Internationalisation des luttes et émergence du terrorisme international

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Le concept de « terrorisme international » est une notion profondément liée à des contextes historiques spécifiques. Employé principalement pour désigner une période allant des années 1960 aux années 1990, il reflète une époque marquée par l'internationalisation des luttes politiques et idéologiques à travers des actions violentes dépassant les frontières nationales. Contrairement à ce que l'on désigne aujourd'hui par le « terrorisme global », qui est souvent associé à des réseaux transnationaux tels qu'Al-Qaïda ou Daech, le « terrorisme international » des décennies précédentes se caractérise par des acteurs, des stratégies et des objectifs bien différents.

Dans ce cadre, cet article se propose d'examiner en profondeur les spécificités du « terrorisme international ». Dans un premier temps, nous chercherons à qualifier cette notion en mettant en lumière ses origines, ses acteurs principaux et les idéologies sous-jacentes qui ont alimenté ces mouvements. Cette analyse permettra de mieux comprendre en quoi le « terrorisme international » se distingue d'autres formes de violence politique, tout en explorant les dynamiques qui ont favorisé son développement.

Dans un second temps, nous aborderons les techniques caractéristiques de ce type de terrorisme, telles que le détournement d’avions, les prises d’otages, les assassinats politiques ou encore les attentats spectaculaires. Nous nous interrogerons sur les liens potentiels entre ces méthodes et les définitions mêmes du terrorisme, en examinant comment ces actions ont été perçues et interprétées par les gouvernements, les médias et les opinions publiques de l’époque.

Enfin, nous replacerons le « terrorisme international » dans un contexte plus large, en analysant comment l'internationalisation des luttes politiques dans la seconde moitié du XXᵉ siècle a contribué à redéfinir les notions de souveraineté, de sécurité et de relations internationales. Ce faisant, nous espérons fournir une perspective claire et nuancée sur un phénomène historique complexe et souvent controversé.

Questions fondamentaled autour du « terrorisme international »[modifier | modifier le wikicode]

Le « terrorisme international » a profondément influencé les débats politiques et stratégiques dans les démocraties occidentales, particulièrement entre les années 1970 et le début des années 2000. Cette période se distingue par l'évolution de l'idéologie marxiste révolutionnaire, qui a nourri des mouvements recourant à des actions violentes revendiquées comme telles. Ces attaques, souvent spectaculaires, ont frappé au cœur des démocraties, démontrant une efficacité stratégique dans la diffusion de leurs messages politiques et idéologiques.

Par ailleurs, le « terrorisme international » a incité les États modernes à développer des réponses institutionnelles et opérationnelles pour gérer ces formes de violence. Cette période a préparé les démocraties occidentales à affronter des défis sécuritaires majeurs, anticipant notamment les dynamiques qui culmineraient avec les attentats du 11 septembre 2001. Ces événements, bien qu'emblématiques d'une nouvelle ère du terrorisme global, s'inscrivent dans une continuité historique où les formes de contrôle et de surveillance administrative avaient déjà commencé à se structurer dès les années 1970.

Cette réflexion soulève une question fondamentale : dans quelle mesure les formes d’action violente des décennies passées ont-elles préfiguré le terrorisme du XXIᵉ siècle ? Trois raisons majeures permettent de comprendre cette continuité :

  1. Une part essentielle de notre histoire politique contemporaine : Le « terrorisme international » s'inscrit dans un contexte historique marqué par des tensions idéologiques mondiales et des conflits géopolitiques, qui continuent d'influencer les perceptions et les réponses au terrorisme aujourd'hui.
  2. Une évolution significative du terrorisme dans les démocraties occidentales : Les actions terroristes de cette période ont conduit à une transformation profonde des politiques de sécurité, avec la mise en place de dispositifs de contrôle accrus et la redéfinition des relations entre libertés individuelles et sécurité collective.
  3. Des formes d’action violente préfigurant le terrorisme du XXIᵉ siècle : Certaines tactiques, telles que les prises d'otages, les détournements d'avions et les attaques symboliques contre des cibles stratégiques, ont servi de modèles aux groupes terroristes modernes, intégrant des dimensions transnationales et médiatiques dans leurs stratégies.

Ce triptyque permet de mieux saisir l'importance du « terrorisme international » dans la construction des réponses contemporaines aux menaces sécuritaires, tout en éclairant les continuités et ruptures entre les dynamiques terroristes du XXᵉ et du XXIᵉ siècle.

Le terrorisme international[modifier | modifier le wikicode]

L'expression « terrorisme international » mérite une analyse approfondie, car elle réunit deux concepts clés : le « terrorisme » et l'« international ». Elle désigne le phénomène par lequel des actions violentes, motivées par des revendications politiques ou idéologiques, dépassent les frontières des États-nations, transformant les espaces internationaux en théâtres d'opérations stratégiques. Cette internationalisation reflète une évolution majeure dans la nature et la portée du terrorisme, posant des défis complexes aux États-nations, dont la responsabilité première est d’assurer la sécurité de leurs citoyens.

Relation entre territoire politique et territoire de l’action violente[modifier | modifier le wikicode]

L’internationalisation du terrorisme repose sur une interaction complexe entre les dimensions politiques du territoire et les opportunités stratégiques offertes par les frontières. Loin de constituer des barrières infranchissables, les frontières deviennent, pour les groupes terroristes, des espaces d’exploitation stratégique. Elles permettent de contourner les systèmes de sécurité rigides d’un État en exploitant les failles ou les disparités entre les juridictions des États voisins.

Ces limites territoriales facilitent ainsi la création de bases arrière où les groupes terroristes peuvent planifier leurs opérations, se réorganiser ou échapper à la répression. L'exemple de l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna) illustre bien ce phénomène : ses membres commettaient des attentats en Espagne tout en se réfugiant dans des zones moins surveillées ou plus permissives en France. Ces refuges transfrontaliers constituaient des sanctuaires stratégiques, difficiles à atteindre pour les forces de sécurité espagnoles, en raison des contraintes légales et des relations internationales.

Dans ce contexte, les frontières jouent un double rôle : elles fragmentent les systèmes de sécurité en créant des discontinuités entre les appareils répressifs des États, mais elles servent également de leviers pour les groupes violents. Ce phénomène est particulièrement marqué dans des régions où les frontières ne sont pas totalement ouvertes, mais où les différences administratives et juridiques entre les États permettent aux acteurs violents de tirer parti des échappatoires.

Les zones frontalières deviennent alors des espaces névralgiques où se croisent les enjeux de souveraineté, de sécurité et de violence politique. Ces territoires « interstitiels » favorisent l’expansion et la pérennité des activités terroristes, renforçant leur caractère transnational. Les dynamiques d'internationalisation du terrorisme révèlent ainsi une tension permanente entre l’idée de souveraineté territoriale et la réalité des flux transfrontaliers.

De manière plus large, cette exploitation stratégique des frontières interroge la capacité des États modernes à protéger leurs citoyens face à des menaces qui ignorent les délimitations géographiques traditionnelles. Elle met également en lumière l'importance croissante de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme. Les mécanismes transnationaux, tels que les accords bilatéraux ou régionaux, ainsi que le partage d'informations, sont devenus des outils essentiels pour contrer l'utilisation des frontières comme ressources stratégiques par les groupes violents.

Terrorisme et Guerre froide[modifier | modifier le wikicode]

Le « terrorisme international » revêt une dimension singulière lorsqu'il est replacé dans le cadre de la Guerre froide, une période où les rivalités idéologiques et géopolitiques entre les blocs de l'Est et de l'Ouest ont façonné l'ordre mondial. La dissuasion nucléaire, tout en empêchant des affrontements directs entre les superpuissances, a redirigé les conflits vers des zones périphériques et des luttes par procuration. Dans ce contexte, le terrorisme est devenu un outil stratégique pour les puissances cherchant à étendre leur influence ou à affaiblir leurs adversaires de manière indirecte.

Le terrorisme international durant la Guerre froide n'était pas une violence isolée ou anarchique, mais une arme instrumentalisée dans le cadre des affrontements idéologiques. Les puissances des deux blocs soutenaient, de manière plus ou moins explicite, des mouvements armés et des groupes terroristes qui servaient leurs intérêts. Par exemple, l'Égypte sous Gamal Abdel Nasser, déçue par les politiques américaines, s'est tournée vers les régimes dissidents et a soutenu activement les mouvements anticolonialistes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ce soutien a permis à des groupes d’acquérir des ressources et un appui logistique, transformant leur lutte en un enjeu géopolitique.

Les zones de tensions périphériques, comme l'Amérique latine, l'Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-Est, sont devenues des théâtres d’affrontements indirects. Les superpuissances y utilisaient le terrorisme comme une stratégie asymétrique pour déstabiliser des régimes alliés à l’autre camp. Ce schéma a multiplié les conflits locaux et régionalisé des luttes initialement nationales, ajoutant une dimension internationale aux mouvements terroristes.

Dans le cadre de cette rivalité mondiale, certains États ont également utilisé le terrorisme pour poursuivre leurs propres agendas stratégiques. Outre les soutiens directs, les puissances locales cherchaient à tirer parti de la polarisation mondiale pour renforcer leur influence régionale. Par exemple, la Libye de Muammar Kadhafi ou la Syrie sous Hafez el-Assad ont souvent soutenu des groupes armés ou terroristes pour contrer des adversaires locaux ou internationaux.

Cette instrumentalisation du terrorisme a contribué à renforcer la perception d’un terrorisme international intégré dans un réseau d’intérêts politiques complexes. Les mouvements terroristes de cette époque étaient rarement autonomes ; ils étaient souvent dépendants d’un soutien financier, matériel ou idéologique venant de puissances extérieures.

Le terrorisme international durant la Guerre froide a laissé un héritage ambigu. D’une part, il a contribué à redéfinir les enjeux de sécurité internationale, obligeant les États à adapter leurs stratégies pour répondre à des menaces transnationales. D’autre part, il a créé des précédents où des groupes violents étaient perçus comme des instruments légitimes de politique étrangère, un modèle qui a trouvé des échos dans les dynamiques terroristes contemporaines.

La période de la Guerre froide illustre comment le terrorisme international peut être à la fois un outil de rivalité géopolitique et une conséquence des tensions idéologiques mondiales. Ce cadre historique montre également que le terrorisme, bien qu’associé à des mouvements subversifs, est souvent le produit d’interactions complexes entre des acteurs étatiques et non étatiques à des fins stratégiques.

Trois types de mouvements sous le label de « terrorisme international »[modifier | modifier le wikicode]

L'expression « terrorisme international » englobe une diversité de mouvements qui, bien que regroupés sous un même terme, présentent des motivations, des méthodes et des contextes profondément variés. Ces mouvements incarnent les multiples facettes du terrorisme transnational, chacun influencé par des dynamiques politiques, sociales et idéologiques spécifiques. On peut les regrouper en trois grandes catégories :

Les groupuscules palestiniens[modifier | modifier le wikicode]

Les mouvements palestiniens trouvent leurs origines dans la création de l’État d’Israël en 1948, un événement qui a déclenché une série de conflits régionaux et redéfini les dynamiques géopolitiques du Moyen-Orient. Les premières guerres israélo-arabes, notamment celle de 1948-1949, ont marqué le début de la lutte palestinienne pour la reconnaissance de leurs droits nationaux et territoriaux. La question palestinienne s’est rapidement imposée comme un symbole majeur de résistance armée et de lutte anti-coloniale.

La fondation du Mouvement de Libération Nationale Palestinien (MLNP) par Yasser Arafat en 1956, suivi de la création de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) en 1964, a structuré cette résistance. Ces organisations ont adopté une stratégie combinant des revendications territoriales et des actions militantes pour attirer l’attention de la communauté internationale. L’OLP a joué un rôle central dans l’unification des factions palestiniennes et dans la diffusion de leur cause sur la scène mondiale.

Les groupuscules palestiniens, tels que Septembre Noir, se sont distingués par leurs actions spectaculaires visant à médiatiser leur lutte et à exercer une pression sur les gouvernements étrangers. Ces opérations incluaient des détournements d’avions, des prises d’otages et des attentats, souvent orchestrés en dehors du territoire israélo-palestinien. L’un des événements les plus marquants reste la prise d’otages et le massacre des athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de Munich en 1972, revendiqué par Septembre Noir. Ces actions avaient pour objectif de transcender le conflit local et de le placer au centre de l’attention internationale.

Ces opérations combinaient une revendication territoriale forte – le droit des Palestiniens à un État – avec une opposition idéologique à l’impérialisme occidental et à ce qu’ils percevaient comme un soutien inconditionnel à Israël. Les actions transnationales des groupes palestiniens reflétaient également une volonté stratégique : en internationalisant leur lutte, ils cherchaient à rallier un soutien international, à obtenir une reconnaissance politique et à contraindre les États à s’engager dans des négociations.

Les mouvements palestiniens illustrent une tension constante entre des objectifs territoriaux clairs – récupérer les terres perdues en 1948 – et une stratégie transnationale visant à mobiliser l’opinion publique mondiale. En ciblant des symboles de pouvoir et en utilisant les espaces internationaux comme théâtres de leurs actions, ces groupes ont redéfini la manière dont un conflit local pouvait avoir des répercussions globales. Cette stratégie a inspiré d'autres mouvements révolutionnaires et terroristes à travers le monde, qui ont adopté des tactiques similaires pour attirer l’attention sur leurs causes.

Les actions des groupuscules palestiniens ont profondément marqué l’évolution du terrorisme international. Elles ont non seulement mis en lumière les dynamiques complexes du conflit israélo-palestinien, mais elles ont également contribué à façonner les perceptions mondiales du terrorisme comme un outil de lutte politique. En créant un précédent pour l’internationalisation des revendications nationales, ces groupes ont influencé la manière dont les conflits politiques et territoriaux sont perçus et gérés sur la scène internationale.

La Rote Armee Fraktion (RAF)[modifier | modifier le wikicode]

La Rote Armee Fraktion (RAF), souvent appelée « Bande à Baader », émerge en République Fédérale d’Allemagne (RFA) au début des années 1970, dans un contexte marqué par des bouleversements sociaux, économiques et politiques. Ce groupe symbolise un terrorisme idéologique ancré dans une critique radicale du capitalisme, de l'impérialisme occidental et des institutions démocratiques, qu'il perçoit comme les instruments d’une bourgeoisie oppressante.

La formation de la RAF s’inscrit dans une période de contestation sociale intense. Les mouvements étudiants de 1968, influencés par des théories marxistes et révolutionnaires, avaient déjà ébranlé les fondements des démocraties occidentales, y compris en Allemagne. Ces mouvements dénonçaient l'autoritarisme latent, les inégalités croissantes et le rôle perçu des États occidentaux dans l’exploitation des pays du Sud. La RAF est née de la radicalisation de certains activistes issus de ces cercles universitaires et intellectuels, notamment Andreas Baader, Ulrike Meinhof, Gudrun Ensslin et Horst Mahler.

La crise de l’État-providence et les interrogations sur l’efficacité des démocraties capitalistes face aux défis sociaux et économiques ont également nourri le terreau idéologique de la RAF. Inspirée par les luttes révolutionnaires dans le tiers-monde et les théories de la lutte armée, la RAF a adopté une approche violente pour tenter de déclencher une révolution populaire en Allemagne.

La stratégie de la RAF reposait sur des attaques spectaculaires et symboliques visant à exposer ce qu’elle considérait comme les contradictions du capitalisme. Leurs cibles incluaient :

  • Des institutions financières, telles que les banques, symboles du pouvoir économique et de l’exploitation capitaliste.
  • Des infrastructures économiques, pour perturber le fonctionnement du système et attirer l'attention sur leurs revendications.
  • Des personnalités politiques ou militaires, perçues comme les garants du statu quo bourgeois et impérialiste.

Parmi leurs actions les plus notables figurent l’enlèvement et l’assassinat de Hanns Martin Schleyer, un influent dirigeant industriel, en 1977, ainsi que des attentats contre des installations militaires américaines en Allemagne. Ces opérations, conçues pour générer un impact médiatique et politique, visaient à inspirer une prise de conscience révolutionnaire chez la population.

Malgré leur rhétorique révolutionnaire, le recours systématique de la RAF à une violence extrême, incluant des assassinats et des attaques aveugles, a rapidement suscité un rejet croissant, même parmi leurs sympathisants idéologiques de gauche. La perte de soutien public et le renforcement de la répression étatique, avec la mise en place d’unités spécialisées et des lois anti-terroristes, ont conduit à l’affaiblissement progressif du groupe.

Leur idéologie révolutionnaire, bien qu’influencée par des courants marxistes et tiers-mondistes, est apparue de plus en plus déconnectée des préoccupations réelles de la société allemande, qui privilégiait des réformes pacifiques plutôt qu’une révolution violente. Ce décalage, combiné à l’intensification des arrestations de ses membres clés, a entraîné la fragmentation et le déclin de la RAF dans les années 1980.

La RAF reste une figure emblématique du terrorisme idéologique en Europe, incarnant à la fois les espoirs révolutionnaires et les dérives violentes de cette époque. Leur histoire soulève des questions importantes sur les limites de la violence politique comme moyen de transformation sociale, ainsi que sur la réponse des États démocratiques face aux menaces intérieures.

Les Brigades Rouges (Brigate Rosse)[modifier | modifier le wikicode]

Les Brigades Rouges (Brigate Rosse) émergent en Italie à la fin des années 1960 comme un mouvement révolutionnaire ouvriériste profondément enraciné dans une critique marxiste-léniniste du capitalisme. Ce groupe aspire à renverser les structures économiques et politiques perçues comme oppressives pour instaurer un ordre socialiste radical. Leurs actions s’inscrivent dans un contexte marqué par des tensions sociales croissantes, une polarisation idéologique et une instabilité politique, souvent appelée les « années de plomb ».

L’Italie des années 1970 est marquée par des luttes ouvrières, une inflation galopante et une méfiance généralisée envers les institutions, exacerbée par des scandales politiques et une perception d’injustice sociale. Les Brigades Rouges apparaissent dans ce climat comme une tentative de radicaliser les mouvements ouvriers et de transformer les revendications sociales en un combat révolutionnaire armé. Leur fondation est attribuée à des intellectuels et des militants issus des mouvements étudiants et syndicaux, notamment Renato Curcio et Margherita Cagol.

Les Brigades Rouges se caractérisent par leur recours systématique à la violence pour atteindre leurs objectifs. Leur stratégie repose sur l'intensification des tensions sociales afin de précipiter une confrontation révolutionnaire. Parmi leurs actions les plus marquantes :

  1. Enlèvements et assassinats ciblés L’enlèvement et l’assassinat du président du Conseil italien, Aldo Moro, en 1978, restent l’une de leurs opérations les plus emblématiques. Aldo Moro, partisan d’un compromis historique entre les Démocrates chrétiens et le Parti communiste italien, incarnait pour les Brigades Rouges un danger pour leur vision révolutionnaire en apaisant les tensions sociales qu’ils cherchaient à exacerber.
  2. Attaques contre des entreprises et des institutions publiques Les Brigades Rouges visaient les grandes entreprises, les institutions financières et les administrations publiques, symboles de l’oppression capitaliste. Ces attaques incluaient des sabotages, des braquages et des attentats visant à perturber l’ordre établi.
  3. Propagande armée Le groupe utilisait ses actions comme un outil de propagande pour diffuser son idéologie et recruter de nouveaux membres. Les communiqués accompagnant leurs attaques mettaient en avant une rhétorique révolutionnaire, cherchant à justifier leurs actes comme un moyen légitime de lutte contre une société injuste.

Malgré leur ambition de fédérer la classe ouvrière, les Brigades Rouges ont rapidement été isolées, même au sein des mouvements de gauche. Leur recours à une violence extrême, souvent contre des figures modérées ou des symboles largement respectés, a aliéné une grande partie de leur base potentielle. La société italienne, loin de se radicaliser, a largement rejeté leur stratégie, préférant des réformes politiques et sociales pacifiques.

L’intensification de la répression étatique, la création de forces spéciales dédiées à la lutte contre le terrorisme, et la collaboration de certains membres capturés avec les autorités ont affaibli le groupe. Les années 1980 marquent leur déclin, avec des arrestations massives, des divisions internes et une perte de pertinence politique.

Les Brigades Rouges incarnent une tentative radicale de transformer une lutte sociale en une révolution violente. Leur histoire met en lumière les dangers et les limites de l’extrémisme idéologique, ainsi que les coûts humains et politiques d’une telle approche. Leur échec souligne également la résilience des institutions démocratiques face aux défis posés par le terrorisme intérieur.

Une diversité sous une même bannière[modifier | modifier le wikicode]

Bien que ces mouvements soient souvent regroupés sous le terme générique de « terrorisme international », il est crucial de reconnaître la diversité qui les caractérise. Ils varient non seulement dans leurs objectifs mais aussi dans leurs cibles, leurs méthodes et leurs idéologies sous-jacentes. Par exemple, les groupuscules palestiniens s’inscrivent avant tout dans une lutte nationale et géopolitique, visant à récupérer un territoire et à défendre une identité nationale face à l’occupation israélienne. Leur objectif est ainsi directement lié à des questions de souveraineté territoriale et de droits nationaux.

En revanche, des groupes comme la Rote Armee Fraktion (RAF) ou les Brigades Rouges se distinguent par leur motivation idéologique. Ces organisations incarnent une résistance contre les structures capitalistes et démocratiques occidentales, prônant la révolution sociale et la transformation radicale de la société par des moyens violents. Leur opposition ne se limite pas à un seul conflit géopolitique, mais touche au cœur même du système économique et politique des sociétés dans lesquelles ils opèrent.

Ces différences fondamentales illustrent la complexité du phénomène du « terrorisme international », qui ne peut se réduire à un seul modèle. Les divers mouvements classés sous cette appellation partagent certaines caractéristiques, telles que l’utilisation de la violence pour atteindre des objectifs politiques, mais ils sont marqués par des dynamiques politiques, sociales et historiques profondément distinctes. Leurs actions sont le produit de contextes locaux spécifiques, mais aussi d'influences globales, qu’elles soient idéologiques, géopolitiques ou socio-économiques.

Ainsi, l’étude de ces groupes permet de comprendre la diversité des motivations derrière le recours à la violence. Tandis que certains se battent pour un territoire et une indépendance nationale, d’autres cherchent à renverser un système global qu'ils jugent injuste. Ces divergences rendent le phénomène du « terrorisme international » difficile à cerner sous un même prisme, car il touche à des réalités et à des conflits multiples qui, bien que parfois interconnectés, obéissent à des logiques différentes.

L'impact de ces groupes sur les relations internationales est également complexe. Les attaques terroristes menées par ces groupes ont souvent des répercussions bien au-delà des frontières nationales, modifiant les relations diplomatiques, influençant les politiques de sécurité internationales, et redéfinissant les approches de la guerre asymétrique. Leurs actions incitent à repenser les stratégies de gestion des conflits, mais aussi à développer des réponses légales et militaires face à des menaces qui transcendent les frontières traditionnelles des États.

L’examen des multiples facettes de ces mouvements est essentiel pour comprendre l’ampleur du phénomène et ses implications profondes sur la sécurité mondiale, les politiques internationales et les dynamiques internes de chaque pays affecté. En fin de compte, le terrorisme international ne peut être compris sans prendre en compte cette diversité, qui façonne l’évolution des stratégies de lutte et des réponses globales à cette menace.

Une notion à nuancer[modifier | modifier le wikicode]

Il est essentiel de souligner que le terme de « terrorisme international » ne désigne pas un phénomène uniforme, mais plutôt un ensemble hétérogène de mouvements et de groupes aux objectifs, stratégies et idéologies divers. Alors que certains groupes adoptent la violence pour défendre une cause nationale et territoriale, d'autres l'utilisent comme un moyen de dénoncer des systèmes économiques ou politiques qu'ils jugent injustes. Cette diversité, qui transcende les frontières géographiques et idéologiques, empêche une définition simpliste ou unique du « terrorisme international ».

Cependant, malgré cette diversité, l’usage de ce terme commun permet de mettre en lumière l'impact global de ces mouvements, qui ne se limitent pas aux frontières nationales. En dépassant les limites territoriales des États, ces groupes influencent les dynamiques géopolitiques et redéfinissent les enjeux de sécurité internationale. Le « terrorisme international » devient ainsi un phénomène transnational qui s'inscrit dans un cadre de conflits mondiaux, où les actions violentes d’un groupe peuvent avoir des répercussions bien au-delà de son contexte local.

Cette diversité rend l’étude du « terrorisme international » particulièrement complexe, mais aussi d’autant plus essentielle. En effet, une approche généralisée ne permettrait pas de saisir les spécificités de chaque mouvement, ni de comprendre pleinement les facteurs qui sous-tendent leur recours à la violence. Une analyse plus fine permet de mieux appréhender les motivations profondes de ces groupes, qu’elles soient idéologiques, politiques ou stratégiques.

L’impact de ces mouvements sur les relations internationales et sur les réponses des États est aussi multiforme. Les gouvernements, confrontés à des menaces transnationales, doivent adapter leurs stratégies en fonction de la nature des groupes terroristes, de leurs modes d’action et de leurs réseaux de soutien. Cette complexité oblige les États à repenser non seulement leurs politiques internes de sécurité, mais aussi leur coopération internationale pour lutter efficacement contre cette menace.

Pour comprendre les répercussions du « terrorisme international », il est nécessaire de l’aborder sous plusieurs angles. Cela inclut une analyse des réseaux transnationaux, des flux d’informations et de ressources, des stratégies de recrutement, et des alliances qui se forment parfois entre des groupes idéologiquement divergents mais unis par des objectifs communs, comme la résistance à un ennemi perçu comme impérialiste.

Cela implique également de prendre en compte les réponses des différents États et organisations internationales, qui varient en fonction de leurs intérêts politiques et de la manière dont ils perçoivent la menace. De l'intensification de la répression à la mise en place de mécanismes de prévention, ces réponses doivent être modulées en fonction des caractéristiques propres à chaque forme de terrorisme, de ses origines et de ses objectifs.

Les trois mouvements du terrorisme international[modifier | modifier le wikicode]

Les groupuscules palestiniens[modifier | modifier le wikicode]

Le conflit israélo-palestinien a donné naissance à une série de mouvements qui, au fil des décennies, ont contribué à la radicalisation et à la dissidence au sein de la population palestinienne. Face à l’occupation israélienne, ces groupes ont cherché à se constituer une légitimité, construisant un discours qui justifie leur lutte tout en s’opposant à un ennemi perçu comme intransigeant et impérialiste. Le besoin de se faire entendre sur la scène internationale et de garantir l’existence d’une cause commune a fait émerger plusieurs nébuleuses politiques, chacune avec ses propres objectifs et stratégies.

Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP)[modifier | modifier le wikicode]

eorges Habache, s'inscrivant dans une perspective marxiste-léniniste et anticolonialiste. Ce mouvement révolutionnaire se distingue par son opposition idéologique radicale à l'État d'Israël, qu'il considère comme un « État impérial », c'est-à-dire un instrument de domination des puissances occidentales au Moyen-Orient. Pour le FPLP, Israël est perçu non seulement comme une entité occupante, mais aussi comme une composante clé de l'impérialisme global, au service des intérêts des grandes puissances coloniales et néocoloniales.

La naissance du FPLP survient dans un contexte historique précis, celui de la montée des tensions au sein du monde arabe et de la guerre des Six Jours en 1967, au cours de laquelle Israël a étendu son contrôle sur de vastes territoires palestiniens, exacerbant ainsi le sentiment d'humiliation et de perte au sein de la population palestinienne. Cette guerre marque un tournant, provoquant un renouveau de l’action politique et armée au sein des mouvements palestiniens. Le FPLP se distingue dans ce contexte par son analyse marxiste et sa vision révolutionnaire, prônant la destruction de l'État israélien comme étape nécessaire à la libération du peuple palestinien et à l’établissement d’un État palestinien souverain.

Le FPLP s’appuie sur une idéologie qui combine le nationalisme palestinien avec des principes marxistes, cherchant à redéfinir la lutte pour l’indépendance palestinienne à travers un prisme socialiste et anti-impérialiste. Selon cette vision, la lutte contre Israël ne se limite pas à un simple affrontement territorial, mais doit également inclure une opposition à l'impérialisme global et aux structures de pouvoir dominantes dans le monde arabe.

Dès sa création, le FPLP adopte une stratégie de confrontation violente. Le groupe mène une série d'actions spectaculaires pour faire connaître sa cause à l’échelle internationale et galvaniser le soutien des Palestiniens et des populations arabes. Cette stratégie inclut des détournements d'avions, des prises d’otages et des attentats, visant à perturber l’ordre mondial et à attirer l'attention sur la situation des Palestiniens. L’une de leurs actions les plus emblématiques a été le détournement de plusieurs avions en 1970, dont celui du vol de la compagnie aérienne belge Sabena. Ces actes de violence étaient conçus pour envoyer un message fort, à savoir que la lutte palestinienne ne pouvait être ignorée, même par les puissances internationales.

Le FPLP mise également sur une mobilisation large, non seulement parmi les Palestiniens, mais aussi au sein des populations arabes et des groupes de solidarité à travers le monde. Le groupe cherche à obtenir le soutien de l'URSS et des autres pays socialistes, qui voient en lui un allié dans la lutte contre le bloc occidental et l’impérialisme américain. Cette internationalisation de la cause palestinienne est essentielle à la stratégie du FPLP, car elle vise à inscrire le combat palestinien dans un cadre géopolitique plus large, celui des luttes révolutionnaires contre l’impérialisme.

Au fil des années, le FPLP devient de plus en plus radicalisé, notamment après plusieurs défaites militaires et la difficulté croissante à obtenir des gains politiques. Les scissions internes et la concurrence entre les différents groupes palestiniens compliquent également la situation. Par exemple, la faction du Fatah, qui représente une approche plus modérée de la lutte, entre en conflit avec le FPLP, qui adopte une ligne plus dure.

Ces dissensions ont eu des répercussions sur l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), où la lutte pour le leadership entre le FPLP et d'autres factions a exacerbée les divisions. Le FPLP, malgré sa popularité parmi certains segments de la population palestinienne et dans les pays voisins, n'a jamais réussi à unifier totalement la résistance palestinienne autour de sa ligne idéologique.

Le FPLP reste une organisation influente dans l’histoire du nationalisme palestinien, incarnant une forme de résistance radicale et une opposition frontale à l’État israélien. Bien que ses actions aient été largement rejetées par la communauté internationale pour leur recours à la violence, le FPLP a joué un rôle majeur dans la politisation et la radicalisation de la cause palestinienne dans les années 1970 et 1980. L’organisation continue d’exister aujourd’hui, bien que son influence ait diminué avec l’évolution du contexte géopolitique et l'émergence de nouvelles formes de résistance et de diplomatie dans le monde arabe.

Yasser Arafat et l’évolution de l'OLP[modifier | modifier le wikicode]

En 1964, l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) est fondée avec pour objectif de fédérer les différents mouvements palestiniens sous une seule bannière. Cette organisation a été conçue pour représenter le peuple palestinien sur la scène internationale et coordonner les efforts de lutte contre l’occupation israélienne. L’OLP ambitionnait de se constituer comme un acteur unifié, capable de conduire la résistance palestinienne et d’agir en tant qu’interlocuteur auprès de la communauté internationale.

Yasser Arafat, fondateur du Fatah en 1959, rejoint l’OLP en 1968. Cette intégration marque un tournant majeur pour l’organisation et pour Arafat lui-même, qui devient rapidement l'une des figures les plus influentes du mouvement palestinien. Le Fatah, initialement une organisation séparée, se distingue par son pragmatisme et sa volonté de mener une lutte armée contre Israël tout en tentant de légitimer la cause palestinienne sur la scène diplomatique internationale. Grâce à l'intégration du Fatah, l'OLP parvient à se structurer en une organisation de plus en plus reconnue et présente sur le plan politique, notamment après l’adhésion d’Arafat, qui en devient le leader incontesté.

Le défi principal pour Arafat et l'OLP est de surmonter les divisions internes au sein du mouvement palestinien. Si l’idée d’unité fait sens sur le plan stratégique et symbolique, la réalité est bien plus complexe. En dépit de la volonté d'Arafat de regrouper les Palestiniens sous une seule direction, les divergences idéologiques et stratégiques entre les différentes factions, telles que le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine) et le Fatah, rendent difficile l’unification du mouvement. Le FPLP, par exemple, adopte une ligne plus radicale et marxiste-léniniste, tandis que le Fatah, sous la direction de Arafat, met l’accent sur la nécessité d’une résistance armée tout en cherchant à maintenir une relation diplomatique avec les pays arabes et d’autres acteurs internationaux.

Ces scissions internes alimentent une rivalité politique et militaire qui perdure pendant plusieurs décennies, mettant en lumière les tensions entre les approches révolutionnaires et diplomatiques au sein de l’OLP. Bien que l’OLP parvienne à s'imposer comme le représentant principal du peuple palestinien sur la scène mondiale, ces divisions rendent difficile une coordination complète et une action unifiée contre Israël.

Yasser Arafat, tout en étant reconnu comme un grand homme politique par de nombreux observateurs et leaders internationaux, est également vu par certains de ses compatriotes comme un traître. Les critiques à son égard proviennent principalement des factions plus radicales, comme le FPLP, qui l’accusent de compromis avec l’Occident et d'avoir abandonné l’objectif d'une lutte armée sans conditions préalables au profit de la diplomatie. Son discours évolue au fil du temps, et il se positionne progressivement comme un défenseur de la reconnaissance internationale de la cause palestinienne.

En 1974, Arafat prononce un discours marquant à l’Assemblée générale de l’ONU, où il déclare qu’il venait « en tant que porteur d’un message de paix, et non comme un porteur de guerre ». Ce discours fait de lui une figure respectée sur la scène internationale, mais il suscite également une forte opposition au sein des factions plus radicales, qui voient dans cette ouverture diplomatique un abandon de la lutte armée et des principes révolutionnaires. Cette opposition ne fait qu’intensifier les scissions internes, et Arafat se retrouve souvent confronté à des critiques venant de toutes parts.

Sous la direction de Arafat, l’OLP adopte une stratégie duale qui consiste à mener une résistance armée contre Israël tout en cherchant à obtenir une reconnaissance diplomatique internationale. Cette dualité est illustrée par des actions spectaculaires, comme le détournement d’avions et la prise d’otages, qui visent à attirer l’attention internationale et à faire pression sur Israël. Simultanément, Arafat œuvre pour la reconnaissance de l’OLP comme le représentant légitime des Palestiniens. Ses efforts diplomatiques culminent en 1974 avec la reconnaissance par l’ONU de l’OLP comme le représentant légitime du peuple palestinien, un moment clé dans l'histoire du mouvement palestinien.

Arafat demeure une figure complexe dans l’histoire du nationalisme palestinien. Il est perçu à la fois comme un dirigeant charismatique, capable de mobiliser des masses et de maintenir une certaine cohésion au sein du mouvement palestinien, et comme un personnage controversé, accusé par certains de ne pas avoir su capitaliser sur la lutte armée pour parvenir à la création d'un État palestinien. En fin de compte, la trajectoire de Arafat et de l’OLP reflète les dilemmes du mouvement palestinien : entre une révolution armée pour l’indépendance et une recherche de reconnaissance diplomatique sur la scène internationale.

Septembre Noir et la radicalisation de la lutte[modifier | modifier le wikicode]

En 1970, le Fatah, sous la direction de Yasser Arafat, assiste à la création du groupe Septembre Noir, constitué de membres du Fatah eux-mêmes. Ce groupe est formé en réponse à une situation politique et militaire complexe, et son objectif est de mener une lutte armée plus radicale contre Israël. Le nom Septembre Noir fait référence aux événements de Septembre 1970, lorsque les tensions entre le gouvernement jordanien et les Palestiniens ont éclaté, entraînant un conflit brutal qui a conduit à l’expulsion de l’OLP du territoire jordanien. Cette situation crée un contexte où une faction du Fatah choisit de s'engager dans des actions violentes visant à redynamiser la lutte armée et à obtenir l'attention internationale.

La création de Septembre Noir s’inscrit dans un contexte de répression sévère en Jordanie, où l'armée jordanienne, sous le roi Hussein, cherche à éliminer les bases palestiniennes après plusieurs années de tensions croissantes avec l'OLP. En 1970, ces tensions aboutissent à ce qu’on appelle le Septembre noir en Jordanie, un mois de violents affrontements entre les forces jordaniennes et les combattants palestiniens, notamment ceux du Fatah, qui avaient établi des bases et une influence politique considérable dans le pays. Le roi Hussein, ne pouvant tolérer un pouvoir palestinien rival, décide d’éliminer les bases de l'OLP, ce qui conduit à des massacres et à l'expulsion de milliers de réfugiés palestiniens vers le Liban et d'autres pays voisins.

En réponse à cette répression, une fraction radicale du Fatah forme Septembre Noir, déterminée à intensifier la lutte contre Israël et à venger l’humiliation infligée aux Palestiniens par le gouvernement jordanien. Ce groupe adopte une approche plus violente et moins mesurée que le Fatah traditionnel, visant à organiser des actions spectaculaires qui attirent l'attention internationale et renforcent la légitimité du mouvement palestinien.

Septembre Noir devient rapidement responsable de plusieurs attaques violentes, dont des détournements d'avions, des assassinats et des prises d'otages. L'une de leurs actions les plus notables est l’attaque du village olympique lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972, où les membres du groupe prennent en otage et tuent 11 athlètes israéliens. Ce massacre spectaculaire vise non seulement à faire connaître la cause palestinienne à l'échelle mondiale, mais aussi à provoquer une réponse violente et symbolique contre un Israël perçu comme oppresseur.

L’attaque de Munich en particulier est un moment charnière dans l’histoire du terrorisme international, car elle marque l’une des premières actions où le terrorisme palestinien est projeté sur la scène mondiale de manière aussi violente et médiatisée. L’image du mouvement palestinien devient de plus en plus associée à la violence extrême, avec des répercussions à la fois diplomatiques et politiques. Septembre Noir, en multipliant les actes spectaculaires, cherche à forcer le monde à prendre conscience de la cause palestinienne, mais à quel prix pour l’image de la résistance palestinienne ?

Cependant, cette escalade de la violence a un coût considérable, tant sur le plan diplomatique que politique. Pour Arafat et l'OLP, la radicalisation des factions palestiniennes représente un dilemme majeur. Tandis que Septembre Noir cherche à renforcer l’influence du mouvement palestinien par des actions spectaculaires, Arafat et l’OLP se retrouvent dans une position difficile, car leurs actions nuisent à leur tentative de reconnaissance internationale. Si, d’un côté, ces attaques apportent une visibilité au conflit palestinien, de l’autre, elles exacerbent l’isolement diplomatique de l'OLP, qui cherche à se présenter comme un interlocuteur légitime pour la paix et l'indépendance.

De plus, cette montée de la violence intérieure, combinée aux pressions croissantes des autres factions palestiniennes pour intensifier la lutte armée, met Arafat dans une situation délicate. Il doit jongler entre la gestion des rivalités internes au sein de l’OLP, qui compte des groupes modérés et radicaux, et ses efforts pour maintenir une position diplomatique qui pourrait permettre aux Palestiniens d'obtenir un soutien international. Cette tension entre violence et diplomatie devient un élément central de la direction d’Arafat, qui sera constamment critiqué par certains pour avoir abandonné la lutte armée pure et dure, tout en étant vu par d'autres comme un symbole de la résistance palestinienne à la fois pragmatique et déterminé.

Septembre Noir marque donc un tournant dans la lutte palestinienne. D'une part, il reflète la radicalisation croissante du mouvement palestinien et la volonté de faire entendre sa cause par la violence si nécessaire. D’autre part, cette radicalisation complique la position d’Arafat et de l'OLP sur la scène internationale, car elle conduit à des scissions internes et à une plus grande difficulté à obtenir une reconnaissance internationale. Septembre Noir disparaît en 1972, mais ses actions laissent un héritage durable de violence qui, pendant longtemps, marquera l’image du mouvement palestinien.

Une "nébuleuse palestinienne"[modifier | modifier le wikicode]

À partir des années 1970, la lutte palestinienne se transforme en un ensemble de mouvements de plus en plus fragmentés et internes, donnant naissance à ce que l’on peut appeler une véritable "nébuleuse palestinienne". Cette fragmentation découle des multiples scissions au sein de l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine) et des tensions croissantes entre les différentes factions, telles que le Fatah, le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine) et d'autres groupes radicaux. Ces divergences idéologiques, stratégiques et tactiques créent un environnement politique complexe, où les alliances sont souvent temporaires et motivées par des considérations d’opportunité, et non par une véritable convergence de vues.

L’idéologie du FPLP, résolument marxiste-léniniste, entre en compétition directe avec les positions plus pragmatiques de Fatah, qui cherche une approche plus mesurée pour atteindre ses objectifs politiques. Le FPLP, par exemple, insiste sur la nécessité de renverser l’ordre capitaliste mondial et de soutenir des luttes anticolonialistes à l’échelle globale. Il perçoit la lutte palestinienne comme faisant partie d'une révolution plus large contre l'impérialisme et l'exploitation des peuples opprimés.

En revanche, le Fatah, sous la direction de Yasser Arafat, reste attaché à une vision plus soucieuse de l’efficacité politique et de la reconnaissance diplomatique, cherchant à concilier la résistance armée et des efforts diplomatiques pour obtenir un soutien international. Ces divergences ne se limitent pas seulement à la question idéologique, mais se manifestent aussi par des différences de stratégie concernant l’usage de la violence et la quête de légitimité internationale.

Les scissions internes de l'OLP, alimentées par ces tensions idéologiques et stratégiques, empêchent l'émergence d'une direction unifiée capable de porter un message clair et cohérent. Certaines factions, comme le Fatah, prônent une approche plus centralisée, tandis que d'autres, telles que le FPLP et Septembre Noir, adoptent des tactiques plus radicales et décentralisées, basées sur l’action violente et l’escalade du conflit. Cette rivalité entre factions a exacerbé les divisions internes et a conduit à des conflits ouverts à plusieurs reprises.

La compétition pour le leadership au sein de l'OLP s'intensifie également avec l’apparition de nouvelles factions comme le Conseil révolutionnaire du Fatah ou encore le Parti de la Libération de la Palestine (PLP), créant ainsi une fragmentation constante de l’OLP. Ces luttes de pouvoir, souvent exacerbées par des divergences sur la manière de mener la lutte contre Israël, génèrent un climat de méfiance et d’instabilité au sein du mouvement palestinien.

La nébuleuse palestinienne se caractérise également par des alliances opportunistes entre des factions aux objectifs et aux stratégies divergentes. Parfois, ces mouvements rivaux se retrouvent à collaborer sur des actions spécifiques ou à soutenir des initiatives diplomatiques communes, mais sans réelle cohésion ou vision partagée à long terme. Ces alliances circonstancielles témoignent de la nécessité pour ces groupes de faire front commun face à un ennemi commun, mais elles sont souvent fragiles et se dissolvent lorsque les intérêts spécifiques de chaque faction prennent le dessus.

Malgré cette fragmentation, l’OLP réussit à s’imposer comme l’acteur central du mouvement palestinien. Sous la direction de Yasser Arafat, l’OLP parvient à se faire reconnaître comme le représentant légitime des Palestiniens sur la scène internationale, notamment après la reconnaissance de son statut d'observateur à l'ONU en 1974. Toutefois, cette position centrale est constamment mise à l'épreuve par la radicalisation interne et les tensions entre ses diverses factions. Arafat, tout en cherchant à maintenir une certaine unité, doit jongler entre des forces internes qui poussent pour des actions violentes et d’autres qui préconisent des solutions diplomatiques.

L’ascension de cette "nébuleuse palestinienne" marque un tournant dans le processus de lutte pour l’autodétermination des Palestiniens, qui devient de plus en plus marqué par des contradictions internes. À l'intérieur de la société palestinienne, ces divisions alimentent des conflits internes qui affaiblissent la cohésion du mouvement. Sur la scène internationale, la division du mouvement palestinien rend difficile l’élaboration d’une stratégie unifiée, ce qui nuit à l'efficacité des efforts diplomatiques pour obtenir une reconnaissance internationale et un soutien substantiel pour la cause palestinienne.

La fragmentation du mouvement palestinien et la concurrence entre ses différentes factions ont profondément marqué l’évolution de la lutte pour l’indépendance palestinienne, transformant celle-ci en un processus politique, à la fois interne à la société palestinienne et externe, sur la scène mondiale, où les divisions et les rivalités stratégiques ont compliqué les efforts pour obtenir un État palestinien unifié.

La Rote Armee Fraktion[modifier | modifier le wikicode]

Rote Armee Fraktion RAF, Baader-Meinhof-Bande.

La Rote Armee Fraktion (RAF), également connue sous le nom de la Bande à Baader, émerge dans un contexte sociopolitique très différent de celui des mouvements palestiniens. Tandis que les luttes palestiniennes sont centrées sur le conflit israélo-palestinien et la lutte pour un État national, la RAF et des groupes similaires en Europe, comme les Brigades Rouges en Italie, naissent dans des sociétés industrielles fortement marquées par les contradictions internes issues de leur passé historique. L’Allemagne et l’Italie, deux grandes puissances industrielles, sont enchevêtrées dans des tensions politiques, économiques et culturelles qui trouvent leurs racines dans les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale.

Un contexte historique de blocage sociétal[modifier | modifier le wikicode]

La génération qui émerge après la Seconde Guerre mondiale porte en elle une crise d’identité profonde, héritée des traumatismes collectifs liés au passé nazi en Allemagne et fasciste en Italie. De nombreuses élites politiques et économiques de ces pays proviennent directement des régimes qui ont orchestré ou collaboré avec les régimes fascistes et nazis. Après la guerre, ces sociétés se retrouvent dans une situation complexe, où les responsables de la guerre et de la persécution des minorités sont souvent intégrés dans les structures politiques de l’après-guerre, soit par opportunisme, soit par manque de volonté politique d'engager une véritable dénazification ou dé-fascisation.

Contrairement à d'autres pays qui ont entrepris une déconstruction en profondeur de leur passé fasciste, l'Allemagne et l'Italie ont traversé une période de non-réflexion officielle sur leur rôle dans la guerre et la persécution des populations, notamment les Juifs, les Roms et les opposants politiques. Plutôt que de mener une véritable réévaluation morale et intellectuelle, ces sociétés ont choisi, à bien des égards, de minimiser ou d'ignorer les responsabilités de leurs élites, dans une tentative de reconstruction rapide. Ce manque de confrontation avec l’héritage du fascisme et du nazisme a contribué à un climat de frustration et d'aliénation parmi la jeunesse.

Les jeunes des années 1960, confrontés à un passé qu’ils jugent inacceptable et à une société marquée par l'inaction face à ce passé, vivent dans un climat de désillusion et de révolte. Ces générations, élevées dans des sociétés où les structures politiques, économiques et sociales sont en grande partie héritées des régimes précédents, se sentent profondément décalées et aliénées. Elles perçoivent les institutions sociales et politiques comme des produits d’un passé fasciste non traité et comme des outils de maintien d’un ordre injuste et figé.

La frustration découle du fait que, dans leur esprit, les structures en place non seulement n’ont pas réussi à tourner la page de l'histoire, mais continuent d'entretenir des inégalités sociales, économiques et politiques profondément enracinées. Le sentiment général est que ces systèmes sont responsables de l'embrigadement des générations passées, qui ont permis la montée des régimes fascistes et l'effacement des voix dissidentes.

C’est dans ce terreau de révolte et de questionnement profond que s’initie une rébellion générationnelle, animée par la recherche de justice sociale et le rejet des structures héritées de la Seconde Guerre mondiale. Cette quête de justice ne se limite pas à une critique du passé, mais s’étend à une remise en cause de l'ordre social et économique contemporain, jugé responsable de la perpétuation des inégalités et des injustices. En particulier, les jeunes des années 1960, influencés par les courants intellectuels marxistes, situationnistes et anticapitalistes, s’engagent dans une rébellion contre la société de consommation et les structures technocratiques qu’ils considèrent comme les héritières des régimes totalitaires d'avant-guerre.

Il ne s'agit pas seulement d'une révolte contre un passé douloureux, mais aussi contre un présent vécu comme une trahison des idéaux démocratiques et humanistes. L’aspiration à des alternatives au système dominant se fait par la critique des partis politiques traditionnels, perçus comme trop modérés et incapables de répondre aux problèmes sociaux urgents. C’est ainsi qu’émerge un mouvement plus radical, symbolisé par des organisations comme la Rote Armee Fraktion (RAF) en Allemagne et les Brigades Rouges en Italie, qui rejettent la voie réformiste et préconisent une révolution radicale.

Ce climat de frustration et d’aliénation, combiné à l'absence d’une véritable transformation du système, crée un terreau idéal pour la radicalisation de certains jeunes, prêts à remettre en cause non seulement les structures existantes, mais aussi à recourir à la violence pour provoquer un changement. La guérilla urbaine, inspirée par des modèles de lutte de guérilla en Amérique latine et en Asie, devient un moyen de se faire entendre dans une société qu’ils perçoivent comme verrouillée et incapable de se réformer de l'intérieur.

La quête de justice sociale, dans ce contexte, ne se limite pas à des réformes ou à des ajustements politiques. Elle se nourrit d’une volonté de changer le système dans sa globalité, de renverser l’ordre établi et de réinventer la société sur de nouvelles bases égalitaires et solidaires.

L’influence de la « Nouvelle Gauche » et du marxisme[modifier | modifier le wikicode]

Dans le climat de révolte qui traverse l'Europe des années 1960, un courant intellectuel marxisant émerge avec une force nouvelle : la Seconde École de Francfort. Ce groupe de philosophes et sociologues, comprenant des figures de proue telles que Theodor Adorno et Max Horkheimer, devient un centre d’influence majeur pour les jeunes intellectuels et militants. Leur critique radicale de la société capitaliste, de la technocratie, de la consommation de masse et de l’impérialisme occidental contribue à nourrir les réflexions qui aboutiront à des formes plus radicales de révolte et d’action politique.

Les théories de l’École de Francfort se basent sur une analyse critique de la société de masse et de la domination culturelle, deux concepts qui prennent une importance croissante dans le débat social et politique de l’après-guerre. Selon Adorno et Horkheimer, la société capitaliste moderne est conçue pour maintenir l’oppression à travers un contrôle silencieux mais omniprésent sur les individus, qu’il soit culturel, économique ou social. Cette domination est assurée non seulement par l’exploitation économique, mais aussi par des mécanismes subtils de manipulation culturelle et idéologique. En particulier, l’industrie culturelle, qui produit des biens de consommation (musique, cinéma, publicité), est vue comme un instrument de stabilisation sociale, qui perpétue les inégalités tout en inhibant la prise de conscience critique des masses populaires.

Dans ce cadre, le marxisme, et plus particulièrement le marxisme-léninisme, devient un moteur intellectuel puissant pour une génération qui cherche à comprendre les mécanismes de l’oppression et à les combattre. Ce marxisme critique met en lumière les contradictions inhérentes au capitalisme, telles que l’exploitation des travailleurs et la concentration du pouvoir économique entre les mains d’une élite. Il devient le fondement d’une réflexion radicale qui, en rejetant les structures existantes, cherche à imaginer une transformation profonde de la société.

Cette analyse sociologique et philosophique trouve un écho direct chez les jeunes militants, notamment ceux issus de la nouvelle gauche, qui rejettent la politique réformiste des partis traditionnels. Pour ces jeunes, les partis de gauche modérés sont perçus comme complices du système capitaliste ou comme incapables de provoquer un véritable changement. Leurs revendications ne peuvent donc pas être satisfaites dans le cadre des institutions existantes, ce qui les conduit à envisager des formes de lutte radicales.

La Rote Armee Fraktion (RAF), tout comme d'autres groupes de la nouvelle gauche, adopte une approche révolutionnaire radicale, s’inspirant des luttes de guérilla qui secouent l’Amérique latine à cette époque. Des figures emblématiques comme Che Guevara deviennent des modèles d’action pour les jeunes militants européens, qui voient en lui un symbole de la résistance armée contre les régimes impérialistes et les dictatures soutenues par les États-Unis. Le marxisme-léninisme de Guevara, qui prône la révolution par la lutte armée et le renversement des régimes capitalistes et impérialistes, trouve un terreau fertile parmi les jeunes qui se sentent incapables de changer les choses par la voie pacifique ou réformiste.

La RAF, influencée par cette pensée révolutionnaire, choisit ainsi de se tourner vers la guérilla urbaine, un modèle inspiré des guérilleros d’Amérique latine et d’Afrique. L'objectif est de mener une révolution armée pour renverser l’ordre établi et mettre fin à ce qu'ils considèrent comme l'oppression systémique des masses populaires. Cette stratégie fait écho à une époque où la lutte contre l’impérialisme et l’anti-capitalisme se conjuguent dans une forme de rébellion totale contre l'ordre mondial qu’ils jugent injuste et inégalitaire.

Dans ce contexte, la RAF se positionne fermement contre la voie réformiste des partis de gauche traditionnels. Elle rejette l’idée que des réformes graduelles ou des compromis avec les structures existantes puissent résoudre les problèmes fondamentaux du capitalisme et de l’impérialisme. Pour la RAF, seule une rupture totale avec le système capitaliste permettrait de libérer les peuples opprimés. Ce rejet du réformisme est au cœur de leur stratégie révolutionnaire, qui se caractérise par un recours systématique à la violence et à l’action directe.

La RAF, tout comme d’autres mouvements de la nouvelle gauche, s'oppose ainsi à la “bonne pensée de gauche” incarnée par les partis traditionnels. Elle met en avant une révolution radicale, non pas par des réformes progressives mais par un changement brutal et total de l’ordre social, politique et économique. Leur ligne est celle d’un anticapitalisme radical, qui cherche à abattre les structures existantes et à imposer un modèle socialiste révolutionnaire.

Influences extérieures et solidarité internationale[modifier | modifier le wikicode]

La Rote Armee Fraktion (RAF) s’inscrit dans une dynamique de solidarité internationale, où l’idéologie du tiers-mondisme et du soutien aux luttes anti-impérialistes joue un rôle fondamental. À travers cette vision, la RAF perçoit l’impérialisme américain comme une force de domination mondiale, responsable de l’exploitation systématique des peuples à travers le monde. Cette perspective est particulièrement renforcée par l’implantation des bases militaires américaines en Allemagne, qu'ils considèrent comme un symbole de l’impérialisme et de l'occupation étrangère, un point de ralliement pour justifier leur lutte armée.

L’un des modèles les plus importants pour la RAF est celui des guérillas latino-américaines, qui incarnent pour eux la résistance armée contre l'impérialisme. Des mouvements comme la Révolution cubaine et les luttes menées au Nicaragua, en Bolivie, et dans d’autres pays d’Amérique latine, ont été des sources d’inspiration majeure pour les membres de la RAF. Ils croient fermement qu’en s’inspirant des tactiques de guérilla de ces mouvements révolutionnaires, ils pourraient à leur tour déclencher un mouvement révolutionnaire en Europe, en particulier en Allemagne. Selon cette logique, si les peuples d'Amérique latine pouvaient renverser des régimes soutenus par les États-Unis, il serait également possible de déclencher une révolution dans les sociétés occidentales en reproduisant ces modèles de résistance.

Le Cuba de Fidel Castro devient ainsi un symbole majeur de résistance et de victoire contre l’impérialisme, et ses principes de guerre révolutionnaire et de mobilisation populaire sont largement admirés et adaptés par les militants de la RAF. La RAF aspire à créer un mouvement de guérilla urbaine, inspiré des combats anti-impérialistes d’Amérique latine, pour renverser l’ordre capitaliste et imposer une société socialiste révolutionnaire en Europe.

Une autre influence majeure est la guerre du Vietnam, qui devient un symbole central de l’impérialisme américain et de l’oppression des peuples par les puissances impérialistes. La guerre en Indochine, perçue comme une tentative des États-Unis de maintenir leur domination en Asie, devient un puissant catalyseur idéologique pour les jeunes militants européens. La RAF, à l’instar d'autres groupes de la nouvelle gauche, voit dans la guerre du Vietnam un symbole d’injustice, une guerre menée sous des prétextes idéologiques mais motivée par des intérêts économiques et géopolitiques, qui ne visent qu'à maintenir un statu quo d’exploitation.

Cette révolte contre la guerre du Vietnam, perçue comme une guerre de domination impérialiste, fait écho aux luttes internes contre les régimes d’occupation en Europe. Les militants européens voient dans cette guerre un exemple de la manière dont les puissances impérialistes imposent leur contrôle à travers la violence, en utilisant les peuples comme pions dans une lutte pour des ressources et des sphères d’influence. En ce sens, l’anti-impérialisme devient un lien fondamental entre les luttes des peuples opprimés, qu’ils soient en Asie, en Afrique, en Amérique latine, ou en Europe.

L’idéologie de la RAF intègre pleinement cette dimension internationale. Les membres de la RAF considèrent que les luttes des peuples opprimés dans le monde sont interconnectées et que la résistance contre l’impérialisme, quel que soit le lieu où elle se manifeste, doit être soutenue et multipliée. Pour eux, le combat palestinien, la lutte des guérilleros latino-américains, la révolte contre le colonialisme en Afrique, et leur propre combat en Europe, sont tous des faces d’un même mouvement révolutionnaire mondial qui cherche à déstabiliser l’ordre capitaliste mondial.

Cette solidarité internationale alimente leur conviction que la violence révolutionnaire est non seulement nécessaire, mais aussi justifiée. Pour la RAF, la lutte armée contre l'impérialisme et le capitalisme ne se limite pas à des actions locales, mais fait partie d'un processus mondial visant à renverser l'ordre établi. En ce sens, l'usage de la violence n'est pas seulement un moyen d'action, mais un acte de solidarité et de participation à un combat global.

Les premiers actes de violence et la radicalisation[modifier | modifier le wikicode]

Les premiers actes violents de la Rote Armee Fraktion (RAF) datent de 1968, marquant le début de leur stratégie de confrontation armée contre l'État et les institutions qu'ils considèrent comme les instruments de l'oppression capitaliste et impérialiste. Le 2 avril 1968, une série d'attaques coordonnées est menée contre deux magasins à Francfort, sous la direction d'Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Horst Sohlein, et Thoward Proll. Ces actions, relativement modestes par rapport à ce qui allait suivre, sont néanmoins un signe clair du passage à l’action du groupe et de son engagement dans une forme de violence révolutionnaire.

Ces premiers actes de violence sont motivés par une volonté de rupture avec les modes d'action traditionnels, en particulier la voie réformiste, qui est vue par la RAF comme inopérante face à l'enracinement du capitalisme et de l’impérialisme. La RAF adopte rapidement des tactiques plus spectaculaires, visant à attirer l'attention des médias et de l'opinion publique mondiale. Ces attaques symbolisent non seulement une révolte contre le système politique et économique, mais aussi un rejet de l'ordre social existant qu'ils jugent irrémédiablement corrompu.

Un moment clé dans l’histoire de la RAF survient en mars 1970, lorsque Andreas Baader, l'un des membres fondateurs du groupe, est libéré lors d’une opération spectaculaire menée par Ulrike Meinhof et d'autres membres du groupe. Cette opération de libération, exécutée de manière théâtrale et bien organisée, marque un tournant dans l’histoire du groupe et dans l’utilisation de la violence par la RAF. Elle représente également la naissance officielle de la RAF en tant que groupe radical unifié, autour de la vision de la lutte contre l'impérialisme, le capitalisme et l'État.

La libération de Baader est un symbole du rejet du système pénitentiaire et judiciaire bourgeois, qu’ils considèrent comme une extension du contrôle autoritaire de l'État. En unissant leurs forces pour cette action, les membres de la RAF affirment leur détermination à poursuivre la lutte armée, et ils se placent fermement sur une trajectoire radicale, marquée par le recours à la violence comme moyen nécessaire et légitime pour renverser le système capitaliste.

Après la libération de Baader, la RAF se fait connaître par une série d’attaques spectaculaires, qui visent non seulement des symboles de l'État, mais aussi des figures politiques, industrielles et militaires. Ces cibles sont vues comme les représentants du système capitaliste et impérialiste qu’ils cherchent à renverser. Parmi les premières actions notables figurent des prises d'otages et des assassinats de personnalités influentes, telles que des patrons d’entreprises, des membres du gouvernement, et des figures militaires, souvent associées à la puissance économique et politique.

Ces attaques sont d'abord menées à l’intérieur de l'Allemagne, mais leur portée devient de plus en plus internationale. La RAF cherche à perturber l'ordre mondial établi, tout en envoyant un message de solidarité avec les luttes révolutionnaires en dehors de l'Europe, notamment en Amérique latine et en Asie. En adoptant de telles tactiques, le groupe se fait progressivement un nom sur la scène internationale, devenant le symbole de la violence révolutionnaire de la "nouvelle gauche", qui rejette la réforme graduelle et vise un renversement brutal du système.

À mesure que la RAF se radicalise, elle devient un symbole de la révolte armée dans une Europe où une partie importante de la jeunesse se sent démoralisée et alienée par les structures de pouvoir existantes. La radicalisation de la RAF, marquée par des attaques de plus en plus violentes et médiatisées, reflète la volonté de certains jeunes militants de secouer le système à tout prix, en utilisant la violence pour forcer l’attention et provoquer un changement immédiat.

Ce phénomène de radicalisation au sein de la RAF s’inscrit dans un contexte plus large de révoltes sociales et politiques en Europe, où des groupes issus de la "nouvelle gauche" adoptent des positions révolutionnaires contre ce qu'ils considèrent comme une société pourrie et déconnectée des besoins réels des masses. La RAF, comme d’autres groupes, rejette l’idée que des solutions pacifiques ou réformistes puissent suffire pour répondre aux injustices systémiques. La violence devient alors non seulement un outil de contestation, mais aussi un instrument de légitimation de leur propre vision du monde.

Le déclin et la fin du groupe[modifier | modifier le wikicode]

Les activités de la Rote Armee Fraktion (RAF), qui s’étendent sur deux décennies, prennent fin en 1998, lorsque les derniers membres du groupe annoncent, depuis leur clandestinité, qu’ils cessent leur lutte armée. Dans leur déclaration, ils affirment que leur combat appartient désormais à l'Histoire, marquant ainsi la fin d'une époque de violence révolutionnaire en Europe. Bien que la RAF ait eu un impact considérable sur la scène politique et idéologique des années 1970 et 1980, elle n'a jamais atteint ses objectifs révolutionnaires, ni sur le plan politique, ni sur celui de la transformation sociale qu’elle espérait imposer par la force.

Le déclin de la RAF ne se fait pas du jour au lendemain. Au contraire, il est le résultat de plusieurs années de lutte interne, de pressions extérieures, et de changements dans le paysage politique mondial. Au cours des années 1970 et 1980, le groupe multiplie les actions violentes, notamment les attentats, les prises d’otages, et les assassinats de figures emblématiques, visant à perturber l’ordre établi. Cependant, ces actes de violence, bien qu'efficaces pour attirer l'attention des médias et marquer les esprits, ne parviennent pas à galvaniser un mouvement révolutionnaire plus large comme l'avaient espéré les membres de la RAF.

Le groupe est également confronté à des divisions internes profondes. À mesure que les années passent, les tensions idéologiques entre les membres se renforcent, notamment sur les questions de stratégie et de méthodes. Certains membres estiment que la violence devrait se concentrer uniquement sur des cibles symboliques, tandis que d’autres prônent une escalade des actions violentes pour obtenir un impact plus direct et immédiat. Ces divergences alimentent la fragmentation au sein du groupe, qui devient de plus en plus isolé, tant politiquement que militairement.

La répression de l'État, de plus en plus systématique et violente, joue également un rôle clé dans le déclin de la RAF. Le gouvernement allemand met en place des mesures de sécurité draconiennes, incluant des lois antiterroristes strictes, la surveillance accrue des activistes et la formation de unités spécialisées dans la lutte anti-terroriste. En réponse, la RAF se cache de plus en plus dans la clandestinité, ce qui ne fait qu’aggraver son isolement.

Parallèlement, l'opinion publique en Allemagne et dans d'autres pays européens évolue. Si la RAF avait été perçue dans un premier temps comme une forme de résistance armée contre l'impérialisme et le capitalisme, ses actions violentes, particulièrement les prises d'otages et les assassinats de civils, finissent par être largement rejetées. Le soutien populaire s'effrite, et le groupe perd peu à peu sa légitimité, même parmi les sympathisants de la cause révolutionnaire. De plus, l’évolution des contextes géopolitiques, comme la fin de la guerre froide et les changements dans le rapport de force international, rendent leur combat de plus en plus obsolète.

La RAF, qui s'était fortement inspirée des luttes de guérilla latino-américaines et des mouvements révolutionnaires tiers-mondistes, finit par se retrouver idéologiquement isolée. La guerre froide touche à sa fin, et les régimes autoritaires qu’elle combattait, notamment en Amérique latine, sont progressivement remplacés par des gouvernements plus démocratiques ou modérés, réduisant ainsi la portée de son discours. Sur le plan interne, les divergences idéologiques se manifestent également par une incapacité à s'adapter aux évolutions sociales et politiques en Europe. De plus, l’isolement croissant des membres de la RAF, qui vivent dans la clandestinité, contribue à un manque de nouvelles recrues, limitant leur capacité à renouveler leurs actions.

Lorsque les derniers membres de la RAF annoncent en 1998 la fin de leur lutte armée, il est clair que le groupe est devenu un vestige du passé, une organisation qui a marqué une époque, mais qui n’a pas pu transformer les structures sociales qu'elle contestait. Les membres survivants sont soit capturés, soit laissés à l'écart des luttes politiques contemporaines, incapables de répondre aux besoins et aspirations d'une nouvelle génération.

La fin de la RAF marque non seulement la disparition d’un groupe, mais aussi la fin d’une époque de radicalisme politique en Europe de l’Ouest, où des mouvements de guérilla urbaine ont été perçus comme une réponse à l’impérialisme et aux injustices sociales. En ce sens, la RAF, malgré son échec à atteindre ses objectifs, reste un symbole de l'engagement radical d'une génération, dont les idéaux et les méthodes continuent de susciter des débats sur l'usage de la violence en politique et sur la quête de transformation sociale.

Les Brigades Rouges[modifier | modifier le wikicode]

Drapeau des Brigate Rosse.

Les Brigades Rouges (Brigate Rosse), fondées en Italie dans les années 1970, sont nées d’un contexte sociopolitique marqué par une société italienne perçue comme bloquée, où une large classe prolétarienne ressent une profonde injustice face à la concentration des richesses. Alors que l'Italie connaît une croissance économique rapide, une grande partie de la population, notamment dans les usines du Nord, reste exclue des fruits de cette prospérité. Dans ce contexte de disparités sociales croissantes, des groupes autonomes clandestins, influencés par des courants tels que le marxisme, le maoïsme, le trotskisme, l'opératisme et le situationnisme, émergent avec un objectif commun : instaurer un communisme révolutionnaire qui parte des bases populaires et qui ne soit pas dicté par une élite intellectuelle ou bourgeoise.

L’idéologie des Brigades Rouges : la révolution depuis la base[modifier | modifier le wikicode]

Au cœur de l’idéologie des Brigades Rouges (Brigate Rosse) se trouve une vision radicale de la lutte de classe et un rejet profond de l’élitisme intellectuel traditionnel. Les membres de ce groupe révolutionnaire ne considèrent pas l’intelligentsia ou la classe dirigeante comme les moteurs d’une transformation sociale, mais plutôt comme des éléments du système capitaliste à renverser. Leur conviction est que pour renverser l’ordre capitaliste, les intellectuels doivent descendre dans les usines et s’impliquer directement dans les luttes quotidiennes du prolétariat. Ils rejettent ainsi la séparation traditionnelle entre les intellectuels, souvent perçus comme éloignés des réalités sociales, et les masses laborieuses. Pour les Brigades Rouges, la lutte armée doit être populaire et dirigée par ceux qui souffrent directement du système qu'ils combattent.

L'idéologie des Brigades Rouges s'oppose frontalement à l'idée que la révolution puisse être menée par des intellectuels ou des partis politiques qui ne sont pas en contact direct avec les masses populaires. Selon leur vision, les intellectuels ne devraient pas se contenter de théoriser depuis leurs salons ou leurs universités, mais devraient agir sur le terrain, aux côtés des ouvriers et des paysans, pour comprendre et transformer leur situation de manière directe. Cette idéologie de terrain incite les membres du groupe à s'impliquer activement dans les conditions de vie et de travail des classes populaires, avec l'objectif de renverser l'ordre économique et social en place.

Ainsi, contrairement aux partis réformistes ou à ceux qui prônent des solutions modérées, les Brigades Rouges considèrent la lutte armée comme le seul moyen efficace de renverser un système qu’ils jugent irréformable. Ils estiment que les tentatives de réformes ou de compromis, comme celles entreprises par le Parti Communiste Italien (PCI), ne font que renforcer l'ordre établi et diluer les objectifs révolutionnaires. Pour eux, les partis réformistes ont trahi la révolution en acceptant le compromis historique avec la Démocratie Chrétienne, permettant ainsi au système capitaliste de se maintenir sous un nouveau visage, sans changer ses structures fondamentales.

Le rejet du compromis historique devient ainsi un des moteurs centraux de la radicalisation des Brigades Rouges. Ce compromis, accepté par des partis comme le PCI dans les années 1960, était censé permettre un rapprochement entre les forces de gauche et le gouvernement de la Démocratie Chrétienne pour promouvoir des réformes progressistes sans remettre en cause le système capitaliste. Cependant, pour les Brigades Rouges, cette approche était une trahison des principes révolutionnaires, une manière d'accepter des réformes superficielles au lieu de chercher un renversement total du système. Ce compromis entre réformistes et modérés était vu comme une forme de collaboration avec l’ordre établi, et donc incompatible avec la lutte véritablement révolutionnaire qu'ils prônaient.

Pour les membres des Brigades Rouges, ce rapprochement entre le PCI et la Démocratie Chrétienne représentait une forme de complicité avec le capitalisme. Cette analyse les pousse à une radicalisation encore plus forte de leur action, notamment par le recours à la violence révolutionnaire. La révolte contre le compromis historique devient donc un principe fondamental de leur lutte : toute forme de négociation ou de compromis avec l’ordre capitaliste et les structures de pouvoir existantes est inacceptable.

Dans ce contexte, les Brigades Rouges choisissent de s’engager dans une lutte armée comme seul moyen d’atteindre leurs objectifs révolutionnaires. Ils croient fermement que l’action directe, et non pas la négociation ou la réforme, est la seule manière de briser les chaînes du capitalisme. Leur analyse du problème social dépasse la simple critique des inégalités économiques : ils voient dans l’ordre social établi un système d’oppression total qui doit être détruit par la force. Cette approche est influencée par les idéaux de guérilla révolutionnaire, comme ceux portés par Che Guevara en Amérique latine, qui prônait une lutte armée pour instaurer une société socialiste.

Les Brigades Rouges ne se contentent pas de critiquer le système : elles l'attaquent directement. Leur engagement dans la violence révolutionnaire devient pour eux une forme de catalyseur pour une révolte populaire plus large. La violence, loin d’être un moyen extrême ou inutile, est perçue comme un moteur de changement, capable de provoquer une prise de conscience et un soulèvement des masses contre l'ordre capitaliste et impérialiste. Pour les Brigades Rouges, cette violence n’est pas une fin en soi, mais un moyen de déstabiliser le pouvoir et de créer les conditions nécessaires à l’édification d’une nouvelle société.

Le début de la violence et la stratégie de la tension[modifier | modifier le wikicode]

Les Brigades Rouges (Brigate Rosse) émergent dans un contexte où la contestabilité sociale et politique semble avoir été étouffée par les canaux démocratiques traditionnels. Dans une Italie marquée par des contradictions économiques et sociales croissantes, les jeunes militants, principalement issus des classes ouvrières et des milieux populaires, ressentent une profonde alienation politique. Comme leurs homologues en République fédérale d'Allemagne (RFA), ces jeunes dépriment face à l’impossibilité de se faire entendre dans une démocratie qui, à leurs yeux, ne répond pas à leurs aspirations. Le système politique, qu'ils perçoivent comme complice du capitalisme et de l’impérialisme, semble fermé à toute forme de changement réel.

Entre 1969 et 1970, les Brigades Rouges se forment dans ce climat de frustration, d'exclusion et de révolte. Leurs membres adoptent la violence révolutionnaire comme stratégie principale pour renverser un système qu'ils jugent pourri et corrompu. Cette violence n'est pas perçue comme une dérive, mais comme un outil nécessaire pour forcer le changement. Le groupe vise à dénoncer des maux systémiques qui, selon eux, ne peuvent être affrontés que par un bouleversement radical.

Au cœur de leur action, la guerre du Vietnam joue un rôle symbolique majeur. Les Brigades Rouges, comme de nombreux mouvements révolutionnaires en Europe, voient dans cette guerre l’incarnation de l’impérialisme américain et une manifestation de la volonté des États-Unis d'imposer leur domination mondiale, en particulier en Asie du Sud-Est. La guerre devient un terrain de mobilisation idéologique, alimentant la haine et la résistance contre ce qu'ils considèrent comme un système impérialiste oppresseur.

La présence des bases de l’OTAN en Europe, en particulier en Italie, est également perçue comme un symbole de la soumission de l’Europe aux intérêts américains. Les Brigades Rouges considèrent l’OTAN non seulement comme une organisation militaire, mais aussi comme un outil au service de l’impérialisme occidental, destiné à maintenir l’ordre capitaliste et à étouffer toute tentative de transformation radicale en Europe.

Le groupe dénonce ainsi la guerre du Vietnam et l'impérialisme américain comme des manifestations concrètes de l'oppression mondiale, et ces dénonciations deviennent les bases idéologiques de leur lutte armée. Leur objectif est clair : renverser ce système impérialiste, qu’ils jugent responsable de la guerre, de l'exploitation des peuples et de l'oppression.

Le 25 avril 1969, les Brigades Rouges commettent leur premier attentat majeur à Milan, frappant des cibles symboliques et causant 21 blessés. Cet attentat marque le début de ce qu'ils appellent la "stratégie de la tension", une approche visant à provoquer un climat de peur et d’instabilité, dans lequel le pouvoir établi serait contraint de réagir, dévoilant ainsi sa répression et ses faiblesses. Pour les Brigades Rouges, ce type d’action est une forme de catalyseur social, destiné à créer un choc et à provoquer une réaction en chaîne qui affaiblirait le pouvoir en place.

La stratégie de la tension est conçue pour provoquer un climat de mécontentement et de peur, afin de secouer la confiance du public dans le système démocratique et de semer le doute sur la capacité de l’État à maintenir l’ordre. C’est par cette tension que les Brigades Rouges espèrent fédérer les masses populaires et les inciter à rejoindre une lutte révolutionnaire qui, selon elles, ne pourrait être gagnée sans un affaiblissement du pouvoir établi.

En décembre 1969, une nouvelle attaque frappe Rome, tuant 16 personnes dans un attentat d’une violence inouïe. Cette action, bien plus meurtrière, témoigne de l’escalade dans la radicalisation du groupe. Pour les Brigades Rouges, cette violence est justifiée par la nécessité de briser un système oppressif, et ils considèrent leurs attaques comme des actes de résistance dans une guerre contre l'impérialisme et le capitalisme. L'attaque de Rome, en particulier, vise à renforcer le climat de terreur et à faire entendre la voix des opprimés, selon eux.

Cet attentat est également une manière pour les Brigades Rouges de se faire connaître en tant que force révolutionnaire prête à confronter le système sur tous les fronts. En tuant des cibles civiles, elles cherchent à provoquer une réaction violente de l’État, ce qui renforcerait la division entre les autorités et la population, et donnerait plus de légitimité à leur cause.

La fragmentation du groupe et la naissance de nouvelles factions[modifier | modifier le wikicode]

Au fil des années, les Brigades Rouges (Brigate Rosse), qui ont vu le jour comme un mouvement révolutionnaire uni par un objectif commun, rencontrent de nombreuses difficultés internes et externes qui fragilisent progressivement leur cohésion. Sur le plan externe, le groupe est confronté à une répression policière de plus en plus féroce, avec des mesures de sécurité draconiennes, une surveillance accrue et des arrestations massives de ses membres. L'État italien, soutenu par des alliés internationaux dans la lutte contre le terrorisme, met en place des politiques anti-terroristes rigoureuses et utilise des ressources importantes pour démanteler les réseaux de guérilla urbaine.

Sur le plan interne, des divergences idéologiques et stratégiques apparaissent au sein même des Brigades Rouges. Tandis que certains membres plaident pour une intensification de la lutte armée, d'autres optent pour des stratégies différentes, cherchant à s'adapter aux nouvelles réalités géopolitiques et sociales. Ces différends entraînent une fracture au sein du groupe, rendant difficile le maintien de l'unité dans l'action et dans l'idéologie.

En 1981, les Brigades Rouges se scindent en trois factions distinctes, chacune représentant une approche différente de la lutte armée et des objectifs idéologiques :

  • BR-colonna Walter Alesia : Cette faction se concentre principalement sur les actions militaires directes, en poursuivant l’objectif d’attaquer des symboles de l'État et des intérêts économiques.
  • BR-partito guerriglia : Influencée par les principes de guérilla, cette faction privilégie des tactiques de guérilla plus étendues, visant à mobiliser plus largement la population tout en s’attaquant aux institutions étatiques et à l’occupation impérialiste.
  • BR-partito comunista combattente : Plus politisée et ancrée dans une idéologie communiste stricte, cette faction considère que la lutte armée doit être intégrée dans un processus révolutionnaire plus large, en lien avec les mouvements sociaux.

Ces divergences stratégiques et idéologiques conduisent à une dilution de l’efficacité du groupe dans son ensemble. Au lieu de concentrer leurs efforts sur un objectif commun, ces factions se retrouvent à poursuivre des objectifs partiels, souvent sans coordination. Cette perte de cohésion fragilise le groupe, tant sur le terrain idéologique que tactique, et accélère son déclin en tant que mouvement unifié.

En 1985, une nouvelle organisation, la BR-unione dei comunisti combattenti, émerge des cendres des Brigades Rouges. Cette tentative de réorganisation vise à redonner une forme d’unité aux anciennes factions et à raviver l’idéal révolutionnaire. Cependant, l'impact et la portée de ce groupe sont déjà largement dissipés. Le paysage politique et social en Italie a évolué, et le soutien populaire aux mouvements armés révolutionnaires se réduit de plus en plus. La répression, l’isolement idéologique et la perte de direction stratégique rendent difficile la survie de cette nouvelle faction, et l’influence des Brigades Rouges diminue considérablement.

Les nouvelles générations qui prennent part à ce groupe ne bénéficient pas du même soutien populaire ou engouement idéologique que les générations précédentes. En outre, les conflits internes et les divisions idéologiques contribuent à la dissolution progressive de la base militante. La répression étatique et la pression internationale, combinées à la fatigue idéologique, mènent à l'affaiblissement et à l'épuisement de l'organisation.

La fragmentation des Brigades Rouges illustre la difficulté des mouvements révolutionnaires à maintenir leur unité face à l’intensification de la répression, aux divergences idéologiques et à l’évolution du contexte géopolitique. Le groupe, qui avait connu une ascension spectaculaire dans les années 1970, finit par se fragmenter et perdre de son impact dans les années suivantes. Bien que certaines factions aient tenté de redonner une forme d’unité à l’organisation, leur poids politique et idéologique se réduit progressivement, marquant la fin de l’une des tentatives les plus radicales de transformation sociale violente dans l’histoire contemporaine de l’Italie.

La fin du groupe et la réapparition des nouvelles Brigades Rouges[modifier | modifier le wikicode]

En 1987, l’Italie adopte la loi de dissociation, une législation qui permet aux anciens membres des Brigades Rouges de négocier leur réinsertion dans la société. Cette loi marque un tournant décisif dans l’histoire du groupe, car elle reflète à la fois l'échec de la lutte armée menée par les Brigades Rouges et la volonté de l’État italien de clore cette époque de violence révolutionnaire. En offrant une possibilité de rédemption à ceux qui acceptent de se dissocier de leurs activités passées, la loi de dissociation contribue à la dissolution progressive de l’organisation. Les Brigades Rouges, autrefois un groupe puissant et influent, voient leur capacité à recruter et à mener des actions violentes se réduire de façon drastique.

En 1988, les fondateurs des Brigades Rouges annoncent officiellement la fin du mouvement, marquant ainsi un arrêt définitif de la résistance organisée sous cette forme. Après deux décennies de violence révolutionnaire, les Brigades Rouges s’effondrent en raison de l’épuisement idéologique, de la répression intense et de la perte de légitimité politique auprès de la population. Ce tournant représente la fin d’une époque où l’activisme révolutionnaire armé était perçu par certains comme une réponse à l’aliénation sociale et politique. L’échec à réaliser leurs objectifs révolutionnaires, et à obtenir un large soutien populaire, devient un facteur déterminant dans la disparition du groupe.

Cependant, les idéaux révolutionnaires des Brigades Rouges ne disparaissent pas totalement avec la dissolution du groupe. Dans les années qui suivent, de nouvelles générations de militants se réclament de cet héritage, et les Nouvelles Brigades Rouges apparaissent à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Bien que leur impact soit bien plus limité que celui de leurs prédécesseurs, et que leur légitimité soit largement contestée par les membres originaux, leur réapparition témoigne de la persistance d’un imaginaire révolutionnaire dans certaines couches marginalisées de la société italienne.

Les Nouvelles Brigades Rouges ne parviennent cependant pas à recréer l’ampleur des actions de leurs aînés. Elles se manifestent par des actes isolés de violence, sans parvenir à former un mouvement cohérent ou à galvaniser un large soutien populaire. Leur présence reste avant tout symbolique, portée par une idéologie radicale qui, malgré l'échec du groupe initial, continue d’alimenter des révoltes marginales et de nourrir une vision idéologique radicale de la lutte contre le capitalisme et l’impérialisme.

L'usage du nom "Brigades Rouges" par ces nouvelles générations de militants souligne la persistance de l’idéal révolutionnaire des années 1970 et 1980, malgré son échec à atteindre ses objectifs. Pour ces militants, l'usage de ce nom symbolise un rappel des combats passés et un moyen de revendiquer une lutte idéologique dans un contexte politique qui, à leurs yeux, n’a pas encore résolu les injustices qu’ils dénonçaient. Toutefois, cette réappropriation du nom des Brigades Rouges se heurte à l’indifférence ou à l’hostilité de l’opinion publique, qui perçoit ces nouvelles générations comme une réminiscence d’un passé violent et révolu.

Malgré leur échec et leur marginalisation, ces nouvelles factions continuent à alimenter les idéologies radicales et contestataires, incarnant une forme de révolte contre un système qu’ils jugent toujours oppressif. Cependant, leur absence de soutien populaire et leur dépendance à la violence comme seul moyen d'expression politique les limitent à une dissidence marginale sans réel impact sur les changements sociaux ou politiques.

Les convergences BR – RAF et divergences avec les mouvements palestiniens[modifier | modifier le wikicode]

Convergences[modifier | modifier le wikicode]

Une des caractéristiques fondamentales des Brigades Rouges (BR) et de la Rote Armee Fraktion (RAF), en parallèle avec les mouvements palestiniens, est la simultanéité des actions violentes à partir des années 1968. Cette période est marquée par une révolte mondiale profonde, illustrée notamment par les manifestations de Mai 1968 en France et les mobilisations étudiantes à travers toute l'Europe, qui partagent un même sentiment d’urgence historique. Pour les militants de ces groupes, l’histoire semble en mouvement, et il est crucial d’être partie prenante de ce mouvement révolutionnaire en cours. Ce pressentiment révolutionnaire collectif pousse ces groupes à adopter des formes d’action violentes pour s’opposer à un ordre mondial qu’ils jugent injuste.

Un point de convergence majeur entre ces mouvements est l’adoption du modèle de la guérilla d’Amérique latine. Ce modèle est vu comme un moyen efficace de lutter contre l’impérialisme et le capitalisme, deux forces perçues comme oppressives et responsables des injustices mondiales. Les Brigades Rouges, la RAF, et les mouvements palestiniens partagent une vision idéologique anti-impérialiste, nourrie par l'exemple des guérillas latino-américaines qui ont affronté les régimes soutenus par les États-Unis. Ce modèle est renforcé par l’influence des révolutions cubaines, des luttes de guérilla au Nicaragua, et des stratégies de guérilla urbaine utilisées en Amérique latine pour défier l'ordre mondial.

La guerre du Vietnam devient également un catalyseur idéologique majeur dans cette période de révolution globale. Elle incarne pour les militants de ces mouvements un exemple flagrant de l’impérialisme américain, qui cherche à imposer son contrôle sur le monde au nom de la lutte contre le communisme, tout en écrasant les peuples réclamant leur autonomie. Cette guerre devient un symbole de l’oppression mondiale, et sa représentation dans les médias contribue à renforcer la conscience anti-impérialiste des militants européens et palestiniens. Les images des atrocités du Vietnam jouent un rôle fondamental dans la construction de l’opinion publique, devenant un point d’ancrage pour une idéologie révolutionnaire mondiale.

Les images de massacres de civils et des résistants vietnamiens qui luttent contre les forces américaines sont perçues comme des symboles de l’oppression mondiale. Ces images nourrissent une conscience collective révolutionnaire, incitant les jeunes militants à s’engager dans la lutte armée et à dénoncer ce qu’ils considèrent comme une oppression systémique opérée par des puissances impérialistes. La guerre du Vietnam devient ainsi non seulement un conflit militaire, mais aussi un terrain de mobilisation idéologique où les opprimés du monde entier se reconnaissent dans les résistants vietnamiens, et où la lutte armée est vue comme un moyen légitime et nécessaire pour combattre l'impérialisme.

En parallèle, les mouvements palestiniens de la période, qui luttent contre la création de l’État d'Israël et l’occupation de la Palestine, se sentent également soutenus par une vision commune de lutte. La cause palestinienne devient un symbole de résistance contre l’impérialisme, et ces mouvements militent pour l’autodétermination des peuples tout en menant une lutte armée contre un ennemi perçu comme impérialiste. Le parallèle entre la guerre du Vietnam et la lutte palestinienne devient un moteur unificateur pour les groupes de guérilla en Europe, où l’on retrouve une même opposition à la domination étrangère et un désir de changement radical.

Divergences[modifier | modifier le wikicode]

Bien que les Brigades Rouges (BR), la RAF, et les mouvements palestiniens partagent un rejet commun de l’impérialisme, des divergences idéologiques et géopolitiques majeures existent entre ces groupes. Ces différences sont particulièrement évidentes dans les objectifs de lutte, les contextes géopolitiques et les narratifs de l’oppression qu'ils construisent.

La lutte palestinienne s'inscrit dans un contexte géopolitique très spécifique où les Palestiniens s’opposent directement à l'existence de l’État d'Israël, qu'ils considèrent comme une entité coloniale implantée sur des terres qui leur appartiennent. Ce combat est centré sur la restitution des terres et la création d’un État palestinien sur un territoire qu’ils estiment leur avoir été spolié par les puissances impérialistes, notamment la Grande-Bretagne et, plus récemment, les États-Unis. Le problème de l'occupation et de l'exil des Palestiniens dans des camps de réfugiés est au cœur du conflit, ancré dans la réalité géopolitique du Moyen-Orient.

Cette lutte est donc avant tout nationale et territoriale, avec pour objectif la création d’un État souverain dans des frontières définies. C’est une lutte d’autodétermination nationale, où les Palestiniens cherchent à récupérer un territoire sur lequel ils estiment avoir été injustement déplacés, et à établir une société indépendante, à l’abri de l’impérialisme et du colonialisme. Le combat palestinien repose donc sur une forte identité nationale, avec des frontières claires et une légitimité à revendiquer un État.

En revanche, les Brigades Rouges et la RAF, situées dans un contexte occidental, ne se battent pas contre un État-nation extérieur à eux-mêmes. Leur lutte se concentre principalement sur les structures sociales et économiques de leurs propres sociétés, où elles cherchent à renverser un système capitaliste qu’elles considèrent comme oppressif et injuste. Loin de chercher à réorganiser un territoire ou créer un nouvel État, leur objectif est de détruire le système capitaliste et d’établir une société socialiste ou communiste fondée sur l'égalité et la justice sociale. Leurs actions violentes sont dirigées contre des symboles du pouvoir bourgeois, comme des banques, des institutions gouvernementales, et des industries qu’elles jugent être les garantes de l’exploitation des masses populaires.

La RAF et les Brigades Rouges ne revendiquent donc pas de création d'un État-nation ou d’un territoire spécifique, mais se battent pour une transformation radicale de la société, en cherchant à renverser le capitalisme global. Leur combat idéologique repose donc davantage sur la lutte des classes et l’opposition à l’impérialisme à l’échelle mondiale, plutôt que sur une lutte nationale pour un territoire défini, comme c’est le cas pour les Palestiniens.

Une différence importante réside dans la manière dont l’oppression est vécue et représentée par ces groupes. Pour les mouvements palestiniens, l’oppression est liée à une réalité géopolitique concrète, à savoir l’occupation israélienne de la Palestine et la perte de terres au profit d'un État colonisateur. Leur lutte est donc territoriale, avec des frontières claires et une violence militaire justifiée par la répression israélienne et les conditions de vie des réfugiés palestiniens. L’oppression vécue par les Palestiniens est un fait tangible et une réalité quotidienne.

En revanche, pour les Brigades Rouges et la RAF, l’oppression est souvent vue sous l’angle idéologique et social, c'est-à-dire comme un système qu'il convient de renverser, plutôt qu'une spoliation territoriale spécifique. L’oppression qu'elles dénoncent est celle du capitalisme, du système bancaire, de l’impérialisme et des inégalités sociales. Ces groupes ne luttent pas contre un ennemi extérieur ou un État-nation particulier, mais contre un système global d’exploitation. Pour eux, l’injustice vécue par les populations n’est pas seulement liée à une perte de territoire, mais à une structure sociale qui opprime les masses à travers la domination économique et impérialiste.

Ainsi, la différence principale entre la lutte palestinienne et celle des Brigades Rouges ou de la RAF réside dans le fait que les Palestiniens se battent pour un État national sur un territoire spécifique, tandis que les Brigades Rouges et la RAF cherchent à renverser un système économique global qu'elles considèrent comme oppressif et exploitant. La question de l’oppression prend donc des formes différentes : pour les Palestiniens, elle est avant tout géopolitique et territoriale, tandis que pour les BR et la RAF, elle est idéologique et sociale.

Dénominateurs communs entre les trois[modifier | modifier le wikicode]

Malgré les divergences géopolitiques et idéologiques qui existent entre les Brigades Rouges (BR), la Rote Armee Fraktion (RAF) et les mouvements palestiniens, plusieurs dénominateurs communs les unissent, principalement sur le terrain idéologique et révolutionnaire.

Tous ces mouvements partagent une idéologie néomarxiste et tiers-mondiste, ancrée dans un rejet vigoureux de l’impérialisme et du capitalisme, qu'ils considèrent comme les forces dominantes responsables des inégalités mondiales. Cette idéologie s’oppose à un ordre mondial qu’ils jugent profondément injuste, exploitant les peuples et les nations les plus vulnérables. Leurs actions violentes sont vues comme une réponse nécessaire face à un système qu'ils considèrent inaltérable autrement.

Le Fatah, mouvement palestinien majeur, justifie le recours à la violence comme moyen de se libérer de ce qu’il considère comme une “entité sioniste” qui occupe les terres palestiniennes. En 1970, le Fatah définit son combat comme une révolution populaire, visant à créer une Palestine démocratique, laïque et non confessionnelle, ce qui reflète une forte idéologie anti-impérialiste et marxiste-léniniste. La volonté de renverser un ordre colonial et impérialiste et d’établir une nation autonome traverse donc les idéaux de ce mouvement, tout comme chez les Brigades Rouges et la RAF, où le combat contre l’impérialisme et le capitalisme devient un impératif central.

Le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), dirigé par Georges Habache, adopte une position encore plus radicale, ajoutant à sa liste d’ennemis non seulement Israël, mais aussi le sionisme, l’impérialisme mondial, et la réaction arabe. En 1969, il décrit la lutte palestinienne comme une guerre révolutionnaire, et voit dans l’impérialisme et le sionisme deux forces indivisibles dans leur oppression des peuples. Ce programme radical se rapproche ainsi des visions des Brigades Rouges et de la RAF, qui, tout en étant géopolitiquement éloignées de la question palestinienne, partagent l’idée que l'anti-impérialisme est le socle de toute révolution véritable. Pour les mouvements palestiniens, l’impérialisme est la cause fondamentale des injustices subies, et pour les BR et la RAF, c’est l’exploitation par le capitalisme et l'impérialisme occidental qui motive leur résistance.

Un autre dénominateur commun est la critique acerbe des partis communistes occidentaux de la part des Brigades Rouges et de la RAF, qui les accusent de réformisme et de trahison. Ces partis sont jugés incapables de mener une révolution véritable, se contentant de réformes sociales modérées sans remettre en cause les fondements du système capitaliste. De même, les mouvements palestiniens rejettent l’idée que des compromis puissent résoudre le problème de l’occupation israélienne et de l'oppression palestinienne. Ils croient qu'une révolution totale est nécessaire pour renverser l’ordre colonial et impérialiste, tout comme les BR et la RAF considèrent que seule la violence révolutionnaire permet de créer un changement social profond et radical.

Le rejet du réformisme est donc un point de convergence essentiel entre les Brigades Rouges, la RAF et les mouvements palestiniens. Tous ces groupes estiment que la révolution totale est la seule option viable pour renverser un système injuste. Ils prônent une rupture totale avec le statu quo, et la violence révolutionnaire devient leur principal instrument pour déclencher ce changement. Que ce soit pour libérer la Palestine, renverser le capitalisme ou lutter contre l'impérialisme mondial, leur vision radicale de la révolution se trouve dans l'idée que tout compromis avec l'ordre établi est une trahison des idéaux d’émancipation des peuples.

Le marxisme révolutionnaire des BR et de la RAF : une rupture avec le léninisme classique[modifier | modifier le wikicode]

Les Brigades Rouges (BR) et la RAF, en rejetant les partis communistes traditionnels, forgent une version du marxisme profondément radicale, s’éloignant du léninisme orthodoxe qui dominait jusque-là la pensée révolutionnaire en Europe. Cette rupture idéologique avec les partis communistes classiques découle de leur désillusion face à ce qu’elles perçoivent comme une compromission du mouvement ouvrier dans les sociétés capitalistes développées, notamment en raison de leur acceptation du réformisme et de leur incapacité à initier une révolution véritable.

Le marxisme révolutionnaire des Brigades Rouges et de la RAF se nourrit de diverses influences : libertarisme, freudo-marxisme, et subjectivisme affectif. Ces mouvements s’éloignent ainsi de la doxa pure de Marx pour emprunter une voie plus intuitive et révolutionnaire, qui privilégie l’action directe, l’autonomie des masses et un rejet des structures autoritaires. Ce marxisme radical met l’accent sur le caractère subjectif et affectif de l’individu dans le processus révolutionnaire, en privilégiant une révolution des consciences aussi bien qu'une révolution sociale.

Les Brigades Rouges et la RAF sont particulièrement influencées par les mouvements de guérilla urbaine d’Amérique latine. Ces derniers, notamment inspirés par Che Guevara, Carlos Marighella au Brésil, et les Tupamaros en Uruguay, ont développé des tactiques de résistance armée urbaine, qui combinent une lutte directe contre les symboles du pouvoir (banques, gouvernements, industries) et une mobilisation populaire en faveur de la révolution. Ce modèle de guérilla urbaine s’appuie sur l’idée que, même dans les sociétés industrialisées et capitalistes, la révolution peut être portée par des groupes révolutionnaires urbains qui perturbent l’ordre établi par des actions directes, tout en cherchant à rallier les masses populaires à leur cause.

Les Brigades Rouges et la RAF prennent donc exemple sur ces guérillas latino-américaines pour concevoir leur propre lutte armée, en cherchant à déstabiliser le système par des attaques spectaculaires et une mobilisation de la base. L’influence de Che Guevara, qui défend l’idée que la violence révolutionnaire est un moyen légitime et nécessaire pour la transformation sociale, est également cruciale dans la pensée de ces groupes. La référence à Marighella et aux Tupamaros illustre l’influence de ces mouvements sur la conception de la lutte armée, qui se veut une réponse directe au capitalisme et à l'impérialisme.

En plus de l'influence des guérilleros d'Amérique latine, les Brigades Rouges et la RAF sont aussi influencées par le maoïsme et sa vision de la révolution. Le maoïsme, qui prône une révolution populaire de masse et un renversement des élites en s’appuyant sur les masses paysannes et urbaines, devient un modèle idéologique pour ces groupes. Le maoïsme, avec sa mise en avant de l’autonomie des peuples et de la mobilisation populaire, a un impact particulier sur la RAF, qui cherche à détruire les institutions occidentales perçues comme impérialistes et capitalistes.

Les Brigades Rouges et la RAF se considèrent comme faisant partie d’une révolution mondiale, inspirée par le maoïsme, cherchant à renverser l’ordre capitaliste en Europe, à la manière de la révolution culturelle en Chine. Ils croient que, même dans des sociétés industrialisées, une révolte urbaine et prolongée peut ébranler les bases du capitalisme.

En somme, les Brigades Rouges et la RAF rejettent le réformisme des partis communistes occidentaux et considèrent la violence révolutionnaire comme l’unique voie pour parvenir à un changement radical. Ils croient que seule une rupture complète avec le système permettra de créer une nouvelle société. Cette violence n’est pas vue comme un simple outil tactique, mais comme un moteur de transformation sociale, capable de remettre en question l’ensemble des structures sociales, économiques et politiques de l’ordre établi.

Les deux groupes développent une conception du marxisme qui va au-delà des bases léninistes classiques : ils insistent sur une révolution subjective, sur la libération individuelle et collective, et sur le rejet des structures de pouvoir traditionnelles. Cette vision de la révolution, inspirée à la fois par l’anarchisme, le freudo-marxisme, et l’expérience des guérilleros urbains en Amérique latine, est profondément antagoniste aux pratiques des partis communistes orthodoxes, qui privilégient souvent des stratégies plus modérées et légales.

Les divergences BR – RAF[modifier | modifier le wikicode]

Les divergences entre les Brigades Rouges (BR) et la Rote Armee Fraktion (RAF) sont multiples et se manifestent tant sur le plan idéologique que sur celui des stratégies politiques. Bien que les deux groupes partagent des objectifs révolutionnaires globaux, leurs approches de la lutte et leurs alliances stratégiques diffèrent significativement.

La vision internationaliste de la RAF[modifier | modifier le wikicode]

La Rote Armee Fraktion (RAF) se définit comme un mouvement profondément internationaliste. Principalement composé d’intellectuels et d’anciens étudiants, ce groupe entend non seulement remettre en cause l’ordre interne de la République fédérale d'Allemagne (RFA), mais aussi promouvoir un mouvement révolutionnaire socialiste mondial. Leur projet repose sur l’idée d’une stratégie unificatrice de la classe ouvrière, visant à encourager une solidarité mondiale des travailleurs et des mouvements révolutionnaires. En ce sens, la RAF se considère comme partie intégrante d’un mouvement mondial plus vaste, dont l’objectif est de renverser l’impérialisme capitaliste à l’échelle internationale, et de remplacer l’ordre établi par une révolution socialiste globale.

Pour la RAF, le recours à la violence révolutionnaire est un élément central du processus révolutionnaire mondial. La violence n’est pas perçue comme une fin en soi, mais comme un moyen nécessaire pour déstabiliser les régimes capitalistes et inciter à la révolte populaire. Elle est vue comme un instrument tactique visant à affaiblir l’ordre impérialiste et à dynamiser la lutte révolutionnaire.

Les actions violentes menées par la RAF sont souvent calculées et stratégiques. Par exemple, les premiers attentats contre des grands magasins sont effectués de nuit, afin de minimiser les risques pour la population civile et éviter de générer trop d’hostilité parmi les masses populaires qu’ils cherchent à rallier à leur cause. Cette stratégie vise à protéger les sympathisants du mouvement tout en dérangeant et perturbant l’ordre économique et politique. Ainsi, la violence, pour la RAF, devient une méthode de catalyse du changement, jouant un rôle prépondérant dans la création de conditions propices à une révolution à l’échelle mondiale.

La RAF s’appuie également sur le soutien symbolique de l'Union soviétique, qu'elle perçoit comme le pôle central des luttes révolutionnaires. L'Union soviétique est vue par les membres de la RAF comme l’élément clé de l’opposition au capitalisme occidental et le pilier de la résistance contre l’impérialisme mondial. Cependant, cette admiration symbolique n’empêche pas la RAF de critiquer certains aspects du système soviétique, qu’ils considèrent comme bureaucratique et répressif, s’éloignant de l’idéal révolutionnaire pur. La RAF rejette ainsi une vision orthodoxe du marxisme-léninisme, jugée trop institutionnalisée et dévoyée de sa mission révolutionnaire originelle. Elle aspire à une forme de révolution plus radicale, plus proche des idéaux de guérilla et des mouvements révolutionnaires populaires qui se battent dans d’autres parties du monde.

Pour les militants de la RAF, la RFA représente avant tout une création américaine, une extension de l’impérialisme occidental en Europe. Ils considèrent la RFA comme une marionnette des États-Unis, où les élites politiques et économiques sont perçues comme étant complices du capitalisme mondial et des systèmes d’exploitation. L’objectif principal de la RAF est donc de déstabiliser ce système et de combattre l’influence américaine, qui est jugée responsable des injustices globales.

Les membres de la RAF considèrent également la RFA comme un élément clé du bloc occidental, et leur lutte est dirigée contre cette puissance impérialiste qu’ils perçoivent comme une extension du capitalisme mondial. En cela, la RAF s’inscrit dans une lutte plus globale contre l’impérialisme et cherche à contribuer à l’unification des luttes révolutionnaires contre les puissances impérialistes. Leur soutien à l’Union soviétique et leur influence par les idéaux marxistes-léninistes se fondent sur l’idée que la lutte en Allemagne fait partie intégrante d’un combat mondial pour renverser l’ordre impérialiste.

Les Brigades Rouges : une lutte centrée sur l’Italie[modifier | modifier le wikicode]

À la différence des mouvements révolutionnaires mondiaux comme la Rote Armee Fraktion (RAF), les Brigades Rouges (BR) concentrent leur lutte sur la révolution italienne. Leur analyse du capitalisme impérialiste et du système économique mondial repose sur l’idée que l’Italie est une création du capitalisme mondial et une victime du système impérialiste. L’Italie, selon les Brigades Rouges, est dominée par les multinationales et un système économique globalisé, qui aggrave les conditions de vie de la classe ouvrière italienne et accentue les inégalités sociales.

Les BR considèrent l'Italie comme un maillon clé de l’empire capitaliste occidental, où les puissances économiques et politiques mondiales exercent leur domination à travers un système de partenariat entre le capital et l’État. Pour elles, l’exploitation de la classe ouvrière italienne est le produit de la mondialisation capitaliste, et cette situation de domination économique justifie une révolution interne.

Pour les Brigades Rouges, la lutte révolutionnaire doit se concentrer sur la prise du pouvoir en Italie afin de renverser le système capitaliste et établir une nouvelle société basée sur une économie planifiée, une redistribution des richesses et une justice sociale. Les BR ne cherchent pas à instaurer un nouvel État ou une simple réforme sociale, mais un changement total et radical de l’ordre économique, politique et social en Italie.

Cette lutte passe par une action directe et par la création de structures révolutionnaires qui renversent les institutions existantes. En ce sens, la révolution ne se conçoit pas comme un mouvement internationaliste, mais comme une réponse spécifique aux réalités sociales et économiques de l’Italie, un pays marqué par un développement capitaliste rapide mais aussi par une forme d’oppression interne liée au modèle impérialiste.

Les Brigades Rouges se distinguent par une critique acerbe du révisionnisme marxiste, notamment en Italie. Elles s’opposent fermement à l’idéologie réformiste de certains partis communistes, en particulier le Parti Communiste Italien (PCI), qu’elles jugent complice du système capitaliste. Les BR reprochent au PCI d’avoir accepté des compromis avec l’ordre établi à travers le compromis historique avec la Démocratie Chrétienne, un accord qui, selon les BR, affaiblit le mouvement révolutionnaire et traite avec les structures de pouvoir existantes sans remettre en cause le capitalisme sous-jacent.

Ainsi, contrairement à la RAF, qui met l’accent sur la lutte mondiale et la nécessité d’un changement global, les Brigades Rouges concentrent leur révolution sur la transformation de la société italienne. Elles ne cherchent pas à imiter un modèle révolutionnaire soviétique, mais à développer une forme de révolution unique à l’Italie, où le compromis historique et les réformes progressistes sont perçus comme des trahisons des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme.

Les Brigades Rouges et la RAF s’opposent également sur le plan idéologique concernant la nature de la révolution et la construction du changement social. La RAF adopte un approche plus subjective, où la violence révolutionnaire est considérée comme un moyen de catalyser la révolution à l’échelle mondiale. En revanche, les BR critiquent ce subjectivisme, considérant que la révolution doit se construire objectivement sur le terrain, en focalisant les efforts sur la prise du pouvoir dans des institutions spécifiques et en réorganisant le système économique et social de manière radicale et concrète en Italie.

Les Brigades Rouges croient fermement en la nécessité d’une mobilisation de masse en Italie, visant à rassembler les ouvriers, les étudiants, et les mouvements sociaux pour renverser l'ordre capitaliste à travers une action organisée et structurée. Cette approche met l'accent sur une construction progressive du changement social et politique, qu’elles considèrent comme plus pragmatique et réaliste que les théories révolutionnaires mondiales de la RAF.

Une absence de solidarité initiale[modifier | modifier le wikicode]

Au début, une absence de solidarité effective existe entre les Brigades Rouges (BR) et la Rote Armee Fraktion (RAF), malgré leurs objectifs révolutionnaires communs. Ces deux groupes, bien qu'unis dans leur lutte contre l'impérialisme et le capitalisme, s'accusent mutuellement de ne pas adopter une approche correcte de la lutte révolutionnaire.

Les Brigades Rouges reprochent à la RAF de mythifier le rôle de l’Union soviétique et de suivre un modèle soviétique qu’elles jugent inapproprié et inefficace dans le contexte des sociétés occidentales. Selon les BR, l'URSS est inefficace et réformiste, s'éloignant des principes du marxisme-léninisme. Elles considèrent que les solutions soviétiques ne sont plus adaptées à la révolution européenne et que la lutte en Italie ne nécessite pas l'influence ou l’intervention de l’URSS. Pour elles, la révolution italienne doit s’opérer de manière autonome, en se basant sur une lutte locale et concrète, sans chercher à imiter un modèle soviétique qui, selon elles, a perdu sa validité après la stagnation du système soviétique.

De leur côté, la RAF critique la stratégie des Brigades Rouges, qu’elles jugent trop centrée sur l’Italie et localisée dans une perspective de révolution limitée à un seul pays. Pour la RAF, une révolution mondiale et internationaliste est nécessaire pour renverser le capitalisme et l’impérialisme. Leur vision est plus globaliste et centrée sur la solidarité entre les luttes de tous les peuples opprimés, quelle que soit leur localisation géographique. La RAF croit fermement que la révolution doit être transnationale, car l'impérialisme et le capitalisme ne connaissent pas de frontières et qu'il est donc impératif d’avoir une vision plus large que la seule révolution interne à l’Italie.

Malgré ces divergences, un terrain d’entente émerge entre les Brigades Rouges et la RAF autour de la cause palestinienne. Bien que ces deux groupes aient des contexte géopolitiques distincts — la RAF étant plus axée sur une vision internationaliste mondiale, tandis que les Brigades Rouges sont principalement focalisées sur l’Italie — ils reconnaissent tous deux l’importance d’un internationalisme révolutionnaire et voient dans la lutte palestinienne un symbole de résistance commune contre l’impérialisme occidental. La cause palestinienne, dans ce cadre, devient un objet de convergence idéologique pour ces groupes, renforçant leur conviction que les luttes contre l'impérialisme sont liées et qu’elles doivent se soutenir mutuellement.

Les contacts entre les BR, la RAF, et les mouvements palestiniens se multiplient, notamment autour de questions pratiques comme l’entraîneur militaire et le fournissement d’armes. Ces liens marquent un début de coopération pragmatique entre les deux groupes révolutionnaires européens et les groupes de guérilla palestiniens, avec l’idée que la solidarité entre luttes révolutionnaires est essentielle dans la construction d’une internationalisme révolutionnaire véritable. Ces échanges ont aussi pour objectif de renforcer les capacités des BR et de la RAF, en soutenant les actions armées dans la lutte contre l’impérialisme et en formant de nouvelles générations de révolutionnaires.

Cependant, malgré cette coopération pragmatique autour de la lutte palestinienne, les divergences idéologiques et stratégiques restent profondes entre les Brigades Rouges et la RAF, ce qui rend leur solidarité totale difficile à atteindre. Les BR et la RAF poursuivent leur lutte révolutionnaire avec des objectifs distincts : les BR restent concentrées sur leur révolution italienne, tandis que la RAF cherche une révolution mondiale, ce qui rend leurs alliances plus complexes. La question du soutien à l’URSS, du révisionnisme marxiste et du modèle de révolution continue de créer des fractures dans leurs relations.

Complexité des relations et hétérogénéité idéologique[modifier | modifier le wikicode]

La relation entre les Brigades Rouges (BR) et la Rote Armee Fraktion (RAF) révèle une complexité fondamentale qui rend difficile toute fusion ou solidarité totale entre les deux mouvements, malgré certains points de convergence idéologique. Bien qu'ils partagent un objectif commun de renverser le système capitaliste et de lutter contre l'impérialisme, leur approche de la révolution, ainsi que leurs stratégies et alliances, diffèrent profondément.

Une des principales sources de tension entre les BR et la RAF réside dans leur rapport à l’Union soviétique et au révisionnisme marxiste. Les Brigades Rouges rejettent l’Union soviétique qu'elles considèrent comme inefficace et réformiste, un système qui s’éloigne des idéaux révolutionnaires purs du marxisme-léninisme. Pour les BR, la révolution doit se mener localement, en se concentrant sur la transformation de l’Italie, sans chercher à reproduire un modèle soviétique qu'elles jugent bureaucratique et détourné de ses objectifs initiaux.

En revanche, la RAF maintient un lien symbolique avec l’URSS, bien qu'elle soit également critique à l’égard de certains aspects du système soviétique. Pour la RAF, l’Union soviétique représente un soutien potentiel aux luttes révolutionnaires, une source d’inspiration dans la lutte contre l'impérialisme occidental. La RAF croit en l’importance d’une solidarité mondiale et considère l’URSS comme un acteur central dans le mouvement révolutionnaire international. Ainsi, la RAF se place dans une perspective mondialiste et internationaliste, se basant sur le soutien de l'URSS et l’idée d’une révolution mondiale pour abattre le système capitaliste.

Cette divergence sur l’Union soviétique et le révisionnisme marxiste crée des difficultés majeures pour établir une alliance stratégique durable entre les deux groupes. Alors que les BR cherchent une révolution italienne autonome, la RAF vise une révolution transnationale, soutenue par la vision soviétique du socialisme et la guérilla urbaine.

Au-delà de cette divergence concernant l’URSS, ces deux groupes révèlent également une hétérogénéité idéologique interne dans leur compréhension du marxisme et de ses applications. Les Brigades Rouges concentrent leur action révolutionnaire principalement sur l'Italie, avec l'objectif de renverser le capitalisme et de libérer les masses italiennes de l'influence des multinationales et du système impérialiste. Leur approche pragmatique de la révolution se base sur des actions locales concrètes et une lutte intégrée au tissu social italien.

Les Brigades Rouges insistent sur la construction d’une révolution en Italie qui repose sur des principes d’autonomie locale et sur la solidarité nationale. Elles considèrent la révolution mondiale comme secondaire par rapport à leur lutte pour la libération du peuple italien, une approche qui limite leur dimension internationaliste.

De leur côté, la RAF adopte une perspective plus globaliste et internationaliste. Leur vision de la révolution est orientée vers un changement global, marqué par un engagement transnational et une alliance des peuples opprimés à travers le monde. La RAF croit fermement que seule une révolution mondiale, soutenue par la solidarité internationale, peut renverser l’impérialisme et le capitalisme à une échelle suffisamment large pour transformer les structures mondiales. Le soutien soviétique et la guérilla urbaine sont perçus comme des éléments essentiels pour cette révolution mondiale.

Ainsi, l’hétérogénéité idéologique des deux groupes est évidente : tandis que les Brigades Rouges privilégient une révolution locale, centrée sur l’Italie, la RAF s’engage dans une révolution mondiale, où les luttes nationales doivent être interconnectées et solidarisées à travers un mouvement mondial de guérilla.

Les techniques du terrorisme international[modifier | modifier le wikicode]

Au-delà des convergences et des différences entre les mouvements terroristes tels que les Brigades Rouges (BR), la Rote Armee Fraktion (RAF) et les mouvements palestiniens, il est pertinent de se demander s’il y a un mimétisme dans leurs modalités d’action et d’opération. Peut-on parler de répétition ou de stratégies similaires dans leurs manières de faire de la violence ? Il semble que la publicisation de l’acte terroriste joue un rôle fondamental dans la réussite du terrorisme. Le terrorisme n’existe que par la publicité qu’il génère, c’est-à-dire par les répercussions visibles qu’il provoque dans la société, qu’elles soient humaines ou matérielles.

Les actes de violence terroriste sont souvent pensés et orchestrés pour provoquer un impact médiatique. Les images, les réactions émotionnelles, et la manière dont l'événement est relayé par la presse deviennent des éléments essentiels de la stratégie terroriste. Cela soulève la question suivante : comment les modes d’action violents se transforment-ils en instruments de contrôle sur la population et le gouvernement ? Qualifier et analyser ces actes permettrait de mieux comprendre comment réguler et contrer ce genre de menace.

La piraterie aérienne[modifier | modifier le wikicode]

L’un des événements marquants du terrorisme international des années 1960 et 1970 est l’émergence de la piraterie aérienne, c’est-à-dire le détournement d’avions. Bien que les premiers détournements aient lieu entre 1945 et 1952, où des citoyens de l’Est cherchaient à fuir vers l’Ouest, ces actes n’avaient pas encore de connotation politique. Ils étaient plutôt motivés par des revendications personnelles ou des désirs d’évasion, dans le cadre de ce qu’on pourrait appeler un héroïsme de la fuite, où l’objectif n’était pas encore de provoquer une réaction internationale ou de rendre visible une cause politique.

Cependant, la piraterie aérienne prend une tournure politique décisive lorsque le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine), le 28 juillet 1968, détourne un vol El Al reliant Rome à Tel Aviv. L’objectif du FPLP est clair : échanger des prisonniers palestiniens détenus en Israël contre 16 palestiniens emprisonnés. À travers ce geste, le FPLP cherche à rendre visible la condition palestinienne, en l’inscrivant sur la scène internationale. Ce détournement marque un tournant dans la publicisation du terrorisme, où la piraterie aérienne devient une méthode de communication.

L'usage symbolique et médiatique du détournement[modifier | modifier le wikicode]

Le détournement d’avions devient rapidement un moyen stratégique pour le FPLP de faire connaître la cause palestinienne au niveau mondial. Pour George Habache, leader du FPLP, la résistance palestinienne se heurte aux limites géopolitiques d’Israël et à la confinement de la lutte sur le territoire palestinien. Habache comprend que, pour que la cause palestinienne évolue et acquière une dimension internationale, il est crucial de sortir la lutte de Palestine et de la projeter sur un plan mondial. Le détournement d’avion, en tant qu’acte spectaculaire et médiatique, devient ainsi un moyen efficace de faire passer le message au monde entier.

En détournant un avion, le FPLP peut non seulement captiver l'attention des médias internationaux, mais aussi influencer l'opinion publique mondiale en rendant visibles les revendications palestiniennes. Cet acte de piraterie aérienne, qui se déroule dans des conditions de haute tension, crée une situation spectaculaire et visuellement forte, dans laquelle les images de l'attaque et des conséquences immédiates sont relayées par les médias du monde entier. Ce processus transforme un acte de violence en une puissante forme de communication.

Le détournement d’un avion devient alors l’acte publicitaire parfait, capable de propulser la cause palestinienne sur la scène mondiale, tout en attirant l’attention des décideurs politiques, des médias internationaux et du public mondial. À travers cette visibilité médiatique, le FPLP parvient à transcender les frontières physiques de la Palestine, et fait en sorte que la lutte palestinienne ne soit plus perçue comme une simple lutte locale, mais bien comme une cause internationale. Le détournement d’avion devient un instrument de communication à part entière, où l'impact symbolique est aussi crucial que les revendications politiques qui en découlent.

Dans cette logique, la piraterie aérienne devient une nouvelle forme de terrorisme médiatique, dans laquelle l’action violente est un moyen de capturer l'attention mondiale et de forcer un dialogue sur la situation palestinienne. L'impact des images générées par ces détournements dépasse largement le cadre de l’événement lui-même, et contribue à construire une narrative globale autour des injustices perçues contre les Palestiniens.

Ainsi, le détournement d’avions s'inscrit dans une stratégie de mondialisation de la résistance. Habache et le FPLP ont bien compris que la lutte palestinienne ne peut se limiter à un affrontement avec Israël, mais qu’elle doit s'étendre sur le plan mondial, en résonnant avec les autres luttes de libération nationale et en mobilisant une solidarité internationale. Le détournement devient une manière de dynamiser cette solidarité, en rendant le conflit palestinien visible dans le monde entier, de manière spectaculaire et difficile à ignorer.

Ce mouvement stratégique a également pour but de dépasser les limites de la lutte armée locale en transformant la résistance palestinienne en une cause universelle, liée aux grandes questions géopolitiques de l’époque : la lutte contre l’impérialisme, le colonialisme et les injustices globales. Par cet acte, le FPLP ne cherche pas seulement à faire entendre sa voix, mais à rediriger l'attention mondiale vers un problème qu'il considère comme central dans la lutte mondiale pour la liberté et l’autodétermination.

Leila Khaled et l'apogée de la piraterie aérienne[modifier | modifier le wikicode]

Le détournement d'avion devient un véritable moyen stratégique et publicitaire pour le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine), qui trouve dans cette méthode un moyen efficace de rendre visible la cause palestinienne sur la scène mondiale. Après le premier détournement en 1968, le FPLP multiplie les actions de piraterie aérienne. En décembre 1968, un vol d'El Al reliant Athènes à Tel Aviv est détourné, suivi par un autre détournement en février 1969 au départ de Zurich. Ces actes marquent une intensification de la tactique de piraterie aérienne, qui devient un moyen privilégié pour le FPLP de publiciser sa lutte.

Cependant, l'apogée de cette tactique se manifeste en août 1969, lorsque Leila Khaled, une jeune institutrice et membre du FPLP, devient une figure emblématique du mouvement révolutionnaire palestinien. Leila Khaled détourne un Boeing 707 en provenance de Rome, à destination de Tel Aviv, et le fait rediriger vers Damas. Après l'évacuation des 116 passagers, l’avion est dynamité. Cet acte, au-delà de sa dimension violente, devient un acte hautement symbolique, renforçant l'idée que les détournements d'avions ne sont pas seulement des actions violentes, mais aussi des moyens de communication puissants au service des revendications politiques du FPLP.

Leila Khaled devient, à partir de cet acte, une icône de la résistance palestinienne. Son image est immédiatement associée à une lutte révolutionnaire qui cherche à faire entendre la voix de ceux qui sont opprimés. En tant que femme, elle incarne également une dimension nouvelle du militantisme, offrant une figure forte qui transcende les stéréotypes traditionnels des mouvements armés. Sa réputation mondiale fait d’elle une figure charismatique, et l'acte symbolique du détournement renforce la portée médiatique de la lutte palestinienne.

L'impact médiatique de ce geste est majeur. Le détournement devient un spectacle mondial, dont les images sont largement diffusées, renforçant l'idée que la piraterie aérienne est une méthode stratégique permettant au FPLP de capter l'attention mondiale et d'attirer les projecteurs sur la cause palestinienne. En quelques heures, le détournement de Leila Khaled prend une dimension internationale, devenant un symbole de résistance et de lutte contre l'oppression.

Les détournements d'avions orchestrés par le FPLP ne se limitent pas à de simples actions terroristes. Ces actes visent avant tout à communiquer un message, à sensibiliser l'opinion publique mondiale à la situation des Palestiniens et à attirer l'attention internationale sur leur revendication. Chaque détournement devient un acte publicitaire, amplifié par la couverture médiatique mondiale. Ce phénomène transforme le terrorisme en moyen de communication, où la violence est étroitement liée à la visibilité et à l’impact médiatique.

Le FPLP, sous la direction de George Habache, voit dans le détournement d'avion une tactique efficace pour rendre la résistance palestinienne visible à l'échelle internationale. Les détournements sont soigneusement orchestrés pour maximiser leur portée médiatique, et le message politique qui les accompagne est clair : il s'agit d'une lutte pour la justice et pour l’autodétermination des Palestiniens.

À travers cette méthode de piraterie aérienne, le FPLP ne se contente pas de revendiquer une cause ; il cherche à changer les règles de la lutte révolutionnaire en donnant à ses actes une dimension globale, largement diffusée par les médias internationaux. En transformant chaque détournement en un événement médiatisé, le FPLP parvient à faire de la piraterie aérienne un outil stratégique de communication, où la violence devient un moyen de mobiliser l’opinion publique et de construire un mouvement international autour de la cause palestinienne.

Le détournement d'avions, notamment par des figures comme Leila Khaled, symbolise l’évolution de la violence politique vers une méthode de communication révolutionnaire, où l'objectif n'est pas seulement de faire des victimes, mais d’imposer une cause sur la scène mondiale à travers une publicité maximale. Cette stratégie permet au FPLP de maximiser l’impact de ses actions, tout en renforçant sa légitimité internationale.

La crise de septembre 1970[modifier | modifier le wikicode]

Le 6 septembre 1970 marque un tournant dramatique dans l’histoire de la piraterie aérienne et des actions du FPLP. Ce jour-là, quatre avions sont détournés simultanément, dont un Boeing 707 de la TWA et un DC 8 de Swissair, tous deux redirigés vers la Jordanie. Cette série de détournements simultanés représente un acte audacieux et coordonné, qui dépasse le simple acte de violence pour devenir un événement médiatique d’envergure mondiale. Les avions se posent à Zarka, un aéroport désertique en Jordanie, où les passagers sont évacués sans dommage, mais les avions sont détruits sur place. Cette action vise à attirer l’attention sur la cause palestinienne, tout en renforçant l’idée que la piraterie aérienne est désormais un moyen de communication global.

La crise des détournements de septembre 1970 dure six jours, une période durant laquelle le FPLP parvient à maintenir un contrôle médiatique total sur l’événement. Pendant ces six jours, le FPLP organise une conférence de presse à l’aéroport de la révolution à Zarka, où il revendique publiquement ses actes et expose ses revendications politiques. La conférence de presse permet de focaliser l'attention internationale sur la lutte palestinienne, en mettant en avant des images fortes de l’action violente, mais aussi en offrant une tribune médiatique qui amplifie la portée du message du FPLP.

La conférence de presse à Zarka est un élément clé de cette stratégie médiatique, où le FPLP ne se contente pas de commettre un acte terroriste, mais cherche à légitimer son action et à mobiliser l’opinion publique mondiale. Ces détournements d’avions, bien que violents, sont donc vus comme des moyens de diffuser un message politique fort, et de porter la cause palestinienne au centre des préoccupations internationales. Le FPLP réussit à transformer un acte de violence en une opportunité de communication, en utilisant les médias pour renforcer la visibilité de la lutte palestinienne.

Le 12 septembre 1970, l’armée jordanienne, sous la pression croissante de la communauté internationale et de la réaction de l’État israélien, lance une attaque contre les forces de l’OLP en Jordanie, mettant ainsi fin à une série de détournements. Cet affrontement militaire marque un tournant décisif dans la crise de septembre 1970, illustrant les tensions croissantes entre les forces palestiniennes et les autorités jordaniennes, mais aussi la réaction violente des États face aux tactiques de piraterie aérienne.

L’intervention de l’armée jordanienne détruit le sanctuaire temporaire que représentait la Jordanie pour les groupes palestiniens. Ce moment de confrontation directe avec l'armée jordanienne met un terme à une décennie de détournements d’avions et met en évidence les limites de cette stratégie violente. Le FPLP, bien que parvenu à amplifier sa visibilité internationale, se trouve confronté à la réalité de la répression militaire et à la nécessité de réévaluer ses méthodes d’action.

La crise de septembre 1970 marque également un tournant dans l'usage de la piraterie aérienne comme moyen de résistance médiatique et de mobilisation internationale. Bien que la visibilité et l’impact médiatique des détournements aient été considérables, cet épisode illustre également les risques de l’usage excessif de telles tactiques. À partir de cet événement, les détournements d’avions commencent à être perçus comme une tactique de plus en plus risquée et contre-productive.

Les autorités palestiniennes, en particulier Yasser Arafat, commencent à réévaluer cette méthode. En 1971, le FPLP abandonne progressivement le détournement d’avions, bien que des groupes plus radicaux continuent à recourir à cette tactique. La crise de septembre 1970 sert ainsi de leçon pour les groupes palestiniens : bien que la publicité mondiale soit un élément clé de la stratégie, le coût politique et militaire de l’usage de la piraterie aérienne commence à surpasser les bénéfices symboliques.

L’abandon progressif de la tactique du détournement[modifier | modifier le wikicode]

À la fin des années 1970, après une décennie marquée par une série de détournements d’avions, cette tactique est progressivement perçue comme contre-productive. Bien que les détournements aient initialement servi à attirer l’attention internationale sur la cause palestinienne, leur efficacité commence à s’amenuiser. Les répercussions négatives sur la légitimité de la lutte palestinienne et l’isolement croissant des groupes utilisant cette méthode poussent les dirigeants palestiniens à reconsidérer leur recours à cette forme de violence.

En particulier, Yasser Arafat, leader de l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine), prend la décision de diminuer les détournements d’avions en raison de leur impact négatif sur la perception internationale de la lutte palestinienne. Arafat estime que ces actions détournent l’attention des revendications politiques fondamentales et finissent par discréditer la cause palestinienne. Bien que l'usage de la piraterie aérienne ait permis de médier la lutte palestinienne à l’échelle mondiale, l'effectivité de cette stratégie s’essouffle, et ses conséquences diplomatiques deviennent de plus en plus lourdes à supporter.L'abandon officiel par le FPLP

En 1971, après plusieurs détournements d’avions spectaculaires au cours desquels le FPLP a réussi à capter l’attention mondiale, ce dernier abandonne officiellement la tactique du détournement d’avions. Cette décision s'inscrit dans une volonté de réorientation stratégique : le FPLP cherche à se distancer de cette méthode, trop associée à la violence aveugle et aux craintes de représailles internationales. Ce changement d’orientation s’accompagne d’un désir de réévaluation des moyens de résistance à la domination israélienne, avec un retour vers des formes de lutte moins médiatisées, mais plus politique et diplomatique.

Le raid d’Entebbe en 1976, bien qu’il soit l’un des détournements les plus médiatisés de cette période, illustre la continuité de cette stratégie violente par certains groupes palestiniens, même après l'abandon officiel du FPLP. Ce raid, mené par des palestiniens et des alliés, prend une ampleur mondiale, mais il renforce aussi l’idée que, bien qu’efficace médiatiquement, le détournement d’avions continue à diviser l’opinion publique internationale et à isoler davantage les causes portées par les groupes palestiniens.

Cet événement, tout comme d'autres, montre qu'après la décision de l’OLP de se distancier des détournements, certains groupes radicaux continuent à utiliser cette méthode, convaincus de son efficacité dans la mobilisation de l’opinion publique. Cependant, le risque d’escalade et l'isolement diplomatique croissant des groupes impliqués dans de tels actes deviennent des obstacles majeurs à leur succès stratégique.

Au fur et à mesure des années 1970, le détournement d’avions est de plus en plus perçu comme contre-productif. L’image des groupes palestiniens commence à souffrir de la répétition des détournements, qui sont désormais souvent associés à des tactiques extrémistes. La réaction internationale devient de plus en plus hostile, avec des mesures de sécurité accrues, des réactions diplomatiques sévères, et un renforcement des contrôles dans les aéroports du monde entier.

Les détournements d’avions commencent à être vus comme une tactique qui ne fait que renforcer les politiques répressives des pays occidentaux, au lieu de faire avancer la cause palestinienne. Cela entraîne une révision par les dirigeants palestiniens de leur stratégie globale.

L'abandon de la tactique du détournement d’avions par le FPLP à partir de 1971 témoigne d’un changement profond dans les stratégies des mouvements palestiniens. Bien que le détournement d’avions ait initialement permis de maximiser la visibilité des revendications palestiniennes sur la scène internationale, son impact médiatique s’est progressivement dissipé, et les répercussions diplomatiques ont poussé les groupes radicaux à explorer d’autres formes de lutte politique et de résistance.

Une méthode de publicisation[modifier | modifier le wikicode]

Le détournement d'avion émerge comme l'une des premières méthodes de publicisation du terrorisme international, une tactique innovante qui transforme un acte de violence en un moyen de communication mondiale. Le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine) réinvente le terrorisme en en faisant non seulement un acte de rébellion, mais aussi un moyen stratégique de médiatisation. En détournant des avions, il utilise les médias comme levier pour propager sa cause et attirer l'attention internationale sur la situation palestinienne. Chaque détournement devient une performance médiatique, avec une portée mondiale, où l'impact visuel et symbolique est aussi crucial que les revendications politiques qui l’accompagnent.

Les détournements d’avions ne sont plus seulement des actes violents, mais des outils de communication révolutionnaire. Le FPLP comprend très vite que, pour faire entendre la cause palestinienne, il faut sortir du cadre restreint de la lutte locale et utiliser la scène internationale comme terrain d’expression. Le détournement d’avion devient ainsi un moyen de pression médiatique et une tactique de visibilité, où l'usage de la violence est soigneusement orchestré pour capturer l'attention des médias, mobiliser l’opinion publique et forcer la communauté internationale à réagir.

Les détournements d’avions symbolisent une véritable convergence entre politique, violence et médias. Ces actions sont minutieusement calculées pour maximiser leur impact médiatique. Le but n'est pas simplement de commettre un acte de violence, mais d'en provoquer des retombées qui déborderont largement du cadre immédiat du détournement lui-même. En attirant l'attention des grands médias du monde entier, chaque détournement d’avion devient une plateforme mondiale pour exprimer des revendications politiques, et plus encore, une demande d'attention internationale sur une cause révolutionnaire.

À travers cette publicité forcée, le FPLP transforme un simple acte de terrorisme en une opération médiatique, où chaque geste violent devient un message mondial et une publicité involontaire pour la cause palestinienne. Ce mode d’action reflète l'évolution de la violence dans un contexte médiatique global, où le spectacle de la violence et les images de guerre deviennent des moyens de mobilisation pour une révolte mondiale.

Cette tactique de publicisation marque un tournant dans les stratégies terroristes, car elle symbolise l’entrée dans une ère où la violence devient un outil de communication globale. Le détournement d'avion est ainsi une forme de guerre symbolique qui cherche à provoquer une réponse au-delà de la sphère locale ou régionale, en touchant les systèmes politiques et les consciences collectives à l’échelle mondiale.

Le détournement devient l'exemple d'une violence stratégique, où l'acte en lui-même est calculé pour maximiser la visibilité et faire résonner un message qui dépasse les frontières de l'État-nation. En utilisant les médias comme moteur de diffusion de leur message politique, les terroristes palestiniens ont compris que l’impact global ne se résume pas simplement à un acte violent isolé, mais qu’il repose sur la capacité de l’acte à mobiliser l’attention internationale.

Bien que cette tactique de piraterie aérienne ait été progressivement abandonnée par le FPLP à partir des années 1970, elle marque un tournant dans l'histoire du terrorisme international. Le détournement d’avion devient une stratégie de communication révolutionnaire qui introduit une nouvelle manière de combiner violence et média pour faire avancer une cause politique. Ainsi, ces événements incarnent l'évolution du terrorisme en une forme de violence médiatisée, où l’objectif ultime est de capturer l'attention mondiale et de rediriger le débat public vers les revendications politiques des mouvements révolutionnaires.

Un arsenal offensif[modifier | modifier le wikicode]

Il existe un profond écart entre les moyens utilisés par les mouvements palestiniens radicaux et ceux des Brigades Rouges (BR) et de la Rote Armee Fraktion (RAF). Bien que tous partagent un objectif commun de renversement des systèmes de pouvoir qu'ils considèrent comme oppressifs, leurs méthodes et leurs techniques diffèrent selon leur contexte géopolitique et leur idéologie spécifique. Cependant, une constante apparaît : les techniques du terrorisme ne sont jamais le fruit du hasard. Chaque action violente est calculée, en lien avec les objectifs politiques poursuivis. La violence, dans ces contextes, n’est pas simplement une fin en soi, mais un moyen stratégique conçu pour atteindre un but précis. Ce lien entre la politique de la lutte et les moyens tactiques de défense des objectifs montre que toute action terroriste repose sur une planification réfléchie.

Les Brigades Rouges[modifier | modifier le wikicode]

Les Brigades Rouges (BR) entament leur chemin de radicalisation et de violence révolutionnaire de manière progressive. Leur premier acte significatif intervient avec l'incendie d’un véhicule appartenant à un dirigeant de la SIT-Siemens. Cet acte marque le début de leur passage à l’illégalité. Cependant, il ne s’agit pas simplement d’un acte isolé, mais d'une phase initiale dans un processus plus large de structuration et de réaffirmation d’un engagement révolutionnaire. Ces premiers gestes ont une forte valeur symbolique, en envoyant un message clair que le groupe est désormais engagé dans une lutte armée.

Cette transition vers la clandestinité se fait progressivement, par des actions qui vont de la démonstration symbolique à des attaques plus directes. L'objectif est de mobiliser les masses populaires, tout en montrant que cette violence est justifiée par un engagement pour la révolution et une révolte populaire contre un système oppressif. Cependant, les Brigades Rouges ne cherchent pas seulement à commettre des actes violents, mais à provoquer une prise de conscience sociale.

La montée en intensité de la violence[modifier | modifier le wikicode]

En janvier 1971, les Brigades Rouges accomplissent un acte symbolique majeur en détruisant trois camions semi-remorques dans une usine de Pirelli. Cet acte marque une augmentation de la portée de la violence et un engagement encore plus prononcé dans leur lutte contre le capitalisme et les structures économiques oppressives. Mais, alors que leur stratégie se complexifie et qu’ils passent dans la clandestinité, l’intensité de leur violence augmente de manière exponentielle. La financement du mouvement devient alors un enjeu majeur : l’organisation a besoin de ressources pour soutenir sa lutte armée.

Face aux difficultés financières, les Brigades Rouges passent à des holdups en 1972 pour financer leur mouvement révolutionnaire. Cette nécessité de financement devient de plus en plus pressante, car chaque nouvelle phase de radicalisation exige des ressources pour maintenir les opérations armées et logistiques. Cela mène à un tournant majeur dans leur stratégie, avec la séquestration de Macchiarini, un ingénieur, en 1972. Cet acte fait partie d'une stratégie de "séquestrations démonstratives", qui cherche à faire pression sur les autorités tout en soulignant leur engagement révolutionnaire.

En 1973, cette stratégie de séquestrations se poursuit, en tant que tactique pour augmenter leur visibilité tout en mobilisant les soutiens au sein des classes ouvrières et des milieux radicaux. En parallèle, la violence politique se radicalise avec des attaques plus ciblées et des objectifs de révolution sociale toujours plus clairs.

En avril 1974, les Brigades Rouges franchissent une nouvelle étape dans leur violence révolutionnaire en commettant leurs premiers assassinats politiques. Cet acte marque un crescendo de violence, chaque étape plus violente que la précédente, un chemin qui se poursuivra au fil des années. Ces assassinats sont des actes politiques ciblés, visant des figures de l’autorité, des représentants de l’État et des acteurs symboliques du système qu'elles souhaitent renverser.

Le processus de radicalisation des Brigades Rouges est marqué par des étapes successives, où chaque nouvelle action est plus violente que la précédente. Le passage à la violence politique constitue une réponse à la situation sociale, économique et politique de l’époque. Les BR cherchent à démontrer la faiblesse du pouvoir établi et à frapper les symboles du système pour les renverser. Ce crescendo de violence reflète leur engagement croissant dans la lutte armée et la révolution sociale, avec l’objectif de réaliser une révolution radicale et systémique.

Les Brigades Rouges illustrent l’évolution progressive du terrorisme révolutionnaire. Ce n’est pas un phénomène spontané ou aléatoire, mais un processus délibéré et calculé, où chaque acte de violence répond à une logique politique précise et s’intègre dans un projet révolutionnaire plus large. L’intensification de la violence au fil des années et des actions démontre le passage de la protestation symbolique à la lutte armée véritablement engagée, visant à transformer la société de manière radicale. La violence devient le moteur d’une révolution qu’elles cherchent à imposer par la force, tout en multipliant les tactiques pour soutenir une révolution mondiale contre un ordre injuste.

La RAF[modifier | modifier le wikicode]

La Rote Armee Fraktion (RAF) se distingue par une approche particulièrement planifiée et stratégique de la violence révolutionnaire. Contrairement à d’autres groupes, la RAF privilégie des actes minutieusement chronométrés, visant à minimiser les pertes humaines tout en maximisant leur impact médiatique. Leur premier attentat significatif a lieu le 2 avril 1968, lorsque deux bombes minutieusement placées explosent dans des grands magasins de Francfort. Ces attentats sont conçus pour provoquer un choc médiatique plutôt qu'une simple destruction physique, en envoyant un message fort au gouvernement de la République Fédérale d'Allemagne.

Les bombes sont minutées avec précision, afin de provoquer des explosions qui génèrent une forte couverture médiatique sans causer de victimes immédiates, mais en marquant les esprits. Ce choix stratégique montre une volonté de mettre en lumière les revendications révolutionnaires tout en évitant des pertes humaines directes, renforçant ainsi l’idée d’un acte symbolique contre un système oppressif.

L’intensification des actions violentes, accompagnée par une répression policière accrue, conduit les militants de la RAF à un passage inévitable à la clandestinité. Ce processus de radicalisation se déroule dans un contexte de surveillance policière renforcée, où chaque action violente fait écho à une répression de plus en plus sévère de la part des autorités. La violence devient alors une réponse directe à la répression policière et à l'isolement croissant du groupe.

L’influence de la guérilla urbaine des Tupamaros en Uruguay se fait sentir à travers le modèle stratégique de la RAF. Ce modèle de guerre révolutionnaire urbaine vise à mobiliser les milieux ouvriers et les populations urbaines contre l'impérialisme américain et les structures capitalistes européennes. Les Tupamaros ont démontré qu’il était possible d’adopter des tactiques de guérilla dans les zones urbaines, et la RAF s’inspire de ce modèle pour mener des actions armées ciblées contre des symboles du pouvoir impérialiste en Europe.

En mai 1972, la RAF passe à un niveau supérieur d’intensité avec une série d'attaques particulièrement violentes et médiatisées. Ce mois marque un tournant, avec une série de bombes placées au quartier général américain de Francfort, tuant un officier et blessant 40 personnes. Cette escalade de la violence est une réponse directe à l’impérialisme américain en Europe, et s’inscrit dans une stratégie de frappes ciblées contre les symboles de l’autorité capitaliste et impérialiste.

L’attaque à Francfort fait partie d’un plan plus large, visant à frapper des cibles symboliques, telles que les installations militaires américaines et les représentants de l'occupation américaine en Europe. Le but est de déstabiliser les bases impérialistes et d’envoyer un message fort : l’oppression des États-Unis en Europe ne restera pas sans réponse.

L’attaque atteint son apogée en 1972, lorsque, le 15 mai, un juge d’instruction chargé de poursuivre des membres de la RAF est assassiné. Cet assassinat symbolise un tournant dans la radicalisation du groupe, qui passe désormais à des actions violentes dirigées contre des figures de l’État et des représentants du pouvoir judiciaire. Puis, le 24 mai 1972, trois militaires américains sont tués dans le quartier général américain de Heidelberg, marquant ainsi une nouvelle phase dans l’escalade de la violence.

Ces attaques sont stratégiques et visent des cibles clés représentant l’impérialisme américain et la domination capitaliste. Les militaires américains en Europe sont vus par la RAF comme des symboles du pouvoir impérialiste, et leurs attaques visent à affecter les bases de l’autorité américaine tout en mobilisant les forces populaires et révolutionnaires pour renverser l’ordre capitaliste.

L’histoire de la RAF est marquée par une escalade progressive de la violence, où chaque acte de violence devient de plus en plus radical et ciblé. L'influence de la guerilla urbaine des Tupamaros et de la stratégie de frappes ciblées contre les symboles de l’impérialisme marquent une transformation de la RAF en une organisation militaire révolutionnaire. Son recours à la violence systématique devient un outil de lutte contre ce qu'elle considère comme l'impérialisme américain et le système capitaliste mondial.

L’apogée de la violence et la radicalisation croissante[modifier | modifier le wikicode]

L’année 1972 marque l’apogée de la radicalisation de la Rote Armee Fraktion (RAF), où les actes de violence deviennent de plus en plus ciblés et stratégiques. En réponse à une répression policière de plus en plus sévère et un contexte politique mondial tendu, la RAF adopte une violence politique systématique, profondément ancrée dans une idéologie révolutionnaire claire. Chaque acte de violence est désormais calculé, non seulement pour frapper les cibles symboliques, mais aussi pour mobiliser les masses populaires autour d’un discours de lutte anti-impérialiste et de renversement du capitalisme.

Au fil des mois, les actions violentes de la RAF prennent un tour plus structuré et organisé, en partie grâce à l’élaboration d’un plan stratégique visant à ébranler les bases mêmes du système capitaliste et impérialiste qu’elle dénonce. Le discours révolutionnaire s’éloigne peu à peu de la dimension pragmatique et locale pour devenir plus abstrait et idéalisé, axé sur des principes de lutte globale contre l’impérialisme et l’oppression mondiale. Ce discours, de plus en plus universel et idéologique, cherche à mobiliser les masses non seulement contre les autorités locales, mais également contre un système économique globalement oppressif.

En 1972, la violence politique menée par la RAF devient de plus en plus structurée et moins aléatoire. Les actions violentes ne sont plus simplement des réponses réactives à la répression policière ou à des événements isolés ; elles font désormais partie d’un plan d’action global, visant à déstabiliser le système capitaliste et impérialiste. Chaque attaque s’intègre dans une stratégie globale, où l’objectif final est de renverser les structures de pouvoir établies et de faire éclater un système oppressif qu’ils considèrent comme moralement et politiquement inacceptable. Les actes violents sont minutieusement pensés pour attirer l’attention, frapper des symboles puissants et mobiliser les masses, tout en envoyant un message clair : le système en place ne peut pas rester en l'état et nécessite une révolution pour renverser l’ordre établi.

L’intensification de la violence est accompagnée par une radicalisation idéologique de plus en plus marquée. Le discours révolutionnaire devient non seulement plus idéalisé, mais aussi plus inclusif et universel. La RAF cherche à mobiliser les peuples contre ce qu’elle perçoit comme l’impérialisme et le capitalisme mondial, tout en appelant à une révolution globale. L’idéologie de la RAF se nourrit de modèles révolutionnaires venus d’autres parties du monde, en particulier ceux inspirés par les mouvements de guérilla urbaine en Amérique latine et par les figures emblématiques telles que Che Guevara.

Les actions violentes sont de plus en plus présentées comme des instruments légitimes d’une lutte populaire qui ne peut aboutir qu’en renversant un système injuste. Le discours devient ainsi de plus en plus un appel idéologique, où la violence est vue non seulement comme un moyen de résistance, mais comme un moteur nécessaire pour initier une révolution mondiale.

Les actes de violence devenant plus calculés et politiquement orientés, ils s’intègrent dans un processus plus vaste visant à catalyser une révolution globale contre un système économique et politique oppressif. L’objectif n’est plus simplement de frapper des cibles isolées, mais de réaliser une transformation structurelle du système mondial. Ainsi, chaque action violente devient un élément d’une guerre idéologique contre les structures impérialistes, et chaque réussite dans ce domaine est vue comme une étape vers la victoire révolutionnaire. L'usage de la violence devient un moteur de la mobilisation qui cherche à unir les opprimés sous une bannière révolutionnaire mondiale.

En somme, 1972 représente un point culminant dans la radicalisation de la RAF, où la violence est utilisée non seulement comme une réponse à l’oppression, mais comme un outil stratégique d’une révolution qu’ils cherchent à initier à l’échelle mondiale. Cette violence structurée, qui devient de plus en plus un moyen de communication révolutionnaire, montre que la RAF est désormais en quête d'une révolution globale contre un ordre capitaliste mondial et impérialiste. L’idéologie révolutionnaire, de plus en plus idéalisée, cherche à mobiliser les masses populaires tout en offrant un cadre de légitimité pour l'usage de la violence en vue d’une transformation profonde du système mondial.

Le lien entre objectif politique et moyens tactiques[modifier | modifier le wikicode]

Les Brigades Rouges et la RAF partagent un lien direct et stratégique entre leurs objectifs politiques et les moyens tactiques qu’elles emploient. Chaque acte de violence n’est pas un geste impulsif, mais une réponse réfléchie aux conditions sociales, économiques et politiques de l’époque. Ces actions violentes sont conçues pour provoquer un changement systémique, en ciblant des symboles du pouvoir qu’elles considèrent comme des agents de l’oppression capitaliste et impérialiste. Il n’y a rien d’aléatoire dans ces actes de violence, qui sont le fruit d’une réflexion stratégique minutieuse et d’un objectif plus vaste de transformation révolutionnaire.

La violence est perçue non seulement comme une réaction aux injustices et aux oppressions, mais comme un moyen nécessaire pour catalyser un changement structurel profond. Le passage à l’acte ne se fait pas de manière isolée ; chaque action violente fait partie d’un plan plus large visant à déstabiliser l’ordre établi. Ce n’est pas un recours à la violence pour la violence, mais un choix tactique déterminé, calculé pour répondre à un objectif politique précis : renverser le système capitaliste et impérialiste.

Dans ce cadre, la violence devient un outil de communication, une manière de faire entendre leur voix et de mobiliser les masses contre l’oppression. Chaque attaque violente, chaque attentat ou prise d’otages est une forme de publicité révolutionnaire, conçue pour attirer l’attention des médias et de la société sur les causes que ces mouvements défendent. La violence est donc perçue comme une stratégie médiatique, cherchant à sensibiliser un large public à la nécessité du changement, tout en provoquant une réaction qui pousse les populations à soutenir la cause.

Les actions violentes se suivent, de plus en plus intensifiées et ciblées, à mesure que les mouvements progressent vers un objectif de plus grande envergure. Il y a une progression stratégique dans l’intensification de l’usage de la violence. Ce passage à l’intensité supérieure n’est pas accidentel, mais fait partie d’une évolution tactique réfléchie. Par exemple, les Brigades Rouges, après des attentats ciblés, recourent progressivement à des actions plus violentes telles que des séquestrations et des assassinats politiques, tandis que la RAF augmente ses actions contre des symboles du capitalisme et de l’impérialisme, en visant des militaires et des représentants de l'État.

Chaque nouvelle phase de violence correspond à une réaffirmation de l’engagement révolutionnaire et à une mobilisation accrue des forces sociales qu’elles cherchent à influencer. Cette escalade ne relève pas du hasard ; elle est pensée comme un processus continu d'affirmation du pouvoir du peuple et de remise en question des autorités qui les maintiennent sous contrôle.

Le lien entre objectifs politiques et moyens tactiques dans les actions des Brigades Rouges et de la RAF est indissociable. La violence, loin d’être un acte de destruction aveugle, est un moyen stratégique pour communiquer leur vision révolutionnaire et mobiliser les masses populaires contre un système injuste. Chaque acte de violence fait partie d’un plan plus large visant à renverser un ordre mondial qu’elles jugent oppressif, et cette violence est de plus en plus structurée, calculée et intensifiée, à mesure que les mouvements progressent vers l’atteinte de leurs objectifs révolutionnaires.

Les assassinats politiques : une double référence des BR et RAF[modifier | modifier le wikicode]

Les assassinats politiques viennent naturellement comme la conclusion logique d’un processus de radicalisation qui s’intensifie au fil du temps. Le discours qui sous-tend les actions des Brigades Rouges (BR) et de la RAF devient de plus en plus radical, passant d’une violence symbolique à une violence ciblée sur les personnes. Il y a un passage d’une forme de lutte idéologique à une violence physique directe, marquée par une volonté de s'attaquer à ceux qui incarnent l'autorité et dont la légitimité est mise en question. Dans ce cadre, le terrorisme international se cible précisément sur les représentants de l’autorité, afin de contester leur pouvoir et d’envoyer un message fort contre le système qu’ils incarnent.

Le processus de radicalisation au sein des Brigades Rouges et de la RAF est un moteur essentiel de ce passage à la violence extrême. La violence devient un moyen d’expression et une réponse légitime à une oppression perçue comme systémique. L’acte de tuer un représentant de l’ordre est l’ultime acte de rébellion, un acte symbolique et politique qui cherche à remettre en cause l’autorité même de l’État, mais aussi à propager un discours de révolution et de transformation radicale.

Les Brigades Rouges : une violence de plus en plus ciblée[modifier | modifier le wikicode]

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Les Brigades Rouges (BR), en quête de transformation révolutionnaire, intensifient l’usage de la violence au fil des années, avec une orientation profondément marquée par un marxisme-léninisme teinté de maoïsme. Pour ces groupes, la violence est perçue non seulement comme une réponse à la répression, mais aussi comme l’unique moyen d’accéder à la révolution. L’idéologie révolutionnaire des BR fait de la violence un outil nécessaire pour renverser un système qu’elles considèrent comme irrémédiablement corrompu et répressif.

En 1976, les Brigades Rouges franchissent un tournant décisif en réalisant l’assassinat du procureur général Francesco Coc à Gênes, accompagné de l’exécution de ses deux carabiniers. Cet acte est symbolique du passage à une violence plus ciblée et plus stratégique, visant non seulement à frapper des symboles du pouvoir, mais aussi des figures de l’autorité judiciaire et politique, qu’elles considèrent comme des instruments d'un système capitaliste oppressif. Cet assassinat incarne la volonté des BR de redéfinir la légitimité de la révolution et d'affirmer leur combat contre ce qu’elles perçoivent comme un système corrompu et illégitime.

Le 1978 marque un tournant majeur dans la violence menée par les Brigades Rouges, avec l’enlèvement de Aldo Moro, le président du Parti Démocrate-Chrétien (PDC), un homme politique clé du système italien. Moro, en tant que représentant de l’ordre politique établi, devient une cible emblématique pour les BR, qui veulent mettre à mal la structure politique de l’Italie. Pendant plusieurs mois, les Brigades Rouges maintiennent Moro en captivité, tentant d’exiger des réformes politiques en échange de sa libération. Mais les négociations échouent, et l’assassinat de Moro en mai 1978 devient le point culminant de cette escalade violente.

Cet assassinat est perçu par les BR comme une étape nécessaire dans leur processus révolutionnaire, où la violence s’érige en moyen de détruire les obstacles à la révolution. L'élimination de Moro représente l’accomplissement d’une narration radicale selon laquelle la violence devient un instrument de purification de l’État italien, jugé irréformable. Dans ce contexte, la violence politique des Brigades Rouges se justifie par un discours qui vise à eliminer les représentants du pouvoir établi, tout en cherchant à ouvrir un chemin à une révolution violente qui refonderait la société italienne selon des principes révolutionnaires.

Le recours à la violence par les Brigades Rouges n’est donc pas un phénomène ponctuel, mais une stratégie continue, où chaque acte violant devient un moyen de légitimer la révolution qu’elles promeuvent. En éliminant des figures de l'autorité politique et judiciaire, les BR cherchent à affirmer leur vision du monde et de l'ordre social, en remettant en question les structures de pouvoir existantes. Dans ce contexte, chaque acte de violence est pensé comme une réponse stratégique à un contexte politique et social qu’elles jugent réfractaire à la révolte populaire.

En 1978, avec l’assassinat de Moro, les Brigades Rouges se voient confirmer dans leur stratégie de violence révolutionnaire, qui passe par la déstabilisation de l'État, et la réduction à néant des figures politiques et juridiques incarnant le pouvoir capitaliste et impérialiste. Dans leur vision, cette violence est non seulement légitime, mais inévitable pour inaugurer un nouvel ordre radicalement opposé à celui qu’elles considèrent comme injuste.

Les Brigades Rouges illustrent une radicalisation progressive de la violence, qui se fait de plus en plus ciblée et stratégique. Le recours à des assassinats politiques n’est pas un acte isolé, mais fait partie d’une stratégie cohérente visant à déstabiliser l'État et à mener une révolution violente. Chaque acte violent s’inscrit dans un processus idéologique et stratégique, où la violence devient le moyen de légitimer et de protéger la cause révolutionnaire des Brigades Rouges. L’assassinat d’Aldo Moro, en particulier, symbolise un moment où la violence devient la conclusion d’un discours radical, et où les Brigades Rouges franchissent une nouvelle étape dans leur lutte pour renverser l'ordre établi.

La RAF : la radicalisation vers la violence ciblée[modifier | modifier le wikicode]

De son côté, la Rote Armee Fraktion (RAF) adopte une stratégie similaire de violence ciblée, mais dans un contexte marqué par une répression policière de plus en plus intense et des pressions politiques internes croissantes. Le groupe cherche à répondre à l’oppression par l’intensification de la violence politique, en considérant celle-ci comme un moyen légitime de déstabiliser le système qu’il considère comme oppressif et impérialiste. La RAF perçoit son action comme une réaction directe à la répression et à l’incapacité des formes politiques traditionnelles de provoquer un changement radical.

En 1974, l'assassinat du président de la Cour suprême de Berlin-Ouest, à la suite de la grève de la faim d’Olgar Meins, marque une intensification de la violence. Cette action symbolique, bien que marquante, n’est que le prélude à des actes encore plus extrêmes. La RAF poursuit sa politique de terrorisme ciblé, visant des cibles de plus en plus stratégiques et symboliques, en réponse à la répression systématique. En 1975, cette radicalisation se manifeste par une série de nouvelles actions violentes, incluant l'enlèvement de Peter Lorenz, un député de la CDU, l’attaque de l’ambassade allemande à Stockholm et l'assassinat du procureur fédéral Siegfried Bubak.

Ces actes de violence sont une évolution logique d'une stratégie où chaque action devient un moyen de renverser l'ordre établi et de mobiliser les masses contre le système. En ciblant des figures symboliques du pouvoir politique et judiciaire, la RAF cherche à affirmer son opposition radicale aux institutions qu’elle perçoit comme les piliers du capitalisme et de l'impérialisme.

L’apogée de cette radicalisation violente se produit en 1977, avec le raid spectaculaire contre Hans Martin Schleyer, président du syndicat des patrons ouest-allemands, qui devient une cible privilégiée pour la RAF. Schleyer, en tant que figure emblématique de l'élite économique et politique, incarne ce que la RAF considère comme la colonne vertébrale du système capitaliste. Son enlèvement et assassinat symbolisent l’acte final de violence, où la RAF ne se contente plus de frapper des symboles de l’autorité comme les policiers ou les juges, mais attaque directement les institutions qui maintiennent et légitiment le système capitaliste dans son ensemble.

L’assassinat de Schleyer en octobre 1977 représente non seulement la fin de l’ultime phase de la radicalisation de la RAF, mais aussi une tentative désespérée de renverser l’ordre établi en ciblant un actif du système économique qu’elle considère comme l’un des acteurs principaux du pouvoir impérialiste en Allemagne. Cet acte symbolise un engagement total pour la violence révolutionnaire, où chaque action est vue comme une réponse légitime à l’exploitation perçue, et une tentative de renversement de l’ordre politique et social.

L’évolution de la violence ciblée de la RAF illustre une radicalisation croissante, où les actions violentes ne sont plus seulement une réponse à la répression, mais un instrument stratégique pour déstabiliser l'État, renverser les structures de pouvoir, et mobiliser les masses populaires contre un système qu’elle considère comme oppressif. Les assassinats politiques et les actions violentes deviennent des moyens légitimes dans un processus révolutionnaire qui cherche à renverser le capitalisme et l’impérialisme. La RAF évolue ainsi d’un groupe terroriste à une organisation cherchant à renverser l’ordre mondial par la violence ciblée, où chaque acte est une pièce d’un puzzle révolutionnaire visant à transformer le système.

Processus de radicalisation et légitimation de la violence[modifier | modifier le wikicode]

Les actes de violence menés par les Brigades Rouges (BR) et la RAF ne sont pas de simples explosions de violence déconnectées d’un projet politique global. Au contraire, chaque action violente est l’expression d’un processus mûri et stratégique, soigneusement calculé pour réaliser des objectifs politiques précis. La violence, loin d’être un acte isolé, s’inscrit dans une logique plus vaste de radicalisation progressive, où chaque acte devient une étape légitimée dans un processus de lutte révolutionnaire.

Ces groupes construisent des narrations idéologiques complexes, où la violence est justifiée comme un moyen nécessaire et légitime pour parvenir à la révolution. Dans leur discours, la violence n’est pas un outil de destruction gratuite, mais un instrument stratégique pour déstabiliser le système politique et social qu’ils jugent irréformable. Chaque acte de violence est donc imbriqué dans un processus idéologique plus large, qui renforce l’engagement révolutionnaire et justifie l’utilisation de la violence comme un moyen de libération face à un système oppressif.

Le processus de radicalisation dans ces mouvements est structuré et graduel, se nourrissant de plusieurs facteurs : l’isolement des groupes, la répression policière croissante, et l'intensification des actions violentes comme réponse à ces défis. L'isolement permet à ces groupes de renforcer leurs convictions idéologiques et de cultiver un sentiment d’injustice et de victimisation face à l’État qu’ils considèrent comme leur oppresseur. Cela leur permet également de se percevoir comme des acteurs de la résistance, légitimant ainsi l’usage de la violence comme une réaction face à un État oppressif et injuste.

Le discours de la violence devient alors une narration révolutionnaire qui légitime chaque action violente comme un acte défensif et justifiable. Dans cette optique, la violence est représentée comme nécessaire pour briser le statu quo, pour libérer les opprimés, et pour renverser le système qu’ils jugent irrémédiablement corrompu. Cette légitimation de la violence n’est pas accidentelle, mais fait partie d’une construction idéologique bien pensée, qui cherche à renforcer la cohésion interne des mouvements et à mobiliser les sympathisants autour d’un projet de transformation radicale.

Un autre élément clé de ce processus de radicalisation est l’isolement dans lequel se trouvent ces groupes. En étant constamment traqués par les autorités, ils se perçoivent de plus en plus comme des victimes de l’État, ce qui renforce leur narration révolutionnaire. La répression, plutôt que de les affaiblir, renforce leur conviction que l’usage de la violence est le seul moyen de résister et de faire face à l’oppression. L’intensification de la répression les pousse à se radicaliser davantage, à mener des actions plus extrêmes, et à renforcer leur discours de lutte armée comme seul moyen d’atteindre leurs objectifs.

Dans cette dynamique, la violence devient non seulement une réaction à l’oppression, mais aussi une justification idéologique en elle-même. Chaque action violente, aussi extrême soit-elle, est présentée comme un acte de légitime défense contre un système qu’ils jugent sclérosé et injuste. La violence n’est donc pas perçue comme gratuite, mais comme un impératif révolutionnaire qui doit mettre fin à un ordre injuste. Le groupe se construit alors autour de cette idée que toute forme de négociation ou de compromis avec l’État serait inutile et contre-productive, et que seul le recours à la violence radicale peut permettre de renverser l’ordre existant.

Le processus de radicalisation des Brigades Rouges et de la RAF est étroitement lié à l’idéologie qu’elles développent et qui légitime l’usage de la violence. Chaque acte violent n’est pas un simple événement isolé, mais une étape dans un processus plus large, où la violence est perçue comme une réponse nécessaire à l’oppression d’un système que ces groupes jugent irrémédiablement corrompu. La violence devient ainsi un instrument stratégique au service d’un projet révolutionnaire, un outil de transformation sociale qui, bien que radical, trouve sa légitimité dans une narration idéologique construite sur le principe de la lutte contre l’injustice systémique.

La convergence des objectifs et des moyens[modifier | modifier le wikicode]

Le processus de radicalisation des Brigades Rouges (BR) et de la RAF, à travers l’intensification de la violence et des assassinats politiques, met en lumière un lien profond entre les objectifs politiques de ces groupes et les moyens tactiques qu’ils emploient pour les atteindre. La violence devient alors non seulement une réponse à la répression, mais aussi un instrument stratégique soigneusement choisi pour mobiliser et incarner leur lutte contre ce qu'ils perçoivent comme un système injuste et oppressif. Ce lien entre objectifs et moyens n'est pas fortuit, mais résulte d'une réflexion idéologique profonde où chaque acte de violence s’inscrit dans une logique plus large de déstabilisation du système et de construction d’une nouvelle société.

Pour les Brigades Rouges et la RAF, la violence devient un moyen de légitimation de leur projet révolutionnaire. En effet, la violence, qui passe progressivement de la symbolique à la personnelle, sert à la fois à mobiliser les masses et à inspirer un changement radical. Ce passage à la violence personnalisée, ciblant des figures de l’autorité, est une étape marquante dans l’évolution de ces mouvements, qui voient dans cette escalade un moyen de prouver leur détermination et de renverser les hiérarchies sociales et politiques. En tuant des représentants du système, ces groupes cherchent à détruire les fondements d'un ordre qu'ils jugent oppressif et à affirmer la légitimité de leur lutte.

Ce processus marque un changement radical dans les modes d’action du terrorisme politique, où la violence devient non seulement un acte de résistance, mais aussi un outil de communication stratégique. Les Brigades Rouges et la RAF ne se contentent pas d'utiliser la violence de manière opportuniste, mais la construisent et l’intègrent dans une logique de communication globale. À travers les assassinats politiques, ces groupes cherchent à envoyer un message puissant, à déstabiliser l’État et à mobiliser d’autres individus autour de leur vision révolutionnaire. La violence, dans ce contexte, devient une forme de résistance médiatique, un acte symbolique destiné à choquer et à interpeller.

L’intensification de la violence par la RAF et les Brigades Rouges est également une réponse à leur isolement croissant et à la répression toujours plus féroce de l’État. En se voyant comme des victimes du système, ces groupes légitiment leur recours à la violence comme un acte de défense face à une oppression systémique. La répression, plutôt que de les affaiblir, renforce leur conviction que l’utilisation de la violence est la seule réponse adéquate pour lutter contre un système politique et social jugé injuste. Ce processus d’isolement et de répression contribue donc à la radicalisation de leur approche, en renforçant l’idée que la violence est la seule voie pour atteindre leurs objectifs politiques.

La convergence des objectifs politiques et des moyens tactiques chez les Brigades Rouges et la RAF révèle une stratégie réfléchie et calculée, où la violence devient un outil indispensable dans le processus révolutionnaire. Chaque acte de violence s’inscrit dans une dynamique de légitimation et de mobilisation, et marque un tournant dans les modes d’action du terrorisme politique. Par l’intensification de leur violence, ces groupes cherchent à affirmer leur position révolutionnaire et à déstabiliser l’ordre établi, dans un processus qui s’alimente de leur isolement et de la répression croissante qu’ils subissent.

Quel bilan du terrorisme international peut-on dresser ?[modifier | modifier le wikicode]

Le terme de "terrorisme international" suppose, par sa dénomination même, une solidarité globale entre les mouvements terroristes, une complicité qui suggérerait une coopération coordonnée entre ces groupes dans une sorte de front commun. Cependant, ce postulat semble réducteur et simplificateur. Bien qu’un idéal commun puisse exister parmi certains mouvements, dès qu’on examine les détails plus profondément, la réalité est bien plus nuancée et complexe. Les idéologies, les objectifs spécifiques, et les stratégies des groupes rendent difficile la conception d’une globalisation de la lutte contre un système oppressif. La solidarité logistique et l’interchangeabilité des commandos dans la guérilla sont donc plus théoriques que réelles. Le terrorisme international peut être vu davantage comme un ensemble de mouvements qui, malgré des idéaux similaires, ont des approches souvent disparates et conflictuelles.

Des relations limitées et des divergences internes[modifier | modifier le wikicode]

Il est important d'introduire une vision plus nuancée et complexe du terrorisme international. Si des contacts sporadiques ont eu lieu entre certains groupes terroristes, ces relations demeurent très ténues et sont souvent marquées par des divergences profondes, tant idéologiques que stratégiques. Bien que la RAF (Rote Armee Fraktion) et les Brigades Rouges (BR) partagent une idéologie révolutionnaire marxiste-léniniste de base, ces deux groupes ont constamment maintenu une méfiance réciproque en raison de leurs spécificités culturelles et stratégiques. En effet, même si leurs objectifs à court terme semblaient converger — notamment la lutte contre l'impérialisme et le capitalisme — les approches différentes qu’ils avaient pour atteindre ces objectifs ont empêché une vraie coopération à long terme.

Le lien entre la RAF et les Brigades Rouges est donc resté relativement limité. Bien que ces deux mouvements aient évolué dans des contextes géopolitiques similaires, ils n’ont jamais réussi à dépasser leurs divergences fondamentales. Par exemple, les BR ont toujours mis l’accent sur une lutte intérieure en Italie, visant à renverser le système capitaliste et impérialiste au niveau national, alors que la RAF, avec ses racines plus internationalistes, a cherché à mener une révolution mondiale, ce qui a conduit à des tensions quant à la manière de structurer la lutte.

Ce divorce stratégique a été renforcé par l'isolement idéologique et pratique des Brigades Rouges. Les BR se sont toujours vues comme un groupe autonome et ont conservé une indépendance vis-à-vis des autres mouvements révolutionnaires, qu’ils soient en Europe ou au-delà. Cette indépendance a été accentuée par la volonté des BR de construire un modèle révolutionnaire qui leur soit propre, sans chercher à s’inscrire dans une dynamique plus large de solidarité internationale.

Le manque d'intérêt des BR pour une internationalisation du terrorisme reflète cette approche réductrice et auto-centrée. Ils ont préféré se concentrer sur leurs objectifs locaux, rejetant souvent l’idée de rejoindre une cause mondiale ou de former une alliance étroite avec d’autres groupes qui avaient des méthodes ou des objectifs idéologiquement différents. En fin de compte, leur isolement a contribué à leur fragilisation au niveau international, les rendant moins capables de se développer dans une ère où la coopération et l'internationalisation semblaient être des clés de la réussite dans le monde du terrorisme révolutionnaire.

Ainsi, bien qu'il y ait eu des contacts éphémères entre certains groupes terroristes, la nature conflictuelle de leurs relations et leurs divergences fondamentales ont rendu toute forme de solidarité durable difficile. Les Brigades Rouges, par exemple, ont privilégié une approche nationale, n’étant guère attirées par une internationalisation de leurs luttes, ce qui les a maintenues à l’écart des autres mouvements révolutionnaires. Cet isolement, tant idéologique que pratique, a sans doute contribué à la disparition des BR en tant que force transnationale, mais aussi à leur stagnation stratégique. La RAF, bien que plus ouverte aux alliances externes, n’a pas non plus réussi à constituer un front uni, son propre isolement étant également alimenté par ses divergences internes et son radicalisme idéologique.

Les relations entre la RAF et les Palestiniens : une coopération circonstancielle[modifier | modifier le wikicode]

Les relations entre la RAF (Rote Armee Fraktion) et les mouvements palestiniens ont été marquées par une coopération circonstancielle qui, bien qu’importante, est restée relativement éphémère. En 1970, plusieurs membres de la RAF se rendent dans les camps d'entraînement palestiniens en Jordanie et au Liban, où ils reçoivent une formation militaire qui va renforcer leur engagement dans la lutte armée. Cette coopération était perçue comme une opportunité d’échanger des compétences tactiques et des stratégies de guérilla, en particulier dans le contexte de la lutte contre l'impérialisme et les régimes capitalistes. L’objectif commun de renverser un système jugé oppresseur est le fondement de ce rapprochement temporaire.

Cependant, cette alliance ne dure pas longtemps. Les divergences idéologiques et stratégiques entre les deux groupes commencent rapidement à émerger. D’un côté, la RAF, influencée par une idéologie marxiste-léniniste et un anti-impérialisme global, cherche à mener une révolution mondiale, principalement contre l'impérialisme américain et l'ordre capitaliste en Europe. De l’autre côté, les palestiniens se battent avant tout pour la reconquête de leur terre et l'indépendance nationale contre l'occupation israélienne. Cette différence dans les objectifs – l'un plus universel et l'autre plus localisé – finit par affaiblir la coopération entre les deux camps. Les stratégies de lutte, bien que parfois similaires, ne sont pas entièrement alignées, ce qui conduit à un éloignement progressif.

Malgré la brève nature de leur alliance, la seule coopération significative entre la RAF et les palestiniens reste le commando de Vienne du 21 décembre 1975, où un groupe d'attaquants, comprenant des membres de la RAF et des palestiniens, prend d'assaut les ministres de l’OPEP réunis à Vienne. Cette action se distingue par l'implication de Carlos le Chacal, l'un des terroristes les plus notoires de l’époque, qui se définit lui-même comme un "terroriste professionnel". Cette opération, menée à la fois par des palestiniens, des membres de la RAF, et Carlos, devient un événement marquant dans l’histoire du terrorisme international. Elle symbolise une collaboration entre différents groupes ayant des objectifs idéologiques proches mais aussi des visions stratégiques parfois très divergentes.

Carlos, bien que figurant parmi les leaders terroristes internationaux, n'est ni palestinien ni membre de la RAF, mais son implication dans cette attaque témoigne de la nature opportuniste des alliances dans le terrorisme international. Les cibles de cette attaque, des ministres de l’OPEP, représentent à la fois des symboles de l’impérialisme mondial et de l’exploitation des ressources, des objectifs qui sont en partie partagés par la RAF et les palestiniens, bien qu’à des niveaux différents. Ce commando reflète aussi l’influence croissante de Carlos, un acteur indépendant, qui, malgré sa partenariat ponctuel avec les groupes palestiniens et la RAF, agit en freelance en tant que professionnel du terrorisme.

Bien que les relations entre la RAF et les mouvements palestiniens aient été importantes à certains moments, elles sont restées relativement éphémères. Les divergences stratégiques et idéologiques ont rapidement fait surface, empêchant toute solidarité durable ou une coopération systématique entre ces groupes. Leur union occasionnelle a été marquée par des coopérations tactiques ponctuelles, comme celle de Carlos et l’attaque de l’OPEP, mais elles n’ont jamais évolué en une alliance stable ni en une "internationale du terrorisme". Ces contacts furent surtout le produit d’opportunités tactiques et d’objectifs communs à court terme, mais l'indépendance stratégique de chacun de ces groupes a contribué à maintenir un isolement relatif et à limiter l’ampleur de leur coopération.

L'internationalisation du terrorisme : une réalité complexe[modifier | modifier le wikicode]

La question de savoir si le terrorisme international a véritablement produit une "internationale du terrorisme" nécessite une analyse nuancée. Bien que l’on puisse évoquer des contacts et coopérations entre divers groupes terroristes à certains moments de l’histoire, il serait trompeur de parler d’une véritable unité globale dans leurs actions. En effet, ces groupes agissent principalement de manière isolée et indépendante, leurs relations étant souvent ponctuelles et marquées par des objectifs immédiats plutôt que par une solidarité structurée.

Les termes comme "terrorisme international" peuvent laisser penser qu'il existe une sorte de front uni où différents groupes unissent leurs forces pour mener des actions concertées. Cependant, cette notion d'internationalisation est trompeuse, car elle masque la réalité selon laquelle il n'existe pas de coordination systématique entre ces groupes, ni même de partage permanent de ressources ou de stratégies. Chaque groupe poursuit en priorité ses objectifs locaux ou conjoncturels, tout en profitant de la solidarité occasionnelle entre mouvements qui partagent des objectifs similaires à un moment donné, mais sans créer de véritable réseau international de coopération.

En effet, la coopération entre ces groupes, lorsqu’elle existe, est souvent conditionnée par des opportunités tactiques ou des intérêts partagés à court terme. Par exemple, des groupes comme la RAF et les Brigades Rouges ont parfois trouvé un terrain d'entente avec des mouvements palestiniens ou d'autres groupes révolutionnaires, mais ces alliances sont restées épisodiques et fonctionnelles. Une alliance structurée et de longue durée entre ces groupes aurait été improbable, en raison des divergences idéologiques, des objectifs géopolitiques spécifiques à chaque groupe, et de leurs approches stratégiques différentes.

La coopération entre ces groupes, bien qu’existante, reste souvent conditionnée par des projets locaux ou des conjonctures politiques particulières. Par exemple, certaines actions menées dans le contexte de la guerre froide ont permis à des groupes anticapitalistes d’entrer en contact, souvent dans des zones géopolitiques sensibles. De même, la solidarité avec la cause palestinienne a servi de prétexte à des alliances tactiques ponctuelles, mais ces alliances ne se sont jamais transformées en une coalition globale unifiée. Chaque groupe reste ainsi attaché à ses projets et objectifs propres, qui l’empêchent de rejoindre une "internationale du terrorisme" véritablement unifiée.

Bien que le terme de "terrorisme international" suggère une coordination mondiale, la réalité de la coopération entre groupes terroristes est bien plus complexe et éparpillée. Les contacts sont souvent limités à des moments précis ou à des problématiques spécifiques, sans qu’il n’émerge de véritable structure internationale ou de solidarité durable entre les différents acteurs. L'internationalisation des mouvements terroristes, loin d'être une réalité homogène, demeure donc une réalité fragmentée, où les groupes agissent avant tout selon leurs besoins locaux et conjoncturels.

Une vision pyramidale : structure et évolution des mouvements terroristes[modifier | modifier le wikicode]

Le terrorisme international des années 1970 et 1980 se caractérise par une structure pyramidale, relativement simple à comprendre mais hautement centralisée. Ces mouvements sont souvent organisés autour de leaders charismatiques qui incarnent des idéaux forts et un discours révolutionnaire. Cette structure centralisée repose sur une hiérarchie où les décisions stratégiques sont prises par un petit cercle de dirigeants, et les militants de base exécutent les actions en suivant des ordres précis. Cette organisation est efficace dans le court terme, car elle permet de concentrer les efforts et d’avoir un impact symbolique fort.

Cependant, une caractéristique marquante de ces groupes réside dans le fait que leur durabilité et leur cohésion sont souvent liées de manière directe à la présence d’un leader charismatique. La disparition de ce leader, que ce soit par arrestation ou assassinat, marque souvent la fin ou le déclin du mouvement. L'élan révolutionnaire insufflé par le leader tend à s'éteindre après sa mort, et les groupes, privés de leur figure de proue, commencent à se fragmenter, perdant ainsi leur direction stratégique.

Des groupes comme la RAF (Rote Armee Fraktion) et les Brigades Rouges illustrent bien cette dynamique. Après la mort de certains de leurs leaders, notamment Andreas Baader, Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin dans les années 1970, la RAF a connu un déclin marqué, avec une série d’attaques moins coordonnée et moins impactante. La disparition de ces figures majeures a mis un terme à l'élan révolutionnaire du groupe, et malgré quelques tentatives de résurgence, il n’a jamais retrouvé son influence d’antan.

Les Brigades Rouges ont également connu une évolution similaire, leur effondrement ayant débuté au début des années 1980 après l’arrestation ou la mort de plusieurs de leurs dirigeants. Leur coup de grâce a été l’assassinat d'Aldo Moro, un événement symbolique qui a non seulement fait basculer l’équilibre du pouvoir en Italie, mais aussi marqué la fin de leur influence stratégique. Une fois la tête du mouvement coupée, les Brigades Rouges se sont progressivement dissoutes au fil du temps, bien que des résurgences sporadiques aient été observées, comme avec les "Nouvelles Brigades Rouges" à la fin des années 1990. Toutefois, ces résurgences ont été marquées par une décapitalisation de l’idéologie et des actions, et les nouveaux groupes n'ont jamais atteint le même niveau de cohésion ou d'impact que leurs prédécesseurs.

Si ces groupes ont disparu en tant qu'entités cohérentes après la disparition de leurs leaders charismatiques, des réapparitions sporadiques ont eu lieu dans des formes moins structurées. Par exemple, les "Nouvelles Brigades Rouges" qui ont émergé dans les années 1990 se sont présentées comme un groupe qui perpétuait l’héritage des Brigades Rouges. Cependant, leur organisation était moins centralisée et leur impact beaucoup plus limité. Ces réapparitions témoignent de la persistance de certaines idéologies radicales au sein de certaines franges marginalisées de la société, mais elles révèlent également l’absence de structure pyramidale solide, essentielle pour maintenir une dynamique révolutionnaire durable.

La structure pyramidale du terrorisme international, avec ses leaders charismatiques et ses objectifs centralisés, rend ces mouvements particulièrement vulnérables aux chocs provoqués par la disparition de leurs figures emblématiques. Lorsqu'un leader charismatique meurt ou est arrêté, les groupes se retrouvent souvent sans direction claire, ce qui conduit à leur dissolution ou à un affaiblissement majeur. Cette fragilité structurelle des groupes terroristes des années 1970 et 1980 fait ressortir l’importance de la centralisation du pouvoir et de l'élan idéologique porté par des figures de proue, mais aussi la difficulté pour ces mouvements de survivre au-delà de leur leader fondateur.

L’éphémérité de l’internationalisation du terrorisme[modifier | modifier le wikicode]

En conclusion, bien que le terrorisme international ait parfois été décrit comme une forme d’internationalisation des luttes, il n’a jamais constitué une "internationale" véritablement unifiée et cohérente. Au contraire, l’histoire du terrorisme international des années 1970 et 1980 est marquée par des divergences idéologiques profondes, des stratégies variées, et une spécificité culturelle qui ont constitué autant de barrières à la création d’une solidarité logistique durable entre ces groupes.

Bien qu’il y ait eu des contacts occasionnels et des alliances tactiques entre certains mouvements, comme la RAF, les Brigades Rouges, et certains groupes palestiniens, ces interactions se sont généralement limitées à des besoins stratégiques immédiats et n’ont pas permis d’établir une unité idéologique ou une coordination durable. Ces groupes ont agi de manière isolée, souvent guidés par des intérêts locaux ou des objectifs spécifiques à leur contexte national, ce qui a limité les possibilités d’une collaboration à long terme.

Le terrorisme international de cette époque peut ainsi être décrit comme un ensemble fragmenté de luttes locales qui, bien qu’elles partagent parfois des idéaux communs, comme la lutte anti-impérialiste ou le renversement du capitalisme, ont rarement été unifiées sous une même cause mondiale. Les différences idéologiques, les divergences de stratégies et les disparités culturelles ont fait en sorte que ces groupes n’ont jamais pu se lier durablement dans un cadre de coopération globale. Par exemple, les mouvements palestiniens avaient des objectifs nationaux clairs, liés à la création d’un État palestinien, alors que des groupes comme la RAF ou les Brigades Rouges étaient plus intéressés par des révolutions globales contre le capitalisme et l’impérialisme.

Un autre facteur clé expliquant l’échec de l’internationalisation du terrorisme est le lien intrinsèque entre l’évolution des mouvements et l'isolement de leurs leaders. Comme mentionné précédemment, les groupes terroristes des années 1970 et 1980 étaient souvent organisés autour de leaders charismatiques qui incarnaient une vision stratégique. Cependant, la disparition ou l'arrestation de ces leaders provoquait fréquemment la dissolution ou l’affaiblissement de ces mouvements. Ainsi, lorsque la tête du mouvement est coupée, l'élan idéologique et révolutionnaire disparaît également, ce qui empêche toute forme de continuité ou d’expansion internationale. Cette dépendance à des figures charismatiques a également contribué à maintenir l’isolement de ces groupes sur la scène mondiale.

Bien que des alliances ponctuelles aient eu lieu, comme l’opération de Vienne en 1975 impliquant Carlos le Chacal et des membres de la RAF et des groupes palestiniens, ces collaborations étaient occasionnelles et ne remettaient pas en cause la nature fragmentée du terrorisme international. La coopération entre ces groupes restait conditionnée par des besoins immédiats, tels que l’accès à des ressources ou à une formation militaire, mais n’a pas donné naissance à un véritable réseau international. En réalité, ces alliances ont souvent été émotionnelles et circonstancielles, sans véritable vision partagée.

En définitive, bien que certains groupes terroristes aient pu travailler ensemble à certaines occasions, leur divergence de cibles, de discours, et d’objectifs a empêché l’émergence d’une internationale du terrorisme cohérente et unifiée. Le terrorisme international a donc toujours été plus un ensemble de luttes locales, souvent marquées par des idéologies similaires mais divisées par leurs objectifs géopolitiques et leurs stratégies locales. L’isolement de leurs leaders et la nature fragmentée de leurs alliances ont rendu toute forme de coopération mondiale durable extrêmement difficile. En fin de compte, bien que le terme "terrorisme international" puisse décrire des phénomènes de coopération et de solidarité entre groupes à un moment donné, il ne faut pas perdre de vue qu’il ne s’agissait jamais d’un mouvement internationale cohérent, mais plutôt d’une série de mouvements locaux opérant sur la scène internationale, mais sans unité durable.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

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Références[modifier | modifier le wikicode]