La historia del concepto de imperio

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¿Por qué el imperio? Partamos de un postulado: seguramente es un error ver la historia del pensamiento político y jurídico o la historia de las instituciones de Europa como una historia lineal en la que pasaríamos de los grandes imperios hasta los siglos XVI y XVII y luego a la constitución de los estados-nación. El profesor Keller se niega a ver la historia institucional de la historia jurídica y política de Europa como una historia lineal. Es un error leer la historia de esta manera porque no hay un pasaje muy simple entre la Europa medieval, la Europa del Renacimiento, la Europa moderna y finalmente la Europa contemporánea.

De hecho, esta historia del pensamiento jurídico y político europeo es la historia de un conflicto de tensión entre dos importantes conceptos que siempre han sido opuestos: el concepto de estado y el concepto de imperio. El pensamiento político y jurídico europeo no debe leerse como una secuencia cronológica y lineal de grandes ideas, sino como una tensión de grandes ideas. Los historiadores han olvidado a menudo esta tensión y en particular dos puntos muy importantes.

La llegada de Cristóbal Colón a América, grabado en 1893.
  • El propio surgimiento de los Estados europeos tuvo lugar en paralelo con el surgimiento de los grandes imperios: si nos fijamos en las grandes instituciones, se establecieron en paralelo con los imperios francés, inglés, español y portugués. Hay una tensión porque estos dos conceptos se han desarrollado juntos. El nacimiento del estado inglés fue de la mano con el del imperio inglés.
  • Subestimamos el colosal impacto que el descubrimiento del Nuevo Mundo en 1492 por los europeos tuvo en el pensamiento legal occidental. A partir de 1942, surgió toda una serie de problemas políticos, teóricos, jurídicos y prácticos que influyeron en el derecho, el concepto de Estado y el concepto de imperio. En particular, los juristas europeos se preguntan quién es el propietario de estos territorios recién conquistados, cuál es el estatuto de los pueblos indígenas, cómo incluirlos en un ordenamiento jurídico si son hombres.

Estas cuestiones relativas al derecho de conquista iban a tener un impacto colosal en la visión misma de los grandes imperios europeos y en particular en la visión del derecho de las naciones que iban a defender los grandes fundadores del derecho internacional clásico. La historia de Europa es una tensión entre el concepto de estado y el concepto de imperio. Este tema ha sido poco estudiado porque los historiadores han olvidado dos hechos importantes, a saber, que los estados europeos nacieron en paralelo con los imperios europeos y el hecho de no tener en cuenta el descubrimiento del Nuevo Mundo. Cuando incluimos estos dos parámetros, nos damos cuenta de que Europa se construyó en gran parte sobre y a partir de la idea de imperio.

El propósito de este curso es mostrar cómo, desde Roma, este concepto de imperio ha constituido la matriz intelectual del derecho internacional clásico y del pensamiento contemporáneo sobre el derecho internacional clásico.

Cuando miramos un poco la historia de los términos en el idioma francés, se supone que vemos que los tres términos principales tienen una historia bastante reciente. El término "imperio" no debe confundirse con el término "imperialismo". La palabra "imperio" se refiere en primer lugar a la ideología a favor de un régimen imperial, pero básicamente la palabra no aparece en el idioma francés hasta principios del siglo XX. Imperialismo" es una palabra y una ideología que surge a principios del siglo XX en el libro de Lenin "Imperialismo, la etapa suprema del capitalismo". Los términos "imperialismo" e "imperial" se debatieron en el idioma francés a principios del siglo XX.

Scène à la signature de la Constitution des États-Unis, par Howard Chandler Christy. Ce tableau représente les 33 délégués qui signèrent la Constitution.

Le terme d’« empire » renvoie à une pluralité d’expériences, on pense à des choses extrêmement variées. On va se rendre compte qu’il y a de très nombreuses conceptions d’empires, il y a des visions et des modèles d’empires extrêmement différents. Il y a une conception romaine de l’empire, une conception papale, une conception européenne et une conception américaine de l’empire extrêmement précise qui repose sur une idéologie fascinante avec l’idéologie du Manifest Destiny. Le mot « empire » renvoie à des réalités et des pluralités d’expériences. On le voit très bien dans l’historiographie ou chacun y va de sa définition. Contrairement à l’idée d’« État », l’idée d’« empire » ou le « fait impérial » est fondé sur une grande hétérogénéité.

Le terme « colonialisme » est un terme qui également apparait très tardivement dans la langue française en 1904 pour être précis renvoyant à un véritable système d’expansion colonial qui marque tout le XIXème siècle. Ce terme parait tardivement ce qui n’est pas le cas du terme « colonie » qui apparait en langue anglaise au XVIème siècle désignant un territoire administré par un pouvoir étranger, mais également un peuple qui vie sur ce territoire. Le terme « colonie » est utilisé à la fois du point de vue dans la langue française et anglaise aussi bien pour désigner le point de vue du colon que le colonisé. Le terme colonie désigne un groupe de personne exploitant un territoire. Ce terme est ambigu parce qu’il désigne un territoire sans désigner à qui appartient ce territoire.

Le terme « empereur » et le terme « empire », au fond, jusqu’à la fin du XVIIIème siècle sont des termes qui n’apparaissent pratiquement pas dans les documents officiels qu’il s’agisse de traités ou de constitutions. La raison est que lorsqu’on parle d’« empereur » ou d’« empire » jusqu’à la Révolution française et jusqu’en 1806 précisément, on parle d’une entité qui porte le nom de Saint Empire romain germanique. En terme juridique, le seul qui a le droit de porter le terme d’« empereur » jusqu’en 1806 dans l’ordre constitutionnel européen est l’empereur du Saint Empire romain germanique. Ce n’est l’attribut que d’une seule entité en Europe. Les français, les Anglais ou encore les Espagnols et les empires ne se décrètent pas « Empire ». C’est cette ambiguïté de la langue qui fait que les Anglais ont un très grand empire en 1870, mais n’en parlent pas en termes officiels, on parle des « terres du roi d’Angleterre ».

Couronnement de Charlemagne. Grandes Chroniques de France (version enluminée par Jean Fouquet).

Le concept d’empire a donc une histoire qu’il est possible de retracer. L’histoire peut être divisée en cinq parties :

  1. le modèle romain : c’est un modèle extrêmement important parce que Rome a hanté la pensée occidentale, c’est l’héritage commun à la pensée occidentale.
  2. Le couronnement de Charlemagne en l’an 800 qui va donner au concept d’empire une autre signification, on quitte le modèle d’empire romain afin de donner une signification quasi religieuse à l’idée d’empire.
  3. La naissance à partir de 962 du Saint Empire romain germanique dont les juristes vont eux aussi donner une nouvelle signification au terme d’« empire » et au modèle impérial. La dimension de « Saint » est la dimension religieuse, les juristes impériaux vont défendre l’idée que l’empereur est titulaire du dominus mundi. Fondamentalement, l’héritier religieux de l’Empire est l’empereur du Saint Empire romain germain. « Romain » parce que le Saint Empire romain se voudra l’héritier de l’Empire romain, « germanique » parce qu’il a une connotation allemande, l’allemand devient peu à peu la langue de l’empire. C‘est l’émergence du plus grand modèle d’empire que l’Europe ait connu de 962 à 1806. Ce modèle ne va pas rester sans être « challangé ». Le Pape est aussi un empire, le Saint Empire romain germanique va être défié par le modèle papal. Le Pape va défendre la thèse qu’il est celui qui détient le dominus mundi. Il ne faut pas oublier la prétention universaliste de l’église avec une prétention de régner sur le monde et de ne pas avoir d’empereur supérieur statutairement parlant. Le modèle impérial germanique va être critiqué par le modèle papal.
  4. le moment postérieur à la découverture du Nouveau Monde : jusqu’à la fin du XVème siècle s’affrontent le modèle germanique et le modèle papal, la découverte du Nouveau Monde va mettre tout le monde d’accord. Une nouvelle conception du modèle impérial voit le jour avec surtout le modèle espagnol au départ avec ces fameuses questions qui se posent aux juristes européens. La question de savoir si les autochtones sont des hommes est une question fondamentale, car si ce sont des hommes, ils ont des droits naturels. John Locke se fera le chantre absolu du droit de propriété. Si vous êtes un homme, vous avez des droits naturels à la propriété de notre corps et de biens matériels.
  5. Le moment postérieur à la Révolution américaine : c’est le moment où la République américaine se met en place. Les vainqueurs de l’histoire vont défendre un modèle de république ressemblant à l’idéologie romaine c’est-à-dire le modèle de la république impériale. Il faut justifier un fait du point de vue du droit international qui est le déplacement des frontières. Les États-Unis d’Amérique sont constitués entre 1776 et 1793 autour de treize colonies suitées sur la côte est. La question du déplacement vers la côte est se pose. La République américaine est confrontée au problème juridique de savoir s’il est possible de devenir un empire, d’appliquer les modèles romains. Les États-Unis ont connu de vifs débats notamment avec la Cour suprême qui a tenté d’arrêter l’expansion de la République américaine vers l’ouest et montrer l’illégalité de la conquête de l’ouest. La Cour suprême rend notamment trois arrêts appelés les arrêts Marshall du nom du président de la Cour suprême qui demandent de considérer les nations amérindiennes est d’arrêter l’expansion illégale vers l’Ouest. Le président américain de l’époque, Andrew Jackson, dit « John Marshall made his decision, let him enforce it ! ». Ainsi, nous verrons les origines impériales de la République américaine. La tension autour de la vision impériale des États-Unis d’Amérique est encore l’objet de débats aujourd’hui.

Anexos

Referencias