des recherches sur des questions spécifiques.
  • Résolution de problèmes et de conflits: Des organisations comme l'ONU jouent un rôle crucial dans la résolution des conflits et la prévention des crises humanitaires. Leur impact peut être évalué en examinant leur capacité à résoudre ou à atténuer les conflits et à apporter une aide humanitaire lorsque cela est nécessaire.
  • Développement et aide humanitaire: De nombreuses ONG internationales sont impliquées dans des efforts de développement et d'aide humanitaire. Leur impact peut être évalué en examinant les progrès réalisés dans les domaines spécifiques qu'ils ciblent, tels que la réduction de la pauvreté, l'amélioration de l'accès à l'éducation, la santé, etc.
  • Engagement des parties prenantes: Les organisations internationales et les ONG peuvent également avoir un impact en mobilisant le public, en sensibilisant aux questions qu'elles défendent, et en stimulant le dialogue et le débat sur ces questions.

L'aspect potentiellement le plus significatif ne se limite pas uniquement à l'émergence et à l'expansion d'organisations internationales et d'ONG. Il réside également dans l'impact concret que ces institutions peuvent exercer. Il s'agit de déterminer si elles se transforment en forces politiques indépendantes ou si elles servent simplement de plateformes pour les négociations interétatiques dans le cas des organisations intergouvernementales. En ce qui concerne les ONG, la question est de savoir si elles sont de simples acteurs qui font entendre leur voix, sans pour autant influencer véritablement le paysage politique. Le défi est donc de mesurer l'impact effectif de ces acteurs sur la scène internationale.

Le pouvoir et l'impact des organisations internationales et des ONG sur le plan politique sont un sujet de débat. D'un côté, certains observateurs estiment que ces entités exercent une influence substantielle sur les politiques globales, alors que d'autres soutiennent qu'elles ne sont que des instruments aux mains des États. Dans le cas des organisations internationales comme les Nations Unies ou l'Organisation Mondiale du Commerce, elles sont perçues par certains comme des forces politiques autonomes qui peuvent façonner les politiques et influencer les décisions politiques des États membres. Elles ont le potentiel d'établir des normes, de proposer des politiques et d'arbitrer les différends entre les États. Cependant, ces organisations sont souvent limitées par leur nature intergouvernementale, qui signifie que leur pouvoir provient en fin de compte des États membres et est souvent limité par le consensus nécessaire entre ces États pour prendre des décisions. Quant aux ONG, elles jouent un rôle croissant dans la gouvernance mondiale, allant de l'activisme à la prestation de services essentiels, en passant par le plaidoyer pour des politiques spécifiques. Néanmoins, leur capacité à influencer les politiques reste souvent indirecte. Elles peuvent faire pression sur les gouvernements et les entreprises, mettre en lumière des problèmes mondiaux, et parfois fournir des solutions, mais elles n'ont généralement pas le pouvoir de prendre des décisions exécutoires.

Le concept de judiciarisation a été développé pour analyser l'influence et le pouvoir des organisations internationales. Il repose sur l'idée que le droit et les institutions judiciaires jouent un rôle de plus en plus important dans les affaires internationales. Ce phénomène est observé par l'émergence de tribunaux et de cours internationales, ainsi que par l'augmentation de l'utilisation du droit et des procédures judiciaires dans les négociations internationales. En ce qui concerne les organisations intergouvernementales, la judiciarisation peut être évaluée en examinant dans quelle mesure les normes internationales élaborées par ces organisations sont contraignantes. Autrement dit, il s'agit de mesurer dans quelle mesure ces normes sont respectées par les États membres et quelles sont les conséquences en cas de non-respect. Par exemple, on pourrait considérer les décisions de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Si un État membre de l'OMC viole ses règles, il peut être soumis à des sanctions commerciales. Cela démontre un degré de judiciarisation, car les règles de l'OMC sont juridiquement contraignantes et il y a des conséquences tangibles en cas de non-conformité.

Pour évaluer le degré d'obligation que les normes internationales imposent aux États, qui sont principalement destinataires de ces normes, on peut envisager trois aspects distincts :

  1. Le niveau d'obligation : C'est à dire, à quel point les normes sont-elles obligatoires pour les États ? Sont-elles formulées en termes forts et contraignants, ou sont-elles plutôt formulées en termes de recommandations ou de directives ? Le premier aspect, le "niveau d'obligation", concerne le caractère contraignant de ces normes internationales pour les États. En effet, tous les instruments internationaux ne sont pas explicitement contraignants. Par exemple, la déclaration de l'Assemblée générale des Nations Unies sur les droits de l'homme de 1948 est explicitement non contraignante. Cependant, certaines normes ont acquis le statut de "jus cogens", c'est-à-dire un droit obligatoire et contraignant pour les États, même s'ils n'ont pas ratifié le traité concerné. C'est le cas, par exemple, des normes interdisant le génocide, la torture, ou encore la règle du non-refoulement qui interdit de renvoyer un réfugié vers un territoire où sa vie ou sa liberté serait menacée. Malgré des violations, cela ne remet pas en cause leur légitimité et leur validité. Entre ces deux extrêmes, il existe différents degrés d'obligations liées à des normes internationales.
  2. La prolifération des normes internationales : Il s'agit de déterminer combien de normes internationales existent dans un domaine donné. Une prolifération de normes peut indiquer un niveau élevé de réglementation internationale, mais cela peut aussi signifier que les normes sont complexes et potentiellement contradictoires. Le deuxième aspect concerne la "prolifération des normes internationales" et leur degré de judiciarisation et de précision. Cela implique d'évaluer si ces normes sont suffisamment générales pour laisser aux États une large marge de manoeuvre dans leur mise en œuvre, ou si elles sont si précises qu'elles peuvent être appliquées en l'état, sans nécessité d'une transposition au niveau national. Pour illustrer ce point, prenons l'exemple des négociations sur le climat. Le protocole de Kyoto n'imposait aucune obligation aux États en voie de développement, y compris les grandes puissances émergentes comme la Chine et l'Inde. Les États-Unis, bien qu'étant signataires de la convention-cadre, n'étaient pas liés par les normes du protocole de Kyoto. Les normes du protocole étaient assez vagues, ne précisant qu'un niveau d'émission de gaz à effet de serre pour chaque État signataire, sans indiquer comment atteindre cette réduction, ni mettre en place des mécanismes de surveillance et d'évaluation pour vérifier le respect de ces obligations. Ainsi, le cadre établi par le protocole de Kyoto était plutôt imprécis et laissait beaucoup de latitude aux États.
  3. L'existence d'une instance de mise en œuvre : C'est-à-dire, existe-t-il une institution ou une organisation qui est chargée de veiller à ce que les États respectent les normes ? Cette instance peut également avoir le pouvoir d'imposer des sanctions en cas de non-respect des normes. Le troisième aspect concerne la mise en application des normes internationales. C'est-à-dire, dans quelle mesure existe-t-il une entité responsable pour l'application et l'application de ces normes si les États ne les respectent pas? À l'échelle mondiale, il n'existe pas de cour internationale comparable à une cour nationale. Bien que la Cour internationale de justice existe, elle ne peut intervenir que si les deux États impliqués dans un litige acceptent de se soumettre à un processus juridique, sinon la Cour n'a pas compétence. Cependant, au cours des dernières années, nous avons assisté à une augmentation du recours à des processus de règlement des différends plus juridiques. Par exemple, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dispose d'un système élaboré qui comprend également des mécanismes de sanctions pour les États qui ne respectent pas les normes commerciales de l'OMC. De même, la Cour pénale internationale représente un autre exemple d'une institution forte sur le plan juridique dans le domaine des droits de l'homme, capable de condamner des individus pour des crimes contre l'humanité tels que le génocide et la torture systématique. Pour ce qui est de la question climatique, la question se pose de savoir quels seront les mécanismes pour mettre en œuvre les nouvelles obligations des États. Existera-t-il un système de rapports entre États où chaque État documente ses mesures au niveau international, et ces rapports sont ensuite évalués et des recommandations sont données? Ou bien, y aura-t-il la possibilité de sanctions en cas de non-respect de certaines obligations, et si oui, par qui? Sera-ce une instance indépendante qui aura cette autorité? Globalement, on peut dire qu'au cours des vingt dernières années, nous avons assisté à une tendance à une plus grande judiciarisation des organisations internationales. De nombreuses organisations sont certes bloquées, comme l'OMC par exemple, mais ce blocage peut aussi être le résultat du fait que ces organisations sont devenues plus contraignantes et que les États sont moins enclins à se lier les mains. Peut-être que les États veulent conserver leur flexibilité, et cela pourrait indiquer une évolution vers un rôle plus important des organisations internationales.
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En termes de processus de prise de décision et de fixation de l'agenda, il est possible d'appliquer des concepts similaires à ceux du cycle politique aux relations internationales. L'établissement de l'agenda implique de déterminer quels membres d'une organisation ont la capacité de proposer de nouvelles normes. Par exemple, au sein de l'Union européenne, la Commission européenne, qui opère indépendamment des États membres, a cette capacité. C'est une manifestation d'une judiciarisation poussée et de supranationalité, ce qui n'est pas systématiquement le cas dans toutes les organisations internationales.

Le deuxième aspect concerne le processus décisionnel lui-même. Il convient de déterminer si les décisions sont prises par consensus, à l'unanimité des États, et uniquement par les États. Si c'est le cas, on peut affirmer que l'organisation internationale produit des normes qui reflètent la volonté individuelle de chaque État. En ce sens, ces normes sont compatibles avec le concept de souveraineté de l'État, puisque chaque État a volontairement donné son accord à ces normes.

Dans le cas où nous disposons d'un système de vote à majorité, comme c'est le cas au sein de l'Union européenne ou du Conseil de sécurité des Nations Unies, des États peuvent être liés par une décision même s'ils ont voté contre. En cela, ces institutions internationales acquièrent un caractère plus supranational, puisqu'elles peuvent en réalité établir des normes contraignantes pour leurs membres, même en l'absence de leur accord explicite.

Cela soulève une série de questions intéressantes et importantes sur le fonctionnement de la gouvernance mondiale et les tensions entre la souveraineté nationale et la coopération internationale. Par exemple, est-il acceptable qu'un État soit lié par une décision à laquelle il s'est opposé ? Comment les États minoritaires peuvent-ils être protégés dans un tel système ? Cela peut également conduire à des conflits entre les États membres, surtout si la décision prise a des conséquences importantes pour les intérêts nationaux. Dans le même temps, c'est aussi un moyen efficace de prendre des décisions et de progresser sur des questions complexes et mondiales.

En permettant des décisions à la majorité plutôt qu'à l'unanimité, ces institutions peuvent surmonter le veto d'un petit nombre d'États et prendre des mesures sur des problèmes urgents. Cela peut être particulièrement important dans les situations où l'inaction ou le retard pourrait avoir des conséquences graves, comme c'est le cas pour les questions de changement climatique ou de sécurité mondiale. Cependant, cela nécessite également des mécanismes de contrôle et d'équilibre pour éviter les abus et assurer que les intérêts de tous les États membres sont pris en compte.

L'Union européenne est un bon exemple de cette tension. Les décisions prises par la Commission européenne et le Parlement européen peuvent avoir des effets profonds sur les États membres, même s'ils ont voté contre ces décisions. Cela a conduit à des débats sur la souveraineté et le pouvoir de ces institutions, et sur la façon dont les États membres peuvent influencer les décisions prises à ce niveau. Le cas du Conseil de sécurité de l'ONU est légèrement différent, car ses cinq membres permanents (les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et la France) ont un droit de veto sur les résolutions. Cela signifie que ces pays peuvent bloquer toute décision, même si tous les autres membres sont d'accord. Cela a souvent été critiqué comme étant inéquitable et représentatif d'une époque révolue de la politique mondiale. Cependant, cela sert également à protéger les intérêts de ces grandes puissances et à prévenir les conflits majeurs. En résumé, la prise de décision à la majorité dans les organisations internationales est un élément clé de la coopération internationale, mais elle soulève également des questions importantes sur la souveraineté, la représentation et l'équité.

Dans le système de l'Union européenne (UE), la complexité est accentuée par le fait que la prise de décision ne repose pas uniquement sur les États membres réunis au sein du Conseil de l'Union européenne, mais implique également le Parlement européen, une institution co-législative indépendante du Conseil. Le Parlement européen est directement élu par les citoyens des États membres de l'UE, ce qui renforce sa légitimité démocratique et son indépendance par rapport aux gouvernements nationaux. Cette particularité fait de l'Union européenne une entité supranationale très unique. Aucune autre organisation internationale ne partage une telle structure de gouvernance dans laquelle les citoyens ont un rôle direct dans la prise de décision à l'échelle supranationale. En ce sens, l'UE se distingue par sa capacité à transcender la souveraineté nationale dans certaines mesures de politique et de législation.

Les Relations Transgouvernementales et Transnationales[modifier | modifier le wikicode]

Face à l'interdépendance croissante des sociétés et à l'émergence de problèmes transfrontaliers, l'intérêt pour des solutions communes a gagné en importance. Plus les sociétés se globalisent, plus les problèmes dépassent les frontières étatiques, nécessitant une coopération plus étendue. Par conséquent, la création d'organisations internationales et l'élaboration de normes internationales sont essentielles pour répondre à ces défis partagés. Ces organisations et normes internationales permettent non seulement de réglementer des domaines d'activité transfrontaliers, mais aussi d'harmoniser les politiques et pratiques des différents pays. Elles contribuent ainsi à une gestion plus efficace des questions mondiales, qu'il s'agisse de changements climatiques, de migration, de santé mondiale ou de commerce international. Cela dit, leur efficacité repose sur la volonté des États membres de se conformer aux normes internationales et d'adopter des mesures de mise en œuvre au niveau national. La complexité des problèmes mondiaux et la diversité des contextes nationaux rendent toutefois cette tâche difficile, ce qui souligne l'importance d'un engagement continu des États, des organisations internationales et de la société civile pour relever ces défis mondiaux.

Nous avons observé une tendance à une plus grande judiciarisation des organisations et des normes internationales. Cette judiciarisation, c'est-à-dire la tendance à recourir au droit et aux procédures judiciaires pour résoudre les problèmes internationaux, n'est toutefois pas uniforme à travers tous les domaines et toutes les organisations. Cependant, le phénomène est bien présent et notable. Depuis 1945, nous avons assisté non seulement à une multiplication des organisations internationales et des traités multilatéraux, mais également à une tendance à les rendre plus contraignants. L'objectif est d'instaurer une discipline collective et de renforcer le respect des engagements pris au niveau international. L'application de ces normes et accords peut cependant varier en fonction de l'adhésion des pays, de leur capacité à mettre en œuvre les engagements et des mécanismes de mise en œuvre et de contrôle existants. Malgré des défis significatifs, cette évolution vers une plus grande judiciarisation est un signe encourageant de l'effort global pour gérer les problèmes internationaux par le biais de la coopération et du droit international.

Un autre phénomène notable dans l'organisation politique des États, en plus de leur coopération dans les organisations intergouvernementales, est l'intégration régionale. Il y a une multiplication d'initiatives d'intégration régionales à travers le monde. Par exemple, l'Accord de Libre-échange Nord-Américain (NAFTA) en Amérique du Nord représente une telle initiative. Cependant, cet accord est essentiellement économique et se limite à la création d'une zone de libre-échange, sans ambition plus grande, contrairement à l'Union européenne qui s'étend à diverses politiques de tous genres. Il est important de noter que l'intégration régionale peut varier considérablement en termes d'ambition et de portée. Alors que certains accords peuvent se concentrer principalement sur les questions économiques, d'autres, comme l'Union européenne, peuvent viser une intégration plus profonde couvrant un large éventail de politiques et de domaines de coopération.

Dans le sud de l'Amérique latine, on trouve le MERCOSUR, une organisation qui regroupe l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay, le Venezuela et la Bolivie. Tout en étant également une zone de libre-échange, le MERCOSUR a des ambitions plus élevées. Les membres aspirent à une union douanière, à un marché commun, et éventuellement, à une monnaie commune à l'avenir, bien que ce ne soit pas encore le cas. Le MERCOSUR est ambitieux ; ses pays membres ont développé des politiques communes en matière d'environnement, de droits sociaux et de droits du travail pour leurs citoyens. L'ascension de gouvernements de gauche au cours des dernières années a conduit à une orientation vers le domaine social. Cependant, avec les changements politiques récents, notamment en Argentine et au Brésil, cette orientation pourrait changer. Néanmoins, le MERCOSUR demeure une organisation bien établie et fonctionnelle.

L'Union africaine (UA), créée au début du nouveau millénaire en 2002, est également une organisation régionale importante. Son prédécesseur, l'Organisation de l'unité africaine, était principalement centrée sur la décolonisation. L'Union africaine, quant à elle, a des ambitions beaucoup plus larges. Elle s'appuie sur des organisations sous-régionales, comme la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). L'UA vise une intégration économique et politique plus profonde entre les États membres, en s'inspirant en partie du modèle de l'Union européenne. Plusieurs organisations sous-régionales en Afrique partagent un plan d'action similaire, qui vise principalement à libéraliser le commerce entre leurs États membres en vue de créer un marché commun et éventuellement une monnaie commune. Dans certaines régions d'Afrique, des unions monétaires existent déjà, bien que cela soit souvent un héritage de l'époque coloniale. L'Union africaine envisage également l'unification de ces différents marchés communs sous-régionaux en un marché commun à l'échelle africaine. Cependant, la mise en œuvre de ces plans a connu des retards. Certaines instances sous-régionales sont plus efficaces que d'autres, mais il est intéressant de noter cette tendance à l'organisation régionale. L'Union africaine ne se limite pas seulement à des activités sur le plan économique, mais elle s'implique également dans le domaine de la sécurité. Elle dispose d'un Conseil de sécurité qui, de manière assez similaire au Conseil de sécurité de l'ONU, peut envisager des interventions militaires sur le territoire de ses États membres en cas de crise, un phénomène assez récent. Ainsi, on observe une réplication du système onusien au niveau africain, dont l'efficacité varie. Ce phénomène majeur dépasse ce que l'Union européenne fait en matière de sécurité.

Dans le sud-est asiatique, nous trouvons également l'ASEAN (Association des Nations de l'Asie du Sud-Est), un réseau d'États qui se sont regroupés dans le but de créer un marché commun. Bien que l'objectif initial était de réaliser cette zone d'ici 2015, cela est encore loin d'être atteint. Cependant, ils ont un plan d'intégration non seulement économique, mais aussi culturelle et sociale. Ils développent des activités communes, y compris un système d'échanges universitaires. Le concept d'échanges culturels et sociaux est fortement encouragé au sein de l'ASEAN.

Il existe également l'organisation des pays du Golfe, le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui aspire également à établir une union monétaire. En outre, l'Union eurasiatique a été plus récemment lancée par Vladimir Poutine, qui réunit la Russie et plusieurs anciens États de l'URSS. Cette union douanière vise à rivaliser avec l'Union européenne, notamment dans le contexte du conflit ukrainien. L'ambition russe est d'inclure l'Ukraine dans cette organisation et dans ce processus d'intégration économique dominé par la Russie. Cela serait incompatible avec un accord d'association approfondi avec l'Union européenne. Il est donc clair que ces organisations régionales peuvent également entrer en compétition les unes avec les autres.

Le phénomène du régionalisme, caractérisé par l'émergence et la multiplication d'organisations régionales, est relativement récent et remonte essentiellement aux années 1990. Il s'agit d'une réponse à la mondialisation croissante et aux défis transfrontaliers. Les organisations régionales offrent un cadre permettant aux États de collaborer et de coordonner leurs efforts pour répondre à des questions communes et transnationales, qu'il s'agisse de questions économiques, politiques, environnementales ou de sécurité. L'idée sous-jacente au régionalisme est que les pays partageant des liens géographiques, historiques, culturels ou économiques peuvent bénéficier d'une coopération plus étroite. Cela peut se traduire par l'établissement de marchés communs, la mise en œuvre de politiques coordonnées, ou même, dans certains cas, l'adoption d'une monnaie unique. Il est important de noter que le degré d'intégration et la nature des accords varient considérablement d'une organisation régionale à une autre. Par exemple, l'Union européenne représente un niveau d'intégration très élevé, avec une monnaie commune et une gouvernance supra-nationale dans de nombreux domaines. D'autres organisations, comme l'ASEAN ou le MERCOSUR, sont moins intégrées, mais poursuivent néanmoins des objectifs de coopération économique et politique. Cependant, malgré leur croissance et leur potentiel, les organisations régionales doivent faire face à de nombreux défis, notamment en termes de coordination entre les États membres, de respect des engagements pris et de gestion des différends.

Malgré l'augmentation générale de la judiciarisation et de l'intégration à travers les organisations internationales, nous constatons une certaine lassitude envers le système multilatéral actuel. Des organisations telles que l'OMC et l'ONU rencontrent souvent des difficultés pour faire avancer leurs agendas en raison des blocages et des conflits entre les États membres. Cependant, en parallèle, nous constatons une augmentation de la coopération à un niveau plus micro, souvent appelée "diplomatie de réseaux" ou "diplomatie de deuxième voie". Cela implique des interactions et des collaborations directes entre les technocrates, les bureaucraties et les départements administratifs de différents pays. Par exemple, les ministères de l'environnement ou de l'éducation de différents pays peuvent collaborer directement sur des initiatives spécifiques, indépendamment des positions officielles de leurs gouvernements respectifs. Ces types de collaboration peuvent souvent être plus agiles et efficaces pour résoudre des problèmes spécifiques, en raison de leur nature plus technocratique et moins politisée.

Il y a une tendance croissante de collaboration entre diverses entités non gouvernementales, comme les organisations non gouvernementales (ONG), les organismes de recherche, les entreprises et même les individus. Ces acteurs travaillent ensemble sur des problèmes internationaux communs, souvent de manière informelle et flexible, échangeant des informations, des meilleures pratiques et des ressources. Ce type de coopération, parfois appelée "diplomatie de la société civile", peut être une partie cruciale de l'architecture internationale. Ces réseaux internationaux, qu'ils soient formels ou informels, sont importants car ils permettent à une plus grande diversité d'acteurs de participer à la résolution de problèmes internationaux. Ils peuvent également fournir des plateformes d'échange d'information, de formation de consensus et de mise en œuvre de politiques à un niveau que les organisations intergouvernementales formelles peuvent ne pas être capables d'atteindre. Il convient cependant de souligner que ces réseaux ne sont pas une panacée. Bien qu'ils puissent jouer un rôle important dans la résolution de problèmes internationaux, ils ne peuvent pas remplacer complètement le rôle des États et des organisations internationales officielles. Ces entités ont le pouvoir légal de prendre des décisions contraignantes, d'appliquer des règles et d'adopter des sanctions qui vont au-delà de ce que les réseaux non gouvernementaux peuvent faire.

Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire est un excellent exemple d'une organisation transnationale qui exerce une influence considérable sur la régulation des finances internationales. Fondé en 1974 par les banques centrales des pays du G10, le Comité de Bâle émet des recommandations en matière de réglementation bancaire dans le but d'améliorer la stabilité du système financier mondial. Il a établi les Accords de Bâle, qui sont une série de recommandations sur la réglementation bancaire et les normes de supervision. Bien que ces normes ne soient pas juridiquement contraignantes, elles ont une influence considérable car elles sont généralement adoptées par les banques centrales et les régulateurs nationaux dans le monde entier. Le Comité de Bâle a joué un rôle clé dans la réponse à la crise financière mondiale de 2008. En réponse à cette crise, il a élaboré les normes connues sous le nom de Bâle III, qui ont renforcé les exigences de capital et de liquidité des banques et introduit de nouvelles réglementations pour améliorer la gestion des risques bancaires. Cependant, l'adhésion au Comité de Bâle a été traditionnellement limitée aux banques centrales des pays développés. Cela a suscité des critiques quant à la représentativité et à l'équité du comité, bien que des efforts aient été faits pour inclure des représentants de pays en développement, comme la Chine. L'exemple du Comité de Bâle illustre le rôle important que peuvent jouer les organisations transnationales dans la régulation des problèmes internationaux, mais aussi les défis auxquels elles sont confrontées en matière de représentativité et de légitimité.

Ces normes sont souvent décrites comme du "soft law" ou "droit mou", qui n'a pas la force juridique obligatoire du "hard law" ou "droit dur". Cependant, bien qu'elles ne soient pas juridiquement contraignantes, ces normes peuvent exercer une forte pression politique et sociale sur les États pour qu'ils les adoptent et les mettent en œuvre. Ces normes, développées dans les réseaux transgouvernementaux comme le Comité de Bâle, peuvent devenir très influentes, en particulier dans les domaines où la coopération internationale est essentielle pour résoudre des problèmes communs. Par exemple, en plus de la régulation financière, on peut aussi voir ce genre de normes dans des domaines comme l'environnement, la santé publique, ou encore les normes de travail. Ces normes informelles peuvent jouer un rôle clé dans la régulation internationale. Par exemple, elles peuvent servir de base pour le développement de traités internationaux plus formels. De plus, même en l'absence d'un traité formel, ces normes peuvent contribuer à créer un consensus international sur certaines questions et à orienter les comportements des États.

La coopération internationale et les relations interétatiques ont évolué bien au-delà de la simple interaction diplomatique formelle entre les États. Elles impliquent maintenant une multitude d'acteurs, y compris des organisations non gouvernementales, des entreprises multinationales, des organisations internationales et des réseaux de politiques transnationaux. Ces acteurs opèrent souvent en dehors des canaux diplomatiques formels, mais peuvent néanmoins jouer un rôle important dans la résolution de problèmes mondiaux et la définition de l'agenda politique international. Il est également important de noter l'impact des technologies de l'information et de la communication sur la coopération internationale. Internet et les médias sociaux ont permis aux individus et aux groupes de toute taille et de toute localisation géographique de participer aux discussions politiques internationales. Cela a conduit à une démocratisation partielle de la politique internationale, avec des citoyens ordinaires qui ont désormais la possibilité d'influencer les décisions politiques internationales. En somme, pour comprendre la complexité de la coopération internationale et des relations interétatiques à l'heure actuelle, il est crucial d'élargir notre regard au-delà des interactions diplomatiques traditionnelles et de tenir compte de la multitude d'acteurs et de processus qui façonnent le monde politique international.

La façon dont les nouvelles puissances émergentes s'intègrent au système international est une question d'importance cruciale. Ces pays ne sont pas simplement des participants passifs à la scène internationale, mais sont de plus en plus actifs dans la définition de l'agenda mondial. Ils le font non seulement par le biais des canaux diplomatiques formels, mais aussi par le biais de réseaux transgouvernementaux informels, où ils peuvent parfois trouver des possibilités de coopération plus productives. Ces relations transgouvernementales peuvent être plus nuancées et complexes que les relations diplomatiques officielles, car elles impliquent une gamme beaucoup plus large d'acteurs. Elles peuvent parfois être plus cordiales et productives, car elles permettent une forme de dialogue plus informelle et technique. Cependant, elles sont également souvent fragmentées et dépendent de l'issue spécifique ou du domaine technique en question. Il est essentiel de comprendre que les États ne sont plus simplement représentés par leurs dirigeants ou leurs ministres des affaires étrangères sur la scène internationale. Au contraire, ils agissent de plus en plus par le biais de leurs sous-unités, telles que les ministères spécialisés, les agences gouvernementales et même les acteurs non étatiques. Cette évolution vers une participation plus décentralisée et diversifiée à la gouvernance mondiale reflète la complexité croissante du système international et la nécessité d'une approche plus multidimensionnelle de la coopération internationale.

Aujourd'hui, la conduite des affaires internationales dépasse largement le cadre des échanges diplomatiques formels. De nombreux acteurs au sein des États - y compris diverses agences gouvernementales, régulateurs, autorités locales et même les parlements - participent activement aux affaires internationales. Par exemple, les parlements peuvent participer à des forums internationaux, tandis que les agences gouvernementales peuvent collaborer avec leurs homologues étrangères sur des questions techniques spécifiques. Ce processus de désagrégation reflète la complexité croissante du monde moderne. De nombreux problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui - tels que le changement climatique, le terrorisme ou les pandémies - ne peuvent pas être résolus par un seul État agissant seul. Au contraire, ils exigent une coopération transnationale et impliquent une multitude d'acteurs. De plus, cela reflète également l'interdépendance croissante des États dans notre monde globalisé. Les actions prises dans un pays peuvent avoir un impact important sur d'autres pays, ce qui rend nécessaire une coordination et une coopération internationales.

Évaluation de l'Influence des Organisations Non Gouvernementales (ONG)[modifier | modifier le wikicode]

Le terme "relations transnationales" ou "transnationalisme" fait référence à la multiplication et l'intensification des échanges entre acteurs non gouvernementaux à travers les frontières nationales. Ces acteurs peuvent être des entreprises multinationales, des ONG, des mouvements sociaux, des réseaux scientifiques ou même des individus. Dans le contexte du transnationalisme, les États ne sont plus les seuls acteurs sur la scène internationale. Les acteurs non gouvernementaux jouent un rôle croissant dans la définition et la mise en œuvre des politiques internationales. Par exemple, les ONG peuvent influencer les politiques internationales sur des questions telles que les droits de l'homme ou le changement climatique en faisant pression sur les gouvernements et les organisations internationales, en organisant des campagnes de sensibilisation et en fournissant une expertise technique.

Le transnationalisme peut également se produire en parallèle aux relations interétatiques traditionnelles. Par exemple, les entreprises multinationales peuvent mener des activités commerciales à travers les frontières nationales tout en étant régies par des accords commerciaux internationaux négociés entre États. De même, les ONG peuvent travailler à l'échelle internationale tout en collaborant avec les gouvernements et les organisations internationales. Cela signifie que la conduite des affaires internationales est de plus en plus complexe et nécessite une compréhension des interactions entre une grande variété d'acteurs à différents niveaux.

La terminologie "ONG" (Organisation Non Gouvernementale) est assez large et peut couvrir une multitude d'organisations avec divers objectifs, structures et méthodes de travail. Généralement, une ONG est une organisation à but non lucratif qui fonctionne indépendamment du gouvernement. Les ONG peuvent être actives dans de nombreux domaines, tels que les droits de l'homme, l'éducation, la santé, le développement durable, etc. En ce qui concerne l'ONU, elle a établi un certain nombre de critères pour l'accréditation des ONG. Ces critères sont généralement liés à la mission, aux objectifs et au fonctionnement de l'organisation. Par exemple, pour être reconnue par l'ONU, une ONG doit généralement :

  • Avoir des objectifs et des buts qui sont en accord avec ceux de l'ONU
  • Fonctionner de manière transparente et démocratique
  • Avoir un impact à l'échelle nationale ou internationale
  • Avoir une structure organisationnelle définie
  • Avoir des sources de financement transparentes

Une fois accréditée, une ONG peut participer à certaines réunions de l'ONU, présenter des déclarations écrites ou orales, participer à des débats, collaborer avec des États membres et d'autres acteurs, et bénéficier d'un accès à l'information et aux ressources de l'ONU. L'accréditation d'une ONG par l'ONU ne signifie pas nécessairement que l'ONU soutient ou approuve les actions de l'ONG. Il s'agit simplement d'une reconnaissance de la capacité de l'ONG à contribuer aux débats et aux processus de l'ONU.

Qui n'est pas ONG ?

La diversité des organisations qui peuvent obtenir le statut d'ONG reflète la complexité et la variété des enjeux auxquels le monde est confronté. Cela comprend des organisations se concentrant sur des sujets comme le développement, la santé, l'éducation, les droits de l'homme, l'environnement, etc. Cependant, il est important de souligner que toutes les organisations listées, comme les Yakuzas ou Nestlé, n'ont pas le statut d'ONG. Les Yakuzas, par exemple, est une organisation criminelle et Nestlé est une entreprise multinationale. Ces entités sont très différentes des organisations typiques sans but lucratif qui constituent la majorité des ONG. L'ONU dispose d'une procédure d'accréditation stricte pour les ONG, ce qui permet de garantir que les organisations reconnues comme telles sont bien engagées dans des activités conformes aux objectifs et aux principes de l'ONU. En tout cas, cette observation met en lumière la variété des acteurs dans la scène internationale, ainsi que la complexité des relations et des interactions entre ces différents acteurs. Cela montre aussi l'importance de ces organisations dans le processus de prise de décision internationale, et comment elles peuvent influencer les politiques et les normes à l'échelle mondiale.

Les critères énuméré précédement sont essentiels pour assurer que les organisations non gouvernementales (ONG) qui sont reconnues par l'ONU adhèrent à des normes minimales de gouvernance, d'indépendance et d'intégrité. Cela garantit également que ces organisations ont une mission et des objectifs qui sont alignés avec ceux de l'ONU, permettant ainsi une collaboration fructueuse. De plus, ces critères établissent une distinction importante entre les ONG et d'autres types d'organisations, comme les entreprises à but lucratif et les entités gouvernementales. Ils assurent également que les ONG sont responsables et transparentes dans leur fonctionnement, tout en respectant les principes démocratiques. Bien que ces critères soient utiles pour l'accréditation auprès de l'ONU, ils ne s'appliquent pas nécessairement à toutes les ONG dans le monde. La définition et le statut des ONG peuvent varier d'un pays à l'autre, en fonction de la législation nationale. En tout état de cause, la diversité des ONG qui opèrent à l'échelle mondiale, du point de vue de leur taille, de leur portée et de leur mission, est une illustration de la complexité et de la variété des problèmes mondiaux auxquels nous sommes confrontés. Chaque ONG joue un rôle crucial en apportant son expertise unique et en travaillant sur des problèmes spécifiques, contribuant ainsi à l'effort global pour améliorer la vie des gens partout dans le monde.

Si l'on postule que les organisations non gouvernementales (ONG) exercent une influence significative sur la politique internationale, il devient intéressant d'examiner les différentes étapes du processus politique où ces organisations peuvent intervenir. Ainsi, dans le but de mettre en lumière un sujet ou d'initier un débat sur une question spécifique, ces organisations peuvent agir aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur du cadre politique formel. À l'extérieur, les ONG peuvent organiser des manifestations ou des campagnes de sensibilisation pour attirer l'attention du public et des médias sur un sujet donné. De plus, elles peuvent se lancer dans des activités éducatives et informatives pour élargir la compréhension du public sur des questions spécifiques. À l'intérieur de la sphère politique, elles peuvent recourir au lobbying et à la présentation de recherches approfondies, d'études et de rapports aux décideurs politiques. Ces efforts peuvent contribuer à façonner les politiques, à influencer l'opinion des responsables politiques et à orienter les décisions dans une direction qui correspond à leurs objectifs et à leurs missions.

Au stade de l'élaboration des politiques et des normes, l'expertise des ONG peut jouer un rôle clé en influençant ces processus. En réalité, la Charte des Nations Unies et les statuts de l'ECOSOC (Conseil économique et social des Nations Unies) prévoient diverses possibilités pour les ONG de contribuer, à la fois par écrit et oralement. Elles peuvent également participer au sein des délégations nationales, ce qui signifie que les représentants officiels des ONG ont accès à presque tous les forums et processus de prise de décision. Par ailleurs, il est courant que les ONG participent au financement des délégations nationales et soutiennent les délégations des pays qui n'ont pas les moyens de s'impliquer pleinement dans les négociations internationales. Cela est particulièrement pertinent pour les pays en développement, pour lesquels le coût des déplacements pour assister à ces négociations internationales peut être prohibitif, sans parler de l'expertise nécessaire pour y participer efficacement. De ce fait, les ONG peuvent jouer un rôle significatif lors de la phase d'élaboration des politiques en renforçant les capacités de négociation des délégations nationales.

Au stade de la prise de décision, le rôle des ONG s'exprime principalement par le lobbying. Elles ont également une influence indirecte par le biais de leur représentation dans les délégations nationales. Ensuite, elles jouent un rôle encore plus crucial lors de la mise en œuvre des politiques, en particulier à travers la rédaction de rapports sur le respect des normes internationales. De nombreuses ONG sont réputées pour leur expertise dans l'élaboration de ces rapports et disposent de ressources très spécifiques. Par exemple, Amnesty International, en tant qu'organisation non étatique, a accès à certaines institutions et individus qui seraient inaccessibles aux États. Amnesty International peut, par exemple, obtenir l'autorisation de visiter des prisons dans des pays tiers pour vérifier le respect des droits de l'homme en matière de conditions de détention et examiner dans quelle mesure la torture est utilisée ou non dans ces institutions. Cette possibilité serait impensable pour un autre État, comme une visite à une prison en Afghanistan, car cela violerait le principe de non-ingérence. Bien que l'accès à ces ressources soit toujours négocié, les acteurs privés ont généralement plus de facilité à les obtenir et disposent donc de ressources très spécifiques pour accomplir leur mission.

Le processus de "naming and shaming", souvent utilisé par les ONG dans leurs efforts de plaidoyer, consiste à dénoncer publiquement les États ou autres entités qui enfreignent les normes ou les obligations internationales. Le but de cette approche est de faire pression sur les contrevenants pour qu'ils modifient leur comportement. En exposant leurs actions à l'opinion publique, l'objectif est de provoquer une honte suffisante qui incite à un changement. Prenons l'exemple des violations des droits de l'homme. Si un État est constamment identifié et critiqué pour son non-respect des droits de l'homme, la pression internationale et l'attention médiatique qui en découlent peuvent le contraindre à revoir ses pratiques. Les organisations comme Amnesty International ou Human Rights Watch utilisent souvent cette stratégie dans leur travail. Cependant, l'efficacité de cette méthode dépend en grande partie de plusieurs facteurs. Par exemple, un État peut être plus sensible à la honte si son image internationale est importante pour lui. De plus, l'impact de cette approche dépend également du poids des médias et de l'opinion publique dans le pays concerné. En outre, les ONG jouent un rôle clé dans l'évaluation des pratiques des États. Elles peuvent effectuer des recherches et des enquêtes indépendantes, fournir des rapports détaillés sur les problèmes identifiés, et suivre de près la conformité des États avec les normes internationales. Cela aide à maintenir la transparence et à tenir les États responsables de leurs actions. En conclusion, le rôle des ONG dans le "naming and shaming" et l'évaluation est crucial pour faire respecter les normes internationales. Cependant, l'efficacité de ces efforts dépend de nombreux facteurs, y compris la sensibilité des États à leur réputation internationale et le poids des médias et de l'opinion publique.

Étude de Cas : L'Accès des ONG aux Organisations Internationales de 1950 à 2010 dans Différents Domaines[modifier | modifier le wikicode]

L'interaction entre les organisations internationales (OI) et les organisations non gouvernementales (ONG) a suscité un intérêt considérable dans la recherche sur les relations internationales. Cette interaction a évolué au fil du temps, tant en quantité qu'en qualité, en particulier depuis les années 1950. Dans les premières décennies après 1950, la plupart des ONG avaient un statut d'observateur dans les OI. Leur rôle principal était de fournir des informations et une expertise précieuses aux gouvernements. Elles étaient généralement consultées sur des questions spécifiques, mais n'avaient pas de pouvoir décisionnel. Cependant, à partir des années 1980 et surtout des années 1990, les ONG ont commencé à jouer un rôle beaucoup plus actif dans la gouvernance internationale. Leur nombre a considérablement augmenté et elles ont commencé à participer de manière plus directe et substantielle aux processus décisionnels des OI. Aujourd'hui, les ONG peuvent influencer les OI de plusieurs manières. Par exemple, elles peuvent contribuer à la formulation des politiques en fournissant des informations, des analyses et des recommandations. Elles peuvent également participer à l'élaboration des normes internationales, en proposant des modifications ou en participant à des groupes de travail. De plus, certaines ONG ont acquis une expertise technique et juridique considérable, ce qui leur permet d'apporter une contribution significative aux négociations internationales. Elles peuvent également aider à surveiller la mise en œuvre des décisions prises par les OI, par exemple en signalant les violations des normes internationales.

L'article de Jonas Tallberg, intitulé "Governance Problems, Policy Approaches, and Institutional Design", fait une analyse approfondie de la manière dont les ONG ont obtenu un accès croissant aux organisations internationales (OI) dans divers domaines politiques de 1950 à 2010.[6] L'article offre un aperçu intéressant des tendances, des défis et des possibilités en matière d'implication des ONG dans la gouvernance mondiale. Tallberg note que l'accès des ONG aux OI a évolué de manière significative au cours de cette période. En 1950, les ONG avaient un accès très limité aux OI. Cependant, au fil du temps, cet accès s'est progressivement élargi, à la fois en termes de nombre d'ONG impliquées et de la diversité des domaines politiques dans lesquels elles sont actives. L'article examine également les défis et les obstacles auxquels les ONG sont confrontées lorsqu'elles tentent d'influer sur les politiques internationales. Par exemple, malgré leur accès accru, les ONG peuvent encore se heurter à des résistances de la part des États membres des OI, qui peuvent voir leur participation comme une menace pour leur propre influence. Enfin, Tallberg propose des pistes de réflexion sur la façon dont l'accès des ONG aux OI pourrait être amélioré à l'avenir. Il suggère que la conception institutionnelle des OI pourrait être modifiée pour faciliter une participation plus active des ONG. Par exemple, les OI pourraient adopter des règles plus transparentes et inclusives pour la participation des ONG, ou établir des mécanismes spécifiques pour faciliter leur implication. L'article de Tallberg offre une analyse précieuse de l'évolution de la relation entre les ONG et les OI et propose des pistes de réflexion pour l'avenir de la gouvernance mondiale.

Lavenex Exemple d’une analyse empirique accès des ONG aux OI dans différents domaines 1950 – 2010.png

Ce graphique est un outil utile pour visualiser l'évolution de l'implication des ONG dans différents domaines de la politique internationale de 1950 à 2010. Cela offre une vue d'ensemble de la façon dont la portée de l'engagement des ONG s'est étendue à divers secteurs au fil du temps. L'axe horizontal, qui représente la chronologie de 1950 à 2010, permet de suivre les tendances au fil du temps. L'axe vertical semble être divisé en différentes catégories qui représentent les divers secteurs politiques - allant de la sécurité et de l'environnement au commerce et au développement. Par exemple, le secteur du développement peut englober des ONG qui travaillent sur des questions telles que la réduction de la pauvreté, l'éducation et la santé dans les pays en développement. Le secteur de l'environnement, quant à lui, peut inclure des ONG qui se concentrent sur des questions comme le changement climatique, la conservation de la biodiversité ou la durabilité. De même, le secteur du commerce pourrait impliquer des ONG qui se consacrent à des questions de politique commerciale, tandis que le secteur de la sécurité pourrait impliquer des ONG qui se concentrent sur des questions telles que le désarmement, la non-prolifération ou la résolution des conflits. Ce graphique offre une vue d'ensemble utile de la façon dont l'engagement des ONG dans ces différents secteurs a évolué au fil du temps. Il permet d'identifier les tendances clés, comme l'augmentation de l'engagement des ONG dans certains domaines ou l'émergence de nouveaux domaines d'engagement pour les ONG au fil du temps.

Ils ont aussi compté et analysé les conditions d’accès des ONG dans ces organisations établissant un index qui peut prendre la valeur maximale de 2,5. L'index , qui peut atteindre une valeur maximale de 2,5, est un outil quantitatif utilisé pour mesurer le niveau d'accès des ONG à différentes organisations internationales. Cet indice peut être déterminé en fonction de divers critères, tels que la capacité des ONG à participer à des réunions, à soumettre des documents, à prendre la parole lors de réunions ou à participer à des processus de décision formels. Un indice plus élevé signifierait un accès plus étendu et plus profond des ONG à une organisation internationale donnée, tandis qu'un indice plus bas indiquerait un accès limité. En analysant ces indices à travers différentes organisations et secteurs politiques, et sur une période de temps, les chercheurs peuvent identifier des tendances clés et faire des observations précieuses sur l'évolution du rôle des ONG dans la gouvernance internationale. Il est important de noter que l'accès ne se traduit pas toujours par l'influence. Alors que l'accès peut permettre aux ONG de faire entendre leur voix et de partager leurs perspectives et leur expertise, l'impact réel de leurs contributions sur les décisions politiques peut varier en fonction de divers facteurs, tels que l'ouverture de l'organisation aux points de vue des ONG, la pertinence et la qualité des contributions des ONG, et le contexte politique plus large.

La participation active des organisations non gouvernementales (ONG) est particulièrement marquée dans le domaine des droits de l'homme. Ces ONG jouent un rôle crucial en mettant en lumière les violations des droits de l'homme, en plaidant pour les victimes et en influençant les politiques et les normes internationales. En fait, la présence accrue des ONG dans le domaine des droits de l'homme peut s'expliquer par plusieurs facteurs. Tout d'abord, les violations des droits de l'homme sont souvent le résultat de politiques étatiques, et les ONG peuvent agir comme un contre-pouvoir important, mettant en lumière ces abus et faisant pression pour le changement. Deuxièmement, le domaine des droits de l'homme a une portée universelle, affectant tous les individus indépendamment de leur nationalité ou de leur statut. Cela donne aux ONG une légitimité et une pertinence globale.

En revanche, le domaine de l'environnement, bien qu'important, a vu une participation plus faible des ONG dans les organisations internationales. Cela pourrait être dû à diverses raisons, notamment la complexité scientifique et technique des problèmes environnementaux, les conflits d'intérêts économiques et politiques, ou la difficulté de concilier les intérêts et les perspectives de diverses parties prenantes. Cependant, étant donné l'urgence croissante des problèmes environnementaux tels que le changement climatique, la déforestation et la perte de biodiversité, on peut s'attendre à une implication accrue des ONG dans ce domaine à l'avenir.

Le rôle des ONG dans le domaine environnemental est parfois moins visible dans le cadre des organisations internationales formelles. Cela est dû à plusieurs raisons. Premièrement, il existe moins d'organisations internationales ayant un mandat large en matière d'environnement. Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), par exemple, a un rôle consultatif plutôt que réglementaire. Deuxièmement, les questions environnementales sont souvent traitées dans le cadre de traités internationaux spécifiques, tels que l'Accord de Paris sur le climat, plutôt que par le biais d'organisations internationales permanentes. Cela signifie que le rôle des ONG peut se situer davantage dans l'influence sur la formulation de ces traités, dans le plaidoyer pour leur mise en œuvre et dans le suivi de leur respect. Troisièmement, bon nombre des questions les plus pressantes en matière d'environnement sont complexes et nécessitent des approches multi-disciplinaires et multi-sectorielles. Par conséquent, les ONG environnementales sont souvent actives dans un éventail d'organisations et de forums, allant des instances locales aux forums internationaux, et peuvent collaborer avec des acteurs de différents secteurs, tels que les entreprises, les universités et les gouvernements. Enfin, les ONG environnementales peuvent également jouer un rôle important en dehors des structures formelles, par exemple en sensibilisant le public, en faisant pression sur les gouvernements et les entreprises, et en travaillant directement sur des projets de conservation et de durabilité sur le terrain. Bien que cela puisse ne pas se refléter dans leur présence dans les organisations internationales, cela ne diminue en rien l'importance de leur contribution à la gouvernance environnementale globale.

Conclusion : Transformation du Système International[modifier | modifier le wikicode]

Lavenex pyramide transformation du système international 2015.png

Pour résumer cette section sur l'internationalisation et le système international, nous avons au sommet de la pyramide les relations intergouvernementales formelles et diplomatiques. Il s'agit d'interactions entre les représentants des États qui oeuvrent à développer le droit international. Ces dernières années, nous avons assisté à une certaine judiciarisation de ces processus, avec une importance croissante accordée à l'application du droit et à la résolution des conflits par le biais de mécanismes juridiques. En dessous de ce niveau, nous trouvons une myriade d'interactions transgouvernementales et transnationales. Les relations transgouvernementales impliquent des acteurs étatiques qui agissent de manière plus indépendante, en dehors des canaux diplomatiques traditionnels, tandis que les relations transnationales impliquent des acteurs non étatiques, tels que les organisations non gouvernementales et les entreprises. Bien que ces niveaux soient présentés de manière hiérarchique, ils ne sont pas isolés les uns des autres, mais sont plutôt interconnectés et se chevauchent souvent. Par exemple, les ONG peuvent influencer les négociations intergouvernementales par le biais du lobbying et de la diffusion d'informations, tandis que les décisions prises au niveau intergouvernemental peuvent à leur tour façonner les activités des acteurs transgouvernementaux et transnationaux. Dans l'ensemble, cette structure illustre la complexité et la diversité des interactions au sein du système international moderne.

Pour comprendre pleinement le système international contemporain, il est impératif de ne pas se concentrer uniquement sur les relations interétatiques formelles, mais aussi de prendre en compte les relations transgouvernementales et transnationales. Les relations transgouvernementales se réfèrent à des interactions entre des parties d'États différents, souvent au niveau des bureaucraties, qui agissent de manière plus indépendante de leurs dirigeants politiques centraux. Par exemple, des régulateurs, des fonctionnaires ou des agences gouvernementales de différents pays peuvent travailler ensemble de manière informelle pour résoudre des problèmes communs ou coordonner des politiques. De même, les relations transnationales se réfèrent aux interactions entre des entités non gouvernementales qui opèrent à travers les frontières nationales, telles que les entreprises multinationales, les organisations non gouvernementales, les groupes de la société civile et même les individus. Ces deux types de relations jouent un rôle de plus en plus important dans la gouvernance internationale, et sont souvent impliqués dans des domaines clés tels que les normes mondiales, la protection de l'environnement, les droits de l'homme, et plus encore. Par conséquent, pour comprendre le fonctionnement du système international contemporain, nous devons élargir notre regard pour inclure ces formes d'interactions en plus des relations traditionnelles entre États.

Les Trois Perspectives Théoriques Majeures sur le Système International[modifier | modifier le wikicode]

Il existe une pluralité d'opinions et de théories dans le domaine des relations internationales concernant l'effet de l'internationalisation sur le principe de souveraineté des États. Ces perspectives cherchent à déterminer si cette tendance mondiale représente un défi substantiel pour la souveraineté traditionnelle des États. Elles questionnent également si nous assistons à une transformation dans laquelle la souveraineté est graduellement partagée à travers les institutions internationales, et si cela pourrait conduire à l'émergence d'une sorte de société globale. Ces points de vue sont variés et constituent le fondement des principales notions des trois grands paradigmes théoriques des relations internationales.

Le Néoréalisme[modifier | modifier le wikicode]

Article détaillé : Le néo-réalisme structurel.

John Mearsheimer, un important théoricien du néoréalisme, a exploré en profondeur les limites des institutions internationales dans son article de 1994, "The False Promise of International Institutions".[7] Dans cet essai, Mearsheimer articule le point de vue néoréaliste qui soutient que les institutions internationales sont essentiellement des outils au service des États les plus puissants : "Realists... recognize that states sometimes operate through institutions. However, they believe that those rules reflect state calculations of self-interest based primarily on the international distribution of power. The most powerful states in the system create and shape institutions so that they can maintain their share of world power, or even increase it. In this view, institutions are essentially ‘arenas for acting out power relationships.’ ...institutions largely mirror the distribution of power in the system ». Il met en avant les limites des institutions internationales".

Mearsheimer admet que les États, parfois, agissent à travers des institutions. Cependant, selon lui, ces règles et ces interactions reflètent principalement les calculs d'intérêt personnel des États, basés en grande partie sur la distribution internationale du pouvoir. Autrement dit, les États les plus puissants créent et façonnent les institutions internationales dans le but de maintenir, voire d'augmenter, leur part de pouvoir mondial. Dans cette optique, Mearsheimer considère les institutions internationales comme étant essentiellement des "arènes pour jouer des relations de pouvoir". Elles seraient le reflet de la distribution du pouvoir dans le système international et non des entités indépendantes capables d'influencer ou de réguler de manière efficace le comportement des États. Cette vision offre une critique incisive de l'idée que les institutions internationales peuvent être un vecteur d'ordre mondial coopératif ou un moyen de surmonter l'anarchie fondamentale du système international. Au lieu de cela, selon Mearsheimer, elles sont largement instrumentalisées par les États puissants pour promouvoir leurs propres intérêts, limitant ainsi leur capacité à agir comme des facteurs équilibrants ou stabilisants dans les relations internationales.

Les penseurs réalistes, bien qu'acceptant l'existence des institutions internationales, considèrent que ces dernières sont avant tout le reflet de la hiérarchie des pouvoirs mondiaux, ou la distribution de puissance entre les États. Ces institutions, selon la perspective réaliste, restent largement sous le contrôle des États les plus puissants qui les soutiennent tant qu'elles servent leurs intérêts. Lorsqu'elles cessent d'être utiles, ces États puissants peuvent choisir de ne plus les respecter, car il n'existe pas de force internationale contraignante capable d'assurer leur respect une fois que ces États n'y trouvent plus leur compte. Ainsi, dans l'optique réaliste, la pertinence et l'influence des organisations internationales dépendent du soutien des grandes puissances. En revanche, les États dominants sont capables d'utiliser ces institutions internationales comme des leviers pour imposer certaines normes aux États moins puissants. Ces normes, souvent, sont celles qui favorisent les intérêts des puissances dominantes. Ainsi, les institutions internationales peuvent devenir un outil par lequel les États influents exercent leur puissance et façonnent le monde selon leurs propres intérêts. Ainsi, l'impact des organisations internationales dépend largement du soutien des grandes puissances qui se situent derrière elles. Les institutions ne sont pas indépendantes, mais plutôt des outils à la merci des États influents, prêts à être utilisés pour avancer leurs agendas globaux.

Il est observable que les États se désengagent de certaines discussions lorsqu'elles ne servent pas leurs intérêts. Prenons par exemple les États-Unis qui ont choisi de ne pas participer au protocole de Kyoto. Cette décision était en grande partie due au fait que les nations émergentes n'étaient pas contraintes par ce cadre institutionnel. Par conséquent, les États-Unis anticipaient des effets négatifs et des coûts qui leur incomberaient s'ils participaient. Ainsi, ils ont choisi de ne pas s'engager dans ce processus. Dans le cas de la Cour pénale internationale (CPI), les États-Unis ont également exprimé leur opposition. Leur réticence vient du refus de se soumettre à une entité supranationale qui pourrait potentiellement incriminer des citoyens américains pour des crimes contre l'humanité. C'est un autre exemple illustrant comment les États puissants peuvent choisir de ne pas se conformer à des institutions internationales lorsqu'ils perçoivent que leur participation pourrait aller à l'encontre de leurs intérêts nationaux.

Le choix des grandes puissances de participer ou non à des institutions internationales repose sur une évaluation stratégique de leurs propres intérêts. Ces intérêts peuvent être politiques, économiques ou sécuritaires. Cette perspective est en accord avec le réalisme en relations internationales, qui voit les États comme des acteurs rationnels poursuivant leurs intérêts nationaux dans un environnement anarchique. Par exemple, un pays puissant peut choisir de participer à une organisation internationale si cela lui permet d'exercer son influence sur d'autres pays, de façonner les règles et normes internationales à son avantage, ou de tirer des bénéfices économiques. En même temps, cette participation peut aussi offrir un mécanisme pour résoudre les différends avec d'autres États de manière pacifique et structurée. D'un autre côté, si une institution internationale est perçue comme allant à l'encontre des intérêts d'une grande puissance, cette dernière peut choisir de ne pas participer ou même de s'y opposer. Cela a été illustré par les États-Unis qui ont choisi de ne pas participer au Protocole de Kyoto et de s'opposer à la Cour pénale internationale, craignant que ces institutions ne nuisent à leurs intérêts nationaux. Cependant, l'abstention ou l'opposition à des institutions internationales peut également avoir des conséquences, notamment en termes d'image internationale, de relations diplomatiques ou de pression de la part de la communauté internationale. Les grandes puissances doivent donc constamment évaluer les avantages et inconvénients de leur engagement dans les institutions internationales.

Le Libéralisme[modifier | modifier le wikicode]

Le libéralisme en relations internationales se concentre sur la notion d'interdépendance entre les États et soutient que cette interdépendance croissante encourage une coopération mutuellement bénéfique. Cette coopération est perçue comme rationnelle et bénéfique pour tous les États, car elle peut conduire à des gains mutuels et contribuer à la résolution de problèmes transfrontaliers. Par exemple, dans le domaine du commerce, une coopération accrue peut faciliter le libre-échange, ce qui peut stimuler la croissance économique et créer des bénéfices pour tous les participants. De même, face à des défis environnementaux tels que le changement climatique, une action collective est nécessaire pour obtenir des résultats efficaces, car ces défis ne peuvent être résolus par un seul État. De plus, les libéraux soutiennent que les institutions internationales jouent un rôle clé dans la facilitation de cette coopération en fournissant un cadre pour les négociations, en établissant des règles et des normes de comportement et en aidant à résoudre les différends. Ainsi, le libéralisme voit les institutions internationales non pas comme des instruments de puissance pour les États les plus forts, mais comme des acteurs importants dans leur propre droit, capables de façonner les relations internationales et d'encourager la coopération entre les États.

Malgré l'interdépendance croissante et l'intérêt mutuel pour la coopération, celle-ci ne se produit pas spontanément ou facilement. Il existe plusieurs obstacles à la coopération, comme les divergences d'intérêts, les problèmes de communication, les défis de coordination, et le risque de comportements opportunistes ou de "passager clandestin" (free-riding) où un État bénéficie des efforts des autres sans contribuer lui-même. C'est là que les institutions internationales entrent en jeu. Elles peuvent aider à surmonter ces obstacles et à faciliter la coopération. Par exemple, elles peuvent fournir un forum pour la négociation et le dialogue, aider à construire la confiance entre les États, promouvoir la transparence et la responsabilité, coordonner les actions collectives, et mettre en place des mécanismes pour résoudre les conflits et assurer le respect des accords. Ainsi, les institutions internationales sont vues comme des outils précieux pour faciliter la coopération, plutôt que simplement comme des instruments de pouvoir pour les États puissants. Selon la perspective libérale, leur rôle et leur influence dans les relations internationales vont bien au-delà de la simple réflexion de la distribution du pouvoir entre les États.

Le phénomène décrit est souvent appelé le problème du "passager clandestin" ou "free-rider" en anglais. Dans le contexte des relations internationales, cela se réfère à la tendance d'un État à bénéficier des efforts collectifs sans contribuer de manière équitable. Cela peut compromettre la réussite de l'action collective, car si tous les États agissent de manière égoïste, alors le bien commun n'est pas atteint. Les institutions internationales jouent un rôle crucial pour surmonter ce problème. En établissant des normes communes, en facilitant la coordination et en surveillant le respect des obligations, elles peuvent encourager les États à coopérer plutôt qu'à agir de manière égoïste. Par exemple, un traité international peut préciser les obligations de chaque État, tandis que les mécanismes de surveillance et de mise en œuvre peuvent assurer que chaque État respecte ses engagements. En cas de non-respect, les institutions internationales peuvent aussi fournir des mécanismes de règlement des différends pour résoudre les conflits. En outre, ces institutions peuvent encourager la coopération en favorisant la transparence et l'information. En fournissant des informations sur les actions et les politiques des États, elles peuvent aider à construire la confiance et à dissuader les comportements de "passager clandestin".

Pour Robert Keohane dans International Institutions: Two Approaches publié en 1988, « ...This research program ... assumes ... rationality on the part of the actors. It begins with the premise that if there were no potential gains from agreements to be captured in world politics ... there would be no need for specific international institutions. ... Conversely, if cooperation were easy ... there would be no need for institutions to facilitate cooperation. ... It is the combination of the potential value of agreements and the dfficulty of making them that renders international regimes significant. In order to cooperate in world politics on more than a sporadic basis, human beings have to use institutions.... Even in the absence of hierarchical authority, institutions provide information (through monitoring) and stabilize expectations. They may also make decentralized enforcement feasible, for example by creating conditions under which reciprocity can operate... ».[8]

Robert Keohane souligne l'importance des institutions internationales pour faciliter la coopération entre les États. Il part du principe que les acteurs sont rationnels et qu'ils voient une valeur potentielle dans les accords internationaux. Cependant, il reconnaît également que la coopération est difficile à atteindre en raison des défis posés par le système international anarchique. Pour Keohane, les institutions internationales jouent un rôle clé pour surmonter ces défis. Premièrement, elles fournissent des informations, notamment par le biais de mécanismes de surveillance, qui peuvent aider les États à évaluer le comportement des autres et à développer des attentes stables. Ces informations peuvent réduire l'incertitude, promouvoir la confiance et dissuader les comportements opportunistes. Deuxièmement, les institutions internationales peuvent faciliter l'application décentralisée des accords. Par exemple, elles peuvent créer des conditions favorables à la réciprocité, un principe clé de la coopération internationale. Selon ce principe, si un État respecte ses engagements, les autres sont plus susceptibles de faire de même, et vice versa. En facilitant la réciprocité, les institutions internationales peuvent encourager les États à respecter leurs engagements et à coopérer sur une base plus régulière. Cependant, comme le souligne Keohane, la valeur et l'efficacité des institutions internationales dépendent en fin de compte de la volonté des États de coopérer et de respecter leurs engagements. Même si les institutions peuvent faciliter la coopération, elles ne peuvent pas la garantir.

La perspective libérale souligne l'importance des institutions internationales en tant que facilitateurs de la coopération entre les États. Cette coopération peut être difficile à réaliser dans un système international caractérisé par l'anarchie, où aucun pouvoir suprême n'impose l'ordre. Dans un tel contexte, les États peuvent hésiter à coopérer par crainte que d'autres n'exploitent leurs efforts pour leur propre gain, un problème connu sous le nom de "dilemme du prisonnier" dans la théorie des jeux. Les institutions internationales aident à surmonter ces défis de plusieurs manières. Premièrement, elles peuvent favoriser la transparence en diffusant des informations sur le comportement des États. Cela peut aider les États à évaluer la crédibilité des engagements des autres et à prendre des décisions éclairées sur leur propre comportement. Deuxièmement, les institutions internationales peuvent aider à stabiliser les attentes en établissant des normes et des règles claires pour le comportement des États. Cela peut réduire l'incertitude et promouvoir la confiance, facilitant ainsi la coopération. Troisièmement, les institutions internationales peuvent faciliter la mise en œuvre des accords en fournissant des mécanismes de résolution des différends et en assurant le suivi du respect des engagements. Cela peut dissuader les comportements opportunistes et encourager les États à respecter leurs engagements. Cependant, comme le souligne la perspective réaliste, la volonté et l'intérêt des États restent des facteurs cruciaux pour la coopération internationale. Les institutions internationales peuvent faciliter la coopération, mais elles ne peuvent pas la garantir. Les États restent les acteurs principaux sur la scène internationale et leur comportement est largement déterminé par leurs propres calculs d'intérêt national.

Dans le cadre du libéralisme, les États sont perçus comme étant rationnels et orientés vers l'atteinte de leurs objectifs nationaux. Dans un monde de plus en plus interconnecté, les problèmes auxquels les États sont confrontés sont souvent transnationaux et nécessitent une coopération et une coordination internationales. Les institutions internationales sont alors mises en place pour faciliter cette coopération. Les États adhèrent à ces institutions et se conforment à leurs normes non pas parce qu'ils sont contraints par une autorité supérieure, mais parce qu'ils reconnaissent les avantages de la coopération et du respect des normes internationalement reconnues. En d'autres termes, ils considèrent que le respect des règles de ces institutions est dans leur propre intérêt à long terme. Les institutions internationales peuvent alors utiliser différents mécanismes pour encourager la conformité aux normes. Par exemple, elles peuvent surveiller les actions des États membres et rendre public toute violation des normes, ce qui peut avoir un impact sur la réputation internationale de l'État concerné. En outre, certaines institutions disposent également de mécanismes de règlement des différends pour résoudre les litiges entre les États membres de manière pacifique et ordonnée. En outre, certaines institutions peuvent également imposer des sanctions aux États qui violent leurs normes. Ces sanctions peuvent être économiques, diplomatiques ou même militaires. Toutefois, l'efficacité de ces sanctions dépend en grande partie de la volonté des autres États membres de les appliquer. Il est important de noter que même si les institutions internationales peuvent exercer une certaine pression sur les États pour qu'ils respectent les normes internationales, la souveraineté de l'État demeure primordiale. Les États conservent le droit de se retirer d'une institution internationale s'ils estiment que leur adhésion n'est plus dans leur intérêt national.

Les institutions internationales jouent un rôle crucial dans le façonnement du comportement des États sur la scène mondiale. En établissant des normes et des règles claires, ces institutions fournissent un cadre pour les États, guidant leurs actions et leurs politiques. L'idée fondamentale est que les États, en adhérant à ces institutions, s'engagent à respecter certaines normes de conduite. Une fois qu'ils ont accepté ces normes, il peut être politiquement et socialement coûteux de les enfreindre. De plus, le non-respect de ces normes peut entraîner des sanctions, allant de l'isolement diplomatique à des pénalités économiques, ce qui crée une incitation à la conformité. Il est important de noter cependant que, bien que les institutions internationales puissent exercer une certaine influence sur les actions des États, elles ne disposent généralement pas de moyens coercitifs pour forcer un État à agir d'une certaine manière. Le pouvoir de ces institutions réside souvent dans leur capacité à coordonner les actions des États, à faciliter le dialogue et la coopération, et à mettre en œuvre des mécanismes de règlement des différends lorsque des conflits surgissent. Néanmoins, le pouvoir de ces institutions est toujours tributaire de la volonté des États membres de respecter les normes et de se conformer aux règles, car ces institutions sont, par définition, des entités intergouvernementales qui dépendent de la coopération de leurs membres pour fonctionner efficacement.

Le Constructivisme[modifier | modifier le wikicode]

Article détaillé : Le constructivisme.

Le constructivisme, est un autre paradigme important dans la théorie des relations internationales. Contrairement au réalisme et au libéralisme, qui se concentrent respectivement sur le pouvoir et l'interdépendance économique entre les États, le constructivisme place un accent particulier sur les idées, les normes et les identités dans la politique mondiale. Le constructivisme s'intéresse à la manière dont les acteurs internationaux, y compris les États, se perçoivent et interprètent le monde autour d'eux. Il suggère que ces perceptions et interprétations façonnent ensuite le comportement de ces acteurs. Autrement dit, le constructivisme soutient que les comportements des acteurs internationaux ne sont pas simplement dictés par des intérêts matériels ou des calculs de pouvoir, mais sont également influencés par leurs croyances, leurs valeurs et leurs identités. Par exemple, un constructiviste pourrait examiner comment des normes internationales, telles que la norme contre l'utilisation d'armes chimiques ou nucléaires, sont établies et évoluent avec le temps. Ces normes sont en grande partie construites par les acteurs internationaux eux-mêmes, et une fois établies, elles peuvent influencer le comportement de ces acteurs. Dans ce sens, le constructivisme offre une perspective différente sur le rôle des institutions internationales. Au lieu de les voir simplement comme des arènes pour la compétition de pouvoir (comme le fait le réalisme) ou comme des facilitateurs de la coopération économique (comme le fait le libéralisme), le constructivisme voit les institutions internationales comme des acteurs importants dans la création et le maintien des normes internationales. Il est important de noter que le constructivisme, en tant que paradigme, n'est pas unifié et comprend une variété de perspectives et d'approches différentes. Par exemple, certains constructivistes mettent davantage l'accent sur le rôle des idées et des normes, tandis que d'autres se concentrent sur le rôle des identités et des cultures. Cependant, tous partagent l'idée de base que les structures sociales et les idées ont un impact significatif sur les comportements des acteurs internationaux.

Le constructivisme accorde une grande importance aux forces sociales et culturelles qui transcendent les frontières nationales, ce qui correspond bien au phénomène de la mondialisation. Ce paradigme considère que notre monde interconnecté permet non seulement un flux croissant de biens et de services, mais aussi un échange d'idées, de normes, de valeurs et d'identités. Ces échanges culturels et idéologiques peuvent avoir un impact significatif sur la politique mondiale, selon les constructivistes. Les ONG, par exemple, sont des acteurs non étatiques qui jouent un rôle crucial dans le façonnement des normes internationales et la promotion des idées sur des questions allant des droits de l'homme au changement climatique. Elles fonctionnent souvent indépendamment des frontières nationales et peuvent influencer les politiques tant au niveau national qu'international. De même, les médias sociaux et autres médias traditionnels contribuent à la diffusion rapide d'informations, d'idées et de normes à travers les frontières. Ils peuvent amplifier les voix des groupes marginalisés, sensibiliser à diverses questions et influencer l'opinion publique et les décisions politiques. Le constructivisme met l'accent sur ces interactions dynamiques et complexes, soutenant que notre compréhension des relations internationales est incomplète si nous ne prenons pas en compte ces facteurs sociaux et culturels. En somme, ce paradigme met en lumière la façon dont les échanges interculturels et les communications transfrontalières, accentués par la mondialisation, façonnent le paysage politique mondial.

Le constructivisme accorde une grande importance à l'aspect de socialisation offert par les organisations internationales. Ces institutions, selon les constructivistes, ne sont pas seulement des arènes pour négocier des intérêts matériels ou des lieux de coopération basés sur des calculs rationnels, mais elles constituent également des lieux de socialisation où les acteurs étatiques et non étatiques peuvent influencer les identités, les normes et les valeurs des autres. En étant membre d'une organisation internationale, un État est fréquemment en contact avec d'autres États et peut ainsi être influencé par leurs normes et valeurs. Par exemple, en adhérant à une organisation internationale comme l'ONU, un pays peut être incité à respecter certaines normes internationales en matière de droits de l'homme ou de protection de l'environnement. De la même manière, une organisation économique internationale comme l'OMC peut favoriser l'adoption de normes économiques et commerciales libérales parmi ses membres. Cette socialisation peut également avoir lieu à travers l'interaction avec d'autres acteurs non étatiques au sein de l'organisation, tels que les ONG, les entreprises multinationales, ou les groupes de réflexion, qui peuvent tous jouer un rôle dans la promotion de certaines normes et valeurs. Ainsi, les organisations internationales, selon le point de vue constructiviste, peuvent avoir un effet profond et durable sur le comportement des États, en façonnant leurs identités, leurs intérêts et leurs actions à travers des processus de socialisation.

Le fait de participer à des organisations internationales comme l'ONU, ou à leurs sous-instances comme le Conseil des droits de l'homme ou les négociations sur le climat, peut avoir un impact significatif sur la manière dont les décideurs perçoivent et réagissent aux enjeux mondiaux. Au sein de ces forums, les responsables politiques sont exposés à divers points de vue et approches de résolution des problèmes, ce qui peut parfois remettre en question leurs propres convictions et méthodes. Cette confrontation à la diversité et aux différences peut favoriser une forme de socialisation, où les décideurs commencent à développer une compréhension partagée des problèmes et à adopter des valeurs et des objectifs communs. Par exemple, dans les négociations sur le climat, les responsables politiques de différents pays sont amenés à discuter et à négocier des solutions aux problèmes environnementaux mondiaux. Au fil du temps, cette interaction continue peut conduire à une meilleure compréhension et acceptation des problèmes environnementaux et de la nécessité de prendre des mesures pour y remédier. De même, la participation au Conseil des droits de l'homme de l'ONU peut amener les décideurs à se familiariser davantage avec les normes internationales en matière de droits de l'homme et à intégrer ces normes dans leur propre politique nationale. Cela dit, il convient de noter que ce processus de socialisation n'est pas automatique et peut varier en fonction de nombreux facteurs, dont l'ouverture des décideurs à de nouvelles idées, la pression des pairs au sein de l'organisation, et le contexte politique et social dans leur pays d'origine.

Le changement climatique est un exemple parfait pour démontrer l'influence des processus constructivistes sur les normes internationales. Pendant longtemps, la question du réchauffement climatique a été controversée et les preuves de l'impact de l'activité humaine sur le climat ont été remises en question. Cependant, grâce à l'engagement soutenu des scientifiques, des organisations non gouvernementales, des citoyens et d'autres acteurs non étatiques, la compréhension et l'acceptation de la réalité du changement climatique ont progressivement évolué. Ce processus a impliqué des stratégies de persuasion, des campagnes de sensibilisation, des efforts éducatifs et une série d'interactions complexes au sein de diverses institutions et plateformes internationales. Ces acteurs ont utilisé des plateformes internationales, comme les conférences sur le climat de l'ONU, pour diffuser des informations, partager des recherches et des données, et promouvoir un discours sur la nécessité de prendre des mesures pour atténuer le changement climatique. Ils ont également utilisé ces occasions pour établir des réseaux et des alliances, pour influencer les politiques et pour faire pression en faveur de l'action climatique. Au fil du temps, ce processus a contribué à créer une "communauté d'États" partageant une compréhension et une préoccupation communes face au changement climatique. C'est un bon exemple de la manière dont les processus constructivistes peuvent jouer un rôle dans la formation des normes internationales et influencer le comportement des États. Cela dit, il est important de noter que le processus n'est pas terminé. Malgré les progrès réalisés, des différences subsistent entre les États quant à la manière de répondre au défi du changement climatique. En outre, même si une prise de conscience accrue du problème a conduit à des engagements plus forts en matière de réduction des émissions, il reste à voir dans quelle mesure ces engagements seront respectés.

Les Défis Actuels des Relations Internationales[modifier | modifier le wikicode]

Le monde est en train d'assister à un changement majeur de la dynamique du pouvoir international avec l'émergence d'États non occidentaux sur la scène mondiale. Des pays comme la Chine et l'Inde, qui sont des économies à forte croissance, acquièrent une influence croissante et remodèlent les relations de pouvoir dans les structures internationales existantes. C'est une situation sans précédent pour plusieurs raisons. Historiquement, le pouvoir dans le système international a été dominé par les États occidentaux, avec des institutions et des normes largement conçues et contrôlées par eux. L'émergence de puissances non occidentales dans ce système pourrait mener à une réévaluation et une réforme de ces structures.

L'ascension de ces puissances pose aussi des défis uniques. Par exemple, la Chine, en tant que puissance montante, a un système politique qui diffère considérablement de ceux des États occidentaux dominants. Cela peut conduire à des tensions et des conflits sur des questions de gouvernance mondiale, de droits de l'homme et de commerce. En outre, le processus d'émergence de ces nouvelles puissances n'est pas uniforme. Certains pays, comme la Chine, ont fait d'énormes progrès économiques et sont devenus des acteurs majeurs dans l'économie mondiale, tandis que d'autres, comme l'Inde, malgré leur taille et leur potentiel économique, luttent encore avec des défis internes tels que la pauvreté et les inégalités. Il est clair que l'émergence de ces nouvelles puissances transforme le système international. Cela peut offrir des opportunités pour une plus grande diversité et une représentation plus équilibrée dans la gouvernance mondiale. Cependant, cela soulève également de nouveaux défis pour la coopération internationale et la gestion des différends mondiaux.

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Les données de Maddison offrent une perspective historique riche sur l'évolution de l'économie mondiale au cours des deux derniers millénaires. En quantifiant et en comparant le produit intérieur brut (PIB) de différentes régions du monde à travers l'histoire, il est possible d'observer les changements dans les tendances économiques mondiales et de comprendre comment l'équilibre du pouvoir économique a évolué avec le temps. En prenant comme point de départ l'époque romaine, par exemple, on peut constater l'émergence et le déclin de différentes puissances économiques. Les données pourraient montrer comment, à certaines périodes, l'Empire romain dominait l'économie mondiale, puis comment le centre de l'économie mondiale a progressivement glissé vers l'ouest, vers l'Europe et l'Amérique du Nord, avec la révolution industrielle. De même, les données de Maddison pourraient montrer comment, dans les dernières décennies, le centre de l'économie mondiale commence à se déplacer vers l'est, avec l'émergence rapide des économies asiatiques. C'est une tendance qui se reflète clairement dans les performances économiques actuelles de pays comme la Chine et l'Inde. Ces données, lorsqu'elles sont visualisées sous forme de graphique, peuvent aider à mettre en perspective les fluctuations historiques du pouvoir économique mondial et à anticiper les éventuelles trajectoires futures. C'est un outil précieux pour comprendre les dynamiques de l'économie mondiale, tant d'un point de vue historique que prospectif.

L'analyse des données historiques de Maddison démontre que le centre de l'économie mondiale se situait près de la frontière de l'Inde et de la Chine il y a 2000 ans. Même si ces deux civilisations étaient déjà des puissances économiques importantes à l'époque, leur influence n'était pas absolue, car l'Empire romain constituait également une force économique majeure. L'Empire romain, avec son vaste territoire s'étendant sur l'Europe, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, exerçait un pouvoir économique considérable. Ses activités économiques, y compris le commerce avec d'autres régions, ont donc contribué à déplacer le centre de l'économie mondiale vers l'ouest. Cette analyse démontre la dynamique des puissances économiques mondiales à travers l'histoire. Les forces économiques majeures ne sont pas statiques, mais évoluent en fonction du développement des civilisations, de l'innovation technologique, des ressources disponibles, des politiques économiques, du commerce international et de nombreux autres facteurs. Les tendances passées ne garantissent pas les positions futures, ce qui rend l'analyse de l'économie mondiale à la fois complexe et fascinante.

L'ère de la révolution industrielle, qui s'étend environ de 1820 à 1913, a entraîné un bouleversement significatif dans la structure économique mondiale. Pendant cette période, les nations occidentales ont réalisé des avancées technologiques sans précédent qui ont radicalement modifié leurs modes de production et, par conséquent, leur position dans l'économie mondiale. La révolution industrielle a marqué le passage d'une économie basée principalement sur l'agriculture et l'artisanat à une économie caractérisée par une production industrielle mécanisée de masse. L'Occident, en particulier des pays comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne et les États-Unis, ont été à l'avant-garde de ces changements, développant des industries du textile, de la sidérurgie, du charbon et des chemins de fer, entre autres. La modernisation qui a accompagné cette révolution a permis à ces nations occidentales de prendre une avance significative en termes de production industrielle, de puissance économique et de richesse globale. Cela s'est traduit par un déplacement significatif du centre de l'économie mondiale vers l'Occident.

Après la Seconde Guerre mondiale, la position des États-Unis comme principale puissance économique mondiale a commencé à se consolider. Cela a été principalement attribué à leur économie relativement intacte après le conflit, à leur domination dans de nombreuses industries clés, et à leur capacité à innover et à s'adapter rapidement aux nouvelles technologies. En Europe, l'après-guerre a été marquée par une période de reconstruction intense et par la mise en place de la Communauté économique européenne, ancêtre de l'Union européenne. Ces initiatives ont contribué à faire de l'Europe un pôle économique majeur, attirant le centre du pouvoir économique vers l'ouest. Cependant, avec l'introduction de réformes économiques en Chine à la fin des années 1970, le centre du pouvoir économique a commencé à se déplacer à nouveau vers l'est. Ces réformes, qui ont permis une plus grande ouverture économique et une libéralisation progressive du marché, ont transformé la Chine en une puissance économique majeure, avec une croissance rapide et une influence grandissante sur l'économie mondiale. Ainsi, le centre de l'économie mondiale, qui était autrefois fortement ancré en Occident, a commencé à se déplacer vers l'est, reflétant l'émergence de nouvelles puissances économiques en Asie. Cela souligne la nature dynamique et en constante évolution de l'économie mondiale.

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La croissance économique de la Chine au cours des dernières décennies a été spectaculaire. C'est l'un des pays dont la croissance a été la plus rapide au monde, transformant une économie socialiste fermée en une économie de marché dynamique et ouverte. En revanche, la croissance des États-Unis a été plus stable, reflétant la maturité de leur économie. Les autres marchés émergents, tels que l'Inde, le Brésil et la Russie, ont également connu des taux de croissance relativement élevés, bien qu'ils soient souvent plus volatiles. Pour ce qui est des autres pays riches comme l'Europe, l'Australie et le Japon, leur croissance économique a généralement été plus modeste, en raison de la maturité de leurs économies et de défis tels que le vieillissement de la population. Cependant, ces pays restent des acteurs importants dans l'économie mondiale en raison de leur taille économique importante et de leur influence politique et culturelle.

La Chine a connu une croissance économique impressionnante depuis le début des années 2000, en partie grâce à sa politique de réforme économique et à son intégration croissante dans l'économie mondiale. Sa contribution à la croissance mondiale a été particulièrement notable après la crise financière mondiale de 2008, lorsque la plupart des économies développées ont été durement touchées et que la croissance en Chine est restée relativement solide. Cependant, il est également important de noter que le pouvoir économique ne se traduit pas directement en pouvoir politique ou militaire sur la scène mondiale. Alors que la Chine a certainement accru son influence, notamment par le biais d'initiatives telles que l'Initiative de la ceinture et de la route, elle fait également face à un certain nombre de défis, tels que le vieillissement de la population, les inégalités régionales et les tensions avec d'autres pays. En outre, même si la Chine a dépassé les États-Unis en termes de PIB en parité de pouvoir d'achat, les États-Unis restent l'économie la plus importante en termes de PIB nominal et sont toujours en tête dans des domaines tels que l'innovation technologique et l'influence militaire. Cela souligne la complexité du concept de "puissance" sur la scène mondiale, qui ne peut être entièrement mesurée ou comparée simplement en termes de taille économique.

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En tant qu'une des plus grandes économies du monde, la Chine a un impact considérable sur le commerce mondial. Sa position en tant qu'importateur de premier plan signifie que les fluctuations de sa demande intérieure peuvent avoir des conséquences mondiales, en particulier pour les pays dont les économies dépendent fortement des exportations vers la Chine. De plus, la Chine est également un exportateur majeur, ce qui signifie que ses décisions en matière de production et de politique commerciale peuvent influencer les marchés mondiaux de divers produits et services. La position de la Chine en tant que grande puissance économique lui donne également un pouvoir de négociation significatif dans les discussions sur les politiques commerciales internationales. Par exemple, elle peut influencer les règles du commerce mondial, les normes et les réglementations à travers des forums tels que l'Organisation mondiale du commerce. De plus, en tant qu'acteur économique majeur, la Chine a également la possibilité de promouvoir ses propres intérêts économiques et politiques à l'échelle mondiale. Cela dit, la puissance économique ne se traduit pas directement par une influence politique ou militaire. Malgré sa taille économique, la Chine doit toujours naviguer dans un paysage international complexe et faire face à des défis domestiques considérables.

Dans la théorie réaliste des relations internationales, une augmentation de la puissance économique d'un État est souvent considérée comme un prélude à une augmentation de sa puissance militaire. Les réalistes supposent que dans un système international anarchique, les États sont toujours en quête de pouvoir et de sécurité. À ce titre, une croissance économique substantielle offre les moyens d'investir davantage dans les capacités militaires, et donc de renforcer le pouvoir et la sécurité de l'État. En ce qui concerne l'Inde, sa croissance économique rapide pourrait, selon la logique réaliste, conduire à une augmentation de sa puissance militaire à long terme. Toutefois, ce processus ne se déroulera pas nécessairement de manière linéaire ou sans obstacles. Par exemple, l'Inde doit faire face à d'importants défis en matière de développement et d'inégalités sociales, qui pourraient potentiellement freiner sa croissance économique et, par conséquent, son expansion militaire. Cependant, la puissance économique ne se traduit pas automatiquement par la puissance militaire. D'autres facteurs, tels que les décisions stratégiques, les capacités technologiques, la volonté politique et la perception de la menace, jouent également un rôle dans la détermination de la puissance militaire d'un État. De plus, dans le contexte actuel, où la guerre économique, l'influence culturelle et le soft power sont devenus des éléments clés du jeu international, la puissance militaire n'est qu'un aspect du pouvoir global d'un État.

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Les dépenses militaires de la Chine ont augmenté de manière significative au cours des dernières années, reflétant sa croissance économique et son ambition d'augmenter sa puissance et son influence internationales. C'est un aspect de ce que l'on appelle le "réalisme offensif" dans le domaine des relations internationales - l'idée qu'un État qui gagne en puissance économique cherchera à l'utiliser pour augmenter sa puissance militaire et ainsi renforcer sa position et sa sécurité sur la scène internationale. Il est important de noter qu'augmenter les dépenses militaires ne signifie pas automatiquement un accroissement correspondant de la puissance militaire. La manière dont cet argent est dépensé, la technologie disponible, la formation et l'expérience des forces armées, et bien d'autres facteurs entrent également en jeu.

Il convient également de mentionner que la comparaison des dépenses militaires entre les pays peut être trompeuse en raison des différences de coûts de main-d'œuvre et d'autres facteurs. Par exemple, le même montant d'argent pourrait permettre d'employer plus de soldats ou de construire plus de matériel en Chine qu'aux États-Unis en raison des différences de coûts de main-d'œuvre. Néanmoins, la tendance à l'augmentation des dépenses militaires de la Chine est un indicateur clair de ses ambitions croissantes en matière de défense et de sécurité, et cela est de plus en plus reconnu par les autres acteurs internationaux.

Le réalisme, en tant que théorie des relations internationales, postule que les États sont motivés par la poursuite de leurs propres intérêts nationaux, et que la puissance militaire et économique est la clé de la sécurité et de l'influence d'un État. À travers le prisme réaliste, l'augmentation rapide de la puissance économique et militaire de la Chine pourrait être perçue comme une menace potentielle pour les autres États, surtout pour ceux qui détiennent actuellement le plus de pouvoir dans le système international, comme les États-Unis. Selon la théorie néo-réaliste, le système international est intrinsèquement anarchique, c'est-à-dire sans autorité supérieure pour réguler le comportement des États. Dans un tel système, les États se méfieraient naturellement des autres États qui acquièrent rapidement du pouvoir, car ils pourraient utiliser ce pouvoir pour menacer leurs intérêts. Ainsi, les États puissants pourraient chercher à contrer la montée de la Chine par divers moyens, comme le renforcement de leurs propres capacités militaires, la formation d'alliances avec d'autres États, ou la mise en place de politiques visant à limiter l'influence économique et politique de la Chine.

Les Trois Perspectives Théoriques Face aux Défis Actuels[modifier | modifier le wikicode]

Nous allons désormais essayer d’appliquer ces théories dans le cadre de la montée en puissance de la Chine.

Le Néoréalisme[modifier | modifier le wikicode]

Le néoréalisme considère que les États sont les acteurs principaux et les plus importants sur la scène internationale. Selon cette vision, les institutions internationales sont souvent créées et formées par les États les plus puissants pour servir leurs propres intérêts. C'est dans ce contexte qu'intervient le concept de "dilemme de sécurité". Le dilemme de sécurité est une situation où les actions prises par un État pour augmenter sa propre sécurité (comme l'augmentation de ses capacités militaires) ont pour effet d'augmenter le sentiment d'insécurité chez d'autres États. Cela peut conduire à une spirale d'escalade, où chaque État se sent obligé de renforcer constamment sa propre sécurité en réponse aux actions des autres.

En ce qui concerne la Chine, certains États pourraient percevoir son augmentation rapide du pouvoir économique et militaire comme une menace pour leur propre sécurité. En réponse à cette perception, ces États pourraient chercher à renforcer leurs propres capacités militaires, ce qui pourrait à son tour conduire la Chine à renforcer davantage ses propres capacités, et ainsi de suite. Selon le néoréalisme, cette dynamique pourrait rendre la coopération internationale plus difficile, car chaque État serait principalement préoccupé par sa propre sécurité plutôt que par la résolution de problèmes communs. Cela pourrait potentiellement limiter l'efficacité des institutions internationales, si elles sont perçues comme servant les intérêts des États les plus puissants plutôt que ceux de la communauté internationale dans son ensemble.

Le néoréalisme affirme que la création et le fonctionnement des institutions internationales reflètent la distribution du pouvoir dans le système international. Ainsi, selon ce point de vue, si un État comme la Chine augmente en puissance, il pourrait chercher à créer ou à influencer des institutions internationales qui reflètent et servent mieux ses propres intérêts. C'est ce que nous pouvons observer avec la création par la Chine d'institutions telles que la Nouvelle Banque de développement (également connue sous le nom de Banque des BRICS) et la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB). Ces institutions peuvent être vues comme des tentatives de la part de la Chine de contester le rôle dominant joué par des institutions occidentales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international dans la finance et le développement internationaux. De plus, ces institutions peuvent également aider la Chine à promouvoir sa propre vision du développement et des relations internationales. Par exemple, la Nouvelle Banque de développement et l'AIIB mettent l'accent sur le financement des infrastructures, ce qui est en ligne avec l'initiative "Belt and Road" de la Chine visant à développer des infrastructures et des liens commerciaux dans le monde entier. Bien que ces nouvelles institutions puissent contester les institutions existantes, elles ne les remplacent pas nécessairement. Par exemple, de nombreux pays sont membres à la fois de la Banque mondiale et de l'AIIB. De plus, ces nouvelles institutions peuvent également travailler en partenariat avec les institutions existantes dans certains cas. Il s'agit donc d'une évolution de la structure des institutions internationales qui reflète l'évolution de la distribution du pouvoir dans le système international.

Selon la perspective réaliste, la nature anarchique du système international signifie que les États ne peuvent jamais être sûrs des intentions des autres. Les États sont perçus comme étant principalement préoccupés par leur propre sécurité et cherchant à maximiser leur pouvoir relatif. Dans ce contexte, les institutions internationales sont souvent vues comme étant de peu d'utilité pour garantir la sécurité, car elles sont en fin de compte subordonnées aux intérêts et au pouvoir des États souverains. Dans ce contexte, devenir un hégémon, ou la puissance dominante dans le système international, est considéré comme le moyen le plus sûr de garantir sa propre sécurité. L'hégémonie donne à un État le pouvoir de façonner les règles et les normes du système international à son avantage, et réduit la vulnérabilité de cet État aux actions des autres.

La perspective réaliste tend à s'attendre à ce que les grandes puissances soient en concurrence constante pour le pouvoir et l'influence. Selon cette vision, à mesure que la Chine se développe et renforce son pouvoir économique et militaire, elle cherchera probablement à étendre son influence en Asie et à contester la position dominante des États-Unis dans la région. Cela pourrait entraîner une augmentation des tensions entre les États-Unis et la Chine, et potentiellement même un conflit, si les États-Unis cherchent à maintenir leur position de superpuissance mondiale et à contrecarrer l'ascension de la Chine. La doctrine Monroe, énoncée pour la première fois en 1823, affirmait que toute intervention européenne sur le continent américain serait considérée comme un acte d'agression nécessitant une intervention des États-Unis. C'était une déclaration claire de l'intention des États-Unis de devenir la puissance dominante dans l'hémisphère occidental. C'est un exemple classique de réalisme dans la politique étrangère, avec les États-Unis cherchant à maximiser leur propre sécurité et leur influence en limitant l'influence des autres grandes puissances dans leur voisinage immédiat. Aujourd'hui, certains observateurs font valoir que la Chine pourrait chercher à établir une sorte de "doctrine Monroe" en Asie de l'Est, en cherchant à évincer les États-Unis en tant que puissance dominante dans la région et à établir sa propre sphère d'influence. Cela pourrait expliquer certaines des actions de la Chine, comme ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale et ses efforts pour isoler Taiwan.

Selon la théorie du réalisme offensif, la structure anarchique du système international oblige les États à chercher le pouvoir et à anticiper le conflit. Dans ce contexte, l'émergence de la Chine en tant que superpuissance mondiale pourrait inévitablement conduire à un conflit avec les États-Unis, car chaque pays cherche à maximiser sa propre sécurité en augmentant sa puissance relative. Selon Mearsheimer, la situation actuelle entre les États-Unis et la Chine est un exemple de ce qu'il appelle le "piège de Thucydide" : lorsque la puissance d'une nation en pleine croissance menace celle d'une puissance établie, le conflit est presque inévitable.

Les réalistes voient les institutions internationales non pas comme des acteurs autonomes ayant leur propre pouvoir, mais plutôt comme des outils au service des États les plus puissants. Selon cette vision, les institutions reflètent l'équilibre du pouvoir mondial et sont utilisées par les grandes puissances pour promouvoir leurs propres intérêts. Dans le contexte actuel, cela signifierait que la Chine pourrait chercher à créer ou à remodeler les institutions internationales pour mieux refléter et promouvoir ses propres intérêts, surtout si elle perçoit que les institutions actuelles sont fortement influencées par les États-Unis ou d'autres puissances occidentales.

Les constructivistes et les libéraux voient les institutions internationales de manière fondamentalement différente des réalistes. Pour les constructivistes et les libéraux, les institutions servent coopérer avec l’autre.

Les libéraux affirment que les institutions internationales jouent un rôle crucial dans la facilitation de la coopération entre les États. Ils soutiennent que, même dans un système international où chaque État poursuit ses propres intérêts, les institutions peuvent aider à surmonter les problèmes de confiance et d'incertitude qui, autrement, pourraient entraver la coopération. Les institutions internationales peuvent servir de forums où les États peuvent négocier des accords, échanger des informations, surveiller le respect des accords et résoudre les différends. Par exemple, l'Organisation mondiale du commerce fournit un cadre pour les négociations commerciales et la résolution des litiges commerciaux. De même, le Protocole de Kyoto et l'Accord de Paris sur le changement climatique ont fourni un cadre pour la coopération internationale en matière d'environnement. Ces institutions peuvent également aider à créer de la transparence et à réduire les incertitudes, en fournissant des informations sur les politiques et les comportements des États. Cela peut aider à surmonter le "dilemme de la sécurité" dans lequel les États peuvent être incités à adopter des politiques agressives par crainte des intentions hostiles des autres.

Les constructivistes voient les institutions internationales comme des espaces où les idées, les normes et les valeurs sont discutées, négociées et contestées. Selon cette perspective, les institutions peuvent influencer les intérêts et les identités des États par le biais de processus de socialisation, de persuasion et de diffusion des normes. Les institutions peuvent donc jouer un rôle actif dans la formation des comportements et des politiques des États, et ne sont pas simplement des outils au service des États les plus puissants. Les libéraux, quant à eux, soutiennent que les institutions internationales peuvent favoriser la coopération en réduisant les incertitudes, en fournissant des informations et en facilitant la résolution des conflits. Pour eux, les institutions peuvent être des acteurs neutres qui facilitent la coopération entre les États, même si elles peuvent aussi être influencées par les États les plus puissants. Les réalistes, en revanche, voient les institutions internationales comme des instruments au service des États les plus puissants. Selon eux, les institutions reflètent la distribution du pouvoir dans le système international et sont utilisées par les États puissants pour promouvoir leurs propres intérêts.

Selon la théorie réaliste, l'influence des États sur les institutions internationales est largement déterminée par leur puissance relative. Les États les plus puissants sont susceptibles de contrôler et de façonner les institutions selon leurs propres intérêts. Si un autre État devient suffisamment puissant, il pourrait être en mesure de prendre le contrôle de certaines institutions ou d'en créer de nouvelles qui reflètent ses propres intérêts. Cela peut conduire à des rivalités institutionnelles, où différentes institutions sont contrôlées par différents États et promeuvent des agendas différents. Par exemple, si la Chine devient de plus en plus influente au niveau mondial, elle pourrait chercher à promouvoir ses intérêts à travers des institutions comme la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, tandis que les États-Unis et l'Europe continuent à exercer une influence considérable à travers des institutions comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Cependant, il est également important de noter que même les États les plus puissants ne peuvent pas contrôler entièrement les institutions internationales. Ces institutions ont leurs propres règles, procédures et normes qui peuvent résister à la manipulation par un seul État. En outre, les institutions internationales ont souvent besoin de la coopération de nombreux États pour fonctionner efficacement, ce qui peut limiter l'ampleur de l'influence qu'un seul État peut exercer.

Les réalistes et les néoréalistes considèrent que les institutions internationales ne sont pas indépendantes et reflètent plutôt la distribution du pouvoir au sein du système international. En d'autres termes, les États les plus puissants, selon cette perspective, sont en mesure de façonner les institutions selon leurs propres intérêts et de les utiliser comme outils pour exercer leur influence. C'est pourquoi, dans le cadre d'une montée en puissance de la Chine, on pourrait s'attendre, selon une perspective réaliste, à ce que la Chine cherche à gagner en influence au sein des institutions existantes ou à en créer de nouvelles qui sont plus alignées sur ses propres intérêts. Cependant, d'autres théories des relations internationales ont des perspectives différentes. Par exemple, les libéraux et les constructivistes tendent à voir les institutions internationales comme des acteurs importants en soi, qui peuvent jouer un rôle dans la facilitation de la coopération entre les États et ont le potentiel de modérer certains comportements agressifs ou conflictuels. Les libéraux, par exemple, croient que les institutions internationales peuvent aider à faciliter la coopération en réduisant l'incertitude et en rendant les engagements plus crédibles. Pour les constructivistes, les institutions peuvent être des lieux importants de socialisation et de formation de l'identité, où les États peuvent être amenés à adopter certaines normes et pratiques internationales.

Le Conseil de sécurité de l'ONU est un bon exemple de comment les institutions internationales peuvent refléter la distribution du pouvoir dans le système international. Pendant la Guerre froide, lorsque le système était clairement bipolaire, avec deux superpuissances (les États-Unis et l'URSS), le Conseil de sécurité était souvent paralysé par des désaccords entre ces deux acteurs. Après la fin de la Guerre froide, le monde est devenu unipolaire avec les États-Unis comme seule superpuissance, et pendant cette période, le Conseil de sécurité de l'ONU a été plus actif. C'est pendant cette période que le Conseil de sécurité a autorisé un certain nombre d'interventions militaires, par exemple en Irak (1991), en Somalie (1992) ou en Libye (2011). Cependant, à mesure que le système international devient de plus en plus multipolaire, avec l'émergence de nouvelles puissances comme la Chine, on observe à nouveau des blocages au sein du Conseil de sécurité. Cela reflète les tensions croissantes entre ces puissances majeures et montre comment les institutions internationales peuvent être influencées par les relations de pouvoir entre les États.

Le Libéralisme[modifier | modifier le wikicode]

Les libéraux voient les institutions internationales comme des arènes d'information et de communication. Ces institutions, selon eux, peuvent faciliter la coopération en réduisant les incertitudes et en augmentant la transparence entre les États. Les institutions internationales peuvent fournir des informations précieuses qui aident à comprendre les intentions et les actions des autres États. Par exemple, elles peuvent fournir des informations sur les politiques économiques, les dépenses militaires, les engagements en matière de droits de l'homme, etc. Cela peut aider à construire la confiance et à faciliter la coopération entre les États. Les institutions peuvent également aider à résoudre les problèmes de coordination et de coopération en établissant des normes et des règles communes. Par exemple, des institutions comme l'Organisation mondiale du commerce ou le Fonds monétaire international établissent des règles pour le commerce international et la politique économique qui peuvent aider à coordonner les actions des États et à résoudre les conflits. Enfin, les institutions internationales peuvent également jouer un rôle dans le renforcement de la crédibilité des engagements des États. Lorsqu'un État prend un engagement dans le cadre d'une institution internationale, il est plus difficile pour lui de revenir sur cet engagement sans subir de conséquences. Cela peut aider à renforcer la confiance et la coopération entre les États. Dans l'ensemble, les libéraux voient les institutions internationales comme un moyen important de faciliter la coopération et de gérer les relations internationales de manière plus pacifique et stable.

Les libéraux soutiennent que les institutions internationales jouent un rôle crucial dans la réduction de l'incertitude dans les relations internationales. Selon eux, ces institutions peuvent faciliter la coopération en fournissant des informations sur les intentions et les actions des autres États, en établissant des normes de comportement acceptées internationalement, et en offrant des mécanismes pour résoudre les conflits. En fournissant un forum pour la communication et la négociation, les institutions internationales peuvent aider à clarifier les intentions des États, à réduire les malentendus et à minimiser le risque de conflit. De plus, elles peuvent aider à promouvoir la transparence en exigeant des États qu'ils divulguent des informations sur leurs politiques et leurs actions, ce qui peut contribuer à renforcer la confiance et à faciliter la coopération. En outre, en établissant des normes et des règles de comportement, les institutions internationales peuvent aider à stabiliser les attentes et à rendre les comportements des États plus prévisibles. Cela peut également contribuer à renforcer la crédibilité des engagements des États et à faciliter la coopération. Enfin, en offrant des mécanismes pour résoudre les conflits, les institutions internationales peuvent aider à gérer les différends entre les États de manière pacifique. Elles peuvent faciliter le processus de négociation, fournir des mécanismes d'arbitrage et de médiation, et même imposer des sanctions pour non-respect des accords. Ainsi, contrairement à la perspective réaliste de Mearsheimer, la perspective libérale voit un rôle actif et bénéfique pour les institutions internationales dans la gestion des relations internationales.

Du point de vue libéral, les institutions internationales, comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC), servent plusieurs fonctions importantes qui peuvent faciliter la coopération entre les États et minimiser les conflits. Elles peuvent servir à :

  • Fournir des informations : Les institutions internationales peuvent aider à réduire l'incertitude en fournissant des informations précieuses sur les intentions, les capacités et les actions des autres États. Par exemple, l'OMC exige de ses membres qu'ils publient leurs politiques commerciales, ce qui contribue à rendre ces politiques plus transparentes et prévisibles.
  • Établir des règles et des normes : Les institutions internationales jouent un rôle crucial dans l'établissement de règles et de normes de comportement qui sont acceptées par la communauté internationale. Ces règles et normes peuvent aider à stabiliser les attentes, rendre les comportements des États plus prévisibles et minimiser les risques de conflit.
  • Faciliter la résolution des différends : Les institutions internationales offrent souvent des mécanismes pour résoudre pacifiquement les différends entre les États. Par exemple, l'OMC dispose d'un mécanisme de règlement des différends qui permet aux États de résoudre leurs différends commerciaux de manière pacifique et ordonnée.
  • Promouvoir la coopération : En facilitant la communication et la négociation entre les États, les institutions internationales peuvent aider à promouvoir la coopération sur une variété de questions, du commerce à l'environnement en passant par la sécurité.

En ce sens, même les grandes puissances comme la Chine ont intérêt à participer à ces institutions et à se conformer à leurs règles, car cela peut leur permettre de protéger leurs intérêts, de gérer leurs relations avec d'autres États de manière plus prévisible et stable, et de résoudre pacifiquement les différends.

Les libéraux soutiennent que les institutions internationales peuvent aider à créer des conditions qui facilitent la coopération en clarifiant les règles du jeu, en établissant des normes de comportement, en fournissant des informations précieuses et en aidant à résoudre les différends. En outre, les libéraux croient également que les institutions internationales peuvent influencer le comportement des États en créant des incitations à la coopération et des coûts pour le non-respect des règles. Par exemple, si un État ne respecte pas les règles commerciales de l'OMC, il peut être soumis à des sanctions commerciales. De plus, le non-respect des règles peut endommager la réputation de l'État et nuire à sa crédibilité, ce qui peut le dissuader de violer les règles à l'avenir. Toutefois, contrairement aux constructivistes, les libéraux ne soutiennent pas nécessairement que les institutions internationales peuvent changer fondamentalement les intérêts d'un État. Au lieu de cela, ils se concentrent davantage sur la manière dont les institutions peuvent aider à coordonner les actions des États pour réaliser leurs intérêts existants de manière plus efficace et pacifique. Donc, dans le cadre de l'école de pensée libérale, l'importance des institutions réside dans leur capacité à promouvoir la coopération et à stabiliser les relations internationales, plutôt que dans leur capacité à transformer les intérêts fondamentaux des États.

Examinant la position internationale de la Chine à travers le prisme de la théorie libérale, nous nous trouvons face à un tableau intrigant. La Chine a réussi à s'insérer de manière significative dans le paysage des institutions internationales, malgré le fait qu'elle n'ait pas participé à leur création et qu'elle demeure en dehors de certaines entités clés, comme l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). La question centrale ici est de comprendre pourquoi la Chine a choisi d'adhérer à ces institutions, sachant qu'elles sont dominées, pour la plupart, par les États-Unis et d'autres puissances occidentales. La réponse à cette interrogation réside dans les principes fondamentaux du libéralisme, qui soutient que les institutions internationales favorisent la coopération et aident à surmonter les dilemmes de la coopération en réduisant l'incertitude et les coûts de transaction. Ainsi, la Chine a intégré ces institutions non pas parce qu'elle est nécessairement en accord avec leur structure ou leur direction, mais parce qu'elle reconnaît les avantages potentiels de leur participation. Même si ces institutions sont dominées par d'autres puissances, la Chine peut utiliser leur plateforme pour promouvoir ses intérêts, avoir accès à des informations précieuses et participer activement à l'élaboration des règles qui régissent les relations internationales. Un exemple clair de cette stratégie est la participation active de la Chine au Comité de Bâle, une institution internationale dédiée à la supervision bancaire. Malgré l'influence prédominante des banques centrales occidentales, la Banque populaire de Chine collabore activement avec les autres membres pour élaborer des règles communes. Cela lui permet d'anticiper et d'influencer les réglementations financières internationales et d'adapter sa propre politique en conséquence. En somme, du point de vue libéral, l'implication de la Chine dans les institutions internationales n'est pas un signe de conformité aux normes occidentales, mais une stratégie pragmatique visant à naviguer, à influencer et à tirer parti de la gouvernance mondiale.

La théorie libérale offre une vision plus optimiste des relations internationales. Elle considère le conflit non pas comme une fatalité, mais comme un défi que les États peuvent surmonter par le biais de la coopération et du dialogue. Dans cette optique, les institutions internationales jouent un rôle crucial. Elles offrent des espaces où les États peuvent négocier, débattre et chercher des solutions communes à leurs différends. Les règles et les mécanismes de ces institutions aident à structurer ces interactions, à réduire l'incertitude et à faciliter la prise de décision collective. De plus, les institutions internationales créent des réseaux de coopération qui transcendent les frontières. Ces réseaux peuvent comprendre non seulement les États, mais aussi une variété d'autres acteurs, tels que les organisations non gouvernementales, les entreprises multinationales et les institutions financières. Ces réseaux peuvent faciliter le partage d'informations, renforcer la confiance mutuelle et favoriser la coopération sur une gamme de questions, allant du commerce international à la protection de l'environnement. Donc, de la perspective libérale, il est tout à fait possible pour la Chine et les États-Unis, ou tout autre duo de grandes puissances, de gérer leurs différends et de coopérer pour le bien commun. Cela nécessite cependant une volonté politique de chaque côté, ainsi qu'une utilisation efficace des institutions internationales et des mécanismes de coopération.

Le Constructivisme[modifier | modifier le wikicode]

Les constructivistes croient que les institutions internationales jouent un rôle fondamental non seulement en structurant l'interaction entre les États, mais aussi en façonnant leur identité et leurs intérêts. Selon le constructivisme, les interactions au sein des institutions peuvent changer la manière dont les États se perçoivent eux-mêmes et les autres. Par le biais de dialogues et de négociations, les États peuvent modifier leurs intérêts, apprendre à comprendre les points de vue des autres, et même adopter de nouvelles normes et valeurs. Cette transformation des perceptions et des intérêts peut, à son tour, affecter leur comportement sur la scène internationale. C'est pourquoi, du point de vue constructiviste, la diplomatie et le dialogue sont d'une importance primordiale. En offrant des forums pour le débat et la négociation, les institutions internationales peuvent aider les États à surmonter leurs différends, à forger un consensus, et même à transformer leurs relations de manière positive. Ainsi, le constructivisme offre une vision plus dynamique et évolutive des relations internationales, où le changement est non seulement possible, mais aussi le produit de l'interaction sociale.

L'approche constructiviste offre des outils pour comprendre comment les acteurs mondiaux, tels que Gorbatchev, ont pu changer de perspective et adopter des approches plus libérales. En effet, le constructivisme considère que les normes, les idées, et les croyances peuvent évoluer à travers les interactions et les dialogues. Ainsi, la fin de la Guerre froide, marquée par le rapprochement entre les États-Unis et l'URSS et l'adoption de réformes libérales par cette dernière, peut être interprétée à travers le prisme constructiviste. Cela implique que Gorbatchev, par le biais de diverses interactions au niveau international, a été influencé par les idées libérales et a commencé à les incorporer dans sa propre vision du monde et sa politique. Dans une perspective réaliste ou libérale, ce changement d'orientation politique pourrait être plus difficile à expliquer, étant donné que ces approches mettent l'accent respectivement sur le pouvoir et les bénéfices matériels comme principaux moteurs de la politique internationale. Le constructivisme, en revanche, met en lumière l'importance des idées et des normes partagées dans le façonnement du comportement des acteurs internationaux.

Le constructivisme met l'accent sur le rôle des idées, des valeurs, des normes et des perceptions dans la façon dont nous comprenons et interprétons le monde, y compris la nature des menaces. En ce qui concerne le changement climatique, il est un exemple parfait de la façon dont nos perceptions d'une menace peuvent évoluer avec le temps. Il y a quelques décennies, le changement climatique était largement ignoré ou considéré comme un problème marginal. Cependant, grâce à des années de recherche scientifique, d'activisme et de diplomatie, il est maintenant reconnu comme une menace globale majeure qui nécessite une action collective. Le travail des organisations non gouvernementales (ONG), des experts et des scientifiques a été essentiel pour changer la perception de cette menace. Ces acteurs ont contribué à diffuser des informations, à sensibiliser le public et à exercer des pressions sur les décideurs politiques pour qu'ils prennent au sérieux le problème du changement climatique. Cet exemple illustre le rôle important des idées et des normes dans le façonnement de notre compréhension des menaces et de nos réponses à ces menaces. Selon la perspective constructiviste, nos perceptions de ce qui constitue une menace peuvent être modelées et modifiées par le dialogue, l'interaction et l'échange d'idées.

Le constructivisme insiste sur le fait que la sécurité et les menaces ne sont pas des réalités objectives, mais sont plutôt définies par nos perceptions et notre interprétation de la réalité. Dans le contexte des relations sino-américaines, cela signifie que la manière dont la Chine et les États-Unis perçoivent et interprètent les actions de l'autre peut avoir un impact significatif sur leur relation. Par exemple, si les États-Unis voient l'expansion économique et militaire de la Chine comme une menace à leur hégémonie, ils peuvent adopter des politiques de contrebalancement et de dissuasion. De même, si la Chine perçoit les actions des États-Unis dans la région Asie-Pacifique comme une tentative de contenir sa montée, elle peut adopter une posture plus agressive. Cependant, selon le constructivisme, ces perceptions ne sont pas fixes et peuvent être modifiées par le dialogue, l'échange d'informations et l'interaction. Par exemple, si les États-Unis et la Chine parviennent à se comprendre mutuellement et à construire une confiance mutuelle par le biais de discussions et de négociations, ils peuvent arriver à voir les actions de l'autre d'une manière moins menaçante. Ainsi, le constructivisme nous incite à ne pas prendre pour acquis les perceptions de la sécurité et des menaces, mais à reconnaître qu'elles peuvent être modelées et modifiées par le dialogue et l'interaction.

Le constructivisme soutiendrait que le sens que nous attribuons à un événement, comme la construction par la Chine d'îles artificielles en mer de Chine méridionale, est le résultat de notre interprétation de cet événement et non pas une caractéristique inhérente de l'événement lui-même. Dans le cas de la construction des îles artificielles, par exemple, on peut interpréter cela comme une démarche purement défensive de la part de la Chine, qui chercherait à renforcer sa sécurité en établissant un contrôle plus fort sur son environnement régional. De cette perspective, la construction des îles n'est pas nécessairement une menace pour d'autres pays, à moins qu'ils n'interprètent cela comme une tentative de la Chine d'étendre son influence ou de perturber l'équilibre du pouvoir en Asie. Inversement, si on considère que la Chine cherche à contester le leadership régional des États-Unis ou à revendiquer unilatéralement des territoires contestés, alors la construction des îles pourrait être perçue comme une menace. Il est important de noter que ces interprétations sont construites et façonnées par un éventail de facteurs, y compris les croyances préexistantes, les intérêts stratégiques, l'histoire des relations sino-américaines et les discours politiques en cours. C'est pourquoi une approche constructiviste de la sécurité internationale mettrait l'accent sur la nécessité d'un dialogue et d'une communication ouverte pour démystifier les intentions de chacun et pour minimiser les malentendus et les perceptions erronées de menace.

Dans les théories néoréalistes et libérales, la menace est généralement perçue comme quelque chose de tangible et objectif, souvent liée à l'équilibre des pouvoirs militaires et économiques entre les États. Ainsi, des tanks à la frontière, dans ces cadres théoriques, sont généralement interprétés comme un indicateur clair de menace potentielle. Cependant, la perspective constructiviste insiste sur le fait que la perception de la menace est subjectivement construite et est façonnée par une variété de facteurs, y compris l'histoire, la culture, les normes sociales et le discours politique. Les tanks à la frontière, par exemple, pourraient être interprétés non pas comme une menace imminente, mais comme une mesure défensive ou préventive, en fonction du contexte. Dans cette optique, la perception de la menace n'est pas fixe, mais peut évoluer en fonction de l'évolution des discours et des perceptions collectives. L'ennemi n'est pas une entité figée, mais une construction sociale qui peut changer en fonction des relations et des discours entre les acteurs. C'est ce qui distingue la perspective constructiviste des perspectives néoréalistes et libérales.

La théorie constructiviste souligne l'importance du discours, de la perception et de la construction sociale des relations internationales. Au début de la guerre froide, les États-Unis et l'Union soviétique étaient alliés dans la lutte contre l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, après la guerre, leurs relations ont rapidement dégénéré en une rivalité intense, malgré le fait qu'il n'y ait eu aucun changement majeur dans leurs capacités matérielles respectives. Pour expliquer cela, les constructivistes pointent vers les transformations majeures dans le discours et les perceptions qui ont eu lieu pendant cette période. Les deux pays ont commencé à se percevoir mutuellement comme des menaces idéologiques et sécuritaires, et ces perceptions ont été renforcées par des discours politiques, des récits médiatiques et des représentations culturelles qui ont peint l'autre comme l'ennemi. Ces perceptions et ces discours ont eu des effets réels sur la politique mondiale, alimentant la méfiance et l'hostilité, et finalement conduisant à des décennies de guerre froide. Ainsi, selon le constructivisme, la nature changeante des relations américano-soviétiques ne peut pas être pleinement comprise simplement en termes de pouvoir ou de stratégie, mais doit également tenir compte de ces processus sociaux et discursifs.

Les trois théories, le réalisme, le libéralisme et le constructivisme, abordent la situation sous des angles différents, mettant en évidence différentes facettes des relations internationales. Le réalisme se concentre sur l'aspect de pouvoir et de sécurité, mettant en avant l'idée que l'intérêt national primaire est d'obtenir et de maintenir le pouvoir. Ainsi, la rivalité entre les États-Unis et l'Union soviétique est perçue comme une lutte inévitable pour le pouvoir et l'hégémonie. Le libéralisme, en revanche, met en avant l'idée que la coopération internationale et les institutions peuvent aider à atténuer les conflits et favoriser la paix. Ainsi, les libéraux pourraient expliquer la guerre froide comme un échec à résoudre les divergences d'intérêts par des moyens pacifiques et institutionnels, comme des accords de désarmement. Le constructivisme, cependant, se concentre sur la manière dont les acteurs internationaux construisent et modifient leurs perceptions et leurs discours sur les autres. Ainsi, pour un constructiviste, l'aspect clé de la guerre froide serait la manière dont les États-Unis et l'Union soviétique ont construit l'image de l'autre comme une menace, ce qui a eu des conséquences profondes sur leurs relations et leurs politiques. L’analyse de ces discours offre une vision plus nuancée et plus riche des relations internationales qui peut compléter, voire contester, les perspectives plus traditionnelles du réalisme et du libéralisme.

Du point de vue constructiviste, les perceptions et les identités des acteurs internationaux sont fluides et susceptibles de changer au fil du temps. Cela peut rendre les prédictions difficiles. Néanmoins, cette perspective met également l'accent sur le rôle crucial des institutions dans la structuration des interactions internationales et la définition des normes de comportement. Les institutions internationales, telles que l'ONU, l'UE, l'OMC, et bien d'autres, fournissent des cadres pour la coopération, le dialogue et la résolution des conflits. En promouvant des normes et des valeurs communes, elles peuvent influencer la manière dont les acteurs internationaux se perçoivent et interagissent les uns avec les autres. Par exemple, les institutions peuvent contribuer à renforcer des normes de non-agression et de respect des droits de l'homme, ce qui peut aider à atténuer les perceptions de menace et à promouvoir la paix. De même, elles peuvent aider à favoriser le dialogue et la compréhension mutuelle, ce qui peut faciliter la résolution pacifique des conflits et atténuer les tensions internationales. Donc, bien que les prédictions précises puissent être difficiles à faire du point de vue constructiviste, cette perspective peut encore offrir des insights précieux sur les dynamiques potentielles des relations internationales et le rôle que les institutions peuvent jouer dans leur façonnement.

L'école anglaise du constructivisme, aussi appelée "International Society" ou "English School", a développé le concept de la "protosociété internationale". Ce terme est utilisé pour décrire une phase d'évolution dans les relations internationales où des États commencent à partager certains intérêts et valeurs communes, mais sans nécessairement se constituer en une société internationale complète et pleinement intégrée. Selon les théoriciens de l'école anglaise, l'institutionnalisation croissante des relations internationales et le développement de forums et de processus partagés aident à favoriser cette convergence des perceptions et des intérêts. Les États peuvent commencer à voir certaines questions de manière plus similaire en raison de leur participation continue à ces forums et processus partagés. Ainsi, par exemple, des institutions et des organisations internationales telles que les Nations Unies, l'Organisation mondiale du commerce ou le Fonds monétaire international peuvent jouer un rôle important dans la formation de cette protosociété internationale, en offrant un espace pour le dialogue et la négociation entre États, ainsi qu'en promouvant certaines normes et valeurs communes. Cela étant dit, les théoriciens de l'école anglaise soulignent également que cette protosociété internationale est loin d'être uniforme ou cohérente, et qu'elle est sujette à des tensions et des contradictions. Les différents États peuvent interpréter et appliquer les normes et valeurs partagées de manière différente, et il peut y avoir des conflits entre ces interprétations et applications.

Pour les constructivistes, les organisations non gouvernementales (ONG) jouent un rôle crucial dans la dynamique des relations internationales. Contrairement aux théories libérales et réalistes qui mettent l'accent principalement sur les États comme acteurs principaux, les constructivistes voient une plus grande variété d'acteurs sur la scène internationale, y compris les ONG, les mouvements sociaux, les organisations internationales et d'autres acteurs non étatiques. Les constructivistes mettent en avant l'idée que les ONG ont le pouvoir d'influencer le discours international, de former l'opinion publique, et de changer les perceptions et les croyances à travers des campagnes de sensibilisation, du plaidoyer et d'autres activités. Cela leur permet d'influencer la politique et les décisions prises par les États. Par exemple, une ONG qui travaille sur les questions environnementales peut contribuer à faire du changement climatique une question centrale de l'agenda politique international en mettant en évidence les risques associés et en poussant pour des politiques plus durables. De la même manière, une ONG travaillant sur les droits de l'homme peut aider à mettre en évidence les abus des droits de l'homme dans certaines régions du monde, influencer l'opinion publique et pousser les États à prendre des mesures pour résoudre ces problèmes. Il est important de noter que, bien que les ONG puissent jouer un rôle important dans la formation du discours et des perceptions, elles n'ont pas le pouvoir formel de prendre des décisions sur la politique internationale, ce pouvoir restant principalement entre les mains des États. Cependant, leur influence sur les idées, les normes et les perceptions peut avoir un impact significatif sur la façon dont les États et d'autres acteurs internationaux agissent.

Étude de Cas : Les Enjeux autour de la Mer de Chine Méridionale[modifier | modifier le wikicode]

Dans une perspective néoréaliste, l'extension de la présence de la Chine en mer de Chine méridionale par la construction d'îles artificielles pourrait être vue comme une démarche stratégique pour accroître sa puissance et son influence régionale. En effet, les néoréalistes partent du principe que les États agissent principalement en fonction de leurs intérêts de sécurité et de puissance dans un système international anarchique. En construisant ces îles, la Chine est perçue comme cherchant à étendre son influence et à sécuriser ses revendications territoriales dans une région stratégiquement importante. C'est une démonstration de sa puissance et une tentative d'affirmer sa souveraineté sur une zone contestée qui est riche en ressources et qui est une voie de navigation clé pour le commerce international. Cela pourrait également être perçu comme une tentative de la Chine de contester la présence et l'influence des États-Unis dans la région, un peu à la manière de la Doctrine Monroe des États-Unis au 19ème siècle, qui affirmait la domination américaine sur l'hémisphère occidental. Enfin, du point de vue néoréaliste, la Chine pourrait être perçue comme utilisant ces îles artificielles comme un outil de dissuasion ou comme un moyen de projeter sa puissance militaire, renforçant ainsi sa position stratégique dans la région.

Dans une perspective libérale, le différend en mer de Chine méridionale peut être considéré sous l'angle des normes internationales et des institutions qui régissent le droit de la mer. L'un de ces cadres est la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS). Cette convention, souvent décrite comme une "constitution pour les océans", définit les droits et responsabilités des nations en ce qui concerne l'utilisation des océans du monde, en établissant des directives pour les entreprises, l'environnement et la gestion des ressources marines. En 2016, la Cour permanente d'arbitrage de La Haye a rendu une décision dans une affaire portée par les Philippines contre la Chine, affirmant que la revendication expansive de la Chine sur la mer de Chine méridionale était contraire à l'UNCLOS. Cependant, la Chine a rejeté la décision, affirmant qu'elle n'a pas de force juridique contraignante. Cela souligne l'un des défis des approches libérales : la dépendance à l'égard de la volonté des États d'adhérer aux normes internationales et d'accepter la juridiction des institutions internationales. En outre, l'absence de ratification de l'UNCLOS par les États-Unis, qui sont une puissance maritime majeure, peut également entraver l'efficacité de ces institutions en créant des incohérences dans leur application et leur respect. Néanmoins, les libéraux soutiennent que ces problèmes ne démontrent pas nécessairement l'échec des institutions internationales, mais plutôt la nécessité de leur amélioration et de leur renforcement. Ils soulignent également le rôle que ces institutions peuvent jouer dans la facilitation du dialogue, la résolution des conflits et la promotion de la coopération entre les États.

Dans une perspective libérale, les conflits comme le cyberespionnage entre les États-Unis et la Chine peuvent être résolus par la coopération et le dialogue institutionnalisé. Récemment, un accord a été trouvé pour créer un groupe de travail transgouvernemental pour faciliter la communication entre ces deux puissances. Le but est de favoriser une meilleure compréhension des intentions de chaque partie et de prévenir les malentendus qui pourraient conduire à des tensions. Ces arrangements institutionnels peuvent aider à construire la confiance et à stabiliser les relations en fournissant des mécanismes pour l'échange d'informations et la résolution des différends. Ils peuvent également définir des règles communes et normes de comportement acceptables dans des domaines émergents tels que le cyberespace, où le manque de clarté sur les attentes et les responsabilités peut mener à des conflits. Cependant, l'efficacité de ces mécanismes dépend de la volonté des parties concernées de s'engager de bonne foi et de respecter les accords conclus. C'est ici que les libéraux voient le rôle crucial des institutions internationales : en tant que gardiens de la règle de droit internationale, en facilitant la coopération et en fournissant un forum pour le règlement pacifique des différends.

Du point de vue constructiviste, la perception d'une menace ou non dépend beaucoup de la façon dont elle est construite discursivement. Dans le cas des îles artificielles en mer de Chine méridionale, les États-Unis peuvent choisir d'interpréter les actions de la Chine comme une menace à leur présence en Asie, ou comme un problème régional que l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) pourrait gérer. Selon cette approche, ces deux interprétations différentes peuvent mener à des conséquences très différentes en termes de relations internationales. Si les États-Unis considèrent l'action de la Chine comme une menace, cela pourrait conduire à une escalade des tensions entre les deux pays. D'un autre côté, s'ils voient cela comme un problème régional qui peut être géré par l'ASEAN, cela pourrait conduire à une solution plus pacifique et coopérative au conflit. C'est pourquoi, du point de vue constructiviste, le discours - la façon dont les situations sont décrites et interprétées - est si important. Il ne s'agit pas seulement de comprendre les actions des autres États, mais aussi de comprendre comment ces actions sont perçues et interprétées, et comment ces perceptions et interprétations peuvent influencer le comportement d'un État.

Sous l'angle réaliste, la lutte contre le changement climatique peut être perçue comme un dilemme de type "prisonnier". Dans ce scénario, chaque pays a un intérêt personnel à continuer à émettre des gaz à effet de serre pour soutenir sa croissance économique, tout en espérant que les autres pays réduiront leurs émissions pour résoudre le problème du changement climatique. C'est ce que l'on appelle le problème du "passager clandestin" : chaque pays a intérêt à laisser les autres pays supporter les coûts de la réduction des émissions, tout en bénéficiant des avantages de ces réductions. Si tous les pays agissent de cette manière, le résultat est un échec collectif à résoudre le problème du changement climatique. Pour la Chine, en tant que plus grand émetteur de CO2, la décision de réduire ou non ses émissions a des implications importantes pour le régime international de lutte contre le changement climatique. Si la Chine choisit de ne pas réduire ses émissions, elle pourrait bénéficier économiquement à court terme, mais cela pourrait compromettre les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique à long terme. C'est là que le rôle des institutions internationales, comme l'accord de Paris sur le climat, peut être crucial. Elles peuvent aider à coordonner les actions des différents pays et à établir des règles et des mécanismes pour inciter les pays à réduire leurs émissions, afin de surmonter le problème du "passager clandestin".

Depuis la perspective réaliste, l'écologie et, en particulier, le changement climatique, s'avèrent être des problématiques complexes à aborder. Néanmoins, si nous adoptons des approches libérales ou constructivistes, l'espoir de trouver des solutions s'illumine. Par exemple, les négociations de Paris fournissent un cadre institutionnel adéquat pour le partage d'idées. La finance est également un sujet majeur. En particulier, la tentative de la Chine d'internationaliser sa monnaie pourrait être interprétée comme un défi au dollar, qui occupe une position centrale dans l'économie mondiale. En ce qui concerne les investissements, ils peuvent être envisagés de la même manière. Chacun de ces sujets peut être éclairé en utilisant les lentilles des trois théories principales des relations internationales : réaliste, libérale et constructiviste. Ces différentes perspectives peuvent aider à mieux comprendre les dynamiques complexes à l'œuvre dans ces domaines clés.

Voici comment ces trois théories pourraient analyser certains de ces sujets :

  1. Changement climatique :
    • Réaliste : Le changement climatique pourrait être considéré comme un problème de sécurité à part entière, avec des pays qui cherchent à minimiser leurs propres coûts économiques tout en maximisant les bénéfices.
    • Libéral : Les accords internationaux comme l'Accord de Paris sont nécessaires pour faciliter la coopération et résoudre le problème du changement climatique. Ils peuvent créer un environnement dans lequel les États sont incités à coopérer pour résoudre un problème commun.
    • Constructiviste : Les États, les ONG et les institutions internationales peuvent jouer un rôle dans la construction sociale du changement climatique en tant que problème mondial qui nécessite une action collective.
  2. L'internationalisation de la monnaie chinoise :
    • Réaliste : La Chine pourrait chercher à internationaliser sa monnaie pour augmenter sa puissance relative sur la scène internationale, en défiant la domination du dollar américain.
    • Libéral : L'internationalisation de la monnaie chinoise pourrait être facilitée par des institutions internationales telles que le FMI. Cela pourrait créer un système plus diversifié et stable sur le plan monétaire.
    • Constructiviste : L'internationalisation de la monnaie chinoise pourrait être perçue comme une menace ou une opportunité en fonction de la manière dont elle est discursivement construite par les acteurs internationaux.
  3. Investissements :
    • Réaliste : Les investissements pourraient être vus comme un moyen d'accroître la puissance et l'influence d'un État.
    • Libéral : Les institutions internationales peuvent faciliter les investissements en créant un environnement stable et prévisible, et en réglementant les conflits.
    • Constructiviste : Les investissements peuvent être considérés comme une forme de soft power, façonnant les relations internationales par le biais de la diffusion d'idées et de valeurs culturelles.

Chaque théorie offre une perspective unique qui peut enrichir notre compréhension de ces questions complexes. la complexité des phénomènes internationaux fait qu'aucune théorie ne peut prétendre à une compréhension complète et univoque. Chaque perspective – réaliste, libérale ou constructiviste – apporte son propre éclairage, révèle certaines dynamiques tout en laissant d'autres dans l'ombre. L'utilisation de plusieurs théories peut donc aider à construire une compréhension plus riche et nuancée d'un phénomène donné. Il est également crucial de reconnaître que chaque théorie a ses propres limites et qu'il existe toujours des aspects d'un problème ou d'un phénomène qui peuvent rester inexpliqués ou mal compris, même avec l'application de plusieurs perspectives. L'interdisciplinarité est donc essentielle pour comprendre pleinement la complexité des relations internationales et de la politique mondiale. Il s'agit de combiner diverses approches théoriques, méthodologiques et disciplinaires pour offrir une vue d'ensemble plus complète et plus nuancée des enjeux mondiaux.

Nous assistons actuellement à une transformation en cours de l'ordre international, caractérisée par un mélange d'intégration et de désintégration. D'une part, la Chine se positionne de plus en plus au sein du système international existant, comme en témoigne son adhésion à de nombreuses institutions internationales. Cela démontre une volonté d'intégration et d'adhésion aux normes et règles mondiales établies. D'autre part, la Chine crée de nouvelles institutions, comme l'Initiative Belt and Road et la Banque asiatique d'investissement pour l'infrastructure, ce qui pourrait être interprété comme un signe de désintégration ou, du moins, de remise en question de l'ordre international existant. Il est important de souligner que ce processus est en cours et que l'impact à long terme de ces développements est encore incertain. Le parallélisme de ces tendances d'intégration et de désintégration révèle la complexité de la dynamique mondiale actuelle, ainsi que l'équilibre délicat entre la coopération et la compétition sur la scène internationale. Il souligne aussi l'importance de surveiller de près ces évolutions pour comprendre les transformations futures de l'ordre mondial.

Le choix de la théorie à utiliser dépend souvent de la question spécifique que l'on cherche à comprendre. Chaque théorie des relations internationales possède sa propre lentille, mettant l'accent sur différents facteurs et mécanismes, et peut donc offrir une explication plus convaincante pour certains phénomènes par rapport à d'autres. Par exemple, si l'on s'intéresse à la question de la montée en puissance de la Chine et de ses implications pour la sécurité régionale, le néoréalisme avec son accent sur l'équilibre des pouvoirs pourrait fournir une perspective particulièrement utile. Si, en revanche, on examine les efforts internationaux pour lutter contre le changement climatique, une approche libérale qui souligne l'importance de la coopération internationale et des institutions pourrait être plus éclairante. Enfin, si l'on s'intéresse à la manière dont les normes internationales évoluent et sont interprétées, le constructivisme, qui met l'accent sur les idées, les discours et les normes sociales, pourrait offrir des insights précieux. Il est donc essentiel de choisir la théorie la plus pertinente en fonction de la question spécifique à laquelle on s'intéresse. Cependant, il peut aussi être utile de prendre en compte plusieurs perspectives pour obtenir une compréhension plus complète et nuancée des problèmes complexes et multidimensionnels qui caractérisent les relations internationales.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

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