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*[[From Durkheim to Bourdieu]]
*[[The origins of the fall of the Weimar Republic]]
*[[Max Weber and Vilfredo Pareto]]
*[[The notion of "concept" in social sciences]]
*[[Marxism and Structuralism]]
*[[Functionalism and Systemism]]
*[[Interactionism and Constructivism]]
*[[Interests]]
*[[The institutions]]
*[[Ideas]]
*[[The theories of political anthropology]]
*[[Studying war: the political science lens]]
*[[The War: Concepts and Evolutions]]
*[[The reason of State]]
*[[State, sovereignty, globalization and multi-level governance]]
*[[Theoretical approaches to violence in political science]]
*[[Welfare State and Biopower]]
*[[Political regimes and democratisation]]
*[[Electoral systems]]
*[[Governments and Parliaments]]
*[[Morphology of contestations]]
*[[Régimes politiques, démocratisation]]
*[[Action in Political Theory]]
*[[Introduction to Swiss politics]]
*[[Introduction to political behaviour]]
*[[Public Policy Analysis: Definition and cycle of public policy]]
*[[Public Policy Analysis: agenda setting and formulation]]
*[[Public Policy Analysis: Implementation and Evaluation]]
*[[Introduction to the sub-discipline of international relations]]
*[[Introduction to Political Theory]]
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Interactionism and constructivism are two key theoretical frameworks that enrich our understanding of dynamics in political science.
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|[[Introduction à la science politique]]
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Interactionism is a theory that focuses on the relationships between individuals to decipher political behaviour. It posits that individuals are not simply the product of their environment or social structures, but have an active role in shaping and transforming these structures through their interactions. In a political context, interactionism can help to analyse how politicians, bureaucrats and voters interact, and how these interactions determine public policy and electoral outcomes.
L'interactionnisme et le constructivisme sont deux cadres théoriques clés qui enrichissent notre compréhension des dynamiques en science politique.


On the other hand, constructivism focuses on how political actors use their ideas and beliefs to construct their social and political reality. According to this approach, political and social structures are not pre-established, but rather are constructed by political actors through their discourses, ideas and actions. Constructivism, in the field of political science, explores how the beliefs and ideas of political actors shape political structures and public policies.
L'interactionnisme est une théorie qui met l'accent sur les relations entre les individus pour décrypter les comportements politiques. Elle postule que les individus ne sont pas simplement le produit de leur environnement ou des structures sociales, mais qu'ils ont un rôle actif dans la formation et la transformation de ces structures par leurs interactions. Dans un contexte politique, l'interactionnisme peut aider à analyser comment les politiciens, les bureaucrates et les électeurs interagissent, et comment ces interactions déterminent les politiques publiques et les résultats électoraux.


These two theoretical frameworks can be used together for a deeper understanding of politics. For example, interactionism can be used to examine how political actors work together to make policy, while constructivism can analyse how policy is influenced by the ideas and beliefs of these actors.{{Translations
D'autre part, le constructivisme se focalise sur la manière dont les acteurs politiques utilisent leurs idées et croyances pour construire leur réalité sociale et politique. Selon cette approche, les structures politiques et sociales ne sont pas préétablies, mais sont plutôt construites par les acteurs politiques à travers leurs discours, leurs idées et leurs actions. Le constructivisme, dans le domaine de la science politique, permet d'explorer comment les croyances et les idées des acteurs politiques façonnent les structures politiques et les politiques publiques.
| es = Interaccionismo y Constructivismo
 
| fr = Interactionnisme et Constructivisme
Ces deux cadres théoriques peuvent être utilisés conjointement pour une compréhension plus approfondie de la politique. Par exemple, l'interactionnisme peut être utilisé pour examiner comment les acteurs politiques collaborent pour élaborer des politiques, tandis que le constructivisme peut permettre d'analyser comment ces politiques sont influencées par les idées et les croyances de ces acteurs.
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= Interactionism and Constructivism =
= Les approches Interactionnisme et Constructivisme =


Interactionism and constructivism are two key theoretical frameworks that have emerged from distinct production contexts and have shaped our understanding of social and political processes.  
L'interactionnisme et le constructivisme sont deux cadres théoriques essentiels qui ont émergé à partir de contextes de production distincts et ont façonné notre compréhension des processus sociaux et politiques.  


== Interactionism ==
== L'Interactionnisme ==  
Interactionism, particularly symbolic interactionism, has its roots in the Chicago School of the early 20th century. The rapid and massive changes that the city of Chicago underwent at that time provided the backdrop for the development of this theoretical approach.
L'interactionnisme, notamment l'interactionnisme symbolique, a ses racines dans l'École de Chicago au début du XXe siècle. Les changements rapides et massifs que la ville de Chicago a connus à cette époque ont servi de toile de fond pour le développement de cette approche théorique.


Chicago grew from a small city to a thriving metropolis in just a few decades, with a population that exploded due to immigration and internal migration. This led to profound changes in the social and spatial structure of the city. Newcomers from different ethnic and cultural backgrounds have settled in separate neighbourhoods, creating a mosaic of cultural communities in the city. In response to these changes, sociologists of the Chicago School sought to understand how individuals and groups interacted in these new urban environments. They began to develop interactionist theories that emphasised the role of social interactions in the formation of individual and collective identity, the construction of communities, and the creation of social order. Sociologists of the Chicago School, such as Robert E. Park, Ernest Burgess and Herbert Blumer, played a crucial role in the development of interactionism. They emphasised direct observation of social interactions and used innovative research methods, such as ethnographic study and participant observation, to study social interactions in the changing metropolis.
Chicago est passée d'une petite ville à une métropole florissante en quelques décennies seulement, avec une population qui a explosé en raison de l'immigration et de la migration interne. Cela a entraîné de profonds changements dans la structure sociale et spatiale de la ville. Les nouveaux arrivants de différentes origines ethniques et culturelles se sont installés dans des quartiers distincts, créant une mosaïque de communautés culturelles dans la ville. Face à ces changements, les sociologues de l'École de Chicago ont cherché à comprendre comment les individus et les groupes interagissent dans ces nouveaux environnements urbains. Ils ont commencé à développer des théories interactionnistes qui mettaient l'accent sur le rôle des interactions sociales dans la formation de l'identité individuelle et collective, la construction des communautés, et la création de l'ordre social. Les sociologues de l'École de Chicago, tels que Robert E. Park, Ernest Burgess et Herbert Blumer, ont joué un rôle crucial dans le développement de l'interactionnisme. Ils ont mis l'accent sur l'observation directe des interactions sociales et ont utilisé des méthodes de recherche innovantes, comme l'étude ethnographique et l'observation participante, pour étudier les interactions sociales dans la métropole en pleine mutation.


Interactionism was thus born out of the effort to understand the social and spatial transformations taking place in the changing metropolis. It continues to be a key theoretical approach in sociology and political science, helping to explain how social interactions shape individuals, groups, and society as a whole.
L'interactionnisme est donc né de l'effort pour comprendre les transformations sociales et spatiales en cours dans une métropole en pleine mutation. Il continue à être une approche théorique clé en sociologie et en science politique, aidant à expliquer comment les interactions sociales façonnent les individus, les groupes, et la société dans son ensemble.


Sociologists of the Chicago School were among the first to tackle these complex and interrelated challenges head on. Their work highlighted the difficulties of social, occupational and cultural integration faced by newcomers to the city. They observed how these challenges led to an ethnicisation of the city, where different ethnic groups settled in separate neighbourhoods, creating a complex 'ethnic mosaic'. They also studied the emergence of social marginality, including crime and delinquency, in this changing urban context. The phenomena of marginality and social deviance, such as gangs and organised crime, were of major concern to these sociologists. They sought to understand why certain individuals and groups choose to engage in illegal activities and how these choices are shaped by their social and economic environment. The work of the Chicago School on social deviance has been particularly influential. Scholars such as Clifford R. Shaw and Henry D. McKay developed the theory of social disorganisation, which suggests that crime is primarily the result of the disintegration of traditional social institutions in deprived urban areas. This theory has profoundly influenced the way we understand crime and deviance today. The sociologists of the Chicago School were pioneers in the study of urban phenomena and the social problems associated with rapid urbanisation and industrialisation. Their interactionist approach paved the way for a more nuanced understanding of how individuals and groups interact with their social environment and how these interactions shape their experiences and behaviour.
Les sociologues de l'École de Chicago ont été parmi les premiers à s'attaquer de front à ces défis complexes et interdépendants. Leurs travaux ont mis en évidence les difficultés d'intégration sociale, professionnelle et culturelle auxquelles étaient confrontés les nouveaux arrivants dans la ville. Ils ont observé comment ces défis ont conduit à une ethnicisation de la ville, où les différents groupes ethniques se sont installés dans des quartiers distincts, créant une "mosaïque ethnique" complexe. Ils ont également étudié l'émergence de la marginalité sociale, y compris la criminalité et la délinquance, dans ce contexte urbain en mutation. Les phénomènes de marginalité et de déviance sociale, tels que les gangs et la criminalité organisée, étaient des préoccupations majeures pour ces sociologues. Ils ont cherché à comprendre pourquoi certains individus et groupes choisissent de s'engager dans des activités illégales et comment ces choix sont façonnés par leur environnement social et économique. Le travail de l'École de Chicago sur la déviance sociale a été particulièrement influent. Des chercheurs tels que Clifford R. Shaw et Henry D. McKay ont développé la théorie de la désorganisation sociale, qui suggère que la criminalité est principalement le résultat de la désintégration des institutions sociales traditionnelles dans les zones urbaines défavorisées. Cette théorie a profondément influencé la façon dont nous comprenons la criminalité et la déviance aujourd'hui. Les sociologues de l'École de Chicago ont été des pionniers dans l'étude des phénomènes urbains et des problèmes sociaux associés à l'urbanisation rapide et à l'industrialisation. Leur approche interactionniste a ouvert la voie à une compréhension plus nuancée de la façon dont les individus et les groupes interagissent avec leur environnement social et comment ces interactions façonnent leurs expériences et comportements.
   
   
Interactionism, as conceptualised by the Chicago School, places interaction at the heart of social experience. This approach emphasises the idea that individual behaviour is shaped by interactions and exchanges with others. In other words, individuals do not act in isolation, but are constantly engaged in a process of interaction with those around them. From this perspective, society is not simply a set of rigid structures that determine the behaviour of individuals, but a dynamic network of social interactions. Individuals are not simply passive recipients of social norms, but play an active role in creating and modifying these norms through their interactions. This means that in order to understand the behaviours of individuals, we need to examine the nature of the interactions in which they are engaged. For example, how do individuals interact in different contexts, such as family, work, school, etc.? How do these interactions influence their beliefs, attitudes and behaviour? And how do these interactions contribute to the creation and transformation of social structures? Furthermore, interactionism argues that all human relationships involve some form of exchange or interaction, whether verbal or non-verbal, formal or informal, positive or negative. Therefore, interactionism provides a valuable framework for the study of social phenomena, ranging from everyday interactions between individuals to broader processes of social and political change.
L'interactionnisme, tel qu'il a été conceptualisé par l'École de Chicago, place l'interaction au cœur de l'expérience sociale. Cette approche met l'accent sur l'idée que les comportements individuels sont façonnés par les interactions et les échanges avec les autres. En d'autres termes, les individus n'agissent pas isolément, mais sont constamment engagés dans un processus d'interaction avec ceux qui les entourent. Dans cette perspective, la société n'est pas simplement un ensemble de structures rigides qui déterminent le comportement des individus, mais un réseau dynamique d'interactions sociales. Les individus ne sont pas de simples récepteurs passifs de normes sociales, mais jouent un rôle actif dans la création et la modification de ces normes à travers leurs interactions. Cela signifie que pour comprendre les comportements des individus, nous devons examiner la nature des interactions dans lesquelles ils sont engagés. Par exemple, comment les individus interagissent-ils dans différents contextes, comme la famille, le travail, l'école, etc. ? Comment ces interactions influencent-elles leurs croyances, leurs attitudes et leurs comportements ? Et comment ces interactions contribuent-elles à la création et à la transformation des structures sociales ? De plus, l'interactionnisme fait valoir que toutes les relations humaines impliquent une forme d'échange ou d'interaction, qu'elle soit verbale ou non verbale, formelle ou informelle, positive ou négative. Par conséquent, l'interactionnisme offre un cadre précieux pour l'étude des phénomènes sociaux, allant des interactions quotidiennes entre individus aux processus plus larges de changement social et politique.


Interactionism emphasises that an individual's behaviour is profoundly influenced by his or her interactions with others, and that it does not exist in isolation from its social context. This perspective highlights the fact that behaviour is never static or constant, but is always in the process of transformation through social interactions. This is where interactionism differs from functionalist theory. Functionalism, by focusing on how different parts of society work together to maintain balance and harmony, tends to see individual behaviour as largely determined by the functional role they play in society. This perspective can sometimes be criticised for its lack of consideration for power dynamics, conflict and social change. In contrast, interactionism emphasises how individuals negotiate, interpret and contest their social roles through their interactions with others. It emphasises the complexity and dynamics of human behaviour, rather than its conformity to predetermined functional norms. Furthermore, interactionism sees society not as a fixed structure, but as a constantly changing process shaped by human interactions. Thus, interactionism offers a more nuanced and dynamic perspective on human behaviour and society. It emphasises the active role of individuals in creating and transforming their social reality, and the way in which behaviour is shaped by interactions and exchanges with others.
L'interactionnisme souligne que le comportement d'un individu est profondément influencé par ses interactions avec les autres, et qu'il n'existe pas isolément de son contexte social. Cette perspective met en évidence le fait que le comportement n'est jamais statique ou constant, mais qu'il est toujours en cours de transformation à travers les interactions sociales. C'est en cela que l'interactionnisme se distingue de la théorie fonctionnaliste. Le fonctionnalisme, en se concentrant sur la manière dont les différentes parties de la société travaillent ensemble pour maintenir l'équilibre et l'harmonie, tend à voir les comportements individuels comme étant largement déterminés par le rôle fonctionnel qu'ils jouent dans la société. Cette perspective peut parfois être critiquée pour son manque de considération pour les dynamiques de pouvoir, les conflits et le changement social. Au contraire, l'interactionnisme souligne la manière dont les individus négocient, interprètent et contestent leurs rôles sociaux à travers leurs interactions avec les autres. Il met l'accent sur la complexité et la dynamique des comportements humains, plutôt que sur leur conformité à des normes fonctionnelles prédéterminées. De plus, l'interactionnisme voit la société non pas comme une structure figée, mais comme un processus en constante évolution façonné par les interactions humaines. Ainsi, l'interactionnisme offre une perspective plus nuancée et dynamique des comportements humains et de la société. Il met en évidence le rôle actif des individus dans la création et la transformation de leur réalité sociale, et la manière dont les comportements sont façonnés par les interactions et les échanges avec les autres.
   
   
There are four principles in interaction:
Il y a quatre principes dans l’interaction :


# Units of interaction: Interactionism recognises that interactions can occur between individuals (interpersonal interaction) or groups (group interaction). These units of interaction are the basic actors in society.
# Unités d'interaction : L'interactionnisme reconnaît que les interactions peuvent se produire entre des individus (interaction interpersonnelle) ou des groupes (interaction de groupe). Ces unités d'interaction sont les acteurs de base de la société.
# Rules of interaction: Interactions are governed by rules, which may be explicit (such as laws or regulations) or implicit (such as unwritten social norms). These rules help to structure interactions and give meaning to behaviour.
# Règles d'interaction : Les interactions sont régies par des règles, qui peuvent être explicites (comme les lois ou les règlements) ou implicites (comme les normes sociales non écrites). Ces règles aident à structurer les interactions et à donner un sens aux comportements.
# Ordered process: Interactionism sees social interactions as an ordered process. This means that interactions follow certain sequences and patterns, which can be analysed and understood. For example, interactionism has been used to study phenomena such as violence, by placing them in their specific interaction context.
# Processus ordonné : L'interactionnisme voit les interactions sociales comme un processus ordonné. Cela signifie que les interactions suivent certaines séquences et motifs, qui peuvent être analysés et compris. Par exemple, l'interactionnisme a été utilisé pour étudier des phénomènes tels que la violence, en les situant dans leur contexte d'interaction spécifique.
# Exchange: Interactionism emphasises the idea that social interactions are fundamentally based on exchange. This can be an exchange of goods or services, but also of information, feelings, ideas, etc. This emphasises the reciprocal and mutually influencing nature of social interactions.
# Échange : L'interactionnisme met l'accent sur l'idée que les interactions sociales sont fondamentalement basées sur l'échange. Cela peut être un échange de biens ou de services, mais aussi d'informations, de sentiments, d'idées, etc. Cela souligne le caractère réciproque et mutuellement influençant des interactions sociales.


These principles provide a framework for understanding how individuals and groups interact with each other, how these interactions are structured and regulated, and how they contribute to social creation and change.
Ces principes fournissent un cadre pour comprendre comment les individus et les groupes interagissent les uns avec les autres, comment ces interactions sont structurées et régulées, et comment elles contribuent à la création et au changement social.


== Constructivism ==
== Le Constructivisme ==
Constructivism, which took off in the 1960s-1970s, is a school of thought that has profoundly influenced many fields, including sociology, philosophy, anthropology and linguistics. Constructivism is based on the idea that knowledge is not simply discovered, but is actively constructed by the individual or society. Jean Piaget, a famous Swiss psychologist, is a key figure in constructivism, although his work is generally classified in the field of developmental psychology. Piaget proposed that children actively construct their understanding of the world through their interaction with their environment. According to his theory, cognitive development occurs through a series of stages, each representing a more complex and sophisticated understanding of the world. In the field of linguistics, Piaget saw language as a social and cognitive construct. He argued that children acquire language not simply by memorising words and rules, but by actively constructing their understanding of language through their interactions with others. This reflects the general approach of constructivism, which emphasises interaction and the active construction of knowledge.
Le constructivisme, qui a pris son essor dans les années 1960-1970, est un courant de pensée qui a profondément influencé de nombreux domaines, notamment la sociologie, la philosophie, l'anthropologie et la linguistique. Le constructivisme est basé sur l'idée que la connaissance n'est pas simplement découverte, mais est construite activement par l'individu ou la société. Jean Piaget, un psychologue suisse célèbre, est une figure clé du constructivisme, bien que son travail soit généralement classé dans le domaine de la psychologie du développement. Piaget a proposé que les enfants construisent activement leur compréhension du monde à travers leur interaction avec leur environnement. Selon sa théorie, le développement cognitif se produit à travers une série de stades, chaque stade représentant un niveau de compréhension plus complexe et sophistiqué du monde. Dans le domaine de la linguistique, Piaget a vu le langage comme une construction sociale et cognitive. Selon lui, les enfants acquièrent le langage non pas simplement en mémorisant des mots et des règles, mais en construisant activement leur compréhension du langage à travers leurs interactions avec les autres. Cela reflète l'approche générale du constructivisme, qui met l'accent sur l'interaction et la construction active de la connaissance.
   
   
The fundamental premise of constructivism is that knowledge is not a static set of facts waiting to be discovered, but is actively constructed by individuals and groups. This means that knowledge is not simply something we have, but something we do. Each new piece of information or experience is integrated into our existing knowledge base, modifying and developing our understanding of the world. From this perspective, reality is not an objective entity independent of us, but is constantly constructed and reconstructed through our interactions with the world and with others. This means that our knowledge of the world is always developing, always being 'constructed'. Furthermore, constructivism recognises that our social and cultural context always influences our knowledge of the world. Our beliefs, values, experiences and interactions with others all play a role in how we construct our knowledge of the world. For this reason, constructivism is often associated with methodological approaches that focus on exploring people's perceptions, interpretations and experiences, such as case study, ethnography, or narrative analysis. These methods aim to understand how individuals and groups construct their knowledge of the world and how this knowledge influences their behaviour and interactions.
La prémisse fondamentale du constructivisme est que la connaissance n'est pas un ensemble statique de faits qui attend d'être découvert, mais qu'elle est activement construite par les individus et les groupes. Cela signifie que la connaissance n'est pas simplement quelque chose que nous avons, mais quelque chose que nous faisons. Chaque nouvelle information ou expérience est intégrée à notre base de connaissances existante, modifiant et développant notre compréhension du monde. Dans cette perspective, la réalité n'est pas une entité objective indépendante de nous, mais est constamment construite et reconstruite à travers nos interactions avec le monde et avec les autres. Cela signifie que notre connaissance du monde est toujours en cours de développement, toujours en train d'être "construite". En outre, le constructivisme reconnaît que notre connaissance du monde est toujours influencée par notre contexte social et culturel. Nos croyances, nos valeurs, nos expériences et nos interactions avec les autres jouent tous un rôle dans la façon dont nous construisons notre connaissance du monde. C'est pourquoi le constructivisme est souvent associé à des approches méthodologiques qui mettent l'accent sur l'exploration des perceptions, des interprétations et des expériences des individus, comme l'étude de cas, l'ethnographie, ou l'analyse narrative. Ces méthodes visent à comprendre comment les individus et les groupes construisent leur connaissance du monde et comment cette connaissance influence leur comportement et leurs interactions.
   
   
Constructivism holds that our understanding of reality is socially constructed, rather than objectively observed. Reality, as we know it, is shaped by our knowledge systems, which are themselves influenced by social norms, values and practices. Reality is not perceived directly, but is interpreted through these social constructions. Therefore, according to constructivism, in order to truly understand reality, we must understand the processes by which it is constructed. This means that we must examine the knowledge systems - the sciences, norms, rules, ideologies, etc. - that shape our perception and understanding of reality. - This means examining the knowledge systems - the sciences, norms, rules, ideologies, etc. - that shape our perception and interpretation of the world. This implies a 'second level' analysis: not only do we need to examine reality as it is constructed, but we also need to examine the construction processes themselves. From this perspective, knowledge is never neutral or objective, but is always influenced by the social and cultural context in which it is produced. This underlines the fundamentally subjective nature of knowledge and reality. Constructivism has important implications for the way we approach research and practice in many fields, from sociology to politics, education and psychology. It reminds us that our perceptions and interpretations of the world are always shaped by our social and cultural context, and that reality is always a construct, never a given.
Le constructivisme soutient que notre compréhension de la réalité est socialement construite, plutôt qu'objectivement observée. La réalité, telle que nous la connaissons, est façonnée par nos systèmes de connaissance, qui sont eux-mêmes influencés par les normes, les valeurs et les pratiques sociales. La réalité n'est pas perçue directement, mais est interprétée à travers ces constructions sociales. Par conséquent, selon le constructivisme, pour comprendre véritablement la réalité, nous devons comprendre les processus par lesquels elle est construite. Cela signifie que nous devons examiner les systèmes de connaissance - les sciences, les normes, les règles, les idéologies, etc. - qui façonnent notre perception et notre interprétation du monde. Cela implique une analyse à un "deuxième niveau" : non seulement nous devons examiner la réalité telle qu'elle est construite, mais nous devons aussi examiner les processus de construction eux-mêmes. Dans cette perspective, la connaissance n'est jamais neutre ou objective, mais est toujours influencée par le contexte social et culturel dans lequel elle est produite. Cela souligne la nature fondamentalement subjective de la connaissance et de la réalité. Le constructivisme a des implications importantes pour la façon dont nous abordons la recherche et la pratique dans de nombreux domaines, de la sociologie à la politique, en passant par l'éducation et la psychologie. Il nous rappelle que nos perceptions et nos interprétations du monde sont toujours façonnées par notre contexte social et culturel, et que la réalité est toujours une construction, jamais une donnée.
   
   
Constructivist theorists argue that reality is constructed over time by a multitude of actors in a given society. It is a collective and complex process that involves many interactions and negotiations between individuals and groups. Constructivism focuses on the analysis of social structures rather than individuals. It examines how ideas, norms, values, beliefs and social practices shape our understanding of reality. For example, in the field of politics, constructivists can analyse how political ideas and ideologies influence the formation of public policy. Furthermore, constructivists recognise that social constructions of reality have coercive power. In other words, they structure our thoughts and behaviours and make us conform to them. For example, social and cultural norms may make us feel obliged to act in a certain way, even if we do not personally agree with these norms. However, constructivism also recognises that social constructions of reality can be challenged and changed. Individuals and groups can resist social norms, challenge dominant ideas and propose new ways of understanding and interpreting the world. Therefore, constructivism offers a dynamic and flexible perspective on social reality, which emphasises both its stability and its potential for change.  
Les théoriciens constructivistes soutiennent que la réalité est construite au fil du temps par une multitude d'acteurs dans une société donnée. C'est un processus collectif et complexe qui implique de nombreuses interactions et négociations entre les individus et les groupes. Le constructivisme se concentre sur l'analyse des structures sociales plutôt que sur les individus. Il examine comment les idées, les normes, les valeurs, les croyances et les pratiques sociales façonnent notre compréhension de la réalité. Par exemple, dans le domaine de la politique, les constructivistes peuvent analyser comment les idées politiques et les idéologies influencent la formation des politiques publiques. De plus, les constructivistes reconnaissent que les constructions sociales de la réalité ont un pouvoir coercitif. En d'autres termes, ils structurent nos pensées et nos comportements et nous poussent à nous conformer à elles. Par exemple, les normes sociales et culturelles peuvent nous faire sentir obligés d'agir d'une certaine manière, même si nous ne sommes pas personnellement d'accord avec ces normes. Cependant, le constructivisme reconnaît également que les constructions sociales de la réalité peuvent être contestées et modifiées. Les individus et les groupes peuvent résister aux normes sociales, remettre en question les idées dominantes et proposer de nouvelles façons de comprendre et d'interpréter le monde. Par conséquent, le constructivisme offre une perspective dynamique et flexible sur la réalité sociale, qui souligne à la fois sa stabilité et son potentiel de changement.  
   
   
Constructivism offers valuable tools to analyse and compare constructed realities in different contexts. Two important dimensions of constructivism are :
Le constructivisme offre des outils précieux pour analyser et comparer les réalités construites dans différents contextes. Deux dimensions importantes du constructivisme sont :


# Comparison of constructed realities: Constructivism recognises that different societies can construct different realities. Therefore, a constructivist approach may involve comparing these different constructed realities. For example, how do norms and values differ between societies? How do these differences influence the behaviour and attitudes of individuals in these societies?
# Comparaison des réalités construites : Le constructivisme reconnaît que différentes sociétés peuvent construire des réalités différentes. Par conséquent, une approche constructiviste peut impliquer la comparaison de ces différentes réalités construites. Par exemple, comment les normes et les valeurs diffèrent-elles entre les sociétés ? Comment ces différences influencent-elles les comportements et les attitudes des individus dans ces sociétés ?
# International Relations: Constructivism has had a significant impact on the field of international relations. It offers a unique perspective on issues of power, conflict and cooperation between nations. According to constructivism, international relations are not only influenced by material factors such as military or economic power, but also by ideas, norms and identities. The constructed realities of each country, which are shaped by their specific political, economic, cultural and social systems, can conflict with each other, leading to international tensions and conflicts.
# Relations internationales : Le constructivisme a eu un impact significatif sur le domaine des relations internationales. Il offre une perspective unique sur les questions de pouvoir, de conflit et de coopération entre les nations. Selon le constructivisme, les relations internationales ne sont pas seulement influencées par les facteurs matériels tels que la puissance militaire ou économique, mais aussi par les idées, les normes et les identités. Les réalités construites de chaque pays, qui sont façonnées par leurs systèmes politiques, économiques, culturels et sociaux spécifiques, peuvent entrer en conflit les unes avec les autres, conduisant à des tensions et des conflits internationaux.


These two dimensions highlight the role of social construction in shaping our understanding of reality, and how this construction can vary considerably between different societies and international contexts.
Ces deux dimensions soulignent le rôle de la construction sociale dans la formation de notre compréhension de la réalité, et comment cette construction peut varier considérablement entre différentes sociétés et contextes internationaux.


Constructivism encourages the conceptualisation of space not as a fixed physical entity, but as a product of our social and cultural constructions. Space, in this perspective, is seen as a series of 'constructed realities' that are shaped and defined by the individuals and societies that inhabit them. This means that our understanding and experience of space is influenced by a multitude of factors, including our beliefs, values, social norms, political and economic systems, and our interactions with others. For example, an urban space may be perceived differently by different groups depending on their socio-economic status, ethnicity, age, gender, etc. Furthermore, spaces themselves can be seen as influential actors in the construction of our realities. They have the potential to shape our behaviours, attitudes and interactions in significant ways. For example, the layout of a city, the presence or absence of certain infrastructures, the layout of residential and commercial areas, etc., can all influence the way we experience and interpret our environments. Thus, constructivism offers a rich and nuanced perspective on how we understand and interact with space, emphasising its role in shaping our constructed realities.
Le constructivisme encourage la conceptualisation de l'espace non pas comme une entité physique fixe, mais comme un produit de nos constructions sociales et culturelles. L'espace, dans cette perspective, est perçu comme une série de "réalités construites" qui sont façonnées et définies par les individus et les sociétés qui les habitent. Cela signifie que notre compréhension et notre expérience de l'espace sont influencées par une multitude de facteurs, y compris nos croyances, nos valeurs, nos normes sociales, nos systèmes politiques et économiques, et nos interactions avec les autres. Par exemple, un espace urbain peut être perçu différemment par différents groupes en fonction de leur statut socio-économique, de leur appartenance ethnique, de leur âge, de leur genre, etc. De plus, les espaces eux-mêmes peuvent être considérés comme des acteurs influents dans la construction de nos réalités. Ils ont le potentiel de façonner nos comportements, nos attitudes et nos interactions de manière significative. Par exemple, l'aménagement d'une ville, la présence ou l'absence de certaines infrastructures, la disposition des quartiers résidentiels et commerciaux, etc., peuvent tous influencer la façon dont nous vivons et interprétons nos environnements. Ainsi, le constructivisme offre une perspective riche et nuancée de la manière dont nous comprenons et interagissons avec l'espace, soulignant son rôle dans la formation de nos réalités construites.


== Interactionist and Constructivist theories as critical alternatives to functionalist, structuralist and systemic theories ==
== Interactionnistes et Constructivistes comme alternatives critiques aux théories fonctionnalistes, structuralistes et systémiques ==


Interactionist and constructivist theories offer critical alternatives to functionalist, structuralist and systemic theories in political science and sociology.  
Les théories interactionnistes et constructivistes offrent des alternatives critiques aux théories fonctionnalistes, structuralistes et systémiques en science politique et en sociologie.  


Interactionism, with its focus on micro-social interactions and how they shape individuals' behaviour and society's functioning, offers a direct critique of functionalism. Functionalism tends to view society as an organised system where each part has a specific function to perform for the good of the whole. On the other hand, interactionism emphasises the role of individuals and their interactions in structuring society. Constructivism, on the other hand, offers a critique of structuralist and systemic approaches. Structuralism tends to see society as a structured set of relationships that determine the behaviour of individuals. Constructivism, on the other hand, emphasises the role of individuals and groups in the construction of their social reality, including the social structures themselves. Similarly, constructivism is opposed to systemism, which views society as a system of interconnected elements that interact with each other. On the other hand, constructivism focuses more on analysing specific cases and how social realities are constructed and change over time.
L'interactionnisme, avec son attention portée sur les interactions microsociales et la manière dont elles façonnent le comportement des individus et le fonctionnement de la société, offre une critique directe du fonctionnalisme. Le fonctionnalisme tend à considérer la société comme un système organisé où chaque partie a une fonction spécifique à remplir pour le bien de l'ensemble. L'interactionnisme, en revanche, met l'accent sur le rôle des individus et de leurs interactions dans la structuration de la société. Le constructivisme, de son côté, offre une critique des approches structuralistes et systémiques. Le structuralisme tend à percevoir la société comme un ensemble structuré de relations qui déterminent le comportement des individus. Le constructivisme, en revanche, souligne le rôle des individus et des groupes dans la construction de leur réalité sociale, y compris les structures sociales elles-mêmes. De même, le constructivisme s'oppose au systémisme, qui envisage la société comme un système d'éléments interconnectés qui interagissent entre eux. Le constructivisme, en revanche, se concentre plus sur l'analyse de cas spécifiques et sur la manière dont les réalités sociales sont construites et changent au fil du temps.


Both approaches - interactionism and constructivism - thus offer a more dynamic and flexible view of society, emphasising the active role of individuals in shaping their social reality.
Ces deux approches - interactionnisme et constructivisme - offrent ainsi une vision plus dynamique et flexible de la société, mettant l'accent sur le rôle actif des individus dans la formation de leur réalité sociale.


= Interactionist Theory =
= La théorie interactionniste =
== Origins: The Chicago School ==
== Aux origines : l’École de Chicago ==


Major socio-demographic and economic changes took place in Chicago in the early 20th century. The city rapidly transformed into a metropolis, largely due to rapid industrialisation and mass immigration from Europe and the rural south of the United States. The massive influx of these new residents, seeking jobs in the booming industry, led to a rapid expansion of the city. However, it also exacerbated racial and ethnic tensions, created precarious living conditions and increased crime. New immigrants often settled in ethnically homogeneous neighbourhoods, sometimes called "ghettos", where living conditions were often difficult. Racial and ethnic segregation often led to tensions, which sometimes escalated into violence and race riots. At the same time, the lack of economic and educational opportunities for many young people increased juvenile delinquency. Similarly, poverty and despair have led some people to turn to prostitution as a means of livelihood. All these factors created a tense social climate and posed many challenges to the city authorities and sociologists of the time, who sought to understand and solve these problems. In this context, the Chicago School of Sociology developed, which adopted an interactionist approach to studying these social phenomena.
D'importants changements sociodémographiques et économiques ont eu lieu à Chicago au début du XXe siècle. La ville s'est rapidement transformée en une métropole, en grande partie en raison de l'industrialisation rapide et de l'immigration de masse en provenance d'Europe et du Sud rural des États-Unis. L'arrivée massive de ces nouveaux habitants, à la recherche d'emplois dans l'industrie en plein essor, a conduit à une expansion rapide de la ville. Cependant, elle a également exacerbé les tensions raciales et ethniques, créé des conditions de vie précaires et engendré une hausse de la criminalité. Les nouveaux immigrants se sont souvent installés dans des quartiers ethniquement homogènes, parfois appelés "ghettos", où les conditions de vie étaient souvent difficiles. La ségrégation raciale et ethnique a souvent conduit à des tensions, qui ont parfois dégénéré en violences et en émeutes raciales. Parallèlement, le manque d'opportunités économiques et d'éducation pour de nombreux jeunes a contribué à l'augmentation de la délinquance juvénile. De même, la pauvreté et le désespoir ont conduit certaines personnes à se tourner vers la prostitution comme moyen de subsistance. Tous ces facteurs ont créé un climat social tendu et ont posé de nombreux défis aux autorités de la ville et aux sociologues de l'époque, qui ont cherché à comprendre et à résoudre ces problèmes. C'est dans ce contexte que s'est développée l'École de sociologie de Chicago, qui a adopté une approche interactionniste pour étudier ces phénomènes sociaux.
   
   
In the early twentieth century, the Chicago School of Sociology revolutionised the field of sociology by shifting the focus from structural factors and repressive responses to deviant behaviour to a more nuanced analysis of social interactions and the dynamics of marginality. Focusing on the marginalised and uprooted communities of Chicago's growing metropolis, the Chicago School's sociologists sought to understand the motivations, rationalities and social interactions that underlie deviant behaviour. They adopted an empirical approach, based on direct observation and fieldwork, which was a novelty in the field of sociology at the time. These researchers highlighted the role of social interactions in the creation of deviant behaviour, demonstrating that such behaviour is not simply the result of individual factors, but is also shaped by social conditions and interactions within the community. This paved the way for a deeper and more nuanced understanding of social deviance and laid the foundation for the interactionist approach in sociology.
Au début du XXe siècle, l'École de sociologie de Chicago a révolutionné le domaine de la sociologie en déplaçant l'attention des facteurs structurels et des réponses répressives aux comportements déviants vers une analyse plus nuancée des interactions sociales et des dynamiques de marginalité. En se concentrant sur les communautés marginalisées et déracinées de la métropole en expansion qu'était Chicago, les sociologues de l'École de Chicago ont cherché à comprendre les motivations, les rationalités et les interactions sociales qui sous-tendent les comportements déviants. Ils ont adopté une approche empirique, basée sur l'observation directe et l'étude de terrain, ce qui était à l'époque une nouveauté dans le domaine de la sociologie. Ces chercheurs ont ainsi mis en évidence le rôle des interactions sociales dans la création de comportements déviants, démontrant que ces comportements ne sont pas simplement le résultat de facteurs individuels, mais sont aussi façonnés par les conditions sociales et les interactions au sein de la communauté. Cela a ouvert la voie à une compréhension plus profonde et plus nuancée de la déviance sociale et a jeté les bases de l'approche interactionniste en sociologie.
   
   
The Chicago School of Sociology, building on the interactionist approach, has brought forward several major themes in its research:
L'École de sociologie de Chicago, en s'appuyant sur l'approche interactionniste, a mis en avant plusieurs thèmes majeurs dans ses recherches :


# Racial and ethnic minorities: The study of minority groups allowed for an understanding of the processes of assimilation, discrimination and segregation, and the impact of these processes on social structure and intergroup dynamics.
# Les minorités raciales et ethniques : L'étude des groupes minoritaires a permis de comprendre les processus d'assimilation, de discrimination et de ségrégation, ainsi que l'impact de ces processus sur la structure sociale et les dynamiques intergroupes.
# The marginal man: This concept, introduced by Robert E. Park, describes individuals who live on the border of two cultures or social groups and have difficulty fully integrating into either one. This marginality can lead to feelings of alienation, confusion and conflict.
# L'homme marginal : Ce concept, introduit par Robert E. Park, décrit les individus qui vivent à la frontière de deux cultures ou groupes sociaux et qui ont du mal à s'intégrer pleinement à l'un ou l'autre. Cette marginalité peut conduire à des sentiments d'aliénation, de confusion et de conflit.
# The city: Chicago's transformation into a fast-paced metropolis has been a key field of study for understanding the social, economic and political processes that take place in urban areas.
# La ville : La transformation de Chicago en une métropole rapide a été un terrain d'étude privilégié pour comprendre les processus sociaux, économiques et politiques qui ont lieu dans les zones urbaines.
# Deviance: Chicago School sociologists were among the first to study deviance not as an isolated act, but as a social process, influenced by community interactions and dynamics.
# La déviance : Les sociologues de l'École de Chicago ont été parmi les premiers à étudier la déviance non pas comme un acte isolé, mais comme un processus social, influencé par les interactions et les dynamiques communautaires.
# Crime and Delinquency: Focusing on high-crime neighbourhoods in Chicago, these researchers sought to understand the underlying causes of crime and delinquency, emphasising social and environmental factors rather than individual dispositions.
# Le crime et la délinquance : En se concentrant sur les quartiers à forte criminalité de Chicago, ces chercheurs ont cherché à comprendre les causes sous-jacentes de la criminalité et de la délinquance, en mettant l'accent sur les facteurs sociaux et environnementaux plutôt que sur les dispositions individuelles.


These themes contributed greatly to understanding social dynamics in urban environments and influenced much subsequent research in sociology and political science.
Ces thèmes ont grandement contribué à la compréhension des dynamiques sociales dans les environnements urbains et ont influencé de nombreuses recherches ultérieures en sociologie et en science politique.


The Chicago School of Sociology's work on minorities revealed that these groups often develop robust systems of interaction in response to challenges in the social environment. These systems, including shared norms, values and practices, serve as defence and protection mechanisms against external forces, including discrimination and exclusion. For example, in contexts of immigration or marginalisation, members of minorities may come together and create supportive communities to cope with adversity. These communities may be organised around certain common characteristics, such as race, ethnicity, language, religion or social class. As well as providing social and emotional support, these interaction systems can also facilitate the adaptation and integration of individuals into the wider society. They can help community members navigate everyday life's challenges, access valuable resources and maintain their cultural identities. Thus, the work of the Chicago School of Sociology has demonstrated that systems of interaction within minorities are not only manifestations of solidarity and resilience, but also essential to understanding the dynamics of social and political relations in urban contexts.  
Les travaux de l'École de sociologie de Chicago sur les minorités ont révélé que ces groupes développent souvent des systèmes d'interaction robustes en réaction aux défis de l'environnement social. Ces systèmes, qui incluent des normes, des valeurs et des pratiques partagées, servent à la fois de mécanismes de défense et de protection contre les forces extérieures, notamment la discrimination et l'exclusion. Par exemple, dans des contextes d'immigration ou de marginalisation, les membres de minorités peuvent se regrouper et créer des communautés solidaires pour faire face à l'adversité. Ces communautés peuvent être organisées autour de certaines caractéristiques communes, telles que la race, l'ethnie, la langue, la religion ou la classe sociale. En plus de fournir un soutien social et émotionnel, ces systèmes d'interaction peuvent également faciliter l'adaptation et l'intégration des individus dans la société plus large. Ils peuvent aider les membres de la communauté à naviguer dans les défis de la vie quotidienne, à accéder à des ressources précieuses et à maintenir leurs identités culturelles. Ainsi, les travaux de l'École de sociologie de Chicago ont démontré que les systèmes d'interaction au sein des minorités sont non seulement des manifestations de la solidarité et de la résilience, mais aussi des éléments essentiels pour comprendre la dynamique des relations sociales et politiques dans les contextes urbains.  
   
   
Key words in interactionism include:
Parmi les mots clefs de l’interactionnisme, on trouve :
{{colonnes|taille= 18|
{{colonnes|taille= 18|*'''Socialisation''': Ce processus désigne la manière dont les individus apprennent et internalisent les normes, les valeurs et les comportements de leur société. Cela se produit tout au long de la vie et façonne la façon dont les gens interagissent avec les autres et comprennent leur place dans la société.
*'''Socialisation''': This process refers to how individuals learn and internalise the norms, values and behaviours of their society. This occurs throughout life and shapes the way people interact with others and understand their place in society.


*'''Symbolic interactionism''': This perspective emphasises the creation of social meanings through interactions. Individuals are not simply passive in the face of society, but play an active role in creating their social reality by interpreting symbols and signs.
*'''Interactionnisme symbolique''': Cette perspective met l'accent sur la création de significations sociales à travers les interactions. Les individus ne sont pas simplement passifs face à la société, mais jouent un rôle actif dans la création de leur réalité sociale à travers leur interprétation des symboles et des signes.


*'''Participatory observation''': This research method involves the researcher actively engaging with the community or group being studied. This allows the researcher to understand the experiences and perspectives of the participants from the inside.
*'''Observation participante''': Cette méthode de recherche implique que le chercheur s'engage activement dans la communauté ou le groupe qu'il étudie. Cela permet au chercheur de comprendre les expériences et les perspectives des participants de l'intérieur.


*'''Social Darwinism'': This theory applies Darwin's principles of natural selection to society, suggesting that the most adaptable individuals or groups succeed while others fail.
*'''Darwinisme social''': Cette théorie applique les principes de la sélection naturelle de Darwin à la société, suggérant que les individus ou les groupes qui sont les plus aptes à s'adapter réussissent tandis que les autres échouent.


*'''Functionalism''': This theory views society as a complex system with all parts working together to ensure stability and harmony. Each part has a specific function that contributes to the overall functioning of the society.
*'''Fonctionnalisme''': Cette théorie considère la société comme un système complexe dont toutes les parties travaillent ensemble pour assurer la stabilité et l'harmonie. Chaque partie a une fonction spécifique qui contribue au fonctionnement global de la société.


*'''Ethnomethodology''': This approach focuses on the methods people use in their daily lives to understand and navigate their social world.
*'''Ethnométhodologie''': Cette approche se concentre sur les méthodes que les gens utilisent dans leur vie quotidienne pour comprendre et naviguer dans leur monde social.


*'''Urban ecology''': This perspective examines how a city's spatial and physical characteristics influence individuals' social interactions and behaviour.
*'''Écologie urbaine''': Cette perspective examine comment les caractéristiques spatiales et physiques d'une ville influencent les interactions sociales et les comportements des individus.


*'''Disorganisation''': This concept refers to a breakdown or degradation of social order, often caused by rapid change or conflict. This can lead to a decrease in the influence of collective norms and values on individuals}}
*'''Désorganisation''': Ce concept se réfère à une rupture ou à une dégradation de l'ordre social, souvent causée par des changements rapides ou des conflits. Cela peut entraîner une diminution de l'influence des normes et des valeurs collectives sur les individus.}}


== Erwin Goffman (1922-1982): the staging of everyday life ==
== Erwin Goffman (1922-1982) : la mise en scène de la vie quotidienne ==


[[File:Erving Goffman.jpg|thumb|Erwin Goffman.]]
[[File:Erving Goffman.jpg|thumb|Erwin Goffman.]]


Erving Goffman is a renowned sociologist who contributed significantly to the sociology of interaction. Born in 1922 and died in 1982, he is particularly known for his work on the "staging of everyday life" and the "social drama" theory. In "The Staging of Everyday Life", Goffman uses the metaphor of theatre to describe how individuals present themselves to themselves and others in everyday life. He talks about the "face" (the image of oneself that one presents to others), "roles" (the expected behaviours according to social expectations) and the "stage" (the context in which the interaction takes place). According to Goffman, individuals are constantly 'playing' roles and adapting their behaviour to the situation and the expectations of others. He suggests that we are all actors on the 'stage' of everyday life, playing different roles and manipulating our 'performances' to manage the impressions we make on others. In the context of his work on psychiatric hospitals, Goffman studied how individuals navigate these institutions and how the institutional context shapes interactions and behaviour. His work revealed how institutions can exert social control over individuals and how individuals resist or adapt to these constraints. This work has contributed significantly to understanding how social interactions are structured and how individuals manage their identity and social performance.
Erving Goffman est un sociologue renommé qui a contribué de manière significative à la sociologie de l'interaction. Né en 1922 et décédé en 1982, il est particulièrement connu pour son travail sur la "mise en scène de la vie quotidienne" et la théorie du "drame social". Dans "La mise en scène de la vie quotidienne", Goffman utilise la métaphore du théâtre pour décrire comment les individus se présentent à eux-mêmes et à d'autres dans la vie quotidienne. Il parle de la "face" (l'image de soi que l'on présente aux autres), des "rôles" (les comportements attendus en fonction des attentes sociales) et de la "scène" (le contexte dans lequel l'interaction a lieu). Selon Goffman, les individus sont constamment en train de "jouer" des rôles et d'adapter leur comportement en fonction de la situation et des attentes des autres. Il suggère que nous sommes tous des acteurs sur la "scène" de la vie quotidienne, jouant différents rôles et manipulant nos "performances" pour gérer les impressions que nous faisons sur les autres. Dans le contexte de son travail sur les hôpitaux psychiatriques, Goffman a étudié comment les individus naviguent dans ces institutions et comment les interactions et les comportements sont façonnés par le contexte institutionnel. Son travail a révélé comment les institutions peuvent exercer un contrôle social sur les individus et comment les individus résistent ou s'adaptent à ces contraintes. Ce travail a contribué de manière significative à notre compréhension de la manière dont les interactions sociales sont structurées et de la manière dont les individus gèrent leur identité et leurs performances sociales.
   
   
Although often associated with symbolic interactionism, Erving Goffman has also contributed to constructivist theory. Constructivism focuses on how individuals and social groups construct and interpret reality through their interactions and representations.  
Erving Goffman, bien que souvent associé à l'interactionnisme symbolique, a également contribué à la théorie constructiviste. Le constructivisme met l'accent sur la manière dont les individus et les groupes sociaux construisent et interprètent la réalité à travers leurs interactions et leurs représentations.  


Goffman argues that reality is shaped by the representations we make of it and by the representations we share with others. According to him, there are two aspects of reality:
Goffman soutient que la réalité est façonnée par les représentations que nous nous en faisons et par les représentations que nous partageons avec les autres. Selon lui, il existe deux aspects de la réalité :


* Representations of reality: We form images, ideas and beliefs about reality from our personal experiences and interactions with others. These representations influence our understanding of the world and guide our behaviour.
* Les représentations de la réalité : Nous nous formons des images, des idées et des croyances sur la réalité à partir de nos expériences personnelles et de nos interactions avec les autres. Ces représentations influencent notre compréhension du monde et guident notre comportement.
* The reality of representations: When representations of reality are shared and accepted by a group or society, they acquire real force and act on individuals and social interactions. In other words, collective representations become a social reality in themselves.
* La réalité des représentations : Lorsque des représentations de la réalité sont partagées et acceptées par un groupe ou une société, elles acquièrent une force réelle et agissent sur les individus et les interactions sociales. En d'autres termes, les représentations collectives deviennent une réalité sociale en soi.


Thus, for Goffman, individuals actively construct their social reality through their representations and interactions. Individuals are not mere passive receivers of reality, but active actors who shape and are shaped by their representations and social experiences. This approach emphasises the dynamic and changing nature of social reality and stresses the importance of processes of interpretation and negotiation in the construction of reality.
Ainsi, pour Goffman, les individus participent activement à la construction de leur réalité sociale à travers leurs représentations et leurs interactions. Les individus ne sont pas de simples récepteurs passifs de la réalité, mais des acteurs actifs qui façonnent et sont façonnés par leurs représentations et leurs expériences sociales. Cette approche met l'accent sur la nature dynamique et changeante de la réalité sociale et souligne l'importance des processus d'interprétation et de négociation dans la construction de la réalité.


The notion of 'social dramaturgy' is central to the work of Erving Goffman. According to him, social life unfolds like a play, with actors (the individuals), a stage (the social environment) and an audience (the other people present). Each individual plays different roles, depending on the situation in which he or she finds himself or herself and the social expectations associated with that situation. From this perspective, public space is seen as a 'stage' where individuals enact their social roles. Goffman distinguishes between the 'front stage', where individuals conform to social norms and play a role to be seen by others, and the 'back stage', where individuals can relax, be themselves and prepare for their performances on the front stage. For Goffman, 'self-presentation' is an essential component of social interaction. Individuals seek to control the impression they give to others by manipulating their appearance, body language and behaviour. For example, a person may dress in a certain way or behave in a certain way to give a specific impression, such as appearing competent or trustworthy. Thus, for Goffman, public space is a place where individuals play out their social roles, seek to control the impression they make on others, and constantly negotiate their identities and relationships with others through their interactions.
La notion de "dramaturgie sociale" est centrale dans l'œuvre d'Erving Goffman. Selon lui, la vie sociale se déroule comme une pièce de théâtre, avec des acteurs (les individus), une scène (l'environnement social) et un public (les autres personnes présentes). Chaque individu joue différents rôles, en fonction de la situation dans laquelle il se trouve et des attentes sociales associées à cette situation. Dans cette perspective, l'espace public est perçu comme une "scène" où les individus mettent en scène leurs rôles sociaux. Goffman distingue la "scène de devant", où les individus se conforment aux normes sociales et jouent un rôle destiné à être vu par les autres, et la "scène de derrière", où les individus peuvent se détendre, être eux-mêmes et se préparer pour leurs performances sur la scène de devant. Pour Goffman, la "représentation de soi" est une composante essentielle de l'interaction sociale. Les individus cherchent à contrôler l'impression qu'ils donnent aux autres en manipulant leur apparence, leur langage corporel et leur comportement. Par exemple, une personne peut s'habiller d'une certaine manière ou adopter un certain comportement pour donner une impression spécifique, comme paraître compétente ou digne de confiance. Ainsi, pour Goffman, l'espace public est un lieu où les individus jouent leurs rôles sociaux, cherchent à contrôler l'impression qu'ils donnent aux autres, et négocient constamment leurs identités et leurs relations avec les autres à travers leurs interactions..
   
   
In his analysis of social life, Erving Goffman emphasises the forms of engagement that individuals make in their interactions. The three skills - cooperation, engagement and absorption - are central to how individuals behave and interact in different social situations. They are particularly relevant to Goffman's analysis of 'social drama', where social interactions are seen as theatrical performances.
Erving Goffman, dans son analyse de la vie sociale, met l'accent sur les formes d'engagement que les individus prennent dans leurs interactions. Les trois aptitudes - la coopération, l'engagement et l'absorption - sont essentielles dans la manière dont les individus se comportent et interagissent dans différentes situations sociales. Elles sont particulièrement pertinentes dans l'analyse de Goffman de la "dramaturgie sociale", où les interactions sociales sont vues comme des performances théâtrales.


# Cooperation: Goffman emphasises that social interactions require some form of cooperation between individuals. This involves a mutual respect for social norms and behavioural expectations. Cooperation is essential to maintain social order and facilitate smooth social interactions. For example, individuals should cooperate in a conversation by taking their turn to speak and listening when it is the other's turn.
# La coopération: Goffman souligne que les interactions sociales nécessitent une certaine forme de coopération entre les individus. Cela implique un respect mutuel des normes sociales et des attentes comportementales. La coopération est essentielle pour maintenir l'ordre social et faciliter les interactions sociales fluides. Par exemple, dans une conversation, les individus doivent coopérer en prenant leur tour pour parler et en écoutant quand c'est le tour de l'autre.
# Engagement: According to Goffman, engagement refers to the extent to which an individual is involved or committed to a social interaction. Engagement can vary depending on the situation and the individual is role. For example, a person may be highly engaged in a serious conversation with a friend, but less engaged in a casual conversation with a stranger.
# L'engagement: Selon Goffman, l'engagement se réfère à la mesure dans laquelle un individu est impliqué ou engagé dans une interaction sociale. L'engagement peut varier en fonction de la situation et du rôle que l'individu joue. Par exemple, une personne peut être très engagée lors d'une conversation sérieuse avec un ami, mais moins engagée lors d'une conversation informelle avec un inconnu.
# Absorption: Goffman uses the term 'absorption' to refer to situations where an individual is completely engaged in an activity to the point of being 'absorbed' by it. In these situations, the individual may be so focused on the activity at hand that they are less aware of their social environment and less responsive to social interactions.
# L'absorption: Goffman utilise le terme "absorption" pour désigner les situations où un individu est complètement engagé dans une activité au point d'être "absorbé" par elle. Dans ces situations, l'individu peut être si concentré sur l'activité en cours qu'il est moins conscient de son environnement social et moins sensible aux interactions sociales.


These three skills are fundamental to how individuals navigate the social world, and are key components of Goffman's theory of social drama.
Ces trois aptitudes sont fondamentales dans la manière dont les individus naviguent dans le monde social, et sont des composantes clés de la théorie de Goffman sur la dramaturgie sociale.


Erving Goffman's perspective on society as theatre implies that we are all actors and spectators in the public space. This perspective is often called 'social dramaturgy' and suggests that social life is a series of performances. In these performances, individuals play a certain role, and at the same time, they are also spectators of the performances of others. When we interact with others, we "play a role" according to what we believe are the expectations of others of us. These expectations may be based on social norms, social roles, stereotypes, etc. And while we are playing our role, we are also observing and interpreting the performances of others. In other words, we are both actors shaping social interaction and spectators interpreting it. These interactions are indeed strongly influenced by culture, as it is culture that provides the 'script' or general guidelines for our performances. For example, culture defines appropriate norms and values, gender roles, acceptable behaviour, etc. Thus, through our interactions in public space, we participate in both the creation of social reality (as actors) and its interpretation (as spectators). And these processes are both shaped by the cultural context in which they take place.
La perspective d'Erving Goffman sur la société comme théâtre implique que nous sommes tous des acteurs et des spectateurs dans l'espace public. Cette perspective est souvent appelée "dramaturgie sociale" et suggère que la vie sociale est une série de performances. Dans ces performances, les individus jouent un certain rôle, et en même temps, ils sont également les spectateurs des performances des autres. Quand nous interagissons avec les autres, nous "jouons un rôle" en fonction de ce que nous croyons être les attentes des autres à notre égard. Ces attentes peuvent être basées sur des normes sociales, des rôles sociaux, des stéréotypes, etc. Et pendant que nous jouons notre rôle, nous observons également et interprétons les performances des autres. En d'autres termes, nous sommes à la fois des acteurs qui façonnent l'interaction sociale et des spectateurs qui l'interprètent. Ces interactions sont fortement influencées par la culture, car c'est la culture qui fournit le "script" ou les directives générales pour nos performances. Par exemple, la culture définit les normes et les valeurs appropriées, les rôles de genre, les comportements acceptables, etc. Donc, à travers nos interactions dans l'espace public, nous participons à la fois à la création de la réalité sociale (en tant qu'acteurs) et à son interprétation (en tant que spectateurs). Et ces processus sont tous deux façonnés par le contexte culturel dans lequel ils se déroulent.
   
   
According to Erving Goffman, language and the body are two crucial elements in social interaction. They are the main tools we use to "play" our part in social performance.
Selon Erving Goffman, le langage et le corps sont deux éléments cruciaux dans l'interaction sociale. Ils sont les outils principaux que nous utilisons pour "jouer" notre rôle dans la performance sociale.


# Speech: Goffman emphasises the importance of verbal communication in social interaction. The way we speak, the words we choose, the tone we use, etc., are all elements of our performance. They help to express our identity, to indicate our social status, to show that we belong to a certain group, etc. Furthermore, speech is also an important way of interpreting the performance of others. By listening to others, we gather information about their role, status, identity, etc.
# La parole: Goffman souligne l'importance de la communication verbale dans l'interaction sociale. La façon dont nous parlons, les mots que nous choisissons, le ton que nous utilisons, etc., sont tous des éléments de notre performance. Ils aident à exprimer notre identité, à indiquer notre statut social, à montrer notre appartenance à un certain groupe, etc. Par ailleurs, la parole est également un moyen important d'interpréter les performances des autres. En écoutant les autres, nous recueillons des informations sur leur rôle, leur statut, leur identité, etc.
# The body: Goffman also emphasises the importance of non-verbal communication in social interaction. Body movements, facial expressions, eye contact, etc., are key elements of our performance. They can convey a variety of information, such as our emotions, attitudes, comfort or discomfort in a situation, etc. In addition, our physical appearance (clothing, hairstyle, etc.) can also play a role in how others perceive us.
# Le corps: Goffman souligne également l'importance de la communication non verbale dans l'interaction sociale. Les mouvements corporels, les expressions faciales, le contact visuel, etc., sont des éléments clés de notre performance. Ils peuvent transmettre une variété d'informations, telles que nos émotions, nos attitudes, notre confort ou notre inconfort dans une situation, etc. De plus, notre apparence physique (vêtements, coiffure, etc.) peut également jouer un rôle dans la façon dont nous sommes perçus par les autres.


Thus, in social interaction, we use both speech and the body to "play" our role and to interpret the performance of others. These processes allow us to 'negotiate' our place in society and to understand the place of others.
Ainsi, dans l'interaction sociale, nous utilisons à la fois la parole et le corps pour "jouer" notre rôle et pour interpréter les performances des autres. Ces processus nous permettent de "négocier" notre place dans la société et de comprendre la place des autres.


== Symbolic interactions ==
== L’interactionnisme symbolique ==


Erving Goffman has effectively studied various forms of social behaviour, including avoidance strategies. Individuals may use these strategies to maintain their 'face' (an image of themselves presented to others) or to navigate potentially uncomfortable or embarrassing social situations.
Erving Goffman a étudié diverses formes de comportement social, y compris les stratégies d'évitement. Les individus peuvent utiliser ces stratégies pour maintenir leur "face" (une image de soi-même présentée aux autres) ou pour naviguer dans des situations sociales potentiellement inconfortables ou embarrassantes.


According to Goffman, some of these avoidance strategies may include:
Selon Goffman, certaines de ces stratégies d'évitement peuvent inclure :


* Physical avoidance: This can include things like changing paths to avoid running into someone or leaving a room when certain people enter.
* Évitement physique : Cela peut inclure des choses comme changer de chemin pour éviter de croiser quelqu'un ou quitter une pièce lorsque certaines personnes entrent.
* Communication avoidance: Not responding to a message, ignoring someone in a conversation, or avoiding talking about certain topics can be forms of communication avoidance.
* Évitement de la communication : Ne pas répondre à un message, ignorer une personne dans une conversation, ou éviter de parler de certains sujets peuvent être des formes d'évitement de la communication.
* Gaze avoidance: Sometimes individuals may avoid direct eye contact with someone to avoid an interaction.
* Évitement du regard : Parfois, les individus peuvent éviter le contact visuel direct avec quelqu'un pour éviter une interaction.
* Distraction avoidance: People may pretend to be busy or distracted to avoid an interaction.
* Évitement par distraction : On peut prétendre être occupé ou distrait pour éviter une interaction.


These strategies are all used to manage how we are perceived by others, which is central to Goffman's framework of symbolic interactionism. However, it is important to note that these behaviours can also have negative consequences, such as impeding communication or creating misunderstandings.
Ces stratégies sont toutes utilisées dans le but de gérer la façon dont nous sommes perçus par les autres, ce qui est au cœur du cadre de l'interactionnisme symbolique de Goffman. Cependant, il est important de noter que ces comportements peuvent aussi avoir des conséquences négatives, comme entraver la communication ou créer des malentendus.


Symbolic interactionism offers an interesting perspective for understanding politics. In politics, interactions between individuals, groups, political parties, institutions and even nations play a crucial role in how decisions are made and policies are implemented.
L'interactionnisme symbolique offre une perspective intéressante pour comprendre la politique. Dans le domaine politique, les interactions entre individus, groupes, partis politiques, institutions et même nations jouent un rôle crucial dans la façon dont les décisions sont prises et les politiques sont mises en œuvre.


Here are some important points of interactionism in the political field:
Voici quelques points importants de l'interactionnisme dans le domaine politique :


* Negotiation and debate: Politics is often a matter of negotiation and debate between different parties with various interests. Interactionism helps understand how these processes occur and how individuals and groups use symbols and shared meanings to influence these negotiations.
* Négociation et débat : La politique est souvent une question de négociation et de débat entre différentes parties avec des intérêts variés. L'interactionnisme aide à comprendre comment ces processus se déroulent et comment les individus et les groupes utilisent des symboles et des significations partagées pour influencer ces négociations.
* Identity construction: Politics is also a process by which identities are constructed and contested. For example, an individual's political identity may be shaped by their interactions with others in their social and political environment.
* Construction de l'identité : La politique est également un processus par lequel les identités sont construites et contestées. Par exemple, l'identité politique d'un individu peut être façonnée par ses interactions avec d'autres dans son environnement social et politique.
* Influence and power: Interactionism can help to understand how power is exercised and negotiated in political interactions. For example, how individuals or groups use language, symbols and rituals to influence others and gain power.
* Influence et pouvoir : L'interactionnisme peut aider à comprendre comment le pouvoir est exercé et négocié dans les interactions politiques. Par exemple, comment les individus ou les groupes utilisent le langage, les symboles et les rituels pour influencer les autres et gagner du pouvoir.
* Social change: Interactionism offers a perspective on how social change can occur through everyday interactions. For example, social movements use interactions to mobilise support, disseminate ideas and change social and political norms.
* Changement social : L'interactionnisme offre une perspective sur la façon dont le changement social peut se produire par le biais d'interactions quotidiennes. Par exemple, comment les mouvements sociaux utilisent les interactions pour mobiliser le soutien, diffuser des idées et provoquer des changements dans les normes sociales et politiques.


Symbolic interactionism thus reminds us that politics is not only about institutional structures and formal processes, but also about social interactions, shared meanings and everyday negotiations.
L'interactionnisme symbolique nous rappelle donc que la politique n'est pas seulement une question de structures institutionnelles et de processus formels, mais aussi d'interactions sociales, de significations partagées et de négociations quotidiennes.


Erving Goffman identified several situations that can disrupt ritual social interactions. A more detailed explanation of these three situations follows:
Erving Goffman a identifié plusieurs situations qui peuvent perturber les interactions sociales rituelles. Voici une explication plus détaillée de ces trois situations :


* Offence and reparation: In this situation, a person may commit an offence, or a violation of the norms of interaction, which may cause a sense of shame or discomfort in the offended person. However, reparation is usually possible, where the person who committed the offence can apologise or make amends to restore the social order.
* L'offense et la réparation : Dans cette situation, une personne peut commettre une offense, ou une violation des normes d'interaction, ce qui peut causer un sentiment de honte ou de malaise chez la personne offensée. Cependant, il y a généralement une possibilité de réparation, où la personne qui a commis l'offense peut s'excuser ou faire amende honorable pour rétablir l'ordre social.
* Desecration: Here a person deliberately refuses to follow the norms of interaction. This can occur when a person openly questions or criticises established social norms. This intentional violation of norms can cause a major disruption of social interactions.
* La profanation : Ici, une personne refuse délibérément de suivre les normes d'interaction. Cela peut se produire lorsqu'une personne remet en question ou critique ouvertement les normes sociales établies. Cette violation intentionnelle des normes peut provoquer une perturbation majeure des interactions sociales.
* Abnormality: In this case, a person is not able to follow the norms of interaction because of certain conditions or circumstances beyond his or her control. This may occur, for example, if a person has a mental illness or physical disability that prevents them from participating in social interactions in the usual way.
* L'anormalité : Dans ce cas, une personne n'est pas capable de suivre les normes d'interaction en raison de certaines conditions ou de circonstances hors de son contrôle. Cela peut se produire, par exemple, si une personne souffre d'une maladie mentale ou d'un handicap physique qui l'empêche de participer aux interactions sociales de la manière habituelle.


Any of these situations can disrupt the social order and cause embarrassment or discomfort to other participants in the interaction. However, Goffman argues that these disruptions can also be opportunities to examine and challenge established social norms.
Chacune de ces situations peut perturber l'ordre social et provoquer une gêne ou un malaise chez les autres participants à l'interaction. Cependant, Goffman soutient que ces perturbations peuvent aussi être des occasions d'examiner et de remettre en question les normes sociales établies.


= The constructivist theory =
= La théorie constructiviste =


== In the beginning: the epistemology of Alfred Schütz (1899 - 1959) ==
== Aux origines : l’épistémologie Alfred Schütz (1899 - 1959) ==


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[[Fichier:Alfred Schütz.jpg|vignette|150px|Alfred Schütz.]]


Alfred Schütz was an Austrian sociologist and philosopher who contributed greatly to the development of social phenomenology, an approach that seeks to understand how individuals make sense of their social world. Schütz believes that our understanding of the world is structured by our direct experience of it. That is, we construct our reality on the basis of our own perspective and personal experiences. He argues that individuals interact with the world on the basis of their subjective interpretations and understandings of it. For Schütz, reality is a socially constructed phenomenon. Each individual has a unique and subjective conception of reality, based on his or her personal experiences, interactions with others and interpretations of these experiences and interactions. This perspective is often referred to as 'social constructionism'. Following Schütz, Goffman also explored how individuals construct and interpret their social reality, focusing in particular on how individuals present and manage themselves in different social situations. From this perspective, an 'object of thought' can be understood as something that is constructed by individuals through their interaction and interpretation of the world. For example, social norms, gender roles and cultural identities can all be seen as socially constructed 'objects of thought'.  
Alfred Schütz était un sociologue et philosophe autrichien qui a grandement contribué au développement de la phénoménologie sociale, une approche qui cherche à comprendre la manière dont les individus donnent du sens à leur monde social. Schütz estime que notre compréhension du monde est structurée par notre expérience directe de celui-ci. C'est-à-dire que nous construisons notre réalité sur la base de notre propre perspective et de nos expériences personnelles. Il soutient que les individus interagissent avec le monde sur la base de leurs interprétations et compréhensions subjectives de celui-ci. Pour Schütz, la réalité est un phénomène construit socialement. Chaque individu a une conception unique et subjective de la réalité, basée sur ses expériences personnelles, ses interactions avec les autres et ses interprétations de ces expériences et interactions. Cette perspective est souvent appelée "constructionnisme social". Dans la lignée de Schütz, Goffman a également exploré la manière dont les individus construisent et interprètent leur réalité sociale, se concentrant en particulier sur la façon dont les individus présentent et gèrent eux-mêmes dans différentes situations sociales. Dans cette perspective, un "objet de pensée" peut être compris comme quelque chose qui est construit par les individus à travers leur interaction et leur interprétation du monde. Par exemple, les normes sociales, les rôles de genre et les identités culturelles peuvent tous être considérés comme des "objets de pensée" construits socialement.  
   
   
In the social sciences, and in research more generally, the construction of the object of study is a crucial step that requires rigorous conceptualisation and operationalisation. This means that the researcher defines precisely what he or she wants to study (conceptualisation) and determines how he or she will measure or observe this phenomenon (operationalisation). The construction of the object of study usually involves taking a general concept or idea and transforming it into something specific, measurable and observable. For example, a researcher interested in studying 'quality of life' will need to define precisely what he/she means by this notion (e.g. including factors such as health, economic well-being, social relations, etc.) and determine how he/she will measure each of these factors. It is also important to note that the construction of the object of study is often influenced by the researcher's theoretical framework, i.e. the set of theories and concepts he or she uses to understand the subject. Thus, different researchers may construct and interpret the object of study in different ways, depending on their theoretical perspective. Finally, it is essential to understand that the construction of the object of study is a fundamental step in scientific research, which ensures the validity and reliability of the research. Without a clear and precise definition of the object of study, it would be very difficult, if not impossible, to conduct rigorous research and produce reliable results.
Dans le domaine des sciences sociales, et plus généralement dans la recherche, la construction de l'objet d'étude est une étape cruciale qui nécessite un travail rigoureux de conceptualisation et d'opérationnalisation. Cela signifie que le chercheur définit précisément ce qu'il cherche à étudier (conceptualisation) et détermine comment il va mesurer ou observer ce phénomène (opérationnalisation). La construction de l'objet d'étude implique généralement de prendre un concept ou une idée générale et de le/la transformer en quelque chose de spécifique, mesurable et observable. Par exemple, un chercheur intéressé par l'étude de la "qualité de vie" devra définir précisément ce qu'il entend par cette notion (par exemple, en incluant des facteurs tels que la santé, le bien-être économique, les relations sociales, etc.) et déterminer comment il va mesurer chacun de ces facteurs. Il est également important de noter que la construction de l'objet d'étude est souvent influencée par le cadre théorique du chercheur, c'est-à-dire l'ensemble des théories et des concepts qu'il utilise pour comprendre son sujet. Ainsi, différents chercheurs peuvent construire et interpréter l'objet d'étude de manière différente, en fonction de leur perspective théorique. Enfin, il est essentiel de comprendre que la construction de l'objet d'étude est une étape fondamentale de la recherche scientifique, qui permet de garantir la validité et la fiabilité de la recherche. Sans une définition claire et précise de l'objet d'étude, il serait très difficile, voire impossible, de mener une recherche rigoureuse et de produire des résultats fiables.
   
   
Alfred Schütz proposed a phenomenological approach to sociology, which means that he was interested in how people perceive and interpret the world around them. According to him, our understanding of the world is always a second degree construction, based on our personal and subjective interpretations of reality. According to Schütz, the task of the sociologist is to understand these subjective constructions of reality, and not to try to discover any 'objective reality'. To do this, it is necessary to develop research tools and methods that explore and understand the perceptions and interpretations of individuals. This means that rather than simply observing the behaviour of individuals, the researcher should seek to understand the meaning that individuals give to their behaviour and experience. This may involve qualitative research methods, such as in-depth interviews or participant observation, which allow for the collection of detailed data on individuals' experiences and perceptions. In this sense, Schütz's approach can be seen as a critique of more traditional approaches to sociology, which seek to explain social behaviour in terms of objective laws or structures. Instead, Schütz argues that social behaviour can only be understood by taking into account the perspective of the social actors themselves.
Alfred Schütz a proposé une approche phénoménologique de la sociologie, ce qui signifie qu'il s'est intéressé à la manière dont les individus perçoivent et interprètent le monde qui les entoure. Selon lui, notre compréhension du monde est toujours une construction de second degré, basée sur nos interprétations personnelles et subjectives de la réalité. Selon Schütz, la tâche du sociologue est de comprendre ces constructions subjectives de la réalité, et non pas de chercher à découvrir une quelconque "réalité objective". Pour cela, il est nécessaire de développer des outils et des méthodes de recherche qui permettent d'explorer et de comprendre les perceptions et les interprétations des individus. Cela signifie qu'au lieu de simplement observer le comportement des individus, le chercheur doit s'efforcer de comprendre le sens que les individus donnent à leur comportement et à leur expérience. Cela peut impliquer des méthodes de recherche qualitatives, comme les entretiens en profondeur ou l'observation participante, qui permettent de recueillir des données détaillées sur les expériences et les perceptions des individus. Dans ce sens, l'approche de Schütz peut être vue comme une critique des approches plus traditionnelles de la sociologie, qui cherchent à expliquer le comportement social en termes de lois ou de structures objectives. Au contraire, Schütz soutient que le comportement social ne peut être compris qu'en prenant en compte la perspective des acteurs sociaux eux-mêmes.
   
   
The constructivist approach, represented by thinkers such as Schütz and Goffman, emphasises the importance of understanding social realities as they are perceived and constructed by individuals themselves. This perspective emphasises the active role of individuals in the creation and transformation of their social world. In this context, sociological research is not only about observing and describing social reality. It is also about understanding how this reality is constructed, how it is experienced and how it is interpreted by individuals. This approach requires an epistemological reflection on the research methods used and the assumptions on which they are based. It also involves recognising that our own understanding as researchers is also a construction, shaped by our own experiences, our own perspectives and our own cultural and historical context. Thus, the aim is not to arrive at an objective or universal 'truth', but rather to understand the multiple realities that are constructed and experienced by individuals in different social contexts.
L'approche constructiviste, représentée par des penseurs comme Schütz et Goffman, met l'accent sur l'importance de comprendre les réalités sociales telles qu'elles sont perçues et construites par les individus eux-mêmes. Cette perspective souligne le rôle actif des individus dans la création et la transformation de leur monde social. Dans ce contexte, la recherche sociologique n'est pas seulement une question d'observation et de description de la réalité sociale. Il s'agit aussi de comprendre comment cette réalité est construite, comment elle est vécue et comment elle est interprétée par les individus. Cette approche nécessite une réflexion épistémologique sur les méthodes de recherche utilisées et les hypothèses sur lesquelles elles reposent. Cela implique également de reconnaître que notre propre compréhension en tant que chercheurs est également une construction, façonnée par nos propres expériences, nos propres perspectives et notre propre contexte culturel et historique. Ainsi, l'objectif n'est pas d'arriver à une "vérité" objective ou universelle, mais plutôt de comprendre les multiples réalités qui sont construites et vécues par les individus dans différents contextes sociaux.


== John Searle's philosophy of language ==
== La philosophie du langage de John Searle ==


[[File:John searle2.jpg|thumb|200px|John searle in 2005.]]
[[Fichier:John searle2.jpg|vignette|200px|John searle en 2005.]]


John Searle is a renowned American philosopher who has worked extensively on the philosophy of language and mind. In "The Construction of Social Reality" (1995), Searle explores how our conceptions of reality are shaped by our beliefs and social practices. He distinguishes between brute facts, which exist independently of human intervention (e.g. gravity), and institutional facts, which exist only because of our belief in them (e.g. the idea of money as a medium of exchange). Searle argues that many of our social realities - such as governments, marriages, money and real estate - are constructed by language processes. For example, when we say 'This is money', we help create the social reality that the paper or metal we are holding has some value. Similarly, when we say "We are married", we create a new social reality with specific rights, obligations and expectations. Searle's perspective on constructivism is thus closely related to the way in which language helps to construct our social reality.
John Searle est un philosophe américain renommé, qui a beaucoup travaillé sur la philosophie du langage et de l'esprit. Dans "The Construction of Social Reality" (1995), Searle explore comment nos conceptions de la réalité sont façonnées par nos croyances et nos pratiques sociales. Il distingue entre les faits bruts, qui existent indépendamment de toute intervention humaine (par exemple, la gravité), et les faits institutionnels, qui existent uniquement en raison de notre croyance en eux (par exemple, l'idée de l'argent comme un moyen d'échange). Searle soutient que beaucoup de nos réalités sociales - comme les gouvernements, les mariages, l'argent et les biens immobiliers - sont construites par des processus langagiers. Par exemple, lorsque nous disons "Ceci est de l'argent", nous contribuons à créer la réalité sociale selon laquelle le papier ou le métal que nous tenons a une certaine valeur. De même, lorsque nous disons "Nous sommes mariés", nous créons une nouvelle réalité sociale avec des droits, des obligations et des attentes spécifiques. La perspective de Searle sur le constructivisme est donc étroitement liée à la façon dont le langage contribue à construire notre réalité sociale.


John Searle sees language as a fundamental element in our construction of social reality. According to him, language is not only a means of communicating information, but also a tool for creating and changing our social reality. In his work he focuses on what he calls 'speech acts', which are the different ways in which we use language to perform actions in the social world. For example, when we make a promise, we use language to create a social obligation. When we name something, we use language to give an identity to an object or person. When we formulate laws or rules, we use language to establish norms of behaviour. Searle's view of language is thus very similar to that of Piaget, who also saw language as a construct essential to our understanding and interaction with the world.
John Searle considère le langage comme un élément fondamental de notre construction de la réalité sociale. Selon lui, le langage n'est pas seulement un moyen de communiquer des informations, mais aussi un outil pour créer et modifier notre réalité sociale. Dans ses travaux, il se concentre sur ce qu'il appelle les "actes de langage", qui sont les différentes façons dont nous utilisons le langage pour effectuer des actions dans le monde social. Par exemple, lorsque nous faisons une promesse, nous utilisons le langage pour créer une obligation sociale. Quand nous nommons quelque chose, nous utilisons le langage pour donner une identité à un objet ou à une personne. Quand nous formulons des lois ou des règles, nous utilisons le langage pour établir des normes de comportement. Le point de vue de Searle sur le langage est donc très proche de celui de Piaget, qui a également considéré le langage comme une construction essentielle à notre compréhension et à notre interaction avec le monde.


John Searle was a major contributor to the philosophy of language, a sub-discipline of philosophy concerned with concepts related to language and its use. According to him, language plays a crucial role in the construction of our social reality. He argues that when we use language, we perform what he calls 'speech acts'. A speech act is not only the act of saying something, but it is also the act of doing something through those words. For example, by saying "I promise to do the dishes", you are not only communicating information, but you are also engaging in an action (making a promise). According to Searle, these speech acts have the power to create social realities. For example, when the mayor of a city says 'I declare this fair open', he is not only describing a situation, he is also creating a new reality: the fair is now officially open. It is through this process that language contributes to the construction of our social reality. In other words, Searle sees language not only as a means of describing the world, but also as a means of changing it. This is why he claims that 'speech is a form of action'.
John Searle a été un contributeur majeur à la philosophie du langage, une sous-discipline de la philosophie qui s'intéresse aux concepts liés au langage et à son utilisation. Selon lui, le langage joue un rôle crucial dans la construction de notre réalité sociale. Il soutient que lorsque nous utilisons le langage, nous effectuons ce qu'il appelle des "actes de parole". Un acte de parole n'est pas seulement l'acte de dire quelque chose, mais c'est aussi l'acte de faire quelque chose à travers ces mots. Par exemple, en disant "Je promets de faire la vaisselle", on ne communique pas seulement une information, mais on s'engage également dans une action (faire une promesse). Selon Searle, ces actes de parole ont le pouvoir de créer des réalités sociales. Par exemple, lorsque le maire d'une ville dit "Je déclare cette foire ouverte", il ne décrit pas seulement une situation, il crée aussi une nouvelle réalité : la foire est maintenant officiellement ouverte. C'est par ce processus que le langage contribue à la construction de notre réalité sociale. En d'autres termes, Searle voit le langage non pas seulement comme un moyen de décrire le monde, mais aussi comme un moyen de le changer. C'est pourquoi il affirme que "la parole est une forme d'action".
   
   
The study of etymology, which is the origin and history of words, can provide much valuable information about how we use language to conceive and construct our reality. Every word has a history, and this history is often linked to the way we understand the world. For example, the word 'understand' comes from the Latin 'comprehendere', which means 'to grasp together'. This suggests that in order to understand something, we must be able to grasp all its aspects at once, to put them together into a coherent whole. Therefore, by studying the etymology of words, we can better understand how we use language to make sense of the world around us. This can help us to think more critically about the way we use language, to spot hidden assumptions in our discourse, and to develop new ways of thinking and talking about the world. However, it is also important to note that etymology is not always a reliable guide to the current meaning of a word. The meanings of words change over time, and sometimes the original meaning of a word can be very different from its current usage. Therefore, although etymology can offer interesting insights, it should be used with caution as a tool for linguistic analysis.  
L'étude de l'étymologie, qui est l'origine et l'histoire des mots, peut apporter beaucoup d'informations précieuses sur la façon dont nous utilisons le langage pour concevoir et construire notre réalité. Chaque mot a une histoire, et cette histoire est souvent liée à la façon dont nous comprenons le monde. Par exemple, le mot "comprendre" vient du latin "comprehendere", qui signifie "saisir ensemble". Cela suggère que pour comprendre quelque chose, nous devons être capables de saisir tous ses aspects en même temps, de les assembler en un tout cohérent. Par conséquent, en étudiant l'étymologie des mots, nous pouvons mieux comprendre comment nous utilisons le langage pour donner du sens au monde qui nous entoure. Cela peut nous aider à réfléchir de manière plus critique à la façon dont nous utilisons le langage, à repérer les présupposés cachés dans notre discours, et à développer de nouvelles façons de penser et de parler du monde. Cependant, il est également important de noter que l'étymologie n'est pas toujours un guide fiable pour comprendre le sens actuel d'un mot. Les significations des mots changent avec le temps, et parfois, la signification originale d'un mot peut être très différente de son usage actuel. Par conséquent, bien que l'étymologie puisse offrir des perspectives intéressantes, elle doit être utilisée avec prudence en tant qu'outil d'analyse linguistique.  
   
   
Language plays an essential role in the way we conceive and construct our social reality. It is not only a tool for communication, but also a means by which we make sense of the world around us. Here are some of the ways in which language contributes to the construction of social reality:
Le langage joue un rôle essentiel dans la façon dont nous concevons et construisons notre réalité sociale. Il est non seulement un outil de communication, mais également un moyen par lequel nous faisons sens du monde qui nous entoure. Voici quelques façons dont le langage contribue à la construction de la réalité sociale :


* Categorisation and conceptualisation: Language helps us to divide the world into understandable categories and concepts. For example, the words we use to describe colours, emotions, or social relationships help us structure our experience of the world.
* Catégorisation et conceptualisation : Le langage nous aide à diviser le monde en catégories et concepts compréhensibles. Par exemple, les mots que nous utilisons pour décrire les couleurs, les émotions, ou les relations sociales nous aident à structurer notre expérience du monde.
* Creating and transmitting culture: Language is the main vehicle of culture. It allows us to share our ideas, beliefs and values, and to transmit our culture from generation to generation.
* Création et transmission de la culture : Le langage est le principal véhicule de la culture. Il nous permet de partager nos idées, nos croyances et nos valeurs, et de transmettre notre culture de génération en génération.
* Negotiation and meaning-making: Through language we can discuss, debate, and negotiate the meaning of events, ideas and experiences. This is particularly important in situations of social change or conflict.
* Négociation et création de sens : Grâce au langage, nous pouvons discuter, débattre, et négocier le sens des événements, des idées et des expériences. Cela est particulièrement important dans les situations de changement social ou de conflit.
* Creating and maintaining social relationships: Language enables us to create and maintain social relationships. For example, we use language to express affection, respect, or hostility towards others.
* Création et maintien des relations sociales : Le langage nous permet de créer et de maintenir des relations sociales. Par exemple, nous utilisons le langage pour exprimer notre affection, notre respect, ou notre hostilité envers les autres.
* Defining and constructing identity: Language plays an important role in how we define our identity and place in society. For example, the way we speak and the words we use can reflect our ethnicity, class, gender, etc.
* Définition et construction de l'identité : Le langage joue un rôle important dans la façon dont nous définissons notre identité et notre place dans la société. Par exemple, la façon dont nous parlons et les mots que nous utilisons peuvent refléter notre origine ethnique, notre classe sociale, notre genre, etc.


Language is a powerful tool that shapes our understanding of and interaction with the world. It contributes to the construction of our social reality in complex and multifaceted ways.
Le langage est un outil puissant qui façonne notre compréhension du monde et notre interaction avec lui. Il contribue à la construction de notre réalité sociale de manière complexe et multifacette.


== Peter Berger and Thomas Luckman: "The social construction of reality" ==
== Peter Berger et Thomas Luckman : « la construction sociale de la réalité » ==


Peter L. Berger and Thomas Luckmann, in their influential book "The Social Construction of Reality" (1966), developed a theory of knowledge in sociology that explains how social realities are created, institutionalised and made meaningful to individuals within a society. For them, reality is both an objective and subjective phenomenon, constructed through human interaction and language.
Peter L. Berger et Thomas Luckmann, dans leur livre influent "The Social Construction of Reality" (1966), ont développé une théorie de la connaissance en sociologie qui explique comment les réalités sociales sont créées, institutionnalisées et rendues significatives pour les individus au sein d'une société. Pour eux, la réalité est un phénomène à la fois objectif et subjectif, construit à travers les interactions humaines et le langage.


* Social construction of reality: For Berger and Luckmann, reality is not a fixed and unchanging external entity, but rather a constantly changing phenomenon that is constructed and reshaped by human interactions. Individuals, through their actions and interactions, create a social reality which, although subjective, is perceived as objective and 'real'.
* Construction sociale de la réalité : Pour Berger et Luckmann, la réalité n'est pas une entité externe fixe et immuable, mais plutôt un phénomène en constante évolution qui est construit et remodelé par les interactions humaines. Les individus, par leurs actions et leurs interactions, créent une réalité sociale qui, bien que subjective, est perçue comme objective et "réelle".
* Role of language: Language is essential to this process of social construction of reality. It provides the framework within which individuals interpret, describe and make sense of their experience of the world. Through the exchange of symbols and meanings through language, individuals jointly construct a shared reality.
* Rôle du langage : Le langage est essentiel à ce processus de construction sociale de la réalité. Il fournit le cadre dans lequel les individus interprètent, décrivent et donnent un sens à leur expérience du monde. Par l'échange de symboles et de significations par le langage, les individus construisent conjointement une réalité partagée.
* Institutionalization and social roles: Repeated patterns of interaction become institutionalized, i.e. they develop into stable and predictable social structures, such as the family, education, government, etc. These institutions, in turn, influence the way people interact with each other. These institutions, in turn, influence the behaviour of individuals by assigning them specific roles.
* Institutionnalisation et rôles sociaux : Les patterns répétés d'interaction deviennent institutionnalisés, c'est-à-dire qu'ils se transforment en structures sociales stables et prévisibles, comme la famille, l'éducation, le gouvernement, etc. Ces institutions, à leur tour, influencent le comportement des individus en leur assignant des rôles spécifiques.
* Subjective and objective reality: Although reality is socially constructed, it is experienced by individuals as an objective reality beyond their control. This is what Berger and Luckmann call 'reification' - the process by which socially constructed reality is perceived as an unalterable, objective reality.
* Réalité subjective et objective : Bien que la réalité soit construite socialement, elle est vécue par les individus comme une réalité objective indépendante de leur volonté. C'est ce que Berger et Luckmann appellent la "réification" - le processus par lequel la réalité socialement construite est perçue comme une réalité objective et inaltérable.


Berger and Luckmann's perspective highlights the central role of social interaction and language in the construction of our perceived reality. The social sciences, in their view, should therefore focus on understanding these processes of social construction of reality.
La perspective de Berger et Luckmann met en évidence le rôle central des interactions sociales et du langage dans la construction de notre réalité perçue. Les sciences sociales, à leur avis, devraient donc se concentrer sur la compréhension de ces processus de construction sociale de la réalité.


Peter L. Berger and Thomas Luckmann, in their book "The Social Construction of Reality", explain that reality is constantly created and modified by social interactions. They highlight three key concepts in this process:
Peter L. Berger et Thomas Luckmann, dans leur livre "The Social Construction of Reality", expliquent que la réalité est constamment créée et modifiée par les interactions sociales. Ils soulignent trois concepts clés dans ce processus :


* Language as the foundation of knowledge of everyday life: Language is not only a tool for communication, but also a means by which individuals make sense of their world. It is through language that we name, categorise and interpret our experience of the world. Thus, language plays a crucial role in the construction of our social reality.
* Le langage comme fondement de la connaissance de la vie quotidienne : Le langage n'est pas seulement un outil de communication, mais également un moyen par lequel les individus donnent du sens à leur monde. C'est par le langage que nous nommons, catégorisons et interprétons notre expérience du monde. Ainsi, le langage joue un rôle crucial dans la construction de notre réalité sociale.
* Society as an objective reality: Although society is socially constructed, it is perceived by individuals as an objective reality beyond their control. Social institutions, norms and rules are seen as entities that exist outside the individual and exert influence and control over his or her behaviour. This objectification of social reality contributes to the stability and continuity of society.
* La société comme réalité objective : Bien que la société soit socialement construite, elle est perçue par les individus comme une réalité objective et indépendante de leur volonté. Les institutions sociales, les normes et les règles sont considérées comme des entités existantes en dehors de l'individu et exercent une influence et un contrôle sur son comportement. Cette objectivation de la réalité sociale contribue à la stabilité et à la continuité de la société.
* Society as a subjective reality: Berger and Luckmann also argue that social reality is a subjective reality. In other words, individuals make sense of their world through their own perspectives and experiences. This involves identification with the other, where we learn to see the world through the eyes of others. It is this process of internalisation that enables us to understand and conform to social expectations and norms.
* La société comme réalité subjective : Berger et Luckmann soutiennent également que la réalité sociale est une réalité subjective. En d'autres termes, les individus donnent du sens à leur monde à travers leurs propres perspectives et expériences. Cela implique l'identification à l'autre, où nous apprenons à voir le monde à travers les yeux des autres. C'est ce processus d'internalisation qui nous permet de comprendre et de nous conformer aux attentes et aux normes sociales.


Berger and Luckmann demonstrate that reality is a social construct, shaped by language and social interaction, and perceived as an objective entity that influences the individual. At the same time, reality is a subjective experience, influenced by our identification and empathy with others.
Berger et Luckmann démontrent que la réalité est un construit social, façonné par le langage et les interactions sociales, et perçu comme une entité objective qui exerce une influence sur l'individu. En même temps, la réalité est une expérience subjective, influencée par notre identification et notre empathie envers les autres.


From the perspective of political science, power is a central element in the social construction of reality. Power is the ability to influence the behaviour of other individuals or groups of individuals, by establishing rules, norms and structures that shape and direct social behaviour.  
Du point de vue de la science politique, le pouvoir est un élément central de la construction sociale de la réalité. Le pouvoir est l'aptitude à influencer les comportements d'autres individus ou groupes d'individus, en établissant des règles, des normes et des structures qui façonnent et dirigent les comportements sociaux.  


Power can manifest itself in a variety of ways in a society:
Le pouvoir peut se manifester de diverses manières dans une société :


* Institutional power: This is the authority and control exercised by social institutions, such as government, legal organisations, educational institutions, religious organisations, etc. These institutions establish norms and rules that guide the behaviour of individuals.
* Pouvoir institutionnel : Il s'agit de l'autorité et du contrôle exercés par les institutions sociales, telles que le gouvernement, les organisations juridiques, les établissements d'enseignement, les organisations religieuses, etc. Ces institutions établissent des normes et des règles qui orientent le comportement des individus.
* Social power: This is the influence exerted by social groups on individuals. This can include peer pressure, media influence, the weight of cultural traditions, etc.
* Pouvoir social : Il s'agit de l'influence exercée par les groupes sociaux sur les individus. Cela peut inclure la pression des pairs, l'influence des médias, le poids des traditions culturelles, etc.
* Individual power: This is the ability of a person to influence others, whether through charisma, knowledge, expertise, wealth, social status, etc.
* Pouvoir individuel : C'est la capacité d'une personne à influencer les autres, que ce soit par le charisme, le savoir, l'expertise, la richesse, le statut social, etc.


Thus, social reality is partly a construction of power. Individuals are subject to the rules and norms established by those who hold power, and also participate in this construction by accepting, negotiating or resisting these rules and norms. By understanding how power shapes social reality, we can better understand the dynamics of society and how social change can occur. The ability to make people adhere to a constructed social reality is an essential dimension of power. Social institutions exercise control over individuals by establishing and enforcing the norms and rules that define social reality. If an individual challenges or violates these norms and rules, he or she may be subject to various forms of punishment, ranging from social disapproval to more severe legal sanctions. In extreme cases, such as the Galileo case, those who challenge the established order may even be threatened with death or other forms of extreme violence. The case of Galileo is an example of how power can be used to impose a certain conception of reality. Galileo was condemned by the Catholic Church for supporting heliocentrism, a theory that contradicted the geocentric worldview accepted at the time. However, it is important to note that socially constructed reality is not immutable and can be modified or challenged over time. For example, despite Galileo's condemnation, his theory of heliocentrism was eventually accepted as scientific truth. This also illustrates that power is not always absolutely decisive: it can be challenged and transformed, and social realities can evolve through this process of contestation and change.
Ainsi, la réalité sociale est en partie une construction du pouvoir. Les individus sont soumis aux règles et normes établies par ceux qui détiennent le pouvoir, et participent également à cette construction en acceptant, en négociant ou en résistant à ces règles et normes. En comprenant comment le pouvoir façonne la réalité sociale, nous pouvons mieux comprendre les dynamiques de la société et comment les changements sociaux peuvent survenir. La capacité de faire adhérer les individus à une réalité sociale construite est une dimension essentielle du pouvoir. Les institutions sociales exercent un contrôle sur les individus en établissant et en faisant respecter les normes et les règles qui définissent la réalité sociale. Si un individu remet en question ou viole ces normes et règles, il peut être soumis à diverses formes de sanctions, allant de la désapprobation sociale à des sanctions légales plus sévères. Dans des cas extrêmes, comme celui de Galilée, ceux qui défient l'ordre établi peuvent même être menacés de mort ou d'autres formes de violence extrême. Le cas de Galilée est un exemple de la manière dont le pouvoir peut être utilisé pour imposer une certaine conception de la réalité. Galilée a été condamné par l'Église catholique pour avoir soutenu l'héliocentrisme, une théorie qui contredisait la conception géocentrique du monde acceptée à l'époque. Cependant, il est important de noter que la réalité sociale construite n'est pas immuable et peut être modifiée ou remise en question au fil du temps. Par exemple, malgré la condamnation de Galilée, sa théorie de l'héliocentrisme a finalement été acceptée comme la vérité scientifique. Cela illustre également que le pouvoir n'est pas toujours absolument déterminant : il peut être remis en question et transformé, et les réalités sociales peuvent évoluer à travers ce processus de contestation et de changement.


According to Berger and Luckmann, social reality is constructed in everyday life through processes of institutionalisation and legitimisation.
Selon Berger et Luckmann, la réalité sociale est construite au quotidien à travers des processus d'institutionnalisation et de légitimation.


Institutionalization is the process by which certain actions and behaviours become repeated and predictable, thus forming patterns that shape social reality. These institutionalised patterns of behaviour are internalised by individuals and become habits that structure their daily actions. For example, getting up early for work, following traffic rules, or conforming to norms of politeness in social interactions are examples of institutionalised behaviour.
L'institutionnalisation est le processus par lequel certaines actions et comportements deviennent répétés et prévisibles, formant ainsi des modèles qui façonnent la réalité sociale. Ces modèles de comportement institutionnalisés sont intériorisés par les individus et deviennent des habitudes qui structurent leurs actions quotidiennes. Par exemple, le fait de se lever tôt pour aller travailler, de respecter les règles de circulation routière, ou encore de se conformer aux normes de politesse dans les interactions sociales sont des exemples de comportements institutionnalisés.


The legitimation process, on the other hand, is the mechanism by which these institutionalised behaviours are validated and supported by society. They are justified and supported by shared beliefs, values, norms and rules. For example, compliance with laws is legitimised by the belief that it is necessary to maintain order and stability in society.
Le processus de légitimation, d'autre part, est le mécanisme par lequel ces comportements institutionnalisés sont validés et soutenus par la société. Ils sont justifiés et soutenus par des croyances partagées, des valeurs, des normes et des règles. Par exemple, le respect des lois est légitimé par la croyance que cela est nécessaire pour maintenir l'ordre et la stabilité dans la société.


These two processes work together to create and maintain social reality. Institutionalisation establishes behaviours and expectations, while legitimation provides justification and support for these behaviours and expectations. It is through these processes that social reality is constructed and maintained in everyday life.
Ces deux processus fonctionnent ensemble pour créer et maintenir la réalité sociale. L'institutionnalisation établit les comportements et les attentes, tandis que la légitimation fournit la justification et le soutien pour ces comportements et attentes. C'est à travers ces processus que la réalité sociale est construite et maintenue au quotidien.


The process of institutionalisation is an essential aspect of any society. It is about formalising and codifying behaviours and interactions between individuals in order to create a stable and predictable social order. This can be done through laws, rules, social norms, traditions, and other forms of social structures. Habituation (the adoption of behaviours through habit or routine) and division of labour (the specialisation of roles and responsibilities) are two key mechanisms of institutionalisation. Transmission is also a crucial aspect of this process. Institutionalized values, norms and behaviours are transmitted from one generation to the next, ensuring the continuity and stability of the social order. The process of legitimisation, on the other hand, consists of the justification and validation of these institutionalised behaviours. Traditions, language, and shared beliefs play a key role in this process, as they provide the moral, social and cultural justification for institutionalised behaviour. These two processes, institutionalisation and legitimation, are intrinsically linked and work together to create and maintain social reality. In other words, they help to construct the 'social world' as we know it.
Le processus d'institutionnalisation est un aspect essentiel de toute société. Il s'agit de formaliser et de codifier les comportements et les interactions entre les individus afin de créer un ordre social stable et prévisible. Cela peut se faire par le biais de lois, de règles, de normes sociales, de traditions, et d'autres formes de structures sociales. L'accoutumance (l'adoption de comportements par habitude ou routine) et la division des tâches (la spécialisation des rôles et des responsabilités) sont deux mécanismes clés de l'institutionnalisation. La transmission est également un aspect crucial de ce processus. Les valeurs, les normes et les comportements institutionnalisés sont transmis d'une génération à l'autre, assurant la continuité et la stabilité de l'ordre social. Le processus de légitimation, quant à lui, consiste à justifier et à valider ces comportements institutionnalisés. Les traditions, le langage, et les croyances partagées jouent un rôle clé dans ce processus, car ils fournissent la justification morale, sociale et culturelle des comportements institutionnalisés. Ces deux processus, l'institutionnalisation et la légitimation, sont intrinsèquement liés et travaillent ensemble pour créer et maintenir la réalité sociale. En d'autres termes, ils contribuent à construire le "monde social" tel que nous le connaissons.
   
   
The legitimation process is crucial in any society. It is linked to the maintenance of social order and stability by giving validity and acceptability to established norms, rules, institutions and behaviours. It is a key step in the consolidation and acceptance of the constructed social reality. Symbols play a major role in this process. Symbols - whether cultural, religious, political or other - serve to communicate values, ideals and beliefs that reinforce the constructed social reality. For example, in the context of government and power, symbols such as flags, national anthems, monuments, emblems and official rituals help to legitimise authority and promote a certain vision of society. The process of legitimation can also be seen as a mechanism of social control. It helps to establish and maintain norms and expected behaviours, and to set limits to what is considered acceptable in a given society. It can also help to prevent or manage conflict by building consensus around what is considered right and proper.
Le processus de légitimation est crucial dans toute société. Il est lié au maintien de l'ordre social et de la stabilité en conférant une validité et une acceptabilité aux normes, aux règles, aux institutions et aux comportements établis. C'est une étape clé dans la consolidation et l'acceptation de la réalité sociale construite. Les symboles jouent un rôle majeur dans ce processus. Les symboles - qu'ils soient culturels, religieux, politiques ou autres - servent à communiquer des valeurs, des idéaux et des croyances qui renforcent la réalité sociale construite. Par exemple, dans le contexte du gouvernement et du pouvoir, les symboles tels que les drapeaux, les hymnes nationaux, les monuments, les emblèmes et les rituels officiels contribuent à légitimer l'autorité et à promouvoir une certaine vision de la société. Le processus de légitimation peut également être considéré comme un mécanisme de contrôle social. Il aide à établir et à maintenir les normes et les comportements attendus, et à poser des limites à ce qui est considéré comme acceptable dans une société donnée. Il peut également aider à prévenir ou à gérer les conflits en établissant un consensus autour de ce qui est considéré comme juste et correct.


The legitimation process aims to ensure collective acceptance of the constructed social reality. This process includes mechanisms by which norms, values, beliefs and institutions are validated and made credible to members of society. When legitimation is successful, the constructed social reality is widely accepted as 'natural' or 'inevitable', and not as a product of social construction. It is important to note that legitimation is a dynamic process. Constructed social realities can be challenged, modified or even completely dismantled as a result of social, cultural, economic or political changes. New social realities can then be constructed and legitimised. In this sense, legitimation is an essential component of social stability and change. It can both maintain the existing social order and facilitate its evolution.
Le processus de légitimation vise à assurer l'acceptation collective de la réalité sociale construite. Ce processus comprend des mécanismes par lesquels des normes, des valeurs, des croyances et des institutions sont validées et rendues crédibles aux yeux des membres de la société. Lorsque la légitimation est réussie, la réalité sociale construite est largement acceptée comme "naturelle" ou "inévitable", et non comme un produit de la construction sociale. Il est important de noter que la légitimation est un processus dynamique. Les réalités sociales construites peuvent être remises en question, modifiées ou même complètement démantelées à la suite de changements sociaux, culturels, économiques ou politiques. De nouvelles réalités sociales peuvent alors être construites et légitimées. En ce sens, la légitimation est une composante essentielle de la stabilité et du changement sociaux. Elle peut à la fois maintenir l'ordre social existant et faciliter son évolution.


== Constructivism in international relations theory ==
== Le constructivisme dans la théorie des relations internationales ==


Constructivism in international relations argues that norms, ideas, identities and interactions are central to the structuring of the international system. It does not see states and other international actors as being motivated solely by material considerations such as military security or economic wealth, but also by ideas, values, cultures and social norms. For constructivists, the international system is not simply a battleground for power and wealth. It is also a field of social construction, where international actors shape each other through their interactions. For example, international norms on human rights, the environment or trade can influence the behaviour of states and other international actors. Furthermore, constructivists argue that international relations are constantly changing. The norms, ideas and identities of international actors can change over time, and these changes can in turn reshape the international system. For example, the emergence of international norms on climate change has helped transform the priorities and policies of many states and international organisations. Thus, constructivism offers a dynamic and evolving perspective on international relations. It emphasises the processes of social construction and the importance of ideas, values and norms in structuring the international system.  
Le constructivisme dans le domaine des relations internationales soutient que les normes, les idées, les identités et les interactions sont des éléments centraux dans la structuration du système international. Il ne perçoit pas les États et autres acteurs internationaux comme étant uniquement motivés par des considérations matérielles comme la sécurité militaire ou la richesse économique, mais aussi par des idées, des valeurs, des cultures et des normes sociales. Pour les constructivistes, le système international n'est pas simplement un champ de bataille pour le pouvoir et la richesse. C'est aussi un domaine de construction sociale, où les acteurs internationaux se façonnent mutuellement à travers leurs interactions. Par exemple, les normes internationales sur les droits de l'homme, l'environnement ou le commerce peuvent influencer le comportement des États et d'autres acteurs internationaux. En outre, les constructivistes soutiennent que les relations internationales sont en constante évolution. Les normes, les idées et les identités des acteurs internationaux peuvent changer avec le temps, et ces changements peuvent à leur tour remodeler le système international. Par exemple, l'émergence de normes internationales sur le changement climatique a contribué à transformer les priorités et les politiques de nombreux États et organisations internationales. Ainsi, le constructivisme offre une perspective dynamique et en constante évolution sur les relations internationales. Il met l'accent sur les processus de construction sociale et l'importance des idées, des valeurs et des normes dans la structuration du système international.  
   
   
In an interactionist field, as in the field of international relations, strategies are constantly in motion and evolving in response to changes in the social, political and economic context. Understanding these dynamics is crucial to correctly interpreting actors' behaviour and predicting future strategic movements or changes. Strategies may change in response to a variety of factors, including changes in perceptions of national interests, developments in the international context, internal transformations of actors (e.g. changes in leadership or politics), and interactions between actors themselves. For example, a country may choose to alter its international relations strategy in response to a change in leadership in another country, a change in the international political climate, or internal developments such as economic or social changes. Furthermore, symbolic interactionism, which is a constructivist approach, suggests that strategies are influenced by interactions between actors. Actors interpret and react to the actions of others, which can lead to changes in their own strategies. Therefore, the analysis of interactions between actors can provide valuable information on strategic dynamics in international relations.
Dans un champ interactionniste, tout comme dans le domaine des relations internationales, les stratégies sont constamment en mouvement et en évolution en réponse aux changements dans le contexte social, politique et économique. Il est crucial de comprendre ces dynamiques pour interpréter correctement les comportements des acteurs et prédire les futurs mouvements ou changements stratégiques. Les stratégies peuvent changer en fonction de divers facteurs, y compris les changements dans les perceptions des intérêts nationaux, les évolutions du contexte international, les transformations internes des acteurs (par exemple, des changements de leadership ou de politique), et les interactions entre les acteurs eux-mêmes. Par exemple, un pays peut choisir de modifier sa stratégie en matière de relations internationales en réponse à un changement de leadership dans un autre pays, à un changement dans le climat politique international, ou à des développements internes tels que des changements économiques ou sociaux. De plus, l'interactionnisme symbolique, qui est une approche constructiviste, suggère que les stratégies sont influencées par les interactions entre les acteurs. Les acteurs interprètent et réagissent aux actions des autres, ce qui peut entraîner des changements dans leurs propres stratégies. Par conséquent, l'analyse des interactions entre les acteurs peut fournir des informations précieuses sur les dynamiques stratégiques dans les relations internationales.
   
   
The constructivist approach in international relations focuses on actors and their interpretation of situations. Constructivism emphasises that social realities, including international structures, are constructed through human interactions and shared beliefs. Here is how these levels manifest themselves in the context of international relations:
l'approche constructiviste dans les relations internationales s'intéresse beaucoup aux acteurs et à leur interprétation des situations. Le constructivisme insiste sur le fait que les réalités sociales, y compris les structures internationales, sont construites à travers les interactions humaines et les croyances partagées. Voici comment ces niveaux se manifestent dans le contexte des relations internationales :


* Role of actors: Actors in international relations are not only states, but also international organisations, NGOs and even individuals. Their interpretation of situations and their behaviour are influenced by a variety of factors, including their beliefs, values, ideologies, as well as their material interests. Indeed, actors have identities that influence their interests and actions. For example, a country that sees itself as a world leader in human rights will act differently from a country that does not share this identity.
* Rôle des acteurs : Les acteurs dans les relations internationales ne sont pas seulement des États, mais aussi des organisations internationales, des ONG et même des individus. Leur interprétation des situations et leur comportement sont influencés par une variété de facteurs, y compris leurs croyances, leurs valeurs, leurs idéologies, ainsi que leurs intérêts matériels. En effet, les acteurs ont des identités qui influencent leurs intérêts et leurs actions. Par exemple, un pays qui se voit comme un leader mondial en matière de droits de l'homme agira différemment d'un pays qui ne partage pas cette identité.
* Construction of social realities: In constructivism, international structures are seen as social constructions. This means that the norms, rules and institutions that form the international order are the product of human interaction. They are not fixed and can be transformed by human action. For example, international human rights norms have evolved over time as a result of the actions and interactions of states, international organisations and civil society actors.
* Construction des réalités sociales : Dans le constructivisme, les structures internationales sont considérées comme des constructions sociales. Cela signifie que les normes, les règles et les institutions qui forment l'ordre international sont le produit de l'interaction humaine. Elles ne sont pas fixes et peuvent être transformées par l'action humaine. Par exemple, les normes internationales sur les droits de l'homme ont évolué au fil du temps en raison des actions et des interactions des États, des organisations internationales et des acteurs de la société civile.
* Field of interactions : Constructivism emphasises the role of interactions in shaping international structures and actors' behaviour. Actors interact with each other in various contexts, such as diplomatic negotiations, international forums and even conflicts. These interactions influence their understanding of the situation, their interests and their actions.
* Champ des interactions : Le constructivisme met l'accent sur le rôle des interactions dans la formation des structures internationales et des comportements des acteurs. Les acteurs interagissent les uns avec les autres dans divers contextes, tels que les négociations diplomatiques, les forums internationaux et même les conflits. Ces interactions influencent leur compréhension de la situation, leurs intérêts et leurs actions.


Constructivism provides a valuable framework for understanding the complex dynamics of international relations. It highlights the role of ideas, norms and interactions in shaping the international order and the behaviour of actors.
Le constructivisme offre un cadre précieux pour comprendre la dynamique complexe des relations internationales. Il met en évidence le rôle des idées, des normes et des interactions dans la formation de l'ordre international et le comportement des acteurs.


Constructivism offers an alternative perspective to more traditional approaches to international relations, such as realism, liberalism and functionalism. These approaches tend to focus on material structures and state interests as the main determinants of international behaviour. However, constructivism emphasises the importance of ideas, norms and identities in shaping international politics. It suggests that states' interests and identities are shaped by their beliefs and interactions with other actors. Thus, international behaviour is not simply the product of structural constraints or material interest calculations, but is also influenced by social and ideological factors. Furthermore, constructivism challenges the idea that international politics can be understood in terms of rigid systems or functionalist models. Instead, it sees the international world as constantly changing, shaped by dynamic processes of interaction and social construction. In this sense, constructivism offers a more nuanced and complex perspective on international politics, which takes into account the diversity of actors, ideas and processes that shape the world. This perspective is particularly useful for understanding contemporary challenges in international relations, such as multilateralism, human rights, climate change and global governance.  
Le constructivisme offre une perspective alternative aux approches plus traditionnelles des relations internationales, comme le réalisme, le libéralisme et le fonctionnalisme. Ces approches ont tendance à se concentrer sur les structures matérielles et les intérêts étatiques comme principaux déterminants du comportement international. Cependant, le constructivisme met l'accent sur l'importance des idées, des normes et des identités dans la structuration de la politique internationale. Il suggère que les intérêts et les identités des États sont façonnés par leurs croyances et leurs interactions avec d'autres acteurs. Ainsi, le comportement international n'est pas simplement le produit de contraintes structurelles ou de calculs d'intérêts matériels, mais est également influencé par des facteurs sociaux et idéologiques. En outre, le constructivisme conteste l'idée que la politique internationale puisse être comprise en termes de systèmes rigides ou de modèles fonctionnalistes. Au lieu de cela, il voit le monde international comme étant en constante évolution, façonné par des processus dynamiques d'interaction et de construction sociale. En ce sens, le constructivisme offre une perspective plus nuancée et plus complexe de la politique internationale, qui prend en compte la diversité des acteurs, des idées et des processus qui façonnent le monde. Cette perspective est particulièrement utile pour comprendre les défis contemporains des relations internationales, tels que le multilatéralisme, les droits de l'homme, le changement climatique et la gouvernance mondiale.  
   
   
Constructivist theories challenge the idea that there are objective realities or fixed structures in international relations, such as the concept of anarchy. They argue that these concepts are in fact social constructions, shaped by our beliefs, norms and interactions. Anarchy, for example, is often presented in realist theories as a fundamental feature of the international system, where there is no central authority to impose rules or regulate the behaviour of states. However, constructivists challenge this idea and suggest that anarchy itself is a social construct. It is not an objective reality, but a perception or interpretation of reality that is shaped by our beliefs and interactions. Furthermore, constructivists argue that even in the absence of a central authority, there are international norms, rules and institutions that influence the behaviour of states. These norms and institutions are not simply the product of calculations of material interests, but are also shaped by processes of social construction. Thus, constructivism offers a more nuanced and dynamic perspective on international relations that takes into account the diversity of actors and processes that shape the world. It also offers tools for analysing and understanding complex phenomena such as conflict, cooperation, social change and the construction of international order.  
Les théories constructivistes remettent en question l'idée qu'il existe des réalités objectives ou des structures fixes dans les relations internationales, comme le concept de l'anarchie. Elles soutiennent que ces concepts sont en fait des constructions sociales, façonnées par nos croyances, nos normes et nos interactions. L'anarchie, par exemple, est souvent présentée dans les théories réalistes comme une caractéristique fondamentale du système international, où il n'y a pas d'autorité centrale pour imposer des règles ou réguler le comportement des États. Cependant, les constructivistes remettent en question cette idée et suggèrent que l'anarchie elle-même est une construction sociale. Ce n'est pas une réalité objective, mais une perception ou une interprétation de la réalité qui est façonnée par nos croyances et nos interactions. En outre, les constructivistes soutiennent que même en l'absence d'une autorité centrale, il existe des normes, des règles et des institutions internationales qui influencent le comportement des États. Ces normes et institutions ne sont pas simplement le produit de calculs d'intérêts matériels, mais sont également façonnées par des processus de construction sociale. Ainsi, le constructivisme offre une perspective plus nuancée et dynamique sur les relations internationales, qui prend en compte la diversité des acteurs et des processus qui façonnent le monde. Il offre également des outils pour analyser et comprendre des phénomènes complexes tels que les conflits, la coopération, le changement social et la construction de l'ordre international.  
   
   
Constructivism challenges the realist idea of anarchy as the natural state of the international system. For constructivists, anarchy is not a fixed or pre-social state, but a construct that emerges from interactions between international actors. In other words, anarchy is not a given, but a constructed reality. States are not simply immersed in an anarchic environment; they actively contribute to creating and maintaining this state through their interactions, norms and beliefs. Relations between states are not simply driven by the desire for power or the fear of insecurity, but are also shaped by social, cultural and ideological factors. Moreover, constructivism recognises that states are not the only relevant actors in international relations. Other actors, such as international organisations, NGOs, social movements and even individuals, can also play an important role. Their influence is not limited to their material power, but can also be determined by their ability to shape the norms, ideas and beliefs that underpin the international system. From this perspective, the analysis of international relations cannot be limited to the study of power relations between states. It must also take into account the social and cultural processes that shape these relations and the structures in which they are embedded.
Le constructivisme remet en question l'idée réaliste de l'anarchie comme état naturel du système international. Pour les constructivistes, l'anarchie n'est pas un état fixe ou présocial, mais une construction qui émerge des interactions entre les acteurs internationaux. En d'autres termes, l'anarchie n'est pas un donné, mais une réalité construite. Les États ne sont pas simplement plongés dans un environnement anarchique ; ils contribuent activement à créer et à maintenir cet état à travers leurs interactions, leurs normes et leurs croyances. Les relations entre les États ne sont pas simplement dictées par le désir de puissance ou la peur de l'insécurité, mais sont également façonnées par des facteurs sociaux, culturels et idéologiques. De plus, le constructivisme reconnaît que les États ne sont pas les seuls acteurs pertinents dans les relations internationales. D'autres acteurs, tels que les organisations internationales, les ONG, les mouvements sociaux et même les individus, peuvent aussi jouer un rôle important. Leur influence ne se limite pas à leur pouvoir matériel, mais peut aussi être déterminée par leur capacité à façonner les normes, les idées et les croyances qui sous-tendent le système international. Dans cette perspective, l'analyse des relations internationales ne peut pas se limiter à l'étude des rapports de force entre les États. Elle doit également prendre en compte les processus sociaux et culturels qui façonnent ces relations et les structures dans lesquelles elles s'insèrent.
   
   
In the field of international relations, constructivist theories appear: they will think about the reality of structures and conflicts and also think about intersubjectivity, i.e. the fact that we are in representation and how certain countries can afford to characterise another in the name of interpreting its own development.
Dans le champ des relations internationales, les théories constructivistes apparaissent : ils vont penser la réalité des structures et des conflits et aussi penser l’intersubjectivité c’est-à-dire que c’est le fait que nous sommes dans la représentation et comment certain pays peuvent se permettre de caractériser un autre au nom de l’interprétation de son propre développement.
   
   
Constructivism emphasises the importance of norms and ideas in structuring international relations. State sovereignty, for example, is a central principle of the international order, but it is not an objective and immutable fact. Rather, it is a social construction based on the mutual recognition of states. In the constructivist framework, international norms, whether explicit (such as international treaties and agreements) or implicit (such as unwritten norms of behaviour), play a key role in determining the behaviour of states. These norms are not simply imposed from the outside, but are internalised by states, which adopt them as part of their identity and interests. Moreover, constructivism recognises that these norms can change over time as a result of interactions between international actors. If a norm is not respected or accepted by a state, this may trigger reactions and negotiations that may ultimately lead to a change in the norm. In short, constructivism offers a dynamic and evolving perspective on international relations, highlighting the importance of social processes and interactions in the formation and transformation of the international order.
Le constructivisme met l'accent sur l'importance des normes et des idées dans la structuration des relations internationales. La souveraineté des États, par exemple, est un principe central de l'ordre international, mais elle n'est pas un fait objectif et immuable. Elle est plutôt une construction sociale qui repose sur la reconnaissance mutuelle des États. Dans le cadre constructiviste, les normes internationales, qu'elles soient explicites (comme les traités et les accords internationaux) ou implicites (comme les normes de comportement non écrites), jouent un rôle clé dans la détermination du comportement des États. Ces normes ne sont pas simplement imposées de l'extérieur, mais sont intériorisées par les États, qui les adoptent comme une partie de leur identité et de leurs intérêts. De plus, le constructivisme reconnaît que ces normes peuvent changer au fil du temps en fonction des interactions entre les acteurs internationaux. Si une norme n'est pas respectée ou acceptée par un État, cela peut déclencher des réactions et des négociations qui peuvent finalement conduire à une modification de la norme. En bref, le constructivisme offre une perspective dynamique et évolutive sur les relations internationales, mettant en évidence l'importance des processus sociaux et des interactions dans la formation et la transformation de l'ordre international.
   
   
Constructivism in international relations places particular emphasis on the importance of actors' identities and interests, which are seen as constructed through social interaction rather than predetermined by human nature or economic structures, as other theories suggest. This implies that states (and other actors) are influenced by the norms and ideas that prevail in international society, and that their identities and interests may evolve over time in response to these influences. For example, a state may adopt certain human rights or environmental policy norms because they are widely accepted in the international community, not because they are directly in its economic or security interests. Furthermore, constructivism recognises that actors have the capacity to act creatively and strategically to influence international norms and ideas. This can be done through diplomacy, persuasion, rhetoric and other forms of social communication. Therefore, international relations are seen as a dynamic process of interaction and negotiation, rather than as a zero-sum game determined by fixed and unalterable national interests.
Le constructivisme dans les relations internationales met un accent particulier sur l'importance des identités et des intérêts des acteurs, qui sont vus comme étant construits par l'interaction sociale plutôt que prédéterminés par la nature humaine ou les structures économiques, comme le suggèrent d'autres théories. Cela implique que les États (et d'autres acteurs) sont influencés par les normes et les idées qui prévalent dans la société internationale, et que leurs identités et intérêts peuvent évoluer avec le temps en fonction de ces influences. Par exemple, un État peut adopter certaines normes en matière de droits de l'homme ou de politique environnementale parce qu'elles sont largement acceptées dans la communauté internationale, et non parce qu'elles sont directement dans son intérêt économique ou sécuritaire. De plus, le constructivisme reconnaît que les acteurs ont la capacité d'agir de manière créative et stratégique pour influencer les normes et les idées internationales. Cela peut se faire par le biais de la diplomatie, de la persuasion, de la rhétorique et d'autres formes de communication sociale. Par conséquent, les relations internationales sont vues comme un processus dynamique d'interaction et de négociation, plutôt que comme un jeu à somme nulle déterminé par des intérêts nationaux fixes et inaltérables.


= Annexes =
= Annexes =

Version du 22 juin 2023 à 11:57

La pensée sociale d'Émile Durkheim et Pierre BourdieuAux origines de la chute de la République de WeimarLa pensée sociale de Max Weber et Vilfredo ParetoLa notion de « concept » en sciences-socialesHistoire de la discipline de la science politique : théories et conceptionsMarxisme et StructuralismeFonctionnalisme et SystémismeInteractionnisme et ConstructivismeLes théories de l’anthropologie politiqueLe débat des trois I : intérêts, institutions et idéesLa théorie du choix rationnel et l'analyse des intérêts en science politiqueApproche analytique des institutions en science politiqueL'étude des idées et idéologies dans la science politiqueLes théories de la guerre en science politiqueLa Guerre : conceptions et évolutionsLa raison d’ÉtatÉtat, souveraineté, mondialisation, gouvernance multiniveauxLes théories de la violence en science politiqueWelfare State et biopouvoirAnalyse des régimes démocratiques et des processus de démocratisationSystèmes Électoraux : Mécanismes, Enjeux et ConséquencesLe système de gouvernement des démocratiesMorphologie des contestationsL’action dans la théorie politiqueIntroduction à la politique suisseIntroduction au comportement politiqueAnalyse des Politiques Publiques : définition et cycle d'une politique publiqueAnalyse des Politiques Publiques : mise à l'agenda et formulationAnalyse des Politiques Publiques : mise en œuvre et évaluationIntroduction à la sous-discipline des relations internationales

L'interactionnisme et le constructivisme sont deux cadres théoriques clés qui enrichissent notre compréhension des dynamiques en science politique.

L'interactionnisme est une théorie qui met l'accent sur les relations entre les individus pour décrypter les comportements politiques. Elle postule que les individus ne sont pas simplement le produit de leur environnement ou des structures sociales, mais qu'ils ont un rôle actif dans la formation et la transformation de ces structures par leurs interactions. Dans un contexte politique, l'interactionnisme peut aider à analyser comment les politiciens, les bureaucrates et les électeurs interagissent, et comment ces interactions déterminent les politiques publiques et les résultats électoraux.

D'autre part, le constructivisme se focalise sur la manière dont les acteurs politiques utilisent leurs idées et croyances pour construire leur réalité sociale et politique. Selon cette approche, les structures politiques et sociales ne sont pas préétablies, mais sont plutôt construites par les acteurs politiques à travers leurs discours, leurs idées et leurs actions. Le constructivisme, dans le domaine de la science politique, permet d'explorer comment les croyances et les idées des acteurs politiques façonnent les structures politiques et les politiques publiques.

Ces deux cadres théoriques peuvent être utilisés conjointement pour une compréhension plus approfondie de la politique. Par exemple, l'interactionnisme peut être utilisé pour examiner comment les acteurs politiques collaborent pour élaborer des politiques, tandis que le constructivisme peut permettre d'analyser comment ces politiques sont influencées par les idées et les croyances de ces acteurs.

Les approches Interactionnisme et Constructivisme

L'interactionnisme et le constructivisme sont deux cadres théoriques essentiels qui ont émergé à partir de contextes de production distincts et ont façonné notre compréhension des processus sociaux et politiques.

L'Interactionnisme

L'interactionnisme, notamment l'interactionnisme symbolique, a ses racines dans l'École de Chicago au début du XXe siècle. Les changements rapides et massifs que la ville de Chicago a connus à cette époque ont servi de toile de fond pour le développement de cette approche théorique.

Chicago est passée d'une petite ville à une métropole florissante en quelques décennies seulement, avec une population qui a explosé en raison de l'immigration et de la migration interne. Cela a entraîné de profonds changements dans la structure sociale et spatiale de la ville. Les nouveaux arrivants de différentes origines ethniques et culturelles se sont installés dans des quartiers distincts, créant une mosaïque de communautés culturelles dans la ville. Face à ces changements, les sociologues de l'École de Chicago ont cherché à comprendre comment les individus et les groupes interagissent dans ces nouveaux environnements urbains. Ils ont commencé à développer des théories interactionnistes qui mettaient l'accent sur le rôle des interactions sociales dans la formation de l'identité individuelle et collective, la construction des communautés, et la création de l'ordre social. Les sociologues de l'École de Chicago, tels que Robert E. Park, Ernest Burgess et Herbert Blumer, ont joué un rôle crucial dans le développement de l'interactionnisme. Ils ont mis l'accent sur l'observation directe des interactions sociales et ont utilisé des méthodes de recherche innovantes, comme l'étude ethnographique et l'observation participante, pour étudier les interactions sociales dans la métropole en pleine mutation.

L'interactionnisme est donc né de l'effort pour comprendre les transformations sociales et spatiales en cours dans une métropole en pleine mutation. Il continue à être une approche théorique clé en sociologie et en science politique, aidant à expliquer comment les interactions sociales façonnent les individus, les groupes, et la société dans son ensemble.

Les sociologues de l'École de Chicago ont été parmi les premiers à s'attaquer de front à ces défis complexes et interdépendants. Leurs travaux ont mis en évidence les difficultés d'intégration sociale, professionnelle et culturelle auxquelles étaient confrontés les nouveaux arrivants dans la ville. Ils ont observé comment ces défis ont conduit à une ethnicisation de la ville, où les différents groupes ethniques se sont installés dans des quartiers distincts, créant une "mosaïque ethnique" complexe. Ils ont également étudié l'émergence de la marginalité sociale, y compris la criminalité et la délinquance, dans ce contexte urbain en mutation. Les phénomènes de marginalité et de déviance sociale, tels que les gangs et la criminalité organisée, étaient des préoccupations majeures pour ces sociologues. Ils ont cherché à comprendre pourquoi certains individus et groupes choisissent de s'engager dans des activités illégales et comment ces choix sont façonnés par leur environnement social et économique. Le travail de l'École de Chicago sur la déviance sociale a été particulièrement influent. Des chercheurs tels que Clifford R. Shaw et Henry D. McKay ont développé la théorie de la désorganisation sociale, qui suggère que la criminalité est principalement le résultat de la désintégration des institutions sociales traditionnelles dans les zones urbaines défavorisées. Cette théorie a profondément influencé la façon dont nous comprenons la criminalité et la déviance aujourd'hui. Les sociologues de l'École de Chicago ont été des pionniers dans l'étude des phénomènes urbains et des problèmes sociaux associés à l'urbanisation rapide et à l'industrialisation. Leur approche interactionniste a ouvert la voie à une compréhension plus nuancée de la façon dont les individus et les groupes interagissent avec leur environnement social et comment ces interactions façonnent leurs expériences et comportements.

L'interactionnisme, tel qu'il a été conceptualisé par l'École de Chicago, place l'interaction au cœur de l'expérience sociale. Cette approche met l'accent sur l'idée que les comportements individuels sont façonnés par les interactions et les échanges avec les autres. En d'autres termes, les individus n'agissent pas isolément, mais sont constamment engagés dans un processus d'interaction avec ceux qui les entourent. Dans cette perspective, la société n'est pas simplement un ensemble de structures rigides qui déterminent le comportement des individus, mais un réseau dynamique d'interactions sociales. Les individus ne sont pas de simples récepteurs passifs de normes sociales, mais jouent un rôle actif dans la création et la modification de ces normes à travers leurs interactions. Cela signifie que pour comprendre les comportements des individus, nous devons examiner la nature des interactions dans lesquelles ils sont engagés. Par exemple, comment les individus interagissent-ils dans différents contextes, comme la famille, le travail, l'école, etc. ? Comment ces interactions influencent-elles leurs croyances, leurs attitudes et leurs comportements ? Et comment ces interactions contribuent-elles à la création et à la transformation des structures sociales ? De plus, l'interactionnisme fait valoir que toutes les relations humaines impliquent une forme d'échange ou d'interaction, qu'elle soit verbale ou non verbale, formelle ou informelle, positive ou négative. Par conséquent, l'interactionnisme offre un cadre précieux pour l'étude des phénomènes sociaux, allant des interactions quotidiennes entre individus aux processus plus larges de changement social et politique.

L'interactionnisme souligne que le comportement d'un individu est profondément influencé par ses interactions avec les autres, et qu'il n'existe pas isolément de son contexte social. Cette perspective met en évidence le fait que le comportement n'est jamais statique ou constant, mais qu'il est toujours en cours de transformation à travers les interactions sociales. C'est en cela que l'interactionnisme se distingue de la théorie fonctionnaliste. Le fonctionnalisme, en se concentrant sur la manière dont les différentes parties de la société travaillent ensemble pour maintenir l'équilibre et l'harmonie, tend à voir les comportements individuels comme étant largement déterminés par le rôle fonctionnel qu'ils jouent dans la société. Cette perspective peut parfois être critiquée pour son manque de considération pour les dynamiques de pouvoir, les conflits et le changement social. Au contraire, l'interactionnisme souligne la manière dont les individus négocient, interprètent et contestent leurs rôles sociaux à travers leurs interactions avec les autres. Il met l'accent sur la complexité et la dynamique des comportements humains, plutôt que sur leur conformité à des normes fonctionnelles prédéterminées. De plus, l'interactionnisme voit la société non pas comme une structure figée, mais comme un processus en constante évolution façonné par les interactions humaines. Ainsi, l'interactionnisme offre une perspective plus nuancée et dynamique des comportements humains et de la société. Il met en évidence le rôle actif des individus dans la création et la transformation de leur réalité sociale, et la manière dont les comportements sont façonnés par les interactions et les échanges avec les autres.

Il y a quatre principes dans l’interaction :

  1. Unités d'interaction : L'interactionnisme reconnaît que les interactions peuvent se produire entre des individus (interaction interpersonnelle) ou des groupes (interaction de groupe). Ces unités d'interaction sont les acteurs de base de la société.
  2. Règles d'interaction : Les interactions sont régies par des règles, qui peuvent être explicites (comme les lois ou les règlements) ou implicites (comme les normes sociales non écrites). Ces règles aident à structurer les interactions et à donner un sens aux comportements.
  3. Processus ordonné : L'interactionnisme voit les interactions sociales comme un processus ordonné. Cela signifie que les interactions suivent certaines séquences et motifs, qui peuvent être analysés et compris. Par exemple, l'interactionnisme a été utilisé pour étudier des phénomènes tels que la violence, en les situant dans leur contexte d'interaction spécifique.
  4. Échange : L'interactionnisme met l'accent sur l'idée que les interactions sociales sont fondamentalement basées sur l'échange. Cela peut être un échange de biens ou de services, mais aussi d'informations, de sentiments, d'idées, etc. Cela souligne le caractère réciproque et mutuellement influençant des interactions sociales.

Ces principes fournissent un cadre pour comprendre comment les individus et les groupes interagissent les uns avec les autres, comment ces interactions sont structurées et régulées, et comment elles contribuent à la création et au changement social.

Le Constructivisme

Le constructivisme, qui a pris son essor dans les années 1960-1970, est un courant de pensée qui a profondément influencé de nombreux domaines, notamment la sociologie, la philosophie, l'anthropologie et la linguistique. Le constructivisme est basé sur l'idée que la connaissance n'est pas simplement découverte, mais est construite activement par l'individu ou la société. Jean Piaget, un psychologue suisse célèbre, est une figure clé du constructivisme, bien que son travail soit généralement classé dans le domaine de la psychologie du développement. Piaget a proposé que les enfants construisent activement leur compréhension du monde à travers leur interaction avec leur environnement. Selon sa théorie, le développement cognitif se produit à travers une série de stades, chaque stade représentant un niveau de compréhension plus complexe et sophistiqué du monde. Dans le domaine de la linguistique, Piaget a vu le langage comme une construction sociale et cognitive. Selon lui, les enfants acquièrent le langage non pas simplement en mémorisant des mots et des règles, mais en construisant activement leur compréhension du langage à travers leurs interactions avec les autres. Cela reflète l'approche générale du constructivisme, qui met l'accent sur l'interaction et la construction active de la connaissance.

La prémisse fondamentale du constructivisme est que la connaissance n'est pas un ensemble statique de faits qui attend d'être découvert, mais qu'elle est activement construite par les individus et les groupes. Cela signifie que la connaissance n'est pas simplement quelque chose que nous avons, mais quelque chose que nous faisons. Chaque nouvelle information ou expérience est intégrée à notre base de connaissances existante, modifiant et développant notre compréhension du monde. Dans cette perspective, la réalité n'est pas une entité objective indépendante de nous, mais est constamment construite et reconstruite à travers nos interactions avec le monde et avec les autres. Cela signifie que notre connaissance du monde est toujours en cours de développement, toujours en train d'être "construite". En outre, le constructivisme reconnaît que notre connaissance du monde est toujours influencée par notre contexte social et culturel. Nos croyances, nos valeurs, nos expériences et nos interactions avec les autres jouent tous un rôle dans la façon dont nous construisons notre connaissance du monde. C'est pourquoi le constructivisme est souvent associé à des approches méthodologiques qui mettent l'accent sur l'exploration des perceptions, des interprétations et des expériences des individus, comme l'étude de cas, l'ethnographie, ou l'analyse narrative. Ces méthodes visent à comprendre comment les individus et les groupes construisent leur connaissance du monde et comment cette connaissance influence leur comportement et leurs interactions.

Le constructivisme soutient que notre compréhension de la réalité est socialement construite, plutôt qu'objectivement observée. La réalité, telle que nous la connaissons, est façonnée par nos systèmes de connaissance, qui sont eux-mêmes influencés par les normes, les valeurs et les pratiques sociales. La réalité n'est pas perçue directement, mais est interprétée à travers ces constructions sociales. Par conséquent, selon le constructivisme, pour comprendre véritablement la réalité, nous devons comprendre les processus par lesquels elle est construite. Cela signifie que nous devons examiner les systèmes de connaissance - les sciences, les normes, les règles, les idéologies, etc. - qui façonnent notre perception et notre interprétation du monde. Cela implique une analyse à un "deuxième niveau" : non seulement nous devons examiner la réalité telle qu'elle est construite, mais nous devons aussi examiner les processus de construction eux-mêmes. Dans cette perspective, la connaissance n'est jamais neutre ou objective, mais est toujours influencée par le contexte social et culturel dans lequel elle est produite. Cela souligne la nature fondamentalement subjective de la connaissance et de la réalité. Le constructivisme a des implications importantes pour la façon dont nous abordons la recherche et la pratique dans de nombreux domaines, de la sociologie à la politique, en passant par l'éducation et la psychologie. Il nous rappelle que nos perceptions et nos interprétations du monde sont toujours façonnées par notre contexte social et culturel, et que la réalité est toujours une construction, jamais une donnée.

Les théoriciens constructivistes soutiennent que la réalité est construite au fil du temps par une multitude d'acteurs dans une société donnée. C'est un processus collectif et complexe qui implique de nombreuses interactions et négociations entre les individus et les groupes. Le constructivisme se concentre sur l'analyse des structures sociales plutôt que sur les individus. Il examine comment les idées, les normes, les valeurs, les croyances et les pratiques sociales façonnent notre compréhension de la réalité. Par exemple, dans le domaine de la politique, les constructivistes peuvent analyser comment les idées politiques et les idéologies influencent la formation des politiques publiques. De plus, les constructivistes reconnaissent que les constructions sociales de la réalité ont un pouvoir coercitif. En d'autres termes, ils structurent nos pensées et nos comportements et nous poussent à nous conformer à elles. Par exemple, les normes sociales et culturelles peuvent nous faire sentir obligés d'agir d'une certaine manière, même si nous ne sommes pas personnellement d'accord avec ces normes. Cependant, le constructivisme reconnaît également que les constructions sociales de la réalité peuvent être contestées et modifiées. Les individus et les groupes peuvent résister aux normes sociales, remettre en question les idées dominantes et proposer de nouvelles façons de comprendre et d'interpréter le monde. Par conséquent, le constructivisme offre une perspective dynamique et flexible sur la réalité sociale, qui souligne à la fois sa stabilité et son potentiel de changement.

Le constructivisme offre des outils précieux pour analyser et comparer les réalités construites dans différents contextes. Deux dimensions importantes du constructivisme sont :

  1. Comparaison des réalités construites : Le constructivisme reconnaît que différentes sociétés peuvent construire des réalités différentes. Par conséquent, une approche constructiviste peut impliquer la comparaison de ces différentes réalités construites. Par exemple, comment les normes et les valeurs diffèrent-elles entre les sociétés ? Comment ces différences influencent-elles les comportements et les attitudes des individus dans ces sociétés ?
  2. Relations internationales : Le constructivisme a eu un impact significatif sur le domaine des relations internationales. Il offre une perspective unique sur les questions de pouvoir, de conflit et de coopération entre les nations. Selon le constructivisme, les relations internationales ne sont pas seulement influencées par les facteurs matériels tels que la puissance militaire ou économique, mais aussi par les idées, les normes et les identités. Les réalités construites de chaque pays, qui sont façonnées par leurs systèmes politiques, économiques, culturels et sociaux spécifiques, peuvent entrer en conflit les unes avec les autres, conduisant à des tensions et des conflits internationaux.

Ces deux dimensions soulignent le rôle de la construction sociale dans la formation de notre compréhension de la réalité, et comment cette construction peut varier considérablement entre différentes sociétés et contextes internationaux.

Le constructivisme encourage la conceptualisation de l'espace non pas comme une entité physique fixe, mais comme un produit de nos constructions sociales et culturelles. L'espace, dans cette perspective, est perçu comme une série de "réalités construites" qui sont façonnées et définies par les individus et les sociétés qui les habitent. Cela signifie que notre compréhension et notre expérience de l'espace sont influencées par une multitude de facteurs, y compris nos croyances, nos valeurs, nos normes sociales, nos systèmes politiques et économiques, et nos interactions avec les autres. Par exemple, un espace urbain peut être perçu différemment par différents groupes en fonction de leur statut socio-économique, de leur appartenance ethnique, de leur âge, de leur genre, etc. De plus, les espaces eux-mêmes peuvent être considérés comme des acteurs influents dans la construction de nos réalités. Ils ont le potentiel de façonner nos comportements, nos attitudes et nos interactions de manière significative. Par exemple, l'aménagement d'une ville, la présence ou l'absence de certaines infrastructures, la disposition des quartiers résidentiels et commerciaux, etc., peuvent tous influencer la façon dont nous vivons et interprétons nos environnements. Ainsi, le constructivisme offre une perspective riche et nuancée de la manière dont nous comprenons et interagissons avec l'espace, soulignant son rôle dans la formation de nos réalités construites.

Interactionnistes et Constructivistes comme alternatives critiques aux théories fonctionnalistes, structuralistes et systémiques

Les théories interactionnistes et constructivistes offrent des alternatives critiques aux théories fonctionnalistes, structuralistes et systémiques en science politique et en sociologie.

L'interactionnisme, avec son attention portée sur les interactions microsociales et la manière dont elles façonnent le comportement des individus et le fonctionnement de la société, offre une critique directe du fonctionnalisme. Le fonctionnalisme tend à considérer la société comme un système organisé où chaque partie a une fonction spécifique à remplir pour le bien de l'ensemble. L'interactionnisme, en revanche, met l'accent sur le rôle des individus et de leurs interactions dans la structuration de la société. Le constructivisme, de son côté, offre une critique des approches structuralistes et systémiques. Le structuralisme tend à percevoir la société comme un ensemble structuré de relations qui déterminent le comportement des individus. Le constructivisme, en revanche, souligne le rôle des individus et des groupes dans la construction de leur réalité sociale, y compris les structures sociales elles-mêmes. De même, le constructivisme s'oppose au systémisme, qui envisage la société comme un système d'éléments interconnectés qui interagissent entre eux. Le constructivisme, en revanche, se concentre plus sur l'analyse de cas spécifiques et sur la manière dont les réalités sociales sont construites et changent au fil du temps.

Ces deux approches - interactionnisme et constructivisme - offrent ainsi une vision plus dynamique et flexible de la société, mettant l'accent sur le rôle actif des individus dans la formation de leur réalité sociale.

La théorie interactionniste

Aux origines : l’École de Chicago

D'importants changements sociodémographiques et économiques ont eu lieu à Chicago au début du XXe siècle. La ville s'est rapidement transformée en une métropole, en grande partie en raison de l'industrialisation rapide et de l'immigration de masse en provenance d'Europe et du Sud rural des États-Unis. L'arrivée massive de ces nouveaux habitants, à la recherche d'emplois dans l'industrie en plein essor, a conduit à une expansion rapide de la ville. Cependant, elle a également exacerbé les tensions raciales et ethniques, créé des conditions de vie précaires et engendré une hausse de la criminalité. Les nouveaux immigrants se sont souvent installés dans des quartiers ethniquement homogènes, parfois appelés "ghettos", où les conditions de vie étaient souvent difficiles. La ségrégation raciale et ethnique a souvent conduit à des tensions, qui ont parfois dégénéré en violences et en émeutes raciales. Parallèlement, le manque d'opportunités économiques et d'éducation pour de nombreux jeunes a contribué à l'augmentation de la délinquance juvénile. De même, la pauvreté et le désespoir ont conduit certaines personnes à se tourner vers la prostitution comme moyen de subsistance. Tous ces facteurs ont créé un climat social tendu et ont posé de nombreux défis aux autorités de la ville et aux sociologues de l'époque, qui ont cherché à comprendre et à résoudre ces problèmes. C'est dans ce contexte que s'est développée l'École de sociologie de Chicago, qui a adopté une approche interactionniste pour étudier ces phénomènes sociaux.

Au début du XXe siècle, l'École de sociologie de Chicago a révolutionné le domaine de la sociologie en déplaçant l'attention des facteurs structurels et des réponses répressives aux comportements déviants vers une analyse plus nuancée des interactions sociales et des dynamiques de marginalité. En se concentrant sur les communautés marginalisées et déracinées de la métropole en expansion qu'était Chicago, les sociologues de l'École de Chicago ont cherché à comprendre les motivations, les rationalités et les interactions sociales qui sous-tendent les comportements déviants. Ils ont adopté une approche empirique, basée sur l'observation directe et l'étude de terrain, ce qui était à l'époque une nouveauté dans le domaine de la sociologie. Ces chercheurs ont ainsi mis en évidence le rôle des interactions sociales dans la création de comportements déviants, démontrant que ces comportements ne sont pas simplement le résultat de facteurs individuels, mais sont aussi façonnés par les conditions sociales et les interactions au sein de la communauté. Cela a ouvert la voie à une compréhension plus profonde et plus nuancée de la déviance sociale et a jeté les bases de l'approche interactionniste en sociologie.

L'École de sociologie de Chicago, en s'appuyant sur l'approche interactionniste, a mis en avant plusieurs thèmes majeurs dans ses recherches :

  1. Les minorités raciales et ethniques : L'étude des groupes minoritaires a permis de comprendre les processus d'assimilation, de discrimination et de ségrégation, ainsi que l'impact de ces processus sur la structure sociale et les dynamiques intergroupes.
  2. L'homme marginal : Ce concept, introduit par Robert E. Park, décrit les individus qui vivent à la frontière de deux cultures ou groupes sociaux et qui ont du mal à s'intégrer pleinement à l'un ou l'autre. Cette marginalité peut conduire à des sentiments d'aliénation, de confusion et de conflit.
  3. La ville : La transformation de Chicago en une métropole rapide a été un terrain d'étude privilégié pour comprendre les processus sociaux, économiques et politiques qui ont lieu dans les zones urbaines.
  4. La déviance : Les sociologues de l'École de Chicago ont été parmi les premiers à étudier la déviance non pas comme un acte isolé, mais comme un processus social, influencé par les interactions et les dynamiques communautaires.
  5. Le crime et la délinquance : En se concentrant sur les quartiers à forte criminalité de Chicago, ces chercheurs ont cherché à comprendre les causes sous-jacentes de la criminalité et de la délinquance, en mettant l'accent sur les facteurs sociaux et environnementaux plutôt que sur les dispositions individuelles.

Ces thèmes ont grandement contribué à la compréhension des dynamiques sociales dans les environnements urbains et ont influencé de nombreuses recherches ultérieures en sociologie et en science politique.

Les travaux de l'École de sociologie de Chicago sur les minorités ont révélé que ces groupes développent souvent des systèmes d'interaction robustes en réaction aux défis de l'environnement social. Ces systèmes, qui incluent des normes, des valeurs et des pratiques partagées, servent à la fois de mécanismes de défense et de protection contre les forces extérieures, notamment la discrimination et l'exclusion. Par exemple, dans des contextes d'immigration ou de marginalisation, les membres de minorités peuvent se regrouper et créer des communautés solidaires pour faire face à l'adversité. Ces communautés peuvent être organisées autour de certaines caractéristiques communes, telles que la race, l'ethnie, la langue, la religion ou la classe sociale. En plus de fournir un soutien social et émotionnel, ces systèmes d'interaction peuvent également faciliter l'adaptation et l'intégration des individus dans la société plus large. Ils peuvent aider les membres de la communauté à naviguer dans les défis de la vie quotidienne, à accéder à des ressources précieuses et à maintenir leurs identités culturelles. Ainsi, les travaux de l'École de sociologie de Chicago ont démontré que les systèmes d'interaction au sein des minorités sont non seulement des manifestations de la solidarité et de la résilience, mais aussi des éléments essentiels pour comprendre la dynamique des relations sociales et politiques dans les contextes urbains.

Parmi les mots clefs de l’interactionnisme, on trouve :

  • Socialisation: Ce processus désigne la manière dont les individus apprennent et internalisent les normes, les valeurs et les comportements de leur société. Cela se produit tout au long de la vie et façonne la façon dont les gens interagissent avec les autres et comprennent leur place dans la société.
  • Interactionnisme symbolique: Cette perspective met l'accent sur la création de significations sociales à travers les interactions. Les individus ne sont pas simplement passifs face à la société, mais jouent un rôle actif dans la création de leur réalité sociale à travers leur interprétation des symboles et des signes.
  • Observation participante: Cette méthode de recherche implique que le chercheur s'engage activement dans la communauté ou le groupe qu'il étudie. Cela permet au chercheur de comprendre les expériences et les perspectives des participants de l'intérieur.
  • Darwinisme social: Cette théorie applique les principes de la sélection naturelle de Darwin à la société, suggérant que les individus ou les groupes qui sont les plus aptes à s'adapter réussissent tandis que les autres échouent.
  • Fonctionnalisme: Cette théorie considère la société comme un système complexe dont toutes les parties travaillent ensemble pour assurer la stabilité et l'harmonie. Chaque partie a une fonction spécifique qui contribue au fonctionnement global de la société.
  • Ethnométhodologie: Cette approche se concentre sur les méthodes que les gens utilisent dans leur vie quotidienne pour comprendre et naviguer dans leur monde social.
  • Écologie urbaine: Cette perspective examine comment les caractéristiques spatiales et physiques d'une ville influencent les interactions sociales et les comportements des individus.
  • Désorganisation: Ce concept se réfère à une rupture ou à une dégradation de l'ordre social, souvent causée par des changements rapides ou des conflits. Cela peut entraîner une diminution de l'influence des normes et des valeurs collectives sur les individus.

Erwin Goffman (1922-1982) : la mise en scène de la vie quotidienne

Erwin Goffman.

Erving Goffman est un sociologue renommé qui a contribué de manière significative à la sociologie de l'interaction. Né en 1922 et décédé en 1982, il est particulièrement connu pour son travail sur la "mise en scène de la vie quotidienne" et la théorie du "drame social". Dans "La mise en scène de la vie quotidienne", Goffman utilise la métaphore du théâtre pour décrire comment les individus se présentent à eux-mêmes et à d'autres dans la vie quotidienne. Il parle de la "face" (l'image de soi que l'on présente aux autres), des "rôles" (les comportements attendus en fonction des attentes sociales) et de la "scène" (le contexte dans lequel l'interaction a lieu). Selon Goffman, les individus sont constamment en train de "jouer" des rôles et d'adapter leur comportement en fonction de la situation et des attentes des autres. Il suggère que nous sommes tous des acteurs sur la "scène" de la vie quotidienne, jouant différents rôles et manipulant nos "performances" pour gérer les impressions que nous faisons sur les autres. Dans le contexte de son travail sur les hôpitaux psychiatriques, Goffman a étudié comment les individus naviguent dans ces institutions et comment les interactions et les comportements sont façonnés par le contexte institutionnel. Son travail a révélé comment les institutions peuvent exercer un contrôle social sur les individus et comment les individus résistent ou s'adaptent à ces contraintes. Ce travail a contribué de manière significative à notre compréhension de la manière dont les interactions sociales sont structurées et de la manière dont les individus gèrent leur identité et leurs performances sociales.

Erving Goffman, bien que souvent associé à l'interactionnisme symbolique, a également contribué à la théorie constructiviste. Le constructivisme met l'accent sur la manière dont les individus et les groupes sociaux construisent et interprètent la réalité à travers leurs interactions et leurs représentations.

Goffman soutient que la réalité est façonnée par les représentations que nous nous en faisons et par les représentations que nous partageons avec les autres. Selon lui, il existe deux aspects de la réalité :

  • Les représentations de la réalité : Nous nous formons des images, des idées et des croyances sur la réalité à partir de nos expériences personnelles et de nos interactions avec les autres. Ces représentations influencent notre compréhension du monde et guident notre comportement.
  • La réalité des représentations : Lorsque des représentations de la réalité sont partagées et acceptées par un groupe ou une société, elles acquièrent une force réelle et agissent sur les individus et les interactions sociales. En d'autres termes, les représentations collectives deviennent une réalité sociale en soi.

Ainsi, pour Goffman, les individus participent activement à la construction de leur réalité sociale à travers leurs représentations et leurs interactions. Les individus ne sont pas de simples récepteurs passifs de la réalité, mais des acteurs actifs qui façonnent et sont façonnés par leurs représentations et leurs expériences sociales. Cette approche met l'accent sur la nature dynamique et changeante de la réalité sociale et souligne l'importance des processus d'interprétation et de négociation dans la construction de la réalité.

La notion de "dramaturgie sociale" est centrale dans l'œuvre d'Erving Goffman. Selon lui, la vie sociale se déroule comme une pièce de théâtre, avec des acteurs (les individus), une scène (l'environnement social) et un public (les autres personnes présentes). Chaque individu joue différents rôles, en fonction de la situation dans laquelle il se trouve et des attentes sociales associées à cette situation. Dans cette perspective, l'espace public est perçu comme une "scène" où les individus mettent en scène leurs rôles sociaux. Goffman distingue la "scène de devant", où les individus se conforment aux normes sociales et jouent un rôle destiné à être vu par les autres, et la "scène de derrière", où les individus peuvent se détendre, être eux-mêmes et se préparer pour leurs performances sur la scène de devant. Pour Goffman, la "représentation de soi" est une composante essentielle de l'interaction sociale. Les individus cherchent à contrôler l'impression qu'ils donnent aux autres en manipulant leur apparence, leur langage corporel et leur comportement. Par exemple, une personne peut s'habiller d'une certaine manière ou adopter un certain comportement pour donner une impression spécifique, comme paraître compétente ou digne de confiance. Ainsi, pour Goffman, l'espace public est un lieu où les individus jouent leurs rôles sociaux, cherchent à contrôler l'impression qu'ils donnent aux autres, et négocient constamment leurs identités et leurs relations avec les autres à travers leurs interactions..

Erving Goffman, dans son analyse de la vie sociale, met l'accent sur les formes d'engagement que les individus prennent dans leurs interactions. Les trois aptitudes - la coopération, l'engagement et l'absorption - sont essentielles dans la manière dont les individus se comportent et interagissent dans différentes situations sociales. Elles sont particulièrement pertinentes dans l'analyse de Goffman de la "dramaturgie sociale", où les interactions sociales sont vues comme des performances théâtrales.

  1. La coopération: Goffman souligne que les interactions sociales nécessitent une certaine forme de coopération entre les individus. Cela implique un respect mutuel des normes sociales et des attentes comportementales. La coopération est essentielle pour maintenir l'ordre social et faciliter les interactions sociales fluides. Par exemple, dans une conversation, les individus doivent coopérer en prenant leur tour pour parler et en écoutant quand c'est le tour de l'autre.
  2. L'engagement: Selon Goffman, l'engagement se réfère à la mesure dans laquelle un individu est impliqué ou engagé dans une interaction sociale. L'engagement peut varier en fonction de la situation et du rôle que l'individu joue. Par exemple, une personne peut être très engagée lors d'une conversation sérieuse avec un ami, mais moins engagée lors d'une conversation informelle avec un inconnu.
  3. L'absorption: Goffman utilise le terme "absorption" pour désigner les situations où un individu est complètement engagé dans une activité au point d'être "absorbé" par elle. Dans ces situations, l'individu peut être si concentré sur l'activité en cours qu'il est moins conscient de son environnement social et moins sensible aux interactions sociales.

Ces trois aptitudes sont fondamentales dans la manière dont les individus naviguent dans le monde social, et sont des composantes clés de la théorie de Goffman sur la dramaturgie sociale.

La perspective d'Erving Goffman sur la société comme théâtre implique que nous sommes tous des acteurs et des spectateurs dans l'espace public. Cette perspective est souvent appelée "dramaturgie sociale" et suggère que la vie sociale est une série de performances. Dans ces performances, les individus jouent un certain rôle, et en même temps, ils sont également les spectateurs des performances des autres. Quand nous interagissons avec les autres, nous "jouons un rôle" en fonction de ce que nous croyons être les attentes des autres à notre égard. Ces attentes peuvent être basées sur des normes sociales, des rôles sociaux, des stéréotypes, etc. Et pendant que nous jouons notre rôle, nous observons également et interprétons les performances des autres. En d'autres termes, nous sommes à la fois des acteurs qui façonnent l'interaction sociale et des spectateurs qui l'interprètent. Ces interactions sont fortement influencées par la culture, car c'est la culture qui fournit le "script" ou les directives générales pour nos performances. Par exemple, la culture définit les normes et les valeurs appropriées, les rôles de genre, les comportements acceptables, etc. Donc, à travers nos interactions dans l'espace public, nous participons à la fois à la création de la réalité sociale (en tant qu'acteurs) et à son interprétation (en tant que spectateurs). Et ces processus sont tous deux façonnés par le contexte culturel dans lequel ils se déroulent.

Selon Erving Goffman, le langage et le corps sont deux éléments cruciaux dans l'interaction sociale. Ils sont les outils principaux que nous utilisons pour "jouer" notre rôle dans la performance sociale.

  1. La parole: Goffman souligne l'importance de la communication verbale dans l'interaction sociale. La façon dont nous parlons, les mots que nous choisissons, le ton que nous utilisons, etc., sont tous des éléments de notre performance. Ils aident à exprimer notre identité, à indiquer notre statut social, à montrer notre appartenance à un certain groupe, etc. Par ailleurs, la parole est également un moyen important d'interpréter les performances des autres. En écoutant les autres, nous recueillons des informations sur leur rôle, leur statut, leur identité, etc.
  2. Le corps: Goffman souligne également l'importance de la communication non verbale dans l'interaction sociale. Les mouvements corporels, les expressions faciales, le contact visuel, etc., sont des éléments clés de notre performance. Ils peuvent transmettre une variété d'informations, telles que nos émotions, nos attitudes, notre confort ou notre inconfort dans une situation, etc. De plus, notre apparence physique (vêtements, coiffure, etc.) peut également jouer un rôle dans la façon dont nous sommes perçus par les autres.

Ainsi, dans l'interaction sociale, nous utilisons à la fois la parole et le corps pour "jouer" notre rôle et pour interpréter les performances des autres. Ces processus nous permettent de "négocier" notre place dans la société et de comprendre la place des autres.

L’interactionnisme symbolique

Erving Goffman a étudié diverses formes de comportement social, y compris les stratégies d'évitement. Les individus peuvent utiliser ces stratégies pour maintenir leur "face" (une image de soi-même présentée aux autres) ou pour naviguer dans des situations sociales potentiellement inconfortables ou embarrassantes.

Selon Goffman, certaines de ces stratégies d'évitement peuvent inclure :

  • Évitement physique : Cela peut inclure des choses comme changer de chemin pour éviter de croiser quelqu'un ou quitter une pièce lorsque certaines personnes entrent.
  • Évitement de la communication : Ne pas répondre à un message, ignorer une personne dans une conversation, ou éviter de parler de certains sujets peuvent être des formes d'évitement de la communication.
  • Évitement du regard : Parfois, les individus peuvent éviter le contact visuel direct avec quelqu'un pour éviter une interaction.
  • Évitement par distraction : On peut prétendre être occupé ou distrait pour éviter une interaction.

Ces stratégies sont toutes utilisées dans le but de gérer la façon dont nous sommes perçus par les autres, ce qui est au cœur du cadre de l'interactionnisme symbolique de Goffman. Cependant, il est important de noter que ces comportements peuvent aussi avoir des conséquences négatives, comme entraver la communication ou créer des malentendus.

L'interactionnisme symbolique offre une perspective intéressante pour comprendre la politique. Dans le domaine politique, les interactions entre individus, groupes, partis politiques, institutions et même nations jouent un rôle crucial dans la façon dont les décisions sont prises et les politiques sont mises en œuvre.

Voici quelques points importants de l'interactionnisme dans le domaine politique :

  • Négociation et débat : La politique est souvent une question de négociation et de débat entre différentes parties avec des intérêts variés. L'interactionnisme aide à comprendre comment ces processus se déroulent et comment les individus et les groupes utilisent des symboles et des significations partagées pour influencer ces négociations.
  • Construction de l'identité : La politique est également un processus par lequel les identités sont construites et contestées. Par exemple, l'identité politique d'un individu peut être façonnée par ses interactions avec d'autres dans son environnement social et politique.
  • Influence et pouvoir : L'interactionnisme peut aider à comprendre comment le pouvoir est exercé et négocié dans les interactions politiques. Par exemple, comment les individus ou les groupes utilisent le langage, les symboles et les rituels pour influencer les autres et gagner du pouvoir.
  • Changement social : L'interactionnisme offre une perspective sur la façon dont le changement social peut se produire par le biais d'interactions quotidiennes. Par exemple, comment les mouvements sociaux utilisent les interactions pour mobiliser le soutien, diffuser des idées et provoquer des changements dans les normes sociales et politiques.

L'interactionnisme symbolique nous rappelle donc que la politique n'est pas seulement une question de structures institutionnelles et de processus formels, mais aussi d'interactions sociales, de significations partagées et de négociations quotidiennes.

Erving Goffman a identifié plusieurs situations qui peuvent perturber les interactions sociales rituelles. Voici une explication plus détaillée de ces trois situations :

  • L'offense et la réparation : Dans cette situation, une personne peut commettre une offense, ou une violation des normes d'interaction, ce qui peut causer un sentiment de honte ou de malaise chez la personne offensée. Cependant, il y a généralement une possibilité de réparation, où la personne qui a commis l'offense peut s'excuser ou faire amende honorable pour rétablir l'ordre social.
  • La profanation : Ici, une personne refuse délibérément de suivre les normes d'interaction. Cela peut se produire lorsqu'une personne remet en question ou critique ouvertement les normes sociales établies. Cette violation intentionnelle des normes peut provoquer une perturbation majeure des interactions sociales.
  • L'anormalité : Dans ce cas, une personne n'est pas capable de suivre les normes d'interaction en raison de certaines conditions ou de circonstances hors de son contrôle. Cela peut se produire, par exemple, si une personne souffre d'une maladie mentale ou d'un handicap physique qui l'empêche de participer aux interactions sociales de la manière habituelle.

Chacune de ces situations peut perturber l'ordre social et provoquer une gêne ou un malaise chez les autres participants à l'interaction. Cependant, Goffman soutient que ces perturbations peuvent aussi être des occasions d'examiner et de remettre en question les normes sociales établies.

La théorie constructiviste

Aux origines : l’épistémologie Alfred Schütz (1899 - 1959)

Alfred Schütz.

Alfred Schütz était un sociologue et philosophe autrichien qui a grandement contribué au développement de la phénoménologie sociale, une approche qui cherche à comprendre la manière dont les individus donnent du sens à leur monde social. Schütz estime que notre compréhension du monde est structurée par notre expérience directe de celui-ci. C'est-à-dire que nous construisons notre réalité sur la base de notre propre perspective et de nos expériences personnelles. Il soutient que les individus interagissent avec le monde sur la base de leurs interprétations et compréhensions subjectives de celui-ci. Pour Schütz, la réalité est un phénomène construit socialement. Chaque individu a une conception unique et subjective de la réalité, basée sur ses expériences personnelles, ses interactions avec les autres et ses interprétations de ces expériences et interactions. Cette perspective est souvent appelée "constructionnisme social". Dans la lignée de Schütz, Goffman a également exploré la manière dont les individus construisent et interprètent leur réalité sociale, se concentrant en particulier sur la façon dont les individus présentent et gèrent eux-mêmes dans différentes situations sociales. Dans cette perspective, un "objet de pensée" peut être compris comme quelque chose qui est construit par les individus à travers leur interaction et leur interprétation du monde. Par exemple, les normes sociales, les rôles de genre et les identités culturelles peuvent tous être considérés comme des "objets de pensée" construits socialement.

Dans le domaine des sciences sociales, et plus généralement dans la recherche, la construction de l'objet d'étude est une étape cruciale qui nécessite un travail rigoureux de conceptualisation et d'opérationnalisation. Cela signifie que le chercheur définit précisément ce qu'il cherche à étudier (conceptualisation) et détermine comment il va mesurer ou observer ce phénomène (opérationnalisation). La construction de l'objet d'étude implique généralement de prendre un concept ou une idée générale et de le/la transformer en quelque chose de spécifique, mesurable et observable. Par exemple, un chercheur intéressé par l'étude de la "qualité de vie" devra définir précisément ce qu'il entend par cette notion (par exemple, en incluant des facteurs tels que la santé, le bien-être économique, les relations sociales, etc.) et déterminer comment il va mesurer chacun de ces facteurs. Il est également important de noter que la construction de l'objet d'étude est souvent influencée par le cadre théorique du chercheur, c'est-à-dire l'ensemble des théories et des concepts qu'il utilise pour comprendre son sujet. Ainsi, différents chercheurs peuvent construire et interpréter l'objet d'étude de manière différente, en fonction de leur perspective théorique. Enfin, il est essentiel de comprendre que la construction de l'objet d'étude est une étape fondamentale de la recherche scientifique, qui permet de garantir la validité et la fiabilité de la recherche. Sans une définition claire et précise de l'objet d'étude, il serait très difficile, voire impossible, de mener une recherche rigoureuse et de produire des résultats fiables.

Alfred Schütz a proposé une approche phénoménologique de la sociologie, ce qui signifie qu'il s'est intéressé à la manière dont les individus perçoivent et interprètent le monde qui les entoure. Selon lui, notre compréhension du monde est toujours une construction de second degré, basée sur nos interprétations personnelles et subjectives de la réalité. Selon Schütz, la tâche du sociologue est de comprendre ces constructions subjectives de la réalité, et non pas de chercher à découvrir une quelconque "réalité objective". Pour cela, il est nécessaire de développer des outils et des méthodes de recherche qui permettent d'explorer et de comprendre les perceptions et les interprétations des individus. Cela signifie qu'au lieu de simplement observer le comportement des individus, le chercheur doit s'efforcer de comprendre le sens que les individus donnent à leur comportement et à leur expérience. Cela peut impliquer des méthodes de recherche qualitatives, comme les entretiens en profondeur ou l'observation participante, qui permettent de recueillir des données détaillées sur les expériences et les perceptions des individus. Dans ce sens, l'approche de Schütz peut être vue comme une critique des approches plus traditionnelles de la sociologie, qui cherchent à expliquer le comportement social en termes de lois ou de structures objectives. Au contraire, Schütz soutient que le comportement social ne peut être compris qu'en prenant en compte la perspective des acteurs sociaux eux-mêmes.

L'approche constructiviste, représentée par des penseurs comme Schütz et Goffman, met l'accent sur l'importance de comprendre les réalités sociales telles qu'elles sont perçues et construites par les individus eux-mêmes. Cette perspective souligne le rôle actif des individus dans la création et la transformation de leur monde social. Dans ce contexte, la recherche sociologique n'est pas seulement une question d'observation et de description de la réalité sociale. Il s'agit aussi de comprendre comment cette réalité est construite, comment elle est vécue et comment elle est interprétée par les individus. Cette approche nécessite une réflexion épistémologique sur les méthodes de recherche utilisées et les hypothèses sur lesquelles elles reposent. Cela implique également de reconnaître que notre propre compréhension en tant que chercheurs est également une construction, façonnée par nos propres expériences, nos propres perspectives et notre propre contexte culturel et historique. Ainsi, l'objectif n'est pas d'arriver à une "vérité" objective ou universelle, mais plutôt de comprendre les multiples réalités qui sont construites et vécues par les individus dans différents contextes sociaux.

La philosophie du langage de John Searle

John searle en 2005.

John Searle est un philosophe américain renommé, qui a beaucoup travaillé sur la philosophie du langage et de l'esprit. Dans "The Construction of Social Reality" (1995), Searle explore comment nos conceptions de la réalité sont façonnées par nos croyances et nos pratiques sociales. Il distingue entre les faits bruts, qui existent indépendamment de toute intervention humaine (par exemple, la gravité), et les faits institutionnels, qui existent uniquement en raison de notre croyance en eux (par exemple, l'idée de l'argent comme un moyen d'échange). Searle soutient que beaucoup de nos réalités sociales - comme les gouvernements, les mariages, l'argent et les biens immobiliers - sont construites par des processus langagiers. Par exemple, lorsque nous disons "Ceci est de l'argent", nous contribuons à créer la réalité sociale selon laquelle le papier ou le métal que nous tenons a une certaine valeur. De même, lorsque nous disons "Nous sommes mariés", nous créons une nouvelle réalité sociale avec des droits, des obligations et des attentes spécifiques. La perspective de Searle sur le constructivisme est donc étroitement liée à la façon dont le langage contribue à construire notre réalité sociale.

John Searle considère le langage comme un élément fondamental de notre construction de la réalité sociale. Selon lui, le langage n'est pas seulement un moyen de communiquer des informations, mais aussi un outil pour créer et modifier notre réalité sociale. Dans ses travaux, il se concentre sur ce qu'il appelle les "actes de langage", qui sont les différentes façons dont nous utilisons le langage pour effectuer des actions dans le monde social. Par exemple, lorsque nous faisons une promesse, nous utilisons le langage pour créer une obligation sociale. Quand nous nommons quelque chose, nous utilisons le langage pour donner une identité à un objet ou à une personne. Quand nous formulons des lois ou des règles, nous utilisons le langage pour établir des normes de comportement. Le point de vue de Searle sur le langage est donc très proche de celui de Piaget, qui a également considéré le langage comme une construction essentielle à notre compréhension et à notre interaction avec le monde.

John Searle a été un contributeur majeur à la philosophie du langage, une sous-discipline de la philosophie qui s'intéresse aux concepts liés au langage et à son utilisation. Selon lui, le langage joue un rôle crucial dans la construction de notre réalité sociale. Il soutient que lorsque nous utilisons le langage, nous effectuons ce qu'il appelle des "actes de parole". Un acte de parole n'est pas seulement l'acte de dire quelque chose, mais c'est aussi l'acte de faire quelque chose à travers ces mots. Par exemple, en disant "Je promets de faire la vaisselle", on ne communique pas seulement une information, mais on s'engage également dans une action (faire une promesse). Selon Searle, ces actes de parole ont le pouvoir de créer des réalités sociales. Par exemple, lorsque le maire d'une ville dit "Je déclare cette foire ouverte", il ne décrit pas seulement une situation, il crée aussi une nouvelle réalité : la foire est maintenant officiellement ouverte. C'est par ce processus que le langage contribue à la construction de notre réalité sociale. En d'autres termes, Searle voit le langage non pas seulement comme un moyen de décrire le monde, mais aussi comme un moyen de le changer. C'est pourquoi il affirme que "la parole est une forme d'action".

L'étude de l'étymologie, qui est l'origine et l'histoire des mots, peut apporter beaucoup d'informations précieuses sur la façon dont nous utilisons le langage pour concevoir et construire notre réalité. Chaque mot a une histoire, et cette histoire est souvent liée à la façon dont nous comprenons le monde. Par exemple, le mot "comprendre" vient du latin "comprehendere", qui signifie "saisir ensemble". Cela suggère que pour comprendre quelque chose, nous devons être capables de saisir tous ses aspects en même temps, de les assembler en un tout cohérent. Par conséquent, en étudiant l'étymologie des mots, nous pouvons mieux comprendre comment nous utilisons le langage pour donner du sens au monde qui nous entoure. Cela peut nous aider à réfléchir de manière plus critique à la façon dont nous utilisons le langage, à repérer les présupposés cachés dans notre discours, et à développer de nouvelles façons de penser et de parler du monde. Cependant, il est également important de noter que l'étymologie n'est pas toujours un guide fiable pour comprendre le sens actuel d'un mot. Les significations des mots changent avec le temps, et parfois, la signification originale d'un mot peut être très différente de son usage actuel. Par conséquent, bien que l'étymologie puisse offrir des perspectives intéressantes, elle doit être utilisée avec prudence en tant qu'outil d'analyse linguistique.

Le langage joue un rôle essentiel dans la façon dont nous concevons et construisons notre réalité sociale. Il est non seulement un outil de communication, mais également un moyen par lequel nous faisons sens du monde qui nous entoure. Voici quelques façons dont le langage contribue à la construction de la réalité sociale :

  • Catégorisation et conceptualisation : Le langage nous aide à diviser le monde en catégories et concepts compréhensibles. Par exemple, les mots que nous utilisons pour décrire les couleurs, les émotions, ou les relations sociales nous aident à structurer notre expérience du monde.
  • Création et transmission de la culture : Le langage est le principal véhicule de la culture. Il nous permet de partager nos idées, nos croyances et nos valeurs, et de transmettre notre culture de génération en génération.
  • Négociation et création de sens : Grâce au langage, nous pouvons discuter, débattre, et négocier le sens des événements, des idées et des expériences. Cela est particulièrement important dans les situations de changement social ou de conflit.
  • Création et maintien des relations sociales : Le langage nous permet de créer et de maintenir des relations sociales. Par exemple, nous utilisons le langage pour exprimer notre affection, notre respect, ou notre hostilité envers les autres.
  • Définition et construction de l'identité : Le langage joue un rôle important dans la façon dont nous définissons notre identité et notre place dans la société. Par exemple, la façon dont nous parlons et les mots que nous utilisons peuvent refléter notre origine ethnique, notre classe sociale, notre genre, etc.

Le langage est un outil puissant qui façonne notre compréhension du monde et notre interaction avec lui. Il contribue à la construction de notre réalité sociale de manière complexe et multifacette.

Peter Berger et Thomas Luckman : « la construction sociale de la réalité »

Peter L. Berger et Thomas Luckmann, dans leur livre influent "The Social Construction of Reality" (1966), ont développé une théorie de la connaissance en sociologie qui explique comment les réalités sociales sont créées, institutionnalisées et rendues significatives pour les individus au sein d'une société. Pour eux, la réalité est un phénomène à la fois objectif et subjectif, construit à travers les interactions humaines et le langage.

  • Construction sociale de la réalité : Pour Berger et Luckmann, la réalité n'est pas une entité externe fixe et immuable, mais plutôt un phénomène en constante évolution qui est construit et remodelé par les interactions humaines. Les individus, par leurs actions et leurs interactions, créent une réalité sociale qui, bien que subjective, est perçue comme objective et "réelle".
  • Rôle du langage : Le langage est essentiel à ce processus de construction sociale de la réalité. Il fournit le cadre dans lequel les individus interprètent, décrivent et donnent un sens à leur expérience du monde. Par l'échange de symboles et de significations par le langage, les individus construisent conjointement une réalité partagée.
  • Institutionnalisation et rôles sociaux : Les patterns répétés d'interaction deviennent institutionnalisés, c'est-à-dire qu'ils se transforment en structures sociales stables et prévisibles, comme la famille, l'éducation, le gouvernement, etc. Ces institutions, à leur tour, influencent le comportement des individus en leur assignant des rôles spécifiques.
  • Réalité subjective et objective : Bien que la réalité soit construite socialement, elle est vécue par les individus comme une réalité objective indépendante de leur volonté. C'est ce que Berger et Luckmann appellent la "réification" - le processus par lequel la réalité socialement construite est perçue comme une réalité objective et inaltérable.

La perspective de Berger et Luckmann met en évidence le rôle central des interactions sociales et du langage dans la construction de notre réalité perçue. Les sciences sociales, à leur avis, devraient donc se concentrer sur la compréhension de ces processus de construction sociale de la réalité.

Peter L. Berger et Thomas Luckmann, dans leur livre "The Social Construction of Reality", expliquent que la réalité est constamment créée et modifiée par les interactions sociales. Ils soulignent trois concepts clés dans ce processus :

  • Le langage comme fondement de la connaissance de la vie quotidienne : Le langage n'est pas seulement un outil de communication, mais également un moyen par lequel les individus donnent du sens à leur monde. C'est par le langage que nous nommons, catégorisons et interprétons notre expérience du monde. Ainsi, le langage joue un rôle crucial dans la construction de notre réalité sociale.
  • La société comme réalité objective : Bien que la société soit socialement construite, elle est perçue par les individus comme une réalité objective et indépendante de leur volonté. Les institutions sociales, les normes et les règles sont considérées comme des entités existantes en dehors de l'individu et exercent une influence et un contrôle sur son comportement. Cette objectivation de la réalité sociale contribue à la stabilité et à la continuité de la société.
  • La société comme réalité subjective : Berger et Luckmann soutiennent également que la réalité sociale est une réalité subjective. En d'autres termes, les individus donnent du sens à leur monde à travers leurs propres perspectives et expériences. Cela implique l'identification à l'autre, où nous apprenons à voir le monde à travers les yeux des autres. C'est ce processus d'internalisation qui nous permet de comprendre et de nous conformer aux attentes et aux normes sociales.

Berger et Luckmann démontrent que la réalité est un construit social, façonné par le langage et les interactions sociales, et perçu comme une entité objective qui exerce une influence sur l'individu. En même temps, la réalité est une expérience subjective, influencée par notre identification et notre empathie envers les autres.

Du point de vue de la science politique, le pouvoir est un élément central de la construction sociale de la réalité. Le pouvoir est l'aptitude à influencer les comportements d'autres individus ou groupes d'individus, en établissant des règles, des normes et des structures qui façonnent et dirigent les comportements sociaux.

Le pouvoir peut se manifester de diverses manières dans une société :

  • Pouvoir institutionnel : Il s'agit de l'autorité et du contrôle exercés par les institutions sociales, telles que le gouvernement, les organisations juridiques, les établissements d'enseignement, les organisations religieuses, etc. Ces institutions établissent des normes et des règles qui orientent le comportement des individus.
  • Pouvoir social : Il s'agit de l'influence exercée par les groupes sociaux sur les individus. Cela peut inclure la pression des pairs, l'influence des médias, le poids des traditions culturelles, etc.
  • Pouvoir individuel : C'est la capacité d'une personne à influencer les autres, que ce soit par le charisme, le savoir, l'expertise, la richesse, le statut social, etc.

Ainsi, la réalité sociale est en partie une construction du pouvoir. Les individus sont soumis aux règles et normes établies par ceux qui détiennent le pouvoir, et participent également à cette construction en acceptant, en négociant ou en résistant à ces règles et normes. En comprenant comment le pouvoir façonne la réalité sociale, nous pouvons mieux comprendre les dynamiques de la société et comment les changements sociaux peuvent survenir. La capacité de faire adhérer les individus à une réalité sociale construite est une dimension essentielle du pouvoir. Les institutions sociales exercent un contrôle sur les individus en établissant et en faisant respecter les normes et les règles qui définissent la réalité sociale. Si un individu remet en question ou viole ces normes et règles, il peut être soumis à diverses formes de sanctions, allant de la désapprobation sociale à des sanctions légales plus sévères. Dans des cas extrêmes, comme celui de Galilée, ceux qui défient l'ordre établi peuvent même être menacés de mort ou d'autres formes de violence extrême. Le cas de Galilée est un exemple de la manière dont le pouvoir peut être utilisé pour imposer une certaine conception de la réalité. Galilée a été condamné par l'Église catholique pour avoir soutenu l'héliocentrisme, une théorie qui contredisait la conception géocentrique du monde acceptée à l'époque. Cependant, il est important de noter que la réalité sociale construite n'est pas immuable et peut être modifiée ou remise en question au fil du temps. Par exemple, malgré la condamnation de Galilée, sa théorie de l'héliocentrisme a finalement été acceptée comme la vérité scientifique. Cela illustre également que le pouvoir n'est pas toujours absolument déterminant : il peut être remis en question et transformé, et les réalités sociales peuvent évoluer à travers ce processus de contestation et de changement.

Selon Berger et Luckmann, la réalité sociale est construite au quotidien à travers des processus d'institutionnalisation et de légitimation.

L'institutionnalisation est le processus par lequel certaines actions et comportements deviennent répétés et prévisibles, formant ainsi des modèles qui façonnent la réalité sociale. Ces modèles de comportement institutionnalisés sont intériorisés par les individus et deviennent des habitudes qui structurent leurs actions quotidiennes. Par exemple, le fait de se lever tôt pour aller travailler, de respecter les règles de circulation routière, ou encore de se conformer aux normes de politesse dans les interactions sociales sont des exemples de comportements institutionnalisés.

Le processus de légitimation, d'autre part, est le mécanisme par lequel ces comportements institutionnalisés sont validés et soutenus par la société. Ils sont justifiés et soutenus par des croyances partagées, des valeurs, des normes et des règles. Par exemple, le respect des lois est légitimé par la croyance que cela est nécessaire pour maintenir l'ordre et la stabilité dans la société.

Ces deux processus fonctionnent ensemble pour créer et maintenir la réalité sociale. L'institutionnalisation établit les comportements et les attentes, tandis que la légitimation fournit la justification et le soutien pour ces comportements et attentes. C'est à travers ces processus que la réalité sociale est construite et maintenue au quotidien.

Le processus d'institutionnalisation est un aspect essentiel de toute société. Il s'agit de formaliser et de codifier les comportements et les interactions entre les individus afin de créer un ordre social stable et prévisible. Cela peut se faire par le biais de lois, de règles, de normes sociales, de traditions, et d'autres formes de structures sociales. L'accoutumance (l'adoption de comportements par habitude ou routine) et la division des tâches (la spécialisation des rôles et des responsabilités) sont deux mécanismes clés de l'institutionnalisation. La transmission est également un aspect crucial de ce processus. Les valeurs, les normes et les comportements institutionnalisés sont transmis d'une génération à l'autre, assurant la continuité et la stabilité de l'ordre social. Le processus de légitimation, quant à lui, consiste à justifier et à valider ces comportements institutionnalisés. Les traditions, le langage, et les croyances partagées jouent un rôle clé dans ce processus, car ils fournissent la justification morale, sociale et culturelle des comportements institutionnalisés. Ces deux processus, l'institutionnalisation et la légitimation, sont intrinsèquement liés et travaillent ensemble pour créer et maintenir la réalité sociale. En d'autres termes, ils contribuent à construire le "monde social" tel que nous le connaissons.

Le processus de légitimation est crucial dans toute société. Il est lié au maintien de l'ordre social et de la stabilité en conférant une validité et une acceptabilité aux normes, aux règles, aux institutions et aux comportements établis. C'est une étape clé dans la consolidation et l'acceptation de la réalité sociale construite. Les symboles jouent un rôle majeur dans ce processus. Les symboles - qu'ils soient culturels, religieux, politiques ou autres - servent à communiquer des valeurs, des idéaux et des croyances qui renforcent la réalité sociale construite. Par exemple, dans le contexte du gouvernement et du pouvoir, les symboles tels que les drapeaux, les hymnes nationaux, les monuments, les emblèmes et les rituels officiels contribuent à légitimer l'autorité et à promouvoir une certaine vision de la société. Le processus de légitimation peut également être considéré comme un mécanisme de contrôle social. Il aide à établir et à maintenir les normes et les comportements attendus, et à poser des limites à ce qui est considéré comme acceptable dans une société donnée. Il peut également aider à prévenir ou à gérer les conflits en établissant un consensus autour de ce qui est considéré comme juste et correct.

Le processus de légitimation vise à assurer l'acceptation collective de la réalité sociale construite. Ce processus comprend des mécanismes par lesquels des normes, des valeurs, des croyances et des institutions sont validées et rendues crédibles aux yeux des membres de la société. Lorsque la légitimation est réussie, la réalité sociale construite est largement acceptée comme "naturelle" ou "inévitable", et non comme un produit de la construction sociale. Il est important de noter que la légitimation est un processus dynamique. Les réalités sociales construites peuvent être remises en question, modifiées ou même complètement démantelées à la suite de changements sociaux, culturels, économiques ou politiques. De nouvelles réalités sociales peuvent alors être construites et légitimées. En ce sens, la légitimation est une composante essentielle de la stabilité et du changement sociaux. Elle peut à la fois maintenir l'ordre social existant et faciliter son évolution.

Le constructivisme dans la théorie des relations internationales

Le constructivisme dans le domaine des relations internationales soutient que les normes, les idées, les identités et les interactions sont des éléments centraux dans la structuration du système international. Il ne perçoit pas les États et autres acteurs internationaux comme étant uniquement motivés par des considérations matérielles comme la sécurité militaire ou la richesse économique, mais aussi par des idées, des valeurs, des cultures et des normes sociales. Pour les constructivistes, le système international n'est pas simplement un champ de bataille pour le pouvoir et la richesse. C'est aussi un domaine de construction sociale, où les acteurs internationaux se façonnent mutuellement à travers leurs interactions. Par exemple, les normes internationales sur les droits de l'homme, l'environnement ou le commerce peuvent influencer le comportement des États et d'autres acteurs internationaux. En outre, les constructivistes soutiennent que les relations internationales sont en constante évolution. Les normes, les idées et les identités des acteurs internationaux peuvent changer avec le temps, et ces changements peuvent à leur tour remodeler le système international. Par exemple, l'émergence de normes internationales sur le changement climatique a contribué à transformer les priorités et les politiques de nombreux États et organisations internationales. Ainsi, le constructivisme offre une perspective dynamique et en constante évolution sur les relations internationales. Il met l'accent sur les processus de construction sociale et l'importance des idées, des valeurs et des normes dans la structuration du système international.

Dans un champ interactionniste, tout comme dans le domaine des relations internationales, les stratégies sont constamment en mouvement et en évolution en réponse aux changements dans le contexte social, politique et économique. Il est crucial de comprendre ces dynamiques pour interpréter correctement les comportements des acteurs et prédire les futurs mouvements ou changements stratégiques. Les stratégies peuvent changer en fonction de divers facteurs, y compris les changements dans les perceptions des intérêts nationaux, les évolutions du contexte international, les transformations internes des acteurs (par exemple, des changements de leadership ou de politique), et les interactions entre les acteurs eux-mêmes. Par exemple, un pays peut choisir de modifier sa stratégie en matière de relations internationales en réponse à un changement de leadership dans un autre pays, à un changement dans le climat politique international, ou à des développements internes tels que des changements économiques ou sociaux. De plus, l'interactionnisme symbolique, qui est une approche constructiviste, suggère que les stratégies sont influencées par les interactions entre les acteurs. Les acteurs interprètent et réagissent aux actions des autres, ce qui peut entraîner des changements dans leurs propres stratégies. Par conséquent, l'analyse des interactions entre les acteurs peut fournir des informations précieuses sur les dynamiques stratégiques dans les relations internationales.

l'approche constructiviste dans les relations internationales s'intéresse beaucoup aux acteurs et à leur interprétation des situations. Le constructivisme insiste sur le fait que les réalités sociales, y compris les structures internationales, sont construites à travers les interactions humaines et les croyances partagées. Voici comment ces niveaux se manifestent dans le contexte des relations internationales :

  • Rôle des acteurs : Les acteurs dans les relations internationales ne sont pas seulement des États, mais aussi des organisations internationales, des ONG et même des individus. Leur interprétation des situations et leur comportement sont influencés par une variété de facteurs, y compris leurs croyances, leurs valeurs, leurs idéologies, ainsi que leurs intérêts matériels. En effet, les acteurs ont des identités qui influencent leurs intérêts et leurs actions. Par exemple, un pays qui se voit comme un leader mondial en matière de droits de l'homme agira différemment d'un pays qui ne partage pas cette identité.
  • Construction des réalités sociales : Dans le constructivisme, les structures internationales sont considérées comme des constructions sociales. Cela signifie que les normes, les règles et les institutions qui forment l'ordre international sont le produit de l'interaction humaine. Elles ne sont pas fixes et peuvent être transformées par l'action humaine. Par exemple, les normes internationales sur les droits de l'homme ont évolué au fil du temps en raison des actions et des interactions des États, des organisations internationales et des acteurs de la société civile.
  • Champ des interactions : Le constructivisme met l'accent sur le rôle des interactions dans la formation des structures internationales et des comportements des acteurs. Les acteurs interagissent les uns avec les autres dans divers contextes, tels que les négociations diplomatiques, les forums internationaux et même les conflits. Ces interactions influencent leur compréhension de la situation, leurs intérêts et leurs actions.

Le constructivisme offre un cadre précieux pour comprendre la dynamique complexe des relations internationales. Il met en évidence le rôle des idées, des normes et des interactions dans la formation de l'ordre international et le comportement des acteurs.

Le constructivisme offre une perspective alternative aux approches plus traditionnelles des relations internationales, comme le réalisme, le libéralisme et le fonctionnalisme. Ces approches ont tendance à se concentrer sur les structures matérielles et les intérêts étatiques comme principaux déterminants du comportement international. Cependant, le constructivisme met l'accent sur l'importance des idées, des normes et des identités dans la structuration de la politique internationale. Il suggère que les intérêts et les identités des États sont façonnés par leurs croyances et leurs interactions avec d'autres acteurs. Ainsi, le comportement international n'est pas simplement le produit de contraintes structurelles ou de calculs d'intérêts matériels, mais est également influencé par des facteurs sociaux et idéologiques. En outre, le constructivisme conteste l'idée que la politique internationale puisse être comprise en termes de systèmes rigides ou de modèles fonctionnalistes. Au lieu de cela, il voit le monde international comme étant en constante évolution, façonné par des processus dynamiques d'interaction et de construction sociale. En ce sens, le constructivisme offre une perspective plus nuancée et plus complexe de la politique internationale, qui prend en compte la diversité des acteurs, des idées et des processus qui façonnent le monde. Cette perspective est particulièrement utile pour comprendre les défis contemporains des relations internationales, tels que le multilatéralisme, les droits de l'homme, le changement climatique et la gouvernance mondiale.

Les théories constructivistes remettent en question l'idée qu'il existe des réalités objectives ou des structures fixes dans les relations internationales, comme le concept de l'anarchie. Elles soutiennent que ces concepts sont en fait des constructions sociales, façonnées par nos croyances, nos normes et nos interactions. L'anarchie, par exemple, est souvent présentée dans les théories réalistes comme une caractéristique fondamentale du système international, où il n'y a pas d'autorité centrale pour imposer des règles ou réguler le comportement des États. Cependant, les constructivistes remettent en question cette idée et suggèrent que l'anarchie elle-même est une construction sociale. Ce n'est pas une réalité objective, mais une perception ou une interprétation de la réalité qui est façonnée par nos croyances et nos interactions. En outre, les constructivistes soutiennent que même en l'absence d'une autorité centrale, il existe des normes, des règles et des institutions internationales qui influencent le comportement des États. Ces normes et institutions ne sont pas simplement le produit de calculs d'intérêts matériels, mais sont également façonnées par des processus de construction sociale. Ainsi, le constructivisme offre une perspective plus nuancée et dynamique sur les relations internationales, qui prend en compte la diversité des acteurs et des processus qui façonnent le monde. Il offre également des outils pour analyser et comprendre des phénomènes complexes tels que les conflits, la coopération, le changement social et la construction de l'ordre international.

Le constructivisme remet en question l'idée réaliste de l'anarchie comme état naturel du système international. Pour les constructivistes, l'anarchie n'est pas un état fixe ou présocial, mais une construction qui émerge des interactions entre les acteurs internationaux. En d'autres termes, l'anarchie n'est pas un donné, mais une réalité construite. Les États ne sont pas simplement plongés dans un environnement anarchique ; ils contribuent activement à créer et à maintenir cet état à travers leurs interactions, leurs normes et leurs croyances. Les relations entre les États ne sont pas simplement dictées par le désir de puissance ou la peur de l'insécurité, mais sont également façonnées par des facteurs sociaux, culturels et idéologiques. De plus, le constructivisme reconnaît que les États ne sont pas les seuls acteurs pertinents dans les relations internationales. D'autres acteurs, tels que les organisations internationales, les ONG, les mouvements sociaux et même les individus, peuvent aussi jouer un rôle important. Leur influence ne se limite pas à leur pouvoir matériel, mais peut aussi être déterminée par leur capacité à façonner les normes, les idées et les croyances qui sous-tendent le système international. Dans cette perspective, l'analyse des relations internationales ne peut pas se limiter à l'étude des rapports de force entre les États. Elle doit également prendre en compte les processus sociaux et culturels qui façonnent ces relations et les structures dans lesquelles elles s'insèrent.

Dans le champ des relations internationales, les théories constructivistes apparaissent : ils vont penser la réalité des structures et des conflits et aussi penser l’intersubjectivité c’est-à-dire que c’est le fait que nous sommes dans la représentation et comment certain pays peuvent se permettre de caractériser un autre au nom de l’interprétation de son propre développement.

Le constructivisme met l'accent sur l'importance des normes et des idées dans la structuration des relations internationales. La souveraineté des États, par exemple, est un principe central de l'ordre international, mais elle n'est pas un fait objectif et immuable. Elle est plutôt une construction sociale qui repose sur la reconnaissance mutuelle des États. Dans le cadre constructiviste, les normes internationales, qu'elles soient explicites (comme les traités et les accords internationaux) ou implicites (comme les normes de comportement non écrites), jouent un rôle clé dans la détermination du comportement des États. Ces normes ne sont pas simplement imposées de l'extérieur, mais sont intériorisées par les États, qui les adoptent comme une partie de leur identité et de leurs intérêts. De plus, le constructivisme reconnaît que ces normes peuvent changer au fil du temps en fonction des interactions entre les acteurs internationaux. Si une norme n'est pas respectée ou acceptée par un État, cela peut déclencher des réactions et des négociations qui peuvent finalement conduire à une modification de la norme. En bref, le constructivisme offre une perspective dynamique et évolutive sur les relations internationales, mettant en évidence l'importance des processus sociaux et des interactions dans la formation et la transformation de l'ordre international.

Le constructivisme dans les relations internationales met un accent particulier sur l'importance des identités et des intérêts des acteurs, qui sont vus comme étant construits par l'interaction sociale plutôt que prédéterminés par la nature humaine ou les structures économiques, comme le suggèrent d'autres théories. Cela implique que les États (et d'autres acteurs) sont influencés par les normes et les idées qui prévalent dans la société internationale, et que leurs identités et intérêts peuvent évoluer avec le temps en fonction de ces influences. Par exemple, un État peut adopter certaines normes en matière de droits de l'homme ou de politique environnementale parce qu'elles sont largement acceptées dans la communauté internationale, et non parce qu'elles sont directement dans son intérêt économique ou sécuritaire. De plus, le constructivisme reconnaît que les acteurs ont la capacité d'agir de manière créative et stratégique pour influencer les normes et les idées internationales. Cela peut se faire par le biais de la diplomatie, de la persuasion, de la rhétorique et d'autres formes de communication sociale. Par conséquent, les relations internationales sont vues comme un processus dynamique d'interaction et de négociation, plutôt que comme un jeu à somme nulle déterminé par des intérêts nationaux fixes et inaltérables.

Annexes

References