Les entreprises en monopole

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Dans l'analyse des structures de marché, la distinction entre le monopole et le marché compétitif est fondamentale. Dans un marché compétitif, les entreprises sont considérées comme des "price takers". Elles acceptent le prix du marché tel qu'il est établi par l'offre et la demande globale, sans avoir la capacité de l'influencer de manière significative. Cependant, dans un monopole, la situation est radicalement différente. L'entreprise en position de monopole agit en tant que "price maker", ayant la capacité de fixer les prix en raison de son contrôle exclusif sur le produit ou service offert. Cette capacité de fixer les prix ne signifie pas pour autant que les profits du monopoleur sont illimités. En effet, les entreprises monopolistiques cherchent à maximiser leurs profits, mais cette maximisation est contrainte par la demande du marché. Elles doivent donc trouver un équilibre où le prix fixé leur permet de vendre une quantité de biens ou de services qui maximise leurs bénéfices.

L'un des problèmes majeurs associés aux monopoles est que la recherche de profit par l'entreprise monopolistique ne coïncide pas toujours avec les intérêts de la société. Les monopoles peuvent entraîner des prix élevés pour les consommateurs, une réduction de la quantité des biens disponibles sur le marché, et une moindre incitation à l'innovation, étant donné l'absence de concurrence. Par conséquent, les monopoles peuvent avoir un impact négatif sur le bien-être économique global. En pratique, les cas de monopole pur sont assez rares. Plus fréquemment, on observe des oligopoles, où quelques entreprises se partagent le contrôle d'un marché. Bien que différent du monopole pur, l'oligopole présente ses propres défis en termes de concurrence et de régulation. Dans un oligopole, les entreprises interagissent entre elles, chacune ayant un certain poids sur le marché, ce qui crée une dynamique différente de celle d'un monopole.

Pour faire face à ces problèmes, les gouvernements interviennent souvent pour réguler les monopoles et les oligopoles. L'objectif de cette régulation est de protéger les intérêts des consommateurs et de maintenir une certaine forme de concurrence sur le marché. Ces interventions peuvent prendre différentes formes, allant de la régulation des prix à l'imposition de normes pour favoriser l'entrée de nouveaux concurrents. L'intervention gouvernementale vise à équilibrer les intérêts des entreprises monopolistiques ou oligopolistiques avec ceux de la société dans son ensemble, en s'assurant que les marchés fonctionnent de manière plus équitable et efficace.

La complexité des monopoles et des oligopoles réside dans leur capacité à influencer non seulement les prix, mais aussi la qualité et la quantité des biens et services disponibles. Alors que dans un marché parfaitement compétitif, la multitude d'acteurs garantit une réponse plus directe aux besoins et aux désirs des consommateurs, les monopoles et oligopoles, avec leur pouvoir de marché accru, peuvent s'écarter de cette idéal de réponse efficace à la demande du marché. Cela conduit souvent à un débat sur le rôle approprié du gouvernement dans la régulation de ces marchés, un débat qui se situe à l'intersection de l'économie, de la politique et de la philosophie sociale.

Il est très important de saisir la question des lacunes de marché liées à la violation de l'hypothèse d'atomicité dans le contexte économique actuel. L'atomicité, qui est l'une des conditions de la concurrence parfaite, suppose un grand nombre de petits vendeurs et acheteurs sur le marché, de sorte qu'aucun d'entre eux n'a un pouvoir de marché significatif. Lorsque cette condition est violée, cela donne lieu à des structures de marché telles que le monopole ou l'oligopole, où un nombre limité d'intervenants a un impact considérable sur le marché.

Dans de telles situations, l'absence de compétition confère un pouvoir substantiel aux offreurs présents. Ils deviennent des "price makers", c'est-à-dire qu'ils ont la capacité de fixer les prix plutôt que de simplement accepter les prix déterminés par le marché, comme c'est le cas dans un contexte de concurrence parfaite. Cette capacité de fixer les prix peut conduire à des inefficacités dans l'allocation des ressources. Par exemple, un monopoleur pourrait fixer un prix plus élevé que le prix d'équilibre concurrentiel, réduisant ainsi la quantité produite et vendue. Cela peut entraîner une perte de surplus pour les consommateurs et potentiellement pour la société dans son ensemble. En outre, ces situations de marché imparfait peuvent affecter négativement le bien-être collectif. Les inefficacités allouent les ressources de manière non optimale, ce qui peut entraîner une perte de bien-être économique. Par exemple, un prix artificiellement élevé peut empêcher les consommateurs d'accéder à certains biens ou services, ce qui peut avoir des répercussions sociales et économiques plus larges.

Ces failles de marché s'éloignent de l'idéal de la concurrence pure et parfaite, où les prix et les quantités sont déterminés par l'intersection de la demande et de l'offre sans intervention extérieure. Dans une telle situation idéale, les marchés sont généralement considérés comme efficaces, maximisant le bien-être collectif. Cependant, en réalité, de nombreux marchés dévient de cet idéal pour diverses raisons, y compris en raison de la concentration du pouvoir de marché, ce qui conduit à une efficacité réduite et à des défis réglementaires importants.

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Origines du monopole et choix optimal

Les causes du monopole

La formation d'un monopole est un phénomène complexe qui peut résulter de divers facteurs interconnectés, allant des aspects économiques et technologiques aux décisions stratégiques des entreprises. Dans le cadre d'un monopole, on observe généralement la présence d'un offreur unique sur le marché, fournissant un bien ou un service sans substituts proches.

La cause constitutive fondamentale des monopoles se situe dans la présence de barrières à l’entrée. Ces barrières peuvent se manifester de différentes manières, chacune contribuant à la constitution d'un environnement monopolistique.

La première cause majeure est le contrôle exclusif d'une ressource spécifique par une seule entreprise. Un exemple classique est celui de De Beers dans le secteur des mines de diamants. Lorsqu'une entreprise détient le contrôle exclusif sur une ressource cruciale, elle peut effectivement monopoliser le marché des produits qui dépendent de cette ressource. Un autre exemple pourrait être celui d'un fournisseur local de gaz naturel, qui possède l'infrastructure nécessaire à la fourniture de ce service dans une région donnée, rendant très difficile pour d'autres entreprises de pénétrer ce marché.

La deuxième cause importante est liée aux barrières légales créées par l'État. Lorsqu'un gouvernement accorde à une entreprise le droit exclusif de produire un bien ou un service, cela crée un monopole légal. Cette situation est fréquente dans des secteurs comme les médias, l'électricité, et d'autres services publics. Les brevets, notamment dans l'industrie pharmaceutique, sont un autre exemple où l'État confère un monopole temporaire à une entreprise pour l'exploitation d'une invention. De même, les droits d'auteur dans le domaine artistique protègent la création individuelle, conduisant à des monopoles légaux sur ces œuvres. Les barrières douanières telles que les quotas, les droits de douane et d'autres barrières non tarifaires peuvent également créer des conditions monopolistiques en limitant la concurrence étrangère.

La troisième cause principale est l'existence de monopoles naturels. Ces situations se produisent lorsque les coûts de production rendent un seul producteur plus efficace que plusieurs concurrents. Cela est souvent le cas dans les industries qui nécessitent d'importants investissements en infrastructure, comme les services d'eau, d'électricité, et de gaz. Dans ces cas, il est plus rationnel du point de vue économique d'avoir un seul fournisseur qui dessert l'ensemble du marché, car la duplication des infrastructures par plusieurs entreprises serait inefficace et coûteuse.

Chacune de ces causes joue un rôle essentiel dans la formation des monopoles, et leur impact peut varier considérablement en fonction du contexte spécifique du marché et de l'industrie. Comprendre ces dynamiques est crucial pour les régulateurs et les décideurs politiques, car cela les aide à identifier les marchés où une intervention pourrait être nécessaire pour protéger les consommateurs et assurer une concurrence équitable.

Monopole naturel

Le concept de monopole naturel est une situation économique particulière où la structure du marché est telle qu'une seule entreprise peut produire un bien ou un service à un coût inférieur à celui de deux ou plusieurs entreprises. Cette situation est généralement liée à la présence de fortes économies d'échelle, où le coût moyen de production diminue à mesure que la production augmente.

L'exemple du recyclage illustre bien cette idée : si deux entreprises se partagent la tâche de recycler 100 tonnes, elles auront chacune des coûts plus élevés que si une seule entreprise se chargeait de l'ensemble de cette quantité. Dans ce cas, la production totale est plus coûteuse avec plusieurs entreprises qu'avec une seule. Ce phénomène est dû au fait que certaines ressources et infrastructures nécessaires à la production ou au service peuvent être coûteuses à mettre en place et à maintenir. Lorsque ces coûts fixes sont importants, comme dans le cas de l'infrastructure, de la recherche et développement, ou de la publicité, il devient plus efficient qu'une seule entreprise les prenne en charge pour l'ensemble du marché.

Les monopoles naturels se rencontrent fréquemment dans les industries nécessitant de lourds investissements en capital fixe et où les coûts marginaux de production sont relativement bas. Les services publics, tels que l'eau, l'électricité, ou les réseaux de transport, sont des exemples typiques de monopoles naturels. Dans ces secteurs, la duplication des infrastructures par plusieurs entreprises serait non seulement inefficace en termes de coûts, mais aussi inutilement redondante.

Cependant, la présence d'un monopole naturel soulève des questions importantes en matière de régulation. Bien que la structure du marché justifie l'existence d'un seul producteur pour des raisons d'efficacité, cela ne signifie pas que le monopoleur devrait avoir une liberté totale dans la fixation des prix ou des conditions de service. Souvent, les gouvernements interviennent pour réguler ces monopoles, en fixant des prix ou en contrôlant la qualité des services, afin de s'assurer que les intérêts des consommateurs ne soient pas lésés par l'absence de concurrence.

En somme, les monopoles naturels représentent un cas unique dans l'économie où la concentration du marché entre les mains d'une seule entreprise est justifiée par des considérations d'efficacité. Néanmoins, cette efficacité doit être équilibrée avec des mesures de régulation pour protéger les consommateurs et assurer un fonctionnement équitable du marché.

Entreprises en monopole monopole naturel.png

La courbe que vous avez présentée représente un graphique typique illustrant le concept de coût moyen dans le cadre d'une production d'entreprise. Voici une description, une analyse et un commentaire de ce graphique :

Le graphique montre une courbe de coût moyen décroissante en fonction de la quantité produite. L'axe des ordonnées (vertical) représente le coût moyen, tandis que l'axe des abscisses (horizontal) indique la quantité produite. La courbe débute à un point élevé et descend progressivement, indiquant que le coût moyen diminue à mesure que la quantité produite augmente. Cette courbe illustre le phénomène d'économies d'échelle. Lorsque la quantité produite est faible (à gauche du graphique), le coût moyen est très élevé. Cela peut être dû au fait que les coûts fixes (comme l'infrastructure, la R&D, les coûts administratifs, etc.) sont répartis sur une petite quantité de biens produits, ce qui augmente le coût moyen par unité. À mesure que la production augmente, ces coûts fixes sont répartis sur un nombre plus important d'unités, réduisant ainsi le coût moyen. En outre, l'entreprise peut bénéficier de coûts variables plus faibles grâce à des techniques de production plus efficaces, des réductions de prix en volume sur les matières premières, ou une meilleure utilisation du personnel. La courbe montre un point où le coût moyen atteint son niveau le plus bas, après quoi on peut s'attendre à ce que le coût moyen se stabilise ou augmente légèrement en raison des déséconomies d'échelle si la production continue à augmenter. Cependant, cette partie de la courbe n'est pas visible ici.

Le graphique suggère que l'entreprise bénéficie d'économies d'échelle significatives dans la gamme de production illustrée. Le coût moyen décroissant avec l'augmentation de la quantité produite indique que l'entreprise devient plus efficace à mesure qu'elle produit plus. Cela peut justifier l'existence d'un monopole naturel si l'on considère que cette tendance se poursuive au-delà de la quantité indiquée sur le graphique, suggérant que l'entreprise serait en mesure de produire à un coût moyen inférieur à celui de tout concurrent potentiel entrant sur le marché.

Le point où le coût moyen est le plus bas correspond à la production la plus efficace pour l'entreprise, du moins jusqu'à la quantité affichée. C'est le point où l'entreprise peut produire au coût unitaire le plus faible. Si le graphique se prolongeait et montrait une remontée de la courbe, cela indiquerait que l'entreprise commence à subir des déséconomies d'échelle, où les augmentations de production entraînent une hausse du coût moyen, peut-être à cause de la gestion plus complexe, des coûts de main-d'œuvre supplémentaires, ou de la saturation des capacités de production.

Dans le contexte des monopoles naturels, cette courbe suggère que l'entreprise est la mieux placée pour fournir ce bien ou service jusqu'à un certain point de production, au-delà duquel elle pourrait ne plus jouir de cet avantage de coût. C'est souvent à ce point que la réglementation peut intervenir pour s'assurer que le monopole ne fixe pas les prix trop hauts et ne limite pas la production à un niveau inférieur à celui qui serait socialement optimal, car cela pourrait entraîner une perte de bien-être pour la société. En somme, le graphique capture une dimension importante de la théorie économique concernant les coûts de production et aide à expliquer pourquoi et comment les monopoles naturels peuvent se former et se maintenir sur certains marchés.

La recette : concurrence parfaite vs monopole

La distinction que vous établissez entre le comportement d'un monopoleur et celui des firmes dans un marché compétitif met en lumière une différence fondamentale en termes de pouvoir sur le marché et de formation des prix. Dans un marché compétitif, l'idée est que le marché est composé de nombreuses entreprises, chacune trop petite pour influencer le prix du marché. Ces entreprises sont donc des "price takers", ce qui signifie qu'elles acceptent le prix déterminé par la somme des décisions d'offre et de demande de tous les participants au marché. Elles ajustent leur production en fonction de ce prix de marché et maximisent leur profit en produisant jusqu'à ce que le coût marginal de production égale le prix du marché. Le marché dicte ainsi les conditions et les entreprises individuelles s'adaptent à ces conditions sans pouvoir les modifier.

À l'opposé, dans une situation de monopole où il n'existe qu'un seul producteur dominant sur le marché, ce producteur a un contrôle considérable sur le prix. Le monopoleur est un "price maker", choisissant le niveau de production qui maximise son profit, ce qui affecte directement le prix du marché. La quantité de biens que le monopoleur choisit de produire détermine le prix auquel ces biens seront vendus. Si le monopoleur réduit la quantité produite, le prix sur le marché augmente, et inversement. Ainsi, le monopoleur peut manipuler l'offre pour atteindre un point sur sa courbe de demande qui maximise ses bénéfices. Il est important de noter que, bien que le monopoleur ait la capacité d'influencer les prix, cette capacité n'est pas illimitée. Le monopoleur reste contraint par la demande du marché : s'il fixe un prix trop élevé, la quantité demandée pourrait chuter de manière significative, ce qui réduirait potentiellement ses profits globaux. Le monopoleur doit donc trouver le point où la recette marginale est égale au coût marginal pour maximiser ses profits, tout en tenant compte de la réaction des consommateurs à des changements de prix.

En résumé, la dynamique fondamentale qui distingue un marché compétitif d'un monopole est le degré de contrôle sur le prix. Alors que dans un marché compétitif, les prix reflètent l'équilibre collectif des forces de l'offre et de la demande, dans un monopole, le prix est largement déterminé par les choix stratégiques d'un seul acteur. Cela a des implications profondes non seulement pour la fixation des prix, mais aussi pour l'efficacité globale du marché, le bien-être des consommateurs et la nécessité de réglementation pour prévenir les abus de pouvoir de marché. La réglementation peut prendre la forme de contrôle des prix, de lois antitrust, ou de mesures incitatives pour encourager l'entrée de nouveaux concurrents sur le marché. C'est ainsi que les autorités tentent de réconcilier les avantages d'efficacité d'un monopole naturel avec la nécessité d'empêcher que le pouvoir de marché ne soit utilisé de manière préjudiciable aux consommateurs et à l'efficacité économique.

Dans un environnement de concurrence parfaite, le prix est en effet indépendant de la quantité produite par une entreprise individuelle, ce qui signifie que le prix est exogène. La recette totale (RT) est directement proportionnelle à la quantité (q), donc si la quantité double, la recette totale double aussi. Cela se traduit par la formule . En conséquence, si la quantité produite est doublée, la recette totale devient . Le prix est alors équivalent au revenu moyen par unité vendue et reste constant indépendamment de la quantité de biens vendus sur le marché. Si le prix est fixe, la recette totale évoluera de manière proportionnelle à la quantité produite.

Dans le cas d'un monopole, la recette totale ne suit pas cette proportionnalité avec la quantité vendue. Le prix est intrinsèquement lié à la quantité produite : pour vendre une unité supplémentaire, le monopoleur doit souvent baisser le prix. Cela implique qu'une entreprise opérant dans un marché de concurrence parfaite peut ajuster ses quantités vendues avec peu ou pas d'impact sur le prix, qui est déterminé par le marché. De plus, dans de telles conditions, les produits offerts par différentes entreprises sont parfaitement substituables, ce qui signifie que les consommateurs sont indifférents par rapport à l'entreprise qui les produit.

En situation de monopole, le producteur unique fait effectivement face à l'ensemble de la demande du marché. Puisqu'il n'existe pas de concurrents, le monopoleur a le pouvoir de fixer le prix des biens ou services qu'il offre – il est un "price maker". Toutefois, cette capacité à fixer les prix ne signifie pas que le monopoleur peut les établir arbitrairement sans tenir compte de la réaction des consommateurs. La courbe de demande à laquelle le monopoleur fait face est généralement décroissante, ce qui signifie que pour vendre une quantité plus importante, il doit baisser le prix. La fixation du prix et de la quantité dans un monopole génère deux effets antagonistes sur la recette totale (RT). D'une part, augmenter la quantité vendue devrait logiquement augmenter la recette totale en raison de la vente d'unités supplémentaires. D'autre part, le prix doit être réduit pour vendre ces unités supplémentaires en raison de la pente négative de la courbe de demande. Cela signifie que chaque unité supplémentaire est vendue à un prix inférieur, ce qui peut réduire la recette totale. L'effet net de ces deux forces antagonistes sur la recette totale est a priori incertain.

Le monopoleur, en exploitant la relation entre le prix et la quantité, va chercher à maximiser son profit. Il va ajuster sa quantité produite jusqu'au point où le coût marginal de production est égal à la recette marginale, qui est différente de la recette totale en raison de l'effet du prix sur la quantité vendue. Par opposition, dans un environnement de concurrence parfaite, les entreprises sont de simples "price takers" et ne peuvent pas influencer le prix par leurs actions individuelles. Elles vendent autant qu'elles le souhaitent au prix du marché. La demande à laquelle chaque entreprise individuelle fait face est horizontale ou parfaitement élastique, reflétant le fait qu'elles peuvent vendre n'importe quelle quantité au prix du marché sans affecter ce prix. Le monopoleur, en ajustant la quantité produite, peut choisir son point sur la courbe de demande et donc déterminer le prix de marché. Cela lui donne un contrôle direct sur l'équilibre du marché, un pouvoir dont ne disposent pas les entreprises dans un marché de concurrence parfaite.NB 1 : Dans un marché compétitif, chaque entreprise fait face à une courbe de demande parfaitement élastique ou horizontale. Cela signifie que l'entreprise peut vendre n'importe quelle quantité de son produit au prix du marché sans influencer ce prix. Les entreprises individuelles ne peuvent pas fixer les prix et doivent accepter le prix qui prévaut sur le marché, d'où l'expression "price takers".

En revanche, pour un monopoleur, la situation est différente. Puisqu'il est le seul vendeur sur le marché, la courbe de demande à laquelle il fait face est la courbe de demande du marché lui-même, qui est généralement décroissante. Cela indique qu'il doit baisser le prix pour augmenter la quantité vendue. La courbe de demande décroissante reflète la loi de la demande : à mesure que le prix baisse, la quantité demandée augmente, et vice versa.

NB 2 : Cela découle directement de la nature de la courbe de demande décroissante dans un monopole. Pour vendre des quantités supplémentaires, le monopoleur doit diminuer son prix, ce qui augmente la quantité demandée selon la courbe de demande. C'est le concept de recette marginale qui devient crucial pour le monopoleur : pour chaque unité additionnelle vendue, la recette marginale diminue, car non seulement le monopoleur reçoit le prix de cette unité additionnelle, mais il perd également une partie des recettes sur les unités précédentes qu'il aurait pu vendre à un prix plus élevé. Le monopoleur va donc chercher à équilibrer l'effet d'une augmentation de la quantité vendue avec l'effet d'une baisse du prix sur sa recette totale pour trouver le point qui maximise son profit.

La recette pour le monopoleur

La recette totale

La recette totale est le produit du prix () par la quantité vendue (), et elle est une fonction de la quantité, soit .

Dans un monopole, le prix est aussi une fonction de la quantité, , car le monopoleur doit baisser le prix pour vendre une quantité plus importante, en raison de la courbe de demande décroissante du marché. Cela est exprimé par l'inégalité , qui indique que le prix diminue lorsque la quantité augmente (la dérivée partielle du prix par rapport à la quantité est négative).

Ce qui est fondamental dans cette relation est que l'effet sur la recette totale de vendre une unité additionnelle n'est pas simplement le prix de cette unité, car en vendant plus, le monopoleur doit baisser le prix non seulement pour les unités supplémentaires mais aussi pour toutes les unités précédentes. Cela signifie que la recette marginale (la recette supplémentaire générée par la vente d'une unité additionnelle) est inférieure au prix auquel l'unité additionnelle est vendue. Le monopoleur maximisera son profit là où la recette marginale égale le coût marginal, en tenant compte de l'impact de la quantité sur le prix.

La recette moyenne

La recette moyenne (RM) pour une entreprise, y compris un monopole, est définie comme la recette totale (RT) divisée par la quantité vendue (q). En concurrence parfaite, comme en situation de monopole, la recette moyenne correspond au prix du bien ou service vendu. La formule pour la recette moyenne est donnée par :

Dans cette équation, est la recette totale générée par la vente de unités, et est le prix de vente de chaque unité, qui est une fonction de la quantité dans le cas d'un monopole. Puisque le prix et la recette moyenne sont égaux, cela signifie que pour le monopoleur, le prix à chaque niveau de production est aussi la recette moyenne pour cette quantité. En d'autres termes, le monopoleur, en fixant le prix pour une certaine quantité de production, détermine aussi sa recette moyenne pour cette quantité. Cela reflète le fait que, dans le cas d'un monopole, le prix est déterminé par la fonction de demande du marché que le monopoleur choisit d'exploiter pour maximiser ses profits.

La recette marginale

La recette marginale représente l'augmentation de la recette totale résultant de la vente d'une unité supplémentaire. Pour un monopoleur, cette recette marginale est affectée non seulement par le prix de l'unité supplémentaire vendue, mais aussi par l'effet de cette vente supplémentaire sur le prix de toutes les unités vendues. La formule de la recette marginale que vous avez donnée est correcte :

Dans cette équation, représente la dérivée de la recette totale par rapport à la quantité, qui est équivalente à la dérivée du produit de la fonction de prix et de la quantité . Le terme représente le prix de l'unité supplémentaire, tandis que représente l'impact de la vente de l'unité supplémentaire sur le prix des unités déjà vendues (effet de la pente de la courbe de demande).

Il est important de noter que, dans le cas d'un monopole, la recette marginale n'est pas simplement égale au prix de l'unité supplémentaire, car la vente de cette unité supplémentaire a un impact sur le prix global, qui à son tour affecte la recette totale. Cela contraste avec un marché de concurrence parfaite, où la recette marginale est simplement égale au prix du marché, car les entreprises ne peuvent pas influencer ce prix par leur niveau de production.

Dans un contexte de monopole, la recette marginale (Rm) est différente du prix en raison de l'effet de la quantité supplémentaire sur le prix global. Comme vous l'avez indiqué, la relation montre que le prix diminue à mesure que la quantité augmente. Cela a une implication directe sur la recette marginale.

Dans un marché de concurrence parfaite, la recette marginale est égale au prix, car les entreprises sont des "price takers" et n'ont pas d'influence sur le prix par leur niveau de production. Toutefois, dans un monopole, la vente d'une unité supplémentaire augmente la recette totale du montant de ce prix, mais en même temps, elle entraîne une baisse du prix pour toutes les unités vendues (pas seulement l'unité supplémentaire), ce qui réduit la recette totale.

C'est pourquoi la recette marginale dans un monopole est toujours inférieure au prix. Elle est calculée en ajoutant le prix de l'unité supplémentaire (qui augmente la recette totale) et en soustrayant l'effet de la baisse du prix sur l'ensemble des unités vendues (ce qui diminue la recette totale). Cet effet de diminution est le résultat de la multiplication de la baisse du prix (due à l'augmentation de la quantité vendue) par toutes les unités vendues avant l'ajout de l'unité supplémentaire, que l'on appelle les unités infra-marginales.

Fonction de demande: concurrence parfaite vs monopole

La fonction de demande capture la relation entre le prix d'un bien ou service et la quantité de ce bien ou service que les consommateurs sont prêts à acheter. Cette relation varie grandement entre la concurrence parfaite et le monopole en raison des différences dans la structure du marché et le pouvoir de marché des entreprises.

Dans un environnement de concurrence parfaite, la fonction de demande à laquelle une entreprise individuelle fait face est parfaitement élastique. Cela signifie que la courbe de demande est une ligne horizontale au niveau du prix du marché. Les entreprises dans ce type de marché sont des "price takers", ce qui signifie qu'elles n'ont aucun pouvoir pour influencer le prix du marché. Elles peuvent vendre autant qu'elles le souhaitent au prix du marché, mais si elles essaient de vendre à un prix plus élevé, elles ne vendront rien, car les consommateurs peuvent se tourner vers de nombreux autres vendeurs offrant le même produit. Par conséquent, la recette totale d'une entreprise en concurrence parfaite est proportionnelle à la quantité vendue au prix du marché.

En contraste, une entreprise en situation de monopole fait face à la courbe de demande de l'ensemble du marché, qui est décroissante. Cela signifie que pour vendre plus, le monopoleur doit baisser le prix. Le monopoleur a donc le pouvoir de "price maker", capable de choisir le point de prix et de quantité qui maximise son profit. La courbe de demande décroissante reflète la loi de la demande : plus le prix est élevé, moins la quantité demandée est importante, et inversement. La recette totale d'un monopoleur ne sera pas simplement le produit du prix et de la quantité car la quantité que le monopoleur peut vendre dépend du prix qu'il fixe. De plus, le monopoleur doit tenir compte du fait que pour augmenter la vente, il doit réduire le prix, ce qui réduit également le revenu qu'il aurait obtenu des unités déjà vendues au prix initial plus élevé.

L'essence de la différence entre ces deux structures de marché réside dans le pouvoir de fixation des prix. Dans un marché compétitif, les forces du marché déterminent le prix, et les entreprises réagissent en ajustant leur quantité offerte. En revanche, dans un marché monopolistique, le monopoleur décide du prix en fonction de la manière dont il souhaite positionner sa quantité offerte sur la courbe de demande. Cela a des implications significatives pour la stratégie d'entreprise et la politique économique, car un monopole peut conduire à des inefficacités de marché et nécessiter une intervention réglementaire pour protéger l'intérêt des consommateurs.

Fonction de demande concurrence parfaite vs monopole.png

Ces graphiques illustreny les différences entre les fonctions de demande auxquelles sont confrontées les entreprises dans un environnement de concurrence parfaite par rapport à celles en situation de monopole. Sur le graphique de gauche, qui représente la concurrence parfaite, la ligne de prix est horizontale, ce qui indique que le prix est fixe et ne change pas, peu importe la quantité de biens que l'entreprise souhaite vendre. Cette horizontalité reflète une demande parfaitement élastique, où les entreprises peuvent vendre n'importe quelle quantité de leur produit au même prix. La recette totale dans ce cadre est simplement le résultat de la quantité vendue multipliée par ce prix fixe, indiquant une relation directement proportionnelle entre la recette totale et la quantité.

D'autre part, le graphique de droite montre un monopole, où la courbe de demande est inclinée vers le bas, indiquant que le prix doit être réduit pour vendre des quantités supplémentaires. Cette courbe reflète la sensibilité du prix à la quantité demandée : à mesure que le monopoleur augmente la production, le prix de vente doit être abaissé pour attirer plus d'acheteurs. La recette totale pour un monopole n'est pas une fonction linéaire de

la quantité, car elle est influencée par la diminution du prix nécessaire pour vendre des unités supplémentaires. La courbe montre également des segments où la demande est élastique ou inélastique. Dans la portion élastique de la courbe, une baisse de prix entraîne une augmentation plus que proportionnelle de la quantité demandée, tandis que dans la portion inélastique, une baisse de prix ne provoque qu'une faible augmentation de la quantité demandée.

L'ajustement de la quantité produite et vendue par un monopoleur a donc un impact significatif sur la recette totale, qui est le produit du prix par la quantité vendue à ce prix. Ce mécanisme de fixation des prix est au cœur du pouvoir de marché du monopoleur : il peut choisir le point sur la courbe de demande où il maximise ses profits, en tenant compte du fait que vendre plus signifie généralement vendre à un prix inférieur.

Cette capacité de fixer les prix confère au monopoleur une grande influence sur le marché, qui contraste fortement avec le statut des entreprises en concurrence parfaite, qui prennent le prix comme une donnée et se concentrent plutôt sur la maximisation de leur efficacité de production pour maximiser leurs profits. Les implications de cette différence sont profondes, non seulement pour les stratégies commerciales des entreprises, mais aussi pour la régulation économique. Les monopoles peuvent conduire à des prix plus élevés et à une production inférieure à celle qui serait obtenue dans un marché parfaitement concurrentiel, ce qui peut justifier une intervention réglementaire pour protéger les consommateurs et assurer une allocation efficace des ressources.

Recettes d'un monopole: un exemple numérique

Le tableau présenté offre un aperçu détaillé du fonctionnement de la tarification dans un monopole à travers un exemple numérique centré sur la vente d'eau. À mesure que la quantité d'eau vendue augmente, on observe une diminution progressive du prix, reflétant la nature décroissante de la courbe de demande à laquelle fait face un monopoleur. Cette situation met en évidence le pouvoir qu'a le monopoleur de fixer les prix en fonction de la quantité qu'il souhaite écouler sur le marché, mais avec la contrainte que des prix plus bas sont nécessaires pour attirer une demande plus importante.

Recettes d'un monopole un exemple numérique.png


Le tableau démontre que la recette totale, qui est le produit du prix par la quantité vendue, augmente initialement avec la quantité. Cependant, après la vente de 5 litres d'eau, la recette totale cesse d'augmenter malgré la poursuite de la baisse des prix. Cela indique que le monopoleur a atteint un point où la baisse du prix ne compense plus l'augmentation des ventes en termes de recette, soulignant un phénomène connu sous le nom de saturation du marché. À ce stade, chaque litre supplémentaire vendu contribue moins à la

recette totale que le litre précédent, et après le point de saturation, la recette totale commence même à diminuer.

La recette moyenne, qui est simplement le prix dans ce contexte de monopole puisqu'elle correspond à la recette totale divisée par la quantité, baisse également avec l'augmentation de la quantité vendue. Elle suit la tendance du prix et souligne que pour chaque unité supplémentaire vendue, le monopoleur reçoit moins en termes de recette par unité.

L'aspect le plus révélateur de ce tableau est la colonne de recette marginale, qui montre la recette supplémentaire obtenue par la vente d'une unité additionnelle. Initialement égale au prix lorsque la première unité est vendue, la recette marginale diminue ensuite avec chaque unité supplémentaire. Ceci est dû au fait que pour vendre plus, le monopoleur doit baisser le prix, ce qui réduit non seulement le revenu tiré de l'unité additionnelle mais aussi le revenu des unités déjà vendues. Lorsque la recette marginale devient négative, cela signifie que la vente d'une unité supplémentaire réduit la recette totale, indiquant que le monopoleur a dépassé le niveau de production qui maximise la recette.

La présence de valeurs négatives dans la colonne de recette marginale après la vente de 6 litres d'eau est particulièrement critique, car elle signale que le monopoleur perd de la recette totale pour chaque unité supplémentaire vendue. Cela se produit parce que la réduction du prix nécessaire pour vendre ces unités supplémentaires entraîne une diminution globale de la recette qui est plus importante que le revenu généré par ces ventes supplémentaires. Dans un cadre idéal, le monopoleur devrait cesser d'augmenter la production et la vente au point où la recette marginale est égale à zéro, ce qui coïncide avec le maximum de recette totale. Cependant, dans cet exemple, le monopoleur continue à vendre au-delà de ce point, ce qui conduit à une recette totale décroissante.

Cet exemple numérique met en lumière la complexité de la gestion d'un monopole et la nécessité pour le monopoleur de comprendre finement l'équilibre entre le prix et la quantité pour optimiser les recettes. Il expose également l'un des problèmes inhérents aux monopoles : le potentiel de résultats sous-optimaux pour la société. En effet, le monopoleur, en cherchant à maximiser ses recettes, pourrait fixer des prix plus élevés et produire moins que ce qui serait socialement souhaitable, où le prix égalerait le coût marginal de production. C'est pourquoi les politiques de réglementation et d'antitrust sont essentielles pour contrer les effets négatifs des monopoles et promouvoir le bien-être des consommateurs.

Recette marginale (Rm) et courbe de demande d'un monopole

Lorsque le prix (p) est une fonction linéaire de la quantité (q), comme indiqué par l'équation , cela signifie que le prix diminue à mesure que la quantité vendue augmente, avec une diminution constante du prix pour chaque unité additionnelle.

Sous cette hypothèse, la recette marginale, qui est le supplément de recette généré par la vente d'une unité supplémentaire, sera également une fonction linéaire de la quantité, mais avec une pente deux fois plus raide. La formule donnée, , illustre que pour chaque unité supplémentaire vendue, la baisse de la recette marginale est double de celle du prix. Cela est dû à l'effet de la réduction du prix non seulement sur l'unité marginale vendue, mais aussi sur toutes les unités vendues précédemment.

La pente plus raide de la recette marginale par rapport à la fonction de demande inverse indique que les recettes additionnelles diminuent plus rapidement que les prix. En pratique, cela signifie que le monopoleur trouvera que ses recettes additionnelles diminueront à un rythme accéléré à mesure qu'il augmente la production et la vente. La recette marginale finira par atteindre zéro, point auquel la recette totale est maximisée. Si la quantité est augmentée au-delà de ce point, la recette marginale devient négative, ce qui signifie que la recette totale diminue avec l'augmentation de la quantité produite.

Cette dynamique a des implications importantes pour la prise de décision du monopoleur. Pour maximiser les profits, le monopoleur doit produire et vendre la quantité de biens où la recette marginale est égale au coût marginal de production. Toute quantité produite au-delà de ce point réduit le profit global car le coût supplémentaire de production de ces unités supplémentaires n'est pas compensé par les recettes qu'elles génèrent.

L'analyse de la recette marginale est donc fondamentale pour comprendre comment un monopoleur ajuste sa production et ses prix. Elle est également essentielle pour les autorités de régulation lorsqu'elles évaluent l'impact des monopoles sur l'efficacité du marché et le bien-être des consommateurs. En effet, un monopoleur pourrait être tenté de fixer des prix plus élevés et de restreindre la production pour maximiser ses profits, ce qui peut entraîner une perte de bien-être économique par rapport à un marché plus concurrentiel.

Rm et courbe de demande d'un monopole.png

Ce graphique montre deux courbes représentant la demande (recette moyenne) et la recette marginale en fonction de la quantité d'eau vendue dans un contexte de monopole. La courbe de demande, qui est également la courbe de la recette moyenne puisque dans le cas d'un monopole le prix par unité est égal à la recette moyenne, commence à un prix élevé pour une faible quantité d'eau et décroît à mesure que la quantité vendue augmente. Cette baisse reflète la nécessité pour le monopoleur de diminuer le prix pour augmenter la quantité vendue, conformément à la loi de la demande.

La courbe de recette marginale commence au même point que la demande pour la première unité vendue, mais sa pente est plus raide. Cela indique que la recette générée par la vente d'une unité supplémentaire diminue plus rapidement que le prix. Comme la recette marginale représente l'ajout à la recette totale d'une unité supplémentaire vendue, le fait que cette courbe croise l'axe des abscisses et devienne négative suggère qu'à partir d'un certain point, vendre des unités supplémentaires réduit la recette totale plutôt que de l'augmenter. C'est un aspect crucial pour le monopoleur, car il signifie qu'il existe une quantité optimale à vendre au-delà de laquelle la poursuite de l'augmentation de la production et des ventes est contre-productive en termes de recette.

Le graphique illustre clairement le point où la recette marginale devient négative, ce qui se produit après la vente de 6 unités d'eau dans cet exemple. Cela montre que le monopoleur ne devrait pas chercher à vendre plus de 6 unités d'eau si son objectif est de maximiser la recette totale. Vendre plus que cette quantité optimale entraînerait une diminution des recettes en raison des baisses de prix nécessaires pour stimuler la demande supplémentaire, ce qui a un impact disproportionné sur les recettes générées par les quantités antérieures vendues à des prix plus élevés.

Ce tableau est un excellent outil pédagogique pour comprendre les décisions de tarification dans un monopole. Il montre que, même avec le pouvoir de fixer les prix, les monopoleurs doivent opérer dans les contraintes de la demande du marché et des réactions des consommateurs aux changements de prix. Cela souligne également l'importance pour les monopoleurs de bien comprendre et de prédire les réactions des consommateurs à différents niveaux de prix afin de déterminer la stratégie de tarification optimale. Cette compréhension peut être compliquée par le fait que les réactions des consommateurs et la forme de la courbe de demande peuvent varier en fonction de nombreux facteurs, tels que les préférences des consommateurs, le niveau de revenu, la présence de biens substituables et d'autres variables économiques.

Le comportement illustré par ces courbes souligne également pourquoi les questions de tarification et de production dans un monopole sont souvent sujettes à une réglementation gouvernementale. Sans régulation, un monopoleur pourrait choisir de produire moins et de fixer des prix plus élevés que dans un marché concurrentiel, ce qui pourrait conduire à une allocation inefficace des ressources et à une perte de bien-être pour les consommateurs. Cela montre l'importance d'une réglementation bien pensée qui peut aider à guider la production et la fixation des prix vers des résultats plus efficaces et plus équitables.

Maximisation du profit

La maximisation du profit est un objectif central pour les entreprises, que ce soit dans un marché de concurrence parfaite ou en situation de monopole. Dans les deux cas, la règle de base pour maximiser les profits est d'égaliser la recette marginale (Rm) au coût marginal (Cm). Cependant, la manière dont le prix et la quantité sont déterminés diffère entre ces deux structures de marché en raison de la nature de la courbe de demande à laquelle chaque entreprise fait face. En situation de monopole, le producteur est l'unique vendeur sur le marché et fait face à la courbe de demande du marché entier, qui est généralement décroissante. Cela signifie que pour augmenter la quantité vendue, le monopoleur doit baisser le prix, ce qui entraîne une recette marginale inférieure au prix. Lorsque le monopoleur ajuste sa production pour que la recette marginale égale le coût marginal, la quantité d'équilibre trouvée est celle où le coût de production de la dernière unité (le coût marginal) est exactement égal au supplément de recette généré par la vente de cette unité (la recette marginale).

Une différence cruciale ici est que dans un monopole, le prix auquel la quantité d'équilibre est vendue est supérieur au coût marginal, car la recette marginale est inférieure au prix en raison de la nécessité de baisser le prix pour vendre des unités supplémentaires. Cela conduit à une situation où le monopoleur fixe un prix qui est plus élevé que le coût marginal de production de la dernière unité vendue. Cette différence entre le prix et le coût marginal est ce qui permet au monopoleur de réaliser un profit sur chaque unité vendue. L'entreprise de monopole, en choisissant cette quantité d'équilibre, réalise un profit maximal parce qu'elle vend chaque unité à un prix qui est supérieur à son coût marginal, exploitant ainsi son pouvoir de marché pour fixer des prix plus élevés que ceux qui prévaudraient dans un marché concurrentiel. C'est cette capacité à fixer les prix au-dessus du coût marginal qui donne au monopoleur un avantage en termes de profitabilité par rapport aux entreprises dans un marché concurrentiel où le prix est égal au coût marginal.

La maximisation du profit dans un contexte de monopole implique de trouver la quantité de production qui maximise la différence entre la recette totale et le coût total. Cela se formule mathématiquement comme la maximisation de la fonction de profit π en fonction de la quantité q, ce qui est représenté par l'équation :

Ici, représente le profit en fonction de la quantité q, est la recette totale obtenue de la vente de q unités, et est le coût total de la production de q unités.

Pour trouver la quantité qui maximise le profit, on utilise une condition de premier ordre (CPO), qui est une condition nécessaire pour qu'une fonction atteigne un maximum local. En économie, la CPO pour la maximisation du profit est que la recette marginale (Rm) doit être égale au coût marginal (Cm) à la quantité optimale . Cela est exprimé par la formule :

Dans cette équation, est la quantité de production qui maximise le profit, est la recette marginale à cette quantité, et est le coût marginal à cette quantité. La condition indique que pour maximiser les profits, une entreprise doit produire jusqu'à ce que le coût de production de la dernière unité (coût marginal) soit égal à la recette générée par la vente de cette même unité (recette marginale).

Une caractéristique importante à noter dans un monopole est que la recette marginale est inférieure au prix du marché , c'est-à-dire :

Cela reflète le fait que, pour augmenter les ventes, le monopoleur doit baisser le prix, ce qui affecte non seulement les unités supplémentaires vendues mais aussi toutes les unités vendues précédemment, réduisant ainsi la recette marginale en dessous du prix. La différence entre le prix et la recette marginale est essentiellement le pouvoir de marché du monopoleur et c'est ce qui lui permet de réaliser un profit sur chaque unité vendue au-dessus du coût marginal.

NB 1 : Dans un environnement de monopole, le prix est effectivement fixé par le producteur, contrairement à une situation de concurrence parfaite où le prix est dicté par le marché. Le monopoleur, en tant que seul producteur, a la capacité d'influencer le prix en ajustant la quantité offerte. Cette capacité à fixer les prix vient du fait que le monopoleur contrôle l'offre totale d'un bien ou d'un service, et face à une courbe de demande décroissante, il peut choisir le point sur cette courbe qui maximise ses profits. Cela contraste avec les entreprises en concurrence parfaite qui, indépendamment de la quantité produite ou vendue, ne peuvent pas influencer le prix de marché car elles sont trop petites par rapport au marché global et leurs produits sont parfaitement substituables.

NB 2 : L'inégalité illustre le pouvoir de marché dont jouit le monopoleur. Le prix du marché est supérieur au coût marginal à la quantité de profit maximisant . Cela signifie que le monopoleur peut fixer un prix qui non seulement couvre le coût marginal de production mais qui lui permet aussi de réaliser un profit sur chaque unité vendue. C'est ce qui lui confère un pouvoir de marché – la capacité de fixer le prix au-dessus du coût marginal sans perdre tous ses clients. Ce pouvoir de marché peut entraîner des inefficacités économiques, car la quantité produite et vendue dans un monopole est généralement inférieure à celle d'un marché concurrentiel, et le prix est plus élevé, ce qui peut causer une perte de bien-être économique et justifier une réglementation ou une politique de concurrence.

Maximisation du profit monopole graphe.png

Ce graphique est une représentation typique d'un monopoleur cherchant à maximiser son profit. La courbe de coût marginal coupe la courbe de recette marginale au point A, qui détermine la quantité de production qui maximise le profit, notée Q MAX​. Ce point est crucial parce qu'il indique le niveau de production où la recette marginale de vendre une unité supplémentaire est exactement égale au coût marginal de la production de cette unité. Vendre au-delà de ce point réduirait le profit puisque le coût marginal de production supplémentaire dépasserait la recette marginale générée.

Le prix qui correspond à cette quantité optimale est trouvé en montant verticalement à partir du point A jusqu'à la courbe de demande et en traçant une ligne horizontale de ce point jusqu'à l'axe des prix, comme indiqué par le point B. Ce prix est supérieur au coût marginal au point A, reflétant le pouvoir de marché du monopoleur : il peut fixer un prix plus élevé que le coût marginal de production, ce qui lui permet de réaliser un profit.

Le graphique montre également la courbe de coût moyen total, qui typiquement a une forme en U en raison des économies d'échelle et des coûts fixes qui sont répartis sur une plus grande quantité de production. Le prix de monopole est supérieur au coût moyen total, ce qui indique que le monopoleur réalise également un profit par unité au-delà du simple recouvrement des coûts.

Le monopoleur choisira de se positionner dans la section élastique de la fonction de demande. Lorsque la demande est élastique, cela signifie qu'une baisse de prix entraîne une augmentation proportionnellement plus importante de la quantité demandée. Par conséquent, la réduction des prix génère une augmentation plus que proportionnelle de la recette totale, car la quantité supplémentaire vendue compense plus que la baisse du prix. Dans la section inélastique de la courbe de demande, les consommateurs réagissent moins aux changements de prix. Ainsi, une réduction des prix dans cette zone ne génère pas suffisamment d'augmentation de la demande pour compenser la baisse de revenu par unité vendue, ce qui réduit la recette totale. Pour un monopoleur, cela signifie que diminuer le prix pour vendre plus d'unités devient moins avantageux une fois que la courbe de demande devient inélastique.

Pour maximiser les profits, un monopoleur doit trouver le point où la recette marginale est égale au coût marginal. Ce point se situe nécessairement dans la zone élastique de la courbe de demande, car si la recette marginale était inférieure au coût marginal (ce qui serait le cas dans la zone inélastique), le monopoleur perdrait de l'argent sur chaque unité supplémentaire vendue. Par conséquent, il est dans l'intérêt du monopoleur de ne pas dépasser le niveau de production où la demande commence à devenir inélastique. Cette connaissance de la sensibilité des consommateurs au prix est essentielle pour que le monopoleur détermine la stratégie de tarification optimale qui maximise les profits sans entrer dans la zone où les réductions de prix ne compenseraient plus les augmentations de la quantité vendue.

Le profit total

Le profit total réalisé par un monopoleur peut être représenté géométriquement par l'aire d'un rectangle sur un graphique de coûts et de recettes. Cette aire est le produit du profit unitaire, qui est la différence entre le prix de marché et le coût moyen à la quantité optimale , et la quantité optimale elle-même. Mathématiquement, cela se formule comme suit :

Dans cette formule, représente le profit total du monopoleur, est le prix de monopole que le monopoleur fixe, est le coût moyen à la quantité optimale de production, et est la quantité de production qui maximise le profit. Le profit unitaire est donc la différence entre le prix que le monopoleur charge pour chaque unité et le coût moyen de production de chaque unité à la quantité qui maximise le profit. Le produit de ce profit unitaire et de la quantité vendue donne le profit total du monopoleur.

Il est important de noter que le coût moyen prend en compte tous les coûts, fixes et variables, répartis sur la quantité de production. Le profit total est donc la somme des profits réalisés sur chaque unité vendue. En pratique, cela signifie que pour chaque unité vendue, le monopoleur gagne un montant égal à la différence entre le prix de vente et le coût moyen, et le profit total est cette marge multipliée par le nombre total d'unités vendues à la quantité optimale.

Monopole profit total 1.png

Ce graphique est représentatif de la structure de coûts et de recettes d'un monopoleur. Le point d'intersection entre la courbe de coût marginal et la courbe de recette marginale, au point C, détermine la quantité optimale qMAX​ que le monopoleur doit produire pour maximiser son profit. C'est à cette quantité que la recette additionnelle de la dernière unité produite est exactement égale au coût additionnel de cette unité. Ce point est crucial pour comprendre la logique de la prise de décision en matière de production dans un monopole.

La ligne verticale depuis ce point d'intersection jusqu'à la courbe de demande, au point B, indique le prix maximum que le monopoleur peut fixer pour la quantité qMAX​. Ce prix est supérieur au coût marginal et au coût moyen total, ce qui permet au monopoleur de réaliser un profit. Le profit total est représenté par l'aire du rectangle EDBC. La hauteur du rectangle (EB) représente la différence entre le prix fixé par le monopoleur (point E) et le coût moyen total (point D) à la quantité optimale, tandis que la largeur (BD) représente la quantité optimale elle-même.

Le graphique illustre également que le prix de monopole est supérieur au coût moyen total, ce qui signifie que le monopoleur réalise un profit sur chaque unité vendue. Si le coût moyen total était supérieur au prix, le monopoleur subirait une perte. La différence entre le prix de monopole et le coût moyen total, multipliée par la quantité optimale de production, donne le profit total réalisé par le monopoleur.

La courbe de coût moyen total a généralement une forme en U due à la présence de coûts fixes importants qui, lorsqu'ils sont répartis sur une plus grande quantité de production, entraînent une baisse du coût moyen. Cependant, au-delà d'un certain point, les coûts moyens peuvent commencer à augmenter en raison des déséconomies d'échelle.

L'analyse de ce graphique montre clairement comment un monopoleur peut exercer son pouvoir de marché pour fixer des prix supérieurs aux coûts, générant des profits grâce à cette marge. Cependant, cette situation peut conduire à une production inférieure et à des prix plus élevés par rapport à un marché concurrentiel, ce qui peut résulter en une perte d'efficacité économique et nécessiter une réglementation pour protéger les consommateurs et garantir des conditions de marché équitables.

Monopole profit total 2.png

Ce graphique en deux parties décrit la façon dont un monopoleur détermine la quantité de production qui maximise le profit, ainsi que l'impact sur le prix et le profit total.

Dans la partie supérieure du graphique, nous voyons les courbes de coût marginal (Cm), de coût moyen (CM), et de demande du marché . La courbe de recette marginale (Rm) est également illustrée et coupe la courbe de coût marginal au point où elles sont égales . Ce point marque la quantité optimale que le monopoleur choisira de produire pour maximiser son profit. À cette quantité, le coût marginal de production de la dernière unité est égal à la recette supplémentaire générée par la vente de cette unité. Ensuite, en remontant à la courbe de demande, on peut lire le prix que le monopoleur fixera pour cette quantité optimale. La différence entre ce prix et le coût moyen à la quantité optimale représente le profit unitaire. L'aire du rectangle rose , délimité par la quantité et le profit unitaire, représente le profit total maximum que le monopoleur peut obtenir .

La partie inférieure du graphique illustre la relation entre la recette totale (RT), la recette marginale (Rm), le coût total , et le profit total . La courbe de profit total atteint son maximum au niveau de la quantité , où la pente de la courbe de profit total (représentée par la recette marginale) est égale à zéro . Cela confirme que le profit est maximisé lorsque la recette marginale est égale au coût marginal.

Cet ensemble de courbes démontre l'importance de la compréhension des coûts marginaux et de la recette marginale dans la prise de décision d'un monopoleur. La capacité à fixer un prix supérieur au coût marginal (et souvent au coût moyen) permet au monopoleur de réaliser des profits significatifs. Cependant, cela peut aussi signifier que le prix est plus élevé et la quantité produite inférieure à ce qui serait idéal d'un point de vue de l'efficacité économique, soulignant la tension entre la profitabilité des monopoles et le bien-être des consommateurs.

Exemple : l'industrie pharmaceutique

L'exemple de l'industrie pharmaceutique illustre bien l'interaction entre les brevets, l'innovation et le pouvoir de marché. Les brevets sont un outil juridique conçu pour encourager l'innovation en accordant aux inventeurs un monopole temporaire sur l'exploitation de leurs inventions. Dans le secteur pharmaceutique, cela signifie qu'une entreprise qui découvre un nouveau médicament peut obtenir un brevet qui lui assure l'exclusivité de la production et de la vente de ce médicament pendant une période donnée, généralement 20 ans à partir de la date de dépôt de la demande de brevet.

Ce monopole temporaire est essentiel dans l'industrie pharmaceutique car le coût de recherche et développement (R&D) des nouveaux médicaments est extrêmement élevé, et le processus est risqué et long. Sans la protection offerte par les brevets, les entreprises pourraient être réticentes à investir dans la R&D si leurs inventions pouvaient être immédiatement copiées et vendues par des concurrents sans avoir à supporter les coûts initiaux de développement. Les brevets permettent donc aux entreprises pharmaceutiques de récupérer ces coûts et d'obtenir un retour sur investissement, créant ainsi un incitatif à l'innovation.

Cependant, cette exclusivité a un coût pour la société. Pendant la durée du brevet, le détenteur du brevet a le pouvoir de fixer les prix sans la pression concurrentielle des génériques, ce qui peut entraîner des prix élevés pour les médicaments. Cela peut limiter l'accès aux traitements nécessaires, particulièrement dans les pays à revenus faibles ou moyens, et même dans les pays développés pour les personnes sans assurance ou avec une couverture insuffisante.

La tension ici réside dans la nécessité de trouver un équilibre entre la récompense de l'innovation et l'accessibilité des médicaments pour ceux qui en ont besoin. Une fois que les brevets expirent, d'autres entreprises peuvent produire des médicaments génériques, ce qui conduit généralement à une baisse significative des prix et à une augmentation de l'accès aux médicaments. Toutefois, il existe un débat continu sur la durée appropriée des brevets et sur la manière dont les gouvernements devraient réguler les prix des médicaments brevetés pour assurer à la fois l'innovation et l'accessibilité publique.

Monopole Exemple l'industrie pharmaceutique.png

Le monopole naturel

Le monopole naturel se caractérise par un coût fixe important et un coût marginal faible (secteurs qui nécessitent de gros investissements initiaux, par exemple, et qui sont caractérisés par des énormes économies d'échelle).

Le coût total moyen est décroissant mais se trouve toujours au-dessus du coût marginal.

Monopole naturel profit.png

Inefficience du monopole

Le coût en bien-être du monopole

En contraste avec une entreprise en situation de marché compétitif, un monopole charge un prix supérieur au coût marginal. Du point de vue du consommateur, la pratique d’un prix élevé rend le monopole indésirable au contraire du point de vue du producteur pour qui le monopole est une situation désirable.

Le surplus total est la somme du surplus du consommateur et du surplus du producteur. Le surplus du consommateur, c'est la volonté que le consommateur a de payer pour un bien moins le prix qu’il paie réellement pour ce bien tandis que le surplus du producteur est le montant reçu par le producteur moins ses coûts de production. Dès lors, le monopoleur n’a pas à partager ce surplus qu’il va chercher à maximiser.

Parce que la situation de monopole mène a une allocation de ressources différente de celle d’un marché en situation de compétition, la production de biens (output) échoue à maximiser le bien-être économique total.

Du point de vue des consommateurs, ce prix élevé rend le monopole indésirable. Cependant, du point de vue des propriétaires de la firme, ce prix élevé rend le monopole très désirable.

Comme le monopole fixe son prix au-dessus du coût marginal, il introduit un écart entre la volonté de payer du consommateur et le coût de production. Cet écart implique que la quantité vendue à l’équilibre du monopole est inférieure à celle de l’optimum social.

La perte sèche causée par un monopole est similaire à la perte sèche causée par un impôt indirect (sauf que dans ce cas le gouvernement ne perçoit pas de recettes).

Inefficience : perte de surplus du consommateur (SC)

Monopole Inefficience perte de SC.png

Inefficience : gain de surplus du producteur (SP)

Monopole Inefficience gain de SP.png

Inefficience : perte nette

Monopole Inefficience perte nette.png

Politiques publiques et monopole

Solutions possibles

Les décideurs politiques peuvent réagir au problème posé par un monopole de quatre façons :

  • En essayant de rendre les industries monopolistiques plus concurrentielles (cf. page suivante).
  • En réglementant le comportement des monopoles (cf. plus bas).
  • En transformant certains monopoles privés en entreprises publiques.
  • En ne faisant rien du tout.

Accroître la concurrence

L’État peut promouvoir la concurrence en utilisant les lois antitrust de plusieurs manières :

  • L’État peut empêcher les fusions.
  • L’État peut démanteler des entreprises ou punir l'abus de positions dominantes (Netscape vs Microsoft).
  • L'État peut réduire la durée des patentes ou des brevets.
  • Les lois antitrust peuvent empêcher les entreprises de coordonner leurs activités de manière à rendre les marchés moins concurrentiels.

Les politiques de la concurrence sont connues aux États-Unis sous le nom de lois antitrust :

  • Le Sherman Act (1890) réduit le pouvoir de marché des groupes industriels qui dominent l’économie.
  • Le Clayton Act (1914) renforce les pouvoirs du gouvernement et autorise les procès civils.
  • Le Traité de Rome (Art. 82) en Europe (1957).
  • La nouvelle Lcart (Loi sur les cartels) en Suisse (1996).

Réglementer le comportement des monopoles

L’État peut réglementer le prix fixé par le monopole: l’allocation des ressources est efficace si le prix est tel qu’il est égal au coût marginal.

Cependant, il n’est pas toujours aisé pour le régulateur de connaître et fixer le prix idéal. De plus, en monopole, fixer un prix égal au coût marginal n’est pas forcement viable pour l’entreprise.

Forcer le résultat "idéal" de concurrence parfaite en imposant au monopoleur le prix de la concurrence parfaite comme plafond, implique automatiquement une recette marginale constante pour le monopoleur, de sorte qu’il n’a plus intérêt à limiter sa production.

Problème pratique : le prix de concurrence parfaite n’est pas observé en monopole. L’État peut se tromper et fixer un prix qui est plus haut ou plus bas.

Selon le niveau du prix choisi, le gain de bien-être sera moindre par rapport à la concurrence parfaite (ou même pire).

Prix plafond

Monopole prix plafond.png

Réglementation dans le cas de monopole naturel

Si on force un monopole naturel à pratiquer un prix égal au coût marginal (concurrence parfaite), l’entreprise fera des pertes !

Rappel: en monopole naturel, le coût marginal est toujours inférieur au coût moyen de sorte que le prix-plafond sera aussi nécessairement inférieur au coût moyen => la recette totale est inférieure au coût total => perte.

Réglementation dans le cas de monopole naturel 1.png

Monopole naturel : subventions

Dans ce cas, une solution de pis-aller consiste à subventionner (!) l’entreprise qui fait des pertes.

Le montant de la subvention est alors : de sorte que l’entreprise ne fait ni profit ni perte, étant la quantité qui correspond à la condition de concurrence parfaite .

Inconvénient : la subvention nécessite une ponction fiscale ailleurs dans l’économie...

Difficile de dire, sans une analyse d’équilibre général, si cette solution est avantageuse par rapport au statu quo (principe du second best).

Monopole naturel: tarification au CM

Une autre solution consiste à appliquer une tarification au coût moyen.

Aucune ponction fiscale n’est nécessaire, car l’entreprise est autonome (profit nul).

En revanche, l’idéal de concurrence parfaite () n’est pas atteint avec une perte d’efficience malgré tout par rapport à l’idéal de concurrence parfaite...

Cette perte d’efficience est toutefois moindre par rapport à la situation de monopole, et reste donc une amélioration possible.

Monopole naturel tarification au CM.png

Monopole naturel : autres options

La propriété publique : au lieu de réglementer le monopole naturel d’une firme privée, l’État peut administrer le monopole lui-même en nationalisant le service en question (et en internalisant les pertes). Problème potentiel: les entreprises en monopole pourraient être utilisées pour des raisons électorales et non pas pour des raisons d’efficience productive.

Ne rien faire : l’État peut considérer que la gestion publique d’une entreprise est sujette à des rigidités et lourdeurs administratives telles qu’il est préférable de ne pas nationaliser l’entreprise (les failles de marché sont plus petites que les failles du gouvernement)... mais... est-ce vraiment une solution ?

La discrimination par les prix

La discrimination par les prix est une pratique qui consiste à vendre le même bien à des prix différents à différents consommateurs.

La discrimination par les prix est impossible lorsqu’un bien est vendu sur un marché concurrentiel parce que de nombreuses firmes vendent le même bien au prix de marché, mais devient une pratique possible si le producteur est tout seul sur le marché (pour pouvoir pratiquer la discrimination par les prix, la firme doit avoir un certain pouvoir de marché).

Exemples de discrimination par les prix :

  • Les tickets de cinéma ;
  • Les prix des billets d’avion ;
  • Les bons de réduction ;
  • Les remises sur les quantités achetées.

La discrimination parfaite par les prix est possible dès lors que le monopole est capable de connaître exactement la volonté de payer de chaque consommateur et qu’il peut leur faire payer à tous un prix différent.

Bien-être et discrimination par les prix

Deux effets importants de la discrimination par les prix :

  • elle augmente le profit du monopole (le SC est tout transféré au producteur).
  • elle réduit (ou élimine dans le cas de la discrimination parfaite) la perte sèche.
Bien être et discrimination par les prix.png

Quelques considérations d'équité

Avec la discrimination parfaite par les prix il n’y a plus de perte sèche/sociale mais il n’y a pas non plus de surplus pour le consommateur → considérations d'équité sociale : à priori, pourquoi mettre plus de poids sur le bien-être des consommateurs que sur celui des producteurs? (Pensez par exemple au pécheur d’huitre et son consommateur.)

La discrimination par les prix peut être une bonne chose du point de vue social également (pas tout ce qui a l’air mauvais est nécessairement mauvais): les consommateurs qui auraient été exclus du marché sans discrimination (ceux qui sont entre la quantité du monopoleur sans discrimination et la quantité efficiente du point de vue social) ont maintenant accès au bien. Ils n’ont pas de surplus (dans ce cas extrême), mais au moins ils peuvent consommer !

Résumé

Un monopole est une firme qui a l'exclusivité de production sur son marché.

La courbe de demande qui s’adresse au monopole est décroissante => la recette marginale du monopole est toujours en dessous du prix du bien.

Comme une firme concurrentielle, une firme en monopole maximise le profit en produisant la quantité pour laquelle la recette marginale est égale au coût marginal.

Contrairement au cas d’une firme concurrentielle, le prix du monopole est supérieur à sa recette marginale et donc son prix est supérieur au coût marginal.

La quantité de biens produite qui maximise le profit du monopole est inférieure au niveau qui maximise la somme du surplus des consommateurs et des producteurs (quantité en concurrence parfaite).

Le monopole engendre donc une perte sèche pour la société. Cette perte est identique à celle causée par les taxes.

Les décideurs politiques peuvent réagir à l’inefficacité du comportement du monopole en utilisant le droit de la concurrence, en réglementant les prix ou en transformant le monopole en entreprise publique.

Les monopoles peuvent augmenter leurs profits en fixant des prix différents pour le même bien sur la base de la volonté de payer d’un acheteur.

La discrimination par les prix peut augmenter le bien-être économique total et réduire les pertes sèches.

Annexes

Références