« Oligopole » : différence entre les versions

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Ce type de concurrence imparfaite caractérise les secteurs où les entreprises font face à des concurrents mais où l’intensité de la concurrence n’est pas suffisante pour qu’elles soient “preneuses de prix”. En fait, l epetit nombre d’entreprises a pour conséquence d’engager une compétition stratégique et minutieuse.
L'oligopole représente un type spécifique de concurrence imparfaite. Cette structure de marché se retrouve dans des secteurs où plusieurs entreprises sont en concurrence, mais sans que cette concurrence ne soit assez intense pour les transformer en "preneuses de prix". La particularité de l'oligopole est le nombre restreint d'acteurs impliqués, engendrant une compétition stratégique et minutieuse entre eux.
Marchés avec un faible nombre de participants.
*Duopole : deux entreprises
*Oligopole : quelques offreurs
Un marché dominé par un nombre relativement petit de vendeurs est appelé un marché concentré. Cela leur procure un pouvoir de marché car elles peuvent choisir les prix et pratiquer des prix à un coût supérieur au coût de production.
Caractéristiques: Un des points clef de l’oligopole est qu’il existe une tension entre la volonté de coopérer et la volonté d’agir en fonction de leurs propres intérêts.
*Pouvoir sur les prix, mais ce pouvoir est réduit par rapport au monopole.
*Aussi : interdépendance des décisions des offreurs (décisions stratégiques).
*La collusion est possible : souvent il est dans l’intérêt des firmes de coopérer en agissant comme si elles étaient en situation de monopole.
La '''théorie des jeux''' est l’étude du comportement des individus placés dans des situations stratégiques. Elle se prête bien à analyser le comportement d'entreprises qui se trouvent en situation d'oligopole → éléments de théorie des jeux


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Dans ce contexte, on distingue différents cas selon le nombre de participants sur le marché. Par exemple, un duopole implique deux entreprises tandis qu'un oligopole caractérise un marché avec quelques offreurs. Ces marchés, où le nombre de vendeurs est relativement petit, sont qualifiés de marchés concentrés. Cette concentration confère aux entreprises un certain pouvoir de marché, leur permettant de fixer les prix et souvent de pratiquer des tarifs supérieurs aux coûts de production.
 
Les caractéristiques essentielles de l'oligopole incluent un équilibre délicat entre la coopération et la poursuite des intérêts individuels. Bien que ces entreprises aient le pouvoir d'influencer les prix, ce pouvoir est moindre comparé à un monopole. L'interdépendance des décisions des différents acteurs est un autre trait saillant, où chaque entreprise doit tenir compte des stratégies et actions des autres. La collusion, où les firmes coopèrent pour maximiser leurs profits collectifs, est une possibilité dans un tel marché. Enfin, la théorie des jeux, étudiant le comportement des individus dans des situations stratégiques, est particulièrement pertinente pour analyser le comportement des entreprises en situation d'oligopole, fournissant des insights sur{{Translations
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== Hypothèses ==
== Hypothèses ==
Dans un marché spécifique où les conditions suivantes sont réunies :


* '''Atomicité du côté de la demande''' : Cela signifie qu'il y a de nombreux petits consommateurs sur le marché et qu'aucun d'entre eux n'a suffisamment d'influence individuelle pour affecter le prix ou les conditions du marché. Chaque consommateur prend le prix comme donné et agit en fonction de ses préférences individuelles.
L'analyse d'un marché sous les hypothèses énoncées révèle un cadre de marché oligopolistique avec des caractéristiques spécifiques.
* '''Bien homogène''' : Le bien ou le service proposé sur le marché est identique quel que soit le producteur. Il n'y a pas de différenciation entre les produits des différents offreurs. Cela signifie que les consommateurs ne préfèrent pas un produit spécifique d'un producteur particulier, mais choisissent simplement en fonction du prix.
* '''Pas de libre-entrée''' : Il existe des barrières à l'entrée sur le marché, ce qui signifie qu'un nombre fixe d'entreprises opèrent dans l'industrie. Cela peut être dû à des coûts élevés de démarrage, à des réglementations restrictives ou à d'autres facteurs qui empêchent de nouvelles entreprises d'entrer facilement sur le marché.
* '''Offreurs peu nombreux avec un pouvoir de marché''' : Bien qu'il y ait un petit nombre d'offreurs sur le marché, ils ont un certain pouvoir de marché, ce qui signifie qu'ils peuvent influencer le prix du bien ou du service. Les offreurs peuvent charger un prix supérieur au coût marginal, ce qui leur permet de réaliser des profits supplémentaires.
* '''Choix du volume de production''' : Étant donné que le bien est homogène, les entreprises en concurrence dans ce marché spécifique ne peuvent pas se différencier par le prix, la publicité ou la qualité. Par conséquent, leur principal choix stratégique est de déterminer le volume de production pour maximiser leurs profits.


Dans ce type de marché, nous pouvons nous attendre à ce que les entreprises fixent des prix supérieurs à leur coût marginal et à ce qu'il y ait une certaine interdépendance entre les offreurs. Ils peuvent chercher à coordonner leurs décisions de production afin de maintenir des niveaux de prix plus élevés et d'éviter une concurrence acharnée.
Premièrement, l'hypothèse d'atomicité du côté de la demande indique que les consommateurs sont nombreux et aucun d'entre eux n'a suffisamment de pouvoir pour influencer le prix du marché. Cette condition assure que le pouvoir de marché est principalement détenu par les offreurs.


== La demande d'eau potable ==
Deuxièmement, la nature homogène du bien implique que tous les produits offerts sur le marché sont identiques ou presque. Dans ce contexte, les entreprises ne peuvent pas se différencier par la qualité, le design ou d'autres caractéristiques du produit. Néanmoins, il est également possible d'avoir un oligopole avec des biens différenciés, connu sous le nom d'oligopole à la Bertrand, où la concurrence se fait principalement sur les prix.
Dans le cas de la concurrence parfaite, il y aurait de nombreux offreurs sur le marché, ce qui signifierait qu'il n'y aurait pas d'oligopole mais plutôt une structure de marché concurrentielle. Cependant, étant donné que vous mentionnez que seuls UN et DEUX sont les deux offreurs sur le marché, nous devons supposer que l'offre d'eau potable dans ce village est un oligopole.


Dans un oligopole, les offreurs sont peu nombreux et ont un certain pouvoir de marché. Dans ce cas, UN et DEUX sont les seuls offreurs et ils exercent donc une influence sur le prix et les conditions du marché de l'eau potable.
Troisièmement, l'absence de libre-entrée indique que de nouvelles entreprises ne peuvent pas facilement entrer sur le marché, souvent en raison de barrières à l'entrée telles que des coûts de démarrage élevés, des technologies propriétaires ou des réglementations gouvernementales. Cela maintient le nombre d'offreurs à un niveau fixe et faible.


Pour analyser la situation plus en détail, nous devons prendre en compte les hypothèses spécifiques mentionnées :
Les offreurs dans ce marché ont un pouvoir de marché significatif, leur permettant de fixer des prix supérieurs au coût marginal. Cela résulte du nombre limité de participants et de l'absence de produits de substitution parfaits.


La demande d'eau potable est représentée par l'équation : <math>q^D = 120 - p</math> ou <math>p = 120 - q</math>, où <math>q^D</math> représente la quantité demandée et <math>p</math> le prix. Cette équation suggère une relation inverse entre le prix et la quantité demandée. Plus le prix est élevé, moins la quantité demandée sera élevée et vice versa.
Enfin, étant donné que le bien est homogène, les stratégies des entreprises se concentrent principalement sur le volume de production. Elles n'engagent pas de dépenses en publicité, en différenciation des prix ou en amélioration de la qualité, car ces aspects ne sont pas pertinents dans un marché où les produits sont indifférenciés.


Le coût marginal est nul (<math>CT = CF</math>). Cela signifie que les coûts de production pour UN et DEUX sont constants et n'augmentent pas avec la quantité produite. Dans ce cas, les offreurs peuvent offrir l'eau potable à n'importe quel prix supérieur à zéro sans subir de coûts supplémentaires.
Dans ce type de marché, les entreprises peuvent s'engager dans un comportement stratégique en ce qui concerne les volumes de production, potentiellement en se coordonnant pour maximiser les profits globaux. Les interactions entre les entreprises sont souvent analysées à l'aide de modèles de théorie des jeux, qui peuvent prédire des issues telles que la fixation de quantités de production pour maximiser les profits collectifs ou la compétition pour une part de marché plus importante.


Maintenant, examinons les deux cas extrêmes : la concurrence parfaite et le monopole.
== La demande d'eau potable ==


Concurrence parfaite :
Un exemple est un scénario de marché pour l'eau potable dans un village avec deux caractéristiques importantes : la demande d'eau et la structure du marché dictée par ses offreurs, UN et DEUX.
Dans une situation de concurrence parfaite, il y aurait de nombreux offreurs sur le marché. Chaque offreur serait un "price taker" et ne pourrait pas influencer le prix. Le prix serait déterminé par l'interaction de l'offre totale et de la demande totale sur le marché. Étant donné que UN et DEUX sont les seuls offreurs dans ce cas, la concurrence parfaite n'est pas applicable.


Monopole :
La demande d'eau potable est décrite par la fonction <math>q^D = 120 - p</math>, où <math>q^D</math> est la quantité demandée et <math>p</math> est le prix. Cette fonction montre que la demande diminue à mesure que le prix augmente, ce qui est typique des marchés de biens courants. La forme inverse, <math>p = 120 - q</math>, est la fonction de volonté de payer, indiquant le prix maximal que les consommateurs sont prêts à payer pour une quantité donnée d'eau.
Dans un monopole, il y aurait un seul offreur sur le marché. Le monopoleur aurait un pouvoir de marché significatif et pourrait fixer le prix en fonction de sa volonté. Cependant, étant donné que UN et DEUX sont tous deux des offreurs sur le marché de l'eau potable du village, il n'y a pas de monopole.


Il semble donc que la situation décrite dans ce village ne correspond pas aux cas extrêmes de concurrence parfaite ou de monopole. Au lieu de cela, elle correspondrait à un oligopole où UN et DEUX sont les deux seuls offreurs sur le marché de l'eau potable. Dans un oligopole, les offreurs peuvent coordonner leurs décisions de production et influencer le prix en fonction de leur pouvoir de marché.
Dans ce village, il y a deux fournisseurs uniques (UN et DEUX) pour l'eau potable. L'eau provient d'une source, et on suppose que le coût marginal de fourniture de cette eau est nul, ce qui signifie que le coût total (CT) est équivalent au coût fixe (CF).


== Solution en concurrence parfaite ==
Dans ce cadre, il est intéressant d'examiner comment le prix et la quantité offerte seraient affectés sous deux structures de marché extrêmes : la concurrence parfaite et le monopole.
Dans un marché parfaitement concurrentiel, le prix serait poussé au niveau du coût marginal, qui est nul dans ce cas (Cm = 0), conformément à la loi de l'offre et de la demande.


La quantité totale consommée serait de Q = 120, ce qui correspond à la quantité maximale demandée par les consommateurs selon l'équation de demande.
Concurrence Parfaite : Dans un marché de concurrence parfaite, de nombreux vendeurs et acheteurs participent au marché, et aucun d'entre eux n'a suffisamment de pouvoir pour influencer le prix du marché. Cependant, il n'y a que deux offreurs, ce qui ne correspond pas exactement à une concurrence parfaite. Néanmoins, si UN et DEUX agissaient comme en concurrence parfaite, ils prendraient le prix du marché comme donné et produiraient en fonction de la demande. Le prix se stabiliserait au coût marginal, qui est ici nul.


Dans cet équilibre de concurrence parfaite, le prix est égal au coût marginal, ce qui signifie qu'il n'y a pas de profit économique pour les offreurs d'eau potable. Les offreurs ne réaliseraient pas de revenus positifs, mais ils pourraient encore couvrir leurs coûts de production et maintenir leur activité.
Monopole : Dans un scénario de monopole, un seul vendeur contrôle l'ensemble du marché. Si UN et DEUX fusionnaient ou si l'un éliminait l'autre pour devenir le seul fournisseur, la structure du marché deviendrait monopolistique. Le monopoleur maximiserait les profits en fixant un prix où le revenu marginal est égal au coût marginal. Cependant, comme le coût marginal est nul, le monopoleur choisirait un prix et une quantité qui maximiseraient ses profits en tenant compte de la fonction de demande du marché <math>p = 120 - q</math>.


Cet équilibre est considéré comme efficient, car il permet d'allouer les ressources de manière optimale. Le prix correspond au coût marginal, ce qui garantit que la valeur marginale pour les consommateurs est égale au coût marginal de production.
Dans les deux cas, la dynamique du marché serait influencée par la manière dont UN et DEUX interagissent, soit en concurrence, soit en tant qu'entité monopolistique.


Dans le cas spécifique où il n'y a que deux offreurs sur le marché de l'eau potable du village, le modèle de concurrence parfaite ne serait pas adéquat pour décrire l'équilibre du marché.
== Solution en concurrence parfaite ==


Dans le modèle de concurrence parfaite, il est supposé qu'il y a un grand nombre d'offreurs sur le marché, ce qui crée une concurrence intense et pousse les prix vers le coût marginal. Cela permettrait aux offreurs de couvrir leurs coûts et de générer des revenus.
Sous l'hypothèse de concurrence parfaite, le prix sur le marché s'aligne sur le coût marginal. Dans ce cas, comme le coût marginal de l'eau potable est zéro (<math>P = Cm = 0</math>), le prix serait également nul. À ce prix, la quantité totale consommée serait égale à la quantité totale demandée à un prix nul, soit <math>Q = 120</math>. Cet équilibre serait considéré comme efficient du point de vue de l'allocation des ressources, car le prix reflète exactement le coût marginal de production.


Cependant, dans le cas où seulement deux offreurs sont présents, les conditions de la concurrence parfaite ne sont pas remplies. Les offreurs peuvent exercer un certain pouvoir de marché et influencer les prix, ce qui les empêche de se limiter au coût marginal et de ne générer aucun revenu.
Cependant, cette situation soulève un paradoxe pratique. Si l'eau est fournie gratuitement (<math>P = 0</math>), comment les deux fournisseurs, UN et DEUX, couvriraient-ils leurs coûts fixes et continueraient-ils à opérer? Dans la réalité, même si le coût marginal est nul, il existe des coûts fixes (comme l'entretien de l'infrastructure, les salaires, etc.) qui doivent être couverts pour assurer la viabilité économique des fournisseurs.


Il est en effet difficile d'imaginer une activité économique viable où les offreurs ne génèrent aucun revenu. Dans ce cas, une analyse plus approfondie de la dynamique de ce marché spécifique, en tenant compte des caractéristiques de l'oligopole, serait nécessaire pour comprendre l'équilibre et les résultats économiques réels.
Ce paradoxe met en évidence une limitation du modèle de concurrence parfaite dans ce contexte. La concurrence parfaite suppose un grand nombre d'offreurs et d'acheteurs, une information parfaite, une absence de coûts de transaction, et des produits homogènes. Mais dans ce scénario, avec seulement deux offreurs et des coûts fixes non nuls, le modèle de concurrence parfaite ne semble pas être le plus approprié pour décrire de manière réaliste le fonctionnement du marché.
 
Ainsi, même si théoriquement, sous concurrence parfaite, le prix de l'eau serait nul et la quantité consommée maximale, dans la pratique, d'autres modèles de marché (comme l'oligopole ou le monopole) pourraient être plus pertinents pour analyser et comprendre le comportement des offreurs dans ce marché particulier.


== Solution en monopole ==
== Solution en monopole ==
Dans le cas d'un monopole où UN et DEUX coopèrent, le profit serait maximisé lorsque la recette totale du marché est maximisée, étant donné qu'il n'y a pas de coût variable selon l'hypothèse donnée. Pour maximiser la recette totale, les offreurs peuvent collaborer et fixer un prix plus élevé que dans un marché concurrentiel.


Dans un monopole, UN et DEUX peuvent coordonner leurs décisions de production et fixer un prix plus élevé que dans un scénario de concurrence parfaite. Cela leur permettrait de réaliser des profits plus importants.
Dans un régime de monopole UN et DEUX coopèrent, la situation change radicalement par rapport à un marché en concurrence parfaite. Dans ce cas, le profit est maximisé quand la recette totale du marché est maximale, ce qui est particulièrement pertinent étant donné l'absence de coûts variables dans le scénario.


Le niveau de production et le prix spécifiques dépendraient des négociations entre UN et DEUX. Ils chercheraient à maximiser leur profit en trouvant un équilibre entre la demande du marché et le niveau de prix établi.
La maximisation du profit dans un monopole est exprimée par la formule : <math>max \pi = RT - CT = (120 - q)q - CF</math>. Ici, π représente le profit, RT la recette totale, CT le coût total, q la quantité produite, et CF le coût fixe.


Dans le cas d'un monopole avec UN et DEUX coopérant, la maximisation du profit peut être réalisée en trouvant la quantité optimale à produire.
Pour trouver le niveau de production qui maximise le profit, on dérive la fonction de profit par rapport à q et on égale le résultat à zéro. Cette condition première d'ordre (CPO) est donnée par <math>\frac{\partial \pi}{\partial q} = (120 - 2q) = 0</math>. En résolvant cette équation, on obtient <math>q^\ast = 60</math> et par conséquent, <math>p = 60</math>. Ainsi, la recette totale maximale et donc le profit maximal est <math>RT_{max} = \pi_{max} = 3600</math>.


La fonction de profit peut être exprimée comme suit :
Dans ce cadre de coopération, UN et DEUX pourraient s'accorder pour vendre une quantité totale de 60 unités au prix de 60, se partageant la recette totale de 3600 à parts égales, soit 1800 chacun.


<math>\pi = RT - CT = (120 - q)q - CF</math>
En termes de stratégie de marché, cette coopération pourrait prendre la forme d'une collusion ou d'un cartel :
* Collusion : Cela se produit lorsque les entreprises s'entendent secrètement sur les quantités à produire ou les prix à fixer.
* Cartel : C'est quand des offreurs se regroupent formellement et agissent ensemble, souvent par un accord ouvert et officiel.
Cependant, il est important de noter que, bien que les producteurs en situation d'oligopole puissent être tentés de former des cartels pour réaliser des profits de monopole, ces pratiques sont souvent réglementées ou interdites par les lois antitrust. Ces lois visent à prévenir la restriction de la concurrence et à protéger les intérêts des consommateurs, rendant les accords explicites entre producteurs en oligopole illégaux dans de nombreux pays.


Pour maximiser le profit, nous devons déterminer la quantité optimale de production. Cela peut être fait en calculant la dérivée partielle du profit par rapport à la quantité (<math>\frac{\partial \pi}{\partial q}</math>) et en l'égalant à zéro.
[[Fichier:Oligopole solution en monopole 1.png|400px|vignette|centré]]


<math>\frac{\partial \pi}{\partial q} = (120 - 2q) = 0</math>
Ce graphique économique typique illustre la situation d'un monopole dans le contexte du marché de l'eau potable. Le graphique est divisé en deux sections principales : la courbe de demande (ou volonté de payer) sur le graphique supérieur, et la courbe de recette totale sur le graphique inférieur.


En résolvant cette équation, nous trouvons que la quantité optimale (<math>q^*</math>) est de 60. Cela signifie que les offreurs devraient produire 60 unités d'eau potable.
Dans le graphique supérieur, la droite de demande décroît de gauche à droite, indiquant que moins d'eau sera demandée à mesure que le prix augmente, ce qui est cohérent avec la loi de la demande. Le prix du monopole est fixé à 60, ce qui est le point où la recette marginale (non représentée) serait égale au coût marginal, qui est de zéro dans ce cas. Cela est indiqué par le fait que la droite de demande coupe l'axe des quantités à 120 unités, le maximum que les consommateurs seraient prêts à acheter si l'eau était gratuite, et le prix maximum de 120, où la quantité demandée serait nulle.


Le prix correspondant peut être déterminé en substituant cette valeur de <math>q^*</math> dans l'équation de demande :
Le graphique inférieur montre la recette totale (RT), qui est une parabole avec un sommet au point où la quantité est de 60, ce qui représente la quantité optimale pour le monopoleur à vendre. À ce niveau de production, la recette totale est maximisée à 3600, comme indiqué par le pic de la courbe de recette totale. C'est le résultat de la multiplication du prix par la quantité (60 unités x 60 de prix = 3600 de recette totale).


<math>p = 120 - q^* = 120 - 60 = 60</math>
Le commentaire sur le graphique indique que pour maximiser le profit, qui dans ce cas est égal à la recette totale en raison de l'absence de coûts variables, chaque entreprise devrait produire une quantité de 30 et obtenir un profit de 1800 chacune. Cela suppose que les deux entreprises coopèrent parfaitement, partageant le marché équitablement sous un accord de cartel. Cependant, cette situation pourrait ne pas être stable à long terme en raison de la tentation de tricher sur l'accord pour augmenter sa part du profit, un problème communément associé à la théorie des jeux dans l'étude des oligopoles et des cartels.


Par conséquent, le prix optimal serait de 60 unités monétaires par unité d'eau potable.
Il est également important de noter que, bien que cette configuration puisse être profitable pour les monopolistes, elle n'est pas nécessairement bénéfique pour les consommateurs ni pour le bien-être social. Le prix de 60 est supérieur au coût marginal de l'eau (qui est zéro), et par conséquent, la quantité produite et consommée (60 unités) est inférieure à ce qu'elle serait dans un marché concurrentiel (120 unités). Cela conduit à une perte sèche, où certains consommateurs qui auraient été disposés à payer un prix supérieur au coût marginal n'ont pas accès à l'eau.


[[Fichier:Oligopole solution en monopole 1.png|400px|vignette|centré]]
Enfin, la législation antitrust serait un obstacle à un tel arrangement dans de nombreuses juridictions, car elle est conçue pour empêcher les entreprises de fixer des prix et de limiter la production de manière anticoncurrentielle.


Le profit maximum (<math>\pi_{max}</math>) peut être calculé en substituant la quantité optimale (<math>q^*</math>) dans la fonction de profit :
== Incitation à tricher ==


<math>\pi_{max} = (120 - q^)q^ - CF = (120 - 60) \times 60 - CF = 3600 - CF</math>
L'incitation à tricher dans un accord de cartel est un problème classique dans l'analyse économique des oligopoles. Dans l'exemple de UN et DEUX, même si les deux entreprises s'accordent initialement pour produire chacune 30 unités et fixer le prix à 60, chacune a une incitation à augmenter sa production secrètement pour capturer une plus grande part du marché.


Il est important de noter que dans cette analyse, nous ne disposons pas d'informations sur les coûts fixes (CF). Par conséquent, nous ne pouvons pas déterminer la valeur exacte du profit maximum sans connaître ces informations.
Si UN décide de produire plus tout en anticipant que DEUX maintiendra sa production à 30 unités, la demande résiduelle à laquelle UN fait face est alors donnée par la nouvelle fonction de demande <math>p_1 = 120 - q_2 - q_1 = 120 - 30 - q_1 = 90 - q_1</math>. Cela signifie que le prix que UN peut fixer diminue à mesure que sa propre quantité produite, <math>q_1</math>, augmente.


Dans le cas d'un monopole où UN et DEUX coopèrent, ils pourraient en effet s'entendre pour écouler une quantité totale de 60 unités d'eau potable au prix de 60 unités monétaires par unité.
La recette totale de UN est donnée par <math>RT_1 = (90 - q_1)q_1</math>, et la recette marginale est identique en l'absence de coûts marginaux, donc <math>Rm_1 = (90 - q_1)q_1</math>. Pour maximiser son profit, UN déterminerait la quantité de production où la recette marginale égale le coût marginal, ce qui mènerait à <math>q_1^\ast = 45</math>.


Dans ce scénario, chaque offreur vendrait la moitié de la quantité totale, soit 30 unités d'eau potable. Par conséquent, UN et DEUX réaliseraient chacun une recette de 30 unités monétaires par unité multipliée par la quantité qu'ils vendent, soit 30 x 60 = 1800 unités monétaires.
En produisant 45 unités, UN augmente la quantité totale sur le marché à 75 unités (les 30 de DEUX plus ses 45), ce qui fait baisser le prix à 45 selon la fonction de demande du marché. Malgré la baisse du prix, UN améliore son revenu à <math>45^2 = 2025</math>, dépassant les 1800 qu'il aurait reçus en se conformant à l'accord de cartel.


Dans le contexte économique, on parle de collusion lorsque des entreprises s'entendent pour coordonner leurs actions et fixer les quantités à produire ou les prix à appliquer sur le marché. Cette pratique anticoncurrentielle vise à limiter la concurrence et à obtenir des bénéfices supérieurs en éliminant la concurrence directe entre les entreprises. D'autre part, un cartel est une forme plus organisée de collusion. Il se produit lorsque des offreurs se regroupent formellement ou informellement pour agir ensemble et contrôler le marché. Les membres du cartel peuvent s'entendre sur les prix, les quantités, les parts de marché, les stratégies de production, etc. Le but est de maximiser les bénéfices collectifs en limitant la concurrence entre eux. Les cartels sont généralement considérés comme des pratiques anticoncurrentielles et sont souvent illégaux en raison de leurs effets négatifs sur la concurrence et le bien-être des consommateurs. Les autorités de réglementation et les organismes antitrust cherchent à détecter et à sanctionner les cartels afin de préserver un marché concurrentiel et de protéger les intérêts des consommateurs. Il est important de souligner que la coopération entre les offreurs n'est pas toujours anticoncurrentielle ou illégale. Dans certains cas, la coopération peut être bénéfique, par exemple, dans des accords de recherche et développement conjoints ou dans des partenariats pour partager les coûts d'infrastructure. Cependant, il est essentiel de respecter les lois antitrust et les réglementations pour éviter les pratiques anticoncurrentielles préjudiciables à la concurrence et aux consommateurs.
Ce scénario démontre la tentation de la triche dans les cartels. Si UN augmente sa production, il peut gagner plus à court terme. Cependant, si DEUX s'aperçoit de la triche de UN et décide également de produire plus, le prix du marché pourrait chuter considérablement, potentiellement au-dessous du niveau optimal pour les deux entreprises. La nature instable des cartels est due à cette incitation à tricher et à la difficulté de maintenir la discipline de cartel, surtout en l'absence de mécanismes d'application et de surveillance. En pratique, la plupart des cartels finissent par échouer à cause de cette incitation interne à la triche, à moins qu'ils ne soient soutenus par des mécanismes de contrôle stricts ou des régulations.


Dans de nombreux pays, les lois antitrust interdisent explicitement les accords entre les producteurs en oligopole, y compris la formation de cartels. Ces lois visent à préserver la concurrence sur le marché et à empêcher les pratiques anticoncurrentielles qui pourraient nuire aux consommateurs et à l'économie dans son ensemble. Les cartels en oligopole sont considérés comme particulièrement préjudiciables car ils permettent aux offreurs de limiter la concurrence et de fixer des prix supérieurs au niveau concurrentiel. Cela entraîne des conséquences négatives telles qu'une allocation inefficace des ressources, des prix élevés pour les consommateurs et des barrières à l'entrée pour les nouveaux entrants sur le marché. Les autorités de réglementation et les organismes antitrust surveillent de près les comportements anticoncurrentiels et cherchent à détecter et à punir les tentatives de collusion ou de formation de cartels. Les entreprises qui se livrent à de telles pratiques peuvent faire face à des sanctions financières importantes, à des poursuites judiciaires et à d'autres mesures coercitives. L'objectif des lois antitrust est de promouvoir une concurrence saine et équitable, qui encourage l'innovation, stimule l'efficacité économique et offre des choix et des prix compétitifs aux consommateurs.
[[Fichier:Oligopole incitation à tricher 1.png|400px|vignette|centré]]
 
== Incitation à tricher ==
Dans une situation dans laquelle UN, l'un des offreurs dans l'oligopole, peut chercher à accroître ses profits en augmentant sa production d'eau potable tout en comptant sur DEUX pour maintenir sa production constante. Dans cette situation, si UN décide d'augmenter sa production au-delà de 30 unités d'eau potable, cela pourrait conduire à une offre totale supérieure à la demande du marché. Cela pourrait entraîner une baisse des prix sur le marché, car l'offre excède la demande. Si UN parvient à accroître sa production tout en maintenant DEUX à une production constante de 30 unités, il pourrait bénéficier d'une part de marché plus importante et potentiellement accroître ses profits. Cependant, cela dépendra de la réaction de DEUX et de la dynamique concurrentielle entre les deux offreurs.


En soustrayant la quantité de 30 de la demande totale pour UN, cela donne une demande résiduelle pour UN de <math>p_1 = 90 - q_1</math>.
Ce graphique économique illustre la situation où l'entreprise UN envisage de tricher dans un accord de cartel avec l'entreprise DEUX pour le marché de l'eau potable. Le graphique supérieur montre la courbe de demande totale du marché, qui est une ligne droite descendant de 120 à 0 en fonction de la quantité. À côté, il y a une courbe de demande "résiduelle" pour l'entreprise UN, qui commence à 90 au lieu de 120, assumant que DEUX continue de produire 30 unités.


En utilisant cette demande résiduelle, vous avez calculé la recette totale et marginale de UN, qui sont respectivement <math>RT_1 = (90 - q_1)q_1</math> et <math>Rm_1 = (90 - q_1)</math>.
L'entreprise UN réalise qu'en produisant plus que sa part convenue de 30 unités — spécifiquement 45 unités — tout en s'attendant à ce que DEUX continue à produire 30 unités, elle peut augmenter ses profits. La nouvelle quantité totale sur le marché serait de 75 unités, ce qui fait baisser le prix de 60 à 45. Bien que le prix soit plus bas, le profit de UN augmente, car il est calculé en fonction de la quantité qu'elle vend elle-même. Le graphique inférieur illustre la recette totale de UN avec un pic à 2025, qui est supérieur à la recette de 1800 obtenue si chaque entreprise respecte l'accord de produire 30 unités.


En maximisant le profit de UN, vous avez trouvé que la quantité optimale à produire pour UN serait de 45 unités (<math>q_1^\ast = 45</math>) lorsque la recette marginale est égale au coût marginal (<math>Rm_1 = Cm</math>).
La ligne pointillée verticale qui part de 45 unités sur le graphique supérieur et qui touche le point le plus haut de la courbe de recette totale de UN sur le graphique inférieur indique clairement que 45 unités est la quantité optimale pour UN si elle veut maximiser son profit en supposant que DEUX ne change pas sa quantité de production. Cependant, cette action de triche baisse le prix de marché pour les deux entreprises, ce qui signifie que DEUX verra son profit réduit à moins qu'elle ne réagisse.


Cela entraînerait une diminution du prix sur le marché, car la quantité totale sur le marché serait de 30 + 45 = 75, ce qui donnerait un prix de <math>p = 120 - 75 = 45</math>. Cependant, cela permettrait à UN de générer un revenu de <math>45^2 = 2025</math>, qui est supérieur aux 1800 unités monétaires du monopole (cartel).
Cette situation illustre le dilemme central des cartels : bien qu'ils puissent être profitables lorsqu'ils sont respectés, chaque membre a une incitation individuelle à produire plus pour augmenter ses bénéfices personnels. Cela mine l'accord de cartel et peut conduire à son effondrement, avec des conséquences potentiellement négatives pour tous les participants. De plus, si DEUX remarque la triche de UN et décide d'augmenter également sa production, le prix sur le marché pourrait tomber encore plus bas, réduisant les profits pour les deux entreprises.


[[Fichier:Oligopole incitation à tricher 1.png|400px|vignette|centré]]
La situation décrite est un exemple classique du "prisonnier's dilemme" en théorie des jeux, où les acteurs, bien que rationnels et poursuivant leur propre intérêt, aboutissent à un résultat qui n'est pas optimal pour le groupe. Cela démontre la difficulté de maintenir la coopération dans les accords de cartel, surtout en l'absence de mécanismes de surveillance et de punition pour la triche.


== Équilibre sans coopération ==
== Équilibre sans coopération ==
Dans le cas où UN augmente sa production d'eau potable sans coopération, DEUX est susceptible de réagir pour préserver ses propres profits et rétablir l'équilibre sur le marché.


Si UN augmente sa production d'eau potable, cela entraînera une augmentation de l'offre totale sur le marché, ce qui pourrait faire baisser le prix. En conséquence, DEUX constatera une diminution de ses profits, car le prix de vente par unité d'eau potable sera inférieur à <math>45 \times 30 = 1350</math> plutôt que les 1800 du monopole (cartel)
Dans une situation où il n'y a pas de coopération entre UN et DEUX, les deux entreprises entrent dans un cycle de réaction et contre-réaction en ajustant leur production en réponse aux actions de l'autre. Si UN triche en augmentant sa production et que DEUX s'en rend compte, DEUX peut choisir d'augmenter également sa production pour récupérer une partie de son profit perdu. Cette dynamique continue jusquce qu'un équilibre de duopole soit atteint.


Dans cette situation, DEUX pourrait choisir d'augmenter également sa production d'eau potable pour compenser la baisse de prix et maintenir sa part de marché. En augmentant sa production, DEUX pourrait essayer de récupérer une partie de ses profits perdus.
L'équilibre de duopole est défini par la condition où les recettes marginales des deux entreprises sont égales et où aucune n'a intérêt à changer sa quantité de production car cela ne ferait qu'abaisser leur profit marginal. Dans le cas présenté, les conditions d'équilibre de duopole sont exprimées par les équations <math>Rm_1 = 120 - q_2 - 2q_1 = Rm_2 = 120 - q_1 - 2q_2 = Cm = 0</math>. En résolvant ces équations, on obtient que les quantités optimales pour les deux entreprises sont <math>q_1^{*} = q_2^{*} = 40</math>. Le prix se stabilise alors à <math>p = 40</math> et les recettes totales pour chacune des entreprises sont <math>RT_1 = RT_2 = 1600</math>.


Dans un duopole, les offreurs UN et DEUX peuvent réagir et contre-réagir en ajustant leur production en réponse aux actions de l'autre offreur. Ce processus de réaction et contre-réaction se poursuit jusqu'à ce qu'un équilibre du duopole soit atteint.
À cet équilibre, les deux entreprises produisent chacune 40 unités et le prix du marché est de 40. Cela se traduit par un profit de 1600 pour chaque entreprise, ce qui est inférieur au profit qu'elles auraient pu réaliser si elles avaient maintenu l'accord de cartel et coopéré pour maintenir le prix à 60, générant ainsi un profit de 1800 chacune.


Dans ce cas spécifique, pour déterminer l'équilibre du duopole, nous pouvons égaliser les recettes marginales des offreurs à zéro, puisque le coût marginal est nul (Cm = 0). Cela peut être exprimé comme suit :
Ce résultat illustre un aspect central des oligopoles : lorsque les entreprises ne coopèrent pas, elles finissent par être pénalisées par la concurrence qu'elles se font mutuellement. L'équilibre de duopole mène à un résultat où chaque entreprise gagne moins que ce qu'elle aurait pu obtenir dans un accord de cartel. Néanmoins, cet équilibre est plus stable que le cartel parce qu'il n'y a pas d'incitation à dévier unilatéralement, puisque toute tentative d'augmenter la production réduirait la recette marginale de l'entreprise concernée.


<math>Rm_1 = 120 - q_2 - 2q_1 = Rm_2 = 120 - q_1 - 2q_2 = 0</math>
L'équilibre de duopole reflète un compromis entre la concurrence et la coopération. Bien qu'il ne soit pas aussi profitable pour les entreprises qu'une collusion totale, il est conforme aux lois antitrust et tend à être plus avantageux pour les consommateurs, car il résulte en un prix inférieur et une quantité supérieure par rapport à ce qui serait observé sous un cartel.


En résolvant ces équations simultanées, nous trouvons que la quantité optimale de production pour UN et DEUX serait de 40 unités chacun (<math>q_1^{} = q_2^{} = 40</math>). Le prix correspondant serait également de 40 unités monétaires par unité d'eau potable.
[[Fichier:Oligopole équilibre sans coopération 1.png|400px|vignette|centré]]


À cet équilibre, les offreurs UN et DEUX réaliseraient chacun une recette totale de 40 unités monétaires par unité multipliée par la quantité produite, soit une recette totale de 1600 unités monétaires pour chaque offreur.
Ce graphique représente la continuation de l'analyse économique du marché de l'eau potable dans une situation de duopole sans coopération, les entreprises UN et DEUX ajustent leur production en réponse aux actions de l'autre jusqu'à atteindre un équilibre.


Dans un équilibre de duopole, aucun des deux offreurs ne souhaite modifier sa quantité de production, car les profits marginaux sont nuls pour les deux. Dans le cas spécifique où UN et DEUX produisent chacun 40 unités d'eau potable dans le duopole, cela signifie que les offreurs ont atteint un point d'équilibre où leurs profits marginaux sont nuls. Cela signifie que tout ajustement de la quantité de production par l'un des offreurs ne conduirait pas à une augmentation de ses profits. L'équilibre de duopole est atteint lorsque les offreurs ont ajusté leur production de manière à ce que leurs recettes marginales soient égales à leurs coûts marginaux, qui dans ce cas sont nuls (Cm = 0). À cet équilibre, les offreurs ne sont pas incités à modifier leur quantité de production, car cela n'apporterait aucun avantage supplémentaire en termes de profit.
Le graphique supérieur montre les courbes de demande totale et résiduelle pour l'entreprise UN. La courbe de demande résiduelle démarre à un prix de 80 pour zéro quantité, supposant que DEUX produit 40 unités (comme indiqué par le point où la courbe résiduelle rencontre l'axe vertical). La courbe de demande totale décrit la volonté de payer pour l'ensemble du marché et décroît en fonction de la quantité totale. L'intersection de la quantité produite par UN et la demande résiduelle détermine le prix sur le marché.


Dans le cas de l'équilibre du duopole, UN et DEUX produisent chacun 40 unités d'eau potable, le profit de chaque entreprise est de 1600 unités monétaires. Cela est inférieur au profit de 1800 unités monétaires que chaque entreprise aurait réalisé dans le cas de la solution de monopole. Dans le cas du monopole, où UN et DEUX coopèrent pour fixer la quantité totale à 60 unités, chaque entreprise bénéficie d'un pouvoir de marché et peut facturer un prix plus élevé, ce qui conduit à des profits plus élevés.
Le graphique inférieur illustre les recettes totales (RT) pour l'entreprise UN avec une courbe en forme de parabole, atteignant son sommet à 40 unités produites par UN, ce qui correspond à la recette totale et donc au profit maximal lorsque DEUX produit également 40 unités. Le profit de chaque entreprise dans le duopole est illustré par le niveau de 1600, inférieur au profit de 2025 pour UN lorsqu'elle a triché et produit 45 unités, mais plus élevé que le profit de 1350 de DEUX lorsque UN a produit 45 et DEUX est restée à 30.
En revanche, dans le duopole, chaque entreprise doit prendre en compte les réactions de l'autre entreprise et ne peut pas exercer un pouvoir de marché aussi fort. Cela conduit à une concurrence plus intense et à une pression sur les prix, ce qui réduit les profits des deux entreprises par rapport à la solution de monopole. Cela met en évidence le fait que, dans un oligopole ou un duopole, la concurrence entre les offreurs peut réduire les profits par rapport à une situation de monopole, où un seul offreur a un pouvoir de marché plus fort.


[[Fichier:Oligopole équilibre sans coopération 1.png|400px|vignette|centré]]
Le commentaire sur l'image indique que DEUX reconnaît que son profit a diminué en raison de la baisse du prix (à 45) lorsque UN a augmenté sa production, et donc DEUX augmente également sa production pour compenser. Finalement, les deux entreprises s'ajustent pour atteindre un équilibre où elles produisent chacune 40 unités, conduisant à un prix de marché de 40 et à un profit de 1600 pour chacune.


== Maximisation du profit en duopole : cas général ==
Cette situation d'équilibre en duopole montre que, même si les entreprises pourraient potentiellement gagner plus en coopérant (comme dans le cartel où elles gagnaient 1800 chacune), la tentation de tricher et l'absence de mécanismes de coopération les conduisent à un résultat où elles gagnent moins. Cependant, cet équilibre est plus stable car aucun des duopolistes n'a d'incitation à changer sa production, puisque toute augmentation réduirait le prix et donc les profits.


Dans un duopole, la maximisation du profit pour chaque offreur peut être analysée en prenant en compte la réaction de l'autre offreur. Pour cela, nous devons tenir compte des fonctions de demande et de coût de chaque entreprise.
L'image illustre le concept d'équilibre de Nash dans le contexte d'un duopole, chaque entreprise, en prenant en compte la stratégie de l'autre, choisit sa meilleure réponse. Cet équilibre n'est pas l'optimal de Pareto, car il y a une perte sèche due au fait que le prix est supérieur au coût marginal (qui est de zéro), et donc la quantité produite est inférieure à ce qu'elle serait dans un marché parfaitement concurrentiel. Cela révèle la tension intrinsèque dans les marchés oligopolistiques entre les incitations individuelles et le bien-être collectif.


Supposons que UN et DEUX soient les deux offreurs dans le duopole, et que leurs fonctions de demande respectives soient représentées par <math>q^D_1</math> et <math>q^D_2</math>. Le prix sur le marché serait déterminé par l'équilibre des quantités offertes par UN et DEUX.
== Maximisation du profit en duopole : cas général ==


La maximisation du profit pour UN peut être exprimée comme suit :
Dans un duopole, la maximisation du profit est un problème classique d'interaction stratégique entre deux entreprises. Chaque entreprise cherche à maximiser ses profits en tenant compte non seulement de ses propres coûts et de la demande du marché, mais également des actions de son concurrent.
:<math>\max_{q_1} \pi_1 = (p - Cm_1) \cdot q_1</math>
Sous contrainte de la demande totale :
:<math>q^D = q_1 + q_2</math>


De manière similaire, la maximisation du profit pour DEUX peut être exprimée comme suit :
Pour l'entreprise 1, la maximisation du profit est donnée par l'équation <math>max_{q1} \pi_1 = p(Q)q_1 - CT(q_1)</math>, où <math>q_1</math> est la quantité produite par l'entreprise 1, <math>p(Q)</math> est le prix du marché en fonction de la quantité totale <math>Q</math> offerte sur le marché, et <math>CT(q_1)</math> sont les coûts totaux de l'entreprise 1. Ici, <math>Q</math> est la somme des quantités produites par les deux entreprises, soit <math>Q = q_1 + q_2</math>.
:<math>\max_{q_2} \pi_2 = (p - Cm_2) \cdot q_2</math>
Sous la même contrainte de la demande totale :
:<math>q^D = q_1 + q_2</math>


Pour trouver l'équilibre du duopole, nous devons résoudre ce système d'équations simultanées. Cela dépendra des fonctions de demande spécifiques, des coûts marginaux de chaque entreprise, ainsi que des contraintes et des paramètres du marché.
La condition de premier ordre (CPO) pour la maximisation du profit pour l'entreprise 1, où la recette marginale <math>Rm_1</math> est égale au coût marginal <math>Cm_1</math>, est exprimée par <math>Rm_1 = p + \frac{\partial p}{\partial Q}q_1 = \frac{\partial CT}{\partial q_1}Cm_1</math>. Cette équation montre que le coût marginal de l'entreprise 1 doit être égal au prix plus la variation du prix multipliée par la quantité produite par l'entreprise 1.


Maximisation du profit de l'entreprise 1 :
De même, pour l'entreprise 2, la maximisation du profit est exprimée par <math>max_{q2} \pi_2 = p(Q)q_2 - CT(q_2)</math>, avec une condition de premier ordre similaire à celle de l'entreprise 1 : <math>Rm_2 = p + \frac{\partial p}{\partial Q}q_2 = \frac{\partial CT}{\partial q_2}Cm_2</math>.
:<math>\max_{q_1} \pi_1 = p(Q)q_1 - CT(q_1)</math>
Sous contrainte de la demande totale :
:<math>Q = q_1 + q_2</math>


Condition de première ordre (Rm = Cm) pour l'entreprise 1 :
L'aspect le plus crucial de ces équations est qu'elles illustrent l'interdépendance entre les entreprises dans un duopole. Les décisions de quantité de l'une affectent le prix de marché, qui à son tour affecte la recette marginale et donc les décisions de l'autre entreprise. En pratique, cela signifie que chaque entreprise doit anticiper la réaction de l'autre lorsqu'elle prend ses décisions de production.
:<math>Rm_1 = p + \frac{\partial p}{\partial Q}q_1 = \frac{\partial CT}{\partial q_1}Cm_1</math>


Maximisation du profit de l'entreprise 2 :
En résumé, dans un duopole, chaque entreprise doit tenir compte non seulement de ses propres coûts de production et de la demande du marché, mais aussi des actions de son concurrent. L'équilibre du marché est atteint lorsque les deux entreprises ont ajusté leur production de manière à ce que leurs recettes marginales soient égales à leurs coûts marginaux, prenant en compte les effets de leurs propres actions sur le prix du marché et donc sur les recettes marginales de l'autre. Cela conduit à un équilibre de Cournot dans lequel chaque entreprise produit une quantité telle que sa recette marginale est égale à son coût marginal, en tenant compte de la production de l'autre entreprise.
:<math>\max_{q_2} \pi_2 = p(Q)q_2 - CT(q_2)</math>
Sous contrainte de la demande totale :
:<math>Q = q_1 + q_2</math>


Condition de première ordre (Rm = Cm) pour l'entreprise 2 :
== Équilibre de l'oligopole ==
:<math>Rm_2 = p + \frac{\partial p}{\partial Q}q_2 = \frac{\partial CT}{\partial q_2}Cm_2</math>


Ces équations représentent les conditions nécessaires pour maximiser le profit de chaque entreprise dans un duopole. L'objectif est de trouver les niveaux optimaux de production pour chaque entreprise qui maximisent leurs profits respectifs, tout en respectant la contrainte de la demande totale sur le marché.
Dans un oligopole où les entreprises agissent individuellement et sans coopération pour déterminer leur niveau de production, les résultats sont typiquement intermédiaires entre ceux d'un monopole et d'une concurrence parfaite.


Dans les conditions de première ordre pour chaque entreprise, les termes <math>p</math> et <math>\frac{\partial p}{\partial Q}</math> dépendent à la fois de <math>q_1</math> et de <math>q_2</math>. Cela signifie que chaque entreprise prend en compte les décisions de l'autre entreprise lorsqu'elle prend ses propres décisions de production. Dans un duopole, les offreurs sont interdépendants et les choix de production de chaque entreprise ont un impact sur les conditions du marché, y compris le prix. Par conséquent, chaque entreprise tient compte des réactions possibles de l'autre entreprise lorsqu'elle détermine sa propre quantité de production. Lorsque l'entreprise 1 prend sa décision de production, elle anticipe l'effet que cela aura sur le prix et la demande totale, qui sont des facteurs déterminés à la fois par sa propre production et par celle de l'entreprise 2. De même, lorsque l'entreprise 2 prend sa décision de production, elle tient compte de l'impact sur le prix et la demande totale, qui dépendent à la fois de sa propre production et de celle de l'entreprise 1. Cette interdépendance des décisions de production crée une dynamique concurrentielle entre les offreurs dans un duopole. Chaque entreprise cherche à maximiser son propre profit en tenant compte de la réaction de l'autre entreprise. Cela peut conduire à des ajustements stratégiques et à des contre-réactions entre les offreurs. L'interaction des choix des deux entreprises est essentielle pour comprendre la dynamique concurrentielle dans un duopole. Les modèles d'équilibre du duopole prennent en compte cette interdépendance des décisions et cherchent à déterminer les niveaux optimaux de production pour chaque entreprise qui maximisent leurs profits respectifs, compte tenu des réactions mutuelles.
La quantité totale produite dans un oligopole est généralement plus importante que celle produite sous un monopole mais reste inférieure à la quantité qui serait produite dans un marché en concurrence parfaite. Ceci est dû à l'effet de l'interdépendance entre les firmes oligopolistiques : chaque firme, en maximisant son profit, ne prend pas en compte l'impact de sa production sur les bénéfices des autres firmes, à l'inverse d'un monopole qui contrôle l'ensemble de la production du marché.


== Équilibre de l'oligopole ==
Le prix établi par les firmes en oligopole tend à être inférieur au prix de monopole, car la présence de concurrents sur le marché pousse les prix vers le bas. Cependant, ce prix reste supérieur au prix qui prévaudrait sous une concurrence parfaite. En concurrence parfaite, le prix du marché correspondrait au coût marginal (Cm), car les entreprises sont des preneuses de prix et ne peuvent fixer leurs prix au-dessus du coût marginal sans perdre toute leur clientèle.
Lorsque les firmes en oligopole choisissent individuellement leur production pour maximiser leur profit :
*La quantité totale produite dans l'oligopole est généralement supérieure à celle dans un monopole, mais inférieure à celle dans une situation de concurrence parfaite. Cela est dû au fait que chaque entreprise en oligopole a une certaine marge de pouvoir de marché et peut augmenter sa production par rapport à un monopole, mais il y a toujours une certaine concurrence qui limite la quantité totale produite.
*Le prix fixé par l'oligopole est généralement inférieur au prix d'un monopole, mais supérieur au prix concurrentiel qui équivaut au coût marginal (Cm). Les entreprises en oligopole ont une certaine marge de pouvoir de marché et peuvent fixer un prix légèrement supérieur au coût marginal pour maximiser leurs profits.
*Les profits réalisés par les entreprises en oligopole sont généralement inférieurs à ceux d'un monopole, car la concurrence entre les entreprises limite leur capacité à exercer un pouvoir de marché total. Cependant, les profits dans un oligopole sont généralement supérieurs à ceux de la concurrence parfaite, où la pression concurrentielle est plus forte et les prix sont égaux au coût marginal.


Ces résultats soulignent les caractéristiques spécifiques de l'oligopole, où les entreprises ont une certaine capacité de contrôle sur les prix et les quantités, mais sont toujours confrontées à la concurrence entre elles. Les entreprises en oligopole cherchent à maximiser leurs profits tout en tenant compte des réactions de leurs concurrents, ce qui peut conduire à des niveaux de production et des prix différents de ceux observés dans un monopole ou une situation de concurrence parfaite.
Les profits réalisés par les entreprises en oligopole sont également intermédiaires. Ils sont plus élevés que ce qu'ils seraient dans un marché en concurrence parfaite, où les profits économiques tendent vers zéro à long terme, mais ils sont inférieurs à ceux qu'une entreprise monopolistique pourrait réaliser. Cela s'explique par le fait qu'en concurrence parfaite, les entreprises ne peuvent pas fixer de prix au-dessus du coût marginal en raison de la présence de nombreux concurrents, tandis qu'en oligopole, le nombre réduit de concurrents confère un certain pouvoir de marché, permettant aux entreprises de maintenir les prix à un niveau supérieur au coût marginal et de réaliser ainsi un mark-up positif.


A l'équilibre de l'oligopole, le prix (p) est généralement supérieur au coût marginal (Cm), ce qui crée un mark-up ou un pouvoir de marché. Le mark-up représente la différence entre le prix fixé par les entreprises en oligopole et leur coût marginal. En d'autres termes, c'est l'écart entre le prix de vente et le coût réel d'une unité de production. Lorsque le mark-up est positif, cela indique que les entreprises en oligopole ont un certain pouvoir de marché et peuvent facturer un prix supérieur à leur coût marginal. Cela leur permet de réaliser des profits supplémentaires par rapport à la situation de concurrence parfaite où le prix est égal au coût marginal. Le pouvoir de marché dans un oligopole découle de plusieurs facteurs, notamment la concentration du marché, les barrières à l'entrée, la différenciation des produits et les interactions stratégiques entre les offreurs. Ces facteurs permettent aux entreprises en oligopole de limiter la concurrence et d'exercer une certaine influence sur le prix.
En résumé, l'équilibre de l'oligopole se caractérise par un niveau de production, de prix et de profits qui reflètent le pouvoir de marché détenu par les entreprises oligopolistiques. Ce pouvoir de marché leur permet de fixer les prix au-dessus du coût marginal, réalisant ainsi un profit supérieur à celui d'un environnement de concurrence parfaite, mais sans atteindre les niveaux de profit qu'un monopole pourrait obtenir.


== L'effet de la taille ==
== L'effet de la taille ==


L'augmentation du nombre de vendeurs sur un marché oligopolistique peut avoir un impact sur le prix et les quantités vendues. Voici les deux effets principaux à prendre en compte :
L'augmentation du nombre de vendeurs dans un marché oligopolistique a tendance à pousser le marché vers des résultats similaires à ceux d'une concurrence parfaite. Cet effet peut être analysé à travers deux mécanismes principaux : l'effet quantité et l'effet prix.


* L''''effet quantité''' : L'augmentation du nombre de vendeurs entraîne une augmentation de la quantité totale offerte sur le marché. Cela peut avoir un effet à la fois positif et négatif sur les profits des vendeurs. D'une part, vendre une unité supplémentaire au prix courant permet d'augmenter les profits. Cela est au fait que le prix de vente est supérieur au coût marginal pour chaque unité vendue. Par conséquent, l'augmentation de la quantité vendue peut contribuer à augmenter les profits totaux des vendeurs. D'autre part, une augmentation de la production totale peut entraîner une diminution du prix sur le marché. Cela peut réduire le profit par unité pour chaque unité vendue, car le prix est plus bas. Ainsi, bien que l'augmentation de la quantité vendue puisse augmenter les profits totaux, elle peut également entraîner une diminution du profit par unité.
L'effet quantité est lié au fait que, dans un marché oligopolistique, le prix est généralement fixé au-dessus du coût marginal. Cela signifie que chaque unité supplémentaire vendue au prix courant va augmenter les profits, car le revenu généré par la vente de l'unité supplémentaire est supérieur au coût de sa production. Si le nombre de vendeurs augmente, la quantité totale offerte sur le marché va augmenter, ce qui devrait logiquement augmenter les profits globaux, toutes choses étant égales par ailleurs.
* L''''effet prix''' : L'augmentation de la production totale due à l'entrée de nouveaux vendeurs peut exercer une pression à la baisse sur le prix du marché. Une plus grande offre peut conduire à une concurrence accrue entre les vendeurs et à une diminution du pouvoir de marché. Par conséquent, le prix peut diminuer en raison de la pression concurrentielle exercée par les nouveaux vendeurs. Cette baisse du prix peut réduire le profit par unité pour chaque vendeur, car le prix de vente est plus bas. Ainsi, l'effet prix peut contrebalancer l'effet quantité positif sur les profits.


En résumé, l'augmentation du nombre de vendeurs dans un marché oligopolistique peut avoir un impact complexe sur le prix et les quantités vendues. L'effet quantité peut augmenter les profits totaux, mais l'effet prix peut diminuer le profit par unité. Les résultats dépendront des caractéristiques spécifiques du marché, de la concurrence entre les vendeurs et de la réaction des consommateurs aux changements de prix.
L’effet prix concerne la baisse du prix qui résulte de l'augmentation de l'offre totale sur le marché. En effet, l'augmentation de la production totale peut saturer le marché et entraîner une baisse du prix en raison de la concurrence accrue entre les vendeurs. Cette baisse de prix va réduire le profit réalisé sur chaque unité vendue.


au fur et à mesure que le nombre de vendeurs en situation d'oligopole augmente, le marché tend à se rapprocher d'un marché concurrentiel. Cela peut entraîner des ajustements dans le prix et les quantités produites, se rapprochant des niveaux observés dans un marché concurrentiel idéal. Voici les principaux mécanismes en jeu :
Lorsque le nombre de vendeurs augmente, ces deux effets s'opposent. L'effet quantité cherche à augmenter les profits en vendant plus d'unités, tandis que l'effet prix tend à les diminuer en réduisant les revenus par unité. L'effet net sur les profits dépendra de la sensibilité de la demande aux changements de prix (l'élasticité de la demande) et de la capacité de production supplémentaire à influencer le marché.


* Le '''prix converge vers le coût marginal''' : Dans un marché oligopolistique, les entreprises ont un certain pouvoir de marché et peuvent fixer des prix supérieurs à leurs coûts marginaux. Cependant, avec l'entrée de nouveaux vendeurs, la concurrence s'intensifie et le pouvoir de marché diminue. Les vendeurs ont moins de marge pour fixer des prix élevés et sont davantage incités à s'aligner sur le coût marginal pour rester compétitifs. Par conséquent, le prix tend à converger vers le coût marginal à mesure que le nombre de vendeurs augmente.
À mesure que le nombre de vendeurs augmente, l'effet prix devient de plus en plus dominant. Les prix commencent à baisser, se rapprochant du coût marginal. Cela diminue le pouvoir de marché de chaque vendeur et réduit les profits par unité. En théorie, si le nombre de vendeurs continue d'augmenter indéfiniment, le marché deviendrait parfaitement concurrentiel, le prix convergerait vers le coût marginal, et la quantité produite se rapprocherait du niveau socialement efficace, c'est-à-dire là où le prix égale le coût marginal.
* La '''quantité produite se rapproche du niveau socialement efficace''' : Dans un marché concurrentiel idéal, la quantité produite serait telle que le coût marginal égalise la demande marginale, ce qui correspondrait à un niveau socialement efficace. Dans un oligopole, la quantité produite est généralement inférieure à ce niveau en raison du pouvoir de marché des vendeurs. Cependant, avec l'entrée de nouveaux vendeurs, la concurrence s'intensifie, ce qui conduit à une augmentation de la quantité produite. À mesure que le nombre de vendeurs augmente, la quantité totale produite se rapproche du niveau socialement efficace, car la concurrence entre les vendeurs stimule une augmentation de la production.


Cette convergence vers un marché concurrentiel dépendra de plusieurs facteurs, tels que la facilité d'entrée sur le marché, les barrières à l'entrée, la différenciation des produits et les stratégies des vendeurs. De plus, la dynamique concurrentielle peut prendre du temps pour se développer et atteindre cet équilibre concurrentiel. En résumé, à mesure que le nombre de vendeurs en situation d'oligopole augmente, le marché tend à se rapprocher d'un marché concurrentiel, avec une convergence du prix vers le coût marginal et une augmentation de la quantité produite se rapprochant du niveau socialement efficace. Cependant, la réalisation de cette convergence dépend des caractéristiques spécifiques du marché et des comportements des vendeurs.
Dans un marché socialement efficace, les ressources sont allouées de la manière la plus avantageuse possible, maximisant le bien-être total des consommateurs et des producteurs. L'augmentation du nombre de vendeurs dans un marché oligopolistique peut donc mener à une allocation des ressources plus efficace, à des prix plus bas pour les consommateurs et à une augmentation de la quantité vendue, ce qui est bénéfique pour la société dans son ensemble.


= La théorie des jeux et l'économie de la coopération =
= La théorie des jeux et l'économie de la coopération =
La théorie des jeux est un domaine de l'économie qui étudie les décisions prises par des agents économiques (joueurs) lorsqu'ils sont confrontés à des situations d'interaction stratégique. Elle s'intéresse notamment à la manière dont les choix des joueurs sont influencés par les choix des autres joueurs, et comment ces interactions stratégiques peuvent conduire à des résultats différents de ceux qui seraient obtenus dans des situations où les joueurs agiraient de manière isolée.
== Eléments de théorie des jeux ==
La théorie des jeux est une branche mathématique et économique qui modélise et analyse comment les agents économiques prennent des décisions stratégiques dans des situations où les résultats dépendent non seulement de leurs propres décisions, mais aussi de celles des autres agents. Elle trouve des applications dans divers domaines tels que l'économie, la politique, la psychologie, la biologie et même dans les relations internationales.


L'économie de la coopération est une branche de l'économie qui se concentre sur l'analyse des situations où les agents économiques ont la possibilité de coopérer pour atteindre des résultats mutuellement bénéfiques. Elle examine les incitations à la coopération, les mécanismes de coordination et les obstacles potentiels à la coopération.
Dans le contexte de la théorie des jeux, une stratégie est un plan d'action complet qui spécifie le comportement à adopter dans toutes les situations possibles qui pourraient survenir. Cela pourrait impliquer une stratégie pure, un joueur choisit une seule action spécifique, ou une stratégie mixte, où un joueur rend ses actions aléatoires en utilisant une distribution de probabilités sur plusieurs actions possibles.


La théorie des jeux est un outil puissant pour analyser les situations de coopération en économie. Elle permet de modéliser les interactions stratégiques entre les agents, d'identifier les stratégies optimales et de comprendre les résultats qui peuvent émerger des différentes configurations de jeu.
Les jeux peuvent être catégorisés comme statiques ou dynamiques. Dans un jeu statique, tous les joueurs choisissent leurs actions simultanément, ou du moins sans connaître les actions des autres. Les jeux dynamiques, quant à eux, se déroulent sur plusieurs périodes avec des actions à des moments différents, ce qui permet aux joueurs d'observer certaines des actions précédentes des autres joueurs avant de décider de leur propre stratégie. Cela peut introduire des considérations de réputation et de punition pour non-coopération, comme dans le dilemme des prisonniers répété.


Dans le contexte de la coopération en économie, la théorie des jeux peut être utilisée pour étudier des situations telles que la formation de cartels, les accords de partage de bénéfices, les coalitions d'entreprises, les négociations contractuelles, etc. Elle permet d'analyser les incitations des acteurs à coopérer, les problèmes de confiance, les stratégies de répétition et de punition, ainsi que les mécanismes de résolution des conflits.
L'incertitude joue également un rôle clé dans la théorie des jeux. Dans beaucoup de jeux, les joueurs n'ont pas une information parfaite concernant les stratégies ou les types des autres joueurs. Cela mène à des stratégies les joueurs doivent maximiser leurs gains attendus en tenant compte des probabilités des différentes actions des autres joueurs.


L'économie de la coopération cherche à comprendre comment les individus peuvent surmonter les incitations à agir de manière égoïste et à coopérer de manière bénéfique pour tous. Elle explore les conditions nécessaires à la coopération durable, les mécanismes de coordination et les politiques publiques qui peuvent favoriser la coopération.
La notion de stratégies crédibles est essentielle dans les jeux dynamiques. Une stratégie est dite crédible si un joueur a des incitations à s'y tenir même après que les étapes initiales du jeu se soient déroulées. Cela est souvent lié au concept d'engagement et aux menaces ou promesses dans des jeux séquentiels.


En combinant la théorie des jeux et l'économie de la coopération, les économistes peuvent analyser les incitations à la coopération, les stratégies de négociation, les structures de gouvernance et les arrangements institutionnels qui peuvent encourager la coopération et améliorer les résultats économiques. Cela permet de mieux comprendre les dynamiques de coopération dans différents domaines, tels que les relations entre les entreprises, les négociations internationales, les interactions entre consommateurs et producteurs, etc.
La théorie des jeux utilise des outils mathématiques avancés pour résoudre des jeux et trouver des équilibres stratégiques, comme l'équilibre de Nash, où aucun joueur ne peut augmenter son gain attendu en changeant unilatéralement sa stratégie, en supposant que les autres joueurs maintiennent leurs stratégies constantes. La théorie des jeux aide à comprendre les comportements complexes en situation d'interdépendance et elle est fondamentale pour analyser les marchés économiques, en particulier les oligopoles, les entreprises doivent constamment anticiper et réagir aux stratégies de leurs concurrents.


== Eléments de théorie des jeux ==
== Théorie des jeux et oligopole ==
La théorie des jeux est l'étude du comportement des individus (ou des joueurs) placés dans des situations stratégiques où les choix d'un joueur dépendent des choix des autres joueurs. Elle examine comment les décisions individuelles interagissent pour déterminer les résultats collectifs.
 
L'oligopole est un terrain classique pour l'application de la théorie des jeux en raison du nombre limité de firmes et de l'interdépendance de leurs décisions. Dans un tel marché, chaque entreprise doit prendre en compte les réactions potentielles de ses concurrents lorsqu'elle prend ses propres décisions de production et de tarification.
 
Chaque entreprise, ou "joueur" dans le langage de la théorie des jeux, cherche à maximiser son profit. Cependant, contrairement à un marché en concurrence parfaite où chaque entreprise est une preneuse de prix et où son action individuelle n'a pas d'impact sur le marché, ou à un monopole l'entreprise a un contrôle total sur le marché, chaque firme en oligopole sait que ses actions influenceront et seront influencées par les actions de ses concurrents. C'est un exemple de jeu à somme non nulle, où les profits de l'une ne sont pas forcément les pertes des autres, et les stratégies optimales dépendent fortement des choix des autres joueurs.
 
Dans un marché oligopolistique, les entreprises peuvent opérer sous une information complète mais imparfaite. Information complète signifie que toutes les entreprises connaissent toutes les stratégies possibles et les payoffs associés à chaque combinaison de stratégies pour tous les joueurs. Cependant, l'information est imparfaite car, bien que chaque entreprise connaisse les payoffs et les stratégies, elle ne connaît pas les choix de stratégie que les autres entreprises feront ou ont fait.
 
La simultanéité des actions ajoute à la complexité stratégique. Chaque entreprise doit choisir son niveau de production et son prix sans savoir précisément ce que les autres vont faire. Cela peut conduire à des résultats variés, y compris des équilibres précaires qui peuvent être perturbés par des changements dans les stratégies des entreprises ou des entrées de nouvelles firmes sur le marché.
 
Le concept d'équilibre de Nash est particulièrement pertinent ici : c'est une situation où, connaissant les stratégies des autres, aucune entreprise n'a intérêt à changer unilatéralement sa propre stratégie. Cet équilibre reflète une sorte de trêve stratégique où chaque entreprise, en supposant que les autres ne changent pas leur stratégie, choisit la meilleure réponse à ces stratégies.


Dans la théorie des jeux, une situation stratégique est caractérisée par un ensemble de joueurs, un ensemble d'actions possibles pour chaque joueur, et des paiements ou des résultats associés à chaque combinaison d'actions. Les joueurs cherchent à maximiser leurs gains ou leurs profits en choisissant la meilleure action en fonction de leurs propres préférences et des choix des autres joueurs. La théorie des jeux propose différents modèles mathématiques et concepts pour analyser ces situations stratégiques. Elle étudie des notions telles que les jeux à somme nulle (où les gains d'un joueur sont égaux aux pertes des autres joueurs), les jeux coopératifs (où les joueurs peuvent former des coalitions et négocier des accords), les jeux répétés (où les joueurs interagissent plusieurs fois) et bien d'autres.
En pratique, cela peut mener à des stratégies qui incluent des compromis entre agressivité et prudence, l'adoption de stratégies de signalisation, ou des tentatives de coopération tacite pour éviter des guerres de prix destructrices. La théorie des jeux fournit donc un cadre pour comprendre et prédire les comportements dans ces marchés complexes.


La théorie des jeux permet de déterminer les équilibres de Nash, qui sont des combinaisons d'actions où aucun joueur n'a intérêt à dévier unilatéralement de sa stratégie compte tenu des choix des autres joueurs. Elle permet également d'étudier les stratégies dominantes (stratégies qui sont optimales quelles que soient les actions des autres joueurs), les stratégies mixtes (combinaisons probabilistes d'actions), et bien d'autres concepts. La théorie des jeux trouve des applications dans de nombreux domaines, tels que l'économie, la science politique, la biologie, la psychologie, etc. Elle est utilisée pour analyser des situations de négociation, des marchés concurrentiels, des conflits armés, des interactions sociales, des processus de prise de décision collective, et bien d'autres scénarios où les interactions stratégiques jouent un rôle clé.
== L'équilibre de Nash ==


Une stratégie dans la théorie des jeux représente un choix parmi différentes décisions possibles qu'un individu peut prendre, en tenant compte des réactions potentielles des autres individus par rapport à sa propre décision. Une stratégie détermine le comportement prévu d'un joueur dans une situation donnée. Un jeu, quant à lui, est la combinaison d'un ensemble de stratégies pour chaque joueur, ce qui conduit à des gains ou des pertes différents en fonction des réactions des autres joueurs. Dans un jeu, tous les joueurs sont supposés agir de manière rationnelle, c'est-à-dire qu'ils cherchent à maximiser leurs gains ou minimiser leurs pertes en choisissant la meilleure stratégie en fonction de leurs préférences et des choix des autres joueurs.
John F. Nash a apporté une contribution fondamentale à la théorie des jeux avec sa caractérisation de l'équilibre pour les jeux non coopératifs. Cet équilibre, connu sous le nom d'équilibre de Nash, est devenu un concept central de la théorie des jeux moderne et a des applications dans de nombreux domaines allant de l'économie à la biologie et au-delà.


Un jeu peut être statique ou dynamique. Dans un jeu statique, les joueurs prennent leurs décisions simultanément, sans avoir d'information sur les choix des autres joueurs au moment de prendre leur décision. Dans un jeu dynamique, les joueurs prennent leurs décisions de manière séquentielle, en tenant compte des actions prises précédemment par les autres joueurs. Les jeux dynamiques peuvent être répétés, ce qui signifie que les joueurs interagissent plusieurs fois avec les mêmes adversaires, ou séquentiels, où les joueurs prennent des décisions dans un ordre déterminé. La théorie des jeux permet d'analyser les différentes combinaisons de stratégies possibles dans un jeu, de déterminer les équilibres de Nash (les combinaisons de stratégies où aucun joueur n'a intérêt à dévier unilatéralement), et d'étudier les dynamiques d'interaction et les résultats collectifs dans une variété de contextes.
L'équilibre de Nash est une situation où aucun joueur n'a intérêt à changer de stratégie tant que les autres joueurs maintiennent les leurs. Cela signifie que, même si les joueurs ne coopèrent pas ou ne communiquent pas entre eux, ils arrivent à un état où les stratégies sont mutuellement les meilleures réponses les unes aux autres. Chaque joueur, en regardant ce que font les autres, choisit la meilleure stratégie possible pour lui-même.


L'incertitude peut être intégrée dans la théorie des jeux lorsqu'un joueur adopte une stratégie avec une probabilité donnée. Cela permet de modéliser les situations où les joueurs ne sont pas certains des choix des autres joueurs et prennent des décisions en tenant compte de cette incertitude. L'incorporation de l'incertitude dans les jeux peut se faire à travers l'utilisation de stratégies mixtes, qui sont des combinaisons probabilistes de différentes actions. Plutôt que de choisir une seule action de manière déterministe, un joueur peut décider de jouer différentes actions avec des probabilités spécifiques. Les stratégies mixtes permettent de modéliser le comportement des joueurs dans des situations où il y a une certaine incertitude quant aux choix des autres joueurs.
Il est crucial de noter que l'équilibre de Nash ne correspond pas nécessairement à l'optimalité du point de vue du groupe ou du bien-être social. Dans certains jeux, comme le célèbre dilemme du prisonnier, l'équilibre de Nash peut conduire à un résultat sous-optimal pour tous les participants. Cela est dû au fait que l'équilibre de Nash reflète ce qui est meilleur pour chaque individu dans le contexte des choix des autres, mais pas nécessairement ce qui est optimal pour l'ensemble des joueurs.


Dans une perspective dynamique, le choix de stratégies crédibles revêt une grande importance. Les stratégies crédibles sont des stratégies que les joueurs sont incités à suivre et qui sont soutenues par des incitations appropriées. Dans un jeu séquentiel ou répété, les joueurs doivent prendre en compte la façon dont leurs actions passées ou futures peuvent influencer les actions des autres joueurs et vice versa. Le choix de stratégies crédibles est crucial pour maintenir la cohérence des actions dans le temps et pour obtenir des résultats optimaux. Le concept de stratégies crédibles est souvent lié à la notion d'équilibre parfait en sous-jeux, qui est un concept utilisé dans les jeux séquentiels pour décrire les séquences d'actions cohérentes que les joueurs sont incités à suivre. Les équilibres parfaits en sous-jeux fournissent des prédictions sur les choix stratégiques que les joueurs sont susceptibles de faire dans des jeux où les décisions sont prises de manière séquentielle.
Quand un joueur a une stratégie dominante, elle lui donnera le meilleur résultat peu importe ce que les autres joueurs décident de faire. Si tous les joueurs ont une stratégie dominante, l'équilibre de Nash est simple à trouver : chaque joueur choisira sa stratégie dominante. Cependant, dans de nombreux jeux plus complexes, les joueurs n'ont pas de stratégies dominantes et doivent tenir compte de manière plus nuancée des stratégies potentielles des autres joueurs pour déterminer leur meilleure réponse.


== Théorie des jeux et oligopole ==
L'équilibre de Nash a été une avancée importante car il fournit un moyen de prédire les résultats dans des situations où les individus prennent des décisions qui sont interdépendantes, ce qui est un aspect commun à de nombreuses situations économiques, sociales et biologiques. La reconnaissance de l'importance de ce concept par le Comité Nobel souligne son influence étendue et sa pertinence pour les sciences sociales.
Dans un marché oligopolistique, chaque entreprise est consciente de l'impact des actions des autres entreprises sur son propre profit. La théorie des jeux offre un cadre d'analyse approprié pour étudier les interactions stratégiques entre ces entreprises.


Chaque entreprise dans un marché oligopolistique peut être considérée comme un joueur dans un jeu, où chaque joueur cherche à maximiser son propre profit. Les décisions prises par chaque entreprise, telles que la quantité produite, le prix fixé ou les stratégies de marketing, ont un impact direct sur son profit, mais également sur les profits des autres entreprises présentes sur le marché. En raison de l'interdépendance des décisions, chaque entreprise doit prendre en compte les actions et les réactions potentielles des autres entreprises. Elles doivent anticiper comment les autres entreprises réagiront à leurs propres choix et adapter leur stratégie en conséquence. Par exemple, si une entreprise décide d'augmenter sa production, elle doit tenir compte de la façon dont les autres entreprises réagiront et comment cela affectera le prix et la demande sur le marché.
== Le dilemme du prisonnier ==


La théorie des jeux fournit des outils pour modéliser ces interactions stratégiques et analyser les résultats possibles. Elle permet de définir des stratégies pour chaque entreprise, de déterminer les équilibres de Nash (les combinaisons de stratégies où aucun joueur n'a intérêt à dévier unilatéralement), et d'étudier les résultats collectifs qui émergent de ces interactions. Dans le contexte de l'oligopole, la théorie des jeux peut être utilisée pour analyser différentes situations stratégiques, telles que la fixation des prix, la collusion, la concurrence à la Cournot ou à la Bertrand, la publicité concurrentielle, et bien d'autres. Elle permet d'explorer les incitations à coopérer ou à se comporter de manière non coopérative, et d'analyser les conséquences sur le profit des entreprises et le bien-être des consommateurs.
Le dilemme du prisonnier est un exemple classique en théorie des jeux qui démontre le conflit entre les intérêts individuels et le bien-être collectif. C'est un jeu non coopératif où, malgré l'existence d'un résultat coopératif qui serait meilleur pour les deux parties, l'équilibre de Nash prédit un résultat non coopératif où chaque joueur opte pour sa stratégie dominante, conduisant à un résultat sous-optimal pour les deux.


La particularité absente de la concurrence parfaite, du monopole et en partie de la concurrence monopolistique dans le contexte de l'oligopole est l'interdépendance stratégique entre les entreprises. Dans ces autres structures de marché, les entreprises peuvent généralement prendre leurs décisions indépendamment des actions des autres entreprises et de leur impact sur le marché. En revanche, dans un marché oligopolistique, les décisions prises par une entreprise ont un impact direct sur les autres entreprises et vice versa. Les entreprises sont conscientes que leurs actions peuvent influencer le comportement et les performances des autres entreprises, et elles doivent en tenir compte lorsqu'elles prennent leurs propres décisions stratégiques.
Le jeu se déroule habituellement comme suit : deux criminels présumés sont arrêtés et interrogés séparément. Chacun a la possibilité de trahir l'autre en avouant, ou de coopérer avec l'autre en restant silencieux. Si l'un trahit et l'autre reste silencieux, le traître est libéré tandis que l'autre reçoit la peine maximale. Si tous deux trahissent, ils reçoivent tous les deux une peine sévère, mais moins que la peine maximale. Si tous deux restent silencieux, ils reçoivent tous les deux une peine plus légère.


L'interdépendance stratégique dans un oligopole peut se manifester de différentes manières. Par exemple, une entreprise peut prendre en compte les réactions potentielles des autres entreprises lorsqu'elle décide de fixer son prix, de modifier sa production ou de lancer de nouvelles stratégies de marketing. Elle peut anticiper comment les autres entreprises réagiront et ajuster ses propres choix en conséquence. Cette interdépendance stratégique rend l'analyse de l'oligopole plus complexe que celle des autres structures de marché. La théorie des jeux, en tant qu'outil analytique, est particulièrement utile pour modéliser et étudier ces interactions stratégiques dans un oligopole. Elle permet de comprendre comment les décisions prises par chaque entreprise sont influencées par les actions des autres entreprises et comment cela affecte les résultats sur le marché.
Le dilemme réside dans le fait que, bien que la coopération (tous les deux restent silencieux) conduirait à un meilleur résultat global, la stratégie dominante pour chaque joueur est de trahir l'autre. En effet, peu importe ce que fait l'autre joueur, chaque joueur a une meilleure issue en trahissant : soit il est libéré (si l'autre coopère), soit il reçoit une peine moins lourde (si l'autre trahit également). Par conséquent, l'équilibre de Nash est que les deux joueurs trahissent, résultant en une peine plus lourde pour les deux, ce qui est un résultat pire que si les deux avaient coopéré.


Dans de nombreux jeux oligopolistiques, les actions sont prises de manière simultanée, ce qui signifie que chaque joueur prend sa décision sans connaître les choix des autres joueurs au moment de prendre sa décision. Cela crée une situation d'information imparfaite, car chaque joueur ne dispose pas de toutes les informations sur les décisions prises par les autres joueurs. Dans ce contexte, chaque joueur doit prendre des décisions stratégiques en se basant sur son propre jugement et ses attentes quant aux actions des autres joueurs. Ils peuvent formuler des hypothèses sur les choix possibles des autres joueurs, mais ils ne peuvent pas connaître avec certitude les décisions réelles prises par leurs adversaires.
Dans le contexte des marchés oligopolistiques, le dilemme du prisonnier illustre pourquoi les firmes ont du mal à maintenir la coopération, comme dans le cas d'un cartel où les firmes pourraient bénéficier de profits plus élevés en limitant la production pour maintenir les prix élevés. Malgré ces avantages potentiels, la tentation de trahir le cartel en produisant plus pour augmenter sa propre part de marché rend la coopération instable. Chaque firme sait que si elle ne trahit pas et que l'autre le fait, elle se retrouvera avec le pire résultat possible. Ainsi, le manque de confiance et l'incitation à agir dans son propre intérêt poussent les firmes vers la non-coopération, souvent au détriment du bien-être collectif.


L'information imparfaite ajoute une dimension d'incertitude et de stratégie à la dynamique du jeu. Les joueurs doivent essayer d'anticiper les actions des autres joueurs en fonction de leurs propres objectifs, des caractéristiques du marché et de leur perception de la situation. Ils peuvent utiliser des modèles, des indices ou des signaux pour formuler leurs attentes et prendre leurs décisions. La prise de décision en situation d'information imparfaite dans un jeu oligopolistique peut être très complexe, car chaque joueur doit évaluer les différentes actions possibles et les réponses potentielles des autres joueurs. La théorie des jeux offre des outils pour analyser et modéliser cette situation, en utilisant des concepts tels que les équilibres de Nash, les stratégies mixtes et les stratégies dominantes.
Le dilemme du prisonnier est un exemple emblématique de la théorie des jeux qui montre comment les intérêts individuels peuvent entrer en conflit avec l'intérêt collectif, même quand la coopération serait bénéfique pour tous les participants.


== L'équilibre de Nash ==
Dans ce scénario, les deux prisonniers sont confrontés à un choix sans la possibilité de coordonner leurs actions. Le tableau des payoffs pour ce jeu peut être décrit comme suit :


John F. Nash a apporté des contributions importantes à la théorie des jeux non coopératifs, ce qui lui a valu le prix Nobel d'économie en 1994. Son travail a permis de développer une notion fondamentale appelée "l'équilibre de Nash". L'équilibre de Nash, nommé d'après John Nash, est une situation dans laquelle aucun joueur n'a intérêt à dévier unilatéralement de sa stratégie, compte tenu des choix des autres joueurs. Autrement dit, chaque joueur atteint une situation où, étant donné les actions des autres joueurs, il n'a pas intérêt à changer sa propre action.
* Si aucun des deux prisonniers n'avoue (coopération mutuelle), ils écopent tous les deux d'une peine mineure d'un an.
* Si l'un avoue (trahit) et l'autre non, le traître est relâché tandis que celui qui reste silencieux est sévèrement puni avec vingt ans de prison.
* Si les deux avouent (défaut mutuel), ils reçoivent tous les deux une peine de huit ans de prison.


L'équilibre de Nash est un concept clé dans la théorie des jeux non coopératifs car il permet de prédire comment les joueurs vont se comporter dans une situation de jeu. Il représente un point d'équilibre stable où les joueurs sont incités à maintenir leur stratégie actuelle car tout changement unilatéral ne leur apporterait pas de gains supplémentaires. L'équilibre de Nash peut être atteint dans différents types de jeux, tels que les jeux à somme nulle, les jeux coopératifs, les jeux séquentiels ou les jeux simultanés. Il peut exister plusieurs équilibres de Nash dans un jeu, et certains équilibres peuvent être plus prévisibles ou plus favorables que d'autres en termes de résultats collectifs.
La difficulté vient du fait que chaque prisonnier doit prendre une décision sans savoir ce que l'autre va faire. La stratégie dominante (la meilleure action à prendre quelle que soit l'action de l'autre joueur) pour chacun est d'avouer, car cela maximise l'utilité individuelle quel que soit le choix de l'autre prisonnier. Ainsi, l'équilibre de Nash dans ce jeu est pour les deux prisonniers d'avouer, car en faisant ce choix, aucun des deux ne peut améliorer sa situation en changeant unilatéralement sa décision.


Les travaux de John Nash ont considérablement enrichi la théorie des jeux non coopératifs et ont permis de mieux comprendre les interactions stratégiques entre les joueurs. Son apport a ouvert la voie à de nombreuses extensions et applications de la théorie des jeux dans divers domaines, tels que l'économie, la politique, la biologie et les sciences sociales.
Cependant, l'équilibre de Nash n'est pas l'optimum de Pareto dans ce cas. L'optimum de Pareto est une situation où il n'est pas possible d'améliorer la situation de quelqu'un sans détériorer celle d'un autre. Si les deux prisonniers pouvaient s'entendre pour ne pas avouer, ils seraient tous les deux mieux lotis avec seulement un an de prison chacun. Mais, en raison de l'impossibilité de communiquer et de l'incertitude concernant les actions de l'autre, ils finissent par choisir une stratégie qui les conduit à un résultat mutuellement défavorable.


Le principe fondamental de l'équilibre non coopératif de Nash est que chaque joueur choisit sa meilleure stratégie en tenant compte des stratégies des autres joueurs comme données. Dans cette situation, aucun joueur n'a intérêt à dévier unilatéralement de sa stratégie, car cela ne lui apporterait pas de gains supplémentaires. En d'autres termes, l'équilibre de Nash est un point d'équilibre où chaque joueur prend la meilleure décision possible, en anticipant les choix des autres joueurs, et où aucun joueur n'a d'incitation à modifier sa propre stratégie. Si tous les joueurs sont au point d'équilibre de Nash, il n'y a pas de déviations unilatérales rentables.
Le dilemme du prisonnier illustre bien le défi de la coopération dans de nombreuses situations économiques, politiques et sociales, où la confiance et la communication sont essentielles pour atteindre des résultats mutuellement avantageux. Il démontre également la complexité des interactions humaines et la difficulté de prendre des décisions rationnelles dans des situations d'incertitude.


Ce concept d'équilibre de Nash est basé sur le principe de rationalité des joueurs. Chaque joueur suppose que les autres joueurs sont également rationnels et choisissent leurs stratégies de manière optimale, compte tenu des informations disponibles. Par conséquent, lorsqu'ils prennent leurs décisions, les joueurs tiennent compte des réactions potentielles des autres joueurs et choisissent leur stratégie en conséquence. Il est important de noter que l'équilibre de Nash peut ne pas être unique dans certains jeux. Il peut y avoir plusieurs équilibres de Nash possibles, et certains peuvent être plus prévisibles ou plus favorables que d'autres. Dans ces cas, il est nécessaire de considérer des critères supplémentaires pour déterminer lequel des équilibres de Nash est le plus approprié, tels que la stabilité, l'efficacité économique ou les normes sociales.
[[Fichier:Oligopole dilemme du prisonnier 1.png|400px|vignette|centré|Equilibre de Nash unique: (Avoue, Avoue). Equilibre non-optimal: les deux joueurs pourraient améliorer leur situation en se taisant. La coopération est difficile à maintenir car elle n’est pas un choix rationnel au niveau individuel. NB: ici, le jeu est symétrique, mais ce n’est pas nécessairement le cas.]]


En résumé, l'équilibre non coopératif de Nash est atteint lorsque chaque joueur choisit sa meilleure stratégie en considérant les stratégies des autres comme données, et aucun joueur n'a d'incitation à dévier unilatéralement. Cela repose sur le principe de rationalité des joueurs et est basé sur l'idée que les joueurs anticipent les réactions des autres joueurs.
La matrice des payoffs fournie représente les résultats possibles du dilemme du prisonnier pour deux suspects, "Brute" et "Truand". Chaque suspect a deux options : avouer ou se taire. Les payoffs sont exprimés en termes d'années de prison que chaque suspect encourt en fonction de la décision prise, à la fois par lui-même et par l'autre.


Il est important de noter que l'équilibre non coopératif de Nash ne garantit pas nécessairement un résultat optimal pour tous les participants. Dans certains cas, l'équilibre de Nash peut conduire à des résultats sous-optimaux, où les gains des joueurs sont inférieurs à ce qu'ils pourraient obtenir dans d'autres situations. L'équilibre de Nash se produit lorsque chaque joueur choisit la meilleure stratégie en tenant compte des stratégies des autres joueurs comme données. Cependant, cela ne signifie pas que cette combinaison de stratégies aboutit à une situation globalement optimale. Dans certains jeux, il peut exister des situations où une coopération entre les joueurs pourrait conduire à des résultats meilleurs pour tous les participants. Cependant, en l'absence de mécanismes de coopération ou d'incitations appropriées, les joueurs peuvent ne pas parvenir à un équilibre coopératif et rester dans un équilibre non coopératif de Nash. Les situations d'équilibre non coopératif de Nash peuvent être caractérisées par des incitations à l'action individuelle, où les joueurs cherchent à maximiser leurs propres gains sans tenir compte des gains collectifs ou de l'efficacité globale. Cela peut conduire à des résultats sous-optimaux où les joueurs ne parviennent pas à coopérer efficacement et où les gains collectifs sont inférieurs à leur potentiel maximal. Dans certains cas, des mécanismes externes tels que la régulation, les incitations économiques ou les institutions peuvent être nécessaires pour encourager la coopération et atteindre des résultats plus optimaux. La théorie des jeux coopératifs, par exemple, étudie les situations où les joueurs peuvent s'engager dans des coalitions et négocier des solutions coopératives qui peuvent conduire à des résultats plus avantageux pour tous.
Analysons les payoffs :


Lorsque chaque joueur dispose d'une stratégie dominante, l'équilibre de Nash dans un jeu est facilement déterminé. Une stratégie dominante est une stratégie qui est la meilleure pour un joueur, quelle que soit la stratégie jouée par les autres joueurs. Lorsqu'il y a des stratégies dominantes pour tous les joueurs dans un jeu, chaque joueur choisit sa stratégie dominante, car c'est celle qui maximise son propre gain, indépendamment des choix des autres joueurs. Dans cette situation, l'équilibre de Nash est atteint simplement en observant les stratégies dominantes de chaque joueur. Par exemple, dans le célèbre jeu du dilemme du prisonnier, où deux suspects sont interrogés séparément et doivent décider s'ils coopèrent (gardent le silence) ou trahissent (collaborent avec les autorités), il existe une stratégie dominante pour chaque joueur : trahir. Peu importe ce que l'autre joueur choisit, la trahison est la meilleure stratégie pour chaque joueur, car elle minimise la peine maximale encourue. Dans de tels cas, l'équilibre de Nash est atteint simplement en jouant les stratégies dominantes. Aucun joueur n'a d'incitation à dévier de sa stratégie dominante, car cela ne lui apporterait pas de gains supplémentaires.
* Si les deux avouent, chacun reçoit une peine de 8 ans de prison.
* Si Brute avoue mais que Truand se tait, Brute est libéré et Truand reçoit la peine maximale de 20 ans de prison.
* Si Brute se tait mais que Truand avoue, Brute reçoit la peine maximale de 20 ans de prison et Truand est libéré.
* Si les deux se taisent, chacun reçoit une peine mineure d'1 an de prison.


== Le dilemme du prisonnier ==
Le dilemme se situe dans le fait que bien que le meilleur résultat collectif soit atteint lorsque les deux se taisent (1 an de prison chacun), la décision rationnelle pour chaque individu, lorsque l'on considère les actions de l'autre comme données, est d'avouer. Ainsi, si Truand pense que Brute va se taire, il devrait avouer pour être libéré. De même, si Truand pense que Brute va avouer, il devrait aussi avouer pour éviter la peine de 20 ans. La même logique s'applique à Brute. Par conséquent, l'équilibre de Nash de ce jeu est que les deux avouent, puisque avouer est la meilleure réponse pour chaque suspect quel que soit le choix de l'autre.
Le dilemme du prisonnier est un exemple classique qui met en évidence la difficulté de maintenir la coopération entre les individus, même lorsque la coopération serait mutuellement avantageuse.


Dans le dilemme du prisonnier, deux suspects sont interrogés séparément et doivent décider s'ils coopèrent (gardent le silence) ou trahissent (collaborent avec les autorités). Le tableau de gains montre que la meilleure issue pour les deux suspects serait de coopérer en gardant le silence, car cela conduirait à une peine moindre pour chacun. Cependant, étant donné l'incertitude quant à la décision de l'autre joueur, il y a une incitation à trahir afin d'obtenir une peine encore plus réduite si l'autre suspect choisit de coopérer. Ce dilemme illustre la difficulté de maintenir la coopération lorsque les individus sont confrontés à des incitations à court terme ou à l'incertitude quant aux choix des autres. Même si la coopération serait mutuellement avantageuse, il peut y avoir une tentation de trahir pour obtenir des gains personnels plus élevés, en supposant que l'autre partie choisira également de trahir.
Cet équilibre de Nash est unique et il est non-optimal car il mène à un résultat où les deux joueurs obtiennent un payoff pire que s'ils avaient choisi de se taire. Cela illustre la difficulté de maintenir la coopération, car bien que coopérer soit mutuellement avantageux, elle n'est pas un choix rationnel au niveau individuel sans une communication et une confiance entre les joueurs.


Cela est également applicable dans de nombreux contextes économiques, y compris les situations d'oligopole. Les entreprises peuvent être confrontées à des incitations à agir de manière non coopérative, même si une coopération mutuellement avantageuse pourrait conduire à de meilleurs résultats pour toutes les parties. Les entreprises peuvent craindre que les autres ne respectent pas les accords, ou elles peuvent chercher à obtenir un avantage concurrentiel en trahissant les ententes de coopération. Cette problématique de maintenir la coopération dans des situations stratégiques est un défi majeur dans de nombreux domaines, et elle a été largement étudiée dans le cadre de la théorie des jeux. Les chercheurs ont exploré différentes stratégies et mécanismes pour encourager la coopération, tels que les incitations économiques, les sanctions, les normes sociales ou les mécanismes de réputation.
La symétrie de ce jeu signifie que les payoffs sont identiques pour les stratégies miroirs des deux joueurs. Cependant, la théorie des jeux s'applique également à des jeux non symétriques où les stratégies et les payoffs peuvent varier d'un joueur à l'autre, ce qui peut complexifier davantage l'analyse et la détermination des équilibres.


Dans le contexte du dilemme du prisonnier classique, les deux suspects sont arrêtés et mis dans des cellules séparées, ce qui rend la communication et la coopération directe entre eux impossible. Dans cette situation, chaque suspect est confronté à un choix individuel : coopérer (garder le silence) ou trahir (collaborer avec les autorités). Le paradoxe du dilemme du prisonnier réside dans le fait que même si la meilleure solution pour les deux suspects serait de coopérer en gardant le silence, il existe une incitation individuelle à trahir pour obtenir une peine réduite si l'autre suspect trahit également.
== Un jeu de course à l'armement ==
Un jeu de course à l'armement est un exemple classique de dilemme de sécurité qui se produit souvent dans les relations internationales et peut être analysé à l'aide de la théorie des jeux. Dans ce scénario, deux pays (ou plus) doivent décider s'ils doivent augmenter leur arsenal militaire. Bien que chaque pays puisse bénéficier individuellement d'une position plus forte en s'armant davantage, si tous les pays choisissent de s'armer, cela pourrait conduire à une augmentation des tensions, à une instabilité régionale et, dans le pire des cas, à un conflit armé.


Dans de nombreux systèmes juridiques, un aveu d'un des suspects peut être considéré comme une preuve suffisante pour la condamnation, même si l'autre suspect persiste à nier. Cela reflète le fait que la coopération entre les suspects est difficile à maintenir en raison de l'incertitude quant à la décision de l'autre et des incitations individuelles à trahir pour réduire sa propre peine.
Voici comment un jeu de course à l'armement pourrait être structuré en termes de théorie des jeux :


La dynamique du dilemme du prisonnier met en évidence le défi de la coopération en l'absence de communication et de confiance mutuelle. Chaque suspect est incité à prendre la décision qui maximise ses propres gains, même si cela peut conduire à un résultat global sous-optimal.
* Les Joueurs : Deux pays, Pays A et Pays B.
* Les Stratégies : Chaque pays a deux options - s'armer ou ne pas s'armer.
* Les Payoffs : Les gains sont déterminés non seulement par la décision d'un pays de s'armer ou non, mais aussi par la décision prise par l'autre pays.


[[Fichier:Oligopole dilemme du prisonnier 1.png|400px|vignette|centré|Equilibre de Nash unique: (Avoue, Avoue). Equilibre non-optimal: les deux joueurs pourraient améliorer leur situation en se taisant. La coopération est difficile à maintenir car elle n’est pas un choix rationnel au niveau individuel. NB: ici, le jeu est symétrique, mais ce n’est pas nécessairement le cas.]]
Les résultats possibles sont les suivants :


Dans le dilemme du prisonnier, il est crucial de prendre en compte les différents résultats possibles en fonction des choix de coopération ou de trahison des deux prisonniers. Dans ce cas précis, les peines associées aux différentes combinaisons de choix sont les suivantes :
* Désarmement Mutuel : Si les deux pays choisissent de ne pas s'armer, ils évitent les coûts liés à une course aux armements et peuvent bénéficier d'une plus grande stabilité et de relations pacifiques. Cependant, ils peuvent se sentir vulnérables à des menaces extérieures.
* Course aux Armements : Si les deux pays choisissent de s'armer, cela augmente les dépenses militaires et la tension, réduisant potentiellement la sécurité globale.
* Déséquilibre : Si un pays s'arme et que l'autre ne le fait pas, le pays armé pourrait se sentir plus en sécurité avec un avantage militaire, tandis que le pays désarmé pourrait se sentir vulnérable et désavantagé.
* Stabilité de Nash : L'équilibre de Nash dans ce jeu est souvent la situation où les deux pays s'arment, car chaque pays a la stratégie dominante de s'armer pour garantir sa sécurité quelles que soient les actions de l'autre.


* Si aucun des prisonniers n'avoue, ils écopent tous deux d'une peine mineure de 1 an de prison.
L'ironie de la course à l'armement est que, bien que chaque pays cherche à augmenter sa propre sécurité en s'armant, l'armement mutuel peut en fait réduire la sécurité globale, un concept connu sous le nom de paradoxe de la sécurité. Ce paradoxe est semblable au dilemme du prisonnier en ce que les résultats individuellement rationnels conduisent à un résultat collectivement irrationnel ou sous-optimal.
* Si les deux prisonniers avouent, ils subissent tous deux la peine prévue pour le délit, soit une peine plus sévère de 8 ans de prison.
* Si un prisonnier avoue et l'autre ne le fait pas, celui qui avoue bénéficie d'une mesure de clémence et est immédiatement libéré, tandis que l'autre subit une peine plus grave de 20 ans de prison pour obstruction à la justice.


Ces informations fournissent un cadre plus complet pour analyser les incitations et les choix des prisonniers. Chaque prisonnier doit évaluer les résultats potentiels en fonction de ses propres choix et de ceux de l'autre prisonnier.
Dans la réalité, ces jeux sont souvent répétés ou dynamiques, avec une histoire de mouvements précédents qui peuvent influencer les stratégies actuelles. En outre, les éléments tels que les alliances, les traités et les organismes internationaux peuvent jouer un rôle dans la modification des payoffs et des choix stratégiques disponibles pour les pays.


Dans cette situation, les prisonniers sont confrontés à un dilemme difficile. Si chacun choisit de coopérer et de garder le silence, ils bénéficieraient tous deux de la peine mineure d'un an de prison. Cependant, chaque prisonnier a l'incitation individuelle à trahir, car cela peut lui permettre d'éviter une peine plus sévère ou même d'être immédiatement libéré en cas d'aveu de l'autre prisonnier.
[[Fichier:Oligopole dilemme du prisonnier 2.png|400px|vignette|centré|Stratégie dominante dans le jeu du dilemme du prisonnier: "avoue" ici: "s'armer".]]


Cette configuration met en évidence le conflit entre l'intérêt individuel et l'intérêt collectif. Bien que la coopération en gardant le silence soit mutuellement avantageuse, il y a une incitation individuelle à trahir pour éviter une peine plus sévère. Cette dynamique met en évidence les difficultés de maintenir la coopération dans des situations de jeu stratégique.
L'image montre une matrice de payoff pour un jeu de course à l'armement entre deux superpuissances historiques, l'URSS et les États-Unis. La matrice représente les conséquences de deux stratégies disponibles pour chacun des acteurs : "s'armer" ou "se désarmer". Les résultats sont basés sur la combinaison des choix des deux pays.


== Un jeu de course à l'armement ==
Analysons les payoffs dans chaque scénario :
Un jeu de course à l'armement est un concept utilisé dans la théorie des jeux pour décrire une situation où plusieurs joueurs cherchent à se surpasser les uns les autres en augmentant continuellement leurs ressources ou leurs capacités. Il est souvent utilisé pour représenter des scénarios compétitifs dans lesquels les joueurs investissent dans la recherche et le développement, la production ou l'acquisition d'armes, de technologies ou d'autres ressources stratégiques.


Dans ce jeu, chaque joueur essaie d'obtenir un avantage compétitif sur les autres joueurs en augmentant ses propres ressources ou capacités militaires. Cependant, à mesure que les joueurs investissent davantage dans leur armement, les autres joueurs sont incités à faire de même pour maintenir leur position ou obtenir un avantage supplémentaire. Cela crée une course sans fin où chaque joueur essaie de dépasser les autres en investissant de plus en plus de ressources dans l'armement.
* Si l'URSS et les États-Unis choisissent tous les deux de "s'armer", ils sont tous deux "soumis au risque", ce qui implique une augmentation des tensions et une sécurité réduite en raison de la probabilité accrue de confrontation militaire.
* Si l'URSS décide de "s'armer" tandis que les États-Unis choisissent de "se désarmer", l'URSS est "en sécurité et puissante" tandis que les États-Unis sont "soumis au risque et affaiblis". Cela donne un avantage stratégique à l'URSS, laissant les États-Unis vulnérables.
* Si l'URSS choisit de "se désarmer" tandis que les États-Unis décident de "s'armer", les rôles sont inversés avec les États-Unis en position de sécurité et de puissance, et l'URSS soumise au risque et affaiblie.
* Si les deux décident de "se désarmer", ils sont tous les deux "en sécurité", ce qui serait l'issue la plus pacifique et la plus stable, réduisant le risque d'un conflit armé.


La course à l'armement peut conduire à une escalade des dépenses et des tensions, car chaque joueur cherche à maintenir sa position ou à obtenir un avantage stratégique sur les autres. Cependant, cette course peut également être coûteuse et inefficace sur le plan économique, car les ressources sont utilisées pour la compétition plutôt que pour d'autres utilisations plus productives.[[Fichier:Oligopole dilemme du prisonnier 2.png|400px|vignette|centré|Stratégie dominante dans le jeu du dilemme du prisonnier: "avoue" ici: "s'armer".]]Ce concept est souvent utilisé pour analyser des situations réelles telles que les rivalités militaires entre nations, les courses à l'espace, les compétitions technologiques ou les batailles pour le contrôle de ressources stratégiques. Il met en évidence les dilemmes auxquels sont confrontés les acteurs dans ces scénarios, où la recherche de supériorité peut entraîner des coûts élevés et des résultats incertains.
La stratégie dominante pour les deux joueurs dans ce jeu, similaire à la stratégie "avoue" dans le dilemme du prisonnier classique, est de "s'armer". Indépendamment de la décision prise par l'autre partie, chaque pays a un meilleur résultat (en termes de sécurité et de pouvoir) lorsqu'il choisit de s'armer. Par conséquent, l'équilibre de Nash de ce jeu est que les deux pays finissent par s'armer, car aucune des parties n'a un incitatif unilatéral à se désarmer. Cependant, tout comme dans le dilemme du prisonnier, cet équilibre n'est pas socialement optimal ; les deux pays seraient mieux si tous les deux choisissaient de se désarmer, réduisant ainsi les risques de conflit tout en économisant des ressources dépensées dans l'armement.


En résumé, un jeu de course à l'armement est un concept de la théorie des jeux qui décrit une situation compétitive où les joueurs cherchent à se surpasser les uns les autres en augmentant continuellement leurs ressources ou leurs capacités militaires. Cette course peut conduire à une escalade des dépenses et des tensions, et met en évidence les dilemmes auxquels sont confrontés les acteurs dans ces scénarios.
Cet exemple illustre clairement le paradoxe de la sécurité : en cherchant à augmenter leur sécurité par des moyens militaires, les pays peuvent en fait diminuer leur sécurité globale en raison de la réaction réciproque et de la méfiance qu'elle génère. Cela démontre la complexité de la coopération internationale et les défis associés à la prise de décisions dans un environnement international souvent incertain et basé sur la perception des actions des autres.


== Le duopole comme dilemme du prisonnier ==
== Le duopole comme dilemme du prisonnier ==
Dans le dilemme du prisonnier, l'intérêt individuel pousse chaque prisonnier à trahir, même si la coopération mutuelle en gardant le silence serait bénéfique pour les deux. De manière similaire, dans un duopole, l'intérêt individuel de chaque entreprise peut les inciter à agir de manière non coopérative, même si une coopération mutuellement avantageuse serait préférable pour les deux.


Dans un duopole, les entreprises ont la possibilité de coordonner leurs actions et de fixer des niveaux de production et des prix qui maximisent leurs profits collectifs. Cela correspondrait à une situation coopérative où la production serait faible, les prix élevés et les profits similaires à ceux d'un monopole. Cependant, chaque entreprise est confrontée à une incitation individuelle à augmenter sa production pour gagner des parts de marché et augmenter ses propres profits.
Le duopole peut être conceptualisé comme un dilemme du prisonnier, où deux entreprises (ou duopolistes) sont confrontées à la décision de coopérer pour maximiser leurs profits collectifs ou de concurrencer agressivement pour maximiser leurs profits individuels. Si les deux entreprises coopèrent, elles peuvent agir de concert pour fixer des prix élevés et limiter leur production, se comportant essentiellement comme un monopole et se partageant les profits maximaux possibles. Cependant, la tentation d'augmenter la part de marché individuelle en produisant plus et en vendant à un prix inférieur peut mener à un résultat non coopératif, qui est moins avantageux pour les deux.


Cette incitation à augmenter la production peut entraîner une spirale de concurrence entre les entreprises, où elles cherchent à gagner des parts de marché au détriment de l'autre. Cela peut conduire à une augmentation de la production totale, une baisse des prix et une réduction des profits pour les deux entreprises. Cette situation est souvent désavantageuse pour l'ensemble du duopole par rapport à une situation coopérative.
Dans la structure d'un duopole, chaque entreprise doit prendre en compte les actions potentielles de son concurrent lorsqu'elle prend ses décisions stratégiques. La théorie des jeux prédit que si chaque entreprise poursuit son intérêt individuel sans accord contraignant de coopération, elles finiront toutes les deux par produire plus, baisser les prix, et voir leurs profits diminuer par rapport à ce qu'ils auraient été sous coopération. Cela est dû au fait que chaque entreprise vise à maximiser son propre profit sans tenir compte de l'impact de ses actions sur le profit global du marché, ce qui peut conduire à une surproduction et à une diminution des prix.


La difficulté pour un duopole de maintenir une situation coopérative est en partie due à la logique de l'intérêt individuel et à l'incitation de chaque entreprise à maximiser ses propres profits. Chaque entreprise est confrontée à une décision stratégique : coopérer en limitant la production pour maintenir des prix élevés et des profits élevés pour l'ensemble du duopole, ou agir de manière non coopérative en augmentant la production pour gagner des parts de marché et maximiser ses propres profits.[[Fichier:Oligopole dilemme du prisonnier 3.png|400px|vignette|centré]]Cependant, il est important de noter que la coopération dans un duopole peut être possible dans certaines situations. Par exemple, si les entreprises parviennent à établir des accords contraignants et à instaurer un climat de confiance, elles peuvent coopérer pour maintenir des niveaux de production et des prix élevés. De plus, l'introduction de réglementations antitrust peut également favoriser la coopération en empêchant les comportements anticoncurrentiels et en encourageant la stabilité du marché.
L'équilibre de Nash dans un tel duopole est similaire au dilemme du prisonnier, où chaque entreprise choisit de ne pas coopérer (c'est-à-dire produire plus et baisser les prix) car cette stratégie maximise son profit étant donné la stratégie de l'autre entreprise. C'est l'équilibre stable car si une entreprise dévie et réduit sa production dans l'espoir d'augmenter les prix, elle risque de perdre des parts de marché si l'autre entreprise ne suit pas. Ainsi, même si les deux entreprises seraient mieux loties en coopérant, la nature non contraignante de leur interaction et le manque de communication et de confiance mutuelle les mènent à un équilibre non coopératif.


En résumé, tout comme le dilemme du prisonnier met en évidence les difficultés de maintenir la coopération malgré les avantages mutuels, un duopole peut également rencontrer des obstacles pour maintenir une situation coopérative en raison de l'intérêt individuel et des incitations à la concurrence. Cependant, la coopération peut être possible dans certaines circonstances grâce à des accords et à une réglementation appropriés.
Cependant, il est important de noter que dans le monde réel, les entreprises en oligopole peuvent trouver des moyens de surmonter ce dilemme par divers moyens, tels que la formation de cartels, l'établissement de règles de concurrence tacites ou l'adoption de stratégies de différenciation de produits, qui peuvent les aider à maintenir des prix élevés et à se rapprocher de la profitabilité du monopole. Ces méthodes, cependant, peuvent être limitées par des lois antitrust et d'autres régulations visant à maintenir la concurrence sur les marchés.
 
[[Fichier:Oligopole dilemme du prisonnier 3.png|400px|vignette|centré]]
 
L'image représente une matrice de payoff qui illustre un jeu de duopole entre l'Iran et l'Arabie saoudite, centré sur leur décision de production pétrolière. Chaque pays a la possibilité de choisir entre une production élevée ou faible. Les payoffs sont exprimés en milliards de dollars, reflétant probablement le profit ou le revenu que chaque pays s'attend à gagner en fonction de la combinaison de leurs décisions de production.
 
Lorsque les deux pays choisissent une production élevée, l'Arabie saoudite et l'Iran gagnent chacun 40 milliards de dollars. Cette situation peut être interprétée comme une surproduction qui entraîne une baisse des prix du pétrole sur le marché mondial, réduisant ainsi les revenus pour les deux producteurs.
 
Si l'Iran augmente sa production tandis que l'Arabie saoudite réduit la sienne, l'Iran gagne plus (60 milliards de dollars) tandis que l'Arabie saoudite voit ses revenus diminuer à 30 milliards de dollars. L'inverse est également vrai : si l'Iran réduit sa production et que l'Arabie saoudite augmente la sienne, l'Iran obtient 30 milliards de dollars et l'Arabie saoudite 60 milliards de dollars.
 
Dans le cas où les deux pays décident de réduire leur production, l'Arabie saoudite gagne 50 milliards de dollars et l'Iran 30 milliards de dollars. Cela peut refléter des prix plus élevés en raison d'une offre réduite, mais avec une part de marché plus grande pour l'Arabie saoudite, expliquant pourquoi ses revenus sont plus élevés que ceux de l'Iran.
 
L'équilibre de Nash dans ce jeu, en supposant que chaque joueur agit rationnellement et en connaissant les stratégies de l'autre, serait pour les deux pays de choisir une production élevée. C'est parce que, quelle que soit la décision de l'autre pays, chaque pays a un meilleur payoff en choisissant une production élevée (passant de 30 à 40 milliards si l'autre se désarme, et de 50 à 60 milliards si l'autre augmente également sa production).
 
Cependant, cet équilibre de Nash n'est pas l'optimum de Pareto. Les deux pays seraient collectivement mieux lotis si tous deux choisissaient de limiter leur production, car ils pourraient potentiellement augmenter leurs profits globaux grâce à des prix plus élevés pour leur pétrole. Cependant, sans un accord de coopération qui serait contraignant pour les deux parties, l'intérêt individuel incite chaque pays à augmenter sa production, menant à un équilibre moins avantageux pour tous les deux, similaire à la dynamique observée dans le dilemme du prisonnier.


== Un jeu de publicité ==
== Un jeu de publicité ==
Un jeu de publicité est un concept utilisé dans la théorie des jeux pour décrire une situation où plusieurs entreprises concurrentes cherchent à promouvoir leurs produits ou services par le biais de campagnes publicitaires. Dans ce contexte, chaque entreprise cherche à maximiser son avantage concurrentiel en attirant l'attention des consommateurs et en influençant leurs choix d'achat.


Dans un jeu de publicité, chaque entreprise a la possibilité de décider du montant qu'elle souhaite investir dans sa campagne publicitaire. Le succès d'une campagne dépend souvent de la quantité d'attention et d'influence qu'elle peut générer auprès des consommateurs. Cependant, il est important de noter que les dépenses publicitaires peuvent être coûteuses et que les résultats peuvent varier en fonction des actions des autres entreprises.
Cette matrice de payoff décrit un jeu de stratégie de publicité entre deux entreprises concurrentes, Camel et Marlboro. Chacune de ces entreprises doit décider si elle doit faire de la publicité ou non. Les profits résultants pour chaque entreprise dépendent de leur choix de stratégie combiné avec le choix de l'autre entreprise.


Les interactions entre les entreprises dans un jeu de publicité peuvent prendre différentes formes. Par exemple, dans un modèle de concurrence à la Cournot, chaque entreprise fixe son niveau de production en fonction des décisions des autres. Dans ce contexte, les entreprises peuvent également ajuster leurs dépenses publicitaires en fonction des actions de leurs concurrents.
[[Fichier:Oligopole un jeu de publicité 1.png|400px|vignette|centré]]


La dynamique du jeu de publicité dépend souvent de la nature du marché et des caractéristiques des produits ou services proposés. Par exemple, dans un marché où les produits sont fortement différenciés, les entreprises peuvent adopter des stratégies de publicité plus agressives pour se démarquer de leurs concurrents. En revanche, dans un marché où les produits sont plus homogènes, les entreprises peuvent opter pour des stratégies publicitaires plus subtiles ou axées sur d'autres aspects, tels que la qualité du produit ou le service client.[[Fichier:Oligopole un jeu de publicité 1.png|400px|vignette|centré]]Il est important de noter que la publicité peut être un élément coûteux pour les entreprises, mais elle peut également être un moyen efficace d'influencer les choix des consommateurs et de générer des avantages concurrentiels. Cependant, les entreprises doivent également tenir compte des actions des autres concurrents et de l'effet de leurs propres dépenses publicitaires sur le marché dans son ensemble.
Les profits sont les suivants selon les décisions prises par Camel et Marlboro :


En résumé, un jeu de publicité est un concept utilisé dans la théorie des jeux pour décrire la compétition entre les entreprises dans le domaine de la publicité. Chaque entreprise cherche à maximiser son avantage concurrentiel en investissant dans des campagnes publicitaires efficaces. Les interactions entre les entreprises dans ce jeu dépendent des caractéristiques du marché et des produits, ainsi que des actions et des réactions des concurrents.
* Si Camel et Marlboro choisissent tous deux de faire de la publicité, ils gagnent chacun 3 milliards de dollars. Cela pourrait signifier que les coûts de la publicité érodent une partie des profits additionnels qu'ils pourraient obtenir grâce à l'augmentation des ventes.
* Si Camel fait de la publicité tandis que Marlboro ne le fait pas, Camel gagne 5 milliards de dollars et Marlboro seulement 2 milliards de dollars. Cela suggère que Camel tire un avantage significatif de la publicité en capturant une part de marché plus importante, tandis que Marlboro souffre d'une baisse de visibilité et de ventes.
* Si Camel choisit de ne pas faire de publicité mais que Marlboro fait de la publicité, Camel gagne 2 milliards de dollars et Marlboro 5 milliards de dollars. Dans ce cas, Marlboro bénéficie de l'avantage de la publicité.
* Si ni Camel ni Marlboro ne font de la publicité, Camel gagne 4 milliards de dollars et Marlboro 4 milliards de dollars également. Cela peut refléter une situation où les deux entreprises bénéficient de coûts inférieurs en n'engageant pas de dépenses publicitaires, tout en maintenant une certaine parité dans la part de marché.
 
L'analyse de cette matrice de payoff montre que la publicité est une stratégie dominante pour les deux entreprises. Peu importe ce que fait l'autre entreprise, chaque entreprise a un meilleur profit en faisant de la publicité. Par conséquent, l'équilibre de Nash dans ce jeu est pour les deux entreprises de choisir de faire de la publicité, car c'est la meilleure stratégie pour chacune d'elles indépendamment de la stratégie de l'autre.
 
Cependant, ce n'est pas l'optimum de Pareto car les deux entreprises pourraient potentiellement gagner plus (4 milliards chacune) si aucune des deux ne faisait de publicité. Cet exemple illustre comment, même si une certaine stratégie (comme ne pas faire de publicité) pourrait être meilleure collectivement, les incitations individuelles à agir autrement conduisent à un résultat sous-optimal. Cela reflète la nature compétitive de la publicité où les entreprises sont souvent contraintes d'engager des dépenses importantes pour rester pertinentes et compétitives, même si cela réduit leurs profits globaux.


== Un jeu de ressources communes ==
== Un jeu de ressources communes ==
Un jeu de ressources communes est un concept utilisé dans la théorie des jeux pour décrire une situation où plusieurs individus ou acteurs sont en concurrence pour l'utilisation d'une ressource limitée et partagée. Dans ce jeu, chaque joueur doit décider de la quantité de ressource qu'il souhaite utiliser, sachant que l'utilisation de la ressource par un joueur réduit la quantité disponible pour les autres.


Dans un jeu de ressources communes, chaque joueur est confronté à un dilemme car il cherche à maximiser son propre bénéfice en utilisant la ressource autant que possible, mais sa surutilisation peut épuiser la ressource pour tous les joueurs. Cela crée un conflit entre l'intérêt individuel et l'intérêt collectif.
L'image ci-dessous représente une matrice de payoff pour un jeu de ressources communes entre deux compagnies pétrolières, BP et Shell. Chaque compagnie doit décider entre creuser un ou deux puits pétroliers. Les profits résultant de chaque combinaison de décisions sont exprimés en millions d'euros.
 
[[Fichier:Oligopole Un jeu de ressources communes.png|400px|vignette|centré]]
 
Si BP et Shell décident tous les deux de creuser deux puits, ils gagnent chacun 4 millions d'euros. Cette situation peut refléter une sur-exploitation de la ressource partagée, où l'augmentation de la production entraîne une baisse des prix du pétrole ou une épuisement plus rapide de la ressource, ce qui réduit les profits pour les deux compagnies.
 
Lorsque BP choisit de creuser deux puits tandis que Shell n'en creuse qu'un, BP gagne moins (3 millions d'euros) par rapport à Shell qui en gagne 6. Cette asymétrie peut survenir parce que Shell, en limitant sa production, bénéficie de prix plus élevés ou conserve ses ressources pour l'avenir, tandis que BP, en augmentant sa production, pourrait subir une baisse des prix due à une offre excédentaire.


Une caractéristique importante des jeux de ressources communes est le problème de la surutilisation ou de la surexploitation de la ressource. Chaque joueur est incité à utiliser la ressource à un niveau qui lui procure le maximum de bénéfice individuel, mais l'accumulation des actions individuelles peut entraîner l'épuisement ou la dégradation de la ressource commune, ce qui nuit à tous les joueurs à long terme.
Inversement, si BP décide de creuser un seul puits et que Shell en creuse deux, BP gagne 5 millions d'euros et Shell seulement 6 millions d'euros. Dans ce cas, Shell ne tire pas un avantage proportionnel à son investissement accru par rapport à BP, ce qui peut refléter une saturation du marché ou des coûts d'extraction croissants.


Un exemple classique de jeu de ressources communes est la pêche dans un océan partagé. Chaque pêcheur cherche à capturer autant de poissons que possible pour maximiser ses propres profits. Cependant, si tous les pêcheurs adoptent cette approche et pêchent de manière intensive, cela peut entraîner l'épuisement des stocks de poissons, ce qui nuit à tous les pêcheurs à long terme.
Si les deux compagnies choisissent de creuser un seul puits, Shell gagne 5 millions d'euros et BP gagne 6 millions d'euros. Cette situation peut indiquer que la modération dans l'exploitation des ressources conduit à de meilleurs prix du pétrole ou à une gestion plus durable des ressources, augmentant ainsi les profits.


Dans un jeu de ressources communes, il existe différentes stratégies possibles pour gérer la ressource de manière durable. Par exemple, des réglementations peuvent être mises en place pour limiter la quantité de ressource utilisée par chaque joueur, ou des systèmes de quotas peuvent être établis pour répartir équitablement l'accès à la ressource.[[Fichier:Oligopole Un jeu de ressources communes.png|400px|vignette|centré]]La théorie des jeux offre des outils pour analyser les interactions et les dilemmes auxquels sont confrontés les acteurs dans un jeu de ressources communes. Elle permet d'étudier les incitations, les stratégies et les résultats potentiels dans ces situations, afin de trouver des solutions qui favorisent la durabilité et la préservation de la ressource commune.
Dans ce jeu, il n'y a pas de stratégie dominante pour les deux joueurs. Le choix de la meilleure stratégie dépend de la décision de l'autre compagnie. Si BP suppose que Shell va creuser deux puits, BP maximise ses profits en creusant seulement un puits. Si BP pense que Shell va creuser un seul puit, BP aurait intérêt à creuser deux puits. La même logique s'applique à Shell.


En résumé, un jeu de ressources communes est un concept de la théorie des jeux qui décrit une situation où plusieurs acteurs sont en concurrence pour l'utilisation d'une ressource limitée et partagée. Les joueurs sont confrontés à un dilemme entre leurs intérêts individuels et l'intérêt collectif, et des stratégies doivent être développées pour gérer la ressource de manière durable.
L'équilibre de Nash de ce jeu est moins évident. Si les deux compagnies raisonnent strictement selon les payoffs, elles pourraient finir par creuser un seul puit chacune, ce qui n'est pas le résultat le moins profitable pour aucune des deux parties. Cependant, si l'une des entreprises s'attend à ce que l'autre se modère, elle pourrait être tentée de creuser deux puits pour maximiser ses profits immédiats, ce qui pourrait conduire à une sur-exploitation. Cette situation reflète un "dilemme des communs", les acteurs individuels profitent de la sur-utilisation d'une ressource partagée, ce qui peut mener à une épuisement à long terme de cette ressource au détriment de tous.


== Le jeu oligopolistique UN et DEUX ==
== Le jeu oligopolistique UN et DEUX ==
Le jeu oligopolistique entre UN et DEUX fait référence à une situation dans laquelle deux entreprises, UN et DEUX, sont en concurrence sur un marché. Chaque entreprise cherche à maximiser son profit en prenant en compte les actions de l'autre entreprise.


Dans ce jeu, chaque entreprise a la possibilité de décider de sa quantité de production ou de son niveau de prix, sachant que ces décisions auront un impact sur les résultats et les profits des deux entreprises. Les décisions prises par chaque entreprise sont influencées par les stratégies et les réactions de l'autre entreprise.
L'image ci-dessous représente une matrice de payoff pour un jeu oligopolistique entre deux producteurs, UN et DEUX, qui doivent décider de la quantité de produit à vendre, soit 30 litres ou 40 litres. Les gains associés à chaque décision dépendent de l'action prise par l'autre producteur.
 
[[Fichier:Le jeu oligopolistique UN et DEUX1.png|400px|vignette|centré]]


Le jeu oligopolistique entre UN et DEUX peut prendre différentes formes en fonction des hypothèses et des stratégies choisies. Par exemple, dans le cadre du modèle de Cournot, chaque entreprise fixe sa quantité de production en supposant que l'autre entreprise maintient sa quantité constante. Dans le modèle de Bertrand, les entreprises fixent leur prix en supposant que l'autre entreprise maintient son prix constant. Il existe également d'autres modèles, tels que le modèle de Stackelberg, où une entreprise est le leader et l'autre est le suiveur.
Si UN et DEUX choisissent tous deux de vendre 40 litres, ils gagnent chacun 1 600 euros. Cela peut indiquer une situation de concurrence où l'augmentation de l'offre a entraîné une baisse des prix, ce qui diminue les profits des deux producteurs.


Les résultats du jeu oligopolistique dépendent des stratégies choisies par les entreprises. Il peut y avoir différentes possibilités d'équilibre, telles qu'un équilibre de Cournot, un équilibre de Bertrand ou un équilibre mixte. Dans chaque équilibre, les entreprises adoptent des stratégies qui maximisent leurs profits compte tenu des actions de l'autre entreprise.
Lorsque UN choisit de vendre 40 litres tandis que DEUX vend 30 litres, UN gagne 1 600 euros et DEUX gagne 2 000 euros. Inversement, si UN vend 30 litres et DEUX vend 40 litres, UN gagne 2 000 euros tandis que DEUX gagne 1 500 euros. Ces scénarios montrent qu'un producteur peut bénéficier de gains plus élevés en vendant moins si son concurrent inonde le marché avec une quantité plus importante, probablement à cause d'une meilleure tarification due à une offre plus limitée.


[[Fichier:Le jeu oligopolistique UN et DEUX1.png|400px|vignette|centré]]
Si les deux producteurs décident de vendre 30 litres chacun, UN gagne 1 800 euros et DEUX gagne 1 800 euros également. Cette décision reflète probablement une entente tacite ou une coopération où les deux producteurs réduisent leur offre pour maintenir des prix plus élevés et maximiser leurs profits.


Dans le jeu oligopolistique entre UN et DEUX, il peut exister différents équilibres en fonction des stratégies choisies par les entreprises. Dans un équilibre de non-coopération, chaque entreprise choisit de maximiser son propre profit en prenant en compte les actions de l'autre entreprise. Si l'équilibre de non-coopération est atteint à (40L, 40L), cela signifie que les deux entreprises produisent 40 litres chacune. Cet équilibre peut être stable si aucune entreprise n'a d'incitation à dévier de sa stratégie compte tenu de l'action de l'autre entreprise. Cependant, il est important de noter que cet équilibre de non-coopération peut ne pas être optimal pour les entreprises. Comme vous l'avez mentionné, un équilibre coopératif à (30L, 30L) pourrait être plus avantageux pour les entreprises en termes de profits. Dans cet équilibre coopératif, les entreprises coopèrent et limitent leur production à 30 litres chacune, ce qui pourrait entraîner des prix plus élevés et des profits plus élevés pour les deux entreprises.
L'équilibre de non-coopération, basé sur la matrice de payoff, est atteint lorsque les deux producteurs choisissent de vendre 40 litres, car vendre 40 litres est une stratégie dominante pour chacun d'eux. C'est le résultat naturel en l'absence de coopération, car chaque producteur réagit aux actions de l'autre en maximisant son propre profit sans considération pour le profit collectif.


Le jeu oligopolistique entre UN et DEUX peut être complexe et comporter des dilemmes stratégiques similaires au dilemme du prisonnier. Chaque entreprise est incitée à adopter des stratégies qui maximisent ses propres profits, mais cela peut conduire à des résultats sous-optimaux pour les deux entreprises dans l'ensemble. La théorie des jeux offre des outils pour analyser et étudier les interactions et les résultats potentiels dans un jeu oligopolistique. Elle permet d'explorer les différentes stratégies et équilibres possibles, ainsi que les conséquences pour les entreprises et le marché dans son ensemble.
L'optimum pour les producteurs, qui maximiserait leur profit total, serait de coopérer et de choisir de vendre 30 litres chacun. Cela nécessiterait une certaine forme de communication ou d'accord pour limiter la production, ce qui pourrait ne pas être légal dans certains marchés réglementés en raison des lois antitrust et de concurrence.


En résumé, le jeu oligopolistique entre UN et DEUX décrit une situation de concurrence entre deux entreprises. Chaque entreprise cherche à maximiser son profit en prenant en compte les actions de l'autre entreprise. Les résultats du jeu dépendent des stratégies choisies et peuvent comporter des dilemmes stratégiques. La théorie des jeux fournit des outils pour analyser ces interactions et étudier les résultats potentiels dans un tel jeu.
Ce jeu illustre le défi central des oligopoles : trouver un équilibre entre les incitations individuelles à augmenter la production pour maximiser les profits individuels et les avantages potentiels d'une action collective qui pourrait conduire à de meilleurs résultats pour tous les producteurs. Sans coopération, les producteurs se retrouvent dans un équilibre de Nash non coopératif, qui n'est pas l'optimum de Pareto car ils pourraient tous deux être mieux lotis s'ils limitaient leur production. Cet équilibre reflète également le dilemme du prisonnier, où les joueurs ne parviennent pas à atteindre un accord mutuellement avantageux en raison des incitations à agir de manière indépendante.


== La coopération dans un cadre dynamique ==
== La coopération dans un cadre dynamique ==
Avec le passage du temps et si on considère que le "jeu" entre les duopolistes se répète, on peut envisager la coopération comme plus stable, car les duopolistes se rendent compte des profits auxquels ils renoncent en trichant.


Tant que les firmes se soucient des profits futurs, elles décideront de renoncer au gain ponctuel résultant du non-respect de l’accord dans le cadre d’un jeu répété.
Dans un contexte dynamique où les jeux se répètent sur une longue période, la coopération entre les duopolistes peut devenir une stratégie plus stable et potentiellement plus profitable que la compétition agressive. Ce phénomène est souvent analysé dans le cadre des jeux répétés, aussi connus sous le nom de jeux itératifs ou supergames.


Lorsque UN triche, DEUX peut le “punir” par la cessation immédiate de la coopération et le retour à l’équilibre non-coopératif → punition CREDIBLE.
Lorsque les firmes prennent en compte les profits futurs et non pas seulement les gains immédiats, elles peuvent reconnaître qu'une stratégie de coopération à long terme maximisera leurs profits globaux. Dans cette perspective, même si une entreprise peut obtenir un gain ponctuel en trichant et en rompant l'accord de coopération, elle pourrait perdre beaucoup plus en profits futurs si l'autre entreprise répond en revenant à un comportement non coopératif.


UN se rend compte qu’il a gagné un profit de triche de court terme mais perdu tous les profits de monopole futur....
La menace d'une punition crédible joue un rôle clé dans la stabilité de la coopération. Si UN décide de tricher, DEUX peut "punir" UN en cessant la coopération et en revenant à la compétition, ce qui réduit les profits pour les deux firmes. Pour que cette punition soit crédible, DEUX doit être prête et capable de renoncer à ses gains à court terme pour maintenir la discipline à long terme. Si cette punition est crédible et si les entreprises anticipent correctement les conséquences à long terme de leurs actions, alors la coopération peut se maintenir.


La répétition du jeu sans date de fin, ou une incertitude, permet d’assurer un équilibre coopératif.
La répétition du jeu sans une date de fin connue ou dans un contexte d'incertitude quant à la durée de l'interaction peut renforcer la coopération. Si les entreprises ne savent pas quand le jeu se terminera, elles ont moins d'incitations à tricher, car elles ne peuvent pas être sûres que le gain à court terme vaudra le coût des profits perdus à l'avenir.
 
La théorie des jeux répétés suggère que les stratégies de coopération peuvent être soutenues par le "shadow of the future" ou l'ombre du futur. Plus le futur influence les décisions présentes, plus il est probable que les entreprises adopteront des stratégies qui favorisent la coopération. Les entreprises peuvent donc développer des mécanismes de coopération tels que des accords tacites, des stratégies de réciprocité ou des contrats à long terme pour stabiliser cette coopération et maximiser leurs profits collectifs sur le long terme.


= L'oligopole et le rôle de l'État =
= L'oligopole et le rôle de l'État =
== L'oligopole et le rôle de l'État ==
== L'oligopole et le rôle de l'État ==
La coopération entre les membres de l’oligopole est désirable du point de vue des entreprises du secteur en question uniquement. Pour la société dans son ensemble, l’oligopole est indésirable car il conduit à une production trop basse et à des prix trop élevés.


La plupart des pays s’équipent d’un appareil législatif visant à empêcher les enfreintes à la concurrence par des cartels ou des ententes sur les prix.
Dans le contexte économique d'un oligopole, la coopération entre les entreprises pour fixer les prix ou limiter la production peut être bénéfique pour ces entreprises, car elle leur permet d'augmenter leurs profits en exerçant un pouvoir de marché similaire à celui d'un monopole. Cependant, cette coopération peut être préjudiciable aux consommateurs et à la société dans son ensemble, car elle peut entraîner des prix artificiellement élevés et une production inférieure à celle qui serait réalisée dans un marché plus concurrentiel. Cela peut conduire à une allocation inefficace des ressources, à une innovation moindre et à des choix réduits pour les consommateurs.
 
Pour cette raison, de nombreux gouvernements ont mis en place des lois antitrust ou de la concurrence pour réguler les comportements des entreprises dans les marchés oligopolistiques. Ces lois visent à prévenir les pratiques anticoncurrentielles telles que les cartels, les ententes sur les prix, les pratiques monopolistiques et les abus de position dominante. Le but est de protéger les intérêts des consommateurs, de promouvoir l'innovation et d'assurer une concurrence équitable sur le marché.
 
Cependant, l'approche réglementaire peut varier d'un pays à l'autre. Certains pays ont des lois antitrust très strictes et des organismes de réglementation actifs qui surveillent de près les marchés et sanctionnent les comportements anticoncurrentiels. D'autres pays peuvent avoir une approche plus souple, soit en raison de différences dans la philosophie économique, soit en raison de capacités de réglementation et de mise en œuvre plus faibles.


Certaines lois sont plus souples que d’autres selon le pays.
Les économistes ne s'accordent pas toujours sur le degré et la forme de la régulation qui devraient être appliqués. Certains plaident pour des marchés plus libres, arguant que la réglementation peut être lourde et entraver l'efficacité du marché. D'autres soutiennent que sans réglementation, les consommateurs peuvent être exploités par des entreprises puissantes. Les économistes peuvent également être en désaccord sur les effets des oligopoles sur l'innovation - certains suggèrent que les profits élevés dans les oligopoles peuvent financer la recherche et le développement, tandis que d'autres pensent que la concurrence est un meilleur stimulant pour l'innovation.


Les économistes, de leur côté, ne sont pas toujours unanimes sur la manière de juger les restrictions à la concurrence et la nécessité de légiférer contre certaines pratiques.
Le rôle de l'État dans la régulation des oligopoles est donc crucial et complexe. Il doit équilibrer la protection des consommateurs et la promotion de la concurrence avec la reconnaissance des réalités économiques des industries où les économies d'échelle ou les exigences de capital rendent le nombre d'acteurs naturellement limité. Cela implique souvent un ajustement constant des politiques et des réglementations pour s'adapter aux changements du marché et aux nouvelles informations.


== États-Unis : le Sherman Antitrust Act ==
== États-Unis : le Sherman Antitrust Act ==
Loi votée déjà à la fin du XIXe siècle (1890) pour contrer le monopole de la


Standard Oil de la famille Rockfeller.
Le Sherman Antitrust Act est une législation fondamentale aux États-Unis qui a établi les bases de la réglementation antitrust moderne. Adoptée en 1890, cette loi visait à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles et à démanteler les monopoles, ce qui était un problème croissant à l'époque de l'ère industrielle, notamment avec l'ascension de compagnies comme la Standard Oil de John D. Rockefeller.
 
Le Sherman Act est particulièrement remarquable pour deux de ses dispositions principales :
 
* Section 1 : Cette section interdit les accords anticoncurrentiels entre entreprises, y compris les cartels, les ententes sur les prix et d'autres formes de collusion qui restreignent le commerce.
* Section 2 : Elle cible les comportements monopolistiques, interdisant les situations où une entreprise monopolise ou tente de monopoliser un marché.


{{citation bloc|Every contract, combination in the form of trust or otherwise, or conspiracy, in restraint of trade or commerce among the several States, or with foreign nations, is declared to be illegal.
Le passage cité indique clairement que toute forme d'accord ou de complot visant à restreindre le commerce est illégal et que les individus ou entreprises coupables de tels actes seront considérés comme des criminels, passibles de lourdes amendes et/ou de peines de prison.


Every person who shall make any contract or engage in any combination or conspiracy hereby declared to be illegal shall be deemed guilty of a felony, and, on conviction thereof, shall be punished by fine not exceeding $100,000,000 if a corporation, or, if any other person, $1,000,000, or by imprisonment not exceeding 10 years, or by both said punishments, in the discretion of the court.}}
Le Clayton Act, qui a été adopté en 1914, a complété le Sherman Act en abordant des questions plus spécifiques et en ciblant certaines pratiques qui n'étaient pas explicitement interdites par le Sherman Act. Par exemple, le Clayton Act a mis l'accent sur des problèmes tels que la discrimination par les prix, les accords d'exclusivité et les acquisitions d'actions qui pourraient réduire la concurrence.


Le Sherman Act a été complété par le Clayton Act en 1914.
Ces lois sont des éléments clés de la politique de concurrence américaine et continuent d'influencer la manière dont les affaires sont menées non seulement aux États-Unis mais aussi dans les interactions commerciales internationales. L'application de ces lois est assurée par le Department of Justice des États-Unis ainsi que par la Federal Trade Commission (FTC), qui ont le pouvoir de poursuivre les entreprises pour pratiques anticoncurrentielles et de demander aux tribunaux de prendre des mesures telles que la dissolution de trusts, l'imposition d'amendes ou l'interdiction de certaines transactions commerciales. Ces lois ont joué un rôle déterminant dans la préservation de la concurrence sur les marchés américains et sont considérées comme un modèle pour les réglementations antitrust dans d'autres juridictions.


== Europe : le Traité de Rome (art. 82) ==
== Europe : le Traité de Rome (art. 82) ==
Selon le Traité de Rome (1957), est incompatible avec le marché commun et interdit, dans la mesure où le commerce entre États membres est susceptible d’en être affecté, le fait pour une ou plusieurs entreprises d’exploiter de façon abusive une position dominante sur le marché commun ou dans une partie substantielle de celui-ci.


Ces pratiques abusives peuvent notamment consister à :
Le Traité de Rome, signé en 1957, a établi la Communauté économique européenne (CEE), qui est maintenant intégrée dans l'Union européenne (UE). L'article 82 correspond aujourd'hui à l'article 102 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), traite de l'abus de position dominante et est un pilier de la politique de concurrence de l'UE.
#imposer de façon directe ou indirecte des prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions de transaction non équitables ;
 
#limiter la production, les débouchés ou le développement technique au préjudice des consommateurs ;
Cet article vise à empêcher les entreprises qui détiennent une position dominante sur le marché unique européen de s'engager dans des pratiques qui pourraient nuire à la concurrence et aux consommateurs. La position dominante en elle-même n'est pas interdite par le droit de l'UE, mais l'exploitation abusive de cette position l'est. Les pratiques abusives peuvent inclure :
#appliquer à l’égard de partenaires commerciaux des conditions inégales à des prestations équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence ;
 
#subordonner la conclusion de contrats à l’acceptation, par les partenaires, de prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n’ont pas de lien avec l’objet de ces contrats.
* Imposer des prix ou des conditions de transaction non équitables : Cela peut inclure des prix excessivement élevés ou des conditions commerciales qui placent les partenaires commerciaux ou les consommateurs dans une position désavantageuse.
* Limiter la production ou le développement technique : Cela peut viser à réduire l'offre sur le marché pour maintenir les prix élevés ou à freiner l'innovation qui pourrait être bénéfique pour les consommateurs.
* Appliquer des conditions inégales à des prestations équivalentes : Cela peut entraîner une discrimination entre les partenaires commerciaux, faussant la concurrence.
* Subordonner la conclusion de contrats : Cela peut impliquer d'obliger un partenaire commercial à accepter des obligations supplémentaires qui ne sont pas liées au contrat principal, une pratique connue sous le nom de vente liée.
 
L'article 102 du TFUE est appliqué par la Commission européenne, qui a le pouvoir d'enquêter et de sanctionner les entreprises pour de telles pratiques. Les sanctions peuvent inclure des amendes substantielles et des ordonnances qui exigent des changements dans les pratiques commerciales des entreprises.
 
La politique de concurrence de l'UE, y compris l'article 102, est cruciale pour assurer un marché équitable et efficace, encourager l'innovation et protéger les consommateurs. Elle reflète l'engagement de l'UE envers une économie de marché ouverte où la concurrence est libre mais réglementée pour empêcher les abus.


== Suisse : la nouvelle LCart ==
== Suisse : la nouvelle LCart ==
La loi anti-trust en Suisse (de 1995, révisée en 2004) est fondée sur la notion d’abus (les accords anti-concurrentiels sont licites, seuls les abus sont illicites), alors qu’ailleurs (en Europe notamment) c’est le principe de l’interdiction qui prévaut.


Possibilité pour la Comco (Commission de la Concurrence) d’infliger des sanctions dès la première infraction (avant: seulement dans les cas de récidive).
La loi fédérale sur les cartels et autres restrictions à la concurrence de la Suisse, connue sous le nom de LCart (Loi sur les Cartels), constitue le cadre juridique qui régit la concurrence dans le pays. Contrairement à l'approche de l'Union européenne qui se fonde principalement sur l'interdiction des accords anti-concurrentiels, la LCart suisse se concentre sur la notion d'abus de position dominante. Cela signifie que les accords qui pourraient limiter la concurrence ne sont pas automatiquement illicites en Suisse, à moins qu'il soit démontré qu'ils ont un effet abusif sur le marché.
 
La révision de 2004 a renforcé l'efficacité de la loi en permettant à la Commission de la Concurrence (Comco) d'imposer des sanctions dès la première infraction. Avant cette révision, des sanctions pouvaient seulement être infligées en cas de récidive. Ce changement montre une volonté d'appliquer la loi de manière plus stricte et de décourager les pratiques anti-concurrentielles dès la première infraction.
 
La LCart prévoit également un programme de clémence, aligné sur les pratiques dans d'autres juridictions comme l'UE et les États-Unis, qui vise à encourager les entreprises à collaborer avec les autorités. Ce programme permet aux entreprises qui divulguent volontairement leur participation à un cartel et qui coopèrent avec la Comco dans son enquête de bénéficier d'une réduction des amendes qui leur sont imposées. Ce mécanisme incitatif est conçu pour démanteler les cartels en incitant les membres à divulguer des informations, ce qui peut souvent être difficile à obtenir autrement pour les autorités de régulation.


La LCart prévoit un programme de clémence qui devrait inciter les entreprises à collaborer pour bénéficier d’une réduction de l’amende.
Les sanctions prévues par la LCart sont significatives, avec des amendes pouvant atteindre jusqu'à 10% du chiffre d'affaires réalisé en Suisse pendant les trois dernières années. Cela donne à la loi un poids considérable et assure que les entreprises opérant en Suisse prennent sérieusement leurs obligations de conformité en matière de concurrence.


Des sanctions jusqu’à à 10% du chiffre d’affaire réalisé en Suisse au cours des trois dernières années.
La LCart et la Comco jouent un rôle clé dans la promotion d'une concurrence équitable en Suisse, en cherchant à prévenir les pratiques qui pourraient nuire aux consommateurs et à l'économie suisse dans son ensemble. La loi est un élément essentiel pour maintenir un marché dynamique et compétitif, en assurant que les entreprises agissent de manière équitable et en prévenant les distorsions de marché.


== LCart: l'abus de position dominante ==
== LCart: l'abus de position dominante ==


{{citation bloc|(...) Sont en particulier réputés illicites:
La section de la Loi sur les Cartels (LCart) sur l'abus de position dominante spécifie les pratiques qui sont considérées comme un abus de position dominante sur le marché suisse. Ces pratiques sont interdites car elles peuvent fausser la concurrence et nuire aux consommateurs en limitant le choix ou en augmentant les prix. Voici une explication de chaque pratique illicite :
 
* Refus d'entretenir des relations commerciales : Cela peut inclure le refus de vendre à ou d'acheter de certains partenaires commerciaux sans justification objective. C'est souvent appelé un "refus de traiter" et peut être utilisé pour exclure des concurrents du marché ou pour punir des partenaires commerciaux pour avoir traité avec des concurrents.
* Discrimination de partenaires commerciaux : Traiter différemment les partenaires commerciaux dans des situations similaires, en particulier en matière de prix ou de conditions commerciales, peut être considéré comme discriminatoire et anticoncurrentiel.
* Imposer des prix ou conditions commerciales inéquitables : Ceci peut se référer à des prix excessivement élevés, des conditions de paiement onéreuses, ou d'autres termes qui mettent une partie à un désavantage injuste.
* Sous-enchère ciblée : Vendre à un prix inférieur au coût dans le but de saper un concurrent spécifique, avec l'intention de l'éliminer du marché, est une pratique anticoncurrentielle connue sous le nom de prédation.
* Limitation de la production, des débouchés ou du développement technique : Cela inclut les actions qui limitent artificiellement l'offre, réduisent les opportunités de vente pour les concurrents ou entravent l'innovation et le progrès technique, souvent pour maintenir des prix élevés.
* Vente liée ou conditionnement : Forcer les partenaires commerciaux à accepter des biens ou services supplémentaires qui ne sont pas liés à l'accord principal peut restreindre la concurrence et créer des barrières à l'entrée.
 
La LCart, en spécifiant ces pratiques comme illicites, cherche à créer un environnement de marché où la concurrence est basée sur le mérite et la performance, plutôt que sur des stratégies anticoncurrentielles. Les entreprises en position dominante doivent donc agir de manière responsable pour ne pas abuser de leur position et fausser le marché à leur avantage. Cela est crucial pour assurer une concurrence loyale et pour protéger les consommateurs ainsi que les petites et moyennes entreprises qui pourraient autrement être évincées du marché.


a)  le refus d’entretenir des relations commerciales (p. ex. refus de livrer ou d’acheter des marchandises);
= Résumé =


b)  la discrimination de partenaires commerciaux en matière de prix ou d’autres conditions commerciales;
Les marchés oligopolistiques sont caractérisés par un petit nombre d'acteurs économiques, chacun possédant une part significative du marché, ce qui leur confère un pouvoir de marché considérable. Dans un tel contexte, ces firmes ont la capacité de maximiser leurs profits collectifs en agissant conjointement à la manière d'un monopole, c'est-à-dire en formant un cartel. Cependant, l'alignement des stratégies de production individuelles sur l'objectif commun de maximisation du profit est souvent instable, comme le révèle le modèle du dilemme du prisonnier. Ce dernier met en lumière le paradoxe où les entreprises, bien que bénéficiant d'une coopération pour maintenir des prix élevés et des productions limitées, sont individuellement incitées à produire davantage pour accroître leurs parts de marché, ce qui conduit à une baisse des prix et à une augmentation de la production globale, réduisant ainsi les profits du cartel.


c)  le fait d’imposer des prix ou d’autres conditions commerciales inéquitables;
Par exemple, dans le cas des accords sur les quotas de production pétrolière entre les pays membres de l'OPEP, chaque pays pourrait augmenter unilatéralement sa production pour gagner plus de revenus à court terme, mais si tous les pays faisaient de même, cela entraînerait une surproduction et une chute des prix du pétrole, nuisant à tous les membres à long terme.


d)  la sous-enchère en matière de prix ou d’autres conditions commerciales, dirigée contre un concurrent déterminé;
Lorsque le nombre de firmes dans un oligopole augmente, le marché se rapproche du modèle de la concurrence parfaite, où aucun acteur n'a suffisamment de pouvoir pour influencer les prix, résultant en des prix plus bas et des quantités produites qui tendent vers l'optimum social.


e)  la limitation de la production, des débouchés ou du développement technique;
Pour prévenir les conséquences négatives des oligopoles et protéger les intérêts des consommateurs, les gouvernements ont établi des réglementations antitrust. Aux États-Unis, le Sherman Antitrust Act de 1890 a été un pas décisif pour contrer les monopoles, comme l'illustre le démantèlement de la Standard Oil de Rockefeller. De manière similaire, le Traité de Rome a posé les fondements de la politique de concurrence en Europe en interdisant l'exploitation abusive d'une position dominante sur le marché, une position qui a été renforcée par des lois telles que l'article 102 du TFUE. En Suisse, la Loi sur les Cartels met l'accent sur l'interdiction des abus de position dominante plutôt que sur l'interdiction des cartels en eux-mêmes, avec des mécanismes comme le programme de clémence pour encourager la collaboration des entreprises en cas d'enquête antitrust.


f)  le fait de subordonner la conclusion de contrats à la condition que les partenaires acceptent ou fournissent des prestations supplémentaires.}}
Ces lois et réglementations ne sont pas statiques ; elles évoluent avec le temps pour s'adapter aux nouvelles dynamiques économiques et aux défis posés par les pratiques commerciales en constante évolution. L'objectif reste cependant le même : maintenir des marchés justes et compétitifs, encourager l'innovation et assurer que les consommateurs bénéficient de prix équitables et de choix diversifiés.


= Résumé =
[[Fichier:Résumé structure de marché 1.png|400px|vignette|centré|Source: Perloff, 2007. NB: MR = marginal revenu et MC = marginal cost.]]
Les firmes en oligopole maximisent leur profit total en formant un cartel ou en agissant comme un monopole.


Si les membres du cartel prennent les décisions relatives à leur niveau de production de manière individuelle (pas de coopération), le résultat est une plus grande quantité et un prix plus bas comparé à la situation de monopole.
La table fournie présente un comparatif des caractéristiques principales de quatre types de structures de marché : monopole, oligopole, concurrence monopolistique et concurrence pure et parfaite. Chacune de ces structures est définie par des critères spécifiques concernant la maximisation des profits, le pouvoir de fixation des prix, la puissance sur le marché, les conditions d'entrée, le nombre de firmes, les profits à long terme, la dépendance stratégique, la différenciation des produits et des exemples concrets.


Plus il y a de firmes dans l’oligopole, plus les quantités et les prix se rapprochent des niveaux concurrentiels.
Dans un monopole, une seule entreprise (le monopoleur) est présente sur le marché. Cette entreprise est le seul producteur d'un bien ou d'un service, lui donnant un contrôle total sur les prix – elle est un « price setter ». Le pouvoir de marché, c'est-à-dire la capacité de fixer les prix au-dessus du coût marginal (MC), est maximal dans un monopole. Les conditions d'entrée sont telles qu'aucune autre entreprise ne peut entrer sur le marché, souvent à cause de barrières légales ou naturelles. Un monopole peut faire des profits à long terme (≥ 0), car il n'y a pas de pression concurrentielle qui forcerait les prix à baisser jusqu'au niveau du coût marginal. Les produits peuvent être différenciés, comme dans le cas d'une compagnie de gaz naturel locale, qui pourrait être l'unique fournisseur pour une région donnée.


Le dilemme du prisonnier montre que la poursuite de l’intérêt individuel peut empêcher les individus de maintenir la coopération alors qu’elle est dans leur intérêt mutuel.
En contraste, un oligopole se compose de quelques entreprises qui dominent un marché. Chacune possède une part significative du marché, ce qui leur confère un pouvoir de marché et leur permet de fixer des prix au-dessus du coût marginal. L'entrée sur le marché est limitée, mais pas impossible, ce qui signifie que les barrières à l'entrée sont significatives mais pas insurmontables. Les firmes oligopolistiques peuvent maintenir des profits à long terme grâce à leur puissance sur le marché. Les stratégies sont interdépendantes : les décisions d'une entreprise affectent et sont affectées par les décisions des concurrents. Les produits en oligopole peuvent être différenciés, comme dans le cas des fabricants d'automobiles, où les marques se concurrencent sur des bases telles que la qualité, le style et la réputation.


La logique du dilemme du prisonnier s’applique dans de nombreuses situations incluant la course à l’armement, la publicité, les ressources communes et les oligopoles.
La concurrence monopolistique est un terme moyen entre l'oligopole et la concurrence parfaite. Les marchés présentent un grand nombre de firmes, et l'entrée est libre, ce qui signifie que les barrières à l'entrée sont faibles ou inexistantes. Les entreprises peuvent fixer des prix, mais leur pouvoir de marché est limité en raison de la présence de nombreux concurrents proches. Elles peuvent obtenir des profits à court terme, mais à long terme, la concurrence entraîne une érosion des profits (tendant vers zéro). La différenciation des produits est une caractéristique clé de la concurrence monopolistique, permettant aux entreprises de gagner des clients fidèles malgré la présence de nombreux substituts proches. Un exemple classique pourrait être celui des plombiers dans une petite ville, où chacun offre un service légèrement différent.


Les décideurs politiques utilisent les lois sur la concurrence pour empêcher les oligopoles d’adopter des comportements qui réduisent la concurrence.
Enfin, la concurrence pure et parfaite représente un idéal théorique où de nombreuses firmes produisent des biens homogènes. Les entreprises sont des « price takers », ce qui signifie qu'elles n'ont aucun pouvoir de fixation des prix et doivent accepter le prix du marché déterminé par l'offre et la demande globales. L'entrée sur le marché est libre, il y a beaucoup d'entreprises, et les profits à long terme sont nuls en raison de la concurrence intense. Les produits sont indifférenciés, ou "commodités", comme dans le cas des agriculteurs produisant des pommes, où les pommes d'un producteur sont considérées comme équivalentes à celles d'un autre.


[[Fichier:Résumé structure de marché 1.png|400px|vignette|centré|Source: Perloff, 2007<div/> NB: MR = marginal revenu et MC = marginal cost]]
Chacune de ces structures de marché a des implications distinctes pour les consommateurs, les entreprises et la politique économique. Par exemple, les monopoles peuvent nécessiter une réglementation pour empêcher l'abus de pouvoir de marché, tandis que les marchés concurrentiels peuvent fonctionner avec peu d'intervention étatique.


= Annexes =
= Annexes =

Version actuelle datée du 3 février 2024 à 13:07


L'oligopole représente un type spécifique de concurrence imparfaite. Cette structure de marché se retrouve dans des secteurs où plusieurs entreprises sont en concurrence, mais sans que cette concurrence ne soit assez intense pour les transformer en "preneuses de prix". La particularité de l'oligopole est le nombre restreint d'acteurs impliqués, engendrant une compétition stratégique et minutieuse entre eux.

Dans ce contexte, on distingue différents cas selon le nombre de participants sur le marché. Par exemple, un duopole implique deux entreprises tandis qu'un oligopole caractérise un marché avec quelques offreurs. Ces marchés, où le nombre de vendeurs est relativement petit, sont qualifiés de marchés concentrés. Cette concentration confère aux entreprises un certain pouvoir de marché, leur permettant de fixer les prix et souvent de pratiquer des tarifs supérieurs aux coûts de production.

Les caractéristiques essentielles de l'oligopole incluent un équilibre délicat entre la coopération et la poursuite des intérêts individuels. Bien que ces entreprises aient le pouvoir d'influencer les prix, ce pouvoir est moindre comparé à un monopole. L'interdépendance des décisions des différents acteurs est un autre trait saillant, où chaque entreprise doit tenir compte des stratégies et actions des autres. La collusion, où les firmes coopèrent pour maximiser leurs profits collectifs, est une possibilité dans un tel marché. Enfin, la théorie des jeux, étudiant le comportement des individus dans des situations stratégiques, est particulièrement pertinente pour analyser le comportement des entreprises en situation d'oligopole, fournissant des insights sur

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Maximisation du profit avec et sans coopération[modifier | modifier le wikicode]

Hypothèses[modifier | modifier le wikicode]

L'analyse d'un marché sous les hypothèses énoncées révèle un cadre de marché oligopolistique avec des caractéristiques spécifiques.

Premièrement, l'hypothèse d'atomicité du côté de la demande indique que les consommateurs sont nombreux et aucun d'entre eux n'a suffisamment de pouvoir pour influencer le prix du marché. Cette condition assure que le pouvoir de marché est principalement détenu par les offreurs.

Deuxièmement, la nature homogène du bien implique que tous les produits offerts sur le marché sont identiques ou presque. Dans ce contexte, les entreprises ne peuvent pas se différencier par la qualité, le design ou d'autres caractéristiques du produit. Néanmoins, il est également possible d'avoir un oligopole avec des biens différenciés, connu sous le nom d'oligopole à la Bertrand, où la concurrence se fait principalement sur les prix.

Troisièmement, l'absence de libre-entrée indique que de nouvelles entreprises ne peuvent pas facilement entrer sur le marché, souvent en raison de barrières à l'entrée telles que des coûts de démarrage élevés, des technologies propriétaires ou des réglementations gouvernementales. Cela maintient le nombre d'offreurs à un niveau fixe et faible.

Les offreurs dans ce marché ont un pouvoir de marché significatif, leur permettant de fixer des prix supérieurs au coût marginal. Cela résulte du nombre limité de participants et de l'absence de produits de substitution parfaits.

Enfin, étant donné que le bien est homogène, les stratégies des entreprises se concentrent principalement sur le volume de production. Elles n'engagent pas de dépenses en publicité, en différenciation des prix ou en amélioration de la qualité, car ces aspects ne sont pas pertinents dans un marché où les produits sont indifférenciés.

Dans ce type de marché, les entreprises peuvent s'engager dans un comportement stratégique en ce qui concerne les volumes de production, potentiellement en se coordonnant pour maximiser les profits globaux. Les interactions entre les entreprises sont souvent analysées à l'aide de modèles de théorie des jeux, qui peuvent prédire des issues telles que la fixation de quantités de production pour maximiser les profits collectifs ou la compétition pour une part de marché plus importante.

La demande d'eau potable[modifier | modifier le wikicode]

Un exemple est un scénario de marché pour l'eau potable dans un village avec deux caractéristiques importantes : la demande d'eau et la structure du marché dictée par ses offreurs, UN et DEUX.

La demande d'eau potable est décrite par la fonction , où est la quantité demandée et est le prix. Cette fonction montre que la demande diminue à mesure que le prix augmente, ce qui est typique des marchés de biens courants. La forme inverse, , est la fonction de volonté de payer, indiquant le prix maximal que les consommateurs sont prêts à payer pour une quantité donnée d'eau.

Dans ce village, il y a deux fournisseurs uniques (UN et DEUX) pour l'eau potable. L'eau provient d'une source, et on suppose que le coût marginal de fourniture de cette eau est nul, ce qui signifie que le coût total (CT) est équivalent au coût fixe (CF).

Dans ce cadre, il est intéressant d'examiner comment le prix et la quantité offerte seraient affectés sous deux structures de marché extrêmes : la concurrence parfaite et le monopole.

Concurrence Parfaite : Dans un marché de concurrence parfaite, de nombreux vendeurs et acheteurs participent au marché, et aucun d'entre eux n'a suffisamment de pouvoir pour influencer le prix du marché. Cependant, il n'y a que deux offreurs, ce qui ne correspond pas exactement à une concurrence parfaite. Néanmoins, si UN et DEUX agissaient comme en concurrence parfaite, ils prendraient le prix du marché comme donné et produiraient en fonction de la demande. Le prix se stabiliserait au coût marginal, qui est ici nul.

Monopole : Dans un scénario de monopole, un seul vendeur contrôle l'ensemble du marché. Si UN et DEUX fusionnaient ou si l'un éliminait l'autre pour devenir le seul fournisseur, la structure du marché deviendrait monopolistique. Le monopoleur maximiserait les profits en fixant un prix où le revenu marginal est égal au coût marginal. Cependant, comme le coût marginal est nul, le monopoleur choisirait un prix et une quantité qui maximiseraient ses profits en tenant compte de la fonction de demande du marché .

Dans les deux cas, la dynamique du marché serait influencée par la manière dont UN et DEUX interagissent, soit en concurrence, soit en tant qu'entité monopolistique.

Solution en concurrence parfaite[modifier | modifier le wikicode]

Sous l'hypothèse de concurrence parfaite, le prix sur le marché s'aligne sur le coût marginal. Dans ce cas, comme le coût marginal de l'eau potable est zéro (), le prix serait également nul. À ce prix, la quantité totale consommée serait égale à la quantité totale demandée à un prix nul, soit . Cet équilibre serait considéré comme efficient du point de vue de l'allocation des ressources, car le prix reflète exactement le coût marginal de production.

Cependant, cette situation soulève un paradoxe pratique. Si l'eau est fournie gratuitement (), comment les deux fournisseurs, UN et DEUX, couvriraient-ils leurs coûts fixes et continueraient-ils à opérer? Dans la réalité, même si le coût marginal est nul, il existe des coûts fixes (comme l'entretien de l'infrastructure, les salaires, etc.) qui doivent être couverts pour assurer la viabilité économique des fournisseurs.

Ce paradoxe met en évidence une limitation du modèle de concurrence parfaite dans ce contexte. La concurrence parfaite suppose un grand nombre d'offreurs et d'acheteurs, une information parfaite, une absence de coûts de transaction, et des produits homogènes. Mais dans ce scénario, avec seulement deux offreurs et des coûts fixes non nuls, le modèle de concurrence parfaite ne semble pas être le plus approprié pour décrire de manière réaliste le fonctionnement du marché.

Ainsi, même si théoriquement, sous concurrence parfaite, le prix de l'eau serait nul et la quantité consommée maximale, dans la pratique, d'autres modèles de marché (comme l'oligopole ou le monopole) pourraient être plus pertinents pour analyser et comprendre le comportement des offreurs dans ce marché particulier.

Solution en monopole[modifier | modifier le wikicode]

Dans un régime de monopole où UN et DEUX coopèrent, la situation change radicalement par rapport à un marché en concurrence parfaite. Dans ce cas, le profit est maximisé quand la recette totale du marché est maximale, ce qui est particulièrement pertinent étant donné l'absence de coûts variables dans le scénario.

La maximisation du profit dans un monopole est exprimée par la formule : . Ici, π représente le profit, RT la recette totale, CT le coût total, q la quantité produite, et CF le coût fixe.

Pour trouver le niveau de production qui maximise le profit, on dérive la fonction de profit par rapport à q et on égale le résultat à zéro. Cette condition première d'ordre (CPO) est donnée par . En résolvant cette équation, on obtient et par conséquent, . Ainsi, la recette totale maximale et donc le profit maximal est .

Dans ce cadre de coopération, UN et DEUX pourraient s'accorder pour vendre une quantité totale de 60 unités au prix de 60, se partageant la recette totale de 3600 à parts égales, soit 1800 chacun.

En termes de stratégie de marché, cette coopération pourrait prendre la forme d'une collusion ou d'un cartel :

  • Collusion : Cela se produit lorsque les entreprises s'entendent secrètement sur les quantités à produire ou les prix à fixer.
  • Cartel : C'est quand des offreurs se regroupent formellement et agissent ensemble, souvent par un accord ouvert et officiel.

Cependant, il est important de noter que, bien que les producteurs en situation d'oligopole puissent être tentés de former des cartels pour réaliser des profits de monopole, ces pratiques sont souvent réglementées ou interdites par les lois antitrust. Ces lois visent à prévenir la restriction de la concurrence et à protéger les intérêts des consommateurs, rendant les accords explicites entre producteurs en oligopole illégaux dans de nombreux pays.

Oligopole solution en monopole 1.png

Ce graphique économique typique illustre la situation d'un monopole dans le contexte du marché de l'eau potable. Le graphique est divisé en deux sections principales : la courbe de demande (ou volonté de payer) sur le graphique supérieur, et la courbe de recette totale sur le graphique inférieur.

Dans le graphique supérieur, la droite de demande décroît de gauche à droite, indiquant que moins d'eau sera demandée à mesure que le prix augmente, ce qui est cohérent avec la loi de la demande. Le prix du monopole est fixé à 60, ce qui est le point où la recette marginale (non représentée) serait égale au coût marginal, qui est de zéro dans ce cas. Cela est indiqué par le fait que la droite de demande coupe l'axe des quantités à 120 unités, le maximum que les consommateurs seraient prêts à acheter si l'eau était gratuite, et le prix maximum de 120, où la quantité demandée serait nulle.

Le graphique inférieur montre la recette totale (RT), qui est une parabole avec un sommet au point où la quantité est de 60, ce qui représente la quantité optimale pour le monopoleur à vendre. À ce niveau de production, la recette totale est maximisée à 3600, comme indiqué par le pic de la courbe de recette totale. C'est le résultat de la multiplication du prix par la quantité (60 unités x 60 de prix = 3600 de recette totale).

Le commentaire sur le graphique indique que pour maximiser le profit, qui dans ce cas est égal à la recette totale en raison de l'absence de coûts variables, chaque entreprise devrait produire une quantité de 30 et obtenir un profit de 1800 chacune. Cela suppose que les deux entreprises coopèrent parfaitement, partageant le marché équitablement sous un accord de cartel. Cependant, cette situation pourrait ne pas être stable à long terme en raison de la tentation de tricher sur l'accord pour augmenter sa part du profit, un problème communément associé à la théorie des jeux dans l'étude des oligopoles et des cartels.

Il est également important de noter que, bien que cette configuration puisse être profitable pour les monopolistes, elle n'est pas nécessairement bénéfique pour les consommateurs ni pour le bien-être social. Le prix de 60 est supérieur au coût marginal de l'eau (qui est zéro), et par conséquent, la quantité produite et consommée (60 unités) est inférieure à ce qu'elle serait dans un marché concurrentiel (120 unités). Cela conduit à une perte sèche, où certains consommateurs qui auraient été disposés à payer un prix supérieur au coût marginal n'ont pas accès à l'eau.

Enfin, la législation antitrust serait un obstacle à un tel arrangement dans de nombreuses juridictions, car elle est conçue pour empêcher les entreprises de fixer des prix et de limiter la production de manière anticoncurrentielle.

Incitation à tricher[modifier | modifier le wikicode]

L'incitation à tricher dans un accord de cartel est un problème classique dans l'analyse économique des oligopoles. Dans l'exemple de UN et DEUX, même si les deux entreprises s'accordent initialement pour produire chacune 30 unités et fixer le prix à 60, chacune a une incitation à augmenter sa production secrètement pour capturer une plus grande part du marché.

Si UN décide de produire plus tout en anticipant que DEUX maintiendra sa production à 30 unités, la demande résiduelle à laquelle UN fait face est alors donnée par la nouvelle fonction de demande . Cela signifie que le prix que UN peut fixer diminue à mesure que sa propre quantité produite, , augmente.

La recette totale de UN est donnée par , et la recette marginale est identique en l'absence de coûts marginaux, donc . Pour maximiser son profit, UN déterminerait la quantité de production où la recette marginale égale le coût marginal, ce qui mènerait à .

En produisant 45 unités, UN augmente la quantité totale sur le marché à 75 unités (les 30 de DEUX plus ses 45), ce qui fait baisser le prix à 45 selon la fonction de demande du marché. Malgré la baisse du prix, UN améliore son revenu à , dépassant les 1800 qu'il aurait reçus en se conformant à l'accord de cartel.

Ce scénario démontre la tentation de la triche dans les cartels. Si UN augmente sa production, il peut gagner plus à court terme. Cependant, si DEUX s'aperçoit de la triche de UN et décide également de produire plus, le prix du marché pourrait chuter considérablement, potentiellement au-dessous du niveau optimal pour les deux entreprises. La nature instable des cartels est due à cette incitation à tricher et à la difficulté de maintenir la discipline de cartel, surtout en l'absence de mécanismes d'application et de surveillance. En pratique, la plupart des cartels finissent par échouer à cause de cette incitation interne à la triche, à moins qu'ils ne soient soutenus par des mécanismes de contrôle stricts ou des régulations.

Oligopole incitation à tricher 1.png

Ce graphique économique illustre la situation où l'entreprise UN envisage de tricher dans un accord de cartel avec l'entreprise DEUX pour le marché de l'eau potable. Le graphique supérieur montre la courbe de demande totale du marché, qui est une ligne droite descendant de 120 à 0 en fonction de la quantité. À côté, il y a une courbe de demande "résiduelle" pour l'entreprise UN, qui commence à 90 au lieu de 120, assumant que DEUX continue de produire 30 unités.

L'entreprise UN réalise qu'en produisant plus que sa part convenue de 30 unités — spécifiquement 45 unités — tout en s'attendant à ce que DEUX continue à produire 30 unités, elle peut augmenter ses profits. La nouvelle quantité totale sur le marché serait de 75 unités, ce qui fait baisser le prix de 60 à 45. Bien que le prix soit plus bas, le profit de UN augmente, car il est calculé en fonction de la quantité qu'elle vend elle-même. Le graphique inférieur illustre la recette totale de UN avec un pic à 2025, qui est supérieur à la recette de 1800 obtenue si chaque entreprise respecte l'accord de produire 30 unités.

La ligne pointillée verticale qui part de 45 unités sur le graphique supérieur et qui touche le point le plus haut de la courbe de recette totale de UN sur le graphique inférieur indique clairement que 45 unités est la quantité optimale pour UN si elle veut maximiser son profit en supposant que DEUX ne change pas sa quantité de production. Cependant, cette action de triche baisse le prix de marché pour les deux entreprises, ce qui signifie que DEUX verra son profit réduit à moins qu'elle ne réagisse.

Cette situation illustre le dilemme central des cartels : bien qu'ils puissent être profitables lorsqu'ils sont respectés, chaque membre a une incitation individuelle à produire plus pour augmenter ses bénéfices personnels. Cela mine l'accord de cartel et peut conduire à son effondrement, avec des conséquences potentiellement négatives pour tous les participants. De plus, si DEUX remarque la triche de UN et décide d'augmenter également sa production, le prix sur le marché pourrait tomber encore plus bas, réduisant les profits pour les deux entreprises.

La situation décrite est un exemple classique du "prisonnier's dilemme" en théorie des jeux, où les acteurs, bien que rationnels et poursuivant leur propre intérêt, aboutissent à un résultat qui n'est pas optimal pour le groupe. Cela démontre la difficulté de maintenir la coopération dans les accords de cartel, surtout en l'absence de mécanismes de surveillance et de punition pour la triche.

Équilibre sans coopération[modifier | modifier le wikicode]

Dans une situation où il n'y a pas de coopération entre UN et DEUX, les deux entreprises entrent dans un cycle de réaction et contre-réaction en ajustant leur production en réponse aux actions de l'autre. Si UN triche en augmentant sa production et que DEUX s'en rend compte, DEUX peut choisir d'augmenter également sa production pour récupérer une partie de son profit perdu. Cette dynamique continue jusqu'à ce qu'un équilibre de duopole soit atteint.

L'équilibre de duopole est défini par la condition où les recettes marginales des deux entreprises sont égales et où aucune n'a intérêt à changer sa quantité de production car cela ne ferait qu'abaisser leur profit marginal. Dans le cas présenté, les conditions d'équilibre de duopole sont exprimées par les équations . En résolvant ces équations, on obtient que les quantités optimales pour les deux entreprises sont . Le prix se stabilise alors à et les recettes totales pour chacune des entreprises sont .

À cet équilibre, les deux entreprises produisent chacune 40 unités et le prix du marché est de 40. Cela se traduit par un profit de 1600 pour chaque entreprise, ce qui est inférieur au profit qu'elles auraient pu réaliser si elles avaient maintenu l'accord de cartel et coopéré pour maintenir le prix à 60, générant ainsi un profit de 1800 chacune.

Ce résultat illustre un aspect central des oligopoles : lorsque les entreprises ne coopèrent pas, elles finissent par être pénalisées par la concurrence qu'elles se font mutuellement. L'équilibre de duopole mène à un résultat où chaque entreprise gagne moins que ce qu'elle aurait pu obtenir dans un accord de cartel. Néanmoins, cet équilibre est plus stable que le cartel parce qu'il n'y a pas d'incitation à dévier unilatéralement, puisque toute tentative d'augmenter la production réduirait la recette marginale de l'entreprise concernée.

L'équilibre de duopole reflète un compromis entre la concurrence et la coopération. Bien qu'il ne soit pas aussi profitable pour les entreprises qu'une collusion totale, il est conforme aux lois antitrust et tend à être plus avantageux pour les consommateurs, car il résulte en un prix inférieur et une quantité supérieure par rapport à ce qui serait observé sous un cartel.

Oligopole équilibre sans coopération 1.png

Ce graphique représente la continuation de l'analyse économique du marché de l'eau potable dans une situation de duopole sans coopération, où les entreprises UN et DEUX ajustent leur production en réponse aux actions de l'autre jusqu'à atteindre un équilibre.

Le graphique supérieur montre les courbes de demande totale et résiduelle pour l'entreprise UN. La courbe de demande résiduelle démarre à un prix de 80 pour zéro quantité, supposant que DEUX produit 40 unités (comme indiqué par le point où la courbe résiduelle rencontre l'axe vertical). La courbe de demande totale décrit la volonté de payer pour l'ensemble du marché et décroît en fonction de la quantité totale. L'intersection de la quantité produite par UN et la demande résiduelle détermine le prix sur le marché.

Le graphique inférieur illustre les recettes totales (RT) pour l'entreprise UN avec une courbe en forme de parabole, atteignant son sommet à 40 unités produites par UN, ce qui correspond à la recette totale et donc au profit maximal lorsque DEUX produit également 40 unités. Le profit de chaque entreprise dans le duopole est illustré par le niveau de 1600, inférieur au profit de 2025 pour UN lorsqu'elle a triché et produit 45 unités, mais plus élevé que le profit de 1350 de DEUX lorsque UN a produit 45 et DEUX est restée à 30.

Le commentaire sur l'image indique que DEUX reconnaît que son profit a diminué en raison de la baisse du prix (à 45) lorsque UN a augmenté sa production, et donc DEUX augmente également sa production pour compenser. Finalement, les deux entreprises s'ajustent pour atteindre un équilibre où elles produisent chacune 40 unités, conduisant à un prix de marché de 40 et à un profit de 1600 pour chacune.

Cette situation d'équilibre en duopole montre que, même si les entreprises pourraient potentiellement gagner plus en coopérant (comme dans le cartel où elles gagnaient 1800 chacune), la tentation de tricher et l'absence de mécanismes de coopération les conduisent à un résultat où elles gagnent moins. Cependant, cet équilibre est plus stable car aucun des duopolistes n'a d'incitation à changer sa production, puisque toute augmentation réduirait le prix et donc les profits.

L'image illustre le concept d'équilibre de Nash dans le contexte d'un duopole, où chaque entreprise, en prenant en compte la stratégie de l'autre, choisit sa meilleure réponse. Cet équilibre n'est pas l'optimal de Pareto, car il y a une perte sèche due au fait que le prix est supérieur au coût marginal (qui est de zéro), et donc la quantité produite est inférieure à ce qu'elle serait dans un marché parfaitement concurrentiel. Cela révèle la tension intrinsèque dans les marchés oligopolistiques entre les incitations individuelles et le bien-être collectif.

Maximisation du profit en duopole : cas général[modifier | modifier le wikicode]

Dans un duopole, la maximisation du profit est un problème classique d'interaction stratégique entre deux entreprises. Chaque entreprise cherche à maximiser ses profits en tenant compte non seulement de ses propres coûts et de la demande du marché, mais également des actions de son concurrent.

Pour l'entreprise 1, la maximisation du profit est donnée par l'équation , où est la quantité produite par l'entreprise 1, est le prix du marché en fonction de la quantité totale offerte sur le marché, et sont les coûts totaux de l'entreprise 1. Ici, est la somme des quantités produites par les deux entreprises, soit .

La condition de premier ordre (CPO) pour la maximisation du profit pour l'entreprise 1, où la recette marginale est égale au coût marginal , est exprimée par . Cette équation montre que le coût marginal de l'entreprise 1 doit être égal au prix plus la variation du prix multipliée par la quantité produite par l'entreprise 1.

De même, pour l'entreprise 2, la maximisation du profit est exprimée par , avec une condition de premier ordre similaire à celle de l'entreprise 1 : .

L'aspect le plus crucial de ces équations est qu'elles illustrent l'interdépendance entre les entreprises dans un duopole. Les décisions de quantité de l'une affectent le prix de marché, qui à son tour affecte la recette marginale et donc les décisions de l'autre entreprise. En pratique, cela signifie que chaque entreprise doit anticiper la réaction de l'autre lorsqu'elle prend ses décisions de production.

En résumé, dans un duopole, chaque entreprise doit tenir compte non seulement de ses propres coûts de production et de la demande du marché, mais aussi des actions de son concurrent. L'équilibre du marché est atteint lorsque les deux entreprises ont ajusté leur production de manière à ce que leurs recettes marginales soient égales à leurs coûts marginaux, prenant en compte les effets de leurs propres actions sur le prix du marché et donc sur les recettes marginales de l'autre. Cela conduit à un équilibre de Cournot dans lequel chaque entreprise produit une quantité telle que sa recette marginale est égale à son coût marginal, en tenant compte de la production de l'autre entreprise.

Équilibre de l'oligopole[modifier | modifier le wikicode]

Dans un oligopole où les entreprises agissent individuellement et sans coopération pour déterminer leur niveau de production, les résultats sont typiquement intermédiaires entre ceux d'un monopole et d'une concurrence parfaite.

La quantité totale produite dans un oligopole est généralement plus importante que celle produite sous un monopole mais reste inférieure à la quantité qui serait produite dans un marché en concurrence parfaite. Ceci est dû à l'effet de l'interdépendance entre les firmes oligopolistiques : chaque firme, en maximisant son profit, ne prend pas en compte l'impact de sa production sur les bénéfices des autres firmes, à l'inverse d'un monopole qui contrôle l'ensemble de la production du marché.

Le prix établi par les firmes en oligopole tend à être inférieur au prix de monopole, car la présence de concurrents sur le marché pousse les prix vers le bas. Cependant, ce prix reste supérieur au prix qui prévaudrait sous une concurrence parfaite. En concurrence parfaite, le prix du marché correspondrait au coût marginal (Cm), car les entreprises sont des preneuses de prix et ne peuvent fixer leurs prix au-dessus du coût marginal sans perdre toute leur clientèle.

Les profits réalisés par les entreprises en oligopole sont également intermédiaires. Ils sont plus élevés que ce qu'ils seraient dans un marché en concurrence parfaite, où les profits économiques tendent vers zéro à long terme, mais ils sont inférieurs à ceux qu'une entreprise monopolistique pourrait réaliser. Cela s'explique par le fait qu'en concurrence parfaite, les entreprises ne peuvent pas fixer de prix au-dessus du coût marginal en raison de la présence de nombreux concurrents, tandis qu'en oligopole, le nombre réduit de concurrents confère un certain pouvoir de marché, permettant aux entreprises de maintenir les prix à un niveau supérieur au coût marginal et de réaliser ainsi un mark-up positif.

En résumé, l'équilibre de l'oligopole se caractérise par un niveau de production, de prix et de profits qui reflètent le pouvoir de marché détenu par les entreprises oligopolistiques. Ce pouvoir de marché leur permet de fixer les prix au-dessus du coût marginal, réalisant ainsi un profit supérieur à celui d'un environnement de concurrence parfaite, mais sans atteindre les niveaux de profit qu'un monopole pourrait obtenir.

L'effet de la taille[modifier | modifier le wikicode]

L'augmentation du nombre de vendeurs dans un marché oligopolistique a tendance à pousser le marché vers des résultats similaires à ceux d'une concurrence parfaite. Cet effet peut être analysé à travers deux mécanismes principaux : l'effet quantité et l'effet prix.

L'effet quantité est lié au fait que, dans un marché oligopolistique, le prix est généralement fixé au-dessus du coût marginal. Cela signifie que chaque unité supplémentaire vendue au prix courant va augmenter les profits, car le revenu généré par la vente de l'unité supplémentaire est supérieur au coût de sa production. Si le nombre de vendeurs augmente, la quantité totale offerte sur le marché va augmenter, ce qui devrait logiquement augmenter les profits globaux, toutes choses étant égales par ailleurs.

L’effet prix concerne la baisse du prix qui résulte de l'augmentation de l'offre totale sur le marché. En effet, l'augmentation de la production totale peut saturer le marché et entraîner une baisse du prix en raison de la concurrence accrue entre les vendeurs. Cette baisse de prix va réduire le profit réalisé sur chaque unité vendue.

Lorsque le nombre de vendeurs augmente, ces deux effets s'opposent. L'effet quantité cherche à augmenter les profits en vendant plus d'unités, tandis que l'effet prix tend à les diminuer en réduisant les revenus par unité. L'effet net sur les profits dépendra de la sensibilité de la demande aux changements de prix (l'élasticité de la demande) et de la capacité de production supplémentaire à influencer le marché.

À mesure que le nombre de vendeurs augmente, l'effet prix devient de plus en plus dominant. Les prix commencent à baisser, se rapprochant du coût marginal. Cela diminue le pouvoir de marché de chaque vendeur et réduit les profits par unité. En théorie, si le nombre de vendeurs continue d'augmenter indéfiniment, le marché deviendrait parfaitement concurrentiel, le prix convergerait vers le coût marginal, et la quantité produite se rapprocherait du niveau socialement efficace, c'est-à-dire là où le prix égale le coût marginal.

Dans un marché socialement efficace, les ressources sont allouées de la manière la plus avantageuse possible, maximisant le bien-être total des consommateurs et des producteurs. L'augmentation du nombre de vendeurs dans un marché oligopolistique peut donc mener à une allocation des ressources plus efficace, à des prix plus bas pour les consommateurs et à une augmentation de la quantité vendue, ce qui est bénéfique pour la société dans son ensemble.

La théorie des jeux et l'économie de la coopération[modifier | modifier le wikicode]

Eléments de théorie des jeux[modifier | modifier le wikicode]

La théorie des jeux est une branche mathématique et économique qui modélise et analyse comment les agents économiques prennent des décisions stratégiques dans des situations où les résultats dépendent non seulement de leurs propres décisions, mais aussi de celles des autres agents. Elle trouve des applications dans divers domaines tels que l'économie, la politique, la psychologie, la biologie et même dans les relations internationales.

Dans le contexte de la théorie des jeux, une stratégie est un plan d'action complet qui spécifie le comportement à adopter dans toutes les situations possibles qui pourraient survenir. Cela pourrait impliquer une stratégie pure, où un joueur choisit une seule action spécifique, ou une stratégie mixte, où un joueur rend ses actions aléatoires en utilisant une distribution de probabilités sur plusieurs actions possibles.

Les jeux peuvent être catégorisés comme statiques ou dynamiques. Dans un jeu statique, tous les joueurs choisissent leurs actions simultanément, ou du moins sans connaître les actions des autres. Les jeux dynamiques, quant à eux, se déroulent sur plusieurs périodes avec des actions à des moments différents, ce qui permet aux joueurs d'observer certaines des actions précédentes des autres joueurs avant de décider de leur propre stratégie. Cela peut introduire des considérations de réputation et de punition pour non-coopération, comme dans le dilemme des prisonniers répété.

L'incertitude joue également un rôle clé dans la théorie des jeux. Dans beaucoup de jeux, les joueurs n'ont pas une information parfaite concernant les stratégies ou les types des autres joueurs. Cela mène à des stratégies où les joueurs doivent maximiser leurs gains attendus en tenant compte des probabilités des différentes actions des autres joueurs.

La notion de stratégies crédibles est essentielle dans les jeux dynamiques. Une stratégie est dite crédible si un joueur a des incitations à s'y tenir même après que les étapes initiales du jeu se soient déroulées. Cela est souvent lié au concept d'engagement et aux menaces ou promesses dans des jeux séquentiels.

La théorie des jeux utilise des outils mathématiques avancés pour résoudre des jeux et trouver des équilibres stratégiques, comme l'équilibre de Nash, où aucun joueur ne peut augmenter son gain attendu en changeant unilatéralement sa stratégie, en supposant que les autres joueurs maintiennent leurs stratégies constantes. La théorie des jeux aide à comprendre les comportements complexes en situation d'interdépendance et elle est fondamentale pour analyser les marchés économiques, en particulier les oligopoles, où les entreprises doivent constamment anticiper et réagir aux stratégies de leurs concurrents.

Théorie des jeux et oligopole[modifier | modifier le wikicode]

L'oligopole est un terrain classique pour l'application de la théorie des jeux en raison du nombre limité de firmes et de l'interdépendance de leurs décisions. Dans un tel marché, chaque entreprise doit prendre en compte les réactions potentielles de ses concurrents lorsqu'elle prend ses propres décisions de production et de tarification.

Chaque entreprise, ou "joueur" dans le langage de la théorie des jeux, cherche à maximiser son profit. Cependant, contrairement à un marché en concurrence parfaite où chaque entreprise est une preneuse de prix et où son action individuelle n'a pas d'impact sur le marché, ou à un monopole où l'entreprise a un contrôle total sur le marché, chaque firme en oligopole sait que ses actions influenceront et seront influencées par les actions de ses concurrents. C'est un exemple de jeu à somme non nulle, où les profits de l'une ne sont pas forcément les pertes des autres, et les stratégies optimales dépendent fortement des choix des autres joueurs.

Dans un marché oligopolistique, les entreprises peuvent opérer sous une information complète mais imparfaite. Information complète signifie que toutes les entreprises connaissent toutes les stratégies possibles et les payoffs associés à chaque combinaison de stratégies pour tous les joueurs. Cependant, l'information est imparfaite car, bien que chaque entreprise connaisse les payoffs et les stratégies, elle ne connaît pas les choix de stratégie que les autres entreprises feront ou ont fait.

La simultanéité des actions ajoute à la complexité stratégique. Chaque entreprise doit choisir son niveau de production et son prix sans savoir précisément ce que les autres vont faire. Cela peut conduire à des résultats variés, y compris des équilibres précaires qui peuvent être perturbés par des changements dans les stratégies des entreprises ou des entrées de nouvelles firmes sur le marché.

Le concept d'équilibre de Nash est particulièrement pertinent ici : c'est une situation où, connaissant les stratégies des autres, aucune entreprise n'a intérêt à changer unilatéralement sa propre stratégie. Cet équilibre reflète une sorte de trêve stratégique où chaque entreprise, en supposant que les autres ne changent pas leur stratégie, choisit la meilleure réponse à ces stratégies.

En pratique, cela peut mener à des stratégies qui incluent des compromis entre agressivité et prudence, l'adoption de stratégies de signalisation, ou des tentatives de coopération tacite pour éviter des guerres de prix destructrices. La théorie des jeux fournit donc un cadre pour comprendre et prédire les comportements dans ces marchés complexes.

L'équilibre de Nash[modifier | modifier le wikicode]

John F. Nash a apporté une contribution fondamentale à la théorie des jeux avec sa caractérisation de l'équilibre pour les jeux non coopératifs. Cet équilibre, connu sous le nom d'équilibre de Nash, est devenu un concept central de la théorie des jeux moderne et a des applications dans de nombreux domaines allant de l'économie à la biologie et au-delà.

L'équilibre de Nash est une situation où aucun joueur n'a intérêt à changer de stratégie tant que les autres joueurs maintiennent les leurs. Cela signifie que, même si les joueurs ne coopèrent pas ou ne communiquent pas entre eux, ils arrivent à un état où les stratégies sont mutuellement les meilleures réponses les unes aux autres. Chaque joueur, en regardant ce que font les autres, choisit la meilleure stratégie possible pour lui-même.

Il est crucial de noter que l'équilibre de Nash ne correspond pas nécessairement à l'optimalité du point de vue du groupe ou du bien-être social. Dans certains jeux, comme le célèbre dilemme du prisonnier, l'équilibre de Nash peut conduire à un résultat sous-optimal pour tous les participants. Cela est dû au fait que l'équilibre de Nash reflète ce qui est meilleur pour chaque individu dans le contexte des choix des autres, mais pas nécessairement ce qui est optimal pour l'ensemble des joueurs.

Quand un joueur a une stratégie dominante, elle lui donnera le meilleur résultat peu importe ce que les autres joueurs décident de faire. Si tous les joueurs ont une stratégie dominante, l'équilibre de Nash est simple à trouver : chaque joueur choisira sa stratégie dominante. Cependant, dans de nombreux jeux plus complexes, les joueurs n'ont pas de stratégies dominantes et doivent tenir compte de manière plus nuancée des stratégies potentielles des autres joueurs pour déterminer leur meilleure réponse.

L'équilibre de Nash a été une avancée importante car il fournit un moyen de prédire les résultats dans des situations où les individus prennent des décisions qui sont interdépendantes, ce qui est un aspect commun à de nombreuses situations économiques, sociales et biologiques. La reconnaissance de l'importance de ce concept par le Comité Nobel souligne son influence étendue et sa pertinence pour les sciences sociales.

Le dilemme du prisonnier[modifier | modifier le wikicode]

Le dilemme du prisonnier est un exemple classique en théorie des jeux qui démontre le conflit entre les intérêts individuels et le bien-être collectif. C'est un jeu non coopératif où, malgré l'existence d'un résultat coopératif qui serait meilleur pour les deux parties, l'équilibre de Nash prédit un résultat non coopératif où chaque joueur opte pour sa stratégie dominante, conduisant à un résultat sous-optimal pour les deux.

Le jeu se déroule habituellement comme suit : deux criminels présumés sont arrêtés et interrogés séparément. Chacun a la possibilité de trahir l'autre en avouant, ou de coopérer avec l'autre en restant silencieux. Si l'un trahit et l'autre reste silencieux, le traître est libéré tandis que l'autre reçoit la peine maximale. Si tous deux trahissent, ils reçoivent tous les deux une peine sévère, mais moins que la peine maximale. Si tous deux restent silencieux, ils reçoivent tous les deux une peine plus légère.

Le dilemme réside dans le fait que, bien que la coopération (tous les deux restent silencieux) conduirait à un meilleur résultat global, la stratégie dominante pour chaque joueur est de trahir l'autre. En effet, peu importe ce que fait l'autre joueur, chaque joueur a une meilleure issue en trahissant : soit il est libéré (si l'autre coopère), soit il reçoit une peine moins lourde (si l'autre trahit également). Par conséquent, l'équilibre de Nash est que les deux joueurs trahissent, résultant en une peine plus lourde pour les deux, ce qui est un résultat pire que si les deux avaient coopéré.

Dans le contexte des marchés oligopolistiques, le dilemme du prisonnier illustre pourquoi les firmes ont du mal à maintenir la coopération, comme dans le cas d'un cartel où les firmes pourraient bénéficier de profits plus élevés en limitant la production pour maintenir les prix élevés. Malgré ces avantages potentiels, la tentation de trahir le cartel en produisant plus pour augmenter sa propre part de marché rend la coopération instable. Chaque firme sait que si elle ne trahit pas et que l'autre le fait, elle se retrouvera avec le pire résultat possible. Ainsi, le manque de confiance et l'incitation à agir dans son propre intérêt poussent les firmes vers la non-coopération, souvent au détriment du bien-être collectif.

Le dilemme du prisonnier est un exemple emblématique de la théorie des jeux qui montre comment les intérêts individuels peuvent entrer en conflit avec l'intérêt collectif, même quand la coopération serait bénéfique pour tous les participants.

Dans ce scénario, les deux prisonniers sont confrontés à un choix sans la possibilité de coordonner leurs actions. Le tableau des payoffs pour ce jeu peut être décrit comme suit :

  • Si aucun des deux prisonniers n'avoue (coopération mutuelle), ils écopent tous les deux d'une peine mineure d'un an.
  • Si l'un avoue (trahit) et l'autre non, le traître est relâché tandis que celui qui reste silencieux est sévèrement puni avec vingt ans de prison.
  • Si les deux avouent (défaut mutuel), ils reçoivent tous les deux une peine de huit ans de prison.

La difficulté vient du fait que chaque prisonnier doit prendre une décision sans savoir ce que l'autre va faire. La stratégie dominante (la meilleure action à prendre quelle que soit l'action de l'autre joueur) pour chacun est d'avouer, car cela maximise l'utilité individuelle quel que soit le choix de l'autre prisonnier. Ainsi, l'équilibre de Nash dans ce jeu est pour les deux prisonniers d'avouer, car en faisant ce choix, aucun des deux ne peut améliorer sa situation en changeant unilatéralement sa décision.

Cependant, l'équilibre de Nash n'est pas l'optimum de Pareto dans ce cas. L'optimum de Pareto est une situation où il n'est pas possible d'améliorer la situation de quelqu'un sans détériorer celle d'un autre. Si les deux prisonniers pouvaient s'entendre pour ne pas avouer, ils seraient tous les deux mieux lotis avec seulement un an de prison chacun. Mais, en raison de l'impossibilité de communiquer et de l'incertitude concernant les actions de l'autre, ils finissent par choisir une stratégie qui les conduit à un résultat mutuellement défavorable.

Le dilemme du prisonnier illustre bien le défi de la coopération dans de nombreuses situations économiques, politiques et sociales, où la confiance et la communication sont essentielles pour atteindre des résultats mutuellement avantageux. Il démontre également la complexité des interactions humaines et la difficulté de prendre des décisions rationnelles dans des situations d'incertitude.

Equilibre de Nash unique: (Avoue, Avoue). Equilibre non-optimal: les deux joueurs pourraient améliorer leur situation en se taisant. La coopération est difficile à maintenir car elle n’est pas un choix rationnel au niveau individuel. NB: ici, le jeu est symétrique, mais ce n’est pas nécessairement le cas.

La matrice des payoffs fournie représente les résultats possibles du dilemme du prisonnier pour deux suspects, "Brute" et "Truand". Chaque suspect a deux options : avouer ou se taire. Les payoffs sont exprimés en termes d'années de prison que chaque suspect encourt en fonction de la décision prise, à la fois par lui-même et par l'autre.

Analysons les payoffs :

  • Si les deux avouent, chacun reçoit une peine de 8 ans de prison.
  • Si Brute avoue mais que Truand se tait, Brute est libéré et Truand reçoit la peine maximale de 20 ans de prison.
  • Si Brute se tait mais que Truand avoue, Brute reçoit la peine maximale de 20 ans de prison et Truand est libéré.
  • Si les deux se taisent, chacun reçoit une peine mineure d'1 an de prison.

Le dilemme se situe dans le fait que bien que le meilleur résultat collectif soit atteint lorsque les deux se taisent (1 an de prison chacun), la décision rationnelle pour chaque individu, lorsque l'on considère les actions de l'autre comme données, est d'avouer. Ainsi, si Truand pense que Brute va se taire, il devrait avouer pour être libéré. De même, si Truand pense que Brute va avouer, il devrait aussi avouer pour éviter la peine de 20 ans. La même logique s'applique à Brute. Par conséquent, l'équilibre de Nash de ce jeu est que les deux avouent, puisque avouer est la meilleure réponse pour chaque suspect quel que soit le choix de l'autre.

Cet équilibre de Nash est unique et il est non-optimal car il mène à un résultat où les deux joueurs obtiennent un payoff pire que s'ils avaient choisi de se taire. Cela illustre la difficulté de maintenir la coopération, car bien que coopérer soit mutuellement avantageux, elle n'est pas un choix rationnel au niveau individuel sans une communication et une confiance entre les joueurs.

La symétrie de ce jeu signifie que les payoffs sont identiques pour les stratégies miroirs des deux joueurs. Cependant, la théorie des jeux s'applique également à des jeux non symétriques où les stratégies et les payoffs peuvent varier d'un joueur à l'autre, ce qui peut complexifier davantage l'analyse et la détermination des équilibres.

Un jeu de course à l'armement[modifier | modifier le wikicode]

Un jeu de course à l'armement est un exemple classique de dilemme de sécurité qui se produit souvent dans les relations internationales et peut être analysé à l'aide de la théorie des jeux. Dans ce scénario, deux pays (ou plus) doivent décider s'ils doivent augmenter leur arsenal militaire. Bien que chaque pays puisse bénéficier individuellement d'une position plus forte en s'armant davantage, si tous les pays choisissent de s'armer, cela pourrait conduire à une augmentation des tensions, à une instabilité régionale et, dans le pire des cas, à un conflit armé.

Voici comment un jeu de course à l'armement pourrait être structuré en termes de théorie des jeux :

  • Les Joueurs : Deux pays, Pays A et Pays B.
  • Les Stratégies : Chaque pays a deux options - s'armer ou ne pas s'armer.
  • Les Payoffs : Les gains sont déterminés non seulement par la décision d'un pays de s'armer ou non, mais aussi par la décision prise par l'autre pays.

Les résultats possibles sont les suivants :

  • Désarmement Mutuel : Si les deux pays choisissent de ne pas s'armer, ils évitent les coûts liés à une course aux armements et peuvent bénéficier d'une plus grande stabilité et de relations pacifiques. Cependant, ils peuvent se sentir vulnérables à des menaces extérieures.
  • Course aux Armements : Si les deux pays choisissent de s'armer, cela augmente les dépenses militaires et la tension, réduisant potentiellement la sécurité globale.
  • Déséquilibre : Si un pays s'arme et que l'autre ne le fait pas, le pays armé pourrait se sentir plus en sécurité avec un avantage militaire, tandis que le pays désarmé pourrait se sentir vulnérable et désavantagé.
  • Stabilité de Nash : L'équilibre de Nash dans ce jeu est souvent la situation où les deux pays s'arment, car chaque pays a la stratégie dominante de s'armer pour garantir sa sécurité quelles que soient les actions de l'autre.

L'ironie de la course à l'armement est que, bien que chaque pays cherche à augmenter sa propre sécurité en s'armant, l'armement mutuel peut en fait réduire la sécurité globale, un concept connu sous le nom de paradoxe de la sécurité. Ce paradoxe est semblable au dilemme du prisonnier en ce que les résultats individuellement rationnels conduisent à un résultat collectivement irrationnel ou sous-optimal.

Dans la réalité, ces jeux sont souvent répétés ou dynamiques, avec une histoire de mouvements précédents qui peuvent influencer les stratégies actuelles. En outre, les éléments tels que les alliances, les traités et les organismes internationaux peuvent jouer un rôle dans la modification des payoffs et des choix stratégiques disponibles pour les pays.

Stratégie dominante dans le jeu du dilemme du prisonnier: "avoue" ici: "s'armer".

L'image montre une matrice de payoff pour un jeu de course à l'armement entre deux superpuissances historiques, l'URSS et les États-Unis. La matrice représente les conséquences de deux stratégies disponibles pour chacun des acteurs : "s'armer" ou "se désarmer". Les résultats sont basés sur la combinaison des choix des deux pays.

Analysons les payoffs dans chaque scénario :

  • Si l'URSS et les États-Unis choisissent tous les deux de "s'armer", ils sont tous deux "soumis au risque", ce qui implique une augmentation des tensions et une sécurité réduite en raison de la probabilité accrue de confrontation militaire.
  • Si l'URSS décide de "s'armer" tandis que les États-Unis choisissent de "se désarmer", l'URSS est "en sécurité et puissante" tandis que les États-Unis sont "soumis au risque et affaiblis". Cela donne un avantage stratégique à l'URSS, laissant les États-Unis vulnérables.
  • Si l'URSS choisit de "se désarmer" tandis que les États-Unis décident de "s'armer", les rôles sont inversés avec les États-Unis en position de sécurité et de puissance, et l'URSS soumise au risque et affaiblie.
  • Si les deux décident de "se désarmer", ils sont tous les deux "en sécurité", ce qui serait l'issue la plus pacifique et la plus stable, réduisant le risque d'un conflit armé.

La stratégie dominante pour les deux joueurs dans ce jeu, similaire à la stratégie "avoue" dans le dilemme du prisonnier classique, est de "s'armer". Indépendamment de la décision prise par l'autre partie, chaque pays a un meilleur résultat (en termes de sécurité et de pouvoir) lorsqu'il choisit de s'armer. Par conséquent, l'équilibre de Nash de ce jeu est que les deux pays finissent par s'armer, car aucune des parties n'a un incitatif unilatéral à se désarmer. Cependant, tout comme dans le dilemme du prisonnier, cet équilibre n'est pas socialement optimal ; les deux pays seraient mieux si tous les deux choisissaient de se désarmer, réduisant ainsi les risques de conflit tout en économisant des ressources dépensées dans l'armement.

Cet exemple illustre clairement le paradoxe de la sécurité : en cherchant à augmenter leur sécurité par des moyens militaires, les pays peuvent en fait diminuer leur sécurité globale en raison de la réaction réciproque et de la méfiance qu'elle génère. Cela démontre la complexité de la coopération internationale et les défis associés à la prise de décisions dans un environnement international souvent incertain et basé sur la perception des actions des autres.

Le duopole comme dilemme du prisonnier[modifier | modifier le wikicode]

Le duopole peut être conceptualisé comme un dilemme du prisonnier, où deux entreprises (ou duopolistes) sont confrontées à la décision de coopérer pour maximiser leurs profits collectifs ou de concurrencer agressivement pour maximiser leurs profits individuels. Si les deux entreprises coopèrent, elles peuvent agir de concert pour fixer des prix élevés et limiter leur production, se comportant essentiellement comme un monopole et se partageant les profits maximaux possibles. Cependant, la tentation d'augmenter la part de marché individuelle en produisant plus et en vendant à un prix inférieur peut mener à un résultat non coopératif, qui est moins avantageux pour les deux.

Dans la structure d'un duopole, chaque entreprise doit prendre en compte les actions potentielles de son concurrent lorsqu'elle prend ses décisions stratégiques. La théorie des jeux prédit que si chaque entreprise poursuit son intérêt individuel sans accord contraignant de coopération, elles finiront toutes les deux par produire plus, baisser les prix, et voir leurs profits diminuer par rapport à ce qu'ils auraient été sous coopération. Cela est dû au fait que chaque entreprise vise à maximiser son propre profit sans tenir compte de l'impact de ses actions sur le profit global du marché, ce qui peut conduire à une surproduction et à une diminution des prix.

L'équilibre de Nash dans un tel duopole est similaire au dilemme du prisonnier, où chaque entreprise choisit de ne pas coopérer (c'est-à-dire produire plus et baisser les prix) car cette stratégie maximise son profit étant donné la stratégie de l'autre entreprise. C'est l'équilibre stable car si une entreprise dévie et réduit sa production dans l'espoir d'augmenter les prix, elle risque de perdre des parts de marché si l'autre entreprise ne suit pas. Ainsi, même si les deux entreprises seraient mieux loties en coopérant, la nature non contraignante de leur interaction et le manque de communication et de confiance mutuelle les mènent à un équilibre non coopératif.

Cependant, il est important de noter que dans le monde réel, les entreprises en oligopole peuvent trouver des moyens de surmonter ce dilemme par divers moyens, tels que la formation de cartels, l'établissement de règles de concurrence tacites ou l'adoption de stratégies de différenciation de produits, qui peuvent les aider à maintenir des prix élevés et à se rapprocher de la profitabilité du monopole. Ces méthodes, cependant, peuvent être limitées par des lois antitrust et d'autres régulations visant à maintenir la concurrence sur les marchés.

Oligopole dilemme du prisonnier 3.png

L'image représente une matrice de payoff qui illustre un jeu de duopole entre l'Iran et l'Arabie saoudite, centré sur leur décision de production pétrolière. Chaque pays a la possibilité de choisir entre une production élevée ou faible. Les payoffs sont exprimés en milliards de dollars, reflétant probablement le profit ou le revenu que chaque pays s'attend à gagner en fonction de la combinaison de leurs décisions de production.

Lorsque les deux pays choisissent une production élevée, l'Arabie saoudite et l'Iran gagnent chacun 40 milliards de dollars. Cette situation peut être interprétée comme une surproduction qui entraîne une baisse des prix du pétrole sur le marché mondial, réduisant ainsi les revenus pour les deux producteurs.

Si l'Iran augmente sa production tandis que l'Arabie saoudite réduit la sienne, l'Iran gagne plus (60 milliards de dollars) tandis que l'Arabie saoudite voit ses revenus diminuer à 30 milliards de dollars. L'inverse est également vrai : si l'Iran réduit sa production et que l'Arabie saoudite augmente la sienne, l'Iran obtient 30 milliards de dollars et l'Arabie saoudite 60 milliards de dollars.

Dans le cas où les deux pays décident de réduire leur production, l'Arabie saoudite gagne 50 milliards de dollars et l'Iran 30 milliards de dollars. Cela peut refléter des prix plus élevés en raison d'une offre réduite, mais avec une part de marché plus grande pour l'Arabie saoudite, expliquant pourquoi ses revenus sont plus élevés que ceux de l'Iran.

L'équilibre de Nash dans ce jeu, en supposant que chaque joueur agit rationnellement et en connaissant les stratégies de l'autre, serait pour les deux pays de choisir une production élevée. C'est parce que, quelle que soit la décision de l'autre pays, chaque pays a un meilleur payoff en choisissant une production élevée (passant de 30 à 40 milliards si l'autre se désarme, et de 50 à 60 milliards si l'autre augmente également sa production).

Cependant, cet équilibre de Nash n'est pas l'optimum de Pareto. Les deux pays seraient collectivement mieux lotis si tous deux choisissaient de limiter leur production, car ils pourraient potentiellement augmenter leurs profits globaux grâce à des prix plus élevés pour leur pétrole. Cependant, sans un accord de coopération qui serait contraignant pour les deux parties, l'intérêt individuel incite chaque pays à augmenter sa production, menant à un équilibre moins avantageux pour tous les deux, similaire à la dynamique observée dans le dilemme du prisonnier.

Un jeu de publicité[modifier | modifier le wikicode]

Cette matrice de payoff décrit un jeu de stratégie de publicité entre deux entreprises concurrentes, Camel et Marlboro. Chacune de ces entreprises doit décider si elle doit faire de la publicité ou non. Les profits résultants pour chaque entreprise dépendent de leur choix de stratégie combiné avec le choix de l'autre entreprise.

Oligopole un jeu de publicité 1.png

Les profits sont les suivants selon les décisions prises par Camel et Marlboro :

  • Si Camel et Marlboro choisissent tous deux de faire de la publicité, ils gagnent chacun 3 milliards de dollars. Cela pourrait signifier que les coûts de la publicité érodent une partie des profits additionnels qu'ils pourraient obtenir grâce à l'augmentation des ventes.
  • Si Camel fait de la publicité tandis que Marlboro ne le fait pas, Camel gagne 5 milliards de dollars et Marlboro seulement 2 milliards de dollars. Cela suggère que Camel tire un avantage significatif de la publicité en capturant une part de marché plus importante, tandis que Marlboro souffre d'une baisse de visibilité et de ventes.
  • Si Camel choisit de ne pas faire de publicité mais que Marlboro fait de la publicité, Camel gagne 2 milliards de dollars et Marlboro 5 milliards de dollars. Dans ce cas, Marlboro bénéficie de l'avantage de la publicité.
  • Si ni Camel ni Marlboro ne font de la publicité, Camel gagne 4 milliards de dollars et Marlboro 4 milliards de dollars également. Cela peut refléter une situation où les deux entreprises bénéficient de coûts inférieurs en n'engageant pas de dépenses publicitaires, tout en maintenant une certaine parité dans la part de marché.

L'analyse de cette matrice de payoff montre que la publicité est une stratégie dominante pour les deux entreprises. Peu importe ce que fait l'autre entreprise, chaque entreprise a un meilleur profit en faisant de la publicité. Par conséquent, l'équilibre de Nash dans ce jeu est pour les deux entreprises de choisir de faire de la publicité, car c'est la meilleure stratégie pour chacune d'elles indépendamment de la stratégie de l'autre.

Cependant, ce n'est pas l'optimum de Pareto car les deux entreprises pourraient potentiellement gagner plus (4 milliards chacune) si aucune des deux ne faisait de publicité. Cet exemple illustre comment, même si une certaine stratégie (comme ne pas faire de publicité) pourrait être meilleure collectivement, les incitations individuelles à agir autrement conduisent à un résultat sous-optimal. Cela reflète la nature compétitive de la publicité où les entreprises sont souvent contraintes d'engager des dépenses importantes pour rester pertinentes et compétitives, même si cela réduit leurs profits globaux.

Un jeu de ressources communes[modifier | modifier le wikicode]

L'image ci-dessous représente une matrice de payoff pour un jeu de ressources communes entre deux compagnies pétrolières, BP et Shell. Chaque compagnie doit décider entre creuser un ou deux puits pétroliers. Les profits résultant de chaque combinaison de décisions sont exprimés en millions d'euros.

Oligopole Un jeu de ressources communes.png

Si BP et Shell décident tous les deux de creuser deux puits, ils gagnent chacun 4 millions d'euros. Cette situation peut refléter une sur-exploitation de la ressource partagée, où l'augmentation de la production entraîne une baisse des prix du pétrole ou une épuisement plus rapide de la ressource, ce qui réduit les profits pour les deux compagnies.

Lorsque BP choisit de creuser deux puits tandis que Shell n'en creuse qu'un, BP gagne moins (3 millions d'euros) par rapport à Shell qui en gagne 6. Cette asymétrie peut survenir parce que Shell, en limitant sa production, bénéficie de prix plus élevés ou conserve ses ressources pour l'avenir, tandis que BP, en augmentant sa production, pourrait subir une baisse des prix due à une offre excédentaire.

Inversement, si BP décide de creuser un seul puits et que Shell en creuse deux, BP gagne 5 millions d'euros et Shell seulement 6 millions d'euros. Dans ce cas, Shell ne tire pas un avantage proportionnel à son investissement accru par rapport à BP, ce qui peut refléter une saturation du marché ou des coûts d'extraction croissants.

Si les deux compagnies choisissent de creuser un seul puits, Shell gagne 5 millions d'euros et BP gagne 6 millions d'euros. Cette situation peut indiquer que la modération dans l'exploitation des ressources conduit à de meilleurs prix du pétrole ou à une gestion plus durable des ressources, augmentant ainsi les profits.

Dans ce jeu, il n'y a pas de stratégie dominante pour les deux joueurs. Le choix de la meilleure stratégie dépend de la décision de l'autre compagnie. Si BP suppose que Shell va creuser deux puits, BP maximise ses profits en creusant seulement un puits. Si BP pense que Shell va creuser un seul puit, BP aurait intérêt à creuser deux puits. La même logique s'applique à Shell.

L'équilibre de Nash de ce jeu est moins évident. Si les deux compagnies raisonnent strictement selon les payoffs, elles pourraient finir par creuser un seul puit chacune, ce qui n'est pas le résultat le moins profitable pour aucune des deux parties. Cependant, si l'une des entreprises s'attend à ce que l'autre se modère, elle pourrait être tentée de creuser deux puits pour maximiser ses profits immédiats, ce qui pourrait conduire à une sur-exploitation. Cette situation reflète un "dilemme des communs", où les acteurs individuels profitent de la sur-utilisation d'une ressource partagée, ce qui peut mener à une épuisement à long terme de cette ressource au détriment de tous.

Le jeu oligopolistique UN et DEUX[modifier | modifier le wikicode]

L'image ci-dessous représente une matrice de payoff pour un jeu oligopolistique entre deux producteurs, UN et DEUX, qui doivent décider de la quantité de produit à vendre, soit 30 litres ou 40 litres. Les gains associés à chaque décision dépendent de l'action prise par l'autre producteur.

Le jeu oligopolistique UN et DEUX1.png

Si UN et DEUX choisissent tous deux de vendre 40 litres, ils gagnent chacun 1 600 euros. Cela peut indiquer une situation de concurrence où l'augmentation de l'offre a entraîné une baisse des prix, ce qui diminue les profits des deux producteurs.

Lorsque UN choisit de vendre 40 litres tandis que DEUX vend 30 litres, UN gagne 1 600 euros et DEUX gagne 2 000 euros. Inversement, si UN vend 30 litres et DEUX vend 40 litres, UN gagne 2 000 euros tandis que DEUX gagne 1 500 euros. Ces scénarios montrent qu'un producteur peut bénéficier de gains plus élevés en vendant moins si son concurrent inonde le marché avec une quantité plus importante, probablement à cause d'une meilleure tarification due à une offre plus limitée.

Si les deux producteurs décident de vendre 30 litres chacun, UN gagne 1 800 euros et DEUX gagne 1 800 euros également. Cette décision reflète probablement une entente tacite ou une coopération où les deux producteurs réduisent leur offre pour maintenir des prix plus élevés et maximiser leurs profits.

L'équilibre de non-coopération, basé sur la matrice de payoff, est atteint lorsque les deux producteurs choisissent de vendre 40 litres, car vendre 40 litres est une stratégie dominante pour chacun d'eux. C'est le résultat naturel en l'absence de coopération, car chaque producteur réagit aux actions de l'autre en maximisant son propre profit sans considération pour le profit collectif.

L'optimum pour les producteurs, qui maximiserait leur profit total, serait de coopérer et de choisir de vendre 30 litres chacun. Cela nécessiterait une certaine forme de communication ou d'accord pour limiter la production, ce qui pourrait ne pas être légal dans certains marchés réglementés en raison des lois antitrust et de concurrence.

Ce jeu illustre le défi central des oligopoles : trouver un équilibre entre les incitations individuelles à augmenter la production pour maximiser les profits individuels et les avantages potentiels d'une action collective qui pourrait conduire à de meilleurs résultats pour tous les producteurs. Sans coopération, les producteurs se retrouvent dans un équilibre de Nash non coopératif, qui n'est pas l'optimum de Pareto car ils pourraient tous deux être mieux lotis s'ils limitaient leur production. Cet équilibre reflète également le dilemme du prisonnier, où les joueurs ne parviennent pas à atteindre un accord mutuellement avantageux en raison des incitations à agir de manière indépendante.

La coopération dans un cadre dynamique[modifier | modifier le wikicode]

Dans un contexte dynamique où les jeux se répètent sur une longue période, la coopération entre les duopolistes peut devenir une stratégie plus stable et potentiellement plus profitable que la compétition agressive. Ce phénomène est souvent analysé dans le cadre des jeux répétés, aussi connus sous le nom de jeux itératifs ou supergames.

Lorsque les firmes prennent en compte les profits futurs et non pas seulement les gains immédiats, elles peuvent reconnaître qu'une stratégie de coopération à long terme maximisera leurs profits globaux. Dans cette perspective, même si une entreprise peut obtenir un gain ponctuel en trichant et en rompant l'accord de coopération, elle pourrait perdre beaucoup plus en profits futurs si l'autre entreprise répond en revenant à un comportement non coopératif.

La menace d'une punition crédible joue un rôle clé dans la stabilité de la coopération. Si UN décide de tricher, DEUX peut "punir" UN en cessant la coopération et en revenant à la compétition, ce qui réduit les profits pour les deux firmes. Pour que cette punition soit crédible, DEUX doit être prête et capable de renoncer à ses gains à court terme pour maintenir la discipline à long terme. Si cette punition est crédible et si les entreprises anticipent correctement les conséquences à long terme de leurs actions, alors la coopération peut se maintenir.

La répétition du jeu sans une date de fin connue ou dans un contexte d'incertitude quant à la durée de l'interaction peut renforcer la coopération. Si les entreprises ne savent pas quand le jeu se terminera, elles ont moins d'incitations à tricher, car elles ne peuvent pas être sûres que le gain à court terme vaudra le coût des profits perdus à l'avenir.

La théorie des jeux répétés suggère que les stratégies de coopération peuvent être soutenues par le "shadow of the future" ou l'ombre du futur. Plus le futur influence les décisions présentes, plus il est probable que les entreprises adopteront des stratégies qui favorisent la coopération. Les entreprises peuvent donc développer des mécanismes de coopération tels que des accords tacites, des stratégies de réciprocité ou des contrats à long terme pour stabiliser cette coopération et maximiser leurs profits collectifs sur le long terme.

L'oligopole et le rôle de l'État[modifier | modifier le wikicode]

L'oligopole et le rôle de l'État[modifier | modifier le wikicode]

Dans le contexte économique d'un oligopole, la coopération entre les entreprises pour fixer les prix ou limiter la production peut être bénéfique pour ces entreprises, car elle leur permet d'augmenter leurs profits en exerçant un pouvoir de marché similaire à celui d'un monopole. Cependant, cette coopération peut être préjudiciable aux consommateurs et à la société dans son ensemble, car elle peut entraîner des prix artificiellement élevés et une production inférieure à celle qui serait réalisée dans un marché plus concurrentiel. Cela peut conduire à une allocation inefficace des ressources, à une innovation moindre et à des choix réduits pour les consommateurs.

Pour cette raison, de nombreux gouvernements ont mis en place des lois antitrust ou de la concurrence pour réguler les comportements des entreprises dans les marchés oligopolistiques. Ces lois visent à prévenir les pratiques anticoncurrentielles telles que les cartels, les ententes sur les prix, les pratiques monopolistiques et les abus de position dominante. Le but est de protéger les intérêts des consommateurs, de promouvoir l'innovation et d'assurer une concurrence équitable sur le marché.

Cependant, l'approche réglementaire peut varier d'un pays à l'autre. Certains pays ont des lois antitrust très strictes et des organismes de réglementation actifs qui surveillent de près les marchés et sanctionnent les comportements anticoncurrentiels. D'autres pays peuvent avoir une approche plus souple, soit en raison de différences dans la philosophie économique, soit en raison de capacités de réglementation et de mise en œuvre plus faibles.

Les économistes ne s'accordent pas toujours sur le degré et la forme de la régulation qui devraient être appliqués. Certains plaident pour des marchés plus libres, arguant que la réglementation peut être lourde et entraver l'efficacité du marché. D'autres soutiennent que sans réglementation, les consommateurs peuvent être exploités par des entreprises puissantes. Les économistes peuvent également être en désaccord sur les effets des oligopoles sur l'innovation - certains suggèrent que les profits élevés dans les oligopoles peuvent financer la recherche et le développement, tandis que d'autres pensent que la concurrence est un meilleur stimulant pour l'innovation.

Le rôle de l'État dans la régulation des oligopoles est donc crucial et complexe. Il doit équilibrer la protection des consommateurs et la promotion de la concurrence avec la reconnaissance des réalités économiques des industries où les économies d'échelle ou les exigences de capital rendent le nombre d'acteurs naturellement limité. Cela implique souvent un ajustement constant des politiques et des réglementations pour s'adapter aux changements du marché et aux nouvelles informations.

États-Unis : le Sherman Antitrust Act[modifier | modifier le wikicode]

Le Sherman Antitrust Act est une législation fondamentale aux États-Unis qui a établi les bases de la réglementation antitrust moderne. Adoptée en 1890, cette loi visait à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles et à démanteler les monopoles, ce qui était un problème croissant à l'époque de l'ère industrielle, notamment avec l'ascension de compagnies comme la Standard Oil de John D. Rockefeller.

Le Sherman Act est particulièrement remarquable pour deux de ses dispositions principales :

  • Section 1 : Cette section interdit les accords anticoncurrentiels entre entreprises, y compris les cartels, les ententes sur les prix et d'autres formes de collusion qui restreignent le commerce.
  • Section 2 : Elle cible les comportements monopolistiques, interdisant les situations où une entreprise monopolise ou tente de monopoliser un marché.

Le passage cité indique clairement que toute forme d'accord ou de complot visant à restreindre le commerce est illégal et que les individus ou entreprises coupables de tels actes seront considérés comme des criminels, passibles de lourdes amendes et/ou de peines de prison.

Le Clayton Act, qui a été adopté en 1914, a complété le Sherman Act en abordant des questions plus spécifiques et en ciblant certaines pratiques qui n'étaient pas explicitement interdites par le Sherman Act. Par exemple, le Clayton Act a mis l'accent sur des problèmes tels que la discrimination par les prix, les accords d'exclusivité et les acquisitions d'actions qui pourraient réduire la concurrence.

Ces lois sont des éléments clés de la politique de concurrence américaine et continuent d'influencer la manière dont les affaires sont menées non seulement aux États-Unis mais aussi dans les interactions commerciales internationales. L'application de ces lois est assurée par le Department of Justice des États-Unis ainsi que par la Federal Trade Commission (FTC), qui ont le pouvoir de poursuivre les entreprises pour pratiques anticoncurrentielles et de demander aux tribunaux de prendre des mesures telles que la dissolution de trusts, l'imposition d'amendes ou l'interdiction de certaines transactions commerciales. Ces lois ont joué un rôle déterminant dans la préservation de la concurrence sur les marchés américains et sont considérées comme un modèle pour les réglementations antitrust dans d'autres juridictions.

Europe : le Traité de Rome (art. 82)[modifier | modifier le wikicode]

Le Traité de Rome, signé en 1957, a établi la Communauté économique européenne (CEE), qui est maintenant intégrée dans l'Union européenne (UE). L'article 82 correspond aujourd'hui à l'article 102 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), traite de l'abus de position dominante et est un pilier de la politique de concurrence de l'UE.

Cet article vise à empêcher les entreprises qui détiennent une position dominante sur le marché unique européen de s'engager dans des pratiques qui pourraient nuire à la concurrence et aux consommateurs. La position dominante en elle-même n'est pas interdite par le droit de l'UE, mais l'exploitation abusive de cette position l'est. Les pratiques abusives peuvent inclure :

  • Imposer des prix ou des conditions de transaction non équitables : Cela peut inclure des prix excessivement élevés ou des conditions commerciales qui placent les partenaires commerciaux ou les consommateurs dans une position désavantageuse.
  • Limiter la production ou le développement technique : Cela peut viser à réduire l'offre sur le marché pour maintenir les prix élevés ou à freiner l'innovation qui pourrait être bénéfique pour les consommateurs.
  • Appliquer des conditions inégales à des prestations équivalentes : Cela peut entraîner une discrimination entre les partenaires commerciaux, faussant la concurrence.
  • Subordonner la conclusion de contrats : Cela peut impliquer d'obliger un partenaire commercial à accepter des obligations supplémentaires qui ne sont pas liées au contrat principal, une pratique connue sous le nom de vente liée.

L'article 102 du TFUE est appliqué par la Commission européenne, qui a le pouvoir d'enquêter et de sanctionner les entreprises pour de telles pratiques. Les sanctions peuvent inclure des amendes substantielles et des ordonnances qui exigent des changements dans les pratiques commerciales des entreprises.

La politique de concurrence de l'UE, y compris l'article 102, est cruciale pour assurer un marché équitable et efficace, encourager l'innovation et protéger les consommateurs. Elle reflète l'engagement de l'UE envers une économie de marché ouverte où la concurrence est libre mais réglementée pour empêcher les abus.

Suisse : la nouvelle LCart[modifier | modifier le wikicode]

La loi fédérale sur les cartels et autres restrictions à la concurrence de la Suisse, connue sous le nom de LCart (Loi sur les Cartels), constitue le cadre juridique qui régit la concurrence dans le pays. Contrairement à l'approche de l'Union européenne qui se fonde principalement sur l'interdiction des accords anti-concurrentiels, la LCart suisse se concentre sur la notion d'abus de position dominante. Cela signifie que les accords qui pourraient limiter la concurrence ne sont pas automatiquement illicites en Suisse, à moins qu'il soit démontré qu'ils ont un effet abusif sur le marché.

La révision de 2004 a renforcé l'efficacité de la loi en permettant à la Commission de la Concurrence (Comco) d'imposer des sanctions dès la première infraction. Avant cette révision, des sanctions pouvaient seulement être infligées en cas de récidive. Ce changement montre une volonté d'appliquer la loi de manière plus stricte et de décourager les pratiques anti-concurrentielles dès la première infraction.

La LCart prévoit également un programme de clémence, aligné sur les pratiques dans d'autres juridictions comme l'UE et les États-Unis, qui vise à encourager les entreprises à collaborer avec les autorités. Ce programme permet aux entreprises qui divulguent volontairement leur participation à un cartel et qui coopèrent avec la Comco dans son enquête de bénéficier d'une réduction des amendes qui leur sont imposées. Ce mécanisme incitatif est conçu pour démanteler les cartels en incitant les membres à divulguer des informations, ce qui peut souvent être difficile à obtenir autrement pour les autorités de régulation.

Les sanctions prévues par la LCart sont significatives, avec des amendes pouvant atteindre jusqu'à 10% du chiffre d'affaires réalisé en Suisse pendant les trois dernières années. Cela donne à la loi un poids considérable et assure que les entreprises opérant en Suisse prennent sérieusement leurs obligations de conformité en matière de concurrence.

La LCart et la Comco jouent un rôle clé dans la promotion d'une concurrence équitable en Suisse, en cherchant à prévenir les pratiques qui pourraient nuire aux consommateurs et à l'économie suisse dans son ensemble. La loi est un élément essentiel pour maintenir un marché dynamique et compétitif, en assurant que les entreprises agissent de manière équitable et en prévenant les distorsions de marché.

LCart: l'abus de position dominante[modifier | modifier le wikicode]

La section de la Loi sur les Cartels (LCart) sur l'abus de position dominante spécifie les pratiques qui sont considérées comme un abus de position dominante sur le marché suisse. Ces pratiques sont interdites car elles peuvent fausser la concurrence et nuire aux consommateurs en limitant le choix ou en augmentant les prix. Voici une explication de chaque pratique illicite :

  • Refus d'entretenir des relations commerciales : Cela peut inclure le refus de vendre à ou d'acheter de certains partenaires commerciaux sans justification objective. C'est souvent appelé un "refus de traiter" et peut être utilisé pour exclure des concurrents du marché ou pour punir des partenaires commerciaux pour avoir traité avec des concurrents.
  • Discrimination de partenaires commerciaux : Traiter différemment les partenaires commerciaux dans des situations similaires, en particulier en matière de prix ou de conditions commerciales, peut être considéré comme discriminatoire et anticoncurrentiel.
  • Imposer des prix ou conditions commerciales inéquitables : Ceci peut se référer à des prix excessivement élevés, des conditions de paiement onéreuses, ou d'autres termes qui mettent une partie à un désavantage injuste.
  • Sous-enchère ciblée : Vendre à un prix inférieur au coût dans le but de saper un concurrent spécifique, avec l'intention de l'éliminer du marché, est une pratique anticoncurrentielle connue sous le nom de prédation.
  • Limitation de la production, des débouchés ou du développement technique : Cela inclut les actions qui limitent artificiellement l'offre, réduisent les opportunités de vente pour les concurrents ou entravent l'innovation et le progrès technique, souvent pour maintenir des prix élevés.
  • Vente liée ou conditionnement : Forcer les partenaires commerciaux à accepter des biens ou services supplémentaires qui ne sont pas liés à l'accord principal peut restreindre la concurrence et créer des barrières à l'entrée.

La LCart, en spécifiant ces pratiques comme illicites, cherche à créer un environnement de marché où la concurrence est basée sur le mérite et la performance, plutôt que sur des stratégies anticoncurrentielles. Les entreprises en position dominante doivent donc agir de manière responsable pour ne pas abuser de leur position et fausser le marché à leur avantage. Cela est crucial pour assurer une concurrence loyale et pour protéger les consommateurs ainsi que les petites et moyennes entreprises qui pourraient autrement être évincées du marché.

Résumé[modifier | modifier le wikicode]

Les marchés oligopolistiques sont caractérisés par un petit nombre d'acteurs économiques, chacun possédant une part significative du marché, ce qui leur confère un pouvoir de marché considérable. Dans un tel contexte, ces firmes ont la capacité de maximiser leurs profits collectifs en agissant conjointement à la manière d'un monopole, c'est-à-dire en formant un cartel. Cependant, l'alignement des stratégies de production individuelles sur l'objectif commun de maximisation du profit est souvent instable, comme le révèle le modèle du dilemme du prisonnier. Ce dernier met en lumière le paradoxe où les entreprises, bien que bénéficiant d'une coopération pour maintenir des prix élevés et des productions limitées, sont individuellement incitées à produire davantage pour accroître leurs parts de marché, ce qui conduit à une baisse des prix et à une augmentation de la production globale, réduisant ainsi les profits du cartel.

Par exemple, dans le cas des accords sur les quotas de production pétrolière entre les pays membres de l'OPEP, chaque pays pourrait augmenter unilatéralement sa production pour gagner plus de revenus à court terme, mais si tous les pays faisaient de même, cela entraînerait une surproduction et une chute des prix du pétrole, nuisant à tous les membres à long terme.

Lorsque le nombre de firmes dans un oligopole augmente, le marché se rapproche du modèle de la concurrence parfaite, où aucun acteur n'a suffisamment de pouvoir pour influencer les prix, résultant en des prix plus bas et des quantités produites qui tendent vers l'optimum social.

Pour prévenir les conséquences négatives des oligopoles et protéger les intérêts des consommateurs, les gouvernements ont établi des réglementations antitrust. Aux États-Unis, le Sherman Antitrust Act de 1890 a été un pas décisif pour contrer les monopoles, comme l'illustre le démantèlement de la Standard Oil de Rockefeller. De manière similaire, le Traité de Rome a posé les fondements de la politique de concurrence en Europe en interdisant l'exploitation abusive d'une position dominante sur le marché, une position qui a été renforcée par des lois telles que l'article 102 du TFUE. En Suisse, la Loi sur les Cartels met l'accent sur l'interdiction des abus de position dominante plutôt que sur l'interdiction des cartels en eux-mêmes, avec des mécanismes comme le programme de clémence pour encourager la collaboration des entreprises en cas d'enquête antitrust.

Ces lois et réglementations ne sont pas statiques ; elles évoluent avec le temps pour s'adapter aux nouvelles dynamiques économiques et aux défis posés par les pratiques commerciales en constante évolution. L'objectif reste cependant le même : maintenir des marchés justes et compétitifs, encourager l'innovation et assurer que les consommateurs bénéficient de prix équitables et de choix diversifiés.

Source: Perloff, 2007. NB: MR = marginal revenu et MC = marginal cost.

La table fournie présente un comparatif des caractéristiques principales de quatre types de structures de marché : monopole, oligopole, concurrence monopolistique et concurrence pure et parfaite. Chacune de ces structures est définie par des critères spécifiques concernant la maximisation des profits, le pouvoir de fixation des prix, la puissance sur le marché, les conditions d'entrée, le nombre de firmes, les profits à long terme, la dépendance stratégique, la différenciation des produits et des exemples concrets.

Dans un monopole, une seule entreprise (le monopoleur) est présente sur le marché. Cette entreprise est le seul producteur d'un bien ou d'un service, lui donnant un contrôle total sur les prix – elle est un « price setter ». Le pouvoir de marché, c'est-à-dire la capacité de fixer les prix au-dessus du coût marginal (MC), est maximal dans un monopole. Les conditions d'entrée sont telles qu'aucune autre entreprise ne peut entrer sur le marché, souvent à cause de barrières légales ou naturelles. Un monopole peut faire des profits à long terme (≥ 0), car il n'y a pas de pression concurrentielle qui forcerait les prix à baisser jusqu'au niveau du coût marginal. Les produits peuvent être différenciés, comme dans le cas d'une compagnie de gaz naturel locale, qui pourrait être l'unique fournisseur pour une région donnée.

En contraste, un oligopole se compose de quelques entreprises qui dominent un marché. Chacune possède une part significative du marché, ce qui leur confère un pouvoir de marché et leur permet de fixer des prix au-dessus du coût marginal. L'entrée sur le marché est limitée, mais pas impossible, ce qui signifie que les barrières à l'entrée sont significatives mais pas insurmontables. Les firmes oligopolistiques peuvent maintenir des profits à long terme grâce à leur puissance sur le marché. Les stratégies sont interdépendantes : les décisions d'une entreprise affectent et sont affectées par les décisions des concurrents. Les produits en oligopole peuvent être différenciés, comme dans le cas des fabricants d'automobiles, où les marques se concurrencent sur des bases telles que la qualité, le style et la réputation.

La concurrence monopolistique est un terme moyen entre l'oligopole et la concurrence parfaite. Les marchés présentent un grand nombre de firmes, et l'entrée est libre, ce qui signifie que les barrières à l'entrée sont faibles ou inexistantes. Les entreprises peuvent fixer des prix, mais leur pouvoir de marché est limité en raison de la présence de nombreux concurrents proches. Elles peuvent obtenir des profits à court terme, mais à long terme, la concurrence entraîne une érosion des profits (tendant vers zéro). La différenciation des produits est une caractéristique clé de la concurrence monopolistique, permettant aux entreprises de gagner des clients fidèles malgré la présence de nombreux substituts proches. Un exemple classique pourrait être celui des plombiers dans une petite ville, où chacun offre un service légèrement différent.

Enfin, la concurrence pure et parfaite représente un idéal théorique où de nombreuses firmes produisent des biens homogènes. Les entreprises sont des « price takers », ce qui signifie qu'elles n'ont aucun pouvoir de fixation des prix et doivent accepter le prix du marché déterminé par l'offre et la demande globales. L'entrée sur le marché est libre, il y a beaucoup d'entreprises, et les profits à long terme sont nuls en raison de la concurrence intense. Les produits sont indifférenciés, ou "commodités", comme dans le cas des agriculteurs produisant des pommes, où les pommes d'un producteur sont considérées comme équivalentes à celles d'un autre.

Chacune de ces structures de marché a des implications distinctes pour les consommateurs, les entreprises et la politique économique. Par exemple, les monopoles peuvent nécessiter une réglementation pour empêcher l'abus de pouvoir de marché, tandis que les marchés concurrentiels peuvent fonctionner avec peu d'intervention étatique.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

  • Universalis‎, Encyclopædia. “ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE.” Encyclopædia Universalis, www.universalis.fr/encyclopedie/equilibre-economique/10-l-equilibre-de-nash/.

Références[modifier | modifier le wikicode]