« Introduction : Pour une histoire politique et internationale de l’économie suisse à l’époque contemporaine » : différence entre les versions

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= Introduction : Pour une histoire politique et internationale de l'économie suisse à l'époque contemporaine =
| image =  
 
| faculté = [https://www.unige.ch/sciences-societe/ Sciences de la société]
== Une histoire sociopolitique de l'évolution de l'économie suisse au XIXe et XXe siècles en perspective internationale ==
| département = [https://www.unige.ch/sciences-societe/dehes/ Histoire, économie et société]
| professeurs = Christophe Farquet<ref>[https://www.unige.ch/sciences-societe/dehes/membres/ Profile sur le site de l'UNIGE]</ref><ref>[http://www.alphil.com/index.php/auteurs/farquet-christophe.html Christophe Farquet sur Édition Alphil]</ref>
| assistants = 
| enregistrement = [https://mediaserver.unige.ch/collection/AN3-24c7-2017-2018]
| cours = [[Histoire contemporaine de la Suisse]]
| lectures =
* [[Introduction : Pour une histoire politique et internationale de l’économie suisse à l’époque contemporaine]]
* [[Commerce international, proto-industrialisation et révolution industrielle: le développement de l’économie suisse jusqu’au milieu du XIXe siècle]]
* [[Le capitalisme suisse et la construction de l’État fédéral à partir de 1848]]
* [[La constitution d’une économie moderne à partir de la Grande Dépression du XIXe siècle jusqu’en 1914]]
* [[« Wie neutral war die Schweiz ? » Expansion du capitalisme suisse et relations internationales avant la Première Guerre mondiale]]
* [[Asservissement ou affirmation économique ? La Suisse et les puissances belligérantes pendant la Première Guerre mondiale]]
* [[La stabilisation libérale-conservatrice : Conflits sociaux, crise de reconversion et frénésie des affaires bancaire pendant les années 1920|La stabilisation libérale-conservatrice : Conflits sociaux, crise de reconversion et frénésie des affaires bancaire pendant les années 1920]]
* [[Le primat des intérêts financiers ? La Grande Dépression des années 1930 et la politique de la Confédération|Le primat des intérêts financiers ?  La Grande Dépression des années 1930 et la politique de la Confédération]]
* [[Les réalités de la neutralité : Politique étrangère et relations économiques extérieures durant l’entre-deux-guerres]]
* [[La Suisse à l’heure du rétablissement de l’ordre bourgeois, 1924-1931]]
* [[Adaptation ou résistance à l'Axe ? Commerce, finance et politique pendant la Seconde Guerre mondiale|Adaptation ou résistance à l'Axe? Commerce, finance et politique pendant la Seconde Guerre mondiale]]
}}
= Une histoire sociopolitique de l'évolution de l'économie suisse au XIXe et XXe siècles en perspective internationale =
base théorique / méthodologique, pas besoin de savoir pour l'examen.
base théorique / méthodologique, pas besoin de savoir pour l'examen.


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–      Interaction entre l’économie et les faits politiques et culturels
–      Interaction entre l’économie et les faits politiques et culturels


== 1.2. Perspective critique et réductionnisme économique ==
== Perspective critique et réductionnisme économique ==


=== 1.2.1. Contre un programme historique de réductionnisme économique ===
=== Contre un programme historique de réductionnisme économique ===


=== 1.2.2. Le poids du facteur économique sur la société helvétique ===
=== Le poids du facteur économique sur la société helvétique ===
–      Insertion dans les relations économiques internationales
–      Insertion dans les relations économiques internationales


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–      Non-participation aux deux guerres mondiales
–      Non-participation aux deux guerres mondiales


== 1.3. Questionnements et axes interprétatifs du cours ==
== Questionnements et axes interprétatifs du cours ==


=== 1.3.1. Développement du capitalisme suisse ===
=== Développement du capitalisme suisse ===
Il y a un '''modèle helvétique du capitalisme/industrialisation''' en suisse au XIXe. L'économie suisse avant les deux Guerres mondiales est très riche en comparaison internationale.  Ceci résulte de sa préciosité de son industrialisation au tout début du XIXe.
Il y a un '''modèle helvétique du capitalisme/industrialisation''' en suisse au XIXe. L'économie suisse avant les deux Guerres mondiales est très riche en comparaison internationale.  Ceci résulte de sa préciosité de son industrialisation au tout début du XIXe.


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'''La suisse à une croissance faible''' : Le taux de croissance du PIB 1890-2005 est faible en suisse 1.35% alors que la moyenne UE est de 1.8%. Trois objections possibles : qualité des statistiques, donnée qui échappe, convergence des économies (la croissance tend toujours à faiblir à la longue).
'''La suisse à une croissance faible''' : Le taux de croissance du PIB 1890-2005 est faible en suisse 1.35% alors que la moyenne UE est de 1.8%. Trois objections possibles : qualité des statistiques, donnée qui échappe, convergence des économies (la croissance tend toujours à faiblir à la longue).


=== 1.3.2. État et politique économiques ===
=== État et politique économiques ===
'''Faible intervention de l'État''' en comparaison international, on observe une continuité de ce phénomène. On peut mesurer ceci en regardant les quotes-parts de l'État par rapport au PIB. Ceci se voit aussi sur l'État providence -> assurance sociale privée. Raisons: Absence de guerre, fédéralisme, orientation libérale conservatrice du gouvernement.
'''Faible intervention de l'État''' en comparaison international, on observe une continuité de ce phénomène. On peut mesurer ceci en regardant les quotes-parts de l'État par rapport au PIB. Ceci se voit aussi sur l'État providence -> assurance sociale privée. Raisons: Absence de guerre, fédéralisme, orientation libérale conservatrice du gouvernement.


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–      Mécanisme protectionniste, cartel, etc.
–      Mécanisme protectionniste, cartel, etc.


=== 1.3.3. Les relations internationales et extraversions du capitalisme suisse ===
=== Les relations internationales et extraversions du capitalisme suisse ===
On qualifie souvent la Suisse d'une petite économie ouverte. On est en droit de remettre ceci en question :
On qualifie souvent la Suisse d'une petite économie ouverte. On est en droit de remettre ceci en question :


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Il n'est pas acceptable de construire l'histoire de la Suisse autour de sa neutralité. On est en droit de se demander jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale s'il y a une véritable politique de défense de neutralité.
Il n'est pas acceptable de construire l'histoire de la Suisse autour de sa neutralité. On est en droit de se demander jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale s'il y a une véritable politique de défense de neutralité.


= 2. Commerce international, proto-industrialisation et révolution industrielle : le développement de l'économie suisse jusqu'au milieu du 19e siècle =
= Références =
Il faut garder en tête que parler de l'économie suisse jusqu'au 19e siècle est un anachronisme, la Suisse n'existant pas comme on l'entend aujourd'hui jusqu’en 1848 lors de la création de l'État fédéral. Avant, ce sont principalement des cantons souverains, indépendants avec une faible collaboration.
<references />
 
Avant son industrialisation, il y a en suisse une division du travail (proto-industrialisation) via le capitalisme marchant. Ce qui est intéressant, c'est que la Suisse semble en avance sur la plupart des autres régions aussi sur cette proto-industrialisation.
 
'''Processus d'industrialisation semblable qu'à l'étranger, en particulier de l’Angleterre ?'''
 
'''Quels sont les facteurs qui expliquent l'industrialisation précoce de la Suisse au XIXe siècle ?'''
 
'''Peut-on parler de la Révolution industrielle en Suisse ?'''
 
== 2.1. La révolution industrielle en Grande-Bretagne : les facteurs propices au développement industriel britannique ==
La Grande-Bretagne est la première nation à entrer dans la révolution industrielle. L'économie avant la révolution industrielle à une croissance faible de 0.5% cette croissance passe à 1.5% au début de son industrialisation. L'industrialisation précoce confère à l'Angleterre un avantage compétitif.
 
'''Facteurs / Thèses :'''
 
–      Développement agricole. Il faudrait une révolution agricole avant une révolution industrielle (Paul Bairoch). Il faudrait sortir du carcan de l'autosubsistance, il faudrait un surplus pour libérer de la main-d’œuvre. Cette théorie a eu beaucoup de succès dans les années 1960, mais ne fait plus vraiment consensus aujourd'hui. On observe plutôt une amélioration du rendement agricole en simultané de l'industrie.
 
–      L'économie est déjà plus avancée, il y a un développement préindustriel : meilleure voie de communication, accumulation du capital provenant des colonies (idée marxisme, mais assez peu accepté aujourd'hui, car le début de l'industrialisation se fait par autofinancement).
 
–      L'idéologie (protestante) est plus proche du libéralisme bourgeois ce qui favorise l'éclosion industrielle.
 
–      Histoire globale (grande divergence). Les facteurs sont exogènes : matière première importé des colonies et la qualité du charbon en Angleterre. Les salaires sont aussi plus élevés que dans tous les pays du monde : cela pousse à l'industrialisation pour éviter de payer ses salaires.
 
Ceci est intéressant au niveau de la Suisse, car la Suisse ne répond pas à ces facteurs.
 
== 2.2. Industries et capitalisme suisses avant le XIXe siècle ==
 
=== 2.2.1. La Suisse une économie relativement développée avant le 19e siècle en comparaison internationale ===
On observe déjà un certain essor économique depuis le Moyen Âge dût à '''sa position géographique''' : routes commerciales et développement des villes suisses. Même du point de vue du capital est problématique au niveau géographique, en effet les titres ont longtemps été déplacés physiquement avant la numérisation.
 
Trois routes principales :
 
- Italie vers l'Allemagne
 
- Gothard vers les Pays-Bas
 
- Genève vers la France pour le nord de l'Europe
 
Ces routes encouragent le développement de certaines villes suisses. Genève par exemple, voit apparaître d’immenses foires marchandes. Il ne faut pas sur estime ce développement, la Suisse reste avant tout agraire. Ces foires déclinent, voir disparaissent, aux 16e dut à des problèmes économiques italiens et des interdictions de la France pour les marchands français dans le but développer le centre économique de Lyon. Lors de la réforme, Genève est plutôt une ville pauvre.
 
'''Le service mercenaire''', qui se développe dut à la pauvreté des terres, permet une certaine accumulation du capital.
 
Développement d'activité financière internationale par des marchands banquiers (Genève, Bâle) qui exportent leurs capitaux servant à financer les guerres par exemple de la France.
 
=== 2.2.2.  Pré et proto-industrialisation au 17e et 18e siècle ===
Il existe une proto-industrialisation
 
L'horlogerie est un cas de pré-industrialisation. Il existe déjà une séparation des tâches au sein des artisans, mais aussi aux paysans (Neuchâtel) pour les travaux les plus grossiers.
 
Les indienneries sont une autre forme de pré-industrialisation, il y a déjà une concentration de la main-d’œuvre dans des fabriques (8000 employés dans 8 lieux).
 
=== 2.2.3. Les quatre "mondes de production" ===
- Suisse oriental : importance de l'industrie du textile de luxe
 
- Suisse central et méridional : élevage, service mercenaire et transit alpin
 
- Suisse occidentale agricole : céréale vigne
 
- Suisse occidentale marchande : marchand banquier
 
== 2.3. Les principales caractéristiques de la révolution industrielle en Suisse ==
 
=== 2.3.1. Démarrage industriel au début du 19e siècle ===
La fin du 18e siècle voit apparaître la concurrence anglaise qui détruit la proto-industrialisation puis les guerres napoléoniennes qui protègent l'industrie suisse (blocus) incitent à l'industrialisation.
 
La réouverture des marchés suite à la défaite de Napoléon et la réouverture des marchés produit une crise économique.
 
=== 2.3.2. Caractéristiques du modèle suisse d'industrialisation ===
–      Un "leading sector", la filature de coton. Comme en Angleterre, mais pas de reprise dans un premier temps du secteur métallurgique et chemin de fer.
 
–      Une industrialisation sans charbon.
 
–      Peu d'innovation
 
–      Pas de colonies
 
–      Les salaires suisses sont très bas, ce qui permet de compenser la faible productivité (faible mécanisation et coût de transport) et la faible cotation en matière première. Il y a donc un surplus de mains-d’œuvre en suisse. Ce qui se cache derrière cet "avantage comparatif" c'est une réalité sociale extrêmement dure : travail jusqu'à 18-20h par jour, travail des enfants, aucune protection sociale.
 
–      Absence de capitalisation des banques.
 
=== 2.3.3. Facteurs explicatifs de l'industrialisation précoce en Suisse ===
Le marché suisse soufre de différente déficience : grande fragmentation du marché (taxe intercantonale, pas de monnaies suisses), mauvais réseau de transports et de communication, agriculture peu efficace.
 
D'autres facteurs peuvent expliquer l’industrialisation suisse, et parfois de manière assez paradoxale :
 
–      Le niveau bas des salaires et l'abondance de la main d'œuvre. Ceci à lier aux faibles niveaux de productivité de l'agriculture qui produit une "masse de prolétaires" prêts à travailler à un coût très bas. Ce prolétariat est cependant assez bien formé ou apte à l'être dût à un haut niveau d'alphabétisation.
 
–      L'importance du développement commercial et préindustriel à la fin de l'Ancien Régime
 
–      Les facteurs idéologico-politiques (Réforme) auraient peut-être un lien. On constate une assez grande corrélation en suisse même si ce facteur reste assez hypothétique (contre-exemple : Belgique catholique).
 
== 2.4. Évolution ou révolution industrielles en Suisse? ==
Pour répondre à cette question, il faut regarder le poids relatif des nouvelles industries par apport aux anciens types de production et le poids relatif de ses industries dans l'ensemble de l'économie suisse. Les chiffres appuient le fait qu'il ne faut pas surévaluer le processus d’industrialisation au début du 19e siècle.
 
Premièrement, cette proto-industrialisation continue a existé en dépit de l'industrialisation moderne dans les fabriques. Deuxièmement, entre 1800-1814 le niveau de production du textile n'atteint pas celui observé avant les guerres napoléoniennes (1787 avant la crise dû à l'afflux des marchandises de la Grande-Bretagne). Troisièmement, le poids de l'industrie suisse reste modéré jusqu'à la seconde moitié du 19e siècle. La Suisse reste un pays agricole jusqu'au 2/3 du 19e siècle. Quatrièmement, les formes modernes d'industrie restent limitées jusqu'à la seconde partie du 19e siècle à un nombre restreint de cantons comme Zurich, Saint-Gall, Argovie, Appenzell.
 
Pour ces raisons, il est préférable de parler plutôt d'une mutation industrielle de la Suisse.
 
= 3. Le capitalisme suisse et la construction de l'État fédéral à partir de 1848 =
 
== 3.1. L'État en Suisse et le développement économique avant 1848 ==
 
=== 3.1.1. Le pouvoir politique avant 1848 ===
Il y a une sorte d'illusion géographique, la structure des cantons étant assez similaire à celle d'aujourd'hui. Ceci explique la tentation de vouloir faire remonter des politiques à des temps plus anciens qu’ils ne le sont réellement.
 
Au niveau politique, l'État est très faible durant l'ancien régime et la Suisse est constituée d'alliance très souple entre les cantons. Il n'y a pas de politique étrangère de la confédération, d'ailleurs les cantons peuvent faire des alliances avec les pays étrangers. Il y a une certaine intégration économique vers la fin de l'ancien régime.
 
Un deuxième mythe important est celui de la politique de neutralité, celle-ci n'existe pas durant l'ancien régime. La suisse non seulement participe à de nombreuses guerres en y envoyant des mercenaires, mais il y a aussi de nombreuses guerres entre les cantons même.
 
La faiblesse de l'État suisse et le développement de sa première phase l'industrialisation. Pendant la première phase de l'industrialisation, l'État ne soutient pas l'industrialisation dans les pays d'Europe, mais est plutôt une entrave via les corporations.
 
En 1798 avec l'invasion napoléonienne, on impose un système d'une république centralisé jusqu'en 1803 sur le modèle. On revient avec l'acte de médiation en 1803 à une structure plus décentralisée avant que le congrès de Vienne et la restauration de 1815 revienne en gros au système de l'ancien régime. Il y a donc bien une restauration en suisse en 1815.
 
La neutralité suisse est formalisée durant le congrès de Vienne. Il était dans l'intérêt des grandes puissances d'avoir une État tampon et que celui-ci soit faible politiquement.
 
"''La Confédération [avant 1930] demeure un fétu de paille à la merci de l'éternuement des grands monarque''" – Cédric Humair
 
=== 3.1.2. Industrialisation, pouvoir de la bourgeoisie et centralisation étatique ===
D’une manière générale, pendant la première phase de l'industrialisation, dans la plupart des pays, l'État est plutôt un frein au développement économique dût par exemple au système de corporation.
 
== 3.2. Incitation économiques à la centralisation étatique ==
Durant 1830-1848, la phase de régénération, on observe l'existence dans de plus en plus de canton d'aspiration libéral d'un point de vue économique, mais aussi politique et religieux. Dans ses milieux libéraux, il y a une tendance centralisatrice.
 
En effet, dès les années 1830, la structure fédéraliste commence à freiner le développement économique ce qui explique que les milieux libéraux sont de plus en plus en faveur d'une centralisation étatique.
 
=== 3.2.1. Les trois composantes de la question douanière ===
Unification douanière et levée des barrières tarifaires cantonales qui posent des problèmes pour le commerce. Les marchands préfèrent bien souvent passer par l'étranger pour éviter de passer plusieurs frontières cantonales.
 
Cependant, les oligarchies ont peur que des charges fiscales augmente pour combler la diminution des revenus fiscaux des communes et des cantons en cas d'une centralisation douanière.
 
Les cantons Suisse ont du mal à contrer le protectionnisme en Europe et d'avoir une politique économique extérieure commune.
 
=== 3.2.2. Les autres facteurs économiques incitatifs à la centralisation ===
Il n'y a pas de monnaie suisse ce qui pose un problème en termes d'uniformité, mais aussi es monnaies frappées par les cantons sont de mauvaise qualité. « Parasitisme monétaire » et dépendances vis-à-vis de l’étranger.
 
Un retard conséquent dans la construction des chemins de fer et d'un réseau télégraphique.
 
=== 3.2.3. Forces favorables à la centralisation et résistance à son encontre ===
Contrairement à l'aristocratie, la bourgeoisie n'est pas cosmopolite, elle a un encrage au territoire national. L'horizon de la bourgeoisie est donc l'État nation, il y a donc une tentation de vouloir faire correspondre l'État politique à ce pouvoir politique.
 
Il y a une tendance à la centralisation, mais aussi des mouvements conservateurs -> tension.
 
Il n'y a toutefois pas homologie entre "paysans conservateurs" et "bourgeois libéral". On voit par exemple l'apparition des familles politiques radicales, qui voient dans le rôle de l'État une responsabilité de limité les inégalités. Aussi les marchés banquier genevois, qui pense que les suisse-allemand vont plus en profiter et ils sont plus tourné vers la France ont moins d'intérêt à la centralisation.
 
== 3.3. Crise économique et tension politique: la Guerre du Sonderbund ==
Il y a de plus en plus de conflits économiques du fait que le système fédéraliste n'est pas adapté à la bourgeoisie triomphante. La guerre qui voit s'affronter des cantons à tendance plutôt conservateurs et des cantons plus progressistes auquel s'ajoute l'identité religieuse catholique et protestante. Ce conflit tourne à l'avantage des cantons progressiste et protestant ouvrons la voix à la création de l'État fédéral en 1848.
 
Trois faits montrent l'importance de la question économique dans la constitution de l'État fédéral :
 
–      Il y a un lien indissociable entre libéralisme et intérêt économique
 
–      La question de la centralisation économique prend de plus en plus de place par exemple dans la Diète fédérale. Les libéraux pensent que l'affaiblissement de la croissance est dû
 
–      Les articles économiques de la constitution de 1848 sont déterminants.
 
Les structures archaïques sont aussi faciles à liquider par une bourgeoisie triomphante, car il n’y a pas d'oligarchie capable d'opposer une résistance suffisante.
 
== 3.4. La création de l'État fédéral en 1848 et la politique économique durant les deux premières décennies ==
 
=== 3.4.1. Rupture relative de 1848 ===
–      Échecs des révolutions européennes de 1848 et spécificité de l'État suisse
 
–      Suffrage masculin universel. C'est une spécificité suisse, les autres pays ayant des suffrages censitaires. Cependant, le vote à bulletin secret ne s'impose qu'après le 19e dans les cantons. De plus 17% de la population suisse masculine est exclus dus à plusieurs barrières administratives. Il y a aussi des dispositions antisémites.
 
–      On peut se poser la question pourquoi les puissances étrangères ne sont pas intervenues dans cette "révolution libérale". Deux raisons : GB et le printemps des peuples.
 
=== 3.4.2. Un État faible et libéral ===
On a donc un état très démocratique pour l'époque, mais aussi extrêmement faible.
 
Un choix d'une politique de modération des vainqueurs "libéral radical" en direction des "conservateurs" par la création d'un État fédéral relativement faible et du choix bicaméralisme. C'est une politique de concession, mais s'octroie tout l'exécutif. Le fédéralisme devient de plus en plus une stratégie politique soutenue par les milieux libéraux pour empêcher d'une extension vers un État central.
 
Cet État central est au service du développement économique :
 
–      Unification douanière et tarif libre-échangiste
 
–      Limitent les tarifs, et donc la surface de l'État.
 
–      Centralisation monétaire, mais pas de banque centrale. Faiblesse monétaire due à l'absence de BC et une concurrence cantonale dans l'émission monétaire.
 
–      Politique de transport et de communication. Intervention pour la poste/télégramme, mais les chemins de fer restent privés jusqu'en 1880.
 
Au niveau des charges fiscales, il y a un double paradoxe. Avec un État décentralisé, qui repose sur les cantons et communes, ces entités administratives doivent se financer par les impôts sur le revenu et la fortune (et non les droits de douane). Si bien qu'avant la Première Guerre mondiale, la cote part fiscal direct est moyenne en comparaison internationale et pas inférieure. De plus, les taux d'imposition sont très progressifs et très élevés dût au rachitisme des organes de contrôle et de pratique de taxation qui oblige donc les communes et cantons à élever les taux pour obtenir tout de même un revenu suffisant.
 
À quel point la bourgeoisie contrôle les structures de l'État fédéral - Les barons fédéraux?? TODO..
 
== 3.5. Les mutations de l'État pendant la Grande Dépression du 19e siècle et la Belle Époque ==
 
=== 3.5.1. Le poids de l'État en comparaison international : La Suisse est-elle un paradis fiscal ? ===
À quel point l'État pèse dans l'économie suisse ? Le rapport des dépenses publiques (Canton, commune, État) et du PIB en 1913 est de 5% ce qui est globalement deux fois moins que dans les grands-pays européen. Il y a donc une faiblesse partout avant la Première Guerre mondiale, mais l'État suisse est encore plus faible.
 
Les deux guerres feront largement monter les quotes-parts de l'ensemble des pays européens.
 
Cependant, les charges fiscales directes en Suisse sont plus importantes qu'à l'étranger. Ceci fait que les charges sur la fortune et le revenu sont moyennes en comparaisons UE et les taux sont beaucoup plus élevés (l'administration est sous développé et n'arrive pas à estimer correctement les revenus et la fortune et donc "gonfle" les taux).
 
Les capitaux importés sont eux imposés à un taux proche de 0, mais cela n'est pas spécifique à la Suisse et donc tous les pays sont des paradis fiscaux...
 
=== 3.5.2. Accroissement des dépenses publiques à la fin du XIXe siècle : les causes ===
Cependant, l'accroissement de l'interventionnisme étatique est exponentiel dut aux causes suivantes :
 
–      La grande dépression.
 
–      Passage à un capitalisme organisé.
 
–      Influence du mouvement démocratique
 
–      Augmentation des recettes douanières
 
–      Réforme militaire
 
Avant la Première Guerre, 70% des dépenses sont circonscrits à l'armée, administration et gestion dette publique.
 
=== 3.5.3. La politique douanière : du libre échangisme au protectionnisme sélectif ===
C'est un protectionnisme '''sélectif''', les principaux bénéficiaires sont les agriculteurs avec une haute des tarifs pour ce secteur, le reste de l'économie reste assez libre échangiste.
 
Ce tournant s'explique par une tendance générale en Europe de retour au protectionniste autour de 1880.
 
Le rapprochement entre radicaux et conservateur : le '''bloc bourgeois paysan'''. Les industriels bourgeois acceptent des tarifs extérieurs plus élevés pour l'agriculture dans le but de souder ce bloc bourgeois/paysan même si cela augmente le coût du travail et fait donc perdre une partie de l'avantage comparatif. Cette alliance va de plus en plus être une alliance défensive pour éviter que les paysans s'allient aux ouvriers pour créer une alliance "rouge-vert".
 
=== 3.5.4. Les autres interventions en matière économique ===
Faiblesse de l'intervention du gouvernement central durant la Grande Dépression.
 
La nouvelle constitution réaffirme une tendance libérale, mais permet également à un embryon de politique sociale. Cependant, la Suisse ne s'engagera pas sur une politique sociale très active : pas de développement d'assurances sociales publiques
 
'''Rachat des cinq plus grandes compagnies privées des chemins de fer''' en 1898 par la Confédération. La privatisation des chemins de fer à échouer, elle n'a pas permis le développement d'un réseau cohérent, ce qui pousse même les libéraux à accepter ce rachat. Les chemins de fers ayant été constitués avec du capital étranger, le rachat est donc aussi un acte d'émancipation face au contrôle étranger. Cette stratégie d'émancipation va cependant amener à la création d'une dette qui sera placée en France...
 
Création de la Banque Nationale suisse.
 
== 3.6. Les modifications des modalités et des rapports de force politique : capitalisme organisé et droitisation politique. ==
 
=== 3.6.1. La nouvelle fonction des associations économiques et le corporatisme libéral ===
 
==== Un capitalisme organisé en Suisse ? ====
???
 
==== Création des principales associations économiques entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale ====
–      1870 Union suisse du commerce et de l'industrie
 
–      1879 Union suisse des arts et des métiers
 
–      1880 Union syndicale suisse
 
–      1897 Union suisse des paysans
 
–      1908 Union centrale des associations patronales
 
–      1912 Associations suisses des banquiers
 
Ce qui est intéressant en suisse c'est que ces associations vont très rapidement être très proches de la confédération.
 
Le droit de referendum aura poussé en Suisse à un développement de la phase pré-parlementaire, où ces associations peuvent influencer.
 
=== 3.6.2. Changement dans le système politique suisse ===
On observe une droitisation de la politique suisse et l'apparition à la belle époque d'un "libéral conservatisme" ce qui aura comme conséquence également le rapprochement des milieux agrarien et conservatisme.
 
Il y a transformation à la fin du 19e des politiques vers un libéralisme conservateur, libéral sur le plan économique, mais conservateur sur le plan social, à contre-courant de l’Europe (ex. droit de vote des femmes).
 
Si à l'origine les droits étaient très étendus en comparaison internationale, il devient beaucoup plus conservateur.
 
Mais cette histoire n'est pas uniforme, on voit également l'élargissement des droits populaire avec l'apparition du droit d'initiative constitutionnel.
 
= 4. La constitution d'une économie moderne à partir de la Grande Dépression du 19e siècle jusqu'en 1914 =
'''La situation de l'industrialisation suisse après la construction de l'État fédéral:'''
 
Accroissement du travail en fabrique.
 
'''Maintien de la prédominance du textile''', 1er secteur d'exportation qui atteint encore 2/3 de l'ensemble de l'exportation. Ce secteur devient de plus en plus mécanisé.
 
Si dans une première phase de l'industrialisation, la production de textile était destinée au grand public, dans cette deuxième phase il y a une spécialisation vers le luxe à cause de la baisse de compétitivité de la Suisse du à l'augmentation des salaires en suisse.
 
'''Nouveaux secteurs industriels''' qui s'appuient dans un premier temps sur le secteur du textile et celui des chemins de fer dans un deuxième temps: chimie, machine et métaux. Il y a donc un effet d'entraînement.
 
Le cas spécifique de l'horlogerie qui reste un secteur très artisanal même s'il y a une division du travail.
 
== 4.1. La grande dépression et la deuxième révolution industrielle: vers une spécialisation sur des produits à haute valeur ajoutée ==
 
=== 4.1.1. La Grande Dépression du XIXe siècle ===
??
 
=== 4.1.2. La Grande Dépression en Suisse ===
Il faut relativiser la Grande Dépression en suisse en effet le taux de croissance du PIB réel par habitant semblerait être plus haut. Pourtant, il y a une réalité d'une crise agricole due à une très grande baisse du blé. L'indice macro ne représente donc pas une réalité sociale d'une partie de la population.
 
Un premier effet est l'abandon des cultures céréalières pour une production laitière et de bétail. Le deuxième est une migration vers des territoires outre-mer (5% de la population).
 
Par contre l'industrie est peu touchée, si ce n'est l'industrie du textile encore lié à l'exportation ce qui accélère encore sa reconversion vers du textile de luxe. Pour l'ensemble de l'industrie y a une reconversion vers l'industrie de la "deuxième révolution industrielle".
 
'''On observe une spécialisation vers des produits à haute valeur ajoutée'''. Ceci sera dû à des salaires suisses élevés. La déflation fait déjà augmenter les salaires réels suisses. Dut à la bonne situation économique on observer une inversion des migrations -> il y a également manque de main-d’œuvre???. Les syndicats et les mouvements ouvriers font aussi des pressions politiques en faveur de l'augmentation des salaires.
 
== 4.2. La Seconde Révolution industrielle en Suisse ==
todo
 
== 4.3. Naissance de la place financière suisse à la fin du 19e siècle ==
Au moment de la création de l'État fédéral (1848), la place financière suisse est sous-développée pour plusieurs raisons :
 
–      Absence d'une monnaie suisse
 
–      Faible endettement des États (canton)
 
–      Les banques suisses sont peu liées à la croissance industrielle
 
Un foisonnement bancaire existe dès la constitution de l'État fédéral, mais c'est vraiment dans les années 1980 que la place financière suisse va prendre les caractéristiques modernes :
 
–      Grandes banques commerciales "universelles" qui désormais participent aux financements d'activité commerciale. Ces banques se sont formées déjà en 1850 grâce à des capitaux étrangers. Suite à la débâcle des chemins de fer privée, elles se restructurent en banque universelle.
 
–      Les banques cantonales se constituent dans les cantons catholiques en parti en réaction au développement des grandes banques commercial afin de fournir des crédits intéressants aux paysans. Une deuxième vague de création de banques cantonales verra le jour dans les cantons protestant, cette fois-ci c'est plutôt une volonté de la gauche dans le but de favoriser des opérations moins spéculatives.
 
–      L'essor des activités internationales aux niveaux financiers. La création de bourses (Bâle, Zurich et Genève) qui cote principalement des titres étrangers. La création de sociétés financières internationales de type "trust" dans le but d'attirer du capital suisse, de masquer des opérations impérialistes et déjà quelques avantages fiscaux.
 
–      La structuration d'un champ bancaire (BNS, le cartel bancaire, l'association suisse des banquiers) qui fait passer la Suisse à un capital organisé.
 
Pourtant, le degré financiarisation de l'économie suisse est très avancé déjà en 1850 si l'on regarde les statistiques au niveau macro. Cela ne tient pas vraiment avec la perspective micro présenté ci-dessus, l'erreur est probablement statistique.
 
== 4.4. Les multiples facettes de l'internationalisation du capitalisme suisse: la Suisse et la première globalisation de l'économie ==
 
=== 4.4.1. Commerce international ===
La belle époque est un moment d'accroissement des échanges de marchandise, et ceci malgré la montée des politiques protectionnistes. On observe un doublement des exportations suisse avec une croissance des secteurs issus de la Seconde Révolution.
 
Prépondérance qui s'affirme des marchés européens qui absorbent plus de 3/4 des exportations durant la belle époque, l'Allemagne étant le premier partenaire. Alors que les marchés d'outre-mer avaient été importants après la création de l'état fédéral pour éviter les taxes des pays européens.
 
Creusement du déficit commercial helvétique, la balance commerciale est presque toujours négative sauf en tant de guerres. Cette une tendance assez générale des économies qui se développent, car cela est compensé par le secteur du service, placement étranger et tourisme.
 
=== 4.4.2. Relations financières internationales ===
Augmentation des placements financiers internationaux très importants durant la belle époque. La Suisse devient une plaque tournante du capital ce qui deviendra encore plus important après la Première Guerre mondiale. La Suisse est le premier exportateur de capitaux par habitant.
 
Constitution de sociétés financières et trusts internationaux.
 
Multinationalisation des firmes suisses dût à plusieurs facteurs: protectionnisme, augmentation des coûts de production (salaire et matière première).
 
=== 4.4.3. Flux de personnes ===
Renversement de la balance migratoire : 15% de population étrangère avant la Première Guerre en particulier italienne et allemande.
 
Développement du tourisme suisse qui représente 6-7% du PIB durant la belle époque en majorité des Allemands. L'industrie du tourisme permet presque de compenser complètement la balance commerciale. C'est également un "leading sector" (technique des crémaillères...).
 
== 4.5. La question de la contribution des activités économiques internationales à la croissance économique ==
Relativisation de l'importance économique des secteurs d'exportation en Suisse
 
Croissance plus rapide des industries d'exportation et effet d'entraînement durant la Belle Époque.
 
= 5. "Wie neutral war die Schweiz?"] Expansion du capitalisme suisse sur les relations internationales avant la Première Guerre mondiale =
Durant la belle époque, il y a de nombreuses discussions sur la signification de la neutralité, on envisage même de s'engager à côté des centraux à la veille de la Première Guerre. Il convient donc de déconstruire le mythe d'une neutralité suisse qui serait le fer de lance de la politique étrangère suisse.
 
== 5.1. La diplomatie d'abstention ==
Le département politique fédéral (affaire étrangère suisse) est un département tournant ce qui empêche d'avoir une diplomatie de longue durée. Le réseau de légation (ambassade)s est très limite, il n'y en a que 11. Pour finir, l'administration du département de politique fédéral est composée de moins de 20 employés.
 
Il y a donc une faiblesse institutionnelle qui traduit un retrait diplomatique de la confédération.
 
En même temps, ce retrait ne veut pas dire qu'il y a une défense absolue de la neutralité. Il y a une absence de définition des droits et devoirs des neutres jusqu'au début du 20e. La neutralité a été imposée par les grandes puissances, avoir un État tampon au centre de l'Europe étant un facteur de pacification.
 
La neutralité suisse ne serait-ce pas simplement que la Suisse, malgré des discussions, ne participe pas en fin de compte aux grandes alliances ?
 
== 5.2. Relations économiques internationales et politique extérieure suisse : au-delà de l'histoire diplomatique ==
Cependant, il '''ne faut pas limiter les relations internationales à la diplomatie'''. La confédération s'appuie sur l'internationalisation du capitalisme suisse pour mener une politique étrangère.
 
Les négociations commerciales.
 
Il y a par exemple des confrontations sur les axes traversant la Suisse (chemin de fer).
 
Participation, union monétaire latine.
 
Y a-t-il une cohérence dans l'orientation de la politique étrangère de la confédération ? Il semble en effet, une orientation allemande, mais si celle-ci n'est unilatéral (rapprochement aussi avec UK). Il y a une politisation des relations économique.
 
Il y a une compétition dans les placements faits en suisse par la France et l'Allemagne. En dépit des investissements plus importants de la France, c'est le Gothard qui est percé en premier bien avant le Simplon. Le rapprochement de l'Italie avec l'Allemagne, les pertes des banques françaises peuvent expliquer ce choix.
 
Les différentes concessions faites à l'Allemagne sont interprétées à l'époque déjà comme un rapprochement entre les deux pays.
 
== 5.3. L'affirmation d'une orientation allemande de la politique étrangère suisse à partir de 1891 ==
Rapprochement de l'état majeur suisse et celui de l'Allemagne par des liens familiaux, etc.. Ceci n'est cependant pas une orientation procentrale.
 
On trouve dans les archives, les dirigeants suisses qui discutent ouvertement d'un abandon de la neutralité et d'une alliance dans le but de gain territorial et économique.
 
Cette orientation, ne fait sens qu’avec une guerre courte et fut abandonné lorsque le conflit s'éternisera.
 
La Suisse ne cherche pas la guerre, mais se prépare à son éventualité.
 
Il n'y pas de consensus sur les gains économiques de l'entrée en guerre de la Suisse. Certains banquiers font déjà le pari que la neutralité pourrait amener des gains intéressants.
 
Il n'y a pas de plan militaire allemand et français vraiment abouti qui planifie un passage par la Suisse. L'orientation pro-allemande protège aussi la Suisse, les Français ne souhaitant pas créer une infraction qui sera utilisée par l'état-major pour justifier un engagement de la Suisse au côté des centraux.
 
= 6. Asservissement ou affirmation économique? La Suisse et les puissances belligérantes pendant la Première Guerre mondiale =
 
== 6.1. Affinité pro-germaniques ==
Élection d'Ulrich Wille en tant que général de l'armée suisse.
 
Le Conseil fédéral et ses connexions allemands.
 
Une guerre économique inégale et les contrôles des belligérants :
 
–      '''Il y a un transit important de marchandise au travers de la Suisse'''. Les belligérants iront jusqu'à créer des organes de contrôle en Suisse, mais supervisés par eux même. La "Schweizerische Treuhandstelle" (Office fiduciaire suisse pour le contrôle du trafic des marchandises) pour les Allemands et la beaucoup plus importante en taille Société suisse de surveillance pour les alliés. La confédération et les industrielles acceptent, car elle est totalement dépendante en matière première et alimentation.
 
–      Blocus et contre-blocus
 
–      Les belligérants mettent sur '''listes noires''' les entreprises qui travaillent trop pour l'autre camp.
 
–      Séquestres et restrictions aux opérations financières des entreprises dans l'entente.
 
Ces pressions économiques sont utilisées par les deux camps, mais l'entente va beaucoup plus loin. Ceci n'est pas seulement dû au rapprochement de la Suisse et l'Allemagne, mais l'Allemagne a beaucoup plus besoin des pays neutres pour son économie.
 
'''Évolution du commerce extérieur de la Suisse pendant la guerre'''
 
La balance commerciale de la Suisse devient positive dut à l'augmentation des exportations, ceci est une marque de la demande pour les produits des industries suisses de la deuxième révolution industrielle (aluminium, électrotechnique, chimie).
 
Dès 1917, accroissement de la dépendance en termes d'importation de pays de l'entente. Ceci est dû aussi à l'entrée en guerre des USA.
 
Banque???
 
Cependant, les travailleurs suisses souffriront beaucoup de l'inflation. Les salaires ne seront pas indexés avant 1917.
 
= 7. La stabilisation libérale-conservatrice : Conflits sociaux, crise de reconversion et frénésie des affaires bancaire pendant les années 1920 =
 
== 7.1. La Première Guerre mondiale, une rupture dans le développement de l'économie capitaliste ==
 
== 7.2. Accroissement de l'interventionnisme étatique à partir de la Première Guerre mondiale ==
–      Mobilisation et reconstruction, Rente aux soldats
 
–      Accroissement des dépenses social dût à la monté
 
–      Un état plus régulateur voir dirige des secteurs économiques: augmentation des régulations pendant la Première Guerre.
 
=== 7.2.1. Relations internationales ===
–      Affirmation de la puissance financière américaine. NYC rattrape la City londonienne voir la dépasse. Les USA deviennent créditeurs de l'Europe qui a emprunté pendant la guerre. Le dollar subit moins d'inflation, car les USA ne se sont pas endettés durant la guerre.
 
–      La révolution russe à des conséquences sur l'ensemble de l'économie de marché. Premièrement, cette révolution se diffuse avec comme conséquence une radicalisation de certains mouvements ouvriers ce qui a évidemment une influence sur l'économie de marché. Le marché européen se réduit ce qui attise la concurrence commerciale entre les entreprises européennes. La Russie décide de répudier les dettes tsaristes.
 
–      Dislocation du gold standard (étalon or), les pays pendant la guerre stoppent leur convertibilité. Les monnaies sont déstabilisées avant tout par les dettes publiques. Il y a en effet trois moyens pour un état de se financer : impôt, augmentation de la dette publique, planche à billets (crédit demandé aux banques centrales)
 
=== 7.2.2. Crise politique et sociale après la 1re guerre mondiale ===
Après la 1re guerre mondiale, il y a un affrontement entre les forces de "mouvement" et des forces qui cherchent à stabiliser le système politique et économique et à retourner à la normale libérale d'avant la 1re guerre mondiale.
 
Il y a une polarisation politique dans tous les pays, mais les pays qui connaissent véritablement des mouvements révolutionnaires sont les pays vaincus : là où il y a affrontement social en même temps que démantelèrent des anciennes structures politiques.
 
Dans tous les pays, les forces de conservations vont réussir à retourner à un système qui ressemble le plus possible à celui de la belle époque. Ceci se traduit de 4 manières :
 
–      Un retrait de l'État (mais dans aucun pays l'état ne sera réduit à un niveau plus bas que celui d'avant 1re guerre)
 
–      Rétablissement de l'étalon or ~1924 et stabilisation monétaire internationale
 
–      Domination par des partis de droite alors qu'elle avait été dirigée par des coalitions.
 
–      Réduction des conflits sociaux
 
Cependant, il reste un fort protectionniste. La stabilisation monétaire ne permet pas une reprise durant les années 20, cela crée même une récession. "Les années folles" sont avant tout un mythe qui a très peu de réalités sociales ou économiques et en tout cas pas politiques vu que l'on est vraiment dans un mouvement conservateur. Même dans les pays qui connaissance une conjoncture favorable, on observe une augmentation des inégalités. Même au niveau de la culture, l'on a un certain "retour à l'ordre" avec des expressions néoclassique ou en le constructivisme russe. Pour finir, les années 1920 n’en sont pas homogènes, il y a d'abord une dépression générale puis une reprise fébrile et hétérogène. Il n'y a donc pas les années 1920 "prospères" faisant face à la crise des années 1930. Donc même si cela jouerait avec l'histoire monétaire, cette histoire n'est pas corroborée par les faits.
 
Cependant, même si l'on est sur des régimes à tendance autoritaire, le seul État fasciste dans les années 1920 est celui de l'Italie. On observe différentes formes d'État autoritaire, en particulier en Europe de l'Est est du sud que ce soit des régimes corporatistes, des monarchies ...
 
Le fascisme italien est à mi-chemin entre ses régimes autoritaires et le nazisme allemand. Il y a des facteurs similaires (mouvement de masse, anti, ...), mais aussi de grande différence en particulier dans la radicalité du régime.
 
=== 7.2.3. Quatre politiques économiques types d'après-guerre ===
La Grande-Bretagne a une politique de déflation vigoureuse et essais de stabiliser la livre sterling à son niveau d'avant-guerre en contractant la dette. En effet, la livre est stabilisée dans les années XXX. Cependant, cette politique fut extrêmement coûteuse, les industries n'arrivaient plus exporter, et les salarier (haut taux de chômage). Pourquoi est-elle menée ? Elle est menée principalement dans le but de raffermir la position de la City et retrouver la force financière de la belle époque. Cette politique est soutenue par la City, mais aussi la banque centrale. Si la Grande-Bretagne fait ça, c'est parce qu'elle a les moyens, elle convertit ses dettes à court terme en dette à long terme grâce à la force de sa place financière.
 
Une deuxième forme de politique sont celle des gouvernements des pays neutres arrivent à combatte l'inflation sans augmenter trop fortement les impôts.
 
Une troisième forme est celle des politiques inflationnistes comme la France. Ces politiques sont plutôt subis, en tout cas au début. Mais paradoxalement, si l'on exclut les pays neutres, c'est dans ces pays-là que les performances économiques sont les plus fortes. En effet, l'inflation permet de détruire les dettes publiques et de faire du dumping sur les changes et renforce les exportations. De plus en plus cette politique devient voulue aussi par le fait que la France compte sur les réparations de guerre pour rétablir sa balance fiscale. La France va réussir à éviter la crise comme celle d'Angleterre avec une politique subie...
 
La quatrième forme est hyper inflationniste comme celle de l'Allemagne. Si l'Allemagne n'a pas voulu une destruction totale du mark, il y a divers intérêts d'une politique inflationniste. Cela permet de calmer les mouvements révolutionnaires, de montrer leurs incapacités à pays leur dette (en mark or) -> il n'y a pas d'intérêt d'augmenter les charges fiscales, car elle sera directement absorbée par les réparations.
 
Les plans de stabilisation monétaires visent toujours à essayer d'attirer les capitaux étrangers en dérégulant la finance, réduisant le service public, etc.. C'est un échec total même au niveau économique, car les placements sont à très courts termes. En particulier dans les Europe de l'Est qui ont été administrées par la SDN qui devient quelque peu le garant de l'étalon or. De plus de manière très paradoxale, vu qu'il y a une pression sur les impôts, le seul moyen de lever les impôts devient les impôts indirects en particulier les taxes de douane, augmentant donc finalement le protectionniste. Il y aura par contre une stabilisation de la monnaie, mais avec un coût très élevé.
 
== 7.3. Politique économique de la Suisse après la Première Guerre mondiale ==
'''La Suisse mène une politique déflationniste classique comparable à l'Angleterre'''. Il y a une réussite des élites suisse à limiter l'accroissement de la surface étatique, au milieu des années 20 la quote-part étatique est environ deux fois plus faible que c'est en GB. Le taux d'intérêt reste aussi très bas malgré la politique déflationniste.
 
Dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale, on instaure un impôt fédéral direct (qui sera reconduit de diverse manière), mais aussi un impôt qui sera beaucoup plus bénéfique sur les bénéfices de guerre (qui lui reste provisoire). Malgré ces charges fiscales, les capitaux étrangers ne sont pas touchés par ces impôts.
 
La transformation de la Suisse en paradis fiscal n'est pas tant l'invention de nouvelle politique fiscale, mais plutôt la conservation de politiques d'avant-guerre général.
 
Quels sont les intérêts qui poussent à cette politique ? La place financière est évidemment pour, mais il y a aussi un plus grand consensus sur la stabilisation du franc fort à son niveau d'avant-guerre. On explique ceci par quatre raisons :
 
–      Cette politique est moins coûteuse pour l'économie suisse que pour l'Angleterre.
 
–      La Suisse a développé un capital financier : on retrouve des industriels dans conseil d'administration dans les banques et inversement.
 
–      La Suisse a déjà énormément multi nationalisé ses industries. Ceci permet d'augmenter les possibilités d'investissement à l'étranger, et l'on peut aussi externaliser le coût du franc fort.
 
–      La politique du franc fort permet d'attirer les capitaux étrangers et donc de faire baisser les taux d'intérêt.
 
–      L'industrie suisse s'est focalisée en partie sur des produits de luxe ayant une faible élasticité des prix.
 
Cela reste paradoxal, car dans les années 1920-22 alors que l'Allemagne sombre dans l'hyperinflation la Suisse perd une grande partit de ses exportations, elle est aussi inondée de produit bon marché.
 
== 7.4. Politique économique et conflits sociaux en Suisse à la sortie de la Première Guerre mondiale ==
L'inflation est forte durant la guerre et les salaires eux ne bougent pas, les salariés sont donc les premières victimes alors que l'industrie a fait des profits importants durant la guerre. La mobilisation n'a pas de système de compensation des salaires. Pour finir, il y a des problèmes d'approvisionnement qui provoque une crise alimentaire. Ceci conduit à une politisation des mouvements ouvriers, la grève générale a donc des fondements économiques. Notons que la politique de la Deuxième Guerre sera orientée pour éviter une déstabilisation politique similaire à la Première Guerre.
 
Il y a aussi une origine politique, de dimension internationale, comme la présence de révolutionnaire international en suisse qui créer une radicalisation de la gauche et la communication avec les mouvements étrangers révolutionnaires allemands.
 
Troisièmement, il faut prendre en considération les aspects internationales de la grève générale. Il y a un intérêt à montrer la capacité de la Suisse à être le fer de lance du libéral conservatisme dans des buts économiques (FDI), mais aussi pour obtenir les sièges à la SDN.
 
'''Que demande le mouvement ouvrier ?''' Le comité d'Olten n'est pas évolutionniste, mais demande une adaptation du système économique (semaine de 48 heures, AVS, payement des dettes de guerre par l'impôt direct) et politique (vote à la proportionnelle, suffrage universel féminin).
 
Le Conseil Fédéral choisit une politique de force et de non-concession en s'appuyant entre autres sur l'armée. Cette politique est un succès, la grève générale ne durant que trois jours et les grèves régionales s'essoufflent dès 1919.
 
Deux concessions : tenu d'élection anticipée à la proportionnelle et la semaine des 48 heures. On peut cependant douter de l'effet du mouvement ouvrier pour la semaine de 48h, car il y avait déjà l'accord de Washington.
 
La grève générale a paradoxalement renforcé le bloc bourgeois.
 
La situation après la Première Guerre mondiale est donc très proche à celle d'avant la guerre : une économie libérale. Cependant, garder cette économie libérale à un prix après la guerre qui s'articule avec des concessions envers les agrariens avec des tarifs douaniers. Ceci dans le but d'éviter une alliance rouge-verte.
 
Car bien que les positions rouge et verte soient assez éloignées, il y se rejoignent par exemple sur l'idée de faire payer les guerres par les riches via un impôt direct. Les verts sont par exemple contre le secret bancaire avant d'obtenir des concessions suite à a quoi ils retournent leur veste et viennent de fervent défenseur du secret bancaire alors qu'ils n'en profitent pas.
 
=== 7.4.1. Politiques déflationnistes et stabilisation monétaire en Suisse ===
(20 novembre, réécouter ~10 première minute du cours)
 
Pas d'année folle. Société très conservatiste
 
=== 7.4.2. Changement des rapports de forces politiques à la sortie de la guerre ===
 
=== 7.4.3. Consolidation du bloc-bourgeois paysan ===
 
=== 7.4.4. Libéralisme et conservatisme dans la société suisse dans la seconde moitié des années 1920 ===
 
== 7.5. Conjoncture économique et reconfiguration de l'économie suisse durant les années 1920 ==
On parle de '''crise de reconversion''', les économies de "guerre" doivent se reconvertir en économie "normal". La suisse en souffre de par la conjoncture mauvaise pour ses exportations. Il y a aussi une détérioration des rapports politique (occupation de la Ruhr).
 
= 8. Le primat des intérêts financiers ?  La Grande Dépression des années 1930 et la politique de la Confédération =
 
== 8.1. La crise mondiale et les politiques de crise ==
 
=== 8.1.1. L'instabilité du système monétaire international durant les années 1920 ===
Le crash de Wall Streets n'est pas la cause profonde de la grande dépression, c'est un déclencheur.
 
'''Le système monétaire international dit de "l'étalon d'or" est instable''' pour trois raisons : 1) il existe des monnaies qui sont sous-évaluées et d'autre surévalué. 2)  Les placements en Europe de l'Est sont des placements à très court terme. 3) Le capital est peu tolérant des pays qui n'arrivent pas à mettre en place des systèmes similaires à ceux d'avant la Première Guerre. Le capital n'accepte pas de payer pour un État social.
 
=== 8.1.2. Le Krash, la Grande Dépression et ses causes ===
De manière générale, '''il y a une absence de puissance hégémonique'''. Dès que le crash va se déclencher, les pays ne vont pas déployer des politiques stabilisatrices, mais des politiques protectionnistes et compétitives (dévaluation pour tenter d'augmenter les exports). Pas de politiques de coordination.
 
'''Il y a une disparité entre l'offre et la demande.''' La demande n’a pas suivi l'offre, notamment parce que les salaires ont stagné. C'est une dépression déflationniste.
 
'''Il y a un biais déflationniste'''. Tous les pays déjà dans les années 1920 avaient des politiques déflationnistes (contraction de la masse monétaire et hausse du taux d'intérêt) et refusent de dévaluer leurs monnaies. Ces politiques pro-cyclique accentuent la crise.
 
'''Recrudescence des conflits internationaux,''' notamment sur les questions de réparation, ce qui empêche de mener des politiques de coordination.
 
=== 8.1.3. Trois politiques de crises ===
–      '''Dévaluation''' (GB): politique d'abandon du gold standard, on dévalue la monnaie. Cela boosta les exports et crée une barrière sur l'importation. Cette politique fut reprisent pas de nombreux pays dont les USA (Roswell).
 
–      '''Autarcie''' (DE, Autriche, nombreux pays de l'Est): pour maintenir la stabilité de la monnaie mise ne place réduction drastique des mouvements des capitaux vers l'étranger. On bloque les investissements à court terme, mais aussi par la suite ceux à long terme. Mise en place également de protectionnisme douanier (accord de clearing). Les États se coupent donc partiellement des marchés financiers et de la concurrence économique étrangère.
 
–      '''Politique "bloc or" - Business as usual''' (CH, FR, BE, Pays-Bas, Pologne): ces pays maintiennent  un haut degré de libéralisme financier malgré une hausse du protectionnisme. Ces pays vont souffrir plus longtemps de la crise, ayant plus de difficulté à exporter et étant bloqué par des taux de changes élevés. La Suisse est la plus radical, elle défend la parité d'avant la Première Guerre mondiale. Ces pays seront contraints à la dévaluation en 1936 ce qui permettra la reprise économique en Suisse.
 
== 8.2. La Grande Dépression en Suisse ==
 
=== 8.2.1. Une crise plus légère qu'à] l’étranger ? ===
Le pique de la crise en Suisse en en 1935 alors que dans la plupart des pays occidentaux voient une reprise en 1933. La politique du franc fort semble en être le facteur principal.
 
On peut remarquer que le PIB en suisse descend de 0.5%, ce qui est extrême rare. Mais de façon très étonnante, le taux de chômage reste faible. Au plus haut de la crise, le taux de chômage est de ~4% avec une pique à 8%.
 
Comment se résout ce paradoxe ? Il se résout uniquement partiellement : la principale politique est l'exportation de la main-d’œuvre en particulier avec une restriction de la main-d’œuvre étrangère. Il y a donc exportation du chômage. Il y a aussi un combat contre le double emploi, une partie des femmes retournent à un travail uniquement domestique. Mais si l'on fait la somme de ses politiques, cette explication est insuffisante.
 
Une deuxième explication serait de très mauvaise statistique sur le chômage en suisse, cela est dû à l'absence d'une assurance chômage. Si l'on regarde les statistiques des mesures d'assistance sociale, on observe une incohérence avec les statistiques de chômage. Il semblerait qu'il y a un biais statistique.
 
=== 8.2.2. Une crise tardive et longue ===
En comparaison internationales la Suisse est relativement peu touchée 1931, si ce n'est sont industrie d'exportation qui se contracte fortement. Difficulté à exporter sur le marché allemand qui subit la crise de plein fouet.
 
Au niveau sectoriel, c'est avant tout le secteur du textile qui continuera d'ailleurs sa chute après la guerre. Le secteur horloger est également très touché. Les industries de la seconde génération, notamment la chimie, s'en sortent bien, ainsi que le secteur financier. Le secteur financier peut continuer à faire des affaires, malgré la conjoncture dût a la masse énorme de capitaux placés en suisse. Le secteur de la construction est aussi dopé par la présence de ces capitaux.
 
Dans un deuxième temps, dès 1932, il y a une contraction du PIB touchant l'ensemble de l'économie suisse. Dans cette phase, les banques traversent une période très difficile forçant à des restructurations, voire des faillites et plans de sauvetage important. Les banques cantonales connaissent peut la crise, en effet une grande partie des actifs suisses à l'étranger sont bloqué, mais les banques cantonales ne sont pas exposées à ces placements. L'industrie de l'évasion fiscale se poursuit, amortissant en partie les pertes des établissements financiers.
 
Dès 1936, on remarque une réorientation de l'industrie suisse de l'Allemagne vers les États-Unis. On a donc schématiquement, une fuite des capitaux de la France, qui passe par la Suisse et sont réinvestis aux États-Unis.
 
Dès septembre 1936, lors de la dévaluation du franc suisse, la situation va s'améliorer avec une légère baisse de chômage et une petite augmentation du PIB.
 
== 8.3. Politique de crise en Suisse ==
 
=== 8.3.1. Politique déflationniste, austérité budgétaire, franc fort ===
La BNS pour montrer sa capacité à défendre le franc fort, elle accumule massivement de l'or.
 
Au niveau de la politique budgétaire, c'est une politique d'orthodoxie budgétaire des plus classique. Le gouvernement se refusant d'augmenter les impôts, cela passe par l'augmentation des recettes fiscales indirectes en sur les taxe de douane. Au niveau des dépenses, elle reste relativement stable, ceci est dû en partie de l'interventionniste étatique. En 1933, la confédération débourse près de 100 millions pour sauver une banque elle intervient également par des subventions agricoles et dans le secteur horloger.
 
L'État intervient également dès 1934 en créant une loi sur les banques. Cependant, le but de cette loi n'est pas de restructurer le secteur bancaire, mais plutôt de renforcer l'attractivité de la place financière suisse. On trouve par exemple l'article 47 qui protège le secret bancaire par des poursuites pénales : le secret bancaire deviendrait un bien public.
 
Il y a une certaine mentalité contre les politiques inflationnistes et une certaine idéologie pour le franc fort.
 
Paradoxalement, on observe aussi les exportateurs défendent la politique du le franc fort pour quatre raisons :
 
–      Les exportateurs sont proches des secteurs financiers
 
–      Les prix de certain produit de la chimie ont faible élasticité
 
–      Attractivité du franc fort, attire les capitaux et descend le taux d'intérêt
 
–      Baisse du coût d'importation des matières premières. L'industrie d'exportation suisse étant une industrie de transformation.
 
=== 8.3.2. La dévaluation et ses causes ===
Pourquoi la dévaluation intervient si tard ?
 
–      '''La politique du franc fort bénéfice la place financière suisse'''. Explication assez correcte, mais il y a d'autres intérêts. De plus les banques déjà 1935 spécule à la baisse, et attende donc cette dévaluation malgré leur position favorable aux francs forts
 
–      Ces politiques déflationnistes et de stabilité financière existent dans tous les pays. C'est que quand les pays sont acculés à la dévaluation qu'il y a dévaluation. '''Il n'y a pas vraiment de choix politique'''. Le gouvernement suisse peut simplement mener cette politique plus longtemps grâce à l'attractivité de la place financière suisse qui permet à la BNS de maintenir le franc assez facilement jusqu’en 1935.
 
–      Il y a un facteur '''idéologie''', même s'il est difficile à mesurer. La politique déflationniste est la norme. Il y a une certaine rigidité mentale contre la dévaluation et politique keynésienne qui sont dues au dommage de ses politiques au début des années 1920. Commun à toutes les forces politiques d'Europe dans les années 1930.
 
–      il y a des '''intérêts politiques à maintenir de l'étalon or'''. Il permet de justifier les stagnations des dépenses publiques et les politiques non interventionnistes.
 
–      De manière très paradoxale (et à erreur), '''les milieux de l'exportation croient avoir des intérêts et défendent le franc fort''' pour 4 raisons (voir plus haut).
 
En septembre 1936, le gouvernement change sa politique et accepte une dévaluation de 30%!
 
Facteurs motivant la dévaluation :
 
–      Continuité de la crise et la difficulté à mettre en œuvre la politique déflationniste en particulier la baisse des salaires.
 
–      Augmentation des attaques spéculatives dès 1935. Et détérioration de la balance commerciale suisse. Ceci oblige à des interventions de plus en plus coûteuses de la BNS.
 
–      '''Dévaluation de franc français''' le 25 septembre 1936. Facteur déterminant, rends la défense du franc fort encore plus coûteuse, l'exportation sur le marché français devenant plus difficile. La dévolution est moins coûteuse pour les banques suisses qui ont beaucoup de capitaux français réfugié en suisse: la dévaluation du franc suisse ne signifie plus la dévaluation de ses capitaux.
 
Cette dévaluation permet une certaine relance, certes timide.
 
=== 8.3.3. Crise économique, autoritarisme et extrême droit ===
Dès 1933, comme dans la plupart des pays Européenne il y a une montée d'extrême droite même s'il l'on observe une relative stabilité du système politique en comparaison internationale.
 
La Suissesse n'est pas épargnée par une violence politique (ex. fusillade de Plain palais) même s'il n'y pas de comparaison avec la situation allemande.
 
Il y a une poussée de l'extrême suisse à l'avènement d’Hitler au pouvoir en 1993, appelé “le printemps des fronts". Souvent des mouvements de jeunes, avec une volonté de changer l'orientation des parties de droites. Il y également des groupes qui mélangent fascisme, racisme et politique réactionnaire. On observe aussi des groupes "téléguidé" par l'étranger.
 
Il faut le souligné, cette poussée de l'extrême, en suisse comme ailleurs, n'est pas nouvelle. Il y a au début du XXe siècle avant la Première Guerre mondiale, puis un deuxième temps en réaction au mouvement ouvrier, puis un troisième temps en 1933-34. Le quatrième temps de cette histoire est l'été 1940 à la défaite française ou ces mouvements frontistes cherchent à pousser le conseil fédéral à établir une politique de type pétainiste.
 
Ces mouvements n'auront que peu de poids politiquement. Cependant, ils auront une influence diffuse sur la droite traditionnelle. De façon générale, le libéral-conservatisme est beaucoup plus à droite que la droite que le libéral-conservatisme d'aujourd'hui.
 
==== Comment peut-on observer cette influence diffuse des mouvements frontistes sur la droite traditionnelle ? ====
On peut la voir sur les intellectuelles comme Gonzague de Reynold, intellectuel des plus respectés de l'époque (6 prix Nobel !) est d’extrême droite avec comme horizon politique le gouvernement corporatiste de St-Lazard. Gonzague de Reynold à une influence sur au moins trois conseillers fédéraux (Motta, Musy, Etter et également un radical Pilet-Golaz).
 
Certains membres du conseil fédéral sont de plus en plus d'extrême droite comme Jean-Marie Musy.
 
La troisième marque est la politique étrangère de la Suisse face aux régimes autoritaires. Il faut cependant analyser ça de manière assez fine. Si le fasciste italien fut accueil positivement par les élites suisses, le nazisme eu un accueil plus modérer voir fut regarder avec une certaine inquiétude.
 
Notons également les programmes de ''défense culturels'' ou encore l'exposition nationale avec une esthétique fasciste. Ou encore l'essor des idées corporatiste chez les élites.
 
==== Pourquoi observe-t-on une stabilité politique en suisse en comparaison internationale ? ====
L'influence directe des mouvements des frontistes au niveau électoral reste très limitée. On peut lister quatre facteurs :
 
–      Peu d'influence de la gauche suisse. Ces mouvements d'extrême droite étant une réaction à la gauche.
 
–      Absence d'un réel chômage de masse généralisé.
 
–      Le fédéralisme rend difficile une coalition entre les groupes frontistes pour des raisons linguistique et culturelle. Une partie de ses mouvements frontistes ne sont pas nationaliste, mais "cantonaliste".
 
–      Les pays ayant des coalitions libérales obtiennent des votes très larges envers les classes moyennes et paysannes. En suisse, les trois grandes parties de droit PAB, parti radical et le parti catholique conservateur s'entend sur un programme très conservateur qui fait barrage à l'essor de l'extrême droite.
 
= 9. Les réalités de la neutralité : Politique étrangère et relations économiques extérieures durant l’entre-deux-guerres =
Il n'y a pas forcément homologie entre la résistance au fascisme intérieur et extérieur.
 
== 9.1. Introduction : Au-delà du Printemps des Fronts, une surprenante stabilité politique en Suisse pendant les années 1930 ==
 
== 9.2. Réorientation momentanée de la politique étrangère de la Suisse à partir de 1917 et rapprochement des puissances alliées et associées ==
On se rappelle que l'orientation de la Suisse jusqu'en 1917 de la politique étrangère était pro-allemande. Cette orientation n'est cependant pas uniforme, avec certaines élites étant plus francophiles et également un certain fossé avec la Suisse romande plus francophile. Cela se traduit par exemple par une partie des élites suisses notamment l'état-major avait voulu rentrer en guerre aux côtés des puissances centrales au début de la guerre.
 
Cette orientation politique pose de nombreux problèmes, et scandale dès 1915. On peut retenir trois grandes crises politiques :
 
–      À l'été 1915 entre la Suisse et l'entente liée à Wille qui va jusqu'à soumettre un mémorandum au conseil fédéral dans le but de rentrer en guerre. Il y a aussi une intention de la part de l'entente de mettre un contrôle sur les exportations. Cependant, le conseil fédéral rejet cette entrée en guerre pour deux facteurs. 1) la guerre semble s'éterniser. 2) économiquement il est difficile pour la Suisse à s'allier pour un camp, car elle fait du commerce de manière multilatéralement.
 
–      L'affaire des colonelles en 1917, l'état-major suisse ayant toute sorte de collaboration avec l'état-major allemand et autrichien dont des transmissions de renseignement. Cette collaboration va à l'encontre de la neutralité suisse et crée un scandale du côté de l'entente lorsqu'elle apparaît au grand jour.
 
–      L'affaire Grimm-Hoffmann en 1917 : Le conseiller fédéral Arthur Hoffmann contribue à toute sorte de tentatives d'arbitrage entre les camps belligérants. Une de ces tentatives a été de participer à des offres de médiation entre la Russie et l'Allemagne. Ceci conduira à la démission d'Hoffmann.
 
À partir de 1917, il y a une réorientation de la politique étrangère en faveur de l'entente. Les scandales, mais aussi l'entrée en guerre des USA et l'économie suisse qui devient de plus en plus dépendante de l'entente précipite ce retournement. Dès 1917, il y a par exemple l'attribution de crédit à l'entente alors qu'il avait été réservé aux centraux.
 
== 9.3. La Suisse dans le concert de Versailles au début des années 1920 : ambiguïté de l’orientation « ententiste » de la Confédération ==
 
=== 9.3.1. Échec de la pacification des relations internationales en Europe entre 1919 et 1923 ===
À la fin de la guerre dans les pays européens, l'on observe une crise politique. En ce qui concerne les relations internationales, sont très troublé. On peut considérer que la guerre mondiale se termine en 1923, la guerre civile en Allemagne, mais surtout celle de la guerre civile en Russie qui fait à elle seule autant de victimes que la Première Guerre si l'on inclut les famines. Entre nations : Roumanie/ Hongrie, Russie/Pologne et Grèce/ Turquie et aussi la France qui a plusieurs reprises envahies l'Allemagne.
 
Il y a donc un échec au niveau de la pacification des relations internationales. Ceci est lié à la forme des traités de paix. Ces traités on trois buts : 1) fixé la nouvelle géographique de l'Europe 2) établir le coût financier de la guerre imposé aux vaincus 3) fixer des conditions inégales pour se réinsérer aux pays vaincus pour se réinsérer dans le système international en particulier au niveau commercial.
 
'''Ces traités de paix sont déstabilisateurs'''. Prenons par exemple le traité de Versailles, qui malgré ce que disent nombreux historien, n'est pas un dictat. L'Allemagne garde la plupart de son territoire, les clauses commerciales bien que discriminatoire lui donne accès aux marchés internationales. Propos iconoclaste, les réparations peuvent être supportées par l'Allemagne. Si l'on observe les annuités, cela représente 5% du PIB allemand ce qui aurait demandé une augmentation d'impôt au niveau de la GB.
 
Le problème est plutôt que ce traité est à la fois trop doux et trop fort. L'Allemagne sort en position de relative force au niveau économique de la Deuxième Guerre mondiale, le traité n'affaiblit dès lors pas assez l'Allemagne ce qui permet à l'Allemagne de ne pas le suivre le traité et qui rentre dans un politique révisionniste face au traité. D'un autre côté, le traité contient des paragraphes humiliants comme celle qui indique l'Allemagne comme seul responsable de la guerre.
 
Le deuxième problème est qu’'''entre les vainqueurs il y a une désunion''' sur la politique d'enfoncement du traité. Les Britanniques ont moins d'intérêt (peu de réparation) et cherchent à sortir des conflits de l'Europe continentale pour se concentrer sur l'empire. De plus elle pense que ces réparations ne sont pas compatibles avec une économie libérale.
 
Troisièmes facteurs, '''l'isolationniste des États-Unis qui refuse d'assumer leur rôle de leadership''' au niveau mondial.
 
Dans ce contexte, la SDN est très faible jusqu'en 1924. Au début elle reste surtout une association de continuité entre les alliés la Russie, l'Allemagne et les USA y étant absents. Il existe cependant du multilatéralisme, mais pas à Genève, mais dans des commissions comme celle des réparations.
 
=== 9.3.2. La Suisse et l’Europe de Versailles ===
 
==== Questions territoriales ====
La Suisse est intégrée dans les conférences de paix. Certaines élites suisses essaient de profiter de la réorganisation pour étendre la surface de la Suisse, notamment en direction de l'Italie ou de l'Autriche (foranbelrgue).
 
Les zones de libre-échanges autour de Genève sont révisées.
 
==== Économie et problème commerciaux ====
La Suisse est affectée au niveau des relations économiques avec des problèmes d'approvisionnement alimentaire et en charbon. Les exportations sont touchées par l'inflation des monnaies étrangères et de l'augmentation du protectionniste.
 
La politique étrangère de la Suisse à la sortie de la guerre est focalisée sur le rétablissement des relations commerciales. Réorientation sur les USA puis la Grande-Bretagne et non plus l'Allemagne notamment pour les textiles.
 
Le secteur financier fait des nouvelles affaires, mais subi de nombreux problèmes dut à l'inflation et à la socialisation des capitaux en URSS. Mais de manière générale, l'afflux de capitaux renforce la position de la Suisse grâce à une force financière nouvelle (emprunt lié, attitude impérialiste).
 
==== Neutralité ====
On présente classiquement la Suisse ayant une neutralité intégrale jusqu'en 1920 puis une neutralité différentielle jusqu'en 1938. Ceci serait dû au faîte que la Suisse accepte d'appliquer des sanctions de la SDN. En 1938, la Suisse décide formellement de ne plus appliquer les sanctions.
 
Cette présentation n'est pas valable, la Suisse n'a pas de neutralité intégrale et la politique de neutralité existe très peu jusqu'à la Première Guerre mondiale. De plus la Suisse n'applique pas les sanctions de la SDN. Pour finir, le fait d'adhérer à la SDN à une signification qui est changeante.
 
Ce qui est paradoxal, c'est qu'il y a conceptualisation de la neutralité après la Première Guerre mondiale alors même que la Suisse n'est plus neutre. Il faut analyser ça comme une stratégie permettant d'intégrer la SDN et de faire des concessions à l'entente, mais on utilise la neutralité afin de garder une partie de son orientation allemande.
 
Il y a cependant des oppositions assez importantes à l'entrée de la Suisse à la SDN. Les socialistes s'opposent à la SDN la voyant la voyant comme une internationale libéral qui s'oppose à l'international socialiste, les milieux germanophiles, les milieux du commerce (proche de l'Allemagne) et les milieux liés à l'armée.
 
== 9.4. La Suisse à l’heure du rétablissement de l’ordre bourgeois, 1924-1931 ==
 
=== 9.4.1. Les relations internationales après le plan Dawes : les apparences trompeuses d’une stabilisation ===
Dès 1924, il y a une stabilisation relative des conflits internationaux et monétaires et financiers. Notons aussi, l'intégration de l'Allemagne en 1925 avec le traité de Locarno et 1926 sont entré dans la SDN.
 
Il faut nuancer cette stabilité qui aurait été remise en cause par la grande-dépression. En effet, le plan d'austérité très important déstabilise les pays qui les appliquent. Le système monétaire international est très instable. Le rapprochement français et allemand est en partie factice, l'Allemagne maintient une politique révisionniste, il s'agit plutôt d'une politique de temporisation. Les élites allemandes ne cachent pas qu’à terme leur objectif est de modifier le traité de Versailles concernant l'est de l'Europe.
 
Les accords passés à la SDN sont moins bien importants que ceux passés dans les chambres d'hôtel...
 
=== 9.4.2. La politique extérieure de la Confédération : crédits internationaux, affinités britanniques, tension avec la France et tentation allemande ===
La Suisse est une grande puissance financière internationale, ce qui est évidemment en inadéquation avec sa force politique. Cette force financière est utilisée par contre politiquement.
 
Sur la même ligne avec la Grande-Bretagne.
 
Mais tension avec la France et toute sorte de problème politique et de protection économiques et la politique inflationniste de la France.
 
Les Suisses sont assez réticents à la SDN.
 
Il y a un renouement avec une orientation vers l'Allemagne. Beaucoup de capitaux allemands en transit en Suisse et accord commerciaux favorables.
 
La Suisse estime qu’in fine les problèmes de l'Allemagne (hyperinflation) sont liés aux réparations trop élevées, ce qui est une erreur. Cette réorientation vers l'Allemagne sera très coûteuse à l'arrivée de Hitler et du blocage des capitaux.
 
== 9.5. Bouleversements des rapports de force internationaux et marches vers la guerre, 1931-1939 ==
 
=== 9.5.1. Déclin de la Société des Nations, politique agressive de l’Allemagne nazie et l’échec de la politique des puissances occidentales. ===
Notons que le système international a tendance à se diriger vers la guerre, de par sa grande instabilité, avec ou sans Hitler.
 
Avant l'avènement de Hitler, le système est en voix de décomposition comme on peut le voir avec la Crise de Mandchourie, invasion par le Japon, et échec de la SDN à y faire barge ou la liquidation des dettes de guerre.
 
Il y a cependant une accélération des 1933, mais qui s'inscrit dans une continuité.
 
=== 9.5.2. La Confédération face à la constitution de l’Axe : une politique d’apaisement ===
La Confédération à une politique d'apaisement envers l'Allemagne.
 
Premièrement, les relations économiques avec l'Allemagne sont tendues.
 
Au niveau '''des relations financières''', l'Allemagne bloque les capitaux et poursuit un politique d'autarcie. Les banques suisses cherchent à se désengager du marché allemand, ou du moins à obtenir les intérêts des placements en Allemagne. Ces négociations sont plutôt favorables envers les banques suisses en comparaison internationales (par exemple UK). Ceci pour quatre facteurs :
 
–      la politique d'apaisement facilite ces négociations.
 
–      Une grande partie des capitaux suisses sont en fait des capitaux allemands qui transite simplement par la Suisse.
 
–      L'Allemagne Nazie a intérêt à soigner ces relations commerciales avec la Suisse, car elle a une balance commerciale positive permettant de contrebalancer les pertes avec d'autres pays.
 
–      L'Allemagne Nazie voit déjà l'intérêt d'avoir une place financière neutre au sein de l'Europe.
 
Au '''niveau des relations commerciales''', contrairement aux relations financières, on voit un rapprochement. Notamment avec les accords de clearing. Le franc suisse étant surévalué, cet accord permet un débouché pour les exportations suisses.
 
Au niveau '''des relations politiques''', il y a un rapport ambivalent avec un intérêt pour l'antisocialiste, mais une inquiétude face à la radicalisation (??).
 
==== Politique d'apaisement ====
La politique d'apaisement se traduit par toute sorte de marques politiques afin de démontrer que la Suisse ne fait pas partie des puissances centrales. 1) l'accord de clearing et au même moment Motta s'oppose à l'entrée de l'URSS en guerre 2) refuse d'appliquer les sanctions économiques envers l'Italie fasciste lors de l'invasion de la Libye. 3) lors de la guerre d'Espagne, la politique suisse est pro-franquiste et antirépublicaine, la Suisse sera le deuxième pays à reconnaître le gouvernement franciste après l'Irlande 4) Assassinat ... 5) lors de l'invasion de l'Autriche par l'Allemagne, la suisse ne mobilise pas son armée et pousse l'Allemagne a imposé le "J" sur les passeports pour éviter un "enjuivement” de la suisse. 6) La Suisse remplace l'ambassadeur à Berlin par un ambassadeur beaucoup plus favorable à l'Allemagne nazie.
 
Il ne faut pas non plus surestimer l'originalité de cette politique. L'Angleterre et la Belgique ont des politiques similaires. Il ne faut pas surestimer non plus la sympathie des dirigeants suisse ni l'efficacité de cette politique.
 
= 10. Adaptation ou résistance à l'Axe? Commerce, finance et politique pendant la Seconde Guerre mondiale =
 
== 10.1. À la veille de la Seconde Guerre mondiale ==
 
=== 10.1.1. Situation politique et économique de la Suisse ===
Dès 1936, les dirigeants suisses se préparent à la guerre par des mesures inspirées par la mauvaise préparation par apport à la Première Guerre. Elle rentre dans le conflit avec un meilleur appareil fiscal, ce qui va éviter l'augmentation de la dette publique et donc l'inflation. Il y a une stratégie d'éviter la détérioration du pouvoir d'achat pour éviter des conflits sociaux comme ceux observer à la fin de la Première Guerre.
 
Il y a aussi une recherche d'assuré l'approvisionnement notamment avec le plan Wahlen.
 
XXX
 
La préparation est nettement meilleure que durant la Première Guerre et va légitimer les dirigeants suisses et de la politique libérale. La politique après la guerre sera d'ailleurs marquée par une continuité et un refus des politiques keynésiennes avec l'exception de l'AVS.
 
== 10.2. 1939-1940 : De la drôle de guerre à l’intégration à la sphère économique de l'Axe ==
 
=== 10.2.1. Relations internationales jusqu'à la capitulation française ===
L'élection de Guisan en 1939 à une autre signification que celle de Wille en 1914 qui était-elle clairement une marque germanophile. Guisan a des marques autoritaires, mais n’est pas sur l'axe pro-allemand de certains hauts gradés suisses.
 
On observe au niveau économique une stratégie multilatérale avec des importations de la Grande-Bretagne et US.
 
Au début de la guerre, il n'y a donc pas comme à la Première Guerre une orientation pro-allemande.
 
=== 10.2.2. La seconde moitié de l'année 1940 en suisse ===
Les dirigeants suisses immédiatement après la défaite française démobilise l'armé et choisi la stratégie du réduit. Le but est aussi économique avec une remise au travail des salariés afin de montrer que la Suisse est utile pour l'Axe -> stratégie de dissuasion économique.
 
Ce qui est paradoxal, car les archives allemandes montrent que c'est durant ce moment même qu'il y avait un risque d'invasion.
 
== 10.3. 1941-1943 L'économie suisse au service de l'Axe ==
Il faut bien regarder quelle est la marge de manœuvre des dirigeants suisse. Une faut voir en détaille chaque relation et négociation.
 
=== 10.3.1. Clearing ===
Faible marge de manœuvre, dépendance sur le charbon. Avec le crédit de clearing cependant, on remarque que les autres pays neutres n'ont pas été si loin et que la Suisse avait certainement une marge de manœuvre.
 
=== 10.3.2. Transit ===
peu de marge de manœuvre. Intensification très forte du transit entre l'Allemagne et l'Italie, service considéré comme essentiel par l'Allemagne Nazie.
 
=== 10.3.3. Services financiers ===
La Suisse est le seul territoire ou l'Allemagne Nazie peut acheter des devises. Ce service est très important et se traduit par des achats d'or de la BNS qui fournit des francs suisses que la Reich Banque peut utiliser sur les marchés étrangers.
 
Ici le rôle de la place financière est assez unique en comparaison des autres pays neutres.
 
Cette question fut largement débattue dans les années 2000.
 
Durant la guerre la BNS à avancer deux arguments qui ne sont pas recevables par les recherches historiques :
 
–      La BNS ne connaissait pas la provenance de l'or ce qui est démenti par les archives, mais aussi par la balance or de l'Allemagne avant la guerre.
 
–      En tant que pays neutre, la Suisse était obligée d'accepter l'or. Il n'y a cependant aucune règle qui oblige un pays neutre à accepter de l'or volé.
 
Certains historiens ont avancé d'autres arguments
 
–      Politique de dissuasion. Cet argument est partiellement valide, car si l'on observe le volume d'achat d'or il augmente justement quand le risque est moindre et est parfaitement incompréhensible en 1954.
 
–      La Banque Nationale suisse était obligée de procéder à ces achats d'or pour garantir la parité du franc suisse ce qui aurait créé de l'inflation. Cet argument est cependant trop étroit et fait fi des relations politiques. Il y avait d'autres moyens d'éviter l'inflation comme d'imposer des contrôles des changes, et cette stratégie ne fait sens que si l'on fait le choix de démontrer la stabilité de la place financière suisse même dans des conditions de guerre pour maintenir son attractivité après-guerre. Paradoxalement, les achats d'or à court terme ont un effet inflationniste, car ils augmentent la masse monétaire. Pour finir, l'argument de l'encaissement d'or il n'y avait pas d'obligation légale.
 
Jamais les responsables politiques n’utilisent l'argument de l'achat d'or pour obtenir des concessions envers l'Allemagne Nazie. On voit donc bien que les dirigeants suisses étaient clairement sous pression, mais que suivant les dossiers, il y n'y a pas de justification.
 
==== Politique d'asile restrictive ====
La Suisse à une politique très restrictive envers les réfugiés alors qu'elle avait ici clairement une marge de manœuvre. Elle se caractérise par le refus absurde de la Confédération d'accorder le statut de réfugié politique. La Suisse accueille environ 20'000 juifs durant la guerre et ce n'est que vers la fin de la guerre qu'elle augmente un peu l'accueil. Cette politique est menée de façon autonome jusqu'en 1942 par les dirigeants suisses. Jusqu'en 1941, la politique restrictive va même à l'encontre de la politique d'expulsion de l'Allemagne. Avec la mise en place de la solution finale, il y a quelques indications de l'Allemagne, mais pas de pression significative. Ceci était dicté principalement par un climat antisémite.
 
== 10.4. 1943/4-1946 : Réorientions de la politique suisse et "perspective atlantique" de la politique confédérale à la fin de la Seconde Guerre mondiale ==
 
=== 10.4.1. Pression alliée et réinscription de la Suisse dans le nouvel ordre mondial à la fin de la Guerre ===
Utilisation de liste noire envers la Suisse, pression financière ... dans le but de faire cesser les relations commerciales envers l'Allemagne.
 
On remarque que dès 1943, la Suisse va faire de moins en moins de concessions envers l'Allemagne.
 
=== 10.4.2. Sortie de guerre : croissance, bilatéralisme et libéralisme financier ===
(fin dernier cours)
 
À la sortie de la Seconde Guerre mondiale la suisse à un appareil de production intact et la seule place financière qui permet
 
Les Suisses sont dans une position de force, ce qui se remarque par leur absences au organisations internationales (Bretten Wood, GATT, ONU) préférant des accords bilatéraux. On a souvent qualifié cette politique de neutralité, ce qui est seulement en partie vrai (il n'y a pas de politique de neutralité en direction de l'URSS).  Les Suisses ne rechignent pas à participer aux organisations s’il estime que celle-ci est dans leurs intérêts.
 
On remarque trois continuités de la politique économique suisse qui sont à contre-courant des tendances dans le reste de l'Europe. '''Un État faible''', une '''politique monétaire très orthodoxe,''' à contre-courant des politiques de ''deficit spending'', et un '''conservatisme social'''.
 
Les années 1950 sont assez conservatrices en Europe, mais sont marquées par l'essor de l'État, l'État providence et la mise en place de la société de consommation. En Suisse''', la société suisse est marquée par un conservatisme beaucoup plus important''' ce qui est une conséquence directe de l'absence de participation au conflit mondial et des bouleversements liés à la guerre. La maque la plus directe de ce conservatisme est le refus d'accorder le droit de vote aux femmes à contre-courant de tous les autres pays occidentaux.
 
'''On voit à quel point la démocratie suisse qui faisait figure d'exemple au niveau international au milieu du XIXe siècle, du moins au niveau du droit formel, s'est transformée au cours de la première partie du XXe siècle en un des pays les plus conservateurs au monde.'''


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Version actuelle datée du 8 février 2018 à 12:52

Introduction : Pour une histoire politique et internationale de l’économie suisse à l’époque contemporaine
Faculté Sciences de la société
Département Histoire, économie et société
Professeur(s) Christophe Farquet[1][2]
Enregistrement [1]
Cours Histoire contemporaine de la Suisse

Lectures

Une histoire sociopolitique de l'évolution de l'économie suisse au XIXe et XXe siècles en perspective internationale[modifier | modifier le wikicode]

base théorique / méthodologique, pas besoin de savoir pour l'examen.

Internationaliser l’histoire de la Suisse[modifier | modifier le wikicode]

–      L’économie suisse dans les relations internationales

–      La fonction de la Suisse pour les économies étrangères

–      L’économie en comparaison internationale

–      Une perspective régionaliste sur l’économie suisse

Une histoire totale de l’économie suisse à l’époque contemporaine[modifier | modifier le wikicode]

–      Influence de l’économie suisse sur la politique, la société et la culture suisses

–      Interaction entre l’économie et les faits politiques et culturels

Perspective critique et réductionnisme économique[modifier | modifier le wikicode]

Contre un programme historique de réductionnisme économique[modifier | modifier le wikicode]

Le poids du facteur économique sur la société helvétique[modifier | modifier le wikicode]

–      Insertion dans les relations économiques internationales

–      Faiblesse de l’État central

–      Une nation bourgeoise

–      Non-participation aux deux guerres mondiales

Questionnements et axes interprétatifs du cours[modifier | modifier le wikicode]

Développement du capitalisme suisse[modifier | modifier le wikicode]

Il y a un modèle helvétique du capitalisme/industrialisation en suisse au XIXe. L'économie suisse avant les deux Guerres mondiales est très riche en comparaison internationale.  Ceci résulte de sa préciosité de son industrialisation au tout début du XIXe.

Libéral, très peu d'intervention étatique, principalement textile

Une histoire de rupture : les mutations de l'économie suisse à l'époque contemporaine.

Précocité de l'industrialisation, mais il y a des mutations qui passe par des ruptures. Rupture au niveau des types d'industrie (d'abord textile, ensuite chimie/métallurgie/machine)

Rôle des banques très limité dans l'économie suisse : jusqu'au en 1870-80 l'industrie est en avance, mais la finance en retard. Il y a clairement une rupture après la 2e guerre ou la finance devient importante pour la Suisse.

Même après la 1re guerre mondiale, on peut se demander de l'intérêt de l'industrie financière dû aux "externalité négative" comme le franc fort et autre coup moral et politique.

La suisse à une croissance faible : Le taux de croissance du PIB 1890-2005 est faible en suisse 1.35% alors que la moyenne UE est de 1.8%. Trois objections possibles : qualité des statistiques, donnée qui échappe, convergence des économies (la croissance tend toujours à faiblir à la longue).

État et politique économiques[modifier | modifier le wikicode]

Faible intervention de l'État en comparaison international, on observe une continuité de ce phénomène. On peut mesurer ceci en regardant les quotes-parts de l'État par rapport au PIB. Ceci se voit aussi sur l'État providence -> assurance sociale privée. Raisons: Absence de guerre, fédéralisme, orientation libérale conservatrice du gouvernement.

Fédéralisme comme stratégie politique -> État faible, peut d'intervention.

Importance de la scène paraétatique, les associations patronales et les associations économiques ont joué un rôle prédominant (on parle de corporatisme libéral, car les syndicats sont très peut intégrer). Un exemple illustratif est "économie suisse" même s’il a perdu de l'influence aujourd'hui.

Prédominance des politiques financières et monétaires orthodoxes au cours du XXe siècle. Les politiques monétaires sont proches de celle du "gold standard" tel qu'il fonctionnait avant la 1re guerre, tel que :

–      Stabilité monétaire

–      Liberté du marché capital

–      Déflationniste, peux d'emprunt étatique.

On peut nuancer cette vision "ultralibérale". La tendance n'est pas un libéralisme "sauvage", mais est plutôt une tendance libérale-conservatrice via deux amendements :

–      Mise en place de tarif protectionniste, au début différencier, en particulier l'agriculture dès 1920.

–      Au niveau politique, les partisans radicaux acceptent de s'allier avec les conservateurs qui sont pourtant opposés au libéralisme.

–      Mécanisme protectionniste, cartel, etc.

Les relations internationales et extraversions du capitalisme suisse[modifier | modifier le wikicode]

On qualifie souvent la Suisse d'une petite économie ouverte. On est en droit de remettre ceci en question :

–      C'est une puissance économique moyenne.

–      C'est une grande puissance financière dès la 1re guerre mondiale. En effet, à la veille de la WW1 la Suisse est en 5e position en exportation en capital, cela s'accentue encore par la suite.

–      Il y a des barrières à l'ouverture économique (libéral conservateur).

La Suisse est par contre une petite puissance politique.

Il y a un intérêt politique à l'existence de la Suisse pour faire pression à d'éventuelles régulations dans les autres pays européens, en particulier la France.

La défense des intérêts des banques et des industries passe avant dans les relations internationales. Mais il faut faire attention, il n'y a pas toujours primauté. Cependant, la Suisse s'appuiera également davantage sur son industrie et les banques même pour défendre d'autres intérêts comme son intégrité territoriale.

Il n'est pas acceptable de construire l'histoire de la Suisse autour de sa neutralité. On est en droit de se demander jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale s'il y a une véritable politique de défense de neutralité.

Références[modifier | modifier le wikicode]