« Les problèmes d'information et les choix publics » : différence entre les versions

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Hypothèse de concurrence parfaite: transparence et pas d'incertitude. On suppose que les agents des deux côtés du marché savent tout des caractéristiques du bien ou service échangé. Exemples:
Les problèmes d'information et les choix publics sont au cœur de l'économie, surtout lorsqu'il s'agit d'analyser les marchés et l'intervention de l'État. L'idéal de la concurrence parfaite, supposant transparence et absence d'incertitude, est rarement atteint dans la pratique. Souvent, l'information disponible n'est ni parfaite ni symétriquement partagée entre les parties, conduisant à des asymétries d'information. Ces asymétries surviennent quand une partie dans une transaction détient des informations que l'autre ignore, pouvant entraîner des sélections adverses avant la transaction, où les informations cachées mènent à des choix suboptimaux, ou des aléas moraux après la transaction, le comportement d'une partie change au détriment de l'autre faute de surveillance efficace.
*Si une tomate n’est pas très mûre, ça se voit. Le consommateur peut aller acheter ailleurs ;
*Un euro acheté à Genève ou à Paris est rigoureusement identique ;
*Même dans l’électroménager, je peux savoir si un ventilateur est bruyant en allumant le modèle exposé avant de l’acheter.


Mais dans la réalité, il existe de très nombreux biens ou services pour lesquels l’information n’est pas parfaite → cas d’asymétrie d’information qui peuvent affecter les choix et les actions des individus.
La théorie du choix public s'intéresse à comment les décisions sont prises dans le secteur public et comment elles peuvent être influencées par les asymétries d'information et les intérêts personnels des acteurs politiques. Ces problèmes d'information peuvent rendre difficile pour l'État de corriger les défaillances du marché. Les défis incluent l'évaluation des besoins et préférences collectifs, l'anticipation des conséquences des politiques publiques et la mesure de l'efficacité des interventions. De plus, il y a le risque que les décideurs politiques agissent selon leurs propres intérêts plutôt que pour le bien commun, utilisant l'information de manière sélective ou favorisant certaines parties pour des raisons politiques ou personnelles.{{Translations
 
Dans son rôle de redresseur des failles de marché l’État fait également face à des problèmes d’information, mais, au de là de cela, il existe des difficultés qui peuvent générer un écart entre les désirs de la collectivité et l’action de l’État → théorie du choix public.  
 
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| es = Problemas de información y elecciones públicas
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= Les asymétries d'information =
= Les asymétries d'information =
Les asymétries d'information se produisent lorsque certaines parties impliquées dans une transaction ou un échange économique ont accès à des informations différentes ou inégales. Dans ce cas, une partie possède plus d'informations que l'autre, créant un déséquilibre qui peut affecter le résultat de la transaction.
Il existe deux types principaux d'asymétrie d'information :
# L'asymétrie d'information adverse : Cela se produit lorsque l'une des parties dans une transaction a des informations privées ou supérieures par rapport à l'autre partie. Par exemple, dans le contexte des assurances, les individus cherchant une assurance ont souvent plus d'informations sur leur propre état de santé que l'assureur. Cela peut entraîner une sélection adverse, où les personnes les plus susceptibles de présenter des risques élevés sont plus enclines à souscrire une assurance, tandis que les personnes à faible risque sont moins enclines à le faire, ce qui peut entraîner des problèmes de tarification et de rentabilité pour les assureurs.
# L'asymétrie d'information morale : Dans ce cas, une partie dispose d'informations privées sur son propre comportement ou ses intentions, ce qui peut influencer la transaction de manière négative pour l'autre partie. Par exemple, lors de la conclusion d'un contrat de travail, l'employeur ne peut pas toujours connaître à l'avance la performance réelle ou le comportement futur d'un employé. Cela peut créer une incitation pour l'employé à agir de manière opportuniste ou non conforme aux attentes de l'employeur une fois le contrat signé.
Les asymétries d'information peuvent avoir des conséquences importantes sur les marchés et les transactions économiques. Elles peuvent conduire à des inefficiences, à des résultats suboptimaux et à une allocation inefficace des ressources. Les parties mieux informées peuvent tirer profit de cette asymétrie au détriment des autres parties et du bien-être collectif.
Pour faire face aux asymétries d'information, plusieurs mécanismes peuvent être utilisés. Par exemple :
# La signalisation : Une partie peut fournir des signaux ou des indices pour révéler des informations privées ou de qualité, afin de réduire l'incertitude de l'autre partie. Par exemple, une entreprise peut obtenir une certification de qualité pour signaler la fiabilité de ses produits.
# L'établissement de garanties : Les contrats peuvent inclure des clauses et des garanties spécifiques pour atténuer les risques liés aux asymétries d'information. Par exemple, une garantie de remboursement peut être offerte pour rassurer les consommateurs sur la qualité d'un produit.
# La réglementation et la supervision : Les autorités réglementaires peuvent mettre en place des règles et des réglementations pour assurer la transparence et garantir que les informations importantes sont divulguées aux parties concernées.
# L'éducation et la recherche : Une meilleure éducation des consommateurs et des agents économiques peut contribuer à réduire les asymétries d'information en améliorant la compréhension des enjeux et des risques associés à une transaction.
En résumé, les asymétries d'information se produisent lorsque des parties à une transaction ou un échange économique ont un accès inégal à l'information, ce qui crée un déséquilibre et peut affecter le résultat de la transaction. Il existe deux types principaux d'asymétrie d'information : l'asymétrie d'information adverse, où une partie a des informations privées ou supérieures, et l'asymétrie d'information morale, où une partie a des informations privées sur son propre comportement ou ses intentions. Les asymétries d'information peuvent entraîner des inefficiences et des résultats suboptimaux, mais des mécanismes tels que la signalisation, les garanties, la réglementation et l'éducation peuvent être utilisés pour atténuer ces problèmes.
== Exemples d'asymétrie d'information du côté des ménages ==
== Exemples d'asymétrie d'information du côté des ménages ==
Dans le cas d'un client ou d'un patient faisant face à une maladie ou une panne, il peut avoir une connaissance limitée ou inexacte de la cause sous-jacente du problème. Lorsqu'il consulte un médecin, le patient peut ne pas être en mesure de fournir une évaluation précise de ses symptômes ou de comprendre pleinement les implications médicales de sa condition. En conséquence, le médecin, en tant qu'expert, dispose d'un avantage informationnel sur la maladie, le diagnostic et les options de traitement. Cela crée une asymétrie d'information où le médecin est mieux informé que le patient. De même, lorsqu'un client emmène sa voiture chez un garagiste en raison d'une panne, le client peut avoir une compréhension limitée des problèmes mécaniques et des réparations nécessaires. Le garagiste, en tant que professionnel de l'automobile, possède une expertise technique et une connaissance approfondie des véhicules, ce qui lui confère un avantage informationnel sur les réparations nécessaires. Dans ces situations, l'asymétrie d'information peut entraîner des conséquences potentielles pour le ménage. Par exemple, le patient peut se trouver dans une position vulnérable, dépendant du jugement du médecin pour prendre des décisions de traitement. De même, le client automobile peut se sentir incertain quant à la nécessité réelle des réparations suggérées par le garagiste et peut craindre de payer des frais injustifiés.  
Les asymétries d'information représentent une problématique récurrente dans laquelle les consommateurs se retrouvent désavantagés face aux fournisseurs de biens ou de services, principalement à cause d'un déficit d'information ou d'une compréhension limitée de ce qu'ils achètent ou utilisent. Cette situation se manifeste de diverses manières dans le quotidien des ménages, affectant leur capacité à faire des choix éclairés et optimisés selon leurs besoins.


Dans de nombreux secteurs, les entreprises peuvent créer des produits complexes intentionnellement pour se différencier et maintenir un avantage concurrentiel. Cela crée une asymétrie d'information entre les entreprises et les consommateurs, car ces derniers peuvent avoir du mal à comprendre pleinement les caractéristiques et les termes des produits proposés.  Un exemple courant de cela se retrouve dans les produits bancaires ou d'assurance, tels que les contrats d'assurance-vie, les hypothèques ou les produits d'investissement. Ces produits peuvent être formulés avec des clauses et des termes techniques complexes, rendant difficile la comparaison entre différentes offres sur le marché. Les entreprises peuvent utiliser cette complexité pour limiter la transparence et rendre plus difficile la prise de décision éclairée par les consommateurs. En conséquence, les consommateurs peuvent être confrontés à des difficultés lorsqu'ils essaient de comprendre les risques, les coûts et les avantages réels associés à ces produits. Cela peut les rendre plus vulnérables aux pratiques commerciales trompeuses ou à la souscription de produits inadaptés à leurs besoins. Les entreprises peuvent créer des produits complexes intentionnellement pour se différencier, ce qui crée une asymétrie d'information entre les entreprises et les consommateurs. Cela peut rendre difficile la comparaison des produits et la prise de décision éclairée par les consommateurs. Des mesures réglementaires, l'accès à des informations normalisées et l'éducation des consommateurs sont des moyens d'atténuer les effets de cette asymétrie d'information.
Un exemple frappant se trouve dans le secteur de la santé ou de la mécanique automobile, où les patients ou clients n'ont souvent qu'une connaissance limitée des problèmes auxquels ils sont confrontés. Les professionnels, tels que les médecins ou les garagistes, possèdent une expertise qui leur confère un avantage informationnel significatif. Cette différence de connaissances peut conduire à des recommandations de services plus onéreux que nécessaire, si ces professionnels choisissent de ne pas agir dans le meilleur intérêt de leurs clients.


Les ordinateurs et les appareils photo numériques sont des exemples de produits qui peuvent présenter un grand nombre de caractéristiques et de spécifications techniques, ce qui peut rendre difficile la comparaison entre les différentes options disponibles sur le marché. Dans le cas des ordinateurs, il existe une multitude de caractéristiques telles que la puissance du processeur, la capacité de stockage, la quantité de mémoire RAM, la taille de l'écran, la carte graphique, etc. De même, pour les appareils photo numériques, il peut y avoir de nombreuses spécifications techniques à considérer, telles que la résolution de l'image, la taille du capteur, la plage de sensibilité ISO, les modes de mise au point, etc. Cette profusion de caractéristiques peut rendre difficile pour les consommateurs de comprendre l'importance réelle de chaque élément et de prendre une décision éclairée lors de l'achat de ces produits.
La complexité intentionnelle est une stratégie couramment observée dans les produits financiers et d'assurance, les offres sont conçues pour être difficilement comparables. Cette approche permet aux entreprises de se distinguer sur le marché, mais elle a également pour effet de semer la confusion parmi les consommateurs, les rendant incapables de sélectionner l'option la mieux adaptée à leurs besoins personnels.


Dans le domaine juridique, il peut y avoir une asymétrie d'information entre les clients et les avocats. Lorsqu'un client engage un avocat pour représenter ses intérêts, il peut avoir une connaissance limitée du comportement effectif de cet avocat au sein de son étude ou de sa pratique. Le client peut ne pas être en mesure d'évaluer pleinement la compétence, l'expérience, l'éthique professionnelle ou la réputation de l'avocat avant de le choisir. De plus, une fois que l'avocat a été engagé, le client peut ne pas avoir un accès direct aux détails du travail effectué par l'avocat et peut ne pas être informé de tous les aspects de la représentation légale. Cela crée une asymétrie d'information où l'avocat dispose d'un avantage informationnel sur ses compétences, son comportement, ses stratégies juridiques et d'autres informations pertinentes pour le dossier du client.
Concernant les produits technologiques, comme les ordinateurs ou les appareils photo numériques, la pléthore de caractéristiques et de spécifications peut submerger le consommateur moyen. Sans une compréhension approfondie de ces caractéristiques et de leur pertinence par rapport à ses propres exigences, le consommateur risque de faire un choix qui ne correspond pas à ses besoins réels, guidé par une surcharge d'informations difficile à décrypter.


La publicité peut introduire des distorsions dans l'information des consommateurs. La publicité est souvent utilisée par les entreprises pour promouvoir leurs produits ou services, mais elle peut présenter des biais et des exagérations qui peuvent affecter la perception des consommateurs. Voici quelques exemples de distorsions de l'information causées par la publicité :
L'engagement de services professionnels, tel que l'embauche d'un avocat, illustre également cette problématique. Bien que conscient du besoin d'assistance juridique, le client peut se trouver démuni face à l'évaluation de la compétence ou de l'intégrité de l'avocat choisi. La décision est souvent basée sur la réputation ou les recommandations, sans certitude quant à l'issue.


# Exagération des avantages : Les publicités ont tendance à mettre en avant les aspects positifs d'un produit ou d'un service, en mettant l'accent sur ses avantages et en minimisant ou en ignorant les éventuels inconvénients. Cela peut créer des attentes irréalistes chez les consommateurs et les inciter à prendre des décisions d'achat basées sur des informations incomplètes.
Enfin, la publicité joue un rôle prépondérant dans la distorsion des informations disponibles pour les consommateurs. Les campagnes publicitaires visent à modeler la perception des produits en mettant en avant des attributs séduisants, tout en minimisant les aspects moins avantageux. Cette pratique contribue à une prise de décision basée sur des informations partielles ou biaisées, éloignant encore plus les consommateurs d'une compréhension complète de leurs choix.
# Manipulation des comparaisons : Les publicités peuvent utiliser des comparaisons sélectives pour présenter un produit comme étant supérieur à ses concurrents. Cela peut inclure la mise en avant de caractéristiques spécifiques qui sont meilleures que celles des concurrents, tout en ignorant d'autres aspects où le produit pourrait être inférieur.
# Utilisation de témoignages et de recommandations biaisés : Les publicités peuvent inclure des témoignages de clients satisfaits ou des recommandations de célébrités qui peuvent ne pas être représentatifs de l'expérience générale des consommateurs. Ces témoignages peuvent être sélectionnés de manière sélective pour renforcer une image positive du produit ou du service.
# Omission d'informations importantes : Les publicités peuvent omettre des informations cruciales ou des conditions associées à l'utilisation du produit ou du service. Par exemple, les publicités peuvent mettre en avant le prix d'un produit sans mentionner les frais supplémentaires ou les limitations qui s'appliquent.
# Utilisation de techniques de persuasion subliminale : Bien que controversée, il est possible que certaines publicités utilisent des techniques de persuasion subliminale pour influencer le comportement des consommateurs sans que ces derniers en soient conscients. Cela peut inclure l'utilisation de couleurs, de symboles ou de messages subtils qui visent à influencer les choix des consommateurs.


Ces distorsions dans l'information peuvent rendre plus difficile pour les consommateurs de prendre des décisions éclairées. Pour atténuer les effets de la publicité sur l'information des consommateurs, il est important de développer un esprit critique et d'adopter une approche plus proactive dans la recherche d'informations indépendantes et objectives. Les consommateurs peuvent consulter des sources d'informations fiables, comparer différentes sources, lire des avis et des commentaires de clients réels, et se baser sur des données factuelles pour prendre des décisions éclairées d'achat.
Ces divers exemples démontrent comment les asymétries d'information traversent de multiples aspects de la consommation, mettant souvent les ménages dans une position vulnérable lorsqu'il s'agit de prendre des décisions importantes. Elles soulignent l'importance cruciale de mesures telles que la réglementation, l'accroissement de la transparence et l'éducation des consommateurs pour atténuer ces asymétries et protéger les intérêts des ménages face à une information imparfaite.


== Exemples d'asymétrie d'information du côté des entreprises ==
== Exemples d'asymétrie d'information du côté des entreprises ==
Il est possible de citer plusieurs exemples pertinents d'asymétrie d'information du côté des entreprises. Voici une explication détaillée de chacun :


# L'employeur connaît-il bien ses employés et l'effort qu'ils vont mettre dans leur travail ? Dans de nombreuses situations, l'employeur a une connaissance limitée de l'effort réel que ses employés vont mettre dans leur travail. Les employés peuvent dissimuler leur niveau d'engagement ou leur productivité, ce qui crée une asymétrie d'information. Cela peut poser un défi pour les employeurs lors de l'évaluation des performances et de la rémunération des employés.
Les asymétries d'information du côté des entreprises soulèvent des défis significatifs dans leurs interactions avec divers acteurs, notamment les employés, les gestionnaires, les clients et les partenaires. Ces défis découlent principalement d'un manque d'information ou de l'accès inégal à celle-ci, impactant la prise de décision et la gestion des risques au sein des entreprises. Ces asymétries se manifestent dans plusieurs contextes clés, influençant la dynamique organisationnelle et les relations d'affaires.
# Les actionnaires contrôlent-ils bien les gestionnaires ? Dans les grandes entreprises, les actionnaires peuvent ne pas avoir une connaissance directe et approfondie de la gestion opérationnelle de l'entreprise. Les gestionnaires et les dirigeants ont généralement une meilleure compréhension des détails opérationnels, de la performance financière et des décisions stratégiques. Cela peut créer une asymétrie d'information entre les actionnaires et les gestionnaires, ce qui peut affecter la surveillance et le contrôle exercés par les actionnaires sur la gestion de l'entreprise.
# Une banque sait-elle bien à qui elle va prêter de l'argent et si son débiteur va pouvoir rembourser sa dette ? Lorsqu'une banque accorde un prêt, elle fait face à une asymétrie d'information quant à la solvabilité et à la capacité de remboursement de l'emprunteur. L'emprunteur a généralement une meilleure connaissance de sa propre situation financière, de ses antécédents de crédit et de sa capacité à rembourser la dette. Cela crée un risque pour la banque en cas de défaut de paiement ou de non-remboursement de la dette.
# Une assurance qui propose des polices contre différents risques sait-elle qui va prendre ces polices ? Lorsqu'une compagnie d'assurance propose des polices d'assurance contre différents risques, elle fait face à une asymétrie d'information quant au profil de risque des souscripteurs potentiels. Les personnes qui cherchent à souscrire une assurance peuvent avoir une meilleure connaissance de leur propre profil de risque et des problèmes de santé ou des antécédents médicaux qui pourraient affecter le coût de l'assurance. Cela peut entraîner des problèmes d'anti-sélection, où les personnes les plus susceptibles de présenter des risques élevés sont plus enclines à souscrire une assurance.
# Pour un fournisseur, dans la chaîne de distribution, l'acheteur est-il fiable (va-t-il payer) ? Dans le contexte de la chaîne de distribution, les fournisseurs peuvent faire face à une asymétrie d'information quant à la fiabilité de leurs acheteurs. Les fournisseurs peuvent ne pas avoir une connaissance complète de la situation financière de leurs acheteurs, de leur capacité à respecter les termes de paiement ou de leur historique de paiement. Cela peut rendre difficile pour les fournisseurs d'évaluer le risque associé à une transaction commerciale.


Dans tous ces exemples, l'asymétrie d'information peut créer des risques et des incertitudes pour les entreprises. Lorsque les entreprises disposent de moins d'informations que les autres parties impliquées, cela peut affecter leurs décisions, leur capacité à évaluer les risques et à prendre des mesures appropriées.
Un domaine où l'asymétrie d'information est particulièrement prégnante est la relation entre les employeurs et leurs employés. Les employeurs peinent souvent à évaluer l'engagement réel et l'effort que les employés consacrent à leur travail. Malgré les processus de recrutement et les évaluations régulières, il reste difficile de mesurer avec précision l'investissement personnel d'un employé, car beaucoup d'aspects de leur performance restent intrinsèquement non observables.


La théorie de l'asymétrie d'information a des applications dans de nombreux domaines, notamment :
Les actionnaires, d'un autre côté, font face à un défi similaire lorsqu'il s'agit de surveiller les gestionnaires qui dirigent les opérations quotidiennes de l'entreprise. Les gestionnaires ont accès à des informations détaillées sur les activités et la santé financière de l'entreprise, tandis que les actionnaires doivent se baser sur des rapports et des déclarations publiques pour évaluer la performance de l'entreprise. Cette asymétrie d'information peut créer des opportunités pour les gestionnaires d'agir selon leurs propres intérêts, potentiellement au détriment des actionnaires.


# Économie et finance : Dans ces domaines, la théorie de l'asymétrie d'information est utilisée pour analyser les marchés, les décisions d'investissement, les contrats financiers, les produits d'assurance, les marchés des valeurs mobilières, etc. Elle aide à comprendre comment les déséquilibres d'information peuvent influencer les résultats économiques, les incitations des acteurs économiques et les mécanismes de régulation.
Dans le secteur financier, les banques et autres institutions font face à une asymétrie d'information lors de l'évaluation des demandeurs de prêt. Malgré les analyses de crédit approfondies, il reste une part d'incertitude quant à la capacité du demandeur à rembourser le prêt, posant un risque pour la banque. Cette incertitude est exacerbée par le fait que les demandeurs peuvent avoir des informations sur leur propre situation financière que la banque ne peut pas connaître.
# Santé et soins de santé : L'asymétrie d'information est pertinente dans le domaine de la santé, où les patients peuvent avoir moins d'informations que les professionnels de la santé. Cela peut influencer les décisions de traitement, les choix de médicaments, les décisions de recherche médicale, etc.
# Éducation : L'asymétrie d'information est également pertinente dans le domaine de l'éducation, où les élèves peuvent avoir moins d'informations que les enseignants ou les établissements d'enseignement. Cela peut influencer les choix de cours, les décisions de carrière, l'accès à l'information sur les opportunités éducatives, etc.
# Droit et justice : Dans le domaine juridique, l'asymétrie d'information est essentielle pour comprendre les relations entre les avocats et les clients, les litiges et les transactions commerciales. Elle est également pertinente pour analyser les systèmes judiciaires et les mécanismes de résolution des litiges.
# Consommation et marketing : L'asymétrie d'information joue un rôle dans les décisions d'achat des consommateurs, les pratiques publicitaires, la concurrence sur les marchés, la confiance des consommateurs, etc. Elle aide à comprendre comment les informations fournies par les entreprises peuvent influencer le comportement des consommateurs.
# Gestion des ressources humaines : L'asymétrie d'information est également pertinente dans la gestion des ressources humaines, où les employeurs peuvent avoir plus d'informations que les employés. Cela concerne les décisions de recrutement, les évaluations de performance, les décisions de rémunération, etc.


Ces domaines ne représentent qu'une partie des applications possibles de la théorie de l'asymétrie d'information. En général, cette théorie est utilisée pour comprendre comment les déséquilibres d'information influencent les décisions, les résultats et les interactions dans une variété de contextes économiques, sociaux et organisationnels.
Les compagnies d'assurance rencontrent également des problèmes d'asymétrie d'information lorsqu'elles proposent des polices couvrant divers risques. Elles doivent estimer la probabilité que ces risques se réalisent sans connaître précisément qui souscrira à ces polices et si ces individus sont plus susceptibles de faire une réclamation. Cette situation est d'autant plus complexe que les clients potentiels ont souvent une meilleure connaissance de leur propre risque.


== Information cachée ==
Enfin, dans les chaînes de distribution, les fournisseurs doivent juger de la fiabilité des acheteurs, notamment leur capacité à payer les biens ou services fournis. L'incertitude entourant la solvabilité de l'acheteur crée une asymétrie d'information qui peut compliquer les transactions et nécessiter des mesures de sécurité supplémentaires, telles que des assurances crédit ou des garanties.
L'asymétrie d'information peut encourager le comportement opportuniste des agents économiques. Lorsqu'une partie détient des informations privées ou supérieures par rapport à d'autres parties, elle peut être incitée à exploiter cet avantage pour maximiser ses propres intérêts aux dépens des autres.


L'exploitation de l'avantage informationnel peut se produire de différentes manières :
Ces contextes variés démontrent l'ampleur des défis posés par les asymétries d'information dans le monde des affaires. Pour y faire face, les entreprises peuvent adopter plusieurs stratégies, comme mettre en place des mécanismes de contrôle et d'incitation, améliorer la transparence et la communication, ou élaborer des contrats bien structurés pour aligner les intérêts des différentes parties prenantes. Ces approches visent à réduire les incertitudes et à favoriser une prise de décision plus informée et efficace au sein des organisations.


* Sélection adverse : Lorsqu'une partie mieux informée utilise son avantage pour sélectionner ou attirer des transactions ou des contrats plus favorables à ses intérêts, tout en évitant les transactions où les risques sont plus élevés. Cela peut conduire à des problèmes de qualité, de prix ou de sélection inéquitable pour les parties moins informées.
== Information cachée ==
* Aléa moral : Lorsqu'une partie mieux informée profite de son avantage pour prendre des risques ou adopter des comportements opportunistes, en sachant que les conséquences négatives seront supportées par les parties moins informées. Par exemple, dans un contrat d'assurance, un assuré peut être incité à prendre des risques supplémentaires, sachant qu'en cas de sinistre, l'assureur en subira les conséquences financières.
L'asymétrie d'information, un phénomène omniprésent dans les marchés économiques, a la capacité d'accroître les comportements opportunistes parmi les agents économiques. Cette situation se produit lorsque certains participants du marché disposent d'un avantage informationnel qu'ils peuvent exploiter au détriment d'autres agents moins bien informés. Cette exploitation peut mener à des inefficiences de marché et à des échecs de marché, les transactions ne se déroulent pas de manière optimale ou équitable.
* Information cachée : Lorsqu'une partie cache ou dissimule des informations pertinentes pour tirer parti de l'asymétrie d'information. Par exemple, dans une transaction de vente, un vendeur peut délibérément omettre de divulguer des défauts ou des problèmes liés au produit afin de conclure la vente à un prix plus élevé, en exploitant le manque d'information de l'acheteur.
 
Ces comportements opportunistes peuvent entraîner des conséquences négatives, tels que des transactions inefficaces, des distorsions de prix, une allocation inefficace des ressources et une baisse de la confiance entre les parties.
 
L'aléa moral (ou risque moral) et la sélection adverse (ou anti-sélection) sont deux types de problèmes d'asymétrie d'information qui se produisent en raison de comportements différents dans des conditions d'information imparfaite.
 
* L'aléa moral (ou risque moral) se réfère à la situation où une partie à une transaction, une fois qu'un accord a été conclu, a l'opportunité de prendre des actions cachées ou risquées qui peuvent nuire aux autres parties. Dans ce cas, l'asymétrie d'information conduit à un comportement opportuniste après que l'accord a été établi. Par exemple, une personne assurée peut avoir une incitation à adopter des comportements risqués, sachant que les conséquences négatives seront couvertes par l'assureur.
* La sélection adverse (ou anti-sélection) fait référence à la situation où une partie mieux informée utilise son avantage d'information pour sélectionner des contrats ou des transactions plus favorables à ses propres intérêts, tout en évitant les transactions où les risques sont plus élevés. Cela se produit avant la conclusion de l'accord, où une partie cache certaines informations ou présente des informations biaisées pour obtenir des conditions plus favorables. Par exemple, dans le marché de l'assurance, les individus qui présentent un risque plus élevé ont plus de chances de souscrire une assurance, tandis que ceux qui présentent un risque moindre sont moins enclins à le faire, conduisant à une mauvaise répartition des risques.
 
Ces deux problèmes d'asymétrie d'information sont liés à des comportements qui diffèrent de ceux qui se produiraient dans des conditions d'information parfaite. Lorsque l'information est parfaite, toutes les parties connaissent les mêmes détails et les mêmes informations, ce qui permet une prise de décision plus éclairée et des résultats plus efficaces. Cependant, en présence d'asymétries d'information, ces comportements opportunistes et les conséquences négatives qui en découlent peuvent se produire, nécessitant la mise en place de mécanismes pour atténuer ces effets et promouvoir des résultats plus équitables et efficaces.


En 2001, le prix Nobel d'économie a été attribué conjointement à trois chercheurs : George Akerlof, Michael Spence et Joseph Stiglitz. Ils ont été récompensés pour leurs contributions à l'analyse des marchés avec des asymétries d'information.
Il existe principalement deux types de problèmes découlant de l'asymétrie d'information : l'aléa moral et la sélection adverse. L'aléa moral, également connu sous le nom de risque moral, survient après la conclusion d'un contrat lorsque l'une des parties engage des actions qui peuvent augmenter les risques ou les coûts pour l'autre partie, qui ne peut pas facilement observer ou contrôler ces actions. Un exemple classique d'aléa moral est un individu qui adopte un comportement de conduite imprudente après avoir souscrit une assurance automobile complète, sachant que les coûts financiers d'un accident seront couverts par l'assureur.


George Akerlof a été récompensé pour son article classique de 1970 intitulé "Le marché des limons : une étude de l'asymétrie de l'information". Dans cet article, Akerlof a examiné comment l'asymétrie d'information entre les vendeurs et les acheteurs sur la qualité des produits peut conduire à des problèmes de sélection adverse sur les marchés. Il a montré comment les vendeurs ayant une information supérieure sur la qualité des produits peuvent tirer profit de cette asymétrie en vendant des biens de moindre qualité, ce qui peut entraîner une détérioration générale du marché. Michael Spence a été récompensé pour son article de 1973 intitulé "Les emplois, les salaires et la sélection des signaux". Spence a développé le concept de la "signalisation" pour expliquer comment les individus peuvent surmonter l'asymétrie d'information sur leurs propres compétences et qualifications. Il a montré comment les individus peuvent envoyer des signaux coûteux, tels que l'obtention d'un diplôme universitaire, pour révéler leurs compétences et se distinguer des autres travailleurs moins qualifiés. Joseph Stiglitz a été récompensé pour ses travaux sur l'économie de l'information, en particulier pour son article de 1976 intitulé "Information et marchés financiers". Stiglitz a étudié comment l'asymétrie d'information dans les marchés financiers peut conduire à des problèmes d'aléa moral, où les emprunteurs peuvent être incités à prendre des risques excessifs une fois qu'ils ont obtenu un financement. Il a également examiné les conséquences de l'asymétrie d'information dans d'autres contextes économiques, tels que le marché du travail et les marchés des biens et services.
La sélection adverse, ou anti-sélection, se produit avant la conclusion d'un contrat, lorsque l'information asymétrique amène une partie à sélectionner des risques défavorables pour l'autre partie. Le marché de l'assurance est également un exemple pertinent de sélection adverse, comme illustré par le célèbre article d'Akerlof sur "le marché des 'lemons'" (voitures d'occasion de mauvaise qualité), où les vendeurs ont plus d'informations sur la qualité de leur voiture que les acheteurs. Cette situation conduit les acheteurs à être prudents et à réduire leur offre, ce qui peut entraîner un effondrement du marché pour les biens de haute qualité.


Ces travaux pionniers ont jeté les bases de la théorie de l'asymétrie d'information et ont eu une influence majeure sur le développement de l'économie de l'information. Ils ont permis de mieux comprendre les effets de l'asymétrie d'information dans les marchés et ont ouvert la voie à de nouvelles recherches sur les incitations, les contrats, la régulation et d'autres aspects économiques liés à l'information.
Ces problèmes d'asymétrie d'information ont été reconnus pour leur importance fondamentale dans l'analyse des marchés et des comportements économiques. En 2001, le prix Nobel d'économie a été attribué conjointement à George A. Akerlof, Joseph E. Stiglitz, et Michael Spence pour leurs contributions pionnières à la compréhension des marchés avec asymétrie d'information. Leurs travaux ont mis en lumière comment l'information cachée et les actions cachées peuvent perturber le fonctionnement efficace des marchés, conduisant à des résultats suboptimaux qui ne se produiraient pas si une information parfaite était disponible. Ces recherches ont non seulement enrichi la théorie économique, mais ont également influencé de manière significative les politiques publiques et la conception des mécanismes de marché pour mieux gérer les effets de l'asymétrie d'information.


== Aléa moral ==
== Aléa moral ==


L'aléa moral se réfère à une situation où un agent, une fois qu'un accord a été conclu, modifie son comportement d'une manière qui va à l'encontre des termes convenus dans l'échange. Cela se produit en raison de l'asymétrie d'information qui existe entre les parties, où une partie dispose de plus d'informations sur ses actions ou comportements futurs que l'autre partie.
L'aléa moral est un concept clé en économie qui décrit une situation où une partie impliquée dans un contrat ou un accord modifie son comportement à son avantage, de façon contraire aux attentes ou aux termes initialement convenus. Ce phénomène peut se produire dans divers contextes et revêtir plusieurs formes, allant de comportements clairement opportunistes à des actions moins flagrantes mais néanmoins problématiques en termes de respect des engagements.
 
Dans le contexte de l'aléa moral, une fois que l'accord a été établi, l'agent mieux informé peut être incité à adopter des comportements risqués, coûteux ou opportunistes, car il sait que les conséquences négatives seront supportées par l'autre partie moins informée. Cela se produit car l'agent sait que les informations sur ses actions futures sont cachées ou difficiles à observer pour l'autre partie.
 
Par exemple, dans le domaine des assurances, une personne assurée peut être incitée à prendre des risques supplémentaires, sachant que les conséquences négatives en cas de sinistre seront supportées par l'assureur. L'assuré bénéficie de l'assurance, mais il peut être tenté d'adopter des comportements imprudents ou de ne pas prendre les précautions nécessaires pour minimiser les risques, car il n'assume pas pleinement les conséquences financières de ses actions.
 
Les exemples suivants illustrent  des comportements d'aléa moral où un agent modifie son comportement à son avantage de manière contraire aux termes acceptés dans l'échange. Voici une brève explication pour chaque exemple :
 
* Un employé surfe sur internet, tire au flanc ou se crée un portefeuille de clients : Dans le contexte du travail, un employé peut profiter de l'asymétrie d'information pour adopter des comportements non productifs, tels que passer du temps excessif à surfer sur internet, ne pas respecter les heures de travail ou utiliser les ressources de l'entreprise à des fins personnelles. De plus, il peut profiter de son accès aux clients ou à des informations confidentielles pour se créer un portefeuille de clients personnels ou tirer profit de ces informations pour son propre bénéfice, ce qui peut être contraire aux termes de l'emploi.
* Déclarer un bien (faussement) volé à l'assurance pour remboursement : Dans ce cas, une personne peut commettre une fraude en déclarant faussement à son assurance que son bien a été volé afin d'obtenir un remboursement financier. Cela constitue un comportement d'aléa moral où la personne abuse de l'asymétrie d'information pour tirer profit de l'assureur en faisant une fausse réclamation.
* Se mettre volontairement au chômage sans intention immédiate de retrouver un emploi : Dans certaines situations, un individu peut délibérément décider de se mettre au chômage en abandonnant son emploi sans avoir l'intention immédiate de chercher un nouvel emploi. Cette situation peut se produire lorsque l'individu est incité par des prestations de chômage ou d'autres incitations financières qui lui permettent de bénéficier d'un revenu sans fournir d'efforts pour retrouver un emploi.
* Détourner l'argent d'un prêt pour un placement très risqué : Dans ce cas, une personne peut obtenir un prêt en présentant des informations fausses ou en dissimulant des informations pertinentes sur l'utilisation prévue des fonds. Cette personne peut ensuite utiliser l'argent du prêt pour effectuer des placements très risqués, avec l'espoir de réaliser un gain important. Cela constitue un comportement d'aléa moral où la personne tire parti de l'asymétrie d'information pour obtenir des fonds et les utiliser d'une manière contraire à l'entente initiale.
 
Ces exemples mettent en évidence les conséquences négatives de l'aléa moral dans différents contextes, où un agent profite de l'asymétrie d'information pour adopter des comportements opportunistes au détriment des autres parties impliquées. Ces comportements peuvent causer des pertes financières, des inefficacités et des problèmes de confiance, soulignant ainsi l'importance de mettre en place des mécanismes pour atténuer l'aléa moral et encourager des comportements plus alignés avec les termes acceptés dans l'échange.
 
Le comportement "immoral" ou "non moral" n'est pas nécessairement extrême et peut englober un large éventail de comportements contraires aux normes ou aux attentes sociales. Dans le contexte de l'économie positive, l'analyse des comportements se concentre davantage sur les incitations et les conséquences économiques, plutôt que sur la moralité intrinsèque des actions. L'économie positive cherche à comprendre et à expliquer les comportements économiques tels qu'ils se produisent dans la réalité, sans émettre de jugement de valeur sur leur moralité. Elle se base sur des hypothèses simplificatrices et des modèles théoriques pour étudier les incitations, les choix rationnels et les conséquences économiques de ces choix. Ainsi, lorsque l'on parle de comportements d'aléa moral, de sélection adverse ou d'autres formes d'asymétrie d'information, l'accent est mis sur les conséquences économiques de ces comportements et sur la manière de les atténuer ou de les gérer de manière efficace. L'économie positive vise à fournir des outils d'analyse et des mécanismes incitatifs pour comprendre ces comportements et favoriser des résultats économiques plus efficaces et équitables.
 
Cependant, il est important de souligner que l'économie positive n'ignore pas les considérations morales ou éthiques. Ces dimensions sont souvent prises en compte dans le cadre de l'économie normative, qui se concentre sur les jugements de valeur et les recommandations sur la manière dont les choses devraient être. L'économie normative est souvent le domaine de l'éthique économique et de la philosophie morale, qui se penchent sur les questions de justice, d'équité et de responsabilité dans le cadre des comportements économiques. En résumé, l'économie positive, en se focalisant sur les incitations et les conséquences économiques, n'émet pas de jugement moral sur les comportements, mais s'efforce de les comprendre et de les expliquer dans le cadre de son analyse.


Les exemples suivants sont des exemples plus "soft" de comportements liés à l'aléa moral ou à la sélection adverse. Ils ne sont pas aussi extrêmes que les exemples précédents, mais ils illustrent néanmoins des situations où l'asymétrie d'information peut entraîner des comportements suboptimaux ou opportunistes. Voici une explication pour chaque exemple :
Les exemples "hard" d'aléa moral illustrent des comportements où les individus exploitent de manière opportuniste des situations à leur avantage, souvent au détriment d'autres parties ou du système dans son ensemble. Par exemple, un employé qui utilise son temps de travail pour des activités personnelles telles que surfer sur Internet ou bâtir un portefeuille de clients indépendant agit clairement à l'encontre des attentes de son employeur. De même, déclarer un bien volé à l'assurance pour obtenir un remboursement indu, se mettre volontairement au chômage sans chercher activement à se réinsérer dans le marché du travail, ou détourner les fonds d'un prêt pour réaliser un investissement très risqué, sont des manifestations d'aléa moral où l'individu cherche à tirer profit d'un système ou d'un contrat à ses propres fins.


* Un employé ne travaille pas au maximum de l'effort possible : Dans un environnement de travail où il y a une asymétrie d'information entre l'employé et l'employeur, l'employé peut choisir de ne pas fournir un effort maximal, sachant que son niveau de productivité réel est difficile à mesurer ou à vérifier pour l'employeur. Cela peut être dû à une faible motivation, à un manque d'intérêt pour le travail ou à un manque d'incitations appropriées.
Toutefois, l'aléa moral peut également se manifester sous des formes plus "soft", moins extrêmes mais toujours problématiques. Un employé qui ne fournit pas l'effort maximal possible, une personne moins vigilante concernant la sécurité d'un objet susceptible d'être perdu ou volé, un chômeur qui ne cherche pas activement un emploi, ou l'utilisation de crédit pour la consommation plutôt que pour l'investissement prévu, sont autant d'exemples où les comportements s'écartent des engagements ou des attentes sans pour autant être aussi flagrants ou intentionnels que les exemples précédents.
* Se montrer moins vigilant par rapport à la perte ou au vol d'un objet ou à tout autre sinistre : Lorsqu'une personne a souscrit une assurance ou qu'elle bénéficie d'une garantie pour la protection contre la perte ou le vol d'un bien, elle peut être moins vigilante ou moins préoccupée par la sécurité de l'objet. Cela peut se produire car l'individu sait qu'il sera indemnisé en cas de sinistre, ce qui peut entraîner une moindre prudence ou un manque d'efforts pour protéger le bien.
* Ne pas chercher très activement un emploi : Dans le cas des personnes au chômage, une asymétrie d'information peut exister entre les chercheurs d'emploi et les employeurs potentiels. Les chercheurs d'emploi peuvent ne pas divulguer tous les détails de leurs compétences, de leur expérience ou de leurs disponibilités, ou ils peuvent ne pas être aussi actifs dans leur recherche d'emploi. Cela peut être dû à des incitations financières, à des prestations de chômage ou à d'autres facteurs qui influencent leur motivation à trouver un emploi rapidement.
* Utiliser le crédit à d'autres fins (consommation plutôt qu'investissement) : Lorsqu'une personne obtient un crédit, par exemple sous la forme d'un prêt ou d'une carte de crédit, elle peut utiliser ces fonds pour des dépenses de consommation plutôt que pour des investissements productifs. Cela peut se produire lorsque l'emprunteur sait qu'il est peu probable que le prêteur ait une connaissance détaillée de la manière dont les fonds seront utilisés. Cette utilisation non optimale du crédit peut entraîner un sur-endettement ou des difficultés financières pour l'emprunteur.


Ces exemples montrent comment les asymétries d'information peuvent influencer les comportements des agents économiques, même dans des situations moins extrêmes. Ils soulignent l'importance de prendre en compte les incitations, les contrôles et les mécanismes appropriés pour atténuer les effets négatifs de l'aléa moral ou de la sélection adverse dans ces contextes.
Il est important de noter que le terme "moral" dans l'expression "aléa moral" ne fait pas référence à un jugement sur la moralité des actions des individus, mais plutôt à l'analyse économique des conséquences de ces comportements sur les accords et les systèmes. L'économie positive, qui cherche à expliquer et à prédire les comportements économiques sans les juger du point de vue de leur moralité, utilise le concept d'aléa moral pour comprendre comment les asymétries d'information et les incitations peuvent conduire à des écarts entre le comportement attendu et le comportement réel des agents économiques. Reconnaître et gérer l'aléa moral est crucial pour concevoir des contrats efficaces, des politiques publiques et des systèmes de régulation qui minimisent les risques d'exploitation opportuniste et favorisent un fonctionnement équitable et efficace des marchés.


== L'aléa moral et les marchés financiers ==
== L'aléa moral et les marchés financiers ==
La fonction de prêteur en dernier ressort des banques centrales ou du Fonds monétaire international (FMI) revient à la présence d'une institution qui intervient en cas de problèmes de liquidité majeurs. Cela peut avoir des implications sur le comportement des opérateurs du marché et les inciter à prendre des risques supplémentaires. Voici quelques éléments pour mieux comprendre cette dynamique :
L'aléa moral dans les marchés financiers est particulièrement préoccupant en raison de l'impact que peuvent avoir les comportements opportunistes sur la stabilité financière globale. Les institutions telles que les banques centrales et le Fonds Monétaire International (FMI) jouent un rôle crucial en agissant comme prêteurs de dernier recours, intervenant en cas de crise de liquidité pour maintenir la stabilité du système financier. Cependant, la simple existence de ces mécanismes de secours peut, paradoxalement, encourager des comportements plus risqués de la part des opérateurs de marché.


* Moral Hazard (risque moral) : La notion de moral hazard fait référence à la situation où la protection ou l'assurance contre un risque incite les individus ou les institutions à prendre des risques supplémentaires qu'ils ne prendraient pas en l'absence de cette protection. Lorsque les banques ou les États savent qu'ils peuvent compter sur une institution de prêteur en dernier ressort, cela peut les inciter à prendre des risques excessifs ou à se reposer sur cette institution pour gérer les conséquences négatives de leurs décisions.
La fonction de prêteur en dernier recours est conçue pour prévenir les effondrements systémiques en fournissant des liquidités en cas de besoin urgent. Toutefois, cette sécurité supplémentaire peut conduire à un phénomène d'aléa moral où les banques, les institutions financières, et même les États, peuvent être tentés de prendre des risques excessifs en comptant sur le fait qu'ils seront secourus en cas de problème. Sachant qu'une aide est disponible en cas de crise, ces entités peuvent être incitées à adopter des stratégies d'investissement plus agressives, à augmenter leur endettement ou à réduire leurs réserves de liquidités, augmentant ainsi la probabilité et la gravité potentielles des crises financières.
* Complaisance réglementaire : La présence d'une institution de prêteur en dernier ressort peut conduire à une certaine complaisance réglementaire. Les banques ou les États peuvent être moins incités à mettre en place des mécanismes de contrôle et de gestion des risques solides, car ils savent qu'en cas de difficultés, ils pourront compter sur l'intervention de cette institution. Cela peut créer un environnement propice à des comportements plus risqués ou à une mauvaise allocation des ressources.
* Effet de stabilisation : D'un autre côté, la fonction de prêteur en dernier ressort peut également avoir un effet de stabilisation sur les marchés en cas de crise. La présence d'une institution qui peut fournir des liquidités de dernier recours peut contribuer à apaiser les craintes des opérateurs du marché, réduisant ainsi la panique et les risques de contagion. Cela peut aider à prévenir l'effondrement généralisé du système financier et à atténuer les crises de liquidité.


Il est important de noter que la fonction de prêteur en dernier ressort est essentielle pour la stabilité financière et la gestion des crises, car elle permet de fournir une bouée de sauvetage en cas de besoin. Cependant, cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de risques associés. Les banques centrales et le FMI doivent trouver un équilibre délicat entre fournir une assurance en cas de crise tout en mettant en place des incitations et des mécanismes pour limiter les comportements excessivement risqués ou l'exploitation de cette assurance.
Ce comportement s'explique par le fait que les gains associés à des investissements risqués sont privatisés, c'est-à-dire qu'ils reviennent à l'entité qui prend le risque, tandis que les pertes, en cas de crise, peuvent être socialisées à travers les interventions des banques centrales ou du FMI. Cette asymétrie crée une incitation perverse à prendre des risques qui ne seraient pas considérés si les entités devaient entièrement assumer les conséquences négatives de leurs actions.


Les régulateurs et les autorités doivent continuellement surveiller et évaluer les risques potentiels liés à la présence d'une institution de prêteur en dernier ressort et mettre en place des réglementations et des politiques appropriées pour atténuer les effets négatifs du moral hazard et encourager une gestion saine des risques par les acteurs du marché.
Pour atténuer l'aléa moral dans les marchés financiers, diverses mesures réglementaires et politiques peuvent être mises en œuvre. Cela peut inclure des exigences plus strictes en matière de capitaux propres et de liquidités pour les banques, l'imposition de sanctions pour les comportements excessivement risqués, ou la mise en place de mécanismes qui assurent que les investisseurs et les institutions financières assument une plus grande part des pertes en cas de crise. De telles mesures visent à réaligner les incitations, encourageant les acteurs du marché à adopter des comportements plus prudents et à mieux évaluer les risques associés à leurs décisions d'investissement.
 
L'introduction d'une plus grande sécurité sur un marché peut paradoxalement entraîner une plus grande prise de risque de la part des acteurs du marché. Cela est souvent attribué à ce que l'on appelle l'effet de moral hazard, où la présence d'une protection ou d'une assurance contre les risques peut inciter les individus ou les institutions à prendre des risques supplémentaires. Lorsqu'une sécurité accrue est perçue sur un marché, les acteurs peuvent être incités à prendre des risques plus importants, car ils se sentent protégés contre les conséquences négatives de leurs décisions. Cette perception de sécurité peut provenir de divers facteurs, tels que des filets de sécurité financière, des garanties gouvernementales, des politiques de sauvetage des banques ou d'autres mécanismes de soutien.
 
Lorsque les acteurs perçoivent qu'ils seront protégés ou secourus en cas de difficultés, cela peut les inciter à adopter des comportements plus risqués ou à prendre des positions plus agressives. Ils peuvent être tentés de rechercher des rendements plus élevés en s'engageant dans des investissements plus spéculatifs ou en prenant des positions plus risquées, sachant que les pertes potentielles seront partiellement ou totalement compensées. Cela peut créer une situation où les acteurs du marché prennent des risques excessifs, en s'appuyant sur l'idée que les pertes potentielles seront externalisées ou absorbées par des mécanismes de sécurité ou de sauvetage. Cela peut également contribuer à une mauvaise allocation des ressources et à la formation de bulles spéculatives, car les acteurs sont incités à poursuivre des gains rapides et importants sans évaluer pleinement les risques associés.


== Cas particulier : les problèmes d'agence ==
== Cas particulier : les problèmes d'agence ==
L'aléa moral est un problème qui se pose fréquemment dans les relations d'agent-principal. Lorsqu'une personne (l'agent) agit au nom d'une autre personne ou d'une entité (le principal), il peut y avoir une asymétrie d'information entre les deux parties, ce qui peut conduire à des comportements opportunistes de la part de l'agent.
Le problème d'agence, un cas spécifique d'aléa moral, met en lumière les défis inhérents aux relations entre deux parties, souvent désignées comme le principal et l'agent. Dans ce contexte, le principal (tel qu'un employeur ou un actionnaire) délègue une tâche ou une responsabilité à l'agent (comme un employé ou un manager), avec l'espoir que l'agent agira dans le meilleur intérêt du principal. Toutefois, étant donné que le principal ne peut pas observer directement ou contrôler parfaitement le comportement ou l'effort de l'agent, cela crée un terrain propice à l'aléa moral.


Dans ce contexte, l'agent a une meilleure connaissance des actions qu'il entreprend et des informations pertinentes pour le principal. L'agent peut être incité à adopter des comportements qui servent ses propres intérêts plutôt que ceux du principal, en exploitant cette asymétrie d'information.
La difficulté centrale réside dans le fait que les intérêts de l'agent peuvent ne pas être parfaitement alignés avec ceux du principal. Par exemple, un manager (agent) pourrait privilégier des projets qui maximisent son prestige ou son bonus personnel, plutôt que la rentabilité à long terme de l'entreprise (intérêt du principal). De même, un employé pourrait choisir de minimiser son effort au travail s'il perçoit que cela n'affectera pas significativement sa rémunération ou sa position au sein de l'entreprise.


Quelques exemples de problèmes d'aléa moral dans les relations d'agent-principal sont :
Pour atténuer les problèmes d'agence et réduire l'incidence de l'aléa moral, il est crucial de concevoir des contrats et des systèmes d'incitation qui alignent les intérêts de l'agent sur ceux du principal. Cela peut inclure des mécanismes de partage des profits, des bonus basés sur la performance, des options d'achat d'actions pour les employés, ou encore des systèmes d'évaluation régulière et transparente de la performance. L'objectif est de faire en sorte que l'amélioration du bien-être de l'agent soit directement liée aux résultats obtenus pour le principal.


* Efforts réduits : L'agent peut être incité à fournir un effort inférieur à celui attendu ou convenu avec le principal, sachant que ses actions ne sont pas facilement observables ou mesurables. Par exemple, un employé peut ne pas travailler aussi dur qu'il le devrait ou ne pas mettre tout son potentiel pour accomplir les tâches qui lui sont assignées.
De plus, le renforcement de la surveillance et de la responsabilité peut jouer un rôle clé dans la limitation des comportements opportunistes. Cela peut impliquer des audits réguliers, l'utilisation de technologies de surveillance au travail (dans le respect de la législation et des normes éthiques), ou encore la mise en place de conseils d'administration actifs et engagés dans la surveillance des décisions managériales.
* Prise de risque excessive : L'agent peut être incité à prendre des risques excessifs au détriment du principal. Par exemple, dans le domaine des investissements, un gestionnaire de portefeuille peut prendre des risques excessifs dans le but de réaliser des gains importants, sachant que les pertes potentielles seront supportées par le principal.
* Sélection adverse : Dans certains cas, l'agent peut cacher ou déformer des informations importantes pour tirer parti de l'asymétrie d'information. Par exemple, dans le recrutement d'un employé, l'agent peut exagérer ses compétences ou son expérience pour obtenir un poste, ce qui peut ne pas être dans l'intérêt du principal.


Dans de nombreux cas, le principal, qu'il s'agisse d'un employeur ou d'un actionnaire, confie une mission ou des responsabilités à un agent, comme un employé ou un manager. Cependant, le principal n'a souvent aucun contrôle direct sur le comportement effectif de l'agent ni sur l'effort qu'il déploiera réellement pour accomplir la mission. Cette situation crée une asymétrie d'information et peut conduire à des problèmes d'aléa moral. L'agent, en ayant une meilleure connaissance de ses propres actions et de l'effort qu'il est disposé à fournir, peut être incité à adopter des comportements qui servent ses propres intérêts plutôt que ceux du principal. Par exemple, un employé peut ne pas fournir un effort maximal ou peut adopter des comportements opportunistes, tels que le fait de tirer au flanc, de procrastiner ou de se livrer à des activités personnelles pendant les heures de travail. De même, un manager peut prendre des décisions qui servent ses propres intérêts plutôt que ceux de l'entreprise ou des actionnaires, par exemple en cherchant à maximiser sa rémunération ou en poursuivant des projets risqués pour sa propre visibilité.
La résolution des problèmes d'agence est un enjeu majeur dans la gestion des organisations et la conception des systèmes économiques. Elle nécessite une attention particulière à la structure des incitations, à la transparence et à la responsabilité pour assurer que les actions de l'agent contribuent effectivement aux objectifs et à la réussite du principal.


Trouver un contrat qui lie le bien-être de l'agent à l'intérêt du principal est une stratégie couramment utilisée pour atténuer les problèmes d'aléa moral dans les relations d'agent-principal. Cela permet d'aligner les incitations de l'agent sur les objectifs et les intérêts du principal, ce qui réduit le risque d'opportunisme ou de comportements contraires aux attentes.
== Comment limiter le problème d'aléa moral ? ==
 
Pour limiter les problèmes découlant de l'aléa moral, diverses stratégies peuvent être mises en œuvre dans différents domaines, telles que les assurances, les problèmes d'agence, les contrats de travail, et l'intervention des prêteurs en dernier recours comme les banques centrales ou le Fonds Monétaire International (FMI).
Un contrat qui assure cette liaison peut prendre différentes formes, notamment :
 
* Contrats incitatifs : Les contrats peuvent être structurés de manière à offrir des incitations financières à l'agent pour qu'il agisse dans l'intérêt du principal. Par exemple, des bonus basés sur la performance, des options d'achat d'actions ou des augmentations de salaire liées aux résultats peuvent être utilisés pour encourager l'agent à atteindre des objectifs spécifiques.
* Contrats à long terme : Les contrats de travail ou d'engagement à plus long terme peuvent favoriser une relation de confiance entre l'agent et le principal. Cela peut réduire l'aléa moral en créant une incitation pour l'agent à adopter des comportements qui préservent la relation à long terme et favorisent la satisfaction du principal.
* Contrats de transparence : Les contrats peuvent inclure des clauses de divulgation d'informations pertinentes pour permettre au principal de mieux évaluer les actions de l'agent. Cela peut réduire l'asymétrie d'information et faciliter la prise de décision éclairée du principal.
* Contrats de responsabilité partagée : Les contrats peuvent inclure des mécanismes de partage des risques et des responsabilités entre l'agent et le principal. Cela peut inciter l'agent à prendre en compte les conséquences de ses actions et à agir de manière responsable.
 
Ces contrats visent à aligner les intérêts de l'agent sur ceux du principal, créant ainsi une incitation à agir de manière responsable et à prendre des décisions qui maximisent la valeur pour l'ensemble des parties concernées. Cependant, il est important de noter qu'il n'existe pas de solution unique pour tous les cas, et la conception du contrat dépendra des caractéristiques spécifiques de la relation d'agent-principal et du contexte dans lequel elle se situe.


== Comment limiter le problème d'aléa moral ? ==
Dans le domaine des assurances, l'introduction de franchises et de participations aux frais peut réintroduire une incitation à la prudence chez les assurés. En ayant à supporter une partie des coûts en cas de sinistre, les assurés sont encouragés à adopter un comportement plus responsable pour minimiser leurs risques et, par conséquent, leurs dépenses potentielles. Cette mesure vise à réduire les comportements de prise de risque excessive sachant que l'assurance couvrira les pertes.
Pour limiter le problème d'aléa moral, il est possible de mettre en place différentes stratégies et mécanismes. Voici quelques approches couramment utilisées :


* Contrats et incitations appropriés : Les contrats peuvent être structurés de manière à offrir des incitations alignées sur les intérêts du principal et à décourager les comportements opportunistes de l'agent. Des mécanismes tels que des incitations financières basées sur la performance, des contrats à long terme avec des clauses de pénalité pour non-respect des engagements, ou des mécanismes de partage des risques peuvent être utilisés pour créer des incitations incitant l'agent à agir de manière responsable.
En ce qui concerne les problèmes d'agence, notamment dans les relations entre employeurs et employés ou entre actionnaires et managers, la rétribution basée sur la performance se présente comme une solution efficace. L'attribution de primes, de bonus, ou de stock-options aux managers, dont la rémunération est directement liée à la performance de l'entreprise, assure une convergence des intérêts des managers avec ceux des actionnaires. Cette approche vise à motiver les agents à agir dans le meilleur intérêt de l'entreprise, favorisant ainsi sa réussite à long terme.
* Surveillance et évaluation de la performance : La surveillance régulière et l'évaluation de la performance de l'agent permettent de contrôler ses actions et de s'assurer qu'il agit conformément aux attentes du principal. Cela peut inclure des revues régulières, des évaluations formelles, des audits ou des rapports détaillés pour détecter les comportements opportunistes ou les déviations par rapport aux objectifs convenus.
* Transparence et divulgation d'informations : Encourager la transparence et la divulgation d'informations pertinentes peut réduire l'asymétrie d'information et fournir au principal une meilleure visibilité sur les actions de l'agent. Cela peut se faire en exigeant des rapports réguliers, en mettant en place des systèmes de suivi de performance transparents ou en fournissant des informations sur les processus décisionnels clés.
* Culture organisationnelle et éthique : Promouvoir une culture organisationnelle axée sur l'intégrité, la responsabilité et l'éthique peut contribuer à réduire les comportements opportunistes. Cela implique de créer un environnement où les individus sont incités à agir de manière responsable et où les valeurs de l'organisation encouragent la conformité aux normes éthiques.
* Sélection rigoureuse et formation : La sélection initiale d'agents de confiance et compétents est essentielle pour réduire les problèmes d'aléa moral. Une évaluation rigoureuse des compétences, des antécédents et des valeurs peut permettre de minimiser les risques liés à l'opportunisme. De plus, une formation continue peut aider à renforcer les compétences et les connaissances des agents, favorisant ainsi leur engagement envers les valeurs et les objectifs du principal.


Les mécanismes suivants sont des stratégies couramment utilisées pour limiter les problèmes d'aléa moral et d'agence dans différents domaines. Voici une explication de chaque mécanisme :
Dans les contrats de travail, l'équilibre entre le bâton et la carotte, associé à un contrôle aléatoire et à des salaires élevés, peut également contribuer à limiter l'aléa moral. En combinant des récompenses pour les performances supérieures et des sanctions pour les comportements inappropriés, tout en réalisant des contrôles inopinés, les employeurs peuvent encourager leurs employés à maintenir un niveau de performance élevé et à agir de manière alignée avec les objectifs de l'organisation.


* Franchise et participation aux frais dans les assurances : Lorsqu'une assurance impose une franchise ou une participation aux frais, cela incite l'assuré à adopter des comportements prudents pour éviter les sinistres ou les dépenses excessives. En ayant une responsabilité financière partielle, l'assuré est encouragé à prendre des décisions plus réfléchies et à éviter les comportements risqués.
Enfin, pour les prêteurs en dernier recours comme la banque centrale ou le FMI, il est crucial d'asseoir une crédibilité en n'assistant pas systématiquement les pays ou les banques en difficulté. En évitant une aide automatique, ces institutions peuvent encourager une gestion plus prudente des risques, sachant que le soutien en cas de crise n'est pas garanti. Cette approche vise à prévenir la dépendance à l'aide et à promouvoir une discipline financière parmi les acteurs des marchés financiers.
* Rétribution basée sur la performance dans les problèmes d'agence : Lorsqu'il y a une relation d'agence entre le principal (par exemple, les actionnaires) et l'agent (par exemple, les managers), une rétribution basée sur la performance peut être utilisée pour aligner les intérêts de l'agent sur ceux du principal. Cela peut inclure des primes, des bonus, des stock-options ou d'autres formes de rémunération liées à la réalisation des objectifs et aux résultats financiers de l'entreprise. Ces incitations financières incitent les agents à prendre des décisions qui maximisent la valeur pour les actionnaires.
* Contrôle aléatoire et salaires élevés dans les contrats de travail : Dans les relations d'employeur-employé, l'utilisation de contrôles aléatoires peut dissuader les comportements opportunistes de la part des employés. Les salaires élevés peuvent également servir d'incitation à fournir un effort maximal, car les employés ont plus à perdre en cas de mauvaise performance. L'association d'un salaire élevé à des résultats performants peut renforcer l'engagement de l'employé envers les objectifs de l'entreprise.
* Crédibilité des prêteurs en dernier recours : Pour les institutions de prêteur en dernier recours telles que les banques centrales et le FMI, il est essentiel de maintenir une crédibilité en ne fournissant pas systématiquement une assistance aux pays ou aux banques en difficulté. En établissant des critères stricts pour l'octroi d'une assistance et en exigeant des mesures de réforme ou d'ajustement de la part des emprunteurs, ces institutions réduisent les incitations à la prise de risques excessifs et encouragent une gestion plus responsable.


Ces mécanismes visent tous à aligner les incitations des parties concernées, à créer des conséquences pour les comportements irresponsables et à promouvoir une gestion plus prudente des risques. Cependant, il est important de noter qu'aucun mécanisme n'est parfait et qu'il est nécessaire d'adapter ces approches en fonction des spécificités de chaque situation.
En somme, limiter l'aléa moral exige un ensemble de stratégies adaptées à chaque contexte, allant de la conception des produits d'assurance à la structure des rémunérations et à la politique des institutions financières. Ces mesures, en alignant mieux les incitations entre les différentes parties, visent à réduire les comportements opportunistes et à favoriser une gestion plus responsable et efficace des ressources.


== Un exemple d'agence ==
== Un exemple d'agence ==


Dans l'exemple suivant, nous avons une relation d'agence entre un propriétaire (principal) et un vendeur (agent) d'une boutique. Le chiffre d'affaires mensuel de la boutique dépend à la fois de l'acharnement au travail du vendeur et de la demande de vêtements, qui varie entre faible, moyenne et forte avec une probabilité égale de 1/3.
Dans ce scénario d'agence, le propriétaire de la boutique (le principal) confie la gestion de son commerce à un vendeur (l'agent), avec la performance de la boutique dépendant significativement de l'effort du vendeur. Le vendeur se trouve face à un choix : fournir un effort considérable en travaillant d'arrache-pied, ce qui lui coûte 1 000 francs, ou choisir de minimiser son effort en tirant au flanc, ce qui ne lui coûte rien.
 
Le vendeur a le choix de travailler d'arrache-pied ou de tirer au flanc. Travailler d'arrache-pied implique un coût pour le vendeur, évalué à 1 000 francs dans cet exemple.
 
Le bénéfice de la boutique est calculé comme la différence entre le chiffre d'affaires et le salaire du vendeur. Le gain net du vendeur est simplement le salaire moins la valeur monétaire de l'effort (1 000 francs) s'il décide de le fournir.
 
Ce scénario illustre un problème d'agence où le principal (le propriétaire de la boutique) ne peut pas observer directement l'effort fourni par l'agent (le vendeur) et doit s'appuyer sur les résultats (le chiffre d'affaires) pour évaluer les performances de l'agent.
 
Dans cette situation, l'agent (le vendeur) a un choix à faire en termes d'effort fourni. S'il choisit de travailler d'arrache-pied, cela entraîne un coût pour lui de 1 000 francs, mais cela peut également augmenter le chiffre d'affaires de la boutique et, par conséquent, le bénéfice net. S'il choisit de tirer au flanc et de ne pas fournir cet effort supplémentaire, il n'aura pas à supporter le coût de 1 000 francs, mais le chiffre d'affaires et le bénéfice de la boutique seront inférieurs.
 
L'enjeu pour le propriétaire est de concevoir des incitations appropriées pour encourager l'agent à fournir l'effort souhaité. Cela pourrait être fait en offrant des salaires plus élevés en fonction des performances, en introduisant des primes basées sur les résultats ou en établissant un contrat qui aligne les intérêts du vendeur sur ceux du propriétaire.


Ce cas d'agence montre comment l'asymétrie d'information entre le principal et l'agent peut créer des incitations différentes pour l'agent, et comment la conception des incitations et des contrats peut jouer un rôle important dans l'alignement des intérêts et la maximisation des résultats pour toutes les parties concernées.[[Fichier:Problèmes d'information et les choix publics exemple agence 1.png|400px|vignette|centré]]
La demande pour les vêtements de la boutique varie, pouvant être faible, moyenne, ou forte, avec une probabilité égale pour chacun de ces états, soit un tiers. Le chiffre d'affaires mensuel de la boutique, et donc indirectement le bénéfice du propriétaire, dépend de cet effort fourni par le vendeur ainsi que de la demande fluctuante.


Dans ce scénario d'agence entre le propriétaire (principal) et le vendeur (agent) d'une boutique, il y a deux cas possibles en termes de structure de rémunération : salaire fixe et salaire variable.
Le bénéfice de la boutique est calculé en soustrayant le salaire du vendeur au chiffre d'affaires généré. Du côté du vendeur, son gain net se définit comme son salaire moins la valeur monétaire de l'effort fourni (1 000 francs) si l'effort est effectivement réalisé. Cette structure met en évidence la nature du problème d'agence : le propriétaire souhaite maximiser le bénéfice de sa boutique en incitant le vendeur à travailler durement, mais sans pouvoir directement observer ou mesurer cet effort.


# Cas du salaire fixe : Dans ce cas, le vendeur reçoit un salaire fixe indépendamment de son niveau d'effort et des performances de la boutique. Qu'il travaille d'arrache-pied ou tire au flanc, son salaire reste constant. Cela crée un risque d'aléa moral, car le vendeur peut être moins incité à fournir un effort supplémentaire s'il sait que son salaire ne sera pas affecté.
Pour aligner les intérêts du vendeur avec les siens, le propriétaire pourrait envisager des mécanismes incitatifs. Ces mécanismes pourraient inclure une structure de rémunération variable, le salaire du vendeur est lié au chiffre d'affaires ou au bénéfice de la boutique, offrant ainsi au vendeur un incitant financier direct à maximiser les performances de la boutique. Alternativement, des bonus ou des récompenses pourraient être offerts pour atteindre ou dépasser certains seuils de vente, encourageant ainsi l'effort et la performance.


Pour atténuer ce problème, le propriétaire pourrait mettre en place d'autres mécanismes pour encourager l'effort et les performances, tels que des primes ponctuelles basées sur les résultats ou des opportunités de promotion et d'avancement en fonction des performances. Cela introduit une dimension de récompense supplémentaire pour motiver le vendeur à fournir un effort maximal et à maximiser le chiffre d'affaires de la boutique.
Ce modèle simplifié illustre les défis inhérents à la gestion des problèmes d'agence et la nécessité de concevoir des contrats et des systèmes d'incitation qui motivent les agents à agir dans le meilleur intérêt de leurs principaux, tout en tenant compte des coûts et des efforts impliqués pour les agents.


Dans le cas où le propriétaire offre un salaire fixe de 3000 francs au vendeur, ce dernier n'a aucune incitation à travailler d'arrache-pied et le bénéfice moyen de la boutique sera calculé avec la deuxième ligne du tableau des chiffres d'affaires.
[[Fichier:Problèmes d'information et les choix publics exemple agence 1.png|400px|vignette|centré]]


Le bénéfice moyen de la boutique peut donc être calculé comme suit :
Deux cas possibles :


<math>\frac {5000 + 10000 + 15000}{3} - 3000 = 7000</math>
Dans le cas du salaire fixe où le propriétaire offre un salaire de 3 000 au vendeur, ce dernier n'a aucune incitation à fournir un effort supplémentaire. En effet, peu importe son niveau d'effort, sa rémunération reste la même. Ainsi, sans motivation à travailler d'arrache-pied, le vendeur opte probablement pour le moindre effort, entraînant des performances moyennes pour la boutique.


Dans ce scénario, le propriétaire assume le risque de fluctuations de la demande de vêtements, mais le vendeur ne perçoit pas de récompense directe pour ses efforts supplémentaires ou sa contribution à l'amélioration des performances de la boutique. Cela peut créer un risque d'aléa moral, le vendeur peut être moins incité à fournir un effort maximal ou à chercher à augmenter le chiffre d'affaires.
Le bénéfice moyen de la boutique, dans ce contexte, est calculé en se basant sur la deuxième ligne du tableau des chiffres d'affaires, représentant des résultats obtenus sans effort exceptionnel de la part du vendeur. Les chiffres d'affaires possibles sont de 5 000, 10 000 et 15 000, avec une probabilité égale pour chaque scénario. Le bénéfice moyen est donc obtenu en faisant la moyenne de ces chiffres d'affaires, puis en soustrayant le salaire fixe du vendeur. Ce calcul aboutit à un bénéfice moyen de 7 000, dérivé de la formule <math>\frac{5000 + 10000 + 15000}{3} - 3000</math>.


# Cas du salaire variable : Dans ce cas, le vendeur reçoit une rémunération variable basée sur les performances de la boutique. Par exemple, une partie de son salaire pourrait être basée sur un pourcentage des ventes réalisées ou du bénéfice net de la boutique. Ainsi, le salaire du vendeur varie en fonction des résultats obtenus.
Ce scénario met en lumière les limitations d'un salaire fixe dans des contextes où l'effort du travailleur a un impact direct sur les résultats financiers de l'entreprise. Sans incitation financière à améliorer sa performance, le vendeur ne se sent pas motivé à augmenter son effort, ce qui peut limiter le potentiel de profit de l'entreprise.


Cela crée une incitation directe pour le vendeur à fournir un effort maximal et à maximiser le chiffre d'affaires de la boutique, car cela a un impact direct sur sa rémunération. En liant étroitement la rémunération à la performance, le propriétaire aligne les intérêts du vendeur sur ceux de la boutique, réduisant ainsi le risque d'aléa moral.
Dans le cas d'un salaire variable, le vendeur reçoit une rémunération directement liée au chiffre d'affaires généré: il perçoit un salaire de 12 000 si le chiffre d'affaires atteint 20 000, et de 3 000 si le chiffre d'affaires est inférieur à 20 000. Ce système incitatif encourage le vendeur à fournir un effort supplémentaire pour maximiser les ventes, étant donné que son gain net devient plus intéressant avec l'effort. En effet, le gain net du vendeur avec effort est calculé par la formule <math>\frac{3000 + 3000 + 12000}{3} - 1000 = 5000</math>. L'effort supplémentaire devient donc financièrement avantageux pour le vendeur.


Dans le cas d'un salaire variable lié au chiffre d'affaires, le vendeur perçoit un salaire de 12 000 francs si le chiffre d'affaires mensuel atteint 20 000 francs, et un salaire de 3 000 francs si le chiffre d'affaires est inférieur à 20 000 francs.
Sous ce régime de rémunération variable, le bénéfice moyen de la boutique connaît une amélioration significative. En assumant que l'effort du vendeur augmente le chiffre d'affaires aux niveaux plus élevés, le bénéfice moyen est calculé comme suit: <math>\frac{10000 + 15000 + 20000}{3} - \frac{3000 + 3000 + 12000}{3} = 9000</math>. Cette structure de salaire incitatif entraîne non seulement un gain net plus élevé pour le vendeur mais aussi un bénéfice moyen plus conséquent pour la boutique, démontrant l'efficacité de lier la rémunération à la performance pour stimuler l'effort et améliorer les résultats financiers.
 
En utilisant la formule précédente pour le gain net du vendeur, le calcul devient :
 
Gain net du vendeur avec effort = <math>\frac {3000 + 3000 + 12000}{3} - 1 000 = 5 000</math>.
 
Dans ce cas, fournir l'effort devient intéressant pour le vendeur, car le gain net est positif. En conséquence, il est incité à travailler d'arrache-pied et à contribuer à l'augmentation du chiffre d'affaires de la boutique.
 
Le bénéfice moyen de la boutique peut être calculé en utilisant la formule précédente :
 
Bénéfice moyen de la boutique = <math> \frac {10000 + 15000 + 20000}{3} - \frac {3000 + 3000 + 12000}{3} = 9000</math>.
 
Ainsi, avec ce mécanisme de salaire incitatif basé sur le chiffre d'affaires, le bénéfice moyen de la boutique est plus élevé (9000 francs) par rapport au cas du salaire fixe (7000 francs). Cela s'explique par le fait que le salaire variable motive le vendeur à fournir un effort maximal pour augmenter le chiffre d'affaires, ce qui se traduit par un bénéfice accru pour la boutique.


== Sélection adverse ==
== Sélection adverse ==
Lla sélection adverse est un phénomène qui se produit lorsque l'une des parties sur un marché ne dispose pas d'informations complètes sur la qualité ou les caractéristiques du service échangé avec l'autre partie. Cette asymétrie d'information peut conduire à des résultats indésirables, car la partie moins informée peut être confrontée à des risques ou à des conséquences négatives liées à la qualité inférieure du service.
La sélection adverse est un phénomène qui se produit dans des situations de marché où il existe une asymétrie d'information concernant la qualité intrinsèque des biens ou des services échangés. Cette situation est particulièrement problématique lorsque la qualité des produits ou des services varie de manière significative, mais que cette information n'est pas également accessible à toutes les parties prenantes. Contrairement à un marché de concurrence parfaite où la transparence de l'information permet un ajustement adéquat des prix en fonction de la qualité, la sélection adverse intervient lorsque les acteurs du marché ne peuvent pas distinguer clairement les différents niveaux de qualité avant de procéder à l'achat ou à l'échange.
 
Un exemple courant de sélection adverse se trouve sur le marché de l'assurance. Les assureurs sont confrontés au problème de ne pas connaître la qualité des risques qu'ils assurent avant de conclure un contrat. Les personnes qui recherchent une assurance peuvent avoir une connaissance plus précise de leur état de santé, de leur propension aux accidents, ou d'autres facteurs qui influencent le niveau de risque. Les personnes présentant un risque plus élevé ont tendance à être plus motivées pour souscrire une assurance, ce qui peut créer un déséquilibre entre les assurés et entraîner une augmentation des primes pour tous les souscripteurs.
 
Dans un tel scénario, les assureurs peuvent mettre en place des mécanismes pour atténuer les effets de la sélection adverse. Cela peut inclure la collecte d'informations détaillées sur les antécédents médicaux, la conduite d'examens de santé, l'établissement de critères stricts pour l'admissibilité à certaines polices d'assurance, ou l'utilisation de tarifs différenciés en fonction des risques identifiés.
 
Lorsque la qualité des biens ou des services sur un marché est hétérogène et que l'information sur cette qualité est asymétrique, cela peut créer des problèmes dans le processus d'échange. Dans le cas où les différences de qualité sont clairement observables par les acheteurs et que la concurrence est parfaite, les prix peuvent s'ajuster en fonction de la qualité. Les acheteurs sont alors en mesure de prendre des décisions éclairées en fonction de leurs préférences et de la qualité recherchée, et il n'y a pas de perte particulière.
 
Cependant, le problème se pose lorsque les différentes qualités ne peuvent pas être facilement distinguées par les acheteurs ou les vendeurs sur le marché. Dans de tels cas, les biens ou les services de différentes qualités peuvent se mélanger, et cela crée une incertitude et un risque pour les acheteurs. Lorsqu'il y a un risque lié à la qualité, les acheteurs peuvent être réticents à effectuer des échanges marchands, car ils ne sont pas sûrs de la qualité réelle du bien ou du service qu'ils vont obtenir. Cela peut entraîner une réduction de la confiance des consommateurs et une baisse des échanges sur le marché.
 
L'aléa moral et la sélection adverse peuvent être étroitement liés et parfois difficiles à distinguer, car ils sont tous deux des problèmes découlant de l'asymétrie d'information.
 
* L'aléa moral se produit lorsque l'une des parties à une transaction modifie son comportement de manière opportuniste après la conclusion de l'échange, en exploitant l'asymétrie d'information pour son avantage. Cela se produit souvent lorsque des incitations inadéquates sont en place et que les parties peuvent profiter de l'ignorance ou de la faible connaissance de l'autre partie.
* La sélection adverse, quant à elle, se produit avant même la conclusion de l'échange, lorsqu'une partie sur le marché ne dispose pas d'informations complètes sur la qualité ou les caractéristiques du service proposé par l'autre partie. Cela peut conduire à une situation où les biens ou les services de qualité inférieure ou indésirable prédominent sur le marché, car les parties moins informées ont tendance à être plus motivées pour acheter ou vendre.
 
Ces deux phénomènes sont souvent étroitement liés, car l'asymétrie d'information peut créer des incitations pour les parties à modifier leur comportement opportuniste (aléa moral) ou pour que des biens ou des services de qualité inférieure se retrouvent sur le marché (sélection adverse). Les deux problèmes peuvent entraîner des inefficacités économiques et des résultats indésirables.
 
La distinction entre l'aléa moral et la sélection adverse peut être nuancée et dépend du moment où l'asymétrie d'information a un impact sur le processus d'échange. Dans le cas de l'aléa moral, les problèmes se manifestent après la conclusion de l'échange, tandis que dans le cas de la sélection adverse, les problèmes se posent avant même la conclusion de l'échange. Dans certains cas, il peut être difficile de déterminer avec certitude si un problème particulier relève de l'aléa moral, de la sélection adverse, ou d'une combinaison des deux. Dans tous les cas, l'objectif principal est de concevoir des mécanismes et des incitations appropriés pour atténuer les effets négatifs de l'asymétrie d'information, afin de favoriser des échanges efficaces et équitables sur le marché.


Dans l'exemple suivant, nous pouvons voir comment la sélection adverse et l'aléa moral peuvent se manifester dans le contexte de l'assurance automobile.
Ce manque de transparence crée un risque pour l'acheteur qui peut se retrouver avec un produit ou un service de qualité inférieure sans que cela soit reflété dans le prix. La sélection adverse peut mener à une situation où les produits de haute qualité sont sous-évalués ou même poussés hors du marché, car les vendeurs de produits de qualité inférieure sont en mesure de les proposer à des prix similaires sans que les acheteurs puissent faire la distinction avant l'achat.


Monsieur X décide de souscrire une assurance "casco" complète, ce qui implique une couverture étendue pour les dommages causés à son véhicule. Il fait ce choix parce qu'il est conscient des risques qu'il prend au volant, tels que sa propension à avoir des accidents ou à endommager son véhicule. Dans ce cas, la sélection adverse se produit, car Monsieur X est mieux informé sur sa propre situation et prend une décision d'assurance en fonction de cette information. Cela peut créer un déséquilibre dans le pool d'assurés, car ceux qui présentent un risque plus élevé ont tendance à être plus motivés pour souscrire une assurance plus complète.
Il est intéressant de noter que bien que la sélection adverse et l'aléa moral soient des concepts différents, ils sont parfois difficiles à distinguer en pratique. La distinction repose sur le moment où l'asymétrie d'information influence le marché : avant la transaction dans le cas de la sélection adverse, et après la transaction dans le cas de l'aléa moral.


D'autre part, Monsieur Y, qui bénéficie également d'une assurance "casco" complète, peut être enclin à adopter un comportement plus risqué en conduisant plus vite, sachant qu'il est couvert par une assurance qui prendra en charge les dommages. Dans ce cas, l'aléa moral se produit, car Monsieur Y modifie son comportement de manière opportuniste, sachant qu'il ne subira pas les conséquences financières directes de ses actes. Cela crée un désalignement des incitations, car Monsieur Y peut prendre des risques supplémentaires en raison de la présence de l'assurance.
Un exemple illustratif concerne le marché des assurances. Dans le cas de la sélection adverse, un individu, conscient des risques élevés qu'il prend en conduisant (comme Monsieur X), peut choisir de souscrire à une assurance complète "casco", sachant que le risque de réclamation est plus élevé en raison de son comportement au volant. L'assureur, ne disposant pas de cette information spécifique sur le comportement de conduite de chaque assuré, risque de fixer un tarif qui ne reflète pas adéquatement le niveau de risque réel. En revanche, l'aléa moral se manifeste après la conclusion du contrat d'assurance, comme dans le cas de Monsieur Y qui, sachant qu'il est couvert par une assurance complète "casco", décide de rouler plus vite, augmentant ainsi le risque d'accident après avoir souscrit à l'assurance. Dans les deux cas, l'asymétrie d'information crée des inefficiences de marché et des défis pour les fournisseurs de services ou de biens à gérer efficacement les risques associés.
 
Ces deux exemples illustrent comment l'asymétrie d'information peut influencer les comportements des individus dans le contexte de l'assurance automobile. La sélection adverse se manifeste lorsque Monsieur X choisit une couverture plus complète en fonction de sa connaissance des risques, tandis que l'aléa moral se produit lorsque Monsieur Y adopte un comportement plus risqué en se reposant sur l'assurance.


== Qualités hétérogènes ==
== Qualités hétérogènes ==
Dans le cas où les qualités des biens ou des services sont hétérogènes et que l'information sur cette qualité est asymétrique, la sélection adverse peut se manifester. La sélection adverse se produit lorsque les biens ou les services de qualité inférieure ou indésirable prédominent sur le marché, car les parties moins informées sont plus motivées pour acheter ou vendre.
La sélection adverse est un phénomène qui devient particulièrement notable dans des contextes où les qualités des biens ou des services proposés sur le marché sont hétérogènes, et l'information sur cette qualité n'est pas uniformément distribuée entre les vendeurs et les acheteurs. Cela conduit à une situation où les biens ou services de qualité inférieure, les "mauvais" dans le langage courant, peuvent se fondre parmi ceux de qualité supérieure sans être facilement identifiables au préalable par l'acheteur ou le consommateur. Cette situation est d'autant plus problématique que les acteurs de qualité inférieure ont souvent un intérêt économique à masquer cette réalité pour se vendre au prix des biens ou services de meilleure qualité.
 
Un aspect particulier de la sélection adverse est que les biens ou services de qualité inférieure peuvent se camoufler parmi les biens ou services de qualité supérieure. Cela peut rendre difficile pour les parties moins informées de faire la distinction entre les différentes qualités et de prendre des décisions éclairées. Prenons l'exemple du marché de l'occasion pour les voitures. Les voitures de qualité supérieure et celles de qualité inférieure peuvent être mises en vente sur le même marché, sans qu'il soit facilement discernable pour les acheteurs potentiels laquelle est de meilleure qualité. Les vendeurs peuvent chercher à vendre des voitures de qualité inférieure en les présentant de manière trompeuse ou en dissimulant les problèmes potentiels. Cela crée une asymétrie d'information où les vendeurs ont plus de connaissances sur la qualité réelle de la voiture que les acheteurs.
 
En conséquence, les acheteurs peuvent être réticents à effectuer des achats sur ce marché, car ils craignent de choisir une voiture de qualité inférieure sans pouvoir la distinguer des voitures de qualité supérieure. Cela peut entraîner une réduction de la confiance des consommateurs et une diminution des échanges sur le marché.


Les exemples suivants illustrent bien la présence de sélection adverse dans différents marchés où les qualités des biens ou des individus sont hétérogènes et où l'information sur cette qualité est asymétrique.
Les exemples de sélection adverse sont variés et touchent de nombreux secteurs :


* Marché du travail : Les employeurs peuvent avoir du mal à connaître précisément les compétences, la motivation ou le niveau d'effort de leurs employés. L'asymétrie d'information peut entraîner une sélection adverse, car certains employés pourraient dissimuler leur faible niveau de compétences ou leur manque de motivation lors de l'embauche, ce qui peut avoir un impact négatif sur la performance globale de l'entreprise.
* Sur le marché du travail, les employeurs peuvent avoir du mal à discerner les compétences réelles, la motivation et la fiabilité des employés potentiels lors du processus d'embauche. Malgré les CV, les lettres de motivation et les entretiens, l'employeur ne dispose pas toujours de toutes les informations pour faire une évaluation parfaite.
* Marché du crédit : Les banques peuvent rencontrer des difficultés à distinguer les emprunteurs "bons pères de famille" (qui sont susceptibles de rembourser leurs dettes) des emprunteurs à risque élevé (qui peuvent avoir des antécédents de mauvais remboursement ou un comportement financier irresponsable). L'asymétrie d'information peut conduire à une sélection adverse, où les emprunteurs à risque élevé sont plus motivés à obtenir un prêt, tandis que les emprunteurs à faible risque peuvent être moins enclins à demander un prêt.
* Dans le domaine du crédit, les banques et autres institutions financières sont confrontées au défi de distinguer les emprunteurs solvables et responsables des individus présentant un risque de défaut plus élevé. Malgré les analyses de crédit et les systèmes de scoring, la distinction n'est pas toujours claire et peut conduire à l'octroi de crédits à des individus moins aptes à rembourser.
* Marché de l'assurance : Les clients ont souvent une meilleure connaissance de leurs propres risques que les assureurs. Par exemple, dans le domaine de l'assurance automobile, les conducteurs peuvent connaître leurs antécédents de conduite, leurs habitudes de conduite et leur propension à prendre des risques, tandis que les assureurs ont une information limitée sur ces facteurs. Cela crée une asymétrie d'information et peut entraîner une sélection adverse, où les conducteurs à risque élevé sont plus motivés à souscrire une assurance, tandis que les conducteurs à faible risque peuvent être moins enclins à le faire.
* Sur le marché de l'assurance, le problème de sélection adverse est illustré par le fait que les clients connaissent mieux leurs propres risques et comportements que l'assureur. Cela peut encourager les individus à haut risque à souscrire plus fréquemment à des assurances, sachant que le tarif proposé ne reflète pas leur risque réel.
* Marché de l'occasion : Lors de l'achat d'un véhicule d'occasion, il peut être difficile de connaître la qualité réelle du véhicule, notamment en termes de performances, d'entretien et de problèmes potentiels. Les vendeurs peuvent dissimuler les défauts ou présenter le véhicule de manière trompeuse pour obtenir un prix plus élevé. Cela crée une asymétrie d'information et peut conduire à une sélection adverse, où les véhicules de qualité inférieure peuvent se mêler aux véhicules de qualité supérieure sur le marché de l'occasion.
* Dans le marché de l'occasion, particulièrement pour les véhicules, il est souvent difficile pour l'acheteur de déterminer la qualité réelle et l'historique complet du véhicule. Le vendeur, ayant plus d'informations sur le véhicule, peut omettre ou minimiser les défauts.


Dans tous ces exemples, la sélection adverse est présente en raison de l'asymétrie d'information entre les parties. Cela peut conduire à des résultats indésirables, tels que des performances sous-optimales, des prix inappropriés ou une réduction de la confiance des consommateurs sur le marché. La mise en place de mécanismes visant à réduire l'asymétrie d'information, tels que des évaluations, des certifications, des contrôles ou des signaux de qualité, peut contribuer à atténuer les effets de la sélection adverse.
Ces exemples mettent en lumière les difficultés intrinsèques à la gestion de l'information et à la prise de décision dans un contexte d'information asymétrique. Ils illustrent la nécessité pour les marchés et les institutions de développer des mécanismes et des politiques pour améliorer la transparence de l'information et réduire les effets négatifs de la sélection adverse. Des solutions telles que la certification de qualité, les garanties, les évaluations indépendantes ou encore les systèmes de réputation peuvent contribuer à atténuer ce problème en fournissant aux parties moins informées des moyens de mieux évaluer la qualité des biens ou services qu'elles envisagent d'acquérir.


== La sélection adverse et le marché du travail ==
== La sélection adverse et le marché du travail ==
La sélection adverse peut jouer un rôle dans le marché du travail, notamment dans la prise de décision de l'employeur concernant les salaires et les licenciements.
La sélection adverse sur le marché du travail illustre un dilemme auquel sont confrontés les employeurs lorsqu'ils cherchent à comprendre et à gérer la dynamique de leur main-d'œuvre. Chaque employé au sein d'une entreprise possède des opportunités alternatives et des potentiels de salaire différents en dehors de l'organisation, des informations que l'employeur ne peut pas facilement identifier ou évaluer avec précision. Cette asymétrie d'information conduit à des situations où les décisions de gestion des salaires peuvent avoir des conséquences inattendues sur la composition et la qualité de la main-d'œuvre.


Lorsque les employés d'une entreprise ont des opportunités alternatives et des salaires potentiels différents, l'employeur peut avoir du mal à identifier ces différences. Cela crée une asymétrie d'information où l'employeur ne sait pas exactement quelles sont les alternatives et les perspectives salariales de chaque employé.
Lorsque l'employeur envisage une réduction des salaires comme mesure d'économie, il doit prendre en compte que les employés ne sont pas affectés de manière uniforme par cette décision. Les employés ayant des perspectives meilleures et plus lucratives ailleurs sont plus susceptibles de quitter l'entreprise en réponse à une baisse de salaire. En revanche, ceux dont les alternatives d'emploi sont limitées ou moins attrayantes sont plus enclins à rester, malgré la réduction de leur rémunération.


Si l'on suppose que les travailleurs les plus performants ont également les meilleures opportunités alternatives, une baisse de salaire de manière généralisée pourrait inciter ces travailleurs à quitter l'entreprise et à accepter des offres plus avantageuses ailleurs. Cela peut entraîner une réduction de la performance globale de l'entreprise, car les travailleurs les moins performants resteraient en surnombre.
Cette dynamique est particulièrement problématique si l'on suppose que les travailleurs les plus performants sont également ceux qui disposent des meilleures opportunités alternatives. Ainsi, une baisse généralisée des salaires risque de provoquer le départ disproportionné des employés les plus talentueux et les plus productifs, laissant l'entreprise avec une concentration plus élevée de travailleurs moins performants. En conséquence, la performance moyenne de l'équipe ou de l'organisation dans son ensemble est susceptible de diminuer, ce qui peut affecter la compétitivité et l'efficacité globales de l'entreprise.


Dans une telle situation, l'entreprise peut préférer procéder à des licenciements (au hasard ou selon d'autres critères) plutôt que de baisser les salaires de manière généralisée. Cette décision est prise dans le but de préserver les travailleurs les plus performants en évitant leur départ massif et en préservant la performance moyenne de l'entreprise.
Face à ce risque, l'entreprise pourrait préférer adopter d'autres stratégies de réduction des coûts, telles que des licenciements ciblés ou aléatoires, plutôt que de mettre en œuvre des réductions de salaire qui pourraient inciter ses meilleurs éléments à partir. Bien que les licenciements comportent leurs propres défis et coûts, cette approche permet à l'entreprise de contrôler plus directement la composition de sa main-d'œuvre et de minimiser le risque de perdre une proportion importante de ses employés les plus performants. Cette situation souligne l'importance pour les employeurs de comprendre les dynamiques du marché du travail et les préférences de leurs employés afin de prendre des décisions éclairées en matière de gestion des ressources humaines.


== La sélection adverse et le marché du crédit ==
== La sélection adverse et le marché du crédit ==
Dans le contexte du marché du crédit, la sélection adverse peut jouer un rôle important. Lorsque les emprunteurs se présentent pour un crédit, ceux qui en ont le plus besoin et qui sont considérés comme plus risqués ont souvent une plus grande motivation à obtenir des fonds et sont donc prêts à payer des taux d'intérêt élevés pour obtenir le prêt nécessaire.
Pierre Desproges (humoriste français): “Un banquier est quelqu’un qui vous prête de l’argent à condition que vous lui prouviez que vous n’en avez pas besoin”. La citation humoristique de Pierre Desproges capte avec ironie un aspect crucial du marché du crédit et illustre le dilemme auquel sont confrontées les banques et autres institutions financières : l'évaluation du risque de crédit dans un contexte d'information asymétrique. Le marché du crédit est marqué par un phénomène de sélection adverse, où l'asymétrie d'information entre les prêteurs et les emprunteurs peut conduire à des résultats suboptimaux.


Cependant, l'asymétrie d'information se pose car les emprunteurs peuvent avoir des caractéristiques ou des risques cachés qui ne sont pas connus de manière transparente par les prêteurs. Cela signifie que les emprunteurs les plus risqués peuvent se mélanger aux emprunteurs moins risqués sur le marché du crédit, ce qui crée une situation où les prêteurs ne peuvent pas facilement faire la distinction entre les emprunteurs fiables et les emprunteurs à risque élevé.
Dans un monde idéal, les banques souhaiteraient prêter à des emprunteurs solvables, capables de rembourser leur dette tout en générant un retour sur investissement stable pour la banque. Cependant, la réalité est plus complexe. Souvent, ceux qui cherchent activement à obtenir un crédit sont ceux qui en ont le plus besoin et qui sont prêts à accepter des taux d'intérêt plus élevés pour accéder aux fonds nécessaires. Cette disposition à payer des taux d'intérêt élevés ne signifie pas nécessairement que ces emprunteurs sont les plus à même de rembourser le prêt.


Cela peut entraîner une sélection adverse, où les prêteurs sont confrontés à une demande de crédit principalement de la part d'emprunteurs risqués. Lorsque les taux d'intérêt sont élevés pour compenser le risque perçu, seuls les emprunteurs avec des projets plus rentables mais aussi plus risqués seront disposés à emprunter à ces taux élevés. Les emprunteurs moins risqués ou les projets moins rentables peuvent être exclus du marché du crédit en raison des coûts élevés associés.
Lorsque les taux d'intérêt augmentent pour compenser le risque perçu par la banque, cela a pour effet involontaire de repousser les emprunteurs à faible risque, qui pourraient trouver ces conditions trop onéreuses ou injustifiées pour leur projet sûr mais à faible rendement. Par conséquent, le marché se retrouve avec une proportion plus élevée d'emprunteurs acceptant de prendre des risques plus importants, souvent avec des projets pouvant offrir de hauts rendements mais accompagnés d'une probabilité de défaut tout aussi élevée.


Cette situation peut entraîner une allocation inefficace des ressources, car des projets viables mais moins risqués peuvent être sous-financés ou exclus du marché. En outre, les emprunteurs moins risqués qui auraient pu bénéficier d'un crédit à des taux plus avantageux peuvent être découragés de participer au marché du crédit en raison des taux élevés.
L'exemple du cordonnier souhaitant agrandir son magasin par rapport à l'entrepreneur démarrant une startup illustre parfaitement cette dynamique. Le cordonnier, avec un projet à faible risque mais offrant un rendement modeste, pourrait se voir dissuadé par des taux d'intérêt élevés, tandis que l'entrepreneur de la startup, malgré un risque de défaut plus élevé, pourrait être plus enclin à accepter ces taux dans l'espoir de réaliser des bénéfices significatifs.


On peut comparer un cordonnier qui souhaite obtenir un prêt pour agrandir son commerce existant et un entrepreneur qui lance une startup. Le cordonnier représente un emprunteur avec un projet moins risqué mais également avec un rendement potentiel plus faible mais relativement certain. Étant donné la nature de son activité, le cordonnier peut avoir une clientèle établie et une demande constante pour ses services. Cependant, le rendement attendu de son projet d'agrandissement peut être relativement modeste par rapport à des projets plus ambitieux. D'un autre côté, l'entrepreneur qui ouvre une startup représente un emprunteur avec un projet plus risqué mais également avec un potentiel de rendement plus élevé. Les startups sont souvent associées à une incertitude plus grande en raison de leur nouveauté, de leur manque d'historique et de leur dépendance à des facteurs externes tels que la demande du marché, la concurrence, etc. Cependant, si la startup réussit, elle peut générer des bénéfices importants et une croissance significative.
Ce scénario met en évidence le défi pour les banques de fixer des taux d'intérêt qui équilibrent correctement le risque sans encourager la sélection adverse. Des mécanismes comme l'analyse de crédit approfondie, les garanties, ou encore les prêts basés sur des critères de performance peuvent aider à atténuer le problème, en s'assurant que les fonds soient alloués de manière plus efficace aux projets présentant un équilibre optimal entre risque et rendement.
 
Dans cette situation, les prêteurs peuvent être confrontés à un dilemme de sélection adverse. Étant donné que le cordonnier présente un projet moins risqué, il peut avoir plus de facilité à obtenir un prêt à des conditions favorables. Les prêteurs peuvent percevoir l'entrepreneur de la startup comme plus risqué et exiger des taux d'intérêt plus élevés ou être plus réticents à lui accorder un prêt. Cela peut créer une distorsion dans l'allocation des ressources, car des projets plus prometteurs avec un potentiel de rendement élevé, comme la startup, peuvent être sous-financés en raison de la perception du risque par les prêteurs. Les prêteurs peuvent être plus enclins à financer des projets moins risqués mais avec un potentiel de rendement plus faible, comme l'agrandissement de l'arcade du cordonnier.


== La sélection adverse et le marché de l'assurance ==
== La sélection adverse et le marché de l'assurance ==
La sélection adverse peut se produire sur le marché de l'assurance, en particulier dans le domaine de l'assurance maladie ou de l'assurance santé. Lorsque les compagnies d'assurance ont accès à des informations sur la distribution des affections et des atteintes à la santé dans la population, elles peuvent proposer des contrats en fonction de cette information. Cependant, cela peut entraîner un déséquilibre dans la sélection des assurés. Les personnes qui ont des problèmes de santé plus importants que la moyenne ou qui présentent un risque plus élevé d'affections ou d'atteintes à la santé sont plus susceptibles d'être intéressées par ces contrats d'assurance. Elles ont une plus grande motivation à souscrire une assurance qui couvre leurs besoins médicaux spécifiques.
La sélection adverse sur le marché de l'assurance est un phénomène où les personnes ayant le plus grand risque de réclamer sont également celles qui sont le plus susceptibles de souscrire à une assurance. Les compagnies d'assurance, bien qu'ayant accès à des données statistiques sur la distribution des risques dans la population, rencontrent des difficultés à distinguer individuellement le niveau de risque de chaque souscripteur. En conséquence, lorsque des contrats d'assurance sont proposés en se basant sur ces informations générales, il existe un risque inhérent d'attirer principalement ceux qui ont des problèmes de santé plus significatifs ou qui sont plus susceptibles de rencontrer les situations contre lesquelles ils souhaitent s'assurer.
 
En conséquence, les compagnies d'assurance peuvent se retrouver avec une population d'assurés qui présente un risque plus élevé en termes de coûts médicaux et de demandes de remboursement. Cela peut déséquilibrer les ratios de paiement et entraîner des primes d'assurance plus élevées pour compenser le risque plus élevé. Les personnes en bonne santé ou avec un risque médical plus faible peuvent être moins enclines à souscrire ces contrats, car elles peuvent considérer que les primes sont trop élevées par rapport à leur propre risque. Cela crée une situation de sélection adverse où les compagnies d'assurance peuvent être confrontées à une population d'assurés plus risquée et moins rentable. Cela peut rendre difficile pour les compagnies d'assurance de maintenir des tarifs compétitifs et de proposer une couverture abordable pour tous.


Le problème de sélection adverse peut également se produire dans d'autres types d'assurances, tels que les assurances contre les inondations, les catastrophes naturelles, le chômage ou les cambriolages.
Ce problème ne se limite pas aux assurances santé. Il se manifeste dans divers domaines, tels que les assurances contre les inondations, les catastrophes naturelles, le chômage (dans les pays où l'assurance-chômage n'est pas obligatoire), le cambriolage ou encore l'assurance-ménage. Dans chacun de ces cas, les individus les plus exposés aux risques concernés sont plus enclins à chercher une protection assurantielle, conscient de leur probabilité plus élevée de devoir faire une réclamation.


Lorsqu'il y a une asymétrie d'information entre l'assureur et l'assuré, les personnes les plus exposées à ces risques sont plus susceptibles d'être intéressées par l'achat d'une assurance pour se protéger financièrement en cas d'événement indésirable. Ces personnes ont une plus grande motivation à souscrire une police d'assurance pour se prémunir contre les pertes potentielles liées à ces risques spécifiques. Cependant, cela peut créer une situation où les assureurs se retrouvent avec une population d'assurés qui présente un risque plus élevé que la moyenne en termes de probabilité de subir un sinistre. Cela peut déséquilibrer les primes d'assurance et les coûts pour les assureurs, car ils doivent prendre en compte le risque accru de paiements de prestations pour cette population.
La conséquence directe de ce phénomène est que le pool d'assurés peut finir par avoir une probabilité moyenne de sinistre plus élevée que celle de la population générale. Cela peut conduire à une augmentation des primes pour tous les souscripteurs, rendant l'assurance moins abordable ou moins attrayante pour les individus à faible risque, qui pourraient alors choisir de ne pas souscrire, exacerbant encore le problème de sélection adverse.


En conséquence, les primes d'assurance peuvent être plus élevées pour tous les assurés, y compris ceux qui ont un risque plus faible, pour compenser le risque élevé des personnes les plus exposées. Cela peut décourager les personnes avec un risque plus faible de souscrire une assurance, car les primes peuvent sembler excessives par rapport à leur propre niveau de risque.
Pour contrer ce phénomène, les compagnies d'assurance mettent en œuvre diverses stratégies, telles que la segmentation des offres en fonction de différents niveaux de risque, l'application de questionnaires de santé détaillés, ou encore l'introduction de franchises et de limitations dans les couvertures. L'objectif est de mieux équilibrer le rapport entre les primes perçues et les risques couverts, afin de rendre les contrats d'assurance viables et équitables pour tous les parties, tout en essayant de minimiser les effets de la sélection adverse.


== La sélection adverse et le marché d'occasion : une application ==
== La sélection adverse et le marché d'occasion : une application ==
La sélection adverse peut également être observée sur le marché de l'occasion, où il peut être difficile de connaître la qualité réelle d'un produit d'occasion avant de l'acheter. Cela crée une asymétrie d'information entre le vendeur, qui a une meilleure connaissance de la qualité du produit, et l'acheteur, qui doit prendre une décision d'achat basée sur des informations limitées. Dans ce contexte, les vendeurs peuvent être incités à mettre en vente des produits de qualité inférieure, défectueux ou en mauvais état, tout en présentant ces produits comme étant de bonne qualité. Les acheteurs, quant à eux, peuvent être réticents à acheter des produits d'occasion en raison du risque de faire un mauvais achat. Cela crée une sélection adverse où les produits de mauvaise qualité sont surreprésentés sur le marché de l'occasion, tandis que les produits de meilleure qualité peuvent être sous-représentés. Les acheteurs sont confrontés à un risque accru de faire un mauvais achat et peuvent être réticents à payer un prix plus élevé pour un produit d'occasion dont la qualité est incertaine.
Dans ce scénario, nous avons deux types de voitures sur le marché : les "bonnes affaires" qui sont bien entretenues par leurs anciens propriétaires et sont proposées à un prix de vente de 14 000 euros (<math>P_B^V = 14000. -</math>), et les "mauvaises affaires" qui ont tendance à tomber en panne plus souvent et sont proposées à un prix de vente de 7 000 euros (<math>P_M^V = 7000. -</math>). D'autre part, un acheteur représentatif serait prêt à payer jusqu'à 20 000 euros pour une bonne voiture et jusqu'à 10 000 euros pour une mauvaise voiture <math>P_B^A = 20000. -</math> et <math>P_M^A = 10000. -</math>.
Cette situation crée une asymétrie d'information sur le marché des voitures, car les vendeurs connaissent mieux la qualité réelle de leur véhicule que les acheteurs potentiels. Les vendeurs peuvent essayer de vendre leurs voitures défectueuses (mauvaises affaires) au même prix que les voitures en bon état (bonnes affaires), créant ainsi une sélection adverse. Si les acheteurs ne peuvent pas distinguer clairement les bonnes affaires des mauvaises affaires, ils peuvent être réticents à payer le prix maximum qu'ils sont prêts à offrir pour une bonne voiture. Cela peut conduire à une situation où les acheteurs hésitent à effectuer des transactions, car ils ne veulent pas prendre le risque d'acheter une mauvaise voiture au prix d'une bonne voiture.
Dans ce cas, si les acheteurs savent qu'il y a autant de mauvaises voitures que de bonnes voitures sur le marché, cela signifie qu'ils ont une probabilité de 50% de tomber sur une mauvaise voiture (<math>\pi_M = 0.50</math>). Cela peut affecter la perception de la valeur des voitures sur le marché. Les acheteurs prendront en compte cette probabilité de tomber sur une mauvaise voiture lorsqu'ils évalueront le prix qu'ils sont prêts à payer.
Pour une voiture considérée comme une bonne affaire, dont le prix demandé est de 14 000 euros, les acheteurs peuvent être moins enclins à payer la valeur maximale de 20 000 euros, car ils savent qu'il y a une probabilité de 50% d'obtenir une mauvaise voiture pour ce prix. De même, pour une mauvaise affaire dont le prix demandé est de 7 000 euros, les acheteurs peuvent être prêts à payer jusqu'à 10 000 euros, car ils savent qu'il y a également une probabilité de 50% d'obtenir une bonne voiture pour ce prix.
Dans ce contexte, la perception de la valeur des voitures est influencée par la probabilité de sélectionner une voiture de qualité inférieure. Cela peut entraîner une baisse des prix offerts par les acheteurs par rapport à la valeur maximale qu'ils seraient prêts à payer si l'information sur la qualité était parfaite.
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En cas d'information parfaite, où tous les acheteurs et vendeurs ont une connaissance parfaite de la qualité des voitures, il est possible d'atteindre un équilibre de marché efficient. Les voitures seront échangées à un prix intermédiaire entre le prix d'achat et le prix de vente, ce qui permet des gains mutuellement avantageux pour les vendeurs et les acheteurs. Dans cette situation, les transactions se font en toute confiance, car les attentes des deux parties sont satisfaites.
En revanche, lorsque l'information est imparfaite mais symétrique, ce qui signifie que personne ne sait quelles voitures sont bonnes ou mauvaises, les échanges peuvent toujours avoir lieu. Les acheteurs acceptent de payer un prix moyen, même s'ils savent qu'il y a un risque de tomber sur une mauvaise voiture. Dans ce cas, l'équilibre de marché peut être considéré comme efficient, car les consommateurs sont prêts à prendre le risque et à payer un prix moyen pour une voiture dont la qualité est incertaine. Bien que certains consommateurs puissent être malchanceux et se retrouver avec une mauvaise voiture, les échanges se poursuivent en raison de l'incertitude partagée par tous les acteurs du marché.
Enfin, lorsque l'information est imparfaite et asymétrique, la qualité moyenne des voitures peut devenir endogène, ce qui signifie qu'elle dépend du prix. Les vendeurs peuvent ajuster leurs prix en fonction de la qualité de leurs voitures pour attirer les acheteurs. Par exemple, si les vendeurs de mauvaises voitures proposent des prix plus bas, cela peut entraîner une baisse de la qualité moyenne perçue par les acheteurs. Dans cette situation, l'équilibre de marché peut être moins efficient, car les prix ne reflètent pas uniquement la qualité intrinsèque des voitures, mais sont influencés par l'asymétrie d'information entre les vendeurs et les acheteurs.


En conclusion, l'efficience du marché des voitures d'occasion dépend de la qualité de l'information disponible pour les acheteurs et les vendeurs. Dans un cas d'information parfaite, un équilibre de marché efficient peut être atteint. Dans les cas d'information imparfaite, différents mécanismes peuvent influencer la qualité moyenne et l'efficacité des échanges sur le marché.
Le modèle des "lemons" développé par George Akerlof illustre parfaitement les problèmes de sélection adverse sur le marché des voitures d'occasion. Ce modèle distingue deux types de véhicules : les "bonnes affaires", qui ont été bien entretenues par leurs propriétaires précédents et dont le prix de vente est de <math>14 000 $</math>, et les "mauvaises affaires", sujettes à des pannes fréquentes, pour lesquelles les vendeurs demandent seulement <math>7 000 $</math>. Du côté des acheteurs, la volonté de payer atteint <math>20 000 $</math> pour une bonne voiture et <math>10 000 $</math> pour une mauvaise.


Lorsque les vendeurs bénéficient d'une asymétrie d'information en leur faveur, ils peuvent choisir de ne mettre leur bien en vente que si le prix proposé est suffisamment élevé. Cette stratégie est motivée par le fait que les vendeurs ont une meilleure connaissance de la qualité ou de la valeur réelle de leur bien par rapport aux acheteurs potentiels. En ayant une information privilégiée sur la qualité, les défauts ou les caractéristiques spécifiques de leur bien, les vendeurs peuvent déterminer le prix auquel ils sont prêts à le vendre. Ils cherchent à maximiser leur profit en fixant un prix qui reflète leur évaluation subjective de la valeur du bien. Si le prix proposé par les acheteurs potentiels n'atteint pas ce seuil, les vendeurs peuvent choisir de ne pas mettre leur bien en vente, car ils estiment qu'ils ne recevraient pas une juste rémunération compte tenu de la qualité perçue du bien. Cette pratique peut être particulièrement observée dans les marchés où l'information sur la qualité des biens est difficile à évaluer ou à vérifier de manière objective. Par exemple, dans les marchés de l'art, des antiquités ou des objets de collection, où la valeur d'un bien dépend de sa rareté, de son authenticité ou de son état de conservation, les vendeurs peuvent détenir des informations précieuses qui ne sont pas facilement accessibles aux acheteurs potentiels.
Dans ce marché, les acheteurs savent qu'ils ont 50% de chances de tomber sur une "mauvaise affaire" (avec une probabilité <math>\pi_M = 0.50</math>), mais ils ne peuvent pas distinguer à l'avance les bonnes voitures des mauvaises.


Sans autre information que la probabilité <math>\pi_M</math>, les acheteurs peuvent être prêts à payer au maximum un prix moyen entre <math>P_B^A</math> et <math>P_M^A</math> :
Dans un contexte d'information parfaite, où chaque partie connaît exactement la qualité du véhicule échangé, les transactions se réalisent à des prix qui reflètent fidèlement la valeur des voitures, permettant des échanges mutuellement avantageux. Les voitures sont vendues à un prix qui se situe quelque part entre les attentes des vendeurs et des acheteurs, et le marché atteint un équilibre efficient où toutes les voitures changent de mains à un prix juste.


Le prix moyen maximal que les acheteurs seraient prêts à payer, noté <math>\delta P_{\text{max}}^A</math>, peut être calculé en utilisant la formule suivante :
Cependant, dans une situation où l'information est imparfaite mais symétrique, c'est-à-dire que ni les vendeurs ni les acheteurs ne peuvent identifier les bonnes des mauvaises voitures, les transactions peuvent toujours avoir lieu. Les acheteurs acceptent de payer un prix moyen, prenant en compte le risque d'acheter une voiture de moins bonne qualité. Même si certains acheteurs peuvent se retrouver avec une voiture moins fiable, le marché peut toujours atteindre un certain équilibre, car les prix moyens reflètent la probabilité mixte de qualité.


<math>\delta P_{\text{max}}^A = \pi_M \times P_M^A + (1 - \pi_M) \times P_B^A</math>
Le vrai problème survient dans un contexte d'information imparfaite et asymétrique, où les vendeurs connaissent la qualité réelle de leurs voitures, mais pas les acheteurs. Dans ce cas, la qualité moyenne des voitures devient une variable endogène, dépendant directement du prix. Si les acheteurs ajustent leur offre à un prix moyen qui prend en compte le risque d'acheter une "mauvaise affaire", les vendeurs de bonnes voitures ne trouveront plus avantageux de vendre à ce prix moyen, car il est inférieur à la valeur qu'ils attribuent à leur véhicule. En conséquence, les bonnes voitures disparaissent progressivement du marché, laissant derrière elles une proportion plus élevée de "mauvaises affaires". Ce phénomène conduit à un cercle vicieux où la qualité moyenne des voitures disponibles sur le marché diminue encore plus, exacerbant le problème de sélection adverse et menant potentiellement à un effondrement du marché des voitures d'occasion de qualité.


Dans votre exemple, avec une probabilité de 0.5 (<math>\pi_M = 0.5</math>), le prix maximum moyen que les acheteurs seraient prêts à payer serait :
Lorsque les vendeurs ont plus d'informations sur la qualité de leur bien que les acheteurs, ils ne seront motivés à vendre que si le prix offert atteint un certain seuil qui les satisfait. Face à l'incertitude sur la qualité des voitures sur le marché d'occasion, les acheteurs, sans autre information que la probabilité <math>\pi_M</math> de tomber sur une mauvaise voiture, vont rationnellement offrir un prix qui reflète une moyenne pondérée entre le prix qu'ils seraient prêts à payer pour une bonne voiture <math>P_B^A</math> et pour une mauvaise voiture <math>P_M^A</math> :


<math>\delta P_{\text{max}}^A = 0.5 \times 10000 + 0.5 \times 20000 = 15000</math>
<math>\bar{P_{max}^A} = \pi_M \times P_M^A + (1 - \pi_M) \times P_B^A</math>


Cela signifie que, dans cette situation d'information imparfaite où les acheteurs ne savent pas quelles voitures sont bonnes ou mauvaises, ils seraient prêts à payer au maximum 15000 euros en moyenne pour une voiture, en prenant en compte la probabilité de tomber sur une mauvaise voiture.
En supposant que la probabilité de tomber sur une mauvaise voiture soit de 50% (<math>\pi_M = 0.5</math>), les acheteurs sont prêts à payer au maximum :


Dans votre exemple, avec une proportion de mauvaises voitures de 70% (<math>\pi_M = 0.7</math>), le prix maximal moyen que les acheteurs seraient prêts à payer serait :
<math>0.5 \times 10000 + 0.5 \times 20000 = 15000</math>


<math>\bar{P^A_{\text{max}}} = 0.7 \times 10000 + 0.3 \times 20000 = 13000</math>
À ce prix moyen de 15 000 $, le marché est en mesure de fonctionner car ce prix est au-dessus des prix de réserve des deux types de voitures. Cependant, si la proportion de mauvaises voitures sur le marché augmente, disons à 70% (<math>\pi_M = 0.7</math>), le prix maximum que les acheteurs sont prêts à payer s'ajuste à :


Dans ce cas, le prix maximal moyen (<math>\bar{P^A_{\text{max}}}</math>) est inférieur au prix de réserve pour les bonnes affaires (<math>P_B^A</math>), qui est de 14000. Cela signifie que les propriétaires de bonnes occasions peuvent être incités à se retirer du marché, car ils préfèrent attendre et vendre leur voiture au prix des mauvaises affaires.
<math>\bar{P^A_{max}} = 0.7 \times 10000 + 0.3 \times 20000 = 13000</math>


Cela crée une situation où les acheteurs se retrouvent principalement confrontés à des mauvaises voitures sur le marché, ce qui peut conduire à une diminution de la confiance des acheteurs et à une dégradation de la dynamique du marché. Les propriétaires de bonnes voitures préfèrent attendre pour obtenir un meilleur prix, tandis que les acheteurs se retrouvent avec un choix limité et peuvent être réticents à payer le prix demandé pour les mauvaises voitures.
Ce nouveau prix moyen de 13 000 $ est inférieur au prix de réserve des bonnes voitures (<math>14 000 = P_B^A</math>), conduisant les propriétaires de ces voitures de meilleure qualité à se retirer du marché. Ils préfèrent garder leur voiture, estimant que la vente n'est pas suffisamment rémunératrice par rapport à la valeur qu'ils attribuent à leur bien. Cette situation illustre le "problème du marché des lemons" : une augmentation de la proportion de mauvaises voitures conduit à un ajustement à la baisse des prix offerts par les acheteurs, qui à son tour pousse les vendeurs de bonnes voitures à quitter le marché, réduisant ainsi la qualité moyenne des voitures disponibles à la vente.
 
Cette dynamique illustre comment la sélection adverse peut affecter le marché de l'occasion lorsque les vendeurs ont une asymétrie d'information sur la qualité de leurs biens. Les propriétaires de bonnes occasions peuvent être réticents à mettre leurs voitures en vente, car ils risquent de les vendre au même prix que les mauvaises voitures. Cela peut entraîner une réduction de l'offre de bonnes voitures sur le marché et une détérioration de l'efficacité et de la confiance des transactions.


== Comment résoudre le problème d'anti-sélection ? ==
== Comment résoudre le problème d'anti-sélection ? ==
L'une des méthodes pour résoudre le problème de sélection adverse est de trouver des mécanismes qui permettent de "révéler" les propriétés cachées du bien, qu'il s'agisse de défauts ou de qualités.


Il existe plusieurs approches possibles pour atteindre cette révélation. Voici quelques exemples :


# Certification ou évaluation indépendante : Une façon de révéler la qualité d'un bien est de le faire évaluer ou certifier par une tierce partie indépendante. Par exemple, dans le cas des voitures d'occasion, une inspection réalisée par un expert automobile peut permettre aux acheteurs de connaître l'état réel du véhicule et d'atténuer l'asymétrie d'information.
Résoudre le problème de sélection adverse, ou anti-sélection, est crucial pour améliorer l'efficacité des marchés et la confiance entre les parties. Une stratégie efficace pour atténuer ce problème implique de rendre transparentes les informations cachées concernant les qualités ou les défauts d'un bien. Les mécanismes tels que les garanties ou les labels jouent un rôle essentiel en facilitant la transmission d'informations du vendeur à l'acheteur, permettant ainsi à ce dernier de faire des choix plus éclairés.
# Garanties et politiques de retour : En offrant des garanties ou des politiques de retour, les vendeurs peuvent réduire les inquiétudes des acheteurs quant à la qualité du bien. Cela peut inciter les vendeurs à révéler les défauts potentiels ou à garantir la qualité du bien vendu.
# Transparence des informations : Une plus grande transparence des informations peut contribuer à réduire l'asymétrie d'information. Par exemple, en fournissant des informations détaillées sur les caractéristiques, l'historique ou l'entretien d'un bien, les vendeurs peuvent permettre aux acheteurs de prendre des décisions plus éclairées.
# Mécanismes de marché et d'enchères : Les mécanismes de marché et d'enchères peuvent également jouer un rôle dans la révélation des propriétés cachées d'un bien. Par exemple, les enchères inversées peuvent permettre aux vendeurs de révéler leurs prix minimums ou leurs réserves, incitant ainsi les acheteurs à faire des offres compétitives.


Ces approches visent à réduire l'asymétrie d'information en fournissant aux acheteurs des informations plus complètes et précises sur la qualité des biens. En permettant aux acheteurs de prendre des décisions plus éclairées, ces mécanismes contribuent à atténuer les effets de la sélection adverse et à favoriser des échanges plus efficaces sur le marché.
Les garanties, en offrant une assurance sur la qualité ou la durabilité d'un produit, peuvent rassurer les acheteurs sur le fait que le bien correspond à leurs attentes. Pour que ce système soit efficace, il est crucial que l'octroi d'une garantie soit associé à un coût significatif pour le vendeur. Ce coût agit comme une barrière à l'entrée pour les vendeurs de produits de moindre qualité, qui trouveraient économiquement non rentable d'offrir une garantie similaire. Ainsi, seulement les vendeurs confiants dans la qualité supérieure de leurs biens seraient prêts à assumer ce coût, signalant efficacement cette qualité aux acheteurs potentiels.


Le système de garantie ou de label peut jouer un rôle important dans la transmission d'informations du vendeur vers l'acheteur, aidant ainsi à résoudre le problème de sélection adverse. La garantie ou le label est une forme de signal envoyé par le vendeur pour attester de la qualité ou de la fiabilité du bien. Il indique aux acheteurs potentiels que le vendeur a suffisamment confiance dans la qualité du bien pour offrir une garantie ou obtenir un label de qualité reconnu. Cependant, pour que la garantie ou le label soit efficace dans la lutte contre la sélection adverse, il est important que son coût soit suffisant pour dissuader les propriétaires de mauvaises voitures de s'en prévaloir. Si le coût de la garantie est trop faible ou facilement accessible, cela pourrait inciter les propriétaires de voitures de moindre qualité à se prévaloir de la garantie pour dissimuler les défauts ou les problèmes du véhicule.
Les labels, d'autre part, fournissent une certification indépendante concernant certaines caractéristiques d'un produit, telles que sa durabilité, sa provenance ou son respect de certaines normes de qualité. La certification par un label reconnu peut servir de signal de qualité aux acheteurs, leur permettant de distinguer plus facilement les produits de haute qualité de ceux de qualité inférieure.


* En fixant un coût approprié pour la garantie, les vendeurs peuvent dissuader les propriétaires de mauvaises voitures de s'engager dans le processus de garantie, car cela leur imposerait un coût significatif. Cela permet de signaler aux acheteurs que seuls les vendeurs de biens de qualité supérieure sont prêts à supporter ce coût et à offrir une garantie.
L'acte de manipuler une caractéristique du bien pour en démontrer la qualité est communément appelé "signal de qualité". Ce signal peut prendre diverses formes, comme des investissements dans la publicité, des certifications de qualité, des garanties étendues, ou encore des prix élevés intentionnels pour refléter la qualité supérieure du produit.
* En fixant un coût de garantie adéquat, les vendeurs peuvent réduire l'incidence de la sélection adverse en créant une distinction entre les biens de qualité supérieure et les biens de qualité inférieure sur le marché. Cela renforce la confiance des acheteurs et encourage des échanges plus efficaces en fournissant des incitations appropriées pour la révélation de la qualité réelle des biens.


Lorsque le vendeur utilise une caractéristique ou un signal pour montrer la qualité supposée de son produit, on parle de signal de qualité. Le signal de qualité est une stratégie utilisée par les vendeurs pour tenter de réduire l'asymétrie d'information entre eux et les acheteurs. Le signal de qualité peut prendre différentes formes selon le contexte. Voici quelques exemples courants de signaux de qualité :
Ces stratégies, en réduisant l'asymétrie d'information et en permettant aux caractéristiques cachées des biens d'être plus transparentes, contribuent à atténuer le problème de sélection adverse. Elles facilitent ainsi la formation d'un marché plus efficient où les transactions reflètent plus fidèlement la valeur réelle des biens échangés, améliorant la confiance des consommateurs et la dynamique globale du marché.


# Prix élevé : Un prix élevé peut être perçu comme un signal de qualité, car les acheteurs peuvent associer un prix élevé à un produit de meilleure qualité. Cela fonctionne particulièrement bien lorsque les acheteurs ne peuvent pas facilement évaluer la qualité du produit par d'autres moyens.
== Application au marché de l'assurance ==
# Marques ou labels de qualité : Les marques ou labels de qualité reconnus peuvent servir de signaux de qualité. Les acheteurs font souvent confiance à des marques bien établies ou à des labels de qualité reconnus pour garantir la fiabilité et la qualité des produits.
# Certification ou évaluation indépendante : Faire certifier ou évaluer un produit par une tierce partie indépendante peut servir de signal de qualité. Lorsqu'un produit est accompagné d'une certification ou d'une évaluation positive provenant d'une source crédible, cela peut rassurer les acheteurs quant à la qualité du produit.
# Garanties ou politiques de retour : Offrir des garanties solides ou des politiques de retour généreuses peut également servir de signal de qualité. Les vendeurs qui sont confiants dans la qualité de leurs produits sont plus enclins à offrir des garanties prolongées ou des politiques de retour flexibles pour rassurer les acheteurs.
 
Le signal de qualité vise à convaincre les acheteurs de la qualité supposée du produit en utilisant des éléments tangibles ou des caractéristiques qui sont perçues comme étant liées à la qualité. Cela permet au vendeur de se différencier des autres vendeurs et de transmettre une impression positive aux acheteurs, réduisant ainsi l'asymétrie d'information et créant une confiance accrue dans le produit.


== Application au marché de l'assurance ==
Dans le contexte de l'assurance, où les compagnies sont confrontées à des catégories de personnes présentant des risques de maladie différents mais indiscernables pour elles, le marché pourrait être affecté par la sélection adverse. Chaque groupe de personnes connaît son propre risque de maladie et est prêt à payer une prime d'assurance proportionnelle à ce risque. Cependant, si les assureurs fixent une prime unique pour tous, basée sur la moyenne des risques, les personnes à faible risque pourraient choisir de ne pas souscrire, trouvant la prime trop élevée par rapport à leur risque personnel.


Dans le marché de l'assurance, la sélection adverse peut se produire lorsque les assureurs ne parviennent pas à identifier avec précision les différents niveaux de risque des assurés. Cela peut conduire à une sous-représentation des personnes à faible risque et à une sur-représentation des personnes à haut risque.
Si l'on suppose que le coût de l'intervention médicale est de 1 000 francs pour tous, les personnes à plus haut risque trouveront l'assurance attrayante même à une prime élevée puisqu'elle est inférieure au coût de leur traitement potentiel. Par contre, pour celles à faible risque, une prime élevée les dissuadera de s'assurer.


Il y a 4 catégories différentes de personnes, toutes d'importance égale en termes de nombre, mais avec des risques de maladie différents que les assureurs ne parviennent pas à identifier. Chaque groupe a un coût associé à la maladie de 1 000 francs pour l'intervention médicale.
Cette dynamique mène à une situation où seules les personnes les plus à risque souscrivent une assurance, augmentant ainsi les coûts moyens pour l'assureur qui doit alors augmenter les primes pour couvrir ces coûts. Ce phénomène pourrait conduire à un cycle où de plus en plus de personnes à faible risque quittent le marché de l'assurance, laissant derrière elles un pool d'assurés composé principalement de personnes à haut risque et des primes d'assurance de plus en plus élevées.


Les personnes sont conscientes de leur groupe de risque et ont une volonté de payer pour une police d'assurance en accord avec ce risque. Cela signifie que chaque groupe est prêt à payer un montant différent en fonction de son niveau de risque.
Pour lutter contre la sélection adverse, les compagnies d'assurance pourraient essayer de différencier les primes selon des signaux de risque perceptibles ou introduire des mécanismes tels que des questionnaires de santé détaillés, des examens médicaux, ou des incitations à un comportement sain, pour mieux estimer le risque individuel et ajuster les primes en conséquence. Alternativement, des mesures comme l'assurance obligatoire pour tous peuvent aussi être mises en place pour garantir que les personnes à faible risque restent dans le pool d'assurance, aidant ainsi à équilibrer les risques et à stabiliser les primes.[[Fichier:Problèmes d'information et les choix publics marché de l assurance 1.png|400px|vignette|centré]]
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Comment fixer la prime d'assurance ? Dans le cadre du calcul actuariel, la prime d'assurance est généralement fixée au minimum à l'espérance de dommage, c'est-à-dire le produit du montant du dommage (le coût de l'intervention) et de la probabilité de la maladie.
La prime d'assurance devrait idéalement être fixée en fonction de l'espérance de dommage pour chaque catégorie de risque. L'espérance de dommage est le coût moyen que l'assureur s'attend à payer pour un assuré et se calcule en multipliant la probabilité de survenance du sinistre par le coût du dommage pour l'assureur. Pour chacun des groupes identifiés dans ce tableau, voici comment la prime d'assurance pourrait être fixée :


Pour chaque groupe de risque, il est possible de calculer une prime actuarielle en utilisant cette approche. Cela consiste à estimer la probabilité de chaque groupe d'être touché par la maladie et à multiplier cette probabilité par le montant du dommage attendu pour obtenir l'espérance de dommage. Cette espérance de dommage représente le montant moyen que l'assureur devrait payer pour chaque assuré appartenant à ce groupe de risque.
# Pour le groupe à 20 % de risque, la prime serait de 0.20 (probabilité de la maladie) x 1 000 (coût de l'intervention) = 200 francs.
# Pour le groupe à 40 % de risque, la prime serait de 0.40 x 1 000 = 400 francs.
# Pour le groupe à 60 % de risque, la prime serait de 0.60 x 1 000 = 600 francs.
# Pour le groupe à 80 % de risque, la prime serait de 0.80 x 1 000 = 800 francs.


La prime actuarielle peut ensuite être fixée en fonction de cette espérance de dommage. L'objectif est de couvrir les coûts attendus de l'assureur tout en prenant en compte les frais administratifs et les marges bénéficiaires.
Ces primes représentent le minimum que l'assureur doit facturer pour couvrir le coût attendu des sinistres. Toutefois, en pratique, les assureurs ajoutent également des charges pour les frais administratifs, les coûts de souscription, les provisions pour les sinistres inattendus et une marge bénéficiaire, ce qui augmente la prime finale payée par les assurés.


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Dans un contexte où il y a des gains mutuellement avantageux à l'échange, la prime d'assurance est généralement fixée de manière à ce que son coût soit inférieur à la volonté de payer des assurés pour tous les groupes de risque. Cela permet de créer une situation où les assurés peuvent obtenir une protection contre les risques à un coût inférieur à leur propre évaluation de la valeur de cette protection.
Un exemple classique de la façon dont la sélection adverse peut impacter le marché de l'assurance est lorsque les assureurs ne peuvent pas distinguer entre les différents niveaux de risque des assurés, ils sont contraints de fixer les primes d'assurance basées sur le risque moyen estimé pour toute la population. Si ce risque moyen est calculé sans considérer l'hétérogénéité des groupes, certains groupes à faible risque peuvent trouver la prime trop élevée par rapport à leur volonté de payer et choisir de ne pas s'assurer. Cela conduit à un ajustement à la hausse du risque moyen, qui à son tour nécessite un ajustement des primes à la hausse pour éviter les pertes.


Cependant, le problème se pose lorsque les assureurs ne connaissent pas précisément le niveau de risque de chaque catégorie d'assurés. En l'absence d'informations fiables sur le risque réel, les assureurs peuvent être confrontés à un défi dans la fixation différenciée de la prime pour chaque groupe.
Dans cet exemple, si le risque moyen est initialement estimé à 50%, la prime actuarielle appropriée est de 500 francs. Cependant, cela ne tient pas compte du fait que le groupe à 20% de risque ne trouvera pas cette prime attractive, conduisant à leur départ du marché de l'assurance. Avec leur retrait, le risque moyen augmente, car il est désormais calculé uniquement sur les groupes restants (40%, 60%, et 80% de risque), ce qui porte le nouveau risque moyen à 60%. Cela signifie que les assureurs, pour rester sans pertes, doivent ajuster la prime à 600 francs, ce qui est au-dessus de la volonté de payer du groupe à 40% de risque. Ce processus se répète jusqu'à ce que seuls les individus du groupe le plus à risque restent sur le marché, payant une prime de 800 francs, ce qui est juste en dessous de leur volonté de payer de 850 francs.


Dans cette situation, les assureurs peuvent adopter différentes approches pour fixer la prime :
Ce processus montre clairement une inefficacité de marché : bien qu'il existe un potentiel d'échanges mutuellement avantageux pour tous les groupes, la sélection adverse empêche ces transactions de se réaliser, car les primes doivent être ajustées en fonction d'une population de plus en plus risquée. Les assureurs aimeraient être en mesure d'offrir des primes différenciées pour attirer les groupes à faible risque, mais sans pouvoir distinguer les groupes entre eux, ils se retrouvent dans une situation où seuls les clients les plus risqués sont assurés, avec des primes élevées qui reflètent leur risque.


# Tarification moyenne : Les assureurs peuvent choisir de fixer une prime moyenne pour l'ensemble de la population assurée, en utilisant des informations agrégées sur le risque. Cela peut conduire à une tarification qui ne reflète pas exactement le niveau de risque spécifique de chaque groupe, mais qui tente de trouver un équilibre global.
Pour remédier à ce problème, les assureurs doivent trouver des moyens de différencier les clients en fonction de leur risque réel. Cela pourrait inclure des techniques de tarification plus sophistiquées, l'utilisation de données et d'analyses plus détaillées pour mieux évaluer le risque individuel, ou des incitations pour que les clients révèlent volontairement leur niveau de risque, comme des rabais pour des comportements sains ou des dispositifs de suivi dans le cas de l'assurance automobile.
# Utilisation de variables proxy : Les assureurs peuvent utiliser des variables proxy, telles que l'âge, le sexe ou d'autres caractéristiques démographiques, pour différencier les primes entre les groupes. Bien que ces variables puissent ne pas être directement liées au risque de maladie, elles peuvent être utilisées comme approximation pour ajuster les primes.
# Modèles statistiques : Les assureurs peuvent également utiliser des modèles statistiques pour estimer le risque de chaque groupe. En utilisant des données historiques et des techniques d'analyse statistique, ils peuvent essayer d'estimer les probabilités de maladie pour chaque catégorie d'assurés et ajuster les primes en conséquence.


Il est important de noter que ces approches peuvent être limitées par l'exactitude des informations disponibles et par la capacité des assureurs à obtenir des données pertinentes sur le risque. De plus, la fixation différenciée de la prime peut également être soumise à des contraintes réglementaires et à des considérations de discrimination ou d'équité. Dans l'idéal, les assureurs cherchent à obtenir des informations plus précises sur le risque de chaque groupe d'assurés afin de pouvoir fixer des primes qui reflètent de manière plus précise leur niveau de risque respectif. Cela peut nécessiter des efforts pour améliorer la collecte de données et développer des modèles plus sophistiqués d'évaluation du risque.
== Comment résoudre le problème de sélection adverse ? ==


Si les assureurs ne disposent pas d'informations précises sur le risque moyen de chaque catégorie d'assurés, ils peuvent choisir de fonder leur prime actuarielle sur le risque moyen de toute la population. Dans ce cas, la prime serait calculée en utilisant la moyenne des pourcentages de risque de chaque catégorie.
Pour résoudre le problème de sélection adverse dans un marché d'assurance où les risques sont divers et individuellement connus, mais pas discernables par les assureurs, une solution consiste à introduire une obligation d'assurance pour toute la population. Cela implique que chaque individu, indépendamment de son risque personnel, doit souscrire à une assurance.


Les pourcentages de risque pour chaque catégorie sont de 20%, 40%, 60% et 80%. En prenant la moyenne de ces pourcentages, on obtient 50% : <math>\frac {20% + 40% + 60% + 80%}{4} = 50%</math>
Si la prime est fixée à un montant unique de 500 francs, comme illustré dans ce tableau, et que tout le monde est obligé de s'assurer, alors les individus des différents groupes de risque contribuent à un pool commun. Ceux qui ont des risques plus faibles payent en fait une "prime de solidarité", car leur volonté de payer est inférieure à la prime imposée. Inversement, les individus à plus haut risque bénéficient de cette situation, car leur volonté de payer est supérieure à la prime fixée.[[Fichier:Comment résoudre le problème de sélection adverse 1.png|400px|vignette|centré]]


La prime actuarielle serait donc basée sur un risque moyen de 50% pour l'ensemble de la population assurée. Cela signifie que tous les assurés, indépendamment de leur catégorie de risque spécifique, paieraient la même prime basée sur ce risque moyen.
Dans ce scénario, bien que le surplus total soit positif, illustrant le bénéfice global pour la société, cela se fait aux dépens du groupe à faible risque, qui subventionne en quelque sorte les groupes à plus haut risque. C'est un principe de mutualisation des risques qui est courant dans les régimes d'assurance obligatoire, comme l'assurance-maladie ou l'assurance automobile dans certains pays.


Si le coût annuel moyen d'une intervention est de 1000 francs, cela signifie que l'assureur devrait s'attendre à payer en moyenne 1000 francs par assuré chaque année pour les interventions médicales. Pour que l'assureur puisse couvrir ces coûts et éviter de faire des pertes, il devrait fixer une prime annuelle d'au moins 500 francs par assuré. Cette prime de 500 francs représente la moitié du coût moyen des interventions (0.5 x 1000), ce qui permettrait à l'assureur de couvrir les coûts attendus. Il est important de noter que cette prime de 500 francs correspond au minimum nécessaire pour couvrir les coûts attendus, mais elle peut être ajustée en fonction d'autres facteurs tels que les frais administratifs, les marges bénéficiaires et les réglementations spécifiques du marché de l'assurance.
L'introduction d'une telle obligation a pour effet de maintenir la diversité des risques au sein du pool d'assurance, prévenant ainsi le processus par lequel les bons risques quittent le marché, ce qui augmenterait progressivement le risque moyen et les primes associées. C'est une méthode qui vise à garantir que l'assurance reste abordable et disponible pour tous, indépendamment du risque individuel, mais elle soulève aussi des questions d'équité et d'acceptabilité sociale, car elle implique un transfert de richesse des individus à faible risque vers ceux à haut risque.


Si les assureurs fixent une prime de 500 francs en l'absence de possibilité de réaliser des profits, seuls les individus ayant une volonté de payer supérieure à ce montant choisiront de s'assurer. Cela signifie que tous les groupes de risque, à l'exception de celui présentant un risque de 20%, souscriront une assurance. Cependant, si le groupe à faible risque ne s'assure pas, cela crée un effet de sélection adverse dans le marché de l'assurance. En ne participant pas à l'assurance, ce groupe diminue la qualité globale de la clientèle des assureurs, car les individus présentant un risque plus élevé sont surreprésentés parmi les assurés.
= Les choix publics =
== Choix public ==


Cela peut entraîner une situation où les coûts moyens des prestations médicales pour les assureurs augmentent, car ils sont davantage confrontés à des réclamations plus importantes. Pour compenser ces coûts plus élevés, les assureurs pourraient être amenés à augmenter la prime d'assurance, ce qui pourrait à son tour décourager davantage les individus à faible risque de souscrire une assurance. Ce cercle vicieux de sélection adverse peut perturber le fonctionnement du marché de l'assurance, car les individus à faible risque sont incités à se désengager, ce qui crée une augmentation du risque moyen parmi les assurés restants.
La théorie du choix public s'intéresse à la manière dont les décisions gouvernementales sont prises et à la façon dont elles correspondent aux besoins et désirs de la collectivité. Cette branche de l'économie applique les méthodes de l'économie à l'analyse de la prise de décision politique et des actions de l'État, reconnaissant que, tout comme les acteurs du marché, les acteurs gouvernementaux sont confrontés à des contraintes d'information et agissent en fonction de leurs propres incitations et objectifs.


Si aucun individu du premier groupe ne souscrit une assurance, cela modifiera la composition effective de la population assurée. Dans ce cas, le risque moyen basé sur la population assurée sera calculé en excluant le premier groupe. En utilisant votre exemple, les pourcentages de risque pour les groupes sont de 20%, 40% et 60%, la composition effective de la population assurée sera :
Les gouvernements sont souvent appelés à intervenir en cas de défaillance de marché, comme pour corriger les externalités, fournir des biens publics, ou atténuer les problèmes de sélection adverse et d'aléa moral. Cependant, l'intervention de l'État n'est pas infaillible. L'État, tout comme les acteurs privés, peut souffrir d'un manque d'informations complètes et fiables, ce qui peut conduire à des politiques inefficaces ou mal ciblées.


<math>\frac {40% + 60% + 80%}{3} = 60%</math>
Un autre aspect que la théorie du choix public examine est le problème d'agrégation des préférences. Avec une population dont les membres ont des préférences hétérogènes, il est difficile de déterminer une politique unique qui reflète fidèlement les désirs de tous les individus. Le paradoxe d'Arrow, par exemple, stipule qu'il n'est pas possible de convertir les préférences individuelles en une décision collective cohérente et rationnelle qui respecte certains critères d'équité, sans imposer une dictature (une situation où les préférences d'un seul individu dictent le choix collectif).


Ainsi, le risque moyen de la population assurée sera de 60%. Cela signifie que la composition de la population assurée sera désormais dominée par les groupes à risque plus élevé, car les individus à faible risque ne participent pas à l'assurance. Cela peut avoir un impact sur les coûts des prestations pour les assureurs, car ils doivent maintenant faire face à un risque moyen plus élevé parmi les assurés restants. Pour compenser ces coûts plus élevés, les assureurs peuvent être amenés à augmenter la prime d'assurance pour maintenir leur solvabilité.
La théorie du choix public explore également comment les décisions gouvernementales sont influencées par la politique, notamment la manière dont les bureaucrates et les politiciens poursuivent leurs propres intérêts, qui ne sont pas toujours alignés avec l'intérêt général. Cela peut inclure des activités de recherche de rente, où les individus ou les entreprises utilisent les ressources pour obtenir des faveurs économiques de l'État plutôt que de produire de nouvelles richesses.


Lorsque les assureurs sont confrontés à cette sélection adverse de demandeurs, il devient évident qu'ils subiront des pertes avec la prime initiale fixée à 500 francs, car la dépense moyenne par bénéficiaire sera de 600 francs (0,6 fois le coût moyen de l'intervention de 1000 francs). Pour éviter ces pertes et maintenir leur solvabilité, les assureurs devront ajuster la prime d'assurance à 600 francs, qui correspond à la dépense moyenne prévue. En augmentant la prime, les assureurs peuvent compenser les coûts plus élevés associés à la population assurée plus risquée.
Pour s'assurer que les actions de l'État correspondent aux besoins de la collectivité, diverses solutions peuvent être envisagées, comme des mécanismes de responsabilisation et de transparence, une participation citoyenne accrue dans le processus décisionnel, et la mise en œuvre de processus d'évaluation rigoureux pour les politiques publiques. En fin de compte, la théorie du choix public souligne l'importance de la conception des institutions politiques et économiques qui encouragent les décideurs à agir dans l'intérêt public.


Cependant, il est important de noter que l'ajustement de la prime à 600 francs peut créer un nouvel effet de sélection adverse. Les individus à faible risque peuvent être découragés de souscrire une assurance en raison de la prime plus élevée, ce qui entraînera une composition encore plus déséquilibrée de la population assurée. Cela peut conduire à une spirale de sélection adverse, où les primes augmentent continuellement pour compenser les coûts élevés, ce qui entraîne une participation encore plus faible des individus à faible risque.
== Le paradoxe du vote de Condorcet ==


Avec une prime fixée à 600 francs, la sélection adverse se manifeste et les individus du deuxième groupe préfèrent ne plus s'assurer car la prime dépasse leur volonté de payer. Ainsi, il devient nécessaire d'ajuster la prime pour les deux derniers groupes, compte tenu de leur risque plus élevé. Pour le troisième groupe, qui a une volonté de payer de 680 francs, il renonce à souscrire une assurance car la prime proposée de 700 francs dépasse sa volonté de payer. Finalement, seuls les membres du groupe le plus risqué restent assurés et acceptent de payer une prime de 800 francs. Dans ce cas, le surplus total, c'est-à-dire la différence entre la volonté de payer et la prime, est de 50 francs.
L'exemple ci-dessous est une exemple classique du paradoxe de Condorcet, qui se produit lorsque les préférences collectives d'un groupe ne sont pas transitives. La transitivité, dans le contexte du choix social, signifie que si la préférence collective préfère l'option A à l'option B et l'option B à l'option C, alors elle devrait logiquement préférer l'option A à l'option C. Cependant, le paradoxe de Condorcet montre que ce n'est pas toujours le cas lorsqu'on agrège les préférences de tous les individus.


Cela démontre comment la sélection adverse peut affecter le marché de l'assurance, conduisant à une concentration d'individus plus risqués qui sont prêts à payer une prime plus élevée. Cela peut entraîner des problèmes de tarification inefficace et de pertes pour les assureurs, ainsi qu'une exclusion des individus à faible risque du marché de l'assurance. Pour résoudre ce problème, il peut être nécessaire d'explorer des mécanismes incitatifs ou des réglementations visant à encourager la participation de tous les groupes de risque, afin de maintenir un équilibre dans la composition de la population assurée et d'éviter les distorsions causées par la sélection adverse.
[[Fichier:Paradoxe du vote de Condorcet 1.png|400px|vignette|centré]]


Dans le cas décrit, l'équilibre de marché finit par se vérifier, mais cela conduit à une inefficience car le marché est composé uniquement des individus les plus risqués. Cela crée un déséquilibre dans la composition de la population assurée, avec une concentration excessive de risques élevés. Cette situation est inefficace car elle exclut les individus à faible risque du marché de l'assurance, ce qui limite leur accès à une protection financière contre les risques. De plus, la concentration de risques élevés peut entraîner des coûts plus élevés pour les assureurs, ce qui peut se traduire par des primes plus élevées pour les assurés restants. Pour remédier à cette inefficience, il peut être nécessaire de mettre en place des mesures pour encourager la participation de tous les groupes de risque, notamment en adoptant des mécanismes incitatifs ou des réglementations qui limitent la sélection adverse. Par exemple, des subventions ou des incitations fiscales peuvent être offertes pour encourager les individus à faible risque à souscrire une assurance.
Dans cet exemple, nous avons trois groupes d'électeurs avec des préférences différentes pour trois options A, B et C. Voici les résultats des votes entre chaque paire d'options :


En examinant le tableau, on peut constater qu'il existe des gains mutuellement avantageux entre les assureurs et les demandeurs pour tous les groupes. Cela est dû au fait que la volonté de payer de chaque groupe est supérieure à son risque moyen. Pour le premier groupe, la volonté de payer est de 400 francs, ce qui est supérieur à son risque moyen de 300 francs. Ainsi, les membres de ce groupe ont une incitation à souscrire une assurance car ils peuvent obtenir une protection contre le risque à un coût inférieur à leur volonté de payer. De même, pour le deuxième groupe, la volonté de payer est de 700 francs, tandis que le risque moyen est de 600 francs. Les membres de ce groupe ont également intérêt à s'assurer car la prime d'assurance de 600 francs leur permet d'obtenir une couverture contre le risque à un coût inférieur à leur volonté de payer. Enfin, pour le troisième groupe, la volonté de payer est de 900 francs, tandis que le risque moyen est de 800 francs. Encore une fois, les membres de ce groupe ont une incitation à souscrire une assurance car la prime de 800 francs est inférieure à leur volonté de payer.
a. Entre A et B, A est choisi par les types 1 et 3, qui représentent ensemble 55% des électeurs contre 45% pour le type 2 qui préfère B. b. Entre B et C, B est choisi par les types 1 et 2, qui représentent 80% des électeurs contre 20% pour le type 3 qui préfère C. c. Entre A et C, C est choisi par les types 2 et 3, qui représentent 65% des électeurs contre 35% pour le type 1 qui préfère A.


Ces résultats démontrent qu'il existe des opportunités d'échange mutuellement avantageuses entre les assureurs et les demandeurs, car les primes d'assurance proposées permettent aux demandeurs d'obtenir une couverture contre le risque à un coût inférieur à leur volonté de payer. Cependant, il est important de noter que ces résultats sont basés sur les données spécifiques du tableau et peuvent varier en fonction des paramètres spécifiques du marché de l'assurance étudié. En conclusion, l'examen du tableau révèle l'existence de gains mutuellement avantageux entre les assureurs et les demandeurs pour tous les groupes, ce qui indique des opportunités d'échange bénéfiques sur le marché de l'assurance.
Ce cycle de préférences non transitives montre que, malgré le fait qu'A est préféré à B, et B est préféré à C, C est finalement préféré à A, complétant ainsi un cycle sans qu'aucune option ne soit universellement préférée.


Dans le contexte présenté, les assureurs aimeraient pouvoir assurer les trois groupes manquants, mais ils se trouvent dans l'incapacité de les distinguer des autres groupes plus risqués. Cette situation d'incertitude sur la répartition des risques parmi les différents groupes pose un défi pour les assureurs. Sans la capacité de distinguer avec certitude les différents groupes et leurs niveaux de risque respectifs, les assureurs ne peuvent pas ajuster leurs primes en conséquence. Ils se retrouvent donc confrontés à une asymétrie d'information qui limite leur capacité à établir une tarification précise et équitable pour chaque groupe. En l'absence de cette distinction, les assureurs sont confrontés à un dilemme. D'une part, ils peuvent choisir de ne pas assurer les groupes manquants par prudence, afin d'éviter les pertes potentielles liées à une concentration de risques élevés. D'autre part, ils pourraient décider d'assurer tous les groupes avec une prime uniforme, mais cela pourrait entraîner des primes excessivement élevées pour les groupes moins risqués et décourager leur participation.
L'implication de ce paradoxe est que l'issue du vote dépend fortement de l'ordre dans lequel les options sont présentées et votées. Si toutes les options sont présentées simultanément, le résultat pourrait être différent, et il n'existe pas de méthode de vote qui puisse toujours résoudre ce paradoxe sans introduire d'autres problèmes, comme l'a montré le théorème d'impossibilité d'Arrow.


Cette situation souligne l'importance de la capacité des assureurs à obtenir des informations fiables sur les risques individuels des demandeurs. Des efforts peuvent être déployés pour améliorer la collecte et la vérification des données, ainsi que pour encourager la transparence et l'échange d'informations entre les assureurs et les demandeurs. Ces initiatives peuvent contribuer à réduire l'asymétrie d'information et faciliter une tarification plus précise et équitable sur le marché de l'assurance. En résumé, les assureurs souhaiteraient pouvoir assurer tous les groupes, mais l'incapacité à distinguer les groupes moins risqués des groupes plus risqués en raison de l'asymétrie d'information pose des défis pour la tarification et la souscription des polices d'assurance. Des mesures visant à améliorer la collecte d'informations et la transparence peuvent contribuer à résoudre ce problème et à faciliter une participation plus large et équilibrée sur le marché de l'assurance.
Cela met en lumière les limites des mécanismes de vote et les défis de la prise de décision collective. Dans la pratique, différentes méthodes de vote essayent de contourner ce problème en utilisant des systèmes tels que le vote par élimination successive, le vote pondéré, ou d'autres règles qui cherchent à obtenir un choix collectif cohérent à partir des préférences individuelles.


== Comment résoudre le problème de sélection adverse ? ==
== Théorème d'impossibilité de Arrow ==


Une façon de résoudre le problème de sélection adverse consiste à mettre en place une contrainte qui oblige toute la population à s'assurer. Cette approche, souvent appelée assurance obligatoire ou universelle, vise à éliminer la possibilité pour les individus de choisir de ne pas s'assurer en fonction de leur propre évaluation des risques.
Le Théorème d'impossibilité d'Arrow, aussi appelé le "paradoxe d'Arrow", est un résultat fondamental dans la théorie du choix social. Kenneth Arrow a démontré qu'il est impossible de formuler une règle de décision collective (comme une méthode de vote) qui transforme les préférences individuelles en une décision de groupe cohérente et satisfaisante, tout en respectant un ensemble de critères équitables et raisonnables. Ces critères sont:


L'assurance obligatoire élimine la sélection adverse en garantissant que tous les individus, quels que soient leur niveau de risque ou leur volonté de payer, participent au système d'assurance. Cela permet de réduire les distorsions causées par la concentration de risques élevés et garantit une meilleure solidarité entre les assurés.
# Unanimité (ou Pareto efficacité) : Si chaque électeur préfère une option A à une option B, alors le groupe doit également préférer A à B.
# Transitivité : Si le groupe préfère A à B et B à C, alors le groupe doit préférer A à C. Cela garantit la cohérence des choix collectifs.
# Indépendance des options non pertinentes : Le classement collectif de deux options, A et B, doit être indépendant de l'existence d'une troisième option C.
# Non-dictature : Aucun individu ne doit avoir le pouvoir de déterminer de façon autoritaire les préférences du groupe, c'est-à-dire que le système de vote ne doit pas simplement refléter les préférences d'un seul individu tout en ignorant celles de tous les autres.


En imposant cette obligation, les assureurs peuvent fixer des primes actuarielles qui reflètent l'ensemble de la population assurée, plutôt que de se concentrer sur des groupes spécifiques plus ou moins risqués. Cela permet une tarification plus équitable et une répartition plus équilibrée des coûts entre les assurés.
Arrow a prouvé que ces critères ne peuvent pas être tous respectés simultanément par un système de vote qui traite au moins trois options. Cela signifie que toute méthode de choix social qui respecte les trois premiers critères aboutit soit à un résultat non transitive, soit à une dictature, où les préférences d'un seul individu ou d'un groupe d'individus prévalent sur les autres.


Dans ce cas, tous les groupes sont contraints de s'assurer, indépendamment de leur risque individuel. La prime unique de 500 francs est imposée à tous les assurés. Cependant, on observe que cette prime unique ne permet pas de garantir un surplus positif pour tous les groupes. Le groupe A, qui présente un risque moyen de 20%, a une volonté de payer de 250 francs, ce qui est inférieur à la prime de 500 francs. Ils ont donc un surplus négatif de -250 francs, ce qui indique un coût excessif pour eux. En revanche, les groupes B, C et D ont un surplus positif, ce qui signifie qu'ils bénéficient d'une prime inférieure à leur volonté de payer. Cela peut être considéré comme un avantage pour ces groupes.
L'implication de ce théorème est profonde : elle montre que les choix collectifs ne peuvent jamais être parfaitement équitables et rationnels en même temps. Cela ne signifie pas que toutes les décisions collectives sont mauvaises ou illégitimes, mais cela souligne les limites inhérentes à l'agrégation des préférences individuelles en une volonté collective. Cela a des implications pour la conception des systèmes électoraux et la théorie démocratique, et a stimulé le développement d'autres modèles et approches dans la prise de décision collective.


Dans l'ensemble, l'imposition d'une prime unique et l'obligation de s'assurer peuvent entraîner des résultats mitigés en termes de surplus pour chaque groupe. Certains groupes peuvent ressentir un coût excessif tandis que d'autres peuvent bénéficier d'une prime inférieure à leur volonté de payer.[[Fichier:Comment résoudre le problème de sélection adverse 1.png|400px|vignette|centré]]
== Le principe de l'électeur médian ==


Dans le cas où une prime unique de 500 francs est imposée à tous les groupes et où l'assurance est rendue obligatoire, il y a un surplus total positif, ce qui indique des gains mutuellement avantageux pour le marché de l'assurance dans son ensemble. Cependant, il est important de noter qu'il peut y avoir des perdants dans ce scénario. Le groupe le moins risqué, dans cet exemple, le groupe A avec un risque moyen de 20%, subit une perte nette en s'assurant. Leur volonté de payer de 250 francs est inférieure à la prime de 500 francs, ce qui se traduit par une perte de 250 francs pour ce groupe. Cette perte subie par le groupe A peut être considérée comme une forme de "prime de solidarité" imposée aux groupes moins risqués pour soutenir les groupes plus risqués et permettre une tarification plus équitable et une répartition plus équilibrée des coûts au sein du système d'assurance obligatoire.
Le paradoxe de Condorcet et le théorème d'impossibilité d'Arrow soulèvent des questions fondamentales sur la manière dont les sociétés peuvent prendre des décisions collectives de manière juste et cohérente. Le paradoxe de Condorcet illustre le problème des cycles de préférence, où les choix collectifs ne sont pas transitifs. En d'autres termes, le groupe préfère A à B, B à C, mais aussi C à A, ce qui est illogique et mène à une impasse décisionnelle.
 
= Les choix publics =
== Choix public ==


Les lacunes de marché appellent le plus souvent une intervention de l’État.
Le théorème d'impossibilité d'Arrow va plus loin en affirmant qu'aucun système de vote ne peut simultanément satisfaire un ensemble de conditions raisonnables sans aboutir à une situation de dictature (où les préférences d'un seul individu deviennent déterminantes pour la décision collective), à moins de renoncer à l'une des conditions.


Souvent, exactement comme pour les agents économiques privés, aussi l’État fait face à des problèmes d’information, mais il existe d’autres raisons qui peuvent générer un écart entre les désirs de la collectivité et l’action de l’État.
Cependant, lorsque les préférences des électeurs sont exprimées le long d'une échelle continue plutôt que sous forme de choix discrets, le paradoxe de Condorcet peut être évité grâce à l'hypothèse de l'électeur médian. Selon cette théorie, dans un système de vote majoritaire où les préférences sont distribuées de manière unidimensionnelle et continue, l'issue de toute élection sera déterminée par l'électeur médian. Cet électeur médian a autant de personnes avec des préférences plus extrêmes de part et d'autre de lui, faisant de sa position la plus centrale et la plus représentative de la population votante.


La théorie du CHOIX PUBLIC essaie de comprendre comment l’État prend des décisions pour la collectivité et si les conditions d’un planificateur social idéal existent.
En conséquence, les candidats ou les propositions politiques tendent à se rapprocher de la position de l'électeur médian pour maximiser leurs chances de gagner. Cela suppose une certaine forme de convergence des propositions, où les politiques proposées s'orientent vers ce qui est souhaitable pour l'électeur médian, dans la mesure où il est celui qui, en fin de compte, décide du résultat des élections dans un système de vote majoritaire. Cependant, cette approche simplifie grandement la complexité des préférences politiques et suppose que tous les électeurs participent et votent conformément à leurs préférences réelles.


Problème récurrent et ancien: comment agréger des préférences hétérogènes ?
Par exemple, imaginons la distribution suivante des préférences sur le budget de l’État :


== Le paradoxe du vote de Condorcet ==
[[Fichier:Principe de l'électeur médian 1.png|400px|vignette|centré]]


Dans une petite communauté, trois "types" d'individus doivent choisir parmi trois projets alternatifs. Le tableau montre que les préférences collectives violent le principe de transitivité :
Ce scénario décrit une application du principe de l'électeur médian, qui est central dans le modèle de choix public. Ce principe suggère qu'en cas de distribution unimodale des préférences sur une question politique linéaire, comme le budget de l'État, l'option préférée par l'électeur médian sera celle qui remportera la décision finale dans un vote majoritaire.
 
[[Fichier:Paradoxe du vote de Condorcet 1.png|400px|vignette|centré]]


*a. Si le vote concerne seulement l’alternative A et B, c’est A qui est choisi par les groupes 1-3 contre 2.
Dans cet exemple, les préférences des électeurs sont distribuées autour de différents montants de budget pour l'État, exprimés en millions de CHF. Si l'on effectuait une moyenne des montants préférés par tous les votants, on obtiendrait un budget moyen souhaité de 9 millions de CHF.
*b. Si le vote concerne seulement l’alternative B et C, c’est B qui est choisi par les groupes 1-2 contre 3.
*c. Si le vote concerne seulement l’alternative A et C, c’est C qui est choisi par les groupes 2-3 contre 1.


Implication : le choix de la votation dépendra de l’ordre dans lequel les alternatives sont proposées
Cependant, dans un système de vote majoritaire entre deux options, l'option qui coïncide avec la préférence de l'électeur médian est celle qui gagne. L'électeur médian est celui situé au point où la moitié des électeurs préfère une option moins coûteuse et l'autre moitié préfère une option plus coûteuse. Dans cet exemple, c'est le montant de 10 millions de CHF qui est préféré par l'électeur médian. Ainsi, peu importe contre quelle autre somme le montant de 10 millions de CHF est mis en concurrence, il y aura toujours plus de 50% des votants qui le préféreront à toute autre somme, car il recueillera les votes de tous ceux qui veulent dépenser 10 millions de CHF ou plus.


== Théorème d'impossibilité de Arrow ==
Ce résultat souligne l'importance stratégique de l'électeur médian dans les décisions de politique publique et explique pourquoi les politiques qui s'alignent avec les préférences de l'électeur médian ont souvent plus de chances d'être adoptées. C'est aussi une raison pour laquelle les politiciens et les partis politiques ciblent fréquemment leurs politiques pour gagner le soutien de l'électeur médian, notamment dans les démocraties représentatives.[[Fichier:Principe de l'électeur médian 2.png|400px|vignette|centré]]


Kenneth Arrow (prix Nobel en 1972) a proposé un ensemble de critères désirables et relativement peu exigeants pour obtenir un système de vote:
Ce graphique montre une distribution des préférences de budget d'un ensemble de personnes, avec des montants allant de 0 à 20 milliards d'euros. On peut observer que la majorité des personnes ont une préférence pour un budget de 15 milliards d'euros, comme indiqué par la plus grande barre du graphique. Les autres montants, tels que 0, 5, 10 et 20 milliards d'euros, ont respectivement attiré moins de préférences, avec la barre la plus basse indiquant que très peu de personnes préfèrent un budget de 20 milliards d'euros.
*Unanimité : si tous préfèrent un objet par rapport à un autre, il devrait être choisi;
*Transitivité : si A est préféré à B et B est préféré à C, il faut que A soit préféré à C;
*Indépendance des options non pertinentes : la préférence entre A et B ne devrait pas dépendre de l’existence (ou absence) d’une troisième option C;
*Non-dictature : il n’y a pas d’individu dont les préférences correspondent à tous les choix sociaux indépendamment des préférences des autres.


Le théorème montre que tout système de choix collectif doit relâcher au moins une de ces conditions (→ dictature?).
Cette distribution illustre les préférences budgétaires dans une communauté et suggère que si une décision devait être prise par vote majoritaire, le budget de 15 milliards serait le plus susceptible d'être choisi, car il représente le pic de la distribution des préférences et est donc vraisemblablement le choix de l'électeur médian. L'électeur médian est celui dont la position coupe la population en deux moitiés égales, avec une moitié préférant moins que l'électeur médian et l'autre moitié préférant plus.


== Le principe de l'électeur médian ==
Cette situation reflète le concept de l'électeur médian en théorie du choix public, qui suggère que dans un système de vote majoritaire, l'option préférée par l'électeur médian est généralement celle qui est adoptée. Les préférences de ceux qui souhaitent un budget inférieur à 15 milliards ou supérieur à 15 milliards sont moins représentées, ce qui signifie que leurs préférences ne sont pas déterminantes pour le résultat final dans un vote majoritaire.


On peut montrer que, à partir du moment où les préférences sont exprimées en continu, le paradoxe de Condorcet n’a plus lieu d’être.
Il est également intéressant de noter que cette distribution des préférences peut avoir des implications pour les politiques gouvernementales et les stratégies des candidats politiques. Les politiciens qui visent à gagner ou à rester en pouvoir auraient intérêt à proposer des politiques budgétaires proches de 15 milliards, car c'est la somme qui maximiserait leur soutien électoral selon cette distribution. Cela illustre comment la théorie de l'électeur médian peut être utilisée pour comprendre et prédire les politiques gouvernementales dans les démocraties représentatives.


Un système majoritaire implique alors que c’est toujours l’électeur médian qui décide du résultat final.
L'histogramme suggère une distribution des préférences de budget dans une population donnée. Dans cette distribution, la majorité des personnes préfèrent un budget de 15 milliards d'euros, suivi par ceux qui préfèrent un budget de 5 milliards, puis 10 milliards, et enfin une minorité qui penche pour 0 ou 20 milliards. Ce profil de préférences illustre le concept de l'électeur médian en théorie politique et économique.


L’électeur médian est celui qui se trouve au milieu de la distribution des préférences. Il a donc 50% des votants à sa droite et 50% à sa gauche.
L'implication de cette distribution pour la stratégie politique est que deux partis cherchant à maximiser leurs chances d'être élus auront tendance à adopter des positions qui se rapprochent des préférences de l'électeur médian. La raison en est simple : dans un système électoral majoritaire, le candidat ou le parti qui gagne le soutien de l'électeur médian - l'individu dont les préférences sont exactement au centre de la distribution des préférences de l'électorat - est le plus susceptible de remporter la majorité des voix.


Étant donné que les préférences sont ordrées sur une variable continue, tous les électeurs des deux extrémités lui sont acquis.
Dans cet exemple, si les préférences se distribuent autour des montants budgétaires, un parti politique qui propose un budget de 15 milliards aurait le soutien de l'électorat majoritaire, car c'est le montant qui recueille le plus grand nombre de préférences. Ainsi, même si un parti commençait avec une proposition de budget plus élevée ou plus faible, il serait incité à modérer sa position pour s'aligner avec celle de l'électeur médian pour gagner plus de voix.


Par exemple, imaginons la distribution suivante des préférences sur le budget de l’État :
Ce phénomène est bien connu sous le nom de "convergence vers le centre" en politique. Cela peut souvent expliquer pourquoi les plateformes des partis politiques se ressemblent beaucoup dans des systèmes électoraux bipartites, chacun visant à capturer la préférence de l'électeur médian, qui est décisive. Ce comportement peut parfois décevoir les électeurs des deux extrémités du spectre politique, qui se sentent négligés lorsque les partis s'alignent sur des positions centristes. Cela peut aussi entraîner une certaine homogénéisation des politiques proposées et potentiellement réduire la diversité des choix offerts aux électeurs.
 
[[Fichier:Principe de l'électeur médian 1.png|400px|vignette|centré]]
 
Si chaque votant devait préciser le montant du budget dans le bulletin de vote, la moyenne donnerait un budget de 9 Mio CHF.
 
Mais s’il faut décider entre deux montants, ce sera toujours celui choisi par l’électeur médian, qu'ici souhaite 10 Mio.
 
Il y aura toujours plus que 50% des votants qui préfèrent 10Mio à n'importe quelle autre somme.
 
[[Fichier:Principe de l'électeur médian 2.png|400px|vignette|centré]]
 
Implication: si deux partis politiques concurrents essayent de maximiser leur probabilité d'élection, ils vont les deux se rapprocher de la position de l'électeur médian (est-ce que ça vous rappelle quelque chose?).


= Résumé =
= Résumé =


Les asymétries d’information sont présentes lors de nombreuses transactions économiques.
Les asymétries d'information jouent un rôle important dans la plupart des transactions économiques, influençant le comportement des agents et la performance des marchés. L'aléa moral décrit une situation où les incitations à agir de manière prudente sont réduites après la signature d'un contrat, ce qui peut conduire à une prise de risque accrue. Le problème d'agence soulève la question de la surveillance : un principal ne peut pas toujours s'assurer que l'agent agit dans son meilleur intérêt, surtout lorsque les actions de l'agent ne sont pas entièrement observables.
 
L’aléa moral se produit lorsque les incitations des agents sont modifiées suite à la conclusion d’un contrat sur un bien ou un service.
 
Le problème d’agence survient lorsqu’un principal ne contrôle pas parfaitement le comportement d’un agent.
 
Lorsque les caractéristiques d’un bien ou service sont cachées, le marché est sujet à un problème de sélection adverse.
 
Une solution marchande au problème d’asymétrie d’information est donné par le signal.


La théorie du choix public montre que les préférences collectives ne peuvent pas être aisément être exprimées.
La sélection adverse se produit lorsqu'il y a des informations cachées sur un bien ou service, conduisant à une situation où les produits de moindre qualité peuvent être présentés comme équivalents à des produits de meilleure qualité. Pour surmonter ce problème, les marchés ont développé des mécanismes de signalisation, où les vendeurs utilisent des garanties, des marques ou d'autres indicateurs pour communiquer la qualité de leurs biens ou services aux acheteurs potentiels.


Le théorème d’impossibilité d’Arrow montre qu’aucun système de vote n’est parfait et que des concessions sont nécessaires.
La théorie du choix public nous enseigne que les préférences collectives ne sont pas simplement la somme des préférences individuelles. Elles sont complexes à agréger et ne peuvent pas toujours être facilement ou fidèlement représentées. Le théorème d'impossibilité d'Arrow nous rappelle qu'il n'existe pas de méthode de vote parfaite qui puisse traduire sans faille les préférences individuelles en une décision collective satisfaisante sans enfreindre au moins un principe éthique ou démocratique fondamental.


Dans de nombreuses situations, les institutions démocratiques engendreront le résultat désiré par l’électeur médian indépendamment des préférences du reste de l’électorat.
Enfin, dans le contexte des institutions démocratiques, la tendance est souvent que l'électeur médian - celui dont les préférences se situent au centre de la distribution des préférences de l'électorat - détermine le résultat final. Cela explique pourquoi de nombreux partis politiques se positionnent autour du centre, afin de maximiser leur attrait auprès du plus grand nombre d'électeurs. Cette tendance peut mener à une certaine homogénéisation des politiques proposées et pose des questions sur la représentativité et l'équité des résultats politiques.


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Les problèmes d'information et les choix publics sont au cœur de l'économie, surtout lorsqu'il s'agit d'analyser les marchés et l'intervention de l'État. L'idéal de la concurrence parfaite, supposant transparence et absence d'incertitude, est rarement atteint dans la pratique. Souvent, l'information disponible n'est ni parfaite ni symétriquement partagée entre les parties, conduisant à des asymétries d'information. Ces asymétries surviennent quand une partie dans une transaction détient des informations que l'autre ignore, pouvant entraîner des sélections adverses avant la transaction, où les informations cachées mènent à des choix suboptimaux, ou des aléas moraux après la transaction, où le comportement d'une partie change au détriment de l'autre faute de surveillance efficace.

La théorie du choix public s'intéresse à comment les décisions sont prises dans le secteur public et comment elles peuvent être influencées par les asymétries d'information et les intérêts personnels des acteurs politiques. Ces problèmes d'information peuvent rendre difficile pour l'État de corriger les défaillances du marché. Les défis incluent l'évaluation des besoins et préférences collectifs, l'anticipation des conséquences des politiques publiques et la mesure de l'efficacité des interventions. De plus, il y a le risque que les décideurs politiques agissent selon leurs propres intérêts plutôt que pour le bien commun, utilisant l'information de manière sélective ou favorisant certaines parties pour des raisons politiques ou personnelles.

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Les asymétries d'information[modifier | modifier le wikicode]

Exemples d'asymétrie d'information du côté des ménages[modifier | modifier le wikicode]

Les asymétries d'information représentent une problématique récurrente dans laquelle les consommateurs se retrouvent désavantagés face aux fournisseurs de biens ou de services, principalement à cause d'un déficit d'information ou d'une compréhension limitée de ce qu'ils achètent ou utilisent. Cette situation se manifeste de diverses manières dans le quotidien des ménages, affectant leur capacité à faire des choix éclairés et optimisés selon leurs besoins.

Un exemple frappant se trouve dans le secteur de la santé ou de la mécanique automobile, où les patients ou clients n'ont souvent qu'une connaissance limitée des problèmes auxquels ils sont confrontés. Les professionnels, tels que les médecins ou les garagistes, possèdent une expertise qui leur confère un avantage informationnel significatif. Cette différence de connaissances peut conduire à des recommandations de services plus onéreux que nécessaire, si ces professionnels choisissent de ne pas agir dans le meilleur intérêt de leurs clients.

La complexité intentionnelle est une stratégie couramment observée dans les produits financiers et d'assurance, où les offres sont conçues pour être difficilement comparables. Cette approche permet aux entreprises de se distinguer sur le marché, mais elle a également pour effet de semer la confusion parmi les consommateurs, les rendant incapables de sélectionner l'option la mieux adaptée à leurs besoins personnels.

Concernant les produits technologiques, comme les ordinateurs ou les appareils photo numériques, la pléthore de caractéristiques et de spécifications peut submerger le consommateur moyen. Sans une compréhension approfondie de ces caractéristiques et de leur pertinence par rapport à ses propres exigences, le consommateur risque de faire un choix qui ne correspond pas à ses besoins réels, guidé par une surcharge d'informations difficile à décrypter.

L'engagement de services professionnels, tel que l'embauche d'un avocat, illustre également cette problématique. Bien que conscient du besoin d'assistance juridique, le client peut se trouver démuni face à l'évaluation de la compétence ou de l'intégrité de l'avocat choisi. La décision est souvent basée sur la réputation ou les recommandations, sans certitude quant à l'issue.

Enfin, la publicité joue un rôle prépondérant dans la distorsion des informations disponibles pour les consommateurs. Les campagnes publicitaires visent à modeler la perception des produits en mettant en avant des attributs séduisants, tout en minimisant les aspects moins avantageux. Cette pratique contribue à une prise de décision basée sur des informations partielles ou biaisées, éloignant encore plus les consommateurs d'une compréhension complète de leurs choix.

Ces divers exemples démontrent comment les asymétries d'information traversent de multiples aspects de la consommation, mettant souvent les ménages dans une position vulnérable lorsqu'il s'agit de prendre des décisions importantes. Elles soulignent l'importance cruciale de mesures telles que la réglementation, l'accroissement de la transparence et l'éducation des consommateurs pour atténuer ces asymétries et protéger les intérêts des ménages face à une information imparfaite.

Exemples d'asymétrie d'information du côté des entreprises[modifier | modifier le wikicode]

Les asymétries d'information du côté des entreprises soulèvent des défis significatifs dans leurs interactions avec divers acteurs, notamment les employés, les gestionnaires, les clients et les partenaires. Ces défis découlent principalement d'un manque d'information ou de l'accès inégal à celle-ci, impactant la prise de décision et la gestion des risques au sein des entreprises. Ces asymétries se manifestent dans plusieurs contextes clés, influençant la dynamique organisationnelle et les relations d'affaires.

Un domaine où l'asymétrie d'information est particulièrement prégnante est la relation entre les employeurs et leurs employés. Les employeurs peinent souvent à évaluer l'engagement réel et l'effort que les employés consacrent à leur travail. Malgré les processus de recrutement et les évaluations régulières, il reste difficile de mesurer avec précision l'investissement personnel d'un employé, car beaucoup d'aspects de leur performance restent intrinsèquement non observables.

Les actionnaires, d'un autre côté, font face à un défi similaire lorsqu'il s'agit de surveiller les gestionnaires qui dirigent les opérations quotidiennes de l'entreprise. Les gestionnaires ont accès à des informations détaillées sur les activités et la santé financière de l'entreprise, tandis que les actionnaires doivent se baser sur des rapports et des déclarations publiques pour évaluer la performance de l'entreprise. Cette asymétrie d'information peut créer des opportunités pour les gestionnaires d'agir selon leurs propres intérêts, potentiellement au détriment des actionnaires.

Dans le secteur financier, les banques et autres institutions font face à une asymétrie d'information lors de l'évaluation des demandeurs de prêt. Malgré les analyses de crédit approfondies, il reste une part d'incertitude quant à la capacité du demandeur à rembourser le prêt, posant un risque pour la banque. Cette incertitude est exacerbée par le fait que les demandeurs peuvent avoir des informations sur leur propre situation financière que la banque ne peut pas connaître.

Les compagnies d'assurance rencontrent également des problèmes d'asymétrie d'information lorsqu'elles proposent des polices couvrant divers risques. Elles doivent estimer la probabilité que ces risques se réalisent sans connaître précisément qui souscrira à ces polices et si ces individus sont plus susceptibles de faire une réclamation. Cette situation est d'autant plus complexe que les clients potentiels ont souvent une meilleure connaissance de leur propre risque.

Enfin, dans les chaînes de distribution, les fournisseurs doivent juger de la fiabilité des acheteurs, notamment leur capacité à payer les biens ou services fournis. L'incertitude entourant la solvabilité de l'acheteur crée une asymétrie d'information qui peut compliquer les transactions et nécessiter des mesures de sécurité supplémentaires, telles que des assurances crédit ou des garanties.

Ces contextes variés démontrent l'ampleur des défis posés par les asymétries d'information dans le monde des affaires. Pour y faire face, les entreprises peuvent adopter plusieurs stratégies, comme mettre en place des mécanismes de contrôle et d'incitation, améliorer la transparence et la communication, ou élaborer des contrats bien structurés pour aligner les intérêts des différentes parties prenantes. Ces approches visent à réduire les incertitudes et à favoriser une prise de décision plus informée et efficace au sein des organisations.

Information cachée[modifier | modifier le wikicode]

L'asymétrie d'information, un phénomène omniprésent dans les marchés économiques, a la capacité d'accroître les comportements opportunistes parmi les agents économiques. Cette situation se produit lorsque certains participants du marché disposent d'un avantage informationnel qu'ils peuvent exploiter au détriment d'autres agents moins bien informés. Cette exploitation peut mener à des inefficiences de marché et à des échecs de marché, où les transactions ne se déroulent pas de manière optimale ou équitable.

Il existe principalement deux types de problèmes découlant de l'asymétrie d'information : l'aléa moral et la sélection adverse. L'aléa moral, également connu sous le nom de risque moral, survient après la conclusion d'un contrat lorsque l'une des parties engage des actions qui peuvent augmenter les risques ou les coûts pour l'autre partie, qui ne peut pas facilement observer ou contrôler ces actions. Un exemple classique d'aléa moral est un individu qui adopte un comportement de conduite imprudente après avoir souscrit une assurance automobile complète, sachant que les coûts financiers d'un accident seront couverts par l'assureur.

La sélection adverse, ou anti-sélection, se produit avant la conclusion d'un contrat, lorsque l'information asymétrique amène une partie à sélectionner des risques défavorables pour l'autre partie. Le marché de l'assurance est également un exemple pertinent de sélection adverse, comme illustré par le célèbre article d'Akerlof sur "le marché des 'lemons'" (voitures d'occasion de mauvaise qualité), où les vendeurs ont plus d'informations sur la qualité de leur voiture que les acheteurs. Cette situation conduit les acheteurs à être prudents et à réduire leur offre, ce qui peut entraîner un effondrement du marché pour les biens de haute qualité.

Ces problèmes d'asymétrie d'information ont été reconnus pour leur importance fondamentale dans l'analyse des marchés et des comportements économiques. En 2001, le prix Nobel d'économie a été attribué conjointement à George A. Akerlof, Joseph E. Stiglitz, et Michael Spence pour leurs contributions pionnières à la compréhension des marchés avec asymétrie d'information. Leurs travaux ont mis en lumière comment l'information cachée et les actions cachées peuvent perturber le fonctionnement efficace des marchés, conduisant à des résultats suboptimaux qui ne se produiraient pas si une information parfaite était disponible. Ces recherches ont non seulement enrichi la théorie économique, mais ont également influencé de manière significative les politiques publiques et la conception des mécanismes de marché pour mieux gérer les effets de l'asymétrie d'information.

Aléa moral[modifier | modifier le wikicode]

L'aléa moral est un concept clé en économie qui décrit une situation où une partie impliquée dans un contrat ou un accord modifie son comportement à son avantage, de façon contraire aux attentes ou aux termes initialement convenus. Ce phénomène peut se produire dans divers contextes et revêtir plusieurs formes, allant de comportements clairement opportunistes à des actions moins flagrantes mais néanmoins problématiques en termes de respect des engagements.

Les exemples "hard" d'aléa moral illustrent des comportements où les individus exploitent de manière opportuniste des situations à leur avantage, souvent au détriment d'autres parties ou du système dans son ensemble. Par exemple, un employé qui utilise son temps de travail pour des activités personnelles telles que surfer sur Internet ou bâtir un portefeuille de clients indépendant agit clairement à l'encontre des attentes de son employeur. De même, déclarer un bien volé à l'assurance pour obtenir un remboursement indu, se mettre volontairement au chômage sans chercher activement à se réinsérer dans le marché du travail, ou détourner les fonds d'un prêt pour réaliser un investissement très risqué, sont des manifestations d'aléa moral où l'individu cherche à tirer profit d'un système ou d'un contrat à ses propres fins.

Toutefois, l'aléa moral peut également se manifester sous des formes plus "soft", moins extrêmes mais toujours problématiques. Un employé qui ne fournit pas l'effort maximal possible, une personne moins vigilante concernant la sécurité d'un objet susceptible d'être perdu ou volé, un chômeur qui ne cherche pas activement un emploi, ou l'utilisation de crédit pour la consommation plutôt que pour l'investissement prévu, sont autant d'exemples où les comportements s'écartent des engagements ou des attentes sans pour autant être aussi flagrants ou intentionnels que les exemples précédents.

Il est important de noter que le terme "moral" dans l'expression "aléa moral" ne fait pas référence à un jugement sur la moralité des actions des individus, mais plutôt à l'analyse économique des conséquences de ces comportements sur les accords et les systèmes. L'économie positive, qui cherche à expliquer et à prédire les comportements économiques sans les juger du point de vue de leur moralité, utilise le concept d'aléa moral pour comprendre comment les asymétries d'information et les incitations peuvent conduire à des écarts entre le comportement attendu et le comportement réel des agents économiques. Reconnaître et gérer l'aléa moral est crucial pour concevoir des contrats efficaces, des politiques publiques et des systèmes de régulation qui minimisent les risques d'exploitation opportuniste et favorisent un fonctionnement équitable et efficace des marchés.

L'aléa moral et les marchés financiers[modifier | modifier le wikicode]

L'aléa moral dans les marchés financiers est particulièrement préoccupant en raison de l'impact que peuvent avoir les comportements opportunistes sur la stabilité financière globale. Les institutions telles que les banques centrales et le Fonds Monétaire International (FMI) jouent un rôle crucial en agissant comme prêteurs de dernier recours, intervenant en cas de crise de liquidité pour maintenir la stabilité du système financier. Cependant, la simple existence de ces mécanismes de secours peut, paradoxalement, encourager des comportements plus risqués de la part des opérateurs de marché.

La fonction de prêteur en dernier recours est conçue pour prévenir les effondrements systémiques en fournissant des liquidités en cas de besoin urgent. Toutefois, cette sécurité supplémentaire peut conduire à un phénomène d'aléa moral où les banques, les institutions financières, et même les États, peuvent être tentés de prendre des risques excessifs en comptant sur le fait qu'ils seront secourus en cas de problème. Sachant qu'une aide est disponible en cas de crise, ces entités peuvent être incitées à adopter des stratégies d'investissement plus agressives, à augmenter leur endettement ou à réduire leurs réserves de liquidités, augmentant ainsi la probabilité et la gravité potentielles des crises financières.

Ce comportement s'explique par le fait que les gains associés à des investissements risqués sont privatisés, c'est-à-dire qu'ils reviennent à l'entité qui prend le risque, tandis que les pertes, en cas de crise, peuvent être socialisées à travers les interventions des banques centrales ou du FMI. Cette asymétrie crée une incitation perverse à prendre des risques qui ne seraient pas considérés si les entités devaient entièrement assumer les conséquences négatives de leurs actions.

Pour atténuer l'aléa moral dans les marchés financiers, diverses mesures réglementaires et politiques peuvent être mises en œuvre. Cela peut inclure des exigences plus strictes en matière de capitaux propres et de liquidités pour les banques, l'imposition de sanctions pour les comportements excessivement risqués, ou la mise en place de mécanismes qui assurent que les investisseurs et les institutions financières assument une plus grande part des pertes en cas de crise. De telles mesures visent à réaligner les incitations, encourageant les acteurs du marché à adopter des comportements plus prudents et à mieux évaluer les risques associés à leurs décisions d'investissement.

Cas particulier : les problèmes d'agence[modifier | modifier le wikicode]

Le problème d'agence, un cas spécifique d'aléa moral, met en lumière les défis inhérents aux relations entre deux parties, souvent désignées comme le principal et l'agent. Dans ce contexte, le principal (tel qu'un employeur ou un actionnaire) délègue une tâche ou une responsabilité à l'agent (comme un employé ou un manager), avec l'espoir que l'agent agira dans le meilleur intérêt du principal. Toutefois, étant donné que le principal ne peut pas observer directement ou contrôler parfaitement le comportement ou l'effort de l'agent, cela crée un terrain propice à l'aléa moral.

La difficulté centrale réside dans le fait que les intérêts de l'agent peuvent ne pas être parfaitement alignés avec ceux du principal. Par exemple, un manager (agent) pourrait privilégier des projets qui maximisent son prestige ou son bonus personnel, plutôt que la rentabilité à long terme de l'entreprise (intérêt du principal). De même, un employé pourrait choisir de minimiser son effort au travail s'il perçoit que cela n'affectera pas significativement sa rémunération ou sa position au sein de l'entreprise.

Pour atténuer les problèmes d'agence et réduire l'incidence de l'aléa moral, il est crucial de concevoir des contrats et des systèmes d'incitation qui alignent les intérêts de l'agent sur ceux du principal. Cela peut inclure des mécanismes de partage des profits, des bonus basés sur la performance, des options d'achat d'actions pour les employés, ou encore des systèmes d'évaluation régulière et transparente de la performance. L'objectif est de faire en sorte que l'amélioration du bien-être de l'agent soit directement liée aux résultats obtenus pour le principal.

De plus, le renforcement de la surveillance et de la responsabilité peut jouer un rôle clé dans la limitation des comportements opportunistes. Cela peut impliquer des audits réguliers, l'utilisation de technologies de surveillance au travail (dans le respect de la législation et des normes éthiques), ou encore la mise en place de conseils d'administration actifs et engagés dans la surveillance des décisions managériales.

La résolution des problèmes d'agence est un enjeu majeur dans la gestion des organisations et la conception des systèmes économiques. Elle nécessite une attention particulière à la structure des incitations, à la transparence et à la responsabilité pour assurer que les actions de l'agent contribuent effectivement aux objectifs et à la réussite du principal.

Comment limiter le problème d'aléa moral ?[modifier | modifier le wikicode]

Pour limiter les problèmes découlant de l'aléa moral, diverses stratégies peuvent être mises en œuvre dans différents domaines, telles que les assurances, les problèmes d'agence, les contrats de travail, et l'intervention des prêteurs en dernier recours comme les banques centrales ou le Fonds Monétaire International (FMI).

Dans le domaine des assurances, l'introduction de franchises et de participations aux frais peut réintroduire une incitation à la prudence chez les assurés. En ayant à supporter une partie des coûts en cas de sinistre, les assurés sont encouragés à adopter un comportement plus responsable pour minimiser leurs risques et, par conséquent, leurs dépenses potentielles. Cette mesure vise à réduire les comportements de prise de risque excessive sachant que l'assurance couvrira les pertes.

En ce qui concerne les problèmes d'agence, notamment dans les relations entre employeurs et employés ou entre actionnaires et managers, la rétribution basée sur la performance se présente comme une solution efficace. L'attribution de primes, de bonus, ou de stock-options aux managers, dont la rémunération est directement liée à la performance de l'entreprise, assure une convergence des intérêts des managers avec ceux des actionnaires. Cette approche vise à motiver les agents à agir dans le meilleur intérêt de l'entreprise, favorisant ainsi sa réussite à long terme.

Dans les contrats de travail, l'équilibre entre le bâton et la carotte, associé à un contrôle aléatoire et à des salaires élevés, peut également contribuer à limiter l'aléa moral. En combinant des récompenses pour les performances supérieures et des sanctions pour les comportements inappropriés, tout en réalisant des contrôles inopinés, les employeurs peuvent encourager leurs employés à maintenir un niveau de performance élevé et à agir de manière alignée avec les objectifs de l'organisation.

Enfin, pour les prêteurs en dernier recours comme la banque centrale ou le FMI, il est crucial d'asseoir une crédibilité en n'assistant pas systématiquement les pays ou les banques en difficulté. En évitant une aide automatique, ces institutions peuvent encourager une gestion plus prudente des risques, sachant que le soutien en cas de crise n'est pas garanti. Cette approche vise à prévenir la dépendance à l'aide et à promouvoir une discipline financière parmi les acteurs des marchés financiers.

En somme, limiter l'aléa moral exige un ensemble de stratégies adaptées à chaque contexte, allant de la conception des produits d'assurance à la structure des rémunérations et à la politique des institutions financières. Ces mesures, en alignant mieux les incitations entre les différentes parties, visent à réduire les comportements opportunistes et à favoriser une gestion plus responsable et efficace des ressources.

Un exemple d'agence[modifier | modifier le wikicode]

Dans ce scénario d'agence, le propriétaire de la boutique (le principal) confie la gestion de son commerce à un vendeur (l'agent), avec la performance de la boutique dépendant significativement de l'effort du vendeur. Le vendeur se trouve face à un choix : fournir un effort considérable en travaillant d'arrache-pied, ce qui lui coûte 1 000 francs, ou choisir de minimiser son effort en tirant au flanc, ce qui ne lui coûte rien.

La demande pour les vêtements de la boutique varie, pouvant être faible, moyenne, ou forte, avec une probabilité égale pour chacun de ces états, soit un tiers. Le chiffre d'affaires mensuel de la boutique, et donc indirectement le bénéfice du propriétaire, dépend de cet effort fourni par le vendeur ainsi que de la demande fluctuante.

Le bénéfice de la boutique est calculé en soustrayant le salaire du vendeur au chiffre d'affaires généré. Du côté du vendeur, son gain net se définit comme son salaire moins la valeur monétaire de l'effort fourni (1 000 francs) si l'effort est effectivement réalisé. Cette structure met en évidence la nature du problème d'agence : le propriétaire souhaite maximiser le bénéfice de sa boutique en incitant le vendeur à travailler durement, mais sans pouvoir directement observer ou mesurer cet effort.

Pour aligner les intérêts du vendeur avec les siens, le propriétaire pourrait envisager des mécanismes incitatifs. Ces mécanismes pourraient inclure une structure de rémunération variable, où le salaire du vendeur est lié au chiffre d'affaires ou au bénéfice de la boutique, offrant ainsi au vendeur un incitant financier direct à maximiser les performances de la boutique. Alternativement, des bonus ou des récompenses pourraient être offerts pour atteindre ou dépasser certains seuils de vente, encourageant ainsi l'effort et la performance.

Ce modèle simplifié illustre les défis inhérents à la gestion des problèmes d'agence et la nécessité de concevoir des contrats et des systèmes d'incitation qui motivent les agents à agir dans le meilleur intérêt de leurs principaux, tout en tenant compte des coûts et des efforts impliqués pour les agents.

Problèmes d'information et les choix publics exemple agence 1.png

Deux cas possibles :

Dans le cas du salaire fixe où le propriétaire offre un salaire de 3 000 au vendeur, ce dernier n'a aucune incitation à fournir un effort supplémentaire. En effet, peu importe son niveau d'effort, sa rémunération reste la même. Ainsi, sans motivation à travailler d'arrache-pied, le vendeur opte probablement pour le moindre effort, entraînant des performances moyennes pour la boutique.

Le bénéfice moyen de la boutique, dans ce contexte, est calculé en se basant sur la deuxième ligne du tableau des chiffres d'affaires, représentant des résultats obtenus sans effort exceptionnel de la part du vendeur. Les chiffres d'affaires possibles sont de 5 000, 10 000 et 15 000, avec une probabilité égale pour chaque scénario. Le bénéfice moyen est donc obtenu en faisant la moyenne de ces chiffres d'affaires, puis en soustrayant le salaire fixe du vendeur. Ce calcul aboutit à un bénéfice moyen de 7 000, dérivé de la formule .

Ce scénario met en lumière les limitations d'un salaire fixe dans des contextes où l'effort du travailleur a un impact direct sur les résultats financiers de l'entreprise. Sans incitation financière à améliorer sa performance, le vendeur ne se sent pas motivé à augmenter son effort, ce qui peut limiter le potentiel de profit de l'entreprise.

Dans le cas d'un salaire variable, le vendeur reçoit une rémunération directement liée au chiffre d'affaires généré: il perçoit un salaire de 12 000 si le chiffre d'affaires atteint 20 000, et de 3 000 si le chiffre d'affaires est inférieur à 20 000. Ce système incitatif encourage le vendeur à fournir un effort supplémentaire pour maximiser les ventes, étant donné que son gain net devient plus intéressant avec l'effort. En effet, le gain net du vendeur avec effort est calculé par la formule . L'effort supplémentaire devient donc financièrement avantageux pour le vendeur.

Sous ce régime de rémunération variable, le bénéfice moyen de la boutique connaît une amélioration significative. En assumant que l'effort du vendeur augmente le chiffre d'affaires aux niveaux plus élevés, le bénéfice moyen est calculé comme suit: . Cette structure de salaire incitatif entraîne non seulement un gain net plus élevé pour le vendeur mais aussi un bénéfice moyen plus conséquent pour la boutique, démontrant l'efficacité de lier la rémunération à la performance pour stimuler l'effort et améliorer les résultats financiers.

Sélection adverse[modifier | modifier le wikicode]

La sélection adverse est un phénomène qui se produit dans des situations de marché où il existe une asymétrie d'information concernant la qualité intrinsèque des biens ou des services échangés. Cette situation est particulièrement problématique lorsque la qualité des produits ou des services varie de manière significative, mais que cette information n'est pas également accessible à toutes les parties prenantes. Contrairement à un marché de concurrence parfaite où la transparence de l'information permet un ajustement adéquat des prix en fonction de la qualité, la sélection adverse intervient lorsque les acteurs du marché ne peuvent pas distinguer clairement les différents niveaux de qualité avant de procéder à l'achat ou à l'échange.

Ce manque de transparence crée un risque pour l'acheteur qui peut se retrouver avec un produit ou un service de qualité inférieure sans que cela soit reflété dans le prix. La sélection adverse peut mener à une situation où les produits de haute qualité sont sous-évalués ou même poussés hors du marché, car les vendeurs de produits de qualité inférieure sont en mesure de les proposer à des prix similaires sans que les acheteurs puissent faire la distinction avant l'achat.

Il est intéressant de noter que bien que la sélection adverse et l'aléa moral soient des concepts différents, ils sont parfois difficiles à distinguer en pratique. La distinction repose sur le moment où l'asymétrie d'information influence le marché : avant la transaction dans le cas de la sélection adverse, et après la transaction dans le cas de l'aléa moral.

Un exemple illustratif concerne le marché des assurances. Dans le cas de la sélection adverse, un individu, conscient des risques élevés qu'il prend en conduisant (comme Monsieur X), peut choisir de souscrire à une assurance complète "casco", sachant que le risque de réclamation est plus élevé en raison de son comportement au volant. L'assureur, ne disposant pas de cette information spécifique sur le comportement de conduite de chaque assuré, risque de fixer un tarif qui ne reflète pas adéquatement le niveau de risque réel. En revanche, l'aléa moral se manifeste après la conclusion du contrat d'assurance, comme dans le cas de Monsieur Y qui, sachant qu'il est couvert par une assurance complète "casco", décide de rouler plus vite, augmentant ainsi le risque d'accident après avoir souscrit à l'assurance. Dans les deux cas, l'asymétrie d'information crée des inefficiences de marché et des défis pour les fournisseurs de services ou de biens à gérer efficacement les risques associés.

Qualités hétérogènes[modifier | modifier le wikicode]

La sélection adverse est un phénomène qui devient particulièrement notable dans des contextes où les qualités des biens ou des services proposés sur le marché sont hétérogènes, et où l'information sur cette qualité n'est pas uniformément distribuée entre les vendeurs et les acheteurs. Cela conduit à une situation où les biens ou services de qualité inférieure, les "mauvais" dans le langage courant, peuvent se fondre parmi ceux de qualité supérieure sans être facilement identifiables au préalable par l'acheteur ou le consommateur. Cette situation est d'autant plus problématique que les acteurs de qualité inférieure ont souvent un intérêt économique à masquer cette réalité pour se vendre au prix des biens ou services de meilleure qualité.

Les exemples de sélection adverse sont variés et touchent de nombreux secteurs :

  • Sur le marché du travail, les employeurs peuvent avoir du mal à discerner les compétences réelles, la motivation et la fiabilité des employés potentiels lors du processus d'embauche. Malgré les CV, les lettres de motivation et les entretiens, l'employeur ne dispose pas toujours de toutes les informations pour faire une évaluation parfaite.
  • Dans le domaine du crédit, les banques et autres institutions financières sont confrontées au défi de distinguer les emprunteurs solvables et responsables des individus présentant un risque de défaut plus élevé. Malgré les analyses de crédit et les systèmes de scoring, la distinction n'est pas toujours claire et peut conduire à l'octroi de crédits à des individus moins aptes à rembourser.
  • Sur le marché de l'assurance, le problème de sélection adverse est illustré par le fait que les clients connaissent mieux leurs propres risques et comportements que l'assureur. Cela peut encourager les individus à haut risque à souscrire plus fréquemment à des assurances, sachant que le tarif proposé ne reflète pas leur risque réel.
  • Dans le marché de l'occasion, particulièrement pour les véhicules, il est souvent difficile pour l'acheteur de déterminer la qualité réelle et l'historique complet du véhicule. Le vendeur, ayant plus d'informations sur le véhicule, peut omettre ou minimiser les défauts.

Ces exemples mettent en lumière les difficultés intrinsèques à la gestion de l'information et à la prise de décision dans un contexte d'information asymétrique. Ils illustrent la nécessité pour les marchés et les institutions de développer des mécanismes et des politiques pour améliorer la transparence de l'information et réduire les effets négatifs de la sélection adverse. Des solutions telles que la certification de qualité, les garanties, les évaluations indépendantes ou encore les systèmes de réputation peuvent contribuer à atténuer ce problème en fournissant aux parties moins informées des moyens de mieux évaluer la qualité des biens ou services qu'elles envisagent d'acquérir.

La sélection adverse et le marché du travail[modifier | modifier le wikicode]

La sélection adverse sur le marché du travail illustre un dilemme auquel sont confrontés les employeurs lorsqu'ils cherchent à comprendre et à gérer la dynamique de leur main-d'œuvre. Chaque employé au sein d'une entreprise possède des opportunités alternatives et des potentiels de salaire différents en dehors de l'organisation, des informations que l'employeur ne peut pas facilement identifier ou évaluer avec précision. Cette asymétrie d'information conduit à des situations où les décisions de gestion des salaires peuvent avoir des conséquences inattendues sur la composition et la qualité de la main-d'œuvre.

Lorsque l'employeur envisage une réduction des salaires comme mesure d'économie, il doit prendre en compte que les employés ne sont pas affectés de manière uniforme par cette décision. Les employés ayant des perspectives meilleures et plus lucratives ailleurs sont plus susceptibles de quitter l'entreprise en réponse à une baisse de salaire. En revanche, ceux dont les alternatives d'emploi sont limitées ou moins attrayantes sont plus enclins à rester, malgré la réduction de leur rémunération.

Cette dynamique est particulièrement problématique si l'on suppose que les travailleurs les plus performants sont également ceux qui disposent des meilleures opportunités alternatives. Ainsi, une baisse généralisée des salaires risque de provoquer le départ disproportionné des employés les plus talentueux et les plus productifs, laissant l'entreprise avec une concentration plus élevée de travailleurs moins performants. En conséquence, la performance moyenne de l'équipe ou de l'organisation dans son ensemble est susceptible de diminuer, ce qui peut affecter la compétitivité et l'efficacité globales de l'entreprise.

Face à ce risque, l'entreprise pourrait préférer adopter d'autres stratégies de réduction des coûts, telles que des licenciements ciblés ou aléatoires, plutôt que de mettre en œuvre des réductions de salaire qui pourraient inciter ses meilleurs éléments à partir. Bien que les licenciements comportent leurs propres défis et coûts, cette approche permet à l'entreprise de contrôler plus directement la composition de sa main-d'œuvre et de minimiser le risque de perdre une proportion importante de ses employés les plus performants. Cette situation souligne l'importance pour les employeurs de comprendre les dynamiques du marché du travail et les préférences de leurs employés afin de prendre des décisions éclairées en matière de gestion des ressources humaines.

La sélection adverse et le marché du crédit[modifier | modifier le wikicode]

Pierre Desproges (humoriste français): “Un banquier est quelqu’un qui vous prête de l’argent à condition que vous lui prouviez que vous n’en avez pas besoin”. La citation humoristique de Pierre Desproges capte avec ironie un aspect crucial du marché du crédit et illustre le dilemme auquel sont confrontées les banques et autres institutions financières : l'évaluation du risque de crédit dans un contexte d'information asymétrique. Le marché du crédit est marqué par un phénomène de sélection adverse, où l'asymétrie d'information entre les prêteurs et les emprunteurs peut conduire à des résultats suboptimaux.

Dans un monde idéal, les banques souhaiteraient prêter à des emprunteurs solvables, capables de rembourser leur dette tout en générant un retour sur investissement stable pour la banque. Cependant, la réalité est plus complexe. Souvent, ceux qui cherchent activement à obtenir un crédit sont ceux qui en ont le plus besoin et qui sont prêts à accepter des taux d'intérêt plus élevés pour accéder aux fonds nécessaires. Cette disposition à payer des taux d'intérêt élevés ne signifie pas nécessairement que ces emprunteurs sont les plus à même de rembourser le prêt.

Lorsque les taux d'intérêt augmentent pour compenser le risque perçu par la banque, cela a pour effet involontaire de repousser les emprunteurs à faible risque, qui pourraient trouver ces conditions trop onéreuses ou injustifiées pour leur projet sûr mais à faible rendement. Par conséquent, le marché se retrouve avec une proportion plus élevée d'emprunteurs acceptant de prendre des risques plus importants, souvent avec des projets pouvant offrir de hauts rendements mais accompagnés d'une probabilité de défaut tout aussi élevée.

L'exemple du cordonnier souhaitant agrandir son magasin par rapport à l'entrepreneur démarrant une startup illustre parfaitement cette dynamique. Le cordonnier, avec un projet à faible risque mais offrant un rendement modeste, pourrait se voir dissuadé par des taux d'intérêt élevés, tandis que l'entrepreneur de la startup, malgré un risque de défaut plus élevé, pourrait être plus enclin à accepter ces taux dans l'espoir de réaliser des bénéfices significatifs.

Ce scénario met en évidence le défi pour les banques de fixer des taux d'intérêt qui équilibrent correctement le risque sans encourager la sélection adverse. Des mécanismes comme l'analyse de crédit approfondie, les garanties, ou encore les prêts basés sur des critères de performance peuvent aider à atténuer le problème, en s'assurant que les fonds soient alloués de manière plus efficace aux projets présentant un équilibre optimal entre risque et rendement.

La sélection adverse et le marché de l'assurance[modifier | modifier le wikicode]

La sélection adverse sur le marché de l'assurance est un phénomène où les personnes ayant le plus grand risque de réclamer sont également celles qui sont le plus susceptibles de souscrire à une assurance. Les compagnies d'assurance, bien qu'ayant accès à des données statistiques sur la distribution des risques dans la population, rencontrent des difficultés à distinguer individuellement le niveau de risque de chaque souscripteur. En conséquence, lorsque des contrats d'assurance sont proposés en se basant sur ces informations générales, il existe un risque inhérent d'attirer principalement ceux qui ont des problèmes de santé plus significatifs ou qui sont plus susceptibles de rencontrer les situations contre lesquelles ils souhaitent s'assurer.

Ce problème ne se limite pas aux assurances santé. Il se manifeste dans divers domaines, tels que les assurances contre les inondations, les catastrophes naturelles, le chômage (dans les pays où l'assurance-chômage n'est pas obligatoire), le cambriolage ou encore l'assurance-ménage. Dans chacun de ces cas, les individus les plus exposés aux risques concernés sont plus enclins à chercher une protection assurantielle, conscient de leur probabilité plus élevée de devoir faire une réclamation.

La conséquence directe de ce phénomène est que le pool d'assurés peut finir par avoir une probabilité moyenne de sinistre plus élevée que celle de la population générale. Cela peut conduire à une augmentation des primes pour tous les souscripteurs, rendant l'assurance moins abordable ou moins attrayante pour les individus à faible risque, qui pourraient alors choisir de ne pas souscrire, exacerbant encore le problème de sélection adverse.

Pour contrer ce phénomène, les compagnies d'assurance mettent en œuvre diverses stratégies, telles que la segmentation des offres en fonction de différents niveaux de risque, l'application de questionnaires de santé détaillés, ou encore l'introduction de franchises et de limitations dans les couvertures. L'objectif est de mieux équilibrer le rapport entre les primes perçues et les risques couverts, afin de rendre les contrats d'assurance viables et équitables pour tous les parties, tout en essayant de minimiser les effets de la sélection adverse.

La sélection adverse et le marché d'occasion : une application[modifier | modifier le wikicode]

Le modèle des "lemons" développé par George Akerlof illustre parfaitement les problèmes de sélection adverse sur le marché des voitures d'occasion. Ce modèle distingue deux types de véhicules : les "bonnes affaires", qui ont été bien entretenues par leurs propriétaires précédents et dont le prix de vente est de , et les "mauvaises affaires", sujettes à des pannes fréquentes, pour lesquelles les vendeurs demandent seulement . Du côté des acheteurs, la volonté de payer atteint pour une bonne voiture et pour une mauvaise.

Dans ce marché, les acheteurs savent qu'ils ont 50% de chances de tomber sur une "mauvaise affaire" (avec une probabilité ), mais ils ne peuvent pas distinguer à l'avance les bonnes voitures des mauvaises.

Dans un contexte d'information parfaite, où chaque partie connaît exactement la qualité du véhicule échangé, les transactions se réalisent à des prix qui reflètent fidèlement la valeur des voitures, permettant des échanges mutuellement avantageux. Les voitures sont vendues à un prix qui se situe quelque part entre les attentes des vendeurs et des acheteurs, et le marché atteint un équilibre efficient où toutes les voitures changent de mains à un prix juste.

Cependant, dans une situation où l'information est imparfaite mais symétrique, c'est-à-dire que ni les vendeurs ni les acheteurs ne peuvent identifier les bonnes des mauvaises voitures, les transactions peuvent toujours avoir lieu. Les acheteurs acceptent de payer un prix moyen, prenant en compte le risque d'acheter une voiture de moins bonne qualité. Même si certains acheteurs peuvent se retrouver avec une voiture moins fiable, le marché peut toujours atteindre un certain équilibre, car les prix moyens reflètent la probabilité mixte de qualité.

Le vrai problème survient dans un contexte d'information imparfaite et asymétrique, où les vendeurs connaissent la qualité réelle de leurs voitures, mais pas les acheteurs. Dans ce cas, la qualité moyenne des voitures devient une variable endogène, dépendant directement du prix. Si les acheteurs ajustent leur offre à un prix moyen qui prend en compte le risque d'acheter une "mauvaise affaire", les vendeurs de bonnes voitures ne trouveront plus avantageux de vendre à ce prix moyen, car il est inférieur à la valeur qu'ils attribuent à leur véhicule. En conséquence, les bonnes voitures disparaissent progressivement du marché, laissant derrière elles une proportion plus élevée de "mauvaises affaires". Ce phénomène conduit à un cercle vicieux où la qualité moyenne des voitures disponibles sur le marché diminue encore plus, exacerbant le problème de sélection adverse et menant potentiellement à un effondrement du marché des voitures d'occasion de qualité.

Lorsque les vendeurs ont plus d'informations sur la qualité de leur bien que les acheteurs, ils ne seront motivés à vendre que si le prix offert atteint un certain seuil qui les satisfait. Face à l'incertitude sur la qualité des voitures sur le marché d'occasion, les acheteurs, sans autre information que la probabilité de tomber sur une mauvaise voiture, vont rationnellement offrir un prix qui reflète une moyenne pondérée entre le prix qu'ils seraient prêts à payer pour une bonne voiture et pour une mauvaise voiture  :

En supposant que la probabilité de tomber sur une mauvaise voiture soit de 50% (), les acheteurs sont prêts à payer au maximum :

À ce prix moyen de 15 000 $, le marché est en mesure de fonctionner car ce prix est au-dessus des prix de réserve des deux types de voitures. Cependant, si la proportion de mauvaises voitures sur le marché augmente, disons à 70% (), le prix maximum que les acheteurs sont prêts à payer s'ajuste à :

Ce nouveau prix moyen de 13 000 $ est inférieur au prix de réserve des bonnes voitures (), conduisant les propriétaires de ces voitures de meilleure qualité à se retirer du marché. Ils préfèrent garder leur voiture, estimant que la vente n'est pas suffisamment rémunératrice par rapport à la valeur qu'ils attribuent à leur bien. Cette situation illustre le "problème du marché des lemons" : une augmentation de la proportion de mauvaises voitures conduit à un ajustement à la baisse des prix offerts par les acheteurs, qui à son tour pousse les vendeurs de bonnes voitures à quitter le marché, réduisant ainsi la qualité moyenne des voitures disponibles à la vente.

Comment résoudre le problème d'anti-sélection ?[modifier | modifier le wikicode]

Résoudre le problème de sélection adverse, ou anti-sélection, est crucial pour améliorer l'efficacité des marchés et la confiance entre les parties. Une stratégie efficace pour atténuer ce problème implique de rendre transparentes les informations cachées concernant les qualités ou les défauts d'un bien. Les mécanismes tels que les garanties ou les labels jouent un rôle essentiel en facilitant la transmission d'informations du vendeur à l'acheteur, permettant ainsi à ce dernier de faire des choix plus éclairés.

Les garanties, en offrant une assurance sur la qualité ou la durabilité d'un produit, peuvent rassurer les acheteurs sur le fait que le bien correspond à leurs attentes. Pour que ce système soit efficace, il est crucial que l'octroi d'une garantie soit associé à un coût significatif pour le vendeur. Ce coût agit comme une barrière à l'entrée pour les vendeurs de produits de moindre qualité, qui trouveraient économiquement non rentable d'offrir une garantie similaire. Ainsi, seulement les vendeurs confiants dans la qualité supérieure de leurs biens seraient prêts à assumer ce coût, signalant efficacement cette qualité aux acheteurs potentiels.

Les labels, d'autre part, fournissent une certification indépendante concernant certaines caractéristiques d'un produit, telles que sa durabilité, sa provenance ou son respect de certaines normes de qualité. La certification par un label reconnu peut servir de signal de qualité aux acheteurs, leur permettant de distinguer plus facilement les produits de haute qualité de ceux de qualité inférieure.

L'acte de manipuler une caractéristique du bien pour en démontrer la qualité est communément appelé "signal de qualité". Ce signal peut prendre diverses formes, comme des investissements dans la publicité, des certifications de qualité, des garanties étendues, ou encore des prix élevés intentionnels pour refléter la qualité supérieure du produit.

Ces stratégies, en réduisant l'asymétrie d'information et en permettant aux caractéristiques cachées des biens d'être plus transparentes, contribuent à atténuer le problème de sélection adverse. Elles facilitent ainsi la formation d'un marché plus efficient où les transactions reflètent plus fidèlement la valeur réelle des biens échangés, améliorant la confiance des consommateurs et la dynamique globale du marché.

Application au marché de l'assurance[modifier | modifier le wikicode]

Dans le contexte de l'assurance, où les compagnies sont confrontées à des catégories de personnes présentant des risques de maladie différents mais indiscernables pour elles, le marché pourrait être affecté par la sélection adverse. Chaque groupe de personnes connaît son propre risque de maladie et est prêt à payer une prime d'assurance proportionnelle à ce risque. Cependant, si les assureurs fixent une prime unique pour tous, basée sur la moyenne des risques, les personnes à faible risque pourraient choisir de ne pas souscrire, trouvant la prime trop élevée par rapport à leur risque personnel.

Si l'on suppose que le coût de l'intervention médicale est de 1 000 francs pour tous, les personnes à plus haut risque trouveront l'assurance attrayante même à une prime élevée puisqu'elle est inférieure au coût de leur traitement potentiel. Par contre, pour celles à faible risque, une prime élevée les dissuadera de s'assurer.

Cette dynamique mène à une situation où seules les personnes les plus à risque souscrivent une assurance, augmentant ainsi les coûts moyens pour l'assureur qui doit alors augmenter les primes pour couvrir ces coûts. Ce phénomène pourrait conduire à un cycle où de plus en plus de personnes à faible risque quittent le marché de l'assurance, laissant derrière elles un pool d'assurés composé principalement de personnes à haut risque et des primes d'assurance de plus en plus élevées.

Pour lutter contre la sélection adverse, les compagnies d'assurance pourraient essayer de différencier les primes selon des signaux de risque perceptibles ou introduire des mécanismes tels que des questionnaires de santé détaillés, des examens médicaux, ou des incitations à un comportement sain, pour mieux estimer le risque individuel et ajuster les primes en conséquence. Alternativement, des mesures comme l'assurance obligatoire pour tous peuvent aussi être mises en place pour garantir que les personnes à faible risque restent dans le pool d'assurance, aidant ainsi à équilibrer les risques et à stabiliser les primes.

Problèmes d'information et les choix publics marché de l assurance 1.png

La prime d'assurance devrait idéalement être fixée en fonction de l'espérance de dommage pour chaque catégorie de risque. L'espérance de dommage est le coût moyen que l'assureur s'attend à payer pour un assuré et se calcule en multipliant la probabilité de survenance du sinistre par le coût du dommage pour l'assureur. Pour chacun des groupes identifiés dans ce tableau, voici comment la prime d'assurance pourrait être fixée :

  1. Pour le groupe à 20 % de risque, la prime serait de 0.20 (probabilité de la maladie) x 1 000 (coût de l'intervention) = 200 francs.
  2. Pour le groupe à 40 % de risque, la prime serait de 0.40 x 1 000 = 400 francs.
  3. Pour le groupe à 60 % de risque, la prime serait de 0.60 x 1 000 = 600 francs.
  4. Pour le groupe à 80 % de risque, la prime serait de 0.80 x 1 000 = 800 francs.

Ces primes représentent le minimum que l'assureur doit facturer pour couvrir le coût attendu des sinistres. Toutefois, en pratique, les assureurs ajoutent également des charges pour les frais administratifs, les coûts de souscription, les provisions pour les sinistres inattendus et une marge bénéficiaire, ce qui augmente la prime finale payée par les assurés.

Problèmes d'information et les choix publics marché de l assurance 2.png

Un exemple classique de la façon dont la sélection adverse peut impacter le marché de l'assurance est lorsque les assureurs ne peuvent pas distinguer entre les différents niveaux de risque des assurés, ils sont contraints de fixer les primes d'assurance basées sur le risque moyen estimé pour toute la population. Si ce risque moyen est calculé sans considérer l'hétérogénéité des groupes, certains groupes à faible risque peuvent trouver la prime trop élevée par rapport à leur volonté de payer et choisir de ne pas s'assurer. Cela conduit à un ajustement à la hausse du risque moyen, qui à son tour nécessite un ajustement des primes à la hausse pour éviter les pertes.

Dans cet exemple, si le risque moyen est initialement estimé à 50%, la prime actuarielle appropriée est de 500 francs. Cependant, cela ne tient pas compte du fait que le groupe à 20% de risque ne trouvera pas cette prime attractive, conduisant à leur départ du marché de l'assurance. Avec leur retrait, le risque moyen augmente, car il est désormais calculé uniquement sur les groupes restants (40%, 60%, et 80% de risque), ce qui porte le nouveau risque moyen à 60%. Cela signifie que les assureurs, pour rester sans pertes, doivent ajuster la prime à 600 francs, ce qui est au-dessus de la volonté de payer du groupe à 40% de risque. Ce processus se répète jusqu'à ce que seuls les individus du groupe le plus à risque restent sur le marché, payant une prime de 800 francs, ce qui est juste en dessous de leur volonté de payer de 850 francs.

Ce processus montre clairement une inefficacité de marché : bien qu'il existe un potentiel d'échanges mutuellement avantageux pour tous les groupes, la sélection adverse empêche ces transactions de se réaliser, car les primes doivent être ajustées en fonction d'une population de plus en plus risquée. Les assureurs aimeraient être en mesure d'offrir des primes différenciées pour attirer les groupes à faible risque, mais sans pouvoir distinguer les groupes entre eux, ils se retrouvent dans une situation où seuls les clients les plus risqués sont assurés, avec des primes élevées qui reflètent leur risque.

Pour remédier à ce problème, les assureurs doivent trouver des moyens de différencier les clients en fonction de leur risque réel. Cela pourrait inclure des techniques de tarification plus sophistiquées, l'utilisation de données et d'analyses plus détaillées pour mieux évaluer le risque individuel, ou des incitations pour que les clients révèlent volontairement leur niveau de risque, comme des rabais pour des comportements sains ou des dispositifs de suivi dans le cas de l'assurance automobile.

Comment résoudre le problème de sélection adverse ?[modifier | modifier le wikicode]

Pour résoudre le problème de sélection adverse dans un marché d'assurance où les risques sont divers et individuellement connus, mais pas discernables par les assureurs, une solution consiste à introduire une obligation d'assurance pour toute la population. Cela implique que chaque individu, indépendamment de son risque personnel, doit souscrire à une assurance.

Si la prime est fixée à un montant unique de 500 francs, comme illustré dans ce tableau, et que tout le monde est obligé de s'assurer, alors les individus des différents groupes de risque contribuent à un pool commun. Ceux qui ont des risques plus faibles payent en fait une "prime de solidarité", car leur volonté de payer est inférieure à la prime imposée. Inversement, les individus à plus haut risque bénéficient de cette situation, car leur volonté de payer est supérieure à la prime fixée.

Comment résoudre le problème de sélection adverse 1.png

Dans ce scénario, bien que le surplus total soit positif, illustrant le bénéfice global pour la société, cela se fait aux dépens du groupe à faible risque, qui subventionne en quelque sorte les groupes à plus haut risque. C'est un principe de mutualisation des risques qui est courant dans les régimes d'assurance obligatoire, comme l'assurance-maladie ou l'assurance automobile dans certains pays.

L'introduction d'une telle obligation a pour effet de maintenir la diversité des risques au sein du pool d'assurance, prévenant ainsi le processus par lequel les bons risques quittent le marché, ce qui augmenterait progressivement le risque moyen et les primes associées. C'est une méthode qui vise à garantir que l'assurance reste abordable et disponible pour tous, indépendamment du risque individuel, mais elle soulève aussi des questions d'équité et d'acceptabilité sociale, car elle implique un transfert de richesse des individus à faible risque vers ceux à haut risque.

Les choix publics[modifier | modifier le wikicode]

Choix public[modifier | modifier le wikicode]

La théorie du choix public s'intéresse à la manière dont les décisions gouvernementales sont prises et à la façon dont elles correspondent aux besoins et désirs de la collectivité. Cette branche de l'économie applique les méthodes de l'économie à l'analyse de la prise de décision politique et des actions de l'État, reconnaissant que, tout comme les acteurs du marché, les acteurs gouvernementaux sont confrontés à des contraintes d'information et agissent en fonction de leurs propres incitations et objectifs.

Les gouvernements sont souvent appelés à intervenir en cas de défaillance de marché, comme pour corriger les externalités, fournir des biens publics, ou atténuer les problèmes de sélection adverse et d'aléa moral. Cependant, l'intervention de l'État n'est pas infaillible. L'État, tout comme les acteurs privés, peut souffrir d'un manque d'informations complètes et fiables, ce qui peut conduire à des politiques inefficaces ou mal ciblées.

Un autre aspect que la théorie du choix public examine est le problème d'agrégation des préférences. Avec une population dont les membres ont des préférences hétérogènes, il est difficile de déterminer une politique unique qui reflète fidèlement les désirs de tous les individus. Le paradoxe d'Arrow, par exemple, stipule qu'il n'est pas possible de convertir les préférences individuelles en une décision collective cohérente et rationnelle qui respecte certains critères d'équité, sans imposer une dictature (une situation où les préférences d'un seul individu dictent le choix collectif).

La théorie du choix public explore également comment les décisions gouvernementales sont influencées par la politique, notamment la manière dont les bureaucrates et les politiciens poursuivent leurs propres intérêts, qui ne sont pas toujours alignés avec l'intérêt général. Cela peut inclure des activités de recherche de rente, où les individus ou les entreprises utilisent les ressources pour obtenir des faveurs économiques de l'État plutôt que de produire de nouvelles richesses.

Pour s'assurer que les actions de l'État correspondent aux besoins de la collectivité, diverses solutions peuvent être envisagées, comme des mécanismes de responsabilisation et de transparence, une participation citoyenne accrue dans le processus décisionnel, et la mise en œuvre de processus d'évaluation rigoureux pour les politiques publiques. En fin de compte, la théorie du choix public souligne l'importance de la conception des institutions politiques et économiques qui encouragent les décideurs à agir dans l'intérêt public.

Le paradoxe du vote de Condorcet[modifier | modifier le wikicode]

L'exemple ci-dessous est une exemple classique du paradoxe de Condorcet, qui se produit lorsque les préférences collectives d'un groupe ne sont pas transitives. La transitivité, dans le contexte du choix social, signifie que si la préférence collective préfère l'option A à l'option B et l'option B à l'option C, alors elle devrait logiquement préférer l'option A à l'option C. Cependant, le paradoxe de Condorcet montre que ce n'est pas toujours le cas lorsqu'on agrège les préférences de tous les individus.

Paradoxe du vote de Condorcet 1.png

Dans cet exemple, nous avons trois groupes d'électeurs avec des préférences différentes pour trois options A, B et C. Voici les résultats des votes entre chaque paire d'options :

a. Entre A et B, A est choisi par les types 1 et 3, qui représentent ensemble 55% des électeurs contre 45% pour le type 2 qui préfère B. b. Entre B et C, B est choisi par les types 1 et 2, qui représentent 80% des électeurs contre 20% pour le type 3 qui préfère C. c. Entre A et C, C est choisi par les types 2 et 3, qui représentent 65% des électeurs contre 35% pour le type 1 qui préfère A.

Ce cycle de préférences non transitives montre que, malgré le fait qu'A est préféré à B, et B est préféré à C, C est finalement préféré à A, complétant ainsi un cycle sans qu'aucune option ne soit universellement préférée.

L'implication de ce paradoxe est que l'issue du vote dépend fortement de l'ordre dans lequel les options sont présentées et votées. Si toutes les options sont présentées simultanément, le résultat pourrait être différent, et il n'existe pas de méthode de vote qui puisse toujours résoudre ce paradoxe sans introduire d'autres problèmes, comme l'a montré le théorème d'impossibilité d'Arrow.

Cela met en lumière les limites des mécanismes de vote et les défis de la prise de décision collective. Dans la pratique, différentes méthodes de vote essayent de contourner ce problème en utilisant des systèmes tels que le vote par élimination successive, le vote pondéré, ou d'autres règles qui cherchent à obtenir un choix collectif cohérent à partir des préférences individuelles.

Théorème d'impossibilité de Arrow[modifier | modifier le wikicode]

Le Théorème d'impossibilité d'Arrow, aussi appelé le "paradoxe d'Arrow", est un résultat fondamental dans la théorie du choix social. Kenneth Arrow a démontré qu'il est impossible de formuler une règle de décision collective (comme une méthode de vote) qui transforme les préférences individuelles en une décision de groupe cohérente et satisfaisante, tout en respectant un ensemble de critères équitables et raisonnables. Ces critères sont:

  1. Unanimité (ou Pareto efficacité) : Si chaque électeur préfère une option A à une option B, alors le groupe doit également préférer A à B.
  2. Transitivité : Si le groupe préfère A à B et B à C, alors le groupe doit préférer A à C. Cela garantit la cohérence des choix collectifs.
  3. Indépendance des options non pertinentes : Le classement collectif de deux options, A et B, doit être indépendant de l'existence d'une troisième option C.
  4. Non-dictature : Aucun individu ne doit avoir le pouvoir de déterminer de façon autoritaire les préférences du groupe, c'est-à-dire que le système de vote ne doit pas simplement refléter les préférences d'un seul individu tout en ignorant celles de tous les autres.

Arrow a prouvé que ces critères ne peuvent pas être tous respectés simultanément par un système de vote qui traite au moins trois options. Cela signifie que toute méthode de choix social qui respecte les trois premiers critères aboutit soit à un résultat non transitive, soit à une dictature, où les préférences d'un seul individu ou d'un groupe d'individus prévalent sur les autres.

L'implication de ce théorème est profonde : elle montre que les choix collectifs ne peuvent jamais être parfaitement équitables et rationnels en même temps. Cela ne signifie pas que toutes les décisions collectives sont mauvaises ou illégitimes, mais cela souligne les limites inhérentes à l'agrégation des préférences individuelles en une volonté collective. Cela a des implications pour la conception des systèmes électoraux et la théorie démocratique, et a stimulé le développement d'autres modèles et approches dans la prise de décision collective.

Le principe de l'électeur médian[modifier | modifier le wikicode]

Le paradoxe de Condorcet et le théorème d'impossibilité d'Arrow soulèvent des questions fondamentales sur la manière dont les sociétés peuvent prendre des décisions collectives de manière juste et cohérente. Le paradoxe de Condorcet illustre le problème des cycles de préférence, où les choix collectifs ne sont pas transitifs. En d'autres termes, le groupe préfère A à B, B à C, mais aussi C à A, ce qui est illogique et mène à une impasse décisionnelle.

Le théorème d'impossibilité d'Arrow va plus loin en affirmant qu'aucun système de vote ne peut simultanément satisfaire un ensemble de conditions raisonnables sans aboutir à une situation de dictature (où les préférences d'un seul individu deviennent déterminantes pour la décision collective), à moins de renoncer à l'une des conditions.

Cependant, lorsque les préférences des électeurs sont exprimées le long d'une échelle continue plutôt que sous forme de choix discrets, le paradoxe de Condorcet peut être évité grâce à l'hypothèse de l'électeur médian. Selon cette théorie, dans un système de vote majoritaire où les préférences sont distribuées de manière unidimensionnelle et continue, l'issue de toute élection sera déterminée par l'électeur médian. Cet électeur médian a autant de personnes avec des préférences plus extrêmes de part et d'autre de lui, faisant de sa position la plus centrale et la plus représentative de la population votante.

En conséquence, les candidats ou les propositions politiques tendent à se rapprocher de la position de l'électeur médian pour maximiser leurs chances de gagner. Cela suppose une certaine forme de convergence des propositions, où les politiques proposées s'orientent vers ce qui est souhaitable pour l'électeur médian, dans la mesure où il est celui qui, en fin de compte, décide du résultat des élections dans un système de vote majoritaire. Cependant, cette approche simplifie grandement la complexité des préférences politiques et suppose que tous les électeurs participent et votent conformément à leurs préférences réelles.

Par exemple, imaginons la distribution suivante des préférences sur le budget de l’État :

Principe de l'électeur médian 1.png

Ce scénario décrit une application du principe de l'électeur médian, qui est central dans le modèle de choix public. Ce principe suggère qu'en cas de distribution unimodale des préférences sur une question politique linéaire, comme le budget de l'État, l'option préférée par l'électeur médian sera celle qui remportera la décision finale dans un vote majoritaire.

Dans cet exemple, les préférences des électeurs sont distribuées autour de différents montants de budget pour l'État, exprimés en millions de CHF. Si l'on effectuait une moyenne des montants préférés par tous les votants, on obtiendrait un budget moyen souhaité de 9 millions de CHF.

Cependant, dans un système de vote majoritaire entre deux options, l'option qui coïncide avec la préférence de l'électeur médian est celle qui gagne. L'électeur médian est celui situé au point où la moitié des électeurs préfère une option moins coûteuse et l'autre moitié préfère une option plus coûteuse. Dans cet exemple, c'est le montant de 10 millions de CHF qui est préféré par l'électeur médian. Ainsi, peu importe contre quelle autre somme le montant de 10 millions de CHF est mis en concurrence, il y aura toujours plus de 50% des votants qui le préféreront à toute autre somme, car il recueillera les votes de tous ceux qui veulent dépenser 10 millions de CHF ou plus.

Ce résultat souligne l'importance stratégique de l'électeur médian dans les décisions de politique publique et explique pourquoi les politiques qui s'alignent avec les préférences de l'électeur médian ont souvent plus de chances d'être adoptées. C'est aussi une raison pour laquelle les politiciens et les partis politiques ciblent fréquemment leurs politiques pour gagner le soutien de l'électeur médian, notamment dans les démocraties représentatives.

Principe de l'électeur médian 2.png

Ce graphique montre une distribution des préférences de budget d'un ensemble de personnes, avec des montants allant de 0 à 20 milliards d'euros. On peut observer que la majorité des personnes ont une préférence pour un budget de 15 milliards d'euros, comme indiqué par la plus grande barre du graphique. Les autres montants, tels que 0, 5, 10 et 20 milliards d'euros, ont respectivement attiré moins de préférences, avec la barre la plus basse indiquant que très peu de personnes préfèrent un budget de 20 milliards d'euros.

Cette distribution illustre les préférences budgétaires dans une communauté et suggère que si une décision devait être prise par vote majoritaire, le budget de 15 milliards serait le plus susceptible d'être choisi, car il représente le pic de la distribution des préférences et est donc vraisemblablement le choix de l'électeur médian. L'électeur médian est celui dont la position coupe la population en deux moitiés égales, avec une moitié préférant moins que l'électeur médian et l'autre moitié préférant plus.

Cette situation reflète le concept de l'électeur médian en théorie du choix public, qui suggère que dans un système de vote majoritaire, l'option préférée par l'électeur médian est généralement celle qui est adoptée. Les préférences de ceux qui souhaitent un budget inférieur à 15 milliards ou supérieur à 15 milliards sont moins représentées, ce qui signifie que leurs préférences ne sont pas déterminantes pour le résultat final dans un vote majoritaire.

Il est également intéressant de noter que cette distribution des préférences peut avoir des implications pour les politiques gouvernementales et les stratégies des candidats politiques. Les politiciens qui visent à gagner ou à rester en pouvoir auraient intérêt à proposer des politiques budgétaires proches de 15 milliards, car c'est la somme qui maximiserait leur soutien électoral selon cette distribution. Cela illustre comment la théorie de l'électeur médian peut être utilisée pour comprendre et prédire les politiques gouvernementales dans les démocraties représentatives.

L'histogramme suggère une distribution des préférences de budget dans une population donnée. Dans cette distribution, la majorité des personnes préfèrent un budget de 15 milliards d'euros, suivi par ceux qui préfèrent un budget de 5 milliards, puis 10 milliards, et enfin une minorité qui penche pour 0 ou 20 milliards. Ce profil de préférences illustre le concept de l'électeur médian en théorie politique et économique.

L'implication de cette distribution pour la stratégie politique est que deux partis cherchant à maximiser leurs chances d'être élus auront tendance à adopter des positions qui se rapprochent des préférences de l'électeur médian. La raison en est simple : dans un système électoral majoritaire, le candidat ou le parti qui gagne le soutien de l'électeur médian - l'individu dont les préférences sont exactement au centre de la distribution des préférences de l'électorat - est le plus susceptible de remporter la majorité des voix.

Dans cet exemple, si les préférences se distribuent autour des montants budgétaires, un parti politique qui propose un budget de 15 milliards aurait le soutien de l'électorat majoritaire, car c'est le montant qui recueille le plus grand nombre de préférences. Ainsi, même si un parti commençait avec une proposition de budget plus élevée ou plus faible, il serait incité à modérer sa position pour s'aligner avec celle de l'électeur médian pour gagner plus de voix.

Ce phénomène est bien connu sous le nom de "convergence vers le centre" en politique. Cela peut souvent expliquer pourquoi les plateformes des partis politiques se ressemblent beaucoup dans des systèmes électoraux bipartites, chacun visant à capturer la préférence de l'électeur médian, qui est décisive. Ce comportement peut parfois décevoir les électeurs des deux extrémités du spectre politique, qui se sentent négligés lorsque les partis s'alignent sur des positions centristes. Cela peut aussi entraîner une certaine homogénéisation des politiques proposées et potentiellement réduire la diversité des choix offerts aux électeurs.

Résumé[modifier | modifier le wikicode]

Les asymétries d'information jouent un rôle important dans la plupart des transactions économiques, influençant le comportement des agents et la performance des marchés. L'aléa moral décrit une situation où les incitations à agir de manière prudente sont réduites après la signature d'un contrat, ce qui peut conduire à une prise de risque accrue. Le problème d'agence soulève la question de la surveillance : un principal ne peut pas toujours s'assurer que l'agent agit dans son meilleur intérêt, surtout lorsque les actions de l'agent ne sont pas entièrement observables.

La sélection adverse se produit lorsqu'il y a des informations cachées sur un bien ou service, conduisant à une situation où les produits de moindre qualité peuvent être présentés comme équivalents à des produits de meilleure qualité. Pour surmonter ce problème, les marchés ont développé des mécanismes de signalisation, où les vendeurs utilisent des garanties, des marques ou d'autres indicateurs pour communiquer la qualité de leurs biens ou services aux acheteurs potentiels.

La théorie du choix public nous enseigne que les préférences collectives ne sont pas simplement la somme des préférences individuelles. Elles sont complexes à agréger et ne peuvent pas toujours être facilement ou fidèlement représentées. Le théorème d'impossibilité d'Arrow nous rappelle qu'il n'existe pas de méthode de vote parfaite qui puisse traduire sans faille les préférences individuelles en une décision collective satisfaisante sans enfreindre au moins un principe éthique ou démocratique fondamental.

Enfin, dans le contexte des institutions démocratiques, la tendance est souvent que l'électeur médian - celui dont les préférences se situent au centre de la distribution des préférences de l'électorat - détermine le résultat final. Cela explique pourquoi de nombreux partis politiques se positionnent autour du centre, afin de maximiser leur attrait auprès du plus grand nombre d'électeurs. Cette tendance peut mener à une certaine homogénéisation des politiques proposées et pose des questions sur la représentativité et l'équité des résultats politiques.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]