Empires et États au Moyen-Orient

De Baripedia

La région du Moyen-Orient, berceau de civilisations anciennes et carrefour des échanges culturels et commerciaux, a joué un rôle central dans l'histoire mondiale, particulièrement durant le Moyen Âge. Cette période, marquée par la dynamique et la diversité, a vu l'émergence et le déclin de nombreux empires et états, chacun laissant une empreinte indélébile sur le paysage politique, culturel et social de la région. De l'expansion des califats islamiques, avec leur apogée culturelle et scientifique, à l'influence prolongée de l'Empire byzantin, en passant par les incursions des Croisés et les conquêtes mongoles, le Moyen-Orient médiéval était une mosaïque de pouvoirs en constante évolution. Cette époque a non seulement façonné l'identité de la région mais a également eu un impact profond sur le développement de l'histoire mondiale, établissant des ponts entre l'Orient et l'Occident. L'étude des empires et des états du Moyen-Orient au Moyen Âge offre donc une fenêtre fascinante sur une période cruciale de l'histoire humaine, révélant des histoires de conquête, de résilience, d'innovation et d'interaction culturelle.


L'Empire ottoman

L'Empire ottoman, fondé à la fin du 13ème siècle, est un exemple fascinant de puissance impériale qui a marqué profondément l'histoire de trois continents : l'Asie, l'Afrique et l'Europe. Sa fondation est généralement attribuée à Osman Ier, le leader d'une tribu turque dans la région d'Anatolie. Le succès de cet empire réside dans sa capacité à s'étendre rapidement et à établir une administration efficace sur un territoire immense. Dès le milieu du 14ème siècle, les Ottomans ont commencé à étendre leur territoire en Europe, conquérant progressivement des parties des Balkans. Cette expansion a marqué un tournant majeur dans l'équilibre des pouvoirs en Méditerranée et en Europe de l'Est. Cependant, contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'Empire ottoman n'a pas détruit Rome. En fait, les Ottomans ont assiégé Constantinople, la capitale de l'Empire byzantin, et l'ont conquise en 1453, mettant fin à cet empire. Cette conquête a été un événement historique majeur, marquant la fin du Moyen Âge et le début de l'époque moderne en Europe.

L'Empire ottoman est connu pour sa structure administrative complexe et sa tolérance religieuse, notamment avec le système du millet, qui permettait une certaine autonomie aux communautés non-musulmanes. Son apogée s'étend du 15ème au 17ème siècle, période durant laquelle il a exercé une influence considérable sur le commerce, la culture, la science, l'art et l'architecture. Les Ottomans ont introduit de nombreuses innovations et ont été des médiateurs importants entre l'Orient et l'Occident. Cependant, à partir du 18ème siècle, l'Empire ottoman a commencé à décliner face aux puissances européennes montantes et aux problèmes internes. Ce déclin s'est accéléré au 19ème siècle, conduisant finalement à la dissolution de l'empire après la Première Guerre mondiale. L'héritage de l'Empire ottoman reste profondément ancré dans les régions qu'il a gouvernées, influençant les aspects culturels, politiques et sociaux de ces sociétés jusqu'à aujourd'hui.

L'Empire ottoman, une entité politique et militaire remarquable fondée à la fin du 13ème siècle par Osman Ier, a marqué profondément l'histoire de l'Eurasie. Emergent dans un contexte de fragmentation politique et de rivalités entre les beylicats en Anatolie, cet empire a rapidement démontré une capacité exceptionnelle à étendre son influence, se positionnant comme une puissance dominante dans la région. Le milieu du 14ème siècle a été un tournant décisif pour l'Empire ottoman, notamment avec la conquête de Gallipoli en 1354. Cette victoire, loin d'être un simple fait d'armes, a marqué la première implantation permanente des Ottomans en Europe et a ouvert la voie à une série de conquêtes dans les Balkans. Ces succès militaires, combinés à une diplomatie habile, ont permis aux Ottomans de solidifier leur emprise sur des territoires stratégiques et de s'immiscer dans les affaires européennes.

Sous la direction de souverains tels que Mehmed II, connu pour la conquête de Constantinople en 1453, l'Empire ottoman a non seulement remodelé le paysage politique de la Méditerranée orientale mais a également initié une période de profondes transformations culturelles et économiques. La prise de Constantinople, qui a mis fin à l'Empire byzantin, a été un moment charnière dans l'histoire mondiale, marquant la fin du Moyen Âge et le début de l'ère moderne. L'empire a excellé dans l'art de la guerre, souvent grâce à son armée disciplinée et innovante, mais aussi à travers son approche pragmatique de la gouvernance, intégrant divers groupes ethniques et religieux sous un système administratif centralisé. Cette diversité culturelle, couplée à la stabilité politique, a favorisé un essor dans les domaines des arts, de la science et du commerce.

L'Empire ottoman, dans son parcours historique, a connu une série de conquêtes spectaculaires et de revers significatifs qui ont façonné son destin et celui des régions qu'il a dominées. Leur expansion, marquée par des victoires majeures, a aussi été ponctuée par des échecs stratégiques. L'incursion ottomane dans les Balkans a été l'une des premières étapes de leur expansion européenne. Cette conquête a non seulement étendu leur territoire mais a également renforcé leur position en tant que puissance dominante dans la région. La prise d'Istanbul en 1453 par Mehmed II, connu sous le nom de Mehmed le Conquérant, est un événement historique majeur. Cette victoire a non seulement marqué la fin de l'Empire byzantin mais a aussi symbolisé l'ascension irréfutable de l'Empire ottoman en tant que superpuissance. Leur expansion s'est poursuivie avec la prise du Caire en 1517, un événement crucial qui a marqué l'intégration de l'Égypte dans l'empire et la fin du califat abbasside. Sous le règne de Soliman le Magnifique, les Ottomans ont également conquis Bagdad en 1533, étendant ainsi leur influence sur les terres riches et stratégiques de la Mésopotamie.

Cependant, l'expansion ottomane n'a pas été sans obstacles. Le siège de Vienne en 1529, une tentative ambitieuse d'étendre encore plus leur influence en Europe, s'est soldé par un échec. Un nouvel essai en 1623 n'a pas non plus abouti, marquant ainsi les limites de l'expansion ottomane en Europe centrale. Ces échecs ont été des moments clés, illustrant les limites de la puissance militaire et logistique de l'Empire ottoman face aux défenses européennes organisées. Un autre revers majeur a été la défaite de la bataille de Lépante en 1571. Cette bataille navale, où la flotte ottomane a été vaincue par une coalition de forces chrétiennes européennes, a marqué un tournant dans le contrôle ottoman de la Méditerranée. Bien que l'Empire ottoman ait réussi à se remettre de cette défaite et à maintenir une présence forte dans la région, Lépante a symbolisé la fin de leur expansion incontestée et a marqué le début d'une période de rivalités maritimes plus équilibrées en Méditerranée. Ces événements, dans leur ensemble, illustrent la dynamique de l'expansion ottomane : une série de conquêtes impressionnantes, entrecoupées de défis et de revers significatifs. Ils mettent en lumière la complexité de la gestion d'un empire aussi vaste et la difficulté de maintenir une expansion constante face à des adversaires de plus en plus organisés et résistants.

La guerre russo-ottomane de 1768-1774 est un épisode crucial dans l'histoire de l'Empire ottoman, marquant non seulement le début de ses pertes territoriales significatives mais aussi un changement dans sa structure de légitimité politique et religieuse. La fin de cette guerre a été concrétisée par la signature du traité de Küçük Kaynarca (ou Kutchuk-Kaïnardji) en 1774. Ce traité a eu des conséquences profondes pour l'Empire ottoman. Premièrement, il a entraîné la cession de territoires importants à l'Empire russe, notamment des parties de la mer Noire et des Balkans. Cette perte a non seulement réduit la superficie de l'empire mais a également affaibli sa position stratégique en Europe de l'Est et dans la région de la mer Noire. Deuxièmement, le traité a marqué un tournant dans les relations internationales de l'époque, en affaiblissant la position de l'Empire ottoman sur la scène européenne. L'empire, qui avait été un acteur majeur et souvent dominant dans les affaires régionales, a commencé à être perçu comme un État en déclin, vulnérable aux pressions et aux interventions des puissances européennes.

Enfin, et peut-être le plus important, la fin de cette guerre et le traité de Küçük Kaynarca ont également eu un impact significatif sur la structure interne de l'Empire ottoman. Face à ces défaites, l'empire a commencé à mettre davantage l'accent sur l'aspect religieux du califat comme source de légitimité. Le Sultan ottoman, déjà reconnu comme le leader politique de l'empire, a commencé à être davantage valorisé en tant que calife, le chef religieux de la communauté musulmane. Cette évolution a été une réponse à la nécessité de renforcer l'autorité et la légitimité du sultanat face aux défis internes et externes, en s'appuyant sur la religion comme unificateur et source de pouvoir. Ainsi, la guerre russo-ottomane et le traité qui en a résulté ont marqué un point tournant dans l'histoire ottomane, symbolisant à la fois un déclin territorial et un changement dans la nature de la légitimité impériale.

L'intervention en Égypte en 1801, où les forces britanniques et ottomanes ont uni leurs efforts pour chasser les Français, marque un tournant important dans l'histoire de l'Égypte et de l'Empire ottoman. La nomination de Mehmet Ali, un officier albanais, en tant que pacha d'Égypte par les Ottomans, a ouvert une ère de transformations profondes et de semi-indépendance de l'Égypte vis-à-vis de l'Empire ottoman. Mehmet Ali, souvent considéré comme le fondateur de l'Égypte moderne, a initié une série de réformes radicales visant à moderniser l'Égypte. Ces réformes touchaient à divers aspects, notamment l'armée, l'administration, et l'économie, inspirées en partie par les modèles européens. Sous sa gouvernance, l'Égypte a connu un développement significatif, et Mehmet Ali a cherché à étendre son influence au-delà de l'Égypte. Dans ce contexte, la Nahda, ou la Renaissance arabe, a pris un élan considérable. Ce mouvement culturel et intellectuel, cherchant à revitaliser la culture arabe et à l'adapter aux défis modernes, a bénéficié du climat de réforme et d'ouverture initié par Mehmet Ali.

Le fils de Mehmet Ali, Ibrahim Pacha, a joué un rôle clé dans les ambitions expansionnistes de l'Égypte. En 1836, il a lancé une offensive contre l'Empire ottoman, qui était alors affaibli et en déclin. Cette confrontation a culminé en 1839, lorsque les forces d'Ibrahim ont infligé une défaite majeure aux Ottomans. Cependant, l'intervention des puissances européennes, notamment la Grande-Bretagne, l'Autriche et la Russie, a empêché une victoire totale égyptienne. Sous la pression internationale, un traité de paix a été signé, reconnaissant l'autonomie de facto de l'Égypte sous la gouvernance de Mehmet Ali et de ses descendants. Cette reconnaissance a marqué une étape importante dans la séparation de l'Égypte de l'Empire ottoman, bien que l'Égypte soit restée nominalement sous suzeraineté ottomane. La position des Britanniques était particulièrement intéressante. Initialement alliés avec les Ottomans pour contenir l'influence française en Égypte, ils ont finalement opté pour soutenir l'autonomie égyptienne sous Mehmet Ali, reconnaissant ainsi les réalités politiques et stratégiques changeantes de la région. Cette décision a reflété le désir britannique de stabiliser la région tout en contrôlant les routes commerciales vitales, en particulier celles menant vers l'Inde. L'épisode égyptien dans les premières décennies du 19ème siècle illustre non seulement les dynamiques de pouvoir complexes entre l'Empire ottoman, l'Égypte et les puissances européennes, mais aussi les changements profonds qui s'opéraient dans l'ordre politique et social du Moyen-Orient à cette époque.

L'expédition de Napoléon Bonaparte en Égypte en 1798 a été un événement révélateur pour l'Empire ottoman, mettant en évidence son retard en termes de modernisation et de capacité militaire face aux puissances européennes. Cette prise de conscience a été un moteur important pour une série de réformes connues sous le nom de Tanzimat, lancées en 1839, visant à moderniser l'empire et à freiner son déclin. La Tanzimat, signifiant « réorganisation » en turc, a marqué une période de transformation profonde dans l'Empire ottoman. L'un des aspects clés de ces réformes était la modernisation de l'organisation des Dhimmis, les citoyens non-musulmans de l'empire. Cela comprenait la création des systèmes de Millet, qui offraient à diverses communautés religieuses une certaine autonomie culturelle et administrative. Cette mesure visait à intégrer plus efficacement ces communautés dans la structure de l'État ottoman tout en préservant leur identité distincte.

Une deuxième vague de réformes a été initiée pour tenter de créer une forme de citoyenneté ottomane, transcendant les divisions religieuses et ethniques. Cependant, cette tentative a souvent été entravée par des violences intercommunautaires, reflétant les tensions profondes au sein de l'empire multiethnique et multiconfessionnel. Parallèlement, ces réformes ont rencontré une résistance significative au sein de certaines factions de l'armée, qui étaient hostiles aux changements perçus comme menaçant leur statut et leurs privilèges traditionnels. Cette résistance a conduit à des révoltes et à des instabilités internes, exacerbant les défis auxquels l'empire était confronté.

Dans ce contexte tumultueux, un mouvement politique et intellectuel connu sous le nom de "Jeunes Ottomans" a émergé dès le milieu du 19ème siècle. Ce groupe cherchait à réconcilier les idéaux de modernisation et de réforme avec les principes de l'islam et les traditions ottomanes. Ils ont plaidé pour une constitution, la souveraineté nationale, et des réformes politiques et sociales plus inclusives. Les efforts de la Tanzimat et les idéaux des Jeunes Ottomans ont été des tentatives significatives pour répondre aux défis auxquels l'Empire ottoman était confronté dans un monde en rapide évolution. Bien que ces efforts aient apporté certains changements positifs, ils ont également révélé les profondes fissures et les tensions au sein de l'empire, préfigurant les défis encore plus grands qui allaient survenir dans les dernières décennies de son existence.

En 1876, une étape cruciale dans le processus de la Tanzimat a été franchie avec l'accession au pouvoir du sultan Abdülhamid II, qui a introduit la première constitution monarchique de l'Empire ottoman. Cette période a marqué un tournant significatif, tentant de concilier les principes de modernisation avec la structure traditionnelle de l'empire. La constitution de 1876 représentait un effort pour moderniser l'administration de l'empire et pour instaurer un système législatif et un parlement, reflétant les idéaux libéraux et constitutionnels en vogue en Europe à cette époque. Cependant, le règne d'Abdülhamid II a également été marqué par une forte montée du panislamisme, une idéologie visant à renforcer les liens entre les musulmans de l'empire et au-delà, dans le contexte d'une rivalité croissante avec les puissances occidentales.

Abdülhamid II a utilisé le panislamisme comme un outil pour consolider son pouvoir et pour contrer les influences externes. Il a invité les chefs et dignitaires musulmans à Istanbul et a proposé de former leurs enfants dans la capitale ottomane, une initiative visant à renforcer les liens culturels et politiques au sein du monde musulman. Cependant, en 1878, dans un revirement surprenant, Abdülhamid II a suspendu la constitution et fermé le parlement, marquant un retour à un régime autocratique. Cette décision a été motivée en partie par la crainte d'un contrôle insuffisant sur le processus politique et par la montée de mouvements nationalistes au sein de l'empire. Le sultan a ainsi renforcé son contrôle direct sur le gouvernement, tout en continuant à promouvoir le panislamisme comme un moyen de légitimation.

Dans ce contexte, le salafisme, un mouvement visant à revenir aux pratiques de l'islam des premières générations, a été influencé par les idéaux du panislamisme et de la Nahda (la Renaissance arabe). Jamal al-Din al-Afghani, souvent considéré comme le précurseur du mouvement salafiste moderne, a joué un rôle clé dans la propagation de ces idées. Al-Afghani prônait un retour aux principes originels de l'islam tout en encourageant l'adoption de certaines formes de modernisation technologique et scientifique. La période de la Tanzimat et le règne d'Abdülhamid II illustrent donc la complexité des tentatives de réforme dans l'Empire ottoman, tiraillé entre les exigences de modernisation et le maintien des structures et des idéologies traditionnelles. Les impacts de cette période se sont fait sentir bien au-delà de la chute de l'Empire, influençant les mouvements politiques et religieux dans le monde musulman moderne.

La "Question d'Orient", un terme utilisé principalement au 19ème siècle et au début du 20ème siècle, fait référence à un débat complexe et multidimensionnel concernant l'avenir de l'Empire ottoman, en déclin progressif. Cette question a émergé en raison des pertes territoriales successives de l'Empire, de l'émergence du nationalisme turc, et de la séparation croissante des territoires non musulmans, en particulier dans les Balkans. Dès 1830, avec l'indépendance de la Grèce, l'Empire ottoman a commencé à perdre ses territoires européens. Cette tendance s'est poursuivie avec les Guerres balkaniques et s'est accélérée durant la Première Guerre mondiale, culminant avec le traité de Sèvres en 1920 et la fondation de la République de Turquie en 1923 sous la direction de Mustafa Kemal Atatürk. Ces pertes ont profondément modifié la géographie politique de la région.

Dans ce contexte, le nationalisme turc a pris de l'ampleur. Ce mouvement cherchait à redéfinir l'identité de l'empire autour de l'élément turc, en contraste avec le modèle multiethnique et multireligieux qui avait prévalu jusque-là. Cette montée du nationalisme a été une réponse directe au démantèlement progressif de l'empire et à la nécessité de forger une nouvelle identité nationale. Parallèlement, l'idée de constituer une sorte d'"internationale de l'islam" a émergé, notamment sous l'impulsion du sultan Abdülhamid II avec son panislamisme. Cette idée envisageait de créer une union ou une coopération entre les nations musulmanes, s'inspirant de certaines idées similaires en Europe, où l'internationalisme cherchait à unir les peuples au-delà des frontières nationales. L'objectif était de créer un front uni des peuples musulmans pour résister à l'influence et à l'intervention des puissances occidentales, tout en préservant les intérêts et l'indépendance des territoires musulmans.

Cependant, la mise en œuvre d'une telle idée s'est avérée difficile en raison des divers intérêts nationaux, des rivalités régionales et de l'influence croissante des idées nationalistes. De plus, l'évolution des événements politiques, notamment la Première Guerre mondiale et la montée des mouvements nationalistes dans les différentes parties de l'Empire ottoman, a rendu cette vision d'une "internationale de l'islam" de plus en plus irréalisable. La Question d'Orient, dans son ensemble, reflète donc les profondes transformations géopolitiques et idéologiques qui se sont produites dans la région au cours de cette période, marquant la fin d'un empire multiethnique et la naissance de nouveaux États-nations avec leurs propres identités et aspirations nationales.

//La Weltpolitik de l'Allemagne va arranger les Ottomans pour échapper aux pressions de la Russie et des Anglais. Ainsi, l'Allemagne va financer le BBB: chemin de fer passant par Berlin, Byzance et Bagdad. Les panturquistes et partisans de l'Empire sont ravis de cette alliance.

En 1908, la deuxième période constitutionnelle va être activée par le parti des Jeunes Turcs (Union et Progrès), qui va forcer le sultan à accepter la deuxième constitution. En 1909, les milieux traditionnels/conservateurs/religieux tentent de mettre les Unionistes à la porte. En fait, ces derniers vont profiter d'une contre-révolution pour écraser toute résistance. En 1913, a lieu la prise du parlement. En 1915, la politique du génocide arménien est lancée : déportations et massacres de la population visée, entre 800'000 et 1'500'000 personnes périront.

L’Empire perse

Lorsque l'on parle de l'Empire perse (Iran), la notion de continuité est importante. Les Mèdes (Médie) vont créer un empire au début du 7ème siècle avant J-C qui sera détruit par Cyrus II de Perse vers 550 avant J-C. Plusieurs empires lutteront pour cette région jusqu’à la période de la dynastie sassanide, qui s’étale entre 224 et 624 et concerne le règne du Grand Iran (Iran, Irak, Arménie, Caucase du Sud, …) dont la capitale est Ctésiphon. Dès 642 commence la période islamique de l'Iran.

En 1501, l'empire Séfévide est créé en Azerbaïdjan. Ces derniers vont procéder à la concrétisation du Chiisme comme religion et donc à la chiitisation de l'Iran. En 1514, les Séfévides perdent la guerre (bataille de Tchaldiran) contre le sultan ottoman, ce qui va donner lieu à la première ligne de démarcation politique. D’autre part, les Ottomans récupèrent la moitié orientale de l’Anatolie. Les Alévis, partisans du Chah, Ismaël 1er, sont massacrés durant la décennie suivant la défaite. Le sultan Selim va ensuite prendre le Caire en 1517.

En 1796, création de la dynastie Kadjar/Qajar, d’origine turkmène. En 1906, période constitutionnelle et séparation en différents ordres internationaux (dont un anglais). Mais en 1908-9, le pétrole est découvert ce qui bouleverse le destin du territoire. Malgré tout, l'Iran se veut neutre.

L’Empire ottoman dans la Première Guerre mondiale

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Après avoir cherché des alliances auprès des Anglais et des Français, l'accord est finalement signé avec l'Allemagne. Mais, en connaissance de leurs difficultés, les ottomans veulent retarder au maximum l'entrée en guerre. Entre les Dardanelles et le Bosphore, plusieurs bateaux sont stockés, bateaux que les Ottomans vont utiliser pour bombarder les côtes russes. Dès lors, les Britanniques veulent contre-attaquer directement à l'intérieur des terres. En même temps, le protectorat sur l'Égypte est officialisé, pour conserver le contrôle sur le Canal de Suez.

Les Alliés cherchent à ouvrir un nouveau front au sud de l’Empire ottoman. La révolte arabe se déclare en 1916 sous l’impulsion de Hussein ben Ali, chérif de la Mecque (après y avoir été poussé par Lawrence d’Arabie) pour libérer la péninsule arabique de l’Empire ottoman. Ce sont là les prémices du nationalisme arabe, Hussein voulant créer un état arabe unifié de Syrie au Yémen, promesse obtenue de la part du général Henry MacMahon. En juin 1917, Fayçal, fils de Hussein remporte la bataille d’Aqaba et parviendra en réunissant les tribus arabes du Hedjaz en 1917 à libérer Damas pour être ensuite se proclamer Roi de Syrie en 1920.

Entre deux, la Russie se retire de la guerre à cause de la révolution en interne. Cela pose un problème aux Britanniques, car désormais, l'Allemagne ne se bat que sur un front, contre la France. Ils vont donc profiter de la forte présence des juifs bolchéviques pour les faire rester en guerre. Enver Pacha, haut responsable ottoman en lien avec l’Allemagne, voulant contre-attaquer contre les Russes, va perdre cette opération : il va accuser les Arméniens ce qui va déclencher le génocide.

En janvier 1919 a lieu la conférence de Paris. On discute de l'avenir des territoires ottomans. En fait, bien que les pays soient autorisés à dépêcher des délégations pour faire valoir leur point de vue, certaines sont refusées : la délégation égyptienne est exilée à Malte par exemple. Fayçal va créer un État en Syrie actuelle. L’accord Clemenceau – Fayçal très favorable aux Français. La délégation libanaise obtient le droit de créer un État. On promet aux Kurdes la création du Kurdistan. Le tout débouche sur le traité de Sèvres.

L'Empire ottoman accepte le traité, ce qui signe le point final de la question d'Orient. Malgré tout, une résistance nationaliste se forme et va combattre les Arméniens, les Grecs (chassés de l'Anatolie) ainsi que les Kurdes. Ils vont sortir victorieux, créent la république turque, ce qui va amener à la reconsidération du traité. En 1924, le califat est abrogé – Hussein, roi du Hedjaz depuis la chute de l’Empire ottoman, se proclame Calife, mais sera chassé par les Saouds. En 1920, les Français annulent l'État arabe en Syrie, Fayçal sera chassé pour devenir roi hachémite d’Irak. Les Britanniques vont créer le royaume de Transjordanie pour Abdallah, autre fils de Hussein, afin de conserver la Palestine.

La conférence de San Remo en 1920 concerne principalement l’attribution des mandats sur les anciennes provinces ottomanes. Les Français auront le mandat sur la Syrie et le Liban, les britanniques sur la Transjordanie, la Palestine et la Mésopotamie (de Mossoul à Bassora), rebaptisée Irak. De leur côté, les Turcs redéfinissent leurs frontières en écrasant les Arméniens. 4 ans plus tard, en 1923, Mustafa Kemal parvient à revenir sur le traité de Sèvres afin de reconsidérer le tracé des frontières fixées : le traité de Lausanne le remplacera.

Promesses des Alliés et revendications arabes

Durant le contexte de la Première Guerre mondiale, de nombreuses promesses sont faites, notamment par les puissances occidentales qui préparent le partage des territoires ottomans. Cela débute en 1915 à Constantinople : La Grande-Bretagne, la France et la Russie se réunissent pour en discuter.

En 1916, les diplomates Mark Sykes et François Georges-Picot concluent un accord du même nom pour définir précisément le partage des terres ottomanes entre la France et la Russie. Celui-ci explique, comme une genèse, les mémoires collectives concernant l'espace géographique au Moyen-Orient : ils ont influencé la création des États, mais n'ont pas réellement déterminé les frontières de ceux-ci – les rapports de forces les ayant modifiées.

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Après la révolution russe, les bolchéviques, pour critiquer l'impérialisme des Français et des Anglais, rendent les accords publics. Ces accords représentent le point culminant du processus de la question d'Orient – et non pas le début. La zone française sert de zone-tampon entre les Britanniques et les russes, s'étant rendus compte de la difficulté à cohabiter en l'Inde.

Le génocide arménien

Durant la Première Guerre mondiale, la violence récurrente va déboucher sur un événement particulièrement grave : le génocide arménien.

Ce peuple est présent depuis très longtemps sur le territoire – dès 200 avant J-C d'après certaines mythologies nationalistes. En l'an 301, l'Arménie va créer le premier État chrétien. Il faut attendre 640 avec les conquêtes arabes pour que les Arméniens soient divisés entre Byzance et les territoires arabes. La partie la plus importante se trouve entre l'Empire ottoman et l'empire russe. Les Arméniens possèdent le statut de Dhimmis auprès les ottomans. Malheureusement, avec le déclin de l’Empire, cette population est également touchée. La phase panislamiste d'Adbülhamid II va conduire à la mise en lumière des revendications musulmanes au détriment de celles des Arméniens. En 1878, le traité de San Stefano marque pour la première fois que la question arménienne est désormais internationalisée : on demande aux ottomans d'améliorer le sort des Arméniens vivant sur le territoire.

Entre 1895 et 1896 ont lieu des répressions terribles contre les manifestations arméniennes – contre les taxes, les persécutions ottomanes. Les Jeunes Turcs vont être encore plus violents que les ottomans, car convaincus de lutter pour purifier la zone des Turcs : il faut se débarrasser de cette question, déjà internationalisée, qui représente un risque de pertes territoriales. Le processus de la campagne génocidaire commence par la discrimination récurrente des Arméniens, on les accuse d'avoir trahi et de fomenter de pair avec la Russie. Le génocide commence en 1915, notamment avec l'arrestation et la déportation des Arméniens en direction de la Syrie, à travers l'épreuve de la marche de la mort. Les populations arrivées au bord de la Mer noire seront parquées dans des bateaux que l'on coulera.  Alors que certains Arméniens s'islamisent et que d'autres se cachent chez les Kurdes, la même chose se passe pour les Assyriens entre 1914 et 1920 : la population est exterminée malgré son statut de Millet (communauté culture autonome).

Malgré le fait que les Alliés occupent Istanbul dès 1919 et créent une cour martiale pour juger les crimes des ottomans, la chose ne se calme pas. Les nationalistes kémalistes vont s'opposer aux alliés dès qu'émerge la question des populations orthodoxes grecques en Turquie.  Mustafa Kemal, lié aux Jeunes Turcs, est le premier à dire que le génocide arménien est "un acte honteux", car lutte au même moment aux Dardanelles. Il changera de position lors de la résistance pour l'Anatolie.

La fondation de la Turquie

Les Alliés, éreintés par la guerre, reviennent sur le traité de Sèvres pour conclure le traité de Lausanne en 1923, fermant définitivement la porte à la question kurde et à la question arménienne – tout comme la chasse des Grecs hors des territoires turcs. Après cet épisode, les dirigeants du Comité Union et Progrès (Jeunes Turcs) sont exilés et tués, la mouvance est dissoute. Plusieurs associations nationalistes sont créées et ont pour but de protéger l'invasion des terres d'Anatolie : le processus se fera en partie au travers de la religion (Occident chrétien vs Anatolie musulmane).

En mai 1919, Mustafa Kemal arrive en Anatolie, prend la tête de la résistance populaire et lance une guerre contre les Arméniens (1921). Il va également s'opposer aux Français (signature de traités relatifs aux frontières) et aux Grecs. Pour les Britanniques, la possibilité d'une guerre entre Grecs et Turcs sur un front et entre Turcs et britanniques sur l'autre est avantageuse pour se concentrer sur l'Irak. Les Turcs vont s'intéresser au front occidental contre les Grecs pour qu'en 1922, ils se retirent de l'Anatolie, laissant place au traité de Lausanne. En parallèle de ce traité, une convention entre la Grèce et la Turquie pour procéder à un échange de populations est mise en place. Une fois les Français chassés et le traité signés, Mustafa Kemal proclame la République turque.

Malgré tout, Antioche reste revendiquée et la frontière de Mossoul n'est pas déterminée : l'ONU doit trancher sur ce dernier cas et en 1925, un traité est signé entre l’Irak, la Turquie et la Grande-Bretagne. Il stipule qu'une partie du revenu du pétrole revient à la Turquie, mais que celle-ci doit reconnaître l'Irak et ses frontières.

En 1922, le sultanat ottoman est supprimé au parlement turc : la seule autorité politique reste Ankara. Mustafa Kemal va continuer son processus en supprimant le califat en 1924, à travers une loi qui crée parallèlement un organe spécifique : la Dyianet (Présidence des affaires religieuses). Il va ensuite procéder à la modernisation autoritaire et y impliquer la laïcité – dans le sens d'un contrôle absolu sur les questions religieuses. On assimile les éléments non turcs et non musulmans, les mœurs changent tout comme les lois. Les politiques d'assimilation des minorités et des différentes ethnies sont multiples: création de patronymes turcs, calendrier changé, fermeture des écoles religieuses.

En 1925, après avoir créé le ministère de l'Éducation, on impose le port du chapeau européen, on applique des réformes de lois (code civil suisse), adaptation des systèmes métriques, le calendrier est transformé (tout comme le jour de repos). L'alphabet change également, l'histoire et le passé suivent le mouvement : l'institut de l'histoire turque est créé en 1931. Parallèlement, on poursuit une politique de purification de la langue afin de renforcer la théorie de la "Langue-soleil" : démontrer l'origine et la supériorité de la nation mère. Dans ce même procédé, on règle la question des Kurdes, qu'on assimile comme des "turcs montagnards" (pour les ramener dans leur "vraie nature"). En 1938 ont lieu des répressions contre les populations kurdes et non musulmanes.

Pour les institutions, l'État est centralisé, nationalisé et sécularisé. La société est européanisée, le passé de l'empire musulman est associé à un imaginaire horrible, c'est pour ça qu'il faut se tourner vers l'Occident. Mais dès 1950, la Turquie freine son occidentalisation face au multipartisme qu’elle implique – la Turquie ne possédait alors qu’un seul parti. Les conservateurs vont donc remettre en question les réformes kémalistes, ce qui représente un réel danger pour les dirigeants au pouvoir et ce qui va déboucher sur des répressions d'ampleur.

 La Turquie est une alliée de l'Occident et doit donc maintenir le multipartisme. Environs chaque 10 ans, un coup d'État a lieu, mais les élections sont néanmoins convoquées par l'armée. Depuis quelques années, les conservateurs, au pouvoir, prône un gouvernement qui n'est pas révolutionnaire et donc n'ont pas subi de revers de la part de l'armée.

De plus, les politiques assimilationnistes (Kurdes) vont renforcer le nationalisme turc – ces populations ne bénéficient pas ou plus du statut de Millet. L'antisémitisme et le racisme européens vont influencer la politique discriminatoire en Turquie et déboucher sur les pogroms contre les juifs en Thrace. Par ailleurs, une loi d'imposition sur la richesse va renforcer cette discrimination et pour les individus (non turcs) ne pouvant payer, des camps vont être mis en place.

 La sécularisation est un long processus historique dans lequel le divin et le dieu cessent d'être la référence. La laïcité est une politique: l'État décide de se séparer de l'église. On peut avoir donc des sociétés sécularisées, mais non laïques et inversement.

Après la guerre, la situation se dégrade encore plus : une bombe éclate dans la maison natale de Mustafa Kemal, des pogroms vont être menés contre les populations visées. De fil en aiguille, les minorités se réduisent et ne représentent plus grand-chose de nos jours.

Les Alévis

Les Alévis sont heureux de voir la création de la nouvelle république turque, car promet la laïcité et de sécularisme. Mais dès la suppression du califat, la Dyianet est créée pour promouvoir l'islam sunnite (construction de mosquées …) ce qui va leur poser problème sans pour autant rendre les choses très compliquées – on parlait de meurtres du temps de l'Empire ottoman. Dans les années 1960, le premier parti politique alévi se crée même si un autre parti politique de gauche communiste répond mieux aux demandes de l'électorat kurde et alévi.

Dès les années 1970, une extrême droite fait son apparition et prône la discrimination contre les alévis: massacres, pogroms (1978, 1980), scène de décapitation, etc. En 1993, des intellectuels alévis seront brûlés vifs dans un hôtel. En 1995, le quartier de Gazi sera touché par un massacre contre cette population. Dès 2002, le nouveau pouvoir promeut encore plus le culte sunnite et renforce la politique d'assimilation (Cf. Kemal) : la communauté est donc forcée de se rendre à la mosquée alors que ne pratique pas l'islam sunnite. Les Alévis sont turcophones et/ou kurdophones, même si leur foi est totalement déterminante de leur communauté.

L'Iran

Ce pays représente aussi un autre cas de modernisation autoritaire. Peu avant la Première Guerre mondiale, en 1907, le pays est au bord de l'implosion : pertes territoriales, l’armée n'arrive pas à gérer l'influence de l'État, réticences des Britanniques à l'établissement d'un pouvoir central fort. Ces derniers concluent un accord de partage du territoire avec la puissance russe, le tout dans le cadre de l’entente anglo-russe.

MOMCENC - iran après accord anglo russe de 1907.png

En 1921, le militaire Reza Khan va procéder à un coup d'État et créer un gouvernement, une administration et une armée pour constituer un pouvoir central. Il parvient aussi à trouver un accord avec les Britanniques, notamment sur la question du pétrole. En 1925, la dynastie Kadjar prend fin et une année plus tard, Reza Kahn se proclame Reza Chah de la dynastie Pahlavi. Khan va s'inspirer des réformes de Kemal et va procéder à une modernisation autoritaire : suppression de tous les pouvoirs intermédiaires, introduction des systèmes métriques, développement des réseaux de transports, réformes culturelles et vestimentaires, fort nationalisme (exaltation du passé iranien, basé sur la langue perse). Toutes ces réformes seront faites au prix de la censure, d'une baisse de la liberté d'expression, purification de la langue, répression générale, contrôle des appareils politiques. On introduit aussi vers la fin des années 1920 certains codes (civil, pénal, vestimentaire).

En décembre 1934, la Perse n'est plus, on appelle désormais le pays l'Iran (renforcement par rapport à l'Occident). La propagande nazie, résonnante en Orient, va convaincre le Chah qui, en réalité, compte uniquement s'appuyer sur les Allemands pour contrer le pouvoir britannique. Malheureusement, il devra laisser sa place à son fils, Mohammed Reza, encore trop jeune pour gouverner. Se pose aussi la question du ravitaillement des forces soviétiques via le pays, sous contrôle des forces interalliées.

En 1951, le Premier Ministre, Mossadegh, affirme que l'indépendance des Iraniens passe par le contrôle des ressources : il décidera de nationaliser les puits de pétrole, ce qui va lui coûter très cher. Les Britanniques parviennent à convaincre les États-Unis d'intervenir, via l'opération Ajax (CIA), en destituant le gouvernement du Premier Ministre. En 1953, bien que démocratiquement élu, Mossadegh est humilié et quitte le pouvoir. Le Chah devient de plus en plus puissant et projette de moderniser l'Iran. Depuis 1955, le pays appartient au Pacte de Bagdad ce qui le place du côté du bloc occidental. En effet, il souhaite profiter du contexte de la guerre froide pour se trouver des alliés (USA) et procède à la "Révolution blanche", une modernisation sous forme d’américanisation : mode de production, de consommation, … Les experts américains sur le sol bénéficieront de privilèges, ce qui renforce les tensions des milieux religieux. Parallèlement, on procède à la réforme de l'agriculture qui s'oriente vers les bienfaits de l'économie et non plus ceux de l'Islam (Cf. offrandes des Imams). On réprime l'opposition tout comme la gauche communiste et via ces réformes couplées aux répressions qui s'ensuivent, le Chah va provoquer malgré lui la fédération de toutes ces oppositions en une force commune.

 Lors du 235ème anniversaire de l'Empire perse, Mohammad Reza Chah Pahlavi va provoquer au changement de calendrier : quelques années plus tard, on rechangera pour l'ancien.

De grosses manifestations vont se constituer et le Chah, malade, ne peut répondre aux attentes du peuple, ce qui débouchera sur la révolution islamiste de 1979. Il quitte le pouvoir en s’exilant la même année alors que l’ayatollah (membre le plus élevé du clergé chiite) Rouhollah Khomeini revient sur le sol iranien après 15 ans. Les forces armées de la révolution proclament la neutralité et Khomeini déclare la fin de la monarchie et met en place un gouvernement provisoire. La révolution sera appuyée par de nombreux intellectuels, tout comme Michel Foucault. On procède à une théocratie chiite. Quelque part, Saddam Hussein sauve la révolution en déclarant la guerre au pays : c'est le sursaut du sentiment national comme facteur de cohésion, via le pouvoir religieux, qui permet d’ancrer définitivement la république comme forme de l’État iranien.  La République n'a pas été proclamée, mais a vu le jour avec la révolution islamique.  La laïcité n'est pas inscrite dans la constitution.

L'Égypte

Cet État a aussi été créé via une révolution. C'est un berceau de civilisations, succession de dominations (perse, romaine, …). Dès 1639, l'Égypte devient musulmane et ottomane dès 1517 (prise du Caire). Dès le 18ème siècle, le pays devient très intéressant pour les Britanniques. Le Nahda, la renaissance arabe, aura lieu sur le territoire égyptien sous le régime de Mehmet Ali. Au fil du temps, le pays ira même jusqu'à contester l'Empire ottoman (Cf. Ibrahim Pacha, fils de Mehmet Ali). Il devient très important en 1869 suite à l'ouverture du canal de Suez. Parallèlement, on assiste au déclin des questions économiques et donc de la modernisation (pressions des Alliés). Des prêts vont être contractés et dès 1876, une commission franco-britannique va se charge de l'administration du pays qui n'arrive pas à rembourser ses dettes. Le mécontentement est fort dans les classes populaires et les Britanniques s'établiront complètement au pouvoir dès 1880.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, l'enjeu du canal devient primordial ce qui pousse les Britanniques à proclamer leur protectorat sur l'Égypte (de jure). Après la guerre, les Égyptiens revendiquent leur indépendance pour avoir participé largement à la guerre (corvées, famines), ce qui provoque l'ire de la Grande-Bretagne qui va empêcher par tous les moyens la délégation égyptienne d'arriver à Paris pour faire valoir ses revendications : elle sera stoppée sur l’île de Malte. Là, la notion de « Wafd » (« délégation ») émerge dans l'histoire de l'Égypte.

Le mouvement révolutionnaire nationaliste se renforce et pousse les Britanniques à abroger leur protectorat en 1922, mais sous réserves : la présence des militaires britanniques autour du canal de Suez, occupation du Soudan (source du Nil), … Le sultan Fouad 1er se proclame rapidement roi et est très lié à la Grande-Bretagne. En 1927, les Frères Musulmans sont fondés pour maintenir une société conforme à la tradition musulmane (et contre une occidentalisation du pays). L'instabilité politique force la Grande-Bretagne à signer un nouveau traité avec l'Égypte pour éviter que les puissances fascistes ne mettent la main sur le pays : l'indépendance du pays se voit donc renforcée.

Le 23 juillet 1952, les Officiers Libres prennent le pouvoir, dont un se fait remarquer : il s'agit de Nasser. Son idée de panarabisme ainsi que la nationalisation du canal de Suez fait de sa politique un caractère très nationaliste et tiers-mondiste. Le socialisme de Nasser est développementaliste, car n'empêche pas la constitution d'une bourgeoisie égyptienne. Les Soviétiques vont s'en approcher, notamment pour la réalisation du barrage d'Assouan.

Pour constituer un État panarabe, il faut éradiquer Israël : la guerre de Six Jours va être perdue en 1966. Nasser mourra en 1970. Son successeur, Sadate, va procéder à une étatisation du pays : relance économique, remise en question du concept panarabe et même rapprochement avec Israël (accords de Camp David), ce qui va conduire à l'exclusion de l'Égypte de la Ligue Arabe. Cela marque pour certains experts la fin du panarabisme. Sadate est tué par les Frères Musulmans, son successeur est Hosni Moubarak. Il va réprimer les Frères Musulmans mais va être chassé lors du Printemps arabe pour laisser la place à Mohamed Morsi. Le Général Sissi procédera à un coup d'État et prend le pouvoir en mai 2014.

L'Arabie Saoudite

L'État est très jeune et d'une nature différente. On est obligé de parler d'un élément particulier pour comprendre sa constitution : c'est l'idéologie du wahhabisme.

En 1744, un pacte est conclu entre Saoud et Wahhab dans le but de faire triompher le règne de la parole de Dieu : il faut revenir à une forme plus pure de l'Islam et conquérir des territoires dans le but de créer un État. De nombreuses tentatives auront lieu, la première dès le 18ème siècle. Le Chiisme est considéré comme étranger à l'Islam et en 1803, la Mecque sera attaquée. La tentative échoue, car Mehmet Ali, envoyé par l'Empire ottoman, fera décapiter le général saoudien. La deuxième tentative en 1820-1840 échouera également. Dès 1900-01, une partie de la famille Saoud va revenir de son exil et reprend son projet de créer un état saoudien.

En 1915, les Britanniques vont contacter le Chérif Hussein (Hachémite) et, dans le même temps, ses ennemis, les Saoudiens. Les Saoudiens ne se révolteront pas, Hussein est isolé. Il finit par se proclamer Calife, ce qui pousse les Saoudiens à l'attaquer. En 1926, Ibn Saoud se proclame roi du Hejaz, reconnu par la Russie, la France et la Grande-Bretagne. En 1932, le Royaume de l'Arabie Unie est proclamé qui regroupe la Nejd et le Hejaz. Aussi, le pétrole va être découvert, ce qui va aider le royaume – et d'autant plus dans un contexte de guerre mondiale. Il devient donc allié privilégié des Français et des Britanniques.

On craint que la révolution islamique en Iran s'exporte en Arabie saoudite, ce qui la renforce dans sa position d'alliée. Le wahhabisme devient le fer de lance de la lutte antisoviétique. En 1981, on crée le Conseil de Coopération du Golfe dont l'Arabie Saoudite prendra une place importante. Saddam Hussein va envahir le Koweït : les bases militaires seront créées en Arabie Saoudite pour contrer l'offensive irakienne. En revanche, Al-Qaïda se retourne contre les Américains, considérant qu'ils aient profané la terre sainte de l'islam durant ce processus.

 Le 20 novembre 1979, des fondamentalistes islamistes prennent contrôle de la Mosquée de la Mecque, leur leadeur revendiquant le statut de Madhi, considérant que les Saouds corrompus et profitant du luxe, s’ouvrant à la société occidentale. Des milliers d’otages sont retenus jusqu’au 4 décembre, date de la bataille libératrice qui fit plus de 200 morts.

Les pays créés par décrets

La Société des Nations possédait plusieurs mandats (A, B, C), classés sur un degré d'ancienneté et de "civilisation". Les anciens territoires de l'Empire ottoman étaient relativement bien « civilisés » et donc se voyaient attribuer un mandat de type A.

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À ce moment, les Américains ne sont pas en faveur du maintien des conquêtes territoriales et souhaiteraient qu'ils soient accessibles à tout le monde – ce qui avantage leur position d'un point de vue commercial. Néanmoins, les Britanniques et les Français ont obtenu des gains de terres considérables : un compromis est donc décidé à travers les mandats dont s'ensuit un long procédé (conférence de San Remo, du Caire, traités de Sèvres puis de Lausanne).

En 1919, les territoires sont partagés entre les différentes puissances. On remarque une grande hostilité des populations locales face au mandat et la majorité de celles-ci souhaite la création d'un État arabe. Farouchement opposés aux occidentaux, ils sont moins réticents envers les américains.

La Syrie

Fayçal, fils d’Hussein ben Ali, se rendant à la conférence de paix à Paris, comprend que quelque chose ne joue lorsque les Français s'opposent à la création de son royaume – les Britanniques ne le soutiennent pas du tout. Pour renforcer sa position, il signe un accord avec Clemenceau pour établir un protectorat sur la Syrie, chose qu'il ne dévoile pas à ses partisans. De leur côté, l'État est en cours de création : éducation, réformes, armée, administration. En 1920, les Français souhaitent récupérer les territoires définis par les accords Sykes-Picot. En juillet de la même année se déroule la bataille de Mayssaloun : l'armée de Fayçal est écrasée et lui est forcée à l'exil. Le mandat devient donc une conquête territoriale.

La France procède à des divisions et va séparer les territoires pour créer des républiques : celle de Syrie et celle du Liban – bien que les territoires appartiennent au même peuple historiquement parlant. La Syrie sera divisée en plusieurs États, selon des critères religieux ou ethniques. Le tout sera fait dans un but d'empêcher une mobilisation arabe sur l'entier du territoire ("diviser pour mieux régner"). De plus, à travers les hauts représentants, la France va diriger la république comme un de ses départements (selon le modèle centralisé). Une administration directe est mise en place rapidement, ce qui va aggraver les frustrations arabes. En 1925, la grande révolte syrienne éclate et se prolongera sur plus de 2 ans. En effet, les Druzes ne sont plus les maîtres et perdent leurs privilèges. La répression est terrible : bombardements, exposition des corps des révoltés, etc.

Au final, le peuple ne sera pas aidé, la gestion se rapproche énormément d'une colonie. Le nationalisme syrien grandissant parvient tout de même à décrocher l'indépendance du pays. Néanmoins, dans un contexte de deuxième guerre mondiale, la Turquie, liée à l'Allemagne nazie, devient problématique. La France va donc offrir un bout de territoire (Antioche, Alexandrette) aux Turcs pour éviter une alliance dangereuse entre ces deux puissances. En 1939, un plébiscite finit par accréditer la cession de ce territoire au profit de la Turquie.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement de Vichy permet aux Allemands d'utiliser les infrastructures militaires (aéroports) basées au Liban. Les Britanniques ne peuvent laisser passer cet outrage et procéderont de telle manière pour que, une fois la guerre finie, les Français doivent renoncer à leur autorité sur le territoire et déclarer l'indépendance du pays.

Cette dernière va pousser dans une direction panarabe et très nationaliste. Bien qu'affaiblie, la Syrie participera à la guerre de 1948 contre Israël. Suite à la défaite, elle poussera le pays au bord du gouffre et ouvrira la porte à un trait caractéristique de l'époque contemporaine de ce pays : les coups d'États. En effet, avec l'expérience des protectorats, le contrôle de l'État se fait via l'armée, seule institution durable entre les changements de gouvernance.

Le baasisme se développera encore plus. On se dit de plus en plus qu'une alliance avec Nasser est plus qu'intéressante : en 1958, les deux pays proclament la République arabe unie. Rapidement, le leadership de Nasser apparaît clairement comme vocation principale de ce projet – la Syrie serait réduite à l'état de province de l'Égypte. En 1961, un coup d'État prend lieu pour échapper à la République arabe unie par des régionalistes, ce qui aggrave encore plus la déstabilisation du pays. En 1963, les baasistes procèdent à un nouveau coup d'État : réformes, sécularisation, éducation, agriculture, etc. On appellera ça le socialisme arabe. En 1966, la tendance socialiste du baasisme fera elle aussi son coup d'État. Une année plus tard, Israël gagne la guerre de Six Jours et affaiblit les Baas, ce qui plonge le pays dans le chaos. Hafez Al Assad fait son coup d'État en 1970, en accentuant le caractère national.

Il réalise qu'il faut une assise sociale ou légitimité pour conserver le pouvoir et va s'intéresser aux Alawites : les postes les plus importants leur seront donnés. Bien que le discours sur le panarabisme n’ait pas totalement disparu, la nation est toujours d'actualité. Il procédera aux mêmes méthodes que les Français en 1920: coopter, diviser, réprimer. Le pouvoir va se « confessionnaliser ». Toute l'opposition sera purgée sauf la partie islamiste, possédant une réelle assise sociale auprès du peuple. En 1982, Al Assad rasera une ville islamiste pour imposer une répression de grande ampleur, le tout avec une dimension symbolique.

Assad nécessite une personne d'autorité religieuse en tant que Fatwa (spécialiste de la loi islamique), chose qui ne peut pas être assumée par des Alawites, considérés comme non-musulmans. Hafez décède en 2000 et c'est son fils, Bachar Al Assad, qui est depuis au pouvoir.

Le Liban

Depuis le 16ème siècle, le territoire est sous contrôle ottoman. Il fait preuve d'une diversité particulière, au niveau ethnique et religieux : les druzes et le maronites (chrétiens) ont joué un grand rôle dans l'histoire de ce pays, surtout à cause de leur opposition.

Durant son mandat, la France va tenter de jouer le rôle de médiateur entre les deux populations. On applique une division administrative (Mutasarrifiyyah) sur le territoire, le mont Liban échappe au contrôle des ottomans. Par ailleurs, la France va dépêcher deux délégations libanaises à la conférence de paix de Paris pour contrecarrer les revendications de Fayçal.

L'État libanais est créé en 1921, une république avec un système politique particulier: le système communautaire. Ainsi, chaque communauté aura un poids sur la fonction étatique par rapport à son poids démographique. Les élites, déçues de ce système, se regroupent pour tenter d'imposer leurs revendications. Le système reste faible, car se base uniquement sur un recensement de population : la migration palestinienne tout comme le panarabisme vont provoquer des fluctuations dans la démographie libanaise. En 1970, les Jordaniens chassent les Palestiniens de leurs territoires, qui vont donc s'établir au Liban. Suite à ces événements, le Liban va être plongé dans une guerre civile, avec une occupation israélienne au Sud-Liban dès 1975.

La Syrie, dans une volonté d'annexer le Liban, va soutenir et s'associer avec les différentes communautés. En 1989, elle organise la conférence de Taëf : le Liban sort de la guerre civile, sous administration syrienne. On refuse de faire un recensement, de peur de déséquilibrer le pays. En 2005, Rafiq Hariri, Premier ministre libanais, est assassiné à Beyrouth, ce qui provoque des instabilités et de larges mouvements protestataires, conduisant à la révolte du Cèdre et au retrait des troupes syriennes du pays. Parallèlement, le Hezbollah, parti islamiste chiite fondé en 1982, ne veut pas se désarmer et le conflit de 2006 contre Israël va lui permettre de renforcer sa position sur l’échiquier de la résistance arabe.

Jordanie

Il faut revenir au mandat britannique sur la Palestine pour appréhender la formation de la Jordanie. Une des premières choses que la Grande-Bretagne va faire est de diviser le mandat en deux: la Palestine (conférence du Caire, 1922) et celui sur les émirats de Transjordanie. Le fils du Chérif Hussein, Abdallah, est le leader des révoltes dans une partie du territoire: pour le contenir, il devient émir de la Transjordanie. L'opposition sioniste se manifeste, elle, sur le fait que l'immigration juive est interdite par les Britanniques en Transjordanie.  Le fleuve Jordan détermine les notions de Trans- et de Cisjordanie.

Les Jordaniens vont créer la légion arabe, une armée sous contrôle d'un haut officier britannique. En 1946, la Jordanie devient indépendante. Deux ans plus tard, suite à la guerre civile, Israël proclame son indépendance, les États arabes s'opposent : l'émirat de la Transjordanie va occuper, donc annexer, la Cisjordanie.

En 1950, la moitié des sièges parlementaires est occupée par des députés palestiniens : le projet concret est en réalité l'annexion de la Cisjordanie. Les nationalistes palestiniens, au courant d'un accord secret entre les Israéliens et les Transjordaniens sur des questions d'autorité/souveraineté/territoire, s'opposent à cette loi et Abdallah est assassiné en 1952. Le territoire palestinien est perdu dans la guerre de 1967.

Le roi Hussein, petit-fils de Abdallah, régnera sur la Transjordanie jusqu'à sa mort, en ne réglant pas l'ambigüité palestinienne – notamment à cause de ses ambitions panarabes. En 1971, le roi procède au "Septembre noir" : les combattants palestiniens sont chassés du territoire de manière violente. Les quartiers généraux des chefs palestiniens sont bougés au Liban. Sur une question de principe, même en participant aux guerres israélo-arabes (Kippour), les Jordaniens entretiennent une relation proche avec Israël, sur des sujets en opposition avec les autres États arabes. À sa mort, Hussein est remplacé par son fils, Abdallah II.

Au final, les hachémites à qui on avait promis un état arabe, ne régneront que sur la Transjordanie. Lors de la Conférence d'Oslo (Accords d'Oslo), les diplomates jordaniens sont obligés de renoncer à toute ambition sur le territoire palestinien.

 Par ailleurs, la Jordanie bénéficie de l'aide américaine, État avec lequel le pays est en très bons termes.

Irak

L'État est composé de trois anciens territoires ottomans (villaet = provinces): Mosul, Baghdad et Basra. Les Britanniques ont toujours été intéressés par ce dernier, principalement pour son accès direct au Golfe – enjeu de protéger l'exploitation du pétrole en Perse. Le territoire, plus particulièrement celui de Mosul, est très intéressant pour plusieurs raisons:

  • Découverte de pétrole
  • Source des fleuves
  • Contrôle sur le nord pour assurer la stabilité du reste du territoire.

Gertrude Bell, archéologue, va militer pour donner le nom arabe d’« Irak » plutôt que Mésopotamie (grec). Dès lors, on jette les bases de tous les problèmes, contenus dans la question irakienne selon Pierre-Jean Luisard. On parle de massacres, d'instabilité et de violences, qui peuvent s'expliquer simplement par un rapport de domination des Sunnites sur les Chiites et une domination des Arabes sur les Kurdes.

Selon la méthode colonialiste, on place la minorité au pouvoir pour qu'elle reste subordonnée à la métropole. Ainsi, les élites sunnites, minoritaires, se retrouvent à la tête de l'Irak: Fayçal devient souverain hachémite du pays en 1920. Dès 1925, les contestations chiites et kurdes sont matées (avec l'aide de la Royal Air Force), l'État est stabilisé.

En 1932, l'Irak est le premier état créé par décret à devenir indépendant en adhérant à la Société des Nations. Néanmoins, l'administration gouvernementale reste sous contrôle des Britanniques – chaque ministre possédera un assistant britannique. En 1941, un coup d'État est tenté, la Grande-Bretagne intervient pour placer un nouveau roi au pouvoir. L'histoire se répète durant la guerre froide, l'Irak ayant un poids décisif dans les accords de Bagdad en 1955 : ces derniers cherchent à mener la politique américaine du « containment », visant à créer un « cordon sanitaire » pour contrer la montée en puissance de l’URSS. En 1958, la révolution renverse la monarchie, la république est proclamée, Abdel Karim Kassem est élu. C'est aussi la période où les gouvernements syrien et égyptien fondent la République arabe unie, organe que Kassem décide de ne pas rejoindre : il se rapproche des Kurdes et des chiites. En 1963, Kassem est tué en direct lors d'un coup d'État, Abdel Salam Aref le remplaçant à la tête du pouvoir. Ce dernier était baasiste et, contrairement à Kassem, se positionnait en faveur de la République arabe unie. À sa mort, son frère le remplacera en tant que président. Le baasisme s’est donc mis en place en Irak grâce au frère Aref dès le début des années 1960.

En 1979, Saddam Hussein devient le nouveau maître de l'Irak. Le processus d’étatisation de la tribu sera renforcé, toujours dans une optique baasiste : on cherche le soutien des Tiplit. Saddam va lancer des programmes de modernisation : école, économie, logement, etc. pour arriver finalement à la nationalisation du pétrole. Néanmoins, l'économie se fondera sur une société clientéliste et non pas selon une approche moderne. En 1980, Saddam Hussein déclare la guerre à l'Iran face aux provocations de Khomeini et pour éviter la propagation de sa révolution. Une alliance est mise en place entre la Syrie, l'Iran et le Hezbollah contre l'Irak. Au final plus d’un demi-million de soldats seront morts pour chacun des camps. La guerre ne donnera lieu à aucune réparation et n’induit aucun changement territorial. L’Iran accepte en 1988 le cessez-le-feu proposé par le Conseil de Sécurité, l’utilisation par l’Irak d’armes chimiques comme première étape d’une escalade de la violence du conflit.

En 1990, Saddam Hussein déclare la guerre au Koweït selon des revendications territoriales. La guerre onusienne est en réalité américaine, l'embargo produit des conséquences terribles. Avec la présidence Bush, l'imaginaire de l'Irak comme point de « l'axe du Mal » se renforce, d'autant plus avec les attentats du 11 septembre. Ce chaos sera le berceau du nouveau djihadisme représenté par Daesh/Al Quaida. Les Américains vont "débaasiser" l'Irak en démontant toute l'administration et l'armée : le pays est plongé dans le chaos. Les Chiites commencent à reprendre le contrôle du pays, les autres populations sont marginalisées dès le retrait en 2009 des Américains.

Israël

Le pays a été créé par décret ou par révolution, selon le point de vue. La déclaration de Balfour est primordiale pour comprendre la fondation de cet État. On peut retracer l'origine du conflit à travers celle-ci selon les historiens, qui pourraient même être datés: le 2 novembre 1917, date de la rédaction. Dans ce document, les populations non-juives ne sont pas nommées. Les intérêts britanniques ont joué un rôle prédominant dans le processus.

Néanmoins, le conflit ne commence pas dans le vide. Jérusalem a toujours connu une population juive, tout comme le nord du territoire. Dès les années 1800-1830, de plus en plus de populations juives vont quitter l'Europe pour la Palestine : le processus s'accélère notamment à cause des persécutions sous l'empire tsariste visant à réprimer la renaissance juive, Askala (Ashkénaze. La communauté souhaite faire revivre la culture et la tradition en s'intéressant notamment à la langue, Eliseth Beskeouda étant à l'origine de l'hébreu moderne.

Une partie de la population va émigrer aux USA. Léon Pinsker, médecin, réfléchit beaucoup à la question et pose les premières bases de l'idée de fondation d'un foyer national. Théodore Herzl, journaliste et écrivain austro-hongrois, va pousser cette idée encore plus loin en imaginant fonder ce foyer en France : l'affaire Dreyfus va entacher ses plans, preuve de l'antisémitisme récurrent à cette époque.

Selon l'histoire religieuse, les juifs sont tenus responsables depuis des siècles de la mort de Jésus ("le peuple déicide") par les chrétiens. Les manifestations de l'antisémitisme se déroulent dans un contexte socio-économique bien précis : au Moyen-Âge, les juifs ne peuvent travailler avec des chrétiens. Dès le 19ème siècle, l'antisémitisme devient "moderne", car trouvent ses racines sur une base raciale uniquement.

Vers la fin du 19ème siècle, le programme "Rovere Zion" (les amants de Zion) est créer, le congrès à Bâle est organisé en 1897 : les idées de Herzl sont discutées, on parle de migrer en Palestine. Entre 1903 et 1914, 30'000 juifs arrivent sur le territoire et créent la ville de Tel-Aviv. Les Kibboutz sont imaginés à cette période: des petits villages autonomes, dont la sécurité est très primordiale. Entre 1921 et 1931, 150'000 personnes arrivent en Palestine.

Les tensions se manifestent dès la déclaration de Balfour: de nombreux massacres entre les populations ont lieu. Cela débouche sur la création d'une force armée sioniste, la Hagana. Les milieux sionistes vont collaborer avec les puissances mandataires, ce qui provoque la colère des Arabes. Par ailleurs, l'Agence juive est mise en place pour coordonner le processus – l'achat de propriétés foncières en particulier.

Dès 1937, la Grande-Bretagne reconnaît son incapacité à gérer la situation sur place: ce sont les premiers signes du désengagement. La Société des Nations prend le relais et propose le premier plan de partage issu de la commission Peel. Cela provoque de nouvelles tensions, on assiste à l'émergence de formations extrémistes, des attentats sont fomentés. Un nouveau plan de partage est proposé en 1947, refusé par les arabes, car ne respectant pas leurs revendications.

En mai 1948, Israël déclare son indépendance alors que les Anglais quittent le territoire. Une coalition armée de pays arabes (Transjordanie, Syrie et Égypte) déclare la guerre à l’État juif. Alors que les Arabes prenaient l’avantage, les rapports de force s’échangent – l’URSS soutenant Israël pour chasser définitivement les Anglais du territoire. Le conflit se termine par le cessez-le-feu conclu entre février et juillet 1949.

En juin 1967, la guerre des Six Jours se déclare entre les mêmes protagonistes en plus du Liban, Israël ressortant vainqueur du conflit, triplant son emprise territoriale. – l’Égypte perdant la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï. En 1973, guerre du Kippour. En 1979, les accords de Camp David sont négociés en secret entre Israël, l’Égypte (Sadate) et les États-Unis comme médiateurs (Jimmy Carter) et débouchent le premier traité de paix entre Israël et l’Égypte.

 Actuellement, l’un des points centraux de la lutte palestinienne consiste en la reconnaissance du droit de retour des réfugiés.


Annexes

Références