Jean-Jacques Rousseau et le nouveau pacte social

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Un homme va répondre à Hobbes et Montesquieu, récusant la modernité d’État, c’est Rousseau. Rousseau est fascinant parce que son œuvre est gigantesque, c’est un homme qui a exercé de très nombreuses professions avant d’être le citoyen qu’il était. Il naît et grandit à Genève en 1712.

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Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Jean-Jacques Rousseau est né à Genève le 28 juin 1712, il est le second fils d'Isaac Rousseau et de Suzanne Bernard, laquelle meurt le 7 juillet.

1712 – 1722 : Éducation par son père. Lecture de Plutarque.
1722 – 1724 : Isaac Rousseau s'établit à Nyon. Jean-Jacques en pension à Bossey.
1725 : Apprentissage de graveur
1728: Le 14 mars, Rousseau trouve les portes de Genève fermées. Il se réfugie chez le curé de Confignon puis, le 21 mars, rencontre Mme de Warens à Annecy. Il ne tarde pas à se convertir au catholicisme à Turin.
1729 – 1731 : Rousseau vit chez Mme de Warens à Annecy puis à Chambéry. Il apprend divers métiers, notamment la musique. Voyages en Suisse (1730-1731) et à Paris (été 1731).
1736 : Séjour aux Charmettes (Chambéry).
1738 – 1739 : Aux Charmettes, Rousseau parfait son éducation scientifique, littéraire et philosophique.
1740 – 1741 : Séjour à Lyon. Rousseau précepteur des enfants de Mably.
1742 : À peine à Paris, Rousseau présente à l'Académie des Sciences son Projet concernant de nouveaux signes pour la musique.
1743 – 1744 : Rousseau à Venise comme secrétaire de l'Ambassadeur de France, M. de Montaigu. Découverte de la politique.
1745 : Rousseau se lie avec Diderot. Début de sa liaison avec Thérèse Levasseur. Leurs enfants seront mis aux Enfants-Trouvés.
1746 : Secrétaire de Mme Dupin.
1749 : Rousseau rédige les articles sur la musique de l'Encyclopédie. En octobre, en allant voir Diderot emprisonné à Vincennes, il découvre dans le Mercure de France le thème du concours de l'Académie de Dijon: Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs. C'est l'illumination et l'idée du Premier Discours.
1750 : Le Discours sur les Sciences et les Arts de Rousseau est couronné par l'Académie de Dijon.
1752 : Son opéra Le Devin de village est représenté en octobre devant Louis XV. En décembre, représentation au Théâtre-Français de sa pièce : Narcisse ou l'Amant de lui-même.
1753 : Préparation du Second Discours pour l'Académie de Dijon: Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ?
1754 : Voyage à Genève. Rousseau rentre dans l'Église calviniste et retrouve ses droits de citoyen et de membre du Conseil Général.
1755 : Publication du Second Discours dédicacé à la République de Genève et de l'article Économie politique dans le tome V de l'Encyclopédie.
1756 : Rousseau s'installe chez Mme d'Epinay. Il commence la rédaction de La Nouvelle Héloïse.
1757 : Après s'être disputé avec Grimm, Mme d'Epinay et Diderot, Rousseau s'installe Montmorency.
1758 : Lettre à M. d'Alembert sur les spectacles par laquelle Rousseau répond à l'article de d'Alembert sur Genève du tome VII de l'Encyclopédie. Achèvement de la rédaction de La Nouvelle Héloïse et commencement de celle de l'Émile.
1761 : Publication de La Nouvelle Héloïse.
1762 : Publication au printemps du Contrat social et de l'Émile. Condamnation de l'Émile le 9 juin. Poursuivi, Rousseau se réfugie à Yverdon, puis à Môtiers-Travers, dans la principauté de Neuchâtel, qui dépend du Roi de Prusse. Le 19 juin, l'Émile et le Contrat social sont brûlés à Genève et Rousseau décrété de prise de corps.
1763 : Renonciation de Rousseau à la bourgeoisie de Genève. Le Procureur général de Genève Jean-Robert Tronchin publie les Lettres écrites de la campagne.
1764 : Rousseau réplique de Môtiers-Travers à J.-R. Tronchin par les Lettres écrites de la montagne. Début de la rédaction des Confessions.
1765 : Rousseau en conflit avec le pasteur et les habitants de Môtiers-Travers – Rédaction du Projet de constitution pour la Corse. Séjour à l'île Saint-Pierre d'où le Petit Conseil de Berne finit par l'expulser.
1766 : Départ pour l'Angleterre avec David Hume.
1767 : Brouille avec Hume et retour en France. Publication du Dictionnaire de musique à Paris.
1768 : Rousseau gagne Grenoble, Chambéry et s'installe enfin à Bourgoin dans le Dauphiné, où il épouse Thérèse Levasseur le 30 août (mariage en droit naturel).
1770 : Rousseau à nouveau à Paris.
1771 : Rousseau rédige les Considérations sur le gouvernement de Pologne à la demande du Comte Wielhorski.
1773 : Rédaction de Rousseau juge de Jean-Jacques.
1776 – 1778 : Rédaction des Rêveries du promeneur solitaire.
Tombeau de Rousseau au Panthéon de Paris
1778 : Rousseau s'établit au printemps à Ermenonville chez M. de Girardin avec sa femme Thérèse. Il meurt le 2 juillet et y est enterré le 4 dans l'île des Peupliers.
1782 : Publication des Oeuvres de Rousseau à Genève, avec les Confessions et les Rêveries du promeneur solitaire.
1792 : Le Conseil général de Genève rapporte le décret de condamnation de Rousseau.
1794 : Transfert à Paris des restes de Rousseau au Panthéon.
1835 : Inauguration à Genève de la statue de Rousseau par Pradier sur l'Ile des Barques qui devient l'Ile Rousseau.
1878 : Célébration à Genève du « Centenaire de Jean-Jacques » à l'occasion du centième anniversaire de sa mort. Marc Monnier s'adresse à la délégation française : « Vous nous avez donné la Réforme, nous vous avons donné la Révolution. Nous vous devons Calvin, vous nous devez Rousseau ».

Rousseau est un homme qui a fait l’expérience du rapport de domination ayant travaillé pour des gens qui ne l’ont pas toujours bien traité, il a l’expérience de l’artisan, l’expérience du service, il a exercé des métiers multiples lui donnant une expérience humaine considérable.

Rousseau est un grand voyageur ayant eu une vie errante, il a l’expérience de l’humanité des hommes, mais aussi l’expérience des voyages et de l’errance.

Il aborde une multitude de sujets, il est l’auteur de traités sur la musique, d’un traité sur les langues, d’une œuvre politique, littéraire, il s’est intéressé à l’éducation, ce fut un homme d’un génie touche à tout ; c’est le Mozart des sciences humaines, il a quelque chose d’universel pour avoir touché de très nombreux et variés sujets.

Genève au XVIIIème siècle : une lutte entre classes sociales[modifier | modifier le wikicode]

Rousseau n’écrit pas dans un contexte européen, mais dans un contexte genevois, il est fier de sa citoyenneté genevoise. Les structures des institutions sociales de la République de Genève ont beaucoup marqué Rousseau.

Fonctionnement des Institutions politiques genevoises sous l'Ancien régime, tiré de Barara Roth-Lochner, "De la Réforme à la Révolution", p. 76[4]

La République de Genève fonctionne sur le système de l’emboitage :

  • il y a tout d’abord les quatre syndiques qui sont en charge et exercent le pouvoir exécutif, devant exécuter les décisions prises par les personnes du…
  • … Petit Conseil composé de 25 personnes qui exécutent les lois, mais les proposent également. C’est le cœur du pouvoir de la République de Genève.
  • le Conseil des Soixante est un conseil qui se réunit lorsque notamment la République est menacée, c’est une sorte de conseil politique de guerre.
  • le Conseil des Deux-Cents se réunit une fois par mois adoptant les lois, mais les lois proposées par le Petit Conseil. C’est un pouvoir législatif limité par sa capacité à initier des réformes législatives.
  • le Conseil Général et le corps électoral, c’est au sein du Conseil Général que l’on choisit les membres des Conseils. Ce conseil comprend tous ceux qui ont le titre de citoyen est âgé de plus de 25 ans.

Sociologiquement, Genève est divisé entre quatre catégories. Rousseau était hanté par la discrimination entre citoyens et les autres :

  • les citoyens.
  • un bourgeois dans la République de Genève est un étranger, mais qui a acheté le droit de bourgeoise c’est-à-dire un droit donnant les mêmes droits politiques que les citoyens, mais à la réserve de l’éligibilité.
  • les habitants ont le droit de séjourner et de pratiquer leur métier.
  • Les natifs sont les descendants des habitants ne détenant aucun droit politique, mais peuvent exercer leur profession d’artisan.

Toute l’histoire de Genève au XVIIIème siècle peut se lire comme une lutte entre citoyens, bourgeois et les natifs qui ont obtenu en 1792 les mêmes droits que les citoyens et les bourgeois. Cette lutte pour l’émancipation politique des natifs a marqué Rousseau trouvant dans ses écrits de nombreuses allusions des luttes entre natifs, citoyens et bourgeois.

Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755[modifier | modifier le wikicode]

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En 1755 est publié le discours dans lequel il répond à Hobbes et Montesquieu. Ce discours sur l’Origine et les fondements l’inégalité parmi les hommes est un texte fondateur et fondamental qui tente de répondre à trois questions :

  1. question de l’histoire de l’humanité : comment en est-on arrivé où nous en sommes ? C’est une dimension historique de l’humanité.
  2. question de savoir qui sommes-nous : avons-nous des passions inhérentes à l’humanité ? de quoi sommes-nous constitués ?
  3. analyse de la dégradation de la nature humaine : histoire de la dégradation et de la corruption de la nature humaine. Qu’est-ce qui fait que l’Homme né libre et pourtant est dans les fers.

Rousseau montre que les métiers qu’il a exercés sont chez lui fondamentaux, il a une connaissance de la nature humaine exceptionnelle. Il nous montre que son vécu a marqué sa philosophie politique et sa philosophie du droit.

La première partie est la réponse sur la nature humaine reprenant la posture de Hobbes :

  1. oui il est d’accord avec Hobbes pour dire que l’homme est seul, isolé, qui n’est pas naturellement social, toutefois l’Homme n’est pas craintif, il ne se sent pas menacé, l’homme est heureux. C’est le mythe du bon sauvage, l’Homme est simple et autosuffisant.
  2. L’homme n’est pas doté de passion guerrière, l’homme n’est pas un loup pour l’homme il est doté de deux caractéristiques à l’état de nature :
    1. l’amour de soi-même
    2. la pitié
  3. le sentiment d’amour de soi-même se transforme, nous nous comparons, nous envions nos voisins parce que né en nous l’amour propre. L’amour propre change, détruit et corrompt notre innocence naturelle. La pitié est un noble sentiment tout comme l’autoconservation, mais l’amour propre ne l’est plus.

L’homme va quitter cet état d’instabilité pour constituer la société moderne.

« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. »

Rousseau attaque la propriété, mais ce n’est pas tant la propriété que l’accumulation de la richesse qu’il attaque parce qu’elle engendre une triple dégradation chez l’être humain est de trois ordres :

  • moral ;
  • politique ;
  • culturelle.

L’amour propre et l’amour des richesses corrompent notre âme pour Rousseau, cette corruption est à l’origine des inégalités entre les hommes.

L’humanité s’est construite sur un certain nombre de principes humains qui ont introduit l’inégalité parmi les hommes, il faut donc trouver une formule, un État qui respecte et qui restaure cette égalité naturelle qui a été détruite et dégradée.

Il faut construire un modèle qui permette à l’égalité entre les hommes d’être constitutive de cet État. Il faut trouver un modèle qui fasse du peuple le cœur même du pouvoir.

L’État des modernes n’est pas l’Angleterre, mais l’État démocratique que nous connaissons maintenant étant le sens du Contrat Social de 1762.

Rousseau - Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755 Rousseau nous offre dans le deuxième discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes deux choses essentielles :

  1. une histoire de l’humanité : c’est une tentative de répondre à la question qu’est-ce que l’Homme et comment a-t-il évolué à l’état de nature ? Qu’est-ce qui l’a distingué ? Qu’est-ce qui l’a fait perfectible ? Qu’est-ce qui fait que nous avons évolué du temps zéro jusqu’au moment où nous avons décidé de vivre ensemble ? C’est l’histoire des êtres humains des origines à nos jours.
  2. comment expliquer que cette évolution aboutie à une inégalité politique et sociale entre les hommes ? que s’est-il passé dans l’histoire de l’humanité faisant que la machine homme – société s’est grippée et que va s’installer l’inégalité parmi les Hommes ?

Le diagnostic est posé dans le se second discours qui est l’analyse, la solution au problème sera proposée par Rousseau en 1762 qui est Le Contrat Social.

Afin de restaurer l’égalité perdue parmi les Hommes, voici le type d’État qui est proposé à instaurer. Rousseau ne remet pas en cause l’existence d’une inégalité naturelle.

« Je conçois dans l'espèce humaine deux sortes d'inégalité ; l'une que j'appelle naturelle ou physique, parce qu'elle est établie par la nature, et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps, et des qualités de l'esprit, ou de l'âme, l'autre qu'on peut appeler inégalité morale, ou politique, parce qu'elle dépend d'une sorte de convention, et qu'elle est établie, ou du moins autorisée par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges, dont quelques-uns jouissent, au préjudice des autres, comme d'être plus riches, plus honorés, plus puissants qu'eux, ou même de s'en faire obéir. »

On voit très bien que Rousseau a conscience de cette distinction nécessaire entre l’égalité naturelle et physique entre les hommes et l’égalité en société ; il ne veut pas interférer et intervenir sur le premier type d’inégalité, mais sur le deuxième.

« De quoi s'agit-il donc précisément dans ce Discours ? De marquer dans le progrès des choses le moment où le droit succédant à la violence, la nature fut soumise à la loi ; d'expliquer par quel enchaînement de prodiges le fort put se résoudre à servir le faible, et le peuple à acheter un repos en idée, au prix d'une félicité réelle. »

Rousseau connaît les auteurs du passé, il envoie une pique à chacun d’entre eux :

« Les philosophes qui ont examiné les fondements de la société ont tous senti la nécessité de remonter jusqu'à l'état de nature, mais aucun d'eux n'y est arrivé. Les uns n'ont point balancé à supposer à l'homme dans cet état la notion du juste et de l'injuste, sans se soucier de montrer qu'il dût avoir cette notion, ni même qu'elle lui fût utile. D'autres ont parlé du droit naturel que chacun a de conserver ce qui lui appartient, sans expliquer ce qu'ils entendaient par appartenir ; d'autres donnant d'abord au plus fort l'autorité sur le plus faible, ont aussitôt fait naître le gouvernement, sans songer au temps qui dut s'écouler avant que le sens des mots d'autorité et de gouvernement pût exister parmi les hommes. Enfin tous, parlant sans cesse de besoin, d'avidité, d'oppression, de désirs, et d'orgueil, ont transporté à l'état de nature des idées qu'ils avaient prises dans la société. Ils parlaient de l'homme sauvage, et ils peignaient l'homme civil. »

On sent Rousseau qui monte peu à peu, qui nous explique d’où nous venons tandis que Hobbes est beaucoup plus brutal dans le passage de l’état de nature à l’état de société.

Toute la première partie retrace l’histoire de l’humanité :

« je ne suivrai point son organisation à travers ses développements successifs. je ne m'arrêterai pas à rechercher dans le système animal ce qu'il put être au commencement, pour devenir enfin ce qu'il est […] »

« En dépouillant cet être, ainsi constitué, de tous les dons surnaturels qu'il a pu recevoir, et de toutes les facultés artificielles qu'il n'a pu acquérir que par de longs progrès, en le considérant, en un mot, tel qu'il a dû sortir des mains de la nature, je vois un animal moins fort que les uns, moins agile que les autres, mais, à tout prendre, organisé le plus avantageusement de tous. je le vois se rassasiant sous un chêne, se désaltérant au premier ruisseau, trouvant son lit au pied du même arbre qui lui a fourni son repas, et voilà ses besoins satisfaits. »

C’est le mythe du bon sauvage et de l’Homme naturel, il continue son explication : depuis le moment t0 que s’est-il passé ? La nature a joué son rôle, l’Homme a fait preuve d’un instinct particulier.

« Avec si peu de sources de maux, l'homme dans l'état de nature n'a donc guère besoin de remèdes, moins encore de médecins ; l'espèce humaine n'est point non plus à cet égard de pire condition que toutes les autres, et il est aisé de savoir des chasseurs si dans leurs courses ils trouvent beaucoup d'animaux infirmes. Plusieurs en trouvent-ils qui ont reçu des blessures considérables très bien cicatrisées, qui ont eu des os, et même des membres, rompus et repris sans autre chirurgien que le temps, sans autre régime que leur vie ordinaire, et qui n'en sont pas moins parfaitement guéris, pour n'avoir point été tourmentés d'incisions, empoisonnés de drogues, ni exténués de jeûnes. Enfin, quelque utile que puisse être parmi nous la médecine bien administrée, il est toujours certain que si le sauvage malade abandonné à lui-même n'a rien à espérer que de la nature, en revanche il n'a rien à craindre que de son mal, ce qui rend souvent sa situation préférable à la nôtre. »

C’est une vision anthropologique presque moderne qui voit l’Homme à l’état de nature.

« Seul, oisif, et toujours voisin du danger, l'homme sauvage doit aimer à dormir, et avoir le sommeil léger comme les animaux, qui, pensant peu, dorment, pour ainsi dire, tout le temps qu'ils ne pensent point. »

L’homme diffère de la bête dans le sens qu’il a besoin de se perfectionner, il est perfectible. Ce qui va distinguer l’Homme des animaux est le langage.

Rousseau insiste sur nos capacités à communiquer, il pense que nous avons développé un langage plus sophistiqué.

« Qu'il me soit permis de considérer un instant les embarras de l'origine des langues. »

L’homme progresse, communique et développe son langage. Rousseau développe une véritable théorie évolutionniste du langage. Il n’y a pas un langage, mais des langages que l’Homme s’approprie et développe, c’est par le langage que les idées naissent, que la raison se met à fonctionner.

Toute l’attention est toujours portée à l’évolution calme et sereine de l’Homme à l’état de nature.

« Il paraît d'abord que les hommes dans cet état n'ayant entre eux aucune sorte de relation morale, ni de devoirs connus, ne pouvaient être ni bons ni méchants, et n'avaient ni vices ni vertus, à moins que, prenant ces mots dans un sens physique, on n'appelle vices dans l'individu les qualités qui peuvent nuire à sa propre conservation, et vertus celles qui peuvent y contribuer. »

La critique de Hobbes monte :

« N'allons pas surtout conclure avec Hobbes que pour n'avoir aucune idée de la bonté, l'homme soit naturellement méchant, qu'il soit vicieux parce qu'il ne connaît pas la vertu, qu'il refuse toujours à ses semblables des services qu'il ne croit pas leur devoir, ni qu'en vertu du droit qu'il s'attribue avec raison aux choses dont il a besoin, il s'imagine follement être le seul propriétaire de tout l'univers. Hobbes a très bien vu le défaut de toutes les définitions modernes du droit naturel : mais les conséquences qu'il tire de la sienne montrent qu'il la prend dans un sens qui n'est pas moins faux. En raisonnant sur les principes qu'il établit, cet auteur devait dire que l'état de nature étant celui où le soin de notre conservation est le moins préjudiciable à celle d'autrui, cet état était par conséquent le plus propre à la paix, et le plus convenable au genre humain. »

L’état de nature pour Rousseau est l’anti-Hobbes, c’est l’état de félicité. L’homme de nature n’a pas les qualités voulues par Hobbes, mais il en a deux essentielles :

« Il y a d'ail¬leurs un autre principe que Hobbes n'a point aperçu et qui, ayant été donné à l'homme pour adoucir, en certaines circonstances, la férocité de son amour-propre, ou le désir de se conserver avant la naissance de cet amour, tempère l'ardeur qu'il a pour son bien-être par une répugnance innée à voir souffrir son semblable. Je ne crois pas avoir aucune contradiction à craindre, en accordant à l'homme la seule vertu naturelle, qu'ait été forcé de reconnaître le détracteur le plus outré des vertus humaines, je parle de la pitié, disposition convenable à des êtres aussi faibles, et sujets à autant de maux que nous le sommes […] »

« Il ne faut pas confondre l'amour-propre et l'amour de soi-même ; deux passions très différentes par leur nature et par leurs effets. L'amour de soi-même est un senti¬ment naturel qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation et qui, dirigé dans l'homme par la raison et modifié par la pitié, produit l'humanité et la vertu. L'amour-propre n'est qu'un sentiment relatif, factice et né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que de tout autre, qui inspire aux hommes tous les maux qu'ils se font mutuellement et qui est la véritable source de l'honneur. »

L’amour-propre est la comparaison avec les autres, c’est une forme d’égoïsme et d’égocentrisme. D’une certaine manière, Rousseau rejoint Hobbes dans le sens où le principe d’autoconservation est en nous, mais il ajoute la pitié. C’est parce que nous nous aimons que nous voulons nous conserver.

« Il est donc certain que la pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce. »

Chez Rousseau la pitié est un sentiment noble parce qu’elle assure la paix, le caractère paisible des relations entre les hommes.

« Après avoir prouvé que l'inégalité est à peine sensible dans l'état de nature, et que son influence y est presque nulle, il me reste à montrer son origine, et ses progrès dans les développements successifs de l'esprit humain. »

Que s’est-il donc passé ?

« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne. Mais il y a grande apparence, qu'alors les choses en étaient déjà venues au point de ne pouvoir plus durer comme elles étaient ; car cette idée de propriété, dépendant de beaucoup d'idées antérieures qui n'ont pu naître que successivement, ne se forma pas tout d'un coup dans l'esprit humain. Il fallut faire bien des progrès, acquérir bien de l'industrie et des lumières, les transmettre et les augmenter d'âge en âge, avant que d'arriver à ce dernier terme de l'état de nature. Reprenons donc les choses de plus haut et tâchons de rassembler sous un seul point de vue cette lente succession d'événements et de connaissance, dans leur ordre le plus naturel. »

Cette interprétation erronée de la propriété a quelque part bouleversé l’évolution naturelle de l’humanité. Ensuite les hommes font l’expérience de l’amour-propre et se comparent jusqu’à que tout commence à changer de face.

« Tout commence à changer de face. Les hommes errants jusqu'ici dans les bois, ayant pris une assiette plus fixe, se rapprochent lentement, se réunissent en diverses troupes, et forment enfin dans chaque contrée une nation particulière, unie de mœurs et de caractères, non par des règlements et des lois, mais par le même genre de vie et d'aliments, et par l'influence commune du climat. »

« Mais il faut remarquer que la société commencée et les relations déjà établies entre les hommes exigeaient en eux des qualités différentes de celles qu'ils tenaient de leur constitution primitive ; que la moralité commençant à s'introduire dans les actions humaines, et chacun avant les lois étant seul juge et vengeur des offenses qu'il avait reçues, la bonté convenable au pur état de nature n'était plus celle qui convenait à la société naissante. »

Les remèdes qui permettent à l’homme de vivre avec ses semblables à l’état de nature, les mécanismes ne peuvent plus exister et ne sont plus applicables à l’état de société.

« Voilà donc toutes nos facultés développées, la mémoire et l'imagination en jeu, l'amour-propre intéressé, la raison rendue active et l'esprit arrivé presque au terme de la perfection, dont il est susceptible. Voilà toutes les qualités naturelles mises en action, le rang et le sort de chaque homme établis, non seulement sur la quantité des biens et le pouvoir de servir ou de nuire, mais sur l'esprit, la beauté, la force ou l'adresse, sur le mérite ou les talents, et ces qualités étant les seules qui pouvaient attirer de la considération, il fallut bientôt les avoir ou les affecter, il fallut pour son avantage se montrer autre que ce qu'on était en effet. Être et paraître devinrent deux choses tout à fait différentes, et de cette distinction sortirent le faste imposant, la ruse trompeuse, et tous les vices qui en sont le cortège. »

« Il faut donc qu'il cherche sans cesse à les intéresser à son sort, et à leur faire trouver en effet ou en apparence leur profit à travailler pour le sien : ce qui le rend fourbe et artificieux avec les uns, impérieux et dur avec les autres, et le met dans la nécessité d'abuser tous ceux dont il a besoin, quand il ne peut s'en faire craindre, et qu'il ne trouve pas son intérêt à les servir utilement. Enfin l'ambition dévorante, l'ardeur d'élever sa fortune relative, moins par un véritable besoin que pour se mettre au-dessus des autres, inspire à tous les hommes un noir penchant à se nuire mutuellement, une jalousie secrète d'autant plus dangereuse que, pour faire son coup plus en sûreté, elle prend souvent le masque de la bienveillance; en un mot, concurrence et rivalité d'une part, de l'autre opposition d'intérêt, et toujours le désir caché de faire son profit aux dépens d'autrui, tous ces maux sont le premier effet de la propriété et le cortège inséparable de l'inégalité naissante. »

Il a retourné l’Homme, l’homme n’est pas un loup pour l’homme à l’état de nature, mais à l’état de société.

« Telle fut, ou dut être, l'origine de la société et des lois, qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles forces au riche, détruisirent sans retour la liberté naturelle, fixèrent pour jamais la loi de la propriété et de l'inégalité, d'une adroite usurpation firent un droit irrévocable, et pour le profit de quelques ambitieux assujettirent désormais tout le genre humain au travail, à la servitude et à la misère. »

Rousseau a critiqué les inégalités, il a constaté que l’Homme à l’état de société est un loup pour l’homme et non point à l’état de nature, il a retourné les arguments de Hobbes, mais pas proposé de solutions.

Rousseau – Le Contrat Social, Livre I, 1762[modifier | modifier le wikicode]

Du contrat social, édition de 1772.

Le Contrat Social est la réponse politique, est la solution politique que nous propose Rousseau après avoir analysé magistralement l’origine de l’inégalité parmi les hommes.

L’ouvrage est fondé sur quatre livres ; c’est un traité systématique, la logique du raisonnement est parfaite. Comme une société politique n’est pas naturelle, il est nécessaire que les Hommes consentent à se mettre ensemble et à renégocier sur d’autres bases le pacte social.

Il s’agit de redéfinir le pacte social, tous ceux qui ont pensé le contrat social ont eu raison de penser en termes de contrat, mais il faut le repenser. Il propose une autre forme d’ordre politique qui vise à instaurer un nouveau contrat social. Toute la question du contrat social est de construire, restaurer une forme d’inégalité, mais surtout d’instaurer un État légitime c’est-à-dire un État qui garantit l’équité et la justice.

Cet État est fondé sur l’idée de souveraineté du peuple, c’est la grande idée du contrat social qui a quatre critères ; la souveraineté est l’expression de la volonté générale, mais elle a quatre critères :

  • infaillible
  • inaliénable
  • indivisible
  • absolue

Les deux derniers termes rapprochent Rousseau de Bodin ; le terme central du Contrat Social est celui de la souveraineté du peuple.

Hobbes avait raison de dire qu’il fallait un pouvoir qui tienne le corps politique ensemble, mais ce n’est pas un monarque imposant un pouvoir descendent, mais pour que ce pouvoir soit légitimé, il doit venir d’en bas, c’est le peuple qui est souverain et non pas le Léviathan, le peuple est le Léviathan, il reste et est toujours le souverain : il promulgue les lois, les ratifie, mais ne les applique pas.

Rousseau est le premier à donner au gouvernement la notion de pouvoir exécutif ; avant Rousseau lorsqu’on parlait de gouvernement on pensait État.

Tableau comparatif des théories du contrat social[5]
Conception de l’état de nature Logique dans laquelle s’inscrit le pacte Valeurs fondamentales, prioritaires
selon Hobbes (Léviathan) guerre de tous contre tous sécuritaire (rompre avec l'état de nature) la sécurité, la vie, de chacun.
selon Locke (Second Traité du gouvernement civil) chacun jouit de droits naturels (liberté et propriété privée) libérale (garantir l'état de nature) la liberté et la propriété privée
selon Rousseau (Du contrat social) l'humain est naturellement bon démocrate (rompre avec l'état de nature : le peuple est souverain) l’intérêt général

Pour Hobbes, le souverain est le Léviathan qui est généralement un Homme, pour Locke il y a un glissement, le souverain n’est plus un homme, mais c’est le parlement, pour Rousseau le souverain est le peuple. On voit très bien l’évolution et le glissement de la définition du peuple qui est la souveraineté du parlement chez Locke et du peuple chez Rousseau.

Le peuple pour Rousseau est et reste souverain. Au fond tout l’objectif de Rousseau est de prévenir la société, l’État d’un double danger :

  • l’usurpation par le souverain des fonctions gouvernementales.
  • l’usurpation par le gouvernement des fonctions du souverain.

Pour Rousseau, ce qui est extrêmement important est que celui qui vote et ratifie les lois ne soit pas celui qui les applique ; les deux fonctions doivent être distinctes. Autrement il y a un danger de dérive autoritaire.

Ce double danger montre que Rousseau n’est pas favorable à la démocratie au sens antique du terme. Rousseau refuse le régime de démocratie directe où celui qui lève la main pour voter est aussi celui qui applique les lois, pour lui c’est un vrai danger : « il faudrait un peuple de Dieu pour qu’il se gouverne démocratiquement ».

Est-ce que Rousseau est un démocrate ? Au sens moderne, Rousseau anticipe l’avènement de la démocratie moderne, mais si on entend la démocratie au sens athénien alors non, il ne l’est pas.

Cet ouvrage de 1782 aura une postérité particulière, il sera interdit en France, sera condamné à Genève, et va se diffuser lentement.

C’est la Révolution française qui va faire du Contrat Social un ouvrage de référence ; depuis la Révolution française il y a deux lectures offertes du Contrat Social qui sont aussi radical l’une que l’autre :

  • ceux qui pensent que le Contrat Social est une utopie qui fait l’apologie de la bonté du peuple et de la démocratie directe.
  • ceux faisant du Contrat Social un ouvrage anticipant les autoritarismes et les prémices des totalitarismes par son côté rigide.

À l’évidence, ces deux lectures sont erronées, lorsqu’on se pose la question de savoir ce que cherche Rousseau lorsqu’il écrit le Contrat Social est qu’il défend un régime légitime qui permette à l’Homme de devenir un citoyen.

Un homme ou un individu n’est pas complet s’il n’est pas aussi un citoyen. L’ouvrage de Rousseau cherche surtout à définir l’idée qu’être citoyen est un exercice exigeant, il y a un certain nombre de conditions pour réussir qui est l’éducation à la souveraineté.

Le Contrat Social est peut-être là afin de nous proposer un modèle politique légitime et reposant sur l’équité. La proposition d’établir un rémige légitime, plus juste et équitable restaurant cette égalité perdue, se retrouve chapitre premier.

« L'homme est né libre, et partout il est dans les fers, Tel se croit le maître des autres, qui ne laisse pas d'être plus esclave qu'eux. Comment ce changement s'est-il fait? Je l'ignore. Qu’est-ce qui peut le rendre légitime? Je crois pouvoir résoudre cette question.

Si je ne considérais que la force et l'effet qui en dérive, je dirais: «Tant qu'un peuple est contraint d'obéir et qu'il obéit, il fait bien; sitôt qu'il peut secouer le joug, et qu'il le secoue, il fait encore mieux: car, recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou on ne l’était point à la lui ôter». Mais l'ordre social est un droit sacré qui sert de base à tous les autres. Cependant, ce droit ne vient point de la nature; il est donc fondé sur des conventions. Il s'agit de savoir quelles sont ces conventions. Avant d'en venir là, je dois établir ce que je viens d'avancer. »

Rousseau va proposer un ordre juste fondé sur le principe de légitimité.

Pour Rousseau, le début de l‘état de société est la famille parce qu’il y a une convention : la famille est comme une convention, ce qui est dans les relations familiales peut être transposé dans les relations intersociétales.

« S'ils continuent de rester unis, ce n'est plus naturellement, c'est volontairement; et la famille elle-même ne se maintient que par convention. »

Au chapitre III on voit très bien l’allusion à Hobbes :

« Obéissez aux puissances. Si cela veut dire: Cédez à la force, le précepte est bon, mais superflu; je réponds qu'il ne sera jamais violé. Toute puissance vient de Dieu, je l'avoue; mais toute maladie en vient aussi : est-ce à dire qu'il soit défendu d'appeler le médecin ? »

Rousseau veut proposer un modèle d’État. Il voit un droit des rapports de forces dérivées de l’esclavage, les chapitres III et IV peuvent se résumer dans l’affirmation que les sociétés autour de nous ne sont que des reliquats de la vie, de la société romaine fondée sur l’esclavage. Selon Rousseau les esclaves sont ceux qui doivent obéir, ceux soumis à des rapports de domination.

Pourquoi Rousseau fait de la liberté et de l’égalité le cœur même de sa réflexion ? Si on renonce à être un homme libre, alors on est plus un homme.

« Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs. »

Hobbes et Locke avaient raison de dire que la société moderne est fondée sur un pacte, mais le pacte proposé n’est pas le bon, il faut un pacte fondé sur l’équité, la justice et le partage.

« Je suppose les hommes parvenus à ce point où les obstacles qui nui¬sent à leur conservation dans l'état de nature l'emportent, par leur résistance, sur les forces que chaque individu peut employer pour se maintenir dans cet état […] Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant. »

Il faut noter qu’il s’agit de préserver les biens, la diatribe de sept ans plus tôt s’est estompée ; il s’agit de préserver les biens de chaque associé.

« Enfin, chacun se donnant à tous ne se donne à personne; et comme il n’y a pas un associé sur lequel on n'acquière le même droit qu'on lui cède sur soi, on gagne l'équivalent de tout ce qu'on perd, et plus de force pour conserver ce qu'on a. »

« Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout. »

Rousseau – Le Contrat Social, Livre II, 1762[modifier | modifier le wikicode]

« Je dis donc que la souveraineté, n'étant que l'exercice de la volonté générale, ne peut jamais s'aliéner, et que le souverain, qui n'est qu'un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même; le pouvoir peut bien se transmettre, mais non pas la volonté. »

La souveraineté dispose d’un certain nombre de caractéristiques :

  • la souveraineté est inaliénable : on ne peut pas déléguer, on ne peut représenter la volonté. Rousseau est hostile à la représentation politique parce que la souveraineté que nous possédons tous ne peut pas s’aliéner à un corps tiers. Rousseau est ici très hostile à l’idée de la représentation politique, il estime que la volonté ne peut pas se représenter.
  • la souveraineté est indivisible : soit le peuple est souverain, soit il ne l’est pas, il ne peut pas l’être à moitié, ou bien il a les compétences générales soit il ne les a pas.
  • la souveraineté est infaillible : « [...] la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l'utilité publique ». Toutefois que « On veut toujours son bien, on ne le voit pas toujours. Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe [...] ». Et comment trouve-t-on l'intérêt général? « Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale; celle-ci ne regarde qu'à l'intérêt commun; l'autre regarde à l'intérêt privé, et n'est qu'une somme de volontés particulières: mais ôtez de ces mêmes volontés les plus et les moins qui s'entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale. ».
  • la souveraineté est absolue : elle ne peut pas se borner.

Ce qui fait avancer les corps politiques est les lois débattues, ratifiées, votées par le souverain et appliquées par le gouvernement.

Rousseau au chapitre VI fait de la loi un acte général et abstrait :

« Mais quand tout le peuple statue sur tout le peuple, il ne considère que lui-même; et s'il se forme alors un rapport, c'est de l'objet entier sous un point de vue à I‘objet entier sous un autre point de vue, sans aucune division du tout. Alors la matière sur laquelle on statue est générale comme la volonté qui statue. C'est cet acte que j'appelle une loi. »

La loi exprime un rapport quelque part un équilibre entre ce qui doit être et ce qui peut être. Pour Rousseau, la loi ne touche pas un individu en particulier, mais la loi doit rester générale ne voulant pas dire vague parce qu’elle est l’expression de la volonté générale et doit s’adresser à tous.

« On voit encore que, la loi réunissant l'universalité de la volonté et celle de l'objet, ce qu’un homme, quel qu’il puisse être, ordonne de son chef n'est point une loi: ce qu'ordonne même le souverain sur un objet particulier n'est pas non plus une loi, mais un décret; ni un acte de souveraineté, mais de magistrature.

J’appelle donc république tout État régi par des lois, sous quelque forme d'administration que ce puisse être: car alors seulement l'intérêt public gouverne, et la chose publique est quelque chose. Tout gouvernement légitime est républicain : j'expliquerai ci-après ce que c'est que gouvernement. »

Que le gouvernement prenne la forme d’une monarchie ou d’une démocratie ne pose pas problème à Rousseau, ce qui est important est que le régime soit républicain et que la loi soit la clef de voute.

Rousseau est le digne hérité de Machiavel faisant de la Respublica, des lois, la souveraineté du peuple, la clef de voute de tout État qui se réclame légitime équitable ou juste.

Notes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Alexis Keller - Wikipedia
  2. Alexis Keller - Faculté de droit - UNIGE
  3. Alexis Keller | International Center for Transitional Justice
  4. Barbara Roth-Lochner, Dans Sont Livre "d. Fonctionnement Des Institutions Genevoises Sous L'ancien Régime (n.d.): n. pag. Web. <http://www.patrigest.ch/Dufour-5b.pdf>.
  5. Contractualisme. (2014, juillet 4). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 21:30, juillet 31, 2014 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Contractualisme&oldid=105175730.