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La perte sèche causée par un monopole peut être similaire à celle causée par un impôt indirect, bien que dans le cas du monopole, aucune recette n'est perçue par le gouvernement. La perte sèche est une mesure de l'inefficacité économique qui se produit lorsque la quantité échangée dans un marché est inférieure à l'optimum social. Dans le cas d'un monopole, le pouvoir de marché du monopoleur lui permet de fixer des prix plus élevés et de limiter la quantité produite, ce qui entraîne une perte sèche. La perte sèche dans un monopole est similaire à celle d'un impôt indirect en ce sens qu'elle représente une perte d'efficacité économique. L'impôt indirect peut entraîner une hausse des prix et une réduction de la quantité échangée sur le marché, ce qui conduit également à une perte sèche. Cependant, dans le cas de l'impôt, une partie des revenus de l'impôt est perçue par le gouvernement, tandis que dans le cas du monopole, le surplus est capturé par le monopoleur. La perte sèche dans les deux cas est due à une allocation inefficace des ressources. Dans le cas du monopole, la quantité produite est inférieure à l'optimum social, ce qui signifie que les consommateurs auraient été disposés à payer davantage pour une plus grande quantité. Dans le cas de l'impôt, la quantité produite est également réduite en raison de l'augmentation des coûts pour les producteurs et de la diminution de la demande des consommateurs.  
La perte sèche causée par un monopole peut être similaire à celle causée par un impôt indirect, bien que dans le cas du monopole, aucune recette n'est perçue par le gouvernement. La perte sèche est une mesure de l'inefficacité économique qui se produit lorsque la quantité échangée dans un marché est inférieure à l'optimum social. Dans le cas d'un monopole, le pouvoir de marché du monopoleur lui permet de fixer des prix plus élevés et de limiter la quantité produite, ce qui entraîne une perte sèche. La perte sèche dans un monopole est similaire à celle d'un impôt indirect en ce sens qu'elle représente une perte d'efficacité économique. L'impôt indirect peut entraîner une hausse des prix et une réduction de la quantité échangée sur le marché, ce qui conduit également à une perte sèche. Cependant, dans le cas de l'impôt, une partie des revenus de l'impôt est perçue par le gouvernement, tandis que dans le cas du monopole, le surplus est capturé par le monopoleur. La perte sèche dans les deux cas est due à une allocation inefficace des ressources. Dans le cas du monopole, la quantité produite est inférieure à l'optimum social, ce qui signifie que les consommateurs auraient été disposés à payer davantage pour une plus grande quantité. Dans le cas de l'impôt, la quantité produite est également réduite en raison de l'augmentation des coûts pour les producteurs et de la diminution de la demande des consommateurs.  
== Inefficience : perte de surplus du consommateur (SC) ==
== Inefficience : perte de surplus du consommateur (SC) ==
[[Fichier:Monopole Inefficience perte de SC.png|400px|vignette|centré]]
L'inefficience économique associée au monopole se traduit par une perte de surplus du consommateur (SC). Le surplus du consommateur représente la différence entre la volonté de payer des consommateurs pour un bien ou service et le prix effectivement payé. C'est une mesure de la satisfaction ou de l'utilité que les consommateurs retirent de leur achat.
 
Dans le cas du monopole, le monopoleur a le pouvoir de fixer les prix, ce qui lui permet de pratiquer des prix supérieurs au coût marginal. Cela crée un écart entre la volonté de payer des consommateurs et le prix réellement payé. Par conséquent, le surplus du consommateur est réduit en raison du prix élevé imposé par le monopoleur. La perte de surplus du consommateur est une mesure de l'inefficacité économique car elle représente la valeur que les consommateurs auraient été prêts à payer en plus pour obtenir une plus grande quantité du bien ou service. En raison du pouvoir de marché du monopoleur, la quantité produite et vendue est inférieure à l'optimum social, ce qui signifie que les consommateurs doivent se contenter de moins de biens ou services que ce qu'ils seraient prêts à payer. Cette perte de surplus du consommateur est une source d'inefficience car elle indique que les ressources ne sont pas allouées de manière optimale pour maximiser la satisfaction des consommateurs. Le monopoleur exploite son pouvoir de marché en fixant des prix plus élevés et en réduisant la quantité offerte, ce qui diminue le bien-être économique global.[[Fichier:Monopole Inefficience perte de SC.png|400px|vignette|centré]]La régulation des monopoles vise à atténuer cette inefficience en limitant les pratiques anticoncurrentielles, en fixant des limites aux prix ou en promouvant la concurrence dans le secteur. L'objectif est de protéger les intérêts des consommateurs en veillant à ce qu'ils aient accès à des biens ou services de qualité à des prix raisonnables, tout en préservant les incitations à l'innovation et à l'investissement des entreprises.
 
== Inefficience : gain de surplus du producteur (SP) ==
== Inefficience : gain de surplus du producteur (SP) ==
[[Fichier:Monopole Inefficience gain de SP.png|400px|vignette|centré]]
l'inefficience économique du monopole se traduit par une perte de surplus total, qui est la somme du surplus du consommateur (SC) et du surplus du producteur (SP). Le surplus du producteur représente la différence entre le prix de vente du bien ou service et les coûts de production encourus par le monopoleur.
 
Dans le cas du monopole, le monopoleur a le pouvoir de fixer les prix, ce qui lui permet de pratiquer des prix supérieurs au coût marginal. Cela se traduit par un surplus du producteur plus élevé, car le monopoleur peut réaliser des bénéfices plus importants en capturant une partie du surplus du consommateur. Cependant, l'inefficience économique du monopole réside dans la perte de surplus du consommateur (SC), qui est plus importante que le gain de surplus du producteur (SP). En d'autres termes, la perte subie par les consommateurs en raison du prix élevé imposé par le monopoleur dépasse les bénéfices réalisés par le monopoleur grâce à ses pratiques tarifaires.
 
Cette perte de surplus total est une mesure de l'inefficience économique, car elle indique que les ressources ne sont pas allouées de manière optimale pour maximiser le bien-être économique global. Les consommateurs paient un prix plus élevé et ont accès à une quantité moindre de biens ou services, ce qui diminue leur satisfaction et leur bien-être économique.[[Fichier:Monopole Inefficience gain de SP.png|400px|vignette|centré]]Dans le cadre de la régulation des monopoles, l'objectif est de minimiser cette inefficience en cherchant à réduire l'écart entre le prix imposé par le monopoleur et le coût marginal, tout en préservant les incitations à l'innovation et à l'investissement des entreprises. Il est important de trouver un équilibre entre la protection des intérêts des consommateurs et la stimulation de l'efficacité économique dans la gestion des monopoles.
 
== Inefficience : perte nette ==
== Inefficience : perte nette ==
[[Fichier:Monopole Inefficience perte nette.png|400px|vignette|centré]]
L'inefficience économique du monopole se traduit par une perte nette, qui représente la somme de la perte de surplus du consommateur et de la perte de surplus du producteur.
 
La perte nette, également appelée perte d'efficacité, est une mesure de l'inefficience économique qui se produit en raison du pouvoir de marché exercé par le monopoleur. En fixant des prix supérieurs au coût marginal, le monopoleur limite la quantité produite et vendue, ce qui réduit le bien-être économique global.
 
La perte de surplus du consommateur est causée par le fait que les consommateurs doivent payer un prix plus élevé que leur volonté de payer pour le bien ou le service. Cela réduit leur satisfaction et leur bénéfice économique. La perte de surplus du producteur est due à la restriction de la quantité produite et vendue par le monopoleur. Bien que le monopoleur puisse réaliser des bénéfices plus importants par unité vendue, la quantité globale produite est inférieure à ce qui serait bénéfique pour la société.
 
La perte nette est la somme de ces deux pertes, et elle représente l'inefficience économique résultant du pouvoir de marché exercé par le monopoleur. Elle indique que les ressources ne sont pas allouées de manière optimale et que le bien-être économique global est réduit par rapport à une situation de concurrence parfaite.[[Fichier:Monopole Inefficience perte nette.png|400px|vignette|centré]]La régulation des monopoles vise à atténuer cette inefficience en introduisant des mesures visant à promouvoir la concurrence, à limiter les pratiques anticoncurrentielles et à protéger les intérêts des consommateurs. L'objectif est de trouver un équilibre entre la stimulation de l'innovation et de l'investissement des entreprises et la préservation de l'efficacité économique pour maximiser le bien-être de la société dans son ensemble.


= Politiques publiques et monopole =
= Politiques publiques et monopole =

Version du 30 mai 2023 à 20:37


Dans le cas du monopole on analyse une configuration de marché imparfait. Le monopole est une situation où il n’y a qu’une seule entreprise et donc un seul niveau de production qui sera absorbé par la demande.

D’autre part, alors que dans un marché compétitif les entreprises sont des « price taker », dans le cas du monopole les entreprises sont des « price maker ». Cependant, bien que les monopoleurs peuvent contrôler les prix des biens qu’ils produisent, leurs profits ne sont pas illimités, c’est pourquoi leur seul objectif est de maximiser leurs profits. Le problème du monopole est que souvent, la recherche du profit des monopoleurs n’est pas forcément dans l’intérêt de la société.

Il est très difficile de trouver des cas de monopole pur, plus généralement on trouve le cas d’oligopole.

Une lacune de marché récurrente survient lorsque l’hypothèse de concurrence parfaite est violée du côté du nombre d'intervenants sur le marché → violation de l’hypothèse d’atomicité.

  • L’absence de compétition procure un certain pouvoir aux rares offreurs en place.
  • Ce pouvoir s’exerce sur le prix pratiqué: contrairement à ce qui se passe en situation de concurrence parfaite, l’offreur “choisit son prix ” (price maker).
  • Ce type de situation a des effets sur l’allocation des ressources et le bien-être de la collectivité.
  • Conséquence: inefficience.

Lors d’une faille de marché on s’éloigne d’une situation de concurrence pure et parfaite qui fait que le marché est inefficace.

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Origines du monopole et choix optimal

Les causes du monopole

La situation d'un offreur unique sur le marché, où il n'y a pas de substituts proches pour un bien ou un service, peut être due à plusieurs causes. Voici quelques-unes des causes possibles du monopole dans cette hypothèse simplificatrice :

  1. Barrières à l'entrée : Des barrières à l'entrée élevées peuvent empêcher l'entrée de nouveaux concurrents sur le marché. Ces barrières peuvent prendre différentes formes, telles que des coûts élevés de démarrage, des réglementations strictes, des brevets ou des droits de propriété intellectuelle qui limitent la concurrence, des accords exclusifs avec les fournisseurs ou les distributeurs, etc. Si les barrières à l'entrée sont élevées, il peut être difficile pour de nouveaux acteurs de pénétrer le marché et de concurrencer l'entreprise existante.
  2. Contrôle des ressources clés : Une entreprise peut acquérir un monopole en contrôlant les ressources clés nécessaires à la production d'un bien ou d'un service. Par exemple, si une entreprise détient le contrôle exclusif d'une matière première essentielle ou d'une technologie brevetée sans substitut proche, elle peut devenir le seul fournisseur sur le marché.
  3. Economies d'échelle : Lorsqu'une entreprise peut réaliser des économies d'échelle significatives, elle peut produire à des coûts beaucoup plus bas que les nouveaux entrants potentiels. Cela crée une barrière à l'entrée pour les concurrents, car ils ne peuvent pas rivaliser sur le plan des coûts avec l'entreprise existante. Les économies d'échelle peuvent résulter de la taille de l'entreprise, des investissements dans des technologies de pointe, de la distribution étendue, etc.
  4. Innovation et avantage concurrentiel : Si une entreprise est à l'origine d'une innovation technologique majeure ou possède un avantage concurrentiel unique, elle peut obtenir un monopole sur le marché. Si cette innovation ou cet avantage n'est pas facilement reproduisible ou imitable par d'autres entreprises, l'entreprise peut dominer le marché sans concurrence directe.

Dans la réalité, la plupart des marchés sont caractérisés par la présence de plusieurs acteurs et de produits substituables. Les situations de monopole absolu, où il n'y a pas de substituts proches et un offreur unique, sont relativement rares. La concurrence et les alternatives sur le marché sont généralement bénéfiques pour les consommateurs, car elles favorisent la diversité, l'innovation, la qualité et des prix compétitifs.

Les barrières à l'entrée sont en effet une cause fondamentale des monopoles, et elles peuvent être regroupées en trois types principaux, comme vous l'avez mentionné.

  1. Ressource spécifique : Lorsqu'une ressource essentielle pour la production d'un bien ou d'un service est détenue exclusivement par une seule entreprise, cela crée une barrière à l'entrée pour les concurrents potentiels. Par exemple, si une entreprise contrôle l'accès à une mine de diamants ou à une source de gaz naturel, elle peut devenir le seul fournisseur sur le marché en raison de sa domination sur la ressource.
  2. Barrières légales : Dans certains cas, l'État accorde à une entreprise le droit exclusif de produire un bien ou un service, créant ainsi une barrière légale à l'entrée pour les autres acteurs. Cela peut prendre la forme de brevets, de licences, de franchises ou de droits d'auteur. Les industries pharmaceutiques sont souvent régies par des brevets, ce qui permet à une entreprise d'avoir le monopole de la production d'un médicament pendant une période donnée.
  3. Monopole naturel : Les monopoles naturels se produisent lorsque les coûts de production sont tels qu'un seul producteur peut être plus efficace que plusieurs producteurs concurrents. Cela peut être dû à des économies d'échelle massives, où une entreprise de grande taille peut produire à des coûts beaucoup plus bas que les concurrents potentiels. Les industries de réseau, telles que les services publics, sont souvent sujettes à des monopoles naturels.

Ces types de barrières à l'entrée peuvent se combiner ou se chevaucher dans la réalité, créant ainsi des situations plus complexes. De plus, les monopoles peuvent également résulter d'autres facteurs, tels que des fusions et acquisitions qui réduisent la concurrence ou des pratiques anticoncurrentielles.

Monopole naturel

Lorsqu'une technologie est telle que les coûts moyens diminuent à mesure que l'échelle de production augmente, il peut y avoir un monopole naturel.

Dans le cas d'économies d'échelle importantes, une seule entreprise peut produire une quantité donnée de manière plus efficiente et à moindre coût que plusieurs entreprises. Cela signifie que si deux entreprises produisent chacune une quantité spécifique d'un bien ou d'un service, le coût total de production sera plus élevé que si une seule entreprise produisait la même quantité.

Reprenons votre exemple du recyclage. Si deux entreprises produisent chacune 50 tonnes de recyclage, les coûts totaux de production seront plus élevés que si une seule entreprise produisait 100 tonnes de recyclage. Cela peut être dû à des économies d'échelle liées aux investissements en capital, aux coûts fixes partagés sur une plus grande production, à l'efficacité de la gestion et à d'autres facteurs.

Dans de tels cas, il peut être inefficace et coûteux d'avoir plusieurs producteurs sur le marché. Une seule entreprise peut fournir le bien ou le service de manière plus efficace et à moindre coût, ce qui conduit à un monopole naturel.

Les monopoles naturels posent souvent des défis en matière de régulation économique, car ils peuvent limiter la concurrence et entraîner des problèmes de fixation des prix. Dans certains cas, les gouvernements peuvent choisir de réglementer les monopoles naturels pour assurer un accès équitable au bien ou au service, ou mettre en place des mécanismes de régulation des prix pour éviter les abus de pouvoir.

Entreprises en monopole monopole naturel.png

Les monopoles naturels peuvent être le résultat de plusieurs raisons liées aux coûts fixes importants et aux économies de variété. Voici quelques explications supplémentaires :

  1. Coûts fixes d'entrée ou de sortie importants : Lorsqu'il y a des coûts fixes élevés associés à l'entrée ou à la sortie d'un marché, cela crée une barrière à l'entrée pour de nouveaux concurrents. Par exemple, la construction d'infrastructures coûteuses, telle qu'un réseau de distribution étendu ou des installations de production spécialisées, peut rendre difficile pour de nouveaux acteurs de pénétrer le marché. De même, des coûts élevés liés à la sortie du marché, tels que la fermeture d'usines ou la restructuration, peuvent dissuader les entreprises existantes de quitter le marché, maintenant ainsi le monopole naturel.
  2. Économie de variété : Dans certains cas, la diversité des produits ou des services peut créer un monopole naturel. Si une entreprise est en mesure de proposer une large gamme de produits ou de services variés et personnalisés, elle peut attirer une base de clients fidèles et bénéficier d'économies d'échelle en les fournissant. Les coûts de développement de nouveaux produits, de recherche et développement, de marketing et de publicité peuvent être élevés, rendant difficile pour de nouveaux concurrents de rivaliser et de proposer une variété similaire.
  3. Avantages technologiques ou de savoir-faire : Dans certains cas, une entreprise peut détenir des avantages technologiques ou de savoir-faire qui lui confèrent une supériorité sur ses concurrents potentiels. Cela peut résulter d'investissements importants dans la recherche et le développement, d'une expertise technique spécifique ou de l'acquisition de brevets clés. Ces avantages peuvent créer un monopole naturel en rendant difficile pour d'autres acteurs d'égaler les performances ou l'innovation de l'entreprise existante.

Les monopoles naturels ne sont pas nécessairement souhaitables dans tous les cas, car ils peuvent limiter la concurrence et conduire à des prix élevés ou à une moindre qualité pour les consommateurs. C'est pourquoi les régulateurs économiques peuvent intervenir pour superviser et réglementer ces marchés afin de garantir un équilibre entre l'efficacité économique et la protection des intérêts des consommateurs.

La recette : concurrence parfaite vs monopole

Dans un marché compétitif, chaque firme est petite par rapport au marché et ne peut pas influencer les prix. Le prix est déterminé par l'interaction de l'offre et de la demande sur le marché, et les entreprises doivent accepter ce prix imposé. En revanche, dans un monopole, où il n'y a qu'un seul producteur sur le marché, le monopoleur a le pouvoir d'influencer les prix en ajustant la quantité produite. Le monopoleur peut choisir de réduire la quantité produite pour augmenter les prix, ou augmenter la quantité pour les diminuer. Le prix est donc endogène, c'est-à-dire qu'il dépend des décisions du monopoleur.

Dans le cas de la concurrence parfaite, où le prix est exogène, la recette totale (RT) est proportionnelle à la quantité produite (q). Si la quantité produite double, la recette totale double également. Mathématiquement, cela peut être exprimé par l'équation RT = p * q, où p est le prix et q est la quantité produite.

La raison pour laquelle le prix est égal au revenu moyen de production dans un marché compétitif est que les entreprises sont des preneurs de prix et doivent vendre leur produit au prix déterminé par le marché. Étant donné que chaque entreprise produit une petite part du marché, le prix ne dépend pas de la quantité vendue individuellement par chaque entreprise.

En revanche, dans un monopole, le prix est influencé par la quantité produite par le monopoleur, car il est le seul acteur sur le marché. Le monopoleur peut donc choisir de maximiser ses profits en ajustant la quantité produite et en fixant le prix correspondant.

Le prix est égal au revenu moyen de production. Les prix ne dépendent pas de la quantité vendue sur le marché. Si le prix ne dépend pas de la quantité alors la recette totale dépendra proportionnellement de la quantité produite. Dans une situation de monopole, la recette totale n'est plus proportionnelle à la quantité vendue, contrairement à ce qui se passe dans une concurrence parfaite. Dans un monopole, le prix est fonction de la quantité vendue. Pour augmenter la quantité vendue, le monopoleur doit réduire les prix, car il est le seul fournisseur sur le marché et doit inciter les consommateurs à acheter davantage. En conséquence, la recette totale augmentera à un rythme décroissant par rapport à la quantité vendue. En revanche, dans une situation de concurrence parfaite, une entreprise peut vendre avec de petites variations de quantité un bien en fonction du prix imposé par le marché. Chaque entreprise est un preneur de prix et ne peut pas influencer le prix, elle doit donc accepter le prix déterminé par l'offre et la demande sur le marché. De plus, dans la concurrence parfaite, les produits sont parfaitement substituables entre les différentes entreprises, ce qui signifie que les consommateurs considèrent les produits comme identiques ou très similaires.

Lorsqu'un monopoleur augmente la quantité produite et vendue sur le marché, cela a un effet positif sur la RT, car il y a une augmentation des ventes. Cependant, il y a également un effet négatif sur la RT en raison de la baisse du prix nécessaire pour stimuler la demande supplémentaire. Cela est dû au fait que, en tant que seul producteur sur le marché, le monopoleur fait face à une demande décroissante, ce qui signifie que pour vendre davantage, il doit réduire les prix. Ainsi, l'augmentation de la quantité a tendance à augmenter la RT, tandis que la baisse du prix a tendance à diminuer la RT. L'effet net sur la RT dépend de l'intensité relative de ces deux effets.

Cependant, en pratique, les monopoleurs sont incités à maximiser leurs profits, ce qui signifie qu'ils cherchent à augmenter la RT dans la mesure du possible. Pour exploiter cette relation, le monopoleur va évaluer l'élasticité de la demande pour son produit. S'il constate que la demande est relativement inélastique (c'est-à-dire que les consommateurs sont moins sensibles aux variations de prix), il peut augmenter le prix tout en réduisant la quantité produite, ce qui lui permet d'augmenter la RT. D'autre part, s'il constate que la demande est très élastique (les consommateurs sont très sensibles aux variations de prix), il peut réduire le prix pour augmenter la quantité vendue, compensant ainsi la baisse du prix par une augmentation significative des ventes et de la RT. En fin de compte, le monopoleur cherchera à trouver le point d'équilibre où il maximise ses profits en tenant compte de la relation entre la quantité produite, le prix du bien et la RT.

Dans un monopole, la demande du marché correspond à l'offre du monopoleur, et le monopoleur a le pouvoir de choisir n'importe quel point de la courbe de demande en ajustant la quantité produite. En réduisant la quantité produite, le monopoleur peut augmenter le prix du bien, car il y aura une offre limitée par rapport à la demande du marché. Les consommateurs qui souhaitent acquérir le bien devront payer un prix plus élevé en raison de cette rareté relative. Par conséquent, le monopoleur peut choisir de se positionner à un niveau de production plus bas sur la courbe de demande pour maximiser ses profits en tirant parti de cette relation. Inversement, en augmentant la quantité produite, le monopoleur peut réduire le prix du bien, car il y aura une offre plus abondante par rapport à la demande du marché. Cela peut être fait pour attirer davantage de consommateurs et augmenter les ventes globales. Cependant, il convient de noter que le monopoleur doit tenir compte de l'élasticité de la demande, car une demande très élastique peut signifier que la baisse des prix entraîne une augmentation proportionnellement plus importante des ventes, tandis qu'une demande inélastique peut limiter les effets de la baisse des prix sur les ventes globales. En ajustant la quantité produite, le monopoleur peut ainsi choisir délibérément un point sur la courbe de demande qui maximise ses profits. Cela lui confère un pouvoir significatif pour influencer les prix et la demande sur le marché.

Dans un marché compétitif, les firmes sont des "price takers" et font face à une courbe de demande horizontale. Cela signifie que chaque entreprise peut vendre toute quantité de produit au même prix de marché. La demande pour le produit de chaque entreprise est élastique, car les consommateurs ont de nombreuses alternatives disponibles. Par conséquent, si une entreprise souhaite augmenter ses ventes, elle doit baisser le prix pour inciter les consommateurs à choisir son produit plutôt que celui des concurrents. En revanche, dans un monopole, une seule entreprise fait face à une courbe de demande décroissante. La demande pour le produit du monopoleur est moins élastique, car il n'y a pas de substituts directs disponibles pour les consommateurs. Le monopoleur a donc la capacité d'influencer les prix en ajustant la quantité produite, comme nous l'avons discuté précédemment. Pour augmenter les ventes, le monopoleur doit généralement réduire le prix, car la demande est moins sensible aux variations de prix. En réduisant le prix, le monopoleur peut attirer davantage de consommateurs et augmenter les quantités vendues. Cependant, le monopoleur doit également prendre en compte les coûts de production associés à une augmentation de la quantité produite, car cela peut affecter les bénéfices globaux.

La recette pour le monopoleur

La recette totale (RT) d'un monopole s'obtient en multipliant le prix () du bien par la quantité () vendue. Mathématiquement, cela peut être exprimé par l'équation .

De plus, dans le contexte d'un monopole, la dérivée partielle de par rapport à () est négative. Cela signifie que le prix diminue à mesure que la quantité produite et vendue augmente. Cela reflète le fait que le monopoleur doit réduire le prix pour inciter les consommateurs à acheter davantage, étant donné la relation décroissante entre la quantité demandée et le prix dans un monopole. En d'autres termes, la pente de la courbe de demande () est négative dans un monopole. Cela indique que le monopoleur doit baisser le prix s'il souhaite augmenter la quantité vendue. Cependant, il est important de noter que la façon dont le monopoleur ajuste le prix et la quantité dépend de nombreux facteurs, tels que les coûts de production, l'élasticité de la demande, les objectifs de profit, etc.

La recette moyenne (RM) dans un monopole, tout comme en concurrence parfaite, est donnée par le prix du bien. Mathématiquement, cela peut être exprimé par l'équation :

La recette moyenne correspond donc au prix du bien dans un monopole, car le revenu total divisé par la quantité vendue est égal au prix. Cela contraste avec le concept de recette marginale (RMg), qui est spécifique aux monopoles. La recette marginale représente le revenu supplémentaire généré par la vente d'une unité supplémentaire du bien. Dans un monopole, la recette marginale est inférieure à la recette moyenne, car pour augmenter les ventes, le monopoleur doit réduire le prix, ce qui entraîne une diminution de la recette moyenne.

La recette marginale (RMg) est donnée par l'incrément de recette associé à la vente d'une unité supplémentaire du bien, ce qui entraîne généralement une baisse du prix.

Mathématiquement, la recette marginale peut être exprimée comme suit :

Cela signifie que la recette marginale est égale au prix () du bien plus la dérivée partielle de par rapport à () multipliée par la quantité vendue ().

La recette marginale dans un monopole est donc généralement inférieure au prix du bien, car la dérivée partielle de par rapport à est négative dans un monopole. Cela indique que pour vendre une unité supplémentaire du bien, le monopoleur doit baisser le prix, ce qui entraîne une diminution de la recette marginale par rapport au prix. La recette marginale joue un rôle crucial dans la maximisation des profits du monopoleur. Pour maximiser les profits, le monopoleur doit ajuster la quantité produite et vendue jusqu'à ce que la recette marginale soit égale au coût marginal, ce qui équilibre les gains supplémentaires et les coûts supplémentaires associés à la production d'une unité supplémentaire.

Dans un monopole, la dérivée partielle de p par rapport à q (dP/dq) est négative, ce qui signifie que le prix diminue à mesure que la quantité produite et vendue augmente. Par conséquent, la recette marginale dans un monopole est toujours inférieure au prix du bien. Mathématiquement, cela peut être exprimé comme suit :

Puisque , le deuxième terme dans l'équation est négatif. Par conséquent, la recette marginale est toujours inférieure au prix du bien dans un monopole. Cela contraste avec la concurrence parfaite, où la recette marginale est égale au prix, car dans la concurrence parfaite, les entreprises sont des preneurs de prix et le prix est constant indépendamment de la quantité vendue.

L'interprétation de la recette marginale est la suivante :

Lorsqu'une unité supplémentaire du bien est vendue, cela entraîne une augmentation de la recette totale (RT) du montant du prix du bien. Cependant, en même temps, la recette totale est affectée par la baisse du prix du bien, qui est causée par cette unité supplémentaire vendue. Cette baisse du prix a un effet sur toutes les unités vendues précédemment, appelées les unités infra-marginales. En conséquence, la recette de chaque unité infra-marginale diminue également en raison de la baisse du prix. La baisse du prix est multipliée par le nombre d'unités infra-marginales pour calculer l'impact total sur la recette totale. Ainsi, la recette marginale montre à la fois l'effet positif de l'unité supplémentaire vendue sur la recette totale (égal au prix du bien) et l'effet négatif de la baisse du prix sur les unités infra-marginales.

Cette interprétation souligne l'importance de la recette marginale dans la prise de décision du monopoleur. Pour maximiser les profits, le monopoleur devrait augmenter la production tant que la recette marginale est supérieure au coût marginal. Cependant, il est également important de noter que la baisse du prix causée par l'augmentation de la production peut réduire la recette marginale et, par conséquent, le monopoleur doit évaluer attentivement les coûts et les bénéfices associés à chaque unité supplémentaire vendue.

Fonction de demande: concurrence parfaite vs monopole

La fonction de demande dans un marché de concurrence parfaite diffère de celle dans un monopole en raison de la nature des structures de marché.

Dans un marché de concurrence parfaite, chaque entreprise est un preneur de prix, ce qui signifie qu'elle doit accepter le prix déterminé par l'interaction de l'offre et de la demande sur le marché. La courbe de demande pour une entreprise individuelle dans un marché de concurrence parfaite est donc parfaitement élastique ou horizontale. Cela signifie que la demande pour le produit de l'entreprise est constante à un certain niveau de prix, et l'entreprise peut vendre n'importe quelle quantité au prix de marché donné.

En revanche, dans un monopole, il n'y a qu'une seule entreprise sur le marché, ce qui lui confère un pouvoir de marché significatif. La courbe de demande pour le monopoleur est donc généralement décroissante, ce qui signifie que la demande diminue à mesure que le prix augmente. Cette courbe de demande descendante reflète le fait que le monopoleur est le seul fournisseur du produit et qu'il peut influencer les prix en ajustant la quantité produite. Le monopoleur peut choisir de vendre moins de produits à un prix plus élevé ou d'augmenter la quantité vendue à un prix plus bas.

Fonction de demande concurrence parfaite vs monopole.png

En résumé, dans un marché de concurrence parfaite, la courbe de demande est horizontale et l'entreprise est un preneur de prix, tandis que dans un monopole, la courbe de demande est décroissante et le monopoleur a un certain pouvoir de marché pour influencer les prix.

Recettes d'un monopole: un exemple numérique

Recettes d'un monopole un exemple numérique.png

Recette marginale (Rm) et courbe de demande d'un monopole

La recette marginale (Rm) dans un monopole est étroitement liée à la courbe de demande du monopoleur. La courbe de demande d'un monopole est décroissante, ce qui signifie que la demande diminue à mesure que le prix augmente.

La recette marginale représente l'incrément de recette généré par la vente d'une unité supplémentaire du bien. Dans un monopole, lorsque le monopoleur vend une unité supplémentaire, cela a un impact sur deux éléments : le prix du bien et la quantité vendue. Puisque le monopoleur est le seul fournisseur sur le marché, pour vendre une unité supplémentaire, il doit réduire le prix afin de stimuler la demande. Cette réduction du prix affecte également les unités déjà vendues, car le monopoleur doit appliquer le même prix réduit à toutes les unités vendues. En conséquence, la recette marginale dans un monopole est inférieure au prix du bien. Cela est dû à deux facteurs : la réduction du prix nécessaire pour vendre une unité supplémentaire et la diminution de la recette des unités déjà vendues en raison de la baisse du prix.

Graphiquement, la courbe de demande d'un monopole est située en dessous de sa courbe de recette marginale. La courbe de recette marginale est en pente plus raide que la courbe de demande. Cela signifie que la recette marginale diminue plus rapidement que la demande à mesure que la quantité vendue augmente. En résumé, dans un monopole, la recette marginale est inférieure au prix du bien en raison de la relation entre la quantité vendue, le prix et la courbe de demande décroissante.

Si l'on suppose une fonction de demande linéaire dans un monopole de la forme , où a représente l'ordonnée à l'origine et b représente la pente de la courbe de demande inverse, alors la recette marginale (Rm) aura la même forme que la fonction de demande inverse, mais avec une pente deux fois plus raide.

Mathématiquement, cela peut être exprimé par l'équation .

La recette marginale représente le changement de recette résultant de la vente d'une unité supplémentaire du bien. Dans le cas d'une fonction de demande linéaire, la pente de la recette marginale est deux fois plus raide que la pente de la courbe de demande inverse. Cela signifie que pour chaque unité supplémentaire vendue, la recette marginale diminue plus rapidement que le prix du bien.

Cela peut être illustré graphiquement en traçant la courbe de demande inverse et la recette marginale. La recette marginale aura une pente deux fois plus raide que la courbe de demande inverse. Il est important de noter que cette relation dépend de l'hypothèse d'une fonction de demande linéaire. Dans des situations réelles, les fonctions de demande peuvent avoir des formes différentes et la relation entre la recette marginale et la demande peut varier en conséquence.

Rm et courbe de demande d'un monopole.png

Maximisation du profit

La maximisation du profit pour une entreprise en situation de monopole implique d'égaliser la recette marginale (Rm) au coût marginal (Cm). Cela se fait en choisissant une quantité d'équilibre où le coût marginal est inférieur à la recette marginale. La recette marginale représente l'incrément de recette généré par la vente d'une unité supplémentaire du bien, et le coût marginal représente le coût additionnel associé à la production d'une unité supplémentaire. En égalisant ces deux valeurs, l'entreprise en situation de monopole atteint un point où l'augmentation des recettes provenant de la vente d'une unité supplémentaire est équilibrée par le coût additionnel engendré par cette production supplémentaire.

Dans le cas d'une entreprise de monopole, la recette marginale est inférieure au prix du bien. Par conséquent, pour maximiser les profits, l'entreprise choisira une quantité d'équilibre où le coût marginal est inférieur au prix du bien. Cela signifie que l'entreprise vendra une quantité pour laquelle le coût marginal est inférieur à la valeur que les consommateurs sont prêts à payer (représentée par le prix). En d'autres termes, l'entreprise de monopole choisira une quantité de production qui, à la marge, coûte moins que le prix que les consommateurs sont prêts à payer. Cela lui permet de générer un profit supplémentaire grâce à la différence entre le prix et le coût marginal.

La maximisation du profit pour une entreprise, qu'elle soit en situation de monopole ou en concurrence parfaite, implique de maximiser la différence entre la recette totale (RT) et le coût total (CT).

Mathématiquement, cela peut être exprimé comme suit :

représente le profit, est la quantité produite, est la recette totale à cette quantité et est le coût total associé à cette quantité.

Dans un monopole, la recette totale est donnée par , où est la fonction de demande inverse et est la quantité vendue. Le coût total, quant à lui, est la somme des coûts fixes (CF) et des coûts variables (CV) : .

La maximisation du profit consiste alors à trouver la quantité qui maximise l'équation . Cela peut être réalisé en égalisant la recette marginale (Rm) au coût marginal (Cm) : .

En égalisant la recette marginale et le coût marginal, le monopoleur trouve la quantité d'équilibre qui maximise son profit. Cependant, comme mentionné précédemment, en situation de monopole, la recette marginale est inférieure au prix, ce qui signifie que le monopoleur choisira une quantité où le coût marginal est inférieur au prix pour maximiser ses profits.

La condition de premier ordre (CPO) pour la maximisation du profit dans un monopole est donnée par l'égalité entre la recette marginale (Rm) et le coût marginal (Cm) à la quantité d'équilibre (), avec l'ajout que la recette marginale est inférieure au prix du monopole (p_M).

Mathématiquement, cela peut être exprimé comme suit :

La CPO indique que pour maximiser le profit, la recette marginale doit être égale au coût marginal à la quantité d'équilibre. Cela garantit que le monopoleur n'augmente pas sa production au-delà du point où le coût marginal devient supérieur à la recette marginale, car cela entraînerait une diminution du profit. De plus, la recette marginale doit également être inférieure au prix du monopole, car le monopoleur fixe le prix et cherche à maximiser son profit en vendant la quantité d'équilibre à un prix plus élevé que le coût marginal.

En respectant la CPO, le monopoleur trouve le point où il maximise son profit compte tenu de la relation entre la recette marginale, le coût marginal et le prix. Cela permet d'établir une quantité d'équilibre et un prix qui génèrent le plus grand profit pour le monopoleur, tout en prenant en compte les coûts de production.

Il est important de souligner que la CPO est une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour la maximisation du profit. D'autres considérations, telles que les contraintes de capacité, les réglementations ou les objectifs stratégiques, peuvent également influencer les décisions de production et de prix du monopoleur.

Dans un monopole, le prix est fixé par le producteur. Contrairement à la situation de concurrence parfaite, où les entreprises sont des "preneurs de prix" et doivent accepter le prix déterminé par le marché, dans un monopole, le monopoleur a le pouvoir de fixer le prix de son bien ou service. Le monopoleur peut déterminer le prix en se basant sur la courbe de demande du marché. Étant donné qu'il est le seul fournisseur sur le marché, il peut choisir le niveau de prix qui maximise son profit compte tenu de la relation entre la demande et le coût de production. Cela donne au monopoleur un pouvoir de marché significatif, lui permettant de fixer des prix plus élevés par rapport à une situation de concurrence parfaite, où les prix sont déterminés par les forces du marché. Il est important de noter que cette capacité à fixer les prix peut entraîner des conséquences économiques et sociales, telles qu'une allocation inefficace des ressources et des prix plus élevés pour les consommateurs. C'est pourquoi les monopoles sont souvent réglementés ou surveillés afin d'éviter les abus de pouvoir et de promouvoir la concurrence dans l'intérêt du bien-être économique global.

Dans un monopole, le prix fixé par le monopoleur est généralement supérieur au coût marginal à la quantité d'équilibre (), ce qui indique l'existence d'un pouvoir de marché. Le pouvoir de marché fait référence à la capacité d'une entreprise ou d'un monopoleur d'influencer les prix sur le marché en raison de son pouvoir de fixer les quantités produites et vendues. Dans un monopole, le monopoleur étant le seul fournisseur, il peut exercer un pouvoir de marché en fixant un prix supérieur à son coût marginal, ce qui lui permet de générer des profits supplémentaires.

Lorsque le prix est supérieur au coût marginal, cela signifie que le monopoleur peut vendre chaque unité supplémentaire à un prix plus élevé que le coût supplémentaire de production. Cela lui permet de réaliser des bénéfices supplémentaires, ce qui constitue une source de pouvoir économique. Cependant, il est important de noter que le pouvoir de marché peut être réglementé ou limité par des politiques antitrust et des réglementations gouvernementales afin de protéger l'intérêt des consommateurs et de promouvoir la concurrence. Lorsque le pouvoir de marché est exercé de manière abusive, cela peut entraîner des distorsions sur le marché et nuire à l'efficacité économique.

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Il est généralement intuitif de comprendre que le monopoleur aura tendance à se positionner dans la section élastique de la fonction de demande. Dans cette section, une baisse de prix pour vendre une unité supplémentaire entraîne une augmentation significative de la quantité demandée, ce qui peut compenser la réduction de prix et générer une augmentation de la recette totale.

Dans la section élastique de la demande, la demande est plus sensible aux variations de prix, ce qui signifie que les consommateurs réagissent davantage à une baisse de prix en augmentant la quantité demandée. Par conséquent, le monopoleur peut tirer parti de cette élasticité de la demande pour augmenter ses ventes en réduisant légèrement le prix. D'autre part, dans la section inélastique de la demande, une baisse de prix entraînerait une augmentation moins importante de la quantité demandée, ce qui pourrait ne pas compenser la réduction de prix en termes de recette totale. Dans cette section, la demande est moins sensible aux variations de prix, et le monopoleur pourrait donc préférer maintenir des prix plus élevés pour maximiser sa recette totale.

Cependant, il est important de noter que le choix du monopoleur dépend également d'autres facteurs tels que les coûts de production, les objectifs de profit et les contraintes du marché. La forme spécifique de la fonction de demande, ainsi que d'autres considérations économiques et stratégiques, peuvent également influencer les décisions du monopoleur quant à la quantité et au prix optimaux à choisir.

Le profit total

Le profit total d'un monopole se calcule en multipliant le profit unitaire par la quantité optimale. Mathématiquement, cela peut être exprimé comme suit :

représente le profit total du monopole, est le prix fixé par le monopoleur, est le coût marginal à la quantité d'équilibre, et est la quantité d'équilibre choisie par le monopoleur.

Le terme correspond au profit unitaire, c'est-à-dire la différence entre le prix du bien et le coût marginal associé à la production d'une unité supplémentaire. Ce terme représente donc le bénéfice réalisé par le monopoleur pour chaque unité vendue.

En multipliant le profit unitaire par la quantité d'équilibre, on obtient le profit total réalisé par le monopoleur. Cette expression permet de quantifier le montant total de profit généré par le monopole, en tenant compte à la fois du prix fixé, du coût marginal et de la quantité de biens vendus.

Cette formule pour le profit total du monopole est basée sur les hypothèses simplificatrices d'une fonction de demande linéaire et de coûts marginaux constants. Dans des situations réelles, les fonctions de demande et les coûts peuvent varier, ce qui nécessite une analyse plus approfondie pour évaluer le profit total du monopole.

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Exemple : l'industrie pharmaceutique

Les brevets sont des accords légaux entre les inventeurs et le gouvernement qui accordent des droits exclusifs sur une invention pendant une période donnée. Ils sont conçus pour encourager l'innovation en offrant aux inventeurs une protection temporaire sur leurs créations, ce qui leur permet de tirer profit de leurs investissements en recherche et développement.

Les brevets jouent un rôle important dans la promotion de l'innovation en offrant aux inventeurs une incitation économique à développer de nouvelles technologies et inventions. En leur accordant des droits exclusifs, les brevets leur permettent de recouvrer leurs coûts de développement et de réaliser des bénéfices supplémentaires. Cela peut encourager les entreprises à investir davantage dans la recherche et le développement, ce qui peut conduire à des avancées technologiques et à des innovations bénéfiques pour la société.

Cependant, les brevets peuvent également créer des obstacles à la concurrence en maintenant les prix à un niveau élevé. Étant donné que les brevets accordent des droits exclusifs, les autres producteurs ne peuvent pas fabriquer ou commercialiser la même invention pendant la durée du brevet. Cela limite la concurrence sur le marché, ce qui peut entraîner des prix plus élevés pour les consommateurs.

Il est important de trouver un équilibre entre la protection des droits des inventeurs et la promotion de la concurrence et de l'accessibilité des produits. Les réglementations en matière de brevets visent souvent à déterminer la durée appropriée des brevets et à encourager les licences et les accords de partage des connaissances pour favoriser l'innovation tout en limitant les effets négatifs sur la concurrence.

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Le monopole naturel

Le monopole naturel se produit lorsque les coûts fixes sont élevés par rapport aux coûts marginaux, ce qui signifie que l'entreprise peut produire à grande échelle à un coût marginal relativement faible. Dans les industries caractérisées par un monopole naturel, il y a souvent des économies d'échelle importantes. Cela signifie que les coûts de production par unité diminuent à mesure que la quantité produite augmente. Ces économies d'échelle peuvent résulter de divers facteurs, tels que des investissements importants dans des infrastructures coûteuses, des économies de distribution ou des coûts de recherche et développement. En raison de ces économies d'échelle, une seule entreprise est souvent en mesure de produire de manière plus efficace et à moindre coût que plusieurs petites entreprises concurrentes. Cela crée un monopole naturel, où il est plus efficace et économique d'avoir un seul producteur sur le marché. Les industries de services publics, comme l'électricité, le gaz naturel et l'eau, sont souvent des exemples de monopoles naturels. Ces secteurs nécessitent des investissements importants dans des infrastructures, tels que des réseaux de distribution, qui rendent difficile pour de nouvelles entreprises d'entrer sur le marché en raison des coûts élevés associés à la construction d'infrastructures similaires.

Dans le cas d'un monopole naturel, le coût total moyen (CTM) est décroissant à mesure que la quantité produite augmente en raison des économies d'échelle. Cependant, le coût total moyen reste généralement supérieur au coût marginal (CM). Cela signifie que, même si le coût moyen diminue à mesure que la quantité produite augmente, le coût marginal reste inférieur au coût moyen. Le coût marginal représente le coût supplémentaire engendré par la production d'une unité supplémentaire, tandis que le coût moyen représente le coût moyen par unité produite. La différence entre le coût marginal et le coût moyen est principalement due aux économies d'échelle. À mesure que la production augmente, les entreprises peuvent bénéficier de coûts fixes répartis sur une plus grande quantité de produits, ce qui réduit le coût moyen. Cependant, le coût marginal peut rester relativement faible, car il ne tient compte que des coûts supplémentaires associés à la production d'une unité supplémentaire, sans tenir compte des coûts fixes déjà engagés. Cela signifie que, dans un monopole naturel, il est plus économique de produire à grande échelle plutôt que de diviser la production entre plusieurs entreprises. La présence de coûts fixes importants rend difficile pour de nouvelles entreprises d'entrer sur le marché et de concurrencer efficacement le monopoleur, ce qui conduit souvent à une situation de monopole naturel.

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Inefficience du monopole

Le coût en bien-être du monopole

Du point de vue des consommateurs, un monopole peut avoir un coût en termes de bien-être. En fixant des prix supérieurs au coût marginal, le monopole peut limiter l'accès des consommateurs à des biens ou services à des prix abordables. Cela peut réduire leur pouvoir d'achat, limiter leurs choix et affecter leur bien-être économique. En situation de concurrence parfaite, les entreprises sont incitées à offrir des prix bas pour attirer les consommateurs. Cela conduit à une allocation plus efficace des ressources et à des prix plus proches du coût marginal, ce qui profite aux consommateurs. Cependant, du point de vue du producteur, le monopole peut être perçu comme une situation désirable. En ayant un contrôle exclusif sur le marché, le monopoleur peut fixer des prix plus élevés, ce qui lui permet de réaliser des bénéfices plus importants. Le monopole peut également donner au producteur un pouvoir de marché, lui permettant de bénéficier de rentes économiques.

Le surplus du consommateur représente la différence entre la volonté de payer d'un consommateur pour un bien ou service et le prix réellement payé. Cela mesure le bénéfice ou le gain que les consommateurs retirent de l'achat du bien ou service à un prix inférieur à leur volonté de payer. Le surplus du producteur, quant à lui, correspond à la différence entre le montant que le producteur reçoit pour la vente du bien et ses coûts de production. Cela représente le bénéfice ou le gain réalisé par le producteur. Dans une situation de monopole, le monopoleur a le pouvoir de fixer les prix et de restreindre l'offre sur le marché. Cela lui permet de capturer une partie du surplus total, c'est-à-dire la somme du surplus du consommateur et du surplus du producteur. Le monopoleur cherche généralement à maximiser son propre bénéfice en cherchant à maximiser ce surplus. Cependant, il est important de noter que la situation de monopole peut entraîner une allocation inefficace des ressources et ne pas maximiser le bien-être économique total. En raison de l'absence de concurrence, la quantité produite peut être inférieure à ce qui serait produite en situation de concurrence parfaite. Cela peut entraîner une perte de bien-être économique pour la société dans son ensemble.

Les consommateurs peuvent percevoir le prix élevé pratiqué par le monopoleur comme indésirable, car cela réduit leur surplus du consommateur. En revanche, du point de vue des propriétaires de la firme, le monopole peut être perçu comme très désirable, car cela leur permet de réaliser des profits plus importants en capturant une partie du surplus total.

La régulation des monopoles vise précisément à trouver cet équilibre entre la protection des intérêts des consommateurs et la stimulation de l'innovation et de l'investissement.

L'objectif de la régulation est de minimiser les inefficiences associées au monopole, telles que les prix élevés et la quantité produite insuffisante, tout en préservant les incitations à l'innovation et à l'investissement des entreprises. La régulation peut prendre différentes formes selon le secteur et les spécificités du monopole concerné.

Parmi les approches réglementaires possibles, on retrouve :

  1. La réglementation des prix : Les autorités de régulation peuvent fixer des limites aux prix que le monopoleur peut facturer pour éviter des pratiques tarifaires abusives ou excessives. Cela permet de protéger les consommateurs contre des prix injustifiés tout en assurant la viabilité financière du monopoleur.
  2. La régulation de la quantité produite : Les autorités de régulation peuvent également imposer des contraintes sur la quantité de biens ou services que le monopoleur est autorisé à produire afin d'éviter une offre insuffisante pour répondre à la demande. Cela permet de s'assurer que les consommateurs ont accès à des biens ou services essentiels.
  3. Les obligations de service public : Dans certains cas, les monopoles peuvent être tenus de remplir des obligations de service public pour garantir l'accès équitable aux biens ou services qu'ils fournissent. Cela peut inclure des normes de qualité, des niveaux de service minimums ou des exigences d'accès pour les populations mal desservies.
  4. Les licences et les accords de partage des infrastructures : Pour favoriser la concurrence, les autorités de régulation peuvent imposer des conditions pour l'octroi de licences ou encourager les monopoles à partager leurs infrastructures avec d'autres entreprises. Cela permet d'encourager l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché et de stimuler la concurrence.

L'objectif ultime de la régulation des monopoles est de promouvoir le bien-être économique global en minimisant les inefficiences et en veillant à ce que les consommateurs aient accès à des biens ou services de qualité à des prix raisonnables. Cela nécessite une évaluation et une surveillance continues pour s'assurer que les réglementations sont adaptées et efficaces.

Cet écart conduit à une quantité vendue inférieure à l'optimum social, ce qui signifie que la quantité produite et vendue par le monopole est inférieure à ce qui serait bénéfique pour la société dans son ensemble. L'optimum social, dans le contexte de la concurrence parfaite, est atteint lorsque la quantité produite est telle que la volonté de payer des consommateurs est égalée au coût marginal de production. Cela permet d'optimiser le bien-être économique total en maximisant la satisfaction des consommateurs et en minimisant les coûts de production. Cependant, en situation de monopole, le monopoleur cherche à maximiser son propre profit plutôt que de répondre à l'optimum social. En fixant des prix plus élevés et en limitant la quantité produite, le monopoleur peut générer des profits plus importants, mais cela se fait au détriment de l'efficacité économique et du bien-être des consommateurs. L'écart entre la volonté de payer des consommateurs et le coût de production dans un monopole conduit à une perte de bien-être économique. Les consommateurs sont disposés à payer davantage pour les biens ou services, mais le monopole restreint l'offre et fixe des prix plus élevés, ce qui limite leur accès et leur satisfaction. C'est pourquoi la régulation des monopoles vise à atténuer ces inefficiences en fixant des limites aux prix ou en imposant des obligations de service public pour garantir un accès équitable aux biens ou services. L'objectif est de minimiser l'écart entre la volonté de payer des consommateurs et le coût de production, et de se rapprocher de l'optimum social dans la mesure du possible.

La perte sèche causée par un monopole peut être similaire à celle causée par un impôt indirect, bien que dans le cas du monopole, aucune recette n'est perçue par le gouvernement. La perte sèche est une mesure de l'inefficacité économique qui se produit lorsque la quantité échangée dans un marché est inférieure à l'optimum social. Dans le cas d'un monopole, le pouvoir de marché du monopoleur lui permet de fixer des prix plus élevés et de limiter la quantité produite, ce qui entraîne une perte sèche. La perte sèche dans un monopole est similaire à celle d'un impôt indirect en ce sens qu'elle représente une perte d'efficacité économique. L'impôt indirect peut entraîner une hausse des prix et une réduction de la quantité échangée sur le marché, ce qui conduit également à une perte sèche. Cependant, dans le cas de l'impôt, une partie des revenus de l'impôt est perçue par le gouvernement, tandis que dans le cas du monopole, le surplus est capturé par le monopoleur. La perte sèche dans les deux cas est due à une allocation inefficace des ressources. Dans le cas du monopole, la quantité produite est inférieure à l'optimum social, ce qui signifie que les consommateurs auraient été disposés à payer davantage pour une plus grande quantité. Dans le cas de l'impôt, la quantité produite est également réduite en raison de l'augmentation des coûts pour les producteurs et de la diminution de la demande des consommateurs.

Inefficience : perte de surplus du consommateur (SC)

L'inefficience économique associée au monopole se traduit par une perte de surplus du consommateur (SC). Le surplus du consommateur représente la différence entre la volonté de payer des consommateurs pour un bien ou service et le prix effectivement payé. C'est une mesure de la satisfaction ou de l'utilité que les consommateurs retirent de leur achat.

Dans le cas du monopole, le monopoleur a le pouvoir de fixer les prix, ce qui lui permet de pratiquer des prix supérieurs au coût marginal. Cela crée un écart entre la volonté de payer des consommateurs et le prix réellement payé. Par conséquent, le surplus du consommateur est réduit en raison du prix élevé imposé par le monopoleur. La perte de surplus du consommateur est une mesure de l'inefficacité économique car elle représente la valeur que les consommateurs auraient été prêts à payer en plus pour obtenir une plus grande quantité du bien ou service. En raison du pouvoir de marché du monopoleur, la quantité produite et vendue est inférieure à l'optimum social, ce qui signifie que les consommateurs doivent se contenter de moins de biens ou services que ce qu'ils seraient prêts à payer. Cette perte de surplus du consommateur est une source d'inefficience car elle indique que les ressources ne sont pas allouées de manière optimale pour maximiser la satisfaction des consommateurs. Le monopoleur exploite son pouvoir de marché en fixant des prix plus élevés et en réduisant la quantité offerte, ce qui diminue le bien-être économique global.

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La régulation des monopoles vise à atténuer cette inefficience en limitant les pratiques anticoncurrentielles, en fixant des limites aux prix ou en promouvant la concurrence dans le secteur. L'objectif est de protéger les intérêts des consommateurs en veillant à ce qu'ils aient accès à des biens ou services de qualité à des prix raisonnables, tout en préservant les incitations à l'innovation et à l'investissement des entreprises.

Inefficience : gain de surplus du producteur (SP)

l'inefficience économique du monopole se traduit par une perte de surplus total, qui est la somme du surplus du consommateur (SC) et du surplus du producteur (SP). Le surplus du producteur représente la différence entre le prix de vente du bien ou service et les coûts de production encourus par le monopoleur.

Dans le cas du monopole, le monopoleur a le pouvoir de fixer les prix, ce qui lui permet de pratiquer des prix supérieurs au coût marginal. Cela se traduit par un surplus du producteur plus élevé, car le monopoleur peut réaliser des bénéfices plus importants en capturant une partie du surplus du consommateur. Cependant, l'inefficience économique du monopole réside dans la perte de surplus du consommateur (SC), qui est plus importante que le gain de surplus du producteur (SP). En d'autres termes, la perte subie par les consommateurs en raison du prix élevé imposé par le monopoleur dépasse les bénéfices réalisés par le monopoleur grâce à ses pratiques tarifaires.

Cette perte de surplus total est une mesure de l'inefficience économique, car elle indique que les ressources ne sont pas allouées de manière optimale pour maximiser le bien-être économique global. Les consommateurs paient un prix plus élevé et ont accès à une quantité moindre de biens ou services, ce qui diminue leur satisfaction et leur bien-être économique.

Monopole Inefficience gain de SP.png

Dans le cadre de la régulation des monopoles, l'objectif est de minimiser cette inefficience en cherchant à réduire l'écart entre le prix imposé par le monopoleur et le coût marginal, tout en préservant les incitations à l'innovation et à l'investissement des entreprises. Il est important de trouver un équilibre entre la protection des intérêts des consommateurs et la stimulation de l'efficacité économique dans la gestion des monopoles.

Inefficience : perte nette

L'inefficience économique du monopole se traduit par une perte nette, qui représente la somme de la perte de surplus du consommateur et de la perte de surplus du producteur.

La perte nette, également appelée perte d'efficacité, est une mesure de l'inefficience économique qui se produit en raison du pouvoir de marché exercé par le monopoleur. En fixant des prix supérieurs au coût marginal, le monopoleur limite la quantité produite et vendue, ce qui réduit le bien-être économique global.

La perte de surplus du consommateur est causée par le fait que les consommateurs doivent payer un prix plus élevé que leur volonté de payer pour le bien ou le service. Cela réduit leur satisfaction et leur bénéfice économique. La perte de surplus du producteur est due à la restriction de la quantité produite et vendue par le monopoleur. Bien que le monopoleur puisse réaliser des bénéfices plus importants par unité vendue, la quantité globale produite est inférieure à ce qui serait bénéfique pour la société.

La perte nette est la somme de ces deux pertes, et elle représente l'inefficience économique résultant du pouvoir de marché exercé par le monopoleur. Elle indique que les ressources ne sont pas allouées de manière optimale et que le bien-être économique global est réduit par rapport à une situation de concurrence parfaite.

Monopole Inefficience perte nette.png

La régulation des monopoles vise à atténuer cette inefficience en introduisant des mesures visant à promouvoir la concurrence, à limiter les pratiques anticoncurrentielles et à protéger les intérêts des consommateurs. L'objectif est de trouver un équilibre entre la stimulation de l'innovation et de l'investissement des entreprises et la préservation de l'efficacité économique pour maximiser le bien-être de la société dans son ensemble.

Politiques publiques et monopole

Solutions possibles

Les décideurs politiques peuvent réagir au problème posé par un monopole de quatre façons :

  • En essayant de rendre les industries monopolistiques plus concurrentielles (cf. page suivante).
  • En réglementant le comportement des monopoles (cf. plus bas).
  • En transformant certains monopoles privés en entreprises publiques.
  • En ne faisant rien du tout.

Accroître la concurrence

L’État peut promouvoir la concurrence en utilisant les lois antitrust de plusieurs manières :

  • L’État peut empêcher les fusions.
  • L’État peut démanteler des entreprises ou punir l'abus de positions dominantes (Netscape vs Microsoft).
  • L'État peut réduire la durée des patentes ou des brevets.
  • Les lois antitrust peuvent empêcher les entreprises de coordonner leurs activités de manière à rendre les marchés moins concurrentiels.

Les politiques de la concurrence sont connues aux États-Unis sous le nom de lois antitrust :

  • Le Sherman Act (1890) réduit le pouvoir de marché des groupes industriels qui dominent l’économie.
  • Le Clayton Act (1914) renforce les pouvoirs du gouvernement et autorise les procès civils.
  • Le Traité de Rome (Art. 82) en Europe (1957).
  • La nouvelle Lcart (Loi sur les cartels) en Suisse (1996).

Réglementer le comportement des monopoles

L’État peut réglementer le prix fixé par le monopole: l’allocation des ressources est efficace si le prix est tel qu’il est égal au coût marginal.

Cependant, il n’est pas toujours aisé pour le régulateur de connaître et fixer le prix idéal. De plus, en monopole, fixer un prix égal au coût marginal n’est pas forcement viable pour l’entreprise.

Forcer le résultat "idéal" de concurrence parfaite en imposant au monopoleur le prix de la concurrence parfaite comme plafond, implique automatiquement une recette marginale constante pour le monopoleur, de sorte qu’il n’a plus intérêt à limiter sa production.

Problème pratique : le prix de concurrence parfaite n’est pas observé en monopole. L’État peut se tromper et fixer un prix qui est plus haut ou plus bas.

Selon le niveau du prix choisi, le gain de bien-être sera moindre par rapport à la concurrence parfaite (ou même pire).

Prix plafond

Monopole prix plafond.png

Réglementation dans le cas de monopole naturel

Si on force un monopole naturel à pratiquer un prix égal au coût marginal (concurrence parfaite), l’entreprise fera des pertes !

Rappel: en monopole naturel, le coût marginal est toujours inférieur au coût moyen de sorte que le prix-plafond sera aussi nécessairement inférieur au coût moyen => la recette totale est inférieure au coût total => perte.

Réglementation dans le cas de monopole naturel 1.png

Monopole naturel : subventions

Dans ce cas, une solution de pis-aller consiste à subventionner (!) l’entreprise qui fait des pertes.

Le montant de la subvention est alors : de sorte que l’entreprise ne fait ni profit ni perte, étant la quantité qui correspond à la condition de concurrence parfaite .

Inconvénient : la subvention nécessite une ponction fiscale ailleurs dans l’économie...

Difficile de dire, sans une analyse d’équilibre général, si cette solution est avantageuse par rapport au statu quo (principe du second best).

Monopole naturel: tarification au CM

Une autre solution consiste à appliquer une tarification au coût moyen.

Aucune ponction fiscale n’est nécessaire, car l’entreprise est autonome (profit nul).

En revanche, l’idéal de concurrence parfaite () n’est pas atteint avec une perte d’efficience malgré tout par rapport à l’idéal de concurrence parfaite...

Cette perte d’efficience est toutefois moindre par rapport à la situation de monopole, et reste donc une amélioration possible.

Monopole naturel tarification au CM.png

Monopole naturel : autres options

La propriété publique : au lieu de réglementer le monopole naturel d’une firme privée, l’État peut administrer le monopole lui-même en nationalisant le service en question (et en internalisant les pertes). Problème potentiel: les entreprises en monopole pourraient être utilisées pour des raisons électorales et non pas pour des raisons d’efficience productive.

Ne rien faire : l’État peut considérer que la gestion publique d’une entreprise est sujette à des rigidités et lourdeurs administratives telles qu’il est préférable de ne pas nationaliser l’entreprise (les failles de marché sont plus petites que les failles du gouvernement)... mais... est-ce vraiment une solution ?

La discrimination par les prix

La discrimination par les prix est une pratique qui consiste à vendre le même bien à des prix différents à différents consommateurs.

La discrimination par les prix est impossible lorsqu’un bien est vendu sur un marché concurrentiel parce que de nombreuses firmes vendent le même bien au prix de marché, mais devient une pratique possible si le producteur est tout seul sur le marché (pour pouvoir pratiquer la discrimination par les prix, la firme doit avoir un certain pouvoir de marché).

Exemples de discrimination par les prix :

  • Les tickets de cinéma ;
  • Les prix des billets d’avion ;
  • Les bons de réduction ;
  • Les remises sur les quantités achetées.

La discrimination parfaite par les prix est possible dès lors que le monopole est capable de connaître exactement la volonté de payer de chaque consommateur et qu’il peut leur faire payer à tous un prix différent.

Bien-être et discrimination par les prix

Deux effets importants de la discrimination par les prix :

  • elle augmente le profit du monopole (le SC est tout transféré au producteur).
  • elle réduit (ou élimine dans le cas de la discrimination parfaite) la perte sèche.
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Quelques considérations d'équité

Avec la discrimination parfaite par les prix il n’y a plus de perte sèche/sociale mais il n’y a pas non plus de surplus pour le consommateur → considérations d'équité sociale : à priori, pourquoi mettre plus de poids sur le bien-être des consommateurs que sur celui des producteurs? (Pensez par exemple au pécheur d’huitre et son consommateur.)

La discrimination par les prix peut être une bonne chose du point de vue social également (pas tout ce qui a l’air mauvais est nécessairement mauvais): les consommateurs qui auraient été exclus du marché sans discrimination (ceux qui sont entre la quantité du monopoleur sans discrimination et la quantité efficiente du point de vue social) ont maintenant accès au bien. Ils n’ont pas de surplus (dans ce cas extrême), mais au moins ils peuvent consommer !

Résumé

Un monopole est une firme qui a l'exclusivité de production sur son marché.

La courbe de demande qui s’adresse au monopole est décroissante => la recette marginale du monopole est toujours en dessous du prix du bien.

Comme une firme concurrentielle, une firme en monopole maximise le profit en produisant la quantité pour laquelle la recette marginale est égale au coût marginal.

Contrairement au cas d’une firme concurrentielle, le prix du monopole est supérieur à sa recette marginale et donc son prix est supérieur au coût marginal.

La quantité de biens produite qui maximise le profit du monopole est inférieure au niveau qui maximise la somme du surplus des consommateurs et des producteurs (quantité en concurrence parfaite).

Le monopole engendre donc une perte sèche pour la société. Cette perte est identique à celle causée par les taxes.

Les décideurs politiques peuvent réagir à l’inefficacité du comportement du monopole en utilisant le droit de la concurrence, en réglementant les prix ou en transformant le monopole en entreprise publique.

Les monopoles peuvent augmenter leurs profits en fixant des prix différents pour le même bien sur la base de la volonté de payer d’un acheteur.

La discrimination par les prix peut augmenter le bien-être économique total et réduire les pertes sèches.

Annexes

Références