Concurrence monopolistique

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La concurrence imparfaite renvoie à des structures de marché qui ont certains traits de la concurrence et certains traits du monopole.

On distingue deux types majeurs de marchés en concurrence imparfaite:

  • La concurrence monopolistique est le fait que plusieurs firmes vendent des produits similaires mais non identiques. Les producteurs se concurrencent indirectement, ils prennent des décisions sans prendre en compte ni de l’action des autres producteurs du marché, ni des conséquences de sa propre concurrence sur les autres. D’autre part, les producteurs ont une large latitude à pratiquer les prix souhaités, ainsi les producteurs sont des prices makers.
  • L'oligopole est le fait que seulement quelques vendeurs, chacun offrant un produit similaire ou un produit identique (cf. chapitre suivant). On tient compte est de l’action des autres producteurs sur le marché ainsi que des conséquences de ses actions sur les autres. Dans ce cas c’est une concurrence directe qui assume un comportement stratégique.

La différence essentielle entre ces deux formes de marché consiste dans le type de concurrence existante entre entreprises. Les firmes en concurrence monopolistique prennent leurs décisions sans tenir compte de l'action des autres concurrents ni de l'impact de ses propres décisions sur les autres (la concurrence se fait indirectement,par le prix); en revanche, l'oligopole analyse les interactions stratégiques entre producteurs (concurrence directe: l'action d'un concurrent influence directement le processus décisionnel des autres producteurs).

Ainsi, ce qui caractérise la compétition monopolistique est la présence de caractéristiques du monopole et de caractéristiques de l’entreprise en marché compétitif.

Les quatre types de structure de marché
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Concurrence monopolistique

Attributs de la concurrence monopolistique

La concurrence monopolistique présente les attributs suivants :

  1. Nombreux vendeurs : Il y a de nombreuses firmes qui opèrent sur le marché, offrant ainsi un certain degré de concurrence entre elles.
  2. Différenciation des produits : Chaque firme produit des biens ou services qui sont au moins légèrement différents de ceux des autres firmes. Cette différenciation peut se faire par le biais de caractéristiques physiques, de la qualité, du design, de la marque, du service après-vente, etc.
  3. Courbe de demande décroissante : Au lieu d'être une preneuse de prix, chaque firme est confrontée à une courbe de demande décroissante pour sa propre variété de produit. Cela signifie que la demande pour un produit donné diminue à mesure que son prix augmente.
  4. Entrée libre : Les firmes peuvent entrer sur le marché ou en sortir sans restriction majeure. Cela permet une certaine fluidité dans la concurrence et le nombre de firmes sur le marché peut varier en fonction des conditions économiques.
  5. Publicité et promotion : En raison de la concurrence entre les firmes et de la nécessité de se différencier, la publicité et la promotion jouent un rôle important pour attirer l'attention des consommateurs et stimuler la demande pour les produits spécifiques.
  6. Pouvoir de marché limité : Bien que chaque firme puisse exercer un certain pouvoir de marché grâce à la différenciation de ses produits, ce pouvoir est limité en raison de la disponibilité de substituts proches sur le marché. Les consommateurs ont des alternatives parmi les différentes variétés de produits proposées.
  7. Connaissance limitée des prix des concurrents : En raison de la différenciation des produits, les firmes ont une connaissance limitée des prix des autres firmes. Elles se concentrent davantage sur la différenciation de leurs propres produits plutôt que sur la fixation des prix en fonction des prix des concurrents.
  8. Conditions de vente non homogènes : Les firmes peuvent offrir des conditions de vente différentes, telles que des garanties, des services supplémentaires, des options de personnalisation, etc. Cela permet de se différencier et d'attirer les consommateurs qui accordent de l'importance à ces facteurs.
  9. Concurrence imparfaite : La concurrence monopolistique est considérée comme une forme de concurrence imparfaite, car chaque firme possède une certaine influence sur le marché en raison de la différenciation de ses produits. Cependant, cette influence est limitée par la concurrence des autres firmes.
  10. Variété de tailles d'entreprise : En raison de l'entrée libre sur le marché, il peut y avoir une variété de tailles d'entreprise, allant des petites entreprises aux grandes entreprises. Cela dépend de la capacité de chaque entreprise à se différencier et à attirer les consommateurs.

Il est important de noter que ces attributs ne sont pas tous présents de manière absolue dans tous les marchés de concurrence monopolistique, mais ils représentent les caractéristiques générales de ce type de marché.

La concurrence monopolistique est une structure de marché récurrente dans de nombreux secteurs. Les exemples que vous avez mentionnés, tels que les livres, les CD, les films, les jeux vidéo, les restaurants, les leçons de piano, les pizzas, les corn-flakes, les meubles, illustrent bien la présence de la concurrence monopolistique. Dans ces secteurs, il y a généralement de nombreux vendeurs proposant des produits ou services différenciés. Par exemple, dans l'industrie du livre, chaque maison d'édition propose une variété de livres avec des genres, des auteurs et des styles différents. De même, dans l'industrie alimentaire, il existe une multitude de restaurants offrant des cuisines variées et des expériences différentes.

La différenciation des produits permet aux consommateurs d'avoir des choix et des préférences individuelles, ce qui crée une concurrence entre les firmes pour attirer leur attention. Les stratégies de marketing, la publicité et la promotion sont souvent utilisées pour mettre en valeur les caractéristiques uniques des produits et pour se démarquer de la concurrence. Cependant, malgré cette différenciation, il y a des limites au pouvoir de marché des firmes, car les consommateurs ont des alternatives parmi les différentes variétés proposées. De plus, l'entrée libre sur le marché permet à de nouvelles firmes d'entrer et de concurrencer les acteurs existants, ce qui maintient la dynamique concurrentielle. En résumé, la concurrence monopolistique est une structure de marché courante dans de nombreux secteurs où la différenciation des produits et la concurrence entre de nombreux vendeurs sont présentes. Cela crée un environnement concurrentiel où les firmes cherchent à se démarquer en offrant des produits ou des services uniques pour attirer les consommateurs.

Comment différencier ?

La différenciation peut être réalisée de plusieurs manières, notamment :

  • Par style ou type de bien : Les firmes peuvent différencier leurs produits en proposant des styles ou des types de biens qui répondent à des besoins et des goûts différents. Par exemple, dans l'industrie automobile, il existe des voitures familiales, des voitures sportives, des véhicules tout-terrain, etc. De même, dans l'industrie de la restauration rapide, les fast-foods proposent une variété de choix tels que des pizzas, des hamburgers, des kebabs, de la nourriture chinoise, etc.
  • Par localisation : La proximité géographique peut être un facteur de différenciation. Les consommateurs peuvent avoir une préférence pour des biens ou des services proches de leur lieu de résidence ou de travail, en raison des coûts de déplacement. Par exemple, les restaurants locaux peuvent attirer les clients de la région en offrant une commodité et une accessibilité supérieures par rapport aux restaurants plus éloignés.
  • Par qualité : Les firmes peuvent différencier leurs produits en termes de qualité. Elles peuvent proposer des biens dans différentes gammes de qualité, allant de l'entrée de gamme au milieu de gamme et au haut de gamme. Cela permet de répondre aux besoins et aux préférences des consommateurs ayant des attentes et des budgets différents. Par exemple, dans l'industrie du chocolat, il existe des marques qui proposent du chocolat ordinaire, du chocolat de qualité supérieure ou du chocolat haut de gamme.

Il est important de noter que ces stratégies de différenciation peuvent être combinées. Les firmes peuvent proposer des produits qui se distinguent à la fois par leur style, leur localisation et leur qualité pour attirer différents segments de consommateurs et se positionner sur le marché de manière unique.

La publicité joue un rôle crucial dans la différenciation des biens et des services. Elle permet aux entreprises de communiquer les caractéristiques uniques de leurs produits, de mettre en avant leurs avantages concurrentiels et de créer une image de marque distinctive. Voici quelques façons dont la publicité contribue à la différenciation :

  • Communication des caractéristiques uniques : La publicité permet aux entreprises de mettre en évidence les caractéristiques spécifiques de leurs produits qui les distinguent de leurs concurrents. Cela peut inclure des fonctionnalités innovantes, des matériaux de qualité supérieure, des performances améliorées, etc.
  • Création d'une image de marque : La publicité permet de développer une identité de marque distincte qui se démarque des autres entreprises. Les campagnes publicitaires peuvent aider à associer des valeurs, des émotions et des expériences spécifiques à une marque, créant ainsi une perception unique dans l'esprit des consommateurs.
  • Diffusion de messages ciblés : La publicité permet de s'adresser directement à des segments spécifiques de consommateurs. Les entreprises peuvent adapter leurs messages publicitaires en fonction des besoins, des goûts et des préférences des différents groupes de consommateurs, renforçant ainsi la différenciation de leurs produits pour ces segments spécifiques.
  • Renforcement de la notoriété de la marque : La publicité contribue à accroître la visibilité et la notoriété de la marque. Lorsque les consommateurs sont exposés de manière répétée à des publicités pour une marque spécifique, cela renforce la reconnaissance de la marque et peut créer une préférence à long terme pour cette marque.
  • Création d'une perception de valeur ajoutée : La publicité peut aider à communiquer la valeur ajoutée d'un produit ou d'un service, ce qui permet de justifier des prix plus élevés. En mettant en avant des avantages distinctifs, la publicité peut influencer la perception des consommateurs quant à la valeur et à la qualité d'un produit, le différenciant ainsi des alternatives moins coûteuses.

En combinant une stratégie publicitaire efficace avec d'autres formes de différenciation, les entreprises peuvent se positionner de manière unique sur le marché, attirer l'attention des consommateurs et construire des relations solides avec leur public cible.

Court terme

Dans le court terme de la concurrence monopolistique, chaque firme agit comme si elle était en situation de monopole pour son produit différencié. Cela signifie que chaque firme est confrontée à une courbe de demande décroissante pour sa propre variété de produit. En raison de la différenciation des produits, les consommateurs ont des préférences individuelles et sont prêts à payer des prix différents pour chaque variété de produit. Par conséquent, chaque firme peut fixer son propre prix en fonction de sa perception de la demande pour sa variété spécifique. Cependant, il est important de noter que cette perception de pouvoir de monopole est limitée et ne permet pas à une firme de contrôler complètement les prix sur le marché. Les consommateurs ont toujours des alternatives parmi les autres variétés de produits proposées par d'autres firmes. Ainsi, bien que chaque firme puisse avoir une certaine influence sur le prix de son propre produit, cette influence est limitée par la concurrence des autres firmes. Dans le court terme, les firmes peuvent réaliser des profits économiques positifs en raison de la différenciation de leurs produits et de la capacité à fixer des prix légèrement supérieurs à leurs coûts marginaux. Cependant, à mesure que d'autres firmes entrent sur le marché et proposent des produits similaires, la concurrence s'intensifie et les profits économiques peuvent diminuer. À long terme, avec l'entrée libre sur le marché, les profits économiques tendent à s'approcher de zéro, car de nouvelles firmes entrent et concurrencent les acteurs existants.

Lorsque les firmes réalisent des profits économiques dans la concurrence monopolistique, cela crée une incitation à l'entrée de nouvelles firmes sur le marché. Étant donné l'absence de barrières à l'entrée, de nouvelles entreprises peuvent facilement entrer sur le marché pour exploiter cette opportunité de profit. L'entrée de nouvelles firmes sur le marché a plusieurs conséquences :

  • Augmentation du nombre de produits (variétés) offerts : Avec l'arrivée de nouvelles firmes, le nombre de variétés de produits disponibles sur le marché augmente. Cela donne aux consommateurs un choix plus large et une plus grande diversité de produits à choisir.
  • Réduction de la demande pour chaque firme déjà présente : L'arrivée de nouvelles firmes entraîne une réduction de la part de marché et de la demande adressée à chaque firme déjà présente sur le marché. La demande résiduelle, c'est-à-dire la part de demande qui reste pour chaque firme, diminue. Cela peut entraîner un déplacement vers la gauche de la courbe de demande individuelle pour chaque firme déjà présente.
  • Réduction des profits des firmes en place : La concurrence accrue due à l'entrée de nouvelles firmes conduit à une réduction des profits économiques des firmes déjà présentes sur le marché. La pression concurrentielle pousse les prix à la baisse et limite la capacité des firmes à réaliser des profits supérieurs à leurs coûts. À long terme, les profits économiques tendent à diminuer jusqu'à atteindre un niveau où ils sont nuls.

Ces effets concurrentiels à la suite de l'entrée de nouvelles firmes contribuent à rétablir l'équilibre sur le marché de la concurrence monopolistique. Les profits économiques incitent à l'entrée de nouvelles firmes, mais cette entrée réduit progressivement les profits jusqu'à ce qu'ils soient épuisés et que les firmes opèrent avec des bénéfices normaux ou nuls.

Lorsque les firmes font des pertes économiques dans la concurrence monopolistique, elles sont incitées à sortir du marché. Cela peut entraîner plusieurs conséquences :

  • Diminution du nombre de produits (variétés) offerts : Lorsque les firmes sortent du marché en raison de pertes économiques, le nombre de variétés de produits disponibles diminue. Cela peut réduire la diversité des choix pour les consommateurs.
  • Accroissement de la demande pour les biens des firmes restantes : Lorsqu'une partie des firmes quitte le marché, la demande résiduelle pour les produits des firmes restantes augmente. La demande se concentre davantage sur les firmes qui sont toujours présentes, ce qui peut entraîner un déplacement vers la droite de leur courbe de demande individuelle. Cela peut permettre aux firmes restantes de bénéficier d'une plus grande part de marché et d'une augmentation potentielle de leurs ventes.
  • Augmentation des profits des firmes restantes : Avec la diminution du nombre de firmes concurrentes, les firmes restantes peuvent potentiellement bénéficier d'une réduction de la concurrence et d'une augmentation des marges bénéficiaires. Si la demande pour leurs produits augmente et si elles parviennent à réduire leurs coûts, les firmes restantes peuvent réaliser des profits économiques positifs à long terme.

Ces ajustements résultant de la sortie des firmes déficitaires contribuent à rétablir l'équilibre sur le marché de la concurrence monopolistique. Les pertes économiques incitent les firmes à sortir du marché, ce qui réduit l'offre de variétés de produits, augmente la demande pour les firmes restantes et peut améliorer leur rentabilité. Cependant, il est important de noter que cette dynamique concurrentielle est sujette aux fluctuations et peut évoluer en fonction des conditions du marché.

Court terme : entrée/sortie

Dans le court terme de la concurrence monopolistique, les firmes peuvent entrer ou sortir du marché en fonction des conditions économiques et des opportunités de profit. Voici comment cela se manifeste :

  • Entrée de nouvelles firmes :

Si les firmes déjà présentes sur le marché réalisent des profits économiques, cela crée une incitation à l'entrée de nouvelles firmes. En l'absence de barrières à l'entrée, de nouvelles entreprises peuvent facilement entrer sur le marché pour exploiter cette opportunité de profit. L'entrée de nouvelles firmes augmente alors le nombre de vendeurs et peut entraîner une plus grande diversité de produits et de variétés disponibles pour les consommateurs. L'entrée de nouveaux concurrents dans le marché de la concurrence monopolistique peut déplacer la demande adressée à une entreprise spécifique vers la gauche.

Voici comment cela se produit : Lorsqu'une nouvelle entreprise entre sur le marché et propose une variété de produit similaire à celle d'une entreprise existante, cela crée une concurrence directe. Les consommateurs ont alors davantage de choix parmi les différentes variétés de produits offertes, ce qui réduit la part de marché et la demande pour chaque entreprise existante. L'entrée de nouveaux concurrents peut donc déplacer la courbe de demande de chaque entreprise vers la gauche. Cela signifie que la quantité demandée pour la variété spécifique de l'entreprise existante diminue à chaque niveau de prix. Par conséquent, l'entreprise est confrontée à une demande résiduelle plus faible, ce qui peut avoir un impact sur sa capacité à générer des revenus et des profits. En outre, l'entrée de nouveaux concurrents peut également affecter la recette marginale de l'entreprise. La recette marginale représente le revenu supplémentaire généré par la vente d'une unité supplémentaire de produit. Lorsqu'une entreprise fait face à une demande résiduelle plus faible en raison de l'entrée de nouveaux concurrents, sa recette marginale peut diminuer, car chaque unité vendue rapporte moins de revenus.

  • Sortie des firmes existantes :

D'un autre côté, si les firmes connaissent des pertes économiques et ne parviennent pas à générer des bénéfices suffisants, elles peuvent être incitées à sortir du marché. La sortie des firmes se produit lorsque ces dernières jugent qu'il est plus avantageux de cesser leurs activités plutôt que de continuer à subir des pertes. Cela peut être dû à une faible demande pour leur produit, à une concurrence accrue ou à des coûts élevés qui ne peuvent pas être compensés par les revenus générés. La sortie de concurrents du marché dans la concurrence monopolistique peut déplacer la demande adressée à une entreprise spécifique vers la droite.

Voici comment cela se produit : Lorsqu'une entreprise concurrente sort du marché, cela réduit le nombre de variétés de produits disponibles pour les consommateurs. En conséquence, la demande pour chaque entreprise existante peut augmenter, car les consommateurs se tournent vers les variétés restantes. La sortie de concurrents peut donc déplacer la courbe de demande de chaque entreprise vers la droite. Cela signifie que la quantité demandée pour la variété spécifique de l'entreprise existante augmente à chaque niveau de prix. Ainsi, l'entreprise est confrontée à une demande résiduelle plus élevée, ce qui peut avoir un impact positif sur sa capacité à générer des revenus et des profits. De même, la sortie de concurrents peut également affecter positivement la recette marginale de l'entreprise. Une recette marginale plus élevée signifie que chaque unité vendue rapporte davantage de revenus supplémentaires à l'entreprise.

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Ces mouvements d'entrée et de sortie de firmes contribuent à l'ajustement de l'offre et de la demande sur le marché de la concurrence monopolistique. L'entrée de nouvelles firmes peut augmenter la concurrence, réduire les profits des firmes existantes et offrir davantage de choix aux consommateurs. La sortie des firmes déficitaires permet de réduire l'offre excédentaire, d'améliorer la rentabilité des firmes restantes et de rééquilibrer l'équilibre du marché.

Il est important de noter que ces ajustements se produisent principalement dans le court terme de la concurrence monopolistique. À long terme, avec l'entrée et la sortie des firmes, les profits économiques tendent à s'approcher de zéro et les firmes opèrent avec des bénéfices normaux ou nuls.

Court terme : profit/perte

Dans le court terme de la concurrence monopolistique, les entreprises peuvent réaliser des profits économiques ou subir des pertes économiques. Voici comment cela se manifeste :

  • Profits économiques :

Si une entreprise parvient à différencier son produit avec succès et à attirer les consommateurs, elle peut réaliser des profits économiques dans le court terme. Les profits économiques surviennent lorsque les revenus générés par les ventes dépassent les coûts totaux, y compris les coûts fixes et les coûts variables. Ces profits incitent les entreprises à rester sur le marché et à continuer à proposer leurs produits différenciés.

Graphiquement, lorsque l'entreprise réalise un profit économique dans la concurrence monopolistique, plusieurs éléments peuvent être observés :

  1. Courbe de demande et courbe de coût moyen : Le graphique présente une courbe de demande inclinée vers le bas, représentant la demande décroissante pour la variété spécifique de l'entreprise. La courbe de coût moyen (CM) indique les coûts moyens associés à la production de chaque unité du produit différencié.
  2. Point d'équilibre : Le point d'équilibre de l'entreprise se situe à l'intersection de la courbe de demande et de la courbe de coût moyen. À ce point, la quantité produite et vendue par l'entreprise maximise son profit économique.
  3. Prix et quantité : Le prix de vente est supérieur au coût moyen, ce qui génère une marge bénéficiaire. La quantité vendue est déterminée par l'intersection de la courbe de demande et de la courbe de coût marginal (CMg), qui représente le coût de production de chaque unité supplémentaire.
  4. Zone de profit : La zone entre la courbe de demande et la courbe de coût moyen, au-dessus du point d'équilibre, représente le profit économique de l'entreprise. Cette zone peut être calculée en multipliant la différence entre le prix de vente et le coût moyen par la quantité produite.
  5. Surplus du producteur : Le profit économique représente également le surplus du producteur, qui correspond à la différence entre le prix de vente et le coût variable moyen pour chaque unité produite. Ce surplus mesure l'avantage économique obtenu par l'entreprise grâce à la différenciation de son produit.
  • Pertes économiques :

À l'inverse, certaines entreprises peuvent subir des pertes économiques si elles ne parviennent pas à attirer suffisamment de consommateurs ou si leurs coûts sont trop élevés. Les pertes économiques surviennent lorsque les coûts totaux dépassent les revenus générés par les ventes. Les entreprises qui subissent des pertes économiques dans le court terme peuvent être incitées à revoir leur stratégie, à ajuster leurs coûts ou à quitter le marché.

Graphiquement, lorsque l'entreprise réalise une perte économique dans la concurrence monopolistique, plusieurs éléments peuvent être observés :

  1. Courbe de demande et courbe de coût moyen : Le graphique présente une courbe de demande inclinée vers le bas, représentant la demande décroissante pour la variété spécifique de l'entreprise. La courbe de coût moyen (CM) indique les coûts moyens associés à la production de chaque unité du produit différencié.
  2. Point d'équilibre : Le point d'équilibre de l'entreprise se situe à l'intersection de la courbe de demande et de la courbe de coût moyen. Cependant, dans le cas d'une perte économique, le point d'équilibre se situe généralement à un niveau inférieur à celui du coût moyen, ce qui signifie que le prix de vente est insuffisant pour couvrir les coûts moyens.
  3. Prix et quantité : Le prix de vente est inférieur au coût moyen, ce qui entraîne une perte par unité vendue. La quantité vendue est déterminée par l'intersection de la courbe de demande et de la courbe de coût marginal (CMg), qui représente le coût de production de chaque unité supplémentaire.
  4. Zone de perte : La zone entre la courbe de demande et la courbe de coût moyen, en dessous du point d'équilibre, représente la perte économique de l'entreprise. Cette zone peut être calculée en multipliant la différence entre le coût moyen et le prix de vente par la quantité produite.
  5. Surplus du consommateur : Malgré la perte économique de l'entreprise, il peut y avoir un surplus du consommateur, qui représente la différence entre le prix de vente et la volonté de payer des consommateurs pour chaque unité achetée. Ce surplus mesure l'avantage économique obtenu par les consommateurs grâce à l'offre de produits différenciés.
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Il est important de noter que, dans le court terme, les entreprises peuvent continuer à fonctionner même si elles réalisent des pertes économiques. Cela est dû à la possibilité de couvrir les coûts variables à court terme, tandis que les coûts fixes peuvent être plus difficiles à ajuster rapidement. Cependant, si les pertes économiques persistent à long terme, les entreprises peuvent être amenées à sortir du marché.

Il convient également de souligner que les profits économiques et les pertes économiques dans la concurrence monopolistique ne sont généralement pas extrêmes, car la concurrence entre les firmes limite le pouvoir de marché et les opportunités de profit excessif. À long terme, l'entrée et la sortie des entreprises sur le marché tendent à égaliser les profits économiques jusqu'à ce qu'ils se rapprochent de zéro, où les entreprises réalisent des bénéfices normaux ou nuls.

Long terme

à long terme, le processus d'entrée et de sortie des firmes dans la concurrence monopolistique se poursuit jusqu'à ce que les firmes sur le marché réalisent un profit économique nul. Ce processus est guidé par l'ajustement de l'offre et de la demande, ainsi que par la libre entrée et sortie des entreprises sur le marché. Voici comment cela se produit :

  • Profits économiques positifs : Si certaines firmes sur le marché réalisent des profits économiques positifs à court terme, cela incite d'autres entreprises à entrer sur le marché pour profiter de ces opportunités de profit. L'entrée de nouvelles firmes augmente l'offre de variétés de produits et entraîne une plus grande concurrence entre les entreprises.
  • Augmentation de l'offre et réduction des profits : L'entrée de nouvelles firmes sur le marché entraîne une augmentation de l'offre de produits et une réduction de la demande résiduelle pour chaque entreprise. Cette augmentation de l'offre conduit généralement à une diminution des prix et des marges bénéficiaires pour les firmes existantes. Les profits économiques des firmes en place diminuent progressivement à mesure que la concurrence s'intensifie.
  • Pertes économiques et sortie d'entreprises : Les firmes qui ne parviennent pas à générer des profits économiques ou qui subissent des pertes économiques dans le court terme sont incitées à sortir du marché. La sortie des entreprises en déficit réduit l'offre de produits et augmente la demande résiduelle pour les entreprises restantes.
  • Rééquilibrage du marché : Au fil du temps, le processus d'entrée et de sortie se poursuit jusqu'à ce que les profits économiques des firmes sur le marché atteignent zéro. À mesure que les entreprises rentables attirent de nouvelles entrées et que les entreprises déficitaires quittent le marché, l'équilibre est atteint où les coûts marginaux et les revenus marginaux des entreprises sont égalisés.

À long terme, chaque firme dans la concurrence monopolistique opère avec des bénéfices normaux ou nuls. Les prix sont déterminés par les coûts marginaux et les consommateurs ont accès à une variété de produits différenciés offerts par les différentes firmes. Cependant, il est important de noter que cet équilibre est dynamique et peut être influencé par des changements dans les préférences des consommateurs, les coûts de production et d'autres facteurs du marché.

Dans l'équilibre de long terme de la concurrence monopolistique, deux caractéristiques importantes se distinguent :

  1. Prix supérieur au coût marginal : Comme en situation de monopole, le prix dans la concurrence monopolistique est généralement supérieur au coût marginal. Cela signifie que chaque entreprise peut fixer un prix plus élevé que son coût marginal pour sa variété spécifique. La demande décroissante et la différenciation des produits permettent aux entreprises d'exercer un certain pouvoir de marché et de charger un prix supérieur à ce qu'elles factureraient en situation de concurrence parfaite.
  2. Prix égal au coût moyen à long terme : En raison de la libre entrée et sortie des entreprises, l'équilibre de long terme de la concurrence monopolistique tend à se caractériser par un prix égal au coût moyen. La concurrence entre les entreprises et l'ajustement continu de l'offre et de la demande conduisent à des profits économiques nuls à long terme. Les entreprises ne peuvent pas maintenir des profits supérieurs à leurs coûts moyens sur une période prolongée, car l'entrée de nouvelles entreprises sur le marché réduit les marges bénéficiaires.

Il convient de noter que bien que ces deux caractéristiques se rapprochent de celles observées en situation de monopole et de concurrence parfaite, la concurrence monopolistique présente des différences notables par rapport à ces deux modèles. Ces différences incluent la différenciation des produits, la capacité excédentaire (la possibilité pour les entreprises de produire au-delà de la demande actuelle) et le mark-up (taux de marge) permettant aux entreprises de facturer un prix supérieur à leurs coûts marginaux. Ces caractéristiques font de la concurrence monopolistique un modèle intermédiaire entre le monopole et la concurrence parfaite.

Long terme : équilibre

Dans le long terme de la concurrence monopolistique, l'équilibre se caractérise par plusieurs éléments :

  • Prix supérieur au coût marginal à court terme : Comme mentionné précédemment, à court terme, les entreprises de la concurrence monopolistique peuvent fixer des prix supérieurs à leurs coûts marginaux en raison du pouvoir de marché résultant de la différenciation des produits. Cela leur permet de réaliser des profits économiques.
  • Entrée de nouvelles firmes : Les profits économiques réalisés par les entreprises existantes dans le court terme attirent de nouvelles firmes sur le marché. L'entrée de nouvelles firmes augmente l'offre de produits et la concurrence entre les différentes variétés.
  • Réduction des profits économiques : L'entrée de nouvelles firmes conduit à une augmentation de l'offre et à une diminution de la demande résiduelle pour chaque entreprise. Cette concurrence accrue réduit les marges bénéficiaires des entreprises existantes, diminuant progressivement leurs profits économiques.
  • Ajustement vers un profit économique nul : Au fur et à mesure que de nouvelles firmes entrent sur le marché, les profits économiques diminuent jusqu'à atteindre un équilibre où les profits économiques sont nuls. Les firmes continuent à produire et à offrir leurs variétés de produits, mais sans réaliser de profits économiques supérieurs à leurs coûts moyens.
  • Différenciation des produits maintenue : Même à long terme, la différenciation des produits reste une caractéristique clé de la concurrence monopolistique. Les firmes continuent à proposer des produits différenciés pour répondre aux préférences spécifiques des consommateurs.

L'équilibre à long terme de la concurrence monopolistique se caractérise donc par une situation où les firmes opèrent avec des bénéfices normaux ou nuls. Les prix sont supérieurs aux coûts marginaux en raison du pouvoir de marché résultant de la différenciation des produits, mais ils sont égalisés aux coûts moyens en raison de la libre entrée et sortie des entreprises. Les consommateurs bénéficient d'un choix varié de produits différenciés, tandis que les entreprises ajustent leur production pour atteindre un équilibre où les profits économiques sont épuisés.

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Voici les principales conclusions que l'on peut tirer de l'analyse graphique de l'équilibre de long terme dans la concurrence monopolistique :

  1. Prix supérieur au coût marginal : Dans la concurrence monopolistique, à court terme, les entreprises peuvent fixer des prix supérieurs à leurs coûts marginaux en raison du pouvoir de marché résultant de la différenciation des produits. Cela leur permet de réaliser des profits économiques. Cependant, à long terme, les prix se stabilisent autour du coût moyen (CM) en raison de la libre entrée et sortie des entreprises.
  2. Entrée et sortie des entreprises : L'équilibre de long terme de la concurrence monopolistique est caractérisé par l'ajustement continu de l'offre et de la demande grâce à l'entrée et à la sortie des entreprises. L'entrée de nouvelles firmes se produit lorsque les profits économiques existent, tandis que la sortie des entreprises se produit lorsque les pertes économiques persistent. Ce processus permet d'atteindre un équilibre où les profits économiques sont nuls.
  3. Différenciation des produits : La concurrence monopolistique se distingue par la différenciation des produits, ce qui permet aux entreprises de proposer des variétés de produits uniques pour répondre aux préférences des consommateurs. Cela crée une diversité de choix pour les consommateurs et constitue une caractéristique clé de la concurrence monopolistique.
  4. Profit économique nul à long terme : À long terme, les profits économiques tendent à s'épuiser dans la concurrence monopolistique. L'entrée de nouvelles entreprises réduit les marges bénéficiaires et les profits économiques des entreprises existantes jusqu'à ce qu'ils atteignent zéro. Les entreprises opèrent alors avec des bénéfices normaux ou nuls.
  5. Variété de produits maintenue : Malgré l'ajustement de l'offre et de la demande, les entreprises de la concurrence monopolistique continuent à proposer des produits différenciés pour répondre aux préférences spécifiques des consommateurs. Cela crée une diversité de choix sur le marché, ce qui peut être bénéfique pour les consommateurs.

Ces conclusions soulignent l'importance de la différenciation des produits, de l'ajustement de l'offre et de la demande, ainsi que de la libre entrée et sortie des entreprises dans la concurrence monopolistique. Cependant, il est important de noter que les résultats peuvent varier en fonction des spécificités de chaque marché et des comportements des entreprises et des consommateurs réels.

Concurrence monopolistique vs concurrence parfaite

  • CAPACITE EXCEDENTAIRE

La concurrence parfaite se caractérise par l'absence de capacité excédentaire, car les entreprises opèrent à la taille minimale efficiente. Voici une explication plus détaillée :

En concurrence parfaite, les entreprises sont des preneuses de prix, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas influencer le prix sur le marché. Elles doivent donc ajuster leur niveau de production pour maximiser leurs profits ou minimiser leurs pertes. Dans un marché concurrentiel, où il y a libre entrée et sortie des entreprises, chaque entreprise est incitée à produire à la taille minimale efficiente.

La taille minimale efficiente correspond au niveau de production où les coûts moyens sont les plus bas. Cela se produit lorsque les entreprises exploitent pleinement leurs capacités de production, utilisent efficacement leurs ressources et minimisent les coûts unitaires. Ainsi, en concurrence parfaite, les entreprises ajustent leur production pour atteindre ce niveau de coût moyen minimal et maximiser leur efficacité.

En revanche, dans la concurrence monopolistique, les entreprises peuvent avoir une capacité excédentaire. Étant donné que chaque entreprise produit une variété différenciée, il peut y avoir une certaine inefficacité en termes de capacité de production. Les entreprises peuvent ne pas opérer à leur pleine capacité en raison de la différenciation des produits, des préférences des consommateurs et de l'équilibre concurrentiel. Cela peut entraîner une sous-utilisation des ressources et une capacité excédentaire dans la concurrence monopolistique.

La présence de capacité excédentaire en concurrence monopolistique peut être considérée comme une différence significative par rapport à la concurrence parfaite, où les entreprises produisent à la taille minimale efficiente. Cependant, il est important de noter que la concurrence monopolistique permet une plus grande différenciation des produits et offre aux consommateurs une plus grande variété de choix, ce qui peut être considéré comme un avantage de ce modèle de marché.

  • MARK-UP

Dans la concurrence monopolistique, contrairement à la concurrence parfaite où le prix est égal au coût marginal, le prix est généralement supérieur au coût marginal (CM). Cette différence entre le prix de vente et le coût marginal est ce qu'on appelle le mark-up ou le taux de marge.

Le mark-up est la mesure de la marge bénéficiaire réalisée par une entreprise dans la concurrence monopolistique. Étant donné que chaque entreprise produit une variété différenciée et a un certain pouvoir de marché, elle peut fixer un prix supérieur à son coût marginal pour maximiser ses profits.

Lorsqu'une entreprise vend une unité supplémentaire de son produit différencié à un prix supérieur à son coût marginal, cela signifie qu'elle réalise un profit supplémentaire sur cette unité vendue. Cette différence entre le prix de vente et le coût marginal permet à l'entreprise d'accroître ses profits économiques.

Le mark-up dans la concurrence monopolistique est le résultat de la différenciation des produits et du pouvoir de marché limité des entreprises. Il leur permet de facturer un prix supérieur à leurs coûts marginaux, ce qui contribue à générer des profits économiques à court terme.

Cependant, à long terme, avec l'entrée de nouvelles firmes sur le marché, la concurrence accrue réduit les marges bénéficiaires et limite la capacité des entreprises à maintenir des mark-ups élevés. Cela conduit finalement à des profits économiques nuls à long terme dans la concurrence monopolistique, où les prix se stabilisent autour du coût moyen.

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Concurrence monopolistique et bien-être de la société

La concurrence monopolistique présente certaines inefficacités par rapport à la concurrence parfaite, ce qui peut affecter le bien-être de la société. Voici quelques points à considérer :

  1. Perte d'efficacité productive : En raison de la différenciation des produits et de la capacité excédentaire possible, la concurrence monopolistique peut entraîner une allocation inefficace des ressources. Les entreprises peuvent produire à des niveaux inférieurs à la taille minimale efficiente, ce qui entraîne une utilisation sous-optimale des ressources et une inefficacité productive.
  2. Perte d'efficacité allocative : Dans la concurrence monopolistique, les entreprises peuvent fixer des prix supérieurs à leurs coûts marginaux, ce qui entraîne une inefficacité allocative. Les consommateurs peuvent être amenés à payer des prix plus élevés que les coûts marginaux réels, ce qui réduit leur bien-être. De plus, la différenciation des produits peut conduire à une certaine forme de discrimination de prix, où certains consommateurs paient des prix plus élevés pour des produits similaires en raison de leurs préférences spécifiques.
  3. Moindre incitation à l'innovation : La concurrence monopolistique peut également réduire l'incitation à l'innovation. Étant donné que les entreprises dans ce modèle ont une certaine forme de pouvoir de marché et peuvent réaliser des profits économiques à court terme, elles peuvent être moins incitées à investir dans la recherche et le développement pour innover et améliorer leurs produits. Cela peut freiner le progrès technologique et l'innovation dans l'économie.

Existence d'un mark-up

L'existence d'un mark-up dans la concurrence monopolistique peut entraîner une perte d'efficacité connue sous le nom de "perte sèche du monopole". Cette perte sèche représente les gains mutuellement avantageux qui ne sont pas exploités en raison du prix supérieur au coût marginal fixé par l'entreprise. Dans la concurrence monopolistique, le prix est généralement supérieur au coût marginal, ce qui signifie que les consommateurs sont prêts à payer plus que ce qu'il en coûte réellement au vendeur de fournir ces unités additionnelles. En d'autres termes, il y a une différence entre le prix payé par les consommateurs et le coût marginal de production. Cette différence entre le prix et le coût marginal crée une perte d'efficacité car il existe des gains mutuellement avantageux qui ne sont pas exploités. Certains consommateurs seraient prêts à payer plus que le coût marginal pour obtenir les unités supplémentaires, tandis que les entreprises pourraient les fournir à un coût marginal inférieur au prix de vente. Cependant, en raison du mark-up, ces échanges bénéfiques ne se réalisent pas, entraînant une inefficacité. Cette perte sèche du monopole représente donc une perte nette de bien-être pour la société. Elle indique que la concurrence monopolistique ne parvient pas à exploiter pleinement les possibilités de gains mutuellement avantageux entre les consommateurs et les entreprises.

L'application d'une tarification au coût marginal dans un contexte de concurrence monopolistique nécessiterait une réglementation et une intervention gouvernementale pour contrôler le comportement de chaque entreprise produisant des biens différenciés. Cependant, il est important de reconnaître que cela pourrait entraîner des défis administratifs et des coûts significatifs pour les décideurs politiques. En effet, dans la concurrence monopolistique, où il y a de nombreuses firmes produisant des biens différenciés, réglementer le comportement de chaque entreprise individuellement serait une tâche complexe et coûteuse. La réglementation nécessiterait une surveillance étroite des prix, une évaluation constante des coûts marginaux et une intervention dans les décisions de tarification de chaque entreprise. Cette charge administrative pourrait être surdimensionnée par rapport aux bénéfices potentiels découlant d'une telle réglementation. De plus, la différenciation des produits dans la concurrence monopolistique reflète les préférences et les choix des consommateurs. Les biens différenciés offrent une variété de choix et une diversité qui peuvent être appréciées par les consommateurs. L'introduction d'une réglementation stricte pour imposer une tarification au coût marginal pourrait limiter la différenciation des produits et réduire la variété disponible sur le marché.

Le nombre de firmes sur le marché

Le nombre de firmes sur le marché dans la concurrence monopolistique peut entraîner des inefficacités en termes de concurrence. Il est possible qu'il y ait un nombre excessif ou insuffisant d'entreprises présentes, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur le bien-être social. Voici quelques points à considérer :

  • Trop peu de firmes : Si le nombre de firmes sur le marché est insuffisant, cela peut entraîner une concentration du pouvoir de marché entre les mains d'un petit nombre d'entreprises. Cela peut réduire la concurrence effective, permettant aux entreprises de fixer des prix plus élevés et de réaliser des profits économiques plus importants. Cette situation peut entraîner une allocation inefficace des ressources et une perte de bien-être pour les consommateurs.
  • Trop de firmes : À l'inverse, un nombre excessif de firmes peut également être inefficace socialement. Si le marché est saturé de nombreuses petites entreprises offrant des variétés similaires, cela peut conduire à une duplication inefficace des ressources. Les coûts de production et les dépenses de marketing peuvent augmenter, entraînant une baisse des profits économiques et une utilisation inefficace des ressources. Cela peut également limiter la capacité des entreprises à innover et à investir dans de nouvelles technologies.

La question du nombre optimal de firmes dans la concurrence monopolistique est complexe et dépend des caractéristiques spécifiques du marché, de la demande des consommateurs et des coûts de production. Les décideurs politiques peuvent intervenir pour promouvoir une concurrence plus efficace en favorisant des conditions propices à l'entrée et à la sortie des entreprises, en réglementant les pratiques anticoncurrentielles et en encourageant l'innovation.

L'entrée de nouvelles firmes

L'entrée de nouvelles firmes dans la concurrence monopolistique peut être associée à des externalités liées à la variété des produits et au "détournement d'activité". Voici une explication de ces concepts :

  • Externalités liées à la variété : Lorsqu'une nouvelle firme entre sur le marché de la concurrence monopolistique, elle apporte avec elle une nouvelle variété de produit ou une différenciation supplémentaire. Cela crée une externalité positive pour les consommateurs, car ils ont davantage de choix et de possibilités pour satisfaire leurs préférences individuelles. L'entrée de nouvelles firmes stimule donc la diversité des produits disponibles, ce qui peut améliorer le bien-être des consommateurs.
  • Détournement d'activité : Lorsqu'une nouvelle firme entre sur le marché, elle peut attirer une partie de la demande des entreprises déjà présentes. Cela peut être considéré comme une externalité négative pour les entreprises existantes, car elles perdent une partie de leur part de marché et de leurs clients potentiels. Ce phénomène est connu sous le nom de "détournement d'activité". L'entrée de nouvelles firmes peut donc avoir un impact sur les bénéfices et la rentabilité des entreprises déjà présentes.

Il est important de noter que ces externalités liées à la variété et au détournement d'activité peuvent avoir des implications pour le bien-être social et l'efficacité de la concurrence monopolistique. D'une part, l'augmentation de la variété des produits grâce à l'entrée de nouvelles firmes peut améliorer le bien-être des consommateurs en leur offrant plus de choix. D'autre part, le détournement d'activité peut réduire les profits des entreprises existantes et potentiellement affecter leur capacité à investir dans l'innovation et l'amélioration des produits.

Externalité de variété

L'analyse des externalités liées à la variété et au détournement d'activité dans la concurrence monopolistique nécessite une évaluation approfondie des avantages et des inconvénients associés à l'entrée de nouvelles firmes. Les politiques économiques peuvent chercher à promouvoir la concurrence et à atténuer les effets négatifs des externalités en mettant en place des réglementations appropriées, en favorisant l'innovation et en encourageant la diversité des produits sur le marché.

L'externalité de variété dans la concurrence monopolistique affecte la demande des consommateurs de manière positive. L'introduction d'un nouveau produit ou d'une nouvelle variété par une nouvelle firme crée une externalité positive pour les consommateurs, ce qui signifie qu'ils retirent un certain surplus ou bénéfice de cette diversification des choix.

Lorsqu'une nouvelle firme entre sur le marché et propose un produit différencié, cela élargit les options disponibles pour les consommateurs. Les consommateurs peuvent avoir des préférences spécifiques qui ne sont pas entièrement satisfaites par les produits existants. L'arrivée d'une nouvelle firme et de son produit introduit une nouvelle variété qui répond mieux aux préférences de certains consommateurs.

Cette diversification des choix crée un surplus de bien-être pour les consommateurs, car ils peuvent choisir une variété de produits qui correspond mieux à leurs goûts individuels. Les consommateurs bénéficient de la satisfaction de leurs préférences spécifiques, ce qui peut augmenter leur utilité et leur bien-être.

Cependant, il est important de noter que l'externalité de variété affecte principalement la demande des consommateurs, ce qui peut avoir un impact sur les profits et les stratégies des entreprises sur le marché. Les entreprises peuvent réagir à cette externalité en cherchant à se différencier davantage ou à innover pour répondre aux préférences changeantes des consommateurs et capturer une part de ce surplus de bien-être.

L'externalité de variété est donc un mécanisme important dans la concurrence monopolistique qui influence la demande des consommateurs et peut contribuer à l'amélioration du bien-être global en offrant une plus grande diversité de choix sur le marché.

Externalité de “détournement d’activité”

L'externalité de "détournement d'activité" dans la concurrence monopolistique affecte l'offre et a un impact négatif sur les entreprises existantes.

Lorsqu'une nouvelle firme entre sur le marché de la concurrence monopolistique, elle peut attirer une partie de la demande des entreprises déjà présentes. Cela signifie que les clients qui achetaient auparavant des produits des entreprises existantes se tournent vers le nouveau concurrent et achètent son produit différencié.

Cette situation crée une externalité négative pour les entreprises existantes, car elles perdent des clients et des parts de marché. L'entrée d'une nouvelle firme impose une pression concurrentielle accrue sur les entreprises existantes, ce qui peut réduire leurs ventes, leurs revenus et leurs profits.

L'externalité de détournement d'activité peut entraîner des conséquences négatives pour les entreprises existantes. Elles doivent faire face à une concurrence plus intense, ce qui peut les obliger à ajuster leurs stratégies de prix, de marketing ou de différenciation des produits pour maintenir leur part de marché. Cela peut entraîner une baisse de leurs profits et affecter leur capacité à investir dans l'innovation ou à améliorer leurs produits.

Il est important de noter que l'externalité de détournement d'activité est un aspect inévitable de la concurrence monopolistique et peut être considérée comme un coût pour les entreprises existantes. Les entreprises doivent donc être attentives à cette externalité et chercher à s'adapter aux changements concurrentiels, en innovant ou en trouvant de nouvelles stratégies pour maintenir leur compétitivité.

En fin de compte, l'externalité de détournement d'activité met en évidence l'impact négatif que l'entrée d'une nouvelle firme peut avoir sur les entreprises existantes dans la concurrence monopolistique, ce qui peut affecter leurs ventes, leurs profits et leur position concurrentielle.

Dilemme entre variété et quantité

Il existe un dilemme entre la variété des produits et la quantité produite dans la concurrence monopolistique. Voici une explication de cet arbitrage entre diversité et quantité :

Hétérogénéité et variété des produits : La concurrence monopolistique repose sur la différenciation des produits, ce qui signifie que les entreprises proposent des biens variés pour répondre aux préférences spécifiques des consommateurs. Cette hétérogénéité des produits est souhaitée par les consommateurs aux goûts différents, car elle leur offre un choix plus large et la possibilité de trouver des produits qui correspondent mieux à leurs préférences individuelles.

  • Coûts liés à la diversité : Cependant, la diversité des produits implique également l'utilisation de ressources coûteuses. Pour fabriquer des petites quantités de biens différents, les entreprises doivent consacrer des ressources supplémentaires à la différenciation, à la conception, à la production et au marketing de chaque variété de produit. Ces coûts fixes associés à la diversité peuvent augmenter les coûts marginaux des entreprises.
  • Arbitrage entre diversité et quantité : Il est donc nécessaire d'opérer un arbitrage entre la diversité des produits et la quantité produite pour chaque bien. Si les entreprises décident d'offrir une plus grande variété de produits, elles devront réduire la quantité produite de chaque variété, car les ressources disponibles sont limitées. Cela peut entraîner des coûts marginaux plus élevés, car la production de petites quantités peut être moins efficace.
  • Les entreprises doivent donc trouver un équilibre entre la diversité des produits et la quantité produite pour maximiser leurs profits. Elles doivent évaluer les coûts et les bénéfices associés à chaque choix de variété et de quantité. Cela peut impliquer de prendre en compte les préférences des consommateurs, les coûts de production, les économies d'échelle et les possibilités de différenciation.

L'arbitrage entre la diversité et la quantité est un défi important dans la concurrence monopolistique. Les entreprises doivent trouver le bon équilibre pour répondre aux préférences des consommateurs tout en gérant efficacement leurs coûts de production. Cela peut varier en fonction du marché, des caractéristiques du produit et des objectifs de l'entreprise.

Applications: le modèle de Hotelling et le rôle de la publicité//

Application : concurrence spatiale

Afin de comprendre les effets de la diversité nous analysons le modèle très simple de Hotelling sur la LOCALISATION SPATIALE.

On suppose que deux kiosques à glace se partagent les baigneurs d'une plage. Par hypothèse les baigneurs sont distribués uniformément le long de la plage.

Le premier kiosque se trouve à kms de l’extrémité Ouest et le deuxième se trouve à kms de l’extrémité Est.

Les baigneurs subissent un coût par unité de distance, , de sorte que si le prix est le même, ils vont vers le kiosque le plus proche. Donc :

  • le kiosque 1 considère comme captifs tous les clients à sa gauche;
  • le kiosque 2 considère comme captifs tous les clients à sa droite;
  • ceux au milieu se répartissent à moitié de la distance entre les deux magasins.

EQUILIBRE :

  • Lorsque le premier kiosque se rend compte que ses clients de gauche lui sont acquis, il peut prendre des parts de marché au kiosque 2 en se postant juste à côté (mais toujours à gauche) du kiosque 1.
  • Mais le kiosque 2 peut également faire la même opération et se mettre juste à gauche du kiosque 1.
  • Ainsi de suite, jusqu’à ce que les deux kiosques se retrouvent exactement au milieu de la plage.
Modèle Hotelling 1.png

IMPLICATIONS:

  • L'équilibre du modèle correspond à ce que l’on observe souvent: la concentration dans un quartier du même service ou bien → quartier des banques, des bijoutiers, des magasins de mode...
  • L’équilibre est inefficient, car les deux kiosques se retrouvent avec la moitié des clients qu’ils pourraient également obtenir en se plaçant à équidistance des limites de la plage, ce qui réduirait les coûts pour les clients (=> meilleure solution pour la société).
  • La localisation n’est pas nécessairement à prendre au sens littéral. C’est un choix de gamme de produit. Par exemple, si TF1 montre un film le lundi soir, alors France 2 montre aussi un film le lundi soir; rapprochement vers des positions "centristes" dans les systèmes politiques bipartites...
  • dans certains cas, pas assez de différentiation.

Application : le rôle de la publicité

Dès que l’on considère des marques et une variété de produits, il est difficile de faire abstraction de la publicité: lorsque des firmes vendent des produits différenciés et fixent un prix au-dessus du coût marginal, chacune d’entre elles sera incitée à faire la publicité afin d’attirer davantage d’acheteurs pour sa variété (une plus grande différentiation des autres variétés accroît le pouvoir de marché).

Les questions qui se posent sont alors multiples : La publicité est-elle rentable ? Quel lien y a-t-il entre pouvoir de monopole et publicité ? Info ou intox ? Quelle influence sur la demande, accroissement ou redistribution des parts de marché?

Si l’on se réfère à des données historiques, on constate que :

  • la variété des produits a augmenté ;
  • les dépenses publicitaires représentent des sommes importantes pour les entreprises.

Quelques données:

  • Les firmes qui vendent des biens de consommation hautement différenciés consacrent entre 10 et 20 pourcent de la valeur de leurs ventes à la publicité.
  • En 2002, les entreprises États-Uniennes ont dépensé env. 237 milliards de dollars en publicité, soit 2,3% du PIB US!
  • Env. les 3/5 de ce montant va dans les médias (radio, TV, internet, presse). Les 2/5 restant sont le fait de tous-ménages, campagnes promotionnelles, échantillons gratuits, catalogues, etc. Ce dernier type de publicité est surtout concentré dans le commerce de détail.

Un résultat qui semble assez souvent répertorié est que l’intensité des dépenses de publicité vont de pair avec une forte profitabilité du secteur (exemples: céréales, parfums, savons, produits pharmaceutiques, boissons). La publicité est également plus marquée dans les secteurs à forte concentration et caractérisés par moins de concurrence (cf. médicament de marque et son générique).

Stabilité dans le temps et à travers les pays des parts consacrées aux dépenses publicitaires entre secteurs: les secteurs qui dépensaient beaucoup dans les années 1950 continuent de le faire maintenant, et ce, quel que soit le pays.

Pour ou contre la publicité ?

Critiques de la publicité :

  • Elle a pour but de manipuler les goûts des consommateurs.
  • La publicité est une entrave à la concurrence car elle vise à convaincre les consommateurs que les produits sont plus différents qu’ils ne le sont vraiment.

Partisans de la publicité :

  • La publicité est utilisée par les entreprises pour véhiculer une information aux acheteurs.
  • Elle renforce la concurrence car elle permet une plus grande variété de produits et de prix.

Les marques

C'est la même idée et même problématique que la publicité.

Ceux qui critiquent les marques soutiennent qu’elles conduisent les consommateurs à percevoir des différences qui n’existent pas vraiment.

Certains économistes défendent les marques car elles renseignent le consommateur sur la qualité des biens qu’ils achètent, et incitent les firmes à maintenir une qualité élevée.

Contrairement à la publicité, la marque déposée permet d’obtenir un monopole, et donc un pouvoir de marché sur les consommateurs.

La différenciation se fait à travers la publicité sur la marque, et les entreprises peuvent investir des montants considérables pour signaler la différence.

Mésallocation des ressources ou signal ?

Les premiers modèles consacrés à la publicité mettaient en avant le côté néfaste ou coûteux de ces dépenses. Des ressources sont détournées de la production pour les consacrer à essayer d’obtenir davantage de pouvoir de marché sur les consommateurs, et réduire leur capacité à substituer les produits. La publicité permet de rendre réelle dans l’esprit des consommateurs une différenciation des produits qui n’est en réalité qu’illusoire.Ces ressources auraient donc pu être mieux exploitées à la fabrication de biens.

D’autres modèles expliquent que l’investissement publicitaire doit être crédible auprès des consommateurs. Seules les entreprises fournissant des biens de qualité vont accepter de dépenser des sommes importantes pour toucher les consommateurs. La publicité peut aussi se faire sur le rapport qualité prix plutôt qu’uniquement la qualité (cf. Lidl). Enfin la publicité s’adresse parfois aux concurrents sous forme de "menace".

Résumé

Un marché en concurrence monopolistique possède trois attributs : le nombre élevé de firmes, des produits différenciés et la libre entrée.

L’équilibre de long terme sur un marché en concurrence monopolistique se distingue d’un marché de concurrence parfaite sur deux points :

  • Chaque entreprise en concurrence monopolistique est en capacité excédentaire et opère sur la portion décroissante de la courbe de coût total moyen.
  • Chaque entreprise fixe un prix supérieur au coût marginal.

La concurrence monopolistique n’a pas toutes les caractéristiques désirables de la concurrence parfaite (inefficacités).

On retrouve la perte sèche du monopole causée par le mark-up (taux de marge) du prix sur le coût marginal.

Le nombre de firmes (et donc la variété des produits) peut être trop grande ou trop petite.

La différenciation du produit inhérente à la concurrence monopolistique conduit au recours à la publicité et aux marques.

Les critiques de la publicité et des marques soutiennent que les firmes les utilisent pour tirer parti de l’irrationalité des consommateurs et pour limiter la concurrence.

Les défenseurs de la publicité et des marques affirment que les firmes les utilisent pour informer les consommateurs et pour se concurrencer encore plus intensément sur les prix et sur la qualité du produit.

Annexes

Références