La théorie du choix rationnel et l'analyse des intérêts en science politique

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La formulation d'une question de recherche en termes d'intérêt revient à aborder le sujet à partir d'une perspective de la théorie des choix rationnels. Selon cette approche, les acteurs sont supposés agir de manière rationnelle pour maximiser leur utilité ou leurs avantages et minimiser leurs coûts ou leurs pertes.

Pour formuler une question de recherche en termes d'intérêt, on peut suivre les étapes suivantes :

  • Identification des acteurs pertinents : Qui sont les acteurs principaux impliqués dans la situation que étudié ? Cela peut inclure des individus, des groupes, des organisations, des institutions, des nations, etc.
  • Comprendre les intérêts de ces acteurs : Quels sont les objectifs ou les désirs de ces acteurs ? Qu'est-ce qu'ils essaient d'atteindre ou d'éviter ?
  • Analyse des actions et des stratégies des acteurs : Comment ces acteurs tentent-ils de réaliser leurs intérêts ? Quelles stratégies utilisent-ils pour maximiser leurs avantages et minimiser leurs coûts ?
  • Exploration des dynamiques de l'action collective : Comment les acteurs interagissent-ils les uns avec les autres ? Quelles sont les conséquences de leurs actions collectives ?
  • Considération des anticipations et des perceptions : Comment les attentes et les perceptions des acteurs influencent-elles leurs actions ? Comment anticipent-ils les actions des autres et comment cela affecte-t-il leurs propres stratégies ?

En formulant une question de recherche de cette manière, cela permet d'explorer en profondeur les motivations des acteurs, les stratégies qu'ils utilisent et les conséquences de leurs actions. Cela permet également d'expliquer des phénomènes complexes et de faire des prédictions sur le comportement futur des acteurs.

Cette approche, fondée sur l'identification des intérêts, des préférences et des stratégies des acteurs, est une des méthodologies les plus établies dans l'analyse de l'action publique. Elle a permis de mettre en lumière plusieurs éléments clés, tels que :

  • La rationalité de la prise de décision : La plupart des acteurs agissent de manière rationnelle, c'est-à-dire qu'ils cherchent à maximiser leurs bénéfices tout en minimisant leurs coûts. Cette approche a permis d'étudier comment et pourquoi les acteurs prennent certaines décisions.
  • Les logiques de l'action collective : Les acteurs ne fonctionnent pas de manière isolée, mais agissent souvent en groupes pour atteindre leurs objectifs. L'étude des actions collectives peut révéler comment les intérêts individuels et collectifs s'entrecroisent et interagissent.
  • Les modalités d'influence et d'interaction : Les acteurs cherchent à influencer et interagir avec d'autres acteurs pour promouvoir leurs intérêts. Cette approche a permis de comprendre comment le pouvoir est exercé et négocié dans un secteur particulier de l'action publique.

Le but principal de cet article est d'aider à développer une compréhension approfondie de la théorie de l'action rationnelle dans le domaine politique. Cela implique d'expliquer le concept de rationalité et comment il se manifeste dans le comportement des acteurs politiques. Nous chercherons également à démontrer comment les préférences et les stratégies des acteurs sont établies, et comment ces éléments contribuent à façonner les résultats politiques. Une partie importante de l'article sera consacrée à fournir des outils analytiques pour étudier et prédire les comportements politiques basés sur les intérêts des acteurs. Nous illustrerons comment la théorie de l'action rationnelle peut être mise en pratique pour analyser des cas concrets, tels que le développement des politiques sociales. Enfin, nous prendrons le temps de discuterons des points forts et des limites de l'approche de l'action rationnelle en politique. Nous mettrons particulièrement l'accent sur l'importance de prendre en compte la diversité des acteurs, ainsi que la variété de leurs préférences et stratégies. L'objectif ultime du cours est de se doter d'une base solide à la fois théorique et pratique pour comprendre, analyser et interpréter les dynamiques politiques à travers le prisme de la théorie de l'action rationnelle.

Approche basée sur les intérêts[modifier | modifier le wikicode]

L'approche basée sur les intérêts suggère que les acteurs politiques sont motivés par leurs intérêts matériels, souvent définis en termes économiques. Par exemple, une personne qui possède une entreprise de production pourrait être politiquement motivée à soutenir des politiques de libre-échange, alors qu'un travailleur dans une industrie protégée pourrait être plus enclin à soutenir des politiques protectionnistes.

Selon une approche matérialiste de la politique, la position matérielle ou économique des acteurs politiques (qu'il s'agisse d'individus, de groupes sociaux ou d'États) peut déterminer en grande partie leurs intérêts objectifs et, par conséquent, influencer leurs préférences politiques. Pour un individu, ses intérêts politiques peuvent être fortement influencés par sa situation économique. Par exemple, quelqu'un qui possède une entreprise peut être favorable à des politiques de réduction des impôts et de régulation minimale, tandis qu'un travailleur salarié peut préférer des politiques de protection des droits des travailleurs. Pour les groupes sociaux, la position matérielle peut également influencer les intérêts politiques. Les groupes économiquement défavorisés peuvent être en faveur de politiques de redistribution des richesses, tandis que les groupes plus aisés peuvent être opposés à de telles politiques. En ce qui concerne les États, la position matérielle, généralement mesurée en termes de richesse nationale ou de PIB, peut également influencer les intérêts et les préférences politiques. Les États riches peuvent être en faveur de politiques de libre-échange qui leur permettent d'exporter leurs produits, tandis que les États moins développés peuvent préférer des politiques protectionnistes qui protègent leurs industries naissantes. Si la position matérielle influence les intérêts politiques, elle n'est pas le seul facteur en jeu. Les valeurs culturelles, les croyances idéologiques et de nombreux autres facteurs peuvent également influencer les préférences politiques.

La position matérielle d'un acteur peut également déterminer son pouvoir politique. Les ressources matérielles, qu'il s'agisse de richesse, de propriété, de contrôle des infrastructures clés ou d'autres atouts économiques, peuvent être utilisées pour exercer une influence politique et influencer les choix et les interactions au sein d'une société ou d'un système politique. Par exemple, un individu ou un groupe disposant de ressources économiques considérables peut financer des campagnes politiques, embaucher des lobbyistes pour influencer les législateurs ou créer des médias pour contrôler le discours public. De même, un État disposant de ressources économiques importantes peut utiliser son pouvoir économique pour influencer d'autres États par le biais de la diplomatie économique, de l'aide au développement, du commerce et d'autres leviers économiques. En outre, la position matérielle peut également influencer le pouvoir politique d'une manière plus indirecte. Par exemple, la possession de ressources économiques peut conférer un statut social élevé, ce qui peut à son tour accroître le pouvoir politique en augmentant l'influence et la crédibilité d'un acteur. Cependant, tout comme la position matérielle n'est pas le seul facteur qui détermine les intérêts politiques, elle n'est pas non plus le seul facteur qui détermine le pouvoir politique. D'autres facteurs, tels que la compétence personnelle, le charisme, l'autorité morale, l'accès à l'information et d'autres ressources non matérielles, peuvent également jouer un rôle important dans la détermination du pouvoir politique.

Si cette approche peut expliquer une grande partie du comportement politique, elle n'est pas exhaustive. Les acteurs politiques sont également motivés par des idéaux, des convictions et d'autres facteurs non matériels. De plus, le pouvoir politique ne dépend pas uniquement de la possession de ressources, mais aussi de la capacité à utiliser ces ressources efficacement. Par exemple, un acteur politique peut avoir beaucoup d'argent mais manquer de l'habileté ou de l'intelligence nécessaire pour l'utiliser de manière efficace pour influencer la politique.

Comprendre l'acteur dans la politique, qu'il s'agisse d'un individu, d'un groupe ou d'un État, nécessite une analyse à plusieurs niveaux. Les acteurs ont des motivations, des ressources et des intérêts qui dépendent de leur position dans la structure sociale, économique et politique, tant à l'échelle nationale qu'internationale. L'État, en particulier, est un acteur central dans la politique internationale. Sa position dans la structure internationale peut influencer grandement ses intérêts et ses préférences politiques. Un État qui est économiquement puissant, par exemple, peut avoir un intérêt à maintenir un système commercial ouvert, tandis qu'un État moins développé peut préférer des politiques protectionnistes. Les ressources à la disposition d'un État, qu'elles soient financières, organisationnelles ou institutionnelles, peuvent également jouer un rôle important dans la détermination de son pouvoir et de ses intérêts politiques. Un État riche peut avoir les moyens de financer une armée puissante, de soutenir des alliés ou de mener des politiques ambitieuses. De même, un État avec des institutions solides peut être plus capable de mettre en œuvre efficacement ses politiques, d'attirer des investissements étrangers ou de maintenir l'ordre et la stabilité.

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Quelque part, ce schéma est une manière de comprendre quels sont les intérêts et les ressources des acteurs. Ce qui y est décrit s'inscrit dans le cadre de ce que l'on appelle généralement la théorie du choix rationnel, qui est largement utilisée en économie, en science politique et dans d'autres disciplines des sciences sociales. Cette théorie part du principe que les acteurs (qu'il s'agisse d'individus, de groupes, d'États, etc.) sont rationnels et cherchent à maximiser leur utilité en fonction de leurs intérêts. Selon cette perspective, les acteurs politiques définissent leurs objectifs en fonction de leurs intérêts, qui sont en grande partie déterminés par leur position matérielle et leurs ressources. Ils développent ensuite des stratégies et prennent des décisions pour atteindre ces objectifs, en tenant compte des contraintes et des opportunités qui s'offrent à eux. Ces acteurs ne sont pas isolés, mais interagissent constamment avec d'autres acteurs, chacun ayant ses propres intérêts, ressources et stratégies. Ces interactions déterminent en grande partie le résultat politique final. Par exemple, le résultat d'une élection est déterminé par les préférences et les votes de tous les électeurs, chacun faisant un choix rationnel en fonction de ses propres intérêts.

Analyse individuelle[modifier | modifier le wikicode]

Lorsqu'il s'agit de comprendre le comportement politique des individus, leur positionnement économique et social dans la société est un facteur clé.

Le positionnement économique d'un individu se réfère à sa situation économique, y compris son niveau de revenu, son patrimoine, son emploi et sa sécurité économique. Ces facteurs peuvent influencer les préférences politiques d'un individu de plusieurs manières. Par exemple, un individu avec un revenu élevé peut être en faveur de politiques de réduction d'impôt, tandis qu'un individu avec un emploi précaire peut être en faveur de politiques de protection des travailleurs.

Le positionnement social d'un individu, d'autre part, se réfère à sa place dans la hiérarchie sociale, qui peut être influencée par des facteurs tels que l'éducation, la race, le genre, l'âge et d'autres aspects de l'identité sociale. Ces facteurs peuvent également influencer les préférences politiques. Par exemple, les individus appartenant à des groupes sociaux marginalisés peuvent être plus susceptibles de soutenir des politiques de lutte contre les discriminations.

La position économique et sociale d'un individu peut avoir une influence significative sur son comportement politique. Les théoriciens de la politique et de la sociologie ont longtemps noté ces corrélations.

Le concept d'"intérêt objectif" est souvent utilisé pour expliquer ce phénomène. Selon cette perspective, la position économique et sociale d'un individu détermine ses intérêts objectifs, c'est-à-dire ce qui serait rationnellement dans son intérêt en fonction de sa position. Par exemple, il est dans l'intérêt objectif d'un travailleur pauvre de soutenir des politiques de redistribution des richesses, tandis qu'il est dans l'intérêt objectif d'un propriétaire d'entreprise riche de s'opposer à de telles politiques.

L'explication du comportement électoral des individus par les clivages sociaux, également connue sous le nom de "vote de classe", est une autre façon de comprendre comment la position économique et sociale influence le comportement politique. Selon cette perspective, les individus sont plus susceptibles de voter pour des candidats ou des partis qui représentent leur classe sociale. Par exemple, les travailleurs de la classe ouvrière peuvent être plus enclins à voter pour des partis de gauche, tandis que les individus de la classe supérieure peuvent être plus enclins à voter pour des partis de droite.

Analyse de groupe[modifier | modifier le wikicode]

Au niveau des groupes, les intérêts matériels sont également un moteur important de l'action politique. Les groupes d'intérêt ou les groupes de producteurs, qui peuvent représenter différentes industries, professions, groupes sociaux ou autres groupes d'acteurs ayant des intérêts communs, cherchent souvent à influencer les politiques à leur avantage.

Ces groupes peuvent utiliser diverses stratégies pour atteindre leurs objectifs, y compris le lobbying, qui est une activité par laquelle un groupe tente d'influencer directement les décideurs politiques. Cela peut impliquer des activités telles que la rencontre avec des législateurs, la fourniture d'informations ou de recherche sur des questions politiques spécifiques, ou la mobilisation de leurs membres pour faire pression sur les politiciens.

Un exemple de cela peut être la manière dont les groupes industriels ou les entreprises peuvent faire pression pour des politiques favorables à leurs industries, comme les subventions, les allégements fiscaux, ou les réglementations qui limitent la concurrence. D'autre part, des groupes comme les syndicats peuvent faire pression pour des politiques qui protègent les droits des travailleurs, comme les salaires minimums ou les lois sur la sécurité au travail.

Dans l'analyse politique et sociologique, en plus de se concentrer sur les individus et les petits groupes, on considère aussi souvent des unités sociales plus larges. Ces unités peuvent être définies de diverses manières, par exemple en termes de relations aux moyens de production (comme dans le cadre marxiste de la classe ouvrière versus la bourgeoisie), ou en termes de positionnement sectoriel dans l'économie. Les relations aux moyens de production renvoient à la manière dont les groupes sont liés à l'économie. Par exemple, ceux qui possèdent les moyens de production (comme les usines, les entreprises, etc.) sont souvent considérés comme faisant partie de la classe capitaliste ou bourgeoise, tandis que ceux qui vendent leur force de travail sont considérés comme faisant partie de la classe ouvrière. Le positionnement sectoriel, d'autre part, se réfère à la place d'un groupe dans l'économie plus largement. Par exemple, les travailleurs du secteur manufacturier peuvent avoir des intérêts différents de ceux du secteur des services, et les travailleurs de l'agriculture peuvent avoir des intérêts différents de ceux de la technologie.

Ces grandes unités sociales peuvent avoir des intérêts politiques communs en raison de leur position économique partagée. Par exemple, les travailleurs de l'industrie manufacturière peuvent tous être intéressés par des politiques de protection commerciale, tandis que les propriétaires d'entreprises peuvent être intéressés par des politiques de réduction des impôts. C'est pourquoi nous voyons souvent ces groupes se mobiliser collectivement pour faire pression sur les politiciens ou influencer les politiques publiques.

En politique comparée, les chercheurs examinent souvent comment et pourquoi les trajectoires politiques de différents pays divergent ou convergent. Ces trajectoires peuvent être analysées en termes de politiques publiques, c'est-à-dire les décisions prises par les gouvernements et les résultats de ces décisions. Les intérêts, qu'ils soient individuels, de groupes ou institutionnels, jouent un rôle clé dans la formulation des politiques publiques. Par exemple, en économie, la politique fiscale d'un pays peut être influencée par les intérêts de divers groupes, y compris les entreprises, les travailleurs, les propriétaires fonciers, et ainsi de suite. De même, la politique étrangère d'un pays peut être influencée par les intérêts des acteurs politiques internes ainsi que par les relations du pays avec d'autres États. Ces intérêts peuvent aider à expliquer les trajectoires nationales en termes de politiques publiques. Par exemple, les pays avec une forte influence des syndicats peuvent avoir des politiques de protection des travailleurs plus fortes, tandis que les pays avec une forte influence des entreprises peuvent avoir des politiques de libre marché plus fortes. De même, un pays dont la politique étrangère est fortement influencée par les relations avec un voisin particulier peut avoir une trajectoire de politique étrangère très différente d'un pays sans de telles relations.

La théorie pluraliste est une approche en sciences politiques qui postule que le pouvoir politique est distribué parmi une diversité de groupes d'intérêt et non concentré entre les mains d'une seule élite ou classe sociale. Dans cette perspective, les politiques publiques sont le produit des interactions, négociations et compromis entre ces différents groupes d'intérêt. Ces groupes d'intérêt, aussi appelés groupes de pression ou groupes de producteurs, peuvent représenter une large gamme d'acteurs, par exemple les entreprises, les syndicats, les groupes environnementaux, les groupes de consommateurs, et d'autres encore. Chaque groupe cherche à promouvoir ses propres intérêts en influençant les décideurs politiques. Les coalitions entre groupes jouent également un rôle clé dans cette approche. Un seul groupe d'intérêt peut ne pas avoir suffisamment de pouvoir pour influencer les politiques publiques. Cependant, en formant une coalition avec d'autres groupes ayant des intérêts similaires ou complémentaires, ils peuvent augmenter leur influence. Par exemple, plusieurs groupes environnementaux peuvent unir leurs forces pour promouvoir une politique de protection de l'environnement. Ou bien, des entreprises de différents secteurs peuvent former une coalition pour soutenir une politique de réduction des impôts. La théorie pluraliste considère que cette concurrence et collaboration entre les groupes d'intérêt contribue à un équilibre du pouvoir et à une représentation plus large des intérêts de la société dans les politiques publiques. Cependant, elle fait aussi l'objet de critiques, certains soutenant que certains groupes (par exemple, les grandes entreprises) ont plus de ressources et donc plus de pouvoir pour influencer les politiques, ce qui peut conduire à un déséquilibre du pouvoir et à une représentation inégale des intérêts dans les politiques publiques.

L'identification des acteurs principaux est une étape essentielle de l'analyse politique. Les acteurs principaux peuvent être des individus, des groupes d'intérêt, des partis politiques, des institutions gouvernementales, ou même des pays dans le contexte des relations internationales. Chaque acteur a un rôle particulier en fonction de sa position, de ses ressources, de ses intérêts et de son degré d'implication dans un certain contexte. Par exemple, dans le contexte d'une politique publique, les acteurs peuvent être des décideurs politiques (comme les législateurs ou les hauts fonctionnaires), des groupes d'intérêt qui cherchent à influencer la politique, et le public qui est affecté par la politique. L'identification des rôles de chaque acteur nécessite une compréhension des relations entre les acteurs. Ces relations peuvent être compétitives (par exemple, deux partis politiques en concurrence pour le pouvoir) ou coopératives (par exemple, deux groupes d'intérêt formant une coalition pour promouvoir une politique commune). Elles peuvent également être basées sur des rapports de pouvoir, avec certains acteurs ayant plus de ressources ou d'influence que d'autres. Une fois que les acteurs principaux et leurs rôles ont été identifiés, il est possible d'analyser comment leurs actions et interactions contribuent à la formulation des politiques publiques. Cette analyse peut aider à comprendre pourquoi certaines politiques sont adoptées et d'autres non, et comment les intérêts de différents acteurs sont représentés dans le processus politique.

La théorie de la stabilité hégémonique[modifier | modifier le wikicode]

La théorie de la stabilité hégémonique est une théorie en relations internationales qui suggère que la stabilité dans le système économique international est favorisée par la présence d'une seule nation dominante, ou hégémonique. Cette nation utilise son pouvoir considérable pour établir et maintenir les règles et normes du système économique, favorisant ainsi la stabilité et la coopération. Selon cette théorie, la puissance hégémonique a à la fois la capacité et l'intérêt à maintenir un système économique ouvert et libéral. Sa capacité découle de sa domination économique et militaire, qui lui donne le pouvoir de façonner les règles économiques en sa faveur. Son intérêt à maintenir un système ouvert découle de sa position dominante dans l'économie mondiale, qui lui permet de profiter de manière disproportionnée du libre-échange.

Dans le contexte de la théorie de la stabilité hégémonique, l'hégémonie ne se réfère pas seulement à la puissance brute, mais aussi à la capacité de diriger et de coordonner l'économie mondiale. L'hégémon est souvent responsable de la fourniture de biens publics mondiaux, tels que la stabilité monétaire et la sécurité maritime, qui bénéficient à toutes les nations mais seraient autrement insuffisamment fournis. La théorie de la stabilité hégémonique a été utilisée pour expliquer diverses périodes de stabilité et de coopération économique internationale, comme la domination britannique au 19e siècle et la domination américaine après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, la théorie a également été critiquée sur plusieurs points, notamment la suggestion que la stabilité nécessite un hégémon et l'idée que la puissance hégémonique est toujours disposée et capable de maintenir l'ordre économique international.

Le libre-échange est un concept économique qui soutient l'idée de l'élimination des barrières commerciales, comme les tarifs et les quotas, afin de faciliter le commerce entre les nations. Le libre-échange est basé sur la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo, qui suggère que chaque pays devrait se concentrer sur la production des biens et services pour lesquels il a le plus d'efficacité relative, et commercer avec d'autres pays pour obtenir les autres biens et services dont il a besoin. La crise des années 1930 et la montée du protectionnisme pendant l'entre-deux-guerres ont renforcé le soutien au libre-échange. Les politiques protectionnistes de cette époque ont conduit à la réduction du commerce international, à la concurrence déloyale et à la détérioration des relations internationales, contribuant finalement à la Grande Dépression. Le libre-échange est souvent considéré comme un "bien public global", en ce sens qu'une fois établi, tous les pays peuvent en bénéficier, qu'ils aient contribué à sa mise en place ou non. Un bien public global est non exclusif (personne ne peut être exclu de son usage) et non rival (l'utilisation par une personne n'empêche pas les autres d'en profiter). Ainsi, une fois le libre-échange établi, il est difficile d'exclure un pays de ses avantages.

Dans "International Economic Structures and American Foreign Economic Policy, 1887-1934", David Lake utilise la théorie de la stabilité hégémonique pour analyser les évolutions de la coopération économique internationale et des politiques étrangères américaines pendant cette période.[1] Lake soutient que la coopération économique internationale est facilitée par la présence d'une puissance hégémonique qui possède à la fois la volonté et la capacité de maintenir un système économique ouvert et stable. Dans ce contexte, l'hégémonie des États-Unis au 20e siècle est vue comme un facteur clé de la promotion du libre-échange et de la coopération économique internationale. Lake examine également les facteurs internes qui influencent la politique étrangère économique d'une nation, notamment la structure économique et les intérêts des différents groupes sociaux et économiques. Par exemple, il soutient que la montée du protectionnisme aux États-Unis à la fin du 19e et au début du 20e siècle peut être expliquée en partie par les intérêts des groupes agricoles et industriels, qui étaient favorables à des tarifs élevés pour protéger leurs marchés domestiques de la concurrence étrangère.

L'histoire de l'économie mondiale est marquée par des périodes alternées d'ouverture et de fermeture, souvent liées aux changements dans les conditions économiques et politiques mondiales.

Après 1850, l'économie mondiale s'est progressivement ouverte. Cela a été largement facilité par les progrès technologiques et les accords commerciaux internationaux qui ont réduit les barrières commerciales et favorisé le libre-échange. Cette période, souvent appelée l'âge d'or de la mondialisation, a duré jusqu'en 1914, à l'aube de la Première Guerre mondiale. La période de l'entre-deux-guerres (1919-1939) a été marquée par une montée du protectionnisme et une fermeture relative de l'économie mondiale. Cela a été largement dû aux perturbations économiques causées par la Première Guerre mondiale et la Grande Dépression, qui ont conduit de nombreux pays à adopter des politiques protectionnistes pour protéger leurs industries nationales. La crise économique mondiale a également engendré une montée du nationalisme, ce qui a exacerbé les tensions commerciales internationales. Dans l'après-guerre, à partir de 1945, l'économie mondiale a connu une nouvelle période d'ouverture. Ceci a été facilité par la création de nouvelles institutions économiques internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, ainsi que par la promotion du libre-échange par les États-Unis, qui étaient devenus la puissance hégémonique après la Seconde Guerre mondiale. Cette période d'ouverture a conduit à une augmentation spectaculaire du commerce international et à l'intégration économique mondiale. Il est important de noter que ces périodes d'ouverture et de fermeture sont des généralisations et qu'il y a eu de nombreuses variations et exceptions à ces tendances générales, en fonction des conditions spécifiques à chaque pays. De plus, même dans les périodes d'ouverture, il y a souvent eu des débats et des conflits sur l'étendue et les modalités du libre-échange et de l'intégration économique mondiale.

David Lake a fait valoir dans ses travaux que la coopération économique internationale dépend de deux facteurs principaux : la concentration du pouvoir économique et la concentration de l'avantage économique.

  1. Concentration du pouvoir économique : Une puissance hégémonique, comme les États-Unis au milieu du 20e siècle, peut aider à faciliter la coopération économique internationale en fournissant une certaine stabilité et en établissant des règles du jeu pour le commerce et les relations économiques. Un pays avec une puissance économique considérable peut encourager, voire imposer, des normes et des pratiques qui favorisent la coopération économique. Par exemple, après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont joué un rôle clé dans l'établissement de systèmes économiques mondiaux tels que le Fonds monétaire international et le GATT (l'ancêtre de l'OMC), qui ont contribué à promouvoir la coopération économique internationale.
  2. Concentration de l'avantage économique : Lake soutient également que la coopération économique internationale est facilitée lorsque les avantages économiques sont concentrés, plutôt que diffusés. Si une petite poignée de pays détient une grande partie de l'avantage économique (par exemple, en termes de richesses, de technologie ou de capacités de production), ils auront un intérêt accru à coopérer pour maintenir et élargir ces avantages. En revanche, si les avantages économiques sont largement dispersés, la coopération peut être plus difficile car chaque pays aura moins à gagner à coopérer.

Ces arguments offrent une perspective intéressante sur les dynamiques de la coopération économique internationale, en mettant l'accent sur le rôle des grandes puissances et sur la distribution des avantages économiques au sein du système international.

Dans la théorie de la stabilité hégémonique, la probabilité de coopération internationale augmente lorsque le pouvoir économique est concentré entre les mains d'un ou de quelques États. C'est parce que ces États ont la capacité et les ressources nécessaires pour mettre en place et maintenir un système économique international ouvert et coopératif. Par exemple, un État hégémonique peut être en mesure de supporter les coûts à court terme de la mise en place d'un tel système, tels que les coûts associés à la négociation d'accords commerciaux ou à l'investissement dans des infrastructures internationales. Cet État peut être disposé à supporter ces coûts car il peut s'attendre à en tirer des bénéfices à long terme, tels que l'accès à de nouveaux marchés ou l'amélioration de la stabilité économique internationale. De plus, un État hégémonique peut avoir la capacité d'imposer sa volonté aux autres États et d'assurer leur conformité aux règles du système économique international. Cela peut se faire par divers moyens, tels que l'utilisation de sa puissance économique pour exercer une pression sur les autres États, ou l'utilisation de sa puissance militaire pour assurer le respect des règles.

La concentration de l'avantage économique peut influencer la volonté d'un État de soutenir et de participer à un système économique mondial ouvert et libéral. En d'autres termes, un État qui détient une grande part de l'avantage économique - qu'il s'agisse de richesses, de technologies de pointe, d'une main-d'œuvre hautement qualifiée ou d'autres ressources - a beaucoup à gagner d'un système commercial multilatéral libéral. Un tel système peut permettre à l'État de vendre ses biens et services à un plus grand nombre de marchés, d'attirer des investissements étrangers et de bénéficier d'un accès plus large aux ressources et aux technologies étrangères. Inversement, un État qui n'a pas un avantage économique important peut être moins enclin à soutenir un système commercial multilatéral libéral. Il peut craindre que l'ouverture de son économie à la concurrence étrangère n'entraîne la fermeture d'industries nationales, le chômage et d'autres conséquences économiques négatives. Cet État peut alors chercher à protéger son économie en imposant des tarifs, des quotas ou d'autres restrictions au commerce.

La présence d'une puissance hégémonique, ou dominante, est considérée comme un facteur clé pour faciliter la coopération internationale, surtout en matière économique. C'est en raison du pouvoir et de l'influence disproportionnés que cette puissance hégémonique peut exercer pour façonner les règles, normes et structures du système international. L'idée est que cette puissance dominante a non seulement la capacité, mais aussi un intérêt particulier à promouvoir un ordre mondial stable et coopératif. Comme elle profite le plus de cet ordre, elle est également plus disposée à en assumer les coûts. Par exemple, elle pourrait fournir des biens publics mondiaux tels que la sécurité maritime, aider à coordonner les politiques économiques internationales, et même servir de prêteur de dernier recours lors des crises financières.

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Dans le cadre proposé par David Lake, les axes X et Y créent une grille à quatre quadrants, permettant de catégoriser les États en fonction de leur avantage économique (sur l'axe X) et de leur puissance économique (sur l'axe Y). Voici comment les quatre types d'acteurs peuvent être définis :

  1. Les Hégémons : Ces États se trouvent dans le quadrant supérieur droit. Ils ont à la fois un avantage économique élevé et une puissance économique élevée. Ce sont les États les plus favorables à un système économique international libéral et sont capables de le soutenir.
  2. Les Suiveurs : Ces États se situent dans le quadrant supérieur gauche. Ils ont un avantage économique élevé, mais une puissance économique plus faible. Ils bénéficient d'un système économique international libéral, mais ils n'ont pas la capacité de soutenir ce système eux-mêmes.
  3. Les Free-riders (Profiteurs) : Ces États se trouvent dans le quadrant inférieur droit. Ils ont un avantage économique faible, mais une puissance économique élevée. Ils ont la capacité de soutenir un système économique international libéral, mais ils n'ont pas un grand intérêt à le faire.
  4. Les Opposants : Ces États se situent dans le quadrant inférieur gauche. Ils ont à la fois un avantage économique faible et une puissance économique faible. Ils sont les moins susceptibles de soutenir un système économique international libéral.

Cette grille peut servir à comprendre les motivations des différents États vis-à-vis de la coopération économique internationale et la mise en place d'un ordre économique mondial libéral.

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En positionnant les différents pays sur cette grille, on peut obtenir une représentation visuelle de leur pouvoir économique (évalué par leur part dans les échanges commerciaux mondiaux) et de leur avantage économique (mesuré par leur productivité).

Cela donne une perspective intéressante sur la dynamique du système économique mondial. Les pays avec une productivité élevée et une part importante des échanges commerciaux mondiaux (les hégémons) sont les plus susceptibles de soutenir et de promouvoir un système économique libéral. Ceux avec une productivité élevée mais une part plus petite des échanges mondiaux (les suiveurs) ont également un intérêt à soutenir ce système, mais ils ont moins de pouvoir pour le faire.

D'autre part, les pays avec une productivité plus faible mais une part importante des échanges mondiaux (les free-riders) peuvent avoir le pouvoir d'influencer le système économique mondial, mais ils ont moins d'intérêt à soutenir un système économique libéral. Enfin, les pays avec une productivité et une part faibles des échanges mondiaux (les opposants) sont les moins susceptibles de soutenir un système économique libéral.

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L'évolution historique de ces pays dans le système économique international peut être analysée à travers le prisme de ce cadre théorique. Au 19e siècle, la Grande-Bretagne était la puissance hégémonique, avec une productivité élevée et une grande part des échanges commerciaux mondiaux. Cependant, au fil du temps, sa productivité et sa part des échanges ont diminué, réduisant son rôle hégémonique. Les États-Unis, quant à eux, ont commencé en tant que "suiveurs", avec une productivité croissante et une part modérée des échanges commerciaux mondiaux. Cependant, au fil du temps, ils sont devenus une puissance économique mondiale, avec une productivité élevée et une part importante des échanges mondiaux, en particulier après la Seconde Guerre mondiale. L'Allemagne a également vu sa productivité et sa part des échanges mondiaux augmenter avec le temps, bien que son développement économique ait été plus tardif. Cependant, à cause de facteurs politiques et historiques, l'Allemagne n'a jamais assumé le rôle de puissance hégémonique.

Ces différentes périodes reflètent bien les mouvements de l'économie internationale au cours des deux derniers siècles.

  1. 1850-1912 : Période d'hégémonie britannique. Le Royaume-Uni, grâce à sa révolution industrielle précoce et à son empire colonial vaste et diversifié, a pu dominer le commerce mondial. Les États-Unis, bien que se développant rapidement pendant cette période, ne jouent pas encore un rôle majeur dans l'économie internationale.
  2. 1913-1929 : Cette période a vu le déclin de l'hégémonie britannique et l'émergence des États-Unis comme une puissance économique majeure. La Première Guerre mondiale a affaibli la Grande-Bretagne et d'autres puissances européennes, tandis que les États-Unis ont connu une croissance économique significative.
  3. 1930-1934 : La Grande Dépression a changé la dynamique économique mondiale. Les États-Unis, bien que gravement touchés par la crise, sont devenus le principal acteur économique. Cependant, en raison de l'ampleur de la crise et des défis internes, ils n'ont pas été en mesure de soutenir unilatéralement un système économique mondial ouvert.
  4. Après la Seconde Guerre mondiale : Cette période a vu l'émergence des États-Unis comme superpuissance économique et hégémonique. Avec près de la moitié de la production industrielle mondiale immédiatement après la guerre, les États-Unis étaient bien placés pour façonner l'ordre économique mondial, ce qu'ils ont fait à travers des institutions comme le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et le GATT (qui est devenu l'OMC).
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David Lake, dans ses recherches, a démontré la relation entre la puissance économique d'un pays, son intérêt pour un système commercial multilatéral ouvert et la tendance générale vers la coopération économique internationale. Il a examiné plusieurs époques de l'histoire économique mondiale et a identifié des tendances qui corroborent la théorie de la stabilité hégémonique. Pour résumer, ses recherches ont montré que lorsque une seule nation domine l'économie mondiale (comme ce fut le cas pour la Grande-Bretagne dans la seconde moitié du XIXe siècle et pour les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale), cette nation a tendance à promouvoir un système de commerce libre et ouvert qui bénéficie à tous les participants. Cependant, lorsque le pouvoir économique est plus équilibré entre plusieurs nations (comme ce fut le cas au début du XXe siècle), la coopération économique internationale peut devenir plus difficile à maintenir.

Jusqu’en 1897, les États-Unis ont adopté une politique dite de "tarif protecteur", qui visait à protéger l'industrie nationale en imposant des droits de douane élevés sur les produits importés. Cela a eu pour effet de restreindre les importations, tout en encourageant l'expansion des marchés d'exportation américains. Ce type de politique commerciale est souvent qualifié de "comportement de passager clandestin" ou de "free-riding", car il profite des avantages du libre-échange (c'est-à-dire l'accès aux marchés étrangers pour ses propres exportations) sans assumer les coûts correspondants (c'est-à-dire l'ouverture de son propre marché aux produits importés). C'est un bon exemple de la manière dont les intérêts nationaux peuvent parfois entrer en conflit avec les principes du libre-échange et de la coopération économique internationale.

La politique de l'Open Door, initiée par les États-Unis à la fin du 19e siècle, était en partie une réponse à la montée du protectionnisme et à la division de la Chine en "zones d'influence" par les puissances européennes. Les États-Unis, qui cherchaient à étendre leur commerce à l'étranger sans recourir à la colonisation directe, ont proposé cette politique qui visait à garantir l'égalité des chances pour tous les pays souhaitant commercer avec la Chine. Cette politique était basée sur le principe de la non-discrimination, c'est-à-dire que tous les pays devraient avoir un accès égal aux ports chinois ouverts au commerce international, indépendamment de leur influence ou de leur présence dans le pays. La politique de l'Open Door était donc une tentative de la part des États-Unis de promouvoir le libre-échange et l'égalité des chances commerciales à l'échelle internationale. Cependant, sa mise en œuvre a été confrontée à de nombreux défis, en raison des rivalités entre les puissances et de la résistance de la Chine elle-même. Néanmoins, cette politique a marqué une étape importante dans l'évolution du rôle des États-Unis en tant que puissance mondiale et défenseur du libre-échange. Cette politique est un changement important, car elle répudie l’approche par la réciprocité, elle essaie d’endiguer le bilatéralisme et s’oriente vers le multilatéralisme et la non-discrimination.

Entre 1913 et 1929, c’est la structure d’un soutien bilatéral avec un renforcement du libéralisme américain. Le Underwood Tariff Act, également connu sous le nom de Revenue Act of 1913, fut une législation clé dans l'histoire des politiques commerciales des États-Unis. Cet acte, qui a été introduit par le président Woodrow Wilson, visait à réduire les barrières tarifaires et à promouvoir le commerce international. Le but de cette réforme était de stimuler l'économie en facilitant l'importation de biens étrangers, mais aussi de modifier la structure fiscale intérieure des États-Unis en instaurant un impôt sur le revenu progressif. Cette législation a marqué un changement important par rapport à la politique protectionniste antérieure des États-Unis. Elle a également jeté les bases du système fiscal américain tel que nous le connaissons aujourd'hui. La période de 1913 à 1929 est généralement considérée comme une période d'expansion économique et de libéralisation du commerce aux États-Unis, bien qu'elle ait été suivie par la Grande Dépression.

Le Smoot-Hawley Tariff Act de 1930, qui a considérablement augmenté les tarifs douaniers américains, est souvent cité comme un facteur ayant contribué à la profondeur et à la durée de la Grande Dépression. Les droits de douane ont été augmentés sur plus de 20 000 produits importés, ce qui a conduit à des représailles de la part des partenaires commerciaux des États-Unis et a perturbé le commerce international. La Grande-Bretagne, de son côté, a réagi à la Grande Dépression en abandonnant le Gold Standard et en mettant en œuvre des politiques protectionnistes, notamment en créant un système de préférences impériales qui favorisait le commerce au sein de l'Empire britannique. Ces mesures protectionnistes ont perturbé l'économie mondiale et ont contribué à l'instabilité internationale qui a précédé la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, les pays ont cherché à éviter de répéter les erreurs des années 1930 et ont créé des institutions internationales comme le FMI et le GATT (l'ancêtre de l'OMC) pour promouvoir la coopération économique et le libre-échange.

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus une superpuissance économique mondiale et ont joué un rôle essentiel dans l'élaboration de l'ordre économique international. Les accords de Bretton Woods, signés en 1944, ont créé le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (qui fait partie du Groupe de la Banque mondiale) pour promouvoir la stabilité économique et la coopération internationale. Le système de Bretton Woods a également institué un système de taux de change fixes, ancré sur le dollar américain, qui était convertible en or. En outre, le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT), signé en 1947, a été conçu pour promouvoir le libre-échange en réduisant les barrières tarifaires et non tarifaires. Le GATT a été remplacé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995, mais sa mission de promouvoir le libre-échange et de résoudre les différends commerciaux reste la même. En somme, l'hégémonie économique des États-Unis dans l'après-guerre a joué un rôle clé dans l'instauration d'un ordre économique international fondé sur la coopération et le libre-échange.

Le positionnement d'un État dans l'économie mondiale détermine largement ses intérêts et sa capacité à poursuivre ces intérêts. Cette perspective est au cœur des théories matérialistes de l'économie politique internationale. L'intérêt objectif d'un État est généralement déterminé par sa position dans l'économie mondiale. Par exemple, un pays riche en ressources naturelles peut avoir un intérêt objectif à promouvoir le libre-échange de ces ressources. De même, un pays avec une industrie manufacturière forte peut avoir un intérêt objectif à protéger cette industrie de la concurrence étrangère. La puissance économique d'un État, quant à elle, détermine sa capacité à poursuivre ses intérêts. Un pays avec une économie forte aura plus de ressources à sa disposition pour mener des politiques économiques et influencer les normes et règles économiques internationales. De plus, un pays économiquement puissant est souvent mieux placé pour résister aux pressions économiques externes et maintenir sa souveraineté économique. Ces facteurs – la position dans l'économie mondiale, les intérêts objectifs et la puissance économique – jouent tous un rôle clé dans la manière dont un État navigue dans l'économie politique internationale.

Les points clés de la théorie de la stabilité hégémonique et du rôle de la position matérielle d'un pays dans l'économie mondiale sont.

  1. La coopération économique internationale dépend en grande partie de l'existence d'une puissance hégémonique. Cette puissance, généralement une nation avec une économie forte et des intérêts pour le maintien d'un système commercial ouvert, a les ressources nécessaires pour façonner les règles du système économique international et encourager les autres pays à y adhérer. De plus, il est dans l'intérêt de cette puissance hégémonique de soutenir la stabilité et la coopération, car cela favorise la croissance économique et l'interdépendance mondiale, des conditions qui renforcent en général sa position dominante.
  2. La politique économique étrangère d'un pays est largement déterminée par sa position matérielle relative dans l'économie mondiale. Cette position influence à la fois les intérêts économiques d'un pays (ce qu'il souhaite obtenir du système économique international) et ses ressources de pouvoir (sa capacité à atteindre ces objectifs). Un pays avec une économie forte et une position dominante dans certains secteurs peut avoir à la fois l'intérêt et la capacité d'influencer les normes et les règles de l'économie mondiale en sa faveur.

Ces idées sont au cœur de nombreuses analyses de la politique économique internationale et elles continuent d'être pertinentes pour comprendre les dynamiques de l'économie mondiale actuelle.

L'architecture de l'économie internationale joue un rôle crucial dans la détermination des relations de pouvoir entre les pays. Elle influence les politiques économiques étrangères et les stratégies de négociation des pays.

  • Distribution du pouvoir économique : Un pays avec une économie puissante et diversifiée aura un pouvoir considérable sur la scène économique internationale. Il peut utiliser ce pouvoir pour influencer les règles et normes de l'économie mondiale, promouvoir ses propres intérêts économiques et, dans certains cas, façonner les politiques économiques des autres pays.
  • Interdépendance économique : L'interdépendance économique accrue, en partie due à la globalisation, signifie que les décisions prises par un pays peuvent avoir des répercussions importantes sur d'autres. Les pays dépendants des exportations ou des importations d'un certain produit, par exemple, peuvent être fortement affectés par les changements dans la politique économique du pays producteur.
  • Rôle des institutions économiques internationales : Des institutions comme le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce jouent également un rôle important dans la structuration du pouvoir économique mondial. Ces institutions peuvent influencer les politiques économiques des pays membres et fournir un forum pour la résolution des conflits économiques.
  • Stratégies nationales : Chaque pays peut avoir sa propre stratégie pour naviguer dans cette structure économique mondiale, basée sur ses propres intérêts économiques, ses capacités et ses contraintes. Cela peut comprendre des choses comme la recherche d'accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux, la manipulation de sa propre monnaie ou l'adoption de politiques de protectionnisme ou de libéralisation commerciale.

La structure économique internationale fournit le cadre dans lequel les pays interagissent et négocient leurs politiques économiques étrangères.

Avantages de l'approche basée sur les intérêts[modifier | modifier le wikicode]

L'approche basée sur les intérêts met l'accent sur l'identification des acteurs et de leurs motivations, ce qui constitue une de ses principales forces. Voici pourquoi :

  • Fondement rationnel : Les acteurs sont supposés rationnels, c'est-à-dire qu'ils cherchent à maximiser leur intérêt dans le cadre de leurs actions et de leurs interactions. Cela facilite la prévisibilité de leur comportement et l'analyse de leurs motivations.
  • Compréhension des motivations : En identifiant les intérêts spécifiques des acteurs, il est possible de mieux comprendre leurs motivations et d'anticiper leurs actions.
  • Analyse des interactions : L'approche par les intérêts offre un cadre d'analyse pour comprendre comment les acteurs interagissent entre eux dans un système politique ou économique. Ces interactions peuvent souvent expliquer le comportement global du système.
  • Adaptabilité : Les intérêts des acteurs peuvent changer avec le temps en réponse à de nouvelles informations ou à des changements dans l'environnement. L'approche par les intérêts est capable de prendre en compte ces changements et d'adapter ses analyses et prédictions en conséquence.

Cette approche repose sur l'hypothèse que les acteurs sont parfaitement rationnels et toujours capables d'identifier et de poursuivre leurs meilleurs intérêts. Dans la réalité, cela peut ne pas être toujours le cas. Les acteurs peuvent parfois agir de manière irrationnelle, être influencés par des biais cognitifs, ou manquer d'informations pour prendre des décisions parfaitement rationnelles.

Une des forces de l'approche basée sur les intérêts est précisément sa capacité à expliquer comment les changements dans les rapports de pouvoir et les intérêts des acteurs peuvent influencer les résultats ou les "outcomes". Pour le dire simplement, si le pouvoir ou les intérêts d'un acteur changent, cela peut affecter son comportement ou sa capacité à influencer les résultats. Par exemple, si une entreprise acquiert un avantage technologique significatif, cela pourrait changer son intérêt pour certaines réglementations ou politiques et potentiellement affecter le résultat de ces politiques. C'est pourquoi l'analyse basée sur les intérêts est souvent utilisée dans les études de relations internationales, d'économie politique et d'autres domaines où les rapports de pouvoir et les intérêts des acteurs jouent un rôle clé.

Le modèle d'analyse basé sur les intérêts peut également s'appliquer à l'exemple suivants. L'émergence de la classe ouvrière comme force politique importante à la fin du XIXe et au début du XXe siècle peut être considérée comme une conséquence des changements dans les rapports de pouvoir économique et social. Avec l'industrialisation, la classe ouvrière est devenue une partie indispensable du système économique. Ce changement a non seulement renforcé le pouvoir économique de la classe ouvrière, mais a aussi créé de nouveaux intérêts, par exemple en ce qui concerne les conditions de travail et les droits des travailleurs. Cette évolution a mené à l'essor de l'État-providence et de politiques sociales visant à protéger les travailleurs des risques inhérents à l'activité professionnelle. Cela peut être vu comme le résultat d'une pression exercée par la classe ouvrière, qui, grâce à son importance accrue dans l'économie, avait acquis le pouvoir nécessaire pour faire valoir ses intérêts.

La formation de coalitions politiques est un aspect clé de l'approche fondée sur les intérêts. En réunissant divers groupes ou acteurs avec des intérêts communs ou complémentaires, une coalition peut générer une force politique significative. Cela peut permettre à ces groupes d'influencer la politique et de faire avancer leurs objectifs communs. Par exemple, dans de nombreux systèmes politiques démocratiques, des partis politiques distincts peuvent former une coalition pour obtenir une majorité parlementaire. Ces coalitions peuvent comprendre des partis qui, bien qu'ayant des différences idéologiques, partagent certains objectifs politiques communs. La formation de coalitions peut également être importante dans des contextes non politiques, tels que les mouvements sociaux ou les syndicats. En unissant différents groupes de personnes autour d'un objectif commun, ces coalitions peuvent exercer une pression importante pour le changement social ou politique. Toutefois, la formation de coalitions peut également conduire à des compromis, car les différents acteurs ou groupes peuvent avoir des priorités ou des intérêts différents. La gestion de ces différences est souvent une partie cruciale du processus de formation et de maintien de coalitions efficaces.

Harold Lasswell a proposé que la politique est l'étude de "qui obtient quoi, quand et comment". Cette perspective est très alignée avec l'approche fondée sur les intérêts, qui se concentre sur la manière dont différents acteurs - qu'il s'agisse d'individus, de groupes sociaux ou de nations - utilisent leur pouvoir et leurs ressources pour obtenir ce qu'ils veulent dans le cadre du système politique. Selon cette vision, la politique est en grande partie une question de répartition des ressources et de prise de décision. Les acteurs politiques luttent pour obtenir les meilleures ressources et avantages possibles pour eux-mêmes ou leurs groupes d'intérêt. Par conséquent, une analyse basée sur les intérêts permet de comprendre les dynamiques du pouvoir, comment les ressources sont réparties et qui sont les gagnants et les perdants dans différents contextes politiques. Elle offre une façon de comprendre et d'expliquer les comportements politiques en se concentrant sur les intérêts et les motivations des acteurs impliqués.

Beaucoup de conflits politiques peuvent être vus comme découlant de la concurrence pour des ressources limitées. Ces ressources peuvent être de nature économique, comme l'argent, les emplois ou l'accès à certaines industries ou marchés. Mais elles peuvent également être de nature plus sociale ou symbolique, comme le statut, le prestige, l'influence ou le contrôle sur certaines institutions ou politiques. L'approche fondée sur les intérêts soutient que les acteurs politiques, qu'il s'agisse d'individus, de groupes ou de nations, agiront pour maximiser leurs intérêts, c'est-à-dire pour obtenir le plus grand nombre possible de ces ressources. En outre, ces acteurs utilisent leur pouvoir et leurs ressources pour influencer les processus politiques et les politiques publiques de manière à favoriser leurs propres intérêts. C'est pourquoi de nombreux conflits politiques peuvent être interprétés comme étant fondamentalement des conflits d'intérêts. Et ces conflits d'intérêts sont souvent ancrés dans des questions matérielles, bien qu'ils puissent aussi concerner des enjeux symboliques ou idéologiques.

Inconvénients de l'approche basée sur les intérêts[modifier | modifier le wikicode]

Bien que l'approche centrée sur les intérêts soit très utile pour expliquer certaines dynamiques politiques, elle présente certaines limites. L'une de ces limites est qu'elle peut négliger l'impact des institutions et des idées sur la politique.

  • Le rôle des institutions : Les institutions, qu'il s'agisse des institutions formelles comme les constitutions et les systèmes juridiques, ou des institutions informelles comme les normes sociales, peuvent façonner les intérêts des acteurs et les contraindre dans leur action. Par exemple, un système de gouvernement multipartite peut inciter les partis politiques à former des coalitions, modifiant ainsi leurs stratégies et leurs intérêts. Les institutions peuvent également créer des opportunités ou des obstacles pour certains groupes d'intérêts, influençant ainsi les résultats politiques.
  • L'importance des idées : Les idées, qu'il s'agisse d'idéologies, de croyances ou de valeurs, peuvent également avoir un impact majeur sur la politique. Elles peuvent influencer les intérêts des acteurs, leur perception de ce qui est possible ou souhaitable, et la façon dont ils interprètent et répondent aux problèmes politiques. Par exemple, les idées libérales sur la liberté individuelle et le libre marché peuvent influencer la politique économique d'un pays, même si ces idées ne correspondent pas directement aux intérêts matériels de tous les acteurs.

Donc, bien que l'approche centrée sur les intérêts soit un outil d'analyse important, elle doit être complétée par une attention portée aux institutions et aux idées pour obtenir une compréhension plus complète des dynamiques politiques.

Exploration de la théorie du choix rationnel[modifier | modifier le wikicode]

Mancur Olson.

Mancur Olson est née en 1932 et décédé en 1998. Il fut un économiste américain ayant obtenu une thèse de doctorat à l’Université de Harvard, puis a enseigné à l’Université de Princeton et à l’Université du Maryland. Il est connu pour avoir laissé un héritage important. En 1965 il a publié La logique de l’action collective. Dans ce livre, Olson examine pourquoi certains groupes sont capables d'agir collectivement pour poursuivre leurs intérêts communs, tandis que d'autres échouent. Il avance l'idée du "passager clandestin" (free-rider), selon laquelle les individus ont tendance à éviter de contribuer à un bien collectif en espérant que d'autres le feront à leur place. Cela peut entraver la capacité d'un groupe à agir de manière collective. Olson soutient que des incitations sélectives, comme les avantages réservés aux membres actifs, sont souvent nécessaires pour surmonter ce problème. En 1982 il publie The Rise and Fall of Nations. Dans cette œuvre, Olson étend son analyse de l'action collective à l'échelle des nations. Il soutient que la stabilité politique à long terme peut en fait entraver le progrès économique, car elle permet à des "groupes de distribution" (comme les syndicats ou les lobbys d'entreprises) d'accumuler du pouvoir et de mettre en place des politiques qui bénéficient à leurs membres au détriment de la société dans son ensemble. Selon Olson, ce processus peut expliquer pourquoi certaines nations déclinent tandis que d'autres connaissent une croissance rapide après des perturbations majeures comme une guerre.

Comportement des groupes selon la théorie du choix rationnel[modifier | modifier le wikicode]

Olson est resté fameux pour avoir théorisé le comportement des groupes que cela soit des individus ou des groupes à l’intérieur d’une société et il va souligner un paradoxe du comportement collectif. Cette approche sous-tend l’idée que lorsque des individus ou des entreprises ont un intérêt commun ils vont agir collectivement pour défendre cet intérêt. En d’autres termes, des individus ou des groupes qui ont un intérêt politique commun vont s’associer et se mobiliser pour défendre cet intérêt ; cela peut être aussi des citoyens qui vont s’organiser face à un lobby, des consommateurs qui font face à des situations de monopole ou d’oligopole vont former une association de consommateurs pour les contrecarrer.

Cependant, Olson à s’attacher à montrer que cette idée reçue est fausse. Il s’attelle à montrer quel serait le comportement individuel approprié d’un consommateur qui voudrait un boycott qui s’oppose au monopole ou quel serait le comportement approprié d’un ouvrier qui voudrait une menace de grève ou une organisation en syndicat lui permettrait d’obtenir un salaire plus élevé. Notons que le consommateur ou ouvrier va concentrer du temps ou de l’argent soit pour organiser le boycott ou mener une lutte par la grève. Le résultat sera faible, car chaque individu ne recevra qu’une partie minime des fruits de son action, l’individu n’obtiendra qu’un fruit minime de l’action engagée par le comportement de groupe. La raison est que le bien ou le service fourni par une association de consommateur ou un syndicat a cette propriété de bien collectif ou de bien public. C’est-à-dire que le bien ou le service une fois crée, va bénéficier à tous les membres du groupe concerné.

Le succès d’un boycott ou d’une grève se traduira par un prix plus bas ou un salaire plus élevé pour tous les individus de la catégorie concernée, cette caractéristique est aussi appelée non-exclusion, on ne peut exclure les individus de la consommation du bien même s’ils n’ont pas contribué à la production. On ne peut exclure un individu de la consommation du bien même s’il n’a pas créé et produit le bien en question. Ainsi le membre ou un grand groupe ne percevra qu’une part minime des fruits de son action. Dès lors au niveau purement individuel il n’y a pas d’incitation à contribuer à la production du bien collectif ; au contraire, il est plus avantageux de laisser les autres réaliser cette tâche, mais évidemment les autres n’ont pas non plus d’intérêt à se mobiliser et être ceux qui produisent le bien collectif. Il n’existe pas d’incitations pour l’individu ni pour les autres, de là on déduit que l’on ne devrait pas voir l’émergence d’actions communes de la part de groupes. Les groupes de tailles conséquentes composés d’individus rationnels n’agiront pas dans le sens de l’intérêt du groupe.

Ce type de théorie est vraiment intéressant et important. Elle a pour conséquence que tout un tas de biens publics dans une société devrait être difficile à crée, produire et fournir. Il y aurait un déséquilibre entre la demande de biens publics et son offre. On se trouverait au niveau sociétal avec ce postulat d’individus rationnels dans un équilibre qui est sous-optimal, il est souhaitable que certains biens publics soient créés, mais qui ne soit pas fournis, toute une littérature existe qui réfléchit aux conditions qui permettent la fourniture de biens collectifs malgré les problèmes d’actions collectives et le problème de resquilleur dit aussi « free rider ». Par exemple, la justice ou l’armée peut être considéré comme un bien public puisque tout un chacun en bénéficie, mais l’incitation trouvée par les États est de rentre la contribution par l’impôt obligatoire. En sommes, les cartels, les groupes de pression, etc. ne devraient pas exister à moins que les citoyens les soutiennent pour des raisons autres que l’attente des biens publics qu’il procure. À moins qu’il y ait des raisons autres, les individus n’ont pas intérêt à se mobiliser. Cependant si on regarde nos sociétés les groupes de pression existent bel et bien.

Les moteurs de l'action collective[modifier | modifier le wikicode]

On peut s’interroger sur l’autre logique qui explique tout de même l’existence d’actions collectives dans nos sociétés. Comme Olson l'a suggéré, des incitations spécifiques (comme des avantages réservés aux membres actifs) peuvent encourager les individus à contribuer à l'action collective. Mancur Olson a proposé le concept d'incitations sélectives pour résoudre le problème du passager clandestin dans la logique de l'action collective. Les incitations sélectives sont des récompenses (incitations positives) ou des sanctions (incitations négatives) qui sont appliquées de manière différenciée en fonction de la participation des individus à l'action collective. L'objectif de ces incitations est d'encourager la contribution au bien collectif.

Voici quelques exemples pour illustrer ce concept :

  • Incitations positives : Ces incitations visent à récompenser ceux qui participent activement à l'action collective. Par exemple, une organisation pourrait offrir des avantages exclusifs aux membres qui contribuent à un projet commun, comme des rabais sur des produits ou services, des accès privilégiés à des événements ou des ressources, ou une reconnaissance publique de leur contribution. Les syndicats fournissent souvent des avantages supplémentaires aux membres, tels que des services juridiques, des assurances, des avantages sociaux, des formations, et même parfois des avantages de loisirs ou des réductions auprès de certaines entreprises. Ces avantages, qui peuvent être considérés comme des incitations sélectives positives, sont exclusifs aux membres du syndicat et ne sont pas disponibles pour les non-membres. Par conséquent, même si les avantages du syndicalisme (comme les augmentations de salaire ou les meilleures conditions de travail) sont souvent diffusés à tous les travailleurs, qu'ils soient membres du syndicat ou non, ces incitations sélectives positives peuvent encourager les travailleurs à adhérer au syndicat. Cette stratégie est couramment utilisée par les syndicats pour augmenter leur nombre de membres, qui est crucial pour renforcer leur pouvoir de négociation avec les employeurs et leur influence sur les politiques publiques.
  • Incitations négatives : Ces incitations visent à sanctionner ceux qui ne participent pas à l'action collective. Par exemple, une organisation syndicale pourrait imposer des pénalités financières aux travailleurs qui ne se joignent pas à une grève. Ou une communauté pourrait exclure les membres qui ne contribuent pas à la maintenance d'une ressource commune. L'exemple du vote obligatoire en Belgique est une illustration parfaite d'une incitation sélective négative. En Belgique, tout citoyen âgé de 18 ans ou plus est tenu de voter lors des élections. Si un citoyen ne vote pas sans raison valable (par exemple, maladie, absence du pays, etc.), il peut être sanctionné par une amende. Cette obligation de vote est donc une incitation négative destinée à encourager la participation à l'élection, qui est considérée comme un bien public. Cette mesure a permis à la Belgique d'avoir un taux de participation aux élections parmi les plus élevés au monde. Cependant, il convient de noter que la mise en œuvre effective de ces sanctions peut être complexe et coûteuse, et que leur efficacité peut dépendre d'autres facteurs, tels que la confiance dans les institutions politiques, l'éducation civique, etc.

Les incitations sélectives sont une solution au paradoxe des comportements de groupe, aussi appelé le "problème du passager clandestin" (free rider problem), que Mancur Olson a identifié. Ce paradoxe se réfère à la tendance naturelle des individus à ne pas participer à l'action collective en espérant profiter des avantages sans contribuer à l'effort. Lorsque les incitations sélectives sont suffisamment fortes, elles peuvent encourager la participation et atténuer ce problème. Par exemple, si un syndicat offre des services juridiques gratuits à ses membres, un travailleur peut être plus enclin à se syndiquer pour bénéficier de cette aide, même s'il pourrait théoriquement bénéficier de l'amélioration des conditions de travail sans adhérer au syndicat. En résumé, les incitations sélectives, qu'elles soient positives (comme les avantages exclusifs pour les membres) ou négatives (comme les pénalités pour les non-participants), peuvent être une stratégie efficace pour surmonter le problème du passager clandestin et encourager la participation à l'action collective.

Impact de la taille du groupe[modifier | modifier le wikicode]

La taille du groupe joue un rôle important dans la dynamique de l'action collective et dans la manière dont les problèmes de passager clandestin (free-rider) sont gérés. Mancur Olson a démontré dans sa théorie que la taille du groupe peut avoir un impact significatif sur la réussite de l'action collective. Dans les petits groupes, les membres ont plus de chances de se connaître personnellement, ce qui peut créer des incitations sociales à participer. Par exemple, si un membre ne contribue pas à l'effort collectif, il peut être stigmatisé ou exclus du groupe, ce qui peut être considéré comme une incitation sélective négative. D'autre part, la contribution à l'effort collectif peut conduire à une reconnaissance et une estime de soi accrues, ce qui peut être considéré comme une incitation sélective positive. En revanche, dans les grands groupes, l'effet de la contribution ou de la non-contribution d'un individu à l'effort collectif est moins perceptible et les incitations sociales à participer sont souvent plus faibles. C'est pourquoi le problème du passager clandestin est généralement plus prononcé dans les grands groupes. Pour surmonter ce problème, des incitations sélectives plus fortes, à la fois positives et négatives, peuvent être nécessaires pour encourager la participation dans les grands groupes.

Dans les petits groupes, les interactions personnelles, les liens sociaux plus étroits et la proximité contribuent à créer une pression sociale et un sens accru de la responsabilité envers le groupe. Ces facteurs peuvent aider à surmonter le problème du passager clandestin et favoriser la coopération et la participation active à l'action collective. Si un membre du groupe choisit de ne pas participer ou de ne pas contribuer à l'effort collectif, il peut être soumis à des sanctions sociales, telles que la stigmatisation ou l'exclusion, ce qui constitue une incitation sélective négative à participer. Dans le même temps, les membres du groupe qui contribuent activement peuvent être récompensés par une reconnaissance sociale et un respect accru, ce qui constitue une incitation sélective positive. Il convient de noter que bien que ces mécanismes puissent être efficaces dans les petits groupes, ils peuvent être plus difficiles à mettre en œuvre dans les grands groupes en raison de l'anonymat relatif des membres et de la dilution de la responsabilité individuelle.

Dans un petit groupe, la coopération est plus facile à atteindre car les interactions personnelles sont plus fréquentes et plus directes, ce qui peut créer un climat de confiance et de réciprocité. Le contrôle social est une forme d'incitation sélective qui peut fonctionner dans les deux sens. D'un côté, il y a le contrôle social négatif, qui décourage le comportement de passager clandestin en punissant ceux qui ne contribuent pas à l'effort collectif. De l'autre, il y a le contrôle social positif, qui récompense ceux qui contribuent activement à l'action collective en leur donnant de la reconnaissance et du respect. C'est pourquoi, dans un petit groupe, les membres sont plus susceptibles de se comporter de manière coopérative et de participer activement à l'effort collectif. Cependant, dans les grands groupes, cette dynamique peut être plus difficile à maintenir en raison de l'anonymat relatif des membres et de la dilution de la responsabilité individuelle.

Homogénéité vs. Hétérogénéité de groupe[modifier | modifier le wikicode]

L'hétérogénéité au sein d'un groupe peut rendre l'action collective plus difficile pour plusieurs raisons. Premièrement, elle peut augmenter la complexité de la coordination, car différents membres peuvent avoir des priorités, des attentes et des perspectives différentes. Deuxièmement, l'hétérogénéité peut exacerber les tensions ou les conflits au sein du groupe, ce qui peut affaiblir l'unité et la solidarité nécessaires à l'action collective. Mancur Olson a souligné que l'homogénéité d'un groupe facilite l'action collective en créant un sens commun d'identité et d'intérêt. Les groupes homogènes sont plus susceptibles d'avoir des objectifs communs et de partager des valeurs et des normes, ce qui peut renforcer la coopération et la cohésion. Dans le cas des clivages ethniques, par exemple, ils peuvent introduire des divisions et des tensions au sein d'un groupe et compliquer ainsi l'effort d'action collective. Des différences culturelles, linguistiques ou religieuses peuvent rendre la communication et la compréhension mutuelle plus difficiles, ce qui peut à son tour entraver la coordination et la coopération. C'est pourquoi il est souvent nécessaire de travailler à la construction de la confiance et de la compréhension mutuelle pour surmonter ces défis et faciliter l'action collective dans les groupes hétérogènes.

L'hétérogénéité au sein d'un groupe peut rendre l'action collective plus difficile pour plusieurs raisons. Premièrement, elle peut augmenter la complexité de la coordination, car différents membres peuvent avoir des priorités, des attentes et des perspectives différentes. Deuxièmement, l'hétérogénéité peut exacerber les tensions ou les conflits au sein du groupe, ce qui peut affaiblir l'unité et la solidarité nécessaires à l'action collective. Mancur Olson a souligné que l'homogénéité d'un groupe facilite l'action collective en créant un sens commun d'identité et d'intérêt. Les groupes homogènes sont plus susceptibles d'avoir des objectifs communs et de partager des valeurs et des normes, ce qui peut renforcer la coopération et la cohésion. Dans le cas des clivages ethniques, par exemple, ils peuvent introduire des divisions et des tensions au sein d'un groupe et compliquer ainsi l'effort d'action collective. Des différences culturelles, linguistiques ou religieuses peuvent rendre la communication et la compréhension mutuelle plus difficiles, ce qui peut à son tour entraver la coordination et la coopération. C'est pourquoi il est souvent nécessaire de travailler à la construction de la confiance et de la compréhension mutuelle pour surmonter ces défis et faciliter l'action collective dans les groupes hétérogènes.

L'hétérogénéité d'un groupe peut compliquer la réalisation d'une action collective pour plusieurs raisons.

  • Difficulté à se mettre d'accord sur le bien collectif : Si les membres du groupe ont des intérêts, des valeurs ou des croyances différentes, ils peuvent avoir des visions différentes de ce qui constitue un bien collectif, c'est-à-dire ce qui est bénéfique pour le groupe dans son ensemble. Il peut donc être difficile d'arriver à un consensus sur les objectifs du groupe ou sur la manière d'atteindre ces objectifs.
  • Réduction de l'efficacité des incitations sociales sélectives : Les incitations sociales sélectives, telles que l'approbation sociale pour ceux qui contribuent à l'action collective et la désapprobation pour ceux qui ne le font pas, peuvent être moins efficaces dans un groupe hétérogène. Si les membres du groupe ont des réseaux sociaux distincts ou des valeurs différentes, ils peuvent être moins sensibles à ces incitations.
  • Diminution de la cohésion sociale : Dans un groupe hétérogène, les contacts entre les membres peuvent être plus limités, en particulier si des clivages existent sur la base de l'ethnie, de la religion, de la classe sociale ou d'autres caractéristiques. Cela peut affaiblir la cohésion sociale et l'identité collective du groupe, ce qui peut à son tour réduire la volonté des membres de contribuer à l'action collective.

Il est donc important de prendre en compte ces défis lors de la planification ou de la gestion d'une action collective dans un groupe hétérogène.

Dans un groupe ethniquement hétérogène, le contrôle social est souvent plus difficile à exercer pour plusieurs raisons.

  • Manque de cohésion : Les différences culturelles, linguistiques, religieuses et autres entre les différentes ethnies peuvent entraver la formation d'un sens commun de l'identité ou des objectifs du groupe, ce qui rend plus difficile la cohésion nécessaire pour mener des actions collectives.
  • Communication et compréhension : Les barrières linguistiques ou culturelles peuvent rendre la communication plus complexe au sein du groupe, limitant ainsi l'efficacité du contrôle social. De plus, les différences culturelles peuvent entraîner des malentendus ou des désaccords sur ce qui constitue un comportement acceptable ou souhaitable.
  • Répercussions des divisions existantes : Les tensions ethniques préexistantes peuvent exacerber les conflits au sein du groupe, rendant le contrôle social plus difficile. Par ailleurs, si une ethnie est perçue comme dominant le groupe, cela peut susciter des ressentiments et des résistances, ce qui peut également nuire à l'efficacité du contrôle social.

Cependant, il convient de noter que l'hétérogénéité ethnique n'empêche pas nécessairement l'action collective. Dans certaines circonstances, et avec une bonne gestion, un groupe ethniquement hétérogène peut réussir à surmonter ces défis et à mener des actions collectives efficaces.

Coût de la contribution individuelle[modifier | modifier le wikicode]

L'un des aspects cruciaux de la théorie de Mancur Olson est le concept de coût de contribution individuelle. Selon cette théorie, si le coût de contribution à un bien collectif est faible pour un individu, alors il est plus probable que cet individu participe à l'effort collectif. En revanche, si le coût de contribution est élevé, alors l'individu sera plus enclin à devenir un "passager clandestin" ou un "free-rider", c'est-à-dire à profiter des avantages du bien collectif sans contribuer à son financement ou à sa réalisation. Cela peut se comprendre intuitivement : si on considère que la contribution à un effort collectif (que ce soit en temps, en argent ou en ressources) est relativement faible par rapport aux bénéfices que l'on en retire, on sera plus enclin à participer. Mais si le coût de la contribution est trop élevé, on peut être dissuadé de participer, en espérant plutôt profiter des efforts des autres.

Selon la théorie d'Olson, plus le coût (en temps, en effort, en ressources) d'une action est faible pour un individu, plus il est probable qu'il participe à cette action collective. Par exemple, signer une pétition ou voter ne demande généralement pas beaucoup de temps ou d'effort, ce qui rend ces types d'actions collectives assez courants. En revanche, des actions qui nécessitent un engagement plus important, comme faire du bénévolat pour une cause ou participer à des manifestations qui peuvent prendre beaucoup de temps et nécessiter des efforts physiques, sont souvent moins fréquentes car le coût pour l'individu est plus élevé.

Plus particulièrement, l’engagement militant qui requiert une mobilisation dans la durée est des efforts de persuasion dans de telles activités et de tels efforts : "L’action commune visant à produire des biens collectifs est plus probable dans les groupes qui disposent d’incitations sélectives que dans les autres, et les petits groupes se lanceront plus vraisemblablement dans cette action que les plus grands." Selon Olson, la production de biens collectifs (ou publics) est plus probable dans les groupes où des incitations sélectives sont disponibles pour encourager la participation des membres. Ces incitations peuvent être positives, comme des récompenses pour ceux qui participent, ou négatives, comme des sanctions pour ceux qui ne le font pas. De plus, selon Olson, les petits groupes sont généralement plus efficaces pour l'action collective que les grands groupes. Dans un petit groupe, chaque membre a une part plus importante de la production du bien collectif, ce qui peut être une incitation supplémentaire à participer. De plus, le contrôle social est souvent plus fort dans les petits groupes, ce qui peut également encourager la participation.

Selon lui, un groupe ayant des intérêts communs ne se mobilisera pas nécessairement pour défendre ces intérêts à moins qu'il n'y ait des incitations sélectives pour encourager la participation individuelle. Dans le cas des chômeurs, malgré le fait qu'ils partagent un intérêt commun (trouver du travail ou améliorer les conditions pour les chômeurs), leur situation pourrait rendre l'organisation et l'action collective difficile. La dispersion géographique, la diversité des situations individuelles, le manque de ressources, ou l'absence de leadership organisé pourraient tous contribuer à l'absence d'une action collective forte. Par ailleurs, le chômage, surtout à des niveaux élevés, peut engendrer un sentiment d'impuissance ou de désillusion qui pourrait décourager l'activisme. Par ailleurs, les personnes au chômage pourraient être plus concentrées sur la recherche d'emploi à titre individuel plutôt que sur la mobilisation pour des changements plus larges.

Par exemple, en Espagne, le chômage touche 25% de la population active, un taux qui monte à 40% chez les jeunes. Pourtant, ces chômeurs ne sont pas représentés par une organisation spécifique pour défendre leurs intérêts. Cette situation peut être éclairée par la théorie d'Olson. En effet, les individus à revenu faible ou modeste ne font généralement pas partie en grand nombre des groupes de défense des plus démunis. Par ailleurs, des groupes sociaux plus restreints, comme les professions libérales, ont souvent des organisations dédiées à la défense de leurs intérêts, malgré leur nombre relativement limité. Dans la plupart des sociétés, ce sont ces types de groupes qui sont organisés et qui militent pour leurs intérêts.

Selon la théorie de Mancur Olson, cela peut être expliqué par plusieurs facteurs :

  • Le paradoxe de l'action collective : Les individus qui pourraient bénéficier le plus d'une action collective (comme les chômeurs ou les personnes à faible revenu) peuvent également être ceux qui ont le moins de ressources pour s'organiser et participer à de telles actions. En revanche, les groupes plus restreints et plus aisés, tels que les professions libérales, peuvent être mieux à même de surmonter ces obstacles et de s'organiser pour défendre leurs intérêts.
  • Les incitations sélectives : Les organisations qui offrent des avantages spécifiques à leurs membres (comme des services juridiques pour les syndicats) peuvent être plus efficaces pour attirer des membres et les motiver à participer à l'action collective. Cependant, les chômeurs et les personnes à faible revenu peuvent avoir moins accès à de telles incitations ou moins de moyens pour les obtenir.
  • La taille et l'homogénéité du groupe : Les petits groupes d'individus ayant des intérêts communs (comme les professions libérales) peuvent être plus facilement organisés et peuvent exercer un contrôle social plus fort pour encourager la participation à l'action collective. En revanche, les chômeurs et les personnes à faible revenu forment un groupe plus large et plus hétérogène, ce qui peut rendre l'organisation et l'action collective plus difficiles.

En somme, la théorie de l'action collective de Olson peut aider à comprendre pourquoi certains groupes sont plus organisés que d'autres et pourquoi certains défis sociaux et économiques, comme le chômage de masse, peuvent être difficiles à résoudre par l'action collective.

Rôle des groupes d'intérêts et des structures bureaucratiques[modifier | modifier le wikicode]

Dans son ouvrage "The Rise and Decline of Nations" (Grandeur et Décadence des Nations), Mancur Olson cherche à comprendre les causes sous-jacentes de la prospérité et du déclin des nations. Il explore divers facteurs économiques, sociaux et politiques qui contribuent à la dynamique complexe de croissance et de déclin. Sa thèse principale est que les sociétés stables ont tendance à développer de puissants groupes d'intérêts qui s'opposent aux changements, ce qui peut finalement nuire à la croissance économique et au progrès social. En revanche, les sociétés qui ont connu des chocs importants (comme les guerres ou les révolutions) sont souvent plus aptes à instaurer des réformes radicales qui stimulent la croissance économique.

Selon Mancur Olson, la croissance rapide de l'Allemagne et du Japon après la Seconde Guerre mondiale peut s'expliquer en grande partie par la destruction totale de leurs structures sociales et économiques préexistantes pendant la guerre. Ces pays ont dû reconstruire leurs économies et leurs sociétés à partir de zéro. Cela a créé une situation où les anciens groupes d'intérêts et les structures bureaucratiques inefficaces ont été éliminés, permettant des réformes économiques profondes et la mise en place de structures plus efficaces. La destruction totale a également créé un sentiment d'urgence et de nécessité qui a permis d'adopter des politiques de réforme économique radicales qui, dans des circonstances normales, auraient été bloquées par les groupes d'intérêts existants. Ces nouvelles politiques ont favorisé la concurrence, l'innovation et l'efficacité, ce qui a conduit à des taux de croissance économique très élevés. De plus, l'Allemagne et le Japon ont bénéficié de l'aide et du soutien des États-Unis dans leurs efforts de reconstruction, à travers le Plan Marshall pour l'Europe et le soutien direct au Japon. C'est cette combinaison de facteurs qui, selon Olson, explique la "renaissance économique" de ces deux pays après la guerre.

Selon la théorie de Mancur Olson, la croissance économique ralentie et l'ingouvernabilité de la Grande-Bretagne après 1945 peuvent être expliquées par l'accumulation de groupes d'intérêt spécialisés (ou "groupes de distribution" comme il les appelle) au fil du temps. Ces groupes ont tendance à se former et à se consolider dans des sociétés stables, où ils cherchent à promouvoir leurs propres intérêts, souvent au détriment de l'ensemble de la société. Par exemple, les syndicats puissants peuvent obtenir des avantages pour leurs membres, comme des salaires plus élevés, mais cela peut entraîner une hausse des coûts pour les entreprises et une perte de compétitivité pour l'économie dans son ensemble. De même, les entreprises bien établies peuvent chercher à protéger leurs positions par des réglementations favorables qui entravent la concurrence et l'innovation. Selon Olson, ces comportements peuvent, à long terme, entraver l'efficacité économique et la capacité du gouvernement à mettre en œuvre des réformes. Ce serait le cas de la Grande-Bretagne après 1945, où l'accumulation de tels groupes d'intérêt et de la bureaucratie aurait conduit à une stagnation économique relative et à des défis de gouvernance. Cela contraste avec des pays comme l'Allemagne et le Japon, qui ont été capables de repartir de zéro après la Seconde Guerre mondiale, sans les entraves de ces groupes d'intérêt bien établis.

Dans son ouvrage "The Rise and Decline of Nations" (1982), Mancur Olson explique que certaines nations prospèrent tandis que d'autres stagnent ou déclinent. Ses théories ont une portée assez vaste, englobant l'analyse de la croissance et du déclin de diverses nations à travers l'histoire, notamment la Grande-Bretagne, la France, les Pays-Bas, l'Inde et la Chine. Concernant la Grande-Bretagne, la France et les Pays-Bas, Olson examine comment ces pays ont émergé comme puissances dominantes à l'aube de l'époque moderne. Il attribue cela en partie à l'accumulation de droits de propriété, de lois stables et d'institutions politiques qui ont favorisé le commerce et l'investissement. Ces facteurs ont permis à ces pays de tirer pleinement parti des avantages économiques du début de la révolution industrielle. Pour ce qui est de la Chine et de l'Inde au XIXe siècle, Olson offre une perspective différente. Selon lui, ces pays ont connu une longue période de stagnation due à l'absence de droits de propriété bien définis et à une bureaucratie lourde, qui ont entravé le développement économique. De plus, dans ces pays, les groupes d'intérêt établis (comme les guildes de commerçants et les castes) auraient pu bloquer les réformes et l'innovation, contribuant ainsi à leur stagnation relative pendant cette période.

Détails de la théorie du choix rationnel[modifier | modifier le wikicode]

La rationalité des fins et des moyens[modifier | modifier le wikicode]

La théorie du choix rationnel, en dehors des travaux de Olson, représente une tradition théorique et méthodologique dominante dans de nombreuses disciplines, notamment l'économie, la sociologie et la science politique. Cette approche se concentre sur l'idée que les individus prennent des décisions rationnelles basées sur leurs intérêts personnels. Selon cette théorie, les individus sont considérés comme des acteurs rationnels qui cherchent à maximiser leur utilité ou leur bénéfice. Les choix qu'ils font sont donc le résultat d'une évaluation rationnelle des coûts et des avantages des différentes options disponibles. Les individus sont censés choisir l'option qui leur offre le meilleur rapport coût/bénéfice. La théorie du choix rationnel est particulièrement utile pour comprendre et prédire le comportement dans les situations où les individus ont des options claires et où les conséquences de leurs choix sont relativement prévisibles. Cependant, cette approche a également été critiquée pour son hypothèse selon laquelle les individus sont toujours parfaitement rationnels et toujours capables d'évaluer précisément les coûts et les avantages, ce qui n'est pas toujours le cas dans la réalité.

La théorie du choix rationnel prend différents noms selon le domaine dans lequel elle est utilisée, mais tous sont basés sur le même concept fondamental. La "théorie des choix publics" est une branche de l'économie qui étudie comment les décisions politiques sont prises, et comment elles affectent l'économie. Elle utilise les outils de la théorie du choix rationnel pour analyser les actions des individus dans le contexte politique - que ce soit les électeurs, les politiciens ou les bureaucrates. Elle cherche à comprendre comment ces acteurs prennent des décisions et comment ces décisions affectent les politiques publiques. L'"économie politique positive", quant à elle, est une approche qui applique la théorie du choix rationnel à l'étude de la politique économique. Elle examine comment les acteurs économiques, tels que les entreprises et les consommateurs, prennent des décisions et comment ces décisions affectent l'économie dans son ensemble. En bref, bien que ces différentes applications de la théorie du choix rationnel aient des noms différents, elles partagent toutes la même hypothèse fondamentale : les individus prennent des décisions en pesant rationnellement les coûts et les avantages.

La théorie du choix rationnel suppose que les individus sont des acteurs rationnels qui prennent des décisions basées sur une évaluation des coûts et des bénéfices, dans le but d'atteindre leurs objectifs personnels. Cette forme de rationalité est souvent appelée "rationalité instrumentale" ou "rationalité des fins-moyens". Selon cette approche, un individu est considéré comme "rationnel" s'il est capable d'ordonner ses préférences de manière cohérente (il sait ce qu'il préfère à quoi), et s'il choisit toujours l'action qui, selon lui, maximisera son utilité ou son bénéfice. Cela implique que chaque acteur a une connaissance claire de ses objectifs, qu'il est capable d'identifier tous les moyens possibles pour atteindre ces objectifs, et qu'il est capable d'évaluer la probabilité de succès de chaque option pour faire le meilleur choix possible.

Défenseurs et critiques de la théorie du choix rationnel[modifier | modifier le wikicode]

La théorie du choix rationnel a des ambitions assez larges. Ses défenseurs soutiennent qu'elle est capable d'expliquer et de prédire le comportement dans une grande variété de contextes. En tant que théorie totalisante ou métathéorie, elle vise à unifier différents domaines de recherche et à fournir un cadre commun pour comprendre le comportement humain. C'est pourquoi la théorie du choix rationnel a été appliquée à un large éventail de domaines, y compris l'économie, la science politique, le droit, la sociologie, et même la psychologie. Dans chacun de ces domaines, la théorie du choix rationnel est utilisée pour expliquer comment les individus prennent des décisions pour maximiser leur utilité.

La théorie du choix rationnel est souvent considérée comme une approche plus "scientifique" en raison de sa rigueur méthodologique, de sa prédicabilité et de sa capacité à générer des hypothèses testables. Les chercheurs qui utilisent cette approche adoptent souvent une méthodologie positiviste, en essayant d'observer et de mesurer les comportements et les décisions des individus de manière objective.

L'approche basée sur le choix rationnel peut aider à structurer et à clarifier la pensée, à formuler des hypothèses précises, et à développer des théories plus robustes et substantielles. Elle peut aussi faciliter l'accumulation de connaissances en permettant aux chercheurs de construire sur les travaux existants, de tester et de réfuter les hypothèses, et d'améliorer progressivement leurs modèles et leurs théories.

Toutefois, il est important de noter que cette approche a également ses limites. Comme mentionné précédemment, elle peut parfois ignorer des aspects importants du comportement humain, comme les émotions, les normes sociales et les limites cognitives. De plus, en se concentrant principalement sur le comportement individuel, elle peut négliger les structures sociales et culturelles qui peuvent influencer le comportement de groupe ou de communauté.

Dans l'ensemble, la théorie du choix rationnel peut être un outil précieux pour comprendre le comportement humain, mais elle doit être utilisée de manière critique et complétée par d'autres approches et perspectives.

Domaine d'application de la théorie du choix rationnel[modifier | modifier le wikicode]

Historiquement, la théorie du choix rationnel a été largement appliquée à l'étude de divers phénomènes politiques et sociaux, notamment l'action collective, les élections et la compétition entre les partis politiques. Parmi les applications les plus notables de cette approche figure l'analyse du "paradoxe du vote". Le paradoxe du vote, qui a été largement étudié à travers le prisme de la théorie du choix rationnel, souligne l'apparente irrationalité du comportement de vote. Selon une analyse purement coût-bénéfice, un individu rationnel pourrait choisir de ne pas voter, car le coût (en termes de temps, d'effort et de ressources) pour se rendre aux urnes est souvent supérieur à l'impact marginal que son vote pourrait avoir sur le résultat de l'élection. En d'autres termes, la probabilité qu'un vote individuel change le résultat d'une élection est extrêmement faible, donc, d'un point de vue de la théorie du choix rationnel, il ne serait pas logique de voter. Cependant, en réalité, de nombreuses personnes continuent à voter malgré ces coûts. Cela a conduit certains chercheurs à proposer des explications alternatives pour ce comportement, telles que le sens du devoir civique, l'expression personnelle, ou la satisfaction de participer à un processus démocratique. Ces facteurs peuvent servir d'incitations à voter, même lorsque le vote n'est pas "rationnel" d'un point de vue strictement économique.

Le paradoxe du vote est un sujet de débat majeur dans le domaine de la théorie du choix rationnel et plus largement en sciences politiques et économiques. Il met en évidence une contradiction apparemment insoluble entre la théorie économique rationnelle du comportement humain et la réalité observée des élections démocratiques. Selon la théorie du choix rationnel, étant donné que le coût de voter (en temps, en énergie, et parfois en argent) est généralement supérieur au bénéfice attendu (la faible probabilité que son vote soit déterminant dans une élection), les individus rationnels ne devraient pas voter. Cependant, en réalité, de nombreuses personnes continuent à voter, même dans des contextes où leur vote est peu susceptible d'influencer le résultat. Les chercheurs ont proposé plusieurs explications pour résoudre ce paradoxe. Certaines théories suggèrent que les gens votent par devoir civique, par désir d'expression personnelle, ou pour le sentiment de satisfaction qu'ils tirent de la participation à un processus démocratique. D'autres suggèrent que les gens peuvent surestimer la probabilité que leur vote soit déterminant, ou qu'ils peuvent tirer un bénéfice intrinsèque du processus de vote lui-même. Ce débat sur le paradoxe du vote est un exemple de la manière dont la théorie du choix rationnel peut être utilisée pour examiner des questions complexes de comportement humain, et il illustre également certaines des limites et des défis associés à l'application de cette approche.

Depuis les années 1990, l'application de la théorie du choix rationnel s'est largement étendue à une variété de sujets en sciences sociales. Les chercheurs ont commencé à utiliser ce cadre théorique pour explorer des questions liées à la démocratisation, au nationalisme, à l'ethnicité et à d'autres formes de mobilisation sociale et politique. Dans le contexte de la démocratisation, par exemple, la théorie du choix rationnel peut être utilisée pour analyser la manière dont les acteurs politiques décident de soutenir ou de résister à des réformes démocratiques. Elle peut aider à comprendre les calculs stratégiques que les élites au pouvoir font lorsqu'elles envisagent de céder une partie de leur autorité, ou la façon dont les citoyens ordinaires décident de se joindre à des mouvements pro-démocratiques. Dans le domaine de la mobilisation ethnique et du nationalisme, la théorie du choix rationnel peut être utilisée pour analyser pourquoi certains groupes ethniques ou nationaux choisissent de mobiliser pour des droits collectifs, et pourquoi certains individus décident de se joindre à ces mouvements. Par exemple, les chercheurs peuvent utiliser cette théorie pour examiner comment les individus évaluent les coûts et les avantages de l'identification à un groupe ethnique ou national, et comment ces calculs influencent leur volonté de participer à des actions collectives.

Ces extensions de la théorie du choix rationnel montrent comment ce cadre peut être utilisé pour analyser une grande variété de comportements politiques et sociaux. Cependant, elles montrent aussi les défis associés à l'application de cette approche à des contextes complexes et variables, où de nombreux facteurs peuvent influencer le comportement des individus.

Type de raisonnement employé[modifier | modifier le wikicode]

La théorie du choix rationnel utilise un raisonnement déductif pour formuler des prédictions et des explications sur le comportement des individus. Ce type de raisonnement commence par la formulation d'hypothèses générales, qui sont ensuite utilisées pour déduire des prédictions spécifiques qui peuvent être testées empiriquement.

L'hypothèse de base de la théorie du choix rationnel est que les individus agissent de manière à maximiser leur utilité ou leur avantage personnel, compte tenu des contraintes auxquelles ils sont confrontés. À partir de cette hypothèse, on peut déduire diverses prédictions sur le comportement des individus dans différentes situations. Par exemple, si nous supposons que les individus sont rationnels et cherchent à maximiser leur utilité, nous pouvons prédire qu'ils choisiront d'acheter un bien ou un service s'ils estiment que les bénéfices qu'ils en tireront seront supérieurs au coût qu'ils devront payer. De même, nous pouvons prédire qu'ils choisiront de voter s'ils estiment que les avantages de voter (par exemple, avoir une influence sur le résultat de l'élection) l'emportent sur les coûts (par exemple, le temps et l'effort nécessaires pour se rendre aux urnes). Ces prédictions peuvent ensuite être testées empiriquement en examinant le comportement réel des individus. Si les prédictions s'avèrent exactes, cela renforce la validité de la théorie du choix rationnel. Si les prédictions ne s'avèrent pas exactes, cela peut indiquer que l'hypothèse de base de la théorie doit être révisée ou affinée.

Le travail de Mancur Olson est un exemple classique de l'application du raisonnement déductif en science sociale. Mancur Olson utilise une approche déductive pour élaborer sa théorie de l'action collective. Cette démarche commence par l'établissement de postulats de base, qui sont ensuite développés de manière logique et systématique pour générer des prédictions ou des propositions. Ces propositions, qui ne sont pas triviales mais dérivent directement des postulats de base, sont ensuite testées empiriquement. Si l'analyse empirique confirme ces prédictions, cela renforce la validité de la théorie. En revanche, si l'analyse empirique ne les confirme pas, cela suggère que le cadre théorique doit être revu. Cette démarche est au cœur de la méthodologie scientifique et est caractéristique de l'approche de la théorie du choix rationnel.

Les postulats dans la théorie du choix rationnel peuvent varier en termes de leur réalisme. Ils peuvent se baser sur des observations précises et concrètes du monde réel, ou bien être plus théoriques et spéculatifs. Les postulats plus abstraits peuvent permettre de générer des idées nouvelles et créatives, ce qui peut être une force de cette approche. Cela permet aux chercheurs de développer des modèles de comportement politique basés sur des principes rationnels, même si ces modèles sont basés sur des postulats qui sont plus spéculatifs ou théoriques. Ces modèles peuvent ensuite être testés empiriquement pour voir dans quelle mesure ils correspondent à la réalité.

L'engagement politique peut être motivé par différentes raisons. Certaines personnes s'engagent en politique parce qu'elles portent en elles des idées fortes et des projets de société qu'elles aimeraient voir se réaliser à l'échelle locale, régionale ou nationale. Elles sont motivées par le désir d'influencer le monde conformément à leurs valeurs. D'autre part, certains politiciens peuvent être principalement motivés par la volonté de se maintenir au pouvoir (ce qu'on appelle le "office-seeking"). Dans cette perspective, le but principal n'est pas nécessairement de mettre en œuvre un programme politique spécifique, mais plutôt de faire les compromis nécessaires pour conserver leur poste et leur siège. Ce postulat peut sembler cynique, mais il est souvent utilisé dans la théorie du choix rationnel pour expliquer certains comportements politiques.

De nombreux chercheurs travaillant dans le cadre de la théorie du choix rationnel se concentrent sur l'idée d'"office-seeking", c'est-à-dire la volonté de maintenir ou d'obtenir une position de pouvoir, plutôt que sur le "policy-seeking", c'est-à-dire la volonté de mettre en œuvre des politiques spécifiques. Cela s'explique par le fait que la théorie du choix rationnel tente souvent de modéliser le comportement des acteurs politiques en termes de maximisation de leur utilité. Dans ce cadre, obtenir et conserver une position de pouvoir (office-seeking) est souvent considéré comme une forme d'utilité. De plus, cette approche permet de prédire et d'expliquer une large gamme de comportements politiques, tels que le fait de modifier ses positions politiques en réponse à des changements dans l'opinion publique, ou le fait de former des coalitions avec d'autres partis politiques. En revanche, le "policy-seeking" est un concept plus difficile à quantifier et à modéliser, car il implique des valeurs, des idéologies et des objectifs politiques qui peuvent être très divers et souvent subjectifs. Néanmoins, certains chercheurs dans le domaine de la théorie du choix rationnel tentent également de prendre en compte le "policy-seeking" dans leurs modèles, en supposant par exemple que les acteurs politiques cherchent à maximiser l'impact de leurs politiques préférées.

Méthodologie de la théorie du choix rationnel[modifier | modifier le wikicode]

Les chercheurs qui utilisent la théorie du choix rationnel se tournent souvent vers des outils mathématiques formels pour modéliser le comportement des acteurs. La théorie des jeux est l'une des méthodes les plus couramment utilisées dans ce contexte. La théorie des jeux est un outil d'analyse qui permet d'étudier les situations où les résultats dépendent des interactions entre différents acteurs ou joueurs. Elle repose sur l'idée que ces acteurs prennent des décisions rationnelles pour maximiser leur propre utilité. En outre, elle suppose que chaque acteur prend en compte les réactions potentielles des autres acteurs lors de la prise de décisions. En politique, par exemple, la théorie des jeux peut être utilisée pour analyser une variété de situations, comme les négociations entre partis politiques, la compétition électorale, les stratégies de vote, la formation de coalitions, etc.

L'ontologie, dans le contexte des sciences sociales, se réfère aux suppositions fondamentales que nous faisons sur la nature de la réalité - c'est-à-dire ce qui existe, comment cela existe, et comment nous pouvons en prendre connaissance. Ces suppositions sous-tendent toutes les théories et approches en sciences sociales, y compris la théorie du choix rationnel. La théorie du choix rationnel, par exemple, suppose que les individus sont des acteurs rationnels qui prennent des décisions pour maximiser leur propre bien-être. Elle suppose également que ces décisions peuvent être modélisées mathématiquement et prévues de manière précise. Ces suppositions ont des implications importantes pour la manière dont les chercheurs utilisant cette approche conçoivent et mènent leurs recherches.

L'individualisme méthodologique est une approche de la recherche sociale qui considère que toute explication des phénomènes sociaux doit être fondée sur les actions et les intentions des individus. Il s'oppose à l'idée du holisme, qui suggère que les groupes ou les sociétés peuvent avoir des caractéristiques qui ne peuvent être expliquées uniquement par les actions des individus qui les composent. Selon l'individualisme méthodologique, les groupes, les institutions, et les sociétés ne sont rien de plus que la somme de leurs parties individuelles. Par exemple, si on observe un comportement de groupe particulier, la théorie du choix rationnel et l'individualisme méthodologique suggèrent que ce comportement doit être compris en termes des actions et des décisions individuelles qui ont conduit à ce résultat collectif.

Selon la théorie du choix rationnel, les actions ou décisions d'un groupe sont le résultat des actions et décisions individuelles de ses membres. Cette approche est souvent appelée individualisme méthodologique. Donc, un changement de leader dans un parti politique serait le résultat des décisions individuelles des membres du parti plutôt qu'une décision collective du parti lui-même. Les choix de chaque membre sont guidés par leur propre évaluation rationnelle de leurs intérêts, y compris leur désir de voir le parti réussir. C'est pourquoi les théoriciens du choix rationnel pourraient être critiques à l'égard des déclarations comme "le parti a changé de leader", car cela implique une sorte de volonté collective ou de conscience de groupe, ce qui serait en contradiction avec le principe fondamental d'individualisme méthodologique. À leur avis, il serait plus précis de dire que les membres individuels du parti ont choisi de changer de leader.

Dynamiques au sein de la théorie du choix rationnel[modifier | modifier le wikicode]

Le schéma suivant présente une synthèse des principes fondamentaux de la théorie du choix rationnel et comment ils sont liés entre eux. Voici comment ces concepts pourraient être liés:

  • Position Matérielle : C'est la situation objective d'un individu en termes de ressources matérielles et sociales. Elle définit les possibilités disponibles pour l'individu et peut influencer ses intérêts et ses préférences.
  • Intérêt : C'est ce qu'un individu estime être bénéfique pour lui. Les intérêts sont souvent définis en fonction de la position matérielle de l'individu.
  • Préférence : C'est l'évaluation subjective par l'individu de différents résultats possibles en fonction de ses intérêts. Les préférences déterminent les choix que l'individu est susceptible de faire.
  • Stratégie/Choix : Ce sont les actions spécifiques qu'un individu décide de prendre pour atteindre ses objectifs, en fonction de ses préférences. Les choix sont guidés par une évaluation rationnelle des coûts et des bénéfices.
  • Pouvoir Politique : C'est la capacité d'un individu à influencer les décisions politiques et à faire avancer ses intérêts.
  • Interaction : C'est le processus par lequel les choix et actions des individus influencent et sont influencés par ceux des autres. Les interactions peuvent avoir lieu dans divers contextes, y compris dans le cadre des processus politiques et sociaux.

La théorie du choix rationnel suggère que tous ces éléments sont liés de manière dynamique et qu'ils jouent un rôle dans la détermination du comportement politique des individus.

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Hypothèses de base de la théorie du choix rationnel[modifier | modifier le wikicode]

La théorie du choix rationnel prend comme unité de base l'individu, même si elle peut également être appliquée à des groupes ou des États. Dans cette perspective, la position matérielle de l'individu - c'est-à-dire sa situation en termes de ressources et de pouvoir politique - joue un rôle clé dans la définition de ses intérêts et de ses désirs. Un postulat clé de la théorie du choix rationnel est que les individus agissent de manière à maximiser la satisfaction de leurs désirs ou intérêts. En d'autres termes, ils cherchent à obtenir le meilleur résultat possible compte tenu de leurs ressources et contraintes. Cette action est influencée par la rareté, qui est une caractéristique fondamentale des ressources et des biens dans la société. En raison de cette rareté, les individus doivent faire des choix sur la façon d'utiliser leurs ressources pour atteindre leurs objectifs, et ces choix sont guidés par une évaluation rationnelle des coûts et des avantages.

La théorie du choix rationnel postule que chaque individu est confronté à la rareté des ressources, qu'elles soient physiques, mentales, temporelles ou financières. Cela signifie que les individus ne peuvent pas satisfaire tous leurs désirs et doivent donc faire des choix sur la manière d'utiliser leurs ressources limitées pour atteindre leurs objectifs. En termes de capacités physiques et mentales, chaque individu a un certain niveau de force, d'endurance, d'intelligence, etc., et ces capacités peuvent être utilisées pour atteindre divers objectifs. Cependant, ces capacités sont limitées et leur utilisation pour un objectif spécifique peut signifier qu'elles ne sont pas disponibles pour d'autres objectifs. De même, le temps est une ressource limitée. Chaque individu a un nombre fixe d'heures dans une journée, et utiliser du temps pour une activité spécifique signifie qu'il n'est pas disponible pour d'autres activités. Enfin, les capacités financières, qui peuvent être considérées comme une mesure de la quantité de biens et de services qu'un individu peut se permettre d'acquérir, sont également limitées. L'utilisation de l'argent pour un certain objectif signifie qu'il n'est pas disponible pour d'autres objectifs. Ces contraintes sont également applicables aux groupes et aux États. Les groupes ont des ressources limitées (par exemple, le nombre de membres, les fonds disponibles) qu'ils doivent utiliser de manière optimale pour atteindre leurs objectifs. De même, les États ont des ressources limitées (par exemple, le budget de l'État, le personnel) qu'ils doivent gérer de manière efficace pour satisfaire les besoins de leurs citoyens.

Dans le cadre de la théorie du choix rationnel, chaque individu n'est pas isolé mais fait partie d'un système plus vaste d'interactions sociales. Les actions d'une personne peuvent affecter et être affectées par les actions des autres. Chaque individu fait face à la concurrence des autres pour l'accès à des ressources limitées et la réalisation de ses objectifs. C'est pourquoi les individus doivent non seulement prendre en compte leurs propres désirs et ressources, mais aussi anticiper et réagir aux stratégies des autres. Cela peut signifier qu'ils doivent coopérer, négocier, rivaliser ou se battre avec les autres pour atteindre leurs buts. Cette interaction avec les autres peut limiter la capacité d'un individu à satisfaire ses désirs.

Dans la théorie du choix rationnel, on considère que les individus, ou acteurs, sont confrontés à des situations où ils doivent faire des choix. Chaque choix qu'ils font est censé maximiser leur bénéfice ou minimiser leur perte, compte tenu des contraintes et des opportunités qui s'offrent à eux. Ces contraintes peuvent être d'ordre matériel, comme le manque de ressources, ou d'ordre social, comme la pression d'un groupe ou les normes sociales. Les opportunités peuvent être des chances de gain matériel ou de prestige social, par exemple. Comme les ressources sont limitées et les désirs nombreux et souvent contradictoires, les individus sont amenés à prioriser certains désirs sur d'autres, à faire des compromis et à élaborer des stratégies pour atteindre leurs objectifs. Ce processus de prise de décision est au cœur de la théorie du choix rationnel.

Dans le cadre de la théorie du choix rationnel, il est présumé que les individus, ou acteurs, hiérarchisent leurs désirs ou leurs préférences. C'est-à-dire qu'ils accordent plus d'importance à certaines satisfactions qu'à d'autres. Cette hiérarchie des désirs est souvent illustrée par une échelle de préférences ou une "fonction d'utilité", qui attribue une valeur à chaque option possible en fonction de son attractivité pour l'individu. Par exemple, un individu pourrait préférer la satisfaction de réussir professionnellement à celle de maintenir un certain niveau de vie, ou vice versa. Cette hiérarchisation des préférences aide les individus à prendre des décisions lorsque les ressources sont limitées et qu'ils doivent faire des compromis.

La théorie du choix rationnel part du principe que chaque individu cherche à maximiser son utilité, autrement dit à atteindre le plus haut niveau de satisfaction possible étant donné ses préférences et les contraintes auxquelles il est confronté. Cette utilité est une mesure de la satisfaction que l'individu retire d'un certain état des choses. Dans le processus de prise de décision, l'individu évalue chaque option disponible en fonction de l'utilité qu'elle procure et choisit celle qui maximise son utilité. En d'autres termes, l'individu choisit l'option qui lui apporte le plus grand bonheur ou la plus grande satisfaction, compte tenu de ses préférences et des contraintes auxquelles il est confronté. Ainsi, la rationalité dans ce contexte se réfère à la capacité de l'individu à faire des choix qui maximisent son utilité, en tenant compte à la fois de ses préférences et des contraintes auxquelles il est confronté.

Stratégies en vertu de la théorie du choix rationnel[modifier | modifier le wikicode]

Les termes "stratégies" et "action" sont souvent utilisés de manière interchangeable dans ce contexte. Ils se réfèrent tous deux aux moyens, aux méthodes ou aux plans mis en œuvre par un individu pour atteindre ses objectifs ou ses désirs. La stratégie est une séquence d'actions, de comportements ou de décisions planifiés et structurés que l'individu utilise pour atteindre ses objectifs. Elle est généralement basée sur une analyse de l'environnement dans lequel l'individu opère, de ses propres forces et faiblesses, et des opportunités et menaces auxquelles il est confronté. L'action, en revanche, est une activité ou une mesure prise par l'individu pour atteindre ses objectifs. Elle peut être spontanée ou planifiée, et elle est généralement guidée par la stratégie de l'individu.

Dans la théorie du choix rationnel, on présume qu'un individu fera toujours le choix qui maximise son utilité, ou autrement dit, qui lui permet d'atteindre ses objectifs de la manière la plus efficace et bénéfique possible. Ce principe est fondé sur l'idée que les individus sont rationnels et qu'ils cherchent à maximiser leur bien-être ou leur satisfaction. Par conséquent, lorsqu'ils sont confrontés à une décision, ils évalueront les différentes options à leur disposition et choisiront celle qui leur apporte le plus grand bénéfice, compte tenu des contraintes et des ressources dont ils disposent. Il est également important de noter que, selon cette théorie, les individus sont flexibles dans leur choix de stratégies. Ils n'ont pas de stratégie de prédilection, mais choisissent plutôt la stratégie qui semble la plus efficace pour atteindre leurs objectifs dans une situation donnée.

Pour simplifier, prenons deux individus : un employé et un investisseur. Leurs intérêts et préférences varient en fonction de la situation économique. L'employé, dépendant de son employeur, priorise un faible taux de chômage national. Pour lui, un taux de chômage élevé représente une menace de perte d'emploi et donc un risque financier et économique significatif. L'investisseur, qui possède de nombreux actifs et investissements, privilégie une inflation faible plutôt qu'un faible taux de chômage. Ses actifs financiers perdent de la valeur en cas d'inflation élevée, car la valeur de ses actifs diminue d'année en année. L'employé préfère aussi un taux d'inflation faible pour que son épargne prospère, mais il valorise davantage un faible taux de chômage.

La stratégie qu'un acteur décide d'adopter sera influencée par les actions qu'il prévoit de la part des autres acteurs, ainsi que par la possibilité de former des coalitions avec eux. La capacité à mettre en place une politique solide dépendra des compétences variées des différents acteurs, des informations disponibles et d'autres aspects de l'environnement. La stratégie élaborée par un acteur sera également influencée par les méthodes et actions déployées par les autres acteurs.

On peut définir une personne rationnelle comme quelqu'un qui cherche à satisfaire ses désirs en optant pour l'action ou la stratégie qui maximise son utilité. En d'autres termes, il ou elle choisira l'option qui lui offre le plus grand avantage lorsqu'elle analyse les coûts et les bénéfices de ses différentes options.

Diversité de préférences et de comportements[modifier | modifier le wikicode]

Identification des préférences des acteurs[modifier | modifier le wikicode]

La notion d'homoeconomicus – l'individu rationnel, parfaitement informé, qui cherche toujours à maximiser son utilité – est une simplification pour faciliter l'analyse économique. Dans la réalité, le comportement humain est beaucoup plus complexe et peut être influencé par de nombreux facteurs autres que la maximisation de l'utilité individuelle. L'altruisme est un exemple de comportement qui n'est pas entièrement expliqué par le modèle d'homoeconomicus. Certaines personnes peuvent choisir d'agir de manière à bénéficier à d'autres, même si cela implique un coût personnel ou une réduction de leur propre utilité. La théorie de l'utilité interdépendante est une extension de la théorie de l'utilité standard qui peut être utilisée pour modéliser l'altruisme. Selon cette théorie, l'utilité d'un individu dépend non seulement de ses propres consommations ou décisions, mais aussi de celles des autres. Ainsi, une personne peut dériver du plaisir ou de la satisfaction en aidant les autres, ce qui peut expliquer le comportement altruiste. D'autres théories, comme la théorie du don altruiste, la théorie du réciprocité, et la théorie du comportement prosocial, peuvent également fournir des explications pour l'altruisme et d'autres comportements qui ne sont pas directement orientés vers la maximisation de l'utilité individuelle.

Le concept de rationalité, tel qu'il est utilisé en économie et en théorie du choix, est une question d'efficacité et de cohérence dans la poursuite de ses objectifs, quel que soit le contenu de ces objectifs. Une personne peut être tout à fait rationnelle dans sa poursuite d'objectifs altruistes ou désintéressés. Pour qu'une décision soit considérée comme rationnelle dans ce contexte, elle doit simplement être l'action qui est perçue comme la plus susceptible de réaliser l'objectif de l'individu, compte tenu des informations disponibles. Par exemple, si une personne a pour objectif principal d'aider les autres, alors il serait rationnel pour elle de faire un don à une œuvre de charité ou de consacrer son temps au bénévolat.

La rationalité, dans le contexte de la théorie du choix, n'est pas incompatible avec l'altruisme ou la considération du bien-être collectif. L'altruisme, dans ce cas, peut être considéré comme une préférence ou un objectif individuel, tout comme la maximisation de la richesse personnelle ou l'accomplissement d'un objectif personnel. Un individu qui choisit de sacrifier une partie de sa consommation personnelle pour le bien public peut très bien être en train de maximiser son utilité ou sa satisfaction personnelle, si cette action est en accord avec ses valeurs ou préférences individuelles. Par exemple, si un individu tire une grande satisfaction personnelle de l'aide aux autres, ou s'il valorise fortement la contribution au bien-être de la communauté, alors il serait rationnel pour lui de faire des sacrifices personnels pour contribuer à des biens publics. Ces actions sont tout à fait cohérentes avec le cadre de la théorie du choix rationnel. Ce qui importe pour la rationalité, dans ce contexte, c'est la cohérence et l'efficacité dans la poursuite des objectifs individuels, quels qu'ils soient. Le contenu spécifique de ces objectifs peut varier grandement entre les individus, et peut inclure des préférences altruistes ou axées sur le bien-être collectif.

En termes de théorie du choix rationnel, l'altruisme est tout à fait compatible avec la rationalité. L'important ici est la notion de "préférences" : si un individu a une préférence pour aider autrui ou contribuer à la communauté (ce que nous pourrions appeler "altruisme"), alors agir conformément à cette préférence est tout à fait rationnel. La théorie du choix rationnel ne stipule pas ce que devraient être les préférences d'un individu. Au lieu de cela, elle postule que les individus ont des préférences (quelles qu'elles soient) et qu'ils cherchent à maximiser la satisfaction de ces préférences. Cela signifie que si un individu préfère des actions altruistes (comme faire un don à une œuvre de bienfaisance ou aider un voisin en difficulté), alors ces actions sont en accord avec ses préférences et sont donc rationnelles. La rationalité, dans ce contexte, est donc plus une question de cohérence (agir conformément à ses préférences) et d'efficacité (choisir les actions qui maximisent la satisfaction des préférences) qu'une question de l'objet spécifique de ces préférences. Les préférences peuvent être basées sur des intérêts personnels, des valeurs éthiques, des considérations sociales, etc. Si un individu valorise l'altruisme, alors agir de manière altruiste est une action rationnelle pour lui.

La rationalité, telle que définie dans la théorie du choix rationnel, n'est pas équivalente à l'égoïsme. Elle est plutôt une mesure de la cohérence des actions d'un individu avec ses propres préférences ou valeurs, quelle que soit leur nature. Un individu qui valorise l'altruisme et agit en conséquence est tout aussi rationnel que quelqu'un qui valorise l'auto-intérêt. Les deux individus sont en train de maximiser leur utilité personnelle, bien que la nature exacte de cette utilité puisse varier. Pour le premier individu, l'utilité peut provenir de la satisfaction personnelle qu'il tire de l'aide aux autres ou de la réalisation de ses valeurs altruistes. Pour le second, l'utilité peut être plus directement liée à des gains matériels ou à la satisfaction de ses désirs personnels. Dans les deux cas, chaque individu agit de manière à maximiser son utilité personnelle, en fonction de ses préférences et de ses valeurs individuelles. Cela illustre la flexibilité de la théorie du choix rationnel : elle peut accommoder une grande variété de préférences et de comportements, tant qu'ils sont cohérents avec l'idée de maximisation de l'utilité. C'est pourquoi cette théorie est si largement utilisée dans les sciences sociales, y compris l'économie, la science politique et la sociologie.

Selon le cadre de la théorie du choix rationnel, choisir une action qui offre moins de satisfaction par rapport à une autre option disponible serait considéré comme un comportement irrationnel. Cependant, il est important de noter que ce que nous considérons comme 'rationnel' dépend fortement de la manière dont nous définissons les préférences et l'utilité. Par exemple, un individu pourrait choisir de faire un don à une œuvre de charité, même si cela signifie qu'il a moins d'argent à dépenser pour ses propres loisirs. Selon une perspective strictement économique, cela pourrait sembler irrationnel. Cependant, si nous considérons que l'individu obtient de la satisfaction de l'aide aux autres (c'est-à-dire qu'il valorise l'altruisme), alors ce choix est tout à fait rationnel. En fin de compte, la théorie du choix rationnel suppose que les individus sont capables de peser les coûts et les bénéfices de différentes actions, et de choisir celle qui maximise leur satisfaction globale, compte tenu de leurs préférences individuelles.

Dans le contexte de la théorie du choix rationnel, la courbe d'indifférence illustre les combinaisons de biens ou d'options parmi lesquelles un individu est indifférent, c'est-à-dire qu'il tire le même niveau de satisfaction (ou d'utilité) de chacune. Si un individu choisit consciemment une option qui se situe sur une courbe d'indifférence inférieure, cela signifie qu'il opte pour une satisfaction ou une utilité moindre qu'il pourrait obtenir avec une autre option disponible. Cela serait considéré comme un comportement irrationnel dans le cadre de la théorie du choix rationnel.

Dans le cadre de la théorie du choix rationnel, une telle action serait considérée comme irrationnelle. L'un des postulats de cette théorie est que les individus agissent de manière à maximiser leur utilité ou satisfaction, ce qui implique de peser les coûts et les bénéfices des différentes options avant de prendre une décision. Si un individu choisit délibérément de ne pas évaluer les résultats potentiels de ses actions, il ne maximise pas sa satisfaction de manière rationnelle selon cette théorie. Cependant, il est important de noter que la réalité peut être plus complexe. Par exemple, un individu peut choisir de ne pas évaluer les résultats potentiels de ses actions parce qu'il valorise plus la spontanéité, l'intuition ou un certain code moral que la maximisation de l'utilité. De plus, il peut y avoir des situations où il n'est pas possible ou réaliste de calculer tous les coûts et bénéfices de manière précise, soit en raison de contraintes de temps, de l'incertitude inhérente à la situation, ou de l'absence d'information nécessaire pour faire une telle évaluation. Dans de tels cas, les individus peuvent recourir à des heuristiques ou à des règles de décision simplifiées. Ces comportements peuvent sembler irrationnels dans le cadre strict de la théorie du choix rationnel, mais peuvent être rationnels dans le contexte des contraintes et des incertitudes réelles auxquelles les individus sont confrontés.

Identification des préférences des acteurs[modifier | modifier le wikicode]

Comprendre les préférences des acteurs est un élément fondamental pour analyser leurs actions et leurs décisions. Selon la théorie du choix rationnel, les acteurs prennent des décisions basées sur leurs préférences, cherchant à maximiser leur utilité ou satisfaction. Il existe diverses façons d'identifier les préférences des acteurs. Certaines méthodes comprennent des enquêtes et des interviews où les acteurs sont explicitement interrogés sur leurs préférences. Cependant, il y a des limites à cette approche. Les gens ne sont pas toujours capables d'exprimer clairement leurs préférences, ils peuvent ne pas vouloir révéler leurs véritables préférences, ou leurs actions peuvent ne pas correspondre à ce qu'ils prétendent préférer. Une autre approche consiste à observer le comportement des acteurs. L'idée ici est que les actions des acteurs révèlent leurs véritables préférences. Par exemple, si un acteur dépense de l'argent pour acheter un bien ou un service, cela indique une préférence pour ce bien ou ce service. De même, si un acteur consacre du temps et des ressources à une activité particulière, cela suggère une préférence pour cette activité. Cependant, cette approche a également ses limites. Les acteurs peuvent être contraints dans leur action par des ressources limitées, des obligations sociales, des normes culturelles, des règles légales, etc. Leur comportement peut donc ne pas refléter pleinement leurs préférences. Dans tous les cas, il est important de combiner différentes méthodes et de faire preuve de prudence lors de l'interprétation des données sur les préférences des acteurs. L'identification des préférences est plus un art qu'une science exacte.

La détermination des préférences des acteurs dans une analyse peut être effectuée en utilisant les trois méthodes : la supposition, l'observation/induction et la déduction.

  1. Supposition : Cette méthode consiste à faire des hypothèses raisonnables sur ce que pourraient être les préférences d'un acteur. Par exemple, on peut supposer qu'un entrepreneur est motivé par le profit, ou qu'un politicien cherche à être réélu. Ces suppositions sont souvent basées sur des modèles théoriques, des stéréotypes ou des généralisations, mais elles doivent être utilisées avec prudence, car elles peuvent être fausses ou trop simplistes.
  2. Observation/Induction : Cette méthode consiste à observer le comportement d'un acteur pour déduire ses préférences. Par exemple, si un individu choisit régulièrement de manger des légumes plutôt que de la viande, on peut en déduire une préférence pour les légumes. De même, si un gouvernement investit beaucoup dans l'éducation, on peut supposer que l'éducation est une priorité pour ce gouvernement. Cependant, cette méthode peut aussi être trompeuse, car le comportement observable peut être influencé par de nombreux facteurs autres que les préférences personnelles.
  3. Déduction : Cette méthode implique l'utilisation de règles logiques pour déduire les préférences à partir d'informations connues. Par exemple, si nous savons qu'un individu préfère les pommes aux bananes et les bananes aux cerises, nous pouvons déduire qu'il préfère les pommes aux cerises. De même, si nous savons qu'un pays valorise la démocratie et l'autonomie régionale, nous pouvons déduire qu'il préfère probablement une structure fédérale à une structure unitaire. La déduction nécessite une connaissance précise des préférences et des règles de préférence, et elle peut être compliquée lorsque les préférences sont contradictoires ou changeantes.

Ces trois méthodes peuvent être utilisées de manière complémentaire pour obtenir une image plus complète et précise des préférences d'un acteur. Il est toujours recommandé de tester et de valider les résultats obtenus par ces méthodes, car les préférences peuvent varier considérablement en fonction du contexte et des individus.

Supposition de la maximisation du profit[modifier | modifier le wikicode]

La supposition de la maximisation du profit est une hypothèse fondamentale de l'économie néoclassique. Selon cette approche, les entreprises cherchent à maximiser leurs profits en équilibrant leurs coûts avec leurs revenus. L'idée est que, dans un environnement de marché concurrentiel, les entreprises qui ne cherchent pas à maximiser leurs profits risquent d'être évincées par celles qui le font. De même, les individus sont supposés chercher à maximiser leur "utilité" ou leur bien-être. Cela se traduit généralement par une tentative de maximiser la satisfaction tirée de la consommation de biens et de services, compte tenu des contraintes financières et autres.

Cette approche est problématique pour la science politique pour deux raisons :

  • En science politique, les préférences des acteurs peuvent être extrêmement variées, non seulement en raison de la diversité des acteurs eux-mêmes, mais aussi en raison de la complexité des systèmes politiques dans lesquels ils opèrent. Il est donc risqué d'assumer une préférence homogène pour tous les acteurs. Même au sein d'une même catégorie d'acteurs - comme les individus, les groupes ou les États - il y aura toujours une certaine hétérogénéité des préférences. Par exemple, tous les individus n'ont pas les mêmes priorités politiques, toutes les organisations ou groupes ne poursuivent pas les mêmes objectifs, et tous les États n'ont pas les mêmes intérêts nationaux. De plus, même si un acteur a une préférence claire pour un certain résultat, la stratégie qu'il adopte pour atteindre ce résultat peut être influencée par de nombreux autres facteurs, tels que les contraintes ressources, les incertitudes environnementales, et les actions des autres acteurs. Enfin, les préférences des acteurs peuvent évoluer avec le temps, en réponse aux changements dans leur environnement politique et social, aux apprentissages de nouvelles informations, ou à l'évolution de leurs croyances et de leurs valeurs. le régime international des armes nucléaires, incarné par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), fait face à des intérêts divergents entre les différents États. D'un côté, les États-Unis, comme tous les pays détenteurs d'armes nucléaires, ont un intérêt à préserver leur propre arsenal tout en empêchant d'autres États d'en développer. De leur point de vue, cela contribue à la stabilité stratégique et à la dissuasion nucléaire. De l'autre côté, l'Iran, comme d'autres pays non-nucléaires, pourrait voir l'obtention d'armes nucléaires comme un moyen d'accroître sa sécurité, son prestige et son influence régionale. Cependant, l'Iran est signataire du TNP et soutient officiellement la non-prolifération nucléaire. Néanmoins, son programme nucléaire a soulevé de vives inquiétudes sur ses véritables intentions, conduisant à des tensions avec les États-Unis et d'autres pays. Cela montre bien comment différents acteurs peuvent avoir des préférences différentes en fonction de leur position et de leurs intérêts. La théorie des choix rationnels peut aider à comprendre comment ces acteurs naviguent dans ce paysage complexe pour poursuivre leurs objectifs.
  • Les États, en tant qu'acteurs politiques, ont un ensemble complexe d'objectifs qui se reflètent dans diverses politiques publiques. Ils doivent équilibrer les besoins et les désirs de nombreux groupes d'intérêts internes, tout en tenant compte de la pression des acteurs internationaux. Par exemple, en matière de sécurité nationale, un État peut chercher à maximiser sa capacité de défense tout en minimisant les coûts et les risques associés à la militarisation excessive. En matière d'éducation, il peut chercher à maximiser l'accès à l'éducation et à améliorer la qualité de l'enseignement, tout en tenant compte des contraintes budgétaires et des différences régionales. En matière d'immigration, il peut chercher à contrôler ses frontières tout en attirant les travailleurs qualifiés dont son économie a besoin. Ces objectifs peuvent souvent être en conflit, obligeant les États à faire des compromis et à établir des priorités. La théorie des choix rationnels aide à comprendre comment les États prennent ces décisions en supposant qu'ils cherchent à maximiser leur utilité compte tenu de leurs contraintes. D'un autre côté, alors que les entreprises opérant sur le marché peuvent avoir des objectifs plus étroitement définis, comme maximiser les profits ou minimiser les coûts, elles doivent aussi naviguer dans un environnement complexe avec de multiples contraintes et opportunités. Elles doivent équilibrer les demandes des clients, des employés, des actionnaires, des régulateurs et d'autres parties prenantes, tout en tenant compte de la concurrence et des conditions du marché. Dans ce contexte, elles peuvent aussi être modélisées comme faisant des choix rationnels pour maximiser leur utilité. . La supposition, si elle est utilisée judicieusement, peut être un outil précieux dans l'analyse politique. Cependant, il est essentiel de justifier pourquoi une certaine supposition est faite. Par exemple, dans une analyse de la politique économique d'un État, on pourrait supposer que l'État cherche à maximiser le bien-être économique de ses citoyens. Cette supposition pourrait être justifiée en faisant valoir que les États qui ne cherchent pas à maximiser le bien-être économique de leurs citoyens risquent de faire face à l'instabilité et au mécontentement de la population. En outre, il est important de noter que les suppositions doivent être utilisées avec prudence. Elles peuvent simplifier excessivement les comportements complexes et diversifiés des acteurs politiques, et donc conduire à des conclusions erronées. Par conséquent, les suppositions doivent être confrontées à des preuves empiriques et révisées si nécessaire.

Méthode d'observation/induction[modifier | modifier le wikicode]

L'induction, ou l'observation empirique, est une autre méthode précieuse pour déterminer les préférences des acteurs politiques. Cette méthode consiste à observer le comportement des acteurs dans le passé pour déduire leurs préférences. Par exemple, si un État a historiquement mis l'accent sur le développement économique au détriment de la protection de l'environnement, on pourrait induire que cet État valorise le développement économique plus que la protection de l'environnement. Cependant, il est important de noter que l'observation du comportement passé d'un acteur peut ne pas toujours prédire précisément son comportement futur. Les préférences des acteurs peuvent changer en fonction de nouvelles informations, de changements dans l'environnement politique, économique ou social, ou d'autres facteurs. En outre, l'observation du comportement passé peut aussi être biaisée par l'accès à l'information. Par exemple, certaines actions politiques peuvent être menées en secret et donc ne pas être observables.

Il peut être difficile de distinguer les préférences (objectifs finaux) des stratégies (moyens utilisés pour atteindre ces objectifs) lors de l'observation du comportement des acteurs. Il s'agit d'un défi majeur dans l'analyse des politiques. Un comportement particulier peut être le résultat de différentes combinaisons de préférences et de stratégies, et sans une compréhension approfondie du contexte, il peut être difficile de déterminer quelles sont les véritables motivations d'un acteur. Par exemple, si un État augmente son budget militaire, cela peut être interprété comme une préférence pour une posture de défense plus agressive. Cependant, cela pourrait aussi être une stratégie pour négocier des accords de désarmement plus favorables, auquel cas la véritable préférence serait la paix et la stabilité. Il est également possible que le comportement observable soit le résultat de contraintes structurelles ou institutionnelles, plutôt que de préférences ou de stratégies.

L'exemple de la politique de la porte ouverte ("Open Door Policy") aux États-Unis en 1899 met en lumière la complexité de l'identification des préférences et des stratégies. Dans ce cas, l'Open Door Policy peut être vue comme une stratégie adoptée par les États-Unis pour atteindre leur objectif préféré, à savoir le libre-échange. La politique visait à promouvoir l'égalité des opportunités pour les nations commerçant en Chine et à dissuader les autres grandes puissances d'établir leur propre sphère d'influence exclusive en Chine. En d'autres termes, la préférence (l'objectif final) des États-Unis était de maintenir un accès ouvert aux marchés chinois dans un contexte de concurrence internationale. L'Open Door Policy était la stratégie qu'ils ont utilisée pour réaliser cette préférence.

Les données empiriques seules peuvent souvent nous donner une image de ce qui se passe, mais sans contexte supplémentaire ou sans une théorie ou un cadre pour guider notre interprétation, il peut être difficile de distinguer les préférences des stratégies. Prenons un exemple simple : un politicien qui vote pour une certaine mesure législative. Sur la base de ce vote seul, nous pourrions être tentés de dire que le politicien "préfère" cette mesure. Cependant, avec un peu plus de contexte, nous pourrions découvrir que le politicien ne soutient pas vraiment la mesure, mais a voté pour elle dans le cadre d'un accord plus large avec d'autres politiciens, ou pour plaire à certains électeurs. Dans ce cas, le vote est une stratégie, pas une préférence.

Approche déductive[modifier | modifier le wikicode]

La déduction est une méthode couramment utilisée dans la recherche en sciences sociales, y compris en science politique. Dans cette approche, on commence par une théorie ou un ensemble de suppositions, et on en déduit des prévisions ou des hypothèses qui peuvent être testées. Par exemple, dans le cadre du travail de Mancur Olson sur l'action collective, il part de l'hypothèse que les individus agissent de manière rationnelle pour maximiser leur propre intérêt. Sur la base de cette supposition, il déduit que les individus seront moins susceptibles de contribuer à l'approvisionnement en biens collectifs (comme l'action politique organisée) s'ils peuvent bénéficier des efforts des autres sans contribuer eux-mêmes. Cette déduction peut ensuite être testée empiriquement en examinant, par exemple, la participation à divers types d'action collective. Cette approche déductive est souvent utilisée en conjonction avec des méthodes inductives (où les données sont utilisées pour développer de nouvelles théories) dans un processus itératif d'élaboration de théories, de test d'hypothèses, de révision des théories en fonction des résultats, et ainsi de suite.

Les intérêts matériels d'un groupe sont souvent un facteur déterminant dans la façon dont il répond à une politique spécifique. Ces intérêts peuvent inclure des considérations économiques, telles que l'impact de la politique sur les revenus, l'emploi ou la propriété, mais ils peuvent également couvrir d'autres domaines tels que la santé, l'éducation ou l'environnement. La politique est souvent vue comme un processus de négociation entre différents groupes ayant des intérêts matériels différents. Chaque groupe cherchera à influencer la politique de manière à favoriser ses propres intérêts, et le résultat final de la politique sera en grande partie déterminé par la balance du pouvoir entre ces différents groupes. C'est une approche très couramment utilisée en science politique pour comprendre le comportement des acteurs et prédire les résultats des politiques. En identifiant les intérêts matériels des différents groupes concernés par une politique spécifique, on peut souvent prédire comment ils vont réagir et quel sera l'impact de la politique sur eux.

L'exemple suivant est un bon exemple de la manière dont différentes parties prenantes peuvent avoir des préférences différentes en fonction de leurs intérêts matériels. Les consommateurs peuvent soutenir la libéralisation du secteur aérien car elle pourrait conduire à des billets d'avion moins chers, tandis que les employés des compagnies aériennes traditionnelles peuvent s'y opposer car elle pourrait entraîner une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail. La politique est souvent un processus de négociation entre ces différents groupes d'intérêts. En fin de compte, la direction que prend la politique dépend de l'équilibre des pouvoirs entre ces différents groupes, ainsi que d'autres facteurs tels que les valeurs et les idéologies dominantes, l'opinion publique, et le contexte politique et économique plus large. La compréhension de ces dynamiques peut être très utile pour prévoir les résultats politiques et comprendre pourquoi certaines politiques sont mises en œuvre tandis que d'autres ne le sont pas. De plus, cela peut aider à identifier les gagnants et les perdants potentiels de différentes politiques, ce qui peut à son tour informer les débats sur la justice et l'équité dans la politique.

Cette méthode de déduction des préférences à partir d'intérêts matériels offre plusieurs avantages dans l'analyse politique. Tout d'abord, elle permet de systématiser et d'organiser nos réflexions sur les préférences des acteurs. En comprenant comment différents acteurs sont affectés par une politique donnée, nous pouvons formuler des hypothèses raisonnables sur la manière dont ils sont susceptibles de réagir et les positions qu'ils sont susceptibles de prendre. Deuxièmement, en rendant les préférences des acteurs dépendantes de leurs intérêts matériels, cette méthode permet de rendre compte de la manière dont les préférences peuvent changer en réponse à l'évolution des conditions matérielles. Par exemple, si les conditions économiques changent, les acteurs peuvent réévaluer leurs intérêts et modifier leurs préférences en conséquence. Enfin, cette méthode nous permet de faire des prévisions sur le comportement futur des acteurs. En comprenant les préférences des acteurs et les raisons de ces préférences, nous pouvons essayer de prédire comment ils réagiront à de nouvelles politiques ou à des changements dans leur environnement.

Le principe de déduction des préférences à partir des intérêts matériels peut être appliqué à de nombreux domaines politiques, y compris la régulation du marché du travail. Par exemple, en prenant en compte leurs intérêts matériels, on peut supposer que :

  • Les travailleurs sont susceptibles de préférer une régulation plus stricte du marché du travail, qui peut offrir une plus grande sécurité de l'emploi, de meilleurs salaires et des conditions de travail plus favorables.
  • Les employeurs, en revanche, peuvent préférer une régulation moins stricte qui leur permettrait de réduire les coûts, d'augmenter la flexibilité et de se adapter plus rapidement aux changements du marché.
  • Les consommateurs peuvent avoir des préférences mixtes, selon qu'ils privilégient des prix plus bas (ce qui pourrait être facilité par une régulation moins stricte) ou le soutien à de bonnes conditions de travail pour les employés (ce qui pourrait être favorisé par une régulation plus stricte).

Cela dit, ces préférences supposées sont des généralisations et ne tiennent pas compte des nuances individuelles. Par exemple, certains travailleurs peuvent préférer moins de régulation s'ils estiment que cela pourrait créer plus d'opportunités d'emploi, et certains employeurs peuvent préférer une régulation plus stricte si cela signifie moins de concurrence et une plus grande stabilité du marché. Il est donc toujours important de considérer le contexte spécifique et les facteurs individuels lors de l'évaluation des préférences.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

  • Waltz, Kenneth N. Man, the State, and War; a Theoretical Analysis. New York: Columbia UP, 1959.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Lake, David A. "International economic structures and American foreign economic policy, 1887–1934." World Politics 35.4 (1983): 517-543.