Interactionnisme et Constructivisme
Faculté | Faculté des sciences de la société |
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Département | Département de science politique et relations internationales |
Professeur(s) | Rémi Baudoui |
Cours | Introduction à la science politique |
Lectures
- Les approches en sciences politiques de Durkheim à Bourdieu
- Aux origines de la chute de la République de Weimar
- Les approches en science-politique : Max Weber et Vilfredo Pareto
- La notion de « concept » en sciences-sociales
- Marxisme et Structuralisme
- Fonctionnalisme et Systémisme
- Interactionnisme et Constructivisme
- Intérêts
- Institutions
- Idées
- Les théories de l’anthropologie politique
- La Guerre
- La Guerre : conceptions et évolutions
- La raison d’État
- État, souveraineté, mondialisation, gouvernance multiniveaux
- La Violence
- Welfare State et biopouvoir
- Institutions politiques I : Régimes politiques, démocratisation
- Institutions politiques II : systèmes électoraux
- Institutions politiques III : Gouvernements – Parlements
- Morphologie des contestations
- Régimes politiques, démocratisation
- L’action dans la théorie politique
- Introduction à la politique suisse
- Analyse des Politiques Publiques : définition et cycle d'une politique publique
- Analyse des Politiques Publiques : mise à l'agenda et formulation
- Analyse des Politiques Publiques : mise en œuvre et évaluation
- Introduction à la sous-discipline des relations internationales
- Introduction à la théorie politique
L'interactionnisme et le constructivisme sont deux cadres théoriques clés qui enrichissent notre compréhension des dynamiques en science politique.
L'interactionnisme est une théorie qui met l'accent sur les relations entre les individus pour décrypter les comportements politiques. Elle postule que les individus ne sont pas simplement le produit de leur environnement ou des structures sociales, mais qu'ils ont un rôle actif dans la formation et la transformation de ces structures par leurs interactions. Dans un contexte politique, l'interactionnisme peut aider à analyser comment les politiciens, les bureaucrates et les électeurs interagissent, et comment ces interactions déterminent les politiques publiques et les résultats électoraux.
D'autre part, le constructivisme se focalise sur la manière dont les acteurs politiques utilisent leurs idées et croyances pour construire leur réalité sociale et politique. Selon cette approche, les structures politiques et sociales ne sont pas préétablies, mais sont plutôt construites par les acteurs politiques à travers leurs discours, leurs idées et leurs actions. Le constructivisme, dans le domaine de la science politique, permet d'explorer comment les croyances et les idées des acteurs politiques façonnent les structures politiques et les politiques publiques.
Ces deux cadres théoriques peuvent être utilisés conjointement pour une compréhension plus approfondie de la politique. Par exemple, l'interactionnisme peut être utilisé pour examiner comment les acteurs politiques collaborent pour élaborer des politiques, tandis que le constructivisme peut permettre d'analyser comment ces politiques sont influencées par les idées et les croyances de ces acteurs.
Les approches Interactionnisme et Constructivisme
L'interactionnisme et le constructivisme sont deux cadres théoriques essentiels qui ont émergé à partir de contextes de production distincts et ont façonné notre compréhension des processus sociaux et politiques.
L'Interactionnisme
L'interactionnisme, notamment l'interactionnisme symbolique, a ses racines dans l'École de Chicago au début du XXe siècle. Les changements rapides et massifs que la ville de Chicago a connus à cette époque ont servi de toile de fond pour le développement de cette approche théorique.
Chicago est passée d'une petite ville à une métropole florissante en quelques décennies seulement, avec une population qui a explosé en raison de l'immigration et de la migration interne. Cela a entraîné de profonds changements dans la structure sociale et spatiale de la ville. Les nouveaux arrivants de différentes origines ethniques et culturelles se sont installés dans des quartiers distincts, créant une mosaïque de communautés culturelles dans la ville. Face à ces changements, les sociologues de l'École de Chicago ont cherché à comprendre comment les individus et les groupes interagissent dans ces nouveaux environnements urbains. Ils ont commencé à développer des théories interactionnistes qui mettaient l'accent sur le rôle des interactions sociales dans la formation de l'identité individuelle et collective, la construction des communautés, et la création de l'ordre social. Les sociologues de l'École de Chicago, tels que Robert E. Park, Ernest Burgess et Herbert Blumer, ont joué un rôle crucial dans le développement de l'interactionnisme. Ils ont mis l'accent sur l'observation directe des interactions sociales et ont utilisé des méthodes de recherche innovantes, comme l'étude ethnographique et l'observation participante, pour étudier les interactions sociales dans la métropole en pleine mutation.
L'interactionnisme est donc né de l'effort pour comprendre les transformations sociales et spatiales en cours dans une métropole en pleine mutation. Il continue à être une approche théorique clé en sociologie et en science politique, aidant à expliquer comment les interactions sociales façonnent les individus, les groupes, et la société dans son ensemble.
Les sociologues de l'École de Chicago ont été parmi les premiers à s'attaquer de front à ces défis complexes et interdépendants. Leurs travaux ont mis en évidence les difficultés d'intégration sociale, professionnelle et culturelle auxquelles étaient confrontés les nouveaux arrivants dans la ville. Ils ont observé comment ces défis ont conduit à une ethnicisation de la ville, où les différents groupes ethniques se sont installés dans des quartiers distincts, créant une "mosaïque ethnique" complexe. Ils ont également étudié l'émergence de la marginalité sociale, y compris la criminalité et la délinquance, dans ce contexte urbain en mutation. Les phénomènes de marginalité et de déviance sociale, tels que les gangs et la criminalité organisée, étaient des préoccupations majeures pour ces sociologues. Ils ont cherché à comprendre pourquoi certains individus et groupes choisissent de s'engager dans des activités illégales et comment ces choix sont façonnés par leur environnement social et économique. Le travail de l'École de Chicago sur la déviance sociale a été particulièrement influent. Des chercheurs tels que Clifford R. Shaw et Henry D. McKay ont développé la théorie de la désorganisation sociale, qui suggère que la criminalité est principalement le résultat de la désintégration des institutions sociales traditionnelles dans les zones urbaines défavorisées. Cette théorie a profondément influencé la façon dont nous comprenons la criminalité et la déviance aujourd'hui. Les sociologues de l'École de Chicago ont été des pionniers dans l'étude des phénomènes urbains et des problèmes sociaux associés à l'urbanisation rapide et à l'industrialisation. Leur approche interactionniste a ouvert la voie à une compréhension plus nuancée de la façon dont les individus et les groupes interagissent avec leur environnement social et comment ces interactions façonnent leurs expériences et comportements.
L'interactionnisme, tel qu'il a été conceptualisé par l'École de Chicago, place l'interaction au cœur de l'expérience sociale. Cette approche met l'accent sur l'idée que les comportements individuels sont façonnés par les interactions et les échanges avec les autres. En d'autres termes, les individus n'agissent pas isolément, mais sont constamment engagés dans un processus d'interaction avec ceux qui les entourent. Dans cette perspective, la société n'est pas simplement un ensemble de structures rigides qui déterminent le comportement des individus, mais un réseau dynamique d'interactions sociales. Les individus ne sont pas de simples récepteurs passifs de normes sociales, mais jouent un rôle actif dans la création et la modification de ces normes à travers leurs interactions. Cela signifie que pour comprendre les comportements des individus, nous devons examiner la nature des interactions dans lesquelles ils sont engagés. Par exemple, comment les individus interagissent-ils dans différents contextes, comme la famille, le travail, l'école, etc. ? Comment ces interactions influencent-elles leurs croyances, leurs attitudes et leurs comportements ? Et comment ces interactions contribuent-elles à la création et à la transformation des structures sociales ? De plus, l'interactionnisme fait valoir que toutes les relations humaines impliquent une forme d'échange ou d'interaction, qu'elle soit verbale ou non verbale, formelle ou informelle, positive ou négative. Par conséquent, l'interactionnisme offre un cadre précieux pour l'étude des phénomènes sociaux, allant des interactions quotidiennes entre individus aux processus plus larges de changement social et politique.
L'interactionnisme souligne que le comportement d'un individu est profondément influencé par ses interactions avec les autres, et qu'il n'existe pas isolément de son contexte social. Cette perspective met en évidence le fait que le comportement n'est jamais statique ou constant, mais qu'il est toujours en cours de transformation à travers les interactions sociales. C'est en cela que l'interactionnisme se distingue de la théorie fonctionnaliste. Le fonctionnalisme, en se concentrant sur la manière dont les différentes parties de la société travaillent ensemble pour maintenir l'équilibre et l'harmonie, tend à voir les comportements individuels comme étant largement déterminés par le rôle fonctionnel qu'ils jouent dans la société. Cette perspective peut parfois être critiquée pour son manque de considération pour les dynamiques de pouvoir, les conflits et le changement social. Au contraire, l'interactionnisme souligne la manière dont les individus négocient, interprètent et contestent leurs rôles sociaux à travers leurs interactions avec les autres. Il met l'accent sur la complexité et la dynamique des comportements humains, plutôt que sur leur conformité à des normes fonctionnelles prédéterminées. De plus, l'interactionnisme voit la société non pas comme une structure figée, mais comme un processus en constante évolution façonné par les interactions humaines. Ainsi, l'interactionnisme offre une perspective plus nuancée et dynamique des comportements humains et de la société. Il met en évidence le rôle actif des individus dans la création et la transformation de leur réalité sociale, et la manière dont les comportements sont façonnés par les interactions et les échanges avec les autres.
Il y a quatre principes dans l’interaction :
- Unités d'interaction : L'interactionnisme reconnaît que les interactions peuvent se produire entre des individus (interaction interpersonnelle) ou des groupes (interaction de groupe). Ces unités d'interaction sont les acteurs de base de la société.
- Règles d'interaction : Les interactions sont régies par des règles, qui peuvent être explicites (comme les lois ou les règlements) ou implicites (comme les normes sociales non écrites). Ces règles aident à structurer les interactions et à donner un sens aux comportements.
- Processus ordonné : L'interactionnisme voit les interactions sociales comme un processus ordonné. Cela signifie que les interactions suivent certaines séquences et motifs, qui peuvent être analysés et compris. Par exemple, l'interactionnisme a été utilisé pour étudier des phénomènes tels que la violence, en les situant dans leur contexte d'interaction spécifique.
- Échange : L'interactionnisme met l'accent sur l'idée que les interactions sociales sont fondamentalement basées sur l'échange. Cela peut être un échange de biens ou de services, mais aussi d'informations, de sentiments, d'idées, etc. Cela souligne le caractère réciproque et mutuellement influençant des interactions sociales.
Ces principes fournissent un cadre pour comprendre comment les individus et les groupes interagissent les uns avec les autres, comment ces interactions sont structurées et régulées, et comment elles contribuent à la création et au changement social.
Le Constructivisme
Le constructivisme, qui a pris son essor dans les années 1960-1970, est un courant de pensée qui a profondément influencé de nombreux domaines, notamment la sociologie, la philosophie, l'anthropologie et la linguistique. Le constructivisme est basé sur l'idée que la connaissance n'est pas simplement découverte, mais est construite activement par l'individu ou la société. Jean Piaget, un psychologue suisse célèbre, est une figure clé du constructivisme, bien que son travail soit généralement classé dans le domaine de la psychologie du développement. Piaget a proposé que les enfants construisent activement leur compréhension du monde à travers leur interaction avec leur environnement. Selon sa théorie, le développement cognitif se produit à travers une série de stades, chaque stade représentant un niveau de compréhension plus complexe et sophistiqué du monde. Dans le domaine de la linguistique, Piaget a vu le langage comme une construction sociale et cognitive. Selon lui, les enfants acquièrent le langage non pas simplement en mémorisant des mots et des règles, mais en construisant activement leur compréhension du langage à travers leurs interactions avec les autres. Cela reflète l'approche générale du constructivisme, qui met l'accent sur l'interaction et la construction active de la connaissance.
La prémisse fondamentale du constructivisme est que la connaissance n'est pas un ensemble statique de faits qui attend d'être découvert, mais qu'elle est activement construite par les individus et les groupes. Cela signifie que la connaissance n'est pas simplement quelque chose que nous avons, mais quelque chose que nous faisons. Chaque nouvelle information ou expérience est intégrée à notre base de connaissances existante, modifiant et développant notre compréhension du monde. Dans cette perspective, la réalité n'est pas une entité objective indépendante de nous, mais est constamment construite et reconstruite à travers nos interactions avec le monde et avec les autres. Cela signifie que notre connaissance du monde est toujours en cours de développement, toujours en train d'être "construite". En outre, le constructivisme reconnaît que notre connaissance du monde est toujours influencée par notre contexte social et culturel. Nos croyances, nos valeurs, nos expériences et nos interactions avec les autres jouent tous un rôle dans la façon dont nous construisons notre connaissance du monde. C'est pourquoi le constructivisme est souvent associé à des approches méthodologiques qui mettent l'accent sur l'exploration des perceptions, des interprétations et des expériences des individus, comme l'étude de cas, l'ethnographie, ou l'analyse narrative. Ces méthodes visent à comprendre comment les individus et les groupes construisent leur connaissance du monde et comment cette connaissance influence leur comportement et leurs interactions.
Le constructivisme soutient que notre compréhension de la réalité est socialement construite, plutôt qu'objectivement observée. La réalité, telle que nous la connaissons, est façonnée par nos systèmes de connaissance, qui sont eux-mêmes influencés par les normes, les valeurs et les pratiques sociales. La réalité n'est pas perçue directement, mais est interprétée à travers ces constructions sociales. Par conséquent, selon le constructivisme, pour comprendre véritablement la réalité, nous devons comprendre les processus par lesquels elle est construite. Cela signifie que nous devons examiner les systèmes de connaissance - les sciences, les normes, les règles, les idéologies, etc. - qui façonnent notre perception et notre interprétation du monde. Cela implique une analyse à un "deuxième niveau" : non seulement nous devons examiner la réalité telle qu'elle est construite, mais nous devons aussi examiner les processus de construction eux-mêmes. Dans cette perspective, la connaissance n'est jamais neutre ou objective, mais est toujours influencée par le contexte social et culturel dans lequel elle est produite. Cela souligne la nature fondamentalement subjective de la connaissance et de la réalité. Le constructivisme a des implications importantes pour la façon dont nous abordons la recherche et la pratique dans de nombreux domaines, de la sociologie à la politique, en passant par l'éducation et la psychologie. Il nous rappelle que nos perceptions et nos interprétations du monde sont toujours façonnées par notre contexte social et culturel, et que la réalité est toujours une construction, jamais une donnée.
Les théoriciens constructivistes soutiennent que la réalité est construite au fil du temps par une multitude d'acteurs dans une société donnée. C'est un processus collectif et complexe qui implique de nombreuses interactions et négociations entre les individus et les groupes. Le constructivisme se concentre sur l'analyse des structures sociales plutôt que sur les individus. Il examine comment les idées, les normes, les valeurs, les croyances et les pratiques sociales façonnent notre compréhension de la réalité. Par exemple, dans le domaine de la politique, les constructivistes peuvent analyser comment les idées politiques et les idéologies influencent la formation des politiques publiques. De plus, les constructivistes reconnaissent que les constructions sociales de la réalité ont un pouvoir coercitif. En d'autres termes, ils structurent nos pensées et nos comportements et nous poussent à nous conformer à elles. Par exemple, les normes sociales et culturelles peuvent nous faire sentir obligés d'agir d'une certaine manière, même si nous ne sommes pas personnellement d'accord avec ces normes. Cependant, le constructivisme reconnaît également que les constructions sociales de la réalité peuvent être contestées et modifiées. Les individus et les groupes peuvent résister aux normes sociales, remettre en question les idées dominantes et proposer de nouvelles façons de comprendre et d'interpréter le monde. Par conséquent, le constructivisme offre une perspective dynamique et flexible sur la réalité sociale, qui souligne à la fois sa stabilité et son potentiel de changement.
Le constructivisme offre des outils précieux pour analyser et comparer les réalités construites dans différents contextes. Deux dimensions importantes du constructivisme sont :
- Comparaison des réalités construites : Le constructivisme reconnaît que différentes sociétés peuvent construire des réalités différentes. Par conséquent, une approche constructiviste peut impliquer la comparaison de ces différentes réalités construites. Par exemple, comment les normes et les valeurs diffèrent-elles entre les sociétés ? Comment ces différences influencent-elles les comportements et les attitudes des individus dans ces sociétés ?
- Relations internationales : Le constructivisme a eu un impact significatif sur le domaine des relations internationales. Il offre une perspective unique sur les questions de pouvoir, de conflit et de coopération entre les nations. Selon le constructivisme, les relations internationales ne sont pas seulement influencées par les facteurs matériels tels que la puissance militaire ou économique, mais aussi par les idées, les normes et les identités. Les réalités construites de chaque pays, qui sont façonnées par leurs systèmes politiques, économiques, culturels et sociaux spécifiques, peuvent entrer en conflit les unes avec les autres, conduisant à des tensions et des conflits internationaux.
Ces deux dimensions soulignent le rôle de la construction sociale dans la formation de notre compréhension de la réalité, et comment cette construction peut varier considérablement entre différentes sociétés et contextes internationaux.
Le constructivisme encourage la conceptualisation de l'espace non pas comme une entité physique fixe, mais comme un produit de nos constructions sociales et culturelles. L'espace, dans cette perspective, est perçu comme une série de "réalités construites" qui sont façonnées et définies par les individus et les sociétés qui les habitent. Cela signifie que notre compréhension et notre expérience de l'espace sont influencées par une multitude de facteurs, y compris nos croyances, nos valeurs, nos normes sociales, nos systèmes politiques et économiques, et nos interactions avec les autres. Par exemple, un espace urbain peut être perçu différemment par différents groupes en fonction de leur statut socio-économique, de leur appartenance ethnique, de leur âge, de leur genre, etc. De plus, les espaces eux-mêmes peuvent être considérés comme des acteurs influents dans la construction de nos réalités. Ils ont le potentiel de façonner nos comportements, nos attitudes et nos interactions de manière significative. Par exemple, l'aménagement d'une ville, la présence ou l'absence de certaines infrastructures, la disposition des quartiers résidentiels et commerciaux, etc., peuvent tous influencer la façon dont nous vivons et interprétons nos environnements. Ainsi, le constructivisme offre une perspective riche et nuancée de la manière dont nous comprenons et interagissons avec l'espace, soulignant son rôle dans la formation de nos réalités construites.
Interactionnistes et Constructivistes comme alternatives critiques aux théories fonctionnalistes, structuralistes et systémiques
Les théories interactionnistes et constructivistes offrent des alternatives critiques aux théories fonctionnalistes, structuralistes et systémiques en science politique et en sociologie.
L'interactionnisme, avec son attention portée sur les interactions microsociales et la manière dont elles façonnent le comportement des individus et le fonctionnement de la société, offre une critique directe du fonctionnalisme. Le fonctionnalisme tend à considérer la société comme un système organisé où chaque partie a une fonction spécifique à remplir pour le bien de l'ensemble. L'interactionnisme, en revanche, met l'accent sur le rôle des individus et de leurs interactions dans la structuration de la société. Le constructivisme, de son côté, offre une critique des approches structuralistes et systémiques. Le structuralisme tend à percevoir la société comme un ensemble structuré de relations qui déterminent le comportement des individus. Le constructivisme, en revanche, souligne le rôle des individus et des groupes dans la construction de leur réalité sociale, y compris les structures sociales elles-mêmes. De même, le constructivisme s'oppose au systémisme, qui envisage la société comme un système d'éléments interconnectés qui interagissent entre eux. Le constructivisme, en revanche, se concentre plus sur l'analyse de cas spécifiques et sur la manière dont les réalités sociales sont construites et changent au fil du temps.
Ces deux approches - interactionnisme et constructivisme - offrent ainsi une vision plus dynamique et flexible de la société, mettant l'accent sur le rôle actif des individus dans la formation de leur réalité sociale.
La théorie interactionniste
Aux origines : l’École de Chicago
D'importants changements sociodémographiques et économiques ont eu lieu à Chicago au début du XXe siècle. La ville s'est rapidement transformée en une métropole, en grande partie en raison de l'industrialisation rapide et de l'immigration de masse en provenance d'Europe et du Sud rural des États-Unis. L'arrivée massive de ces nouveaux habitants, à la recherche d'emplois dans l'industrie en plein essor, a conduit à une expansion rapide de la ville. Cependant, elle a également exacerbé les tensions raciales et ethniques, créé des conditions de vie précaires et engendré une hausse de la criminalité. Les nouveaux immigrants se sont souvent installés dans des quartiers ethniquement homogènes, parfois appelés "ghettos", où les conditions de vie étaient souvent difficiles. La ségrégation raciale et ethnique a souvent conduit à des tensions, qui ont parfois dégénéré en violences et en émeutes raciales. Parallèlement, le manque d'opportunités économiques et d'éducation pour de nombreux jeunes a contribué à l'augmentation de la délinquance juvénile. De même, la pauvreté et le désespoir ont conduit certaines personnes à se tourner vers la prostitution comme moyen de subsistance. Tous ces facteurs ont créé un climat social tendu et ont posé de nombreux défis aux autorités de la ville et aux sociologues de l'époque, qui ont cherché à comprendre et à résoudre ces problèmes. C'est dans ce contexte que s'est développée l'École de sociologie de Chicago, qui a adopté une approche interactionniste pour étudier ces phénomènes sociaux.
Au début du XXe siècle, l'École de sociologie de Chicago a révolutionné le domaine de la sociologie en déplaçant l'attention des facteurs structurels et des réponses répressives aux comportements déviants vers une analyse plus nuancée des interactions sociales et des dynamiques de marginalité. En se concentrant sur les communautés marginalisées et déracinées de la métropole en expansion qu'était Chicago, les sociologues de l'École de Chicago ont cherché à comprendre les motivations, les rationalités et les interactions sociales qui sous-tendent les comportements déviants. Ils ont adopté une approche empirique, basée sur l'observation directe et l'étude de terrain, ce qui était à l'époque une nouveauté dans le domaine de la sociologie. Ces chercheurs ont ainsi mis en évidence le rôle des interactions sociales dans la création de comportements déviants, démontrant que ces comportements ne sont pas simplement le résultat de facteurs individuels, mais sont aussi façonnés par les conditions sociales et les interactions au sein de la communauté. Cela a ouvert la voie à une compréhension plus profonde et plus nuancée de la déviance sociale et a jeté les bases de l'approche interactionniste en sociologie.
L'École de sociologie de Chicago, en s'appuyant sur l'approche interactionniste, a mis en avant plusieurs thèmes majeurs dans ses recherches :
- Les minorités raciales et ethniques : L'étude des groupes minoritaires a permis de comprendre les processus d'assimilation, de discrimination et de ségrégation, ainsi que l'impact de ces processus sur la structure sociale et les dynamiques intergroupes.
- L'homme marginal : Ce concept, introduit par Robert E. Park, décrit les individus qui vivent à la frontière de deux cultures ou groupes sociaux et qui ont du mal à s'intégrer pleinement à l'un ou l'autre. Cette marginalité peut conduire à des sentiments d'aliénation, de confusion et de conflit.
- La ville : La transformation de Chicago en une métropole rapide a été un terrain d'étude privilégié pour comprendre les processus sociaux, économiques et politiques qui ont lieu dans les zones urbaines.
- La déviance : Les sociologues de l'École de Chicago ont été parmi les premiers à étudier la déviance non pas comme un acte isolé, mais comme un processus social, influencé par les interactions et les dynamiques communautaires.
- Le crime et la délinquance : En se concentrant sur les quartiers à forte criminalité de Chicago, ces chercheurs ont cherché à comprendre les causes sous-jacentes de la criminalité et de la délinquance, en mettant l'accent sur les facteurs sociaux et environnementaux plutôt que sur les dispositions individuelles.
Ces thèmes ont grandement contribué à la compréhension des dynamiques sociales dans les environnements urbains et ont influencé de nombreuses recherches ultérieures en sociologie et en science politique.
Les travaux de l'École de sociologie de Chicago sur les minorités ont révélé que ces groupes développent souvent des systèmes d'interaction robustes en réaction aux défis de l'environnement social. Ces systèmes, qui incluent des normes, des valeurs et des pratiques partagées, servent à la fois de mécanismes de défense et de protection contre les forces extérieures, notamment la discrimination et l'exclusion. Par exemple, dans des contextes d'immigration ou de marginalisation, les membres de minorités peuvent se regrouper et créer des communautés solidaires pour faire face à l'adversité. Ces communautés peuvent être organisées autour de certaines caractéristiques communes, telles que la race, l'ethnie, la langue, la religion ou la classe sociale. En plus de fournir un soutien social et émotionnel, ces systèmes d'interaction peuvent également faciliter l'adaptation et l'intégration des individus dans la société plus large. Ils peuvent aider les membres de la communauté à naviguer dans les défis de la vie quotidienne, à accéder à des ressources précieuses et à maintenir leurs identités culturelles. Ainsi, les travaux de l'École de sociologie de Chicago ont démontré que les systèmes d'interaction au sein des minorités sont non seulement des manifestations de la solidarité et de la résilience, mais aussi des éléments essentiels pour comprendre la dynamique des relations sociales et politiques dans les contextes urbains.
Parmi les mots clefs de l’interactionnisme, on trouve :
- Socialisation: Ce processus désigne la manière dont les individus apprennent et internalisent les normes, les valeurs et les comportements de leur société. Cela se produit tout au long de la vie et façonne la façon dont les gens interagissent avec les autres et comprennent leur place dans la société.
- Interactionnisme symbolique: Cette perspective met l'accent sur la création de significations sociales à travers les interactions. Les individus ne sont pas simplement passifs face à la société, mais jouent un rôle actif dans la création de leur réalité sociale à travers leur interprétation des symboles et des signes.
- Observation participante: Cette méthode de recherche implique que le chercheur s'engage activement dans la communauté ou le groupe qu'il étudie. Cela permet au chercheur de comprendre les expériences et les perspectives des participants de l'intérieur.
- Darwinisme social: Cette théorie applique les principes de la sélection naturelle de Darwin à la société, suggérant que les individus ou les groupes qui sont les plus aptes à s'adapter réussissent tandis que les autres échouent.
- Fonctionnalisme: Cette théorie considère la société comme un système complexe dont toutes les parties travaillent ensemble pour assurer la stabilité et l'harmonie. Chaque partie a une fonction spécifique qui contribue au fonctionnement global de la société.
- Ethnométhodologie: Cette approche se concentre sur les méthodes que les gens utilisent dans leur vie quotidienne pour comprendre et naviguer dans leur monde social.
- Écologie urbaine: Cette perspective examine comment les caractéristiques spatiales et physiques d'une ville influencent les interactions sociales et les comportements des individus.
- Désorganisation: Ce concept se réfère à une rupture ou à une dégradation de l'ordre social, souvent causée par des changements rapides ou des conflits. Cela peut entraîner une diminution de l'influence des normes et des valeurs collectives sur les individus.
Erwin Goffman (1922-1982) : la mise en scène de la vie quotidienne
Erving Goffman est en effet un sociologue renommé qui a contribué de manière significative à la sociologie de l'interaction. Né en 1922 et décédé en 1982, il est particulièrement connu pour son travail sur la "mise en scène de la vie quotidienne" et la théorie du "drame social". Dans "La mise en scène de la vie quotidienne", Goffman utilise la métaphore du théâtre pour décrire comment les individus se présentent à eux-mêmes et à d'autres dans la vie quotidienne. Il parle de la "face" (l'image de soi que l'on présente aux autres), des "rôles" (les comportements attendus en fonction des attentes sociales) et de la "scène" (le contexte dans lequel l'interaction a lieu). Selon Goffman, les individus sont constamment en train de "jouer" des rôles et d'adapter leur comportement en fonction de la situation et des attentes des autres. Il suggère que nous sommes tous des acteurs sur la "scène" de la vie quotidienne, jouant différents rôles et manipulant nos "performances" pour gérer les impressions que nous faisons sur les autres. Dans le contexte de son travail sur les hôpitaux psychiatriques, Goffman a étudié comment les individus naviguent dans ces institutions et comment les interactions et les comportements sont façonnés par le contexte institutionnel. Son travail a révélé comment les institutions peuvent exercer un contrôle social sur les individus et comment les individus résistent ou s'adaptent à ces contraintes. Ce travail a contribué de manière significative à notre compréhension de la manière dont les interactions sociales sont structurées et de la manière dont les individus gèrent leur identité et leurs performances sociales.
//Le constructivisme selon Goffman est que nous nous mettons tous dans des positions de construction en tant qu’être subjectif et en tant qu’être social. Lui-même va reprendre la question de la réalité en disant que toute réalité possède deux sens :
- les représentations de la réalité : on se représente la réalité
- la réalité des représentations : à partir du moment où on fabrique un domaine collectif de représentation, ces représentions acquièrent une réalité active.On a fabriqué des représentations de la réalité qui finalement deviennent acceptées. Cela signifie qu’en tant qu’individu nous travaillons avec des représentations.
Il s’interroge sur l’importance de l’espace public. Pour Goffman, l’espace public et une scène de théâtre. L’individu y est conçu comme un comédien accomplissant des actes de représentations théâtrales devant son public. Le rôle du spectateur est étendu à toute personne dans une activité quotidienne.
Pour Goffman, il y existe trois aptitudes dans lesquelles se joue la réalité qui sont la coopération (1), l’engagement (2) et l'absorption (3).
L’espace public signifie que nous sommes à la fois spectateurs et acteurs : à la fois, nous les fabriquons et à la fois elles sont inscrites dans des réalités construites. Il a des interactions qui vont être de l’ordre culturel.
Selon Goffman, ces systèmes d’interactions s’investissent par la parole, car elle est fondamentale dans l’interaction et par le corps, c’est-à-dire dans les mouvements du corps et sa capacité d’adaptation. Nous sommes dans un champ d’interactions, de gestualité du corps et du langage qui permettent de définir des pluralités de situations dans lesquelles on fabrique collectivement des dispositifs de reconnaissance d’action et de développement.
L’interactionnisme symbolique
Goffman va dire que l’espace public favorise la construction de la théorie de l’évitement. La stratégie d’évitement est quand on sent la menace ; la menace peut être aussi complètement de l’ordre de la représentation qui renvoie à la réalité construite. Cependant, il existe aussi de nombreuses autres stratégies d’évitements.
Ce que l’on observe dans le champ sociologique et qui est important dans le champ politique est que le principe d’interaction est aussi dans le champ du politique qui fonctionne aussi par de l’interaction.
La pensée interactionniste est intéressante parce qu’elle montre que sur le plan politique on est bien dans un domaine ou des situations se négocient. Cela veut dire que quand on va travailler d’un point de vue interactionniste sur le champ du politique on va travailler sur un espace de débat et pas sur quelque chose de clos.
Tous les individus suivent des rites d’interaction ; il va donner trois situations qui mettent à mal le rituel interactif. Souvent, l’interaction est ritualisée, elle ne le relève pas de spontanéité. Goffman identifie des rites de rupture avec l’autorité classique qui dérègle l’ordre rituel :
- l’offense et la réparation : on peut échapper à l’interaction à cause d’une violence ou d’une force importante ;
- la profanation : refus des règles d’interaction qui dépasse le rituel ;
- l’anormalité : ce sont des symptômes qui mettent à mal les règles d’interactions, c’est une rupture de l’intégration ritualisée.
La théorie constructiviste
Aux origines : l’épistémologie Alfred Schütz (1899 - 1959)
Une des origines et l’épistémologie qui est la science du langage. Schütz est un philosophe et sociologue qui a fui le nazisme en se réfugiant aux États-Unis. Dans la lignée de Goffman, il va s’interroger sur la construction scientifique de la réalité construite. En d’autres termes, il va s’interroger sur ce qu’est un objet de pensée.
Dans les sciences, un objet pensé est un objet construit. Au fond, lorsque l’on veut saisir une réalité sociale on va fabriquer un objet construit. Afin d’observer un phénomène nouveau, il va falloir construire un dispositif scientifique afin de l’analyser. La science est un objet construit qui a pour fonction d’essayer de comprendre une réalité sociale elle-même construite : les objets de pensée construits par le chercheur en sciences sociales doivent être fondés sur des objets construits ce qui signifie que toute démarche scientifique est construite.
La grande question va être d’analyser la réalité qui est elle-même est une construction. Pour Schütz, l’objet de la science est la construction de second degré. On est dans une double logique constructiviste et ensuite cet objet de science sociale a pour seul objet de comprendre la réalité construite telle qu’elle se donne à comprendre et non pas telle qu’elle se donne à voir. Là aussi, il y a un écart important entre ce que l’on voit qui est de l’ordre du subjectif et ce qui est en réalité construit, mais, avant tout, il faut élaborer des outils scientifiques constructivistes.
Cela montre qu’on est dans une réflexion philosophique et épistémologique des rapports entre nos capacités à construire des modes d’analyse et la capacité à comprendre le construit de la société dans laquelle nous sommes.
La philosophie du langage de John Searle
John Searle est un philosophe américain qui va travailler sur la question du langage et va publier en 1995 The construction of social reality[1]. Il va partir de l’hypothèse que tout comme Piaget que le langage est une construction, il est fondamental parce qu’il permet de dialoguer. Le langage est une construction dans la mesure où c’est grâce au fait qu’on l’a acquis, qu’on peut échanger, discuter et négocier.
D’autre part, le langage participe à sa façon de la construction sociale de la réalité. Le langage n’est pas simplement un cadre d’échange, mais c’est un outil de construction de la réalité.
L’étymologie en dit beaucoup sur la capacité que l’on a de pouvoir l’utiliser en tant qu’objet scientifique et qui en raconte beaucoup sur ses faiblesses et ses forces conceptuelles. En travaillant sur le langage, on travaille sur un objet fort qui permet de comprendre la construction d’un énoncé et du coup la conception de la réalité.
Non seulement le langage permet de se comprendre, mais il participe à la construction sociale de la réalité.
Peter Berger et Thomas Luckman : « la construction sociale de la réalité »
Pour Berger et Luckman, le langage reste fondamental, la réalité est un construit social et l’objet des sciences sociales peut comprendre la réalité par le langage. Si on a compris comment s’est fabriquée cette réalité dès lors nous avons des moyens de comprendre le monde dans lequel nous vivons et de comprendre le poids des normes et des institutions dans la fabrication de cette réalité.
Berger et Luckman posent la question de savoir comment la réalité se construit-elle ? Ils postulent que le fondement de la connaissance de la vie quotidienne est le langage, d'autres parts que la société comme réalité objective soumet l’individu au pouvoir et que la société comme réalité subjective est l’identification à l’autre.
Du point de vue de la science politique, toute société doit soumettre l’individu au pouvoir : nous sommes tous soumis au pouvoir et à la construction sociale de la réalité qui n’est pas extérieure à nous, mais nous allons y participer par la question du pouvoir.
Le pouvoir est la construction de règles et de normes qui sont en fait des comportements ; au fond, une société ou un État fonctionnent en réalité à partir de la construction des normes qui font fonctionner la réalité sociale construire. En d’autres termes, c’est une réalité sociale construite.
Ensuite, l’enjeu de la société doit coller à la réalité sociale construite. Dès lors le pouvoir est le faite qu’il va falloir faire coller les individus à cette réalité sociale construite. Le pouvoir va avoir une dimension ou l’institution de rassemblement par rapport à un idéal de réalité sociale construite. Celui qui rompt la réalité sociale construite peut être condamné à mort comme ce fut le cas de Galilée.
Comment la réalité se traduit-elle au quotidien ?
Cela signifie que chez Berger et Luckman les sociétés, tout comme le langage, sont fondées sur des stocks qui permettent de définir et d’adapter le comportement dans la vie quotidienne. On va avoir deux phénomènes importants tracés qui vont être que sont le processus d'institutionnalisation et et le processus de légitimation.
Le processus d’institutionnalisation est le fait que toute société doit canaliser le comportement des individus dans un ordre social. On va institutionnaliser les rapports de l’individu vis-à-vis de la société se créée par l’accoutumance et par la division des tâches. L’habitude est une répétition et la transmission de ses valeurs et des modes de pensée vont être transmis comme un héritage à ceux qui viennent derrière nous et doivent adopter les mêmes comportements de cette réalité sociale construite. Le concept de transmission devient un concept fondamental à toute société, car si elle ne transmet plus elle ne peut plus transmettre la réalité sociale construite et ne peut plus transmettre ses modes de représentations,de gouvernements, d’actions et d’efficacités.
Le monde social ne peut pas être séparé de l’activité humaine et de la question de la gouvernementalité. Ils vont décrire un monde social comme un monde d’institutionnalisation et d’intégration sédimenté par le langage et les traditions qui sont de la légitimation.
Dans toutes les sociétés, il y a du symbolique notamment au niveau du gouvernement et du pouvoir, c’est une manifestation d’une continuité qui est du côté de la construction de la réalité sociale.
Le processus de légitimation crée un processus pour légitimer. Il est nécessaire de rester dans l’univers du symbole afin de légitimer en permanence la fonction collective d’intégration des individus face à cette réalité sociale construite. Nous sommes dans un processus de légitimation permanente de ce qu’il faut faire et qui pose à tous des interdits. Ce processus crée de la légitimée et de l’acceptation de tous.
On voit que ce processus a pour objet de faire accepter par l’ensemble des éléments de la société cette réalité sociale construite.
Le constructivisme dans la théorie des relations internationales
Cette théorie va concevoir que le champ des relatons internationales ce n’est un champ établi, mais en construction permanente, dans ce cadre la théorie constructivisme nous ramène du côté d’un processus en action, c’est-à-dire que ce que nous allons analyser à un instant donné décrit le champ des relations internationales comme un domaine en mouvement. En d’autres termes, la théorie constructiviste nous décrit le champ des relations internationales comme un domaine en perpétuel mouvement selon les stratégies interactionnistes.
Dès lors, il faut comprendre les mobilités et les stratégies. Dans un champ interactionniste, les stratégies peuvent évoluer.
L’hypothèse constructiviste va être de dire que l’enjeu fondamental dépend de plusieurs niveaux :
- rôle des acteurs : ils interprètent des situations. Dès lors, on est dans un champ d’interactions qui procède toujours de la construction sociale de la réalité, c’est une construction. Il y a des situations qui évoluent par le rôle des acteurs dans des temps donnés et selon les circonstances. Il faut d’abord comprendre le rôle, les règlements, les valeurs, les idéologies dans le domaine des relations internationales en sachant que ce n’est pas nécessairement suffisant parce qu’on peut avoir des idéologies opposées.
- Il fut comprendre sur quels modes on fabrique ces réalités sociales.
- comprendre le champ des interactions qui existent dans le domaine des relations internationales parce qu’il explique les stratégies au niveau planétaire.
Le constructivisme est intéressant parce qu’il nous met dans un ensemble de considérations, de continuité de mouvements continus dans le champ des relations internationales. Il va s’opposer aux fonctionnalistes dans le champ des relations internationales, on ne peut pas simplement, mais aussi en termes d’interactions qui peuvent être idéologique de longue durée, mais il peut y avoir des interactions de circonstances par rapport à un problème donnée. Mais aussi critique le systémisme qui est une approche qui va se développer à la fin des années 1980 au moment de la fin de la Guerre froide dès lors qu’on en peut plus comprendre le champ composite du multilatéralisme. On peut se demander comment comprendre la complexité du champ des relations internationales si ce n’est justement en revenant sur la question de l’interaction des acteurs dans le domaine des relations internationales.
Au fond, il abandonne les grands récits préstructurés afin d’interroger une réalité sociale d’acteurs. C’est une critique d’une théorie classique des relations internationales pour revenir sur la complexité du champ des relations internationales en mettant aussi en crise des concepts tels que le concept de l’anarchie. En fait, il n’y a jamais d’anarchie, elle est elle-même une construction. Cela signifie que dans un État en situation d’anarchie il faut réfléchir à comment s‘est construite cette situation.
Dans le champ des relations internationales il y a des acteurs nationaux, mais qui ne peuvent pas exister en tant que tel s’ils ne sont pas en interactions. Nous sommes dans un monde de coaction ou de copartage d’action nationale qui autorise la compréhension de la complexité du champ des relations internationales. Si on prend la question des acteurs, on prend aussi la question des rapports de force.
L’anarchie selon la théorie constructiviste n’est pas un état antérieur présocial, c’est quelque chose qui est quelque chose qui est aussi une résultante et du coup l’anarchie dans les relations internationales résulte elle aussi d’un processus.
Dans le champ des relations internationales, les théories constructivistes apparaissent : ils vont penser la réalité des structures et des conflits et aussi penser l’intersubjectivité c’est-à-dire que c’est le fait que nous sommes dans la représentation et comment certain pays peuvent se permettre de caractériser un autre au nom de l’interprétation de son propre développement.
Les constructivistes prônent que le principe général au niveau mondial est la souveraineté des États, mais qui est, en réalité, subjective, c’est-à-dire fonction de ce que les acteurs reconnaissent. Il y a des règles explicites, mais aussi implicites qui doivent être acceptées comme dans l’interaction et si ces règles ne sont pas acceptées alors il peut y avoir des formes de réactivités spécifiques dans le champ des relations internationales.
Surtout, c’est l’analyse du processus de construction des identités sociales et des acteurs de la politique moderne et ensuite comment en fonction de ces règles et de ces énormes comment les acteurs et les agents interagissent et s’influencent réciproquement ou se combattent.
Annexes
- Vers un « constructivisme tempéré ». Le constructivisme et les études européennes, SiencePo - Centre d'études européennes
Références
- ↑ Searle, John R. The Construction of Social Reality. New York: Free, 1995.