« Les théories de la guerre en science politique » : différence entre les versions

De Baripedia
 
(93 versions intermédiaires par 5 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Image:Battle of Issus.jpg|right|350px|thumb|Alexandre et Darius face à face,  [http://sbanap.campaniabeniculturali.it/ Musée archéologique national de Naples]]]
{{Translations
| en = Theories of war in political science
| es = Teorías de la guerra en la ciencia política
| it = Teorie della guerra nella scienza politica
| lt = Karo teorijos politikos moksle
| de = Theorien des Krieges in der Politikwissenschaft
| ch =
| jp =
}}


Nous allons élaborer des réflexions de contenu et travailler sur la question de comment une science, en l’occurrence la science-politique, est-elle parvenue à se saisir bien ou mal de la guerre. Nous sommes dans une phase de transformation malheureuse très importante de guerres sur la planète et en même temps nous allons traiter le sujet du point de vue de la science-politique.
{{hidden
|[[Introduction à la science politique]]
|[[La pensée sociale d'Émile Durkheim et Pierre Bourdieu]] ● [[Aux origines de la chute de la République de Weimar]] ● [[La pensée sociale de Max Weber et Vilfredo Pareto]] ● [[La notion de « concept » en sciences-sociales]] ● [[Histoire de la discipline de la science politique : théories et conceptions]] ● [[Marxisme et Structuralisme]] ● [[Fonctionnalisme et Systémisme]] ● [[Interactionnisme et Constructivisme]] ● [[Les théories de l’anthropologie politique]] ● [[Le débat des trois I : intérêts, institutions et idées]] ● [[La théorie du choix rationnel et l'analyse des intérêts en science politique]] ● [[Approche analytique des institutions en science politique]] ● [[L'étude des idées et idéologies dans la science politique]] ● [[Les théories de la guerre en science politique]] ● [[La Guerre : conceptions et évolutions]] ● [[La raison d’État]] ● [[État, souveraineté, mondialisation, gouvernance multiniveaux]] ● [[Les théories de la violence en science politique]] ● [[Welfare State et biopouvoir]] ● [[Analyse des régimes démocratiques et des processus de démocratisation]] ● [[Systèmes Électoraux : Mécanismes, Enjeux et Conséquences]] ● [[Le système de gouvernement des démocraties]] ● [[Morphologie des contestations]] ● [[L’action dans la théorie politique]] ● [[Introduction à la politique suisse]] ● [[Introduction au comportement politique]] ● [[Analyse des Politiques Publiques : définition et cycle d'une politique publique]] ● [[Analyse des Politiques Publiques : mise à l'agenda et formulation]] ● [[Analyse des Politiques Publiques : mise en œuvre et évaluation]] ● [[Introduction à la sous-discipline des relations internationales]] ● [[Introduction à la théorie politique]]
|headerstyle=background:#ffffff
|style=text-align:center;
}}


La guerre est d’abord un phénomène de lutte entre puissance étatiques, c’est-à-dire entre gouvernements et penser le conflit comme un objet de conflit entre États-Nations. À partir du XIXème siècle apparait la guerre de partisan. C’est un changement de nature car se sont de individus qui partent en guerre contre un État. D’autre part, une autre inversion conceptuelle est inquiétante car on rentre dans des guerres qui n’ont plus de raisons de s’arrêter.  
La science politique s'est longtemps intéressée à la guerre, qui représente l'un des aspects les plus extrêmes et dévastateurs des relations internationales. En effet, la guerre a des implications profondes sur la politique, l'économie, la société et la culture, et elle peut changer radicalement le cours de l'histoire.
 
L'approche de la science politique à la guerre est souvent multidimensionnelle. Elle comprend des analyses théoriques, historiques, sociologiques, économiques et psychologiques. Cependant, la capacité de la science politique à comprendre et à expliquer la guerre est parfois remise en question. Il y a plusieurs raisons à cela.
 
* Limites de la théorie : Beaucoup de théories politiques (par exemple, le réalisme, le libéralisme, le constructivisme) ont leurs propres hypothèses et limites. Elles peuvent expliquer certains aspects de la guerre, mais pas tous. Par exemple, le réalisme met l'accent sur le pouvoir et l'anarchie dans les relations internationales, mais il peut avoir du mal à expliquer pourquoi certains États puissants choisissent de ne pas aller à la guerre.
* Prévision et prévention : Bien que la science politique ait fait des progrès dans la compréhension des causes de la guerre, elle a souvent du mal à prédire quand et où les guerres vont éclater. De même, malgré la connaissance des facteurs qui contribuent à la guerre, il est souvent difficile de les prévenir.
* Problèmes méthodologiques : La science politique dépend souvent de données historiques pour construire et tester des théories. Cependant, les guerres sont des événements relativement rares et chaque guerre a ses propres caractéristiques uniques. Cela rend difficile la généralisation à partir de cas spécifiques.
* L'influence de la politique : La science politique, comme toute discipline, n'est pas à l'abri des pressions politiques. Les scientifiques politiques peuvent être influencés par leurs propres préjugés, par les intérêts de leurs sponsors ou par les courants politiques dominants.
 
Cela dit, la science politique a beaucoup à offrir dans l'étude de la guerre. Elle fournit des cadres théoriques pour comprendre les causes de la guerre, les stratégies de guerre, et les conséquences de la guerre. Elle permet aussi d'analyser les efforts pour prévenir la guerre et pour construire la paix. Enfin, elle offre une perspective critique qui peut remettre en question les discours dominants sur la guerre.
 
La nature de la guerre a évolué au cours des siècles. Traditionnellement, la guerre était considérée comme un conflit entre États-nations, souvent pour des raisons de territoire, de ressources, ou de pouvoir. Dans ce contexte, les règles de la guerre étaient relativement claires et formelles, régies par des conventions internationales comme les Conventions de Genève. Cependant, avec l'avènement de la guerre de partisan au XIXème siècle, la nature de la guerre a commencé à changer. La guerre de partisan, telle qu'elle a été conceptualisée par des penseurs comme Clausewitz, implique souvent des individus ou des groupes non étatiques qui se battent contre un État. Ces guerres sont souvent asymétriques, avec un déséquilibre de pouvoir entre les parties, et elles peuvent être caractérisées par des tactiques de guérilla, le terrorisme, et d'autres formes de résistance irrégulière.
 
De plus, nous assistons aujourd'hui à une autre évolution de la guerre. Avec la mondialisation, l'évolution technologique, et l'essor du terrorisme international, nous voyons de plus en plus de conflits qui ne sont pas limités à des frontières nationales et qui impliquent une variété d'acteurs non étatiques, y compris des groupes terroristes, des milices privées, et même des entreprises de cybersécurité. Ces guerres "hybrides" ou "non linéaires" peuvent être difficiles à gérer et à résoudre, car elles ne suivent pas les règles traditionnelles de la guerre. En effet, ces nouvelles formes de guerre soulèvent une préoccupation : elles peuvent sembler ne jamais s'arrêter. Sans un État clairement défini à vaincre ou un territoire spécifique à conquérir, il peut être difficile de définir la victoire ou la fin de la guerre. Cela peut mener à des conflits prolongés, avec toutes les souffrances humaines et les instabilités politiques que cela implique.
 
Ces évolutions représentent des défis importants pour la science politique et pour la société en général. Il est essentiel de continuer à réfléchir sur ces questions, de développer de nouvelles théories et stratégies, et de travailler pour la prévention des conflits et la construction de la paix.
 
= Pourquoi la science politique s’est-elle intéressée à la guerre ? =
 
La guerre a été un élément omniprésent tout au long de l'histoire de l'humanité, et elle a profondément façonné les sociétés, les cultures, les économies et les politiques. C'est pourquoi la science politique, ainsi que d'autres disciplines comme l'histoire, la sociologie et la psychologie, s'intéressent de près à la guerre. L'Europe a été largement épargnée par les conflits armés directs depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 jusqu'en 2022, grâce en grande partie à la construction de l'Union européenne, à la dissuasion nucléaire et à la présence de l'OTAN. Il y a eu des exceptions notables, comme les guerres en ex-Yougoslavie dans les années 1990. L'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 est un rappel sombre que la paix n'est jamais garantie et que la guerre peut éclater même dans des régions qui ont connu une longue période de paix. La crise a souligné les tensions existantes autour de l'expansion de l'OTAN et de l'Union européenne vers l'est, ainsi que les aspirations de l'Ukraine à s'intégrer davantage à l'Europe. Cette situation a des implications profondes pour l'Europe et le monde, en termes de sécurité, de stabilité politique, de relations internationales et de droits de l'homme. Malheureusement, la paix prolongée dont l'Europe a bénéficié est rare dans l'histoire de l'humanité. De nombreuses régions du monde ont connu des conflits armés réguliers, et même aujourd'hui, des guerres font rage dans des endroits comme le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie.
 
La science politique en tant que discipline académique distincte a commencé à prendre forme à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, une période marquée par des tensions politiques et des conflits internationaux majeurs. L'expérience de la Première Guerre mondiale a certainement alimenté l'intérêt pour l'étude systématique du pouvoir, des institutions, des conflits et de la coopération entre les États. Le 20ème siècle a été marqué par de nombreux conflits, dont les deux guerres mondiales, la Guerre froide, et une multitude de guerres régionales, de conflits civils et de guerres par procuration. Ces conflits ont façonné l'ordre politique mondial et ont eu un impact majeur sur le développement de la science politique. Ils ont conduit à l'émergence de nouvelles théories et approches, comme le réalisme et le libéralisme en relations internationales, qui cherchent à expliquer le comportement des États et la dynamique des conflits internationaux. La science politique a également été influencée par les développements technologiques, économiques et sociaux du 20ème siècle, comme l'émergence de l'arme nucléaire, la mondialisation de l'économie, et les mouvements pour les droits civils et les droits de l'homme. Tous ces facteurs ont contribué à façonner la discipline telle que nous la connaissons aujourd'hui. En bref, la guerre et les conflits ont joué un rôle crucial dans la naissance et le développement de la science politique. Ils ont stimulé la réflexion sur des questions fondamentales comme le pouvoir, l'autorité, la justice, la sécurité et la coopération internationale, qui sont au cœur de la discipline.
   
   
*'''Pourquoi la science politique s’est-elle intéressée à la guerre ?'''
Tout d'abord, les guerres de décolonisation. Après la Seconde Guerre mondiale, une vague d'indépendance a déferlé sur de nombreuses colonies européennes, entraînant une série de guerres de décolonisation. Ces guerres ont souvent été caractérisées par des luttes de pouvoir entre les forces coloniales et les mouvements nationalistes locaux. Elles ont eu un impact profond sur la configuration de l'ordre mondial post-colonial. Ensuite, l'époque de la Guerre froide a été marquée par la menace constante d'une guerre nucléaire entre les superpuissances. Cette menace s'est particulièrement manifestée lors de crises comme la Guerre de Corée et la crise des missiles de Cuba. Ces événements ont souligné le risque existentiel que représentent les armes nucléaires et ont eu une influence significative sur les politiques internationales et les théories de la science politique. Enfin, après la fin de la Guerre froide, les Nations Unies ont joué un rôle de plus en plus important dans la gestion des conflits internationaux, notamment par le biais de missions de maintien de la paix. Cependant, des conflits majeurs, comme les guerres du Golfe et la guerre en Afghanistan, ont révélé les défis et les limites de l'intervention internationale. Chacune de ces phases offre un contexte différent pour l'étude des conflits et des guerres en science politique. Les modifications dans la nature des conflits, les acteurs impliqués, les technologies utilisées, ainsi que les normes et institutions internationales, ont tous influencé la manière dont les politologues abordent l'étude de la guerre et des conflits.
La science-politique s’intéresse la guerre car c’est une composante de la condition humaine. Toutes les sociétés ont rencontrées sur le cheminement la guerre. La chance que l’Europe a eu de ne pas connaitre de guerre depuis 1945, à l’exception de la ex-Yougoslavie, est quelque chose de rarissime dans l’histoire de l’humanité
 
L'attentat du 11 septembre 2001 a marqué un tournant dans l'histoire contemporaine et a profondément transformé la politique mondiale, notamment en ce qui concerne la guerre et le terrorisme. Ce tragique événement a non seulement mené à une guerre en Afghanistan, mais a également façonné la manière dont le monde perçoit et combat le terrorisme. La guerre en Afghanistan, qui a débuté en 2001 en réponse aux attaques du 11 septembre, a été une tentative de démanteler Al-Qaïda, le groupe terroriste responsable des attaques, et de renverser le régime taliban qui l'hébergeait. Cependant, la guerre a eu des conséquences complexes et durables, à la fois pour l'Afghanistan et pour la politique mondiale. La guerre en Afghanistan a montré les difficultés associées à la lutte contre le terrorisme à l'échelle mondiale. Elle a révélé les défis de la reconstruction d'un État après un conflit, la complexité de la lutte contre les insurrections, et les problèmes liés à l'engagement à long terme des forces étrangères dans un pays. De plus, la guerre a également eu un impact sur la manière dont les pays perçoivent et abordent la menace terroriste. Elle a conduit à des changements dans les stratégies de sécurité nationale, dans la législation relative à la surveillance et aux droits civils, et a influencé le discours public sur le terrorisme et la sécurité.
Il y a aussi une concomitance historique entre la guerre et la naissance de la science-politique. La science-politique va naitre en tant que disciple au moment où on s’interroge sur la capacité de vivre ensemble, c’est-à-dire autour de la Première guerre mondiale. D’autre part, le XXIème siècle va être le siècle des guerres avec les guerres entre les États-Unis et l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Japon est le choc de deux guerres mondiales.
   
   
Les guerres révolutionnaires vont naitre de la décolonisation. C’est le fait que le monde figé implose par le poids de revendication identitaire et d’autonomie face  aux colonisations. La problématique de la guerre nucléaire va rapidement se poser menant par deux fois a des potentiels troisième guerre mondiale avec la Guerre de Corée et la crise des missiles de Cuba. Dans l’époque contemporaine émergent les guerres onusiennes avec les guerres du Golfe et la guerre d’Afghanistan.
Un aspect crucial de l'évolution de la guerre, est le changement dans la proportion de victimes civiles par rapport aux militaires. Les guerres modernes ont souvent un impact dévastateur sur les populations civiles, non seulement en termes de morts et de blessés, mais aussi de déplacements de population, de destruction d'infrastructures et de traumatismes psychologiques. Dans la guerre de Solferino au XIXe siècle, les victimes étaient principalement des militaires. Cependant, avec la Première Guerre mondiale, le bilan des victimes a commencé à changer, avec une proportion presque égale de victimes militaires et civiles. Cette tendance s'est poursuivie et s'est même aggravée au cours du XXe siècle, en particulier lors de la Seconde Guerre mondiale et dans les conflits plus récents. Cette évolution est due à plusieurs facteurs. Premièrement, l'escalade de la technologie militaire, y compris les armes de destruction massive, a rendu les conflits plus dévastateurs et moins discriminants. Deuxièmement, les stratégies militaires ont changé pour viser de plus en plus les infrastructures civiles afin de saper le moral de l'ennemi et son effort de guerre. Enfin, de nombreux conflits modernes ont lieu au sein des États plutôt qu'entre eux, ce qui signifie que les civils sont souvent pris dans la ligne de feu. Ce changement a des implications importantes pour la science politique et pour la manière dont nous pensons la guerre. Il soulève des questions sur la légitimité de l'utilisation de la force, les droits de l'homme, le droit humanitaire international et la responsabilité de protéger les civils en temps de guerre.


Nous sommes dans un monde en guerre qui va aller très loin puis qu’il aller jusqu’au terrorisme. Les implications du 11 septembre sur les guerres d’Afghanistan ont prouvées.
=Qu’est-ce que la guerre ?=
L'évolution de la nature de la guerre a entraîné des changements significatifs dans son économie et dans la proportion de victimes civiles. De plus, les guerres modernes ont tendance à durer plus longtemps, ce qui a des implications profondes pour la société et l'économie. Auparavant, l'économie de guerre se concentrait principalement sur la production d'armements et d'autres biens nécessaires à la guerre. Cependant, à mesure que les stratégies militaires évoluaient, l'objectif est devenu de détruire les outils de production de l'ennemi pour affaiblir son économie et donc sa capacité à faire la guerre. Cela a entraîné une augmentation du nombre de victimes civiles, car les infrastructures civiles sont devenues des cibles militaires. En outre, la nature prolongée de nombreux conflits modernes a également eu un impact sur l'économie de la guerre. Au lieu d'une production intensive à court terme pour soutenir l'effort de guerre, les économies doivent maintenant gérer les effets à long terme de la guerre, comme la reconstruction après la destruction et le soutien aux victimes de la guerre. Ces changements ont des implications majeures pour la science politique, notamment en ce qui concerne les questions de droits de l'homme, de droit humanitaire international et de stratégie militaire. Ils soulignent également l'importance d'une gestion efficace de la paix après le conflit pour minimiser les dommages à long terme causés par la guerre.
   
   
Les conséquences sont particulièrement importantes et notamment humaines. À l’époque de la guerre de Solferino, on dénombrait 40000 mort militaires et 1 mort civile ; la Première guerre mondiale engendre des pertes à hauteur de 50% de militaires et 50% de civiles car la stratégie change, la stratégie est une économie de la guerre, un effort de guerre surdimensionné qui prend en otage les populations.
Une perspective intéressante sur la guerre est celle d'une extension du dialogue politique, bien qu'elle se présente sous une forme violente et destructrice. Cette idée est en fait une interprétation de la célèbre citation de Carl von Clausewitz, stratège militaire prussien du 19ème siècle, qui a déclaré que "la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens". Selon cette perspective, la guerre n'est pas simplement un échec de la politique, mais une autre forme de dialogue politique, bien que violent et destructeur. C'est une période où les conflits et les différends sont résolus par la force plutôt que par le dialogue ou la négociation. Dans ce sens, la guerre peut être vue comme une "inversion de la normalité", où la violence remplace la paix comme moyen principal de résolution des conflits. Cependant, la guerre a également des conséquences profondes et souvent dévastatrices. Elle entraîne la mort et la souffrance de nombreuses personnes, la destruction de biens et d'infrastructures, et peut avoir des conséquences économiques, politiques et sociales durables. Par conséquent, bien qu'elle puisse être vue comme une extension du dialogue politique, il est crucial de reconnaître les coûts humains et sociaux élevés de la guerre. C'est précisément pour ces raisons que la guerre est un sujet d'étude important en science politique. Comprendre la guerre, ses causes et ses conséquences, peut aider à prévenir les conflits futurs, à gérer efficacement ceux qui se produisent et à minimiser les coûts humains et sociaux de la guerre.
   
   
*'''Qu’est-ce que la guerre ?'''
La définition de la guerre par George Bataille, philosophe et écrivain français, comme "un jeu suprême" souligne la gravité et l'importance des enjeux en jeu. Comparée à un jeu, la guerre, dans ce contexte, n'est pas un divertissement léger, mais plutôt une activité stratégique et potentiellement mortelle qui engage tout ce que les participants ont, y compris leur vie. Le fait de voir la guerre comme un jeu stratégique, cependant, peut avoir des implications importantes pour la façon dont nous la comprenons et la gérons. Dans un jeu, il y a généralement des règles à suivre, des stratégies à développer et des gagnants et des perdants clairement définis. Si nous appliquons ce cadre à la guerre, cela peut nous aider à penser de manière plus stratégique à la conduite de la guerre, aux moyens de minimiser ses coûts et à la façon de gérer ses conséquences.
L’économie de la guerre a changée de nature, ce sont des guerres de durée qui s’installent. Cette économie de la guerre qui va devoir mettre des outils de production au service de l’armement va avoir des incidences en terme de stratégie.
 
Cependant, il est également important de noter que la guerre diffère des jeux ordinaires de plusieurs façons importantes. Premièrement, les enjeux sont infiniment plus élevés - ce ne sont pas seulement des points ou des trophées qui sont en jeu, mais des vies humaines, des sociétés et des nations entières. Deuxièmement, contrairement à la plupart des jeux, la guerre n'est pas toujours clairement délimitée avec des règles équitables et universellement acceptées. Enfin, alors que dans la plupart des jeux le but est de gagner, dans la guerre, le but ultime devrait toujours être d'arriver à une paix durable et juste. C'est pourquoi la science politique, en étudiant la guerre, cherche non seulement à comprendre comment les guerres sont gagnées, mais aussi comment elles peuvent être prévenues et comment leurs conséquences peuvent être gérées de manière à promouvoir la paix et la justice.
 
La guerre peut être considérée comme une "inversion d'un système" dans le sens où elle remplace les mécanismes habituels de dialogue, de négociation et de résolution des conflits par la force. Dans ce contexte, le "dialogue" se fait non pas par des mots, mais par des actes de violence. C'est précisément pour cette raison que la guerre est si dévastatrice et coûteuse, tant en termes de vies humaines que de ressources. Elle est également imprévisible, car une fois que le recours à la force est engagé, il est difficile de contrôler ou de prédire les résultats. C'est également pour cette raison que la science politique, ainsi que d'autres disciplines comme les relations internationales, s'efforcent de comprendre les causes de la guerre et de développer des stratégies pour prévenir les conflits, gérer les guerres lorsqu'elles se produisent et rétablir la paix et la stabilité après un conflit. En fin de compte, la guerre est un "dialogue par la force" qui a des conséquences profondes et durables. Comprendre ce "dialogue" est essentiel pour promouvoir la paix et la sécurité dans le monde.
 
=La guerre : un objet de lutte entre puissances étatiques=
 
==Un phénomène ancien vs la guerre moderne interétatique==
 
===Un phénomène ancien : perspectives historiques===
L'étude de la dimension mythique de la guerre est un aspect fascinant de la science politique. Les États et les gouvernements ont souvent recours à des mythes et des récits pour justifier la guerre, galvaniser le soutien public, et donner un sens à la violence et au sacrifice qu'elle implique. Ces mythes peuvent prendre de nombreuses formes et peuvent être influencés par des facteurs historiques, culturels, religieux et politiques. Le concept de sacrifice est souvent central dans ces mythes de guerre. Il peut être invoqué pour souligner l'importance de la cause pour laquelle on se bat, pour valoriser les actions des soldats, et pour aider à rationaliser les coûts humains de la guerre. Le sacrifice peut être présenté comme un devoir patriotique, un acte de bravoure, ou une nécessité tragique. Cependant, les mythes de guerre et le discours du sacrifice peuvent aussi servir à masquer les véritables coûts et conséquences de la guerre, à marginaliser les voix dissidentes, et à éviter un examen critique des motivations et des stratégies de guerre. Par conséquent, il est important d'interroger et de critiquer ces mythes, et de comprendre comment ils sont construits et utilisés. La science politique peut contribuer à cette tâche en examinant comment les mythes de guerre sont créés et maintenus, comment ils influencent la politique et la perception publique de la guerre, et comment ils peuvent être contestés ou déconstruits. Cette analyse peut aider à promouvoir une meilleure compréhension de la guerre et à favoriser des approches plus réfléchies et critiques de la politique de guerre.  
   
   
L’économie de la guerre qui va devoir mettre des outils de production au service de l’armement va avoir des conséquences de terme de stratégie, dès lors l’objectif est de détruire les outils de production. On rentre dans des guerres ou on a 10% de morts militaires et 90% de morts civils.  
Lorsqu'un pays entre en guerre, il existe souvent une sorte de "rallye autour du drapeau" où les différences politiques internes sont temporairement mises de côté et un sens d'unité nationale est cultivé. La "mobilisation idéologique" sert à renforcer la cohésion sociale et à faciliter l'effort de guerre. Cette cohésion est souvent soutenue par une rhétorique qui stigmatise la dissidence. Ceux qui s'opposent à la guerre, ou même qui la critiquent, peuvent être accusés de trahison, de manque de patriotisme ou de ne pas soutenir les troupes. Cette pression sociale peut être extrêmement puissante et peut étouffer le débat public et critique nécessaire. L'exemple de la réaction aux attentats du 11 septembre et la décision du président George W. Bush de déclarer la "guerre contre le terrorisme"  illustre bien ce point. Ceux qui ont remis en question cette politique ont souvent été marginalisés ou dénigrés. Pourtant, avec le recul, beaucoup de ces critiques ont été validées. Le conflit en Afghanistan, par exemple, s'est avéré être un engagement long et coûteux qui n'a pas réussi à atteindre plusieurs de ses objectifs principaux. Cela souligne l'importance d'un débat public ouvert et critique en temps de guerre. La science politique peut jouer un rôle important en fournissant des analyses rigoureuses et indépendantes des décisions de guerre, en interrogeant les hypothèses sous-jacentes et en mettant en lumière les coûts et les conséquences potentielles de ces décisions.
   
   
La première inversion est qu’il est intéressant de s’interroger sur la guerre car c’est une inversion de la normalité qui est la paix, on reste dans du civilisationnel. Ce que l’on voit apparaitre est que la guerre est un temps suspendu qui est paradoxalement la continuité du débat sous une autre forme car la guerre est toujours une forme de discussion. La guerre intéresse beaucoup la science-politique et beaucoup de domaines car c’est la continuation du politique par d’autres moyens, d’où l’importance de détruite totalement son adversaire.
La guerre a souvent un caractère sublimé qui peut obscurcir les jugements rationnels et analytiques. La rhétorique de la guerre peut créer un sentiment d'urgence et de grandeur qui encourage la pensée binaire (nous contre eux), la glorification du sacrifice et une tolérance accrue pour la violence. Cela peut conduire à des décisions basées davantage sur l'émotion que sur une évaluation rationnelle des coûts et des bénéfices. La sublimation de la guerre peut également affecter la façon dont les sociétés perçoivent et se souviennent des conflits. Les guerres peuvent être romancées ou mythifiées de manière à minimiser leurs aspects plus sombres et désagréables. Les coûts humains et matériels de la guerre peuvent être négligés, tandis que les actes de bravoure et de sacrifice sont mis en avant. C'est pourquoi il est crucial de maintenir une analyse critique et rationnelle en temps de guerre. Les politologues et autres chercheurs peuvent aider à déconstruire la sublimation de la guerre en examinant de manière critique les récits de guerre, en évaluant les coûts réels des conflits et en soulignant les alternatives à la violence. Cette approche peut aider à prévenir les décisions de guerre précipitées et à encourager des politiques plus pacifiques et humanitaires.
 
George Bataille définit la guerre comme {{citation|un jeu suprême, un jeu stratégique, un jeu dans lequel on met sur le tapis vert absolument tout ce que l'on a, sa vie }}. Dès lors, l’issue doit produire un vainqueur et un vaincu.
===La guerre moderne : caractéristiques et enjeux actuels===
[[Fichier:Helst, Peace of Münster.jpg|thumb|''Banquet de la garde civique d’Amsterdam à l’occasion de la paix de Münster'' par Bartholomeus van der Helst, peint en 1648|300px]]
C’est l’inversion d’un système et un dialogue par la force.
 
La guerre de Trente Ans, qui a eu lieu principalement en Europe centrale, est souvent considérée comme un tournant dans l'histoire de la guerre et de la diplomatie. Bien que cette guerre ait commencé comme un conflit religieux au sein du Saint Empire romain germanique, elle a rapidement impliqué plusieurs grandes puissances européennes, dont la France, la Suède, l'Espagne et le Danemark, et est devenue une lutte pour le pouvoir politique et territorial.
 
La guerre de Trente Ans est particulièrement importante en science politique pour plusieurs raisons :
 
* Le traité de Westphalie : Ce traité, signé en 1648, a marqué la fin de la guerre de Trente Ans et a posé les bases de l'ordre international moderne basé sur le système d'États souverains. Ce système, souvent appelé système westphalien, définit les principes de souveraineté nationale et de non-ingérence, qui sont encore au cœur du droit international aujourd'hui.
* La transformation de la guerre : La guerre de Trente Ans a été l'un des conflits les plus destructeurs de l'histoire européenne, marqué par une violence généralisée contre les civils et un niveau de destruction sans précédent. Cela a conduit à des changements dans la façon dont la guerre était menée, y compris l'utilisation croissante d'armées permanentes et de tactiques de siège.
* La politisation de la religion : Bien que la guerre ait commencé comme un conflit religieux, elle a finalement évolué vers une lutte pour le pouvoir politique. Cela a marqué une étape importante dans le processus de sécularisation de la politique européenne, où la religion est devenue un outil de légitimation politique plutôt qu'un moteur de conflit.
 
En fin de compte, la guerre de Trente Ans et le traité de Westphalie ont eu un impact profond sur la formation de l'État moderne et du système international, ce qui les rend d'une grande importance pour la science politique.
 
Le traité de Westphalie en 1648 est souvent considéré comme le moment où le concept de souveraineté des États a été formellement reconnu dans le droit international. Ce traité a mis fin à la guerre de Trente Ans en Europe et a établi un système d'États souverains, où chaque État avait le contrôle exclusif sur son territoire et sa population.
 
La souveraineté des États a plusieurs implications pour la guerre et la politique internationale :
 
* Les guerres interétatiques : Dans le système westphalien, la guerre est principalement une affaire entre États. Cela signifie que les guerres sont généralement déclarées par les gouvernements, menées par des armées régulières et régies par des lois et des coutumes internationales.
* Le rôle de l'État-nation : L'idée d'État-nation implique que chaque État a le droit de gouverner sa population sans ingérence extérieure. Cela donne aux États le droit de défendre leur territoire et leur population, ce qui peut conduire à des conflits avec d'autres États.
* Le droit à la guerre : La souveraineté des États implique également le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix. Cela signifie que les États ont le droit de recourir à la force pour défendre leurs intérêts, bie
 
Le droit international public, en particulier le droit de la guerre, est principalement axé sur les relations entre États souverains. Il établit un certain nombre de règles et de principes qui régissent le comportement des États en temps de guerre. Parmi ces règles, on peut citer :


= La guerre : un objet de lutte entre puissances étatiques =
* La diplomatie moderne : Le droit international a joué un rôle clé dans l'établissement de normes et de procédures diplomatiques, y compris l'immunité diplomatique, les relations diplomatiques et consulaires, et les négociations de traités.
* La souveraineté des États : Le principe de la souveraineté des États est fondamental en droit international. Cela signifie que chaque État a le droit de gouverner son propre territoire et de mener ses relations internationales comme il l'entend, à condition de respecter les droits des autres États.
* La déclaration de guerre : Traditionnellement, le droit international exigeait qu'un État déclare officiellement la guerre avant de commencer les hostilités. Bien que cette pratique ait été largement abandonnée, le droit international exige toujours que les États respectent les principes de la guerre juste, y compris la proportionnalité et la discrimination entre combattants et non-combattants.
* La conclusion de la guerre : Le droit international prévoit également que les guerres doivent être terminées par un traité de paix, qui définit les termes de la fin des hostilités et établit un cadre pour la résolution des différends restants. Cela est important pour assurer une transition pacifique vers une paix durable après un conflit.


== Un phénomène ancien vs la guerre moderne interétatique ==
Ces règles sont essentielles pour maintenir l'ordre et la stabilité dans le système international. Cependant, leur application et leur respect peuvent varier en fonction des circonstances, et leur violation peut avoir des conséquences graves, y compris des sanctions internationales et des poursuites pour crimes de guerre.


=== Un phénomène ancien ===
==La théorisation de la guerre :  approches et penseurs clés==
Ce qui est intéressant à questionner est la dimension mythique de la guerre, c’est-à-dire comment les États construisent un discours de la guerre qui engage le concept de sacrifice.  
La guerre, dans le contexte de la science politique, a longtemps été considérée comme une extension naturelle de la politique elle-même. Ce concept a été théorisé par plusieurs penseurs influents au fil des siècles, notamment le célèbre stratège militaire chinois Sun Tzu qui a écrit "L'Art de la Guerre", un traité sur la stratégie militaire. Dans le contexte occidental, des philosophes tels que Platon et Aristote ont également considéré la politique comme un "art". Pour eux, la politique est l'art de gouverner et de prendre des décisions pour le bien de la cité. En ce sens, la guerre peut être vue comme une extension extrême de cet "art", lorsque le dialogue et la négociation échouent et que la force devient le principal moyen de résoudre les conflits. Dans cette perspective, la guerre est non seulement une activité impliquant des stratégies et des tactiques militaires, mais aussi un domaine nécessitant une réflexion profonde et une compréhension des enjeux politiques et sociaux. C'est pourquoi la guerre est un sujet d'étude important en science politique, car elle offre un aperçu précieux de la façon dont les sociétés gèrent les conflits, l'autorité et le pouvoir.
Quand on étudie la guerre, il y a de la mobilisation idéologique pour faciliter la cohésion de la masse. Celui qui n’est pas d’accord avec la guerre est un renégat, il a trahi la cause. Après le [[Les ruptures du 11 septembre 2001|11 septembre]], très peu d’intellectuels ont réussi à dire que George Bush se trompe en qualifiant le terrorisme de guerre, cette position était d’un héroïsme absolu car ils subissaient la stigmatisation des médias américains.
La guerre ne peut se vivre que de façon sublimée, en d’autre termes, la rationalité peut perdre du poids dans les évaluations.


=== La guerre moderne ===
L'art de la guerre, tel que conceptualisé par des figures historiques comme Sun Tzu et Napoléon, est un jeu de stratégie complexe qui combine le respect de certaines normes établies avec l'innovation et la surprise. Napoléon, par exemple, a souvent contourné les conventions de la guerre pour surprendre ses ennemis et obtenir un avantage stratégique. Ce faisant, il a non seulement fait preuve de génie militaire, mais a aussi souligné la nature dynamique et imprévisible de la guerre. Malgré l'existence de certaines normes et règles, la guerre est souvent définie par son imprévisibilité et sa capacité à dépasser les attentes établies. Cette réalité complexe défie les tentatives de catégoriser la guerre comme un phénomène strictement réglementé ou complètement chaotique. Au lieu de cela, la guerre peut être mieux comprise comme un phénomène qui oscille entre ces deux extrêmes, où la stratégie et la surprise coexistent et interagissent constamment. 
[[Fichier:Helst, Peace of Münster.jpg|thumb|''Banquet de la garde civique d'Amsterdam à l'occasion de la paix de Münster'' par Bartholomeus van der Helst, peint en 1648|300px]]


La guerre de Trente ans qui dura de 1618 à 1648 est une guerre de religion qui va impliquer des grandes puissances à savoir la France contre l’Autriche et la Suède. Cette guerre va aboutir au traité de Westphalie qui va poser les prémices de la guerre moderne.
La guerre est encadrée par un certain nombre de normes et de règles - que ce soit les lois internationales qui régissent la conduite en temps de guerre, les traités bilatéraux entre pays, ou les règles non écrites de l'engagement militaire. Ces normes fournissent une structure et une prévisibilité à la guerre, permettant aux parties en conflit de prévoir (dans une certaine mesure) les actions de l'autre. Cependant, la guerre implique aussi le dépassement de ces normes. Que ce soit par nécessité, par stratégie, ou par désespoir, les parties en conflit peuvent et vont souvent outrepasser les règles établies. Cela peut se traduire par des tactiques de guérilla, des attaques surprises, l'utilisation d'armes interdites, ou même la violation directe des lois de la guerre. Cette tension entre la norme et le dépassement de la norme est ce qui rend la guerre si imprévisible et, par conséquent, si difficile à étudier et à comprendre. Pour la science politique et d'autres disciplines similaires, cela signifie qu'il faut constamment s'adapter et réévaluer nos compréhensions et nos théories de la guerre pour tenir compte de cette réalité complexe et changeante.
Le traité de Westphalie consacre la souveraineté des États, la guerre ne peut être que des guerres interétatiques, donc au cœur même de la question de la guerre interétatique il y a l’État est l’idée de l’État-Nations qui et mené à conduire la guerre. Le droit public international de la guerre est un droit d’État-Nations qui pose des règles pour faire la guerre :
#va inventer la diplomatie moderne ;
#les États sont souverains et ce sont les États qui sont au fondement de l’ordre international, dès lors pour faire une guerre il faut suivre un processus ;
##proclamer une déclaration de guerre ;
##il faut savoir terminer la guerre par des traités de paix.


== La théorisation de la guerre ==
Il est important pour les sciences sociales, et en particulier pour la science politique, de reconnaître et d'explorer cette complexité. En traitant la guerre non seulement comme une suite de stratégies et de tactiques, mais aussi comme un phénomène social, politique et culturel plus large, les chercheurs peuvent acquérir une compréhension plus profonde et plus nuancée de la nature de la guerre et de son impact sur les sociétés humaines.
Le grand débat est que d’un point de vue de la science-politique on a longtemps vécu sur un pseudo évidence de la guerre parce que la guerre historiquement était ramenée du côté de l’art à avoir « l’art de la guerre ». Pour Platon et Aristote ce qui définit la politique est que la politique est un « art ».


L’art de la guerre est une technique construite comme l’est l’art de la politique qui fait que l’on a attiré la guerre du côté de la stratégie. Le génie militaire de Napoléon est qu’il contrevient aux lois de la guerre, il s’organise toujours en système pour que ses adversaires croient qu’il n’y a pas de surprise alors que l’art de la guerre est définie selon des procédés. Dans ce paradoxe, la guerre est à la fois de la norme et du dépassement de la norme qui créée un effet de surprise. Il y a un espace de la stratégie qui permettait de ne pas analyser la guerre comme un objet plus compliqué des sciences-sociales.
La guerre pose des problèmes majeurs en philosophie et soulève des questions essentielles sur la nature de la culture humaine et de la conscience. D'un point de vue philosophique, la guerre peut être analysée à plusieurs niveaux. Par exemple, la philosophie morale se penche sur les questions de justesse et d'éthique dans le contexte de la guerre. Qu'est-ce qui justifie le déclenchement d'une guerre (jus ad bellum)? Comment devrait-elle être menée (jus in bello)? Quelles sont les obligations morales envers les non-combattants ou les prisonniers de guerre? Ces questions sont souvent débattues dans le cadre de la théorie de la guerre juste. La guerre pose également des questions profondes sur la nature de la culture et de la conscience humaine. Pourquoi les sociétés humaines ont-elles recours à la guerre? Comment la guerre influence-t-elle la culture, l'art, la littérature et d'autres formes d'expression humaine? Comment la guerre affecte-t-elle notre compréhension de nous-mêmes et de notre place dans le monde? La philosophie politique, quant à elle, se penche sur le rôle de l'État et du pouvoir dans la guerre. Quel est le rôle de l'État dans la déclaration de guerre et la conduite des hostilités? Quel est le rôle du citoyen en temps de guerre? Quelle est la relation entre guerre et souveraineté, ou guerre et démocratie? Ces questions ne sont que quelques-unes des nombreuses façons dont la guerre peut être abordée d'un point de vue philosophique. La guerre, en tant que phénomène social et politique, est une réalité complexe qui peut être analysée et comprise de diverses manières à travers le prisme de la philosophie.


La guerre est un objet de philosophie qui pose un problème de culture et de conscience : Du coup, la question fondamentale est de savoir si l’on peut de la même façon que le suicide est un fait-social, la guerre est un phénomène social que l’on peut étudier en tant que tel, dès lors la guerre peut être pensée, c’est quelque chose que l’on peut analyser du côté de la philosophie et notamment la philosophie-politique.
La guerre est un phénomène qui dépasse largement le cadre de l'action militaire. Elle peut être analysée sous plusieurs angles, y compris la philosophie politique, la sociologie, l'économie, la psychologie, entre autres. La philosophie politique peut aborder des questions telles que la justification morale de la guerre (la théorie de la guerre juste, par exemple), le rôle de l'État et de la souveraineté dans les conflits, ou l'impact de la guerre sur les notions de liberté et de droits de l'homme. Du point de vue sociologique, la guerre peut être analysée en termes d'interaction sociale, de formation de groupes et d'identités, ou d'impact sur la structure sociale et la culture. On peut aussi s'interroger sur la manière dont la guerre affecte les normes et les valeurs, et comment elle est perçue et comprise par ceux qui la vivent. L'économie peut se pencher sur l'impact de la guerre sur l'économie (la "guerre totale" et l'économie de guerre, par exemple), ou sur le rôle des ressources économiques dans la conduite et la cause des guerres. La psychologie peut s'intéresser à l'impact de la guerre sur l'esprit humain, que ce soit en termes de stress de combat, de troubles de stress post-traumatique, ou de l'impact plus large de la guerre sur les attitudes et les comportements. La guerre est un phénomène complexe et multidimensionnel qui peut être étudié sous de nombreux angles différents, chacun apportant sa propre perspective et ses propres outils d'analyse.


=== Hugo Grotius ===
===Hugo Grotius (1583-1645) : Le droit naturel et les fondements de la guerre juste===
[[Image:Michiel Jansz van Mierevelt - Hugo Grotius.jpg|right|150px|thumb|Hugo Grotius<br />Portrait par Michiel Jansz. van Mierevelt (1631).]]
[[Image:Michiel Jansz van Mierevelt - Hugo Grotius.jpg|right|150px|thumb|Hugo Grotius<br />Portrait par Michiel Jansz. van Mierevelt (1631).]]


Grotius a rédigé un ouvrage intitulé ''De jure belli ac pacis'' sur le droit de la guerre et le droit de la paix, il va s’interroger sur la possibilité d’un droit de la guerre. Ce sont des questions toujours d’actualité avec les notions de guerre juste et de guerre injuste. [[Les problèmes juridico-politiques de la conquête II|Grotius]] s'interroge sur le fait de savoir si peut-on construire un droit de la guerre et dans quelle mesure peut-il jouer la guerre elle-même ou l’arrêter. Le droit de la guerre est possible dans deux cas précis:
Hugo Grotius, un juriste néerlandais du XVIIe siècle, est largement reconnu comme l'un des fondateurs du droit international moderne. Son ouvrage "De Jure Belli ac Pacis" (Sur le droit de la guerre et de la paix), publié pour la première fois en 1625, reste une référence majeure dans le domaine. Dans ce texte, Grotius a établi les fondements de la théorie de la "guerre juste", qui traite de la moralité et de la légalité de l'engagement dans une guerre et de la conduite de celle-ci. Il a également posé les bases pour de nombreux principes du droit international moderne, tels que la souveraineté nationale et l'égalité des États. Grotius a affirmé que certains principes moraux s'appliquent même en temps de guerre. Par exemple, il a insisté sur le fait que les civils non combattants devraient être épargnés autant que possible, et que les traitements cruels ou inhumains envers les prisonniers de guerre étaient inacceptables. Ces idées étaient révolutionnaires à l'époque et continuent d'influencer la manière dont nous pensons la guerre aujourd'hui. Les concepts de "guerre juste" et de "guerre injuste" sont encore largement débattus dans les cercles académiques, politiques et militaires. Ils jouent également un rôle clé dans le développement et l'application du droit international humanitaire, qui cherche à limiter les effets de la guerre et à protéger ceux qui sont les plus vulnérables en temps de conflit.
*'''guerre défensive''' : seul la guerre défensive est juste : protéger des populations contre un agresseur extérieur.
*'''guerre coercitive''' : destinée à punir ceux qui détournent et s’opposent au droit.
Par contre, il va rendre la guerre illégitime dans les autres cas comme la guerre de conquête car un État-Nation n’a pas pour objet de conquérir d’autres États donc cette guerre est injuste.


Le droit de la guerre dans la théorie de [[Les problèmes juridico-politiques de la conquête II|Grotius]] est aussi un droit de la paix, c‘est parce que l’on va la qualifier que l’on va pouvoir qualifier les conditions de paix. Si l’agresseur est dans une position d’injustice il doit être sanctionné par d’autres États.
Hugo Grotius a établi les bases du droit de la guerre, cherchant à déterminer dans quels cas une guerre pourrait être considérée comme "juste". Il a mis en avant deux types de guerre qui pourraient être justifiées dans le cadre du droit international :


=== Thomas Hobbes ===
* La '''guerre défensive''' : Grotius soutenait que la guerre menée en défense contre une agression extérieure était justifiée. C'est une idée qui reste centrale dans le droit international contemporain, où le droit à l'autodéfense est reconnu comme un principe fondamental.
* La '''guerre coercitive''' : Grotius pensait également qu'une guerre pourrait être justifiée si elle était menée pour punir ceux qui avaient violé le droit. Il s'agit d'une idée plus controversée et plus difficile à mettre en œuvre dans la pratique. Elle pose des questions complexes sur qui a le droit de juger de la violation du droit, et quelles sont les méthodes appropriées pour la punir.
 
Même si Grotius pensait que ces types de guerre pouvaient être justifiés, il soulignait également l'importance de respecter certaines règles et normes éthiques pendant la conduite de la guerre, comme l'interdiction de s'en prendre délibérément aux non-combattants.
 
Grotius a établi que certaines formes de guerre étaient illégitimes et injustes. En particulier, il s'est opposé aux guerres de conquête. Selon lui, un État-nation n'a pas le droit de mener une guerre dans le but d'annexer ou de conquérir d'autres États. Ce principe est fondamental dans le droit international contemporain, qui interdit l'acquisition de territoire par la force. Nien que ces principes aient été formulés il y a des siècles, ils sont toujours largement acceptés aujourd'hui. La Charte des Nations Unies, par exemple, interdit explicitement l'usage de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'un autre État. De tels principes continuent à guider la manière dont les conflits internationaux sont gérés et résolus.
 
Pour Hugo Grotius, le droit de la guerre et le droit de la paix sont intimement liés. En effet, la conception de la guerre comme un phénomène qui doit être régi par certaines règles et principes juridiques suggère également qu'il y a certaines conditions qui doivent être remplies pour instaurer une paix juste et durable. Selon Grotius, un agresseur qui viole les principes du droit de la guerre doit être tenu pour responsable. Cela pourrait inclure des sanctions ou d'autres formes de répercussions de la part des autres États. De cette façon, le droit de la guerre sert également à définir et à promouvoir la justice en temps de paix. Ces idées continuent à être influentes dans le droit international contemporain. Par exemple, le concept de la "responsabilité de protéger" suggère que la communauté internationale a le devoir d'intervenir lorsqu'un État viole grossièrement les droits de ses propres citoyens. Enfin, il est intéressant de noter que le travail de Grotius a jeté les bases du développement ultérieur du droit international humanitaire, qui cherche à limiter les effets de la guerre sur les personnes et les biens.
 
===Thomas Hobbes (1588-1679) : L'état de nature et la guerre comme état de conflit permanent===
{{Article détaillé|La naissance du concept moderne de l’État}}
{{Article détaillé|La naissance du concept moderne de l’État}}
[[Fichier:Leviathan.jpg|thumb|right|160px|Le Léviathan, ou Traité de la matière, de la forme et du pouvoir d'une république ecclésiastique et civile, 1651.]]
[[Fichier:Leviathan.jpg|thumb|right|160px|Le Léviathan, ou Traité de la matière, de la forme et du pouvoir d’une république ecclésiastique et civile, 1651.]]
 
Dans son œuvre "Le Léviathan", Thomas Hobbes propose une réflexion sur la nature humaine et l'état de nature qui, selon lui, est un état de guerre perpétuelle de tous contre tous ("bellum omnium contra omnes"). Selon Hobbes, sans une autorité centrale forte pour maintenir l'ordre, la vie humaine serait "solitaire, pauvre, désagréable, brutale et brève". Dans l'état de nature de Hobbes, les individus sont motivés par leurs propres intérêts et craintes. La compétition pour les ressources limitées, la méfiance et la volonté de gagner en réputation peuvent conduire à un état de conflit constant. Pour échapper à cet état de guerre, Hobbes argumente que les individus concluent un contrat social par lequel ils renoncent à une part de leur liberté en faveur d'un souverain, que Hobbes appelle le Léviathan. Le rôle de ce souverain est de maintenir la paix et l'ordre en exerçant une autorité incontestable. Ces idées de Hobbes ont eu une influence importante sur la théorie politique et la conception de l'État moderne. Elles soulignent l'importance d'un pouvoir central fort pour prévenir le conflit et garantir la sécurité des citoyens.
 
Pour Thomas Hobbes, l'état de nature est marqué par le chaos et l'incertitude. Selon lui, dans cet état, les individus sont libres mais aussi constamment en danger car il n'existe aucune loi ou autorité centrale pour réguler leur comportement. Dans l'état de nature, les individus sont guidés par leurs propres intérêts et par la peur de la mort. Leur liberté absolue est donc accompagnée d'une compétition constante pour les ressources et la sécurité. Cela crée une situation instable où le danger et le conflit sont omniprésents - une situation que Hobbes décrit comme une "guerre de tous contre tous". Pour éviter ce chaos, Hobbes propose l'idée d'un contrat social par lequel les individus cèdent volontairement une partie de leur liberté à un souverain absolu. En échange, ce souverain leur fournit sécurité et ordre, ce qui est préférable à l'incertitude et à la violence de l'état de nature.
 
Pour Hobbes, l'État est le garant de la paix sociale, une institution nécessaire pour éviter la "guerre de tous contre tous" qui règne dans l'état de nature. Selon lui, l'État est fondé sur un contrat social, une forme d'accord auquel les individus consentent pour échapper au chaos de l'état de nature. Dans ce contrat, les individus acceptent de renoncer à une partie de leurs libertés et de soumettre leur volonté à celle du souverain. En retour, le souverain a la responsabilité de maintenir l'ordre, d'assurer la sécurité des individus et de préserver la paix. Pour Hobbes, l'autorité du souverain est absolue et indivisible, car c'est la seule façon d'assurer la paix et de prévenir le retour à l'état de nature. Cette conception a eu une influence majeure sur la théorie politique et continue de faire l'objet de débats aujourd'hui. Par exemple, elle soulève des questions sur le juste équilibre entre la sécurité et la liberté, ou sur le rôle et les limites du pouvoir étatique.
 
Pour Hobbes, l'une des principales responsabilités du souverain est de maintenir la paix et la sécurité de la société. Pour cela, le souverain a le droit de lever une armée et d'exercer la force si nécessaire. Hobbes voit l'armée comme une institution nécessaire pour protéger la société contre les menaces extérieures et intérieures. Sans une force militaire pour assurer la sécurité, Hobbes pense que la société risquerait de retomber dans l'état de nature, où règne une "guerre de tous contre tous". Cependant, Hobbes met aussi en garde contre les dangers de l'abus de pouvoir militaire par le souverain. Il insiste sur l'importance du contrat social, dans lequel le souverain est tenu de respecter les droits et libertés des individus en échange de leur obéissance.
 
Il est également important de noter que Hobbes écrit dans un contexte historique spécifique, celui de l'Angleterre du XVIIe siècle, qui a été marquée par la guerre civile. Sa théorie politique reflète donc ses préoccupations de son époque, mais continue de susciter des discussions importantes dans la philosophie politique contemporaine.
 
===Emmanuel Kant (1724-1804) : Vers la paix perpétuelle et la légitimité des guerres défensives===
Immanuel Kant, dans son essai "Projet de paix perpétuelle" (1795), se demande comment on peut réaliser une paix durable entre les nations. Son travail sur ce sujet a grandement influencé la philosophie politique et les théories du droit international. Kant propose plusieurs idées pour atteindre une "paix perpétuelle". La première est que la "constitution républicaine" est le gouvernement le plus pacifique, car il donne au peuple le pouvoir de décider s'il veut aller à la guerre ou non, et le peuple, étant celui qui subit les conséquences de la guerre, est moins susceptible de la choisir. La deuxième idée est la "fédération des nations libres", une sorte de ligue des nations, où les États conservent leur souveraineté mais acceptent d'adhérer à un ensemble de lois internationales communes pour prévenir les conflits. Enfin, Kant soutient que la paix perpétuelle ne peut être atteinte que lorsque les droits universels de l'homme sont respectés, ce qui implique l'égalité des droits pour tous les individus, sans égard à leur nationalité.


Dans le Léviathan, [[La naissance du concept moderne de l’État|Hobbes]] va réfléchir sur les causes de la guerre civile en s’interrogeant sur les motivations de la guerre. Cela va être au fondement de la construction de l’État moderne de nous dire que cela va être l’état de nature.
Immanuel Kant soutenait que la paix ne peut être fondée sur l'émotion ou l'affect. Au contraire, elle doit être basée sur la rationalité. Pour lui, c'est la raison, et non l'émotion, qui peut inciter les hommes à rechercher et à accepter la paix. Cette approche est fondamentalement morale, car elle demande aux individus de privilégier le bien commun plutôt que leur propre intérêt personnel. Selon cette vision, la véritable paix ne peut être atteinte que lorsque les individus et les nations adoptent une approche rationnelle, en mettant en commun leurs différences et en travaillant ensemble pour le bien de tous. Cette vision implique une certaine mutualisation des différences et des conflits : au lieu de chercher à imposer sa propre volonté par la force, chaque partie doit chercher à comprendre et à respecter les perspectives des autres. C'est ce que Kant entendait par une "fédération de nations libres". En fin de compte, l'idée de Kant est que la paix perpétuelle n'est pas un simple rêve ou une idée romantique, mais un objectif qui peut être atteint par des moyens rationnels et moraux. Cette idée a eu une grande influence sur les théories modernes de la justice internationale et sur la conception des institutions internationales.


L‘état de nature peut être soit le chaos ou au contraire l’absolue égalité. Hobbes est du côté de l’interprétation chaotique parce que l’état de nature relèverait les pulsions des individus qui sont des pulsions destructrices menant à la guerre.
[[Image:Kant foto.jpg|thumb|right|150px|Portrait de Emmanuel Kant.]]


Pour éviter la guerre, il faut construire un État fort en instaurant la raison par l’abandon de la théorie du droit naturel pour passer à un contrat social. Ce qui fonde l’État moderne est la capacité à vivre à travers le contrat qui garantit la paix. Dans les missions que [[La naissance du concept moderne de l’État|Hobbes]] pensent à l’État moderne il y a la construction d’une armée car elle garantit la paix.
Immanuel Kant a plaidé pour l'invention d'un droit international de la paix, reconnaissant la nécessité de gérer les relations de force entre les nations. Il a prôné que cette régulation est indispensable car les guerres sont inévitables. L'apport majeur de Kant réside dans son affirmation que le droit international public à construire ne devrait pas se baser sur le principe du "droit du plus fort". Au contraire, il doit être fondamentalement distinct et viser la paix plutôt que la guerre. C'est-à-dire, le droit international ne doit pas servir simplement à justifier les conflits ou à régir leur déroulement, mais plutôt à les prévenir et à favoriser la résolution pacifique des différends. Ce droit de la paix repose sur la reconnaissance de l'égalité souveraine des États et sur le respect des droits de l'homme, deux principes qui sont essentiels pour prévenir la guerre et promouvoir la paix. C'est en cela que l'approche de Kant a été révolutionnaire et a jeté les bases du droit international contemporain, qui met l'accent sur la prévention des conflits et la promotion de la paix durable.


=== Emmanuel Kant ===
Immanuel Kant, dans son essai intitulé "Projet de paix perpétuelle", a présenté un plan pour établir la paix et éviter les guerres. C'est une réflexion structurée en trois niveaux:
Kant va s’interroger sur ce qu’il appelait la construction de la paix et sur les moyens pour arriver à la paix perpétuelle et comment fabriquer une théorie juridique de la paix.


La paix ne peut pas se fonder sur l’émotion et sur l’affect, elle est fondée sur la rationalité. Dès lors seul la raison peut conduire les hommes à accepter la paix, c’est une raison morale. La seule solution est de penser une mutualisation de différents.
# Droit de politique interne : Selon Kant, pour atteindre une paix durable, chaque État doit adopter une constitution républicaine. En d'autres termes, il faut assurer un gouvernement démocratique qui respecte les droits de l'homme et la loi. Cela aiderait à résoudre les conflits internes de manière pacifique et démocratique.
# Droit international interfédéral/interétatique : Une fois que la paix est établie à l'intérieur des États, elle peut être élargie à l'ensemble des relations internationales. Pour cela, Kant propose la création d'une "fédération des nations libres", qui serait un groupe d'États unis par des traités de paix mutuels et engagés à résoudre leurs différends de manière non-violente.
# Droit international d’hospitalité : Ce niveau représente la vision cosmopolite de Kant. Il s'agit d'un principe qui implique le respect des étrangers et la possibilité d'avoir des relations pacifiques avec eux. Selon Kant, chaque individu a le droit de visiter un autre pays, tant qu'il se comporte pacifiquement, et chaque pays a le devoir d'accueillir les visiteurs étrangers. Ce principe établit la base pour un droit international cosmopolite.


[[Image:Kant foto.jpg|thumb|left|100px|Portrait de Emmanuel Kant]]
Ainsi, la vision kantienne de la paix perpétuelle est fondée sur une approche multiscalaire qui nécessite des changements à la fois internes (au niveau national) et externes (au niveau international). Il s'agit d'une conception qui continue à influencer les débats contemporains sur le droit international et la paix mondiale.


Il faut inventer un droit international de la paix qui est la gestion des rapports de force entre nations sur la base que la régulation est nécessaire parce qu’il y aura toujours des guerres.
La philosophie de Kant est fondamentalement axée sur la liberté et le respect des droits de l'homme. Il voyait la guerre comme le résultat ultime de systèmes politiques qui refusent la liberté, violent les droits de l'homme et sont dominés par des autorités autocratiques ou dictatoriales. Pour Kant, la paix durable ne peut être atteinte que par la construction de systèmes politiques qui respectent les droits de l'homme et qui sont démocratiques et républicains. Le concept de "souveraineté limitée" est un élément clé de cette vision, car il implique que même si un État est souverain, il ne doit pas avoir le droit d'opprimer sa population ou de violer les droits de l'homme. De plus, pour éviter les conflits entre les États, Kant a proposé l'idée d'une "fédération des nations libres". Selon cette idée, les États souverains doivent consentir librement à limiter leurs actions et à respecter le droit international pour maintenir la paix mondiale. Ainsi, la philosophie de Kant met en avant l'idée que la paix ne peut être garantie que par l'adhésion à des principes démocratiques, le respect des droits de l'homme, et la coopération internationale dans le cadre d'un droit international respecté par tous.


L’apport important de Kant va être de dire que le droit international public qu’il faut construire ne sera pas le droit du plus fort. Cela doit être quelque chose d’autre qui est un droit de la paix qui n’est pas un droit de la guerre. Il faut fabriquer une paix universelle mais il est avant tout nécessaire de penser trois niveaux de paix :
===Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) : La dialectique de la guerre et le progrès historique===
*'''droit de politique interne''' : si tous les pays adoptent une constitution républicaine, les conflits à l’intérieur des pays pourraient être gérés.
[[Image:Hegel portrait by Schlesinger 1831.jpg|thumb|160px|Portrait de Hegel par Schlesinger (1831).]]
*'''droit international interfédéral/interétatique''' : si un droit de la paix a été créé à l’intérieur des États par un système de constitution républicaine il peut y avoir un système de relations partenariales entre les États.
*'''droit international d’hospitalité''' : c’est la capacité des États à dialoguer dans une paix perpétuelle. C’est un droit international cosmopolite.


C’est un penseur intéressant car c’est l’auteur et le concepteur de l’émergence d’un droit international public de la paix sur la base que tout doit être librement consenti et qu’il faut lutter contre tout système autocratique, c’est-à-dire de personnalisation du pouvoir, pouvant amener la guerre.La paix entre les États se construit par des souverainetés limitées.
Pour Hegel, la guerre est un phénomène qui est profondément enraciné dans la nature humaine et la dynamique de l'histoire. Elle est le résultat de la dialectique historique et de l'interaction de la thèse et de l'antithèse, où la guerre agit comme un agent de changement et de progression dans l'histoire. Hegel considère la guerre comme un moment de la manifestation de la volonté nationale. Selon lui, c'est un moment où la conscience nationale se renforce et se cristallise. La guerre peut être vue comme une expression de la volonté libre et subjective de la nation, c'est-à-dire comme une extension de la volonté de la nation d'affirmer et de préserver son existence. Cependant, la guerre, pour Hegel, n'est pas une fin en soi. Elle est plutôt une étape nécessaire et tragique de l'histoire humaine, qui finalement conduit à une plus grande conscience de soi et à la liberté. Ainsi, malgré le chaos et la destruction qu'elle engendre, la guerre est aussi un moyen de faire avancer l'histoire vers une réalisation plus complète de la liberté humaine.


=== Hegel ===
Selon la philosophie hégélienne, la guerre a un rôle essentiel à jouer dans l'affirmation de la subjectivité des individus et dans l'évolution de l'histoire humaine. Hegel soutient que la guerre, aussi destructrice soit-elle, joue un rôle crucial dans la consolidation d'une communauté, car elle force les individus à unir leurs efforts pour survivre. Paradoxalement, la guerre peut aussi aider à forger une identité nationale ou collective plus forte, car elle crée un "autre" commun contre lequel une communauté doit se battre. Dans cette perspective, la guerre peut être perçue comme un facteur de cohésion sociale et politique. La guerre, en tant que confrontation de la volonté humaine, permet également aux individus de faire face à leur mortalité et de se définir en opposition à la mort. C'est en ce sens que Hegel prétend que la guerre est une affirmation de la subjectivité. Néanmoins, bien que Hegel voie un rôle pour la guerre dans le développement de l'histoire humaine, cela ne signifie pas qu'il la glorifie ou la promeut. Au contraire, pour Hegel, la guerre est une manifestation tragique des contradictions de l'histoire humaine, une contradiction qui peut finalement conduire à une plus grande réalisation de la liberté humaine.
[[Image:Hegel portrait by Schlesinger 1831.jpg|thumb|160px|Portrait de Hegel par Schlesinger (1831)]]


Hegel va s’interroger sur la guerre en l’interprétant comme un comportement subjectif de l’être. Au fond la guerre ne peut pas s’arrêter car elle permet à la subjectivité de l’individu de se situer dans un champ politique. Dès lors la guerre ne peut pas disparaitre parce que d’une certaine façon elle permet aux subjectivités d’exister et va permettre aux différents peuples de surmonter ses oppositions pour se solidifier.
René Girard, un philosophe et anthropologue français, a développé une théorie connue sous le nom de "théorie du bouc émissaire" pour expliquer la violence humaine. Selon Girard, les conflits sociaux surviennent en raison de la rivalité mimétique - un désir de posséder les mêmes choses que les autres, qui devient contagieux au sein d'une société. Au fur et à mesure que les tensions montent, la société cherche à restaurer l'ordre en se tournant contre un "bouc émissaire" - généralement une personne ou un groupe marginalisé. En se réunissant pour punir le bouc émissaire, la communauté est en mesure de canaliser sa violence et de rétablir un sentiment de cohésion sociale.


La guerre a un avantage extraordinaire car elle arrive à sublimer les différences des individus dans l’espace de l’État-Nation, elle rassemble et efface les contradictions renvoyant directement aux théories de René Girard.
Girard a également appliqué sa théorie à la guerre, arguant que la guerre peut jouer le même rôle que le sacrifice du bouc émissaire dans la réconciliation des tensions sociales. Comme Hegel, Girard voit la guerre comme un moyen par lequel une communauté peut sublimer ses différences internes pour faire face à une menace extérieure commune. Néanmoins, la perspective de Girard, tout comme celle d'Hegel, ne constitue pas une justification de la guerre. Au contraire, elle offre une analyse de la façon dont la violence peut devenir un moyen d'instaurer l'ordre social, tout en mettant en évidence le coût humain tragique de cette dynamique.


=== Machiavel ===
===Niccolò Machiavel (1469-1527) : Le réalisme politique et les stratégies de la guerre===
{{Article détaillé|La Renaissance italienne}}
{{Article détaillé|La Renaissance italienne}}
[[Fichier:Santi di Tito - Niccolo Machiavelli's portrait.jpg|thumb|right|150px|Portrait posthume de Machiavel par Santi di Tito, au Palazzo Vecchio de Florence]]
[[Fichier:Santi di Tito - Niccolo Machiavelli's portrait.jpg|thumb|right|150px|Portrait posthume de Machiavel par Santi di Tito, au Palazzo Vecchio de Florence.]]
 
Niccolò Machiavel, un politicien et écrivain italien de la Renaissance, est connu pour son œuvre Le Prince, qui est souvent considérée comme un guide pragmatique pour le leadership politique. Il y dépeint l'exercice du pouvoir, non pas comme il devrait être selon des principes idéaux ou éthiques, mais comme il est réellement dans la pratique. Dans Le Prince, Machiavel soutient que les dirigeants doivent être prêts à agir immoralement si cela est nécessaire pour maintenir leur pouvoir et assurer la stabilité de leur État. Par exemple, il suggère que, bien qu'il soit préférable pour un prince d'être aimé et craint, s'il doit choisir entre les deux, il est plus sûr d'être craint. Concernant la guerre, Machiavel a une approche très réaliste. Il insiste sur le fait que les dirigeants doivent toujours se préparer à la guerre et être prêts à la mener si nécessaire. Pour lui, la guerre est un outil politique, nécessaire pour maintenir et élargir le pouvoir. Machiavel était aussi un fervent défenseur des milices de citoyens. Il croyait que les citoyens qui avaient un intérêt direct à la défense de leur patrie feraient de meilleurs soldats que les mercenaires ou les troupes levées à l'étranger. Cette idée se reflète dans son autre œuvre majeure, Discours sur la première décade de Tite-Live.
 
Machiavel est célèbre pour sa déclaration que "la fin justifie les moyens". Cela signifie qu'il croyait que les actions d'un leader peuvent être justifiées par les résultats qu'elles produisent, même si ces actions sont en elles-mêmes moralement répréhensibles. Machiavel croyait que la politique et la moralité étaient des domaines distincts. Dans la politique, il soutenait que le succès et la survie de l'État étaient les objectifs les plus importants. Par conséquent, un leader pourrait devoir prendre des décisions difficiles, voire immorales, pour atteindre ces objectifs. La guerre, par exemple, est considérée comme immorale par beaucoup, mais pour Machiavel, elle pourrait être justifiée si elle était nécessaire pour protéger l'État. En outre, Machiavel considérait l'art de la guerre comme une compétence essentielle pour un leader. Il soutenait qu'un prince qui néglige l'art de la guerre met en péril son royaume et sa propre sécurité. Selon lui, même en temps de paix, un leader.


Machiavel est un humaniste dans une principauté de Florence qui organise les milices de citoyens et il rédige ''Le Prince'' où il va décrire les modes de gouvernement. [[La Renaissance italienne|Machiavel]] travail sur les qualités du gouverneur et pour cela il doit s’approprier l’art de la guerre qui est nécessaire pour son pouvoir qui détient une vertu morale. Dès lors, la fin justifie les moyens car ce qui est le plus important est d’atteindre des objectifs peu importe la façon de les obtenir. Un objectif moral par la guerre n’est pas grave s’il n’est pas en lui-même moral car l’objectif tient l’ensemble du dispositif.
L'adjectif "machiavélique" est souvent utilisé pour décrire une personne qui est prête à utiliser des moyens trompeurs ou immoraux pour atteindre ses objectifs. C'est une référence à l'idée de Machiavel que "la fin justifie les moyens". Cela signifie que, pour une personne machiavélique, l'objectif est plus important que les actions prises pour l'atteindre. Donc, peu importe si les actions sont trompeuses, malhonnêtes, voire cruelles, tant qu'elles permettent d'atteindre l'objectif. C'est une interprétation assez négative et simplifiée de la philosophie de Machiavel. Ses écrits étaient beaucoup plus complexes et nuancés, et il ne prônait pas nécessairement un comportement immoral en toutes circonstances. Cependant, c'est ainsi que son nom est souvent utilisé dans le langage courant.


Lorsque l’on qualifie un individu de machiavélique, on suggère qu’il y a une contradiction entre l’affirmation des buts et la gestion des moyens pour arriver à ses fins.
Niccolò Machiavel, dans son œuvre "Le Prince", met l'accent sur l'importance de la guerre pour un dirigeant. Pour lui, le dirigeant idéal doit toujours être prêt pour la guerre, à la fois en termes de préparation physique et mentale. Machiavel ne glorifie pas la guerre en soi, mais considère que l'art de la guerre est une compétence nécessaire à tout bon dirigeant. Il affirme que l'un des rôles principaux d'un dirigeant est de protéger l'État et ses citoyens, ce qui peut nécessiter le recours à la guerre. Machiavel écrit dans un contexte historique où l'Italie était divisée en de nombreuses cités-états souvent en conflit. Par conséquent, la guerre était une réalité quotidienne et inévitable. Cependant, cela ne signifie pas qu'il valorise la guerre en tant que telle, mais plutôt qu'il reconnaît et analyse le rôle que la guerre joue dans la politique. Néanmoins, ces perspectives ont souvent été mal interprétées ou simplifiées au fil des siècles, conduisant à une perception de Machiavel comme un stratège sans scrupules prônant l'usage de la guerre à des fins personnelles ou politiques.


Chez Machiavel, il a y a une tendance très inquiétante parce que la question de la guerre est valorisée.
===Antoine-Henri de Jomini (1779-1869) : La stratégie militaire et les principes de la guerre===
Antoine-Henri Jomini est un général et théoricien militaire suisse qui a vécu de 1779 à 1869. Jomini a servi dans les armées de Napoléon et a ensuite rejoint l'armée russe. Il est surtout connu pour ses écrits sur la stratégie et la tactique militaires. Son œuvre la plus connue, "Précis de l'art de la guerre" (1838), est considérée comme l'un des textes fondateurs de la stratégie militaire moderne. Jomini y expose ses idées sur les principes fondamentaux de la guerre, parmi lesquels l'importance de la concentration des forces, de la rapidité d'action et de la liberté de manœuvre. Jomini a également identifié ce qu'il considérait comme étant les éléments clés d'une bonne stratégie militaire, à savoir : l'attaque de l'ennemi là où il est le plus faible, la concentration des forces sur un point décisif, la liberté de manœuvre et une chaîne de commandement claire et efficace. Les théories de Jomini ont influencé de nombreux stratèges militaires au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle, et son travail continue d'être étudié dans les académies militaires du monde entier.


=== Antoine-Henri de Jomini ===
Antoine-Henri Jomini est largement reconnu comme l'un des théoriciens les plus influents de la stratégie militaire. Dans son "Précis de l'art de la guerre", il définit la stratégie comme l'art de bien diriger la masse des forces armées, en les concentrant sur un point décisif. Pour Jomini, la stratégie consiste à déterminer quand, où et avec quelle force attaquer l'ennemi. C'est une question de planification et de préparation qui nécessite une connaissance approfondie de la géographie, de la logistique et des ressources disponibles. Jomini a identifié plusieurs principes de base pour la conduite efficace de la guerre, parmi lesquels la concentration des forces sur un point décisif, la rapidité d'action, et l'économie de forces. Il a aussi introduit la notion de "ligne d'opérations", qui est le chemin le plus direct et le plus sûr entre une armée et sa base de ravitaillement, et a souligné l'importance de la logistique dans la réussite des opérations militaires.
Antoine-Henri de Jomini fut capitaine de l’armée suisse et rédigea un traité de l’art de la guerre avec une méthode d’analyse stratégique en posant la question : qu’est-ce que la stratégie ?


C’est un ensemble d’éléments sur lequel on voit un effort de gestion du terrain :
Les éléments ci-dessous font tous partie de l'art de la guerre au sens le plus large. Ils reflètent plusieurs aspects cruciaux de la stratégie et de la tactique militaires.
*le positionnement des troupes ;
*l’analyse in situ des forces en présence ;
*les modalités de l’attaque des points faibles ;
*les conditions tactiques de la poursuite de l’ennemi ;
*les conditions de la maîtrise du mouvement ;
*l’intégration du concept de mobilité et de surprise ;
*la ruse comme les fausses attaques, l’apparence de décrochements et les contre-attaques.


=== Carl von Clausewitz ===
# Le positionnement des troupes : où et comment les forces sont déployées sur le terrain peut avoir un impact significatif sur le succès d'une campagne militaire. Les commandants doivent prendre en compte le terrain, les routes de communication et de ravitaillement, et la position de l'ennemi.
Pour Clausewitz, la guerre est une relation entre des objectifs politiques et des buts de guerre. Lorsque l’on dit que les guerres d’aujourd’hui sont des guerres sans fin, c’est parce qu’on a perdu leurs objectifs politiques.
# L'analyse in situ des forces en présence : comprendre les forces et faiblesses de ses propres troupes et de celles de l'ennemi est crucial pour planifier une stratégie efficace.
# Les modalités de l'attaque des points faibles : identifier et exploiter les faiblesses de l'ennemi est une partie fondamentale de la stratégie militaire.
# Les conditions tactiques de la poursuite de l'ennemi : après une victoire, il peut être avantageux de poursuivre l'ennemi pour maximiser le désordre et minimiser leur capacité à se regrouper et à contre-attaquer.
# Les conditions de la maîtrise du mouvement : contrôler les mouvements de ses propres troupes et, dans la mesure du possible, ceux de l'ennemi, est un autre aspect clé de la stratégie militaire.
# L'intégration du concept de mobilité et de surprise : la capacité à se déplacer rapidement et à surprendre l'ennemi peut souvent être un facteur décisif dans la guerre.
# La ruse, comme les fausses attaques, l'apparence de décrochements et les contre-attaques : utiliser la tromperie pour désorienter et déstabiliser l'ennemi peut également être une tactique efficace.


La guerre sans fin se développe parce que s’oublie un des principes fondamental de la guerre westphalienne qui est que si nous faisons la guerre dans un système westphalien, c’est pour aller vers la paix et non pas pour rester en guerre. Lorsque l’on dit que le temps de la guerre est un temps d’inversion cela veut simplement dire que la guerre est un temps d’inversion pour revenir vers la paix.
Tous ces aspects sont essentiels pour comprendre et mener efficacement une campagne militaire.


[[Image:Clausewitz.jpg|thumb|right|185px|Carl von Clausewitz]]
Les idées de Jomini sur la stratégie militaire ont été formulées dans le contexte des guerres napoléoniennes, et qu'elles ont été influencées par l'observation des campagnes de Napoléon. Elles continuent d'être étudiées et appliquées dans les théories militaires contemporaines.


La guerre est une parenthèse dont la construction du rapport de force n’a que pour objet la sortie de la guerre. Lorsque Clausewitz parle de la guerre comme une construction politique, il rappelle une chose fondamentale qui est que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens.  
===Carl von Clausewitz (1780-1831) : La nature politique de la guerre et la trinité de la violence===
Carl von Clausewitz, dans son célèbre ouvrage "De la guerre", soutient que "la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens". Pour lui, la guerre n'est jamais une fin en soi, mais un outil que les États utilisent pour réaliser des objectifs politiques. C'est un moyen de contraindre l'ennemi à accepter la volonté de l'État.


Dans l’esprit de la guerre westphalienne, la guerre est subordonnée au politique. Si la guerre d’aujourd’hui est si dangereuse c’est parce qu’elle devient une guerre sans fin parce que l’objectif politique est oublié. Dès lors, on rentre dans un état de guerre permanent parce que l’on a plus les structures étatiques ou institutionnelles qui rappellent que la guerre à un moment donné doit s’arrêter.
La question des "guerres sans fin", telle que celle menée par les États-Unis en Afghanistan pendant deux décennies, est souvent vue comme un signe d'échec à définir et à réaliser des objectifs politiques clairs. Cela peut être dû à plusieurs facteurs, tels que des objectifs politiques changeants, des objectifs trop ambitieux ou mal définis, ou encore des obstacles imprévus à la réalisation de ces objectifs. Il est aussi important de rappeler que la perspective de Clausewitz sur la guerre est essentiellement celle de conflits interétatiques conventionnels. De nombreux conflits modernes impliquent des acteurs non étatiques, tels que des groupes terroristes ou des milices, et peuvent être influencés par des facteurs tels que les divisions ethniques ou religieuses, qui ne rentrent pas facilement dans le cadre de la guerre comme politique par d'autres moyens. Ces guerres peuvent sembler "sans fin" parce qu'elles ne sont pas menées de manière à réaliser des objectifs politiques clairs, mais sont plutôt le résultat de profondes divisions sociales, d'inégalités, de pauvreté, et d'autres facteurs structurels.


Lorsque l’on étudie des territoires en guerre comme le Darfour, au fil des années, les structures nationales, internationales et étatiques se dissolvent montrant que ce sont des guerres presque privatisées parce que les structures ne sont plus là.
Le système westphalien, mis en place par les traités de Westphalie en 1648, est basé sur le principe de la souveraineté des États-nations. Dans ce système, la guerre est traditionnellement considérée comme un moyen de résoudre les conflits entre États en vue de restaurer la paix. Quand on parle de "guerre sans fin", cela désigne généralement des conflits qui ne semblent pas se diriger vers une résolution pacifique. Cela peut être dû à une multitude de raisons, comme des objectifs politiques mal définis, l'absence d'un ennemi clairement défini (comme dans le cas de la "guerre contre le terrorisme"), des obstacles imprévus à la paix, ou des conflits qui échappent au contrôle des États. L'idée que "le temps de la guerre est un temps d'inversion pour revenir vers la paix" reflète la croyance que la guerre est un état temporaire et exceptionnel, et que l'objectif final doit toujours être la restauration de la paix. Cela souligne l'importance de l'engagement diplomatique, des négociations et des compromis pour résoudre les conflits.


Clausewitz est important, parce qu’au fond, la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, cela signifie qu’il va falloir à un moment donné revenir vers la politique. Sans politique, c’est-à-dire de capacité à structurer le conflit, il est impossible de sortir de la guerre ce qui explique que certains pays d’aujourd’hui sont dans un état de guerre permanent.
[[Image:Clausewitz.jpg|thumb|right|185px|Carl von Clausewitz.]]


Pour [[Guerre|Clauswitz]], le danger est que la guerre échappe au politique. Il faut absolument que la guerre soit maitrisée par le politique car c’est la capacité et le registre même de la guerre. Si la guerre échappe au politique c’est la guerre qui va remplacer le politique, dans ce cas nous rentrons dans la folie dans quelque chose qui nous échappe.
Dans l’esprit de la guerre westphalienne, la guerre est subordonnée au politique. La fameuse citation de Clausewitz "la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens" insiste sur le fait que la guerre est un outil utilisé par les États pour atteindre leurs objectifs politiques. Il considérait la guerre comme une action rationnelle, dirigée et contrôlée par l'État, visant à atteindre des objectifs politiques déterminés. Cependant, dans le contexte actuel, l'idée que la guerre est menée sous le contrôle et à l'instigation de l'État est parfois mise en doute. En effet, avec l'émergence de groupes non étatiques, de conflits asymétriques, de terrorisme transnational et de cyberattaques, la guerre ne se limite plus aux seuls États. Dans ces cas, la fin des hostilités peut être plus difficile à atteindre, car les acteurs impliqués peuvent ne pas avoir des objectifs politiques clairs ou partagés qui pourraient être résolus par la négociation ou la diplomatie. De plus, l'absence de structures étatiques ou institutionnelles stables dans certaines régions peut entraver la conclusion de la guerre. Dans de tels contextes, la guerre peut devenir un état perpétuel, avec des niveaux fluctuants de violence, plutôt qu'une "parenthèse" temporaire.  


La guerre peut être une formidable machine de négociation de la paix. La guerre se fait parce que la discussion n’est plus possible mais aussi parce la guerre permet de renégocier la paix.
Les conflits dans des régions comme le Darfour ont souvent débouché sur une forme de privatisation de la guerre, où le rôle traditionnel de l'État dans la conduite de la guerre est remplacé ou complété par une multitude d'acteurs non étatiques. Cela peut inclure des milices locales, des groupes rebelles, des sociétés militaires privées et même des acteurs internationaux. L'une des conséquences de cette évolution est la fragmentation de l'autorité et de la souveraineté. Au lieu d'un État central qui contrôle l'ensemble du territoire et exerce un monopole de la violence légitime, il y a une multitude d'acteurs qui contrôlent différentes parties du territoire et qui mènent des actions de violence indépendamment les uns des autres. Cela complique énormément les efforts pour mettre fin à la guerre et instaurer une paix durable. Il est difficile de parvenir à un accord de paix lorsque de nombreux acteurs ont des revendications contradictoires et où il n'y a pas d'autorité centrale pour imposer ou garantir l'accord. De plus, la privatisation de la guerre peut entraîner des niveaux élevés de violence, en particulier à l'encontre des civils, car les acteurs non étatiques peuvent ne pas respecter les lois de la guerre de la même manière que les États. Dans ce contexte, les approches traditionnelles de la résolution des conflits peuvent ne pas être suffisantes. Il peut être nécessaire d'adopter des approches plus complexes et nuancées, qui tiennent compte de la multitude d'acteurs impliqués et de leurs intérêts et motivations divergents. Cela peut inclure des efforts pour renforcer la gouvernance locale, promouvoir la réconciliation communautaire et garantir la responsabilité pour les violations des droits de l'homme.


=== Maurice Davie ===
L'idée de Clausewitz que "la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens" signifie que la guerre est fondamentalement un outil politique. Elle est utilisée pour atteindre des objectifs politiques que les méthodes diplomatiques n'ont pas réussi à réaliser. Par conséquent, la fin de la guerre implique le retour à des moyens politiques pour résoudre des conflits. Cette perspective souligne l'importance de la gouvernance politique dans la gestion des conflits et dans la transition de la guerre à la paix. Si la politique ne peut pas reprendre le dessus, le conflit peut s'éterniser et la guerre peut devenir un état permanent. Cela peut se produire dans les États dits "faillis", où les institutions politiques sont trop faibles pour imposer l'ordre et résoudre les conflits de manière pacifique. Cela peut également se produire dans des situations où les parties au conflit ont perdu confiance dans les mécanismes politiques et ne croient plus en la possibilité d'une résolution pacifique. La guerre continue ainsi jusqu'à ce qu'une solution politique soit trouvée - que ce soit par des négociations de paix, une médiation internationale, ou la mise en place de nouvelles structures politiques. Dans ce sens, Clausewitz souligne l'importance cruciale de la politique dans la résolution des conflits et le retour à la paix.
Selon Davie, la guerre dans les sociétés primitives renvoient à :
*la concurrence vitale pour la survie du groupe ;
*les différends religieux ;
*la vengeance de sang ;
*la gloire.


[[Fichier:MarvinHarris.jpg|thumb|right|Marvin Harris]]
Clausewitz souligne l'importance primordiale de maintenir le contrôle politique sur l'action militaire. Pour lui, la guerre est un outil que le politique peut et doit utiliser pour atteindre ses objectifs. C'est le politique qui donne à la guerre son but et sa raison d'être, et qui détermine donc quand elle commence, quand elle se termine, et comment elle est menée. Quand la guerre échappe au contrôle du politique, les conséquences peuvent être catastrophiques. Nous risquons de sombrer dans un état de conflit perpétuel, où la violence et le chaos règnent, et où la logique de la guerre remplace la logique de la politique. Ce genre de situation est souvent observé dans les zones de conflit prolongé, où les institutions politiques sont affaiblies ou absentes, et où la guerre devient une façon de vivre plutôt qu'un moyen d'atteindre des objectifs politiques spécifiques. C'est pourquoi il est si crucial que le politique conserve son ascendant sur la guerre. Sans un contrôle politique efficace, la guerre peut devenir autonome et incontrôlable, avec des conséquences dévastatrices pour la société et l'humanité.


=== Marvin Harris ===
C'est une perspective intéressante et parfois paradoxale. Dans certaines situations, la guerre peut servir d'outil de négociation. Lorsque le dialogue politique échoue ou est bloqué, la guerre peut créer une nouvelle dynamique et forcer les parties à reconsidérer leurs positions. Par exemple, une partie peut utiliser la menace ou l'emploi de la force pour augmenter sa position de négociation et pousser ses adversaires à faire des concessions. En outre, la guerre peut parfois exposer des vérités difficiles et révéler des problèmes profondément enracinés qui doivent être résolus pour parvenir à une paix durable. Les conflits peuvent mettre en lumière les inégalités, les abus de pouvoir et les injustices qui ont été ignorés ou cachés, ouvrant ainsi la voie à leur résolution dans le cadre d'un processus de paix.


Pour Harris, dans une société traditionnelle, il existe quatre théories sur l’origine de la guerre dans les sociétés primitives :
===Maurice Davie (1893-1964) : Les transformations contemporaines de la guerre et les nouveaux défis===
*la guerre comme solidarité : elle soude une population, c’est une mode de préfabrication de la légitimité ;
Maurice R. Davie est un sociologue reconnu pour ses travaux sur la guerre et le conflit dans les sociétés humaines. Dans son article "The Evolution of War" de 1930, Davie s'intéresse à l'origine de la guerre dans les sociétés primitives.
*la guerre comme jeu : dimension ludique de la guerre, le sport peut être perçu comme la continuité de la guerre ;
*la guerre propre à la nature humaine ;
*la guerre comme continuation de la politique : elle permet de fabriquer de la politique.


== La guerre et la paix : un objet juridique et de gouvernance internationale ==
Il identifie plusieurs causes pour lesquelles ces sociétés pourraient entrer en guerre :


=== Le droit de la guerre ou droit de la Haye ===
# La concurrence vitale pour la survie du groupe : Dans un environnement où les ressources sont limitées, les groupes peuvent entrer en conflit pour la nourriture, l'eau, le territoire et d'autres ressources vitales. Ces guerres étaient souvent une question de survie, avec le groupe gagnant garantissant son accès à ces ressources.
Nous avons parlé  du traité de Westphalie qui engageait une première réflexion sur l’état central de la guerre et le droit de la guerre que l’on appelle aussi le droit de la Haye. C’est le droit qui consiste à pouvoir faire la guerre ; la guerre est soumise au droit public international, il y a des règles. L’attaque de Pearl Harbour est une rupture de la condition même de la guerre.
# Les différends religieux : Les croyances religieuses étaient souvent profondément ancrées dans les sociétés primitives, et tout conflit d'interprétations ou de croyances pourrait entraîner la guerre. De plus, dans certaines cultures, il y avait la croyance que la victoire dans la guerre était une preuve du favoritisme divin, ce qui pouvait encourager davantage le conflit.
# La vengeance de sang : Dans de nombreuses cultures primitives, une offense contre un membre du groupe était souvent vengée par le meurtre ou la guerre. Ce cycle de vengeance pourrait entraîner une série de conflits qui se perpétuent au fil du temps.
# La gloire : Dans certaines sociétés, la gloire et l'honneur gagnés par le combat étaient très appréciés. Les guerriers pourraient chercher la guerre dans le but de gagner un statut social plus élevé et un prestige.
 
Bien que ces facteurs aient pu jouer un rôle dans les sociétés primitives, ils sont également présents dans de nombreux conflits contemporains.
 
===Marvin Harris (1927-2001) : Approches anthropologiques de la guerre et ses motivations socioculturelles===
 
[[Fichier:MarvinHarris.jpg|thumb|right|Marvin Harris.]]
 
Marvin Harris (1927-2001) était un anthropologue américain et une figure de proue dans le développement du matérialisme culturel, un cadre théorique qui explique les pratiques culturelles en termes de problèmes pratiques de l'existence humaine, tels que la production de nourriture et d'autres biens matériels, plutôt qu'en termes d'idées ou de valeurs abstraites.
 
Harris est bien connu pour son travail d'explication des phénomènes sociaux à l'aide d'une approche matérialiste. Il a soutenu que les caractéristiques sociétales telles que la structure sociale, la culture et même les croyances religieuses sont largement façonnées par des considérations pratiques, en particulier celles liées à la subsistance et à l'économie. Les ouvrages les plus connus de Harris comprennent "The Rise of Anthropological Theory" (1968), "Cannibals and Kings" (1977) et "Cows, Pigs, Wars and Witches : Les énigmes de la culture" (1974). Dans ces ouvrages et dans d'autres, il explore des sujets très variés - du statut sacré des vaches en Inde à la pratique du cannibalisme dans les sociétés préhistoriques - toujours dans le but de montrer comment des pratiques culturelles qui peuvent sembler étranges ou irrationnelles sont en fait des adaptations sensées aux conditions matérielles. Les travaux de Harris ont eu une grande influence et continuent d'être largement lus et débattus dans le domaine de l'anthropologie.
 
Marvin Harris a proposé dans son ouvrage de 1974, "Cows, Pigs, Wars and Witches: The Riddles of Culture", plusieurs théories concernant l'origine de la guerre dans les sociétés primitives.
# La guerre comme solidarité : Harris suggère que la guerre peut servir de moyen pour renforcer la solidarité et l'identité d'un groupe. Dans une situation de conflit, les individus d'un groupe peuvent se sentir plus unis, ce qui renforce la légitimité du groupe.
# La guerre comme jeu : Cette théorie propose que la guerre peut avoir une dimension ludique dans certaines sociétés primitives. En fait, dans de nombreuses cultures, les jeux de guerre ou les jeux qui imitent le combat sont courants. On peut penser à des activités sportives modernes qui peuvent être perçues comme une continuation de cette dimension "ludique" de la guerre.
# La guerre propre à la nature humaine : Cette théorie propose que la guerre est un aspect inévitable de la nature humaine. Elle suggère que les conflits et les affrontements font partie de la nature humaine et que la guerre est simplement une extension de cette nature.
# La guerre comme continuation de la politique : Cette théorie est similaire à celle proposée par Clausewitz, selon laquelle la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. Dans ce cas, la guerre est perçue comme un outil politique utilisé pour atteindre des objectifs politiques.
 
Il est important de noter que ces théories ne sont pas mutuellement exclusives et qu'elles peuvent toutes jouer un rôle dans l'origine de la guerre dans les sociétés primitives.
 
==La guerre et la paix : un objet juridique et de gouvernance internationale==
 
===Le droit de la guerre ou droit de La Haye===
Le traité de Westphalie, signé en 1648, a marqué la fin de la guerre de Trente Ans en Europe. Il a également jeté les bases du système international moderne d'États souverains. Le traité a reconnu que chaque État avait le droit de gouverner son territoire sans ingérence extérieure, une idée qui est maintenant fondamentale dans le droit international.
 
Le "droit de la Haye" fait référence à une série de conventions internationales qui ont été négociées à La Haye, aux Pays-Bas, à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Ces conventions ont établi des règles pour la conduite de la guerre, notamment le traitement des prisonniers de guerre et la protection des civils. Elles constituent une partie importante du droit international humanitaire.
 
L'attaque de Pearl Harbor par le Japon en décembre 1941 a été considérée comme une rupture flagrante des règles de la guerre, car elle a été lancée sans déclaration de guerre préalable. Cette attaque a conduit à l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Par la suite, lors des procès de Tokyo (équivalent des procès de Nuremberg, mais pour la zone du Pacifique), plusieurs dirigeants et militaires japonais ont été condamnés pour des crimes de guerre commis pendant la guerre, y compris l'attaque sur Pearl Harbor.
 
Le droit international humanitaire (DIH), souvent appelé droit de la guerre, établit des règles spécifiques à respecter en temps de guerre. Il définit ce qui est permis et ce qui est interdit lors d'un conflit armé, quel que soit le motif du conflit. Voici quelques-unes des principales obligations :
 
* Distinction : les parties à un conflit doivent toujours faire la distinction entre les combattants et les civils. Les attaques ne peuvent être dirigées que contre les combattants et les objectifs militaires, jamais contre les civils ou les biens de caractère civil.
* Proportionnalité : même lors d'une attaque légitime contre une cible militaire, il est interdit de lancer une attaque qui pourrait causer des pertes civiles excessives par rapport à l'avantage militaire concret et direct attendu.
* Précaution : toutes les précautions possibles doivent être prises pour éviter ou minimiser les pertes civiles lors d'une attaque contre une cible militaire.
 
Le DIH offre également une protection spéciale aux personnes qui ne participent pas ou ne participent plus aux hostilités, comme les prisonniers de guerre et les blessés. Ils ont le droit d'être traités humainement, sans discrimination. Il est important de noter que le DIH s'applique à toutes les parties à un conflit, quel que soit le motif du conflit ou qui est considéré comme "juste" ou "injuste".
 
Le droit international humanitaire (DIH) définit des limites à la conduite de la guerre et prévoit des sanctions pour ceux qui enfreignent ces règles. Par exemple, le DIH interdit explicitement l'utilisation d'armes chimiques ou biologiques, l'utilisation de balles qui s'épanouissent ou se déforment facilement dans le corps humain, et toute attaque qui causerait des dommages excessifs aux civils ou à l'environnement naturel. De plus, les pays qui violent ces règles peuvent être tenus pour responsables de leurs actions. Cela peut impliquer des sanctions économiques, des restrictions diplomatiques ou même des poursuites judiciaires. Les individus peuvent également être tenus pour responsables de leurs actions lors d'un conflit armé et peuvent être poursuivis pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou génocide. Le Conseil de sécurité des Nations Unies joue un rôle important dans l'application du DIH. Il a la capacité d'imposer des sanctions, de recommander des actions militaires et de renvoyer des cas à la Cour pénale internationale pour enquête et poursuite.
 
===Le droit international humanitaire ou droit de Genève===
{{Article détaillé|L’individu en tant que sujet du droit international}}
 
Le droit international humanitaire (DIH), souvent appelé droit de Genève, vise principalement à protéger les personnes qui ne participent pas ou ne participent plus aux hostilités, y compris les civils, les blessés, les malades et les prisonniers de guerre. Ce droit vise également à restreindre l'usage de certaines méthodes et moyens de guerre. Il est principalement issu des Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels, qui ont posé les règles pour la protection des non-combattants en temps de guerre. Par exemple, les Conventions de Genève établissent les règles pour le traitement des prisonniers de guerre, interdisent l'usage de torture, et protègent les civils en cas d'occupation militaire. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) joue un rôle essentiel dans la promotion et l'application du DIH. C'est en partie grâce à l'initiative de cette organisation que le DIH existe aujourd'hui.  
   
   
Le droit de la guerre fixe des droits est des devoirs pour les belligérants dans la conduite des hostilités. À partir du moment l’on rentre en guerre, il y a des devoirs et des droits.
Les distinctions entre civils et combattants, ainsi qu'entre combattants et prisonniers de guerre, sont des éléments clés du droit international humanitaire. Ces distinctions sont essentielles pour protéger les personnes qui ne participent pas (ou plus) directement aux hostilités.
 
* Les combattants sont les membres des forces armées d'une partie à un conflit qui participent directement aux hostilités. Les combattants ont le droit de participer directement aux hostilités, ce qui signifie qu'ils ne peuvent être poursuivis pour avoir participé aux combats. Cependant, ils sont également des cibles légitimes pour l'autre partie.
* Les civils sont les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités. Ils sont protégés contre les attaques, à moins et jusqu'à ce qu'ils participent directement aux hostilités.
* Les prisonniers de guerre sont des combattants qui ont été capturés par l'ennemi. Ils ont droit à un certain nombre de protections en vertu de la troisième Convention de Genève, y compris le droit de ne pas être torturés, le droit de correspondre avec leur famille, et le droit de ne pas être poursuivis pour avoir participé légitimement aux hostilités.
 
Le respect de ces distinctions est essentiel pour réduire les souffrances inutiles en temps de guerre.
 
En théorie, la sortie de guerre est souvent déterminée par un traité de paix ou un accord de cessez-le-feu, mais il n'y a pas de cadre juridique international précis qui régit comment un conflit devrait se terminer. La notion de "jus post bellum", ou droit après la guerre, est un concept émergent en droit international qui cherche à établir des principes éthiques et juridiques pour la transition de la guerre à la paix. Il comprend des questions telles que la responsabilité de reconstruire après un conflit, le jugement et la punition des crimes de guerre, et le rétablissement des droits de l'homme et de l'État de droit. L'idée est d'assurer une transition juste et durable vers la paix, tout en tenant compte des droits des victimes et des besoins des sociétés post-conflit. Cependant, en 2023, il n'y a pas encore de consensus international sur ce que devrait être le "jus post bellum", et il reste un domaine actif de recherche et de débat.
 
Il y a deux concepts fondamentaux qui sous-tendent l'ensemble de la gouvernance de la sécurité internationale et du droit international.
 
L'universalité suggère que certaines normes et principes sont applicables à tous, indépendamment de la culture, de la religion, de l'ethnie, de la nationalité, etc. Cela est particulièrement pertinent pour les droits de l'homme, qui sont considérés comme universels et inaliénables.
 
L'idée d'humanité signifie que tous les êtres humains appartiennent à une communauté globale et partagent une certaine dignité et des droits fondamentaux. Cela signifie également que certains actes sont si graves et inhumains qu'ils constituent une attaque contre la communauté humaine dans son ensemble. Ces actes peuvent inclure le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, et la torture.
 
Ces concepts fournissent une base pour le droit international humanitaire, qui protège les individus en temps de guerre, et le droit pénal international, qui permet la poursuite et la condamnation des individus responsables de graves violations de ces normes.
 
Après la Première Guerre mondiale, la Société des Nations a été créée dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales en favorisant le dialogue et la coopération entre les nations. Cependant, l'incapacité de la Société des Nations à prévenir la Seconde Guerre mondiale a conduit à sa dissolution et à la création de l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945. L'ONU, avec son Conseil de sécurité, est devenue l'institution principale pour la résolution des conflits et la promotion de la paix à l'échelle internationale. Le Conseil de sécurité est chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales, et a la capacité de prendre des décisions juridiquement contraignantes. Les concepts de peacekeeping (maintien de la paix) et de peacemaking (consolidation de la paix) ont également été introduits. Les opérations de maintien de la paix de l'ONU impliquent le déploiement de troupes, d'observateurs militaires ou de policiers civils pour aider à maintenir la paix et la sécurité dans les zones de conflit. Le peacemaking, d'autre part, vise à résoudre les conflits par la médiation, la négociation et d'autres moyens pacifiques. Ces initiatives et institutions, bien que parfois critiquées pour leur inefficacité ou leur manque de pouvoir coercitif, représentent des efforts importants pour promouvoir l'universalité et l'humanité dans le système international.
 
=Les guerres des partisans : une nouvelle réalité=
Ce type de guerre est souvent une réponse à une force militaire supérieure, où les forces conventionnelles ne pourraient pas s'opposer efficacement à l'ennemi. Les partisans ont souvent l'avantage du terrain et de la connaissance locale, ce qui leur permet de se déplacer et de se cacher efficacement. Cependant, leurs actions peuvent aussi mener à des représailles sévères contre les populations civiles par les forces qu'ils combattent. La guerre de partisans est caractérisée par des tactiques de guérilla qui reposent sur une connaissance profonde du terrain, sur la mobilité, la surprise et l'initiative. Par rapport aux forces conventionnelles, les partisans ne se battent pas dans le but de tenir des positions ou de contrôler des territoires, mais plutôt de désorganiser, de harceler et d'affaiblir l'ennemi.
 
Les tactiques utilisées en guerre de partisans peuvent inclure :
 
# Les attaques en rafale : Les partisans lancent des attaques rapides et soudaines contre l'ennemi, souvent depuis des positions cachées, puis se retirent rapidement avant que l'ennemi ne puisse réagir efficacement.
# Les embuscades : Les partisans peuvent tendre des pièges à l'ennemi, utilisant le terrain et la surprise pour infliger des pertes maximales.
# Le sabotage : Les partisans peuvent cibler les infrastructures de l'ennemi, comme les lignes de communication, les dépôts de munitions, les voies de transport, etc., pour perturber ses opérations.
# La collecte de renseignements : Les partisans peuvent recueillir des informations sur les mouvements et les intentions de l'ennemi et les transmettre à des alliés.
 
Ces tactiques, combinées à l'avantage que les partisans ont souvent en matière de soutien local et de connaissance du terrain, peuvent leur permettre de mener une guerre efficace contre une force ennemie plus grande et mieux équipée.
 
Des exemples notables de guerres de partisans incluent la résistance française contre l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, la guérilla vietnamienne pendant la guerre du Vietnam, ou encore les mouvements de résistance en Afghanistan contre les occupations soviétiques puis américaines. La guerre de partisans est généralement caractérisée par son asymétrie, c'est-à-dire le fait que les forces en présence ne sont pas équivalentes en termes de capacités militaires. Cela oblige les partisans à recourir à des tactiques non conventionnelles pour compenser leur infériorité numérique ou technologique.
 
La guerre de partisans a transformé la nature du conflit armé, déplaçant le centre d'intérêt de l'État vers l'individu ou des groupes non étatiques. Cela représente un changement majeur dans la façon dont la guerre est conceptualisée et menée. Dans les conflits traditionnels, la guerre était souvent comprise comme un affrontement entre États, avec des armées régulières menées par des commandants en chef, se battant sur des champs de bataille bien définis. Cela s'est transformé avec l'émergence de la guerre de partisans, de petits groupes ou des individus, souvent sans commandement centralisé, mènent des attaques irrégulières et dispersées. Cela a conduit à des changements importants dans les stratégies militaires, nécessitant une réflexion plus centrée sur la façon de traiter des cibles non étatiques et souvent mobiles, ainsi que sur la manière de gérer les populations locales et le territoire. Cela a également soulevé des questions sur les règles et les normes qui régissent la conduite en temps de guerre, car les conflits de partisans ne s'inscrivent souvent pas facilement dans le cadre du droit de la guerre traditionnel. En outre, l'apparition de la guerre de partisans a également modifié la nature du pouvoir et de la politique en temps de guerre. Les partisans peuvent souvent mobiliser le soutien local d'une manière que les forces armées régulières ne peuvent pas, leur permettant d'exercer une influence politique importante, même s'ils ne contrôlent pas un territoire ou un État de manière formelle.
 
==Une nouveauté : la guerre du partisan==
Le terme "partisan" est souvent utilisé pour décrire une personne qui choisit de prendre les armes et de combattre pour une cause spécifique, en dehors de la structure d'une armée régulière ou officielle.
 
Dans le contexte d'une guerre ou d'un conflit, les partisans sont généralement associés à des groupes de résistance ou à des mouvements de guérilla. Ils sont souvent motivés par des convictions idéologiques, politiques, religieuses ou nationalistes, et ils peuvent choisir de combattre pour diverses raisons, qu'il s'agisse de la défense de leur communauté, de la résistance à une occupation étrangère, de la révolte contre un régime oppressif, ou de la promotion d'une cause spécifique.
 
Les partisans utilisent généralement des tactiques de guerre asymétrique, y compris la guérilla, le sabotage, l'espionnage, et d'autres formes de guerre non conventionnelle. Parce qu'ils ne font pas partie d'une armée régulière, ils ne sont généralement pas protégés par les mêmes conventions et lois qui régissent le comportement des soldats en temps de guerre, ce qui peut parfois conduire à des controverses sur leurs droits et leurs protections en vertu du droit international humanitaire.
 
===Aymon de Gingins-La-Sarraz (1823 - 1893) : pionnier de la guerre des partisans===
Charles-Jules Guiguer de Prangins, plus connu sous le pseudonyme de Gingins-La Sarraz, était un officier suisse qui a beaucoup contribué à l'élaboration de la stratégie défensive de la Suisse au 19e siècle.
 
Dans son ouvrage "La guerre défensive en Suisse", Gingins-La Sarraz a mis en avant l'idée que la Suisse, en raison de sa situation géographique, de son relief montagneux et de sa politique de neutralité, devait se concentrer sur le développement d'une stratégie de défense solide plutôt que sur la projection de la force militaire à l'extérieur de ses frontières. Cette approche, selon lui, assurerait le maintien de la neutralité suisse face aux ambitions expansionnistes des grandes puissances européennes de l'époque.
 
Une partie centrale de cette stratégie de défense était l'idée de former et de mobiliser des partisans en cas d'agression étrangère. Ces partisans, qui seraient des citoyens ordinaires formés au combat et à la survie, constitueraient une force de résistance capable de harceler et de perturber les forces d'invasion, rendant ainsi l'occupation de la Suisse trop coûteuse et difficile pour être réalisable. Cette stratégie s'appuie sur l'idée que la défense de la Suisse ne repose pas seulement sur son armée régulière, mais aussi sur sa population dans son ensemble, ce qui reflète les principes de démocratie directe et de milice qui sont au cœur de la politique suisse.
 
Gingins-La Sarraz a suggéré le principe suivant pour la défense de la Suisse. En plus de l'armée régulière, le recours aux partisans – des citoyens formés aux tactiques de la guérilla et capables de mobilisation rapide – permettrait de renforcer les capacités défensives du pays. Ces partisans pourraient combler les lacunes des forces régulières en nombre et en flexibilité. Dans une situation de guerre, ils pourraient harceler l'ennemi, perturber ses lignes de communication et d'approvisionnement, et mener des attaques de guérilla qui rendraient toute occupation étrangère difficile et coûteuse. De plus, ces partisans, en étant intégrés dans la population, rendraient la distinction entre civils et combattants difficile pour l'ennemi, ajoutant une autre couche de complexité à toute tentative d'invasion. C'est une stratégie qui reflète le pragmatisme suisse et l'importance qu'il accorde à la neutralité et à la sécurité nationale.  
   
   
Ils portent sur la limitation des moyens comme par exemple l’interdiction de munitions qui peuvent affecter les populations civiles. De plus, le droit de la guerre défini des règles et prévoit des sanctions pour ceux qui les enfreindraient. C’est pourquoi il y a souvent au Conseil de sécurité des Nations-Unies des textes qui sont pris contre certains pays qui ont outrepassés les règles de la guerre.
La guerre partisane est souvent une stratégie de résistance face à une occupation ou une invasion étrangère. Les groupes irréguliers, ou partisans, sont typiquement des civils qui ont pris les armes pour résister à une force extérieure. Ils utilisent souvent des tactiques de guérilla, y compris le sabotage, les embuscades, les raids et les attaques-surprise, qui peuvent être extrêmement efficaces contre une force d'invasion conventionnelle. Ces partisans sont souvent capables de se mobiliser rapidement et de se fondre dans la population civile après avoir mené une attaque, ce qui rend difficile pour l'ennemi de les cibler. De plus, leur connaissance locale du terrain et de la population peut être un avantage majeur dans la lutte contre une force d'invasion.
 
===Carl Schmitt (1888 - 1985) : la théorisation de la guerre des partisans===
[[image:PapenSchleicher0001.jpg|thumb|Schmitt conseille le gouvernement von Papen (à gauche) et Schleicher (à droite) dans la question constitutionnelle.]]


=== Le droit international humanitaire ou droit de Genève ===
Carl Schmitt (1888-1985) était un juriste et philosophe politique allemand, largement connu pour sa contribution à la théorie politique et juridique. Cependant, il est une figure controversée en raison de son affiliation avec le parti nazi pendant les années 1930. Schmitt a adhéré au parti nazi en 1933 et a servi à plusieurs postes de haut niveau sous le régime nazi, notamment en tant que conseiller juridique au ministère des Affaires étrangères. Schmitt est notamment connu pour son travail sur le concept de "l'ennemi politique", qu'il définit comme toute entité ou groupe qui représente une menace existentielle pour un État ou une nation. Il a également développé la théorie de l'état d'exception, selon laquelle le souverain a le pouvoir de suspendre le droit en temps de crise. Malgré sa collaboration avec le régime nazi, les travaux de Schmitt ont continué à exercer une influence significative dans les études politiques et juridiques après la Seconde Guerre mondiale.
{{Article détaillé|L'individu en tant que sujet du droit international}}


C’est un droit humanitaire qui a pour objet de protéger ceux qui ne participent pas aux combats et notamment les populations civiles. Ce droit est important car il a été créé à Genève en 1949 et il est un des fondements juridique de la protection de civils en cas de conflits armés.  
Dans son essai "La théorie du partisan" (1962), Carl Schmitt étudie les changements dans la nature de la guerre au fil du temps. Il affirme que la guerre moderne est en grande partie menée par des groupes irréguliers, ou des "partisans", plutôt que par des armées régulières. Selon Schmitt, ce changement a été illustré de manière frappante lors de la guerre d'indépendance espagnole (également connue sous le nom de guerre péninsulaire) contre l'occupation française par Napoléon au début du XIXe siècle. Les Espagnols ont utilisé des tactiques de guérilla pour résister à l'invasion française, démontrant l'efficacité de ce type de combat. Il considère que la guerre de partisans n'est pas simplement une tactique de résistance militaire, mais qu'elle représente aussi une forme de combat politique. Les partisans, selon lui, sont profondément ancrés dans leur territoire et leur population locale, et sont donc capables de mener une résistance prolongée contre un envahisseur. Schmitt prédit que cette forme de guerre deviendrait la norme dans le monde moderne. Il fait valoir que la guerre de partisans met en question l'idée de la souveraineté de l'État et remodèle la nature même de la guerre.
 
Il y a des lois importantes qui font des distinctions fondamentales entre civil et militaire en temps de guerre. Ce qui est en jeu est le statut du combattant et du prisonnier de guerre.  
La théorie du partisan de Carl Schmitt est révolutionnaire en ce sens qu'elle déplace l'attention de la guerre interétatique vers une guerre irrégulière menée par des groupes non étatiques. Ces groupes, ou partisans, sont motivés par des idéologies fortes et sont capables d'opérer de manière indépendante de l'appareil d'État. Cette transformation des acteurs du conflit a d'importantes implications pour la façon dont les guerres sont menées et, ultimement, pour la nature de l'ordre politique international. Schmitt prévoyait que le conflit moderne serait principalement marqué par des combats irréguliers menés par des groupes partisans, une prédiction qui semble avoir été validée par l'évolution des conflits au XXIe siècle, avec la montée de groupes non étatiques tels que les mouvements terroristes et les milices. Le partisan, selon Schmitt, est défini par trois caractéristiques principales : sa mobilité (il peut se déplacer rapidement et opérer en dehors des structures traditionnelles), son intensité de combat (il est motivé par une idéologie ou une cause) et sa dépendance à l'égard de la population locale (pour l'appui et l'information). Ces traits font du partisan un acteur redoutable sur le champ de bataille moderne.
 
Ces protocoles ont été plus ou moins adoptés par différents États et justifient la jurisprudence du crime de guerre. Le principe de crime de guerre est celui qui enfreint les règles de la guerre. Le paradoxe est que l’on a un droit international de faire la guerre, un droit international humanitaire de la guerre mais il n’y a pas de droit international de sortie de guerre.
==Le concept des guerres révolutionnaires==
Les guerres révolutionnaires, ou guerres d'insurrection, font référence à des conflits dans lesquels une population se soulève contre une puissance dominante, souvent dans le but d'obtenir l'indépendance ou le changement de régime. Ces guerres se distinguent par le fait qu'elles impliquent généralement une large participation de la population civile, et sont souvent menées par des groupes armés non conventionnels ou des partisans.
 
La Seconde Guerre mondiale a vu l'émergence de divers mouvements de résistance qui ont combattu l'occupation nazie dans plusieurs pays européens. Ces résistances étaient généralement constituées de civils armés qui utilisaient des tactiques de guérilla pour perturber et affaiblir l'effort de guerre allemand. Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs mouvements de libération nationale ont adopté des tactiques similaires dans leur lutte contre le colonialisme. Par exemple, le Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie a mené une guerre d'insurrection contre le gouvernement colonial français qui a finalement abouti à l'indépendance de l'Algérie en 1962. De même, en Égypte, les nationalistes égyptiens ont combattu pour l'indépendance contre la domination britannique. Ces guerres révolutionnaires ont mis en évidence le rôle important que peuvent jouer les partisans et les groupes non conventionnels dans la conduite de la guerre moderne, un sujet qui a été largement exploré dans la théorie du partisan de Carl Schmitt.
 
Les guerres de partisans, également connues sous le nom de guerres de guérilla ou de guerres asymétriques, présentent un certain nombre de caractéristiques distinctives.  


Il y a deux concepts globaux qui dictent la recherche mondiale d’une gouvernance de la sécurité :
* Pas d'uniforme : Les partisans sont souvent des civils et n'ont pas d'uniforme officiel. Cela leur permet de se fondre dans la population civile, rendant difficile pour l'ennemi de distinguer les combattants des non-combattants.
*'''l’universalité''' : tous les êtres humains appartiennent à l’universel ;
* Idéologie forte : Les partisans sont généralement motivés par une idéologie ou une cause forte, comme la libération nationale, l'opposition à l'oppression ou le renversement d'un gouvernement.
*'''d’humanité''' : tout le monde appartient à une communauté humaine qui ne peut accepter tout acte inhumain. Si on appartient à une collectivité humaine il est possible dès lors de qualifier des actes d’inhumanité, c’est-à-dire le droit international public s’intéresse  au principe d’inhumanité parce qu’il met en cause le principe des droits de l’homme. C’est parce qu’il  a le principe d’humanité que l’on peut poursuivre des tortionnaires et des dictateurs.
* Guerre asymétrique : Contrairement aux conflits traditionnels, les partisans n'ont souvent pas accès aux mêmes ressources militaires que leurs adversaires. Ils sont généralement moins nombreux, moins bien équipés et moins bien entraînés que les forces régulières. Cependant, ils utilisent cette asymétrie à leur avantage en recourant à des tactiques non conventionnelles.
* Ruse et surprise : Les partisans dépendent fortement de l'effet de surprise. Ils mènent des raids, des embuscades et des attaques de guérilla, puis se retirent rapidement avant que les forces ennemies ne puissent riposter efficacement.
Ces deux concepts ont été au fondement de la gouvernance mondiale d’abord au cœur de la Société des Nations mais qui n’a pu éviter la première guerre mondiale et puis à travers l’Organisation des Nations-Unies en 1945 avec la création du Conseil de Sécurité, du peace-keeping et du peace-making.
* Mobilité extrême : Les partisans sont souvent très mobiles, capables de se déplacer rapidement et de frapper de manière imprévisible. Cela contraste avec les forces traditionnelles qui peuvent être plus lentes à se déplacer en raison de leur taille et de leur équipement.


= Les guerres des partisans =
Ces caractéristiques rendent la guerre de partisans distincte des formes plus traditionnelles de conflit, et présentent des défis uniques pour les forces conventionnelles qui tentent de les combattre.
Elles introduisent les modifications substantielles qui interviennent aux XIXème siècle et XXème siècle. C’est un changement de paradigme car le concept de parti entend celui qui va défendre une position. La guerre du partisan nous ramène du côté de la gestion des individus plutôt que du côté de la gestion de l’État.  


== Une nouveauté : la guerre du partisan ==
La notion de "guerre révolutionnaire" est étroitement liée à la pensée de Mao Zedong, leader communiste chinois. Pour Mao, la révolution devait être menée par une combinaison d'action politique et militaire. Il a déclaré que "la révolution politique est l'acte principal; la révolution militaire est un acte secondaire". Cela signifie que la victoire ne peut être obtenue uniquement par des moyens militaires; un changement politique doit également se produire. Mao a également préconisé une stratégie de guérilla en tant que moyen de combattre un ennemi plus fort et mieux équipé. La guérilla, selon Mao, devait se fondre dans la population comme un "poisson dans l'eau", utilisant la population locale comme source de soutien et de recrutement. Il a prôné l'utilisation de la guérilla non seulement dans les zones rurales, mais aussi dans les zones urbaines.
Le partisan est celui qui prend parti en défendant une position. C’est quelqu’un qui n’appartient pas au corps régulier de l’armée, il prend les armes pour défendre une cause.  
=== Aymon de Gingins-La-Sarraz ===
Gingins-La Sarraz était un officier Suisse au service de la principauté de Naples et publie un livre qui s’intitule ''La guerre défensive en Suisse''. Sa théorie est que la Suisse est neutre et il faut renforcer ses capacités défensives, pour maintenir la neutralité suisse il faut fabriquer des partisans qui puissent se mobiliser en cas d’agression.
Pour défendre la Suisse, il faut renforcer les capacités de la guerre en renforçant les insuffisances des troupes par des troupes de partisans. Les partisans servent à pallier le manque de troupes régulières.
La guerre partisane renvoie à des groupes irréguliers qui peuvent se mobiliser dans des systèmes d’attaque et de réponse. Ici, la guerre des partisans est pensée comme un moyen de résister à l’invasion étrangère pour protéger la Suisse ou les autrichiens.


=== Carl Schmitt : la théorisation de la guerre des partisans ===
Dans les années 1960 et 1970, certains groupes révolutionnaires ont tenté d'appliquer ces idées à leurs propres luttes. Cela a souvent impliqué la transition vers la guérilla urbaine, avec des combats se déroulant dans les rues des villes plutôt que dans les zones rurales. Un exemple notable de cela est la lutte menée par les Tupamaros en Uruguay. Un des exemples notoires de l'échec de la guerre de partisan a été la tentative d'Ernesto "Che" Guevara de susciter une révolution en Bolivie. Malgré son expérience de la guérilla à Cuba, Guevara a eu du mal à gagner le soutien de la population locale en Bolivie et à maintenir la cohésion de ses propres forces. Il a été capturé et exécuté par l'armée bolivienne en 1967.
[[image:PapenSchleicher0001.jpg|thumb|Schmitt conseille le gouvernement von Papen (à gauche) et Schleicher (à droite) dans la question constitutionnelle]]


Carl Schmitt est un personnage sulfureux par sa prise de position pour les nazis en 1933. Dans la ''Théorie du partisan'' publié en 1962 apparait que la guerre moderne va être une guerre de partisans. Ce sont des groupements d’individus qui vont s’engager dans la bataille et cela va se faire à partir d’un moment important qui est la guerre napoléonienne en Espagne .
=Les guerres contemporaines : nouveaux enjeux et réalités=
La guerre de Napoléon en Espagne montre pour la première fois la naissance du partisan en tant que sujet et en tant que personnalité qui va se mobiliser pour chasser les troupes napoléoniennes.
La théorie du partisan est très importante car Schmitt  est le premier à penser que nous entrons dans une nouvelle ère de conflit et que cette nouvelle ère de conflit n’est plus essentiellement des conflits interétatiques mais des conflits de partisans  c’est-à-dire des fractionnements de guerres sur la planète dans lesquels des groupes d’individus en tant que partisan soumis à une radicalité du discours et a une idéologie vont se mobiliser contre un ou plusieurs États. Dès lors, le partisan est une armée irrégulière.


== Le concept des guerres révolutionnaires ==
==De nouvelles incidences==
Les guerres irrégulières émergent dans les grandes phases de libération qui vont mobiliser des populations contre la puissance dominante. Pendant la Seconde guerre mondial, cela sera les résistances contre les nazis mais ensuite cela va être le FLN contre les français et en Égypte les partisans égyptiens contre le pouvoir anglais, etc.
Les caractéristique de la guerre de partisan est que ce sont des guerres qui n’ont pas d’uniforme et qui ont un engagement ainsi qu'une idéologie forte. De plus, la guerre de partisan est une guerre asymétrique, le partisan n’a pas les armements de l’État-Nation. Pour remporter ces guerres, il faut jouer d’outils différents à savoir la ruse la surprise. C’est une mobilité extrême qui ‘oppose à la guerre classique.
La guerre révolutionnaire est un concept maoïste qui considère que la révolution ne peut être faite que dans le cadre d'une action politico-militaire. C’est un passage à la guérilla urbaine car la ville devient la jungle du combat partisan qui se situe principalement dans les années 1960 et 1970. Le grand échec de la guerre de partisan est la [[Sécurité nationale et lutte antiterroriste : l’exemple de l’Amérique latine|guerre du Che]] en Bolivie.


= Des guerres aujourd’hui =
===Les incidences actuelles des guerres modernes sur le système westphalien===
La nature de la guerre a considérablement évolué depuis l'établissement du système westphalien au 17ème siècle. Ce système, nommé d'après les traités de Westphalie qui ont mis fin à la guerre de Trente Ans en Europe, était basé sur le concept de la souveraineté des États-nations et prévoyait que les conflits seraient principalement des guerres entre États. Cependant, la nature des conflits dans le monde contemporain a radicalement changé. Nous voyons de plus en plus de guerres civiles, de conflits ethniques et religieux, de terrorisme et de guerres de partisans. Ces conflits ne sont pas nécessairement limités à un seul État et peuvent impliquer une multitude d'acteurs non étatiques. De plus, avec l'augmentation de la mondialisation, ces conflits ont souvent des répercussions bien au-delà de leurs frontières géographiques immédiates.


== De nouvelles incidences ==
Certains universitaires et théoriciens ont décrit cela comme un retour à un "état de nature" hobbesien, où l'ordre international est caractérisé par l'anarchie et la guerre perpétuelle. Cependant, il est important de noter que cette vision est contestée.


=== Les guerres modernes mettent à mal le système westphalien ===
L'anarchie hobbesienne est un concept issu de la théorie politique de Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe siècle. Dans son ouvrage majeur, "Le Léviathan", Hobbes décrit l'état de nature comme un état de guerre de tous contre tous, où chaque individu est en constante lutte pour sa survie. Il a utilisé ce concept pour justifier le besoin d'un pouvoir central fort (le Léviathan) pour maintenir la paix et l'ordre. Dans le contexte des relations internationales, l'anarchie hobbesienne fait référence à un état de désordre mondial où chaque État agit en fonction de ses propres intérêts, sans considération pour les intérêts des autres. Il s'agit d'un monde sans institutions internationales efficaces pour réguler le comportement des États, où la guerre est un moyen courant de résolution des conflits. La montée des guerres non étatiques, du terrorisme international et de la guerre de partisans, associée à l'affaiblissement apparent de certaines institutions internationales, a conduit certains à suggérer que nous pourrions nous diriger vers une telle anarchie.  
La grande question en science-politique et en relations internationales s’interroge sur le passage entre la fin des guerres westphaliennes à des guerres sans fin qui montreraient qu’au fond la guerre a changé de sens. C’est ce que certains auteurs appellent le retour à l’anarchie hobbienne, c’est-à-dire à un état de guerre permanent.
   
   
L’anarchie hobbienne serait un retour à l’état de nature dans un état de guerre perpétuelle dans un recours massif à la force dans les relations internationales qui est une force de régression et cela dans un état d’anarchie généralisé et dans l‘hypothèse que chacun veut construire son pouvoir au détriment de l’autre.  
C'est une préoccupation majeure dans le contexte actuel des relations internationales. Alors que les conflits classiques interétatiques, régis par le droit de la guerre, diminuent, nous assistons à une augmentation des conflits non étatiques et asymétriques. Ces conflits impliquent souvent des acteurs non étatiques, comme des groupes terroristes ou des milices, et se déroulent souvent au sein des frontières d'un seul pays. Ces guerres ont tendance à être beaucoup plus destructrices pour les populations civiles, car elles sont souvent menées sans respect des lois et normes internationales qui sont conçues pour protéger les civils en temps de guerre. De plus, ces conflits peuvent souvent être plus difficiles à résoudre, car ils impliquent souvent des enjeux locaux complexes et sont moins susceptibles d'être influencés par la pression internationale. Ces tendances ont conduit à un renouvellement du débat sur la nécessité de réformer le système international pour mieux gérer ces types de conflits. Cela pourrait impliquer de repenser les normes et institutions existantes, de renforcer le droit international humanitaire, et de développer de nouvelles approches pour résoudre les conflits et promouvoir la paix.
 
C’est l’idée que la guerre revient de façon très rapide dans le système des relations internationales et va avoir un impact extrêmement important. Ce sont des guerres diffuses qui vont toucher beaucoup plus les civils que les militaires et ce sont des guerres qui vont être plus radicales parce qu’il n’y a pas de règles de régulation.
===L'état de guerre perpétuelle : une analyse critique===
L'impact des conflits armés sur l'environnement est une préoccupation croissante. En effet, les guerres peuvent entraîner des destructions massives de l'environnement naturel, que ce soit par le biais de tactiques militaires délibérées ou simplement par les effets collatéraux des combats. Les exemples de cela incluent la déforestation, la pollution de l'eau et des sols, la destruction des habitats fauniques, et l'augmentation de l'émission de gaz à effet de serre. En outre, les conséquences environnementales des conflits peuvent également avoir des impacts sur la santé humaine, l'économie et la stabilité sociale, créant ainsi un cercle vicieux où la dégradation de l'environnement alimente d'autres conflits. Les Nations Unies et d'autres organisations internationales ont reconnu cette question comme un problème grave. Il y a un appel croissant à inclure la protection de l'environnement dans le droit international humanitaire et à tenir les parties au conflit responsables des dommages environnementaux causés pendant la guerre. Cependant, la mise en œuvre de telles mesures reste un défi majeur.  
 
L'utilisation de l'environnement naturel comme "arme" dans les conflits est un sujet très préoccupant. L'écocide, ou la destruction délibérée de l'environnement pour des gains stratégiques ou tactiques, est une réalité dans certains conflits contemporains. Par exemple, l'incendie délibéré de puits de pétrole, la destruction de barrages pour provoquer des inondations, ou encore l'utilisation de produits chimiques toxiques peuvent avoir des conséquences désastreuses pour l'environnement. Ces actes d'écocide ne visent pas seulement à affaiblir l'ennemi en détruisant ses ressources, mais ils peuvent aussi avoir un impact à long terme sur les communautés locales en détruisant leurs moyens de subsistance et en rendant leurs habitats inhabitables.  


=== L’état de guerre perpétuelle ===
La destruction des ressources naturelles ou économiques est une stratégie qui a été utilisée dans divers conflits à travers l'histoire. En éliminant les ressources d'un adversaire, on peut affaiblir sa capacité à se battre ou à survivre. Cela peut s'agir de détruire des infrastructures clés, comme des ponts ou des usines, de brûler des champs de culture pour priver l'ennemi de nourriture, ou d'empoisonner l'eau pour rendre une zone inhospitalière. Cependant, cette approche a des conséquences néfastes importantes. Elle peut causer de grandes souffrances à la population civile, qui est souvent la plus touchée par la destruction de ressources essentielles. De plus, elle peut causer des dommages environnementaux à long terme qui perdureront bien après la fin du conflit. C'est pourquoi le droit international humanitaire établit des règles pour protéger les ressources civiles en temps de guerre. Par exemple, la Convention de Genève interdit les attaques contre les objets indispensables à la survie de la population civile. Cela inclut la nourriture, les cultures, le bétail et l'eau potable. Les violations de ces règles peuvent être considérées comme des crimes de guerre.  
Ce sont des guerres qui vont avoir des impacts considérables sur la nature, on a des destructions de ressources naturelles accélérées : on en vient à l’hypothèse dans ces guerres qui ne n’ont plus de structure que si l'on veut détruire l’autre il faut détruire ses ressources. Dès lors, on utilise la nature comme facteur de pollution et agent de destruction massive.  
   
   
D’autres part, dans ces guerres ont va détruire la culture de l’autre car c’est la destruction d’autrui en tant qu’être humain, on détruit son identité et sa mémoire.
La destruction de la culture de l'ennemi est également une triste réalité de certains conflits, un acte souvent connu sous le nom de "nettoyage culturel" ou de "génocide culturel". Il s'agit d'effacer l'identité culturelle de l'ennemi en ciblant des éléments tels que l'art, la littérature, les monuments, les lieux de culte, les pratiques religieuses et même les langues. En détruisant les symboles culturels et le patrimoine de l'ennemi, l'agresseur cherche non seulement à désorienter et à déshumaniser ses adversaires, mais aussi à effacer leur histoire et leur présence de la mémoire collective. Cette pratique est largement condamnée par la communauté internationale, et la destruction délibérée du patrimoine culturel est considérée comme un crime de guerre par la Cour pénale internationale. Par exemple, en 2016, la Cour pénale internationale a condamné Ahmad Al Faqi Al Mahdi pour la destruction de monuments historiques et religieux à Tombouctou, au Mali, en 2012. Cela dit, bien que ces lois existent, leur mise en œuvre et leur application restent un défi majeur, en particulier dans les zones de conflit actif.


== Des guerres sans fin ==
==Les guerres sans fin : conflits prolongés et leurs conséquences==
La guerre relevait d’un exceptionnelle et la paix d’une normalité ce qui nous amène à se demander si la guerre en devient pas être une normalité et la paix ne devient pas quelque chose de l’ordre de l’extraordinaire. La paix peut relever presque comme un horizon impossible à atteindre.
La guerre relevait d’un exceptionnel et la paix d’une normalité ce qui nous amène à nous demander si la guerre en devient pas être une normalité et la paix ne devient pas quelque chose de l’ordre de l’extraordinaire. Dans certains contextes, notamment dans des régions qui ont connu des conflits prolongés, la guerre peut sembler être la norme et la paix l'exception. Cela peut être dû à une multitude de facteurs, notamment les conflits ethniques ou religieux enracinés, la compétition pour les ressources, la corruption politique, les divisions socio-économiques et l'ingérence étrangère. De plus, dans certains cas, les structures de pouvoir existantes peuvent être renforcées par le maintien du conflit, ce qui rend d'autant plus difficile la résolution de la guerre.
   
   
La guerre sans fin est une guerre qui n’a plus de but en s’insérant dans le quotidien par des destructions. Elle va d’autre part instaurer une économie spécifique, dans les guerres sans fin il faut constituer des économies spécifiques qui se situent généralement autour de la drogue qui se fait dans une paix impossible car il n’y a pas d’interlocuteur légitime pour construire de la paix.  
Les "guerres sans fin" peuvent conduire à la création de ce qu'on appelle des "économies de guerre". Ces économies sont souvent dominées par des activités illégales ou non réglementées, y compris le trafic de drogue, le trafic d'armes, le trafic d'êtres humains et d'autres formes de criminalité organisée. Ces activités peuvent fournir des revenus à ceux qui sont impliqués dans le conflit, leur permettant de continuer à se battre malgré les coûts humains et sociaux énormes. De plus, la situation de "guerre sans fin" peut entraîner une dégradation de l'État de droit et de la gouvernance, ce qui peut à son tour faciliter la poursuite de ces activités illégales. Cela rend la résolution de ces conflits particulièrement difficile, car les acteurs impliqués peuvent avoir des intérêts financiers à maintenir le statu quo. De plus ces conflits peuvent rendre la paix presque impossible à réaliser, car il peut être difficile de trouver des interlocuteurs légitimes avec lesquels négocier une fin au conflit.  
   
   
Selon certains cas, on peut l’expliquer à la guerre en Irak, depuis le début de la guerre du Golfe, nous entrons dans un cycle permanent de la guerre. Dès lors, la paix devient un horizon conceptuellement impensable.
L'exemple de l'Irak est représentatif de ces "guerres sans fin". Depuis l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, qui a conduit à la guerre du Golfe en 1991, l'Irak a connu une série de conflits et de périodes d'instabilité. Après la guerre du Golfe, l'Irak a été soumis à des sanctions internationales sévères et a connu une instabilité interne. Puis, en 2003, une coalition dirigée par les États-Unis a envahi l'Irak, renversant le régime de Saddam Hussein. Cependant, au lieu d'apporter la stabilité, l'invasion a créé un vide de pouvoir qui a conduit à une nouvelle vague de violence et d'instabilité, notamment une insurrection violente et l'émergence de groupes extrémistes comme l'État islamique. Même après la défaite de l'État islamique, l'Irak continue de faire face à des défis majeurs, notamment l'instabilité politique, la corruption, le sous-développement économique et les tensions communautaires. Ces problèmes, à leur tour, peuvent alimenter de nouveaux conflits. Dans ce contexte, la paix peut sembler être un objectif lointain et difficile à atteindre. Cependant, il est important de noter que la paix n'est pas simplement l'absence de guerre, mais nécessite également la construction d'institutions fortes, l'établissement de la justice, la promotion du développement économique et la réconciliation entre les différentes communautés. Ce sont des tâches difficiles qui nécessitent du temps, des ressources et un engagement soutenu de toutes les parties concernées.


== Une nouvelle théorie politique Michael Walzer ==
==Vers une nouvelle théorie politique de la guerre - Michael Walzer (1935 - )==


[[Fichier:MichaelWalzer-USNA-Lecture.jpg|thumb|200px|Michael Walzer.]]
[[Fichier:MichaelWalzer-USNA-Lecture.jpg|thumb|200px|Michael Walzer.]]


Walzer a publié un ouvrage intitulé ''Guerres justes et injustes''<ref>Walzer, Michael. Guerres Justes Et Injustes: Argumentation Morale Avec Exemples Historiques. Paris: Belin, 1999.</ref> qui pose une réflexion d’un point de vue philosophico-politique sur la guerre et sur la notion guerre juste. Il reprend l’interrogation initiale de [[La naissance du concept moderne de l’État|Hobbes]] sur la qualification de la guerre il va être un théoricien du paradigme légaliste car il considère que pour que la guerre puisse devenir juste il faut que ce soit une guerre encadrée.
Michael Walzer est un politologue et philosophe américain bien connu pour ses travaux en philosophie politique et en éthique. Dans son livre "Just and Unjust Wars" (Guerres justes et injustes), il a exploré la question éthique de quand et comment il est justifiable d'aller à la guerre, et comment une guerre devrait être menée pour être considérée comme "juste". Michael Walzer est un des principaux théoriciens du paradigme légaliste. Contrairement à Hobbes, qui considérait l'état de nature comme un état de guerre et la paix comme le résultat d'un contrat social, Walzer s'appuie sur un ensemble de normes internationales et de principes moraux pour évaluer la justesse d'une guerre. Il reprend certains des concepts de Hobbes, comme l'idée que les états ont une responsabilité de protéger leurs citoyens, mais il va plus loin en affirmant que les états ont aussi une obligation de respecter les droits des citoyens des autres états, même en temps de guerre. Walzer insiste sur l'importance de principes tels que la distinction entre combattants et non-combattants, la proportionnalité de l'usage de la force, et la nécessité militaire. Selon lui, ces principes doivent être respectés pour qu'une guerre soit considérée comme juste, quels que soient les motifs pour lesquels elle a été déclenchée. Il s'agit là d'un cadre légaliste, car il repose sur un ensemble de règles et de normes qui doivent être respectées.
 
Walzer  a adopté ce qu'il a appelé une approche "légaliste" ou "jus in bello" (droit en guerre), en s'appuyant sur des principes tels que le respect des droits des non-combattants, la proportionnalité de la force utilisée, la nécessité militaire et le fait que les forces armées doivent distinguer entre les combattants et les civils. Selon Walzer, une guerre n'est justifiée que si elle est menée en conformité avec ces principes. Il défend également le concept de "jus ad bellum" (droit à la guerre), qui examine la justesse de l'entrée en guerre. Selon ce concept, une guerre n'est justifiée que si elle est menée pour résister à l'agression, protéger les innocents, défendre les droits humains, etc. En outre, Walzer a également discuté de la notion de "guerre juste", une idée qui remonte à Saint Augustin et Thomas d'Aquin. Selon cette notion, une guerre est juste si elle est menée pour des raisons justes et de manière juste.
 
Michael Walzer, dans son ouvrage "Just and Unjust Wars", argue que même dans l'extrême situation de la guerre, des règles morales et éthiques s'appliquent. La guerre, pour lui, n'est pas un état d'anarchie morale. Au contraire, il soutient que le comportement en temps de guerre peut et doit être jugé à partir de standards moraux. En effet, il avance que même si la guerre est une situation d'exception, cela ne signifie pas qu'elle soit dépourvue de toute norme morale ou éthique. Une guerre juste est une guerre maitrisée, c’est une guerre de combattants légaux. Ainsi, il distingue entre une guerre juste, qui respecte certaines règles, et une guerre injuste, qui ne respecte pas ces règles. Pour lui, une guerre juste est une guerre où la cause est juste (par exemple, la défense contre une agression), où les combattants sont des acteurs légitimes (des soldats d'un État), où la force utilisée est proportionnelle et nécessaire, et où une distinction est faite entre les combattants et les non-combattants, ces derniers étant protégés des attaques. Il souligne que même si la guerre est une réalité violente et destructrice, il y a des limites à ce qui est permis en temps de guerre. Cela ne signifie pas qu'il y a quelque chose de fondamentalement moral dans le concept de guerre, mais plutôt que même en guerre, certaines actions peuvent être jugées immorales.
 
Michael Walzer s'efforce de comprendre comment les normes morales peuvent s'appliquer dans des situations de guerre, qui sont par nature violentes et destructrices. Sa préoccupation centrale est de déterminer si et comment certaines actions peuvent être jugées morales ou immorales en temps de guerre. Selon lui, même dans le contexte de la guerre, il existe des limites morales à ce qui est permis. Par exemple, il est généralement considéré comme immoral de cibler intentionnellement des non-combattants. De même, l'usage disproportionné de la force est également considéré comme immoral. Pour Walzer, la morale de la guerre ne réside pas dans le fait de faire la guerre en soi, mais plutôt dans la manière dont la guerre est menée. Autrement dit, ce ne sont pas les guerres elles-mêmes qui peuvent être morales ou immorales, mais les actions spécifiques prises au cours de ces guerres.


Un guerre juste est une guerre maitrisée, c’est une guerre de combattant légaux. En d’autres termes, il y a une légalité de la guerre. Il va pointer les paradoxes, à savoir le lien entre concept de guerre juste et morale disant que la guerre est un objet d’anormalité,dans le concept de guerre il n’y a pas quelque chose de moral.
Michael Walzer soutient qu'il peut y avoir une moralité dans la guerre si celle-ci est menée de manière défensive contre une agression, respecte les principes de discrimination (c'est-à-dire ne cible pas délibérément les non-combattants) et de proportionnalité (c'est-à-dire utilise un niveau de force proportionné à la menace), et si elle est menée par des combattants qui respectent les lois de la guerre. Il affirme que même si la guerre est intrinsèquement destructrice et violente, elle peut être conduite d'une manière qui respecte certains principes moraux. Par exemple, le fait de ne pas utiliser d'armes de destruction massive, de ne pas cibler délibérément des civils et de ne pas recourir à la torture sont des comportements que Walzer considère comme moralement justifiés, même en temps de guerre. Cependant, Walzer ne considère pas ces comportements comme transformant la guerre en une entreprise morale en soi. Au contraire, il s'agit plutôt de limiter le mal que la guerre peut causer.


La préoccupation philosophique de Waltz et sa théorie politique est de s’interroger sur la fabrication de la morale sur un objet qui est profondément immoral et où peut-on qualifier la question de la morale.
Le terrorisme représente un défi majeur à l'idée de la guerre juste et aux principes de moralité en temps de guerre. Par sa nature même, le terrorisme implique généralement des attaques non discriminatoires contre des civils innocents, dans le but d'engendrer la peur et de perturber la société. Ces tactiques contreviennent directement aux principes de discrimination et de proportionnalité qui sous-tendent la théorie de la guerre juste. L'utilisation délibérée de la violence contre des civils à des fins politiques est largement considérée comme immorale et inacceptable selon les normes internationales. En outre, le terrorisme est souvent perpétré par des acteurs non étatiques qui ne sont pas clairement identifiables comme des combattants, ce qui brouille les distinctions traditionnelles entre combattants et non-combattants et rend difficile l'application des lois de la guerre. La réponse au terrorisme pose également des défis éthiques et moraux. Par exemple, comment les gouvernements peuvent-ils protéger efficacement leurs citoyens contre le terrorisme tout en respectant les droits de l'homme et les principes de l'État de droit ? À quel point est-il acceptable de restreindre les libertés civiles dans le but de prévenir le terrorisme ? Ces questions n'ont pas de réponses faciles et représentent une zone de débat et de discorde continue dans les relations internationales et la théorie politique.


Il va s‘interroger les situations dans laquelle la morale peut être restaurée dans la guerre. La guerre est morale lorsqu’il y a une situation défensive face à une agression extérieure. Il y a une situation morale de guerre dans la nature employées. Si on institut une codification des armements il y a une sorte de morale même si nous fabriquons des armes immorales
La théorie de Michael Walzer  tente de répondre à la question de savoir quand il est moralement acceptable de faire la guerre et comment elle devrait être conduite d'une manière moralement acceptable. Il soutient que même dans un contexte aussi violent et complexe que la guerre, des règles morales et éthiques doivent être appliquées. Selon Walzer, il existe des cas où une guerre peut être justifiée, généralement en réponse à une agression non provoquée. De plus, il soutient que les combattants doivent se conformer à certaines règles de conduite en temps de guerre. Par exemple, il soutient que les attaques doivent être dirigées uniquement contre des cibles militaires légitimes, et non contre des civils. Dans ce contexte, le "paradigme légaliste" de Walzer est un appel à un retour de la politique dans la conduite de la guerre. Il argumente que les décisions sur la guerre et la paix doivent être prises sur la base de principes politiques et moraux, et non simplement en réponse à des impératifs stratégiques ou de sécurité. Ainsi, bien que la guerre puisse être amorale par nature, Walzer insiste sur le fait que nous pouvons et devons nous efforcer d'y imposer une certaine moralité. Selon Walzer, même si la guerre est une réalité terrifiante et dévastatrice, il est nécessaire d'appliquer des normes éthiques et politiques pour guider sa conduite. C'est ce qu'il entend par le "retour du politique" - un appel à prendre en compte des considérations morales et éthiques dans les décisions de guerre.


La gestion du terrorisme est amoral car dans une gestion de conflit asymétrique, on pose la question de la surprise comme une acte militaire, en plus le terrorisme a besoin de publicité, il est nécessaire d’effrayer et de terroriser. Dans la dimension terroriste il y a une dimension amorale. On ne s’attaque qu’aux plus faibles dans un axe qui n’est pas déclaré par la guerre.
Philippe Delmas est un stratège et auteur français qui a écrit sur divers aspects de la guerre et de la politique internationale. Dans son livre "Le Bel Avenir de la Guerre", il suggère que la guerre est un aspect inévitable et même nécessaire de l'ordre mondial, et que l'idée d'un monde sans guerre est non seulement irréaliste, mais peut même être préjudiciable. Delmas conteste certaines des présomptions de base qui sous-tendent la théorie de la guerre juste et le paradigme légaliste en général. Il suggère que l'effort pour encadrer la guerre avec des règles et des réglementations strictes est une tentative futile et potentiellement contre-productive pour domestiquer une réalité brutale et chaotique. Selon Delmas, la guerre a une valeur politique intrinsèque et peut servir de catalyseur à des changements politiques, sociaux et économiques significatifs. En ce sens, il propose une vision beaucoup plus cynique et plus réaliste de la guerre que celle souvent associée à des penseurs comme Michael Walzer.


Il va de plus réfléchir sur la question de la moralité et le retour du politique. Pour Waltz, le paradigme légaliste ne peut refuser la question des règles de la conduite de la guerre. C’est pourquoi Philippe Delmas pose la question dans son livre éponyme du ''Bel Avenir de la Guerre''<ref>Delmas, Philippe. Le Bel Avenir De La Guerre. Paris: Gallimard, 1995.</ref>.
=Annexes=


= Notes =
*Faris, E. (1930). The Evolution of War: A Study of Its Role in Early Societies.Maurice R. Davie. In American Journal of Sociology (Vol. 35, Issue 6, pp. 1114–1116). University of Chicago Press. <nowiki>https://doi.org/10.1086/215270</nowiki>
*Davie, M.R. (2003) ''The evolution of war: A study of its role in early societies''. New York: Dover Publications.
*"Clausewitz and the Blue Flower of Romanticism: Understanding."International Relations And Security Network. N.p., n.d. Web. 25 Sept. 2014. <http://www.isn.ethz.ch/Digital-Library/Articles/Detail/?lng=en&id=183843>.
*"Clausewitz and the Blue Flower of Romanticism: Understanding."International Relations And Security Network. N.p., n.d. Web. 25 Sept. 2014. <http://www.isn.ethz.ch/Digital-Library/Articles/Detail/?lng=en&id=183843>.
*"(Audio) Conférence #2 - Pierre Hassner, "Guerre Et Paix Au XXIe Siécle" - 27 Janvier 2014. <https://www.youtube.com/watch?v=fJJ3ptIm5Pg&list=PLai4NNFe3eJMYFKhqqNLe0VqrB5av3ljQ>.
*"(Audio) Conférence #2 - Pierre Hassner, "Guerre Et Paix Au XXIe Siécle" - 27 Janvier 2014. <https://www.youtube.com/watch?v=fJJ3ptIm5Pg&list=PLai4NNFe3eJMYFKhqqNLe0VqrB5av3ljQ>.
*ouvrages
*NATO StratCom COE; Mark Laity. (2018, August 10). What is War?. Retrieved from https://www.youtube.com/watch?v=Gj-wsdGL4-M
**[http://www.icrc.org/fre/resources/documents/publication/p0361.htm Un souvenir de Solferino, Henry Dunant] : ouvrage complet à télécharger
**[http://classiques.uqac.ca/classiques/hobbes_thomas/leviathan/leviathan.html Léviathan : Traité de la matière, de la forme et du pouvoir ecclésiastique et civil, Thomas Hobbes] : ouvrage complet à télécharger
**[http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Prince Le Prince, Miachavel] : ouvrage complet
 
== Cours ==
*[[Guerre]]
 
= Références =  
<references/>


<vote type=1 />
=Références=
<references />


[[Category:science-politique]]
[[Category:science politique]]
[[Category:Rémi Baudoui]]
[[Category:2011]]
[[Category:2012]] 
[[Category:2013]]
[[Category:2014]]
[[Category:2015]]

Version actuelle datée du 11 novembre 2023 à 20:47

La pensée sociale d'Émile Durkheim et Pierre BourdieuAux origines de la chute de la République de WeimarLa pensée sociale de Max Weber et Vilfredo ParetoLa notion de « concept » en sciences-socialesHistoire de la discipline de la science politique : théories et conceptionsMarxisme et StructuralismeFonctionnalisme et SystémismeInteractionnisme et ConstructivismeLes théories de l’anthropologie politiqueLe débat des trois I : intérêts, institutions et idéesLa théorie du choix rationnel et l'analyse des intérêts en science politiqueApproche analytique des institutions en science politiqueL'étude des idées et idéologies dans la science politiqueLes théories de la guerre en science politiqueLa Guerre : conceptions et évolutionsLa raison d’ÉtatÉtat, souveraineté, mondialisation, gouvernance multiniveauxLes théories de la violence en science politiqueWelfare State et biopouvoirAnalyse des régimes démocratiques et des processus de démocratisationSystèmes Électoraux : Mécanismes, Enjeux et ConséquencesLe système de gouvernement des démocratiesMorphologie des contestationsL’action dans la théorie politiqueIntroduction à la politique suisseIntroduction au comportement politiqueAnalyse des Politiques Publiques : définition et cycle d'une politique publiqueAnalyse des Politiques Publiques : mise à l'agenda et formulationAnalyse des Politiques Publiques : mise en œuvre et évaluationIntroduction à la sous-discipline des relations internationalesIntroduction à la théorie politique

La science politique s'est longtemps intéressée à la guerre, qui représente l'un des aspects les plus extrêmes et dévastateurs des relations internationales. En effet, la guerre a des implications profondes sur la politique, l'économie, la société et la culture, et elle peut changer radicalement le cours de l'histoire.

L'approche de la science politique à la guerre est souvent multidimensionnelle. Elle comprend des analyses théoriques, historiques, sociologiques, économiques et psychologiques. Cependant, la capacité de la science politique à comprendre et à expliquer la guerre est parfois remise en question. Il y a plusieurs raisons à cela.

  • Limites de la théorie : Beaucoup de théories politiques (par exemple, le réalisme, le libéralisme, le constructivisme) ont leurs propres hypothèses et limites. Elles peuvent expliquer certains aspects de la guerre, mais pas tous. Par exemple, le réalisme met l'accent sur le pouvoir et l'anarchie dans les relations internationales, mais il peut avoir du mal à expliquer pourquoi certains États puissants choisissent de ne pas aller à la guerre.
  • Prévision et prévention : Bien que la science politique ait fait des progrès dans la compréhension des causes de la guerre, elle a souvent du mal à prédire quand et où les guerres vont éclater. De même, malgré la connaissance des facteurs qui contribuent à la guerre, il est souvent difficile de les prévenir.
  • Problèmes méthodologiques : La science politique dépend souvent de données historiques pour construire et tester des théories. Cependant, les guerres sont des événements relativement rares et chaque guerre a ses propres caractéristiques uniques. Cela rend difficile la généralisation à partir de cas spécifiques.
  • L'influence de la politique : La science politique, comme toute discipline, n'est pas à l'abri des pressions politiques. Les scientifiques politiques peuvent être influencés par leurs propres préjugés, par les intérêts de leurs sponsors ou par les courants politiques dominants.

Cela dit, la science politique a beaucoup à offrir dans l'étude de la guerre. Elle fournit des cadres théoriques pour comprendre les causes de la guerre, les stratégies de guerre, et les conséquences de la guerre. Elle permet aussi d'analyser les efforts pour prévenir la guerre et pour construire la paix. Enfin, elle offre une perspective critique qui peut remettre en question les discours dominants sur la guerre.

La nature de la guerre a évolué au cours des siècles. Traditionnellement, la guerre était considérée comme un conflit entre États-nations, souvent pour des raisons de territoire, de ressources, ou de pouvoir. Dans ce contexte, les règles de la guerre étaient relativement claires et formelles, régies par des conventions internationales comme les Conventions de Genève. Cependant, avec l'avènement de la guerre de partisan au XIXème siècle, la nature de la guerre a commencé à changer. La guerre de partisan, telle qu'elle a été conceptualisée par des penseurs comme Clausewitz, implique souvent des individus ou des groupes non étatiques qui se battent contre un État. Ces guerres sont souvent asymétriques, avec un déséquilibre de pouvoir entre les parties, et elles peuvent être caractérisées par des tactiques de guérilla, le terrorisme, et d'autres formes de résistance irrégulière.

De plus, nous assistons aujourd'hui à une autre évolution de la guerre. Avec la mondialisation, l'évolution technologique, et l'essor du terrorisme international, nous voyons de plus en plus de conflits qui ne sont pas limités à des frontières nationales et qui impliquent une variété d'acteurs non étatiques, y compris des groupes terroristes, des milices privées, et même des entreprises de cybersécurité. Ces guerres "hybrides" ou "non linéaires" peuvent être difficiles à gérer et à résoudre, car elles ne suivent pas les règles traditionnelles de la guerre. En effet, ces nouvelles formes de guerre soulèvent une préoccupation : elles peuvent sembler ne jamais s'arrêter. Sans un État clairement défini à vaincre ou un territoire spécifique à conquérir, il peut être difficile de définir la victoire ou la fin de la guerre. Cela peut mener à des conflits prolongés, avec toutes les souffrances humaines et les instabilités politiques que cela implique.

Ces évolutions représentent des défis importants pour la science politique et pour la société en général. Il est essentiel de continuer à réfléchir sur ces questions, de développer de nouvelles théories et stratégies, et de travailler pour la prévention des conflits et la construction de la paix.

Pourquoi la science politique s’est-elle intéressée à la guerre ?[modifier | modifier le wikicode]

La guerre a été un élément omniprésent tout au long de l'histoire de l'humanité, et elle a profondément façonné les sociétés, les cultures, les économies et les politiques. C'est pourquoi la science politique, ainsi que d'autres disciplines comme l'histoire, la sociologie et la psychologie, s'intéressent de près à la guerre. L'Europe a été largement épargnée par les conflits armés directs depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 jusqu'en 2022, grâce en grande partie à la construction de l'Union européenne, à la dissuasion nucléaire et à la présence de l'OTAN. Il y a eu des exceptions notables, comme les guerres en ex-Yougoslavie dans les années 1990. L'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 est un rappel sombre que la paix n'est jamais garantie et que la guerre peut éclater même dans des régions qui ont connu une longue période de paix. La crise a souligné les tensions existantes autour de l'expansion de l'OTAN et de l'Union européenne vers l'est, ainsi que les aspirations de l'Ukraine à s'intégrer davantage à l'Europe. Cette situation a des implications profondes pour l'Europe et le monde, en termes de sécurité, de stabilité politique, de relations internationales et de droits de l'homme. Malheureusement, la paix prolongée dont l'Europe a bénéficié est rare dans l'histoire de l'humanité. De nombreuses régions du monde ont connu des conflits armés réguliers, et même aujourd'hui, des guerres font rage dans des endroits comme le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie.

La science politique en tant que discipline académique distincte a commencé à prendre forme à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, une période marquée par des tensions politiques et des conflits internationaux majeurs. L'expérience de la Première Guerre mondiale a certainement alimenté l'intérêt pour l'étude systématique du pouvoir, des institutions, des conflits et de la coopération entre les États. Le 20ème siècle a été marqué par de nombreux conflits, dont les deux guerres mondiales, la Guerre froide, et une multitude de guerres régionales, de conflits civils et de guerres par procuration. Ces conflits ont façonné l'ordre politique mondial et ont eu un impact majeur sur le développement de la science politique. Ils ont conduit à l'émergence de nouvelles théories et approches, comme le réalisme et le libéralisme en relations internationales, qui cherchent à expliquer le comportement des États et la dynamique des conflits internationaux. La science politique a également été influencée par les développements technologiques, économiques et sociaux du 20ème siècle, comme l'émergence de l'arme nucléaire, la mondialisation de l'économie, et les mouvements pour les droits civils et les droits de l'homme. Tous ces facteurs ont contribué à façonner la discipline telle que nous la connaissons aujourd'hui. En bref, la guerre et les conflits ont joué un rôle crucial dans la naissance et le développement de la science politique. Ils ont stimulé la réflexion sur des questions fondamentales comme le pouvoir, l'autorité, la justice, la sécurité et la coopération internationale, qui sont au cœur de la discipline.

Tout d'abord, les guerres de décolonisation. Après la Seconde Guerre mondiale, une vague d'indépendance a déferlé sur de nombreuses colonies européennes, entraînant une série de guerres de décolonisation. Ces guerres ont souvent été caractérisées par des luttes de pouvoir entre les forces coloniales et les mouvements nationalistes locaux. Elles ont eu un impact profond sur la configuration de l'ordre mondial post-colonial. Ensuite, l'époque de la Guerre froide a été marquée par la menace constante d'une guerre nucléaire entre les superpuissances. Cette menace s'est particulièrement manifestée lors de crises comme la Guerre de Corée et la crise des missiles de Cuba. Ces événements ont souligné le risque existentiel que représentent les armes nucléaires et ont eu une influence significative sur les politiques internationales et les théories de la science politique. Enfin, après la fin de la Guerre froide, les Nations Unies ont joué un rôle de plus en plus important dans la gestion des conflits internationaux, notamment par le biais de missions de maintien de la paix. Cependant, des conflits majeurs, comme les guerres du Golfe et la guerre en Afghanistan, ont révélé les défis et les limites de l'intervention internationale. Chacune de ces phases offre un contexte différent pour l'étude des conflits et des guerres en science politique. Les modifications dans la nature des conflits, les acteurs impliqués, les technologies utilisées, ainsi que les normes et institutions internationales, ont tous influencé la manière dont les politologues abordent l'étude de la guerre et des conflits.

L'attentat du 11 septembre 2001 a marqué un tournant dans l'histoire contemporaine et a profondément transformé la politique mondiale, notamment en ce qui concerne la guerre et le terrorisme. Ce tragique événement a non seulement mené à une guerre en Afghanistan, mais a également façonné la manière dont le monde perçoit et combat le terrorisme. La guerre en Afghanistan, qui a débuté en 2001 en réponse aux attaques du 11 septembre, a été une tentative de démanteler Al-Qaïda, le groupe terroriste responsable des attaques, et de renverser le régime taliban qui l'hébergeait. Cependant, la guerre a eu des conséquences complexes et durables, à la fois pour l'Afghanistan et pour la politique mondiale. La guerre en Afghanistan a montré les difficultés associées à la lutte contre le terrorisme à l'échelle mondiale. Elle a révélé les défis de la reconstruction d'un État après un conflit, la complexité de la lutte contre les insurrections, et les problèmes liés à l'engagement à long terme des forces étrangères dans un pays. De plus, la guerre a également eu un impact sur la manière dont les pays perçoivent et abordent la menace terroriste. Elle a conduit à des changements dans les stratégies de sécurité nationale, dans la législation relative à la surveillance et aux droits civils, et a influencé le discours public sur le terrorisme et la sécurité.

Un aspect crucial de l'évolution de la guerre, est le changement dans la proportion de victimes civiles par rapport aux militaires. Les guerres modernes ont souvent un impact dévastateur sur les populations civiles, non seulement en termes de morts et de blessés, mais aussi de déplacements de population, de destruction d'infrastructures et de traumatismes psychologiques. Dans la guerre de Solferino au XIXe siècle, les victimes étaient principalement des militaires. Cependant, avec la Première Guerre mondiale, le bilan des victimes a commencé à changer, avec une proportion presque égale de victimes militaires et civiles. Cette tendance s'est poursuivie et s'est même aggravée au cours du XXe siècle, en particulier lors de la Seconde Guerre mondiale et dans les conflits plus récents. Cette évolution est due à plusieurs facteurs. Premièrement, l'escalade de la technologie militaire, y compris les armes de destruction massive, a rendu les conflits plus dévastateurs et moins discriminants. Deuxièmement, les stratégies militaires ont changé pour viser de plus en plus les infrastructures civiles afin de saper le moral de l'ennemi et son effort de guerre. Enfin, de nombreux conflits modernes ont lieu au sein des États plutôt qu'entre eux, ce qui signifie que les civils sont souvent pris dans la ligne de feu. Ce changement a des implications importantes pour la science politique et pour la manière dont nous pensons la guerre. Il soulève des questions sur la légitimité de l'utilisation de la force, les droits de l'homme, le droit humanitaire international et la responsabilité de protéger les civils en temps de guerre.

Qu’est-ce que la guerre ?[modifier | modifier le wikicode]

L'évolution de la nature de la guerre a entraîné des changements significatifs dans son économie et dans la proportion de victimes civiles. De plus, les guerres modernes ont tendance à durer plus longtemps, ce qui a des implications profondes pour la société et l'économie. Auparavant, l'économie de guerre se concentrait principalement sur la production d'armements et d'autres biens nécessaires à la guerre. Cependant, à mesure que les stratégies militaires évoluaient, l'objectif est devenu de détruire les outils de production de l'ennemi pour affaiblir son économie et donc sa capacité à faire la guerre. Cela a entraîné une augmentation du nombre de victimes civiles, car les infrastructures civiles sont devenues des cibles militaires. En outre, la nature prolongée de nombreux conflits modernes a également eu un impact sur l'économie de la guerre. Au lieu d'une production intensive à court terme pour soutenir l'effort de guerre, les économies doivent maintenant gérer les effets à long terme de la guerre, comme la reconstruction après la destruction et le soutien aux victimes de la guerre. Ces changements ont des implications majeures pour la science politique, notamment en ce qui concerne les questions de droits de l'homme, de droit humanitaire international et de stratégie militaire. Ils soulignent également l'importance d'une gestion efficace de la paix après le conflit pour minimiser les dommages à long terme causés par la guerre.

Une perspective intéressante sur la guerre est celle d'une extension du dialogue politique, bien qu'elle se présente sous une forme violente et destructrice. Cette idée est en fait une interprétation de la célèbre citation de Carl von Clausewitz, stratège militaire prussien du 19ème siècle, qui a déclaré que "la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens". Selon cette perspective, la guerre n'est pas simplement un échec de la politique, mais une autre forme de dialogue politique, bien que violent et destructeur. C'est une période où les conflits et les différends sont résolus par la force plutôt que par le dialogue ou la négociation. Dans ce sens, la guerre peut être vue comme une "inversion de la normalité", où la violence remplace la paix comme moyen principal de résolution des conflits. Cependant, la guerre a également des conséquences profondes et souvent dévastatrices. Elle entraîne la mort et la souffrance de nombreuses personnes, la destruction de biens et d'infrastructures, et peut avoir des conséquences économiques, politiques et sociales durables. Par conséquent, bien qu'elle puisse être vue comme une extension du dialogue politique, il est crucial de reconnaître les coûts humains et sociaux élevés de la guerre. C'est précisément pour ces raisons que la guerre est un sujet d'étude important en science politique. Comprendre la guerre, ses causes et ses conséquences, peut aider à prévenir les conflits futurs, à gérer efficacement ceux qui se produisent et à minimiser les coûts humains et sociaux de la guerre.

La définition de la guerre par George Bataille, philosophe et écrivain français, comme "un jeu suprême" souligne la gravité et l'importance des enjeux en jeu. Comparée à un jeu, la guerre, dans ce contexte, n'est pas un divertissement léger, mais plutôt une activité stratégique et potentiellement mortelle qui engage tout ce que les participants ont, y compris leur vie. Le fait de voir la guerre comme un jeu stratégique, cependant, peut avoir des implications importantes pour la façon dont nous la comprenons et la gérons. Dans un jeu, il y a généralement des règles à suivre, des stratégies à développer et des gagnants et des perdants clairement définis. Si nous appliquons ce cadre à la guerre, cela peut nous aider à penser de manière plus stratégique à la conduite de la guerre, aux moyens de minimiser ses coûts et à la façon de gérer ses conséquences.

Cependant, il est également important de noter que la guerre diffère des jeux ordinaires de plusieurs façons importantes. Premièrement, les enjeux sont infiniment plus élevés - ce ne sont pas seulement des points ou des trophées qui sont en jeu, mais des vies humaines, des sociétés et des nations entières. Deuxièmement, contrairement à la plupart des jeux, la guerre n'est pas toujours clairement délimitée avec des règles équitables et universellement acceptées. Enfin, alors que dans la plupart des jeux le but est de gagner, dans la guerre, le but ultime devrait toujours être d'arriver à une paix durable et juste. C'est pourquoi la science politique, en étudiant la guerre, cherche non seulement à comprendre comment les guerres sont gagnées, mais aussi comment elles peuvent être prévenues et comment leurs conséquences peuvent être gérées de manière à promouvoir la paix et la justice.

La guerre peut être considérée comme une "inversion d'un système" dans le sens où elle remplace les mécanismes habituels de dialogue, de négociation et de résolution des conflits par la force. Dans ce contexte, le "dialogue" se fait non pas par des mots, mais par des actes de violence. C'est précisément pour cette raison que la guerre est si dévastatrice et coûteuse, tant en termes de vies humaines que de ressources. Elle est également imprévisible, car une fois que le recours à la force est engagé, il est difficile de contrôler ou de prédire les résultats. C'est également pour cette raison que la science politique, ainsi que d'autres disciplines comme les relations internationales, s'efforcent de comprendre les causes de la guerre et de développer des stratégies pour prévenir les conflits, gérer les guerres lorsqu'elles se produisent et rétablir la paix et la stabilité après un conflit. En fin de compte, la guerre est un "dialogue par la force" qui a des conséquences profondes et durables. Comprendre ce "dialogue" est essentiel pour promouvoir la paix et la sécurité dans le monde.

La guerre : un objet de lutte entre puissances étatiques[modifier | modifier le wikicode]

Un phénomène ancien vs la guerre moderne interétatique[modifier | modifier le wikicode]

Un phénomène ancien : perspectives historiques[modifier | modifier le wikicode]

L'étude de la dimension mythique de la guerre est un aspect fascinant de la science politique. Les États et les gouvernements ont souvent recours à des mythes et des récits pour justifier la guerre, galvaniser le soutien public, et donner un sens à la violence et au sacrifice qu'elle implique. Ces mythes peuvent prendre de nombreuses formes et peuvent être influencés par des facteurs historiques, culturels, religieux et politiques. Le concept de sacrifice est souvent central dans ces mythes de guerre. Il peut être invoqué pour souligner l'importance de la cause pour laquelle on se bat, pour valoriser les actions des soldats, et pour aider à rationaliser les coûts humains de la guerre. Le sacrifice peut être présenté comme un devoir patriotique, un acte de bravoure, ou une nécessité tragique. Cependant, les mythes de guerre et le discours du sacrifice peuvent aussi servir à masquer les véritables coûts et conséquences de la guerre, à marginaliser les voix dissidentes, et à éviter un examen critique des motivations et des stratégies de guerre. Par conséquent, il est important d'interroger et de critiquer ces mythes, et de comprendre comment ils sont construits et utilisés. La science politique peut contribuer à cette tâche en examinant comment les mythes de guerre sont créés et maintenus, comment ils influencent la politique et la perception publique de la guerre, et comment ils peuvent être contestés ou déconstruits. Cette analyse peut aider à promouvoir une meilleure compréhension de la guerre et à favoriser des approches plus réfléchies et critiques de la politique de guerre.

Lorsqu'un pays entre en guerre, il existe souvent une sorte de "rallye autour du drapeau" où les différences politiques internes sont temporairement mises de côté et un sens d'unité nationale est cultivé. La "mobilisation idéologique" sert à renforcer la cohésion sociale et à faciliter l'effort de guerre. Cette cohésion est souvent soutenue par une rhétorique qui stigmatise la dissidence. Ceux qui s'opposent à la guerre, ou même qui la critiquent, peuvent être accusés de trahison, de manque de patriotisme ou de ne pas soutenir les troupes. Cette pression sociale peut être extrêmement puissante et peut étouffer le débat public et critique nécessaire. L'exemple de la réaction aux attentats du 11 septembre et la décision du président George W. Bush de déclarer la "guerre contre le terrorisme" illustre bien ce point. Ceux qui ont remis en question cette politique ont souvent été marginalisés ou dénigrés. Pourtant, avec le recul, beaucoup de ces critiques ont été validées. Le conflit en Afghanistan, par exemple, s'est avéré être un engagement long et coûteux qui n'a pas réussi à atteindre plusieurs de ses objectifs principaux. Cela souligne l'importance d'un débat public ouvert et critique en temps de guerre. La science politique peut jouer un rôle important en fournissant des analyses rigoureuses et indépendantes des décisions de guerre, en interrogeant les hypothèses sous-jacentes et en mettant en lumière les coûts et les conséquences potentielles de ces décisions.

La guerre a souvent un caractère sublimé qui peut obscurcir les jugements rationnels et analytiques. La rhétorique de la guerre peut créer un sentiment d'urgence et de grandeur qui encourage la pensée binaire (nous contre eux), la glorification du sacrifice et une tolérance accrue pour la violence. Cela peut conduire à des décisions basées davantage sur l'émotion que sur une évaluation rationnelle des coûts et des bénéfices. La sublimation de la guerre peut également affecter la façon dont les sociétés perçoivent et se souviennent des conflits. Les guerres peuvent être romancées ou mythifiées de manière à minimiser leurs aspects plus sombres et désagréables. Les coûts humains et matériels de la guerre peuvent être négligés, tandis que les actes de bravoure et de sacrifice sont mis en avant. C'est pourquoi il est crucial de maintenir une analyse critique et rationnelle en temps de guerre. Les politologues et autres chercheurs peuvent aider à déconstruire la sublimation de la guerre en examinant de manière critique les récits de guerre, en évaluant les coûts réels des conflits et en soulignant les alternatives à la violence. Cette approche peut aider à prévenir les décisions de guerre précipitées et à encourager des politiques plus pacifiques et humanitaires.

La guerre moderne : caractéristiques et enjeux actuels[modifier | modifier le wikicode]

Banquet de la garde civique d’Amsterdam à l’occasion de la paix de Münster par Bartholomeus van der Helst, peint en 1648

La guerre de Trente Ans, qui a eu lieu principalement en Europe centrale, est souvent considérée comme un tournant dans l'histoire de la guerre et de la diplomatie. Bien que cette guerre ait commencé comme un conflit religieux au sein du Saint Empire romain germanique, elle a rapidement impliqué plusieurs grandes puissances européennes, dont la France, la Suède, l'Espagne et le Danemark, et est devenue une lutte pour le pouvoir politique et territorial.

La guerre de Trente Ans est particulièrement importante en science politique pour plusieurs raisons :

  • Le traité de Westphalie : Ce traité, signé en 1648, a marqué la fin de la guerre de Trente Ans et a posé les bases de l'ordre international moderne basé sur le système d'États souverains. Ce système, souvent appelé système westphalien, définit les principes de souveraineté nationale et de non-ingérence, qui sont encore au cœur du droit international aujourd'hui.
  • La transformation de la guerre : La guerre de Trente Ans a été l'un des conflits les plus destructeurs de l'histoire européenne, marqué par une violence généralisée contre les civils et un niveau de destruction sans précédent. Cela a conduit à des changements dans la façon dont la guerre était menée, y compris l'utilisation croissante d'armées permanentes et de tactiques de siège.
  • La politisation de la religion : Bien que la guerre ait commencé comme un conflit religieux, elle a finalement évolué vers une lutte pour le pouvoir politique. Cela a marqué une étape importante dans le processus de sécularisation de la politique européenne, où la religion est devenue un outil de légitimation politique plutôt qu'un moteur de conflit.

En fin de compte, la guerre de Trente Ans et le traité de Westphalie ont eu un impact profond sur la formation de l'État moderne et du système international, ce qui les rend d'une grande importance pour la science politique.

Le traité de Westphalie en 1648 est souvent considéré comme le moment où le concept de souveraineté des États a été formellement reconnu dans le droit international. Ce traité a mis fin à la guerre de Trente Ans en Europe et a établi un système d'États souverains, où chaque État avait le contrôle exclusif sur son territoire et sa population.

La souveraineté des États a plusieurs implications pour la guerre et la politique internationale :

  • Les guerres interétatiques : Dans le système westphalien, la guerre est principalement une affaire entre États. Cela signifie que les guerres sont généralement déclarées par les gouvernements, menées par des armées régulières et régies par des lois et des coutumes internationales.
  • Le rôle de l'État-nation : L'idée d'État-nation implique que chaque État a le droit de gouverner sa population sans ingérence extérieure. Cela donne aux États le droit de défendre leur territoire et leur population, ce qui peut conduire à des conflits avec d'autres États.
  • Le droit à la guerre : La souveraineté des États implique également le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix. Cela signifie que les États ont le droit de recourir à la force pour défendre leurs intérêts, bie

Le droit international public, en particulier le droit de la guerre, est principalement axé sur les relations entre États souverains. Il établit un certain nombre de règles et de principes qui régissent le comportement des États en temps de guerre. Parmi ces règles, on peut citer :

  • La diplomatie moderne : Le droit international a joué un rôle clé dans l'établissement de normes et de procédures diplomatiques, y compris l'immunité diplomatique, les relations diplomatiques et consulaires, et les négociations de traités.
  • La souveraineté des États : Le principe de la souveraineté des États est fondamental en droit international. Cela signifie que chaque État a le droit de gouverner son propre territoire et de mener ses relations internationales comme il l'entend, à condition de respecter les droits des autres États.
  • La déclaration de guerre : Traditionnellement, le droit international exigeait qu'un État déclare officiellement la guerre avant de commencer les hostilités. Bien que cette pratique ait été largement abandonnée, le droit international exige toujours que les États respectent les principes de la guerre juste, y compris la proportionnalité et la discrimination entre combattants et non-combattants.
  • La conclusion de la guerre : Le droit international prévoit également que les guerres doivent être terminées par un traité de paix, qui définit les termes de la fin des hostilités et établit un cadre pour la résolution des différends restants. Cela est important pour assurer une transition pacifique vers une paix durable après un conflit.

Ces règles sont essentielles pour maintenir l'ordre et la stabilité dans le système international. Cependant, leur application et leur respect peuvent varier en fonction des circonstances, et leur violation peut avoir des conséquences graves, y compris des sanctions internationales et des poursuites pour crimes de guerre.

La théorisation de la guerre : approches et penseurs clés[modifier | modifier le wikicode]

La guerre, dans le contexte de la science politique, a longtemps été considérée comme une extension naturelle de la politique elle-même. Ce concept a été théorisé par plusieurs penseurs influents au fil des siècles, notamment le célèbre stratège militaire chinois Sun Tzu qui a écrit "L'Art de la Guerre", un traité sur la stratégie militaire. Dans le contexte occidental, des philosophes tels que Platon et Aristote ont également considéré la politique comme un "art". Pour eux, la politique est l'art de gouverner et de prendre des décisions pour le bien de la cité. En ce sens, la guerre peut être vue comme une extension extrême de cet "art", lorsque le dialogue et la négociation échouent et que la force devient le principal moyen de résoudre les conflits. Dans cette perspective, la guerre est non seulement une activité impliquant des stratégies et des tactiques militaires, mais aussi un domaine nécessitant une réflexion profonde et une compréhension des enjeux politiques et sociaux. C'est pourquoi la guerre est un sujet d'étude important en science politique, car elle offre un aperçu précieux de la façon dont les sociétés gèrent les conflits, l'autorité et le pouvoir.

L'art de la guerre, tel que conceptualisé par des figures historiques comme Sun Tzu et Napoléon, est un jeu de stratégie complexe qui combine le respect de certaines normes établies avec l'innovation et la surprise. Napoléon, par exemple, a souvent contourné les conventions de la guerre pour surprendre ses ennemis et obtenir un avantage stratégique. Ce faisant, il a non seulement fait preuve de génie militaire, mais a aussi souligné la nature dynamique et imprévisible de la guerre. Malgré l'existence de certaines normes et règles, la guerre est souvent définie par son imprévisibilité et sa capacité à dépasser les attentes établies. Cette réalité complexe défie les tentatives de catégoriser la guerre comme un phénomène strictement réglementé ou complètement chaotique. Au lieu de cela, la guerre peut être mieux comprise comme un phénomène qui oscille entre ces deux extrêmes, où la stratégie et la surprise coexistent et interagissent constamment.

La guerre est encadrée par un certain nombre de normes et de règles - que ce soit les lois internationales qui régissent la conduite en temps de guerre, les traités bilatéraux entre pays, ou les règles non écrites de l'engagement militaire. Ces normes fournissent une structure et une prévisibilité à la guerre, permettant aux parties en conflit de prévoir (dans une certaine mesure) les actions de l'autre. Cependant, la guerre implique aussi le dépassement de ces normes. Que ce soit par nécessité, par stratégie, ou par désespoir, les parties en conflit peuvent et vont souvent outrepasser les règles établies. Cela peut se traduire par des tactiques de guérilla, des attaques surprises, l'utilisation d'armes interdites, ou même la violation directe des lois de la guerre. Cette tension entre la norme et le dépassement de la norme est ce qui rend la guerre si imprévisible et, par conséquent, si difficile à étudier et à comprendre. Pour la science politique et d'autres disciplines similaires, cela signifie qu'il faut constamment s'adapter et réévaluer nos compréhensions et nos théories de la guerre pour tenir compte de cette réalité complexe et changeante.

Il est important pour les sciences sociales, et en particulier pour la science politique, de reconnaître et d'explorer cette complexité. En traitant la guerre non seulement comme une suite de stratégies et de tactiques, mais aussi comme un phénomène social, politique et culturel plus large, les chercheurs peuvent acquérir une compréhension plus profonde et plus nuancée de la nature de la guerre et de son impact sur les sociétés humaines.

La guerre pose des problèmes majeurs en philosophie et soulève des questions essentielles sur la nature de la culture humaine et de la conscience. D'un point de vue philosophique, la guerre peut être analysée à plusieurs niveaux. Par exemple, la philosophie morale se penche sur les questions de justesse et d'éthique dans le contexte de la guerre. Qu'est-ce qui justifie le déclenchement d'une guerre (jus ad bellum)? Comment devrait-elle être menée (jus in bello)? Quelles sont les obligations morales envers les non-combattants ou les prisonniers de guerre? Ces questions sont souvent débattues dans le cadre de la théorie de la guerre juste. La guerre pose également des questions profondes sur la nature de la culture et de la conscience humaine. Pourquoi les sociétés humaines ont-elles recours à la guerre? Comment la guerre influence-t-elle la culture, l'art, la littérature et d'autres formes d'expression humaine? Comment la guerre affecte-t-elle notre compréhension de nous-mêmes et de notre place dans le monde? La philosophie politique, quant à elle, se penche sur le rôle de l'État et du pouvoir dans la guerre. Quel est le rôle de l'État dans la déclaration de guerre et la conduite des hostilités? Quel est le rôle du citoyen en temps de guerre? Quelle est la relation entre guerre et souveraineté, ou guerre et démocratie? Ces questions ne sont que quelques-unes des nombreuses façons dont la guerre peut être abordée d'un point de vue philosophique. La guerre, en tant que phénomène social et politique, est une réalité complexe qui peut être analysée et comprise de diverses manières à travers le prisme de la philosophie.

La guerre est un phénomène qui dépasse largement le cadre de l'action militaire. Elle peut être analysée sous plusieurs angles, y compris la philosophie politique, la sociologie, l'économie, la psychologie, entre autres. La philosophie politique peut aborder des questions telles que la justification morale de la guerre (la théorie de la guerre juste, par exemple), le rôle de l'État et de la souveraineté dans les conflits, ou l'impact de la guerre sur les notions de liberté et de droits de l'homme. Du point de vue sociologique, la guerre peut être analysée en termes d'interaction sociale, de formation de groupes et d'identités, ou d'impact sur la structure sociale et la culture. On peut aussi s'interroger sur la manière dont la guerre affecte les normes et les valeurs, et comment elle est perçue et comprise par ceux qui la vivent. L'économie peut se pencher sur l'impact de la guerre sur l'économie (la "guerre totale" et l'économie de guerre, par exemple), ou sur le rôle des ressources économiques dans la conduite et la cause des guerres. La psychologie peut s'intéresser à l'impact de la guerre sur l'esprit humain, que ce soit en termes de stress de combat, de troubles de stress post-traumatique, ou de l'impact plus large de la guerre sur les attitudes et les comportements. La guerre est un phénomène complexe et multidimensionnel qui peut être étudié sous de nombreux angles différents, chacun apportant sa propre perspective et ses propres outils d'analyse.

Hugo Grotius (1583-1645) : Le droit naturel et les fondements de la guerre juste[modifier | modifier le wikicode]

Hugo Grotius
Portrait par Michiel Jansz. van Mierevelt (1631).

Hugo Grotius, un juriste néerlandais du XVIIe siècle, est largement reconnu comme l'un des fondateurs du droit international moderne. Son ouvrage "De Jure Belli ac Pacis" (Sur le droit de la guerre et de la paix), publié pour la première fois en 1625, reste une référence majeure dans le domaine. Dans ce texte, Grotius a établi les fondements de la théorie de la "guerre juste", qui traite de la moralité et de la légalité de l'engagement dans une guerre et de la conduite de celle-ci. Il a également posé les bases pour de nombreux principes du droit international moderne, tels que la souveraineté nationale et l'égalité des États. Grotius a affirmé que certains principes moraux s'appliquent même en temps de guerre. Par exemple, il a insisté sur le fait que les civils non combattants devraient être épargnés autant que possible, et que les traitements cruels ou inhumains envers les prisonniers de guerre étaient inacceptables. Ces idées étaient révolutionnaires à l'époque et continuent d'influencer la manière dont nous pensons la guerre aujourd'hui. Les concepts de "guerre juste" et de "guerre injuste" sont encore largement débattus dans les cercles académiques, politiques et militaires. Ils jouent également un rôle clé dans le développement et l'application du droit international humanitaire, qui cherche à limiter les effets de la guerre et à protéger ceux qui sont les plus vulnérables en temps de conflit.

Hugo Grotius a établi les bases du droit de la guerre, cherchant à déterminer dans quels cas une guerre pourrait être considérée comme "juste". Il a mis en avant deux types de guerre qui pourraient être justifiées dans le cadre du droit international :

  • La guerre défensive : Grotius soutenait que la guerre menée en défense contre une agression extérieure était justifiée. C'est une idée qui reste centrale dans le droit international contemporain, où le droit à l'autodéfense est reconnu comme un principe fondamental.
  • La guerre coercitive : Grotius pensait également qu'une guerre pourrait être justifiée si elle était menée pour punir ceux qui avaient violé le droit. Il s'agit d'une idée plus controversée et plus difficile à mettre en œuvre dans la pratique. Elle pose des questions complexes sur qui a le droit de juger de la violation du droit, et quelles sont les méthodes appropriées pour la punir.

Même si Grotius pensait que ces types de guerre pouvaient être justifiés, il soulignait également l'importance de respecter certaines règles et normes éthiques pendant la conduite de la guerre, comme l'interdiction de s'en prendre délibérément aux non-combattants.

Grotius a établi que certaines formes de guerre étaient illégitimes et injustes. En particulier, il s'est opposé aux guerres de conquête. Selon lui, un État-nation n'a pas le droit de mener une guerre dans le but d'annexer ou de conquérir d'autres États. Ce principe est fondamental dans le droit international contemporain, qui interdit l'acquisition de territoire par la force. Nien que ces principes aient été formulés il y a des siècles, ils sont toujours largement acceptés aujourd'hui. La Charte des Nations Unies, par exemple, interdit explicitement l'usage de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'un autre État. De tels principes continuent à guider la manière dont les conflits internationaux sont gérés et résolus.

Pour Hugo Grotius, le droit de la guerre et le droit de la paix sont intimement liés. En effet, la conception de la guerre comme un phénomène qui doit être régi par certaines règles et principes juridiques suggère également qu'il y a certaines conditions qui doivent être remplies pour instaurer une paix juste et durable. Selon Grotius, un agresseur qui viole les principes du droit de la guerre doit être tenu pour responsable. Cela pourrait inclure des sanctions ou d'autres formes de répercussions de la part des autres États. De cette façon, le droit de la guerre sert également à définir et à promouvoir la justice en temps de paix. Ces idées continuent à être influentes dans le droit international contemporain. Par exemple, le concept de la "responsabilité de protéger" suggère que la communauté internationale a le devoir d'intervenir lorsqu'un État viole grossièrement les droits de ses propres citoyens. Enfin, il est intéressant de noter que le travail de Grotius a jeté les bases du développement ultérieur du droit international humanitaire, qui cherche à limiter les effets de la guerre sur les personnes et les biens.

Thomas Hobbes (1588-1679) : L'état de nature et la guerre comme état de conflit permanent[modifier | modifier le wikicode]

Le Léviathan, ou Traité de la matière, de la forme et du pouvoir d’une république ecclésiastique et civile, 1651.

Dans son œuvre "Le Léviathan", Thomas Hobbes propose une réflexion sur la nature humaine et l'état de nature qui, selon lui, est un état de guerre perpétuelle de tous contre tous ("bellum omnium contra omnes"). Selon Hobbes, sans une autorité centrale forte pour maintenir l'ordre, la vie humaine serait "solitaire, pauvre, désagréable, brutale et brève". Dans l'état de nature de Hobbes, les individus sont motivés par leurs propres intérêts et craintes. La compétition pour les ressources limitées, la méfiance et la volonté de gagner en réputation peuvent conduire à un état de conflit constant. Pour échapper à cet état de guerre, Hobbes argumente que les individus concluent un contrat social par lequel ils renoncent à une part de leur liberté en faveur d'un souverain, que Hobbes appelle le Léviathan. Le rôle de ce souverain est de maintenir la paix et l'ordre en exerçant une autorité incontestable. Ces idées de Hobbes ont eu une influence importante sur la théorie politique et la conception de l'État moderne. Elles soulignent l'importance d'un pouvoir central fort pour prévenir le conflit et garantir la sécurité des citoyens.

Pour Thomas Hobbes, l'état de nature est marqué par le chaos et l'incertitude. Selon lui, dans cet état, les individus sont libres mais aussi constamment en danger car il n'existe aucune loi ou autorité centrale pour réguler leur comportement. Dans l'état de nature, les individus sont guidés par leurs propres intérêts et par la peur de la mort. Leur liberté absolue est donc accompagnée d'une compétition constante pour les ressources et la sécurité. Cela crée une situation instable où le danger et le conflit sont omniprésents - une situation que Hobbes décrit comme une "guerre de tous contre tous". Pour éviter ce chaos, Hobbes propose l'idée d'un contrat social par lequel les individus cèdent volontairement une partie de leur liberté à un souverain absolu. En échange, ce souverain leur fournit sécurité et ordre, ce qui est préférable à l'incertitude et à la violence de l'état de nature.

Pour Hobbes, l'État est le garant de la paix sociale, une institution nécessaire pour éviter la "guerre de tous contre tous" qui règne dans l'état de nature. Selon lui, l'État est fondé sur un contrat social, une forme d'accord auquel les individus consentent pour échapper au chaos de l'état de nature. Dans ce contrat, les individus acceptent de renoncer à une partie de leurs libertés et de soumettre leur volonté à celle du souverain. En retour, le souverain a la responsabilité de maintenir l'ordre, d'assurer la sécurité des individus et de préserver la paix. Pour Hobbes, l'autorité du souverain est absolue et indivisible, car c'est la seule façon d'assurer la paix et de prévenir le retour à l'état de nature. Cette conception a eu une influence majeure sur la théorie politique et continue de faire l'objet de débats aujourd'hui. Par exemple, elle soulève des questions sur le juste équilibre entre la sécurité et la liberté, ou sur le rôle et les limites du pouvoir étatique.

Pour Hobbes, l'une des principales responsabilités du souverain est de maintenir la paix et la sécurité de la société. Pour cela, le souverain a le droit de lever une armée et d'exercer la force si nécessaire. Hobbes voit l'armée comme une institution nécessaire pour protéger la société contre les menaces extérieures et intérieures. Sans une force militaire pour assurer la sécurité, Hobbes pense que la société risquerait de retomber dans l'état de nature, où règne une "guerre de tous contre tous". Cependant, Hobbes met aussi en garde contre les dangers de l'abus de pouvoir militaire par le souverain. Il insiste sur l'importance du contrat social, dans lequel le souverain est tenu de respecter les droits et libertés des individus en échange de leur obéissance.

Il est également important de noter que Hobbes écrit dans un contexte historique spécifique, celui de l'Angleterre du XVIIe siècle, qui a été marquée par la guerre civile. Sa théorie politique reflète donc ses préoccupations de son époque, mais continue de susciter des discussions importantes dans la philosophie politique contemporaine.

Emmanuel Kant (1724-1804) : Vers la paix perpétuelle et la légitimité des guerres défensives[modifier | modifier le wikicode]

Immanuel Kant, dans son essai "Projet de paix perpétuelle" (1795), se demande comment on peut réaliser une paix durable entre les nations. Son travail sur ce sujet a grandement influencé la philosophie politique et les théories du droit international. Kant propose plusieurs idées pour atteindre une "paix perpétuelle". La première est que la "constitution républicaine" est le gouvernement le plus pacifique, car il donne au peuple le pouvoir de décider s'il veut aller à la guerre ou non, et le peuple, étant celui qui subit les conséquences de la guerre, est moins susceptible de la choisir. La deuxième idée est la "fédération des nations libres", une sorte de ligue des nations, où les États conservent leur souveraineté mais acceptent d'adhérer à un ensemble de lois internationales communes pour prévenir les conflits. Enfin, Kant soutient que la paix perpétuelle ne peut être atteinte que lorsque les droits universels de l'homme sont respectés, ce qui implique l'égalité des droits pour tous les individus, sans égard à leur nationalité.

Immanuel Kant soutenait que la paix ne peut être fondée sur l'émotion ou l'affect. Au contraire, elle doit être basée sur la rationalité. Pour lui, c'est la raison, et non l'émotion, qui peut inciter les hommes à rechercher et à accepter la paix. Cette approche est fondamentalement morale, car elle demande aux individus de privilégier le bien commun plutôt que leur propre intérêt personnel. Selon cette vision, la véritable paix ne peut être atteinte que lorsque les individus et les nations adoptent une approche rationnelle, en mettant en commun leurs différences et en travaillant ensemble pour le bien de tous. Cette vision implique une certaine mutualisation des différences et des conflits : au lieu de chercher à imposer sa propre volonté par la force, chaque partie doit chercher à comprendre et à respecter les perspectives des autres. C'est ce que Kant entendait par une "fédération de nations libres". En fin de compte, l'idée de Kant est que la paix perpétuelle n'est pas un simple rêve ou une idée romantique, mais un objectif qui peut être atteint par des moyens rationnels et moraux. Cette idée a eu une grande influence sur les théories modernes de la justice internationale et sur la conception des institutions internationales.

Portrait de Emmanuel Kant.

Immanuel Kant a plaidé pour l'invention d'un droit international de la paix, reconnaissant la nécessité de gérer les relations de force entre les nations. Il a prôné que cette régulation est indispensable car les guerres sont inévitables. L'apport majeur de Kant réside dans son affirmation que le droit international public à construire ne devrait pas se baser sur le principe du "droit du plus fort". Au contraire, il doit être fondamentalement distinct et viser la paix plutôt que la guerre. C'est-à-dire, le droit international ne doit pas servir simplement à justifier les conflits ou à régir leur déroulement, mais plutôt à les prévenir et à favoriser la résolution pacifique des différends. Ce droit de la paix repose sur la reconnaissance de l'égalité souveraine des États et sur le respect des droits de l'homme, deux principes qui sont essentiels pour prévenir la guerre et promouvoir la paix. C'est en cela que l'approche de Kant a été révolutionnaire et a jeté les bases du droit international contemporain, qui met l'accent sur la prévention des conflits et la promotion de la paix durable.

Immanuel Kant, dans son essai intitulé "Projet de paix perpétuelle", a présenté un plan pour établir la paix et éviter les guerres. C'est une réflexion structurée en trois niveaux:

  1. Droit de politique interne : Selon Kant, pour atteindre une paix durable, chaque État doit adopter une constitution républicaine. En d'autres termes, il faut assurer un gouvernement démocratique qui respecte les droits de l'homme et la loi. Cela aiderait à résoudre les conflits internes de manière pacifique et démocratique.
  2. Droit international interfédéral/interétatique : Une fois que la paix est établie à l'intérieur des États, elle peut être élargie à l'ensemble des relations internationales. Pour cela, Kant propose la création d'une "fédération des nations libres", qui serait un groupe d'États unis par des traités de paix mutuels et engagés à résoudre leurs différends de manière non-violente.
  3. Droit international d’hospitalité : Ce niveau représente la vision cosmopolite de Kant. Il s'agit d'un principe qui implique le respect des étrangers et la possibilité d'avoir des relations pacifiques avec eux. Selon Kant, chaque individu a le droit de visiter un autre pays, tant qu'il se comporte pacifiquement, et chaque pays a le devoir d'accueillir les visiteurs étrangers. Ce principe établit la base pour un droit international cosmopolite.

Ainsi, la vision kantienne de la paix perpétuelle est fondée sur une approche multiscalaire qui nécessite des changements à la fois internes (au niveau national) et externes (au niveau international). Il s'agit d'une conception qui continue à influencer les débats contemporains sur le droit international et la paix mondiale.

La philosophie de Kant est fondamentalement axée sur la liberté et le respect des droits de l'homme. Il voyait la guerre comme le résultat ultime de systèmes politiques qui refusent la liberté, violent les droits de l'homme et sont dominés par des autorités autocratiques ou dictatoriales. Pour Kant, la paix durable ne peut être atteinte que par la construction de systèmes politiques qui respectent les droits de l'homme et qui sont démocratiques et républicains. Le concept de "souveraineté limitée" est un élément clé de cette vision, car il implique que même si un État est souverain, il ne doit pas avoir le droit d'opprimer sa population ou de violer les droits de l'homme. De plus, pour éviter les conflits entre les États, Kant a proposé l'idée d'une "fédération des nations libres". Selon cette idée, les États souverains doivent consentir librement à limiter leurs actions et à respecter le droit international pour maintenir la paix mondiale. Ainsi, la philosophie de Kant met en avant l'idée que la paix ne peut être garantie que par l'adhésion à des principes démocratiques, le respect des droits de l'homme, et la coopération internationale dans le cadre d'un droit international respecté par tous.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) : La dialectique de la guerre et le progrès historique[modifier | modifier le wikicode]

Portrait de Hegel par Schlesinger (1831).

Pour Hegel, la guerre est un phénomène qui est profondément enraciné dans la nature humaine et la dynamique de l'histoire. Elle est le résultat de la dialectique historique et de l'interaction de la thèse et de l'antithèse, où la guerre agit comme un agent de changement et de progression dans l'histoire. Hegel considère la guerre comme un moment de la manifestation de la volonté nationale. Selon lui, c'est un moment où la conscience nationale se renforce et se cristallise. La guerre peut être vue comme une expression de la volonté libre et subjective de la nation, c'est-à-dire comme une extension de la volonté de la nation d'affirmer et de préserver son existence. Cependant, la guerre, pour Hegel, n'est pas une fin en soi. Elle est plutôt une étape nécessaire et tragique de l'histoire humaine, qui finalement conduit à une plus grande conscience de soi et à la liberté. Ainsi, malgré le chaos et la destruction qu'elle engendre, la guerre est aussi un moyen de faire avancer l'histoire vers une réalisation plus complète de la liberté humaine.

Selon la philosophie hégélienne, la guerre a un rôle essentiel à jouer dans l'affirmation de la subjectivité des individus et dans l'évolution de l'histoire humaine. Hegel soutient que la guerre, aussi destructrice soit-elle, joue un rôle crucial dans la consolidation d'une communauté, car elle force les individus à unir leurs efforts pour survivre. Paradoxalement, la guerre peut aussi aider à forger une identité nationale ou collective plus forte, car elle crée un "autre" commun contre lequel une communauté doit se battre. Dans cette perspective, la guerre peut être perçue comme un facteur de cohésion sociale et politique. La guerre, en tant que confrontation de la volonté humaine, permet également aux individus de faire face à leur mortalité et de se définir en opposition à la mort. C'est en ce sens que Hegel prétend que la guerre est une affirmation de la subjectivité. Néanmoins, bien que Hegel voie un rôle pour la guerre dans le développement de l'histoire humaine, cela ne signifie pas qu'il la glorifie ou la promeut. Au contraire, pour Hegel, la guerre est une manifestation tragique des contradictions de l'histoire humaine, une contradiction qui peut finalement conduire à une plus grande réalisation de la liberté humaine.

René Girard, un philosophe et anthropologue français, a développé une théorie connue sous le nom de "théorie du bouc émissaire" pour expliquer la violence humaine. Selon Girard, les conflits sociaux surviennent en raison de la rivalité mimétique - un désir de posséder les mêmes choses que les autres, qui devient contagieux au sein d'une société. Au fur et à mesure que les tensions montent, la société cherche à restaurer l'ordre en se tournant contre un "bouc émissaire" - généralement une personne ou un groupe marginalisé. En se réunissant pour punir le bouc émissaire, la communauté est en mesure de canaliser sa violence et de rétablir un sentiment de cohésion sociale.

Girard a également appliqué sa théorie à la guerre, arguant que la guerre peut jouer le même rôle que le sacrifice du bouc émissaire dans la réconciliation des tensions sociales. Comme Hegel, Girard voit la guerre comme un moyen par lequel une communauté peut sublimer ses différences internes pour faire face à une menace extérieure commune. Néanmoins, la perspective de Girard, tout comme celle d'Hegel, ne constitue pas une justification de la guerre. Au contraire, elle offre une analyse de la façon dont la violence peut devenir un moyen d'instaurer l'ordre social, tout en mettant en évidence le coût humain tragique de cette dynamique.

Niccolò Machiavel (1469-1527) : Le réalisme politique et les stratégies de la guerre[modifier | modifier le wikicode]

Article détaillé : La Renaissance italienne.
Portrait posthume de Machiavel par Santi di Tito, au Palazzo Vecchio de Florence.

Niccolò Machiavel, un politicien et écrivain italien de la Renaissance, est connu pour son œuvre Le Prince, qui est souvent considérée comme un guide pragmatique pour le leadership politique. Il y dépeint l'exercice du pouvoir, non pas comme il devrait être selon des principes idéaux ou éthiques, mais comme il est réellement dans la pratique. Dans Le Prince, Machiavel soutient que les dirigeants doivent être prêts à agir immoralement si cela est nécessaire pour maintenir leur pouvoir et assurer la stabilité de leur État. Par exemple, il suggère que, bien qu'il soit préférable pour un prince d'être aimé et craint, s'il doit choisir entre les deux, il est plus sûr d'être craint. Concernant la guerre, Machiavel a une approche très réaliste. Il insiste sur le fait que les dirigeants doivent toujours se préparer à la guerre et être prêts à la mener si nécessaire. Pour lui, la guerre est un outil politique, nécessaire pour maintenir et élargir le pouvoir. Machiavel était aussi un fervent défenseur des milices de citoyens. Il croyait que les citoyens qui avaient un intérêt direct à la défense de leur patrie feraient de meilleurs soldats que les mercenaires ou les troupes levées à l'étranger. Cette idée se reflète dans son autre œuvre majeure, Discours sur la première décade de Tite-Live.

Machiavel est célèbre pour sa déclaration que "la fin justifie les moyens". Cela signifie qu'il croyait que les actions d'un leader peuvent être justifiées par les résultats qu'elles produisent, même si ces actions sont en elles-mêmes moralement répréhensibles. Machiavel croyait que la politique et la moralité étaient des domaines distincts. Dans la politique, il soutenait que le succès et la survie de l'État étaient les objectifs les plus importants. Par conséquent, un leader pourrait devoir prendre des décisions difficiles, voire immorales, pour atteindre ces objectifs. La guerre, par exemple, est considérée comme immorale par beaucoup, mais pour Machiavel, elle pourrait être justifiée si elle était nécessaire pour protéger l'État. En outre, Machiavel considérait l'art de la guerre comme une compétence essentielle pour un leader. Il soutenait qu'un prince qui néglige l'art de la guerre met en péril son royaume et sa propre sécurité. Selon lui, même en temps de paix, un leader.

L'adjectif "machiavélique" est souvent utilisé pour décrire une personne qui est prête à utiliser des moyens trompeurs ou immoraux pour atteindre ses objectifs. C'est une référence à l'idée de Machiavel que "la fin justifie les moyens". Cela signifie que, pour une personne machiavélique, l'objectif est plus important que les actions prises pour l'atteindre. Donc, peu importe si les actions sont trompeuses, malhonnêtes, voire cruelles, tant qu'elles permettent d'atteindre l'objectif. C'est une interprétation assez négative et simplifiée de la philosophie de Machiavel. Ses écrits étaient beaucoup plus complexes et nuancés, et il ne prônait pas nécessairement un comportement immoral en toutes circonstances. Cependant, c'est ainsi que son nom est souvent utilisé dans le langage courant.

Niccolò Machiavel, dans son œuvre "Le Prince", met l'accent sur l'importance de la guerre pour un dirigeant. Pour lui, le dirigeant idéal doit toujours être prêt pour la guerre, à la fois en termes de préparation physique et mentale. Machiavel ne glorifie pas la guerre en soi, mais considère que l'art de la guerre est une compétence nécessaire à tout bon dirigeant. Il affirme que l'un des rôles principaux d'un dirigeant est de protéger l'État et ses citoyens, ce qui peut nécessiter le recours à la guerre. Machiavel écrit dans un contexte historique où l'Italie était divisée en de nombreuses cités-états souvent en conflit. Par conséquent, la guerre était une réalité quotidienne et inévitable. Cependant, cela ne signifie pas qu'il valorise la guerre en tant que telle, mais plutôt qu'il reconnaît et analyse le rôle que la guerre joue dans la politique. Néanmoins, ces perspectives ont souvent été mal interprétées ou simplifiées au fil des siècles, conduisant à une perception de Machiavel comme un stratège sans scrupules prônant l'usage de la guerre à des fins personnelles ou politiques.

Antoine-Henri de Jomini (1779-1869) : La stratégie militaire et les principes de la guerre[modifier | modifier le wikicode]

Antoine-Henri Jomini est un général et théoricien militaire suisse qui a vécu de 1779 à 1869. Jomini a servi dans les armées de Napoléon et a ensuite rejoint l'armée russe. Il est surtout connu pour ses écrits sur la stratégie et la tactique militaires. Son œuvre la plus connue, "Précis de l'art de la guerre" (1838), est considérée comme l'un des textes fondateurs de la stratégie militaire moderne. Jomini y expose ses idées sur les principes fondamentaux de la guerre, parmi lesquels l'importance de la concentration des forces, de la rapidité d'action et de la liberté de manœuvre. Jomini a également identifié ce qu'il considérait comme étant les éléments clés d'une bonne stratégie militaire, à savoir : l'attaque de l'ennemi là où il est le plus faible, la concentration des forces sur un point décisif, la liberté de manœuvre et une chaîne de commandement claire et efficace. Les théories de Jomini ont influencé de nombreux stratèges militaires au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle, et son travail continue d'être étudié dans les académies militaires du monde entier.

Antoine-Henri Jomini est largement reconnu comme l'un des théoriciens les plus influents de la stratégie militaire. Dans son "Précis de l'art de la guerre", il définit la stratégie comme l'art de bien diriger la masse des forces armées, en les concentrant sur un point décisif. Pour Jomini, la stratégie consiste à déterminer quand, où et avec quelle force attaquer l'ennemi. C'est une question de planification et de préparation qui nécessite une connaissance approfondie de la géographie, de la logistique et des ressources disponibles. Jomini a identifié plusieurs principes de base pour la conduite efficace de la guerre, parmi lesquels la concentration des forces sur un point décisif, la rapidité d'action, et l'économie de forces. Il a aussi introduit la notion de "ligne d'opérations", qui est le chemin le plus direct et le plus sûr entre une armée et sa base de ravitaillement, et a souligné l'importance de la logistique dans la réussite des opérations militaires.

Les éléments ci-dessous font tous partie de l'art de la guerre au sens le plus large. Ils reflètent plusieurs aspects cruciaux de la stratégie et de la tactique militaires.

  1. Le positionnement des troupes : où et comment les forces sont déployées sur le terrain peut avoir un impact significatif sur le succès d'une campagne militaire. Les commandants doivent prendre en compte le terrain, les routes de communication et de ravitaillement, et la position de l'ennemi.
  2. L'analyse in situ des forces en présence : comprendre les forces et faiblesses de ses propres troupes et de celles de l'ennemi est crucial pour planifier une stratégie efficace.
  3. Les modalités de l'attaque des points faibles : identifier et exploiter les faiblesses de l'ennemi est une partie fondamentale de la stratégie militaire.
  4. Les conditions tactiques de la poursuite de l'ennemi : après une victoire, il peut être avantageux de poursuivre l'ennemi pour maximiser le désordre et minimiser leur capacité à se regrouper et à contre-attaquer.
  5. Les conditions de la maîtrise du mouvement : contrôler les mouvements de ses propres troupes et, dans la mesure du possible, ceux de l'ennemi, est un autre aspect clé de la stratégie militaire.
  6. L'intégration du concept de mobilité et de surprise : la capacité à se déplacer rapidement et à surprendre l'ennemi peut souvent être un facteur décisif dans la guerre.
  7. La ruse, comme les fausses attaques, l'apparence de décrochements et les contre-attaques : utiliser la tromperie pour désorienter et déstabiliser l'ennemi peut également être une tactique efficace.

Tous ces aspects sont essentiels pour comprendre et mener efficacement une campagne militaire.

Les idées de Jomini sur la stratégie militaire ont été formulées dans le contexte des guerres napoléoniennes, et qu'elles ont été influencées par l'observation des campagnes de Napoléon. Elles continuent d'être étudiées et appliquées dans les théories militaires contemporaines.

Carl von Clausewitz (1780-1831) : La nature politique de la guerre et la trinité de la violence[modifier | modifier le wikicode]

Carl von Clausewitz, dans son célèbre ouvrage "De la guerre", soutient que "la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens". Pour lui, la guerre n'est jamais une fin en soi, mais un outil que les États utilisent pour réaliser des objectifs politiques. C'est un moyen de contraindre l'ennemi à accepter la volonté de l'État.

La question des "guerres sans fin", telle que celle menée par les États-Unis en Afghanistan pendant deux décennies, est souvent vue comme un signe d'échec à définir et à réaliser des objectifs politiques clairs. Cela peut être dû à plusieurs facteurs, tels que des objectifs politiques changeants, des objectifs trop ambitieux ou mal définis, ou encore des obstacles imprévus à la réalisation de ces objectifs. Il est aussi important de rappeler que la perspective de Clausewitz sur la guerre est essentiellement celle de conflits interétatiques conventionnels. De nombreux conflits modernes impliquent des acteurs non étatiques, tels que des groupes terroristes ou des milices, et peuvent être influencés par des facteurs tels que les divisions ethniques ou religieuses, qui ne rentrent pas facilement dans le cadre de la guerre comme politique par d'autres moyens. Ces guerres peuvent sembler "sans fin" parce qu'elles ne sont pas menées de manière à réaliser des objectifs politiques clairs, mais sont plutôt le résultat de profondes divisions sociales, d'inégalités, de pauvreté, et d'autres facteurs structurels.

Le système westphalien, mis en place par les traités de Westphalie en 1648, est basé sur le principe de la souveraineté des États-nations. Dans ce système, la guerre est traditionnellement considérée comme un moyen de résoudre les conflits entre États en vue de restaurer la paix. Quand on parle de "guerre sans fin", cela désigne généralement des conflits qui ne semblent pas se diriger vers une résolution pacifique. Cela peut être dû à une multitude de raisons, comme des objectifs politiques mal définis, l'absence d'un ennemi clairement défini (comme dans le cas de la "guerre contre le terrorisme"), des obstacles imprévus à la paix, ou des conflits qui échappent au contrôle des États. L'idée que "le temps de la guerre est un temps d'inversion pour revenir vers la paix" reflète la croyance que la guerre est un état temporaire et exceptionnel, et que l'objectif final doit toujours être la restauration de la paix. Cela souligne l'importance de l'engagement diplomatique, des négociations et des compromis pour résoudre les conflits.

Carl von Clausewitz.

Dans l’esprit de la guerre westphalienne, la guerre est subordonnée au politique. La fameuse citation de Clausewitz "la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens" insiste sur le fait que la guerre est un outil utilisé par les États pour atteindre leurs objectifs politiques. Il considérait la guerre comme une action rationnelle, dirigée et contrôlée par l'État, visant à atteindre des objectifs politiques déterminés. Cependant, dans le contexte actuel, l'idée que la guerre est menée sous le contrôle et à l'instigation de l'État est parfois mise en doute. En effet, avec l'émergence de groupes non étatiques, de conflits asymétriques, de terrorisme transnational et de cyberattaques, la guerre ne se limite plus aux seuls États. Dans ces cas, la fin des hostilités peut être plus difficile à atteindre, car les acteurs impliqués peuvent ne pas avoir des objectifs politiques clairs ou partagés qui pourraient être résolus par la négociation ou la diplomatie. De plus, l'absence de structures étatiques ou institutionnelles stables dans certaines régions peut entraver la conclusion de la guerre. Dans de tels contextes, la guerre peut devenir un état perpétuel, avec des niveaux fluctuants de violence, plutôt qu'une "parenthèse" temporaire.

Les conflits dans des régions comme le Darfour ont souvent débouché sur une forme de privatisation de la guerre, où le rôle traditionnel de l'État dans la conduite de la guerre est remplacé ou complété par une multitude d'acteurs non étatiques. Cela peut inclure des milices locales, des groupes rebelles, des sociétés militaires privées et même des acteurs internationaux. L'une des conséquences de cette évolution est la fragmentation de l'autorité et de la souveraineté. Au lieu d'un État central qui contrôle l'ensemble du territoire et exerce un monopole de la violence légitime, il y a une multitude d'acteurs qui contrôlent différentes parties du territoire et qui mènent des actions de violence indépendamment les uns des autres. Cela complique énormément les efforts pour mettre fin à la guerre et instaurer une paix durable. Il est difficile de parvenir à un accord de paix lorsque de nombreux acteurs ont des revendications contradictoires et où il n'y a pas d'autorité centrale pour imposer ou garantir l'accord. De plus, la privatisation de la guerre peut entraîner des niveaux élevés de violence, en particulier à l'encontre des civils, car les acteurs non étatiques peuvent ne pas respecter les lois de la guerre de la même manière que les États. Dans ce contexte, les approches traditionnelles de la résolution des conflits peuvent ne pas être suffisantes. Il peut être nécessaire d'adopter des approches plus complexes et nuancées, qui tiennent compte de la multitude d'acteurs impliqués et de leurs intérêts et motivations divergents. Cela peut inclure des efforts pour renforcer la gouvernance locale, promouvoir la réconciliation communautaire et garantir la responsabilité pour les violations des droits de l'homme.

L'idée de Clausewitz que "la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens" signifie que la guerre est fondamentalement un outil politique. Elle est utilisée pour atteindre des objectifs politiques que les méthodes diplomatiques n'ont pas réussi à réaliser. Par conséquent, la fin de la guerre implique le retour à des moyens politiques pour résoudre des conflits. Cette perspective souligne l'importance de la gouvernance politique dans la gestion des conflits et dans la transition de la guerre à la paix. Si la politique ne peut pas reprendre le dessus, le conflit peut s'éterniser et la guerre peut devenir un état permanent. Cela peut se produire dans les États dits "faillis", où les institutions politiques sont trop faibles pour imposer l'ordre et résoudre les conflits de manière pacifique. Cela peut également se produire dans des situations où les parties au conflit ont perdu confiance dans les mécanismes politiques et ne croient plus en la possibilité d'une résolution pacifique. La guerre continue ainsi jusqu'à ce qu'une solution politique soit trouvée - que ce soit par des négociations de paix, une médiation internationale, ou la mise en place de nouvelles structures politiques. Dans ce sens, Clausewitz souligne l'importance cruciale de la politique dans la résolution des conflits et le retour à la paix.

Clausewitz souligne l'importance primordiale de maintenir le contrôle politique sur l'action militaire. Pour lui, la guerre est un outil que le politique peut et doit utiliser pour atteindre ses objectifs. C'est le politique qui donne à la guerre son but et sa raison d'être, et qui détermine donc quand elle commence, quand elle se termine, et comment elle est menée. Quand la guerre échappe au contrôle du politique, les conséquences peuvent être catastrophiques. Nous risquons de sombrer dans un état de conflit perpétuel, où la violence et le chaos règnent, et où la logique de la guerre remplace la logique de la politique. Ce genre de situation est souvent observé dans les zones de conflit prolongé, où les institutions politiques sont affaiblies ou absentes, et où la guerre devient une façon de vivre plutôt qu'un moyen d'atteindre des objectifs politiques spécifiques. C'est pourquoi il est si crucial que le politique conserve son ascendant sur la guerre. Sans un contrôle politique efficace, la guerre peut devenir autonome et incontrôlable, avec des conséquences dévastatrices pour la société et l'humanité.

C'est une perspective intéressante et parfois paradoxale. Dans certaines situations, la guerre peut servir d'outil de négociation. Lorsque le dialogue politique échoue ou est bloqué, la guerre peut créer une nouvelle dynamique et forcer les parties à reconsidérer leurs positions. Par exemple, une partie peut utiliser la menace ou l'emploi de la force pour augmenter sa position de négociation et pousser ses adversaires à faire des concessions. En outre, la guerre peut parfois exposer des vérités difficiles et révéler des problèmes profondément enracinés qui doivent être résolus pour parvenir à une paix durable. Les conflits peuvent mettre en lumière les inégalités, les abus de pouvoir et les injustices qui ont été ignorés ou cachés, ouvrant ainsi la voie à leur résolution dans le cadre d'un processus de paix.

Maurice Davie (1893-1964) : Les transformations contemporaines de la guerre et les nouveaux défis[modifier | modifier le wikicode]

Maurice R. Davie est un sociologue reconnu pour ses travaux sur la guerre et le conflit dans les sociétés humaines. Dans son article "The Evolution of War" de 1930, Davie s'intéresse à l'origine de la guerre dans les sociétés primitives.

Il identifie plusieurs causes pour lesquelles ces sociétés pourraient entrer en guerre :

  1. La concurrence vitale pour la survie du groupe : Dans un environnement où les ressources sont limitées, les groupes peuvent entrer en conflit pour la nourriture, l'eau, le territoire et d'autres ressources vitales. Ces guerres étaient souvent une question de survie, avec le groupe gagnant garantissant son accès à ces ressources.
  2. Les différends religieux : Les croyances religieuses étaient souvent profondément ancrées dans les sociétés primitives, et tout conflit d'interprétations ou de croyances pourrait entraîner la guerre. De plus, dans certaines cultures, il y avait la croyance que la victoire dans la guerre était une preuve du favoritisme divin, ce qui pouvait encourager davantage le conflit.
  3. La vengeance de sang : Dans de nombreuses cultures primitives, une offense contre un membre du groupe était souvent vengée par le meurtre ou la guerre. Ce cycle de vengeance pourrait entraîner une série de conflits qui se perpétuent au fil du temps.
  4. La gloire : Dans certaines sociétés, la gloire et l'honneur gagnés par le combat étaient très appréciés. Les guerriers pourraient chercher la guerre dans le but de gagner un statut social plus élevé et un prestige.

Bien que ces facteurs aient pu jouer un rôle dans les sociétés primitives, ils sont également présents dans de nombreux conflits contemporains.

Marvin Harris (1927-2001) : Approches anthropologiques de la guerre et ses motivations socioculturelles[modifier | modifier le wikicode]

Marvin Harris.

Marvin Harris (1927-2001) était un anthropologue américain et une figure de proue dans le développement du matérialisme culturel, un cadre théorique qui explique les pratiques culturelles en termes de problèmes pratiques de l'existence humaine, tels que la production de nourriture et d'autres biens matériels, plutôt qu'en termes d'idées ou de valeurs abstraites.

Harris est bien connu pour son travail d'explication des phénomènes sociaux à l'aide d'une approche matérialiste. Il a soutenu que les caractéristiques sociétales telles que la structure sociale, la culture et même les croyances religieuses sont largement façonnées par des considérations pratiques, en particulier celles liées à la subsistance et à l'économie. Les ouvrages les plus connus de Harris comprennent "The Rise of Anthropological Theory" (1968), "Cannibals and Kings" (1977) et "Cows, Pigs, Wars and Witches : Les énigmes de la culture" (1974). Dans ces ouvrages et dans d'autres, il explore des sujets très variés - du statut sacré des vaches en Inde à la pratique du cannibalisme dans les sociétés préhistoriques - toujours dans le but de montrer comment des pratiques culturelles qui peuvent sembler étranges ou irrationnelles sont en fait des adaptations sensées aux conditions matérielles. Les travaux de Harris ont eu une grande influence et continuent d'être largement lus et débattus dans le domaine de l'anthropologie.

Marvin Harris a proposé dans son ouvrage de 1974, "Cows, Pigs, Wars and Witches: The Riddles of Culture", plusieurs théories concernant l'origine de la guerre dans les sociétés primitives.

  1. La guerre comme solidarité : Harris suggère que la guerre peut servir de moyen pour renforcer la solidarité et l'identité d'un groupe. Dans une situation de conflit, les individus d'un groupe peuvent se sentir plus unis, ce qui renforce la légitimité du groupe.
  2. La guerre comme jeu : Cette théorie propose que la guerre peut avoir une dimension ludique dans certaines sociétés primitives. En fait, dans de nombreuses cultures, les jeux de guerre ou les jeux qui imitent le combat sont courants. On peut penser à des activités sportives modernes qui peuvent être perçues comme une continuation de cette dimension "ludique" de la guerre.
  3. La guerre propre à la nature humaine : Cette théorie propose que la guerre est un aspect inévitable de la nature humaine. Elle suggère que les conflits et les affrontements font partie de la nature humaine et que la guerre est simplement une extension de cette nature.
  4. La guerre comme continuation de la politique : Cette théorie est similaire à celle proposée par Clausewitz, selon laquelle la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. Dans ce cas, la guerre est perçue comme un outil politique utilisé pour atteindre des objectifs politiques.

Il est important de noter que ces théories ne sont pas mutuellement exclusives et qu'elles peuvent toutes jouer un rôle dans l'origine de la guerre dans les sociétés primitives.

La guerre et la paix : un objet juridique et de gouvernance internationale[modifier | modifier le wikicode]

Le droit de la guerre ou droit de La Haye[modifier | modifier le wikicode]

Le traité de Westphalie, signé en 1648, a marqué la fin de la guerre de Trente Ans en Europe. Il a également jeté les bases du système international moderne d'États souverains. Le traité a reconnu que chaque État avait le droit de gouverner son territoire sans ingérence extérieure, une idée qui est maintenant fondamentale dans le droit international.

Le "droit de la Haye" fait référence à une série de conventions internationales qui ont été négociées à La Haye, aux Pays-Bas, à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Ces conventions ont établi des règles pour la conduite de la guerre, notamment le traitement des prisonniers de guerre et la protection des civils. Elles constituent une partie importante du droit international humanitaire.

L'attaque de Pearl Harbor par le Japon en décembre 1941 a été considérée comme une rupture flagrante des règles de la guerre, car elle a été lancée sans déclaration de guerre préalable. Cette attaque a conduit à l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Par la suite, lors des procès de Tokyo (équivalent des procès de Nuremberg, mais pour la zone du Pacifique), plusieurs dirigeants et militaires japonais ont été condamnés pour des crimes de guerre commis pendant la guerre, y compris l'attaque sur Pearl Harbor.

Le droit international humanitaire (DIH), souvent appelé droit de la guerre, établit des règles spécifiques à respecter en temps de guerre. Il définit ce qui est permis et ce qui est interdit lors d'un conflit armé, quel que soit le motif du conflit. Voici quelques-unes des principales obligations :

  • Distinction : les parties à un conflit doivent toujours faire la distinction entre les combattants et les civils. Les attaques ne peuvent être dirigées que contre les combattants et les objectifs militaires, jamais contre les civils ou les biens de caractère civil.
  • Proportionnalité : même lors d'une attaque légitime contre une cible militaire, il est interdit de lancer une attaque qui pourrait causer des pertes civiles excessives par rapport à l'avantage militaire concret et direct attendu.
  • Précaution : toutes les précautions possibles doivent être prises pour éviter ou minimiser les pertes civiles lors d'une attaque contre une cible militaire.

Le DIH offre également une protection spéciale aux personnes qui ne participent pas ou ne participent plus aux hostilités, comme les prisonniers de guerre et les blessés. Ils ont le droit d'être traités humainement, sans discrimination. Il est important de noter que le DIH s'applique à toutes les parties à un conflit, quel que soit le motif du conflit ou qui est considéré comme "juste" ou "injuste".

Le droit international humanitaire (DIH) définit des limites à la conduite de la guerre et prévoit des sanctions pour ceux qui enfreignent ces règles. Par exemple, le DIH interdit explicitement l'utilisation d'armes chimiques ou biologiques, l'utilisation de balles qui s'épanouissent ou se déforment facilement dans le corps humain, et toute attaque qui causerait des dommages excessifs aux civils ou à l'environnement naturel. De plus, les pays qui violent ces règles peuvent être tenus pour responsables de leurs actions. Cela peut impliquer des sanctions économiques, des restrictions diplomatiques ou même des poursuites judiciaires. Les individus peuvent également être tenus pour responsables de leurs actions lors d'un conflit armé et peuvent être poursuivis pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou génocide. Le Conseil de sécurité des Nations Unies joue un rôle important dans l'application du DIH. Il a la capacité d'imposer des sanctions, de recommander des actions militaires et de renvoyer des cas à la Cour pénale internationale pour enquête et poursuite.

Le droit international humanitaire ou droit de Genève[modifier | modifier le wikicode]

Le droit international humanitaire (DIH), souvent appelé droit de Genève, vise principalement à protéger les personnes qui ne participent pas ou ne participent plus aux hostilités, y compris les civils, les blessés, les malades et les prisonniers de guerre. Ce droit vise également à restreindre l'usage de certaines méthodes et moyens de guerre. Il est principalement issu des Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels, qui ont posé les règles pour la protection des non-combattants en temps de guerre. Par exemple, les Conventions de Genève établissent les règles pour le traitement des prisonniers de guerre, interdisent l'usage de torture, et protègent les civils en cas d'occupation militaire. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) joue un rôle essentiel dans la promotion et l'application du DIH. C'est en partie grâce à l'initiative de cette organisation que le DIH existe aujourd'hui.

Les distinctions entre civils et combattants, ainsi qu'entre combattants et prisonniers de guerre, sont des éléments clés du droit international humanitaire. Ces distinctions sont essentielles pour protéger les personnes qui ne participent pas (ou plus) directement aux hostilités.

  • Les combattants sont les membres des forces armées d'une partie à un conflit qui participent directement aux hostilités. Les combattants ont le droit de participer directement aux hostilités, ce qui signifie qu'ils ne peuvent être poursuivis pour avoir participé aux combats. Cependant, ils sont également des cibles légitimes pour l'autre partie.
  • Les civils sont les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités. Ils sont protégés contre les attaques, à moins et jusqu'à ce qu'ils participent directement aux hostilités.
  • Les prisonniers de guerre sont des combattants qui ont été capturés par l'ennemi. Ils ont droit à un certain nombre de protections en vertu de la troisième Convention de Genève, y compris le droit de ne pas être torturés, le droit de correspondre avec leur famille, et le droit de ne pas être poursuivis pour avoir participé légitimement aux hostilités.

Le respect de ces distinctions est essentiel pour réduire les souffrances inutiles en temps de guerre.

En théorie, la sortie de guerre est souvent déterminée par un traité de paix ou un accord de cessez-le-feu, mais il n'y a pas de cadre juridique international précis qui régit comment un conflit devrait se terminer. La notion de "jus post bellum", ou droit après la guerre, est un concept émergent en droit international qui cherche à établir des principes éthiques et juridiques pour la transition de la guerre à la paix. Il comprend des questions telles que la responsabilité de reconstruire après un conflit, le jugement et la punition des crimes de guerre, et le rétablissement des droits de l'homme et de l'État de droit. L'idée est d'assurer une transition juste et durable vers la paix, tout en tenant compte des droits des victimes et des besoins des sociétés post-conflit. Cependant, en 2023, il n'y a pas encore de consensus international sur ce que devrait être le "jus post bellum", et il reste un domaine actif de recherche et de débat.

Il y a deux concepts fondamentaux qui sous-tendent l'ensemble de la gouvernance de la sécurité internationale et du droit international.

L'universalité suggère que certaines normes et principes sont applicables à tous, indépendamment de la culture, de la religion, de l'ethnie, de la nationalité, etc. Cela est particulièrement pertinent pour les droits de l'homme, qui sont considérés comme universels et inaliénables.

L'idée d'humanité signifie que tous les êtres humains appartiennent à une communauté globale et partagent une certaine dignité et des droits fondamentaux. Cela signifie également que certains actes sont si graves et inhumains qu'ils constituent une attaque contre la communauté humaine dans son ensemble. Ces actes peuvent inclure le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, et la torture.

Ces concepts fournissent une base pour le droit international humanitaire, qui protège les individus en temps de guerre, et le droit pénal international, qui permet la poursuite et la condamnation des individus responsables de graves violations de ces normes.

Après la Première Guerre mondiale, la Société des Nations a été créée dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales en favorisant le dialogue et la coopération entre les nations. Cependant, l'incapacité de la Société des Nations à prévenir la Seconde Guerre mondiale a conduit à sa dissolution et à la création de l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945. L'ONU, avec son Conseil de sécurité, est devenue l'institution principale pour la résolution des conflits et la promotion de la paix à l'échelle internationale. Le Conseil de sécurité est chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales, et a la capacité de prendre des décisions juridiquement contraignantes. Les concepts de peacekeeping (maintien de la paix) et de peacemaking (consolidation de la paix) ont également été introduits. Les opérations de maintien de la paix de l'ONU impliquent le déploiement de troupes, d'observateurs militaires ou de policiers civils pour aider à maintenir la paix et la sécurité dans les zones de conflit. Le peacemaking, d'autre part, vise à résoudre les conflits par la médiation, la négociation et d'autres moyens pacifiques. Ces initiatives et institutions, bien que parfois critiquées pour leur inefficacité ou leur manque de pouvoir coercitif, représentent des efforts importants pour promouvoir l'universalité et l'humanité dans le système international.

Les guerres des partisans : une nouvelle réalité[modifier | modifier le wikicode]

Ce type de guerre est souvent une réponse à une force militaire supérieure, où les forces conventionnelles ne pourraient pas s'opposer efficacement à l'ennemi. Les partisans ont souvent l'avantage du terrain et de la connaissance locale, ce qui leur permet de se déplacer et de se cacher efficacement. Cependant, leurs actions peuvent aussi mener à des représailles sévères contre les populations civiles par les forces qu'ils combattent. La guerre de partisans est caractérisée par des tactiques de guérilla qui reposent sur une connaissance profonde du terrain, sur la mobilité, la surprise et l'initiative. Par rapport aux forces conventionnelles, les partisans ne se battent pas dans le but de tenir des positions ou de contrôler des territoires, mais plutôt de désorganiser, de harceler et d'affaiblir l'ennemi.

Les tactiques utilisées en guerre de partisans peuvent inclure :

  1. Les attaques en rafale : Les partisans lancent des attaques rapides et soudaines contre l'ennemi, souvent depuis des positions cachées, puis se retirent rapidement avant que l'ennemi ne puisse réagir efficacement.
  2. Les embuscades : Les partisans peuvent tendre des pièges à l'ennemi, utilisant le terrain et la surprise pour infliger des pertes maximales.
  3. Le sabotage : Les partisans peuvent cibler les infrastructures de l'ennemi, comme les lignes de communication, les dépôts de munitions, les voies de transport, etc., pour perturber ses opérations.
  4. La collecte de renseignements : Les partisans peuvent recueillir des informations sur les mouvements et les intentions de l'ennemi et les transmettre à des alliés.

Ces tactiques, combinées à l'avantage que les partisans ont souvent en matière de soutien local et de connaissance du terrain, peuvent leur permettre de mener une guerre efficace contre une force ennemie plus grande et mieux équipée.

Des exemples notables de guerres de partisans incluent la résistance française contre l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, la guérilla vietnamienne pendant la guerre du Vietnam, ou encore les mouvements de résistance en Afghanistan contre les occupations soviétiques puis américaines. La guerre de partisans est généralement caractérisée par son asymétrie, c'est-à-dire le fait que les forces en présence ne sont pas équivalentes en termes de capacités militaires. Cela oblige les partisans à recourir à des tactiques non conventionnelles pour compenser leur infériorité numérique ou technologique.

La guerre de partisans a transformé la nature du conflit armé, déplaçant le centre d'intérêt de l'État vers l'individu ou des groupes non étatiques. Cela représente un changement majeur dans la façon dont la guerre est conceptualisée et menée. Dans les conflits traditionnels, la guerre était souvent comprise comme un affrontement entre États, avec des armées régulières menées par des commandants en chef, se battant sur des champs de bataille bien définis. Cela s'est transformé avec l'émergence de la guerre de partisans, où de petits groupes ou des individus, souvent sans commandement centralisé, mènent des attaques irrégulières et dispersées. Cela a conduit à des changements importants dans les stratégies militaires, nécessitant une réflexion plus centrée sur la façon de traiter des cibles non étatiques et souvent mobiles, ainsi que sur la manière de gérer les populations locales et le territoire. Cela a également soulevé des questions sur les règles et les normes qui régissent la conduite en temps de guerre, car les conflits de partisans ne s'inscrivent souvent pas facilement dans le cadre du droit de la guerre traditionnel. En outre, l'apparition de la guerre de partisans a également modifié la nature du pouvoir et de la politique en temps de guerre. Les partisans peuvent souvent mobiliser le soutien local d'une manière que les forces armées régulières ne peuvent pas, leur permettant d'exercer une influence politique importante, même s'ils ne contrôlent pas un territoire ou un État de manière formelle.

Une nouveauté : la guerre du partisan[modifier | modifier le wikicode]

Le terme "partisan" est souvent utilisé pour décrire une personne qui choisit de prendre les armes et de combattre pour une cause spécifique, en dehors de la structure d'une armée régulière ou officielle.

Dans le contexte d'une guerre ou d'un conflit, les partisans sont généralement associés à des groupes de résistance ou à des mouvements de guérilla. Ils sont souvent motivés par des convictions idéologiques, politiques, religieuses ou nationalistes, et ils peuvent choisir de combattre pour diverses raisons, qu'il s'agisse de la défense de leur communauté, de la résistance à une occupation étrangère, de la révolte contre un régime oppressif, ou de la promotion d'une cause spécifique.

Les partisans utilisent généralement des tactiques de guerre asymétrique, y compris la guérilla, le sabotage, l'espionnage, et d'autres formes de guerre non conventionnelle. Parce qu'ils ne font pas partie d'une armée régulière, ils ne sont généralement pas protégés par les mêmes conventions et lois qui régissent le comportement des soldats en temps de guerre, ce qui peut parfois conduire à des controverses sur leurs droits et leurs protections en vertu du droit international humanitaire.

Aymon de Gingins-La-Sarraz (1823 - 1893) : pionnier de la guerre des partisans[modifier | modifier le wikicode]

Charles-Jules Guiguer de Prangins, plus connu sous le pseudonyme de Gingins-La Sarraz, était un officier suisse qui a beaucoup contribué à l'élaboration de la stratégie défensive de la Suisse au 19e siècle.

Dans son ouvrage "La guerre défensive en Suisse", Gingins-La Sarraz a mis en avant l'idée que la Suisse, en raison de sa situation géographique, de son relief montagneux et de sa politique de neutralité, devait se concentrer sur le développement d'une stratégie de défense solide plutôt que sur la projection de la force militaire à l'extérieur de ses frontières. Cette approche, selon lui, assurerait le maintien de la neutralité suisse face aux ambitions expansionnistes des grandes puissances européennes de l'époque.

Une partie centrale de cette stratégie de défense était l'idée de former et de mobiliser des partisans en cas d'agression étrangère. Ces partisans, qui seraient des citoyens ordinaires formés au combat et à la survie, constitueraient une force de résistance capable de harceler et de perturber les forces d'invasion, rendant ainsi l'occupation de la Suisse trop coûteuse et difficile pour être réalisable. Cette stratégie s'appuie sur l'idée que la défense de la Suisse ne repose pas seulement sur son armée régulière, mais aussi sur sa population dans son ensemble, ce qui reflète les principes de démocratie directe et de milice qui sont au cœur de la politique suisse.

Gingins-La Sarraz a suggéré le principe suivant pour la défense de la Suisse. En plus de l'armée régulière, le recours aux partisans – des citoyens formés aux tactiques de la guérilla et capables de mobilisation rapide – permettrait de renforcer les capacités défensives du pays. Ces partisans pourraient combler les lacunes des forces régulières en nombre et en flexibilité. Dans une situation de guerre, ils pourraient harceler l'ennemi, perturber ses lignes de communication et d'approvisionnement, et mener des attaques de guérilla qui rendraient toute occupation étrangère difficile et coûteuse. De plus, ces partisans, en étant intégrés dans la population, rendraient la distinction entre civils et combattants difficile pour l'ennemi, ajoutant une autre couche de complexité à toute tentative d'invasion. C'est une stratégie qui reflète le pragmatisme suisse et l'importance qu'il accorde à la neutralité et à la sécurité nationale.

La guerre partisane est souvent une stratégie de résistance face à une occupation ou une invasion étrangère. Les groupes irréguliers, ou partisans, sont typiquement des civils qui ont pris les armes pour résister à une force extérieure. Ils utilisent souvent des tactiques de guérilla, y compris le sabotage, les embuscades, les raids et les attaques-surprise, qui peuvent être extrêmement efficaces contre une force d'invasion conventionnelle. Ces partisans sont souvent capables de se mobiliser rapidement et de se fondre dans la population civile après avoir mené une attaque, ce qui rend difficile pour l'ennemi de les cibler. De plus, leur connaissance locale du terrain et de la population peut être un avantage majeur dans la lutte contre une force d'invasion.

Carl Schmitt (1888 - 1985) : la théorisation de la guerre des partisans[modifier | modifier le wikicode]

Schmitt conseille le gouvernement von Papen (à gauche) et Schleicher (à droite) dans la question constitutionnelle.

Carl Schmitt (1888-1985) était un juriste et philosophe politique allemand, largement connu pour sa contribution à la théorie politique et juridique. Cependant, il est une figure controversée en raison de son affiliation avec le parti nazi pendant les années 1930. Schmitt a adhéré au parti nazi en 1933 et a servi à plusieurs postes de haut niveau sous le régime nazi, notamment en tant que conseiller juridique au ministère des Affaires étrangères. Schmitt est notamment connu pour son travail sur le concept de "l'ennemi politique", qu'il définit comme toute entité ou groupe qui représente une menace existentielle pour un État ou une nation. Il a également développé la théorie de l'état d'exception, selon laquelle le souverain a le pouvoir de suspendre le droit en temps de crise. Malgré sa collaboration avec le régime nazi, les travaux de Schmitt ont continué à exercer une influence significative dans les études politiques et juridiques après la Seconde Guerre mondiale.

Dans son essai "La théorie du partisan" (1962), Carl Schmitt étudie les changements dans la nature de la guerre au fil du temps. Il affirme que la guerre moderne est en grande partie menée par des groupes irréguliers, ou des "partisans", plutôt que par des armées régulières. Selon Schmitt, ce changement a été illustré de manière frappante lors de la guerre d'indépendance espagnole (également connue sous le nom de guerre péninsulaire) contre l'occupation française par Napoléon au début du XIXe siècle. Les Espagnols ont utilisé des tactiques de guérilla pour résister à l'invasion française, démontrant l'efficacité de ce type de combat. Il considère que la guerre de partisans n'est pas simplement une tactique de résistance militaire, mais qu'elle représente aussi une forme de combat politique. Les partisans, selon lui, sont profondément ancrés dans leur territoire et leur population locale, et sont donc capables de mener une résistance prolongée contre un envahisseur. Schmitt prédit que cette forme de guerre deviendrait la norme dans le monde moderne. Il fait valoir que la guerre de partisans met en question l'idée de la souveraineté de l'État et remodèle la nature même de la guerre.

La théorie du partisan de Carl Schmitt est révolutionnaire en ce sens qu'elle déplace l'attention de la guerre interétatique vers une guerre irrégulière menée par des groupes non étatiques. Ces groupes, ou partisans, sont motivés par des idéologies fortes et sont capables d'opérer de manière indépendante de l'appareil d'État. Cette transformation des acteurs du conflit a d'importantes implications pour la façon dont les guerres sont menées et, ultimement, pour la nature de l'ordre politique international. Schmitt prévoyait que le conflit moderne serait principalement marqué par des combats irréguliers menés par des groupes partisans, une prédiction qui semble avoir été validée par l'évolution des conflits au XXIe siècle, avec la montée de groupes non étatiques tels que les mouvements terroristes et les milices. Le partisan, selon Schmitt, est défini par trois caractéristiques principales : sa mobilité (il peut se déplacer rapidement et opérer en dehors des structures traditionnelles), son intensité de combat (il est motivé par une idéologie ou une cause) et sa dépendance à l'égard de la population locale (pour l'appui et l'information). Ces traits font du partisan un acteur redoutable sur le champ de bataille moderne.

Le concept des guerres révolutionnaires[modifier | modifier le wikicode]

Les guerres révolutionnaires, ou guerres d'insurrection, font référence à des conflits dans lesquels une population se soulève contre une puissance dominante, souvent dans le but d'obtenir l'indépendance ou le changement de régime. Ces guerres se distinguent par le fait qu'elles impliquent généralement une large participation de la population civile, et sont souvent menées par des groupes armés non conventionnels ou des partisans.

La Seconde Guerre mondiale a vu l'émergence de divers mouvements de résistance qui ont combattu l'occupation nazie dans plusieurs pays européens. Ces résistances étaient généralement constituées de civils armés qui utilisaient des tactiques de guérilla pour perturber et affaiblir l'effort de guerre allemand. Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs mouvements de libération nationale ont adopté des tactiques similaires dans leur lutte contre le colonialisme. Par exemple, le Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie a mené une guerre d'insurrection contre le gouvernement colonial français qui a finalement abouti à l'indépendance de l'Algérie en 1962. De même, en Égypte, les nationalistes égyptiens ont combattu pour l'indépendance contre la domination britannique. Ces guerres révolutionnaires ont mis en évidence le rôle important que peuvent jouer les partisans et les groupes non conventionnels dans la conduite de la guerre moderne, un sujet qui a été largement exploré dans la théorie du partisan de Carl Schmitt.

Les guerres de partisans, également connues sous le nom de guerres de guérilla ou de guerres asymétriques, présentent un certain nombre de caractéristiques distinctives.

  • Pas d'uniforme : Les partisans sont souvent des civils et n'ont pas d'uniforme officiel. Cela leur permet de se fondre dans la population civile, rendant difficile pour l'ennemi de distinguer les combattants des non-combattants.
  • Idéologie forte : Les partisans sont généralement motivés par une idéologie ou une cause forte, comme la libération nationale, l'opposition à l'oppression ou le renversement d'un gouvernement.
  • Guerre asymétrique : Contrairement aux conflits traditionnels, les partisans n'ont souvent pas accès aux mêmes ressources militaires que leurs adversaires. Ils sont généralement moins nombreux, moins bien équipés et moins bien entraînés que les forces régulières. Cependant, ils utilisent cette asymétrie à leur avantage en recourant à des tactiques non conventionnelles.
  • Ruse et surprise : Les partisans dépendent fortement de l'effet de surprise. Ils mènent des raids, des embuscades et des attaques de guérilla, puis se retirent rapidement avant que les forces ennemies ne puissent riposter efficacement.
  • Mobilité extrême : Les partisans sont souvent très mobiles, capables de se déplacer rapidement et de frapper de manière imprévisible. Cela contraste avec les forces traditionnelles qui peuvent être plus lentes à se déplacer en raison de leur taille et de leur équipement.

Ces caractéristiques rendent la guerre de partisans distincte des formes plus traditionnelles de conflit, et présentent des défis uniques pour les forces conventionnelles qui tentent de les combattre.

La notion de "guerre révolutionnaire" est étroitement liée à la pensée de Mao Zedong, leader communiste chinois. Pour Mao, la révolution devait être menée par une combinaison d'action politique et militaire. Il a déclaré que "la révolution politique est l'acte principal; la révolution militaire est un acte secondaire". Cela signifie que la victoire ne peut être obtenue uniquement par des moyens militaires; un changement politique doit également se produire. Mao a également préconisé une stratégie de guérilla en tant que moyen de combattre un ennemi plus fort et mieux équipé. La guérilla, selon Mao, devait se fondre dans la population comme un "poisson dans l'eau", utilisant la population locale comme source de soutien et de recrutement. Il a prôné l'utilisation de la guérilla non seulement dans les zones rurales, mais aussi dans les zones urbaines.

Dans les années 1960 et 1970, certains groupes révolutionnaires ont tenté d'appliquer ces idées à leurs propres luttes. Cela a souvent impliqué la transition vers la guérilla urbaine, avec des combats se déroulant dans les rues des villes plutôt que dans les zones rurales. Un exemple notable de cela est la lutte menée par les Tupamaros en Uruguay. Un des exemples notoires de l'échec de la guerre de partisan a été la tentative d'Ernesto "Che" Guevara de susciter une révolution en Bolivie. Malgré son expérience de la guérilla à Cuba, Guevara a eu du mal à gagner le soutien de la population locale en Bolivie et à maintenir la cohésion de ses propres forces. Il a été capturé et exécuté par l'armée bolivienne en 1967.

Les guerres contemporaines : nouveaux enjeux et réalités[modifier | modifier le wikicode]

De nouvelles incidences[modifier | modifier le wikicode]

Les incidences actuelles des guerres modernes sur le système westphalien[modifier | modifier le wikicode]

La nature de la guerre a considérablement évolué depuis l'établissement du système westphalien au 17ème siècle. Ce système, nommé d'après les traités de Westphalie qui ont mis fin à la guerre de Trente Ans en Europe, était basé sur le concept de la souveraineté des États-nations et prévoyait que les conflits seraient principalement des guerres entre États. Cependant, la nature des conflits dans le monde contemporain a radicalement changé. Nous voyons de plus en plus de guerres civiles, de conflits ethniques et religieux, de terrorisme et de guerres de partisans. Ces conflits ne sont pas nécessairement limités à un seul État et peuvent impliquer une multitude d'acteurs non étatiques. De plus, avec l'augmentation de la mondialisation, ces conflits ont souvent des répercussions bien au-delà de leurs frontières géographiques immédiates.

Certains universitaires et théoriciens ont décrit cela comme un retour à un "état de nature" hobbesien, où l'ordre international est caractérisé par l'anarchie et la guerre perpétuelle. Cependant, il est important de noter que cette vision est contestée.

L'anarchie hobbesienne est un concept issu de la théorie politique de Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe siècle. Dans son ouvrage majeur, "Le Léviathan", Hobbes décrit l'état de nature comme un état de guerre de tous contre tous, où chaque individu est en constante lutte pour sa survie. Il a utilisé ce concept pour justifier le besoin d'un pouvoir central fort (le Léviathan) pour maintenir la paix et l'ordre. Dans le contexte des relations internationales, l'anarchie hobbesienne fait référence à un état de désordre mondial où chaque État agit en fonction de ses propres intérêts, sans considération pour les intérêts des autres. Il s'agit d'un monde sans institutions internationales efficaces pour réguler le comportement des États, où la guerre est un moyen courant de résolution des conflits. La montée des guerres non étatiques, du terrorisme international et de la guerre de partisans, associée à l'affaiblissement apparent de certaines institutions internationales, a conduit certains à suggérer que nous pourrions nous diriger vers une telle anarchie.

C'est une préoccupation majeure dans le contexte actuel des relations internationales. Alors que les conflits classiques interétatiques, régis par le droit de la guerre, diminuent, nous assistons à une augmentation des conflits non étatiques et asymétriques. Ces conflits impliquent souvent des acteurs non étatiques, comme des groupes terroristes ou des milices, et se déroulent souvent au sein des frontières d'un seul pays. Ces guerres ont tendance à être beaucoup plus destructrices pour les populations civiles, car elles sont souvent menées sans respect des lois et normes internationales qui sont conçues pour protéger les civils en temps de guerre. De plus, ces conflits peuvent souvent être plus difficiles à résoudre, car ils impliquent souvent des enjeux locaux complexes et sont moins susceptibles d'être influencés par la pression internationale. Ces tendances ont conduit à un renouvellement du débat sur la nécessité de réformer le système international pour mieux gérer ces types de conflits. Cela pourrait impliquer de repenser les normes et institutions existantes, de renforcer le droit international humanitaire, et de développer de nouvelles approches pour résoudre les conflits et promouvoir la paix.

L'état de guerre perpétuelle : une analyse critique[modifier | modifier le wikicode]

L'impact des conflits armés sur l'environnement est une préoccupation croissante. En effet, les guerres peuvent entraîner des destructions massives de l'environnement naturel, que ce soit par le biais de tactiques militaires délibérées ou simplement par les effets collatéraux des combats. Les exemples de cela incluent la déforestation, la pollution de l'eau et des sols, la destruction des habitats fauniques, et l'augmentation de l'émission de gaz à effet de serre. En outre, les conséquences environnementales des conflits peuvent également avoir des impacts sur la santé humaine, l'économie et la stabilité sociale, créant ainsi un cercle vicieux où la dégradation de l'environnement alimente d'autres conflits. Les Nations Unies et d'autres organisations internationales ont reconnu cette question comme un problème grave. Il y a un appel croissant à inclure la protection de l'environnement dans le droit international humanitaire et à tenir les parties au conflit responsables des dommages environnementaux causés pendant la guerre. Cependant, la mise en œuvre de telles mesures reste un défi majeur.

L'utilisation de l'environnement naturel comme "arme" dans les conflits est un sujet très préoccupant. L'écocide, ou la destruction délibérée de l'environnement pour des gains stratégiques ou tactiques, est une réalité dans certains conflits contemporains. Par exemple, l'incendie délibéré de puits de pétrole, la destruction de barrages pour provoquer des inondations, ou encore l'utilisation de produits chimiques toxiques peuvent avoir des conséquences désastreuses pour l'environnement. Ces actes d'écocide ne visent pas seulement à affaiblir l'ennemi en détruisant ses ressources, mais ils peuvent aussi avoir un impact à long terme sur les communautés locales en détruisant leurs moyens de subsistance et en rendant leurs habitats inhabitables.

La destruction des ressources naturelles ou économiques est une stratégie qui a été utilisée dans divers conflits à travers l'histoire. En éliminant les ressources d'un adversaire, on peut affaiblir sa capacité à se battre ou à survivre. Cela peut s'agir de détruire des infrastructures clés, comme des ponts ou des usines, de brûler des champs de culture pour priver l'ennemi de nourriture, ou d'empoisonner l'eau pour rendre une zone inhospitalière. Cependant, cette approche a des conséquences néfastes importantes. Elle peut causer de grandes souffrances à la population civile, qui est souvent la plus touchée par la destruction de ressources essentielles. De plus, elle peut causer des dommages environnementaux à long terme qui perdureront bien après la fin du conflit. C'est pourquoi le droit international humanitaire établit des règles pour protéger les ressources civiles en temps de guerre. Par exemple, la Convention de Genève interdit les attaques contre les objets indispensables à la survie de la population civile. Cela inclut la nourriture, les cultures, le bétail et l'eau potable. Les violations de ces règles peuvent être considérées comme des crimes de guerre.

La destruction de la culture de l'ennemi est également une triste réalité de certains conflits, un acte souvent connu sous le nom de "nettoyage culturel" ou de "génocide culturel". Il s'agit d'effacer l'identité culturelle de l'ennemi en ciblant des éléments tels que l'art, la littérature, les monuments, les lieux de culte, les pratiques religieuses et même les langues. En détruisant les symboles culturels et le patrimoine de l'ennemi, l'agresseur cherche non seulement à désorienter et à déshumaniser ses adversaires, mais aussi à effacer leur histoire et leur présence de la mémoire collective. Cette pratique est largement condamnée par la communauté internationale, et la destruction délibérée du patrimoine culturel est considérée comme un crime de guerre par la Cour pénale internationale. Par exemple, en 2016, la Cour pénale internationale a condamné Ahmad Al Faqi Al Mahdi pour la destruction de monuments historiques et religieux à Tombouctou, au Mali, en 2012. Cela dit, bien que ces lois existent, leur mise en œuvre et leur application restent un défi majeur, en particulier dans les zones de conflit actif.

Les guerres sans fin : conflits prolongés et leurs conséquences[modifier | modifier le wikicode]

La guerre relevait d’un exceptionnel et la paix d’une normalité ce qui nous amène à nous demander si la guerre en devient pas être une normalité et la paix ne devient pas quelque chose de l’ordre de l’extraordinaire. Dans certains contextes, notamment dans des régions qui ont connu des conflits prolongés, la guerre peut sembler être la norme et la paix l'exception. Cela peut être dû à une multitude de facteurs, notamment les conflits ethniques ou religieux enracinés, la compétition pour les ressources, la corruption politique, les divisions socio-économiques et l'ingérence étrangère. De plus, dans certains cas, les structures de pouvoir existantes peuvent être renforcées par le maintien du conflit, ce qui rend d'autant plus difficile la résolution de la guerre.

Les "guerres sans fin" peuvent conduire à la création de ce qu'on appelle des "économies de guerre". Ces économies sont souvent dominées par des activités illégales ou non réglementées, y compris le trafic de drogue, le trafic d'armes, le trafic d'êtres humains et d'autres formes de criminalité organisée. Ces activités peuvent fournir des revenus à ceux qui sont impliqués dans le conflit, leur permettant de continuer à se battre malgré les coûts humains et sociaux énormes. De plus, la situation de "guerre sans fin" peut entraîner une dégradation de l'État de droit et de la gouvernance, ce qui peut à son tour faciliter la poursuite de ces activités illégales. Cela rend la résolution de ces conflits particulièrement difficile, car les acteurs impliqués peuvent avoir des intérêts financiers à maintenir le statu quo. De plus ces conflits peuvent rendre la paix presque impossible à réaliser, car il peut être difficile de trouver des interlocuteurs légitimes avec lesquels négocier une fin au conflit.

L'exemple de l'Irak est représentatif de ces "guerres sans fin". Depuis l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, qui a conduit à la guerre du Golfe en 1991, l'Irak a connu une série de conflits et de périodes d'instabilité. Après la guerre du Golfe, l'Irak a été soumis à des sanctions internationales sévères et a connu une instabilité interne. Puis, en 2003, une coalition dirigée par les États-Unis a envahi l'Irak, renversant le régime de Saddam Hussein. Cependant, au lieu d'apporter la stabilité, l'invasion a créé un vide de pouvoir qui a conduit à une nouvelle vague de violence et d'instabilité, notamment une insurrection violente et l'émergence de groupes extrémistes comme l'État islamique. Même après la défaite de l'État islamique, l'Irak continue de faire face à des défis majeurs, notamment l'instabilité politique, la corruption, le sous-développement économique et les tensions communautaires. Ces problèmes, à leur tour, peuvent alimenter de nouveaux conflits. Dans ce contexte, la paix peut sembler être un objectif lointain et difficile à atteindre. Cependant, il est important de noter que la paix n'est pas simplement l'absence de guerre, mais nécessite également la construction d'institutions fortes, l'établissement de la justice, la promotion du développement économique et la réconciliation entre les différentes communautés. Ce sont des tâches difficiles qui nécessitent du temps, des ressources et un engagement soutenu de toutes les parties concernées.

Vers une nouvelle théorie politique de la guerre - Michael Walzer (1935 - )[modifier | modifier le wikicode]

Michael Walzer.

Michael Walzer est un politologue et philosophe américain bien connu pour ses travaux en philosophie politique et en éthique. Dans son livre "Just and Unjust Wars" (Guerres justes et injustes), il a exploré la question éthique de quand et comment il est justifiable d'aller à la guerre, et comment une guerre devrait être menée pour être considérée comme "juste". Michael Walzer est un des principaux théoriciens du paradigme légaliste. Contrairement à Hobbes, qui considérait l'état de nature comme un état de guerre et la paix comme le résultat d'un contrat social, Walzer s'appuie sur un ensemble de normes internationales et de principes moraux pour évaluer la justesse d'une guerre. Il reprend certains des concepts de Hobbes, comme l'idée que les états ont une responsabilité de protéger leurs citoyens, mais il va plus loin en affirmant que les états ont aussi une obligation de respecter les droits des citoyens des autres états, même en temps de guerre. Walzer insiste sur l'importance de principes tels que la distinction entre combattants et non-combattants, la proportionnalité de l'usage de la force, et la nécessité militaire. Selon lui, ces principes doivent être respectés pour qu'une guerre soit considérée comme juste, quels que soient les motifs pour lesquels elle a été déclenchée. Il s'agit là d'un cadre légaliste, car il repose sur un ensemble de règles et de normes qui doivent être respectées.

Walzer a adopté ce qu'il a appelé une approche "légaliste" ou "jus in bello" (droit en guerre), en s'appuyant sur des principes tels que le respect des droits des non-combattants, la proportionnalité de la force utilisée, la nécessité militaire et le fait que les forces armées doivent distinguer entre les combattants et les civils. Selon Walzer, une guerre n'est justifiée que si elle est menée en conformité avec ces principes. Il défend également le concept de "jus ad bellum" (droit à la guerre), qui examine la justesse de l'entrée en guerre. Selon ce concept, une guerre n'est justifiée que si elle est menée pour résister à l'agression, protéger les innocents, défendre les droits humains, etc. En outre, Walzer a également discuté de la notion de "guerre juste", une idée qui remonte à Saint Augustin et Thomas d'Aquin. Selon cette notion, une guerre est juste si elle est menée pour des raisons justes et de manière juste.

Michael Walzer, dans son ouvrage "Just and Unjust Wars", argue que même dans l'extrême situation de la guerre, des règles morales et éthiques s'appliquent. La guerre, pour lui, n'est pas un état d'anarchie morale. Au contraire, il soutient que le comportement en temps de guerre peut et doit être jugé à partir de standards moraux. En effet, il avance que même si la guerre est une situation d'exception, cela ne signifie pas qu'elle soit dépourvue de toute norme morale ou éthique. Une guerre juste est une guerre maitrisée, c’est une guerre de combattants légaux. Ainsi, il distingue entre une guerre juste, qui respecte certaines règles, et une guerre injuste, qui ne respecte pas ces règles. Pour lui, une guerre juste est une guerre où la cause est juste (par exemple, la défense contre une agression), où les combattants sont des acteurs légitimes (des soldats d'un État), où la force utilisée est proportionnelle et nécessaire, et où une distinction est faite entre les combattants et les non-combattants, ces derniers étant protégés des attaques. Il souligne que même si la guerre est une réalité violente et destructrice, il y a des limites à ce qui est permis en temps de guerre. Cela ne signifie pas qu'il y a quelque chose de fondamentalement moral dans le concept de guerre, mais plutôt que même en guerre, certaines actions peuvent être jugées immorales.

Michael Walzer s'efforce de comprendre comment les normes morales peuvent s'appliquer dans des situations de guerre, qui sont par nature violentes et destructrices. Sa préoccupation centrale est de déterminer si et comment certaines actions peuvent être jugées morales ou immorales en temps de guerre. Selon lui, même dans le contexte de la guerre, il existe des limites morales à ce qui est permis. Par exemple, il est généralement considéré comme immoral de cibler intentionnellement des non-combattants. De même, l'usage disproportionné de la force est également considéré comme immoral. Pour Walzer, la morale de la guerre ne réside pas dans le fait de faire la guerre en soi, mais plutôt dans la manière dont la guerre est menée. Autrement dit, ce ne sont pas les guerres elles-mêmes qui peuvent être morales ou immorales, mais les actions spécifiques prises au cours de ces guerres.

Michael Walzer soutient qu'il peut y avoir une moralité dans la guerre si celle-ci est menée de manière défensive contre une agression, respecte les principes de discrimination (c'est-à-dire ne cible pas délibérément les non-combattants) et de proportionnalité (c'est-à-dire utilise un niveau de force proportionné à la menace), et si elle est menée par des combattants qui respectent les lois de la guerre. Il affirme que même si la guerre est intrinsèquement destructrice et violente, elle peut être conduite d'une manière qui respecte certains principes moraux. Par exemple, le fait de ne pas utiliser d'armes de destruction massive, de ne pas cibler délibérément des civils et de ne pas recourir à la torture sont des comportements que Walzer considère comme moralement justifiés, même en temps de guerre. Cependant, Walzer ne considère pas ces comportements comme transformant la guerre en une entreprise morale en soi. Au contraire, il s'agit plutôt de limiter le mal que la guerre peut causer.

Le terrorisme représente un défi majeur à l'idée de la guerre juste et aux principes de moralité en temps de guerre. Par sa nature même, le terrorisme implique généralement des attaques non discriminatoires contre des civils innocents, dans le but d'engendrer la peur et de perturber la société. Ces tactiques contreviennent directement aux principes de discrimination et de proportionnalité qui sous-tendent la théorie de la guerre juste. L'utilisation délibérée de la violence contre des civils à des fins politiques est largement considérée comme immorale et inacceptable selon les normes internationales. En outre, le terrorisme est souvent perpétré par des acteurs non étatiques qui ne sont pas clairement identifiables comme des combattants, ce qui brouille les distinctions traditionnelles entre combattants et non-combattants et rend difficile l'application des lois de la guerre. La réponse au terrorisme pose également des défis éthiques et moraux. Par exemple, comment les gouvernements peuvent-ils protéger efficacement leurs citoyens contre le terrorisme tout en respectant les droits de l'homme et les principes de l'État de droit ? À quel point est-il acceptable de restreindre les libertés civiles dans le but de prévenir le terrorisme ? Ces questions n'ont pas de réponses faciles et représentent une zone de débat et de discorde continue dans les relations internationales et la théorie politique.

La théorie de Michael Walzer tente de répondre à la question de savoir quand il est moralement acceptable de faire la guerre et comment elle devrait être conduite d'une manière moralement acceptable. Il soutient que même dans un contexte aussi violent et complexe que la guerre, des règles morales et éthiques doivent être appliquées. Selon Walzer, il existe des cas où une guerre peut être justifiée, généralement en réponse à une agression non provoquée. De plus, il soutient que les combattants doivent se conformer à certaines règles de conduite en temps de guerre. Par exemple, il soutient que les attaques doivent être dirigées uniquement contre des cibles militaires légitimes, et non contre des civils. Dans ce contexte, le "paradigme légaliste" de Walzer est un appel à un retour de la politique dans la conduite de la guerre. Il argumente que les décisions sur la guerre et la paix doivent être prises sur la base de principes politiques et moraux, et non simplement en réponse à des impératifs stratégiques ou de sécurité. Ainsi, bien que la guerre puisse être amorale par nature, Walzer insiste sur le fait que nous pouvons et devons nous efforcer d'y imposer une certaine moralité. Selon Walzer, même si la guerre est une réalité terrifiante et dévastatrice, il est nécessaire d'appliquer des normes éthiques et politiques pour guider sa conduite. C'est ce qu'il entend par le "retour du politique" - un appel à prendre en compte des considérations morales et éthiques dans les décisions de guerre.

Philippe Delmas est un stratège et auteur français qui a écrit sur divers aspects de la guerre et de la politique internationale. Dans son livre "Le Bel Avenir de la Guerre", il suggère que la guerre est un aspect inévitable et même nécessaire de l'ordre mondial, et que l'idée d'un monde sans guerre est non seulement irréaliste, mais peut même être préjudiciable. Delmas conteste certaines des présomptions de base qui sous-tendent la théorie de la guerre juste et le paradigme légaliste en général. Il suggère que l'effort pour encadrer la guerre avec des règles et des réglementations strictes est une tentative futile et potentiellement contre-productive pour domestiquer une réalité brutale et chaotique. Selon Delmas, la guerre a une valeur politique intrinsèque et peut servir de catalyseur à des changements politiques, sociaux et économiques significatifs. En ce sens, il propose une vision beaucoup plus cynique et plus réaliste de la guerre que celle souvent associée à des penseurs comme Michael Walzer.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]