Le concept de Moyen-Orient

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Basé sur un cours de Yilmaz Özcan.[1][2]

Le Moyen-Orient, région aux multiples facettes, s'étend de l'Égypte à l'Iran, englobant des pays comme Israël, la Jordanie, le Liban, la Syrie, l'Irak, l'Arabie saoudite et d'autres. Géographiquement, cette région agit comme un pont entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique, dotée d'une position stratégique qui a façonné son histoire et sa politique. Elle est le berceau de civilisations anciennes et de trois religions monothéistes majeures : le judaïsme, le christianisme et l'islam, influençant profondément sa culture et ses traditions. Historiquement, le Moyen-Orient a été le centre de puissants empires, tels que l'Empire ottoman, qui a régné jusqu'à sa chute après la Première Guerre mondiale, et l'Empire perse, connu pour sa richesse culturelle et scientifique. La région a vu naître des personnalités influentes telles que Saladin au XIIe siècle, figure emblématique de la résistance face aux Croisés, ou encore plus récemment, Gamal Abdel Nasser, leader de l'Égypte et figure centrale du nationalisme arabe au XXe siècle.

Le Moyen-Orient a également été un terrain majeur de conflits géopolitiques, influencé par la colonisation européenne et les intérêts des puissances mondiales dans ses ressources naturelles, principalement le pétrole. Les accords Sykes-Picot de 1916, qui ont redéfini les frontières de la région après la chute de l'Empire ottoman, sont un exemple frappant de l'influence occidentale sur la configuration politique du Moyen-Orient. Cette période a également marqué le début de la question palestinienne, qui reste un sujet de conflit majeur. Au niveau économique, la découverte et l'exploitation du pétrole ont radicalement transformé certains pays du Moyen-Orient, comme l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, en puissances économiques régionales. Cependant, cette richesse n'est pas uniformément répartie et a été une source de tensions internes et externes. La région a été témoin de mouvements sociaux importants, comme le Printemps arabe en 2011, qui a déclenché une série de soulèvements populaires exigeant des réformes démocratiques. Ces événements ont mis en lumière les défis auxquels sont confrontées de nombreuses sociétés du Moyen-Orient, tels que la corruption, le chômage, et la répression politique. En termes théoriques, les analyses en science politique et en histoire du Moyen-Orient intègrent souvent des concepts tels que le colonialisme, le nationalisme, le panarabisme, et plus récemment, les études sur le terrorisme et le fondamentalisme religieux. Ces concepts aident à comprendre les dynamiques complexes de la région.

Le Moyen-Orient d'aujourd'hui reste une région en mutation, naviguant entre tradition et modernité, et continue de jouer un rôle central sur la scène mondiale, influençant la politique, l'économie et la culture bien au-delà de ses frontières.

Le concept de Moyen-Orient[modifier | modifier le wikicode]

La notion de « Moyen-Orient » est étroitement liée à une perspective européenne et reflète la manière dont les puissances occidentales ont historiquement envisagé et catégorisé cette région. Le terme a été popularisé pour la première fois en 1902 par Alfred Thayer Mahan, un stratège naval américain influent, dans le contexte d'un article qui abordait les enjeux stratégiques liés à l'Inde et à l'océan Indien.

Mahan utilisait ce terme pour désigner une zone géographique stratégique pour les intérêts navals et commerciaux, en particulier en ce qui concerne la route vers l'Inde, une colonie britannique cruciale à l'époque. La région du "Moyen-Orient" selon Mahan incluait des territoires allant de l'Empire ottoman à l'ouest, jusqu'à la frontière ouest de l'Inde, englobant ainsi le Golfe Persique et d'autres zones clés pour le contrôle maritime et commercial. Cette conceptualisation du Moyen-Orient est emblématique de l'approche eurocentrique qui a prévalu dans l'analyse géopolitique au début du XXe siècle. Elle reflète la vision des puissances coloniales, qui voyaient cette région principalement à travers le prisme de leurs propres intérêts stratégiques et économiques. Cette perspective a façonné non seulement la manière dont le Moyen-Orient a été compris et représenté dans les discours occidentaux, mais aussi la façon dont les frontières et les structures politiques de la région ont été établies, notamment après la chute de l'Empire ottoman et la fin de la Première Guerre mondiale.

L'expression « Middle East » (Moyen-Orient) a été utilisée bien avant Alfred Thayer Mahan, bien que sa popularisation soit souvent attribuée à ce dernier. Sir Thomas Edward Gordon, un officier et diplomate britannique, aurait utilisé le terme « Middle East » dès 1842. Cependant, cette utilisation précoce n'a pas eu le même impact ni la même résonance que celle de Mahan dans les cercles géopolitiques et académiques. L'emploi de Gordon du terme « Middle East » peut être considéré comme une indication précoce de la façon dont les puissances européennes commençaient à conceptualiser et à définir cette région dans le cadre de leurs intérêts impériaux et stratégiques. Toutefois, c'est l'article de Mahan publié en 1902 qui a véritablement contribué à ancrer ce terme dans le langage géopolitique moderne. Mahan, en se concentrant sur l'importance de la région pour le contrôle des voies maritimes et l'accès aux ressources, a donné au terme une dimension stratégique qui a résonné avec les intérêts et les préoccupations des puissances occidentales de l'époque. Cette différence dans l'impact et la diffusion des deux utilisations illustre comment certaines idées ou concepts gagnent en influence en fonction du contexte historique et géopolitique dans lequel ils sont employés. Alors que l'utilisation de Gordon est restée relativement obscure, celle de Mahan est intervenue à un moment où les enjeux stratégiques du Moyen-Orient commençaient à être de plus en plus reconnus par les puissances occidentales, ce qui a contribué à la popularisation et à la pérennisation du terme.

Valentine Chirol, un journaliste et commentateur influent en matière de politique étrangère, ajoute une perspective intéressante à l'histoire du concept de "Moyen-Orient". Chirol, travaillant au "Times" de Londres (et non au "New York Times"), a joué un rôle clé dans la popularisation et la diffusion de ce terme au début du XXe siècle. Valentine Chirol, en tant que correspondant et plus tard comme chef du département des affaires étrangères au "Times", a écrit de nombreux articles et ouvrages influents sur la politique internationale, et ses écrits ont souvent abordé la région que nous appelons aujourd'hui le Moyen-Orient. Ses analyses étaient particulièrement axées sur les dynamiques géopolitiques, notamment sur ce qu'on appelait le "Great Game" - la rivalité stratégique entre l'Empire britannique et l'Empire russe pour le contrôle de l'Asie centrale.

Bien que Chirol n'ait pas défini de manière rigoureuse les frontières géographiques du Moyen-Orient, ses écrits ont contribué à façonner la compréhension occidentale de la région comme un espace stratégique crucial, notamment en lien avec les intérêts britanniques et russes en Asie centrale. Cette focalisation sur le "Great Game" a mis en lumière l'importance de la région non seulement pour son potentiel économique (notamment les ressources en pétrole), mais aussi pour son rôle dans les équilibres de pouvoir géopolitiques. En effet, la contribution de Chirol à la discussion sur le Moyen-Orient s'inscrit dans un contexte plus large de rivalités impériales et de redéfinition des sphères d'influence, qui a marqué la politique internationale à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Ses écrits ont ainsi aidé à établir le Moyen-Orient comme un concept clé dans le discours géopolitique occidental, bien que la définition exacte et les limites de la région aient continué à évoluer au fil du temps.

La conceptualisation du "Moyen-Orient" en tant que région distincte[modifier | modifier le wikicode]

La conceptualisation du "Moyen-Orient" en tant que région distincte est étroitement liée à une perspective européocentrique qui a émergé dans le contexte des intérêts coloniaux et impériaux du XIXe et du début du XXe siècle. Dans cette vision du monde, les régions étaient classées en fonction de leur proximité relative avec l'Europe, donnant naissance aux termes de "Far East" (Extrême-Orient), "Near East" (Proche-Orient) et "Middle East" (Moyen-Orient).

Le "Far East", ou l'Extrême-Orient, englobait des pays comme la Chine, le Japon et la Corée, considérés comme les plus éloignés de l'Europe. Cette région a acquis une importance significative pendant la période de l'impérialisme occidental, marquée par des événements tels que la Guerre de l'Opium (1839-1842) et l'ouverture forcée du Japon au commerce occidental par le Commodore Perry en 1854. Quant au "Near East", il désignait initialement les territoires de l'Empire ottoman adjacents à l'Europe, tels que la Turquie, la Grèce, et parfois l'Égypte. Les réformes du Tanzimat dans l'Empire ottoman au XIXe siècle et la question de l'Orient, un enjeu diplomatique et culturel majeur dans les relations entre les puissances européennes et l'Empire ottoman, illustrent l'importance de cette région dans la politique étrangère européenne de l'époque. Le "Middle East", situé entre ces deux régions, a été défini de manière plus floue. Alfred Thayer Mahan, en popularisant ce terme dans son article de 1902, soulignait l'importance stratégique de la région pour le contrôle des routes maritimes vers l'Asie et les ressources en pétrole. Cette perspective a été renforcée par la rivalité anglo-russe dans la région, connue sous le nom de "Great Game", où les deux puissances se disputaient l'influence en Asie centrale.

L'utilisation de ces termes reflétait et renforçait la vision du monde eurocentrique, où les régions étaient définies et appréhendées principalement en fonction de leurs relations avec les intérêts européens. Cette perspective a été critiquée dans les discours postcoloniaux et les études régionales modernes pour son manque de reconnaissance des dynamiques internes et de l'autonomie des régions concernées. En science politique et en histoire, l'analyse de ces termes met en lumière les complexités et les conséquences de la colonisation et de l'impérialisme, tout en soulignant la nécessité d'approches plus nuancées et contextualisées dans la compréhension des régions du monde.

La Première Guerre mondiale a joué un rôle crucial dans la redéfinition des termes géopolitiques et dans la disparition progressive du terme "Near East" (Proche-Orient), ainsi que dans la popularisation et la consolidation du concept de "Middle East" (Moyen-Orient). Au cours de la Première Guerre mondiale, l'Empire ottoman, qui constituait une grande partie de ce qui était alors appelé le Proche-Orient, s'est allié aux Puissances centrales. Cette alliance s'est avérée désastreuse pour l'Empire, qui a subi de lourdes pertes territoriales à la fin de la guerre. Avec le Traité de Sèvres en 1920, suivi du Traité de Lausanne en 1923, l'Empire ottoman a été démantelé, perdant ses territoires en Europe et au Moyen-Orient.

Ces événements ont conduit à la "balkanisation" de la région, un terme qui fait référence à la fragmentation en plusieurs petits États, souvent utilisé pour décrire la situation dans les Balkans après les Guerres balkaniques mais aussi applicable ici. Cette période a vu l'émergence de nouveaux États-nations, comme la Turquie moderne sous Mustafa Kemal Atatürk, et la redéfinition des frontières au Moyen-Orient. Parallèlement, les mandats de la Société des Nations ont été établis dans plusieurs régions de l'ancien Empire ottoman. Les puissances européennes, principalement la France et la Grande-Bretagne, ont reçu le mandat de gouverner d'anciens territoires ottomans comme la Syrie, le Liban, l'Irak et la Palestine. Cette administration mandataire a profondément influencé la configuration politique et sociale de la région, laissant un héritage qui continue de façonner le Moyen-Orient moderne.

Avec la disparition de l'Empire ottoman et la reconfiguration de la région, le terme "Near East" a perdu sa pertinence, car la distinction entre "Proche-Orient" et "Moyen-Orient" est devenue moins claire. Dès lors, le terme "Middle East" a commencé à être utilisé de manière plus généralisée pour décrire la région s'étendant de l'Égypte à l'Iran, englobant les territoires arabes, la Turquie et parfois même l'Afghanistan et le Pakistan. Cette période a donc été déterminante dans la redéfinition géopolitique de la région, façonnant la manière dont elle est perçue et catégorisée dans le discours international jusqu'à aujourd'hui. Ces changements reflètent non seulement les dynamiques de pouvoir de l'époque, mais soulignent également l'importance des événements historiques dans la formation des concepts géographiques et politiques.

La Première Guerre mondiale a joué un rôle décisif dans l'extension et la redéfinition de la notion de "Middle East" (Moyen-Orient). Avant la guerre la compréhension du Moyen-Orient était souvent centrée autour de l'Inde et des routes maritimes vitales pour le commerce et l'influence britannique. Cependant, les conséquences de la guerre ont conduit à une expansion notable de cette notion, en particulier vers l'ouest. L'une des transformations majeures a été l'inclusion des territoires arabes de l'ancien Empire ottoman dans la définition du Moyen-Orient. Avec la chute de cet empire et l'établissement des mandats de la Société des Nations, des régions telles que la Syrie, l'Irak, le Liban et la Palestine sont devenues des éléments centraux de ce que l'on appelle désormais le Moyen-Orient. La redéfinition des frontières et la création de nouveaux États dans ces territoires mandataires ont contribué à façonner une nouvelle compréhension géopolitique de la région.

En outre, l'utilisation officielle et la reconnaissance du terme "Middle East" par les puissances occidentales et les institutions internationales ont renforcé son adoption et son acceptation dans le langage politique et diplomatique. Ce changement reflétait non seulement les réalités géopolitiques de l'après-guerre, mais aussi les intérêts stratégiques et économiques, notamment en ce qui concerne les réserves de pétrole de la région, qui ont commencé à jouer un rôle crucial dans la politique mondiale. La redéfinition du Moyen-Orient après la Première Guerre mondiale a donc eu des implications profondes, à la fois pour les peuples de la région et pour la politique internationale. Elle a marqué le début d'une nouvelle ère dans laquelle le Moyen-Orient est devenu un point focal des intérêts stratégiques mondiaux, une situation qui continue de façonner les relations internationales et les dynamiques régionales dans le monde contemporain.

La période suivant la Première Guerre mondiale a vu la Grande-Bretagne jouer un rôle de premier plan dans la reconfiguration politique et territoriale du Moyen-Orient. Les Britanniques, reconnaissant l'importance stratégique et économique croissante de la région, ont organisé plusieurs rencontres, échanges et conférences, et ont établi des comités et départements spécifiques pour gérer leurs intérêts et territoires dans la région.

Un des premiers exemples de cette démarche a été la création du Middle East Committee en 1917. Ce comité avait pour but de coordonner la politique britannique dans la région, en pleine période de bouleversements géopolitiques dus à la guerre. La mise en place de ce comité témoigne de la reconnaissance croissante par les Britanniques de l'importance du Moyen-Orient dans leurs stratégies globales. En 1921, Winston Churchill, alors Secrétaire d'État aux Colonies, a joué un rôle clé dans la création du Middle East Department. Ce département avait pour mission de gérer les territoires sous contrôle britannique au Moyen-Orient, notamment les mandats de la Société des Nations tels que la Palestine et la Mésopotamie (l'actuel Irak). La création de ce département reflétait la nécessité d'une approche centralisée et cohérente pour administrer et exploiter les ressources et les positions stratégiques dans ces territoires.

La même année, la Middle East Conference a été organisée, un événement crucial pour déterminer le futur politique des territoires gagnés par la France et la Grande-Bretagne à la suite du démembrement de l'Empire ottoman. Cette conférence a abordé des questions telles que les frontières, l'administration et les politiques à adopter dans les mandats nouvellement établis. Des figures clés telles que Churchill et T.E. Lawrence (plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie) ont participé à ces discussions, qui ont façonné le paysage politique du Moyen-Orient pour les décennies à venir. Ces initiatives britanniques dans la région ont eu des répercussions durables, non seulement en termes de configuration géopolitique, mais aussi en ce qui concerne les relations entre l'Orient et l'Occident. Elles ont également posé les bases des nombreux défis politiques et sociaux que connaît la région jusqu'à nos jours, notamment les questions liées aux frontières artificielles, à l'identité nationale et aux conflits interétatiques.

Terminologie géopolitique : Middle East, Near East et Greater Middle East[modifier | modifier le wikicode]

La fin de la Première Guerre mondiale a marqué un tournant décisif pour le Moyen-Orient, caractérisé par l'établissement de mandats par la Société des Nations sur les territoires de l'ancien Empire ottoman. Ces mandats, confiés principalement à la Grande-Bretagne et à la France, ont redéfini le paysage politique de la région, jetant les bases de nombreux enjeux contemporains.

La Grande-Bretagne, forte de son expérience impériale en Inde, a joué un rôle prééminent dans la nouvelle configuration du Moyen-Orient. Parmi les mandats attribués, celui de la Mésopotamie, l'actuel Irak, était particulièrement significatif. Riche en pétrole, ce territoire était crucial pour les intérêts économiques et stratégiques britanniques. L'administration britannique en Irak a été marquée par des tentatives de fusionner diverses entités ethniques et religieuses sous un même état, une entreprise complexe qui a semé les graines de tensions futures. Le mandat britannique en Palestine a également eu des implications profondes. Intégrant la Déclaration Balfour de 1917, qui promettait la création d'un "foyer national pour le peuple juif", ce mandat a posé les bases du conflit israélo-arabe, qui continue de façonner la géopolitique régionale. La gestion britannique de ce mandat a été une entreprise délicate, jonglant entre les aspirations sionistes et les revendications des populations arabes autochtones. La France, de son côté, a reçu les mandats sur la Syrie et le Liban, où elle a mis en place des administrations qui ont profondément influencé le développement culturel et politique de ces pays. La politique française dans ces régions a souvent favorisé certaines communautés, comme les chrétiens maronites au Liban, contribuant à façonner le paysage politique fragmenté que nous connaissons aujourd'hui.

Ces mandats, bien qu'initialement conçus pour préparer les territoires à l'autonomie et à l'indépendance, ont souvent fonctionné davantage comme des administrations coloniales. Les frontières tracées par les puissances mandataires ne tenaient pas toujours compte des réalités ethniques, religieuses et culturelles, menant à la création d'États aux identités nationales complexes et parfois conflictuelles. Les répercussions de ces mandats se font encore sentir aujourd'hui. Les frontières artificielles et les états-nations créés pendant cette période ont souvent été le terreau de conflits internes et de tensions interétatiques. Ces événements historiques ont non seulement remodelé le Moyen-Orient, mais ont également influencé les théories en science politique et en histoire, en mettant en lumière les conséquences à long terme de la colonisation et de l'impérialisme, ainsi que les défis de la construction nationale dans des contextes multiethniques et multiconfessionnels.

La Seconde Guerre mondiale a joué un rôle crucial dans la consolidation de l'usage du terme "Middle East" (Moyen-Orient) et dans l'obsolescence de l'expression "Near East" (Proche-Orient). Cette période de conflit mondial a vu des combats se dérouler dans de nombreuses régions, y compris dans les Balkans et en Afrique du Nord, régions qui ont été progressivement englobées dans la définition élargie du Moyen-Orient.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le théâtre d'opérations du Moyen-Orient ne se limitait pas uniquement aux pays traditionnellement associés à cette région, comme l'Égypte, la Syrie ou l'Irak. Il englobait également des zones de conflit en Afrique du Nord, notamment la campagne d'Afrique du Nord qui a vu des affrontements majeurs entre les forces de l'Axe, principalement italiennes et allemandes, et les Alliés, comprenant des troupes britanniques, françaises, et plus tard américaines. Des figures telles que le général britannique Bernard Montgomery et le maréchal allemand Erwin Rommel sont devenues célèbres pour leurs rôles dans ces combats. L'utilisation accrue du terme "Middle East" pour désigner ces divers théâtres d'opérations reflétait une compréhension plus large et plus flexible de la région. Cette extension géographique a également été influencée par les besoins stratégiques et logistiques des puissances belligérantes, pour qui la maîtrise des routes maritimes et des ressources, en particulier le pétrole, était cruciale.

En conséquence, le terme "Near East", qui avait traditionnellement désigné les parties de l'Empire ottoman les plus proches de l'Europe, est progressivement tombé en désuétude. Après la dissolution de l'Empire ottoman et la redéfinition des frontières et des entités politiques dans la région, la distinction entre "Near East" et "Middle East" est devenue de moins en moins pertinente. Ainsi, la Seconde Guerre mondiale a non seulement été un catalyseur pour le changement géopolitique et territorial, mais a également influencé la terminologie et la conceptualisation des régions du monde. La disparition progressive de l'expression "Near East" et la prédominance du terme "Middle East" dans le discours politique et académique sont emblématiques de ces changements.

L'implication croissante des États-Unis au Moyen-Orient pendant et après la Seconde Guerre mondiale a renforcé et solidifié le concept de "Middle East" (Moyen-Orient) dans le discours international. Un jalon significatif de cet intérêt grandissant a été l'établissement du "Middle East Institute" à Washington, D.C., qui a joué un rôle crucial dans la promotion des études et de la compréhension de la région aux États-Unis. Fondé en 1946, le Middle East Institute a été créé dans le contexte d'un intérêt stratégique et économique croissant des États-Unis pour le Moyen-Orient. Cette période a vu l'Amérique émerger comme une superpuissance mondiale, cherchant à étendre son influence dans des régions stratégiquement importantes, notamment en raison de la présence de vastes réserves de pétrole. Le Moyen-Orient, avec ses ressources énergétiques et sa position géopolitique clé, est devenu un axe central de la politique étrangère américaine.

Le rôle du Middle East Institute a été de fournir des analyses, des informations et des conseils sur la région, aidant à façonner la politique étrangère américaine ainsi que la compréhension académique et publique du Moyen-Orient. En rassemblant des experts, des diplomates, des universitaires et des praticiens, l'institut a contribué à une meilleure appréciation des complexités politiques, culturelles, économiques et sociales de la région. L'engagement accru des États-Unis au Moyen-Orient après la Seconde Guerre mondiale a également été marqué par des événements clés tels que la doctrine Truman en 1947, qui visait à contenir l'expansion soviétique et a impliqué un soutien accru aux pays de la région, et la création de l'état d'Israël en 1948, un développement qui a profondément affecté les dynamiques régionales. L'émergence du Middle East Institute et l'implication croissante des États-Unis dans la région ont non seulement renforcé le concept de Moyen-Orient dans le discours géopolitique, mais ont également signalé une ère de changement significatif dans la politique internationale, où le Moyen-Orient est devenu un point focal de l'intérêt et de l'intervention américains.

La période de la Guerre froide a vu l'émergence du concept de "Grand Moyen-Orient", une extension géographique du terme traditionnel "Moyen-Orient". Cette redéfinition a été influencée par les stratégies géopolitiques et les intérêts des superpuissances de l'époque, les États-Unis et l'Union Soviétique, dans le contexte de leur rivalité mondiale. Le "Grand Moyen-Orient" englobe une région beaucoup plus vaste que celle traditionnellement désignée par le terme "Moyen-Orient". Il s'étend du Sahara occidental en Afrique du Nord jusqu'à l'Inde en Asie du Sud, incluant des pays d'Afrique subsaharienne comme l'Éthiopie. Cette extension reflète une compréhension plus large des enjeux stratégiques et des zones d'influence qui dépassent les frontières traditionnelles du Moyen-Orient. Pendant la Guerre froide, cette région élargie a été un terrain clé de la lutte d'influence entre les États-Unis et l'URSS. Les superpuissances se sont engagées dans une série de conflits par procuration et ont soutenu divers régimes et mouvements en fonction de leurs intérêts stratégiques et idéologiques. Des pays comme l'Égypte, l'Iran, l'Afghanistan et d'autres ont joué des rôles significatifs dans cette dynamique.

La notion de "Grand Moyen-Orient" a également été associée à des initiatives politiques plus récentes, notamment la vision américaine post-11 septembre pour une transformation démocratique et économique de la région. Cette vision, promue sous l'administration de George W. Bush, envisageait un redessinage des politiques et des structures sociales dans une vaste zone englobant non seulement le Moyen-Orient traditionnel mais aussi des parties de l'Afrique du Nord et de l'Asie du Sud. L'usage du terme "Grand Moyen-Orient" reflète donc les changements dans la perception et l'engagement politique des puissances mondiales dans la région. Il souligne également comment les concepts géopolitiques peuvent évoluer et s'adapter en fonction des réalités politiques et stratégiques globales.

La popularisation et l'élargissement du concept de "Moyen-Orient" ont suscité des débats et des réflexions, notamment chez des figures comme Winston Churchill, qui ont exprimé des réserves quant à l'usage parfois flou et expansif de ce terme. Churchill, en tant que personnage central dans la redéfinition des frontières et des politiques au Moyen-Orient après la Première Guerre mondiale, était particulièrement conscient des complexités et des spécificités régionales qui risquaient d'être occultées par une utilisation trop générique de l'expression "Moyen-Orient". À l'ONU, l'emploi du terme "Western Asia" (Asie occidentale) pour désigner une partie de ce que beaucoup considèrent comme le Moyen-Orient est un exemple de ces tentatives de catégorisation plus précises et géographiquement orientées. Cette appellation vise à définir la région sur une base plus géographique que politique ou culturelle, offrant ainsi une alternative à la terminologie plus chargée et ambiguë du "Moyen-Orient".

En parallèle, les appellations traditionnelles et historiques pour différentes sous-régions et zones géographiques n'ont pas disparu et continuent d'être utilisées. Des termes comme "Maghreb" (Afrique du Nord-Ouest), "Machrek" (Proche-Orient arabe), "Anatolie" (partie asiatique de la Turquie), "Mésopotamie" (historiquement utilisé pour l'Irak jusqu'en 1921), et "Croissant fertile" (région englobant le Levant et certaines parties de la Mésopotamie) possèdent une richesse historique et culturelle spécifique. Ces termes reflètent non seulement une géographie particulière, mais aussi des histoires, des cultures et des identités distinctes. La persistance de ces appellations souligne la diversité et la complexité du Moyen-Orient en tant que région. Elle met en évidence la difficulté de capturer la multitude de ses caractéristiques sous une seule étiquette. Cela reflète également un aspect crucial de l'étude géopolitique et culturelle : la nécessité de reconnaître et de respecter les spécificités locales et historiques tout en abordant les questions régionales et internationales.

Les trois espaces stratégiques du monde musulman[modifier | modifier le wikicode]

Les trois espaces stratégiques du monde musulman.

Cette carte représente une vision stratégique du monde musulman, divisée en trois régions distinctes qui soulignent la diversité et les complexités politiques, économiques et culturelles au sein de l'islam. La première région, le cœur traditionnel du Moyen-Orient, s'étend de l'Égypte aux pays du Golfe et jusqu'à l'Iran et le Yémen. Cette zone est chargée d'histoire, ayant été le berceau de la civilisation et le théâtre de conflits majeurs tels que les guerres arabes-israéliennes, la révolution iranienne de 1979 et les guerres du Golfe. Ces territoires sont au cœur des préoccupations géopolitiques mondiales, notamment en raison de leurs vastes réserves d'hydrocarbures qui attirent l'attention des puissances mondiales depuis des décennies. La deuxième région, le Maghreb, qui comprend le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Libye, présente une mosaïque d'identités influencée par les héritages berbère, arabe et européen. Les événements tels que la guerre d'Algérie pour l'indépendance et le printemps arabe, qui a commencé en Tunisie en 2010, témoignent de la quête continue d'autonomie et de démocratie. La proximité du Maghreb avec l'Europe en fait également une région cruciale pour les questions migratoires et de sécurité. La troisième région, qui regroupe l'Asie centrale et le Caucase, est souvent négligée dans les discussions sur le Moyen-Orient mais est essentielle pour comprendre les relations transrégionales. Avec la chute de l'Union Soviétique, des États comme le Kazakhstan et l'Ouzbékistan ont gagné en importance stratégique en raison de leurs ressources naturelles et de leur position dans les "nouveaux jeux géopolitiques" impliquant la Russie, la Chine et les États-Unis. La guerre en Afghanistan, qui a vu l'intervention de puissances étrangères de la période soviétique à l'ère post-11 septembre, illustre la complexité et l'instabilité qui peuvent émaner de cette région.

Chacune de ces régions, bien que partageant la foi musulmane, a ses propres trajectoires historiques et défis contemporains. De l'empire ottoman aux révolutions arabes modernes, en passant par la guerre froide et les conflits contemporains, les histoires de ces régions sont entrelacées avec les grands mouvements de l'histoire mondiale. Les frontières et les identités de ces régions ont été façonnées par une combinaison de facteurs internes et d'interventions étrangères, reflétant les dynamiques de pouvoir et les enjeux qui vont bien au-delà de leurs géographies immédiates. En science politique et en histoire, une telle carte rappelle l'importance de l'approche régionale tout en reconnaissant les interconnexions qui définissent les relations internationales contemporaines.

La gouvernance dans les régions indiquées sur la carte est marquée par une complexité substantielle, résultant de la diversité ethnique, culturelle et politique. Le Xinjiang, par exemple, est une région autonome du nord-ouest de la Chine, habitée principalement par les Ouïghours, un groupe ethnique musulman turcophone. Cette région est devenue un point focal des débats internationaux sur les droits humains en raison des politiques chinoises, qui sont perçues comme des tentatives d'assimilation forcée et de répression des identités culturelles et religieuses distinctes. Le Xinjiang illustre comment la gouvernance dans des régions géopolitiquement sensibles peut impliquer des stratégies étatiques complexes qui interagissent avec des questions de sécurité nationale, de développement économique et de droits des minorités. La Chine justifie ses actions dans le Xinjiang par la nécessité de lutter contre l'extrémisme et le séparatisme, tandis que les critiques internationales y voient une violation des droits des minorités et de la liberté religieuse.

Au-delà du Xinjiang, la carte indique également que les dynamiques de gouvernance dans le "Grand Moyen-Orient" sont influencées par une variété de facteurs, notamment les tensions sectaires, les conflits interétatiques, les interventions étrangères et les mouvements de contestation populaire. La région est un complexe échiquier de pouvoirs locaux, régionaux et internationaux, où les États-nations, les organisations non gouvernementales, les groupes rebelles et les puissances étrangères s'affrontent et coopèrent dans diverses configurations. Cette complexité est particulièrement visible dans des pays comme la Syrie et l'Irak, où les interventions étrangères, les conflits sectaires et le terrorisme ont conduit à des crises humanitaires et à des défis de reconstruction nationale. En Afrique du Nord, des pays comme la Libye montrent comment l'absence de gouvernance stable peut entraîner une fragmentation politique et des guerres civiles. En même temps, des États comme l'Iran et la Turquie jouent des rôles régionaux influents, à la fois en tant que puissances économiques et militaires et en tant qu'acteurs culturels et politiques. Ainsi, la carte sert de rappel que les stratégies de gouvernance dans le Grand Moyen-Orient ne peuvent pas être comprises sans tenir compte de la richesse et de la complexité des identités régionales, des alliances stratégiques, des enjeux économiques et des aspirations politiques. Ces éléments façonnent les politiques intérieures et les relations internationales de manière dynamique et souvent imprévisible.

Caractéristiques géographiques déterminantes du Moyen-Orient[modifier | modifier le wikicode]

Moyen-Orient - principales caractéristiques géographiques.

Cette carte met en évidence les principales caractéristiques géographiques du Moyen-Orient et des régions environnantes, une zone qui a historiquement été un carrefour de civilisations et qui continue d'être un centre d'intérêt géopolitique stratégique.

Le Maghreb : Carrefour de civilisations et de terrains[modifier | modifier le wikicode]

La région du Maghreb, située dans le nord-ouest de l'Afrique, constitue un espace unique à l'intersection de plusieurs mondes. Elle est définie par des caractéristiques géographiques remarquables, dont les chaînes de montagnes de l'Atlas qui s'étendent à travers plusieurs de ses pays, notamment le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Ces montagnes ne sont pas seulement un élément marquant du paysage naturel, mais elles ont également façonné les modes de vie et les itinéraires commerciaux dans la région. Le Sahara, bordant le Maghreb au sud, est le plus grand désert chaud du monde et sert à la fois de barrière et de pont entre l'Afrique subsaharienne et les rivages méditerranéens du Maghreb. Cette immensité aride a été traversée depuis des millénaires par des caravanes commerciales transportant des biens tels que le sel, l'or et les tissus, reliant ainsi le Maghreb à l'Afrique subsaharienne et au-delà. Historiquement, le Maghreb a été un espace d'échanges culturels et commerciaux intenses. Les Phéniciens, les Romains, les Byzantins et plus tard les Arabes et les Européens ont laissé leur empreinte sur la région, ce qui a abouti à un riche héritage culturel et architectural. L'influence arabe est particulièrement notable à partir du VIIe siècle avec l'introduction de l'islam, qui a profondément influencé la culture, la langue et l'identité de la région.

Au fil des siècles, le Maghreb a vu s'épanouir des centres de savoir et de culture, comme la ville de Fès au Maroc et la Qarawiyyin, l'une des plus anciennes universités du monde encore en activité. La région a également été le théâtre d'importantes batailles et conflits, y compris les campagnes de résistance contre la colonisation française et espagnole, menant finalement à l'indépendance des nations maghrébines au milieu du XXe siècle. Aujourd'hui, le Maghreb continue de jouer un rôle stratégique en raison de sa position géographique aux portes de l'Europe, de ses ressources naturelles, notamment les hydrocarbures en Algérie et en Libye, et de ses défis contemporains tels que les mouvements migratoires et les questions de sécurité régionale. La compréhension de la géographie du Maghreb est donc essentielle pour appréhender les dynamiques actuelles qui façonnent la région et son interaction avec le reste du monde.

Le Sahara : Un désert connectant des mondes[modifier | modifier le wikicode]

À l'est du Maghreb s'étend le Sahara, un désert immense qui traverse de nombreux pays africains. Cette vaste étendue de terre aride représente l'une des barrières naturelles les plus imposantes sur Terre, affectant profondément les schémas de peuplement, les itinéraires de commerce et les échanges culturels. Le Sahara est plus qu'un désert; il est une frontière écologique, un espace qui a historiquement séparé le nord verdoyant de l'Afrique de ses régions subsahariennes plus humides. Le "Libyan Desert" fait référence à la partie du Sahara qui se trouve en Libye et en Égypte. Cette région est particulièrement connue pour ses paysages extrêmes et ses formations géologiques, comme les massifs montagneux de l'Akakus en Libye ou les oasis dispersées qui ont servi de haltes vitales pour les caravanes à travers les âges. Ces oasis, telles que Siwa en Égypte, ont été des centres de commerce et de contact culturel, reliant l'Afrique du Nord à la Vallée du Nil et au-delà.

Les dynamiques transsahariennes, influencées par le désert libyen et le Sahara dans son ensemble, ont été cruciales tout au long de l'histoire. Les routes commerciales transsahariennes ont facilité le commerce de biens précieux, notamment l'or, le sel et les esclaves, entre l'Afrique subsaharienne et les marchés méditerranéens. Ces échanges ont également permis la diffusion de l'islam et d'autres traditions culturelles, tissant un réseau complexe d'influences qui continuent de façonner l'identité des sociétés sahariennes et sahéliennes.

De plus, le désert a été et reste un théâtre pour les questions de sécurité et de conflits. La région a vu des tensions transfrontalières et des activités de groupes militants, exacerbées par l'immensité du terrain et les défis de la gouvernance. Dans le contexte contemporain, le désert libyen est devenu un lieu de transit pour les migrants cherchant à rejoindre l'Europe, plaçant ainsi la région au cœur des discussions sur les politiques migratoires et la sécurité internationale. Comprendre la géographie du Sahara et du désert libyen est donc essentiel pour saisir les enjeux politiques, économiques et sociaux qui caractérisent ces régions et leur impact sur les dynamiques africaines et méditerranéennes plus larges.

L'Anatolie : Terre d'empire et de diversité topographique[modifier | modifier le wikicode]

L'Anatolie, ou Asie Mineure, qui constitue la majeure partie de la Turquie moderne, est une région d'une richesse historique et culturelle exceptionnelle. Sa position géographique, qui chevauche deux continents, a fait de l'Anatolie un carrefour de civilisations depuis l'Antiquité. Des empires anciens tels que les Hittites, les Grecs, les Romains, les Byzantins et, plus tard, les Ottomans ont laissé leur empreinte sur la péninsule, en faisant une mosaïque de cultures et d'héritages historiques. Géologiquement, l'Anatolie est située sur une zone de rencontre entre plusieurs plaques tectoniques, ce qui explique son activité sismique notable. Cette activité a contribué à façonner la topographie diverse de la région, avec des chaînes de montagnes telles que le Taurus et le Pontique, et des plateaux intérieurs où se trouvent des lacs salés et des bassins fertiles. Ces derniers ont été le théâtre de l'essor de l'agriculture et du développement des premières cités-états. Les montagnes et les plateaux d'Anatolie jouent également un rôle important dans la détermination du climat régional, avec des zones côtières bénéficiant d'un climat méditerranéen tandis que l'intérieur des terres présente des conditions plus continentales. Ces variations climatiques, combinées à la richesse des sols, ont permis le développement d'une agriculture variée et ont soutenu des populations denses à travers l'histoire.

Les empires byzantin et ottoman, ayant leur capitale dans la région qui est aujourd'hui Istanbul, ont tiré parti de la position stratégique de l'Anatolie, contrôlant des routes commerciales cruciales entre l'Est et l'Ouest et exerçant une influence culturelle et politique majeure sur les régions voisines. L'Anatolie est parsemée de vestiges de ces périodes florissantes, y compris des palais, des mosquées, des églises et des citadelles qui continuent d'attirer des chercheurs et des touristes du monde entier. Aujourd'hui, l'Anatolie continue de jouer un rôle géopolitique central, non seulement pour la Turquie mais aussi pour le Moyen-Orient et l'Europe. Sa situation géographique, sa richesse culturelle et ses ressources naturelles en font une région pivot dans les discussions sur la sécurité, l'économie et la diplomatie dans la région élargie du Moyen-Orient.

Le Croissant fertile : Berceau de l'agriculture et de la civilisation[modifier | modifier le wikicode]

Le Croissant fertile est une bande de terre historiquement riche qui s'étend du Levant à l'Irak. Cette zone est essentielle à l'histoire de l'humanité, reconnue comme le lieu où l'agriculture s'est développée pour la première fois en raison de ses sols exceptionnellement riches et de l'accès à l'eau fourni par les grands fleuves tels que le Tigre et l'Euphrate. Les conditions propices à l'agriculture ont permis aux sociétés sédentaires de s'établir et ont été le fondement des premières civilisations urbaines.

La Syrie et l'Irak, en particulier, sont des terres où les anciennes civilisations mésopotamiennes telles que les Sumériens, les Assyriens et les Babyloniens ont émergé et prospéré, créant des villes complexes, des systèmes d'écriture et des codes juridiques qui ont façonné les premières étapes du développement humain. La Mésopotamie est souvent surnommée le "berceau de la civilisation" pour cette raison. Dans le Levant, qui comprend le Liban, la Jordanie, Israël et la Palestine, les Phéniciens étaient renommés pour leur navigation et leur commerce maritimes, établissant des colonies et des réseaux commerciaux à travers la Méditerranée. Les villes du Levant, grâce à leur emplacement stratégique, ont été des centres d'échange et d'interaction culturelle entre divers empires et cultures tout au long de l'histoire.

De nos jours, le Croissant fertile reste d'une importance vitale pour la région, malgré les défis posés par la modernisation, les conflits et la gestion des ressources en eau. La Syrie et l'Irak, par exemple, sont confrontés à des difficultés liées à la surexploitation et à la pollution de leurs ressources aquatiques. Les tensions sur les ressources en eau sont exacerbées par les conflits régionaux et la pression démographique, ce qui rend la coopération régionale sur la gestion de l'eau d'autant plus cruciale. La région continue d'être un foyer d'activité agricole, soutenant les économies locales et fournissant des moyens de subsistance à des millions de personnes. Toutefois, l'agriculture dans le Croissant fertile est soumise aux aléas du changement climatique, nécessitant des adaptations et des stratégies innovantes pour préserver la fertilité des sols et la durabilité des pratiques agricoles. Les défis actuels du Croissant fertile reflètent l'interaction entre son riche passé et les réalités complexes du présent.

La péninsule arabique : Centre névralgique de la religion et des ressources[modifier | modifier le wikicode]

La péninsule Arabique est une région géographique particulièrement significative tant sur le plan culturel que sur le plan économique. C'est le berceau de l'islam, avec des villes saintes comme La Mecque et Médine situées en Arabie Saoudite, qui attirent des millions de fidèles musulmans du monde entier pour le pèlerinage annuel du Hajj, l'un des cinq piliers de l'islam. La dimension spirituelle de ces lieux confère à la péninsule une importance incontestable dans l'identité et la conscience collectives du monde musulman.

Sur le plan géologique, la péninsule Arabique est célèbre pour ses vastes réserves de pétrole et de gaz, qui font de cette région une des plus riches en ressources énergétiques de la planète. La découverte de pétrole au XXe siècle a transformé les économies des pays de la péninsule, en particulier l'Arabie Saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis, le Qatar et le Bahreïn, les propulsant sur la scène mondiale comme acteurs clés dans l'économie énergétique. L'abondance de ces ressources a entraîné d'importants investissements dans les infrastructures et a généré d'énormes revenus, permettant à ces États de jouer un rôle influent dans la politique et les finances internationales.

Le Yémen et Oman, bien que riches en histoire et en culture, ont des économies qui ne reposent pas autant sur les hydrocarbures. Le Yémen, en particulier, fait face à des défis de développement significatifs et à une situation humanitaire difficile exacerbée par des conflits prolongés. La péninsule Arabique est également une région de grande importance stratégique du fait de sa position géographique, contrôlant des routes maritimes clés telles que le détroit d'Ormuz et le détroit de Bab-el-Mandeb. Ces points de passage sont essentiels pour le transport mondial de pétrole, et leur sécurité est une préoccupation majeure pour les pays consommateurs d'énergie du monde entier.

La péninsule Arabique est un espace qui conjugue une signification religieuse profonde, une abondance de ressources naturelles et une position stratégique cruciale, ce qui en fait un pivot de l'économie mondiale et de la politique internationale. Les pays de la péninsule naviguent entre la préservation de leur héritage culturel et religieux et l'adaptation aux dynamiques économiques et politiques contemporaines, dans un équilibre qui continue d'influencer la région et au-delà.

L'Ethiopie et ses liens historiques avec le Moyen-Orient[modifier | modifier le wikicode]

L'Éthiopie, située dans la Corne de l'Afrique, a des liens profonds avec le Moyen-Orient qui transcendent les frontières géographiques. Ces liens sont ancrés dans une histoire partagée de commerce, de religion et d'échanges culturels. Historiquement, l'Éthiopie était connue comme le royaume d'Abyssinie, un empire qui maintenait des relations avec les royaumes arabes et le Moyen-Orient depuis l'antiquité.

L'Éthiopie est le foyer de l'une des plus anciennes traditions chrétiennes au monde, l'Église orthodoxe éthiopienne, qui, selon la tradition, a été établie au IVe siècle après J.C. Cette tradition religieuse partage certaines racines avec les traditions religieuses du Moyen-Orient, notamment le christianisme oriental et le judaïsme. L'histoire éthiopienne est également intimement liée à l'islam, avec l'un des premiers hijras (exode) des musulmans persécutés de la Mecque vers l'Abyssinie, recherchant la protection du roi chrétien éthiopien de l'époque, un événement respecté dans la tradition islamique.

La position de l'Éthiopie en tant que carrefour entre l'Afrique et le Moyen-Orient est renforcée par sa proximité avec la péninsule Arabique, séparée seulement par la mer Rouge et le golfe d'Aden. Les échanges commerciaux ont longtemps traversé ces eaux, transportant des épices, de l'or et d'autres marchandises précieuses, facilitant ainsi un riche métissage de cultures et de peuples. En termes géopolitiques, l'Éthiopie et la Corne de l'Afrique sont devenues de plus en plus pertinentes pour la sécurité et la politique du Moyen-Orient, notamment en raison des conflits régionaux et des problèmes de sécurité maritime. De plus, l'Éthiopie est un acteur clé dans la gestion des ressources en eau du Nil, un sujet de préoccupation majeure pour les pays en aval comme l'Égypte et le Soudan. Dans le contexte actuel, l'Éthiopie est confrontée à ses propres défis internes, y compris des tensions ethniques et politiques, mais son rôle dans la région continue d'être influencé par ses liens historiques et contemporains avec le Moyen-Orient. Ces connexions soulignent la nature interconnectée de la région et la manière dont les histoires de diverses nations sont entrelacées à travers le temps et l'espace.

La carte représentant le Moyen-Orient et ses régions environnantes dépeint une zone du monde où la géographie a joué un rôle primordial dans le façonnement de l'histoire humaine. Les déserts vastes et arides, tels que le Sahara et le désert Arabique, ont servi de barrières naturelles mais aussi de corridors de communication et d'échanges culturels, influençant les routes caravanières et les échanges entre les civilisations. Les vallées fertiles du Croissant fertile, irriguées par les systèmes fluviaux légendaires du Tigre et de l'Euphrate, ont vu naître l'agriculture et les premières grandes villes de l'histoire humaine. Ces terres riches ont non seulement favorisé le développement des premières civilisations urbaines mais ont également été le théâtre de nombreux conflits historiques en raison de leur grande valeur agricole et stratégique. Les montagnes, comme celles de l'Atlas en Afrique du Nord et du Taurus en Anatolie, ont servi de refuges et de forteresses naturelles tout au long de l'histoire, offrant protection et isolant les peuples et les cultures, permettant ainsi le développement de langues et de traditions uniques. En même temps, elles ont constitué des obstacles pour les armées en marche, modelant ainsi les stratégies militaires et les frontières des empires. Quant aux centres urbains historiques qui parsèment cette région, de Bagdad à Damas, de Jérusalem à Istanbul, ils sont les témoins vivants des époques révolues. Ces villes, souvent établies en raison de leur situation géographique stratégique ou de leur proximité avec l'eau et les terres fertiles, ont été des centres de pouvoir, de commerce et de culture, influençant grandement l'évolution de la région.

Aujourd'hui, ces mêmes caractéristiques géographiques continuent d'influencer les enjeux contemporains. Les ressources en eau sont devenues des points de contention cruciaux dans les relations internationales, les terres fertiles sont au cœur des préoccupations environnementales et les itinéraires commerciaux historiques sont repris dans les débats sur la mondialisation et la sécurité. La géographie du Moyen-Orient et des régions adjacentes, avec sa diversité et sa complexité, reste donc un facteur déterminant des dynamiques politiques, économiques et sociales.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]