Les économies d’échelle comme déterminant du commerce : au-delà de l’avantage comparatif
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Cours | Economie Internationale |
Lectures
- Le modèle de Ricardo : différences de productivité comme déterminant du commerce
- Le modèle Heckscher-Ohlin : différences de dotations en facteurs de production comme déterminant du commerce
- Les économies d’échelle comme déterminant du commerce : au-delà de l’avantage comparatif
- Instruments de politique commerciale
- Les accords multilatéraux
- Les Accords de commerce préférentiel
- La Contestation du libre-échange
- Macroéconomie Internationale : enjeux et tour d'horizon
- Comptes nationaux et balance des paiements
- Les taux de change et le marché des changes
- Taux de change à court terme : l’approche par les actifs
- Taux de change à long-terme : l’approche monétaire
- Produit intérieur et taux de change à court terme
- Taux de change flottants
- Taux de change fixes et interventions sur le marché des changes
L'idée est que le marché interne des petits pays n’est pas suffisant pour leur permettre de développer des économies d’ échelle. Le commerce avec le reste du monde donne accès à un marché plus grand.
- Création du marché unique européen
- Entrée du Canada dans l’ALENA
Mais si on a par exemple des rendements d’échelle internes croissants :
- Les grandes firmes ont un avantage sur les petites firmes et tendent à dominer le marché = > concurrence imparfaite
- Produits doivent être différenciés, sinon dans le long terme il y aurait simplement une firme sur le marché => variété des produits, et commerce intra-industriel (plutôt qu’inter-industriel comme dans les modèles de Ricardo ou d’HO)
En présence d’économies d’échelle, la production d’un bien s’accroît de façon plus que proportionnelle à la quantité de facteurs employée dans ce secteur
Économies d’échelle internes : lorsque le coût unitaire de production dépend de la taille de chaque entreprise mais pas nécessairement de celle du secteur. (ex: coût fixe d’une machine)
Économies d’échelle externes : lorsque le coût unitaire de production (c'est-à-dire le coût moyen) dépend de la taille du secteur d’activité mais pas nécessairement de celle de chaque entreprise. (ex: bassin de main d’œuvre, service non-échangeable, etc.)
Il y a des implications différentes sur les structures de marchés.
Modèle de commerce avec économies d’échelle internes[modifier | modifier le wikicode]
Hypothèses[modifier | modifier le wikicode]
Un produit, mais un grand nombre de variétés
Firmes font face à des économies d’ échelle interne, mais la concurrence est monopolistique: les firmes continuent à entrer dans le marché jusqu’à que les profits soient nuls.
Consommateurs hétérogènes et chaque consommateur a une variété préférée.
Deux pays identiques, mais avec une histoire différente (donc différentes variétés )
Les gains du commerce (au delà de l’avantage comparatif)[modifier | modifier le wikicode]
- Gains pro-compétitif
- Gains d’économie d’échelle (ou de rationalisation ou sélection)
- Gains de variété des produits
Rappels théoriques : Monopole et concurrence monopolistique[modifier | modifier le wikicode]
On suppose des économies d’échelle internes
Représentation:
Coûts fixes et coût marginal constant
- Coût total :
- Coût Moyen :
- Coût marginal :
Si alors => profit négatif
Économie d’échelle interne incompatible avec concurrence pure et parfaite
Rappels théoriques : Monopole et concurrence monopolistique[modifier | modifier le wikicode]
Monopole[modifier | modifier le wikicode]
Une possibilité = monopole
Règle de maximisation du profit: Rmx=Cmx prix=pm; quantité=xm, profit positif
Concurrence monopolistique[modifier | modifier le wikicode]
Autre possibilité : libre entrée jusqu’à ce que D soit tangente au CM (c-a-d jusqu’à ce que px=CMx) n1 firmes et toujours px>Cmx
Gain du commerce en concurrence monopolistique[modifier | modifier le wikicode]
Les modèles de concurrence monopolistique reposent sur deux hypothèses centrales :
- Les biens sont supposés être différenciés donc chaque firme dispose d’un monopole sur sa variété.
- Chaque firme considère les prix de ses concurrents comme donnés.
Gain du commerce en concurrence monopolistique[modifier | modifier le wikicode]
Relation entre le prix (markup) et le nombre de firmes ?
- firmes symétriques (mêmes fonctions de coût et de demande) donc elles choisissent le même prix, la même quantité produite et représente une fraction 1/n de la production totale du secteur
- la taille du marché est donnée, donc une augmentation du nombre de firmes réduit la production de chacune et accroît ainsi son coût moyen (courbe CC)
- plus il y a de firmes dans le secteur, plus la concurrence est forte et incite les firmes à réduire leurs prix (markup baisse = Courbe PP)
Situation initiale[modifier | modifier le wikicode]
Situation initiale : Marché en autarcie avec à l’équilibre () firmes (et donc variétés) et un prix
Ouverture au commerce[modifier | modifier le wikicode]
Fusion de 2 marchés identiques de firmes
Gain du commerce en concurrence monopolistique[modifier | modifier le wikicode]
passage de (Autarcie) à (libre-échange)
Gain pro-compétitif
- markup diminue de à et donc le prix baisse de à
- Gain de bien-être pour les consommateurs de +C
Gain d’économie d’échelle (ou de rationalisation ou sélection)
- Moins de firmes en activité sur la totalité du marché (de à ) plus de production par firme (de à )
- baisse du coût moyen
Gain de variétés
- Augmentation du nombre de variétés disponibles pour le consommateur de à
- Également gain pour les producteurs (plus grand nombre de variétés d’inputs disponibles => augmente leur productivité)
Remarque[modifier | modifier le wikicode]
Des firmes disparaissent lors de l'ouverture aux échanges. Dans ce modèle, comme toutes les firmes sont identiques, seul le hasard détermine quelles sont les gagnantes.
Modèle avec des firmes hétérogènes: toutes les entreprises n'ont pas la même productivité
Encore une fois le LE fait des gagnants et des perdants: les grandes entreprises très productives y gagnent, les plus petites voir leur part de marché se réduire et disparaissent.
Ce type de modèle permet également d'expliquer que moins de 20% des entreprises manufacturières françaises et américaines exportent, un % encore plus faible investissent à l'étranger.
Evidence empirique ?[modifier | modifier le wikicode]
Une grande partie du commerce des pays de l’OCDE est intra-industrielle (40% pour l’UE par exemple). Le modèle de commerce avec économies d’échelle permet d’expliquer ceci.
Effet de l'intégration au sein de NAFTA entre les US, Canada et Mexique, cf. section 3 chapitre 6 dans FT (2012)...
Effet de l’intégration commerciale au sein de l’UE-15[modifier | modifier le wikicode]
- Élimination des barrières tarifaires (UD en 1968) et surtout non-tarifaires (marché unique – 1992) , puis monnaie unique...
- défragmentation du marché européen à partir de 1992
- Augmentation de la concurrence
On retrouve les effets attendus...
Effet de l’intégration commerciale au sein de l’UE-15 (suite)
Augmentation de la concurrence
- Gain de variété
Mohler et Seitz (2010): gains substantiels entre 1999-2008 pour les petit pays (ex: +0.75% du PIB pour le Danemark, +2.8% pour l'Estonie), faibles pour les grands pays.
- Gain pro-compétitif
Allen et al. (1999): la mise en place du marché unique a réduit les marges prix-coût d’environ 4% en moyenne.
- Gain d’économie d’échelle ou de rationalisation
- Augmentation de la concurrence
- Pression sur les profits
- Restructuration économique
= moins de firmes, chacune de taille plus importante et en théorie plus efficiente
- Politique européenne de surveillance de la concurrence
- Evolution du nombre de banques dans la Zone Euro
- Essentiellement due à des opérations de fusions-acquisitions dans la zone euro dont 77% ont eu lieu a l’intérieur d’un même pays (surtout pour les plus grands pays)
Les économies d’échelle externes (ou accidents historiques versus avantage comparatif)[modifier | modifier le wikicode]
Économies d’échelle externes[modifier | modifier le wikicode]
Selon Marshall, 3 raisons principales pour expliquer les concentrations d’entreprises (i.e. 3 types d’externalités):
- proximité avec un grand nombre de fournisseurs spécialisés / biens intermédiaires non-échangeables;
- Bassin de main d’œuvre important;
- Externalités de connaissances.
Rendements d’échelle croissants au niveau sectoriel
Chaque secteur aura une courbe d’offre décroissante: plus sa production est importante, plus le prix auquel il est prêt à vendre est faible.
Accidents historiques peuvent avoir des conséquences importantes sur l’avantage comparatif des pays en présence d’économies d’échelle externes,
La présence d’économies d’échelle externes peut justifier des interventions ponctuelles dans le temps
Plus important encore. Une fois qu’elle produit à l’économie Thaïlandaise peut maintenant satisfaire l’économie mondiale à un Prix .
Les restrictions au commerce deviennent un moyen de promouvoir les exportations dans ces modèles. Avec des gains au commerce au niveau mondial (avec les producteurs Suisses qui subissent des pertes).
Cette justification de la protection temporaire d'une industrie est connue sous le nom d'argument de l'industrie naissante.
- important dans le débat sur le rôle de la politique commerciale dans le processus de développement, notamment en cas de défaillances de marché (imperfection système financier, problème d'appropriation – cf. chapitre 8).
- Difficile d'identifier des cas concrets de succès d'industrialisation par substitution aux importations même si cette stratégie était très répandue dans les PvD dans les 1970s
- La protection commerciale ne suffit pas pour développer un avantage comparatif et une industrie compétitive (nécessité d'accumuler du capital physique, humain, etc.) + difficile de déterminer quels secteurs nécessitent vraiment un soutien.
Extension : L' Économie géographique[modifier | modifier le wikicode]
Krugman (Nobel 2008) explique les processus d’agglomération spatiale de l’économie et les échanges économiques qui en résultent.
Les dynamiques d’agglomération[modifier | modifier le wikicode]
Si les entreprises bénéficient de rendements d’échelles internes et qu’il existe des coûts de transport :
- Intérêt à se situer à proximité d’un grand marché
- Implantation de plusieurs entreprises dans une même région
- Engendre des économies d’échelle externes + augmente la taille du marché (nouveaux producteurs attirent nouveaux travailleurs et donc nouveaux consommateurs)
- Attire de nouveaux producteurs ... Processus cumulatif d’agglomération spatiale
Processus cumulatif d’agglomération spatiale né de la conjonction des économies d’échelle internes et externes
- Régions de grande taille se spécialisent dans les secteurs des biens industriels à rendements croissants
- Régions périphériques se spécialisent dans les productions à rendements constants
- Nouveaux flux d’échanges commerciaux
Dans les faits toutes les activités à rendements croissants ne se concentrent pas systématiquement dans un lieu unique car il existe des forces de dispersion (contraintes sur mobilité des travailleurs, effet de congestion sur les facteurs immobiles, intensité de la concurrence)
Krugman (1991): en partant d’une situation où les secteurs industriels avec rendements d’échelle croissants sont équitablement repartis entre les région/pays, la baisse des barrières aux échanges internationaux renforce la probabilité d’avoir un processus cumulatif d’agglomération.
Exemple : Intégration européenne[modifier | modifier le wikicode]
Pays/régions au centre de l’Europe attirent et se spécialisent (1/7 de la surface mais 1⁄2 de l’activité) + pays/ régions périphériques moins de chance de développer des pôles industriels dynamiques.
Creusement des inégalités entre les régions européennes.
Politique régionale ambitieuse Nécessaire pour contrebalancer les mécanismes de l’agglomération.
Arbitrage entre efficacité Économique et équité spatiale.
Résumé[modifier | modifier le wikicode]
En présence d’économies d’échelle internes, on aura des produits différenciés et donc de la concurrence imparfaite (on a supposé de la concurrence monopolistique).
Nouveaux gains du commerce:
- Du coté des consommateurs : le commerce international offre simultanément une plus grande variété de biens à des prix plus faibles
- Du coté des producteurs: moins de firmes sur le marché qui produisent chacune une plus grande quantité de bien à coût moyen plus faible
Si les économies d’échelle sont externes à la firme (elles ne peuvent pas être internalisées par la firme), l’avantage comparatif peut refléter des accidents historiques. Ceci peut justifier des interventions de politiques ponctuelles.
L’évidence empirique suggère des gains importants de rationalisation ou sélection ainsi que des gains pro-compétitifs sur des marchés qui s’intègrent (exemple de l’UE) .
Annexes[modifier | modifier le wikicode]
Références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Page personnelle de Federica Sbergami sur le site de l'Université de Genève
- ↑ Page personnelle de Federica Sbergami sur le site de l'Université de Neuchâtel
- ↑ Page personnelle de Federica Sbergami sur Research Gate
- ↑ Céline Carrère - Faculté d'économie et de management - UNIGE
- ↑ Céline Carrère - Google Scholar Citations
- ↑ Director Céline Carrère - Rectorat - UNIGE
- ↑ Céline Carrère | Sciences Po - Le Laboratoire Interdisciplinaire d'Evaluation des Politiques Publiques (LIEPP)
- ↑ Céline Carrere - EconPapers
- ↑ Céline Carrère's research works - ResearchGate