Produit intérieur et taux de change à court terme

Produit intérieur et taux de change à court terme

Données clés

Professeur(s)	Sbergami, Federica Céline Carrère
Cours	Economie Internationale

Lectures

• Le modèle de Ricardo : différences de productivité comme déterminant du commerce
• Le modèle Heckscher-Ohlin : différences de dotations en facteurs de production comme déterminant du commerce
• Les économies d’échelle comme déterminant du commerce : au-delà de l’avantage comparatif
• Instruments de politique commerciale
• Les accords multilatéraux
• Les Accords de commerce préférentiel
• La Contestation du libre-échange
• Macroéconomie Internationale : enjeux et tour d'horizon
• Comptes nationaux et balance des paiements
• Les taux de change et le marché des changes
• Taux de change à court terme : l’approche par les actifs
• Taux de change à long-terme : l’approche monétaire
• Produit intérieur et taux de change à court terme
• Taux de change flottants
• Taux de change fixes et interventions sur le marché des changes

Quels sont les déterminants du taux de change dans le court terme (i.e. lorsque le niveau général des prix reste constant mais que le niveau d’activité économique fluctue) ?

Sous quelles conditions une dépréciation réelle provoque une amélioration de la balance commerciale ?

Quelles sont les combinaisons de niveau de la production et de taux de change qui garantissent simultanément l'équilibre sur le marché des changes, sur le marché de la monnaie et sur le marché des biens et services ?

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Introduction

Principe général : prise en compte des variations du revenu national ($\Delta Y$) → équilibre sur le marché des biens et services (B&S).

Hypothèse : équilibre de courte période : $P$, $P^{*}$ rigides et $Y$ de court terme (des écarts par rapport au niveau de production de plein emploi sont possibles)

Jusqu’à maintenant on a gardé le Produit Intérieur Brut (PIB) constant (ou exogène, c’est-à-dire déterminé à l’extérieur de nos modèles). Dans le long terme ($Y$ de plein emploi), on justifie ceci par le fait que le niveau d’activité économique est déterminé par les fondamentaux du système économique (dotations en capital, travail, terre et technologie) et non pas par des variables monétaires, et que les prix s’ajustent parfaitement et instantanément.

À court terme il est possible que des changements sur le marché monétaire ou du taux de change affectent le niveau de l’activité économique, lorsqu’on suppose que les prix sont rigides et ne s’ajustent pas immédiatement aux chocs que l’économie peut subir (contrats de travail et autres « menu costs »).

approche DD-AA

Article détaillé : Demande et offre agrégée.

Pour étudier la relation entre taux de change et PIB à court terme on combine le modèle monétaire du taux de change (afin d’introduire le rôle des anticipations) et le modèle à court terme du marché des biens et services avec prix rigides.

Approche DD-AA (KO)

Système de 3 équations à 3 inconnues ($E$, $Y$, $R$) :

$R=R^{*}+{\hat {E}}^{e}$ ($PTI_{nc}$) [1]

${\frac {M}{P}}=L(Y,R)$ (marché monétaire) [2]

$Y=C(Y)+I+G+CA(Y,q)$ (D globale=Offre) [3]

Hypothèse : $R$ n'intervient que dans les équations [1] et [2] = "marché des actifs" et si on les combine, on se ramène à un modèle à 2 équations en 2 inconnues (Y,E) :

• [1] + [2] → $Y=f(E,...)$ → courbe AA
• [3] → $Y=g(E,...)$ → courbe DD

approche IS-LM

Article détaillé : L'approche keynésienne et le modèle IS-LM.

Une approche alternative pour étudier la relation entre $Y$ et $E$ dans le court terme est d’étendre à l’économie ouverte le modèle classique IS-LM et de l’intégrer avec le principe de $PTI_{nc}$.

Approche IS-LM (FT et tous les autres manuels)

Dans le modèle AA-DD on fait l’hypothèse que l’investissement et la consommation ne dépendent pas du taux d’intérêt → hypothèse très forte. Plus en général, l’investissement diminue avec le taux d’intérêt, ainsi que la consommation (et les importations) : plus $R$ est élevé, plus le coût des emprunts est élevé (=> $I$↓) et plus $R$ est élevé, plus les individus vont vouloir épargner (=> $C$ et $M$↓).

Le modèle IS-LM ne fait pas cette hypothèse et nous donne les conditions d’équilibre simultané dans le marché des biens (IS) et dans le marché de la monnaie (LM) définie dans l’espace {$Y$; $R$}

Comme on verra, les conclusions auxquelles on arrive en termes de conséquences sur l’équilibre macroéconomique suite à un choc soit monétaire soit budgétaire sont qualitativement identiques à celles qu’on obtient dans le cadre du modèle DD-AA. L'avantage principale du modèle DD-AA par rapport au modèle IS-LM étendu à l'économie ouverte consiste dans le fait qu'il est plus adapté à analyser les effets de long terme étant le modèle IS-LM un modèle qui se base sur l'hypothèse de prix fixes.

Le marché des actifs : la courbe AA

Le marché des actifs : la courbe AA

Définition : La courbe AA est l'ensemble des couples ($Y$, $E$) qui assurent simultanément l'équilibre sur le marché des changes ($PTI_{nc}$ satisfaite) et sur le marché monétaire.

Dérivation de la courbe AA

1) Dérivation graphique :

• Principe: on part d’une situation d’équilibre ($1-1'$), on considère une ↑ de $Y$ et on reporte les combinaisons d'équilibre, ($Y_{0}$, $E_{0}$), ($Y_{1}$, $E_{1}$), dans le diagramme de gauche.
• Intuition : $Y$↑→ $L$↑ → $R$↑; pour ramener le marché des actifs à l’équilibre cette ↑ de $R$ doit être compensée par une appréciation de la monnaie ($E$↓)

==> AA a une pente négative.

2) Dérivation synthétique :

• point $A$ : équilibre simultané dans le marché des actifs et de la monnaie $E$
• point $B$ : $Y$ (revenu) ↑ => ED monnaie => R↑ => ES devises => $E$↓
• point $C$ : nouvel équilibre simultané => AA a une pente négative.

Tous les points au-dessus (au- dessous) de AA correspondent à un ES (ED) de devises.

Déplacement de la courbe AA

Exemple

hausse de $M$

En raisonnant à $Y$ constant ($R$↓) => déplacement de AA vers le haut

NB : on aurait également pu raisonner à $E$ constant ($E={\bar {E}}_{0}$ ⟺ $R={\bar {R}}_{0}$); dans ce cas, pour résorber l'ES de monnaie à $R$ constant, il faut que $Y$↗ = déplacement de AA vers la droite.

Généralisation

Tout facteur provoquant un ED de devises ($M$↗, $P$↓, $E^{e}$↗, $R*$↗) provoque un déplacement de AA vers la droite.

À l’inverse : Tout facteur provoquant un ES de devises ($M$↓, $P$↗, $E^{e}$↓, $R^{*}$↓) déplace la courbe AA vers la gauche.

Le marché des biens : la courbe DD

Demande globale : hypothèses

• $C$ = consommation des ménages

dépend positivement du revenu disponible ($Y_{d}\equiv Y-T$) ⇒ $C=C(Y_{d})$, où $0<{\frac {\partial C}{\partial Y}}\equiv c<1$ (propension marginale à consommer)

• $I$ = investissement des entreprises

supposé constant (exogène) ⇒ $I={\bar {I}}$

• $G$ = dépenses de l'Etat et $T$ = impôts

supposé constant (exogène) ⇒ $G={\bar {G}}$ et $T={\bar {T}}$

• $CA$ = "balance courante", aux transferts prêts, soit $CA=EXP-IMP+SBRF$, où on suppose $SBRF$ constant et égal à $0$ ⇒ la balance courante coïncide avec la balance commerciale.

Plus $Y$ est élevé, plus $IMP$ est élevé, ce qui détériore $CA$ (on néglige $Y^{*}$ qui influence $EXP$). Plus $q$ est élevé, plus le prix relatif des produits étrangers est élevé, ce qui améliore $CA$ (sous une condition particulière supposée satisfaite) ⇒ $CA=CA(Y,q)$, où ${\frac {\partial CA}{\partial Y}}<0$ et ${\frac {\partial CA}{\partial q}}>0$

CA : la condition de Marshall-Lerner

Condition pour que ${\frac {\partial CA}{\partial q}}>0$

Lien CA - q : si $q$↗, que se passe-t-il ?

• effet quantité: si $q$↗ => $EXP$↗, $IMP$↘ => va bien dans le sens d'une ↗ de CA.
• effet prix: si $q$↗ => la valeur des importations augmente (leur prix relatif ↗) => tendance à une ↘ de CA.

=> Effet a priori ambigu.

On peut montrer que, suite à une dépréciation réelle, la balance courante s'améliorera si la condition suivante est satisfaite :

$\eta +|\eta ^{*}|>1$

où $\eta$ et $\eta ^{*}$ indiquent respectivement l'élasticité de la demande pour les exportations et l'élasticité de la demande pour les importations du pays domestique. Cette condition est connue comme la condition de Marshall-Lerner (M-L). Sauf indication contraire, on supposera que celle-ci est satisfaite et que, donc, une dépréciation réelle ($q$↑) provoque une amélioration de la CA.

Condition de M-L : courbe en J

L'évidence empirique montre que l'effet initial d’une dépréciation sur la balance courante est négatif = la dépréciation provoque au départ un déficit

Explication: les quantités importées et exportées par les entreprises et les ménages sont fixées dans des contrats, qui ne seront que progressivement renégociés = au départ seul l’effet-prix est actif (la valeur des IMP ↑ alors que la valeur des EXP ne change pas), l’effet quantité n’apparaît que plus tard = effet initial négatif sur le solde de CA.

Courbe en J :

• L'effet prix d’une dévaluation est immédiat (importations plus chères, avec des quantités inchangées d‘importation et d’exportation)
• Les effets quantités (somme des élasticités) sont plus lents courbe en J du CA en fonction du temps.

Condition de M-L : évidence empirique

• « Court terme » = < 6 mois
• « Moyen terme » = < 12 mois
• « Long terme » = > 1 an

Notre hyp. pour la suite :

${\frac {\partial CA}{\partial q}}>0$

Source: Krugman-Obstfeld

Equilibre sur le marché des B&S

Equilibre sur le marché des biens et services: Offre = Demande globale, soit :

$Y=D_{g}(Y,E)=C(Y_{+d}+I+G+CA(Y_{-},q_{+})$

Définition: la courbe DD est l’ensemble des couples ($Y$, $E$) qui assurent l'équilibre sur le marché des B&S

Hypothèses:

• ${\frac {\partial C}{\partial Y_{d}}}\equiv c$, propension marginale à consommer, $0<c<1$
• ${\frac {\partial CA}{\partial Y}}\equiv -mi$, propension marginale à importer, $0<mi<c$
• ${\frac {\partial CA}{\partial _{q}}}>0$, la condition de Marshall-Lerner est respectée

=>$D_{g}(Y_{+},q_{+}$ et $0<{\frac {\partial D_{g}}{\partial Y}}=c-mi<1$ = la demande globale dépend positivement de $Y$ (mais la hausse induite de $D_{g}$ est plus faible que la hausse de $Y$) et de $q$.

Equilibre (de court terme = prix fixes et $Y$ variable) : $YD_{g}(Y,{\bar {E}},...)$

Le marché des B&S : la courbe DD

Dérivation de la courbe DD

1) Dérivation graphique:

Principe : on part d’une situation d’équilibre, on considère une ↗ de $E$ (=> $q$↗ => par M-L, $CA$↗ => $D_{g}$ se déplace vers le haut et $Y$↗ pour ramener le marché des biens à l’équilibre) et on reporte les combinaisons d'équilibre, ($Y_{0},E_{0}$),($Y_{1},E_{1}$), dans le diagramme du bas.

=> DD a une pente positive.

2) Dérivation synthétique:

• point $A$ : équilibre initial
• point $B$ : $Y$ (production)↗ => ES de B&S => E doit ↗ (=> CA↗) pour rétablir l'équilibre
• point $C$ : nouvel équilibre

=> DD a une pente positive.

=> Tous les points au-dessous (au- dessus) de DD correspondent à un ES (ED) de B&S.

Déplacement de la courbe DD

Exemple : hausse de G

En raisonnant à $E$ constant ($Y$↑) => déplacement de DD vers la droite  NB : on aurait également pu raisonner à $Y$ constant -> $G$↑ -> $D_{g}$↑ => pour rétablir l'équilibre en jouant sur $E$ il faut que $E$↘ (⟺ $CA$↘)

=> déplacement de DD vers le bas.

Généralisation

Tout facteur provoquant un ED de B&S ($G$↑, $T$↘, $P$↘, $P^{*}$↑, $c$↑, $mi$↘) provoque un déplacement de DD vers la droite.

À l'inverse : Tout facteur provoquant un ES de B&S ($G$↘, $T$↑ , $P$↑ , $P^{*}$↘, $c$↘, $mi$↑ ) déplace la courbe DD vers la gauche.

Equilibre de long période

Interprétation alternative de [3] : $Y_{PE}=C(Y_{+PE}+I+G+CA(Y_{-PE},q_{+})$ [3’]

$Y$ a été remplacé par son niveau de plein-emploi ($Y_{PE}$) => la condition [3'] détermine le niveau d'équilibre de longue période de $q$ (cf. chap. 13) :

Exemple : $G$↑ => ${\frac {D^{*}}{D}}$↑ => $q$↘

Rappel : c'est cette valeur de $q$ qui

intervient dans les anticipations de $E$ :

$E^{e}=(q)^{e}){\frac {P}{P^{*}}}$

NB: la fonction de demande relative pour les produits nationaux devient décroissante si elle est définie en fonction de ${\frac {1}{q}}$ ou alors comme ${\frac {D^{*}}{D}}$

Le modèle complet

Equilibre

Les valeurs d'équilibre de $E$, $Y$ et $R$ sont celles qui satisfont simultanément l'équilibre sur le marché des actifs (courbe AA) et sur le marché des B&S (courbe DD).

L'ajustement est plus rapide sur le marché des actifs. Par ex: point $1$ : $ES_{\$}$ et $ED_{B+S}$ => c'est le marché des changes qui s'ajuste le plus rapidement ($E$↘) => point $2$: équilibre rétablit sur le marché des actifs mais $EDB_{B+S}$ demeure => $Y$↗ progressivement, mais=> $L$↗ => $R$↗ => $E$↘ = on se déplace le long de AA vers l'équilibre simultané des trois marchés au point $3$.

Diagramme complet

Détermination de $Y$, $E$, $R$ (variables endogènes): le diagramme DD-AA qui précède est une sorte de "modèle en forme réduite" d'un "modèle structurel"

Note : $Y_{0}\leq Y_{PE}$

Taux de change anticipé ($E^{e}$)

Dans le modèle complet, les anticipations de $E$($E^{e}$) sont déterminées par l’expression suivante :

Dans les chapitres suivants nous allons utiliser le modèle complet pour analyser les politiques monétaires et fiscales en régime de taux de change flottant et fixe

Le modèle IS-LM en économie ouverte

Modèle IS-LM

Courbe IS (équilibre dans le marché des B&S): $Y=D_{g}=C(Y-T,R-\pi ^{e})+I(R-\pi ^{e})+G+CA({\frac {EP^{*}}{P}},Y-T,R-\pi ^{e},Y^{*}-T^{*})$, avec $G$, $T$, $Y^{*}$ et $T^{*}$ fixes

Courbe LM (équilibre dans le marché de la monnaie) : ${\frac {M}{P}}=L(R,Y)$

La $PTI_{nc}$ est vérifiée en équilibre : $R=R^{*}+{\frac {E^{e}-E}{E}}$ → $E={\frac {E^{e}}{(1+R-R^{*}}}$

Notre modèle est donc constitué par trois relations =

1. $IS:Y=D_{g}({\frac {EP^{*}}{P}},Y-T,Y^{*}-T^{*},R-\pi ^{e},G)$ =>(pente négative dans l’espace {$Y$; $R$}, car plus grand est le niveau de revenu, plus petit doit être le niveau de taux d’intérêt pour trouver un équilibre entre demande et offre de B&S)
2. $LM:{\frac {M}{P}}=L(R,Y)$ => (pente positive dans l’espace {$Y$; $R$} car plus grand est $Y$, plus grand doit être le taux d’intérêt pour garantir l’équilibre entre demande d’encaisse réelles et offre de monnaie réelle)
3. $PTI_{nc}:R=R^{*}+{\frac {E^{e}-E}{E}}$ => (relation inverse entre $R$ et $E$ qui va nous permettre de voir l’impact sur le taux de change d’une politique monétaire ou budgétaire)

Déplacement des courbes

• Courbe IS : tout facteur exogène qui fait augmenter la demande globale provoque un déplacement de la courbe IS vers la droite (à parité de taux d’intérêt, $Y$ augmente).
• Courbe LM : toute augmentation de l’offre de monnaie ou réduction de la demande (déplacement de la courbe de demande de monnaie vers la gauche) fait déplacer la courbe LM vers la droite (le taux d’intérêt d’équilibre baisse pour chaque $Y$).
• $PTI_{nc}$ : cf. chapitre 11.

Equilibre

Résumé

Modèle DD-AA

Courbe AA :

• combinaisons ($E$,$Y$) assurant l’équilibre sur le marché des actifs.
• pente négative car si $Y$↗ => ED sur le marché monétaire => $R$↗ => ES de devises => appréciation de la monnaie nationale = $E$↘.
• tout facteur conduisant à un ED de devises déplace AA vers la droite.

Courbe DD :

• combinaisons ($E$,$Y$) assurant l’équilibre sur le marché des biens et services.
• pente positive car si $Y$↗ => ES sur le marché des B&S  dépréciation réelle requise pour rétablir l’équilibre ⇔ $E$ doit ↗.
• tout facteur conduisant à un ED de B&S déplace DD vers la droite.

Modèle IS-LM

Courbe IS :

• combinaisons ($Y$, $R$) assurant l’équilibre sur le marché des biens et services.
• pente négative car si $Y$↗ => ES sur le marché des B&S => ↘$R$ pour rétablir l’équilibre.
• tout facteur conduisant à un ED de B&S déplace IS vers la droite.

Courbe LM :

• combinaisons ($Y$, $R$) assurant l’équilibre sur le marché de la monnaie.
• pente positive car si $Y$↗ => ED sur le marché des B&S => ↗$R$ pour rétablir l’équilibre.
• tout facteur conduisant à un ES de monnaie déplace LM vers la droite