« Principes et Dilemmes des Biens Publics dans l'Économie de Marché » : différence entre les versions

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*[[Introduction au cours d'introduction à la microéconomie]]
*[[Approche méthodologiques au cours d'introduction à la microéconomie]]
*[[Les forces du marché : l'offre et la demande]]
*[[Les élasticités et ses applications]]
*[[Offre, demande et politiques gouvernementales]]
*[[Surplus du consommateur et du producteur]]
*[[Les externalités et le rôle de l'État]]
*[[Les biens publics]]
*[[Les coûts de production]]
*[[Les entreprises en concurrence parfaite]]
*[[Les entreprises en monopole]]
*[[Concurrence monopolistique]]
*[[Oligopole]]
*[[Contrainte et préférences du consommateur]]
*[[Choix du consommateur]]
*[[Les problèmes d'information et les choix publics]]
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Dans le [[Les externalités et le rôle de l'État|chapitre 7]], nous avons analysé un premier cas d'échec du marché, c'est-à-dire une première situation dans laquelle le marché décentralisé n'est pas en mesure d'assurer la réalisation de l'optimum social (= allocation efficace des ressources) → externalité.
 
Il existe des biens qui pour leur nature intrinsèque ne peuvent pas être (partiellement ou totalement) offerts par le secteur privé → échec partiel ou total de la solution marchande.
 
Par exemple :
* Pourquoi les routes, les ponts, la voirie, l’éducation, les transports les services du feu, la sécurité, sont-ils l’oeuvre de collectivités publiques?
*Pourquoi l’État intervient-il sur certains marchés comme celui des véhicules à moteur ou des frigos pour en limiter les émissions polluantes?
*Pourquoi certaines espèces végétales ou animales qui sont exploitées à des fins marchandes disparaissent ou sont menacées d’extinction tandis que d’autres pas ?


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= Nature des biens publics =
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|[[Introduction à la microéconomie]]
== Caractéristiques des biens publics ==
|[[Principes et concepts de la microéconomie]] ● [[Approche méthodologiques au cours d'introduction à la microéconomie]] ● [[Les forces du marché : l'offre et la demande]] ● [[Les élasticités et ses applications]] ● [[Offre, demande et politiques gouvernementales]] ● [[Surplus du consommateur et du producteur]] ● [[Les externalités et le rôle de l'État]] ● [[Principes et Dilemmes des Biens Publics dans l'Économie de Marché]] ● [[Les coûts de production]] ● [[Les entreprises en concurrence parfaite]] ● [[Les entreprises en monopole]] ● [[Concurrence monopolistique]] ● [[Oligopole]] ● [[Contrainte et préférences du consommateur]] ● [[Choix du consommateur]] ● [[Les problèmes d'information et les choix publics]]
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Les biens publics et les biens caractérisés par des externalités ont en effet des points communs en termes de mésallocation par le marché. Les externalités peuvent également conduire à une sous-production ou à une absence de production efficiente dans une économie privée, tout comme les biens publics. Lorsque des externalités positives ou négatives sont présentes, le marché ne parvient souvent pas à tenir compte de ces effets externes dans les décisions individuelles des agents économiques. Cela peut entraîner une allocation inefficace des ressources, car les coûts ou les bénéfices sociaux liés à ces externalités ne sont pas internalisés dans les prix du marché. De la même manière, les biens publics sont souvent confrontés à une mésallocation par le marché en raison de leur non-exclusivité et de leur non-rivalité. Étant donné que les biens publics sont partagés par tout le monde, il est difficile d'exclure les individus de leur utilisation une fois qu'ils sont fournis. Cela crée une asymétrie entre le coût de fourniture d'un bien public et la possibilité pour les individus de bénéficier de ce bien sans payer. Dans les cas où les externalités ou les caractéristiques des biens publics conduisent à une mésallocation du marché, l'intervention de l'État peut être justifiée pour pallier cette défaillance du marché et augmenter le bien-être collectif. L'État peut prendre en charge la fourniture de biens publics ou mettre en place des politiques et des réglementations visant à internaliser les externalités. En fournissant des biens publics ou en réglementant les activités à l'origine des externalités, l'État peut viser à maximiser le bien-être social en assurant une allocation plus efficace des ressources et en prenant en compte les coûts et les bénéfices sociaux.
Les biens publics représentent un concept fondamental dans l'étude de l'économie publique et des échecs du marché. Ces biens, caractérisés par leur nature intrinsèque non divisible et leur disponibilité pour la consommation collective, posent des défis uniques aux marchés privés. La non-exclusion et la non-rivalité sont des propriétés clés des biens publics, signifiant que leur utilisation par une personne n'empêche pas les autres d'en profiter et qu'il n'est pas possible d'exclure des individus de leur consommation. Cela mène au problème du passager clandestin, où des individus bénéficient d'un bien sans contribuer à son financement.


On peut résumer les caractéristiques principales des biens publics comme il suit:
En outre, l'intervention de l'État est souvent nécessaire dans des marchés où les externalités, c'est-à-dire les effets sur des tiers non considérés dans le processus de marché, sont significatives. Cela est visible dans des secteurs comme les véhicules à moteur ou les réfrigérateurs, où les émissions polluantes affectent la qualité de l'air pour l'ensemble de la société. De même, la conservation et la biodiversité soulèvent des questions importantes sur l'exploitation des ressources naturelles. Certaines espèces végétales ou animales sont menacées d'extinction en raison de leur surexploitation par des marchés non réglementés, souvent due à l'absence de droits de propriété clairs.


# Fortes économies d'échelle dans la production : Les biens publics sont souvent caractérisés par des économies d'échelle importantes, ce qui signifie que les coûts moyens de production diminuent à mesure que la quantité produite augmente. Cela peut être dû à des infrastructures coûteuses ou à des investissements importants nécessaires pour fournir le bien public. Les économies d'échelle dans la production peuvent rendre difficile ou inefficace la fourniture de ces biens par le secteur privé.
Dans ce contexte, l'échec du marché se manifeste lorsque le mécanisme de marché seul ne parvient pas à distribuer efficacement les ressources pour atteindre un optimum social. Cela nécessite une intervention de l'État ou des collectivités publiques pour corriger ces défaillances et assurer une allocation des ressources qui soit à la fois efficace et équitable. Cette introduction aux biens publics met en lumière la complexité et l'importance de leur gestion dans une économie moderne.
# Caractéristiques de "biens publics" : Les biens publics sont définis par leur non-exclusivité et leur non-rivalité. La non-exclusivité signifie que l'utilisation du bien par une personne ne limite pas l'accès ou l'utilisation du bien par d'autres. La non-rivalité signifie que la consommation du bien par une personne n'affecte pas sa disponibilité ou son utilisation par d'autres. Ces caractéristiques font que les biens publics sont "partagés" par tout le monde et que tous les individus peuvent en bénéficier simultanément.
# Droits de propriété inexistants, vagues ou non respectés : Dans certains cas, les droits de propriété sur certaines ressources nécessaires à la production ou à la fourniture de biens publics peuvent être inexistants, vagues ou non respectés. Cela peut rendre difficile la création d'incitations appropriées pour la production et la fourniture de ces biens par le secteur privé. L'absence ou la faiblesse des droits de propriété peut conduire à une mésallocation des ressources et à une inefficacité du marché dans la fourniture de biens publics.


Ces caractéristiques des biens publics contribuent à expliquer pourquoi le marché seul peut souvent échouer à fournir efficacement ces biens. En raison des économies d'échelle, de la non-exclusivité, de la non-rivalité et de l'absence de droits de propriété clairs, l'intervention de l'État est souvent nécessaire pour assurer la production et la fourniture des biens publics, afin de maximiser le bien-être collectif et de remédier à la défaillance du marché.
= Comprendre la Nature des Biens Publics =


== Propriétés des biens publics ==
== Définition et Caractéristiques des Biens Publics ==


Les biens publics se distinguent des biens privés par rapport à deux propriétés liées à leur fourniture sur le marché. Ces propriétés sont les suivantes :
Les biens publics et les externalités partagent plusieurs caractéristiques communes qui les placent au cœur des discussions sur l'économie et la politique publique. Ces biens sont souvent confrontés à une mésallocation par le marché, ce qui signifie que le marché seul ne parvient pas à fournir ces biens en quantité ou en qualité optimales. Cela est dû en grande partie à la présence de fortes externalités associées à ces biens.


* '''Non-exclusion''' : Les biens publics sont caractérisés par la non-exclusion, ce qui signifie que les individus ne peuvent pas être exclus de l'utilisation du bien, quel que soit leur paiement ou leur contribution. Une fois que le bien public est fourni, il est accessible à tous les individus sans discrimination. Par exemple, une personne qui bénéficie de la sécurité fournie par la police ne peut pas exclure les autres de cette sécurité. La non-exclusion rend difficile la fourniture des biens publics par le marché privé, car il n'est pas possible de facturer individuellement chaque utilisateur en fonction de leur utilisation.
Les externalités, qu'elles soient positives ou négatives, sont des effets induits par une activité économique qui affectent d'autres parties sans que ces effets soient reflétés dans les prix du marché. Par exemple, la pollution est une externalité négative, tandis que l'éducation a des externalités positives. Dans le cas des biens publics, ces externalités sont souvent si importantes qu'elles entraînent une sous-production ou même une absence de production dans une économie entièrement privée.
* '''Non-rivalité''' : Les biens publics sont également caractérisés par la non-rivalité, ce qui signifie que la consommation du bien par une personne n'affecte pas la disponibilité ou l'utilisation du bien par d'autres individus. En d'autres termes, la consommation du bien par une personne ne réduit pas la quantité disponible pour les autres. Par exemple, si une personne profite d'un feu d'artifice public, cela n'empêche pas les autres de profiter également du spectacle. La non-rivalité rend difficile l'attribution de droits de propriété exclusifs sur les biens publics et crée des défis pour leur fourniture par le marché privé.


Ces deux propriétés, la non-exclusion et la non-rivalité, sont fondamentales pour comprendre la nature des biens publics et les raisons pour lesquelles le marché privé peut avoir des difficultés à les fournir de manière efficace. En raison de la non-exclusion, il peut y avoir un problème de gratuité des biens publics, car les individus peuvent bénéficier de leur utilisation sans payer. De plus, en raison de la non-rivalité, il peut y avoir une sous-production de biens publics par le secteur privé, car il est difficile de facturer chaque individu pour leur consommation. Ces caractéristiques nécessitent souvent une intervention de l'État ou d'autres acteurs publics pour assurer la fourniture et l'accès équitable aux biens publics.
Cela est principalement dû au fait que les producteurs privés peuvent trouver difficile de rentabiliser la production de ces biens, car ils ne peuvent pas facilement exclure les non-payeurs (problème du passager clandestin) ou parce que la consommation de ces biens ne diminue pas leur disponibilité pour les autres (non-rivalité).


== La non-rivalité ==
Dans ces situations, l'État ou les institutions publiques peuvent jouer un rôle crucial. La politique publique peut pallier ces défaillances du marché en prenant en charge la fourniture de biens publics. Cela peut se faire à travers la production directe de ces biens, leur financement par l'impôt, ou la régulation et la mise en place de mesures incitatives pour encourager leur production et leur consommation. En faisant cela, l'État peut augmenter le bien-être global en s'assurant que ces biens indispensables sont disponibles pour la société dans son ensemble.


La non-rivalité dans la consommation est une caractéristique clé des biens publics. Une fois que le bien public est produit, le coût additionnel pour qu'une autre personne consomme une unité supplémentaire de ce bien est effectivement nul.
Les biens publics, un concept clé dans l'économie, peuvent être caractérisés de manière concise par trois traits principaux.


L'exemple du phare est très pertinent. Une fois que le phare est construit et allumé, il peut éclairer un nombre indéfini de bateaux sans que cela entraîne de coût supplémentaire significatif. Chaque bateau peut bénéficier de la lumière du phare sans réduire la disponibilité ou la qualité de cette lumière pour les autres. De même, d'autres exemples tels que les ponts, les autoroutes, les paysages ou la sécurité peuvent également illustrer cette caractéristique de non-rivalité. Une fois que le pont est construit, plusieurs véhicules peuvent l'emprunter sans que cela entraîne de coûts supplémentaires importants. De même, un paysage naturel peut être apprécié par plusieurs personnes simultanément sans diminuer sa disponibilité. La sécurité fournie par les services de police ou de lutte contre les incendies est également un bien public caractérisé par la non-rivalité dans la consommation. Cette non-rivalité signifie que la consommation d'une unité supplémentaire du bien par une personne n'affecte pas la capacité des autres à en bénéficier. Elle contribue à rendre les biens publics différents des biens privés, où la consommation par une personne réduit la disponibilité du bien pour les autres. La non-rivalité dans la consommation des biens publics est l'une des raisons pour lesquelles leur fourniture par le marché privé seul peut être inefficace. Elle nécessite souvent une intervention de l'État ou d'autres acteurs publics pour garantir l'accès équitable et la fourniture efficace de ces biens publics non rivaux.
Premièrement, la production des biens publics est souvent associée à de fortes économies d'échelle. Cela signifie que le coût moyen de production de ces biens diminue à mesure que la quantité produite augmente. Cette propriété est particulièrement pertinente pour les biens publics car elle suggère que leur production par une entité centralisée, souvent l'État, peut être plus efficace que la production dispersée par de multiples acteurs privés. En effet, plus le volume de production est important, plus le coût unitaire est faible, rendant ainsi la production à grande échelle économiquement avantageuse.


Les biens privés sont en effet typiquement rivaux dans la consommation, ce qui signifie qu'une seule personne peut en profiter à la fois. Dans le cas des biens privés, la consommation par une personne réduit la disponibilité du bien pour les autres. Par exemple, lorsqu'une personne consomme une barre de chocolat donnée, cette barre n'est plus disponible pour être consommée par une autre personne. Les biens privés sont donc soumis à une rivalité dans la consommation, car leur utilisation par une personne exclut ou limite la possibilité pour les autres de les utiliser simultanément. C'est précisément cette rivalité dans la consommation qui justifie l'exclusion possible des consommateurs potentiels par le marché privé. Les entreprises privées peuvent facturer individuellement les utilisateurs et s'appuyer sur les principes de l'offre et de la demande pour allouer efficacement les biens privés. En revanche, les biens publics sont caractérisés par la non-rivalité dans la consommation, comme vous l'avez mentionné précédemment. Une fois que le bien public est fourni, la consommation par une personne n'affecte pas la disponibilité ou l'utilisation du bien par les autres. Plusieurs personnes peuvent bénéficier simultanément du bien public sans que cela ne réduise sa disponibilité pour les autres.
Deuxièmement, les biens publics sont caractérisés par leur nature "partagée". Autrement dit, ils bénéficient à l'ensemble de la société plutôt qudes individus ou des groupes spécifiques. Cette caractéristique est souvent décrite en termes de non-exclusion et de non-rivalité. La non-exclusion implique que personne ne peut être empêché de consommer le bien, tandis que la non-rivalité signifie que la consommation du bien par une personne n'entrave pas sa consommation par une autre. Des exemples typiques incluent la défense nationale, l'éclairage public, et les infrastructures routières.


Il est effectivement essentiel de distinguer entre le coût marginal de fabrication d'un bien public, qui peut ne pas être nul, et le coût associé à la consommation supplémentaire d'une unité de ce bien, qui est souvent nul ou très faible. Dans le cas des biens publics tels que les autoroutes, le coût marginal de fabrication peut augmenter avec la densité du réseau autoroutier. Cela signifie que chaque nouvelle autoroute construite peut entraîner des coûts supplémentaires croissants. Par exemple, les coûts d'acquisition des terrains, de construction et de maintenance peuvent augmenter à mesure que de nouvelles autoroutes sont ajoutées à un réseau existant. Cependant, une fois que le réseau autoroutier est construit, le coût associé à la consommation supplémentaire de ce bien devient négligeable. Cela signifie que les coûts pour permettre à un véhicule supplémentaire d'utiliser les autoroutes existantes sont généralement très faibles ou même nuls. Chaque véhicule peut profiter de l'utilisation de l'autoroute sans que cela n'entraîne de coûts significatifs supplémentaires. Cette distinction est importante car elle met en évidence la nature non-rivale des biens publics une fois qu'ils sont produits et disponibles. Bien que les coûts de fabrication et de mise en place d'un bien public puissent être significatifs, une fois que le bien est en place, sa consommation supplémentaire ne génère souvent que des coûts marginaux minimes ou négligeables.
Enfin, un troisième aspect important concerne les droits de propriété. Pour de nombreux biens publics, les droits de propriété sont inexistants, vagues, ou mal respectés. Cela peut conduire à des difficultés dans la gestion et la conservation de ces ressources. L'absence de droits de propriété clairement définis peut entraîner une surexploitation ou une sous-utilisation, comme illustré dans le concept de la tragédie des communs, où des ressources partagées sont épuisées par un usage individuel non régulé.


Une autre caractéristique importante des biens publics est leur indivisibilité une fois qu'ils sont fabriqués. Cela signifie qu'il est difficile de fractionner le bien en fonction de la demande ou des besoins individuels, et il est généralement fourni en bloc. En raison de cette indivisibilité, il peut être difficile de répondre aux préférences spécifiques de chaque individu en ce qui concerne la quantité ou la qualité du bien public. Par exemple, lors de la construction d'un parc public, il peut être difficile de satisfaire les préférences de chaque personne en termes d'aménagement paysager, de taille ou d'équipements spécifiques. Le parc est généralement fourni avec un ensemble d'attributs prédéfinis qui ne peuvent pas être facilement adaptés aux préférences individuelles. Cette caractéristique d'indivisibilité des biens publics peut entraîner une certaine insatisfaction ou des préférences non entièrement satisfaites chez certains individus. Cependant, elle est souvent inévitable en raison des coûts et des contraintes liés à la fourniture des biens publics à grande échelle. Il convient également de noter que cette indivisibilité peut être liée à la nature même du bien public, par exemple, dans le cas de certains biens d'infrastructure ou de services collectifs. Cependant, il est également possible de trouver des mécanismes ou des solutions permettant de mieux répondre aux préférences individuelles, par exemple, en offrant une variété d'options ou de caractéristiques dans la conception des biens publics, ou en encourageant la participation et la prise de décision collective dans leur fourniture.
Ces caractéristiques ensemble soulignent pourquoi les biens publics posent souvent un défi aux mécanismes du marché et pourquoi l'intervention de l'État est fréquemment nécessaire pour assurer leur fourniture adéquate et leur gestion efficace.


== La non-exclusion ==
== Les Propriétés Clés des Biens Publics ==


Il existe des biens pour lesquels il est difficile, voire impossible, d'exclure quelqu'un de leur consommation. Cette caractéristique est appelée la non-exclusion dans la consommation et elle est associée aux biens publics.
Les distinctions entre les biens publics et privés dans le domaine de l'économie sont essentiellement basées sur deux propriétés clés qui déterminent la manière dont ces biens peuvent être fournis sur le marché : la non-exclusion et la non-rivalité.


Dans le cas des biens publics, une fois qu'ils sont fournis, il est difficile de restreindre l'accès ou d'exclure certains individus de les consommer, qu'ils aient contribué financièrement ou non. Cela est dû à la nature du bien lui-même ou aux coûts associés à l'exclusion. Par exemple, prenons le cas d'un feu d'artifice public. Une fois que le feu d'artifice est lancé et visible par le public, il est pratiquement impossible d'exclure certaines personnes de le regarder. Même si une personne n'a pas contribué financièrement à l'organisation du feu d'artifice, elle peut quand même en profiter et le regarder sans aucune restriction. De même, dans le cas de biens publics tels que les parcs publics, les paysages naturels ou les espaces publics, il est difficile de restreindre l'accès à certains individus ou de les exclure de leur utilisation. Une fois que ces espaces sont ouverts au public, ils sont généralement accessibles à tous, indépendamment de leur contribution financière ou de leur participation préalable.
La non-exclusion fait référence à la difficulté, voire l'impossibilité, pour le producteur d'exclure des consommateurs de l'utilisation d'un bien. Dans le cas des biens publics, cette caractéristique signifie que personne ne peut être empêché de bénéficier du bien, peu importe s'il a contribué à son financement ou non. Un exemple classique est la défense nationale : une fois qu'elle est mise en place, il est impossible d'exclure des citoyens de sa protection, qu'ils aient payé des impôts ou non.


Cette non-exclusion dans la consommation des biens publics est une caractéristique fondamentale qui rend difficile la fourniture de ces biens par le marché privé seul. Elle est souvent l'une des raisons principales pour lesquelles l'intervention de l'État ou d'autres acteurs publics est nécessaire pour assurer la fourniture équitable et l'accès aux biens publics.
La non-rivalité, d'autre part, se rapporte à la situation où la consommation du bien par une personne n'empêche pas ou ne réduit pas la consommation du même bien par une autre personne. En d'autres termes, le coût marginal de fournir le bien à un consommateur supplémentaire est nul. Cela est typique des biens publics comme les programmes de télévision ou la radio, où la consommation par un individu n'empêche pas les autres d'en profiter également.


Les exemples suivants illustrent parfaitement la non-exclusion dans la consommation des biens publics:
En contraste, les biens privés sont généralement caractérisés par la possibilité d'exclusion et la rivalité. Par exemple, si vous achetez une pomme, vous pouvez exclure les autres de sa consommation (exclusion), et votre consommation empêche quiconque d'autre de manger cette même pomme (rivalité).


* Un phare ou la signalisation routière sont des biens publics qui fournissent des informations et une orientation pour assurer la sécurité de tous les utilisateurs. Une fois que le phare est allumé ou que la signalisation routière est en place, il est difficile d'exclure certains individus de bénéficier de ces dispositifs.
Ces différences fondamentales entre les biens publics et privés influencent grandement la manière dont ils sont produits, distribués et financés dans une économie. Les biens publics, en raison de leur nature, requièrent souvent une intervention ou un financement public pour garantir qu'ils soient fournis de manière adéquate, car les marchés privés pourraient ne pas les produire de façon optimale en raison de ces caractéristiques uniques.
* Les beaux paysages ou les feux d'artifice sont des exemples de biens publics liés à l'appréciation esthétique. Une fois qu'un paysage naturel magnifique est présent ou qu'un feu d'artifice est lancé dans un lieu public, il est difficile d'exclure certaines personnes de les contempler.
* L'éclairage des rues ou la propreté des espaces publics sont des exemples de biens publics qui contribuent au bien-être et à la sécurité de la communauté. Une fois que les rues sont éclairées ou que les espaces publics sont entretenus, il est difficile d'exclure certaines personnes de bénéficier de ces services.
* La défense nationale ou la sécurité d'un quartier sont des biens publics essentiels qui visent à protéger l'ensemble de la société. Une fois que ces services sont en place, il est difficile d'exclure certains individus de bénéficier de la protection et de la sécurité qu'ils offrent.
* La qualité de l'air, de l'eau et de l'environnement en général sont des exemples de biens publics qui ont un impact sur la santé et le bien-être de l'ensemble de la population. Une fois que la qualité de l'air ou de l'eau est améliorée, il est difficile d'exclure certains individus de bénéficier de cette amélioration.


Tous ces exemples mettent en évidence la difficulté, voire l'impossibilité, d'exclure des individus de la consommation de ces biens publics une fois qu'ils sont fournis. Ils soulignent l'importance de la fourniture collective et de l'accès équitable à ces biens pour le bien-être et la qualité de vie de la société dans son ensemble.
== La Non-Rivalité des Biens Publics Expliquée ==


La difficulté d'exclusion dans la consommation des biens publics est souvent liée à des considérations économiques plutôt que techniques. Bien qu'il puisse être techniquement possible de mettre en place des barrières ou des mécanismes d'exclusion pour certains biens publics, cela peut être économiquement peu rentable ou impraticable. Dans le cas d'un feu d'artifice, par exemple, il serait techniquement possible de mettre en place des barrières ou des contrôles d'accès pour limiter la visualisation du spectacle à un certain groupe de personnes. Cependant, cela impliquerait des coûts considérables, tels que la mise en place de dispositifs de sécurité, la gestion des entrées et des sorties, et la nécessité d'un personnel de sécurité supplémentaire. Ces coûts élevés rendraient souvent cette exclusion économiquement non viable. Cela s'applique également à d'autres biens publics. Par exemple, il serait techniquement possible de mettre en place des systèmes de péage pour limiter l'accès à certaines routes ou autoroutes. Cependant, la mise en place de tels systèmes pourrait nécessiter des investissements importants dans l'infrastructure et la gestion, ce qui rendrait l'exclusion coûteuse et complexe. Ainsi, même si des moyens techniques peuvent exister pour exclure certains individus de la consommation des biens publics, les contraintes économiques, notamment les coûts élevés et l'inefficacité des mécanismes d'exclusion, font qu'il est souvent plus pragmatique de les fournir en tant que biens publics accessibles à tous. La difficulté économique d'exclusion dans la consommation des biens publics est une des raisons pour lesquelles ils nécessitent souvent une intervention de l'État ou d'autres acteurs publics pour assurer leur fourniture et leur accès équitable à l'ensemble de la société.
La notion de non-rivalité dans la consommation est un élément fondamental dans la compréhension des biens publics. Elle se manifeste lorsque, une fois un bien produit, le coût additionnel pour permettre à une personne supplémentaire de consommer ce bien est nul. Ce concept joue un rôle crucial dans la différenciation des biens publics des biens privés. Prenons l'exemple d'un phare : une fois qu'il est construit et allumé, le coût pour qu'il éclaire un bateau supplémentaire ne représente aucun coût additionnel. Le phare fonctionne de la même manière, que ce soit pour un seul bateau ou pour plusieurs bateaux en mer. Cela illustre parfaitement la non-rivalité, car la consommation du bien (la lumière du phare) par un bateau n'empêche pas et ne réduit pas sa disponibilité pour d'autres bateaux.


== Résumé ==
De la même manière, des infrastructures comme les ponts ou les autoroutes démontrent cette caractéristique. Une fois construits, le coût pour qu'une voiture supplémentaire les emprunte est négligeable. De même, la jouissance d'un paysage ou la sécurité fournie par les services de police ou de défense nationale sont des exemples où la consommation par un individu n'entrave pas celle des autres. Cette caractéristique de non-rivalité est essentielle car elle signifie que le bien peut être consommé simultanément par de multiples personnes sans que cela n'entraîne de coûts supplémentaires significatifs. En conséquence, cela pose des défis pour le financement et la fourniture de ces biens par le secteur privé, car il est difficile de charger les utilisateurs directement pour leur consommation. Cela mène souvent à la nécessité d'une intervention publique pour assurer que ces biens soient disponibles pour le bénéfice de tous, reflétant leur importance pour la société dans son ensemble.


[[Fichier:Nature des biens publics résumé 1.png|400px|vignette|centré]]
Les biens privés se distinguent des biens publics par leur caractéristique de rivalité dans la consommation. La rivalité signifie que la consommation d'un bien par une personne empêche ou limite sa consommation par une autre personne. Cela est typique dans la majorité des biens et services que nous consommons au quotidien. L'exemple de la barre de chocolat illustre parfaitement cette notion. Lorsqu'une personne consomme une barre de chocolat, elle la retire de la disponibilité pour les autres. La consommation de cette barre de chocolat est exclusive ; une fois qu'elle est mangée par quelqu'un, elle ne peut plus être consommée par quelqu'un d'autre. C'est le principe de rivalité : la consommation du bien par une personne diminue directement la quantité disponible pour les autres.


= Le problème du resquilleur =
Cette caractéristique de rivalité dans les biens privés conduit à des dynamiques de marché différentes de celles des biens publics. Dans un marché de biens privés, les producteurs peuvent exclure ceux qui ne paient pas pour le bien, et la consommation est régulée par le prix. Les consommateurs qui sont prêts et capables de payer le prix peuvent obtenir le bien, tandis que les autres en sont exclus. Cette logique de marché est moins complexe à gérer que celle des biens publics, où la non-exclusion et la non-rivalité exigent souvent une intervention extérieure, telle que celle de l'État, pour une distribution efficace et équitable.


== La non-exclusion et le problème du resquilleur ==
Il y a  une distinction importante dans la compréhension des biens publics : la différence entre le coût marginal de production et le coût marginal de consommation d'un consommateur additionnel. Le coût marginal de production d'un bien, comme une autoroute, peut être croissant avec l'augmentation de la densité du réseau. Cela signifie que plus le réseau s'élargit, plus le coût de construction de chaque kilomètre supplémentaire peut augmenter, en raison de facteurs tels que la complexité accrue, les contraintes d'espace, ou les matériaux nécessaires.


La non-exclusion dans la consommation des biens publics est étroitement liée au problème du "passager clandestin" (free rider problem) ou des préférences non révélées.
Cependant, une fois que l'autoroute est construite, le coût associé à la consommation de ce bien par un utilisateur supplémentaire est nul ou très faible. Cela illustre la non-rivalité : un conducteur supplémentaire sur l'autoroute ne coûte pratiquement rien de plus en termes de ressources ou d'infrastructure, tant que l'autoroute n'est pas saturée. En outre, cette situation met en lumière la caractéristique d'indivisibilité des biens publics. Une fois que le bien, comme l'autoroute, est créé, il est fourni en bloc et il est difficile, voire impossible, de le fractionner en fonction de la demande individuelle. Contrairement aux biens privés, où chaque unité peut être vendue séparément, les biens publics sont souvent utilisés collectivement. Cela pose des défis en termes de financement et de gestion, car il n'est pas facile d'allouer le coût de ces biens aux utilisateurs individuels, ce qui renforce souvent le rôle de l'État ou des institutions publiques dans la fourniture et la maintenance de ces biens.


Le problème du passager clandestin se pose lorsque des individus peuvent bénéficier de l'utilisation d'un bien public sans avoir à payer pour sa fourniture ou à contribuer financièrement à son financement. Étant donné que les biens publics sont caractérisés par leur non-exclusion, il est difficile d'empêcher les individus de profiter de ces biens sans participer financièrement à leur coût.
== Le Principe de la Non-Exclusion dans les Biens Publics ==


Cela crée une situation où certains individus ont tendance à éviter de payer pour le bien public, en espérant plutôt bénéficier des contributions financières d'autres individus pour sa fourniture. Ils cherchent à profiter du bien sans en supporter le coût, ce qui conduit à un problème d'incitation et à une allocation inefficace des ressources.
La non-exclusion dans la consommation est un concept clé dans la théorie des biens publics. Elle se réfère à la difficulté, voire l'impossibilité, d'empêcher les individus de consommer un bien, indépendamment de leur contribution à sa production ou à son financement. Cette caractéristique est l'une des principales raisons pour lesquelles les marchés privés peuvent ne pas être efficaces pour fournir certains types de biens. Dans le contexte des biens publics, la non-exclusion signifie que lorsque le bien est disponible pour une personne, il est également disponible pour d'autres sans coût additionnel significatif. Prenons l'exemple de la sécurité nationale : une fois qu'un pays a mis en place ses forces de défense, il est pratiquement impossible d'exclure des citoyens spécifiques de la protection qu'elles offrent. De même, les biens tels que les programmes de télédiffusion ou l'éclairage public sont accessibles à tous ceux qui se trouvent dans leur portée, sans possibilité d'exclure des individus spécifiques.


Ce comportement des passagers clandestins est amplifié lorsque les préférences individuelles ne sont pas révélées de manière transparente, c'est-à-dire lorsque les individus ne sont pas obligés de divulguer leur véritable volonté de payer pour le bien public. Dans ce cas, les individus peuvent cacher leurs préférences pour éviter de payer, tout en bénéficiant quand même du bien public si d'autres individus sont prêts à financer sa fourniture.
Cette incapacité à exclure les non-payeurs mène souvent au problème du passager clandestin (free-rider), où certains bénéficient du bien sans contribuer à son coût. Cela peut conduire à une sous-fourniture du bien si les coûts sont supportés uniquement par un sous-ensemble des bénéficiaires, rendant la provision par le marché privé inefficace ou insuffisante. En conséquence, de tels biens nécessitent souvent une intervention gouvernementale ou communautaire pour leur provision. L'État, en utilisant des mécanismes de financement collectif comme la taxation, peut assurer que ces biens soient produits et maintenus pour le bénéfice de la société dans son ensemble, surmontant ainsi le défi posé par la non-exclusion.


La difficulté d'exclusion dans la consommation des biens publics crée donc un défi pour leur financement et leur fourniture. Les mécanismes de marché traditionnels basés sur le prix et l'échange volontaire peuvent être inefficaces pour résoudre le problème du passager clandestin. Cela nécessite souvent une intervention de l'État ou d'autres mécanismes collectifs pour assurer le financement et la fourniture des biens publics, afin de réduire les effets du problème du passager clandestin et d'assurer une allocation plus efficace des ressources.
Dans le domaine de l'économie des biens publics, il existe une catégorie de biens pour lesquels l'exclusion des consommateurs est difficile, voire impossible. Cette caractéristique est particulièrement pertinente pour un certain nombre d'éléments essentiels de notre environnement quotidien.


Les exemples suivants illustrent le problème du passager clandestin lié à la non-exclusion dans la consommation des biens publics:
Prenons l'exemple des phares et des signalisations routières. Un phare, une fois allumé, fournit des signaux vitaux à tous les navires se trouvant à proximité, sans qu'il soit possible de restreindre son utilisation à certains navires spécifiques. Il en va de même pour la signalisation routière, qui guide et sécurise tous les usagers de la route, indépendamment de leur contribution individuelle au financement de ces installations.


* Dans le cas d'un bateau qui ne paie pas mais bénéficie de l'éclairage d'un phare, cela représente un exemple classique du passager clandestin. Le phare fournit une signalisation et une orientation pour la sécurité des navires, mais certains bateaux peuvent bénéficier de cette signalisation sans contribuer financièrement à son fonctionnement. Cela crée une situation où certains bateaux peuvent éviter de payer pour l'utilisation du phare tout en bénéficiant de la sécurité qu'il procure.
Les paysages naturels et les feux d'artifice représentent un autre ensemble de biens où la non-exclusion est évidente. Un paysage pittoresque ou un spectacle pyrotechnique est accessible à tous ceux qui sont dans le champ de vision, sans qu'il soit possible de limiter leur jouissance à des individus spécifiques. Ces expériences sont partagées collectivement, et leur beauté ou leur spectacle est ouvert à tous, indépendamment de leur volonté ou de leur capacité à payer.
* La télévision publique et la redevance représentent également un exemple de passager clandestin. La télévision publique est financée par une redevance payée par les utilisateurs, mais certains individus peuvent profiter des émissions de télévision publique sans payer la redevance. Cela crée une situation où certains individus peuvent bénéficier des programmes télévisés sans contribuer financièrement à leur financement.
* Concernant la vaccination, les personnes non vaccinées peuvent indirectement bénéficier de la vaccination des autres. Lorsqu'une grande partie de la population est vaccinée, la propagation des maladies est limitée, ce qui réduit également le risque d'infection pour les personnes non vaccinées. Cela signifie que les personnes non vaccinées peuvent profiter d'une certaine protection contre la maladie sans avoir à se faire vacciner, car elles bénéficient de l'immunité collective créée par la vaccination des autres.


Ces exemples mettent en évidence le problème du passager clandestin qui découle de la non-exclusion dans la consommation des biens publics. Lorsque les individus peuvent bénéficier des biens publics sans avoir à payer ou à contribuer financièrement à leur fourniture, cela crée des incitations à éviter de supporter les coûts tout en bénéficiant des avantages. Cela peut entraîner une allocation inefficace des ressources et nécessite souvent des mécanismes tels que la réglementation, la taxation ou d'autres formes de financement collectif pour réduire les effets du passager clandestin et garantir une fourniture équitable et efficace des biens publics.
L'éclairage public et la propreté des rues sont également des services essentiels qui bénéficient à la communauté dans son ensemble. L'éclairage des rues améliore la sécurité et la praticabilité des voies publiques pour tous les résidents et visiteurs, tandis que la propreté des rues contribue à la santé publique et à l'esthétique de l'espace communautaire. Encore une fois, il est pratiquement impossible d'exclure des individus de ces bénéfices.


== Comportement stratégique du resquilleur ==
La défense nationale et la sécurité des quartiers sont des services qui protègent la population d'une région ou d'un pays dans son ensemble. Ces services bénéficient à tous, sans distinction ni exclusion basée sur la contribution financière individuelle. La sécurité fournie par ces services est un bien commun, essentiel au bien-être collectif.


Le comportement du passager clandestin peut être analysé à l'aide de la théorie des jeux, en particulier à travers le concept du dilemme du prisonnier.
Enfin, la qualité de l'air, de l'eau et l'environnement en général sont des exemples parfaits de biens qui sont non seulement difficiles à exclure, mais aussi essentiels pour la santé et le bien-être de tous. La dégradation environnementale affecte chaque individu, et les efforts pour préserver et améliorer l'environnement profitent à l'ensemble de la société.


Le dilemme du prisonnier est un concept de la théorie des jeux qui illustre la situation où deux individus sont confrontés à la décision de coopérer ou de trahir, sans connaître la décision de l'autre. Dans cette situation, chaque individu est incité à trahir l'autre pour maximiser ses propres bénéfices, ce qui conduit à une situation sous-optimale pour les deux parties. Dans le contexte du passager clandestin et des biens publics, chaque individu est confronté à la décision de contribuer financièrement ou de bénéficier des biens publics sans contribuer. Chaque individu est incité à adopter un comportement de passager clandestin, car cela lui permet de bénéficier du bien public sans supporter les coûts. Cependant, si tous les individus adoptent ce comportement, cela conduit à une sous-production ou à une absence de financement pour les biens publics, ce qui est préjudiciable à l'ensemble de la société. C'est une situation sous-optimale où personne ne bénéficie pleinement des avantages des biens publics. Ce dilemme du passager clandestin illustre l'importance de trouver des mécanismes ou des incitations appropriés pour encourager la contribution financière et la coopération dans la fourniture des biens publics. Cela peut impliquer l'utilisation de mécanismes tels que la réglementation, la taxation, les incitations ou la création d'une culture de responsabilité collective pour résoudre ce problème et atteindre une allocation plus efficace des ressources. La théorie des jeux fournit des outils analytiques pour comprendre et aborder ces questions de comportement stratégique dans le contexte des biens publics.
Ces exemples soulignent le rôle crucial des institutions publiques et communautaires dans la gestion et la fourniture de ces biens. Étant donné que la nature non exclusive de ces biens rend difficile leur financement et leur régulation par les mécanismes de marché privés, l'intervention de l'État et d'autres organisations collectives est souvent nécessaire pour assurer leur disponibilité et leur entretien pour le bien de la communauté dans son ensemble.


La théorie de Nash met en évidence le fait que la poursuite de l'intérêt propre peut en effet aller à l'encontre de l'intérêt collectif. Cela remet en question l'idée de la "main invisible" qui suppose que les actions individuelles motivées par l'intérêt personnel conduisent automatiquement à un résultat optimal pour l'ensemble de la société. La théorie de Nash, formulée par John Nash, montre que dans certaines situations, les individus ont une incitation naturelle à adopter des comportements stratégiques pour maximiser leurs propres bénéfices, même si cela peut entraîner des résultats sous-optimaux pour l'ensemble du groupe ou de la société. Cela peut se produire lorsque les décisions d'un individu dépendent des choix des autres, et que chacun cherche à maximiser ses propres gains sans considérer les conséquences pour les autres. Dans le contexte des biens publics, le comportement du passager clandestin est un exemple de cette dynamique. Chaque individu est incité à bénéficier des biens publics sans contribuer financièrement, car cela maximise ses propres bénéfices. Cependant, si tout le monde agit de cette manière, cela peut conduire à une sous-production ou à une absence de financement pour les biens publics, ce qui nuit à l'ensemble de la société.
Il faut souligner que la difficulté d'exclusion des consommateurs de certains biens n'est pas toujours d'ordre technique, mais peut souvent être économique. Dans de nombreux cas, la non-exclusion résulte non pas de l'impossibilité technique d'exclure les consommateurs, mais plutôt du coût prohibitif ou de l'inefficacité économique liée à une telle exclusion. Prenons l'exemple d'un feu d'artifice. Techniquement, il serait possible de mettre en place des barrières pour limiter l'accès à un espace d'où le spectacle peut être vu, transformant ainsi le feu d'artifice en un bien privé. Cependant, la mise en œuvre de telles mesures serait extrêmement coûteuse et complexe. Elle impliquerait des coûts élevés pour l'installation de barrières, la surveillance et la gestion des accès, ce qui rendrait l'entreprise globalement non rentable et impraticable. De plus, la nature même d'un feu d'artifice, conçu pour être vu de loin et par un grand nombre de personnes, rend sa privatisation économiquement peu sensée.


Cette réalité met en évidence l'importance d'interventions, telles que la réglementation, la taxation ou d'autres mécanismes de coordination, pour résoudre les problèmes de coordination et aligner les intérêts individuels avec l'intérêt collectif. La théorie de Nash fournit un cadre analytique pour comprendre ces dynamiques et aider à concevoir des mécanismes incitatifs appropriés pour promouvoir la coopération et atteindre des résultats plus favorables sur le plan collectif.
La même logique s'applique à d'autres biens comme l'éclairage public, la sécurité nationale ou la qualité de l'environnement. Même si techniquement, il serait possible de concevoir des mécanismes pour exclure les non-payeurs, les coûts associés à une telle exclusion seraient souvent prohibitifs et dépasseraient largement les bénéfices. De plus, cela irait à l'encontre de l'intérêt public et de la valeur sociale que ces biens représentent. C'est pourquoi dans de tels cas, l'intervention de l'État ou des autorités publiques est cruciale. Par le biais de la taxation générale ou d'autres mécanismes de financement collectif, ces biens peuvent être fournis de manière plus efficace et équitable, garantissant leur accessibilité à l'ensemble de la population sans les coûts prohibitifs liés à l'exclusion des non-payeurs.


== Exemple fictif ==
== Synthèse des Caractéristiques des Biens Publics ==


Deux voisins, dont le chemin jusqu’au village est dépourvu de tout éclairage la nuit, contemplent le possible investissement en éclairage de rue. Deux lampadaires permettraient d’avoir une visibilité sur tout le trajet, et un seul lampadaire n’apporte qu’un bénéfice partiel car une partie du chemin reste dans l’obscurité. Admettons que le coût d’un lampadaire soit de 3000. Le gain de bien-être associé à un éclairage complet du chemin (en équivalents monétaires) est de 4000 chacun. Si l’éclairage est partiel, le bien-être n’augmente que de 2000.
Ce tableau classifie les différents types de biens selon deux critères : la possibilité d'exclure des consommateurs (Exclusion vs Non-exclusion) et le caractère rival ou non des biens (Rivalité vs Non-Rivalité).


[[Fichier:Biens publics exemple fictif 1.png|400px|vignette|centré]]Dans cet exemple, les deux voisins envisagent d'investir dans l'éclairage de rue pour améliorer la visibilité du chemin jusqu'au village la nuit. Ils considèrent deux options : installer deux lampadaires pour obtenir une visibilité complète sur tout le trajet ou installer un seul lampadaire qui fournirait un bénéfice partiel car une partie du chemin resterait dans l'obscurité.
[[Fichier:Nature des biens publics résumé 1.png|400px|vignette|centré]]
 
Supposons que le coût d'un lampadaire soit de 3000. Si les deux lampadaires sont installés, chaque voisin bénéficierait d'une visibilité complète et cela entraînerait un gain de bien-être de 4000 chacun (en équivalents monétaires).
 
En revanche, si seulement un seul lampadaire est installé, cela ne fournirait qu'un bénéfice partiel et le bien-être augmenterait seulement de 2000. Cela signifie que certaines parties du chemin resteraient dans l'obscurité et n'auraient pas le même niveau de visibilité.
 
Dans ce cas, les voisins devraient prendre en compte à la fois le coût de l'investissement et les gains de bien-être associés à chaque option. Si le coût total de l'installation de deux lampadaires (6000) est inférieur ou égal à la somme des gains de bien-être (8000), il serait rationnel pour les voisins d'opter pour cette option, car elle permettrait d'obtenir une visibilité complète sur tout le chemin et d'augmenter le bien-être de manière optimale pour les deux parties.
 
Cependant, si le coût total de l'installation de deux lampadaires est supérieur à la somme des gains de bien-être, les voisins pourraient envisager d'autres alternatives, telles que la recherche de financement supplémentaire ou la recherche d'une solution de compromis qui permettrait de maximiser le bien-être dans les contraintes budgétaires existantes.
 
Cet exemple fictif illustre comment les individus peuvent prendre des décisions concernant la fourniture de biens publics en tenant compte des coûts et des bénéfices associés, ainsi que des préférences individuelles et collectives. Il met également en évidence l'importance de l'analyse coût-bénéfice et de l'évaluation des alternatives pour prendre des décisions éclairées dans le contexte de la fourniture de biens publics.
 
== Problème de coordination ==
 
Si les deux voisins parviennent à coordonner leur action et à investir conjointement dans l'éclairage de rue en installant les deux lampadaires, le gain net pour chacun pourrait être positif (+1000, +1000).
 
Dans ce scénario, les deux voisins contribueraient financièrement à l'installation des deux lampadaires, et en retour, ils bénéficieraient tous les deux d'une visibilité complète sur tout le trajet jusqu'au village la nuit. Cela entraînerait un gain de bien-être de 4000 pour chacun, compte tenu du bénéfice total associé à l'éclairage complet du chemin. Si les coûts totaux de l'investissement (6000) sont répartis de manière équitable entre les deux voisins (3000 chacun), ils pourraient tous deux obtenir un gain net de 1000 (4000 - 3000) dans cette situation coordonnée. Cela signifie qu'ils bénéficieraient tous les deux d'un niveau de bien-être supérieur par rapport à la situation où ils n'investiraient pas du tout dans l'éclairage de rue.


La coordination de l'action conjointe dans la fourniture de biens publics peut permettre d'optimiser les résultats et de générer des gains collectifs. Cela implique souvent une communication, une coopération et une entente mutuelle entre les parties concernées pour parvenir à une décision et à une action communes. Dans ce cas, la coordination réussie aboutit à un gain net positif pour chaque individu, ce qui incite à la participation et à la fourniture collective des biens publics.
Dans le quadrant supérieur gauche, nous avons les "Biens privés purs", qui sont à la fois exclusifs et rivaux. Cela signifie que les consommateurs peuvent être empêchés d'utiliser ces biens s'ils ne les achètent pas, et que l'utilisation de ces biens par une personne empêche leur utilisation simultanée par une autre. Les exemples donnés ici sont les vêtements et les glaces, qui ne peuvent être consommés que par une personne à la fois, et dont la consommation par un individu empêche un autre de les utiliser.


Dans le cas où les voisins agissent de manière individuelle et non coordonnée, il existe une incitation pour chaque voisin à minimiser l'importance du problème de l'éclairage et à profiter de l'action unilatérale de l'autre voisin. Cette situation crée un dilemme du prisonnier, où la stratégie dominante pour chaque voisin est de ne rien faire (Ne fait rien, Ne fait rien). Dans cet équilibre de Nash, chaque voisin choisit de ne pas investir dans l'éclairage de rue, espérant que l'autre voisin assumera les coûts et fournira l'éclairage nécessaire. Cela se produit parce que chaque voisin peut anticiper que s'il est le seul à investir, il supporterait tous les coûts, tandis que si l'autre voisin investit, il peut profiter de l'éclairage sans avoir à payer lui-même.
Dans le quadrant supérieur droit, nous avons les "Biens mixtes" dans le contexte de la non-rivalité. Ces biens sont non-rivaux, ce qui signifie que leur consommation par une personne n'empêche pas leur consommation par une autre. Cependant, contrairement aux biens publics purs, il est possible d'exclure des individus de leur utilisation. Les exemples incluent les monopoles naturels et les autoroutes à péage. La télévision est également un bon exemple ; bien qu'une émission puisse être regardée par de nombreuses personnes simultanément sans se gêner mutuellement, l'accès aux chaînes peut être restreint par un abonnement.


Cet équilibre de Nash de l'inaction conduit à une situation sous-optimale, où aucun des voisins n'investit dans l'éclairage de rue et où les deux voisins continuent de faire face à un problème d'éclairage. Cela illustre le dilemme du prisonnier, où la poursuite de l'intérêt individuel conduit à une situation globalement sous-optimale pour l'ensemble du groupe. Dans ce cas, la coordination et la coopération entre les voisins sont nécessaires pour sortir de cet équilibre sous-optimal et trouver une solution mutuellement bénéfique. Cela peut impliquer des mécanismes de communication, de négociation ou de coopération pour surmonter les incitations à l'inaction et parvenir à une action coordonnée qui maximise le bien-être collectif.
En bas à gauche, le tableau montre les "Biens mixtes" qui sont non exclusifs mais rivaux. Ces biens ne permettent pas l'exclusion facile des non-payeurs, mais leur utilisation par une personne peut réduire la quantité disponible pour d'autres. Les ressources naturelles et les poissons sont des exemples classiques de ce type de bien. Les autoroutes à bouchons illustrent également ce point : bien que théoriquement ouverts à tous, une fois qu'une autoroute devient encombrée, chaque voiture supplémentaire réduit la qualité du service (vitesse, confort) pour les autres.


Le problème des préférences non-révélées peut rendre difficile la collecte de financements pour les biens publics. Les individus peuvent ne pas révéler leurs préférences ou prétendre ne pas bénéficier du bien public afin d'éviter de contribuer financièrement.
Enfin, dans le quadrant inférieur droit, nous trouvons les "Biens publics purs". Ces biens sont caractérisés par la non-rivalité et la non-exclusion. La défense nationale et le savoir universel sont des exemples de biens publics purs. Ils sont disponibles pour tous, et l'usage par une personne n'entrave pas l'usage par une autre. De tels biens représentent souvent des défis en termes de financement et de provision, car les incitations pour les fournir de manière privée sont faibles étant donné que les bénéficiaires ne peuvent pas être facilement exclus et ne rivalisent pas pour leur consommation.


Dans de tels cas, l'intervention de l'État peut être nécessaire pour fournir le bien public et garantir une contribution obligatoire de tous les individus. L'État peut imposer une obligation légale, telle qu'une taxe, une redevance ou une contribution obligatoire, pour financer le bien public.
Ce tableau est un outil utile pour comprendre la diversité des biens dans une économie et les défis associés à leur provision. Il aide également à identifier les cas l'intervention de l'État peut être justifiée pour assurer la provision adéquate de biens publics et corriger les inefficacités du marché.


La question de savoir dans quelle mesure chacun doit participer au financement du bien public dépend de divers facteurs, tels que la capacité de paiement des individus, les bénéfices individuels attendus du bien public, les principes d'équité et les mécanismes de répartition des coûts. Il peut être nécessaire de mettre en place des systèmes de taxation ou de tarification qui tiennent compte de ces facteurs afin de garantir une contribution équitable et appropriée de la part de tous les individus.
= Le Dilemme du Passager Clandestin =


La détermination de la juste répartition des coûts peut être complexe et impliquer des considérations politiques, économiques et sociales. Des études économiques, des enquêtes d'opinion ou des mécanismes de consultation peuvent être utilisés pour évaluer les préférences et les capacités de paiement des individus afin de guider la décision sur la contribution financière de chacun.
== La Non-Exclusion et la Problématique du Passager Clandestin ==


En fin de compte, l'intervention de l'État avec des mécanismes de contribution obligatoire peut permettre de surmonter le problème des préférences non-révélées et de garantir le financement adéquat des biens publics, en assurant que tous les individus contribuent de manière équitable à leur fourniture.
La non-exclusion est étroitement liée au problème du passager clandestin, également connu sous le nom de free rider problem en anglais. Ce problème survient lorsque des individus profitent d'un bien ou service sans contribuer à son coût. Cela est particulièrement problématique pour les biens publics, où la caractéristique de non-exclusion signifie que les fournisseurs ne peuvent pas empêcher les gens de consommer le bien, même s'ils ne paient pas pour celui-ci. Dans un tel contexte, certains individus peuvent choisir de ne pas payer pour le bien ou service en question, sachant qu'ils pourront tout de même en bénéficier grâce aux paiements des autres. Cela peut conduire à une sous-fourniture du bien, puisque les fournisseurs n'ont pas la recette nécessaire pour couvrir les coûts de production ou de maintien du bien. Si suffisamment d'individus choisissent de ne pas payer, le bien risque de ne pas être fourni du tout, malgré le fait qu'il soit socialement bénéfique.


= Biens mixtes =
Ce problème est également lié à celui des préférences non révélées, car les individus qui choisissent de ne pas payer pour le bien ne révèlent pas leur véritable évaluation ou demande pour celui-ci. Cela rend difficile pour les fournisseurs de mesurer la demande réelle et de planifier efficacement la provision du bien. La difficulté d'exclusion entraîne donc une défaillance du marché, car le mécanisme de prix ne fonctionne pas comme il le devrait pour rationner l'accès au bien et pour financer sa provision. C'est pourquoi les biens publics sont souvent financés par des mécanismes obligatoires comme les impôts, où la contribution individuelle n'est pas directement liée à la consommation, mais plutôt imposée pour couvrir le coût collectif du bien.


== Exclusion et non-rivalité ==
Le problème du passager clandestin se manifeste à travers diverses situations où un individu ou une entité bénéficie d'un bien ou d'un service sans contribuer à son coût, exploitant ainsi le système à son avantage. Un exemple classique est celui d'un phare qui fournit de la lumière pour la navigation. Les phares sont construits pour guider tous les navires passant à proximité, assurant leur sécurité et leur direction. Cependant, il n'existe aucun moyen pratique de forcer chaque bateau qui bénéficie de la lumière du phare à payer pour ce service. En conséquence, certains armateurs peuvent choisir de ne pas participer au financement du phare tout en profitant de ses services, ce qui peut compromettre l'entretien et la viabilité à long terme de ces aides essentielles à la navigation.


Certains biens peuvent présenter une combinaison de caractéristiques des biens publics et des biens privés. Par exemple, un pont, un cinéma, une autoroute, une piscine ou même la télévision peuvent présenter la non-rivalité dans la consommation, c'est-à-dire que la consommation par un individu n'empêche pas la consommation par d'autres. Cependant, ces biens peuvent également permettre l'exclusion, ce qui signifie qu'il est possible d'empêcher certains individus d'y accéder.
Dans le domaine de la diffusion télévisuelle, la situation est similaire. Les chaînes de télévision publique sont financées par les redevances, des contributions exigées des ménages possédant un appareil de télévision. Néanmoins, la diffusion des émissions est accessible à tous, indépendamment de leur statut de contributeur. Ainsi, même ceux qui évitent de payer la redevance peuvent regarder les programmes, soit par des moyens détournés, soit en profitant de la visualisation dans des lieux publics. Ce détournement crée un déficit dans le financement de la télévision publique et soulève des questions sur l'équité et la responsabilité financière. Un autre exemple illustrant ce problème est l'immunité collective conférée par les vaccinations. Quand une majorité de la population est vaccinée, la transmission des maladies infectieuses est considérablement réduite, créant un environnement dans lequel même les non-vaccinés sont moins susceptibles d'être infectés. Par conséquent, les personnes qui choisissent de ne pas se faire vacciner bénéficient indirectement des efforts de ceux qui le font, tout en évitant potentiellement les coûts et les risques associés à la vaccination. Cela peut conduire à une proportion plus faible de la population choisissant la vaccination, ce qui peut compromettre l'efficacité de l'immunité collective et la santé publique dans son ensemble.


Dans le cas des biens mixtes, la fourniture peut être assurée soit par des acteurs privés, soit par l'État. La décision de qui fournit ces biens peut varier d'un pays à l'autre en fonction de diverses considérations, notamment des considérations d'efficacité économique, d'équité sociale et de préférences politiques.
Ces exemples mettent en lumière un défi central de la provision des biens publics : comment s'assurer que ceux qui bénéficient des biens contribuent équitablement à leur création et à leur maintien. Les solutions à ce problème varient, mais elles impliquent souvent une forme de financement obligatoire, comme les taxes ou les redevances, pour garantir que ces services essentiels restent disponibles pour le bien commun.


Par exemple, les ponts, les cinémas ou les piscines peuvent souvent être fournis par des acteurs privés, qui peuvent facturer un prix d'entrée pour couvrir les coûts de fourniture et réaliser un bénéfice. Dans ce cas, la non-rivalité dans la consommation permet à plusieurs individus de profiter de ces biens simultanément, mais l'exclusion est possible car ceux qui ne paient pas ne sont pas autorisés à accéder à ces installations.
== L'Impact du Comportement Stratégique des Passagers Clandestins ==


D'autre part, dans certains cas, l'État peut intervenir et fournir des biens mixtes. Par exemple, les autoroutes peuvent être construites et gérées par l'État pour assurer une circulation fluide et faciliter le transport des personnes et des marchandises. Dans ce cas, l'accès à l'autoroute peut être ouvert à tous les utilisateurs sans exclusion, mais l'État peut financer la construction et l'entretien de l'autoroute grâce à des impôts, des péages ou d'autres mécanismes de financement.
La théorie des jeux est une branche des mathématiques et de l'économie qui analyse les stratégies adoptées par les individus dans des situations où leurs choix sont interdépendants. Un des concepts les plus connus dans ce domaine est celui du dilemme du prisonnier, qui met en lumière les difficultés de coopération entre parties ayant des intérêts interdépendants. John Nash, qui a reçu le prix Nobel d'économie en 1994 pour ses contributions, a développé un concept clé connu sous le nom d'équilibre de Nash. Cet équilibre survient dans un jeu lorsque chaque joueur a choisi la meilleure stratégie possible, compte tenu des choix des autres joueurs. Aucun joueur n'a alors intérêt à changer unilatéralement de stratégie.


Il est également important de noter que la congestion et la réduction de la qualité peuvent introduire une certaine rivalité entre les consommateurs pour l'utilisation de ces biens mixtes. Par exemple, lorsqu'une autoroute est congestionnée, la qualité du service peut être réduite pour tous les utilisateurs, ce qui crée une forme d'exclusion implicite car l'accès à une utilisation optimale de l'autoroute est limité. Dans ces cas, des mécanismes de régulation ou de gestion de la demande peuvent être mis en place pour atténuer la congestion et garantir une utilisation équitable et efficace du bien mixte.
Dans le contexte du dilemme du prisonnier, deux détenus sont confrontés à un choix : coopérer avec l'autre en restant silencieux ou trahir l'autre en confessant. Le choix de trahir peut sembler rationnel pour un individu car il maximise son gain personnel, sans tenir compte de l'impact de ce choix sur l'autre prisonnier ou sur le résultat collectif. Si les deux détenus optent pour la trahison, croyant agir dans leur meilleur intérêt, ils se retrouvent finalement tous les deux dans une situation pire que si ils avaient coopéré. Cette situation est analogue au problème du passager clandestin dans la provision de biens publics. Chaque individu peut choisir de ne pas contribuer au financement d'un bien public (trahir dans le dilemme du prisonnier), ce qui est rationnel du point de vue individuel si l'on considère uniquement l'intérêt personnel immédiat. Cependant, si tout le monde adopte cette stratégie, le bien public ne sera pas financé ou sera sous-financé, ce qui est préjudiciable à tous les individus de la société. Ainsi, bien que le choix individuel de ne pas payer puisse sembler rationnel, il conduit à une situation collective sous-optimale où personne ne bénéficie du bien public, ce qui reflète le résultat sous-optimal du dilemme du prisonnier. La théorie des jeux, et en particulier l'équilibre de Nash, aide à comprendre ces dynamiques et à expliquer pourquoi les incitations individuelles peuvent mener à une coopération insuffisante, justifiant ainsi l'intervention de mécanismes externes tels que la régulation gouvernementale ou les incitations pour encourager la contribution au financement des biens publics.


En résumé, les biens mixtes présentent une combinaison de caractéristiques des biens publics et des biens privés, et la fourniture de ces biens peut être assurée par des acteurs privés ou par l'État. Les considérations d'efficacité économique, d'équité sociale et de préférences politiques influencent les décisions concernant qui fournit ces biens et comment ils sont financés. La congestion et la réduction de qualité peuvent également introduire une certaine rivalité entre les consommateurs et nécessiter des mécanismes de gestion pour garantir une utilisation optimale et équitable de ces biens mixtes.
La théorie de Nash, souvent illustrée par l'équilibre de Nash dans la théorie des jeux, révèle une tension profonde entre les intérêts individuels et collectifs. Selon cette théorie, les individus agissant rationnellement en poursuivant leur propre intérêt peuvent aboutir à des résultats qui sont non seulement sous-optimaux mais également défavorables pour le groupe dans son ensemble. Cela contraste avec l'idée d'Adam Smith de la "main invisible", selon laquelle les actions individuelles guidées par l'intérêt personnel peuvent conduire à un bien-être collectif optimal. La main invisible suggère que les marchés concurrentiels transforment les actions égoïstes en résultats socialement désirables, régulant naturellement l'économie sans nécessiter une intervention extérieure. En revanche, l'équilibre de Nash montre que dans de nombreux cas, surtout lorsqu'il y a des dilemmes de coordination ou des jeux à somme non nulle, les actions purement égoïstes des individus peuvent conduire à des impasses ou à des résultats inefficaces pour la société.


L'éducation est un exemple de bien mixte qui présente à la fois des caractéristiques d'exclusion et de non-rivalité dans la consommation.
L'exemple du dilemme du prisonnier, que Nash a contribué à populariser, est typique : il montre que si chaque prisonnier choisit individuellement la meilleure stratégie pour lui (trahir l'autre), le résultat est pire pour les deux que si ils avaient coopéré. Appliquée à l'économie, cette théorie suggère que sans coopération ou régulation, les individus peuvent consommer des ressources de manière inefficace, polluer sans retenue, ou ne pas contribuer à des biens publics, ce qui nuit à la société dans son ensemble. L'importance de l'équilibre de Nash est qu'il met en lumière le besoin de mécanismes de coordination et de coopération - comme les régulations, les normes sociales, ou les contrats - pour aligner les intérêts individuels avec l'intérêt collectif. Cela peut impliquer l'intervention gouvernementale pour fournir des biens publics, réguler les externalités, ou assurer la justice et la stabilité du marché. La théorie de Nash nous invite donc à reconnaître et à gérer les situations où les actions guidées par l'intérêt personnel ne mènent pas naturellement à l'optimum social.


Dans de nombreux pays, l'éducation est fournie par le secteur public à des degrés divers. Cela signifie que l'accès à l'éducation est ouvert à tous les individus, ce qui reflète la non-exclusion. Ainsi, une fois que le système éducatif est en place, il est difficile d'exclure certains individus de bénéficier de l'éducation. L'éducation publique est souvent fournie à un prix inférieur à son coût de production, ce qui peut s'expliquer par des considérations de redistribution et de promotion de l'égalité des chances. En offrant une éducation abordable ou gratuite, les gouvernements cherchent à favoriser la mobilité sociale en donnant à tous les individus, indépendamment de leur situation socio-économique, la possibilité d'accéder à une éducation de qualité. Un autre argument en faveur de la fourniture publique de l'éducation est lié aux externalités positives qu'elle génère. L'éducation bénéficie non seulement à l'individu qui en bénéficie directement, mais elle a également des retombées positives pour la société dans son ensemble. Une population éduquée est souvent associée à une meilleure productivité, une plus grande innovation, une meilleure santé, et contribue au développement économique et social global. Cependant, en cas de congestion, c'est-à-dire lorsque la demande pour l'éducation publique dépasse la capacité du système à fournir des services de qualité, certains problèmes se posent. Les personnes ayant des ressources financières plus élevées peuvent se tourner vers l'éducation privée qui peut offrir une meilleure qualité d'enseignement. Cela peut entraîner une réduction de l'objectif redistributif initial de l'éducation publique, car les individus plus aisés peuvent accéder à une éducation de meilleure qualité en substituant l'éducation publique par l'éducation privée.
== Un Exemple Illustratif : Le Passager Clandestin ==


La fourniture d'une éducation publique de qualité reste néanmoins essentielle pour garantir l'accès équitable à l'éducation et promouvoir la mobilité sociale. Des politiques et des réformes peuvent être mises en place pour améliorer la qualité de l'éducation publique, réduire la congestion et garantir une répartition équitable des ressources éducatives.
Ce tableau montre une matrice des gains nets, qui est un outil utilisé en théorie des jeux pour représenter les bénéfices et coûts associés aux différentes stratégies que peuvent adopter les joueurs, dans ce cas, deux voisins face à la décision d'investir dans l'éclairage d'un chemin.


En résumé, l'éducation est un exemple de bien mixte qui présente à la fois des caractéristiques d'exclusion et de non-rivalité dans la consommation. Sa fourniture par le secteur public peut être motivée par des objectifs de redistribution, de promotion de l'égalité des chances et de création d'externalités positives pour la société. Cependant, la congestion et la possibilité de substitution vers l'éducation privée peuvent poser des défis en termes de maintien de l'objectif redistributif et de qualité de l'éducation publique.
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== Non-exclusion et rivalité ==
Dans cet exemple fictif, deux voisins A et B envisagent d'installer des lampadaires pour éclairer un chemin menant au village, qui est actuellement dans l'obscurité la nuit. Ils ont le choix entre financer l'installation d'un lampadaire ou ne rien faire. Si les deux voisins choisissent de financer un lampadaire, le chemin sera entièrement éclairé, leur procurant à chacun un gain net de bien-être de 4000, mais à un coût de 3000 chacun pour l'installation, ce qui leur laisse un gain net de +1000 chacun (4000 de bien-être moins 3000 de dépense). Si un seul voisin finance un lampadaire et que l'autre ne fait rien, le voisin qui paie pour le lampadaire a un bien-être partiellement augmenté de 2000, mais après avoir déduit le coût, se retrouve avec une perte nette de -1000 (2000 de bien-être moins 3000 de dépense). Le voisin qui ne paie pas bénéficie partiellement de l'éclairage sans avoir à payer, d'où un gain net de +2000. Si aucun des deux ne paie pour un lampadaire, il n'y a aucun changement dans leur bien-être et donc aucun gain ou perte net.


Certains biens mixtes peuvent présenter la configuration de non-exclusion combinée à la rivalité dans la consommation. Cela se produit souvent dans le cas des ressources naturelles ou des biens communs.
Ce qui est mis en évidence ici est un dilemme du prisonnier classique. La meilleure solution collective serait que les deux voisins coopèrent et financent chacun un lampadaire, menant à un gain net de +1000 chacun. Cependant, en raison des incitations individuelles, chaque voisin préférerait bénéficier du lampadaire financé par l'autre, conduisant à la tentation de ne pas payer et d'agir en passager clandestin. Si les deux voisins agissent selon leurs intérêts individuels sans coopérer, ils finiront par ne rien faire, ce qui est la pire issue collective avec un gain net de 0 pour chacun.


Les ressources naturelles, telles que les forêts, les pâturages, les cours d'eau ou les zones de pêche, peuvent être considérées comme des biens mixtes avec une non-exclusion, ce qui signifie que l'accès à ces ressources n'est pas facilement exclu. Cependant, ces ressources peuvent également présenter une rivalité dans la consommation, ce qui signifie que la consommation par un individu réduit la quantité disponible pour les autres. Lorsque les ressources naturelles sont gérées en tant que propriété commune, sans régulation appropriée, cela peut conduire à des problèmes de congestion ou de surexploitation. Chaque individu a une incitation à consommer autant que possible de la ressource, car il sait que si d'autres n'utilisent pas leur part, cela pourrait réduire sa propre part à l'avenir. Cela crée une rivalité entre les consommateurs et peut conduire à une surconsommation ou à l'épuisement des ressources.
Cette situation démontre le besoin de coopération ou d'une forme de coordination ou d'intervention, comme un accord mutuel ou une action communautaire, pour surmonter le problème du passager clandestin et atteindre l'optimum collectif.


Le problème de la tragédie des biens communs, formulé par Garrett Hardin, illustre cette dynamique. Lorsque les individus poursuivent leur intérêt personnel sans considération pour l'intérêt collectif, cela peut conduire à la dégradation et à l'épuisement des ressources communes. Pour faire face à ce problème, différentes approches peuvent être utilisées, telles que la régulation, la gestion des quotas, la privatisation des ressources, les systèmes de droits de propriété ou les mécanismes de coopération collective. L'objectif est de mettre en place des incitations et des règles qui permettent une gestion durable des ressources naturelles et d'éviter les problèmes de congestion ou de surexploitation.
== La Problématique de Coordination dans les Biens Publics ==


En résumé, les biens mixtes peuvent également présenter la configuration de non-exclusion couplée à la rivalité dans la consommation. Cela est particulièrement vrai pour les ressources naturelles ou les biens communs, où la gestion appropriée et la mise en place de mécanismes incitatifs sont essentielles pour prévenir la congestion et assurer une utilisation durable de ces ressources.
Le problème classique de coordination est un scénario classique où les actions individuelles non coordonnées mènent à un résultat moins favorable que celui qui pourrait être atteint par une action conjointe et coordonnée. En effet, si les deux voisins A et B pouvaient parvenir à un accord pour partager les coûts de l'éclairage, chacun bénéficierait d'un gain net positif de +1000. Cela représente l'optimum social où l'éclairage est complet et les bénéfices partagés équitablement. Cependant, en raison de l'incitation à minimiser l'importance de l'éclairage et à bénéficier sans payer du lampadaire potentiellement financé par l'autre, les deux voisins sont confrontés à une stratégie dominante qui est l'inaction. Ainsi, sans coordination, chaque voisin choisit de ne rien faire, car cette option leur semble individuellement la plus sûre pour éviter les coûts sans garantie de réciprocité. L'équilibre de Nash de ce jeu est donc lorsque les deux voisins choisissent de ne pas financer l'éclairage, même si cela conduit à un résultat sous-optimal, avec un gain net de 0 pour chacun.


La sur-exploitation des ressources communes peut conduire à la disparition de la ressource elle-même, ce qui entraîne une mésallocation des ressources et des conséquences négatives pour les exploitants eux-mêmes et pour la société dans son ensemble.
Cet équilibre est sous-optimal car il ne maximise pas le bien-être collectif des voisins. C'est l'essence même du dilemme du prisonnier : bien que la coopération puisse conduire au meilleur résultat collectif, la méfiance mutuelle et l'incertitude quant aux actions de l'autre poussent les individus à adopter des stratégies qui sont préjudiciables à la fois à eux-mêmes et à la collectivité. Pour résoudre ce genre de problème de coordination, des mécanismes tels que les contrats, les incitations économiques, la régulation ou l'intervention de la communauté ou de l'État sont souvent nécessaires pour encourager ou imposer la coopération et assurer que le bien-être collectif soit atteint.


L'article célèbre de Garrett Hardin publié en 1968, intitulé "The Tragedy of the Commons" (La tragédie des biens communs), a mis en évidence les conséquences néfastes de la sur-exploitation des ressources communes. Hardin a décrit comment les individus agissant de manière rationnelle et poursuivant leur intérêt personnel sans considération pour l'intérêt collectif peuvent finir par épuiser les ressources communes, entraînant ainsi une mésallocation des ressources et une détérioration de l'environnement. Cependant, la prise de conscience de la tragédie des biens communs a également conduit à des travaux importants sur la gestion des ressources communes de manière durable. Les recherches d'Elinor Ostrom, qui a reçu le prix Nobel d'économie en 2009 pour ses travaux sur la gouvernance des biens communs, ont montré que dans certains cas, les communautés locales sont capables de mettre en place des mécanismes de gestion collective qui permettent une utilisation durable des ressources communes.
Le problème des préférences non révélées est intrinsèquement lié au problème du passager clandestin : les individus ont une incitation à dissimuler leur véritable appréciation d'un bien public pour éviter de contribuer à son financement. Si tout le monde prétend ne pas bénéficier ou ne pas apprécier le bien, alors personne ne voudra volontairement payer pour cela, même si le bien en question leur apporte un réel bénéfice. Cela conduit à une sous-fourniture du bien public, ou même à son absence totale, car les décisions de financement basées sur les déclarations volontaires ne reflètent pas la véritable demande. La solution classique à ce problème est l'intervention de l'État pour fournir le bien public et rendre la contribution à son financement obligatoire, souvent à travers la taxation. Cela garantit que le bien est financé et que tous les individus bénéficient du bien public, indépendamment de leur volonté de révéler leur préférence ou de payer volontairement.


Ostrom a identifié des exemples de gestion réussie des ressources communes, tels que les systèmes d'irrigation, les pêcheries ou les pâturages, où les acteurs locaux ont élaboré des règles et des normes pour réguler l'accès et l'utilisation des ressources. Elle a montré que lorsque les communautés sont impliquées dans la prise de décision et ont des droits de gestion clairement définis, elles peuvent parvenir à une gestion durable des ressources communes. Ces travaux ont remis en question l'idée selon laquelle les ressources communes sont condamnées à l'échec et ont souligné l'importance de la gouvernance locale et de l'implication des acteurs concernés dans la gestion des ressources communes. Ils ont mis en évidence la possibilité d'éviter la mésallocation et de parvenir à une utilisation durable des ressources, même dans des contextes où les incitations individuelles peuvent sembler contradictoires avec l'intérêt collectif.
La question de savoir dans quelle mesure chacun doit participer au financement du bien public est plus complexe. Idéalement, la contribution devrait être proportionnelle à l'avantage que chaque individu tire du bien public. Cependant, cela nécessite de connaître les préférences individuelles, ce qui est difficile en raison du problème des préférences non révélées. Une méthode pour résoudre ce problème est l'utilisation de principes de taxation qui visent à répartir les coûts de manière équitable. Par exemple, la règle du bénéfice suggère que les personnes qui bénéficient le plus d'un bien public devraient payer le plus pour son financement. La capacité de paiement est un autre principe, selon lequel les personnes ayant une plus grande capacité économique devraient contribuer davantage au financement des biens publics.  


La sur-exploitation des ressources communes peut conduire à leur disparition et à une mésallocation des ressources. Cependant, les travaux de Garrett Hardin et d'Elinor Ostrom ont permis de mieux comprendre ces problèmes et ont mis en évidence des mécanismes de gestion collective qui permettent une utilisation durable des ressources communes. Cela souligne l'importance de la gouvernance locale et de la participation des acteurs concernés pour parvenir à une gestion efficace et durable des ressources communes.
Dans la pratique, il est courant d'utiliser une combinaison de taxes générales et de taxes spécifiques pour financer différents types de biens publics. Les taxes générales permettent de répartir largement les coûts parmi tous les contribuables, tandis que les taxes spécifiques, comme les péages pour les routes, permettent de cibler les utilisateurs de certains biens publics. Quelle que soit la méthode choisie, l'objectif est de financer efficacement le bien public tout en maintenant l'équité parmi les citoyens. Cela peut nécessiter une planification minutieuse et souvent des ajustements politiques pour équilibrer efficacement les intérêts et les contributions de tous les membres de la société.


== La tragédie des communaux ==
= La Catégorie des Biens Mixtes =
Un bien mixte, aussi appelé bien semi-public ou bien quasi-public, est un type de bien qui présente des caractéristiques à la fois des biens privés et des biens publics. Ces biens peuvent être exclusifs, mais ne sont pas nécessairement rivaux dans la consommation, ou vice versa. Ils peuvent être fournis par le marché mais souvent avec une certaine intervention de l'État pour corriger les inefficiences du marché ou pour s'assurer que le bien est accessible à ceux qui en ont besoin.


L'exemple classique de la tragédie des communaux illustre parfaitement les conséquences de la sur-exploitation des ressources communes. Dans un village d'éleveurs qui partagent des champs communs pour faire paître leurs bêtes, chaque éleveur a une incitation individuelle à sur-exploiter le pré, car il ne ressent pas les coûts complets de son utilisation.
== Les Enjeux de l'Exclusion et de la Non-Rivalité ==


En l'absence d'incitations à la retenue et d'un mécanisme de gestion approprié, chaque éleveur maximise ses propres bénéfices en augmentant le nombre de bêtes qu'il fait paître sur le pré commun. Cependant, cette action a un impact négatif sur les autres éleveurs, car la sur-utilisation réduit la qualité et la disponibilité de l'herbe pour tous.
Les biens mixtes peuvent présenter une non-rivalité dans la consommation jusqu'à un certain point, tout en permettant l'exclusion des non-payeurs. Ces biens peuvent être exclusifs grâce à des mécanismes de tarification ou de contrôle d'accès, mais ne deviennent rivaux que lorsque la capacité d'accueil est dépassée, ce qui entraîne une congestion ou une diminution de la qualité de l'expérience pour tous.  


Cette situation crée une externalité négative, chaque éleveur impose des coûts sur les autres en dégradant la qualité du champ commun. Les éleveurs ne prennent souvent pas en compte ces coûts externes dans leurs décisions, car ils ne sont pas internalisés et ne leur sont pas directement facturés.
Prenons l'exemple d'un pont ou d'une autoroute : tant que le trafic est fluide, ces infrastructures peuvent être utilisées par un véhicule supplémentaire sans coût marginal significatif et sans affecter négativement l'expérience des autres utilisateurs. Cependant, lorsque la capacité maximale est atteinte, chaque véhicule supplémentaire commence à réduire la qualité de l'expérience pour les autres, par exemple en provoquant des embouteillages. Ainsi, la rivalité émerge à partir d'un certain seuil de consommation. La même logique s'applique aux cinémas ou aux piscines : jusqu'à ce que la salle de cinéma ou la piscine atteigne sa capacité, un spectateur ou un nageur supplémentaire ne nuit pas à l'expérience des autres. Mais une fois la capacité atteinte, chaque personne supplémentaire peut gêner, réduisant ainsi la qualité de l'expérience pour les autres. La télévision, d'autre part, est généralement non-rivale dans la consommation, car le fait qu'une personne regarde une émission n'empêche pas des millions d'autres de la regarder simultanément. Cependant, l'accès peut être excluant, par exemple si l'accès aux chaînes nécessite un abonnement payant.


L'absence d'une gestion collective responsable de la ressource commune crée une dynamique où chaque éleveur a peu d'incitation à restreindre son utilisation en prévision de l'absence d'une telle attitude par les autres. Par conséquent, tous les éleveurs finissent par sur-exploiter le pré, épuisant l'herbe et ne permettant pas à la ressource de se renouveler.
Les biens mixtes peuvent être fournis soit par des entreprises privées, soit par l'État, et cette décision dépend souvent de considérations politiques, économiques et sociales, qui varient grandement d'un pays à l'autre. Les pratiques de fourniture et de financement des biens mixtes reflètent les valeurs et les priorités d'une société, notamment en termes d'équité et d'accès. Par exemple, certains pays peuvent choisir de subventionner des services comme les transports publics ou l'éducation pour garantir un accès plus large, même si ces services pourraient techniquement être offerts sur un marché purement privé. La congestion et la qualité de service associée à la consommation de ces biens mixtes soulèvent des questions importantes sur la manière de gérer et de réguler l'accès pour maintenir la qualité. Des mécanismes comme les péages dynamiques, les quotas, les réservations ou les heures de pointe tarifaires sont autant de moyens par lesquels les fournisseurs tentent de réguler l'utilisation et de prévenir ou de gérer la congestion. Ces outils peuvent aider à maintenir la non-rivalité dans la consommation aussi longtemps que possible, tout en assurant que les coûts sont couverts et que l'accès reste équitable.


La tragédie des communaux met en évidence les limites du comportement individuel lorsque les biens communs sont impliqués. L'absence d'une propriété clairement définie et d'un mécanisme de régulation ou de gestion adéquat peut conduire à une mésallocation des ressources et à une détérioration de la ressource commune elle-même.
L'éducation est un exemple éloquent de bien mixte qui incarne la propriété de l'exclusion ainsi que la non-rivalité, tout en étant fortement marquée par des considérations de politique publique. Dans de nombreux systèmes éducatifs publics à travers le monde, l'exclusion est pratiquée dans une certaine mesure : bien que l'accès à l'éducation primaire et secondaire soit souvent gratuit et universel, l'accès à l'enseignement supérieur peut être limité par des frais de scolarité, des examens d'entrée ou des quotas. Ces mécanismes d'exclusion visent à gérer les ressources disponibles et à maintenir la qualité de l'éducation. Cependant, une fois admis dans une école ou une université, l'éducation devient un bien non rival : la présence d'un étudiant supplémentaire dans une salle de classe n'empêche pas les autres d'apprendre, jusqu'à ce que la capacité de la salle ou la faculté d'un enseignant à gérer un grand nombre d'étudiants soit dépassée.


Pour éviter la tragédie des communaux, des solutions peuvent inclure l'établissement de droits de propriété clairs sur la ressource commune, la mise en place de mécanismes de régulation ou de gestion collective, et l'adoption de normes et de règles qui encouragent une utilisation durable de la ressource. Cela nécessite souvent une coordination et une coopération entre les acteurs concernés, ainsi qu'une prise de conscience des conséquences négatives de la sur-exploitation individuelle sur l'ensemble du groupe et sur la durabilité de la ressource commune.[[Fichier:Tragédie des communaux exemple 1.png|400px|vignette|centré]]
L'éducation est souvent fournie à un coût inférieur au coût de production, ou même gratuitement, en raison des bénéfices sociétaux qu'elle génère. En offrant un accès égal à l'éducation, les gouvernements cherchent à favoriser la mobilité sociale et à garantir que les talents et les compétences de chaque individu peuvent être développés pour le bénéfice de l'ensemble de la société. Cela s'aligne avec la notion d'éducation en tant que droit fondamental et une ressource essentielle pour le développement personnel et économique. En plus de l'objectif redistributif, la fourniture publique de l'éducation est également justifiée par les externalités positives considérables qu'elle engendre. Un individu bien éduqué contribue à la société de multiples façons : augmentation de la productivité, participation civique, innovation, et bien plus encore. Ces bénéfices dépassent largement l'individu et profitent à la société dans son ensemble, ce qui justifie le soutien public de l'éducation.


La problématique des zones de pêche illustre parfaitement le dilemme entre la difficulté d'exclusion et la rivalité dans la consommation.
Toutefois, lorsque l'éducation publique devient congestionnée, par exemple à cause de classes surpeuplées ou de ressources insuffisantes, la qualité de l'éducation peut en pâtir, et l'objectif redistributif peut être compromis. Les personnes disposant de plus de ressources peuvent alors se tourner vers des institutions privées, exacerbant ainsi les inégalités d'accès à une éducation de qualité. Cela peut créer un système à deux vitesses où les avantages de l'éducation sont inégalement répartis, ce qui va à l'encontre de l'idéal d'égalité des chances. Gérer l'accès et la qualité de l'éducation publique tout en s'assurant qu'elle reste inclusive et équitable est un défi de politique publique majeur. Cela nécessite un financement adéquat, une planification stratégique, et souvent des réformes pour s'assurer que l'éducation publique puisse continuer à servir son rôle de levier de mobilité sociale et de générateur d'externalités positives pour la société.


Dans les zones de pêche, il est souvent difficile d'exclure de nouveaux bateaux de pêche, car les ressources marines sont généralement publiques et accessibles à tous. Cependant, il existe une rivalité entre les différents bateaux de pêche pour les prises, car chaque bateau a un intérêt individuel à maximiser ses propres prises avant que les autres ne le fassent. Cette dynamique crée un problème de surpêche, où les pêcheurs ont tendance à pêcher de manière excessive pour maximiser leurs bénéfices à court terme, sans prendre en compte les conséquences à long terme pour la durabilité des stocks de poissons. Si chaque pêcheur agit de manière similaire, cela peut entraîner l'épuisement des ressources marines et des conséquences néfastes pour l'écosystème et les industries de la pêche. Face à ce problème, une régulation par une instance publique est souvent nécessaire pour limiter les prises individuelles et préserver la durabilité des ressources. Des mesures de gestion des pêches peuvent être mises en place, telles que l'établissement de quotas de pêche, la création de zones de protection, la limitation des engins de pêche, la surveillance et l'application des règles, et la promotion de pratiques de pêche durable. Cependant, le défi devient encore plus complexe lorsque la ressource naturelle est partagée par plusieurs pays, comme c'est souvent le cas pour les zones de pêche internationales. Dans de tels cas, une coopération et une coordination internationales sont nécessaires pour réguler la pêche de manière efficace et équitable. Des instances supranationales, telles que des organisations régionales de gestion des pêches, peuvent être mises en place pour faciliter cette coopération et prendre des décisions collectives pour la gestion des ressources partagées. La nécessité d'une régulation et d'une gestion durable des zones de pêche est d'autant plus cruciale de nos jours, alors que de nombreuses ressources marines sont surexploitées ou en danger. Cela nécessite une prise de conscience collective des enjeux de durabilité, ainsi qu'une volonté politique et une coordination internationale pour mettre en œuvre des mesures de régulation efficaces et préserver les ressources marines pour les générations futures.
== Non-Exclusion et Rivalité : Les Défis Associés ==


Les problématiques liées aux émissions de CO2 et au changement climatique sont des exemples pertinents de la tragédie des communaux et des tentatives de régulation pour y faire face.  
Dans le cas d'un bien mixte caractérisé par la non-exclusion et la rivalité, nous sommes confrontés à une situation où il est difficile, voire impossible, d'empêcher les gens d'accéder à une ressource, mais où l'utilisation de cette ressource par une personne diminue la quantité ou la qualité disponible pour les autres. Ces biens sont souvent des ressources communes ou des biens communs, et ils sont sujets à des problèmes de sur-exploitation car ils sont accessibles à tous mais limités dans leur quantité.


Le CO2 et autres gaz à effet de serre émis dans l'atmosphère constituent un bien commun, car ils sont produits par de nombreuses sources et se propagent à travers l'atmosphère sans exclusion directe. Cependant, les émissions de CO2 ont des effets négatifs sur le climat, l'environnement et la santé humaine, créant ainsi une externalité négative pour l'ensemble de la société. En l'absence de régulation, chaque acteur (pays, entreprise, individu) a une incitation à émettre autant de CO2 que possible pour poursuivre ses intérêts économiques, sans tenir compte des coûts externes du changement climatique. Cela crée un problème de sur-émission, où les émissions collectives dépassent les niveaux souhaitables pour atténuer les effets du changement climatique.
Les ressources naturelles telles que les stocks de poissons dans les océans, les pâturages, et les forêts sont des exemples typiques. Dans ces cas, l'absence de mécanismes de contrôle ou de propriété clairement définie conduit souvent à une utilisation non régulée et à une concurrence pour l'accès, ce qui peut résulter en une sur-exploitation rapide. Ce phénomène est bien connu sous le nom de "tragédie des communs", un terme popularisé par l'écologiste Garrett Hardin dans son article influent de 1968. Hardin a souligné que les individus, agissant indépendamment selon leur propre intérêt personnel, comportent de manière rationnelle qui est en fin de compte destructrice pour la communauté dans son ensemble, car la ressource partagée est épuisée.


Pour aborder cette problématique, des accords internationaux tels que le Protocole de Kyoto en 1997 et l'Accord de Copenhague en 2009 ont été établis pour réguler les émissions de CO2. Ces accords visent à limiter les émissions de gaz à effet de serre des pays signataires et à encourager la transition vers des technologies et des pratiques plus durables. Cependant, la régulation des émissions de CO2 est un défi complexe, car elle nécessite la coopération et l'engagement de nombreux acteurs à travers le monde. Les différences de capacités, d'intérêts nationaux et de responsabilités historiques rendent les négociations et la mise en œuvre de ces accords difficiles.
Cependant, la vision de Hardin n'est pas sans contestation. Elinor Ostrom, lauréate du prix Nobel d'économie en 2009, a démontré à travers ses recherches que les communautés peuvent, en fait, gérer efficacement les biens communs sans intervention extérieure ou privatisation, à travers des systèmes de gestion communautaire. Elle a étudié comment différents groupes à travers le monde ont développé des arrangements institutionnels variés pour gérer la rivalité et éviter la sur-exploitation des ressources communes.


De plus, la question de l'équité joue un rôle important dans les discussions sur la régulation des émissions de CO2. Les pays développés ont une plus grande responsabilité historique dans les émissions passées et une plus grande capacité à mettre en œuvre des mesures d'atténuation, tandis que les pays en développement peuvent soutenir qu'ils devraient avoir plus de flexibilité pour poursuivre leur développement économique. Malgré les défis, les accords internationaux sur le climat continuent d'être des instruments importants pour encourager la réduction des émissions de CO2 et la transition vers une économie plus durable. Ils soulignent l'importance de la coopération internationale et de la prise de conscience collective pour faire face aux problèmes mondiaux tels que le changement climatique.
La clé de la gestion durable des biens mixtes réside dans la capacité à établir des règles et des normes qui régulent l'utilisation et encouragent la conservation. Cela peut inclure la mise en place de quotas, de permis, de systèmes de rotation de l'utilisation, ou de sanctions pour ceux qui ne respectent pas les règles établies. Ostrom a mis en avant l'importance de la participation locale, de la surveillance, des sanctions adaptées, et du respect des règles communautaires comme facteurs essentiels pour la gestion réussie des communs. Ainsi, la gestion des biens mixtes avec non-exclusion et rivalité nécessite une compréhension nuancée des dynamiques sociales, économiques et environnementales en jeu, ainsi qu'une approche collaborative pour résoudre les dilemmes liés à leur utilisation.


En résumé, les émissions de CO2 et le changement climatique sont des exemples de la tragédie des communaux, les émissions excessives ont des conséquences négatives pour la société dans son ensemble. Les accords internationaux tels que le Protocole de Kyoto et l'Accord de Copenhague ont été établis pour réguler les émissions de CO2 et encourager la transition vers une économie plus durable, mais des défis subsistent en termes de mise en œuvre et d'équité. La coopération internationale reste cruciale pour relever ces défis et promouvoir une action collective contre le changement climatique. L'enjeu consiste à trouver un équilibre entre les intérêts économiques des acteurs individuels et la nécessité de préserver les ressources communes pour le bien-être collectif et les générations futures.
== La Tragédie des Biens Communs ==
La tragédie des communs est un phénomène qui se produit lorsqu'une ressource partagée par plusieurs est surexploitée par des individus agissant indépendamment selon leur propre intérêt personnel immédiat, ce qui entraîne l'épuisement de cette ressource au détriment de tous. Imaginons un pâturage ouvert à tous les éleveurs d'un village. Si chaque éleveur cherche à maximiser son gain en y faisant paître le plus grand nombre possible de ses propres animaux, le pâturage sera rapidement surutilisé et sa qualité diminuera, jusqu'à ne plus être capable de régénérer naturellement. À terme, le pâturage devient inutilisable pour l'ensemble de la communauté, y compris pour les éleveurs qui, au départ, en ont tiré avantage.


== La tragédie des communaux : coût privé versus coût social ==
Cette situation résulte d'une liberté d'accès illimitée et d'une absence de régulation concernant l'usage de la ressource. Chaque utilisateur a un incitatif individuel à consommer autant de la ressource que possible. Puisque la ressource est rivalisée, chaque unité de la ressource consommée par un individu est une unité qui ne peut pas être consommée par un autre. Lorsque tous les individus prélèvent de la ressource sans retenue et sans coordination, l'exploitation devient excessive et la ressource s'épuise. Le concept, popularisé par Garrett Hardin, illustre un échec de la rationalité individuelle où, bien que chaque utilisateur agisse de manière logique pour maximiser son propre bénéfice, le résultat global de ces actions est néfaste pour le groupe. La tragédie des communs suggère que sans une forme de contrôle ou de gestion de la ressource, l'égoïsme naturel des individus conduit à la ruine collective.
La tragédie des communaux met en évidence le conflit entre les coûts privés et les coûts sociaux associés à l'utilisation des biens communs. Les coûts privés font référence aux coûts supportés par les individus ou les acteurs économiques dans la poursuite de leurs intérêts personnels, tandis que les coûts sociaux reflètent les coûts supportés par la société dans son ensemble, y compris les externalités négatives et les conséquences à long terme.


Dans le cas des biens communs, les acteurs individuels ont tendance à maximiser leurs propres bénéfices en utilisant la ressource commune, sans tenir compte des coûts sociaux liés à la sur-exploitation ou à la dégradation de la ressource. Chaque acteur cherche à obtenir le plus grand avantage personnel, ce qui peut conduire à une utilisation excessive ou non durable des biens communs.
En réponse à ce problème, des solutions telles que la privatisation de la ressource (attribution de droits de propriété privés), l'établissement de limites d'exploitation (quotas), ou l'instauration de systèmes de gestion communautaire ont été proposées. Elinor Ostrom a remis en question l'inévitabilité de la tragédie des communs en démontrant que des groupes d'individus sont capables de créer des systèmes de gestion durable des ressources communes à travers des règles d'auto-gestion efficaces et des sanctions pour non-respect. Les approches de gestion varient considérablement, mais elles partagent une reconnaissance commune de la nécessité de réguler l'utilisation des ressources partagées pour éviter l'épuisement et garantir leur disponibilité pour les générations futures.


Cependant, les coûts sociaux associés à la surexploitation ou à la dégradation des biens communs peuvent être importants et avoir des conséquences négatives pour l'ensemble de la société. Ces coûts sociaux peuvent inclure la dégradation de l'environnement, la diminution des ressources disponibles, la perte de biodiversité, les impacts sur la santé publique, les effets du changement climatique, et bien plus encore.
=== Coopération entre Éleveurs pour la Gestion des Communs ===
Ce tableau montre une matrice des gains nets pour deux éleveurs, Anne et John, qui doivent décider du nombre de vaches qu'ils vont faire paître sur un champ commun. L'équilibre de Nash est indiqué dans la matrice, mettant en lumière le résultat où Anne et John choisissent tous les deux de faire paître six vaches, ce qui est une stratégie non coopérative.


La tragédie des communaux met en évidence le désalignement entre les incitations individuelles et les intérêts collectifs. Les acteurs individuels peuvent ne pas internaliser les coûts sociaux de leurs actions, ce qui peut conduire à une mésallocation des ressources et à une détérioration des biens communs au détriment de la société dans son ensemble.
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Pour atténuer la tragédie des communaux, il est souvent nécessaire de mettre en place des mécanismes de régulation, de gestion collective et de coordination pour tenir compte des coûts sociaux et promouvoir une utilisation durable des biens communs. Cela peut inclure l'établissement de droits de propriété, l'imposition de réglementations et de quotas, la création de mécanismes d'incitation économique, la sensibilisation et l'éducation, ainsi que la coopération internationale lorsque les biens communs sont partagés entre plusieurs pays.
Dans cet exemple, l'équilibre de Nash survient lorsque les deux éleveurs agissent de manière non coopérative, maximisant ainsi leur propre gain immédiat sans prendre en compte l'effet de leur action sur l'autre. Si Anne et John décident tous deux de faire paître trois vaches (la stratégie coopérative), le champ peut soutenir ce nombre sans se dégrader, et ils bénéficient tous deux d'un gain net de 120. Cependant, si l'un d'eux décide de faire paître six vaches tandis que l'autre reste à trois, celui qui est non coopératif tire un bénéfice plus élevé aux dépens de l'autre. Par exemple, si Anne fait paître trois vaches et que John en fait paître six, Anne obtient un gain net de 75 tandis que John en obtient 150.


En résumé, la tragédie des communaux met en évidence le conflit entre les coûts privés et les coûts sociaux associés à l'utilisation des biens communs. La prise en compte des coûts sociaux et la mise en place de mécanismes de régulation et de gestion collective sont essentielles pour prévenir la surexploitation et la détérioration des biens communs, et pour promouvoir une utilisation durable et équitable de ces ressources.[[Fichier:Tragédie_des_communaux_-_coût_privé_versus_coût_social_1.png|400px|vignette|centré]]Le graphique représente le concept de la tragédie des communaux à l'aide de deux courbes : une courbe ascendante représentant les bénéfices individuels et une courbe descendante représentant les coûts sociaux.
L'incitation individuelle à maximiser les profits personnels conduit les deux éleveurs à choisir la stratégie non coopérative de faire paître six vaches, résultant en un gain net de 90 pour chacun. Cette situation est sous-optimale comparée à la coopération, mais c'est l'équilibre stable de la stratégie car aucun éleveur n'a d'incitation à dévier de cette stratégie tant que l'autre ne change pas. La conséquence de cette action conjointe non coopérative est que le champ est sur-exploité, l'herbe ne peut pas se renouveler, ce qui diminue la qualité du champ pour tous les éleveurs.


* L'axe horizontal représente la quantité d'utilisation des ressources communes, allant de zéro à un niveau maximum.
Cette situation illustre la "tragédie des communs", où des individus, agissant indépendamment et rationnellement selon leur propre intérêt personnel, finissent par épuiser une ressource partagée, malgré le fait que cela va à l'encontre de l'intérêt à long terme de la communauté, y compris le leur. La gestion "responsable" du champ commun n'est pas attrayante pour les individus car le bénéfice d'une telle gestion est minime, surtout si les autres éleveurs ne se comportent pas de manière responsable. La conséquence directe est une dégradation de la ressource partagée au détriment de tous.
* L'axe vertical représente le bénéfice ou le coût, avec des valeurs positives indiquant le bénéfice individuel ou le coût privé, et des valeurs négatives indiquant le coût social.


La courbe des bénéfices individuels commence à un niveau bas, illustrant le bénéfice initial que les individus tirent de l'utilisation des ressources communes. À mesure que la quantité d'utilisation augmente, la courbe monte progressivement, indiquant que les bénéfices individuels augmentent également. Cela reflète l'incitation individuelle à maximiser le bénéfice personnel en utilisant davantage des ressources communes.
=== Gestion des Zones de Pêche Partagées ===
Le problème des zones de pêche illustre parfaitement la complexité de la gestion des biens communs qui sont soumis à la rivalité et à la difficulté d'exclusion. Les océans sont vastes et il est souvent techniquement ou économiquement impraticable d'exclure de nouveaux acteurs de l'exploitation des zones de pêche. Cependant, la ressource poissonnière, bien qu'apparemment abondante, est en réalité limitée et extrêmement sensible à la surpêche.


La courbe des coûts sociaux commence à un niveau relativement bas, montrant que les coûts pour la société dans son ensemble sont initialement limités. Cependant, à mesure que la quantité d'utilisation des ressources communes augmente, la courbe des coûts sociaux s'élève rapidement, illustrant que les externalités négatives et les conséquences pour la société augmentent également. Cela peut inclure des problèmes tels que la dégradation de l'environnement, la diminution des ressources, la perte de biodiversité, etc.
Lorsque trop de bateaux pêchent dans une zone donnée, ils entrent en compétition pour une ressource qui se raréfie, ce qui est un cas classique de rivalité. Même si chaque pêcheur comprend qu'il serait bénéfique à long terme de limiter les prises pour permettre aux stocks de poissons de se régénérer, il existe une incitation immédiate à pêcher autant que possible. Cela est dû au risque que si un pêcheur ne capture pas le poisson, un autre le fera. Cette logique mène à une surexploitation des stocks de poissons, ce qui peut conduire à l'effondrement des populations de poissons, nuisant ainsi à l'écosystème marin et aux communautés de pêcheurs qui dépendent de ces ressources pour leur survie.


La tragédie des communaux se produit lorsque les courbes des bénéfices individuels et des coûts sociaux se croisent. À ce stade, les coûts sociaux dépassent les bénéfices individuels, indiquant que l'utilisation excessive des ressources communes a des conséquences néfastes pour la société dans son ensemble. Cela peut conduire à une surexploitation ou à la dégradation des ressources communes, mettant en péril leur durabilité à long terme.
C'est là qu'intervient la nécessité d'une régulation par une instance publique. De telles régulations peuvent inclure des quotas de pêche, qui limitent la quantité de poissons qu'un bateau peut capturer, des périodes de fermeture pendant lesquelles la pêche est interdite pour permettre la reproduction des poissons, ou des règlements qui déterminent les types d'engins de pêche autorisés afin de réduire la capture accidentelle d'espèces non ciblées.


L'objectif de la régulation et de la gestion des biens communs est de trouver un équilibre où les bénéfices individuels et les coûts sociaux sont pris en compte de manière équilibrée. Cela peut être réalisé en instaurant des mécanismes de gestion, tels que des quotas, des règles de gestion collective, des incitations économiques, etc., afin de limiter l'utilisation excessive et de préserver la durabilité des ressources communes.
La mise en œuvre de ces règlementations requiert une coopération internationale, car les poissons ne connaissent pas de frontières et les zones de pêche peuvent s'étendre sur plusieurs juridictions nationales. Les organisations internationales et les accords de pêche jouent donc un rôle crucial dans la coordination des efforts de conservation et de gestion des pêcheries. De plus, les mesures de conservation doivent être accompagnées de surveillance et d'application pour être efficaces, ce qui peut s'avérer difficile en haute mer.


= Allocation du bien public =
En fin de compte, la régulation des zones de pêche est un problème complexe qui nécessite une approche équilibrée pour protéger les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs tout en préservant la durabilité des écosystèmes marins pour les générations futures.


== Offre optimale ==
=== Les Mécanismes de Régulation et leur Importance ===
Sur le marché d'un '''bien privé''', les consommateurs peuvent choisir la quantité optimale du bien en fonction de leurs préférences individuelles et du prix du bien. Chacun a une demande individuelle qui dépend de ses propres besoins, préférences et capacités financières.
Lorsque des ressources naturelles, comme les zones de pêche, sont partagées entre plusieurs pays, la nécessité d'une gestion et d'une régulation transfrontalières devient particulièrement aiguë. Les océans ne connaissent pas de frontières, et les stocks de poissons migrent et se mélangent à travers les eaux internationales et les zones économiques exclusives de différents pays. Dans de tels contextes, l'action unilatérale n'est pas suffisante pour assurer la durabilité à long terme des stocks de poissons, et la coopération internationale devient impérative.


Dans le cas d'un bien privé, les consommateurs peuvent ajuster leur consommation en fonction du prix. Lorsque le prix est élevé, la demande est généralement plus faible, et lorsque le prix est bas, la demande est généralement plus élevée. Les consommateurs évaluent le bien en fonction de son utilité individuelle et de leur capacité à payer.
Les articles comme celui du "The Economist" de 2005, The tragedy of the commons, et les défis contemporains de la gestion des ressources communes mettent en évidence la difficulté de parvenir à des accords et à une action collective. Pour résoudre ces problèmes, des instances supranationales telles que les Nations Unies et ses diverses agences, ou des organisations régionales de gestion de la pêche, sont souvent appelées à jouer un rôle de coordination et de régulation. Ces organisations peuvent aider à négocier des traités internationaux qui fixent des quotas de pêche, des saisons de pêche, et des mesures de conservation, et qui sont contraignants pour les pays signataires.


Le marché d'un bien privé atteint un équilibre où l'offre et la demande se rencontrent, déterminant un prix et une quantité d'équilibre. À ce point d'équilibre, chaque consommateur obtient une quantité du bien qui lui procure le plus haut niveau d'utilité compte tenu du prix. Cela est souvent représenté par une courbe de demande individuelle et une courbe d'offre, qui se croisent au niveau de l'équilibre du marché.
Ces problématiques de gestion des ressources naturelles communes trouvent également des parallèles dans les questions de changement climatique, notamment avec l'impact des émissions de CO2 sur l'atmosphère. L'atmosphère est un bien commun à l'échelle planétaire, et les émissions de CO2 d'un pays affectent le climat mondial. Ainsi, les accords internationaux comme le Protocole de Kyoto de 1997 et l'Accord de Copenhague de 2009 sont des tentatives de réguler collectivement ces émissions. Ces accords visent à établir des cadres juridiquement contraignants pour les pays signataires afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de limiter ainsi le réchauffement climatique.


Il est important de noter que dans le cas des biens publics, la situation est différente. Étant donné que les biens publics sont non rivaux et non exclusifs, il n'est pas possible d'attribuer différentes quantités individuelles en fonction du prix. Tous les consommateurs ont un accès égal au bien public une fois qu'il est fourni.
Cependant, de tels accords font face à des défis similaires à ceux de la "tragédie des communs", où chaque pays a une incitation à maximiser son développement économique et à minimiser les coûts de la réduction des émissions, tout en bénéficiant des efforts de réduction entrepris par les autres pays. C'est pourquoi la réussite de ces accords dépend non seulement de l'engagement des pays développés, qui sont historiquement les plus grands émetteurs, mais aussi de l'implication des pays en développement, qui sont les sources les plus importantes d'augmentation des émissions. La gouvernance climatique mondiale repose donc sur la capacité des pays à dépasser leurs intérêts immédiats et à collaborer pour le bien commun à long terme.


Ainsi, lorsqu'il s'agit de déterminer la quantité optimale d'un bien public à fournir, d'autres considérations entrent en jeu. Les décisions sont généralement prises par des autorités publiques ou des organismes de gouvernance pour déterminer la quantité qui maximise le bien-être social ou l'efficacité économique. Des critères tels que l'évaluation des avantages sociaux, les coûts de production et les préférences collectives sont pris en compte pour établir la quantité optimale à fournir.
== La Tragédie des Communs : Comparaison des Coûts Privés et Sociaux ==


En résumé, dans le cas des biens privés, les consommateurs choisissent leur propre quantité optimale en fonction de leurs préférences individuelles et du prix. Cependant, dans le cas des biens publics, la quantité optimale à fournir est déterminée par des considérations collectives et est souvent décidée par des autorités publiques ou des organismes de gouvernance.
La tragédie des communs met en évidence une discordance fondamentale entre les coûts privés et les coûts sociaux liés à l'utilisation des ressources partagées. Dans ce scénario, le coût privé est le coût personnel qu'un individu ou une entreprise engage lorsqu'il utilise une ressource commune. Par exemple, pour un pêcheur, cela pourrait être le coût de l'essence pour son bateau, le temps passé à pêcher, ou l'usure de son équipement. Le coût social, en revanche, inclut tous les coûts privés plus les coûts externes que les actions de l'individu imposent à la société — dans ce cas, la diminution des stocks de poissons disponibles pour les autres en raison de la surpêche.


Pour un '''bien public''', la question porte davantage sur la détermination du prix à payer pour une quantité donnée du bien public, étant donné sa non-rivalité dans la consommation.
Dans une situation de tragédie des communs, les individus ou les entreprises considèrent principalement leurs coûts privés lorsqu'ils prennent des décisions sur combien prélever de la ressource commune. Cela conduit à une surutilisation de la ressource, car les coûts sociaux ne sont pas pris en compte dans leur prise de décision individuelle. Si un pêcheur peut augmenter ses gains immédiats en pêchant plus, il a peu d'incitations à se retenir, même si la surpêche réduit les stocks de poissons et nuit à l'ensemble de la communauté de pêcheurs à long terme.


Dans le cas d'un bien public, où la consommation par un individu n'empêche pas la consommation par d'autres individus, il est souvent difficile de mesurer directement la valeur marginale ou la volonté de payer de chaque individu. Cependant, il est généralement souhaitable que la somme des bénéfices marginaux, ou des volontés de payer, pour une quantité donnée du bien public soit égale ou au moins se rapproche du coût de production du bien public.
La conséquence est que chaque utilisateur de la ressource commune, en poursuivant son propre intérêt, contribue à une situation où la ressource est tellement exploitée qu'elle devient moins disponible ou même épuisée pour tous, y compris pour celui qui a contribué à sa surexploitation. Les utilisateurs finaux se retrouvent donc dans une position pire que si chacun avait limité sa consommation de la ressource. Cela démontre un conflit entre l'optimalité à court terme pour les individus et l'optimalité à long terme pour le groupe.


L'idée d'une fourniture efficiente de biens publics est que chaque individu devrait contribuer à la mesure de sa volonté de payer, c'est-à-dire que chaque individu paie l'équivalent de la valeur qu'il attribue au bien public. Cela permettrait d'aligner les coûts supportés par les individus avec les bénéfices qu'ils retirent de la consommation du bien public.
La solution traditionnelle à la tragédie des communs est la régulation, qui peut prendre la forme de droits de propriété clairement définis, de quotas, de taxes ou de normes légales, encourageant les utilisateurs à prendre en compte les coûts sociaux de leurs actions. Ces régulations sont conçues pour limiter l'utilisation de la ressource commune à un niveau durable, s'alignant ainsi les coûts privés sur les coûts sociaux et évitant l'épuisement de la ressource.


Dans ce contexte, il est possible d'avoir la même quantité de bien public fournie à des prix différents pour différents individus. Chaque individu paierait selon sa volonté de payer, ce qui pourrait varier en fonction de ses préférences individuelles, de sa capacité financière ou de l'utilité qu'il attribue au bien public.
[[Fichier:Tragédie_des_communaux_-_coût_privé_versus_coût_social_1.png|400px|vignette|centré]]


Cette approche permet d'atteindre une forme de tarification différenciée pour les biens publics, où chaque individu contribue en fonction de sa propre appréciation et valeur du bien public. Cela peut également contribuer à assurer une meilleure allocation des ressources en tenant compte des préférences individuelles et de la valeur attribuée par chaque individu au bien public.


En résumé, pour un bien public, la question porte sur la détermination du prix à payer pour une quantité donnée du bien public. Une approche efficace consiste à faire en sorte que la somme des bénéfices marginaux ou des volontés de payer des individus soit égale ou se rapproche du coût de production du bien public. Cela peut conduire à des prix différents pour la même quantité de bien public, chaque individu contribuant selon sa propre volonté de payer.
Ce graphique économique illustre le concept de la tragédie des communs appliqué à la pêche, montrant la différence entre les coûts marginaux privés et sociaux et comment cela affecte la quantité de poissons pêchés.


== Demandes individuelles et demande agrégée : bien privé ==
Dans le graphique, l'axe vertical représente le prix du poisson, tandis que l'axe horizontal représente la quantité de poisson. La ligne verticale étiquetée "Bénéfice privé/social = Demande" reflète la demande de poisson ; elle indique combien les consommateurs sont prêts à payer pour chaque quantité de poisson. La demande est considérée comme étant à la fois le bénéfice privé (ce que les pêcheurs reçoivent pour leur poisson) et le bénéfice social (la valeur du poisson pour la société).
Dans le cas des biens privés, la demande individuelle fait référence à la quantité spécifique d'un bien qu'un consommateur est prêt à acheter à un certain prix, en fonction de ses préférences individuelles et de sa capacité financière. Chaque consommateur a une demande individuelle qui peut varier en fonction de ses goûts, de ses besoins et de ses contraintes budgétaires.


La demande individuelle est représentée par une courbe de demande individuelle, qui illustre la relation inverse entre le prix du bien et la quantité demandée par un consommateur donné. Lorsque le prix est élevé, la quantité demandée est généralement faible, et lorsque le prix baisse, la quantité demandée a tendance à augmenter.
La ligne verte, étiquetée "cm Privé", représente le coût marginal privé, qui est le coût supporté par les pêcheurs pour chaque unité supplémentaire de poisson capturée. Ce coût inclut le carburant, l'amortissement du bateau, la main d'œuvre, etc. À l'intersection de la ligne de demande et du coût marginal privé, nous trouvons la quantité de marché <math>Q^*_{Marche}</math>​ et le prix privé <math>P^*_{Sociale}</math>​, qui sont la quantité et le prix qui seraient réalisés dans un marché sans intervention où les pêcheurs ne considèrent que leurs coûts privés.


La demande agrégée, en revanche, fait référence à la quantité totale d'un bien qui est demandée par tous les consommateurs d'un marché donné à différents niveaux de prix. La demande agrégée est obtenue en agrégeant les demandes individuelles de tous les consommateurs du marché.
La ligne rouge, étiquetée "cm Social", représente le coût marginal social, qui inclut à la fois les coûts privés et les coûts externes (comme la dégradation de l'écosystème, la perte de biodiversité, et les impacts sur les communautés de pêcheurs à long terme). Lorsque ces coûts externes sont pris en compte, le coût marginal social est plus élevé que le coût marginal privé. L'intersection de la ligne de demande avec le coût marginal social donne la quantité sociale optimale <math>Q^*_{Sociale}</math> et le prix social PSocial∗​. Cette quantité est inférieure à la quantité de marché, reflétant le fait qu'une fois les coûts externes pris en compte, la quantité socialement optimale de pêche est plus basse pour éviter la surpêche.


La demande agrégée est également représentée par une courbe de demande, appelée courbe de demande agrégée, qui illustre la relation inverse entre le prix du bien et la quantité totale demandée sur le marché. Lorsque le prix est élevé, la demande agrégée est généralement plus faible, et lorsque le prix baisse, la demande agrégée a tendance à augmenter.
Ce graphique montre que, sans régulation, les pêcheurs sont susceptibles de pêcher une quantité <math>Q^*_{Marche}</math>​ qui est supérieure à la quantité socialement optimale <math>Q^*_{Sociale}</math>​, menant à une sur-exploitation de la ressource. La régulation, telle que l'imposition de quotas de pêche ou d'autres mécanismes de gestion, est nécessaire pour réduire la quantité pêchée de <math>Q^*_{Marche}</math> à <math>Q^*_{Sociale}</math>, minimisant ainsi les coûts sociaux et préservant la ressource poissonnière pour les générations futures.


Il est important de noter que la demande agrégée est la somme des demandes individuelles à chaque niveau de prix. La courbe de demande agrégée est donc obtenue en ajoutant horizontalement les quantités demandées par chaque consommateur à chaque prix.[[Fichier:Demandes individuelles et demande agrégée bien privé 1.png|400px|vignette|centré|Au prix d'équilibre de marché, chaque consommateur consomme une quantité différente du bien]]Au prix d'équilibre de marché pour un bien privé, chaque consommateur consomme en effet la même quantité du bien.
= Stratégies d'Allocation des Biens Publics =


Dans un marché concurrentiel, le prix d'équilibre est atteint lorsque l'offre et la demande se rencontrent, c'est-à-dire que la quantité offerte est égale à la quantité demandée. À ce prix d'équilibre, tous les consommateurs qui sont prêts à acheter le bien à ce prix peuvent acheter la même quantité du bien.
== Déterminer l'Offre Optimale d'un Bien Public ==
La fourniture d'un bien public pose des défis uniques par rapport à celle d'un bien privé. Pour un bien privé, le marché permet généralement de déterminer à la fois le prix et la quantité de biens consommés. Les consommateurs individuels achètent des quantités différentes d'un bien privé en fonction de leur propre évaluation de l'utilité marginale du bien et de leur volonté de payer, ce qui est reflété dans la courbe de demande du marché. L'équilibre de marché se produit au point où la courbe de demande croise la courbe de l'offre, indiquant la quantité optimale du bien privé qui sera produite et consommée au prix du marché.


L'équilibre du marché se produit lorsque chaque consommateur maximise son utilité en achetant la quantité du bien qui lui procure le plus de satisfaction compte tenu du prix. La quantité consommée par chaque consommateur est donc déterminée par son évaluation individuelle du bien, ses préférences et sa capacité financière, mais une fois que le prix d'équilibre est établi, chaque consommateur achète la même quantité du bien.
Pour un bien public, cependant, le processus est plus complexe. Étant donné que les biens publics sont caractérisés par la non-rivalité, la consommation du bien par une personne n'empêche pas sa consommation par une autre. Cela signifie que la même quantité du bien est disponible pour tous les individus, quel que soit le montant qu'ils paient individuellement. La question devient alors de déterminer non pas combien chaque personne consommera pour un prix donné, mais plutôt quel montant chaque personne devrait contribuer pour la quantité donnée du bien public.


En résumé, au prix d'équilibre de marché pour un bien privé, chaque consommateur consomme la même quantité du bien, car c'est le niveau de consommation qui maximise l'utilité individuelle compte tenu du prix.
La fourniture efficiente d'un bien public requiert que la somme des bénéfices marginaux individuels, qui sont les montants que chaque personne est disposée à payer pour une unité supplémentaire du bien, soit égale au coût marginal de production de ce bien. En d'autres termes, le bien public devrait être produit jusqu'au point où le coût de fournir une unité supplémentaire est exactement égal à la somme totale que les individus sont prêts à payer pour cette unité supplémentaire.


== Demandes individuelles et demande agrégée : bien public ==
Cependant, déterminer la volonté de payer pour un bien public est difficile car les individus ont une incitation à sous-déclarer leur véritable volonté de payer afin de bénéficier du bien sans contribuer à son coût (le problème du passager clandestin). Pour cette raison, la contribution individuelle pour le financement des biens publics est souvent déterminée par le biais de taxes ou d'autres mécanismes obligatoires, et non pas par des paiements volontaires. En fin de compte, la décision sur la quantité de bien public à fournir et la méthode de financement est généralement prise par le gouvernement ou une autre autorité publique, en tenant compte des coûts de production, des bénéfices marginaux pour la société, et des considérations d'équité.
En ce qui concerne les biens publics, la situation diffère des biens privés. En raison de la non-exclusion et de la non-rivalité, la quantité consommée du bien public est la même pour tous les individus. Cependant, chaque individu peut payer un prix différent pour le bien public.


Dans un contexte de bien public, la demande individuelle ne dépend pas du prix, car les individus ne peuvent pas être exclus de la consommation du bien public. Par conséquent, chaque individu a une demande de consommation maximale pour le bien public, qui est la même pour tous.
== Comprendre les Demandes Individuelles et Agrégées pour les Biens Privés ==
Pour un bien privé, la demande individuelle correspond à la quantité de ce bien qu'une personne est prête à acheter à différents prix. La demande agrégée, ou demande du marché, est la somme des demandes individuelles pour le bien à chaque prix. Elle représente la quantité totale que tous les consommateurs sont prêts à acheter à chaque niveau de prix.


La demande agrégée pour le bien public est obtenue en ajoutant horizontalement les quantités demandées par chaque individu à chaque niveau de prix. La courbe de demande agrégée pour un bien public représente donc la somme horizontale des demandes individuelles.
Le processus d'agrégation des demandes individuelles pour former la demande du marché est relativement simple pour les biens privés :


En ce qui concerne le prix, il est souvent déterminé par un processus de financement collectif, tel que l'imposition ou les subventions gouvernementales. Chaque individu peut alors payer un prix différent pour le bien public en fonction de sa capacité financière, de son revenu ou d'autres facteurs pertinents.
# Établissement des courbes de demande individuelles : Chaque consommateur a une courbe de demande qui reflète sa volonté de payer en fonction de son utilité marginale pour le bien. Cette courbe montre combien d'unités du bien le consommateur achèterait à différents prix.
# Agrégation horizontale : La demande du marché est obtenue en additionnant horizontalement les quantités de tous les consommateurs à chaque niveau de prix. Cela signifie que pour un prix donné, on additionne les quantités que chaque consommateur est prêt à acheter pour obtenir la quantité totale demandée sur le marché à ce prix.
# Établissement de la courbe de demande du marché : La courbe de demande agrégée du marché est alors tracée en prenant en compte les quantités totales demandées à chaque prix. Cette courbe a généralement une pente négative, montrant que la quantité demandée augmente à mesure que le prix diminue.


L'objectif de la fourniture de biens publics n'est pas de maximiser les bénéfices ou les profits, mais plutôt de maximiser le bien-être social ou de répondre à des objectifs spécifiques tels que l'équité ou l'efficacité économique. Par conséquent, la fixation du prix dans le cas des biens publics peut différer de celle des biens privés et être basée sur des considérations de politique publique et de redistribution des coûts.[[Fichier:Demandes individuelles et demande agrégée bien public 1.png|400px|vignette|centré]]Si le prix d'un bien public était établi de manière équivalente au coût marginal de production (Cm) dans un marché privé, l'offre du bien serait susceptible d'être sous-optimale ou nulle.
L'équilibre de marché pour un bien privé est atteint au point où la courbe de demande croise la courbe d'offre du marché. À ce point, le nombre d'unités que les consommateurs souhaitent acheter correspond au nombre d'unités que les producteurs souhaitent vendre, et le prix auquel ces deux quantités s'égalisent est le prix d'équilibre.


Dans un marché privé, où les biens sont caractérisés par l'exclusion et la rivalité dans la consommation, le prix est généralement fixé en fonction du coût marginal de production. Les entreprises évaluent les coûts de production pour déterminer le prix auquel elles peuvent vendre leurs produits tout en réalisant un bénéfice. Cette approche incite les producteurs à fournir des quantités du bien correspondant à la demande du marché.
Ce mécanisme de marché assure que les ressources sont allouées efficacement : les biens privés sont produits et consommés dans des quantités qui maximisent le bien-être des consommateurs, tant que les marchés sont compétitifs et qu'il n'y a pas de défaillances de marché telles que les externalités ou l'information imparfaite.


Cependant, pour les biens publics, la situation est différente. Les biens publics se caractérisent par la non-exclusion et la non-rivalité dans la consommation. Cela signifie que les individus ne peuvent être exclus de la consommation du bien public, et la consommation d'un individu n'affecte pas la disponibilité du bien pour les autres.
[[Fichier:Demandes individuelles et demande agrégée bien privé 1.png|400px|vignette|centré|Au prix d'équilibre de marché, chaque consommateur consomme une quantité différente du bien]]


Si le prix d'un bien public était établi équivalent au coût marginal de production, cela signifierait que chaque individu devrait payer le coût marginal pour chaque unité de bien consommée. Cependant, étant donné la non-exclusion, les individus pourraient être enclins à profiter du bien public sans payer, car ils peuvent en bénéficier même sans contribuer financièrement.
Ce graphique illustre comment les demandes individuelles sont agrégées pour former la demande du marché pour un bien privé. Nous avons deux graphiques séparés représentant deux consommateurs différents, chacun avec sa propre courbe de demande, indiquée par D1​ et D2​. Chaque consommateur a un point sur sa courbe de demande où le prix d'équilibre du marché, représenté par l'axe vertical P, correspond à la quantité qu'il ou elle est prêt(e) à consommer, représentée par q1​ et q2​ respectivement.


Cette situation créerait une divergence entre la valeur réelle que les individus attribuent au bien public et les coûts qu'ils sont prêts à supporter pour le consommer. Certains individus pourraient être disposés à payer plus que le coût marginal, tandis que d'autres pourraient ne pas être disposés à payer du tout.
Le troisième graphique combine ces deux demandes individuelles. La courbe de demande du marché D est la somme horizontale des quantités q1​ et q2​ que les deux consommateurs sont prêts à acheter au prix d'équilibre du marché. La ligne horizontale verte, étiquetée Cm=0, indique que le coût marginal de production du bien est nul. Dans la réalité, cela serait rare pour un bien privé, mais cela peut être utilisé pour illustrer un scénario hypothétique ou un bien public où le coût marginal de fournir le bien à un consommateur additionnel est nul.


En conséquence, si le prix était équivalent au coût marginal de production dans un marché privé pour les biens publics, l'offre du bien pourrait être sous-optimale ou nulle. Les producteurs ne seraient pas incités à fournir le bien public en raison de l'absence de sources de financement adéquates pour couvrir les coûts de production.
Ce qui est crucial à comprendre ici est que, bien que le prix d'équilibre soit le même pour tous les consommateurs dans le marché, la quantité consommée peut varier d'un individu à l'autre en fonction de leurs préférences personnelles et de leur volonté de payer. Cette variation est représentée par les différentes quantités q1​ et q2​ sur les courbes de demande individuelles. La demande du marché reflète la somme de toutes les demandes individuelles à ce prix.


Pour remédier à cela, des mécanismes de financement alternatifs sont souvent mis en place pour assurer la fourniture des biens publics. Cela peut inclure des financements publics par le biais de l'imposition, des subventions gouvernementales ou d'autres formes de contribution obligatoire. Ces mécanismes visent à aligner les coûts de production du bien public avec la valeur que les individus lui attribuent et à garantir une offre adéquate pour répondre à la demande sociale.
Le graphique en bas, avec les courbes en pointillé, semble montrer l'agrégation de ces demandes individuelles pour former la courbe de demande du marché. L'agrégation horizontale est une représentation graphique de la somme des quantités demandées par tous les individus à chaque niveau de prix pour obtenir la courbe de demande totale du marché. Cette courbe de demande du marché est ensuite utilisée pour déterminer la quantité totale du bien qui sera consommée au prix d'équilibre dans le marché global.


== Exemple ==
== Analyse des Demandes Individuelles et Agrégées pour les Biens Publics ==
Les individus ayant des volontés de payer différentes, il est nécessaire de trouver un moyen d'équilibrer ces différences pour atteindre une quantité optimale du bien public.


Dans le cas d'une entreprise privée de voirie, elle ne pourrait pas financer le service en se basant uniquement sur les volontés de payer individuelles, en raison du problème du passager clandestin et des préférences non révélées. Les individus peuvent avoir une incitation à minimiser leur volonté de payer afin de bénéficier du service sans avoir à supporter pleinement le coût.
Pour un bien public, la logique de demande individuelle et de demande agrégée diffère considérablement de celle des biens privés en raison de la non-rivalité dans la consommation. Pour un bien public, chaque individu consomme la même quantité du bien, car la consommation par une personne n'empêche pas et ne diminue pas la consommation par une autre. Par exemple, une fois qu'un phare est construit, tous les bateaux naviguant à proximité bénéficient de sa lumière, quel que soit le montant qu'ils ont payé pour ce service.


L'intervention de l'État devient nécessaire pour évaluer les bénéfices sociaux du service de voirie et déterminer une quantité optimale en prenant en compte l'ensemble de la population. L'État dispose du pouvoir de coercition pour collecter les fonds nécessaires à la fourniture du bien public.
Le prix que chaque individu paie pour ce bien public peut varier considérablement et ne correspond pas nécessairement au coût marginal de fourniture du bien, car le coût marginal de fournir le bien à une personne additionnelle est souvent nul ou très faible. Si on appliquait la logique du marché privé, où les prix sont fixés égaux au coût marginal (Cm), on pourrait ne pas fournir le bien public du tout ou en quantité insuffisante, car les coûts fixes de production d'un bien public sont généralement élevés et ne seraient pas couverts si chaque utilisateur ne paie que le coût marginal.


La question de l'évaluation des bénéfices et de la répartition du fardeau entre les citoyens est en effet délicate. L'État peut utiliser diverses méthodes pour estimer les bénéfices sociaux, telles que des enquêtes, des études économiques ou des consultations publiques. Cependant, il est vrai qu'il peut être difficile de connaître précisément les préférences de chaque individu, car celles-ci peuvent varier et ne sont pas toujours facilement mesurables.
Ainsi, pour assurer une fourniture optimale d'un bien public, il est souvent nécessaire que la contribution de chaque individu soit déterminée autrement que par le marché. Cette contribution peut être établie par la taxation, où chacun paie un montant calculé non pas sur la base de l'utilisation personnelle, mais plutôt sur la capacité de payer, la valeur perçue du bien, ou par d'autres considérations d'équité et d'efficience.


La répartition du fardeau financier entre les citoyens peut également être un défi, car il existe des considérations d'équité et de capacité de paiement. L'État peut utiliser des mécanismes fiscaux progressifs ou d'autres méthodes de tarification pour tenter de répartir le fardeau de manière équitable.
L'objectif est que la somme des contributions couvre le coût total de fourniture du bien. Pour y parvenir, le gouvernement ou l'organisme public fournissant le bien doit évaluer la volonté de payer totale pour le bien et la comparer au coût de fourniture. Si la somme des valeurs que les individus placent sur le bien (leur volonté de payer) est supérieure au coût de production, le bien devrait être fourni. La méthode exacte pour répartir ces coûts parmi les individus peut être complexe et dépend de nombreux facteurs, notamment des considérations politiques et sociales.


En somme, l'État joue un rôle essentiel dans l'évaluation des bénéfices sociaux, la détermination de la quantité optimale et la répartition du financement pour les biens publics tels que le service de voirie des rues. Bien que les questions d'évaluation et de répartition puissent être complexes, elles nécessitent une prise de décision éclairée basée sur des considérations d'intérêt public, d'équité et de participation citoyenne.
[[Fichier:Demandes individuelles et demande agrégée bien public 1.png|400px|vignette|centré]]


== Analyse coûts-bénéfice ==
Ces graphiques économiques décrivent la demande pour un bien public par deux individus, ainsi que la demande agrégée. Dans les deux premiers graphiques, on voit les demandes individuelles D1​ et D2​ pour deux individus, avec les bénéfices marginaux (Bm) qu'ils retirent de différentes quantités du bien public. Le bénéfice marginal est représenté sur l'axe vertical et la quantité du bien public sur l'axe horizontal.
L'analyse coûts-bénéfices est une approche couramment utilisée pour évaluer les biens publics et prendre des décisions éclairées en matière de quantité optimale, de financement et de fourniture de ces biens.


L'analyse coûts-bénéfices consiste à évaluer et quantifier tous les coûts et bénéfices, tant monétaires que non monétaires, associés à un bien public donné. Cela comprend l'identification et la mesure des coûts financiers directs, tels que les dépenses de production et de maintenance, ainsi que des coûts indirects, tels que les externalités négatives (pollution, congestion) ou les coûts d'opportunité.
Pour chaque individu, le bénéfice marginal diminue avec l'augmentation de la quantité du bien consommé, ce qui est une représentation standard de la décroissance du bénéfice marginal. Le prix égal au coût marginal (Prix=Cm) est indiqué par une ligne pointillée horizontale. Pour un bien public, le coût marginal de fourniture à un consommateur additionnel est souvent très faible, voire nul, après que le bien a été produit.


D'un autre côté, les bénéfices doivent également être évalués. Cela peut inclure des avantages directs, tels que l'amélioration de la qualité de vie, l'efficacité économique accrue ou la réduction des coûts futurs, ainsi que des bénéfices indirects, tels que les externalités positives (amélioration de l'environnement, du bien-être social) ou les gains de productivité.
Dans le troisième graphique, nous voyons la demande agrégée pour le bien public, qui est simplement la somme verticale des demandes individuelles à chaque niveau de quantité. La somme verticale est utilisée car, contrairement aux biens privés, chaque individu peut consommer la même quantité du bien public sans réduire la quantité disponible pour les autres. Le coût marginal collectif est indiqué par la ligne verte horizontale (Cm) et il est marqué comme étant égal à zéro, ce qui est typique pour de nombreux biens publics.


Une fois que tous les coûts et bénéfices pertinents ont été identifiés et quantifiés, une comparaison entre les deux est effectuée pour déterminer si les bénéfices l'emportent sur les coûts. Cette comparaison permet de prendre une décision éclairée sur la quantité optimale du bien public, ainsi que sur la façon dont les coûts seront financés et répartis.
Ce que le graphique suggère, c'est que pour atteindre une efficacité dans la fourniture d'un bien public, la somme des bénéfices marginaux (les sommes verticales des volontés de payer des individus à chaque niveau de quantité) devrait être égale au coût marginal de production du bien. Comme le coût marginal est très bas ou nul, cela signifie que la quantité fournie devrait être là où la demande agrégée coupe le coût marginal, ce qui est le maximum total des bénéfices marginaux.


L'analyse coûts-bénéfices peut aider à évaluer si la fourniture d'un bien public est socialement bénéfique, en considérant les préférences individuelles et collectives, ainsi que les conséquences à long terme. Elle fournit une approche structurée pour évaluer et comparer les différentes options, et peut aider les décideurs à prendre des décisions informées et transparentes.
Cependant, le graphique pose une question sous la forme de Cm=Prix? avec une valeur de zéro, ce qui soulève le problème de comment financer le bien. Si le coût marginal est nul, mais que le coût total de production n'est pas couvert, il faudrait trouver un moyen de financer ce coût. Cela pourrait impliquer des mécanismes de financement collectifs, comme les taxes ou les contributions publiques, qui ne sont pas directement liées à la consommation individuelle mais plutôt à la capacité de payer ou à la valeur perçue du bien par chaque individu.


Une question fondamentale concerne l'estimation des bénéfices et des coûts pour la société d'un bien public lorsque les prix ne sont pas disponibles ou ne reflètent pas pleinement la valeur sociale de ces biens. Cela peut être particulièrement complexe lorsqu'il s'agit d'évaluer des biens publics tels qu'une ambassade, un zoo, des routes plus sûres, la conservation de la biodiversité ou la valeur d'une forêt. Dans de tels cas, des méthodes d'évaluation économique non monétaire peuvent être utilisées pour estimer les bénéfices et les coûts. Ces méthodes incluent l'évaluation contingente, l'analyse de la valeur économique totale, l'analyse des choix discrets et d'autres approches basées sur des enquêtes et des études empiriques.  L'évaluation contingente consiste à interroger directement les individus pour estimer leur volonté de payer (WTP) ou leur volonté d'accepter (WTA) pour un bien public donné. Les enquêtes peuvent poser des questions hypothétiques sur la valeur qu'une personne attache au bien public, afin de déterminer une estimation de sa valeur sociale. L'analyse de la valeur économique totale cherche à estimer l'ensemble des valeurs attribuées à un bien public, qu'elles soient marchandes ou non marchandes. Elle inclut la valeur d'usage direct, la valeur d'usage indirect, la valeur d'option et la valeur d'existence. Par exemple, pour une forêt, cela peut inclure la valeur récréative, la valeur de préservation de la biodiversité, la valeur esthétique, etc. L'analyse des choix discrets est une autre méthode utilisée pour évaluer les bénéfices et les coûts. Elle implique de présenter aux individus différentes options et de mesurer leurs préférences en fonction des choix qu'ils font. Cela permet de déterminer la valeur qu'ils attribuent à différents attributs du bien public.
== Études de Cas Pratiques ==
Par exemple, si pour avoir un service de voirie des rues donné, le coût est de 100 et que Jean est prêt à payer 20, Jacques 30 et Paul 50, on a la quantité optimale du bien public, car la somme des volontés de payer est égale au coût de production du service. Or, une entreprise privée de voirie ne pourrait pas financer ce service en faisant payer chacun selon sa volonté de payer à cause du problème de passager clandestin et des préférences non-révélées. L'État, de son côté, pourra procéder à une évaluation des bénéfices du service de voirie et, une fois établie la quantité optimale, grâce à son pouvoir de coercition, obliger les citoyens à se partager son financement. (Mais, comment évaluer le bénéfice et répartir au mieux le fardeau entre citoyens si l'État lui-même ne connait pas les préférences de chacun? → questions très délicates...)


Cependant, l'estimation des bénéfices et des coûts pour les biens publics implique souvent des valeurs subjectives et des préférences individuelles et collectives qui peuvent varier. Il n'existe pas de méthode unique et parfaitement précise pour évaluer ces biens. Les résultats peuvent également dépendre du contexte, de la population ciblée et des hypothèses sous-jacentes. Dans ces situations, la consultation d'experts, de spécialistes et du public peut également être importante pour intégrer différentes perspectives et valeurs, afin de parvenir à des estimations plus complètes et équilibrées des bénéfices et des coûts. L'estimation des bénéfices et des coûts pour la société d'un bien public lorsque les prix ne sont pas disponibles ou ne reflètent pas pleinement la valeur sociale implique l'utilisation de méthodes d'évaluation économique non monétaire et la prise en compte de différentes perspectives et valeurs. Bien que des défis subsistent, ces méthodes fournissent des outils pour estimer les bénéfices et les coûts d'un bien public, même en l'absence de prix directement observables.
Cet exemple met en lumière les défis associés au financement des biens publics tels que le service de voirie. Dans ce scénario, la somme des volontés de payer de Jean, Jacques, et Paul est égale au coût de production du service, ce qui indique que la fourniture de ce service est socialement optimale. Cependant, une entreprise privée ne peut pas facilement financer ce service en faisant payer chaque individu en fonction de sa volonté de payer, car chaque individu a un incitatif à cacher sa véritable volonté de payer afin d'éviter de contribuer au coût (le problème du passager clandestin) ou de payer moins que sa véritable évaluation du service (préférences non révélées).


L'analyse des coûts et des bénéfices des biens publics peut être complexe et subjective, car elle implique souvent des valeurs et des préférences individuelles et collectives qui peuvent varier. Différents acteurs peuvent accorder un poids différent aux différents aspects et impacts liés à un bien public donné, ce qui peut conduire à des décisions différentes.
L'État, ayant le pouvoir de lever des impôts, peut financer ce service en répartissant le coût entre tous les citoyens. Il peut le faire en estimant la valeur totale que le service de voirie apporte à la communauté et en utilisant des mécanismes fiscaux pour collecter les fonds nécessaires. Néanmoins, l'évaluation des bénéfices individuels et la répartition équitable du fardeau fiscal ne sont pas des tâches simples. L'État doit prendre en compte non seulement la capacité de payer des individus, mais aussi les bénéfices indirects et les externalités positives que le service de voirie pourrait générer, comme une meilleure hygiène publique et une plus grande efficacité dans les transports, qui profitent à l'ensemble de la communauté.


Prenons l'exemple d'un barrage hydro-électrique. L'énergie générée par le barrage peut être considérée comme un bénéfice important, car elle contribue à la production d'électricité et peut répondre aux besoins énergétiques de la société. Cependant, les atteintes aux riverains, tels que les déplacements forcés, les perturbations environnementales et les conséquences sur la biodiversité, peuvent être considérées comme des coûts importants associés au projet. La manière dont ces coûts et bénéfices sont évalués et pondérés dépendra des valeurs, des priorités et des perspectives des parties prenantes impliquées dans la prise de décision. Certains peuvent accorder plus d'importance à l'énergie générée et considérer les coûts comme des externalités acceptables, tandis que d'autres peuvent donner une plus grande importance aux impacts sociaux et environnementaux et remettre en question la pertinence du projet. La prise de décision dans de tels cas peut impliquer des consultations publiques, des évaluations d'impact environnemental et social, des études économiques, ainsi que des délibérations démocratiques. L'objectif est de prendre en compte les différentes perspectives et de chercher un équilibre entre les coûts et les bénéfices, en tenant compte de l'intérêt public et du respect des droits des communautés affectées et de l'environnement. Cependant, même avec ces processus participatifs, la subjectivité et les biais peuvent persister. Les décisions peuvent être influencées par des facteurs politiques, économiques et sociaux, ainsi que par des intérêts et des pressions diverses.
Pour évaluer ces bénéfices et répartir équitablement les coûts, l'État peut utiliser différentes méthodes :


En somme, l'analyse des coûts et des bénéfices des biens publics est complexe et sujette à la subjectivité. Les décisions finales peuvent varier en fonction des valeurs et des priorités des acteurs impliqués, ainsi que des processus de prise de décision et de délibération utilisés. Il est important de chercher une approche équilibrée et transparente, en tenant compte des différentes perspectives et des impacts potentiels sur la société, les communautés et l'environnement.
* Évaluations indirectes : Utiliser des indicateurs économiques et sociaux pour estimer la valeur du service pour les citoyens.
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* Impôts généraux : Financer le service par le biais de la fiscalité générale, où les impôts sont levés sur la base de la capacité de payer et non de l'utilisation directe du service.
* Enquêtes et évaluations : Mener des enquêtes auprès des citoyens pour recueillir des données sur leur volonté de payer.
* Coûts partagés : Répartir les coûts entre les citoyens en fonction de certains critères, tels que l'utilisation de la voirie, la propriété foncière ou la localisation.


== Exemple : construction d'un pont ==
Il est important de noter que ces méthodes ont leurs propres limites et peuvent nécessiter un compromis entre l'efficacité, l'équité et la praticabilité. La clé est de trouver un équilibre qui assure la fourniture continue du service tout en maintenant le consentement et la confiance des citoyens dans la manière dont les fonds sont utilisés.


Dans l'analyse coût-bénéfice de la construction d'un pont, différents éléments doivent être pris en compte pour évaluer les coûts et les bénéfices associés. Voici une ventilation des principaux éléments :
== Fondements de l'Analyse Coûts-Bénéfices ==
L'analyse coûts-bénéfices est une approche méthodique pour évaluer la viabilité économique d'un projet public en comparant les coûts totaux aux bénéfices totaux pour la société. Cela permet aux décideurs de déterminer si les bénéfices attendus d'un bien public justifient les dépenses.


Bénéfices :
Dans le cas de biens publics, les bénéfices et les coûts ne sont pas toujours directement reflétés par des prix de marché, car ces biens ne sont généralement pas vendus ou achetés dans un marché traditionnel. Pour estimer la valeur sociale de ces biens, les économistes et les planificateurs utilisent diverses méthodes :


# Bénéfices monétaires : Les bénéfices monétaires peuvent inclure les revenus provenant du péage que les automobilistes paient pour utiliser le pont. Ces revenus peuvent être estimés en fonction du nombre de véhicules prévus, des tarifs de péage et de la durée prévue pour recouvrer les coûts de construction.
# Évaluation contingente : Cette méthode consiste à demander directement aux gens combien ils seraient prêts à payer pour un bien public ou combien ils accepteraient de recevoir pour renoncer à ce bien. Par exemple, combien les citoyens seraient-ils prêts à payer pour la conservation d'une forêt ou pour améliorer la sécurité routière ?
# Bénéfices non-monétaires : Les automobilistes peuvent également bénéficier d'un surplus de consommateur en utilisant le pont plutôt que de devoir faire un détour ou utiliser une alternative moins pratique. Cela peut se traduire par des économies de temps et d'efforts, une meilleure accessibilité à d'autres régions, une réduction des coûts de carburant, etc.
# Prix hédonistes : Cette méthode évalue l'impact de biens publics sur les prix des marchandises privées. Par exemple, la valeur d'une forêt peut être partiellement déduite de la prime que les gens sont prêts à payer pour des propriétés à proximité de cette forêt.
# Externalités positives : La construction du pont peut également avoir des externalités positives, telles qu'une augmentation du tourisme dans des régions autrement isolées. Les régions peuvent attirer plus de visiteurs en raison de la facilité d'accès offerte par le pont, ce qui peut stimuler l'économie locale et créer de nouvelles opportunités commerciales.
# Coût de remplacement ou de restauration : Pour évaluer la valeur d'un bien public, on peut calculer combien il en coûterait pour le remplacer ou le restaurer si celui-ci venait à être perdu. Par exemple, quelle serait la dépense nécessaire pour reconstruire une ambassade ou pour restaurer une zone de biodiversité dégradée ?
# Coût d'opportunité : On peut également regarder ce que la société renonce à faire en allouant des ressources à la fourniture d'un bien public. Par exemple, si des fonds sont utilisés pour construire un zoo, quelles autres installations publiques ou services n'ont pas été financés à la place ?
# Approche par la valeur statistique d'une vie : Pour estimer la valeur des routes plus sûres, les économistes utilisent parfois la notion de valeur statistique d'une vie, qui reflète la quantité d'argent que la société est prête à dépenser pour réduire le risque de décès.


Coûts :
Ces méthodes ont des limitations et peuvent être sujettes à des biais, mais elles fournissent des cadres pour tenter d'évaluer les bénéfices et coûts non marchands. Les résultats de ces évaluations sont cruciaux pour la prise de décision en matière de politique publique, notamment pour décider si un bien public doit être fourni et à quelle échelle. En fin de compte, bien que l'analyse coûts-bénéfices puisse aider à informer les décisions, les choix finaux impliquent souvent aussi des jugements de valeur et des considérations politiques.


# Coûts monétaires : Les coûts monétaires comprennent le paiement à l'entreprise de construction chargée de réaliser le projet. Cela peut inclure les frais de conception, d'ingénierie, de main-d'œuvre, de matériaux, etc.
L'analyse coûts-bénéfices est un outil d'évaluation complexe qui nécessite souvent de faire des jugements subjectifs, particulièrement lorsqu'il s'agit de peser les avantages économiques contre les coûts sociaux et environnementaux. Dans l'exemple d'un barrage hydroélectrique, les bénéfices peuvent inclure la génération d'énergie renouvelable, la régulation des eaux pour prévenir les inondations, et la création d'opportunités économiques telles que l'amélioration des infrastructures et le tourisme. Ces avantages sont souvent quantifiables en termes monétaires et peuvent être comparés aux coûts directs de construction et de maintenance du barrage. Cependant, les coûts pour les riverains — comme le déplacement de communautés, la perte de terres agricoles, et les changements dans les modes de vie locaux — ainsi que les impacts sur la biodiversité — comme la perturbation des écosystèmes aquatiques et la modification des habitats naturels — nécessitent une évaluation plus subjective. Comment, par exemple, évaluer la perte de patrimoine culturel ou les impacts sur des espèces endémiques qui pourraient être menacées par la construction du barrage ?
# Coûts non-monétaires : Les coûts non-monétaires peuvent inclure la perte sèche résultant du prélèvement d'une taxe ou d'un financement pour couvrir les coûts de construction du pont. Cela peut se traduire par une réduction de l'argent disponible pour d'autres projets publics ou une augmentation de la charge fiscale pour les contribuables.
# Externalités négatives : La construction du pont peut également entraîner des externalités négatives. Par exemple, cela peut avoir un impact sur les activités économiques dans d'autres régions qui étaient auparavant desservies par des compagnies de traversée en bateau. De plus, des effets environnementaux tels que la destruction de la vie sauvage ou une altération des paysages naturels peuvent également être considérés comme des coûts non-monétaires.


Une fois que tous ces éléments ont été identifiés et quantifiés dans la mesure du possible, une comparaison entre les coûts et les bénéfices peut être réalisée pour évaluer si la construction du pont est socialement bénéfique. Cette analyse peut aider les décideurs à prendre des décisions éclairées sur l'opportunité de construire le pont, en prenant en compte les avantages économiques, les impacts environnementaux, les considérations sociales et les préférences des parties prenantes.
La méthode d'évaluation contingente peut être utilisée pour demander aux parties prenantes combien elles seraient prêtes à payer pour préserver leur mode de vie ou l'environnement, mais ces évaluations sont subjectives et peuvent ne pas capturer pleinement la valeur intrinsèque des pertes non économiques. La valeur donnée à chaque facteur varie selon les parties prenantes et les décideurs, et peut être influencée par des considérations politiques, économiques, et éthiques. Les décisions finales peuvent donc varier en fonction des valeurs et des priorités de la société à un moment donné. Cela souligne l'importance d'un processus de décision transparent et inclusif, où toutes les voix sont entendues et où les impacts sont soigneusement considérés et équilibrés. Il est également essentiel de considérer des solutions alternatives et de réaliser des analyses de sensibilité pour comprendre comment les différentes hypothèses influencent les résultats de l'analyse coûts-bénéfices.


Les décisions finales sur la construction d'un pont doivent prendre en compte les incertitudes et les difficultés liées à l'estimation des coûts et des bénéfices, en particulier lorsqu'il s'agit d'attribuer une valeur aux aspects non-monétaires tels que les externalités positives ou négatives.
== Cas Pratique : Analyse Coûts-Bénéfices d'un Projet de Pont ==


L'estimation des coûts monétaires est généralement plus directe, car elle repose sur des données financières et des estimations de coûts spécifiques liés à la construction du pont. Cependant, même dans ce cas, des incertitudes peuvent subsister en raison de variations potentielles dans les coûts réels, les changements de conditions du marché, etc.
L'analyse coût-bénéfice pour la construction d'un pont sur une rivière doit prendre en compte diverses implications économiques, sociales et environnementales. Les bénéfices de ce projet peuvent être multiples. Monétairement, si le pont est à péage, il pourrait générer des revenus substantiels en fonction du trafic qu'il attire. Ces revenus ne se limitent pas seulement aux frais de péage, mais s'étendent aussi au surplus que les automobilistes seraient disposés à payer pour les avantages que le pont offre en termes de gain de temps et de confort par rapport aux itinéraires alternatifs. En outre, la présence du pont peut avoir des retombées positives significatives sur le tourisme local, car les régions qui étaient auparavant difficiles d'accès peuvent devenir plus attrayantes pour les visiteurs, ce qui stimulerait l'économie locale. La réduction de la congestion sur d'autres routes peut également entraîner des économies de temps et d'argent pour les automobilistes, ce qui constitue un autre avantage économique indirect.


L'évaluation des bénéfices monétaires peut également être réalisée en se basant sur des données telles que les tarifs de péage, les projections de trafic et les estimations des revenus attendus. Cependant, ces estimations peuvent être influencées par des facteurs tels que l'élasticité de la demande, les préférences des utilisateurs et les changements dans les comportements de déplacement.
Cependant, le projet entraînerait également des coûts. Sur le plan monétaire, les coûts immédiats incluraient les dépenses consacrées à la construction, telles que les matériaux, la main-d'œuvre et la gestion du projet. Si le financement de la construction est réalisé à travers une augmentation de la fiscalité, cela pourrait entraîner une perte d'efficience économique car les taxes peuvent perturber l'allocation optimale des ressources sur le marché. De plus, il y a des externalités négatives qui doivent être prises en considération, telles que l'impact potentiel sur les entreprises de tourisme dans d'autres régions qui pourraient perdre des revenus, ou sur les services de traversiers qui seraient moins utilisés ou deviendraient obsolètes. Les conséquences environnementales ne doivent pas être sous-estimées non plus, car la construction d'un pont peut modifier les paysages, perturber les écosystèmes locaux, affecter la faune et impacter la qualité de vie des riverains.


L'évaluation des coûts et des bénéfices non-monétaires est souvent plus complexe, car elle implique de prendre en compte des aspects tels que les externalités, les impacts environnementaux et les préférences sociales. La quantification de ces éléments peut nécessiter des modèles économiques, des évaluations environnementales et des enquêtes auprès des parties prenantes. Cependant, il peut y avoir des différences d'opinions et des incertitudes dans la détermination de la valeur des impacts non-monétaires.
L'ensemble de ces facteurs doit être méticuleusement évalué pour déterminer si les avantages globaux justifient les coûts associés. La difficulté réside dans la monétisation des avantages et des coûts non économiques, qui exige souvent des approches d'évaluation indirectes et peut être sujet à débat. L'impact sur l'environnement, par exemple, peut exiger des compensations ou des mesures d'atténuation qui doivent être évaluées et financées adéquatement.


Dans le cas des exemples mentionnés, tels que la valeur d'une vie sauvée, l'atteinte à la biodiversité ou la valeur d'une forêt, ces aspects peuvent être très difficiles à évaluer de manière objective. Des méthodes d'évaluation environnementale, économique et sociale peuvent être utilisées pour estimer ces valeurs, mais elles sont souvent sujettes à des débats et à des divergences d'opinions.
La décision finale concernant la construction du pont doit alors être prise en considérant non seulement les calculs économiques, mais aussi les valeurs sociales et environnementales. Elle impliquera un arbitrage entre les besoins de développement économique et la préservation de l'environnement et du bien-être social. En fin de compte, il s'agit de prendre une décision qui maximise le bien-être collectif tout en minimisant les impacts négatifs, un défi qui nécessite une réflexion approfondie, des compromis éclairés et une planification stratégique.


En fin de compte, la prise de décision concernant la construction d'un pont nécessite de peser les coûts et les bénéfices dans leur ensemble, en tenant compte des incertitudes et des aspects subjectifs. Il est essentiel d'impliquer les parties prenantes, de recueillir leurs perspectives et de mener une analyse approfondie pour prendre des décisions éclairées et équilibrées.
== Évaluer la Valeur d'une Vie dans les Projets Publics ==


== Exemple : la valeur d'une vie ==
Les décideurs politiques sont souvent confrontés à des décisions difficiles lorsqu'il s'agit d'améliorer la sécurité dans divers domaines de la vie publique. Ces améliorations, qu'elles concernent le lieu de travail, la circulation routière ou les loisirs, impliquent généralement des coûts qui doivent être comparés aux avantages, notamment en termes de vies potentiellement sauvées. La complexité éthique et pratique de ces situations réside dans la nécessité d'attribuer une valeur à la vie humaine, ce qui est une tâche à la fois sensible et controversée.


Très souvent, les décideurs politiques doivent se prononcer sur l’amélioration de la sécurité (lieu de travail, circulation, loisirs...) et le projet peut nécessité des coûts qu’il faut mettre en balance avec des vies sauvées. Lorsqu'il s'agit d'évaluer la valeur d'une vie sauvée dans le cadre de décisions politiques, plusieurs approches ont été utilisées pour tenter de quantifier cette valeur. Voici quelques-unes des approches couramment utilisées :
L'une des méthodes pour évaluer la valeur d'une vie est l'approche du capital humain, qui mesure la valeur économique d'une personne en termes de sa contribution potentielle future à l'économie, souvent basée sur le revenu actuel ou futur prévu. Cette méthode est utilisée dans certains systèmes juridiques, tels que les tribunaux aux États-Unis, pour calculer les dommages compensatoires en cas de décès. Cependant, cette approche soulève des problèmes éthiques importants liés à l'équité : elle peut aboutir à une situation où la vie de personnes ayant un faible revenu ou peu d'éducation est considérée comme ayant moins de valeur que celle de personnes ayant de plus hauts revenus ou un niveau d'éducation plus élevé.


# Approche du capital humain : Cette approche considère la valeur économique d'une vie en se basant sur les revenus potentiels que la personne aurait pu générer tout au long de sa vie. Elle est souvent utilisée dans certains tribunaux aux États-Unis pour évaluer les dommages compensatoires. Cependant, cette approche peut poser des problèmes d'équité, car elle peut sous-évaluer la valeur d'une vie pour les personnes ayant un niveau d'éducation moins élevé ou des perspectives de revenus plus faibles.
Une autre approche est celle des dépenses de sécurité, qui examine ce que les gens sont prêts à payer pour des dispositifs de sécurité supplémentaires, comme un airbag, des freins ABS sur une voiture ou un extincteur dans une maison. Cela reflète une volonté de payer pour réduire le risque de blessure ou de décès. Cependant, cela suppose que les gens ont une compréhension précise du niveau de risque réduit par ces dépenses et que tout le monde a les mêmes moyens financiers pour investir dans la sécurité.
# Approche des dépenses de sécurité : Cette approche considère les dépenses que les individus sont prêts à engager pour se protéger et éviter les risques de décès. Par exemple, les dépenses pour l'achat d'un airbag dans une voiture, de freins ABS ou d'un extincteur. En utilisant cette approche, on suppose que les individus sont prêts à payer une certaine somme d'argent pour réduire les risques de décès.
# Approche de la valeur statistique : Cette approche se base sur le marché du travail et l'idée que les travailleurs acceptent des emplois comportant un certain risque de décès si une prime salariale de risque est accordée en compensation. En estimant la prime de risque que les travailleurs demandent pour accepter des emplois dangereux, on peut extrapoler la valeur statistique d'une vie en utilisant les données du marché du travail.


Toutes ces approches comportent des limitations et des controverses. Évaluer la valeur d'une vie sauvée est un exercice complexe et chargé de considérations éthiques et morales. Les valeurs attribuées peuvent varier en fonction du contexte culturel, des normes sociales et des préférences individuelles. Par conséquent, ces approches ne fournissent qu'une estimation approximative et sont souvent utilisées comme référence pour guider les décisions plutôt que d'être considérées comme une mesure absolue.
L'approche de la valeur statistique d'une vie prend en compte la prime de risque que les travailleurs exigent pour accepter un emploi plus risqué. Ces primes peuvent être utilisées pour estimer la valeur que la société attribue à des réductions statistiques des risques de décès. Cette méthode est largement utilisée pour guider les politiques publiques, car elle s'appuie sur des choix observables sur le marché du travail.


En fin de compte, la valeur d'une vie sauvée reste un sujet délicat et sujet à débat. Les décideurs politiques doivent prendre en compte plusieurs facteurs, tels que l'importance de la sécurité, les ressources disponibles et les préférences des parties prenantes, tout en reconnaissant les limites de ces approches d'évaluation.
Ces différentes approches ont toutes des limitations et des implications morales. Par exemple, la valeur statistique d'une vie peut varier en fonction de l'âge, du statut socioéconomique ou d'autres facteurs, ce qui soulève des questions d'équité. De plus, aucune méthode ne peut pleinement capturer la valeur intrinsèque de la vie humaine et les conséquences émotionnelles, sociales et culturelles de la perte d'un être cher.


== Analyse coûts-bénéfice et le temps ==
En pratique, les décideurs peuvent combiner plusieurs méthodes pour arriver à une estimation plus équilibrée de la valeur d'une vie dans le contexte de décisions de politique publique. Ils doivent également prendre en compte les valeurs éthiques de la société et s'assurer que les mesures prises ne discriminent pas contre certains groupes de personnes. La participation publique et le débat sont essentiels pour assurer que ces décisions reflètent les valeurs de la communauté dans son ensemble.


Un autre problème qui se pose aux décideurs survient lorsque les flux de coûts et de bénéfices arrivent à des périodes différentes.
== Les Implications Temporelles dans l'Analyse Coûts-Bénéfices ==


Exemple: meilleur encadrement éducatif, investissement dans une meilleure épuration des eaux, reboisement d’une forêt... coûts sont subis aujourd’hui, alors que les bénéfices sont plus éloignés dans le futur.
La prise en compte du temps est un aspect crucial de l'analyse coûts-bénéfices, surtout quand il y a un décalage temporel entre les coûts engagés et les bénéfices obtenus. C'est une situation fréquente dans le domaine des politiques publiques, où de nombreux investissements, tels que l'amélioration de l'éducation, la gestion des ressources en eau ou le reboisement des forêts, exigent des dépenses immédiates tandis que leurs bénéfices ne se matérialisent que sur le long terme.


Or: “un tiens vaut mieux que deux tu l’auras”. Autrement dit, les individus ne donnent pas la même valeur à des flux de coûts ou bénéfices présents et futurs: c’est la préférence pour le présent.
L'un des principes fondamentaux de la finance est que les individus ont une préférence pour le présent, aussi connue sous le terme de "préférence temporelle". Les gens ont tendance à valoriser les bénéfices immédiats plus fortement que les bénéfices futurs, ce qui est souvent conceptualisé par le taux d'actualisation dans l'analyse économique. Pour équilibrer cette préférence pour le présent, les coûts et bénéfices futurs sont "actualisés" pour refléter leur équivalent en valeur présente. Cela signifie que les flux futurs de coûts et de bénéfices sont convertis en leurs valeurs actuelles en utilisant un taux d'actualisation, qui prend généralement en compte le taux d'intérêt et d'autres facteurs de risque ou d'incertitude.


Il est clairement très difficile de faire des évaluations des conséquences non-monétaires ou des externalités, mais on peut aussi avoir beaucoup d'incertitude sur tout ce qui est monétaire.
Lorsque l'on compare les coûts immédiats aux bénéfices futurs, l'utilisation d'un taux d'actualisation peut significativement réduire la valeur présente des bénéfices futurs, ce qui peut rendre les projets à long terme moins attrayants du point de vue de l'analyse coûts-bénéfices. C'est pourquoi la sélection du taux d'actualisation est souvent l'objet de débats et d'analyses, car un taux trop élevé peut dissuader des investissements bénéfiques à long terme et un taux trop bas peut conduire à surinvestir dans des projets qui ne sont pas nécessairement efficaces.


== L'État de droit est un bien public ==
En plus de l'incertitude liée à la valorisation des flux monétaires futurs, il y a aussi souvent une incertitude sur l'évaluation des conséquences non-monétaires ou des externalités. Les externalités environnementales, sociales et de santé publique peuvent être particulièrement difficiles à quantifier. Par conséquent, il est essentiel d'intégrer des analyses de sensibilité dans l'analyse coûts-bénéfices pour comprendre comment différents scénarios et taux d'actualisation affectent l'évaluation du projet.


Les résultats d’efficience du marché dépendent crucialement du respect de l’État de droit et, en particulier, de la sauvegarde des droits de propriété, mais aussi des libertés individuelles de base. Sans respect des droits fondamentaux, pas d'efficience de l'économie de marché.
Les décideurs doivent donc non seulement considérer les coûts et bénéfices et leur timing, mais aussi la manière dont ces derniers sont valorisés au fil du temps. Ils doivent aussi tenir compte de l'incertitude et des risques associés aux prévisions à long terme. Cela exige une approche prudente et souvent une combinaison de méthodes d'évaluation pour assurer que les décisions prises aujourd'hui serviront le bien-être des générations actuelles et futures.


Or, le marché seul ne permet pas en soi de voir émerger un État de droit.
== L'Importance de l'État de Droit pour l'Efficienté du Marché ==
::La poursuite de l’intérêt privé (main invisible) seule donne lieu à des situations de non-droit où les échanges sont réduits, car découragés par l’expropriation (seigneurs de guerre, mafia, Far West...).
::La collectivité dans son ensemble pâtit du non-respect des droits fondamentaux. Loi du plus fort : l'incitation n'est pas à la production mais à l'extorsion.


Les sociétés de chasseurs cueilleurs vivent sans droits de propriété! Mais: sont peu nombreux en regard des ressources environnantes. Dès que la pression démographique augmente, les ressources sont épuisées, car il n’y a pas d’incitation à les préserver (tragédie des communaux).
Le marché est souvent célébré pour sa capacité à allouer les ressources de manière efficace grâce à la théorie de la main invisible, où la poursuite des intérêts privés contribue, sans intention délibérée, à l'efficacité collective. Cependant, ce mécanisme repose sur certaines conditions fondamentales, dont le respect de l'État de droit et la sauvegarde des droits de propriété.


= Résumé =
L'État de droit crée un cadre où les transactions peuvent se faire en toute confiance, avec la certitude que les contrats seront honorés et que les droits de propriété seront respectés. Sans cela, il existe un risque accru d'expropriation arbitraire ou de confiscation, ce qui peut décourager l'investissement et l'échange et réduire ainsi l'efficacité du marché. En effet, si les acteurs du marché craignent que leurs biens puissent être pris de force ou sans compensation équitable, ils seront moins enclins à investir ou à entreprendre des activités productives.


Les biens diffèrent au regard de leur nature: (non-)exclusion et (non-)rivalité.
Le marché seul ne peut pas garantir l'émergence ou le maintien de l'État de droit. Dans l'histoire, il y a eu des périodes et des lieux caractérisés par un faible respect des droits fondamentaux, où les échanges étaient entravés par l'instabilité et l'insécurité juridique. Des exemples notoires incluent les régions contrôlées par des seigneurs de guerre ou des organisations criminelles où la loi du plus fort prévaut, et où l'incitation dominante est l'extorsion plutôt que la production. Dans ces contextes, l'économie ne fonctionne pas de manière efficace et équitable, et la société dans son ensemble en souffre.


Exclusion: il est possible d’empêcher quelqu’un de l’utiliser. Un bien est rival dans le cas où, s’il est consommé par quelqu’un, la possibilité qu’il soit aussi consommé par quelqu’un d’autre est réduite.
Même les sociétés de chasseurs-cueilleurs, qui existent sans droits de propriété formels, peuvent illustrer cette dynamique. Tant que la population est faible et que les ressources environnantes sont abondantes, il peut y avoir peu de conflits sur l'utilisation des ressources. Cependant, avec l'augmentation de la pression démographique, la concurrence pour les ressources limitées s'intensifie, et l'absence d'incitations à préserver ces ressources peut conduire à leur surexploitation et épuisement — la tragédie des communs.


Les biens publics purs sont caractérisés par la non-exclusion et la non- rivalité.
Pour éviter ces écueils, l'intervention de l'État ou de la communauté est souvent nécessaire pour établir et maintenir l'ordre juridique, protéger les droits de propriété, et réguler l'utilisation des ressources communes. L'État doit équilibrer les intérêts individuels avec le bien-être collectif, en imposant des règles et des normes qui encouragent la production et l'échange tout en préservant la justice et la durabilité. Cela exige une gouvernance efficace, une justice impartiale et une administration capable de faire respecter les lois de manière équitable.


Si l’exclusion n’est pas possible, les individus sont incités à se comporter en passagers clandestins lorsque ce bien est fourni par le secteur privé.
= Synthèse et Conclusions =


L’État prend en charge les biens publics et décide de la quantité à fournir au moyen d’une analyse coûts-bénéfices.
Les biens et services au sein d'une économie se distinguent principalement selon deux critères : la capacité d'exclure ou non des consommateurs potentiels de leur usage et leur caractère rival ou non. Les biens publics purs sont définis par l'absence d'exclusion et de rivalité dans la consommation : une fois qu'ils sont fournis, personne ne peut être empêché de les consommer et leur utilisation par une personne ne diminue pas la quantité disponible pour les autres. Cela contraste avec les biens privés, où l'utilisation par un individu empêche souvent un autre individu de consommer le même bien (rivalité) et où l'accès peut être restreint à ceux qui peuvent payer pour eux (exclusion).


Les ressources communes sont des biens rivaux sans exclusion possible.
Lorsqu'il est impossible d'exclure les individus de la consommation d'un bien, une situation de passager clandestin peut émerger, particulièrement si le bien est fourni par le secteur privé. Les individus peuvent bénéficier du bien sans contribuer à son coût, ce qui conduit souvent à une sous-fourniture du bien par le marché. Pour remédier à cela, l'État intervient souvent pour fournir des biens publics, se basant sur une analyse coûts-bénéfices pour déterminer la quantité appropriée à fournir.


Comme les individus ne paient pas pour l’utilisation de ces ressources, ils tendent à les sur-exploiter.
Les ressources communes présentent un autre dilemme : elles sont caractérisées par la rivalité dans la consommation mais ne permettent pas l'exclusion. Les individus, ne payant pas pour l'utilisation de ces ressources et ne faisant pas face aux coûts directs de leur surconsommation, ont tendance à les utiliser de manière excessive, ce qui peut mener à leur épuisement rapide. La tragédie des communs, comme cela est connu, nécessite une intervention de l'État pour réguler l'utilisation de ces ressources et empêcher leur sur-exploitation.


L’État est dans ce cas nécessaire pour suppléer au marché. Le problème devient critique lorsque la ressource dépasse les frontières nationales d’un pays.
Le défi se complique lorsque les ressources s'étendent au-delà des frontières nationales, car aucun État unique ne peut réguler leur utilisation de manière effective. Cela requiert une coopération internationale et des accords transfrontaliers pour gérer durablement ces ressources partagées et assurer qu'elles ne soient pas épuisées par l'utilisation non coordonnée et compétitive entre les nations.


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Basé sur un cours de Federica Sbergami[1][2][3]

Les biens publics représentent un concept fondamental dans l'étude de l'économie publique et des échecs du marché. Ces biens, caractérisés par leur nature intrinsèque non divisible et leur disponibilité pour la consommation collective, posent des défis uniques aux marchés privés. La non-exclusion et la non-rivalité sont des propriétés clés des biens publics, signifiant que leur utilisation par une personne n'empêche pas les autres d'en profiter et qu'il n'est pas possible d'exclure des individus de leur consommation. Cela mène au problème du passager clandestin, où des individus bénéficient d'un bien sans contribuer à son financement.

En outre, l'intervention de l'État est souvent nécessaire dans des marchés où les externalités, c'est-à-dire les effets sur des tiers non considérés dans le processus de marché, sont significatives. Cela est visible dans des secteurs comme les véhicules à moteur ou les réfrigérateurs, où les émissions polluantes affectent la qualité de l'air pour l'ensemble de la société. De même, la conservation et la biodiversité soulèvent des questions importantes sur l'exploitation des ressources naturelles. Certaines espèces végétales ou animales sont menacées d'extinction en raison de leur surexploitation par des marchés non réglementés, souvent due à l'absence de droits de propriété clairs.

Dans ce contexte, l'échec du marché se manifeste lorsque le mécanisme de marché seul ne parvient pas à distribuer efficacement les ressources pour atteindre un optimum social. Cela nécessite une intervention de l'État ou des collectivités publiques pour corriger ces défaillances et assurer une allocation des ressources qui soit à la fois efficace et équitable. Cette introduction aux biens publics met en lumière la complexité et l'importance de leur gestion dans une économie moderne.

Comprendre la Nature des Biens Publics[modifier | modifier le wikicode]

Définition et Caractéristiques des Biens Publics[modifier | modifier le wikicode]

Les biens publics et les externalités partagent plusieurs caractéristiques communes qui les placent au cœur des discussions sur l'économie et la politique publique. Ces biens sont souvent confrontés à une mésallocation par le marché, ce qui signifie que le marché seul ne parvient pas à fournir ces biens en quantité ou en qualité optimales. Cela est dû en grande partie à la présence de fortes externalités associées à ces biens.

Les externalités, qu'elles soient positives ou négatives, sont des effets induits par une activité économique qui affectent d'autres parties sans que ces effets soient reflétés dans les prix du marché. Par exemple, la pollution est une externalité négative, tandis que l'éducation a des externalités positives. Dans le cas des biens publics, ces externalités sont souvent si importantes qu'elles entraînent une sous-production ou même une absence de production dans une économie entièrement privée.

Cela est principalement dû au fait que les producteurs privés peuvent trouver difficile de rentabiliser la production de ces biens, car ils ne peuvent pas facilement exclure les non-payeurs (problème du passager clandestin) ou parce que la consommation de ces biens ne diminue pas leur disponibilité pour les autres (non-rivalité).

Dans ces situations, l'État ou les institutions publiques peuvent jouer un rôle crucial. La politique publique peut pallier ces défaillances du marché en prenant en charge la fourniture de biens publics. Cela peut se faire à travers la production directe de ces biens, leur financement par l'impôt, ou la régulation et la mise en place de mesures incitatives pour encourager leur production et leur consommation. En faisant cela, l'État peut augmenter le bien-être global en s'assurant que ces biens indispensables sont disponibles pour la société dans son ensemble.

Les biens publics, un concept clé dans l'économie, peuvent être caractérisés de manière concise par trois traits principaux.

Premièrement, la production des biens publics est souvent associée à de fortes économies d'échelle. Cela signifie que le coût moyen de production de ces biens diminue à mesure que la quantité produite augmente. Cette propriété est particulièrement pertinente pour les biens publics car elle suggère que leur production par une entité centralisée, souvent l'État, peut être plus efficace que la production dispersée par de multiples acteurs privés. En effet, plus le volume de production est important, plus le coût unitaire est faible, rendant ainsi la production à grande échelle économiquement avantageuse.

Deuxièmement, les biens publics sont caractérisés par leur nature "partagée". Autrement dit, ils bénéficient à l'ensemble de la société plutôt qu'à des individus ou des groupes spécifiques. Cette caractéristique est souvent décrite en termes de non-exclusion et de non-rivalité. La non-exclusion implique que personne ne peut être empêché de consommer le bien, tandis que la non-rivalité signifie que la consommation du bien par une personne n'entrave pas sa consommation par une autre. Des exemples typiques incluent la défense nationale, l'éclairage public, et les infrastructures routières.

Enfin, un troisième aspect important concerne les droits de propriété. Pour de nombreux biens publics, les droits de propriété sont inexistants, vagues, ou mal respectés. Cela peut conduire à des difficultés dans la gestion et la conservation de ces ressources. L'absence de droits de propriété clairement définis peut entraîner une surexploitation ou une sous-utilisation, comme illustré dans le concept de la tragédie des communs, où des ressources partagées sont épuisées par un usage individuel non régulé.

Ces caractéristiques ensemble soulignent pourquoi les biens publics posent souvent un défi aux mécanismes du marché et pourquoi l'intervention de l'État est fréquemment nécessaire pour assurer leur fourniture adéquate et leur gestion efficace.

Les Propriétés Clés des Biens Publics[modifier | modifier le wikicode]

Les distinctions entre les biens publics et privés dans le domaine de l'économie sont essentiellement basées sur deux propriétés clés qui déterminent la manière dont ces biens peuvent être fournis sur le marché : la non-exclusion et la non-rivalité.

La non-exclusion fait référence à la difficulté, voire l'impossibilité, pour le producteur d'exclure des consommateurs de l'utilisation d'un bien. Dans le cas des biens publics, cette caractéristique signifie que personne ne peut être empêché de bénéficier du bien, peu importe s'il a contribué à son financement ou non. Un exemple classique est la défense nationale : une fois qu'elle est mise en place, il est impossible d'exclure des citoyens de sa protection, qu'ils aient payé des impôts ou non.

La non-rivalité, d'autre part, se rapporte à la situation où la consommation du bien par une personne n'empêche pas ou ne réduit pas la consommation du même bien par une autre personne. En d'autres termes, le coût marginal de fournir le bien à un consommateur supplémentaire est nul. Cela est typique des biens publics comme les programmes de télévision ou la radio, où la consommation par un individu n'empêche pas les autres d'en profiter également.

En contraste, les biens privés sont généralement caractérisés par la possibilité d'exclusion et la rivalité. Par exemple, si vous achetez une pomme, vous pouvez exclure les autres de sa consommation (exclusion), et votre consommation empêche quiconque d'autre de manger cette même pomme (rivalité).

Ces différences fondamentales entre les biens publics et privés influencent grandement la manière dont ils sont produits, distribués et financés dans une économie. Les biens publics, en raison de leur nature, requièrent souvent une intervention ou un financement public pour garantir qu'ils soient fournis de manière adéquate, car les marchés privés pourraient ne pas les produire de façon optimale en raison de ces caractéristiques uniques.

La Non-Rivalité des Biens Publics Expliquée[modifier | modifier le wikicode]

La notion de non-rivalité dans la consommation est un élément fondamental dans la compréhension des biens publics. Elle se manifeste lorsque, une fois un bien produit, le coût additionnel pour permettre à une personne supplémentaire de consommer ce bien est nul. Ce concept joue un rôle crucial dans la différenciation des biens publics des biens privés. Prenons l'exemple d'un phare : une fois qu'il est construit et allumé, le coût pour qu'il éclaire un bateau supplémentaire ne représente aucun coût additionnel. Le phare fonctionne de la même manière, que ce soit pour un seul bateau ou pour plusieurs bateaux en mer. Cela illustre parfaitement la non-rivalité, car la consommation du bien (la lumière du phare) par un bateau n'empêche pas et ne réduit pas sa disponibilité pour d'autres bateaux.

De la même manière, des infrastructures comme les ponts ou les autoroutes démontrent cette caractéristique. Une fois construits, le coût pour qu'une voiture supplémentaire les emprunte est négligeable. De même, la jouissance d'un paysage ou la sécurité fournie par les services de police ou de défense nationale sont des exemples où la consommation par un individu n'entrave pas celle des autres. Cette caractéristique de non-rivalité est essentielle car elle signifie que le bien peut être consommé simultanément par de multiples personnes sans que cela n'entraîne de coûts supplémentaires significatifs. En conséquence, cela pose des défis pour le financement et la fourniture de ces biens par le secteur privé, car il est difficile de charger les utilisateurs directement pour leur consommation. Cela mène souvent à la nécessité d'une intervention publique pour assurer que ces biens soient disponibles pour le bénéfice de tous, reflétant leur importance pour la société dans son ensemble.

Les biens privés se distinguent des biens publics par leur caractéristique de rivalité dans la consommation. La rivalité signifie que la consommation d'un bien par une personne empêche ou limite sa consommation par une autre personne. Cela est typique dans la majorité des biens et services que nous consommons au quotidien. L'exemple de la barre de chocolat illustre parfaitement cette notion. Lorsqu'une personne consomme une barre de chocolat, elle la retire de la disponibilité pour les autres. La consommation de cette barre de chocolat est exclusive ; une fois qu'elle est mangée par quelqu'un, elle ne peut plus être consommée par quelqu'un d'autre. C'est le principe de rivalité : la consommation du bien par une personne diminue directement la quantité disponible pour les autres.

Cette caractéristique de rivalité dans les biens privés conduit à des dynamiques de marché différentes de celles des biens publics. Dans un marché de biens privés, les producteurs peuvent exclure ceux qui ne paient pas pour le bien, et la consommation est régulée par le prix. Les consommateurs qui sont prêts et capables de payer le prix peuvent obtenir le bien, tandis que les autres en sont exclus. Cette logique de marché est moins complexe à gérer que celle des biens publics, où la non-exclusion et la non-rivalité exigent souvent une intervention extérieure, telle que celle de l'État, pour une distribution efficace et équitable.

Il y a une distinction importante dans la compréhension des biens publics : la différence entre le coût marginal de production et le coût marginal de consommation d'un consommateur additionnel. Le coût marginal de production d'un bien, comme une autoroute, peut être croissant avec l'augmentation de la densité du réseau. Cela signifie que plus le réseau s'élargit, plus le coût de construction de chaque kilomètre supplémentaire peut augmenter, en raison de facteurs tels que la complexité accrue, les contraintes d'espace, ou les matériaux nécessaires.

Cependant, une fois que l'autoroute est construite, le coût associé à la consommation de ce bien par un utilisateur supplémentaire est nul ou très faible. Cela illustre la non-rivalité : un conducteur supplémentaire sur l'autoroute ne coûte pratiquement rien de plus en termes de ressources ou d'infrastructure, tant que l'autoroute n'est pas saturée. En outre, cette situation met en lumière la caractéristique d'indivisibilité des biens publics. Une fois que le bien, comme l'autoroute, est créé, il est fourni en bloc et il est difficile, voire impossible, de le fractionner en fonction de la demande individuelle. Contrairement aux biens privés, où chaque unité peut être vendue séparément, les biens publics sont souvent utilisés collectivement. Cela pose des défis en termes de financement et de gestion, car il n'est pas facile d'allouer le coût de ces biens aux utilisateurs individuels, ce qui renforce souvent le rôle de l'État ou des institutions publiques dans la fourniture et la maintenance de ces biens.

Le Principe de la Non-Exclusion dans les Biens Publics[modifier | modifier le wikicode]

La non-exclusion dans la consommation est un concept clé dans la théorie des biens publics. Elle se réfère à la difficulté, voire l'impossibilité, d'empêcher les individus de consommer un bien, indépendamment de leur contribution à sa production ou à son financement. Cette caractéristique est l'une des principales raisons pour lesquelles les marchés privés peuvent ne pas être efficaces pour fournir certains types de biens. Dans le contexte des biens publics, la non-exclusion signifie que lorsque le bien est disponible pour une personne, il est également disponible pour d'autres sans coût additionnel significatif. Prenons l'exemple de la sécurité nationale : une fois qu'un pays a mis en place ses forces de défense, il est pratiquement impossible d'exclure des citoyens spécifiques de la protection qu'elles offrent. De même, les biens tels que les programmes de télédiffusion ou l'éclairage public sont accessibles à tous ceux qui se trouvent dans leur portée, sans possibilité d'exclure des individus spécifiques.

Cette incapacité à exclure les non-payeurs mène souvent au problème du passager clandestin (free-rider), où certains bénéficient du bien sans contribuer à son coût. Cela peut conduire à une sous-fourniture du bien si les coûts sont supportés uniquement par un sous-ensemble des bénéficiaires, rendant la provision par le marché privé inefficace ou insuffisante. En conséquence, de tels biens nécessitent souvent une intervention gouvernementale ou communautaire pour leur provision. L'État, en utilisant des mécanismes de financement collectif comme la taxation, peut assurer que ces biens soient produits et maintenus pour le bénéfice de la société dans son ensemble, surmontant ainsi le défi posé par la non-exclusion.

Dans le domaine de l'économie des biens publics, il existe une catégorie de biens pour lesquels l'exclusion des consommateurs est difficile, voire impossible. Cette caractéristique est particulièrement pertinente pour un certain nombre d'éléments essentiels de notre environnement quotidien.

Prenons l'exemple des phares et des signalisations routières. Un phare, une fois allumé, fournit des signaux vitaux à tous les navires se trouvant à proximité, sans qu'il soit possible de restreindre son utilisation à certains navires spécifiques. Il en va de même pour la signalisation routière, qui guide et sécurise tous les usagers de la route, indépendamment de leur contribution individuelle au financement de ces installations.

Les paysages naturels et les feux d'artifice représentent un autre ensemble de biens où la non-exclusion est évidente. Un paysage pittoresque ou un spectacle pyrotechnique est accessible à tous ceux qui sont dans le champ de vision, sans qu'il soit possible de limiter leur jouissance à des individus spécifiques. Ces expériences sont partagées collectivement, et leur beauté ou leur spectacle est ouvert à tous, indépendamment de leur volonté ou de leur capacité à payer.

L'éclairage public et la propreté des rues sont également des services essentiels qui bénéficient à la communauté dans son ensemble. L'éclairage des rues améliore la sécurité et la praticabilité des voies publiques pour tous les résidents et visiteurs, tandis que la propreté des rues contribue à la santé publique et à l'esthétique de l'espace communautaire. Encore une fois, il est pratiquement impossible d'exclure des individus de ces bénéfices.

La défense nationale et la sécurité des quartiers sont des services qui protègent la population d'une région ou d'un pays dans son ensemble. Ces services bénéficient à tous, sans distinction ni exclusion basée sur la contribution financière individuelle. La sécurité fournie par ces services est un bien commun, essentiel au bien-être collectif.

Enfin, la qualité de l'air, de l'eau et l'environnement en général sont des exemples parfaits de biens qui sont non seulement difficiles à exclure, mais aussi essentiels pour la santé et le bien-être de tous. La dégradation environnementale affecte chaque individu, et les efforts pour préserver et améliorer l'environnement profitent à l'ensemble de la société.

Ces exemples soulignent le rôle crucial des institutions publiques et communautaires dans la gestion et la fourniture de ces biens. Étant donné que la nature non exclusive de ces biens rend difficile leur financement et leur régulation par les mécanismes de marché privés, l'intervention de l'État et d'autres organisations collectives est souvent nécessaire pour assurer leur disponibilité et leur entretien pour le bien de la communauté dans son ensemble.

Il faut souligner que la difficulté d'exclusion des consommateurs de certains biens n'est pas toujours d'ordre technique, mais peut souvent être économique. Dans de nombreux cas, la non-exclusion résulte non pas de l'impossibilité technique d'exclure les consommateurs, mais plutôt du coût prohibitif ou de l'inefficacité économique liée à une telle exclusion. Prenons l'exemple d'un feu d'artifice. Techniquement, il serait possible de mettre en place des barrières pour limiter l'accès à un espace d'où le spectacle peut être vu, transformant ainsi le feu d'artifice en un bien privé. Cependant, la mise en œuvre de telles mesures serait extrêmement coûteuse et complexe. Elle impliquerait des coûts élevés pour l'installation de barrières, la surveillance et la gestion des accès, ce qui rendrait l'entreprise globalement non rentable et impraticable. De plus, la nature même d'un feu d'artifice, conçu pour être vu de loin et par un grand nombre de personnes, rend sa privatisation économiquement peu sensée.

La même logique s'applique à d'autres biens comme l'éclairage public, la sécurité nationale ou la qualité de l'environnement. Même si techniquement, il serait possible de concevoir des mécanismes pour exclure les non-payeurs, les coûts associés à une telle exclusion seraient souvent prohibitifs et dépasseraient largement les bénéfices. De plus, cela irait à l'encontre de l'intérêt public et de la valeur sociale que ces biens représentent. C'est pourquoi dans de tels cas, l'intervention de l'État ou des autorités publiques est cruciale. Par le biais de la taxation générale ou d'autres mécanismes de financement collectif, ces biens peuvent être fournis de manière plus efficace et équitable, garantissant leur accessibilité à l'ensemble de la population sans les coûts prohibitifs liés à l'exclusion des non-payeurs.

Synthèse des Caractéristiques des Biens Publics[modifier | modifier le wikicode]

Ce tableau classifie les différents types de biens selon deux critères : la possibilité d'exclure des consommateurs (Exclusion vs Non-exclusion) et le caractère rival ou non des biens (Rivalité vs Non-Rivalité).

Nature des biens publics résumé 1.png

Dans le quadrant supérieur gauche, nous avons les "Biens privés purs", qui sont à la fois exclusifs et rivaux. Cela signifie que les consommateurs peuvent être empêchés d'utiliser ces biens s'ils ne les achètent pas, et que l'utilisation de ces biens par une personne empêche leur utilisation simultanée par une autre. Les exemples donnés ici sont les vêtements et les glaces, qui ne peuvent être consommés que par une personne à la fois, et dont la consommation par un individu empêche un autre de les utiliser.

Dans le quadrant supérieur droit, nous avons les "Biens mixtes" dans le contexte de la non-rivalité. Ces biens sont non-rivaux, ce qui signifie que leur consommation par une personne n'empêche pas leur consommation par une autre. Cependant, contrairement aux biens publics purs, il est possible d'exclure des individus de leur utilisation. Les exemples incluent les monopoles naturels et les autoroutes à péage. La télévision est également un bon exemple ; bien qu'une émission puisse être regardée par de nombreuses personnes simultanément sans se gêner mutuellement, l'accès aux chaînes peut être restreint par un abonnement.

En bas à gauche, le tableau montre les "Biens mixtes" qui sont non exclusifs mais rivaux. Ces biens ne permettent pas l'exclusion facile des non-payeurs, mais leur utilisation par une personne peut réduire la quantité disponible pour d'autres. Les ressources naturelles et les poissons sont des exemples classiques de ce type de bien. Les autoroutes à bouchons illustrent également ce point : bien que théoriquement ouverts à tous, une fois qu'une autoroute devient encombrée, chaque voiture supplémentaire réduit la qualité du service (vitesse, confort) pour les autres.

Enfin, dans le quadrant inférieur droit, nous trouvons les "Biens publics purs". Ces biens sont caractérisés par la non-rivalité et la non-exclusion. La défense nationale et le savoir universel sont des exemples de biens publics purs. Ils sont disponibles pour tous, et l'usage par une personne n'entrave pas l'usage par une autre. De tels biens représentent souvent des défis en termes de financement et de provision, car les incitations pour les fournir de manière privée sont faibles étant donné que les bénéficiaires ne peuvent pas être facilement exclus et ne rivalisent pas pour leur consommation.

Ce tableau est un outil utile pour comprendre la diversité des biens dans une économie et les défis associés à leur provision. Il aide également à identifier les cas où l'intervention de l'État peut être justifiée pour assurer la provision adéquate de biens publics et corriger les inefficacités du marché.

Le Dilemme du Passager Clandestin[modifier | modifier le wikicode]

La Non-Exclusion et la Problématique du Passager Clandestin[modifier | modifier le wikicode]

La non-exclusion est étroitement liée au problème du passager clandestin, également connu sous le nom de free rider problem en anglais. Ce problème survient lorsque des individus profitent d'un bien ou service sans contribuer à son coût. Cela est particulièrement problématique pour les biens publics, où la caractéristique de non-exclusion signifie que les fournisseurs ne peuvent pas empêcher les gens de consommer le bien, même s'ils ne paient pas pour celui-ci. Dans un tel contexte, certains individus peuvent choisir de ne pas payer pour le bien ou service en question, sachant qu'ils pourront tout de même en bénéficier grâce aux paiements des autres. Cela peut conduire à une sous-fourniture du bien, puisque les fournisseurs n'ont pas la recette nécessaire pour couvrir les coûts de production ou de maintien du bien. Si suffisamment d'individus choisissent de ne pas payer, le bien risque de ne pas être fourni du tout, malgré le fait qu'il soit socialement bénéfique.

Ce problème est également lié à celui des préférences non révélées, car les individus qui choisissent de ne pas payer pour le bien ne révèlent pas leur véritable évaluation ou demande pour celui-ci. Cela rend difficile pour les fournisseurs de mesurer la demande réelle et de planifier efficacement la provision du bien. La difficulté d'exclusion entraîne donc une défaillance du marché, car le mécanisme de prix ne fonctionne pas comme il le devrait pour rationner l'accès au bien et pour financer sa provision. C'est pourquoi les biens publics sont souvent financés par des mécanismes obligatoires comme les impôts, où la contribution individuelle n'est pas directement liée à la consommation, mais plutôt imposée pour couvrir le coût collectif du bien.

Le problème du passager clandestin se manifeste à travers diverses situations où un individu ou une entité bénéficie d'un bien ou d'un service sans contribuer à son coût, exploitant ainsi le système à son avantage. Un exemple classique est celui d'un phare qui fournit de la lumière pour la navigation. Les phares sont construits pour guider tous les navires passant à proximité, assurant leur sécurité et leur direction. Cependant, il n'existe aucun moyen pratique de forcer chaque bateau qui bénéficie de la lumière du phare à payer pour ce service. En conséquence, certains armateurs peuvent choisir de ne pas participer au financement du phare tout en profitant de ses services, ce qui peut compromettre l'entretien et la viabilité à long terme de ces aides essentielles à la navigation.

Dans le domaine de la diffusion télévisuelle, la situation est similaire. Les chaînes de télévision publique sont financées par les redevances, des contributions exigées des ménages possédant un appareil de télévision. Néanmoins, la diffusion des émissions est accessible à tous, indépendamment de leur statut de contributeur. Ainsi, même ceux qui évitent de payer la redevance peuvent regarder les programmes, soit par des moyens détournés, soit en profitant de la visualisation dans des lieux publics. Ce détournement crée un déficit dans le financement de la télévision publique et soulève des questions sur l'équité et la responsabilité financière. Un autre exemple illustrant ce problème est l'immunité collective conférée par les vaccinations. Quand une majorité de la population est vaccinée, la transmission des maladies infectieuses est considérablement réduite, créant un environnement dans lequel même les non-vaccinés sont moins susceptibles d'être infectés. Par conséquent, les personnes qui choisissent de ne pas se faire vacciner bénéficient indirectement des efforts de ceux qui le font, tout en évitant potentiellement les coûts et les risques associés à la vaccination. Cela peut conduire à une proportion plus faible de la population choisissant la vaccination, ce qui peut compromettre l'efficacité de l'immunité collective et la santé publique dans son ensemble.

Ces exemples mettent en lumière un défi central de la provision des biens publics : comment s'assurer que ceux qui bénéficient des biens contribuent équitablement à leur création et à leur maintien. Les solutions à ce problème varient, mais elles impliquent souvent une forme de financement obligatoire, comme les taxes ou les redevances, pour garantir que ces services essentiels restent disponibles pour le bien commun.

L'Impact du Comportement Stratégique des Passagers Clandestins[modifier | modifier le wikicode]

La théorie des jeux est une branche des mathématiques et de l'économie qui analyse les stratégies adoptées par les individus dans des situations où leurs choix sont interdépendants. Un des concepts les plus connus dans ce domaine est celui du dilemme du prisonnier, qui met en lumière les difficultés de coopération entre parties ayant des intérêts interdépendants. John Nash, qui a reçu le prix Nobel d'économie en 1994 pour ses contributions, a développé un concept clé connu sous le nom d'équilibre de Nash. Cet équilibre survient dans un jeu lorsque chaque joueur a choisi la meilleure stratégie possible, compte tenu des choix des autres joueurs. Aucun joueur n'a alors intérêt à changer unilatéralement de stratégie.

Dans le contexte du dilemme du prisonnier, deux détenus sont confrontés à un choix : coopérer avec l'autre en restant silencieux ou trahir l'autre en confessant. Le choix de trahir peut sembler rationnel pour un individu car il maximise son gain personnel, sans tenir compte de l'impact de ce choix sur l'autre prisonnier ou sur le résultat collectif. Si les deux détenus optent pour la trahison, croyant agir dans leur meilleur intérêt, ils se retrouvent finalement tous les deux dans une situation pire que si ils avaient coopéré. Cette situation est analogue au problème du passager clandestin dans la provision de biens publics. Chaque individu peut choisir de ne pas contribuer au financement d'un bien public (trahir dans le dilemme du prisonnier), ce qui est rationnel du point de vue individuel si l'on considère uniquement l'intérêt personnel immédiat. Cependant, si tout le monde adopte cette stratégie, le bien public ne sera pas financé ou sera sous-financé, ce qui est préjudiciable à tous les individus de la société. Ainsi, bien que le choix individuel de ne pas payer puisse sembler rationnel, il conduit à une situation collective sous-optimale où personne ne bénéficie du bien public, ce qui reflète le résultat sous-optimal du dilemme du prisonnier. La théorie des jeux, et en particulier l'équilibre de Nash, aide à comprendre ces dynamiques et à expliquer pourquoi les incitations individuelles peuvent mener à une coopération insuffisante, justifiant ainsi l'intervention de mécanismes externes tels que la régulation gouvernementale ou les incitations pour encourager la contribution au financement des biens publics.

La théorie de Nash, souvent illustrée par l'équilibre de Nash dans la théorie des jeux, révèle une tension profonde entre les intérêts individuels et collectifs. Selon cette théorie, les individus agissant rationnellement en poursuivant leur propre intérêt peuvent aboutir à des résultats qui sont non seulement sous-optimaux mais également défavorables pour le groupe dans son ensemble. Cela contraste avec l'idée d'Adam Smith de la "main invisible", selon laquelle les actions individuelles guidées par l'intérêt personnel peuvent conduire à un bien-être collectif optimal. La main invisible suggère que les marchés concurrentiels transforment les actions égoïstes en résultats socialement désirables, régulant naturellement l'économie sans nécessiter une intervention extérieure. En revanche, l'équilibre de Nash montre que dans de nombreux cas, surtout lorsqu'il y a des dilemmes de coordination ou des jeux à somme non nulle, les actions purement égoïstes des individus peuvent conduire à des impasses ou à des résultats inefficaces pour la société.

L'exemple du dilemme du prisonnier, que Nash a contribué à populariser, est typique : il montre que si chaque prisonnier choisit individuellement la meilleure stratégie pour lui (trahir l'autre), le résultat est pire pour les deux que si ils avaient coopéré. Appliquée à l'économie, cette théorie suggère que sans coopération ou régulation, les individus peuvent consommer des ressources de manière inefficace, polluer sans retenue, ou ne pas contribuer à des biens publics, ce qui nuit à la société dans son ensemble. L'importance de l'équilibre de Nash est qu'il met en lumière le besoin de mécanismes de coordination et de coopération - comme les régulations, les normes sociales, ou les contrats - pour aligner les intérêts individuels avec l'intérêt collectif. Cela peut impliquer l'intervention gouvernementale pour fournir des biens publics, réguler les externalités, ou assurer la justice et la stabilité du marché. La théorie de Nash nous invite donc à reconnaître et à gérer les situations où les actions guidées par l'intérêt personnel ne mènent pas naturellement à l'optimum social.

Un Exemple Illustratif : Le Passager Clandestin[modifier | modifier le wikicode]

Ce tableau montre une matrice des gains nets, qui est un outil utilisé en théorie des jeux pour représenter les bénéfices et coûts associés aux différentes stratégies que peuvent adopter les joueurs, dans ce cas, deux voisins face à la décision d'investir dans l'éclairage d'un chemin.

Biens publics exemple fictif 1.png

Dans cet exemple fictif, deux voisins A et B envisagent d'installer des lampadaires pour éclairer un chemin menant au village, qui est actuellement dans l'obscurité la nuit. Ils ont le choix entre financer l'installation d'un lampadaire ou ne rien faire. Si les deux voisins choisissent de financer un lampadaire, le chemin sera entièrement éclairé, leur procurant à chacun un gain net de bien-être de 4000, mais à un coût de 3000 chacun pour l'installation, ce qui leur laisse un gain net de +1000 chacun (4000 de bien-être moins 3000 de dépense). Si un seul voisin finance un lampadaire et que l'autre ne fait rien, le voisin qui paie pour le lampadaire a un bien-être partiellement augmenté de 2000, mais après avoir déduit le coût, se retrouve avec une perte nette de -1000 (2000 de bien-être moins 3000 de dépense). Le voisin qui ne paie pas bénéficie partiellement de l'éclairage sans avoir à payer, d'où un gain net de +2000. Si aucun des deux ne paie pour un lampadaire, il n'y a aucun changement dans leur bien-être et donc aucun gain ou perte net.

Ce qui est mis en évidence ici est un dilemme du prisonnier classique. La meilleure solution collective serait que les deux voisins coopèrent et financent chacun un lampadaire, menant à un gain net de +1000 chacun. Cependant, en raison des incitations individuelles, chaque voisin préférerait bénéficier du lampadaire financé par l'autre, conduisant à la tentation de ne pas payer et d'agir en passager clandestin. Si les deux voisins agissent selon leurs intérêts individuels sans coopérer, ils finiront par ne rien faire, ce qui est la pire issue collective avec un gain net de 0 pour chacun.

Cette situation démontre le besoin de coopération ou d'une forme de coordination ou d'intervention, comme un accord mutuel ou une action communautaire, pour surmonter le problème du passager clandestin et atteindre l'optimum collectif.

La Problématique de Coordination dans les Biens Publics[modifier | modifier le wikicode]

Le problème classique de coordination est un scénario classique où les actions individuelles non coordonnées mènent à un résultat moins favorable que celui qui pourrait être atteint par une action conjointe et coordonnée. En effet, si les deux voisins A et B pouvaient parvenir à un accord pour partager les coûts de l'éclairage, chacun bénéficierait d'un gain net positif de +1000. Cela représente l'optimum social où l'éclairage est complet et les bénéfices partagés équitablement. Cependant, en raison de l'incitation à minimiser l'importance de l'éclairage et à bénéficier sans payer du lampadaire potentiellement financé par l'autre, les deux voisins sont confrontés à une stratégie dominante qui est l'inaction. Ainsi, sans coordination, chaque voisin choisit de ne rien faire, car cette option leur semble individuellement la plus sûre pour éviter les coûts sans garantie de réciprocité. L'équilibre de Nash de ce jeu est donc lorsque les deux voisins choisissent de ne pas financer l'éclairage, même si cela conduit à un résultat sous-optimal, avec un gain net de 0 pour chacun.

Cet équilibre est sous-optimal car il ne maximise pas le bien-être collectif des voisins. C'est l'essence même du dilemme du prisonnier : bien que la coopération puisse conduire au meilleur résultat collectif, la méfiance mutuelle et l'incertitude quant aux actions de l'autre poussent les individus à adopter des stratégies qui sont préjudiciables à la fois à eux-mêmes et à la collectivité. Pour résoudre ce genre de problème de coordination, des mécanismes tels que les contrats, les incitations économiques, la régulation ou l'intervention de la communauté ou de l'État sont souvent nécessaires pour encourager ou imposer la coopération et assurer que le bien-être collectif soit atteint.

Le problème des préférences non révélées est intrinsèquement lié au problème du passager clandestin : les individus ont une incitation à dissimuler leur véritable appréciation d'un bien public pour éviter de contribuer à son financement. Si tout le monde prétend ne pas bénéficier ou ne pas apprécier le bien, alors personne ne voudra volontairement payer pour cela, même si le bien en question leur apporte un réel bénéfice. Cela conduit à une sous-fourniture du bien public, ou même à son absence totale, car les décisions de financement basées sur les déclarations volontaires ne reflètent pas la véritable demande. La solution classique à ce problème est l'intervention de l'État pour fournir le bien public et rendre la contribution à son financement obligatoire, souvent à travers la taxation. Cela garantit que le bien est financé et que tous les individus bénéficient du bien public, indépendamment de leur volonté de révéler leur préférence ou de payer volontairement.

La question de savoir dans quelle mesure chacun doit participer au financement du bien public est plus complexe. Idéalement, la contribution devrait être proportionnelle à l'avantage que chaque individu tire du bien public. Cependant, cela nécessite de connaître les préférences individuelles, ce qui est difficile en raison du problème des préférences non révélées. Une méthode pour résoudre ce problème est l'utilisation de principes de taxation qui visent à répartir les coûts de manière équitable. Par exemple, la règle du bénéfice suggère que les personnes qui bénéficient le plus d'un bien public devraient payer le plus pour son financement. La capacité de paiement est un autre principe, selon lequel les personnes ayant une plus grande capacité économique devraient contribuer davantage au financement des biens publics.

Dans la pratique, il est courant d'utiliser une combinaison de taxes générales et de taxes spécifiques pour financer différents types de biens publics. Les taxes générales permettent de répartir largement les coûts parmi tous les contribuables, tandis que les taxes spécifiques, comme les péages pour les routes, permettent de cibler les utilisateurs de certains biens publics. Quelle que soit la méthode choisie, l'objectif est de financer efficacement le bien public tout en maintenant l'équité parmi les citoyens. Cela peut nécessiter une planification minutieuse et souvent des ajustements politiques pour équilibrer efficacement les intérêts et les contributions de tous les membres de la société.

La Catégorie des Biens Mixtes[modifier | modifier le wikicode]

Un bien mixte, aussi appelé bien semi-public ou bien quasi-public, est un type de bien qui présente des caractéristiques à la fois des biens privés et des biens publics. Ces biens peuvent être exclusifs, mais ne sont pas nécessairement rivaux dans la consommation, ou vice versa. Ils peuvent être fournis par le marché mais souvent avec une certaine intervention de l'État pour corriger les inefficiences du marché ou pour s'assurer que le bien est accessible à ceux qui en ont besoin.

Les Enjeux de l'Exclusion et de la Non-Rivalité[modifier | modifier le wikicode]

Les biens mixtes peuvent présenter une non-rivalité dans la consommation jusqu'à un certain point, tout en permettant l'exclusion des non-payeurs. Ces biens peuvent être exclusifs grâce à des mécanismes de tarification ou de contrôle d'accès, mais ne deviennent rivaux que lorsque la capacité d'accueil est dépassée, ce qui entraîne une congestion ou une diminution de la qualité de l'expérience pour tous.

Prenons l'exemple d'un pont ou d'une autoroute : tant que le trafic est fluide, ces infrastructures peuvent être utilisées par un véhicule supplémentaire sans coût marginal significatif et sans affecter négativement l'expérience des autres utilisateurs. Cependant, lorsque la capacité maximale est atteinte, chaque véhicule supplémentaire commence à réduire la qualité de l'expérience pour les autres, par exemple en provoquant des embouteillages. Ainsi, la rivalité émerge à partir d'un certain seuil de consommation. La même logique s'applique aux cinémas ou aux piscines : jusqu'à ce que la salle de cinéma ou la piscine atteigne sa capacité, un spectateur ou un nageur supplémentaire ne nuit pas à l'expérience des autres. Mais une fois la capacité atteinte, chaque personne supplémentaire peut gêner, réduisant ainsi la qualité de l'expérience pour les autres. La télévision, d'autre part, est généralement non-rivale dans la consommation, car le fait qu'une personne regarde une émission n'empêche pas des millions d'autres de la regarder simultanément. Cependant, l'accès peut être excluant, par exemple si l'accès aux chaînes nécessite un abonnement payant.

Les biens mixtes peuvent être fournis soit par des entreprises privées, soit par l'État, et cette décision dépend souvent de considérations politiques, économiques et sociales, qui varient grandement d'un pays à l'autre. Les pratiques de fourniture et de financement des biens mixtes reflètent les valeurs et les priorités d'une société, notamment en termes d'équité et d'accès. Par exemple, certains pays peuvent choisir de subventionner des services comme les transports publics ou l'éducation pour garantir un accès plus large, même si ces services pourraient techniquement être offerts sur un marché purement privé. La congestion et la qualité de service associée à la consommation de ces biens mixtes soulèvent des questions importantes sur la manière de gérer et de réguler l'accès pour maintenir la qualité. Des mécanismes comme les péages dynamiques, les quotas, les réservations ou les heures de pointe tarifaires sont autant de moyens par lesquels les fournisseurs tentent de réguler l'utilisation et de prévenir ou de gérer la congestion. Ces outils peuvent aider à maintenir la non-rivalité dans la consommation aussi longtemps que possible, tout en assurant que les coûts sont couverts et que l'accès reste équitable.

L'éducation est un exemple éloquent de bien mixte qui incarne la propriété de l'exclusion ainsi que la non-rivalité, tout en étant fortement marquée par des considérations de politique publique. Dans de nombreux systèmes éducatifs publics à travers le monde, l'exclusion est pratiquée dans une certaine mesure : bien que l'accès à l'éducation primaire et secondaire soit souvent gratuit et universel, l'accès à l'enseignement supérieur peut être limité par des frais de scolarité, des examens d'entrée ou des quotas. Ces mécanismes d'exclusion visent à gérer les ressources disponibles et à maintenir la qualité de l'éducation. Cependant, une fois admis dans une école ou une université, l'éducation devient un bien non rival : la présence d'un étudiant supplémentaire dans une salle de classe n'empêche pas les autres d'apprendre, jusqu'à ce que la capacité de la salle ou la faculté d'un enseignant à gérer un grand nombre d'étudiants soit dépassée.

L'éducation est souvent fournie à un coût inférieur au coût de production, ou même gratuitement, en raison des bénéfices sociétaux qu'elle génère. En offrant un accès égal à l'éducation, les gouvernements cherchent à favoriser la mobilité sociale et à garantir que les talents et les compétences de chaque individu peuvent être développés pour le bénéfice de l'ensemble de la société. Cela s'aligne avec la notion d'éducation en tant que droit fondamental et une ressource essentielle pour le développement personnel et économique. En plus de l'objectif redistributif, la fourniture publique de l'éducation est également justifiée par les externalités positives considérables qu'elle engendre. Un individu bien éduqué contribue à la société de multiples façons : augmentation de la productivité, participation civique, innovation, et bien plus encore. Ces bénéfices dépassent largement l'individu et profitent à la société dans son ensemble, ce qui justifie le soutien public de l'éducation.

Toutefois, lorsque l'éducation publique devient congestionnée, par exemple à cause de classes surpeuplées ou de ressources insuffisantes, la qualité de l'éducation peut en pâtir, et l'objectif redistributif peut être compromis. Les personnes disposant de plus de ressources peuvent alors se tourner vers des institutions privées, exacerbant ainsi les inégalités d'accès à une éducation de qualité. Cela peut créer un système à deux vitesses où les avantages de l'éducation sont inégalement répartis, ce qui va à l'encontre de l'idéal d'égalité des chances. Gérer l'accès et la qualité de l'éducation publique tout en s'assurant qu'elle reste inclusive et équitable est un défi de politique publique majeur. Cela nécessite un financement adéquat, une planification stratégique, et souvent des réformes pour s'assurer que l'éducation publique puisse continuer à servir son rôle de levier de mobilité sociale et de générateur d'externalités positives pour la société.

Non-Exclusion et Rivalité : Les Défis Associés[modifier | modifier le wikicode]

Dans le cas d'un bien mixte caractérisé par la non-exclusion et la rivalité, nous sommes confrontés à une situation où il est difficile, voire impossible, d'empêcher les gens d'accéder à une ressource, mais où l'utilisation de cette ressource par une personne diminue la quantité ou la qualité disponible pour les autres. Ces biens sont souvent des ressources communes ou des biens communs, et ils sont sujets à des problèmes de sur-exploitation car ils sont accessibles à tous mais limités dans leur quantité.

Les ressources naturelles telles que les stocks de poissons dans les océans, les pâturages, et les forêts sont des exemples typiques. Dans ces cas, l'absence de mécanismes de contrôle ou de propriété clairement définie conduit souvent à une utilisation non régulée et à une concurrence pour l'accès, ce qui peut résulter en une sur-exploitation rapide. Ce phénomène est bien connu sous le nom de "tragédie des communs", un terme popularisé par l'écologiste Garrett Hardin dans son article influent de 1968. Hardin a souligné que les individus, agissant indépendamment selon leur propre intérêt personnel, comportent de manière rationnelle qui est en fin de compte destructrice pour la communauté dans son ensemble, car la ressource partagée est épuisée.

Cependant, la vision de Hardin n'est pas sans contestation. Elinor Ostrom, lauréate du prix Nobel d'économie en 2009, a démontré à travers ses recherches que les communautés peuvent, en fait, gérer efficacement les biens communs sans intervention extérieure ou privatisation, à travers des systèmes de gestion communautaire. Elle a étudié comment différents groupes à travers le monde ont développé des arrangements institutionnels variés pour gérer la rivalité et éviter la sur-exploitation des ressources communes.

La clé de la gestion durable des biens mixtes réside dans la capacité à établir des règles et des normes qui régulent l'utilisation et encouragent la conservation. Cela peut inclure la mise en place de quotas, de permis, de systèmes de rotation de l'utilisation, ou de sanctions pour ceux qui ne respectent pas les règles établies. Ostrom a mis en avant l'importance de la participation locale, de la surveillance, des sanctions adaptées, et du respect des règles communautaires comme facteurs essentiels pour la gestion réussie des communs. Ainsi, la gestion des biens mixtes avec non-exclusion et rivalité nécessite une compréhension nuancée des dynamiques sociales, économiques et environnementales en jeu, ainsi qu'une approche collaborative pour résoudre les dilemmes liés à leur utilisation.

La Tragédie des Biens Communs[modifier | modifier le wikicode]

La tragédie des communs est un phénomène qui se produit lorsqu'une ressource partagée par plusieurs est surexploitée par des individus agissant indépendamment selon leur propre intérêt personnel immédiat, ce qui entraîne l'épuisement de cette ressource au détriment de tous. Imaginons un pâturage ouvert à tous les éleveurs d'un village. Si chaque éleveur cherche à maximiser son gain en y faisant paître le plus grand nombre possible de ses propres animaux, le pâturage sera rapidement surutilisé et sa qualité diminuera, jusqu'à ne plus être capable de régénérer naturellement. À terme, le pâturage devient inutilisable pour l'ensemble de la communauté, y compris pour les éleveurs qui, au départ, en ont tiré avantage.

Cette situation résulte d'une liberté d'accès illimitée et d'une absence de régulation concernant l'usage de la ressource. Chaque utilisateur a un incitatif individuel à consommer autant de la ressource que possible. Puisque la ressource est rivalisée, chaque unité de la ressource consommée par un individu est une unité qui ne peut pas être consommée par un autre. Lorsque tous les individus prélèvent de la ressource sans retenue et sans coordination, l'exploitation devient excessive et la ressource s'épuise. Le concept, popularisé par Garrett Hardin, illustre un échec de la rationalité individuelle où, bien que chaque utilisateur agisse de manière logique pour maximiser son propre bénéfice, le résultat global de ces actions est néfaste pour le groupe. La tragédie des communs suggère que sans une forme de contrôle ou de gestion de la ressource, l'égoïsme naturel des individus conduit à la ruine collective.

En réponse à ce problème, des solutions telles que la privatisation de la ressource (attribution de droits de propriété privés), l'établissement de limites d'exploitation (quotas), ou l'instauration de systèmes de gestion communautaire ont été proposées. Elinor Ostrom a remis en question l'inévitabilité de la tragédie des communs en démontrant que des groupes d'individus sont capables de créer des systèmes de gestion durable des ressources communes à travers des règles d'auto-gestion efficaces et des sanctions pour non-respect. Les approches de gestion varient considérablement, mais elles partagent une reconnaissance commune de la nécessité de réguler l'utilisation des ressources partagées pour éviter l'épuisement et garantir leur disponibilité pour les générations futures.

Coopération entre Éleveurs pour la Gestion des Communs[modifier | modifier le wikicode]

Ce tableau montre une matrice des gains nets pour deux éleveurs, Anne et John, qui doivent décider du nombre de vaches qu'ils vont faire paître sur un champ commun. L'équilibre de Nash est indiqué dans la matrice, mettant en lumière le résultat où Anne et John choisissent tous les deux de faire paître six vaches, ce qui est une stratégie non coopérative.

Tragédie des communaux exemple 1.png

Dans cet exemple, l'équilibre de Nash survient lorsque les deux éleveurs agissent de manière non coopérative, maximisant ainsi leur propre gain immédiat sans prendre en compte l'effet de leur action sur l'autre. Si Anne et John décident tous deux de faire paître trois vaches (la stratégie coopérative), le champ peut soutenir ce nombre sans se dégrader, et ils bénéficient tous deux d'un gain net de 120. Cependant, si l'un d'eux décide de faire paître six vaches tandis que l'autre reste à trois, celui qui est non coopératif tire un bénéfice plus élevé aux dépens de l'autre. Par exemple, si Anne fait paître trois vaches et que John en fait paître six, Anne obtient un gain net de 75 tandis que John en obtient 150.

L'incitation individuelle à maximiser les profits personnels conduit les deux éleveurs à choisir la stratégie non coopérative de faire paître six vaches, résultant en un gain net de 90 pour chacun. Cette situation est sous-optimale comparée à la coopération, mais c'est l'équilibre stable de la stratégie car aucun éleveur n'a d'incitation à dévier de cette stratégie tant que l'autre ne change pas. La conséquence de cette action conjointe non coopérative est que le champ est sur-exploité, l'herbe ne peut pas se renouveler, ce qui diminue la qualité du champ pour tous les éleveurs.

Cette situation illustre la "tragédie des communs", où des individus, agissant indépendamment et rationnellement selon leur propre intérêt personnel, finissent par épuiser une ressource partagée, malgré le fait que cela va à l'encontre de l'intérêt à long terme de la communauté, y compris le leur. La gestion "responsable" du champ commun n'est pas attrayante pour les individus car le bénéfice d'une telle gestion est minime, surtout si les autres éleveurs ne se comportent pas de manière responsable. La conséquence directe est une dégradation de la ressource partagée au détriment de tous.

Gestion des Zones de Pêche Partagées[modifier | modifier le wikicode]

Le problème des zones de pêche illustre parfaitement la complexité de la gestion des biens communs qui sont soumis à la rivalité et à la difficulté d'exclusion. Les océans sont vastes et il est souvent techniquement ou économiquement impraticable d'exclure de nouveaux acteurs de l'exploitation des zones de pêche. Cependant, la ressource poissonnière, bien qu'apparemment abondante, est en réalité limitée et extrêmement sensible à la surpêche.

Lorsque trop de bateaux pêchent dans une zone donnée, ils entrent en compétition pour une ressource qui se raréfie, ce qui est un cas classique de rivalité. Même si chaque pêcheur comprend qu'il serait bénéfique à long terme de limiter les prises pour permettre aux stocks de poissons de se régénérer, il existe une incitation immédiate à pêcher autant que possible. Cela est dû au risque que si un pêcheur ne capture pas le poisson, un autre le fera. Cette logique mène à une surexploitation des stocks de poissons, ce qui peut conduire à l'effondrement des populations de poissons, nuisant ainsi à l'écosystème marin et aux communautés de pêcheurs qui dépendent de ces ressources pour leur survie.

C'est là qu'intervient la nécessité d'une régulation par une instance publique. De telles régulations peuvent inclure des quotas de pêche, qui limitent la quantité de poissons qu'un bateau peut capturer, des périodes de fermeture pendant lesquelles la pêche est interdite pour permettre la reproduction des poissons, ou des règlements qui déterminent les types d'engins de pêche autorisés afin de réduire la capture accidentelle d'espèces non ciblées.

La mise en œuvre de ces règlementations requiert une coopération internationale, car les poissons ne connaissent pas de frontières et les zones de pêche peuvent s'étendre sur plusieurs juridictions nationales. Les organisations internationales et les accords de pêche jouent donc un rôle crucial dans la coordination des efforts de conservation et de gestion des pêcheries. De plus, les mesures de conservation doivent être accompagnées de surveillance et d'application pour être efficaces, ce qui peut s'avérer difficile en haute mer.

En fin de compte, la régulation des zones de pêche est un problème complexe qui nécessite une approche équilibrée pour protéger les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs tout en préservant la durabilité des écosystèmes marins pour les générations futures.

Les Mécanismes de Régulation et leur Importance[modifier | modifier le wikicode]

Lorsque des ressources naturelles, comme les zones de pêche, sont partagées entre plusieurs pays, la nécessité d'une gestion et d'une régulation transfrontalières devient particulièrement aiguë. Les océans ne connaissent pas de frontières, et les stocks de poissons migrent et se mélangent à travers les eaux internationales et les zones économiques exclusives de différents pays. Dans de tels contextes, l'action unilatérale n'est pas suffisante pour assurer la durabilité à long terme des stocks de poissons, et la coopération internationale devient impérative.

Les articles comme celui du "The Economist" de 2005, The tragedy of the commons, et les défis contemporains de la gestion des ressources communes mettent en évidence la difficulté de parvenir à des accords et à une action collective. Pour résoudre ces problèmes, des instances supranationales telles que les Nations Unies et ses diverses agences, ou des organisations régionales de gestion de la pêche, sont souvent appelées à jouer un rôle de coordination et de régulation. Ces organisations peuvent aider à négocier des traités internationaux qui fixent des quotas de pêche, des saisons de pêche, et des mesures de conservation, et qui sont contraignants pour les pays signataires.

Ces problématiques de gestion des ressources naturelles communes trouvent également des parallèles dans les questions de changement climatique, notamment avec l'impact des émissions de CO2 sur l'atmosphère. L'atmosphère est un bien commun à l'échelle planétaire, et les émissions de CO2 d'un pays affectent le climat mondial. Ainsi, les accords internationaux comme le Protocole de Kyoto de 1997 et l'Accord de Copenhague de 2009 sont des tentatives de réguler collectivement ces émissions. Ces accords visent à établir des cadres juridiquement contraignants pour les pays signataires afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de limiter ainsi le réchauffement climatique.

Cependant, de tels accords font face à des défis similaires à ceux de la "tragédie des communs", où chaque pays a une incitation à maximiser son développement économique et à minimiser les coûts de la réduction des émissions, tout en bénéficiant des efforts de réduction entrepris par les autres pays. C'est pourquoi la réussite de ces accords dépend non seulement de l'engagement des pays développés, qui sont historiquement les plus grands émetteurs, mais aussi de l'implication des pays en développement, qui sont les sources les plus importantes d'augmentation des émissions. La gouvernance climatique mondiale repose donc sur la capacité des pays à dépasser leurs intérêts immédiats et à collaborer pour le bien commun à long terme.

La Tragédie des Communs : Comparaison des Coûts Privés et Sociaux[modifier | modifier le wikicode]

La tragédie des communs met en évidence une discordance fondamentale entre les coûts privés et les coûts sociaux liés à l'utilisation des ressources partagées. Dans ce scénario, le coût privé est le coût personnel qu'un individu ou une entreprise engage lorsqu'il utilise une ressource commune. Par exemple, pour un pêcheur, cela pourrait être le coût de l'essence pour son bateau, le temps passé à pêcher, ou l'usure de son équipement. Le coût social, en revanche, inclut tous les coûts privés plus les coûts externes que les actions de l'individu imposent à la société — dans ce cas, la diminution des stocks de poissons disponibles pour les autres en raison de la surpêche.

Dans une situation de tragédie des communs, les individus ou les entreprises considèrent principalement leurs coûts privés lorsqu'ils prennent des décisions sur combien prélever de la ressource commune. Cela conduit à une surutilisation de la ressource, car les coûts sociaux ne sont pas pris en compte dans leur prise de décision individuelle. Si un pêcheur peut augmenter ses gains immédiats en pêchant plus, il a peu d'incitations à se retenir, même si la surpêche réduit les stocks de poissons et nuit à l'ensemble de la communauté de pêcheurs à long terme.

La conséquence est que chaque utilisateur de la ressource commune, en poursuivant son propre intérêt, contribue à une situation où la ressource est tellement exploitée qu'elle devient moins disponible ou même épuisée pour tous, y compris pour celui qui a contribué à sa surexploitation. Les utilisateurs finaux se retrouvent donc dans une position pire que si chacun avait limité sa consommation de la ressource. Cela démontre un conflit entre l'optimalité à court terme pour les individus et l'optimalité à long terme pour le groupe.

La solution traditionnelle à la tragédie des communs est la régulation, qui peut prendre la forme de droits de propriété clairement définis, de quotas, de taxes ou de normes légales, encourageant les utilisateurs à prendre en compte les coûts sociaux de leurs actions. Ces régulations sont conçues pour limiter l'utilisation de la ressource commune à un niveau durable, s'alignant ainsi les coûts privés sur les coûts sociaux et évitant l'épuisement de la ressource.

Tragédie des communaux - coût privé versus coût social 1.png


Ce graphique économique illustre le concept de la tragédie des communs appliqué à la pêche, montrant la différence entre les coûts marginaux privés et sociaux et comment cela affecte la quantité de poissons pêchés.

Dans le graphique, l'axe vertical représente le prix du poisson, tandis que l'axe horizontal représente la quantité de poisson. La ligne verticale étiquetée "Bénéfice privé/social = Demande" reflète la demande de poisson ; elle indique combien les consommateurs sont prêts à payer pour chaque quantité de poisson. La demande est considérée comme étant à la fois le bénéfice privé (ce que les pêcheurs reçoivent pour leur poisson) et le bénéfice social (la valeur du poisson pour la société).

La ligne verte, étiquetée "cm Privé", représente le coût marginal privé, qui est le coût supporté par les pêcheurs pour chaque unité supplémentaire de poisson capturée. Ce coût inclut le carburant, l'amortissement du bateau, la main d'œuvre, etc. À l'intersection de la ligne de demande et du coût marginal privé, nous trouvons la quantité de marché ​ et le prix privé ​, qui sont la quantité et le prix qui seraient réalisés dans un marché sans intervention où les pêcheurs ne considèrent que leurs coûts privés.

La ligne rouge, étiquetée "cm Social", représente le coût marginal social, qui inclut à la fois les coûts privés et les coûts externes (comme la dégradation de l'écosystème, la perte de biodiversité, et les impacts sur les communautés de pêcheurs à long terme). Lorsque ces coûts externes sont pris en compte, le coût marginal social est plus élevé que le coût marginal privé. L'intersection de la ligne de demande avec le coût marginal social donne la quantité sociale optimale et le prix social PSocial∗​. Cette quantité est inférieure à la quantité de marché, reflétant le fait qu'une fois les coûts externes pris en compte, la quantité socialement optimale de pêche est plus basse pour éviter la surpêche.

Ce graphique montre que, sans régulation, les pêcheurs sont susceptibles de pêcher une quantité ​ qui est supérieure à la quantité socialement optimale ​, menant à une sur-exploitation de la ressource. La régulation, telle que l'imposition de quotas de pêche ou d'autres mécanismes de gestion, est nécessaire pour réduire la quantité pêchée de à , minimisant ainsi les coûts sociaux et préservant la ressource poissonnière pour les générations futures.

Stratégies d'Allocation des Biens Publics[modifier | modifier le wikicode]

Déterminer l'Offre Optimale d'un Bien Public[modifier | modifier le wikicode]

La fourniture d'un bien public pose des défis uniques par rapport à celle d'un bien privé. Pour un bien privé, le marché permet généralement de déterminer à la fois le prix et la quantité de biens consommés. Les consommateurs individuels achètent des quantités différentes d'un bien privé en fonction de leur propre évaluation de l'utilité marginale du bien et de leur volonté de payer, ce qui est reflété dans la courbe de demande du marché. L'équilibre de marché se produit au point où la courbe de demande croise la courbe de l'offre, indiquant la quantité optimale du bien privé qui sera produite et consommée au prix du marché.

Pour un bien public, cependant, le processus est plus complexe. Étant donné que les biens publics sont caractérisés par la non-rivalité, la consommation du bien par une personne n'empêche pas sa consommation par une autre. Cela signifie que la même quantité du bien est disponible pour tous les individus, quel que soit le montant qu'ils paient individuellement. La question devient alors de déterminer non pas combien chaque personne consommera pour un prix donné, mais plutôt quel montant chaque personne devrait contribuer pour la quantité donnée du bien public.

La fourniture efficiente d'un bien public requiert que la somme des bénéfices marginaux individuels, qui sont les montants que chaque personne est disposée à payer pour une unité supplémentaire du bien, soit égale au coût marginal de production de ce bien. En d'autres termes, le bien public devrait être produit jusqu'au point où le coût de fournir une unité supplémentaire est exactement égal à la somme totale que les individus sont prêts à payer pour cette unité supplémentaire.

Cependant, déterminer la volonté de payer pour un bien public est difficile car les individus ont une incitation à sous-déclarer leur véritable volonté de payer afin de bénéficier du bien sans contribuer à son coût (le problème du passager clandestin). Pour cette raison, la contribution individuelle pour le financement des biens publics est souvent déterminée par le biais de taxes ou d'autres mécanismes obligatoires, et non pas par des paiements volontaires. En fin de compte, la décision sur la quantité de bien public à fournir et la méthode de financement est généralement prise par le gouvernement ou une autre autorité publique, en tenant compte des coûts de production, des bénéfices marginaux pour la société, et des considérations d'équité.

Comprendre les Demandes Individuelles et Agrégées pour les Biens Privés[modifier | modifier le wikicode]

Pour un bien privé, la demande individuelle correspond à la quantité de ce bien qu'une personne est prête à acheter à différents prix. La demande agrégée, ou demande du marché, est la somme des demandes individuelles pour le bien à chaque prix. Elle représente la quantité totale que tous les consommateurs sont prêts à acheter à chaque niveau de prix.

Le processus d'agrégation des demandes individuelles pour former la demande du marché est relativement simple pour les biens privés :

  1. Établissement des courbes de demande individuelles : Chaque consommateur a une courbe de demande qui reflète sa volonté de payer en fonction de son utilité marginale pour le bien. Cette courbe montre combien d'unités du bien le consommateur achèterait à différents prix.
  2. Agrégation horizontale : La demande du marché est obtenue en additionnant horizontalement les quantités de tous les consommateurs à chaque niveau de prix. Cela signifie que pour un prix donné, on additionne les quantités que chaque consommateur est prêt à acheter pour obtenir la quantité totale demandée sur le marché à ce prix.
  3. Établissement de la courbe de demande du marché : La courbe de demande agrégée du marché est alors tracée en prenant en compte les quantités totales demandées à chaque prix. Cette courbe a généralement une pente négative, montrant que la quantité demandée augmente à mesure que le prix diminue.

L'équilibre de marché pour un bien privé est atteint au point où la courbe de demande croise la courbe d'offre du marché. À ce point, le nombre d'unités que les consommateurs souhaitent acheter correspond au nombre d'unités que les producteurs souhaitent vendre, et le prix auquel ces deux quantités s'égalisent est le prix d'équilibre.

Ce mécanisme de marché assure que les ressources sont allouées efficacement : les biens privés sont produits et consommés dans des quantités qui maximisent le bien-être des consommateurs, tant que les marchés sont compétitifs et qu'il n'y a pas de défaillances de marché telles que les externalités ou l'information imparfaite.

Au prix d'équilibre de marché, chaque consommateur consomme une quantité différente du bien

Ce graphique illustre comment les demandes individuelles sont agrégées pour former la demande du marché pour un bien privé. Nous avons deux graphiques séparés représentant deux consommateurs différents, chacun avec sa propre courbe de demande, indiquée par D1​ et D2​. Chaque consommateur a un point sur sa courbe de demande où le prix d'équilibre du marché, représenté par l'axe vertical P, correspond à la quantité qu'il ou elle est prêt(e) à consommer, représentée par q1​ et q2​ respectivement.

Le troisième graphique combine ces deux demandes individuelles. La courbe de demande du marché D est la somme horizontale des quantités q1​ et q2​ que les deux consommateurs sont prêts à acheter au prix d'équilibre du marché. La ligne horizontale verte, étiquetée Cm=0, indique que le coût marginal de production du bien est nul. Dans la réalité, cela serait rare pour un bien privé, mais cela peut être utilisé pour illustrer un scénario hypothétique ou un bien public où le coût marginal de fournir le bien à un consommateur additionnel est nul.

Ce qui est crucial à comprendre ici est que, bien que le prix d'équilibre soit le même pour tous les consommateurs dans le marché, la quantité consommée peut varier d'un individu à l'autre en fonction de leurs préférences personnelles et de leur volonté de payer. Cette variation est représentée par les différentes quantités q1​ et q2​ sur les courbes de demande individuelles. La demande du marché reflète la somme de toutes les demandes individuelles à ce prix.

Le graphique en bas, avec les courbes en pointillé, semble montrer l'agrégation de ces demandes individuelles pour former la courbe de demande du marché. L'agrégation horizontale est une représentation graphique de la somme des quantités demandées par tous les individus à chaque niveau de prix pour obtenir la courbe de demande totale du marché. Cette courbe de demande du marché est ensuite utilisée pour déterminer la quantité totale du bien qui sera consommée au prix d'équilibre dans le marché global.

Analyse des Demandes Individuelles et Agrégées pour les Biens Publics[modifier | modifier le wikicode]

Pour un bien public, la logique de demande individuelle et de demande agrégée diffère considérablement de celle des biens privés en raison de la non-rivalité dans la consommation. Pour un bien public, chaque individu consomme la même quantité du bien, car la consommation par une personne n'empêche pas et ne diminue pas la consommation par une autre. Par exemple, une fois qu'un phare est construit, tous les bateaux naviguant à proximité bénéficient de sa lumière, quel que soit le montant qu'ils ont payé pour ce service.

Le prix que chaque individu paie pour ce bien public peut varier considérablement et ne correspond pas nécessairement au coût marginal de fourniture du bien, car le coût marginal de fournir le bien à une personne additionnelle est souvent nul ou très faible. Si on appliquait la logique du marché privé, où les prix sont fixés égaux au coût marginal (Cm), on pourrait ne pas fournir le bien public du tout ou en quantité insuffisante, car les coûts fixes de production d'un bien public sont généralement élevés et ne seraient pas couverts si chaque utilisateur ne paie que le coût marginal.

Ainsi, pour assurer une fourniture optimale d'un bien public, il est souvent nécessaire que la contribution de chaque individu soit déterminée autrement que par le marché. Cette contribution peut être établie par la taxation, où chacun paie un montant calculé non pas sur la base de l'utilisation personnelle, mais plutôt sur la capacité de payer, la valeur perçue du bien, ou par d'autres considérations d'équité et d'efficience.

L'objectif est que la somme des contributions couvre le coût total de fourniture du bien. Pour y parvenir, le gouvernement ou l'organisme public fournissant le bien doit évaluer la volonté de payer totale pour le bien et la comparer au coût de fourniture. Si la somme des valeurs que les individus placent sur le bien (leur volonté de payer) est supérieure au coût de production, le bien devrait être fourni. La méthode exacte pour répartir ces coûts parmi les individus peut être complexe et dépend de nombreux facteurs, notamment des considérations politiques et sociales.

Demandes individuelles et demande agrégée bien public 1.png

Ces graphiques économiques décrivent la demande pour un bien public par deux individus, ainsi que la demande agrégée. Dans les deux premiers graphiques, on voit les demandes individuelles D1​ et D2​ pour deux individus, avec les bénéfices marginaux (Bm) qu'ils retirent de différentes quantités du bien public. Le bénéfice marginal est représenté sur l'axe vertical et la quantité du bien public sur l'axe horizontal.

Pour chaque individu, le bénéfice marginal diminue avec l'augmentation de la quantité du bien consommé, ce qui est une représentation standard de la décroissance du bénéfice marginal. Le prix égal au coût marginal (Prix=Cm) est indiqué par une ligne pointillée horizontale. Pour un bien public, le coût marginal de fourniture à un consommateur additionnel est souvent très faible, voire nul, après que le bien a été produit.

Dans le troisième graphique, nous voyons la demande agrégée pour le bien public, qui est simplement la somme verticale des demandes individuelles à chaque niveau de quantité. La somme verticale est utilisée car, contrairement aux biens privés, chaque individu peut consommer la même quantité du bien public sans réduire la quantité disponible pour les autres. Le coût marginal collectif est indiqué par la ligne verte horizontale (Cm) et il est marqué comme étant égal à zéro, ce qui est typique pour de nombreux biens publics.

Ce que le graphique suggère, c'est que pour atteindre une efficacité dans la fourniture d'un bien public, la somme des bénéfices marginaux (les sommes verticales des volontés de payer des individus à chaque niveau de quantité) devrait être égale au coût marginal de production du bien. Comme le coût marginal est très bas ou nul, cela signifie que la quantité fournie devrait être là où la demande agrégée coupe le coût marginal, ce qui est le maximum total des bénéfices marginaux.

Cependant, le graphique pose une question sous la forme de Cm=Prix? avec une valeur de zéro, ce qui soulève le problème de comment financer le bien. Si le coût marginal est nul, mais que le coût total de production n'est pas couvert, il faudrait trouver un moyen de financer ce coût. Cela pourrait impliquer des mécanismes de financement collectifs, comme les taxes ou les contributions publiques, qui ne sont pas directement liées à la consommation individuelle mais plutôt à la capacité de payer ou à la valeur perçue du bien par chaque individu.

Études de Cas Pratiques[modifier | modifier le wikicode]

Par exemple, si pour avoir un service de voirie des rues donné, le coût est de 100 et que Jean est prêt à payer 20, Jacques 30 et Paul 50, on a la quantité optimale du bien public, car la somme des volontés de payer est égale au coût de production du service. Or, une entreprise privée de voirie ne pourrait pas financer ce service en faisant payer chacun selon sa volonté de payer à cause du problème de passager clandestin et des préférences non-révélées. L'État, de son côté, pourra procéder à une évaluation des bénéfices du service de voirie et, une fois établie la quantité optimale, grâce à son pouvoir de coercition, obliger les citoyens à se partager son financement. (Mais, comment évaluer le bénéfice et répartir au mieux le fardeau entre citoyens si l'État lui-même ne connait pas les préférences de chacun? → questions très délicates...)

Cet exemple met en lumière les défis associés au financement des biens publics tels que le service de voirie. Dans ce scénario, la somme des volontés de payer de Jean, Jacques, et Paul est égale au coût de production du service, ce qui indique que la fourniture de ce service est socialement optimale. Cependant, une entreprise privée ne peut pas facilement financer ce service en faisant payer chaque individu en fonction de sa volonté de payer, car chaque individu a un incitatif à cacher sa véritable volonté de payer afin d'éviter de contribuer au coût (le problème du passager clandestin) ou de payer moins que sa véritable évaluation du service (préférences non révélées).

L'État, ayant le pouvoir de lever des impôts, peut financer ce service en répartissant le coût entre tous les citoyens. Il peut le faire en estimant la valeur totale que le service de voirie apporte à la communauté et en utilisant des mécanismes fiscaux pour collecter les fonds nécessaires. Néanmoins, l'évaluation des bénéfices individuels et la répartition équitable du fardeau fiscal ne sont pas des tâches simples. L'État doit prendre en compte non seulement la capacité de payer des individus, mais aussi les bénéfices indirects et les externalités positives que le service de voirie pourrait générer, comme une meilleure hygiène publique et une plus grande efficacité dans les transports, qui profitent à l'ensemble de la communauté.

Pour évaluer ces bénéfices et répartir équitablement les coûts, l'État peut utiliser différentes méthodes :

  • Évaluations indirectes : Utiliser des indicateurs économiques et sociaux pour estimer la valeur du service pour les citoyens.
  • Impôts généraux : Financer le service par le biais de la fiscalité générale, où les impôts sont levés sur la base de la capacité de payer et non de l'utilisation directe du service.
  • Enquêtes et évaluations : Mener des enquêtes auprès des citoyens pour recueillir des données sur leur volonté de payer.
  • Coûts partagés : Répartir les coûts entre les citoyens en fonction de certains critères, tels que l'utilisation de la voirie, la propriété foncière ou la localisation.

Il est important de noter que ces méthodes ont leurs propres limites et peuvent nécessiter un compromis entre l'efficacité, l'équité et la praticabilité. La clé est de trouver un équilibre qui assure la fourniture continue du service tout en maintenant le consentement et la confiance des citoyens dans la manière dont les fonds sont utilisés.

Fondements de l'Analyse Coûts-Bénéfices[modifier | modifier le wikicode]

L'analyse coûts-bénéfices est une approche méthodique pour évaluer la viabilité économique d'un projet public en comparant les coûts totaux aux bénéfices totaux pour la société. Cela permet aux décideurs de déterminer si les bénéfices attendus d'un bien public justifient les dépenses.

Dans le cas de biens publics, les bénéfices et les coûts ne sont pas toujours directement reflétés par des prix de marché, car ces biens ne sont généralement pas vendus ou achetés dans un marché traditionnel. Pour estimer la valeur sociale de ces biens, les économistes et les planificateurs utilisent diverses méthodes :

  1. Évaluation contingente : Cette méthode consiste à demander directement aux gens combien ils seraient prêts à payer pour un bien public ou combien ils accepteraient de recevoir pour renoncer à ce bien. Par exemple, combien les citoyens seraient-ils prêts à payer pour la conservation d'une forêt ou pour améliorer la sécurité routière ?
  2. Prix hédonistes : Cette méthode évalue l'impact de biens publics sur les prix des marchandises privées. Par exemple, la valeur d'une forêt peut être partiellement déduite de la prime que les gens sont prêts à payer pour des propriétés à proximité de cette forêt.
  3. Coût de remplacement ou de restauration : Pour évaluer la valeur d'un bien public, on peut calculer combien il en coûterait pour le remplacer ou le restaurer si celui-ci venait à être perdu. Par exemple, quelle serait la dépense nécessaire pour reconstruire une ambassade ou pour restaurer une zone de biodiversité dégradée ?
  4. Coût d'opportunité : On peut également regarder ce que la société renonce à faire en allouant des ressources à la fourniture d'un bien public. Par exemple, si des fonds sont utilisés pour construire un zoo, quelles autres installations publiques ou services n'ont pas été financés à la place ?
  5. Approche par la valeur statistique d'une vie : Pour estimer la valeur des routes plus sûres, les économistes utilisent parfois la notion de valeur statistique d'une vie, qui reflète la quantité d'argent que la société est prête à dépenser pour réduire le risque de décès.

Ces méthodes ont des limitations et peuvent être sujettes à des biais, mais elles fournissent des cadres pour tenter d'évaluer les bénéfices et coûts non marchands. Les résultats de ces évaluations sont cruciaux pour la prise de décision en matière de politique publique, notamment pour décider si un bien public doit être fourni et à quelle échelle. En fin de compte, bien que l'analyse coûts-bénéfices puisse aider à informer les décisions, les choix finaux impliquent souvent aussi des jugements de valeur et des considérations politiques.

L'analyse coûts-bénéfices est un outil d'évaluation complexe qui nécessite souvent de faire des jugements subjectifs, particulièrement lorsqu'il s'agit de peser les avantages économiques contre les coûts sociaux et environnementaux. Dans l'exemple d'un barrage hydroélectrique, les bénéfices peuvent inclure la génération d'énergie renouvelable, la régulation des eaux pour prévenir les inondations, et la création d'opportunités économiques telles que l'amélioration des infrastructures et le tourisme. Ces avantages sont souvent quantifiables en termes monétaires et peuvent être comparés aux coûts directs de construction et de maintenance du barrage. Cependant, les coûts pour les riverains — comme le déplacement de communautés, la perte de terres agricoles, et les changements dans les modes de vie locaux — ainsi que les impacts sur la biodiversité — comme la perturbation des écosystèmes aquatiques et la modification des habitats naturels — nécessitent une évaluation plus subjective. Comment, par exemple, évaluer la perte de patrimoine culturel ou les impacts sur des espèces endémiques qui pourraient être menacées par la construction du barrage ?

La méthode d'évaluation contingente peut être utilisée pour demander aux parties prenantes combien elles seraient prêtes à payer pour préserver leur mode de vie ou l'environnement, mais ces évaluations sont subjectives et peuvent ne pas capturer pleinement la valeur intrinsèque des pertes non économiques. La valeur donnée à chaque facteur varie selon les parties prenantes et les décideurs, et peut être influencée par des considérations politiques, économiques, et éthiques. Les décisions finales peuvent donc varier en fonction des valeurs et des priorités de la société à un moment donné. Cela souligne l'importance d'un processus de décision transparent et inclusif, où toutes les voix sont entendues et où les impacts sont soigneusement considérés et équilibrés. Il est également essentiel de considérer des solutions alternatives et de réaliser des analyses de sensibilité pour comprendre comment les différentes hypothèses influencent les résultats de l'analyse coûts-bénéfices.

Cas Pratique : Analyse Coûts-Bénéfices d'un Projet de Pont[modifier | modifier le wikicode]

L'analyse coût-bénéfice pour la construction d'un pont sur une rivière doit prendre en compte diverses implications économiques, sociales et environnementales. Les bénéfices de ce projet peuvent être multiples. Monétairement, si le pont est à péage, il pourrait générer des revenus substantiels en fonction du trafic qu'il attire. Ces revenus ne se limitent pas seulement aux frais de péage, mais s'étendent aussi au surplus que les automobilistes seraient disposés à payer pour les avantages que le pont offre en termes de gain de temps et de confort par rapport aux itinéraires alternatifs. En outre, la présence du pont peut avoir des retombées positives significatives sur le tourisme local, car les régions qui étaient auparavant difficiles d'accès peuvent devenir plus attrayantes pour les visiteurs, ce qui stimulerait l'économie locale. La réduction de la congestion sur d'autres routes peut également entraîner des économies de temps et d'argent pour les automobilistes, ce qui constitue un autre avantage économique indirect.

Cependant, le projet entraînerait également des coûts. Sur le plan monétaire, les coûts immédiats incluraient les dépenses consacrées à la construction, telles que les matériaux, la main-d'œuvre et la gestion du projet. Si le financement de la construction est réalisé à travers une augmentation de la fiscalité, cela pourrait entraîner une perte d'efficience économique car les taxes peuvent perturber l'allocation optimale des ressources sur le marché. De plus, il y a des externalités négatives qui doivent être prises en considération, telles que l'impact potentiel sur les entreprises de tourisme dans d'autres régions qui pourraient perdre des revenus, ou sur les services de traversiers qui seraient moins utilisés ou deviendraient obsolètes. Les conséquences environnementales ne doivent pas être sous-estimées non plus, car la construction d'un pont peut modifier les paysages, perturber les écosystèmes locaux, affecter la faune et impacter la qualité de vie des riverains.

L'ensemble de ces facteurs doit être méticuleusement évalué pour déterminer si les avantages globaux justifient les coûts associés. La difficulté réside dans la monétisation des avantages et des coûts non économiques, qui exige souvent des approches d'évaluation indirectes et peut être sujet à débat. L'impact sur l'environnement, par exemple, peut exiger des compensations ou des mesures d'atténuation qui doivent être évaluées et financées adéquatement.

La décision finale concernant la construction du pont doit alors être prise en considérant non seulement les calculs économiques, mais aussi les valeurs sociales et environnementales. Elle impliquera un arbitrage entre les besoins de développement économique et la préservation de l'environnement et du bien-être social. En fin de compte, il s'agit de prendre une décision qui maximise le bien-être collectif tout en minimisant les impacts négatifs, un défi qui nécessite une réflexion approfondie, des compromis éclairés et une planification stratégique.

Évaluer la Valeur d'une Vie dans les Projets Publics[modifier | modifier le wikicode]

Les décideurs politiques sont souvent confrontés à des décisions difficiles lorsqu'il s'agit d'améliorer la sécurité dans divers domaines de la vie publique. Ces améliorations, qu'elles concernent le lieu de travail, la circulation routière ou les loisirs, impliquent généralement des coûts qui doivent être comparés aux avantages, notamment en termes de vies potentiellement sauvées. La complexité éthique et pratique de ces situations réside dans la nécessité d'attribuer une valeur à la vie humaine, ce qui est une tâche à la fois sensible et controversée.

L'une des méthodes pour évaluer la valeur d'une vie est l'approche du capital humain, qui mesure la valeur économique d'une personne en termes de sa contribution potentielle future à l'économie, souvent basée sur le revenu actuel ou futur prévu. Cette méthode est utilisée dans certains systèmes juridiques, tels que les tribunaux aux États-Unis, pour calculer les dommages compensatoires en cas de décès. Cependant, cette approche soulève des problèmes éthiques importants liés à l'équité : elle peut aboutir à une situation où la vie de personnes ayant un faible revenu ou peu d'éducation est considérée comme ayant moins de valeur que celle de personnes ayant de plus hauts revenus ou un niveau d'éducation plus élevé.

Une autre approche est celle des dépenses de sécurité, qui examine ce que les gens sont prêts à payer pour des dispositifs de sécurité supplémentaires, comme un airbag, des freins ABS sur une voiture ou un extincteur dans une maison. Cela reflète une volonté de payer pour réduire le risque de blessure ou de décès. Cependant, cela suppose que les gens ont une compréhension précise du niveau de risque réduit par ces dépenses et que tout le monde a les mêmes moyens financiers pour investir dans la sécurité.

L'approche de la valeur statistique d'une vie prend en compte la prime de risque que les travailleurs exigent pour accepter un emploi plus risqué. Ces primes peuvent être utilisées pour estimer la valeur que la société attribue à des réductions statistiques des risques de décès. Cette méthode est largement utilisée pour guider les politiques publiques, car elle s'appuie sur des choix observables sur le marché du travail.

Ces différentes approches ont toutes des limitations et des implications morales. Par exemple, la valeur statistique d'une vie peut varier en fonction de l'âge, du statut socioéconomique ou d'autres facteurs, ce qui soulève des questions d'équité. De plus, aucune méthode ne peut pleinement capturer la valeur intrinsèque de la vie humaine et les conséquences émotionnelles, sociales et culturelles de la perte d'un être cher.

En pratique, les décideurs peuvent combiner plusieurs méthodes pour arriver à une estimation plus équilibrée de la valeur d'une vie dans le contexte de décisions de politique publique. Ils doivent également prendre en compte les valeurs éthiques de la société et s'assurer que les mesures prises ne discriminent pas contre certains groupes de personnes. La participation publique et le débat sont essentiels pour assurer que ces décisions reflètent les valeurs de la communauté dans son ensemble.

Les Implications Temporelles dans l'Analyse Coûts-Bénéfices[modifier | modifier le wikicode]

La prise en compte du temps est un aspect crucial de l'analyse coûts-bénéfices, surtout quand il y a un décalage temporel entre les coûts engagés et les bénéfices obtenus. C'est une situation fréquente dans le domaine des politiques publiques, où de nombreux investissements, tels que l'amélioration de l'éducation, la gestion des ressources en eau ou le reboisement des forêts, exigent des dépenses immédiates tandis que leurs bénéfices ne se matérialisent que sur le long terme.

L'un des principes fondamentaux de la finance est que les individus ont une préférence pour le présent, aussi connue sous le terme de "préférence temporelle". Les gens ont tendance à valoriser les bénéfices immédiats plus fortement que les bénéfices futurs, ce qui est souvent conceptualisé par le taux d'actualisation dans l'analyse économique. Pour équilibrer cette préférence pour le présent, les coûts et bénéfices futurs sont "actualisés" pour refléter leur équivalent en valeur présente. Cela signifie que les flux futurs de coûts et de bénéfices sont convertis en leurs valeurs actuelles en utilisant un taux d'actualisation, qui prend généralement en compte le taux d'intérêt et d'autres facteurs de risque ou d'incertitude.

Lorsque l'on compare les coûts immédiats aux bénéfices futurs, l'utilisation d'un taux d'actualisation peut significativement réduire la valeur présente des bénéfices futurs, ce qui peut rendre les projets à long terme moins attrayants du point de vue de l'analyse coûts-bénéfices. C'est pourquoi la sélection du taux d'actualisation est souvent l'objet de débats et d'analyses, car un taux trop élevé peut dissuader des investissements bénéfiques à long terme et un taux trop bas peut conduire à surinvestir dans des projets qui ne sont pas nécessairement efficaces.

En plus de l'incertitude liée à la valorisation des flux monétaires futurs, il y a aussi souvent une incertitude sur l'évaluation des conséquences non-monétaires ou des externalités. Les externalités environnementales, sociales et de santé publique peuvent être particulièrement difficiles à quantifier. Par conséquent, il est essentiel d'intégrer des analyses de sensibilité dans l'analyse coûts-bénéfices pour comprendre comment différents scénarios et taux d'actualisation affectent l'évaluation du projet.

Les décideurs doivent donc non seulement considérer les coûts et bénéfices et leur timing, mais aussi la manière dont ces derniers sont valorisés au fil du temps. Ils doivent aussi tenir compte de l'incertitude et des risques associés aux prévisions à long terme. Cela exige une approche prudente et souvent une combinaison de méthodes d'évaluation pour assurer que les décisions prises aujourd'hui serviront le bien-être des générations actuelles et futures.

L'Importance de l'État de Droit pour l'Efficienté du Marché[modifier | modifier le wikicode]

Le marché est souvent célébré pour sa capacité à allouer les ressources de manière efficace grâce à la théorie de la main invisible, où la poursuite des intérêts privés contribue, sans intention délibérée, à l'efficacité collective. Cependant, ce mécanisme repose sur certaines conditions fondamentales, dont le respect de l'État de droit et la sauvegarde des droits de propriété.

L'État de droit crée un cadre où les transactions peuvent se faire en toute confiance, avec la certitude que les contrats seront honorés et que les droits de propriété seront respectés. Sans cela, il existe un risque accru d'expropriation arbitraire ou de confiscation, ce qui peut décourager l'investissement et l'échange et réduire ainsi l'efficacité du marché. En effet, si les acteurs du marché craignent que leurs biens puissent être pris de force ou sans compensation équitable, ils seront moins enclins à investir ou à entreprendre des activités productives.

Le marché seul ne peut pas garantir l'émergence ou le maintien de l'État de droit. Dans l'histoire, il y a eu des périodes et des lieux caractérisés par un faible respect des droits fondamentaux, où les échanges étaient entravés par l'instabilité et l'insécurité juridique. Des exemples notoires incluent les régions contrôlées par des seigneurs de guerre ou des organisations criminelles où la loi du plus fort prévaut, et où l'incitation dominante est l'extorsion plutôt que la production. Dans ces contextes, l'économie ne fonctionne pas de manière efficace et équitable, et la société dans son ensemble en souffre.

Même les sociétés de chasseurs-cueilleurs, qui existent sans droits de propriété formels, peuvent illustrer cette dynamique. Tant que la population est faible et que les ressources environnantes sont abondantes, il peut y avoir peu de conflits sur l'utilisation des ressources. Cependant, avec l'augmentation de la pression démographique, la concurrence pour les ressources limitées s'intensifie, et l'absence d'incitations à préserver ces ressources peut conduire à leur surexploitation et épuisement — la tragédie des communs.

Pour éviter ces écueils, l'intervention de l'État ou de la communauté est souvent nécessaire pour établir et maintenir l'ordre juridique, protéger les droits de propriété, et réguler l'utilisation des ressources communes. L'État doit équilibrer les intérêts individuels avec le bien-être collectif, en imposant des règles et des normes qui encouragent la production et l'échange tout en préservant la justice et la durabilité. Cela exige une gouvernance efficace, une justice impartiale et une administration capable de faire respecter les lois de manière équitable.

Synthèse et Conclusions[modifier | modifier le wikicode]

Les biens et services au sein d'une économie se distinguent principalement selon deux critères : la capacité d'exclure ou non des consommateurs potentiels de leur usage et leur caractère rival ou non. Les biens publics purs sont définis par l'absence d'exclusion et de rivalité dans la consommation : une fois qu'ils sont fournis, personne ne peut être empêché de les consommer et leur utilisation par une personne ne diminue pas la quantité disponible pour les autres. Cela contraste avec les biens privés, où l'utilisation par un individu empêche souvent un autre individu de consommer le même bien (rivalité) et où l'accès peut être restreint à ceux qui peuvent payer pour eux (exclusion).

Lorsqu'il est impossible d'exclure les individus de la consommation d'un bien, une situation de passager clandestin peut émerger, particulièrement si le bien est fourni par le secteur privé. Les individus peuvent bénéficier du bien sans contribuer à son coût, ce qui conduit souvent à une sous-fourniture du bien par le marché. Pour remédier à cela, l'État intervient souvent pour fournir des biens publics, se basant sur une analyse coûts-bénéfices pour déterminer la quantité appropriée à fournir.

Les ressources communes présentent un autre dilemme : elles sont caractérisées par la rivalité dans la consommation mais ne permettent pas l'exclusion. Les individus, ne payant pas pour l'utilisation de ces ressources et ne faisant pas face aux coûts directs de leur surconsommation, ont tendance à les utiliser de manière excessive, ce qui peut mener à leur épuisement rapide. La tragédie des communs, comme cela est connu, nécessite une intervention de l'État pour réguler l'utilisation de ces ressources et empêcher leur sur-exploitation.

Le défi se complique lorsque les ressources s'étendent au-delà des frontières nationales, car aucun État unique ne peut réguler leur utilisation de manière effective. Cela requiert une coopération internationale et des accords transfrontaliers pour gérer durablement ces ressources partagées et assurer qu'elles ne soient pas épuisées par l'utilisation non coordonnée et compétitive entre les nations.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]