« Mécanismes structurels de la révolution industrielle » : différence entre les versions

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= Le faible coût des investissements =
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L’amorce de la Première révolution industrielle a mobilisé peu de capital, car le niveau technique était très bas, et limitait la nécessité de capital fixe. Peu de machines, peu d’ouvriers, un local : voilà ce dont on avait besoin à la fin du XVIIIème siècle pour monter une activité industrielle.
L'amorce de la Première révolution industrielle, qui a eu lieu dans la seconde moitié du 18e siècle, a effectivement démarré avec un niveau technique relativement limité et une faible intensité en capital par rapport à ce qu'elle est devenue par la suite. Au départ, les entreprises étaient souvent de petite taille, et les technologies, bien qu'innovatrices pour l'époque, ne requéraient pas d'investissements aussi massifs que ceux nécessaires pour les usines de l'ère victorienne tardive. Les industries du textile, par exemple, ont été parmi les premières à se mécaniser, mais les premières machines comme la spinning jenny ou le métier à tisser mécanique pouvaient être opérées dans de petits ateliers ou même dans des maisons (comme cela se faisait dans le système de "putting-out" ou "domestic system"). La machine à vapeur de James Watt, bien que représentant une avancée significative, a initialement été adoptée à une échelle relativement modeste avant de devenir la force motrice de grandes usines et du transport. C'est en partie parce que les systèmes de production étaient encore en transition. La fabrication restait souvent une activité de petite envergure, et bien que l'utilisation de machines ait permis une augmentation de la production, elle ne nécessitait pas au début les énormes installations que l'on associe à la révolution industrielle ultérieure. En outre, la première phase de la révolution industrielle a été caractérisée par des innovations incrémentales, qui ont permis des augmentations progressives de la productivité sans nécessiter d'énormes dépenses de capital. Les entreprises pouvaient souvent autofinancer leur croissance ou compter sur des réseaux de financement familiaux ou locaux, sans avoir besoin de recourir à des marchés financiers développés ou à de grands emprunts. Néanmoins, au fur et à mesure que la révolution progressait, la complexité et le coût des machines ont augmenté, de même que la taille des installations industrielles. Cela a conduit à une intensification du besoin en capital, au développement d'institutions financières dédiées, et à l'émergence de pratiques telles que la levée de capitaux via des actions ou des obligations pour financer de plus grands projets industriels.


Le capital nécessaire pour mettre un actif au travail dans la manufacture en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle représentait 4 à 5 mois de salaire masculin, l’autofinancement est donc possible. Dans les pays du tiers-monde, en 1950, 300 à 350 mois de salaire masculin (x80 à peu près) étaient nécessaires, et ces chiffres sont toujours très élevés de nos jours. Ce faible coût s’explique par la technologie peu avancée : les machines, composées de bois et de métal pour l’essentiel, ne nécessitent pas de compétences particulières, et la main-d’œuvre requise pour construire ces machines est peu qualifiée, donc peu chère. Ce coût faible de l’investissement consacre une classe nouvelle d’entrepreneurs issus de classes artisanales. Ils impulsent ces innovations.  
L'analyse que vous présentez est intéressante et met en lumière l'importance des conditions économiques initiales qui ont permis l'essor de la Révolution industrielle en Angleterre par rapport à des conditions similaires dans des économies en développement bien plus tard, comme dans les années 1950. La capacité d'autofinancement à la fin du 18e siècle reflète les conditions économiques uniques de cette époque. En effet, le coût relativement bas des investissements initiaux pour les premières manufactures a permis à des individus issus de la classe artisanale ou de la petite bourgeoisie de devenir des entrepreneurs industriels. Ces entrepreneurs pouvaient souvent rassembler les capitaux nécessaires sans recourir à de grands emprunts ou à des investissements extérieurs significatifs. Le faible coût des technologies de l'époque, qui dépendaient principalement du bois et du métal simple, rendait les investissements initiaux relativement accessibles. De plus, les compétences nécessaires pour construire et opérer les premières machines étaient souvent issues de l'artisanat traditionnel. Par conséquent, bien que la main-d'œuvre spécialisée fut nécessaire, elle n'exigeait pas le niveau de formation que les technologies ultérieures ont requis. Cela signifie que les coûts de la main-d'œuvre restaient relativement faibles, surtout en comparaison avec les niveaux de salaire et de compétence demandés pour l'exploitation des technologies industrielles avancées du milieu du 20e siècle. Cette situation contrastait fortement avec celle des pays du tiers-monde au milieu du 20e siècle, où l'introduction de technologies industrielles exigeait un niveau de capital et de compétences beaucoup plus élevé, hors de portée pour la plupart des travailleurs locaux et même pour les entrepreneurs locaux sans assistance extérieure. Les investissements nécessaires pour démarrer une activité industrielle dans ces pays en développement étaient souvent si importants qu'ils ne pouvaient être couverts que par des financements étatiques, des prêts internationaux ou des investissements directs étrangers. Le succès initial des entrepreneurs durant la Révolution industrielle britannique a donc été facilité par cette combinaison de faible coût d'entrée et de compétences artisanales adaptées, qui a créé un environnement propice à l'innovation et à la croissance industrielle. Cela a conduit à la formation d'une nouvelle classe sociale d'industriels, qui ont joué un rôle de premier plan dans l'avancement de l'industrialisation.  


On emploie n’importe quel hangar pour stocker les machines. Le capital circulant – matières premières - est légèrement plus important, mais est financé par des emprunts bancaires.  
dans les premiers stades de la Révolution industrielle, les exigences en termes d'installations pour les usines étaient relativement modestes. Des bâtiments existants, comme des granges ou des hangars, pouvaient être facilement convertis en espaces de production sans nécessiter des investissements lourds en construction ou en aménagement. Cela contrastait avec les installations industrielles ultérieures, qui étaient souvent de vastes usines spécialement conçues pour accueillir des lignes de production complexes et de grandes équipes d'ouvriers. Quant au capital circulant, c'est-à-dire les fonds nécessaires pour couvrir les dépenses courantes comme les matières premières, les salaires et les coûts d'exploitation, il était en effet souvent plus élevé que l'investissement en capital fixe (les machines et l'installation). Les entreprises pouvaient recourir à des prêts bancaires pour financer ces coûts opérationnels. Les banques de l'époque étaient généralement disposées à accorder des crédits sur la base des titres de propriété des matières premières, des produits semi-finis ou finis, qui pouvaient servir de garanties. Le système de crédit était déjà assez développé en Angleterre à cette époque, avec des institutions financières établies pouvant fournir le capital de roulement nécessaire aux entrepreneurs industriels. En outre, les délais de paiement dans la chaîne d'approvisionnement par exemple, acheter des matières premières à crédit et payer les fournisseurs après avoir vendu le produit fini – aidaient également à financer le capital circulant. Il est important de noter que l'accès au crédit a joué un rôle crucial dans le développement de l'industrie. Il a permis aux entreprises d'étendre rapidement leur production et de tirer parti des opportunités de marché sans avoir à accumuler de grandes quantités de capital en amont. Cela a facilité une croissance économique rapide et soutenue, qui est devenue caractéristique de la période industrielle.  


Les profits sont investis, entre autres, dans d’autres pays et servent à la diffusion de la révolution industrielle.
Le réinvestissement des profits engendrés par la Révolution industrielle a été une des forces motrices de sa propagation au-delà des frontières britanniques. Ces profits, souvent substantiels en raison de l'amélioration de l'efficacité et de la productivité apportée par les nouvelles technologies, ainsi que l'expansion des marchés, ont été alloués à diverses fins. D'une part, les industriels ont injecté une partie de ces sommes dans l'innovation technologique, acquérant de nouvelles machines et perfectionnant les processus de production. Cela a entraîné une spirale vertueuse d'amélioration continue, où chaque avancée permettait de générer davantage de profits à réinvestir. Parallèlement, la quête de nouveaux marchés et de sources de matières premières à moindre coût a encouragé les entreprises britanniques à étendre leurs activités à l'international. Cet expansionnisme a souvent pris la forme d'investissements dans les colonies ou d'autres régions, où ils ont établi des industries ou financé des projets industriels, transplantant ainsi les pratiques et les capitaux britanniques. L'infrastructure, essentielle à l'industrialisation, a également bénéficié de ces profits. Les réseaux ferroviaires, les canaux et les ports ont été développés ou améliorés, non seulement au Royaume-Uni mais aussi à l'étranger, rendant ainsi le commerce et la production industrielle plus efficaces. Outre ces investissements directs, l'influence coloniale britannique a servi de véhicule pour la diffusion des technologies et des méthodes industrielles. Cela a créé un écosystème favorable à l'expansion de l'industrialisation dans les colonies, qui, à leur tour, fournissaient les matières premières essentielles pour alimenter les usines britanniques. Dans le domaine du commerce international, l'excédent de capital a permis aux entreprises du Royaume-Uni d'accroître leur empreinte mondiale, exportant des produits manufacturés en grande quantité tout en important les ressources nécessaires à leur production. Enfin, la mobilité des ingénieurs, des entrepreneurs et des travailleurs qualifiés, souvent financée par les profits industriels, a facilité les échanges de compétences et de savoir-faire entre nations. Ces transferts de technologie ont joué un rôle clé dans la généralisation des pratiques industrielles à travers le monde. Tous ces facteurs combinés ont contribué à faire de la Révolution industrielle un phénomène global, transformant non seulement les économies nationales mais aussi les relations internationales et la structure économique mondiale.


= Les profits élevés =
= Les profits élevés =

Version du 7 novembre 2023 à 14:54

Industrialisation massive : panorama sur les usines sidérurgiques Andrew Carnegie à Youngstown dans l'Ohio, 1910.



Le faible coût des investissements

L'amorce de la Première révolution industrielle, qui a eu lieu dans la seconde moitié du 18e siècle, a effectivement démarré avec un niveau technique relativement limité et une faible intensité en capital par rapport à ce qu'elle est devenue par la suite. Au départ, les entreprises étaient souvent de petite taille, et les technologies, bien qu'innovatrices pour l'époque, ne requéraient pas d'investissements aussi massifs que ceux nécessaires pour les usines de l'ère victorienne tardive. Les industries du textile, par exemple, ont été parmi les premières à se mécaniser, mais les premières machines comme la spinning jenny ou le métier à tisser mécanique pouvaient être opérées dans de petits ateliers ou même dans des maisons (comme cela se faisait dans le système de "putting-out" ou "domestic system"). La machine à vapeur de James Watt, bien que représentant une avancée significative, a initialement été adoptée à une échelle relativement modeste avant de devenir la force motrice de grandes usines et du transport. C'est en partie parce que les systèmes de production étaient encore en transition. La fabrication restait souvent une activité de petite envergure, et bien que l'utilisation de machines ait permis une augmentation de la production, elle ne nécessitait pas au début les énormes installations que l'on associe à la révolution industrielle ultérieure. En outre, la première phase de la révolution industrielle a été caractérisée par des innovations incrémentales, qui ont permis des augmentations progressives de la productivité sans nécessiter d'énormes dépenses de capital. Les entreprises pouvaient souvent autofinancer leur croissance ou compter sur des réseaux de financement familiaux ou locaux, sans avoir besoin de recourir à des marchés financiers développés ou à de grands emprunts. Néanmoins, au fur et à mesure que la révolution progressait, la complexité et le coût des machines ont augmenté, de même que la taille des installations industrielles. Cela a conduit à une intensification du besoin en capital, au développement d'institutions financières dédiées, et à l'émergence de pratiques telles que la levée de capitaux via des actions ou des obligations pour financer de plus grands projets industriels.

L'analyse que vous présentez est intéressante et met en lumière l'importance des conditions économiques initiales qui ont permis l'essor de la Révolution industrielle en Angleterre par rapport à des conditions similaires dans des économies en développement bien plus tard, comme dans les années 1950. La capacité d'autofinancement à la fin du 18e siècle reflète les conditions économiques uniques de cette époque. En effet, le coût relativement bas des investissements initiaux pour les premières manufactures a permis à des individus issus de la classe artisanale ou de la petite bourgeoisie de devenir des entrepreneurs industriels. Ces entrepreneurs pouvaient souvent rassembler les capitaux nécessaires sans recourir à de grands emprunts ou à des investissements extérieurs significatifs. Le faible coût des technologies de l'époque, qui dépendaient principalement du bois et du métal simple, rendait les investissements initiaux relativement accessibles. De plus, les compétences nécessaires pour construire et opérer les premières machines étaient souvent issues de l'artisanat traditionnel. Par conséquent, bien que la main-d'œuvre spécialisée fut nécessaire, elle n'exigeait pas le niveau de formation que les technologies ultérieures ont requis. Cela signifie que les coûts de la main-d'œuvre restaient relativement faibles, surtout en comparaison avec les niveaux de salaire et de compétence demandés pour l'exploitation des technologies industrielles avancées du milieu du 20e siècle. Cette situation contrastait fortement avec celle des pays du tiers-monde au milieu du 20e siècle, où l'introduction de technologies industrielles exigeait un niveau de capital et de compétences beaucoup plus élevé, hors de portée pour la plupart des travailleurs locaux et même pour les entrepreneurs locaux sans assistance extérieure. Les investissements nécessaires pour démarrer une activité industrielle dans ces pays en développement étaient souvent si importants qu'ils ne pouvaient être couverts que par des financements étatiques, des prêts internationaux ou des investissements directs étrangers. Le succès initial des entrepreneurs durant la Révolution industrielle britannique a donc été facilité par cette combinaison de faible coût d'entrée et de compétences artisanales adaptées, qui a créé un environnement propice à l'innovation et à la croissance industrielle. Cela a conduit à la formation d'une nouvelle classe sociale d'industriels, qui ont joué un rôle de premier plan dans l'avancement de l'industrialisation.

dans les premiers stades de la Révolution industrielle, les exigences en termes d'installations pour les usines étaient relativement modestes. Des bâtiments existants, comme des granges ou des hangars, pouvaient être facilement convertis en espaces de production sans nécessiter des investissements lourds en construction ou en aménagement. Cela contrastait avec les installations industrielles ultérieures, qui étaient souvent de vastes usines spécialement conçues pour accueillir des lignes de production complexes et de grandes équipes d'ouvriers. Quant au capital circulant, c'est-à-dire les fonds nécessaires pour couvrir les dépenses courantes comme les matières premières, les salaires et les coûts d'exploitation, il était en effet souvent plus élevé que l'investissement en capital fixe (les machines et l'installation). Les entreprises pouvaient recourir à des prêts bancaires pour financer ces coûts opérationnels. Les banques de l'époque étaient généralement disposées à accorder des crédits sur la base des titres de propriété des matières premières, des produits semi-finis ou finis, qui pouvaient servir de garanties. Le système de crédit était déjà assez développé en Angleterre à cette époque, avec des institutions financières établies pouvant fournir le capital de roulement nécessaire aux entrepreneurs industriels. En outre, les délais de paiement dans la chaîne d'approvisionnement – par exemple, acheter des matières premières à crédit et payer les fournisseurs après avoir vendu le produit fini – aidaient également à financer le capital circulant. Il est important de noter que l'accès au crédit a joué un rôle crucial dans le développement de l'industrie. Il a permis aux entreprises d'étendre rapidement leur production et de tirer parti des opportunités de marché sans avoir à accumuler de grandes quantités de capital en amont. Cela a facilité une croissance économique rapide et soutenue, qui est devenue caractéristique de la période industrielle.

Le réinvestissement des profits engendrés par la Révolution industrielle a été une des forces motrices de sa propagation au-delà des frontières britanniques. Ces profits, souvent substantiels en raison de l'amélioration de l'efficacité et de la productivité apportée par les nouvelles technologies, ainsi que l'expansion des marchés, ont été alloués à diverses fins. D'une part, les industriels ont injecté une partie de ces sommes dans l'innovation technologique, acquérant de nouvelles machines et perfectionnant les processus de production. Cela a entraîné une spirale vertueuse d'amélioration continue, où chaque avancée permettait de générer davantage de profits à réinvestir. Parallèlement, la quête de nouveaux marchés et de sources de matières premières à moindre coût a encouragé les entreprises britanniques à étendre leurs activités à l'international. Cet expansionnisme a souvent pris la forme d'investissements dans les colonies ou d'autres régions, où ils ont établi des industries ou financé des projets industriels, transplantant ainsi les pratiques et les capitaux britanniques. L'infrastructure, essentielle à l'industrialisation, a également bénéficié de ces profits. Les réseaux ferroviaires, les canaux et les ports ont été développés ou améliorés, non seulement au Royaume-Uni mais aussi à l'étranger, rendant ainsi le commerce et la production industrielle plus efficaces. Outre ces investissements directs, l'influence coloniale britannique a servi de véhicule pour la diffusion des technologies et des méthodes industrielles. Cela a créé un écosystème favorable à l'expansion de l'industrialisation dans les colonies, qui, à leur tour, fournissaient les matières premières essentielles pour alimenter les usines britanniques. Dans le domaine du commerce international, l'excédent de capital a permis aux entreprises du Royaume-Uni d'accroître leur empreinte mondiale, exportant des produits manufacturés en grande quantité tout en important les ressources nécessaires à leur production. Enfin, la mobilité des ingénieurs, des entrepreneurs et des travailleurs qualifiés, souvent financée par les profits industriels, a facilité les échanges de compétences et de savoir-faire entre nations. Ces transferts de technologie ont joué un rôle clé dans la généralisation des pratiques industrielles à travers le monde. Tous ces facteurs combinés ont contribué à faire de la Révolution industrielle un phénomène global, transformant non seulement les économies nationales mais aussi les relations internationales et la structure économique mondiale.

Les profits élevés

Le niveau de profits réalisés est particulièrement élevé : 20-30% de taux de profit (dépendamment des secteurs évidemment) ; ceci permet l’accumulation du capital et son réinvestissement. Dans les années, 1950, ce taux tombe à 10%, puis à 5% dans les années 1970. Ces taux de profits élevés expliquent le développement des entreprises : si le capital initial est peu élevé, et peut être regroupé par des particuliers, l’accumulation financière sert par la suite à de nouveaux investissements plus importants au sein d’expériences industrielles nouvelles. Le processus d’industrialisation est donc accéléré, ainsi que le développement économique, par l’investissement et l’innovation rendus possibles. Le sens moral du pouvoir d’employer l’argent dans des activités productives marque les esprits en Angleterre.

La taille des entreprises

L’absence d’une taille optimale ou minimale

Aujourd’hui, les entreprises doivent avoir une certaine taille pour résister aux crises, alors que durant la révolution industrielle, avec le coût d’entrée modeste, on voit une multitude de très petites entreprises en termes de capital, mais qui peuvent se permettre d’employer beaucoup de personnes, car il y a toujours de la demande et la main-d’œuvre est très peu chère.

Alfred Krupp.

L’exemple Krupp

Krupp, le géant de l'industrie allemande, a commencé en tant que petite entreprise avec seulement 142 employés. Cependant, au fil des années, l'entreprise a grandi pour atteindre 100 000 employés dans les années 1960. Au début de la révolution industrielle, la taille des entreprises n'avait pas beaucoup d'importance, mais avec la montée des transports, seules les plus grandes entreprises ont été en mesure de résister et de noyer les plus petites.

Les coûts de transport

Des coûts élevés : un atout au début de l’industrialisation

Jusqu’en 1840 et la démocratisation les bateaux à vapeur, le coût des transports est très élevé. Ce coût élevé des transports favorise l'apparition d'une multitude de petites usines approvisionnant les marchés locaux.

Les coûts de transport sont élevés et jouent comme une barrière douanière qui protège les industries locales des grandes entreprises : un atout pour l’industrialisation. Ils permettent, au niveau local, un isolement des marchés. La révolution industrielle est d’ailleurs, au début, un phénomène local et régional (en Angleterre la région du Lancashire, soit de Manchester, en France le Nord et l’Alsace, en Espagne la Catalogne, aux États-Unis, la Nouvelle-Angleterre, soit la région de Boston). Il est alors suffisant d'être concurrentiel dans un rayon de 50km, les coûts de transports faisant que la concurrence extérieure à ce périmètre n’est pas élevée. Les coûts de transport élevés jouent un rôle encore plus important dans le développement international puisque l’Europe est au début protégée de la concurrence anglaise, vu que les Anglais étaient bien plus avancés. Cela joue le rôle de « barrières douanières ».

Ces coûts des transports diminuent avec le développement des infrastructures et du chemin de fer au cours du XIXème siècle, notamment après 1850. C'est à ce moment-là que disparaitra une partie des petites industries jusqu'alors protégées.

Les conditions sociales en matière d’emploi

Carreau de mine de La Houve à Creutzwald (Lorraine).

Il y a une fluidité sociale assez importante. Les paysans qui sont tombés en faillite viennent demander du travail à l’industrie. On ne parle pas de la fluidité positive, comme le petit marchand qui devient très riche, mais plutôt négative avec des milliers d’hommes qui cherchent un emploi à bas salaire. De plus, il n’y a aucune loi sociale pour les protéger.

Les bas salaires et le travail des femmes et des enfants permettent un développement industriel à moindre coût pour les patrons. Le salaire ne représentait que le minimum nécessaire pour la survie. L’absence de frein et de protection sociale a permis d’importantes baisses de salaires ; la main-d’œuvre est fluide, les fils de paysans se dirigent ainsi vers les usines. Une autre conséquence des faibles salaires est la non-obligation de partager les profits, ce qui permet l’accumulation des capitaux et les profits élevés pour le patronat.

L’industrialisation se fait par la participation active du travail des femmes et des enfants. Évidemment, les femmes travaillaient dans l’agriculture, mais leur travail dans l’industrie est permis par le type particulier de mécanisation : celle-ci requiert de moins en moins de force, ce qui favorise le travail des femmes et des enfants, bien moins payés que les hommes ; la présence des femmes et de leurs filles est particulièrement marquée dans le secteur du textile, où l'habilité est un atout. Ceci est d’autant plus avantageux puisqu’elles touchent des salaires encore plus bas que ceux des hommes. Dans un premier temps, aucune règlementation n’existe concernant le travail des enfants. De manière générale, avant que n’interviennent les lois du travail en 1840, les enfants travaillent et touchent un salaire dix fois inférieur à celui des hommes adultes. Les avantages sont donc du côté de l’employeur, puisque la part de population active étant plus importante, l’offre de main d'oeuvre est plus importante, les salaires diminuent. À l’époque, le salaire des femmes ne représente que le tiers du salaire des hommes. Cette période est une des pages noires de l’histoire de l’Occident et de la révolution industrielle.

On a deux types de patrons : ceux qui embauchent uniquement des femmes et des enfants pour payer des salaires encore plus bas, alors que dans les entreprises plus petites qui sont plus dans une mentalité paternaliste, on n’embauche que des hommes, car on a l’idée que l’homme doit être celui qui amène l’argent au foyer.

La simplicité de la technique

L’acquisition des nouvelles compétences n’est pas difficile pour les ouvriers, et ce jusqu’à l’introduction de la machine à vapeur. Les paysans proto-industriels peuvent se recycler de manière rapide, et les industriels n’ont pas besoin de former la main-d’œuvre : les premières technologies industriels sont relativement proches des techniques utilisées dans la proto-industrie. Il existe aussi une possibilité d’imitation des autres industries par copiage des machines. Tout cela est aussi lié avec l’éducation (44% d’illettrés en Angleterre en 1830, soit 60-70% des ouvriers, alors que l’Angleterre est rentrée dans l’industrialisation depuis 70 ans, et l’éducation primaire devient obligatoire en 1880). Qui dit illettré dit forcément plus servile et moins désobéissant, l’éducation de masse est donc opposée par les lobbies d’entrepreneurs afin que les travailleurs restent dociles.

La conjonction de ces éléments fait que la révolution industrielle se diffuse en Europe. Après des millénaires d’immobilisme, on passe donc de sociétés agraires et rurales à des sociétés urbaines et industrielles.

Annexes

Références