La formation de systèmes migratoires mondiaux

De Baripedia

Basé sur un cours de Michel Oris[1][2][3]

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Scène historique illustrant les migrations mondiales entre 1850 et 1914. Elle met en scène des groupes de personnes en tenue d'époque transportant des bagages et des objets personnels.

Durant la transition entre le XIXe siècle et le début du XXe, les courants migratoires mondiaux ont pris forme sous l'impulsion de l'intégration croissante des économies nationales et des premières vagues de la mondialisation. Cette ère a été témoin d'un monde en pleine effervescence, tissant des liens de plus en plus serrés, où le flux incessant de marchandises, de services et d'individus s'intensifiait. En ces temps de globalisation naissante, des réseaux migratoires d'envergure ont émergé, offrant aux populations des avenues nouvelles pour sillonner les frontières en quête d'horizons prometteurs. De 1850 à 1914, une intégration économique sans précédent s'est dessinée, les nations entrouvrant leurs portes à l'immigration et au commerce, jetant les bases d'un tissu économique global et ouvrant la voie à un flux dynamique de personnes, de biens et de services à l'échelle planétaire. L'essor économique et les investissements accrus ont alors pavé la voie à une migration facilitée, portée par le développement de moyens de transport toujours plus élaborés, permettant des voyages plus rapides et lointains qu'auparavant. Ce chapitre de l'histoire a vu des individus de tous horizons s'aventurer vers des contrées qui leur semblaient jusqu'alors inaccessibles, posant ainsi les jalons des systèmes migratoires contemporains et façonnant durablement les dynamiques de la migration internationale.

Les théories de la migration

La théorie de la migration est une discipline qui s'attache à décrypter les moteurs de la mobilité humaine, cernant les raisons qui incitent les individus à quitter leur lieu d'origine pour un autre. Elle s'intéresse aux multiples facteurs — économiques, tels que la quête d'opportunités de travail, politiques, à l'instar des situations d'instabilité ou de conflit, environnementaux, comme les catastrophes naturelles, ou encore sociaux et culturels, marqués par les évolutions des normes et pratiques collectives. Cette théorie ne se limite pas à étudier les causes de la migration, mais s'étend aux répercussions multiples et complexes de ces mouvements de population, analysant l'impact sur les migrants eux-mêmes ainsi que sur les communautés d'accueil, en termes d'intégration, d'interaction sociale et de transformation sociétale. En somme, la théorie de la migration offre un cadre d'analyse pour comprendre comment et pourquoi les migrations façonnent les sociétés, hier comme aujourd'hui.

Les différentes théories de la migration offrent un spectre d'approches pour examiner les causes et les effets de la mobilité humaine. Ces théories ne sont pas mutuellement exclusives et se complètent souvent pour fournir une compréhension plus complète des dynamiques de migration.

Les Théories économiques considèrent la migration comme un choix économique rationnel. Les individus sont perçus comme des agents économiques qui décident de migrer en réponse aux différentiels de salaire, aux possibilités d'emploi et à la recherche d'une amélioration de leur niveau de vie. La théorie du capital humain et les modèles de push-pull s'inscrivent dans cette perspective, soulignant comment les écarts économiques entre les régions attirent les migrants vers des zones de prospérité relative.

Les Théories politiques attribuent la migration principalement à des facteurs politiques, tels que la guerre, la répression politique, les persécutions et la recherche de droits de l'homme ou de sécurité. Ces théories insistent sur le fait que, dans de nombreux cas, la migration n'est pas un choix mais une nécessité pour la survie, entraînant des flux de réfugiés et de demandeurs d'asile.

Les Théories environnementales mettent en avant l'influence des changements et des catastrophes environnementaux sur la migration. Elles expliquent comment les désastres naturels, les changements climatiques et la dégradation environnementale peuvent forcer les communautés à se déplacer pour trouver des conditions de vie plus sûres et viables.

Les Théories sociales et culturelles reconnaissent l'importance des facteurs sociaux et culturels dans la prise de décision migratoire. Elles incluent les influences des réseaux sociaux, des attentes familiales, des traditions culturelles et des normes de genre. Ces théories suggèrent que la migration n'est pas seulement une réponse aux conditions matérielles, mais aussi aux aspirations sociales et aux identités culturelles.

Chaque théorie offre des outils analytiques pour comprendre un aspect de la migration, mais en pratique, les motifs de migration sont souvent une combinaison complexe de ces facteurs, reflétant la multiplicité des expériences humaines et des contextes globaux.

Le modèle classique

Le modèle classique de la migration, souvent appelé le modèle néoclassique ou le modèle coût-bénéfice, repose sur la prémisse que les décisions de migration sont le résultat d'une évaluation rationnelle par les individus des coûts et des bénéfices associés au déménagement. Dans ce cadre, le migrant potentiel analyse les coûts économiques et personnels du départ — tels que les frais de déplacement, la perte de réseaux sociaux et familiaux, et les risques inhérents à l'entrée dans un environnement inconnu — par rapport aux avantages attendus, comme de meilleures opportunités d'emploi, de meilleurs salaires, et une qualité de vie améliorée. Dans l'exemple du paysan, ce modèle suppose qu'il évaluera les coûts directs de la migration (comme les frais de voyage et l'installation dans un nouveau lieu) et les coûts indirects (comme la séparation d'avec sa famille et sa communauté). Il comparera ensuite ces coûts aux bénéfices anticipés, tels que les revenus accrus, l'accès à de meilleurs services, ou la sécurité personnelle et politique. Si les bénéfices perçus excèdent les coûts, la théorie suggère que le paysan est plus susceptible de prendre la décision de migrer. C'est un calcul utilitariste qui peut également tenir compte des avantages et des coûts pour les membres de la famille du migrant, pas seulement pour l'individu. Ce modèle a été utilisé pour expliquer les flux migratoires des zones rurales vers les zones urbaines, ainsi que de pays à faible revenu vers des pays à revenu élevé. Cependant, ce modèle a aussi fait l'objet de critiques pour sa simplification excessive et son incapacité à prendre en compte les facteurs non économiques ou les contraintes structurelles qui peuvent influencer la décision de migrer. Les recherches contemporaines sur la migration reconnaissent qu'il s'agit d'un processus complexe influencé par un éventail de facteurs économiques, sociaux, politiques et environnementaux qui interagissent les uns avec les autres.

Le modèle coût-bénéfice de la migration est centré sur une analyse économique de la décision de migrer. Selon ce modèle, le "bénéfice" est conceptualisé comme une fonction de la différence entre le salaire réel dans le pays d'immigration et le salaire réel dans le pays d'origine. Le salaire réel est défini comme le pouvoir d'achat d'un salaire, c'est-à-dire le salaire nominal ajusté en fonction du coût de la vie dans un lieu donné. Les différences de pouvoir d'achat entre les pays peuvent affecter la décision de migrer. Un salaire élevé dans un pays comme la Suisse peut ne pas se traduire par un pouvoir d'achat élevé en raison du coût de la vie relativement élevé. En revanche, si les États-Unis offrent un salaire réel plus élevé — où les salaires permettent une plus grande capacité d'épargne et de consommation après avoir pris en compte le coût de la vie — cela peut inciter un migrant potentiel à déménager, à condition qu'il ait les moyens financiers de supporter les coûts initiaux de la migration. Ce modèle, tout en étant utile pour comprendre l'aspect économique de la migration, présente des limites car il ne tient pas compte de nombreux autres facteurs qui peuvent influencer la décision de migrer. Ces facteurs incluent, mais ne se limitent pas à, les considérations personnelles et familiales, les politiques migratoires, les conditions de travail, la sécurité personnelle, et les réseaux sociaux existants. De plus, ce modèle suppose un accès complet à l'information et une capacité à agir sur cette information, ce qui n'est pas toujours le cas dans la réalité où les migrants font souvent face à des incertitudes et à des contraintes significatives.

La théorie push/pull, souvent associée à la géographie migratoire, se concentre sur les forces qui repoussent (push) les individus hors de leur pays d'origine et celles qui les attirent (pull) vers un pays de destination. Les facteurs push incluent des éléments négatifs tels que le chômage, la pauvreté, la famine, les conflits politiques ou sociaux, et les catastrophes naturelles. Les facteurs pull sont les aspects positifs qui attirent les migrants vers un nouveau lieu, comme la disponibilité d'emplois, de meilleures conditions de vie, la stabilité politique, la sécurité, et la présence de communautés diasporiques. Cette théorie va au-delà de la simple équation économique du modèle coût-bénéfice, bien qu'elle reste fortement influencée par les considérations économiques. Par exemple, un pays avec un marché du travail robuste et des salaires élevés peut être un puissant facteur pull, tandis que des conditions de vie difficiles peuvent être un puissant facteur push. Cependant, la théorie push/pull reconnaît également les influences non économiques. Les migrants peuvent être attirés par des facteurs culturels, comme la présence de membres de la famille ou de la communauté déjà établis dans le pays de destination, ou repoussés par des problèmes sociaux tels que la discrimination ou la persécution dans leur pays d'origine.

La notion de marché parfait, dans le contexte de la migration, impliquerait une fluidité totale des travailleurs, où les individus se déplaceraient sans friction d'un marché à un autre en réponse aux signaux économiques. Cependant, les décisions de migration sont rarement prises dans le vide et sont souvent fortement influencées par des facteurs non économiques. Les décisions économiques sont imbriquées dans un tissu de relations et de circonstances personnelles. La théorie néoclassique peut suggérer qu'un individu déménagera pour un travail mieux rémunéré à Los Angeles, mais cette décision peut être contrecarrée par d'autres considérations, telles que la carrière de la conjointe, la stabilité familiale, le réseau social, ou même l'attachement émotionnel à un lieu. L'importance des "coûts de transaction" qui ne sont pas strictement monétaires, tels que le coût émotionnel de la séparation ou de la déracination, et ne sont pas toujours pris en compte dans les modèles économiques simplifiés. Les individus sont des êtres complexes dont les décisions sont influencées par une multitude de facteurs, allant des contraintes économiques aux valeurs personnelles, aux obligations familiales et aux préférences subjectives. La migration, comme beaucoup d'autres choix de vie, est donc le résultat d'un calcul complexe qui dépasse le cadre des modèles économiques traditionnels. Les économistes et les autres chercheurs qui étudient la migration doivent donc tenir compte de la diversité des motivations et des contraintes qui influencent les décisions des migrants. Cela nécessite une approche multidisciplinaire qui intègre les perspectives économiques, sociologiques, psychologiques, géographiques, et politiques pour saisir pleinement les dynamiques de la migration.

La décomposition des coûts en coûts directs et indirects

New York - Bienvenue au pays de la liberté - Un paquebot passe devant la Statue de la Liberté : Scène sur le pont d'entrepont / d'après un croquis d'un artiste de l'équipe.

La décision de migrer incorpore un ensemble de coûts qui ne se limitent pas aux dépenses immédiates. Les coûts directs sont les plus visibles et incluent les frais associés au déplacement, à l'établissement dans un nouveau lieu, et les dépenses initiales avant de recevoir un premier salaire. Ces coûts peuvent être substantiels et souvent, ils représentent un investissement significatif pour le migrant, surtout si le départ est international. Les coûts d'opportunité, en revanche, sont plus subtils et représentent ce à quoi un individu renonce lorsqu'il choisit une option plutôt qu'une autre. Dans le contexte de la migration, cela pourrait inclure l'opportunité de racheter des terres ou de profiter d'autres opportunités économiques qui se présentent quand d'autres partent. Ces coûts d'opportunité doivent être évalués contre les bénéfices potentiels de la migration, tels que les revenus accrus ou les meilleures conditions de vie. La perte des liens sociaux est un autre coût significatif de la migration. Les réseaux familiaux et communautaires jouent un rôle crucial dans le soutien des individus, tant sur le plan émotionnel que pratique. La séparation d'avec la famille, les amis et la communauté d'origine peut avoir des effets psychologiques profonds sur les migrants, notamment en termes de solitude, d'isolement, ou de difficulté à s'intégrer dans de nouveaux environnements sociaux. Ces coûts immatériels peuvent être difficiles à quantifier mais sont cruciaux dans le processus de décision. De plus, la migration peut impliquer une période d'adaptation où les migrants peuvent faire face à des obstacles tels que la barrière de la langue, la discrimination ou la difficulté à trouver un emploi qui correspond à leurs compétences et qualifications. Ces défis peuvent entraîner des coûts supplémentaires, tant économiques que psychologiques. La décision de migrer est le résultat d'une évaluation complexe qui intègre des considérations économiques, des coûts d'opportunité, des pertes immatérielles et des défis psychosociaux. Cela exige une analyse approfondie qui va au-delà des modèles économiques simplistes et tient compte de la dimension humaine de la migration.

L'espérance économique dans le contexte de la migration est un concept qui tente d'évaluer les avantages potentiels de la migration en termes de probabilités et de gains attendus. L'équation que vous mentionnez, combinant la probabilité de trouver un emploi et le salaire espéré, est un moyen de quantifier les avantages attendus en fonction des informations disponibles et des conditions prévues sur le marché du travail de destination. L'information joue un rôle crucial dans ce calcul. Un migrant bien informé sur les conditions du marché du travail, les opportunités d'emploi, et les niveaux de rémunération dans le pays de destination peut prendre une décision plus éclairée et, potentiellement, maximiser son espérance économique. Les réseaux de migrants, les agences de recrutement, et les médias jouent souvent un rôle essentiel dans la diffusion de ces informations. Cependant, il existe un élément d'incertitude. Les conditions économiques peuvent changer rapidement, comme ce fut le cas en 1921 aux États-Unis lorsque la récession économique a conduit à des réductions d'emplois et à une hostilité accrue envers les immigrants. De telles fluctuations économiques peuvent transformer un pari apparemment sûr en un risque élevé, soulignant la nature volatile de l'espérance économique en matière de migration. La prise en compte des risques et de l'incertitude est donc un aspect essentiel de la théorie économique de la migration. Les migrants peuvent essayer de minimiser les risques en s'informant, en migrant pendant des périodes de forte demande de main-d'œuvre, ou en choisissant des pays avec des politiques d'immigration plus stables. Cependant, les risques ne peuvent jamais être entièrement éliminés en raison de l'imprévisibilité inhérente aux économies et aux politiques nationales, ainsi qu'aux circonstances personnelles des migrants. L'espérance économique offre une structure pour anticiper les bénéfices de la migration, mais elle doit être considérée avec prudence, en tenant compte des risques et de l'incertitude qui caractérisent souvent le processus migratoire.

Les déterminant de l’immobilité : le capital humain

Le capital humain joue un rôle central dans la compréhension de l'immobilité en tant que contrepartie de la migration. Le coût du voyage est un élément fondamental qui peut déterminer si une personne a la capacité de migrer. Souvent, ceux qui pourraient bénéficier le plus de la migration, en raison de la pauvreté ou d'autres conditions défavorables dans leur pays d'origine, sont précisément ceux qui sont incapables de supporter les coûts initiaux du déménagement. Ce paradoxe migratoire est un sujet de préoccupation majeur dans le domaine des études sur la migration. Les personnes vivant dans la pauvreté peuvent manquer de capital financier pour couvrir les frais de voyage, de visa, de logement initial et d'autres dépenses liées à la migration. Mais le capital humain ne se limite pas aux ressources financières; il inclut également l'éducation, les compétences, les expériences professionnelles et les réseaux sociaux qui peuvent faciliter la migration ou l'immobilité. Les individus ayant un niveau d'éducation plus élevé, des compétences spécialisées, et de bons réseaux sociaux peuvent trouver plus facilement des opportunités de migration légale et avoir accès à des ressources qui peuvent les aider à surmonter les obstacles financiers et réglementaires. D'autre part, ceux qui manquent de ces attributs de capital humain peuvent se trouver dans une situation d'immobilité de contrainte, où, malgré un désir ou une nécessité de migrer, ils sont incapables de le faire. En outre, la décision de migrer est souvent influencée par le calcul du retour sur investissement en matière de capital humain. Si les migrants potentiels perçoivent que les avantages de leur capital humain ne seront pas reconnus ou récompensés dans le pays de destination (par exemple, en raison de la déqualification ou de la discrimination), ils peuvent choisir de rester malgré les difficultés économiques.

La notion de savoirs localisés reflète l'importance de la connaissance et des compétences spécifiques à un contexte géographique, culturel ou économique particulier. Au XIXe siècle, la localisation des compétences était particulièrement prononcée en raison des différences marquées dans les pratiques agricoles, les conditions climatiques, les cultures du sol et les méthodes de travail à travers les différentes régions du monde. Un paysan genevois du XIXe siècle aurait acquis des compétences et des connaissances adaptées aux conditions de l'agriculture suisse, qui pourraient ne pas être directement transférables dans des environnements radicalement différents, comme ceux du Far West américain. Les techniques de culture, la gestion des ressources en eau, les types de cultures et les conditions saisonnières varient considérablement, rendant certains savoirs spécifiques à leur lieu d'origine. Le cas des Danois illustre comment une population bien éduquée, avec un savoir étendu dans plusieurs domaines de connaissance, pourrait mieux s'adapter et réussir dans de nouveaux environnements. Une éducation diversifiée et un haut niveau d'instruction peuvent rendre les migrants plus résilients et capables de réajuster leurs compétences pour répondre aux exigences de leur nouveau lieu de résidence. Cela a probablement contribué à la réussite des migrants danois, qui pouvaient appliquer un ensemble de compétences plus large et plus adaptable aux défis qu'ils rencontraient dans leurs nouvelles maisons. Cet exemple souligne l'importance de la transférabilité des compétences dans le contexte migratoire. Dans le monde contemporain, l'éducation et la formation professionnelle cherchent souvent à doter les individus de compétences transférables, qui peuvent être appliquées dans divers contextes, afin d'améliorer leur mobilité et leurs chances de succès en cas de migration.

Les investissements, notamment dans des actifs immobiliers comme la terre, peuvent en effet servir d'ancrage et influencer les décisions de mobilité ou d'immobilité. Les propriétaires terriens, en particulier, peuvent être réticents à migrer en raison de l'investissement substantiel qu'ils ont consacré à leurs terres, tant sur le plan financier que personnel. Ces terres ne sont pas seulement une source de revenu, mais peuvent aussi représenter un héritage familial, une part de leur identité et un lieu de stabilité sociale et émotionnelle. La décision de vendre ou d'abandonner des terres peut être particulièrement difficile si la terre a été dans la famille pendant des générations, si elle est associée à un statut social particulier, ou si le marché immobilier est tel que la vente ne permettrait pas de récupérer un investissement équivalent ailleurs. De tels actifs sont souvent considérés comme non liquides, ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas être rapidement convertis en espèces sans perte significative de valeur. À l'inverse, les locataires n'ont généralement pas les mêmes contraintes. Sans liens financiers ou émotionnels profonds avec une propriété, ils peuvent être plus flexibles et réactifs aux opportunités qui se présentent ailleurs. Cette mobilité peut être un avantage dans les périodes de changement économique ou d'instabilité, leur permettant de poursuivre de nouvelles opportunités d'emploi ou de vie dans d'autres régions ou pays. Cependant, même les locataires peuvent faire face à des barrières à la mobilité, telles que la rareté et le coût du logement dans la région de destination, ou d'autres formes d'investissement dans leur communauté, comme les réseaux sociaux et les relations professionnelles. Ainsi, les investissements dans l'immobilier et d'autres formes d'actifs peuvent avoir un impact significatif sur la décision de migrer, en agissant comme un facteur d'ancrage qui renforce l'immobilité et rend la décision de partir plus coûteuse et complexe.

  • //Les réseaux sociaux

Le réseau social a une influence dans le bon déroulement de l’immigration. Le réseau social aide pour trouver un travail, mais aussi un logement.

Les systèmes et vagues migratoires

On dénombre environ 90 millions de migrants. La plupart partent essentiellement d’Europe vers les États-Unis : on parle de ‘’système atlantique’’ qui à lui seul représente plus de 50 millions de personnes. Il y a d’autres systèmes comme le ‘’système pacifique’’ ou les japonais et les chinois s’installent en Californie.

Quelques-uns migrent vers l’Amérique du Sud et d’autres vers l’Afrique dans les colonies britanniques et françaises, mais dans une moindre mesure.

Les États-Unis concentrent les deux tiers des migrants mondiaux. La migration est divisée entre vielle allant jusqu’à 1880 et nouvelle migration après 1880. La vieille migration est composée de britanniques, de scandinaves et d’allemands ce qui explique que les États-Unis soient un pays anglophone. À partir de 1880, les migrants sont surtout italiens et slaves.

Les premiers arrivés vont acquérir des positions dominantes dans la propriété, la politique, l’agriculture tandis que les nouveaux migrants seront considérés comme plus difficiles à intégrer dans la nouvelle société américaine.

Les causes des migrations intercontinentales

Les transports

Le rôle des transports dans la migration intercontinentale au 19e siècle était extrêmement important, car il permettait aux gens de parcourir de longues distances et de s'installer dans de nouveaux endroits. C'était particulièrement important pour les personnes qui étaient à la recherche de nouvelles opportunités, comme des terres à cultiver, ou de meilleures perspectives économiques. Le développement de nouvelles technologies de transport, telles que les navires à vapeur et les chemins de fer, a facilité et accéléré la migration vers d'autres continents et a joué un rôle majeur dans la croissance de la population et du commerce mondiaux au cours de cette période.

D’abord, les transports coûtent de moins en moins cher. Cela vient surtout de l’organisation de ces transports. Avec la mise en place du protectionnisme aux États-Unis, les bateaux partaient souvent avec des cales vides, à part pour les chemins de fer dans les années 1860. Donc, pour éviter de partir avec des cales vides, on a créé des compagnies de migration. De plus, ces compagnies font de la publicité pour les États-Unis.

La transition démographique

Au court du XVIIIème siècle, avec la proto-industrie et la diversification des revenus, la mortalité chute et elle s’accélère avec les progrès de la médecine au XIXème siècle. Toutefois, la natalité reste élevée et ne commence à baisser que vers 1875. La transition se finit dans les années 1950 avec une basse pression démographique. La migration est d’autant plus importante qu’avec un nombre élevé de naissances, il y aura moins de travail pour eux quand ils arriveront à l’âge adulte posant des problèmes d’emplois et pousse à l’émigration.

Urbanisation et industrialisation

Les allemands sont un des peuples qui compose la première vague, mais l’Allemagne fait partie de la deuxième vague de la révolution industrielle qui dure jusqu’aux années 1880. Les allemands ne migrent plus à partir de cette date, car le pays s’industrialise dans les années 1880 faisant qu'il n’y a plus aucun intérêt à partir.

Régime politique, structures agraires, crises et dépressions

La première mondialisation crée inévitablement des crises. Puis on a des crises qui sont construites par le politique. L’exemple de dépression causée par la première mondialisation est la grande dépression agricole de 1873 - 1890 qui est due à l’arrivée des blés américains sur le marché européen.

  • Exemple italien

À partir de cette dépression, vont se déclencher de grandes vagues d’émigration vers les États-Unis avec notamment les italiens. La paysannerie italienne, en 1873, fonctionne encore sur le mode féodal où la terre appartient à la noblesse et aux ordres religieux. Quand la dépression arrive, le système agricole s’effondre. En Vénétie, la moitié des habitants s’en vont. Il n’y a donc pas juste un effet économique dû à l’arrivée du blé américain, mais les pays comme l’Italie et tous ceux du pourtour méditerranéen vont causer des migrations à cause de leur système agraire trop ancien.

  • Exemple de l’Irlande

Entre 1845 et 1847, l’Irlande va connaître une famine à cause de la maladie de la pomme de terre, qui anéantit les récoltes. Ceci intervient sur une paysannerie qui repose encore sur des structures agricoles archaïques. Mais l’Angleterre considère l’Irlande comme une colonie et lui interdit de s’industrialiser malgré sa proximité avec de grands bassins industriels comme ceux de Manchester. On se retrouve avec une pression démographique, un système agraire archaïque est il est impossible de diversifier son économie, car l’Irlande n’est pas industrialisée. C’est donc une grande crise. Il y a une importante famine ainsi que des épidémies causées notamment par l’enfermement des mendiants et des pauvres pour éviter les troubles. Deux millions d’irlandais vont migrer vers les États-Unis. En réalité, la dernière famine a eu lieu en Finlande en 1860, car le duché de Finlande appartenait à l'Empire Russe, c’est donc la même situation qu’en Irlande.

  • La Zone de Résidence des juifs de Russie

C’est un immense ghetto, où le tsar a envoyé les populations juives de Russie vers la Lettonie, la Lituanie, la Pologne de 1791 à 1917. C’est une zone frontière avec l’Allemagne. La culture juive s’épanouit dans cette région. Va par exemple être créée l’université hébraïque à Vilnius. C’est à partir de 1881 que la situation dégénère avec des vagues de violence contre les juifs suite à l’assassinat du tsar Alexandre II. En 1905 et la défaite de la Russie contre le japon, l’empire à cherché un bouc émissaire, et à nouveau il y a des vagues de pogromes. Cela a causé une migration des populations baltiques et polonaises.

Certaines villes européennes vont s’agrandir grâce à ces migrations, mais d’une manière différente. Certains migrants vont arriver dans les ports et ne plus avoir l’argent pour partir. Ils vont s’installer dans ces villes portuaires. De plus, ces migrants font le calcul de la différence entre les salaires réels du pays de départ et d’arrivé faisant le choix de rester surplace, car la situation y est au final plus avantageuse. En réalité, certains pays comme les États-Unis sont élevés au rang de mythe. Ces pays font rêver même si la réalité est souvent différente.

Un modèle de causalité

Toutes les causes citées auparavant interagissent et se complètent. Mais comment expliquer que bien que la crise soit finie, la migration continue ?

En Irlande en 1845 a lieu la crise de la pomme de terre, une navigation à vapeur qui se développe et les États-Unis qui représentent un rêve. Deux millions d’irlandais partent, mais cela continu. En 1914, l’Irlande et les États-Unis proposent le même salaire en moyenne, mais la migration continue.

Cela est dû à l’autonomisation des flux migratoires. Les flux commencent avec des causes, mais le flux va continuer indépendamment de ces causes une fois qu’elles auront disparu.

Cela s’explique parce que quand un irlandais arrive aux États-Unis, il envoie des lettres à sa famille et donne des informations fiables, on peut leur faire confiance. Ces gens peuvent expliquer comment faire, quels endroits éviter. Quelque part, le membre de la famille donne un réseau social au reste de la famille encourageant les personnes à partir pour les États-Unis. Ceux qui partent sont les plus ouverts, les plus entreprenants. Donc, à la fin, il reste les populations plus conservatrices.

Integration et assimilation : l’expérience des États-Unis

  • Dominants-dominés : les White Anglo-Saxon Protestants

Aux États-Unis, la vieille migration britannique scandinave et allemande a constituée la base de la vie politique et économique. Kennedy a été le premier président à ne pas être un WASP, de plus, il était catholique, irlandais.

  • Communauté d’immigrés et segmentation de l’espace

Cela est dû à l’autonomisation des flux migratoires. On va rejoindre quelqu'un de notre famille qui lui s’est déjà regroupée avec d’autres membres de la société. Par exemple, cela va donner lieu à chinatown ou encore à little italy. La mafia est apparue à la base pour protéger les immigrants italiens des agressions.

  • Des immigrés plus difficiles à intégrer

On accuse les immigrés de la nouvelle vague (italien et slave) de ne pas s’intégrer dans la société américaine. Cela donne lieu à la théorie de sédimentation. On est une communauté qui arrive dans une société. Naturellement, les derniers arrivés sont les victimes de racisme. Dès qu’une nouvelle vague arrive, la première n’est plus insultée.

  • Industrialisation et blocage de la société américaine

À la fin du XIXème siècle, c’est la fin de la conquête du Far West. Auparavant, si on veut devenir le propriétaire de terres, il fallait avancer vers l’Ouest en prenant possession des terres des indiens. Vers 1890, tout est pris. Les migrants qui arrivent alors vont aller dans les usines. Les nouveaux arrivants ne vont plus devenir propriétaire, mais des employés et plus ils sont, plus les salaires seront bas.

Il y a de moins en moins de fluidité sociale, l’ascension sociale est de plus en plus difficile. C’est à cette époque qu’arrive le mythe du self-made-man et du cowboy, qui en réalité n’était pas blanc, mais noir, asiatique et hispanique.

Xénophobie et fermeture

Elle va se jouer en deux temps sur la période 1890 et 1900 et juste après la Première guerre mondiale.

Durant la première période, ce qui va naitre est un racisme contre les asiatiques et les noirs. Clairement, il y a une idée que les blancs pourraient être minorisés par les asiatiques et les noirs et ce sentiment est lié au fait qu’à partir de 1875, la natalité diminue et qu’elle diminue plus vite chez les blancs riches que chez les noirs et les asiatiques qui sont plus pauvres. Avec la victoire du Japon sur les russes en 1905, les américains commencent à se méfier des japonais et vont établir des quotas.

Le deuxième acte va se jouer après la Première guerre mondiale. Durant la guerre, l’immigration va s'arrêter et l’économie américaine tourne à toute vitesse pour produire des armes. En 1918, la guerre s’arrête, l’immigration reprend de plus belle, car l’Europe est remplie de réfugiés qui veulent s’enfuir vers les États-Unis. Dans un premier temps, ça ne pose pas de problème, car les armées se refont. Mais en 1920, cela s’arrête et on retombe sur la situation 1870 et les chemins de fers américains, mais dans l’autre sens. Il y a des usines qui tournent à plein régime, mais les commandes s’arrêtent brusquement. Il y a des licenciements. Les syndicats attributs cela a l’arrivée des migrants. De plus, le syndicalisme américain est anticommuniste, et craint l’arrivée de ces populations d’Europe de l’Est. Dans les années 1920, les États-Unis vont se retirer des relations internationales alors même que ce sont eux qui ont créé la Société des Nations. On renforce les quotas.

Annexes

Référence