Les entreprises en monopole

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Dans l'analyse des structures de marché, la distinction entre le monopole et le marché compétitif est fondamentale. Dans un marché compétitif, les entreprises sont considérées comme des "price takers". Elles acceptent le prix du marché tel qu'il est établi par l'offre et la demande globale, sans avoir la capacité de l'influencer de manière significative. Cependant, dans un monopole, la situation est radicalement différente. L'entreprise en position de monopole agit en tant que "price maker", ayant la capacité de fixer les prix en raison de son contrôle exclusif sur le produit ou service offert. Cette capacité de fixer les prix ne signifie pas pour autant que les profits du monopoleur sont illimités. En effet, les entreprises monopolistiques cherchent à maximiser leurs profits, mais cette maximisation est contrainte par la demande du marché. Elles doivent donc trouver un équilibre où le prix fixé leur permet de vendre une quantité de biens ou de services qui maximise leurs bénéfices.

L'un des problèmes majeurs associés aux monopoles est que la recherche de profit par l'entreprise monopolistique ne coïncide pas toujours avec les intérêts de la société. Les monopoles peuvent entraîner des prix élevés pour les consommateurs, une réduction de la quantité des biens disponibles sur le marché, et une moindre incitation à l'innovation, étant donné l'absence de concurrence. Par conséquent, les monopoles peuvent avoir un impact négatif sur le bien-être économique global. En pratique, les cas de monopole pur sont assez rares. Plus fréquemment, on observe des oligopoles, où quelques entreprises se partagent le contrôle d'un marché. Bien que différent du monopole pur, l'oligopole présente ses propres défis en termes de concurrence et de régulation. Dans un oligopole, les entreprises interagissent entre elles, chacune ayant un certain poids sur le marché, ce qui crée une dynamique différente de celle d'un monopole.

Pour faire face à ces problèmes, les gouvernements interviennent souvent pour réguler les monopoles et les oligopoles. L'objectif de cette régulation est de protéger les intérêts des consommateurs et de maintenir une certaine forme de concurrence sur le marché. Ces interventions peuvent prendre différentes formes, allant de la régulation des prix à l'imposition de normes pour favoriser l'entrée de nouveaux concurrents. L'intervention gouvernementale vise à équilibrer les intérêts des entreprises monopolistiques ou oligopolistiques avec ceux de la société dans son ensemble, en s'assurant que les marchés fonctionnent de manière plus équitable et efficace.

La complexité des monopoles et des oligopoles réside dans leur capacité à influencer non seulement les prix, mais aussi la qualité et la quantité des biens et services disponibles. Alors que dans un marché parfaitement compétitif, la multitude d'acteurs garantit une réponse plus directe aux besoins et aux désirs des consommateurs, les monopoles et oligopoles, avec leur pouvoir de marché accru, peuvent s'écarter de cette idéal de réponse efficace à la demande du marché. Cela conduit souvent à un débat sur le rôle approprié du gouvernement dans la régulation de ces marchés, un débat qui se situe à l'intersection de l'économie, de la politique et de la philosophie sociale.

Il est très important de saisir la question des lacunes de marché liées à la violation de l'hypothèse d'atomicité dans le contexte économique actuel. L'atomicité, qui est l'une des conditions de la concurrence parfaite, suppose un grand nombre de petits vendeurs et acheteurs sur le marché, de sorte qu'aucun d'entre eux n'a un pouvoir de marché significatif. Lorsque cette condition est violée, cela donne lieu à des structures de marché telles que le monopole ou l'oligopole, où un nombre limité d'intervenants a un impact considérable sur le marché.

Dans de telles situations, l'absence de compétition confère un pouvoir substantiel aux offreurs présents. Ils deviennent des "price makers", c'est-à-dire qu'ils ont la capacité de fixer les prix plutôt que de simplement accepter les prix déterminés par le marché, comme c'est le cas dans un contexte de concurrence parfaite. Cette capacité de fixer les prix peut conduire à des inefficacités dans l'allocation des ressources. Par exemple, un monopoleur pourrait fixer un prix plus élevé que le prix d'équilibre concurrentiel, réduisant ainsi la quantité produite et vendue. Cela peut entraîner une perte de surplus pour les consommateurs et potentiellement pour la société dans son ensemble. En outre, ces situations de marché imparfait peuvent affecter négativement le bien-être collectif. Les inefficacités allouent les ressources de manière non optimale, ce qui peut entraîner une perte de bien-être économique. Par exemple, un prix artificiellement élevé peut empêcher les consommateurs d'accéder à certains biens ou services, ce qui peut avoir des répercussions sociales et économiques plus larges.

Ces failles de marché s'éloignent de l'idéal de la concurrence pure et parfaite, où les prix et les quantités sont déterminés par l'intersection de la demande et de l'offre sans intervention extérieure. Dans une telle situation idéale, les marchés sont généralement considérés comme efficaces, maximisant le bien-être collectif. Cependant, en réalité, de nombreux marchés dévient de cet idéal pour diverses raisons, y compris en raison de la concentration du pouvoir de marché, ce qui conduit à une efficacité réduite et à des défis réglementaires importants.

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Origines du monopole et choix optimal

Les causes du monopole

La formation d'un monopole est un phénomène complexe qui peut résulter de divers facteurs interconnectés, allant des aspects économiques et technologiques aux décisions stratégiques des entreprises. Dans le cadre d'un monopole, on observe généralement la présence d'un offreur unique sur le marché, fournissant un bien ou un service sans substituts proches.

La cause constitutive fondamentale des monopoles se situe dans la présence de barrières à l’entrée. Ces barrières peuvent se manifester de différentes manières, chacune contribuant à la constitution d'un environnement monopolistique.

La première cause majeure est le contrôle exclusif d'une ressource spécifique par une seule entreprise. Un exemple classique est celui de De Beers dans le secteur des mines de diamants. Lorsqu'une entreprise détient le contrôle exclusif sur une ressource cruciale, elle peut effectivement monopoliser le marché des produits qui dépendent de cette ressource. Un autre exemple pourrait être celui d'un fournisseur local de gaz naturel, qui possède l'infrastructure nécessaire à la fourniture de ce service dans une région donnée, rendant très difficile pour d'autres entreprises de pénétrer ce marché.

La deuxième cause importante est liée aux barrières légales créées par l'État. Lorsqu'un gouvernement accorde à une entreprise le droit exclusif de produire un bien ou un service, cela crée un monopole légal. Cette situation est fréquente dans des secteurs comme les médias, l'électricité, et d'autres services publics. Les brevets, notamment dans l'industrie pharmaceutique, sont un autre exemple où l'État confère un monopole temporaire à une entreprise pour l'exploitation d'une invention. De même, les droits d'auteur dans le domaine artistique protègent la création individuelle, conduisant à des monopoles légaux sur ces œuvres. Les barrières douanières telles que les quotas, les droits de douane et d'autres barrières non tarifaires peuvent également créer des conditions monopolistiques en limitant la concurrence étrangère.

La troisième cause principale est l'existence de monopoles naturels. Ces situations se produisent lorsque les coûts de production rendent un seul producteur plus efficace que plusieurs concurrents. Cela est souvent le cas dans les industries qui nécessitent d'importants investissements en infrastructure, comme les services d'eau, d'électricité, et de gaz. Dans ces cas, il est plus rationnel du point de vue économique d'avoir un seul fournisseur qui dessert l'ensemble du marché, car la duplication des infrastructures par plusieurs entreprises serait inefficace et coûteuse.

Chacune de ces causes joue un rôle essentiel dans la formation des monopoles, et leur impact peut varier considérablement en fonction du contexte spécifique du marché et de l'industrie. Comprendre ces dynamiques est crucial pour les régulateurs et les décideurs politiques, car cela les aide à identifier les marchés où une intervention pourrait être nécessaire pour protéger les consommateurs et assurer une concurrence équitable.

Monopole naturel

Le concept de monopole naturel est une situation économique particulière où la structure du marché est telle qu'une seule entreprise peut produire un bien ou un service à un coût inférieur à celui de deux ou plusieurs entreprises. Cette situation est généralement liée à la présence de fortes économies d'échelle, où le coût moyen de production diminue à mesure que la production augmente.

L'exemple du recyclage illustre bien cette idée : si deux entreprises se partagent la tâche de recycler 100 tonnes, elles auront chacune des coûts plus élevés que si une seule entreprise se chargeait de l'ensemble de cette quantité. Dans ce cas, la production totale est plus coûteuse avec plusieurs entreprises qu'avec une seule. Ce phénomène est dû au fait que certaines ressources et infrastructures nécessaires à la production ou au service peuvent être coûteuses à mettre en place et à maintenir. Lorsque ces coûts fixes sont importants, comme dans le cas de l'infrastructure, de la recherche et développement, ou de la publicité, il devient plus efficient qu'une seule entreprise les prenne en charge pour l'ensemble du marché.

Les monopoles naturels se rencontrent fréquemment dans les industries nécessitant de lourds investissements en capital fixe et où les coûts marginaux de production sont relativement bas. Les services publics, tels que l'eau, l'électricité, ou les réseaux de transport, sont des exemples typiques de monopoles naturels. Dans ces secteurs, la duplication des infrastructures par plusieurs entreprises serait non seulement inefficace en termes de coûts, mais aussi inutilement redondante.

Cependant, la présence d'un monopole naturel soulève des questions importantes en matière de régulation. Bien que la structure du marché justifie l'existence d'un seul producteur pour des raisons d'efficacité, cela ne signifie pas que le monopoleur devrait avoir une liberté totale dans la fixation des prix ou des conditions de service. Souvent, les gouvernements interviennent pour réguler ces monopoles, en fixant des prix ou en contrôlant la qualité des services, afin de s'assurer que les intérêts des consommateurs ne soient pas lésés par l'absence de concurrence.

En somme, les monopoles naturels représentent un cas unique dans l'économie où la concentration du marché entre les mains d'une seule entreprise est justifiée par des considérations d'efficacité. Néanmoins, cette efficacité doit être équilibrée avec des mesures de régulation pour protéger les consommateurs et assurer un fonctionnement équitable du marché.

Entreprises en monopole monopole naturel.png

La courbe que vous avez présentée représente un graphique typique illustrant le concept de coût moyen dans le cadre d'une production d'entreprise. Voici une description, une analyse et un commentaire de ce graphique :

Le graphique montre une courbe de coût moyen décroissante en fonction de la quantité produite. L'axe des ordonnées (vertical) représente le coût moyen, tandis que l'axe des abscisses (horizontal) indique la quantité produite. La courbe débute à un point élevé et descend progressivement, indiquant que le coût moyen diminue à mesure que la quantité produite augmente. Cette courbe illustre le phénomène d'économies d'échelle. Lorsque la quantité produite est faible (à gauche du graphique), le coût moyen est très élevé. Cela peut être dû au fait que les coûts fixes (comme l'infrastructure, la R&D, les coûts administratifs, etc.) sont répartis sur une petite quantité de biens produits, ce qui augmente le coût moyen par unité. À mesure que la production augmente, ces coûts fixes sont répartis sur un nombre plus important d'unités, réduisant ainsi le coût moyen. En outre, l'entreprise peut bénéficier de coûts variables plus faibles grâce à des techniques de production plus efficaces, des réductions de prix en volume sur les matières premières, ou une meilleure utilisation du personnel. La courbe montre un point où le coût moyen atteint son niveau le plus bas, après quoi on peut s'attendre à ce que le coût moyen se stabilise ou augmente légèrement en raison des déséconomies d'échelle si la production continue à augmenter. Cependant, cette partie de la courbe n'est pas visible ici.

Le graphique suggère que l'entreprise bénéficie d'économies d'échelle significatives dans la gamme de production illustrée. Le coût moyen décroissant avec l'augmentation de la quantité produite indique que l'entreprise devient plus efficace à mesure qu'elle produit plus. Cela peut justifier l'existence d'un monopole naturel si l'on considère que cette tendance se poursuive au-delà de la quantité indiquée sur le graphique, suggérant que l'entreprise serait en mesure de produire à un coût moyen inférieur à celui de tout concurrent potentiel entrant sur le marché.

Le point où le coût moyen est le plus bas correspond à la production la plus efficace pour l'entreprise, du moins jusqu'à la quantité affichée. C'est le point où l'entreprise peut produire au coût unitaire le plus faible. Si le graphique se prolongeait et montrait une remontée de la courbe, cela indiquerait que l'entreprise commence à subir des déséconomies d'échelle, où les augmentations de production entraînent une hausse du coût moyen, peut-être à cause de la gestion plus complexe, des coûts de main-d'œuvre supplémentaires, ou de la saturation des capacités de production.

Dans le contexte des monopoles naturels, cette courbe suggère que l'entreprise est la mieux placée pour fournir ce bien ou service jusqu'à un certain point de production, au-delà duquel elle pourrait ne plus jouir de cet avantage de coût. C'est souvent à ce point que la réglementation peut intervenir pour s'assurer que le monopole ne fixe pas les prix trop hauts et ne limite pas la production à un niveau inférieur à celui qui serait socialement optimal, car cela pourrait entraîner une perte de bien-être pour la société. En somme, le graphique capture une dimension importante de la théorie économique concernant les coûts de production et aide à expliquer pourquoi et comment les monopoles naturels peuvent se former et se maintenir sur certains marchés.

La recette : concurrence parfaite vs monopole

La distinction que vous établissez entre le comportement d'un monopoleur et celui des firmes dans un marché compétitif met en lumière une différence fondamentale en termes de pouvoir sur le marché et de formation des prix. Dans un marché compétitif, l'idée est que le marché est composé de nombreuses entreprises, chacune trop petite pour influencer le prix du marché. Ces entreprises sont donc des "price takers", ce qui signifie qu'elles acceptent le prix déterminé par la somme des décisions d'offre et de demande de tous les participants au marché. Elles ajustent leur production en fonction de ce prix de marché et maximisent leur profit en produisant jusqu'à ce que le coût marginal de production égale le prix du marché. Le marché dicte ainsi les conditions et les entreprises individuelles s'adaptent à ces conditions sans pouvoir les modifier.

À l'opposé, dans une situation de monopole où il n'existe qu'un seul producteur dominant sur le marché, ce producteur a un contrôle considérable sur le prix. Le monopoleur est un "price maker", choisissant le niveau de production qui maximise son profit, ce qui affecte directement le prix du marché. La quantité de biens que le monopoleur choisit de produire détermine le prix auquel ces biens seront vendus. Si le monopoleur réduit la quantité produite, le prix sur le marché augmente, et inversement. Ainsi, le monopoleur peut manipuler l'offre pour atteindre un point sur sa courbe de demande qui maximise ses bénéfices. Il est important de noter que, bien que le monopoleur ait la capacité d'influencer les prix, cette capacité n'est pas illimitée. Le monopoleur reste contraint par la demande du marché : s'il fixe un prix trop élevé, la quantité demandée pourrait chuter de manière significative, ce qui réduirait potentiellement ses profits globaux. Le monopoleur doit donc trouver le point où la recette marginale est égale au coût marginal pour maximiser ses profits, tout en tenant compte de la réaction des consommateurs à des changements de prix.

En résumé, la dynamique fondamentale qui distingue un marché compétitif d'un monopole est le degré de contrôle sur le prix. Alors que dans un marché compétitif, les prix reflètent l'équilibre collectif des forces de l'offre et de la demande, dans un monopole, le prix est largement déterminé par les choix stratégiques d'un seul acteur. Cela a des implications profondes non seulement pour la fixation des prix, mais aussi pour l'efficacité globale du marché, le bien-être des consommateurs et la nécessité de réglementation pour prévenir les abus de pouvoir de marché. La réglementation peut prendre la forme de contrôle des prix, de lois antitrust, ou de mesures incitatives pour encourager l'entrée de nouveaux concurrents sur le marché. C'est ainsi que les autorités tentent de réconcilier les avantages d'efficacité d'un monopole naturel avec la nécessité d'empêcher que le pouvoir de marché ne soit utilisé de manière préjudiciable aux consommateurs et à l'efficacité économique.

Dans un environnement de concurrence parfaite, le prix est en effet indépendant de la quantité produite par une entreprise individuelle, ce qui signifie que le prix est exogène. La recette totale (RT) est directement proportionnelle à la quantité (q), donc si la quantité double, la recette totale double aussi. Cela se traduit par la formule . En conséquence, si la quantité produite est doublée, la recette totale devient . Le prix est alors équivalent au revenu moyen par unité vendue et reste constant indépendamment de la quantité de biens vendus sur le marché. Si le prix est fixe, la recette totale évoluera de manière proportionnelle à la quantité produite.

Dans le cas d'un monopole, la recette totale ne suit pas cette proportionnalité avec la quantité vendue. Le prix est intrinsèquement lié à la quantité produite : pour vendre une unité supplémentaire, le monopoleur doit souvent baisser le prix. Cela implique qu'une entreprise opérant dans un marché de concurrence parfaite peut ajuster ses quantités vendues avec peu ou pas d'impact sur le prix, qui est déterminé par le marché. De plus, dans de telles conditions, les produits offerts par différentes entreprises sont parfaitement substituables, ce qui signifie que les consommateurs sont indifférents par rapport à l'entreprise qui les produit.

En situation de monopole, le producteur unique fait effectivement face à l'ensemble de la demande du marché. Puisqu'il n'existe pas de concurrents, le monopoleur a le pouvoir de fixer le prix des biens ou services qu'il offre – il est un "price maker". Toutefois, cette capacité à fixer les prix ne signifie pas que le monopoleur peut les établir arbitrairement sans tenir compte de la réaction des consommateurs. La courbe de demande à laquelle le monopoleur fait face est généralement décroissante, ce qui signifie que pour vendre une quantité plus importante, il doit baisser le prix. La fixation du prix et de la quantité dans un monopole génère deux effets antagonistes sur la recette totale (RT). D'une part, augmenter la quantité vendue devrait logiquement augmenter la recette totale en raison de la vente d'unités supplémentaires. D'autre part, le prix doit être réduit pour vendre ces unités supplémentaires en raison de la pente négative de la courbe de demande. Cela signifie que chaque unité supplémentaire est vendue à un prix inférieur, ce qui peut réduire la recette totale. L'effet net de ces deux forces antagonistes sur la recette totale est a priori incertain.

Le monopoleur, en exploitant la relation entre le prix et la quantité, va chercher à maximiser son profit. Il va ajuster sa quantité produite jusqu'au point où le coût marginal de production est égal à la recette marginale, qui est différente de la recette totale en raison de l'effet du prix sur la quantité vendue. Par opposition, dans un environnement de concurrence parfaite, les entreprises sont de simples "price takers" et ne peuvent pas influencer le prix par leurs actions individuelles. Elles vendent autant qu'elles le souhaitent au prix du marché. La demande à laquelle chaque entreprise individuelle fait face est horizontale ou parfaitement élastique, reflétant le fait qu'elles peuvent vendre n'importe quelle quantité au prix du marché sans affecter ce prix. Le monopoleur, en ajustant la quantité produite, peut choisir son point sur la courbe de demande et donc déterminer le prix de marché. Cela lui donne un contrôle direct sur l'équilibre du marché, un pouvoir dont ne disposent pas les entreprises dans un marché de concurrence parfaite.NB 1 : Dans un marché compétitif, chaque entreprise fait face à une courbe de demande parfaitement élastique ou horizontale. Cela signifie que l'entreprise peut vendre n'importe quelle quantité de son produit au prix du marché sans influencer ce prix. Les entreprises individuelles ne peuvent pas fixer les prix et doivent accepter le prix qui prévaut sur le marché, d'où l'expression "price takers".

En revanche, pour un monopoleur, la situation est différente. Puisqu'il est le seul vendeur sur le marché, la courbe de demande à laquelle il fait face est la courbe de demande du marché lui-même, qui est généralement décroissante. Cela indique qu'il doit baisser le prix pour augmenter la quantité vendue. La courbe de demande décroissante reflète la loi de la demande : à mesure que le prix baisse, la quantité demandée augmente, et vice versa.

NB 2 : Cela découle directement de la nature de la courbe de demande décroissante dans un monopole. Pour vendre des quantités supplémentaires, le monopoleur doit diminuer son prix, ce qui augmente la quantité demandée selon la courbe de demande. C'est le concept de recette marginale qui devient crucial pour le monopoleur : pour chaque unité additionnelle vendue, la recette marginale diminue, car non seulement le monopoleur reçoit le prix de cette unité additionnelle, mais il perd également une partie des recettes sur les unités précédentes qu'il aurait pu vendre à un prix plus élevé. Le monopoleur va donc chercher à équilibrer l'effet d'une augmentation de la quantité vendue avec l'effet d'une baisse du prix sur sa recette totale pour trouver le point qui maximise son profit.

La recette pour le monopoleur

La recette totale d'un monopole s'écrit :

,

La recette moyenne, comme en concurrence parfaite, est donnée par le prix :

La recette marginale est donnée par l'incrément de recette associé à la vente d'une unité supplémentaire (qui fait baisser le prix) :

NB : étant , contrairement à ce qui se passe en concurrence parfaite, la recette marginale est toujours inférieure au prix.

Interprétation : la recette marginale montre qu'une unité supplémentaire du bien vendue fait accroître la recette du montant du prix, mais fait aussi baisser la recette d’un montant égal à la diminution de prix (causée par l’unité supplémentaire) multipliée par toutes les unités infra-marginales.

Fonction de demande: concurrence parfaite vs monopole

Fonction de demande concurrence parfaite vs monopole.png

Recettes d'un monopole: un exemple numérique

Recettes d'un monopole un exemple numérique.png

Recette marginale (Rm) et courbe de demande d'un monopole

Remarque: sous l'hypothèse de fonction de demande linéaire (), la Rm a la même forme de la fonction de demande inverse mais avec une pente deux fois plus raide ().

Rm et courbe de demande d'un monopole.png

Maximisation du profit

Comme en situation de concurrence parfaite, le producteur en situation de monopole maximise le profit en égalisant la recette marginale au coût marginal et il utilise la courbe de demande du marché afin de déterminer le prix permettant d’écouler cette quantité, sauf que maintenant, la recette marginale étant inférieure au prix, l’entreprise de monopole choisit une quantité d’équilibre qui, à la marge, coûte moins (Cm + bas) que le consentement à payer (le prix).

Maximisation du profit:

CPO (condition de premier ordre):

NB 1: contrairement à la situation de concurrence parfaite, ici le prix est fixé par le producteur.

NB 2: → pouvoir de marché

Maximisation du profit monopole graphe.png

Il est intuitif de comprendre que le monopoleur choisira toujours de se positionner dans la section élastique de la fonction de demande: la baisse de prix qu'il faut pour vendre une unité additionnelle est plus petite que dans la section inélastique de la fonction de demande.

Le profit total

Le profit total se lit par la surface donnée par le produit du profit unitaire et la quantité optimale : .

Monopole profit total 1.png
Monopole profit total 2.png

Exemple : l'industrie pharmaceutique

Les brevets sont des accords entre les inventeurs et le gouvernement qui protègent les droits sur les inventions pendant un certain temps. Les brevets encouragent l'innovation mais maintiennent également les prix à un niveau élevé, ce qui rend difficile pour les autres producteurs de concurrencer les produits brevetés.

Monopole Exemple l'industrie pharmaceutique.png

Le monopole naturel

Le monopole naturel se caractérise par un coût fixe important et un coût marginal faible (secteurs qui nécessitent de gros investissements initiaux, par exemple, et qui sont caractérisés par des énormes économies d'échelle).

Le coût total moyen est décroissant mais se trouve toujours au-dessus du coût marginal.

Monopole naturel profit.png

Inefficience du monopole

Le coût en bien-être du monopole

En contraste avec une entreprise en situation de marché compétitif, un monopole charge un prix supérieur au coût marginal. Du point de vue du consommateur, la pratique d’un prix élevé rend le monopole indésirable au contraire du point de vue du producteur pour qui le monopole est une situation désirable.

Le surplus total est la somme du surplus du consommateur et du surplus du producteur. Le surplus du consommateur, c'est la volonté que le consommateur a de payer pour un bien moins le prix qu’il paie réellement pour ce bien tandis que le surplus du producteur est le montant reçu par le producteur moins ses coûts de production. Dès lors, le monopoleur n’a pas à partager ce surplus qu’il va chercher à maximiser.

Parce que la situation de monopole mène a une allocation de ressources différente de celle d’un marché en situation de compétition, la production de biens (output) échoue à maximiser le bien-être économique total.

Du point de vue des consommateurs, ce prix élevé rend le monopole indésirable. Cependant, du point de vue des propriétaires de la firme, ce prix élevé rend le monopole très désirable.

Comme le monopole fixe son prix au-dessus du coût marginal, il introduit un écart entre la volonté de payer du consommateur et le coût de production. Cet écart implique que la quantité vendue à l’équilibre du monopole est inférieure à celle de l’optimum social.

La perte sèche causée par un monopole est similaire à la perte sèche causée par un impôt indirect (sauf que dans ce cas le gouvernement ne perçoit pas de recettes).

Inefficience : perte de surplus du consommateur (SC)

Monopole Inefficience perte de SC.png

Inefficience : gain de surplus du producteur (SP)

Monopole Inefficience gain de SP.png

Inefficience : perte nette

Monopole Inefficience perte nette.png

Politiques publiques et monopole

Solutions possibles

Les décideurs politiques peuvent réagir au problème posé par un monopole de quatre façons :

  • En essayant de rendre les industries monopolistiques plus concurrentielles (cf. page suivante).
  • En réglementant le comportement des monopoles (cf. plus bas).
  • En transformant certains monopoles privés en entreprises publiques.
  • En ne faisant rien du tout.

Accroître la concurrence

L’État peut promouvoir la concurrence en utilisant les lois antitrust de plusieurs manières :

  • L’État peut empêcher les fusions.
  • L’État peut démanteler des entreprises ou punir l'abus de positions dominantes (Netscape vs Microsoft).
  • L'État peut réduire la durée des patentes ou des brevets.
  • Les lois antitrust peuvent empêcher les entreprises de coordonner leurs activités de manière à rendre les marchés moins concurrentiels.

Les politiques de la concurrence sont connues aux États-Unis sous le nom de lois antitrust :

  • Le Sherman Act (1890) réduit le pouvoir de marché des groupes industriels qui dominent l’économie.
  • Le Clayton Act (1914) renforce les pouvoirs du gouvernement et autorise les procès civils.
  • Le Traité de Rome (Art. 82) en Europe (1957).
  • La nouvelle Lcart (Loi sur les cartels) en Suisse (1996).

Réglementer le comportement des monopoles

L’État peut réglementer le prix fixé par le monopole: l’allocation des ressources est efficace si le prix est tel qu’il est égal au coût marginal.

Cependant, il n’est pas toujours aisé pour le régulateur de connaître et fixer le prix idéal. De plus, en monopole, fixer un prix égal au coût marginal n’est pas forcement viable pour l’entreprise.

Forcer le résultat "idéal" de concurrence parfaite en imposant au monopoleur le prix de la concurrence parfaite comme plafond, implique automatiquement une recette marginale constante pour le monopoleur, de sorte qu’il n’a plus intérêt à limiter sa production.

Problème pratique : le prix de concurrence parfaite n’est pas observé en monopole. L’État peut se tromper et fixer un prix qui est plus haut ou plus bas.

Selon le niveau du prix choisi, le gain de bien-être sera moindre par rapport à la concurrence parfaite (ou même pire).

Prix plafond

Monopole prix plafond.png

Réglementation dans le cas de monopole naturel

Si on force un monopole naturel à pratiquer un prix égal au coût marginal (concurrence parfaite), l’entreprise fera des pertes !

Rappel: en monopole naturel, le coût marginal est toujours inférieur au coût moyen de sorte que le prix-plafond sera aussi nécessairement inférieur au coût moyen => la recette totale est inférieure au coût total => perte.

Réglementation dans le cas de monopole naturel 1.png

Monopole naturel : subventions

Dans ce cas, une solution de pis-aller consiste à subventionner (!) l’entreprise qui fait des pertes.

Le montant de la subvention est alors : de sorte que l’entreprise ne fait ni profit ni perte, étant la quantité qui correspond à la condition de concurrence parfaite .

Inconvénient : la subvention nécessite une ponction fiscale ailleurs dans l’économie...

Difficile de dire, sans une analyse d’équilibre général, si cette solution est avantageuse par rapport au statu quo (principe du second best).

Monopole naturel: tarification au CM

Une autre solution consiste à appliquer une tarification au coût moyen.

Aucune ponction fiscale n’est nécessaire, car l’entreprise est autonome (profit nul).

En revanche, l’idéal de concurrence parfaite () n’est pas atteint avec une perte d’efficience malgré tout par rapport à l’idéal de concurrence parfaite...

Cette perte d’efficience est toutefois moindre par rapport à la situation de monopole, et reste donc une amélioration possible.

Monopole naturel tarification au CM.png

Monopole naturel : autres options

La propriété publique : au lieu de réglementer le monopole naturel d’une firme privée, l’État peut administrer le monopole lui-même en nationalisant le service en question (et en internalisant les pertes). Problème potentiel: les entreprises en monopole pourraient être utilisées pour des raisons électorales et non pas pour des raisons d’efficience productive.

Ne rien faire : l’État peut considérer que la gestion publique d’une entreprise est sujette à des rigidités et lourdeurs administratives telles qu’il est préférable de ne pas nationaliser l’entreprise (les failles de marché sont plus petites que les failles du gouvernement)... mais... est-ce vraiment une solution ?

La discrimination par les prix

La discrimination par les prix est une pratique qui consiste à vendre le même bien à des prix différents à différents consommateurs.

La discrimination par les prix est impossible lorsqu’un bien est vendu sur un marché concurrentiel parce que de nombreuses firmes vendent le même bien au prix de marché, mais devient une pratique possible si le producteur est tout seul sur le marché (pour pouvoir pratiquer la discrimination par les prix, la firme doit avoir un certain pouvoir de marché).

Exemples de discrimination par les prix :

  • Les tickets de cinéma ;
  • Les prix des billets d’avion ;
  • Les bons de réduction ;
  • Les remises sur les quantités achetées.

La discrimination parfaite par les prix est possible dès lors que le monopole est capable de connaître exactement la volonté de payer de chaque consommateur et qu’il peut leur faire payer à tous un prix différent.

Bien-être et discrimination par les prix

Deux effets importants de la discrimination par les prix :

  • elle augmente le profit du monopole (le SC est tout transféré au producteur).
  • elle réduit (ou élimine dans le cas de la discrimination parfaite) la perte sèche.
Bien être et discrimination par les prix.png

Quelques considérations d'équité

Avec la discrimination parfaite par les prix il n’y a plus de perte sèche/sociale mais il n’y a pas non plus de surplus pour le consommateur → considérations d'équité sociale : à priori, pourquoi mettre plus de poids sur le bien-être des consommateurs que sur celui des producteurs? (Pensez par exemple au pécheur d’huitre et son consommateur.)

La discrimination par les prix peut être une bonne chose du point de vue social également (pas tout ce qui a l’air mauvais est nécessairement mauvais): les consommateurs qui auraient été exclus du marché sans discrimination (ceux qui sont entre la quantité du monopoleur sans discrimination et la quantité efficiente du point de vue social) ont maintenant accès au bien. Ils n’ont pas de surplus (dans ce cas extrême), mais au moins ils peuvent consommer !

Résumé

Un monopole est une firme qui a l'exclusivité de production sur son marché.

La courbe de demande qui s’adresse au monopole est décroissante => la recette marginale du monopole est toujours en dessous du prix du bien.

Comme une firme concurrentielle, une firme en monopole maximise le profit en produisant la quantité pour laquelle la recette marginale est égale au coût marginal.

Contrairement au cas d’une firme concurrentielle, le prix du monopole est supérieur à sa recette marginale et donc son prix est supérieur au coût marginal.

La quantité de biens produite qui maximise le profit du monopole est inférieure au niveau qui maximise la somme du surplus des consommateurs et des producteurs (quantité en concurrence parfaite).

Le monopole engendre donc une perte sèche pour la société. Cette perte est identique à celle causée par les taxes.

Les décideurs politiques peuvent réagir à l’inefficacité du comportement du monopole en utilisant le droit de la concurrence, en réglementant les prix ou en transformant le monopole en entreprise publique.

Les monopoles peuvent augmenter leurs profits en fixant des prix différents pour le même bien sur la base de la volonté de payer d’un acheteur.

La discrimination par les prix peut augmenter le bien-être économique total et réduire les pertes sèches.

Annexes

Références