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== Le paradoxe du vote de Condorcet ==
== Le paradoxe du vote de Condorcet ==
Le paradoxe du vote de Condorcet est un phénomène intéressant qui met en évidence les défis de l'agrégation des préférences dans un système de vote. Il a été formulé par le mathématicien et philosophe français Nicolas de Condorcet au XVIIIe siècle. Le paradoxe se produit lorsque, dans un vote entre plusieurs options, une option peut être préférée individuellement à chaque autre option dans des duels tête-à-tête, mais finit par perdre lorsqu'elle est confrontée simultanément à toutes les autres options. Autrement dit, il n'y a pas de vainqueur clair dans le scrutin global.


Dans une petite communauté, trois "types" d'individus doivent choisir parmi trois projets alternatifs. Le tableau montre que les préférences collectives violent le principe de transitivité :
Cela peut sembler contre-intuitif, car on pourrait s'attendre à ce que l'option préférée individuellement par la majorité l'emporte dans le vote global. Cependant, le paradoxe du vote de Condorcet montre que les résultats peuvent être sensibles à la manière dont les préférences individuelles sont agrégées. Le paradoxe du vote de Condorcet met en lumière les limites des systèmes de vote basés sur les préférences individuelles lorsqu'il s'agit de parvenir à un choix collectif cohérent. Il souligne les défis de l'agrégation des préférences et met en évidence la difficulté de concilier les différentes opinions et préférences au sein d'un groupe.


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Dans une petite communauté, trois "types" d'individus doivent choisir parmi trois projets alternatifs. Le tableau montre que les préférences collectives violent le principe de transitivité. Le principe de transitivité stipule que si une option A est préférée à une option B, et que l'option B est préférée à une option C, alors l'option A doit être préférée à l'option C. En d'autres termes, si les préférences individuelles sont transitives, les préférences collectives devraient également être transitives.[[Fichier:Paradoxe du vote de Condorcet 1.png|400px|vignette|centré]]


*a. Si le vote concerne seulement l’alternative A et B, c’est A qui est choisi par les groupes 1-3 contre 2.
*a. Lorsque le vote ne concerne que les alternatives A et B, l'alternative A est choisie par les groupes 1 à 3 contre le groupe 2. Cela signifie que la majorité préfère A à B dans cette paire d'alternatives.
*b. Si le vote concerne seulement l’alternative B et C, c’est B qui est choisi par les groupes 1-2 contre 3.
*b. Lorsque le vote ne concerne que les alternatives B et C, l'alternative B est choisie par les groupes 1 à 2 contre le groupe 3. Encore une fois, cela indique que la majorité préfère B à C dans cette paire d'alternatives.
*c. Si le vote concerne seulement l’alternative A et C, c’est C qui est choisi par les groupes 2-3 contre 1.
*c. Cependant, lorsqu'il s'agit de choisir entre les alternatives A et C, l'alternative C est choisie par les groupes 2 à 3 contre le groupe 1. Dans cette paire d'alternatives, la majorité préfère C à A.
Le paradoxe de Condorcet se produit lorsque les préférences individuelles ne permettent pas de déterminer une option clairement préférée à toutes les autres options. Dans ce cas, nous voyons que chaque alternative est préférée par la majorité dans au moins une paire d'alternatives. Ce paradoxe met en évidence les défis de l'agrégation des préférences individuelles et souligne la difficulté de parvenir à un choix collectif cohérent lorsqu'il y a des préférences hétérogènes au sein d'un groupe.


Implication : le choix de la votation dépendra de l’ordre dans lequel les alternatives sont proposées
L'ordre dans lequel les alternatives sont présentées peut avoir une influence sur le choix final lors d'un processus de votation. Cela est dû à l'existence du paradoxe de l'ordre de vote, qui est étroitement lié au paradoxe de Condorcet. Le paradoxe de l'ordre de vote se produit lorsque l'issue d'un vote dépend de l'ordre dans lequel les alternatives sont présentées. Selon cet ordre, les préférences individuelles peuvent être influencées, ce qui peut conduire à des résultats différents en fonction de la séquence des alternatives proposées. Dans cet exemple, si les alternatives A, B et C sont présentées dans l'ordre A-B-C, alors l'alternative A serait choisie car elle est préférée par une majorité dans la première paire. Cependant, si l'ordre est inversé et que les alternatives sont présentées dans l'ordre C-B-A, alors l'alternative C serait choisie car elle est préférée par une majorité dans la dernière paire. Cela met en évidence la sensibilité du processus de votation à l'ordre de présentation des alternatives. L'ordre peut influencer les préférences individuelles et, par conséquent, le choix collectif final.


== Théorème d'impossibilité de Arrow ==
== Théorème d'impossibilité de Arrow ==

Version du 6 juin 2023 à 19:34


Hypothèse de concurrence parfaite: transparence et pas d'incertitude. On suppose que les agents des deux côtés du marché savent tout des caractéristiques du bien ou service échangé. Exemples:

  • Si une tomate n’est pas très mûre, ça se voit. Le consommateur peut aller acheter ailleurs ;
  • Un euro acheté à Genève ou à Paris est rigoureusement identique ;
  • Même dans l’électroménager, je peux savoir si un ventilateur est bruyant en allumant le modèle exposé avant de l’acheter.

Mais dans la réalité, il existe de très nombreux biens ou services pour lesquels l’information n’est pas parfaite → cas d’asymétrie d’information qui peuvent affecter les choix et les actions des individus.

Dans son rôle de redresseur des failles de marché l’État fait également face à des problèmes d’information, mais, au de là de cela, il existe des difficultés qui peuvent générer un écart entre les désirs de la collectivité et l’action de l’État → théorie du choix public.

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Les asymétries d'information

Les asymétries d'information se produisent lorsque certaines parties impliquées dans une transaction ou un échange économique ont accès à des informations différentes ou inégales. Dans ce cas, une partie possède plus d'informations que l'autre, créant un déséquilibre qui peut affecter le résultat de la transaction.

Il existe deux types principaux d'asymétrie d'information :

  1. L'asymétrie d'information adverse : Cela se produit lorsque l'une des parties dans une transaction a des informations privées ou supérieures par rapport à l'autre partie. Par exemple, dans le contexte des assurances, les individus cherchant une assurance ont souvent plus d'informations sur leur propre état de santé que l'assureur. Cela peut entraîner une sélection adverse, où les personnes les plus susceptibles de présenter des risques élevés sont plus enclines à souscrire une assurance, tandis que les personnes à faible risque sont moins enclines à le faire, ce qui peut entraîner des problèmes de tarification et de rentabilité pour les assureurs.
  2. L'asymétrie d'information morale : Dans ce cas, une partie dispose d'informations privées sur son propre comportement ou ses intentions, ce qui peut influencer la transaction de manière négative pour l'autre partie. Par exemple, lors de la conclusion d'un contrat de travail, l'employeur ne peut pas toujours connaître à l'avance la performance réelle ou le comportement futur d'un employé. Cela peut créer une incitation pour l'employé à agir de manière opportuniste ou non conforme aux attentes de l'employeur une fois le contrat signé.

Les asymétries d'information peuvent avoir des conséquences importantes sur les marchés et les transactions économiques. Elles peuvent conduire à des inefficiences, à des résultats suboptimaux et à une allocation inefficace des ressources. Les parties mieux informées peuvent tirer profit de cette asymétrie au détriment des autres parties et du bien-être collectif.

Pour faire face aux asymétries d'information, plusieurs mécanismes peuvent être utilisés. Par exemple :

  1. La signalisation : Une partie peut fournir des signaux ou des indices pour révéler des informations privées ou de qualité, afin de réduire l'incertitude de l'autre partie. Par exemple, une entreprise peut obtenir une certification de qualité pour signaler la fiabilité de ses produits.
  2. L'établissement de garanties : Les contrats peuvent inclure des clauses et des garanties spécifiques pour atténuer les risques liés aux asymétries d'information. Par exemple, une garantie de remboursement peut être offerte pour rassurer les consommateurs sur la qualité d'un produit.
  3. La réglementation et la supervision : Les autorités réglementaires peuvent mettre en place des règles et des réglementations pour assurer la transparence et garantir que les informations importantes sont divulguées aux parties concernées.
  4. L'éducation et la recherche : Une meilleure éducation des consommateurs et des agents économiques peut contribuer à réduire les asymétries d'information en améliorant la compréhension des enjeux et des risques associés à une transaction.

En résumé, les asymétries d'information se produisent lorsque des parties à une transaction ou un échange économique ont un accès inégal à l'information, ce qui crée un déséquilibre et peut affecter le résultat de la transaction. Il existe deux types principaux d'asymétrie d'information : l'asymétrie d'information adverse, où une partie a des informations privées ou supérieures, et l'asymétrie d'information morale, où une partie a des informations privées sur son propre comportement ou ses intentions. Les asymétries d'information peuvent entraîner des inefficiences et des résultats suboptimaux, mais des mécanismes tels que la signalisation, les garanties, la réglementation et l'éducation peuvent être utilisés pour atténuer ces problèmes.

Exemples d'asymétrie d'information du côté des ménages

Dans le cas d'un client ou d'un patient faisant face à une maladie ou une panne, il peut avoir une connaissance limitée ou inexacte de la cause sous-jacente du problème. Lorsqu'il consulte un médecin, le patient peut ne pas être en mesure de fournir une évaluation précise de ses symptômes ou de comprendre pleinement les implications médicales de sa condition. En conséquence, le médecin, en tant qu'expert, dispose d'un avantage informationnel sur la maladie, le diagnostic et les options de traitement. Cela crée une asymétrie d'information où le médecin est mieux informé que le patient. De même, lorsqu'un client emmène sa voiture chez un garagiste en raison d'une panne, le client peut avoir une compréhension limitée des problèmes mécaniques et des réparations nécessaires. Le garagiste, en tant que professionnel de l'automobile, possède une expertise technique et une connaissance approfondie des véhicules, ce qui lui confère un avantage informationnel sur les réparations nécessaires. Dans ces situations, l'asymétrie d'information peut entraîner des conséquences potentielles pour le ménage. Par exemple, le patient peut se trouver dans une position vulnérable, dépendant du jugement du médecin pour prendre des décisions de traitement. De même, le client automobile peut se sentir incertain quant à la nécessité réelle des réparations suggérées par le garagiste et peut craindre de payer des frais injustifiés.

Dans de nombreux secteurs, les entreprises peuvent créer des produits complexes intentionnellement pour se différencier et maintenir un avantage concurrentiel. Cela crée une asymétrie d'information entre les entreprises et les consommateurs, car ces derniers peuvent avoir du mal à comprendre pleinement les caractéristiques et les termes des produits proposés. Un exemple courant de cela se retrouve dans les produits bancaires ou d'assurance, tels que les contrats d'assurance-vie, les hypothèques ou les produits d'investissement. Ces produits peuvent être formulés avec des clauses et des termes techniques complexes, rendant difficile la comparaison entre différentes offres sur le marché. Les entreprises peuvent utiliser cette complexité pour limiter la transparence et rendre plus difficile la prise de décision éclairée par les consommateurs. En conséquence, les consommateurs peuvent être confrontés à des difficultés lorsqu'ils essaient de comprendre les risques, les coûts et les avantages réels associés à ces produits. Cela peut les rendre plus vulnérables aux pratiques commerciales trompeuses ou à la souscription de produits inadaptés à leurs besoins. Les entreprises peuvent créer des produits complexes intentionnellement pour se différencier, ce qui crée une asymétrie d'information entre les entreprises et les consommateurs. Cela peut rendre difficile la comparaison des produits et la prise de décision éclairée par les consommateurs. Des mesures réglementaires, l'accès à des informations normalisées et l'éducation des consommateurs sont des moyens d'atténuer les effets de cette asymétrie d'information.

Les ordinateurs et les appareils photo numériques sont des exemples de produits qui peuvent présenter un grand nombre de caractéristiques et de spécifications techniques, ce qui peut rendre difficile la comparaison entre les différentes options disponibles sur le marché. Dans le cas des ordinateurs, il existe une multitude de caractéristiques telles que la puissance du processeur, la capacité de stockage, la quantité de mémoire RAM, la taille de l'écran, la carte graphique, etc. De même, pour les appareils photo numériques, il peut y avoir de nombreuses spécifications techniques à considérer, telles que la résolution de l'image, la taille du capteur, la plage de sensibilité ISO, les modes de mise au point, etc. Cette profusion de caractéristiques peut rendre difficile pour les consommateurs de comprendre l'importance réelle de chaque élément et de prendre une décision éclairée lors de l'achat de ces produits.

Dans le domaine juridique, il peut y avoir une asymétrie d'information entre les clients et les avocats. Lorsqu'un client engage un avocat pour représenter ses intérêts, il peut avoir une connaissance limitée du comportement effectif de cet avocat au sein de son étude ou de sa pratique. Le client peut ne pas être en mesure d'évaluer pleinement la compétence, l'expérience, l'éthique professionnelle ou la réputation de l'avocat avant de le choisir. De plus, une fois que l'avocat a été engagé, le client peut ne pas avoir un accès direct aux détails du travail effectué par l'avocat et peut ne pas être informé de tous les aspects de la représentation légale. Cela crée une asymétrie d'information où l'avocat dispose d'un avantage informationnel sur ses compétences, son comportement, ses stratégies juridiques et d'autres informations pertinentes pour le dossier du client.

La publicité peut introduire des distorsions dans l'information des consommateurs. La publicité est souvent utilisée par les entreprises pour promouvoir leurs produits ou services, mais elle peut présenter des biais et des exagérations qui peuvent affecter la perception des consommateurs. Voici quelques exemples de distorsions de l'information causées par la publicité :

  1. Exagération des avantages : Les publicités ont tendance à mettre en avant les aspects positifs d'un produit ou d'un service, en mettant l'accent sur ses avantages et en minimisant ou en ignorant les éventuels inconvénients. Cela peut créer des attentes irréalistes chez les consommateurs et les inciter à prendre des décisions d'achat basées sur des informations incomplètes.
  2. Manipulation des comparaisons : Les publicités peuvent utiliser des comparaisons sélectives pour présenter un produit comme étant supérieur à ses concurrents. Cela peut inclure la mise en avant de caractéristiques spécifiques qui sont meilleures que celles des concurrents, tout en ignorant d'autres aspects où le produit pourrait être inférieur.
  3. Utilisation de témoignages et de recommandations biaisés : Les publicités peuvent inclure des témoignages de clients satisfaits ou des recommandations de célébrités qui peuvent ne pas être représentatifs de l'expérience générale des consommateurs. Ces témoignages peuvent être sélectionnés de manière sélective pour renforcer une image positive du produit ou du service.
  4. Omission d'informations importantes : Les publicités peuvent omettre des informations cruciales ou des conditions associées à l'utilisation du produit ou du service. Par exemple, les publicités peuvent mettre en avant le prix d'un produit sans mentionner les frais supplémentaires ou les limitations qui s'appliquent.
  5. Utilisation de techniques de persuasion subliminale : Bien que controversée, il est possible que certaines publicités utilisent des techniques de persuasion subliminale pour influencer le comportement des consommateurs sans que ces derniers en soient conscients. Cela peut inclure l'utilisation de couleurs, de symboles ou de messages subtils qui visent à influencer les choix des consommateurs.

Ces distorsions dans l'information peuvent rendre plus difficile pour les consommateurs de prendre des décisions éclairées. Pour atténuer les effets de la publicité sur l'information des consommateurs, il est important de développer un esprit critique et d'adopter une approche plus proactive dans la recherche d'informations indépendantes et objectives. Les consommateurs peuvent consulter des sources d'informations fiables, comparer différentes sources, lire des avis et des commentaires de clients réels, et se baser sur des données factuelles pour prendre des décisions éclairées d'achat.

Exemples d'asymétrie d'information du côté des entreprises

Il est possible de citer plusieurs exemples pertinents d'asymétrie d'information du côté des entreprises. Voici une explication détaillée de chacun :

  1. L'employeur connaît-il bien ses employés et l'effort qu'ils vont mettre dans leur travail ? Dans de nombreuses situations, l'employeur a une connaissance limitée de l'effort réel que ses employés vont mettre dans leur travail. Les employés peuvent dissimuler leur niveau d'engagement ou leur productivité, ce qui crée une asymétrie d'information. Cela peut poser un défi pour les employeurs lors de l'évaluation des performances et de la rémunération des employés.
  2. Les actionnaires contrôlent-ils bien les gestionnaires ? Dans les grandes entreprises, les actionnaires peuvent ne pas avoir une connaissance directe et approfondie de la gestion opérationnelle de l'entreprise. Les gestionnaires et les dirigeants ont généralement une meilleure compréhension des détails opérationnels, de la performance financière et des décisions stratégiques. Cela peut créer une asymétrie d'information entre les actionnaires et les gestionnaires, ce qui peut affecter la surveillance et le contrôle exercés par les actionnaires sur la gestion de l'entreprise.
  3. Une banque sait-elle bien à qui elle va prêter de l'argent et si son débiteur va pouvoir rembourser sa dette ? Lorsqu'une banque accorde un prêt, elle fait face à une asymétrie d'information quant à la solvabilité et à la capacité de remboursement de l'emprunteur. L'emprunteur a généralement une meilleure connaissance de sa propre situation financière, de ses antécédents de crédit et de sa capacité à rembourser la dette. Cela crée un risque pour la banque en cas de défaut de paiement ou de non-remboursement de la dette.
  4. Une assurance qui propose des polices contre différents risques sait-elle qui va prendre ces polices ? Lorsqu'une compagnie d'assurance propose des polices d'assurance contre différents risques, elle fait face à une asymétrie d'information quant au profil de risque des souscripteurs potentiels. Les personnes qui cherchent à souscrire une assurance peuvent avoir une meilleure connaissance de leur propre profil de risque et des problèmes de santé ou des antécédents médicaux qui pourraient affecter le coût de l'assurance. Cela peut entraîner des problèmes d'anti-sélection, où les personnes les plus susceptibles de présenter des risques élevés sont plus enclines à souscrire une assurance.
  5. Pour un fournisseur, dans la chaîne de distribution, l'acheteur est-il fiable (va-t-il payer) ? Dans le contexte de la chaîne de distribution, les fournisseurs peuvent faire face à une asymétrie d'information quant à la fiabilité de leurs acheteurs. Les fournisseurs peuvent ne pas avoir une connaissance complète de la situation financière de leurs acheteurs, de leur capacité à respecter les termes de paiement ou de leur historique de paiement. Cela peut rendre difficile pour les fournisseurs d'évaluer le risque associé à une transaction commerciale.

Dans tous ces exemples, l'asymétrie d'information peut créer des risques et des incertitudes pour les entreprises. Lorsque les entreprises disposent de moins d'informations que les autres parties impliquées, cela peut affecter leurs décisions, leur capacité à évaluer les risques et à prendre des mesures appropriées.

La théorie de l'asymétrie d'information a des applications dans de nombreux domaines, notamment :

  1. Économie et finance : Dans ces domaines, la théorie de l'asymétrie d'information est utilisée pour analyser les marchés, les décisions d'investissement, les contrats financiers, les produits d'assurance, les marchés des valeurs mobilières, etc. Elle aide à comprendre comment les déséquilibres d'information peuvent influencer les résultats économiques, les incitations des acteurs économiques et les mécanismes de régulation.
  2. Santé et soins de santé : L'asymétrie d'information est pertinente dans le domaine de la santé, où les patients peuvent avoir moins d'informations que les professionnels de la santé. Cela peut influencer les décisions de traitement, les choix de médicaments, les décisions de recherche médicale, etc.
  3. Éducation : L'asymétrie d'information est également pertinente dans le domaine de l'éducation, où les élèves peuvent avoir moins d'informations que les enseignants ou les établissements d'enseignement. Cela peut influencer les choix de cours, les décisions de carrière, l'accès à l'information sur les opportunités éducatives, etc.
  4. Droit et justice : Dans le domaine juridique, l'asymétrie d'information est essentielle pour comprendre les relations entre les avocats et les clients, les litiges et les transactions commerciales. Elle est également pertinente pour analyser les systèmes judiciaires et les mécanismes de résolution des litiges.
  5. Consommation et marketing : L'asymétrie d'information joue un rôle dans les décisions d'achat des consommateurs, les pratiques publicitaires, la concurrence sur les marchés, la confiance des consommateurs, etc. Elle aide à comprendre comment les informations fournies par les entreprises peuvent influencer le comportement des consommateurs.
  6. Gestion des ressources humaines : L'asymétrie d'information est également pertinente dans la gestion des ressources humaines, où les employeurs peuvent avoir plus d'informations que les employés. Cela concerne les décisions de recrutement, les évaluations de performance, les décisions de rémunération, etc.

Ces domaines ne représentent qu'une partie des applications possibles de la théorie de l'asymétrie d'information. En général, cette théorie est utilisée pour comprendre comment les déséquilibres d'information influencent les décisions, les résultats et les interactions dans une variété de contextes économiques, sociaux et organisationnels.

Information cachée

L'asymétrie d'information peut encourager le comportement opportuniste des agents économiques. Lorsqu'une partie détient des informations privées ou supérieures par rapport à d'autres parties, elle peut être incitée à exploiter cet avantage pour maximiser ses propres intérêts aux dépens des autres.

L'exploitation de l'avantage informationnel peut se produire de différentes manières :

  • Sélection adverse : Lorsqu'une partie mieux informée utilise son avantage pour sélectionner ou attirer des transactions ou des contrats plus favorables à ses intérêts, tout en évitant les transactions où les risques sont plus élevés. Cela peut conduire à des problèmes de qualité, de prix ou de sélection inéquitable pour les parties moins informées.
  • Aléa moral : Lorsqu'une partie mieux informée profite de son avantage pour prendre des risques ou adopter des comportements opportunistes, en sachant que les conséquences négatives seront supportées par les parties moins informées. Par exemple, dans un contrat d'assurance, un assuré peut être incité à prendre des risques supplémentaires, sachant qu'en cas de sinistre, l'assureur en subira les conséquences financières.
  • Information cachée : Lorsqu'une partie cache ou dissimule des informations pertinentes pour tirer parti de l'asymétrie d'information. Par exemple, dans une transaction de vente, un vendeur peut délibérément omettre de divulguer des défauts ou des problèmes liés au produit afin de conclure la vente à un prix plus élevé, en exploitant le manque d'information de l'acheteur.

Ces comportements opportunistes peuvent entraîner des conséquences négatives, tels que des transactions inefficaces, des distorsions de prix, une allocation inefficace des ressources et une baisse de la confiance entre les parties.

L'aléa moral (ou risque moral) et la sélection adverse (ou anti-sélection) sont deux types de problèmes d'asymétrie d'information qui se produisent en raison de comportements différents dans des conditions d'information imparfaite.

  • L'aléa moral (ou risque moral) se réfère à la situation où une partie à une transaction, une fois qu'un accord a été conclu, a l'opportunité de prendre des actions cachées ou risquées qui peuvent nuire aux autres parties. Dans ce cas, l'asymétrie d'information conduit à un comportement opportuniste après que l'accord a été établi. Par exemple, une personne assurée peut avoir une incitation à adopter des comportements risqués, sachant que les conséquences négatives seront couvertes par l'assureur.
  • La sélection adverse (ou anti-sélection) fait référence à la situation où une partie mieux informée utilise son avantage d'information pour sélectionner des contrats ou des transactions plus favorables à ses propres intérêts, tout en évitant les transactions où les risques sont plus élevés. Cela se produit avant la conclusion de l'accord, où une partie cache certaines informations ou présente des informations biaisées pour obtenir des conditions plus favorables. Par exemple, dans le marché de l'assurance, les individus qui présentent un risque plus élevé ont plus de chances de souscrire une assurance, tandis que ceux qui présentent un risque moindre sont moins enclins à le faire, conduisant à une mauvaise répartition des risques.

Ces deux problèmes d'asymétrie d'information sont liés à des comportements qui diffèrent de ceux qui se produiraient dans des conditions d'information parfaite. Lorsque l'information est parfaite, toutes les parties connaissent les mêmes détails et les mêmes informations, ce qui permet une prise de décision plus éclairée et des résultats plus efficaces. Cependant, en présence d'asymétries d'information, ces comportements opportunistes et les conséquences négatives qui en découlent peuvent se produire, nécessitant la mise en place de mécanismes pour atténuer ces effets et promouvoir des résultats plus équitables et efficaces.

En 2001, le prix Nobel d'économie a été attribué conjointement à trois chercheurs : George Akerlof, Michael Spence et Joseph Stiglitz. Ils ont été récompensés pour leurs contributions à l'analyse des marchés avec des asymétries d'information.

George Akerlof a été récompensé pour son article classique de 1970 intitulé "Le marché des limons : une étude de l'asymétrie de l'information". Dans cet article, Akerlof a examiné comment l'asymétrie d'information entre les vendeurs et les acheteurs sur la qualité des produits peut conduire à des problèmes de sélection adverse sur les marchés. Il a montré comment les vendeurs ayant une information supérieure sur la qualité des produits peuvent tirer profit de cette asymétrie en vendant des biens de moindre qualité, ce qui peut entraîner une détérioration générale du marché. Michael Spence a été récompensé pour son article de 1973 intitulé "Les emplois, les salaires et la sélection des signaux". Spence a développé le concept de la "signalisation" pour expliquer comment les individus peuvent surmonter l'asymétrie d'information sur leurs propres compétences et qualifications. Il a montré comment les individus peuvent envoyer des signaux coûteux, tels que l'obtention d'un diplôme universitaire, pour révéler leurs compétences et se distinguer des autres travailleurs moins qualifiés. Joseph Stiglitz a été récompensé pour ses travaux sur l'économie de l'information, en particulier pour son article de 1976 intitulé "Information et marchés financiers". Stiglitz a étudié comment l'asymétrie d'information dans les marchés financiers peut conduire à des problèmes d'aléa moral, où les emprunteurs peuvent être incités à prendre des risques excessifs une fois qu'ils ont obtenu un financement. Il a également examiné les conséquences de l'asymétrie d'information dans d'autres contextes économiques, tels que le marché du travail et les marchés des biens et services.

Ces travaux pionniers ont jeté les bases de la théorie de l'asymétrie d'information et ont eu une influence majeure sur le développement de l'économie de l'information. Ils ont permis de mieux comprendre les effets de l'asymétrie d'information dans les marchés et ont ouvert la voie à de nouvelles recherches sur les incitations, les contrats, la régulation et d'autres aspects économiques liés à l'information.

Aléa moral

L'aléa moral se réfère à une situation où un agent, une fois qu'un accord a été conclu, modifie son comportement d'une manière qui va à l'encontre des termes convenus dans l'échange. Cela se produit en raison de l'asymétrie d'information qui existe entre les parties, où une partie dispose de plus d'informations sur ses actions ou comportements futurs que l'autre partie.

Dans le contexte de l'aléa moral, une fois que l'accord a été établi, l'agent mieux informé peut être incité à adopter des comportements risqués, coûteux ou opportunistes, car il sait que les conséquences négatives seront supportées par l'autre partie moins informée. Cela se produit car l'agent sait que les informations sur ses actions futures sont cachées ou difficiles à observer pour l'autre partie.

Par exemple, dans le domaine des assurances, une personne assurée peut être incitée à prendre des risques supplémentaires, sachant que les conséquences négatives en cas de sinistre seront supportées par l'assureur. L'assuré bénéficie de l'assurance, mais il peut être tenté d'adopter des comportements imprudents ou de ne pas prendre les précautions nécessaires pour minimiser les risques, car il n'assume pas pleinement les conséquences financières de ses actions.

Les exemples suivants illustrent des comportements d'aléa moral où un agent modifie son comportement à son avantage de manière contraire aux termes acceptés dans l'échange. Voici une brève explication pour chaque exemple :

  • Un employé surfe sur internet, tire au flanc ou se crée un portefeuille de clients : Dans le contexte du travail, un employé peut profiter de l'asymétrie d'information pour adopter des comportements non productifs, tels que passer du temps excessif à surfer sur internet, ne pas respecter les heures de travail ou utiliser les ressources de l'entreprise à des fins personnelles. De plus, il peut profiter de son accès aux clients ou à des informations confidentielles pour se créer un portefeuille de clients personnels ou tirer profit de ces informations pour son propre bénéfice, ce qui peut être contraire aux termes de l'emploi.
  • Déclarer un bien (faussement) volé à l'assurance pour remboursement : Dans ce cas, une personne peut commettre une fraude en déclarant faussement à son assurance que son bien a été volé afin d'obtenir un remboursement financier. Cela constitue un comportement d'aléa moral où la personne abuse de l'asymétrie d'information pour tirer profit de l'assureur en faisant une fausse réclamation.
  • Se mettre volontairement au chômage sans intention immédiate de retrouver un emploi : Dans certaines situations, un individu peut délibérément décider de se mettre au chômage en abandonnant son emploi sans avoir l'intention immédiate de chercher un nouvel emploi. Cette situation peut se produire lorsque l'individu est incité par des prestations de chômage ou d'autres incitations financières qui lui permettent de bénéficier d'un revenu sans fournir d'efforts pour retrouver un emploi.
  • Détourner l'argent d'un prêt pour un placement très risqué : Dans ce cas, une personne peut obtenir un prêt en présentant des informations fausses ou en dissimulant des informations pertinentes sur l'utilisation prévue des fonds. Cette personne peut ensuite utiliser l'argent du prêt pour effectuer des placements très risqués, avec l'espoir de réaliser un gain important. Cela constitue un comportement d'aléa moral où la personne tire parti de l'asymétrie d'information pour obtenir des fonds et les utiliser d'une manière contraire à l'entente initiale.

Ces exemples mettent en évidence les conséquences négatives de l'aléa moral dans différents contextes, où un agent profite de l'asymétrie d'information pour adopter des comportements opportunistes au détriment des autres parties impliquées. Ces comportements peuvent causer des pertes financières, des inefficacités et des problèmes de confiance, soulignant ainsi l'importance de mettre en place des mécanismes pour atténuer l'aléa moral et encourager des comportements plus alignés avec les termes acceptés dans l'échange.

Le comportement "immoral" ou "non moral" n'est pas nécessairement extrême et peut englober un large éventail de comportements contraires aux normes ou aux attentes sociales. Dans le contexte de l'économie positive, l'analyse des comportements se concentre davantage sur les incitations et les conséquences économiques, plutôt que sur la moralité intrinsèque des actions. L'économie positive cherche à comprendre et à expliquer les comportements économiques tels qu'ils se produisent dans la réalité, sans émettre de jugement de valeur sur leur moralité. Elle se base sur des hypothèses simplificatrices et des modèles théoriques pour étudier les incitations, les choix rationnels et les conséquences économiques de ces choix. Ainsi, lorsque l'on parle de comportements d'aléa moral, de sélection adverse ou d'autres formes d'asymétrie d'information, l'accent est mis sur les conséquences économiques de ces comportements et sur la manière de les atténuer ou de les gérer de manière efficace. L'économie positive vise à fournir des outils d'analyse et des mécanismes incitatifs pour comprendre ces comportements et favoriser des résultats économiques plus efficaces et équitables.

Cependant, il est important de souligner que l'économie positive n'ignore pas les considérations morales ou éthiques. Ces dimensions sont souvent prises en compte dans le cadre de l'économie normative, qui se concentre sur les jugements de valeur et les recommandations sur la manière dont les choses devraient être. L'économie normative est souvent le domaine de l'éthique économique et de la philosophie morale, qui se penchent sur les questions de justice, d'équité et de responsabilité dans le cadre des comportements économiques. En résumé, l'économie positive, en se focalisant sur les incitations et les conséquences économiques, n'émet pas de jugement moral sur les comportements, mais s'efforce de les comprendre et de les expliquer dans le cadre de son analyse.

Les exemples suivants sont des exemples plus "soft" de comportements liés à l'aléa moral ou à la sélection adverse. Ils ne sont pas aussi extrêmes que les exemples précédents, mais ils illustrent néanmoins des situations où l'asymétrie d'information peut entraîner des comportements suboptimaux ou opportunistes. Voici une explication pour chaque exemple :

  • Un employé ne travaille pas au maximum de l'effort possible : Dans un environnement de travail où il y a une asymétrie d'information entre l'employé et l'employeur, l'employé peut choisir de ne pas fournir un effort maximal, sachant que son niveau de productivité réel est difficile à mesurer ou à vérifier pour l'employeur. Cela peut être dû à une faible motivation, à un manque d'intérêt pour le travail ou à un manque d'incitations appropriées.
  • Se montrer moins vigilant par rapport à la perte ou au vol d'un objet ou à tout autre sinistre : Lorsqu'une personne a souscrit une assurance ou qu'elle bénéficie d'une garantie pour la protection contre la perte ou le vol d'un bien, elle peut être moins vigilante ou moins préoccupée par la sécurité de l'objet. Cela peut se produire car l'individu sait qu'il sera indemnisé en cas de sinistre, ce qui peut entraîner une moindre prudence ou un manque d'efforts pour protéger le bien.
  • Ne pas chercher très activement un emploi : Dans le cas des personnes au chômage, une asymétrie d'information peut exister entre les chercheurs d'emploi et les employeurs potentiels. Les chercheurs d'emploi peuvent ne pas divulguer tous les détails de leurs compétences, de leur expérience ou de leurs disponibilités, ou ils peuvent ne pas être aussi actifs dans leur recherche d'emploi. Cela peut être dû à des incitations financières, à des prestations de chômage ou à d'autres facteurs qui influencent leur motivation à trouver un emploi rapidement.
  • Utiliser le crédit à d'autres fins (consommation plutôt qu'investissement) : Lorsqu'une personne obtient un crédit, par exemple sous la forme d'un prêt ou d'une carte de crédit, elle peut utiliser ces fonds pour des dépenses de consommation plutôt que pour des investissements productifs. Cela peut se produire lorsque l'emprunteur sait qu'il est peu probable que le prêteur ait une connaissance détaillée de la manière dont les fonds seront utilisés. Cette utilisation non optimale du crédit peut entraîner un sur-endettement ou des difficultés financières pour l'emprunteur.

Ces exemples montrent comment les asymétries d'information peuvent influencer les comportements des agents économiques, même dans des situations moins extrêmes. Ils soulignent l'importance de prendre en compte les incitations, les contrôles et les mécanismes appropriés pour atténuer les effets négatifs de l'aléa moral ou de la sélection adverse dans ces contextes.

L'aléa moral et les marchés financiers

La fonction de prêteur en dernier ressort des banques centrales ou du Fonds monétaire international (FMI) revient à la présence d'une institution qui intervient en cas de problèmes de liquidité majeurs. Cela peut avoir des implications sur le comportement des opérateurs du marché et les inciter à prendre des risques supplémentaires. Voici quelques éléments pour mieux comprendre cette dynamique :

  • Moral Hazard (risque moral) : La notion de moral hazard fait référence à la situation où la protection ou l'assurance contre un risque incite les individus ou les institutions à prendre des risques supplémentaires qu'ils ne prendraient pas en l'absence de cette protection. Lorsque les banques ou les États savent qu'ils peuvent compter sur une institution de prêteur en dernier ressort, cela peut les inciter à prendre des risques excessifs ou à se reposer sur cette institution pour gérer les conséquences négatives de leurs décisions.
  • Complaisance réglementaire : La présence d'une institution de prêteur en dernier ressort peut conduire à une certaine complaisance réglementaire. Les banques ou les États peuvent être moins incités à mettre en place des mécanismes de contrôle et de gestion des risques solides, car ils savent qu'en cas de difficultés, ils pourront compter sur l'intervention de cette institution. Cela peut créer un environnement propice à des comportements plus risqués ou à une mauvaise allocation des ressources.
  • Effet de stabilisation : D'un autre côté, la fonction de prêteur en dernier ressort peut également avoir un effet de stabilisation sur les marchés en cas de crise. La présence d'une institution qui peut fournir des liquidités de dernier recours peut contribuer à apaiser les craintes des opérateurs du marché, réduisant ainsi la panique et les risques de contagion. Cela peut aider à prévenir l'effondrement généralisé du système financier et à atténuer les crises de liquidité.

Il est important de noter que la fonction de prêteur en dernier ressort est essentielle pour la stabilité financière et la gestion des crises, car elle permet de fournir une bouée de sauvetage en cas de besoin. Cependant, cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de risques associés. Les banques centrales et le FMI doivent trouver un équilibre délicat entre fournir une assurance en cas de crise tout en mettant en place des incitations et des mécanismes pour limiter les comportements excessivement risqués ou l'exploitation de cette assurance.

Les régulateurs et les autorités doivent continuellement surveiller et évaluer les risques potentiels liés à la présence d'une institution de prêteur en dernier ressort et mettre en place des réglementations et des politiques appropriées pour atténuer les effets négatifs du moral hazard et encourager une gestion saine des risques par les acteurs du marché.

L'introduction d'une plus grande sécurité sur un marché peut paradoxalement entraîner une plus grande prise de risque de la part des acteurs du marché. Cela est souvent attribué à ce que l'on appelle l'effet de moral hazard, où la présence d'une protection ou d'une assurance contre les risques peut inciter les individus ou les institutions à prendre des risques supplémentaires. Lorsqu'une sécurité accrue est perçue sur un marché, les acteurs peuvent être incités à prendre des risques plus importants, car ils se sentent protégés contre les conséquences négatives de leurs décisions. Cette perception de sécurité peut provenir de divers facteurs, tels que des filets de sécurité financière, des garanties gouvernementales, des politiques de sauvetage des banques ou d'autres mécanismes de soutien.

Lorsque les acteurs perçoivent qu'ils seront protégés ou secourus en cas de difficultés, cela peut les inciter à adopter des comportements plus risqués ou à prendre des positions plus agressives. Ils peuvent être tentés de rechercher des rendements plus élevés en s'engageant dans des investissements plus spéculatifs ou en prenant des positions plus risquées, sachant que les pertes potentielles seront partiellement ou totalement compensées. Cela peut créer une situation où les acteurs du marché prennent des risques excessifs, en s'appuyant sur l'idée que les pertes potentielles seront externalisées ou absorbées par des mécanismes de sécurité ou de sauvetage. Cela peut également contribuer à une mauvaise allocation des ressources et à la formation de bulles spéculatives, car les acteurs sont incités à poursuivre des gains rapides et importants sans évaluer pleinement les risques associés.

Cas particulier : les problèmes d'agence

L'aléa moral est un problème qui se pose fréquemment dans les relations d'agent-principal. Lorsqu'une personne (l'agent) agit au nom d'une autre personne ou d'une entité (le principal), il peut y avoir une asymétrie d'information entre les deux parties, ce qui peut conduire à des comportements opportunistes de la part de l'agent.

Dans ce contexte, l'agent a une meilleure connaissance des actions qu'il entreprend et des informations pertinentes pour le principal. L'agent peut être incité à adopter des comportements qui servent ses propres intérêts plutôt que ceux du principal, en exploitant cette asymétrie d'information.

Quelques exemples de problèmes d'aléa moral dans les relations d'agent-principal sont :

  • Efforts réduits : L'agent peut être incité à fournir un effort inférieur à celui attendu ou convenu avec le principal, sachant que ses actions ne sont pas facilement observables ou mesurables. Par exemple, un employé peut ne pas travailler aussi dur qu'il le devrait ou ne pas mettre tout son potentiel pour accomplir les tâches qui lui sont assignées.
  • Prise de risque excessive : L'agent peut être incité à prendre des risques excessifs au détriment du principal. Par exemple, dans le domaine des investissements, un gestionnaire de portefeuille peut prendre des risques excessifs dans le but de réaliser des gains importants, sachant que les pertes potentielles seront supportées par le principal.
  • Sélection adverse : Dans certains cas, l'agent peut cacher ou déformer des informations importantes pour tirer parti de l'asymétrie d'information. Par exemple, dans le recrutement d'un employé, l'agent peut exagérer ses compétences ou son expérience pour obtenir un poste, ce qui peut ne pas être dans l'intérêt du principal.

Dans de nombreux cas, le principal, qu'il s'agisse d'un employeur ou d'un actionnaire, confie une mission ou des responsabilités à un agent, comme un employé ou un manager. Cependant, le principal n'a souvent aucun contrôle direct sur le comportement effectif de l'agent ni sur l'effort qu'il déploiera réellement pour accomplir la mission. Cette situation crée une asymétrie d'information et peut conduire à des problèmes d'aléa moral. L'agent, en ayant une meilleure connaissance de ses propres actions et de l'effort qu'il est disposé à fournir, peut être incité à adopter des comportements qui servent ses propres intérêts plutôt que ceux du principal. Par exemple, un employé peut ne pas fournir un effort maximal ou peut adopter des comportements opportunistes, tels que le fait de tirer au flanc, de procrastiner ou de se livrer à des activités personnelles pendant les heures de travail. De même, un manager peut prendre des décisions qui servent ses propres intérêts plutôt que ceux de l'entreprise ou des actionnaires, par exemple en cherchant à maximiser sa rémunération ou en poursuivant des projets risqués pour sa propre visibilité.

Trouver un contrat qui lie le bien-être de l'agent à l'intérêt du principal est une stratégie couramment utilisée pour atténuer les problèmes d'aléa moral dans les relations d'agent-principal. Cela permet d'aligner les incitations de l'agent sur les objectifs et les intérêts du principal, ce qui réduit le risque d'opportunisme ou de comportements contraires aux attentes.

Un contrat qui assure cette liaison peut prendre différentes formes, notamment :

  • Contrats incitatifs : Les contrats peuvent être structurés de manière à offrir des incitations financières à l'agent pour qu'il agisse dans l'intérêt du principal. Par exemple, des bonus basés sur la performance, des options d'achat d'actions ou des augmentations de salaire liées aux résultats peuvent être utilisés pour encourager l'agent à atteindre des objectifs spécifiques.
  • Contrats à long terme : Les contrats de travail ou d'engagement à plus long terme peuvent favoriser une relation de confiance entre l'agent et le principal. Cela peut réduire l'aléa moral en créant une incitation pour l'agent à adopter des comportements qui préservent la relation à long terme et favorisent la satisfaction du principal.
  • Contrats de transparence : Les contrats peuvent inclure des clauses de divulgation d'informations pertinentes pour permettre au principal de mieux évaluer les actions de l'agent. Cela peut réduire l'asymétrie d'information et faciliter la prise de décision éclairée du principal.
  • Contrats de responsabilité partagée : Les contrats peuvent inclure des mécanismes de partage des risques et des responsabilités entre l'agent et le principal. Cela peut inciter l'agent à prendre en compte les conséquences de ses actions et à agir de manière responsable.

Ces contrats visent à aligner les intérêts de l'agent sur ceux du principal, créant ainsi une incitation à agir de manière responsable et à prendre des décisions qui maximisent la valeur pour l'ensemble des parties concernées. Cependant, il est important de noter qu'il n'existe pas de solution unique pour tous les cas, et la conception du contrat dépendra des caractéristiques spécifiques de la relation d'agent-principal et du contexte dans lequel elle se situe.

Comment limiter le problème d'aléa moral ?

Pour limiter le problème d'aléa moral, il est possible de mettre en place différentes stratégies et mécanismes. Voici quelques approches couramment utilisées :

  • Contrats et incitations appropriés : Les contrats peuvent être structurés de manière à offrir des incitations alignées sur les intérêts du principal et à décourager les comportements opportunistes de l'agent. Des mécanismes tels que des incitations financières basées sur la performance, des contrats à long terme avec des clauses de pénalité pour non-respect des engagements, ou des mécanismes de partage des risques peuvent être utilisés pour créer des incitations incitant l'agent à agir de manière responsable.
  • Surveillance et évaluation de la performance : La surveillance régulière et l'évaluation de la performance de l'agent permettent de contrôler ses actions et de s'assurer qu'il agit conformément aux attentes du principal. Cela peut inclure des revues régulières, des évaluations formelles, des audits ou des rapports détaillés pour détecter les comportements opportunistes ou les déviations par rapport aux objectifs convenus.
  • Transparence et divulgation d'informations : Encourager la transparence et la divulgation d'informations pertinentes peut réduire l'asymétrie d'information et fournir au principal une meilleure visibilité sur les actions de l'agent. Cela peut se faire en exigeant des rapports réguliers, en mettant en place des systèmes de suivi de performance transparents ou en fournissant des informations sur les processus décisionnels clés.
  • Culture organisationnelle et éthique : Promouvoir une culture organisationnelle axée sur l'intégrité, la responsabilité et l'éthique peut contribuer à réduire les comportements opportunistes. Cela implique de créer un environnement où les individus sont incités à agir de manière responsable et où les valeurs de l'organisation encouragent la conformité aux normes éthiques.
  • Sélection rigoureuse et formation : La sélection initiale d'agents de confiance et compétents est essentielle pour réduire les problèmes d'aléa moral. Une évaluation rigoureuse des compétences, des antécédents et des valeurs peut permettre de minimiser les risques liés à l'opportunisme. De plus, une formation continue peut aider à renforcer les compétences et les connaissances des agents, favorisant ainsi leur engagement envers les valeurs et les objectifs du principal.

Les mécanismes suivants sont des stratégies couramment utilisées pour limiter les problèmes d'aléa moral et d'agence dans différents domaines. Voici une explication de chaque mécanisme :

  • Franchise et participation aux frais dans les assurances : Lorsqu'une assurance impose une franchise ou une participation aux frais, cela incite l'assuré à adopter des comportements prudents pour éviter les sinistres ou les dépenses excessives. En ayant une responsabilité financière partielle, l'assuré est encouragé à prendre des décisions plus réfléchies et à éviter les comportements risqués.
  • Rétribution basée sur la performance dans les problèmes d'agence : Lorsqu'il y a une relation d'agence entre le principal (par exemple, les actionnaires) et l'agent (par exemple, les managers), une rétribution basée sur la performance peut être utilisée pour aligner les intérêts de l'agent sur ceux du principal. Cela peut inclure des primes, des bonus, des stock-options ou d'autres formes de rémunération liées à la réalisation des objectifs et aux résultats financiers de l'entreprise. Ces incitations financières incitent les agents à prendre des décisions qui maximisent la valeur pour les actionnaires.
  • Contrôle aléatoire et salaires élevés dans les contrats de travail : Dans les relations d'employeur-employé, l'utilisation de contrôles aléatoires peut dissuader les comportements opportunistes de la part des employés. Les salaires élevés peuvent également servir d'incitation à fournir un effort maximal, car les employés ont plus à perdre en cas de mauvaise performance. L'association d'un salaire élevé à des résultats performants peut renforcer l'engagement de l'employé envers les objectifs de l'entreprise.
  • Crédibilité des prêteurs en dernier recours : Pour les institutions de prêteur en dernier recours telles que les banques centrales et le FMI, il est essentiel de maintenir une crédibilité en ne fournissant pas systématiquement une assistance aux pays ou aux banques en difficulté. En établissant des critères stricts pour l'octroi d'une assistance et en exigeant des mesures de réforme ou d'ajustement de la part des emprunteurs, ces institutions réduisent les incitations à la prise de risques excessifs et encouragent une gestion plus responsable.

Ces mécanismes visent tous à aligner les incitations des parties concernées, à créer des conséquences pour les comportements irresponsables et à promouvoir une gestion plus prudente des risques. Cependant, il est important de noter qu'aucun mécanisme n'est parfait et qu'il est nécessaire d'adapter ces approches en fonction des spécificités de chaque situation.

Un exemple d'agence

Dans l'exemple suivant, nous avons une relation d'agence entre un propriétaire (principal) et un vendeur (agent) d'une boutique. Le chiffre d'affaires mensuel de la boutique dépend à la fois de l'acharnement au travail du vendeur et de la demande de vêtements, qui varie entre faible, moyenne et forte avec une probabilité égale de 1/3.

Le vendeur a le choix de travailler d'arrache-pied ou de tirer au flanc. Travailler d'arrache-pied implique un coût pour le vendeur, évalué à 1 000 francs dans cet exemple.

Le bénéfice de la boutique est calculé comme la différence entre le chiffre d'affaires et le salaire du vendeur. Le gain net du vendeur est simplement le salaire moins la valeur monétaire de l'effort (1 000 francs) s'il décide de le fournir.

Ce scénario illustre un problème d'agence où le principal (le propriétaire de la boutique) ne peut pas observer directement l'effort fourni par l'agent (le vendeur) et doit s'appuyer sur les résultats (le chiffre d'affaires) pour évaluer les performances de l'agent.

Dans cette situation, l'agent (le vendeur) a un choix à faire en termes d'effort fourni. S'il choisit de travailler d'arrache-pied, cela entraîne un coût pour lui de 1 000 francs, mais cela peut également augmenter le chiffre d'affaires de la boutique et, par conséquent, le bénéfice net. S'il choisit de tirer au flanc et de ne pas fournir cet effort supplémentaire, il n'aura pas à supporter le coût de 1 000 francs, mais le chiffre d'affaires et le bénéfice de la boutique seront inférieurs.

L'enjeu pour le propriétaire est de concevoir des incitations appropriées pour encourager l'agent à fournir l'effort souhaité. Cela pourrait être fait en offrant des salaires plus élevés en fonction des performances, en introduisant des primes basées sur les résultats ou en établissant un contrat qui aligne les intérêts du vendeur sur ceux du propriétaire.

Ce cas d'agence montre comment l'asymétrie d'information entre le principal et l'agent peut créer des incitations différentes pour l'agent, et comment la conception des incitations et des contrats peut jouer un rôle important dans l'alignement des intérêts et la maximisation des résultats pour toutes les parties concernées.

Problèmes d'information et les choix publics exemple agence 1.png

Dans ce scénario d'agence entre le propriétaire (principal) et le vendeur (agent) d'une boutique, il y a deux cas possibles en termes de structure de rémunération : salaire fixe et salaire variable.

  1. Cas du salaire fixe : Dans ce cas, le vendeur reçoit un salaire fixe indépendamment de son niveau d'effort et des performances de la boutique. Qu'il travaille d'arrache-pied ou tire au flanc, son salaire reste constant. Cela crée un risque d'aléa moral, car le vendeur peut être moins incité à fournir un effort supplémentaire s'il sait que son salaire ne sera pas affecté.

Pour atténuer ce problème, le propriétaire pourrait mettre en place d'autres mécanismes pour encourager l'effort et les performances, tels que des primes ponctuelles basées sur les résultats ou des opportunités de promotion et d'avancement en fonction des performances. Cela introduit une dimension de récompense supplémentaire pour motiver le vendeur à fournir un effort maximal et à maximiser le chiffre d'affaires de la boutique.

Dans le cas où le propriétaire offre un salaire fixe de 3000 francs au vendeur, ce dernier n'a aucune incitation à travailler d'arrache-pied et le bénéfice moyen de la boutique sera calculé avec la deuxième ligne du tableau des chiffres d'affaires.

Le bénéfice moyen de la boutique peut donc être calculé comme suit :

Dans ce scénario, le propriétaire assume le risque de fluctuations de la demande de vêtements, mais le vendeur ne perçoit pas de récompense directe pour ses efforts supplémentaires ou sa contribution à l'amélioration des performances de la boutique. Cela peut créer un risque d'aléa moral, où le vendeur peut être moins incité à fournir un effort maximal ou à chercher à augmenter le chiffre d'affaires.

  1. Cas du salaire variable : Dans ce cas, le vendeur reçoit une rémunération variable basée sur les performances de la boutique. Par exemple, une partie de son salaire pourrait être basée sur un pourcentage des ventes réalisées ou du bénéfice net de la boutique. Ainsi, le salaire du vendeur varie en fonction des résultats obtenus.

Cela crée une incitation directe pour le vendeur à fournir un effort maximal et à maximiser le chiffre d'affaires de la boutique, car cela a un impact direct sur sa rémunération. En liant étroitement la rémunération à la performance, le propriétaire aligne les intérêts du vendeur sur ceux de la boutique, réduisant ainsi le risque d'aléa moral.

Dans le cas d'un salaire variable lié au chiffre d'affaires, le vendeur perçoit un salaire de 12 000 francs si le chiffre d'affaires mensuel atteint 20 000 francs, et un salaire de 3 000 francs si le chiffre d'affaires est inférieur à 20 000 francs.

En utilisant la formule précédente pour le gain net du vendeur, le calcul devient :

Gain net du vendeur avec effort = .

Dans ce cas, fournir l'effort devient intéressant pour le vendeur, car le gain net est positif. En conséquence, il est incité à travailler d'arrache-pied et à contribuer à l'augmentation du chiffre d'affaires de la boutique.

Le bénéfice moyen de la boutique peut être calculé en utilisant la formule précédente :

Bénéfice moyen de la boutique = .

Ainsi, avec ce mécanisme de salaire incitatif basé sur le chiffre d'affaires, le bénéfice moyen de la boutique est plus élevé (9000 francs) par rapport au cas du salaire fixe (7000 francs). Cela s'explique par le fait que le salaire variable motive le vendeur à fournir un effort maximal pour augmenter le chiffre d'affaires, ce qui se traduit par un bénéfice accru pour la boutique.

Sélection adverse

Lla sélection adverse est un phénomène qui se produit lorsque l'une des parties sur un marché ne dispose pas d'informations complètes sur la qualité ou les caractéristiques du service échangé avec l'autre partie. Cette asymétrie d'information peut conduire à des résultats indésirables, car la partie moins informée peut être confrontée à des risques ou à des conséquences négatives liées à la qualité inférieure du service.

Un exemple courant de sélection adverse se trouve sur le marché de l'assurance. Les assureurs sont confrontés au problème de ne pas connaître la qualité des risques qu'ils assurent avant de conclure un contrat. Les personnes qui recherchent une assurance peuvent avoir une connaissance plus précise de leur état de santé, de leur propension aux accidents, ou d'autres facteurs qui influencent le niveau de risque. Les personnes présentant un risque plus élevé ont tendance à être plus motivées pour souscrire une assurance, ce qui peut créer un déséquilibre entre les assurés et entraîner une augmentation des primes pour tous les souscripteurs.

Dans un tel scénario, les assureurs peuvent mettre en place des mécanismes pour atténuer les effets de la sélection adverse. Cela peut inclure la collecte d'informations détaillées sur les antécédents médicaux, la conduite d'examens de santé, l'établissement de critères stricts pour l'admissibilité à certaines polices d'assurance, ou l'utilisation de tarifs différenciés en fonction des risques identifiés.

Lorsque la qualité des biens ou des services sur un marché est hétérogène et que l'information sur cette qualité est asymétrique, cela peut créer des problèmes dans le processus d'échange. Dans le cas où les différences de qualité sont clairement observables par les acheteurs et que la concurrence est parfaite, les prix peuvent s'ajuster en fonction de la qualité. Les acheteurs sont alors en mesure de prendre des décisions éclairées en fonction de leurs préférences et de la qualité recherchée, et il n'y a pas de perte particulière.

Cependant, le problème se pose lorsque les différentes qualités ne peuvent pas être facilement distinguées par les acheteurs ou les vendeurs sur le marché. Dans de tels cas, les biens ou les services de différentes qualités peuvent se mélanger, et cela crée une incertitude et un risque pour les acheteurs. Lorsqu'il y a un risque lié à la qualité, les acheteurs peuvent être réticents à effectuer des échanges marchands, car ils ne sont pas sûrs de la qualité réelle du bien ou du service qu'ils vont obtenir. Cela peut entraîner une réduction de la confiance des consommateurs et une baisse des échanges sur le marché.

L'aléa moral et la sélection adverse peuvent être étroitement liés et parfois difficiles à distinguer, car ils sont tous deux des problèmes découlant de l'asymétrie d'information.

  • L'aléa moral se produit lorsque l'une des parties à une transaction modifie son comportement de manière opportuniste après la conclusion de l'échange, en exploitant l'asymétrie d'information pour son avantage. Cela se produit souvent lorsque des incitations inadéquates sont en place et que les parties peuvent profiter de l'ignorance ou de la faible connaissance de l'autre partie.
  • La sélection adverse, quant à elle, se produit avant même la conclusion de l'échange, lorsqu'une partie sur le marché ne dispose pas d'informations complètes sur la qualité ou les caractéristiques du service proposé par l'autre partie. Cela peut conduire à une situation où les biens ou les services de qualité inférieure ou indésirable prédominent sur le marché, car les parties moins informées ont tendance à être plus motivées pour acheter ou vendre.

Ces deux phénomènes sont souvent étroitement liés, car l'asymétrie d'information peut créer des incitations pour les parties à modifier leur comportement opportuniste (aléa moral) ou pour que des biens ou des services de qualité inférieure se retrouvent sur le marché (sélection adverse). Les deux problèmes peuvent entraîner des inefficacités économiques et des résultats indésirables.

La distinction entre l'aléa moral et la sélection adverse peut être nuancée et dépend du moment où l'asymétrie d'information a un impact sur le processus d'échange. Dans le cas de l'aléa moral, les problèmes se manifestent après la conclusion de l'échange, tandis que dans le cas de la sélection adverse, les problèmes se posent avant même la conclusion de l'échange. Dans certains cas, il peut être difficile de déterminer avec certitude si un problème particulier relève de l'aléa moral, de la sélection adverse, ou d'une combinaison des deux. Dans tous les cas, l'objectif principal est de concevoir des mécanismes et des incitations appropriés pour atténuer les effets négatifs de l'asymétrie d'information, afin de favoriser des échanges efficaces et équitables sur le marché.

Dans l'exemple suivant, nous pouvons voir comment la sélection adverse et l'aléa moral peuvent se manifester dans le contexte de l'assurance automobile.

Monsieur X décide de souscrire une assurance "casco" complète, ce qui implique une couverture étendue pour les dommages causés à son véhicule. Il fait ce choix parce qu'il est conscient des risques qu'il prend au volant, tels que sa propension à avoir des accidents ou à endommager son véhicule. Dans ce cas, la sélection adverse se produit, car Monsieur X est mieux informé sur sa propre situation et prend une décision d'assurance en fonction de cette information. Cela peut créer un déséquilibre dans le pool d'assurés, car ceux qui présentent un risque plus élevé ont tendance à être plus motivés pour souscrire une assurance plus complète.

D'autre part, Monsieur Y, qui bénéficie également d'une assurance "casco" complète, peut être enclin à adopter un comportement plus risqué en conduisant plus vite, sachant qu'il est couvert par une assurance qui prendra en charge les dommages. Dans ce cas, l'aléa moral se produit, car Monsieur Y modifie son comportement de manière opportuniste, sachant qu'il ne subira pas les conséquences financières directes de ses actes. Cela crée un désalignement des incitations, car Monsieur Y peut prendre des risques supplémentaires en raison de la présence de l'assurance.

Ces deux exemples illustrent comment l'asymétrie d'information peut influencer les comportements des individus dans le contexte de l'assurance automobile. La sélection adverse se manifeste lorsque Monsieur X choisit une couverture plus complète en fonction de sa connaissance des risques, tandis que l'aléa moral se produit lorsque Monsieur Y adopte un comportement plus risqué en se reposant sur l'assurance.

Qualités hétérogènes

Dans le cas où les qualités des biens ou des services sont hétérogènes et que l'information sur cette qualité est asymétrique, la sélection adverse peut se manifester. La sélection adverse se produit lorsque les biens ou les services de qualité inférieure ou indésirable prédominent sur le marché, car les parties moins informées sont plus motivées pour acheter ou vendre.

Un aspect particulier de la sélection adverse est que les biens ou services de qualité inférieure peuvent se camoufler parmi les biens ou services de qualité supérieure. Cela peut rendre difficile pour les parties moins informées de faire la distinction entre les différentes qualités et de prendre des décisions éclairées. Prenons l'exemple du marché de l'occasion pour les voitures. Les voitures de qualité supérieure et celles de qualité inférieure peuvent être mises en vente sur le même marché, sans qu'il soit facilement discernable pour les acheteurs potentiels laquelle est de meilleure qualité. Les vendeurs peuvent chercher à vendre des voitures de qualité inférieure en les présentant de manière trompeuse ou en dissimulant les problèmes potentiels. Cela crée une asymétrie d'information où les vendeurs ont plus de connaissances sur la qualité réelle de la voiture que les acheteurs.

En conséquence, les acheteurs peuvent être réticents à effectuer des achats sur ce marché, car ils craignent de choisir une voiture de qualité inférieure sans pouvoir la distinguer des voitures de qualité supérieure. Cela peut entraîner une réduction de la confiance des consommateurs et une diminution des échanges sur le marché.

Les exemples suivants illustrent bien la présence de sélection adverse dans différents marchés où les qualités des biens ou des individus sont hétérogènes et où l'information sur cette qualité est asymétrique.

  • Marché du travail : Les employeurs peuvent avoir du mal à connaître précisément les compétences, la motivation ou le niveau d'effort de leurs employés. L'asymétrie d'information peut entraîner une sélection adverse, car certains employés pourraient dissimuler leur faible niveau de compétences ou leur manque de motivation lors de l'embauche, ce qui peut avoir un impact négatif sur la performance globale de l'entreprise.
  • Marché du crédit : Les banques peuvent rencontrer des difficultés à distinguer les emprunteurs "bons pères de famille" (qui sont susceptibles de rembourser leurs dettes) des emprunteurs à risque élevé (qui peuvent avoir des antécédents de mauvais remboursement ou un comportement financier irresponsable). L'asymétrie d'information peut conduire à une sélection adverse, où les emprunteurs à risque élevé sont plus motivés à obtenir un prêt, tandis que les emprunteurs à faible risque peuvent être moins enclins à demander un prêt.
  • Marché de l'assurance : Les clients ont souvent une meilleure connaissance de leurs propres risques que les assureurs. Par exemple, dans le domaine de l'assurance automobile, les conducteurs peuvent connaître leurs antécédents de conduite, leurs habitudes de conduite et leur propension à prendre des risques, tandis que les assureurs ont une information limitée sur ces facteurs. Cela crée une asymétrie d'information et peut entraîner une sélection adverse, où les conducteurs à risque élevé sont plus motivés à souscrire une assurance, tandis que les conducteurs à faible risque peuvent être moins enclins à le faire.
  • Marché de l'occasion : Lors de l'achat d'un véhicule d'occasion, il peut être difficile de connaître la qualité réelle du véhicule, notamment en termes de performances, d'entretien et de problèmes potentiels. Les vendeurs peuvent dissimuler les défauts ou présenter le véhicule de manière trompeuse pour obtenir un prix plus élevé. Cela crée une asymétrie d'information et peut conduire à une sélection adverse, où les véhicules de qualité inférieure peuvent se mêler aux véhicules de qualité supérieure sur le marché de l'occasion.

Dans tous ces exemples, la sélection adverse est présente en raison de l'asymétrie d'information entre les parties. Cela peut conduire à des résultats indésirables, tels que des performances sous-optimales, des prix inappropriés ou une réduction de la confiance des consommateurs sur le marché. La mise en place de mécanismes visant à réduire l'asymétrie d'information, tels que des évaluations, des certifications, des contrôles ou des signaux de qualité, peut contribuer à atténuer les effets de la sélection adverse.

La sélection adverse et le marché du travail

La sélection adverse peut jouer un rôle dans le marché du travail, notamment dans la prise de décision de l'employeur concernant les salaires et les licenciements.

Lorsque les employés d'une entreprise ont des opportunités alternatives et des salaires potentiels différents, l'employeur peut avoir du mal à identifier ces différences. Cela crée une asymétrie d'information où l'employeur ne sait pas exactement quelles sont les alternatives et les perspectives salariales de chaque employé.

Si l'on suppose que les travailleurs les plus performants ont également les meilleures opportunités alternatives, une baisse de salaire de manière généralisée pourrait inciter ces travailleurs à quitter l'entreprise et à accepter des offres plus avantageuses ailleurs. Cela peut entraîner une réduction de la performance globale de l'entreprise, car les travailleurs les moins performants resteraient en surnombre.

Dans une telle situation, l'entreprise peut préférer procéder à des licenciements (au hasard ou selon d'autres critères) plutôt que de baisser les salaires de manière généralisée. Cette décision est prise dans le but de préserver les travailleurs les plus performants en évitant leur départ massif et en préservant la performance moyenne de l'entreprise.

La sélection adverse et le marché du crédit

Dans le contexte du marché du crédit, la sélection adverse peut jouer un rôle important. Lorsque les emprunteurs se présentent pour un crédit, ceux qui en ont le plus besoin et qui sont considérés comme plus risqués ont souvent une plus grande motivation à obtenir des fonds et sont donc prêts à payer des taux d'intérêt élevés pour obtenir le prêt nécessaire.

Cependant, l'asymétrie d'information se pose car les emprunteurs peuvent avoir des caractéristiques ou des risques cachés qui ne sont pas connus de manière transparente par les prêteurs. Cela signifie que les emprunteurs les plus risqués peuvent se mélanger aux emprunteurs moins risqués sur le marché du crédit, ce qui crée une situation où les prêteurs ne peuvent pas facilement faire la distinction entre les emprunteurs fiables et les emprunteurs à risque élevé.

Cela peut entraîner une sélection adverse, où les prêteurs sont confrontés à une demande de crédit principalement de la part d'emprunteurs risqués. Lorsque les taux d'intérêt sont élevés pour compenser le risque perçu, seuls les emprunteurs avec des projets plus rentables mais aussi plus risqués seront disposés à emprunter à ces taux élevés. Les emprunteurs moins risqués ou les projets moins rentables peuvent être exclus du marché du crédit en raison des coûts élevés associés.

Cette situation peut entraîner une allocation inefficace des ressources, car des projets viables mais moins risqués peuvent être sous-financés ou exclus du marché. En outre, les emprunteurs moins risqués qui auraient pu bénéficier d'un crédit à des taux plus avantageux peuvent être découragés de participer au marché du crédit en raison des taux élevés.

On peut comparer un cordonnier qui souhaite obtenir un prêt pour agrandir son commerce existant et un entrepreneur qui lance une startup. Le cordonnier représente un emprunteur avec un projet moins risqué mais également avec un rendement potentiel plus faible mais relativement certain. Étant donné la nature de son activité, le cordonnier peut avoir une clientèle établie et une demande constante pour ses services. Cependant, le rendement attendu de son projet d'agrandissement peut être relativement modeste par rapport à des projets plus ambitieux. D'un autre côté, l'entrepreneur qui ouvre une startup représente un emprunteur avec un projet plus risqué mais également avec un potentiel de rendement plus élevé. Les startups sont souvent associées à une incertitude plus grande en raison de leur nouveauté, de leur manque d'historique et de leur dépendance à des facteurs externes tels que la demande du marché, la concurrence, etc. Cependant, si la startup réussit, elle peut générer des bénéfices importants et une croissance significative.

Dans cette situation, les prêteurs peuvent être confrontés à un dilemme de sélection adverse. Étant donné que le cordonnier présente un projet moins risqué, il peut avoir plus de facilité à obtenir un prêt à des conditions favorables. Les prêteurs peuvent percevoir l'entrepreneur de la startup comme plus risqué et exiger des taux d'intérêt plus élevés ou être plus réticents à lui accorder un prêt. Cela peut créer une distorsion dans l'allocation des ressources, car des projets plus prometteurs avec un potentiel de rendement élevé, comme la startup, peuvent être sous-financés en raison de la perception du risque par les prêteurs. Les prêteurs peuvent être plus enclins à financer des projets moins risqués mais avec un potentiel de rendement plus faible, comme l'agrandissement de l'arcade du cordonnier.

La sélection adverse et le marché de l'assurance

La sélection adverse peut se produire sur le marché de l'assurance, en particulier dans le domaine de l'assurance maladie ou de l'assurance santé. Lorsque les compagnies d'assurance ont accès à des informations sur la distribution des affections et des atteintes à la santé dans la population, elles peuvent proposer des contrats en fonction de cette information. Cependant, cela peut entraîner un déséquilibre dans la sélection des assurés. Les personnes qui ont des problèmes de santé plus importants que la moyenne ou qui présentent un risque plus élevé d'affections ou d'atteintes à la santé sont plus susceptibles d'être intéressées par ces contrats d'assurance. Elles ont une plus grande motivation à souscrire une assurance qui couvre leurs besoins médicaux spécifiques.

En conséquence, les compagnies d'assurance peuvent se retrouver avec une population d'assurés qui présente un risque plus élevé en termes de coûts médicaux et de demandes de remboursement. Cela peut déséquilibrer les ratios de paiement et entraîner des primes d'assurance plus élevées pour compenser le risque plus élevé. Les personnes en bonne santé ou avec un risque médical plus faible peuvent être moins enclines à souscrire ces contrats, car elles peuvent considérer que les primes sont trop élevées par rapport à leur propre risque. Cela crée une situation de sélection adverse où les compagnies d'assurance peuvent être confrontées à une population d'assurés plus risquée et moins rentable. Cela peut rendre difficile pour les compagnies d'assurance de maintenir des tarifs compétitifs et de proposer une couverture abordable pour tous.

Le problème de sélection adverse peut également se produire dans d'autres types d'assurances, tels que les assurances contre les inondations, les catastrophes naturelles, le chômage ou les cambriolages.

Lorsqu'il y a une asymétrie d'information entre l'assureur et l'assuré, les personnes les plus exposées à ces risques sont plus susceptibles d'être intéressées par l'achat d'une assurance pour se protéger financièrement en cas d'événement indésirable. Ces personnes ont une plus grande motivation à souscrire une police d'assurance pour se prémunir contre les pertes potentielles liées à ces risques spécifiques. Cependant, cela peut créer une situation où les assureurs se retrouvent avec une population d'assurés qui présente un risque plus élevé que la moyenne en termes de probabilité de subir un sinistre. Cela peut déséquilibrer les primes d'assurance et les coûts pour les assureurs, car ils doivent prendre en compte le risque accru de paiements de prestations pour cette population.

En conséquence, les primes d'assurance peuvent être plus élevées pour tous les assurés, y compris ceux qui ont un risque plus faible, pour compenser le risque élevé des personnes les plus exposées. Cela peut décourager les personnes avec un risque plus faible de souscrire une assurance, car les primes peuvent sembler excessives par rapport à leur propre niveau de risque.

La sélection adverse et le marché d'occasion : une application

La sélection adverse peut également être observée sur le marché de l'occasion, où il peut être difficile de connaître la qualité réelle d'un produit d'occasion avant de l'acheter. Cela crée une asymétrie d'information entre le vendeur, qui a une meilleure connaissance de la qualité du produit, et l'acheteur, qui doit prendre une décision d'achat basée sur des informations limitées. Dans ce contexte, les vendeurs peuvent être incités à mettre en vente des produits de qualité inférieure, défectueux ou en mauvais état, tout en présentant ces produits comme étant de bonne qualité. Les acheteurs, quant à eux, peuvent être réticents à acheter des produits d'occasion en raison du risque de faire un mauvais achat. Cela crée une sélection adverse où les produits de mauvaise qualité sont surreprésentés sur le marché de l'occasion, tandis que les produits de meilleure qualité peuvent être sous-représentés. Les acheteurs sont confrontés à un risque accru de faire un mauvais achat et peuvent être réticents à payer un prix plus élevé pour un produit d'occasion dont la qualité est incertaine.

Dans ce scénario, nous avons deux types de voitures sur le marché : les "bonnes affaires" qui sont bien entretenues par leurs anciens propriétaires et sont proposées à un prix de vente de 14 000 euros (), et les "mauvaises affaires" qui ont tendance à tomber en panne plus souvent et sont proposées à un prix de vente de 7 000 euros (). D'autre part, un acheteur représentatif serait prêt à payer jusqu'à 20 000 euros pour une bonne voiture et jusqu'à 10 000 euros pour une mauvaise voiture et .

Cette situation crée une asymétrie d'information sur le marché des voitures, car les vendeurs connaissent mieux la qualité réelle de leur véhicule que les acheteurs potentiels. Les vendeurs peuvent essayer de vendre leurs voitures défectueuses (mauvaises affaires) au même prix que les voitures en bon état (bonnes affaires), créant ainsi une sélection adverse. Si les acheteurs ne peuvent pas distinguer clairement les bonnes affaires des mauvaises affaires, ils peuvent être réticents à payer le prix maximum qu'ils sont prêts à offrir pour une bonne voiture. Cela peut conduire à une situation où les acheteurs hésitent à effectuer des transactions, car ils ne veulent pas prendre le risque d'acheter une mauvaise voiture au prix d'une bonne voiture.

Dans ce cas, si les acheteurs savent qu'il y a autant de mauvaises voitures que de bonnes voitures sur le marché, cela signifie qu'ils ont une probabilité de 50% de tomber sur une mauvaise voiture (). Cela peut affecter la perception de la valeur des voitures sur le marché. Les acheteurs prendront en compte cette probabilité de tomber sur une mauvaise voiture lorsqu'ils évalueront le prix qu'ils sont prêts à payer.

Pour une voiture considérée comme une bonne affaire, dont le prix demandé est de 14 000 euros, les acheteurs peuvent être moins enclins à payer la valeur maximale de 20 000 euros, car ils savent qu'il y a une probabilité de 50% d'obtenir une mauvaise voiture pour ce prix. De même, pour une mauvaise affaire dont le prix demandé est de 7 000 euros, les acheteurs peuvent être prêts à payer jusqu'à 10 000 euros, car ils savent qu'il y a également une probabilité de 50% d'obtenir une bonne voiture pour ce prix.

Dans ce contexte, la perception de la valeur des voitures est influencée par la probabilité de sélectionner une voiture de qualité inférieure. Cela peut entraîner une baisse des prix offerts par les acheteurs par rapport à la valeur maximale qu'ils seraient prêts à payer si l'information sur la qualité était parfaite. / En cas d'information parfaite, où tous les acheteurs et vendeurs ont une connaissance parfaite de la qualité des voitures, il est possible d'atteindre un équilibre de marché efficient. Les voitures seront échangées à un prix intermédiaire entre le prix d'achat et le prix de vente, ce qui permet des gains mutuellement avantageux pour les vendeurs et les acheteurs. Dans cette situation, les transactions se font en toute confiance, car les attentes des deux parties sont satisfaites.

En revanche, lorsque l'information est imparfaite mais symétrique, ce qui signifie que personne ne sait quelles voitures sont bonnes ou mauvaises, les échanges peuvent toujours avoir lieu. Les acheteurs acceptent de payer un prix moyen, même s'ils savent qu'il y a un risque de tomber sur une mauvaise voiture. Dans ce cas, l'équilibre de marché peut être considéré comme efficient, car les consommateurs sont prêts à prendre le risque et à payer un prix moyen pour une voiture dont la qualité est incertaine. Bien que certains consommateurs puissent être malchanceux et se retrouver avec une mauvaise voiture, les échanges se poursuivent en raison de l'incertitude partagée par tous les acteurs du marché.

Enfin, lorsque l'information est imparfaite et asymétrique, la qualité moyenne des voitures peut devenir endogène, ce qui signifie qu'elle dépend du prix. Les vendeurs peuvent ajuster leurs prix en fonction de la qualité de leurs voitures pour attirer les acheteurs. Par exemple, si les vendeurs de mauvaises voitures proposent des prix plus bas, cela peut entraîner une baisse de la qualité moyenne perçue par les acheteurs. Dans cette situation, l'équilibre de marché peut être moins efficient, car les prix ne reflètent pas uniquement la qualité intrinsèque des voitures, mais sont influencés par l'asymétrie d'information entre les vendeurs et les acheteurs.

En conclusion, l'efficience du marché des voitures d'occasion dépend de la qualité de l'information disponible pour les acheteurs et les vendeurs. Dans un cas d'information parfaite, un équilibre de marché efficient peut être atteint. Dans les cas d'information imparfaite, différents mécanismes peuvent influencer la qualité moyenne et l'efficacité des échanges sur le marché.

Lorsque les vendeurs bénéficient d'une asymétrie d'information en leur faveur, ils peuvent choisir de ne mettre leur bien en vente que si le prix proposé est suffisamment élevé. Cette stratégie est motivée par le fait que les vendeurs ont une meilleure connaissance de la qualité ou de la valeur réelle de leur bien par rapport aux acheteurs potentiels. En ayant une information privilégiée sur la qualité, les défauts ou les caractéristiques spécifiques de leur bien, les vendeurs peuvent déterminer le prix auquel ils sont prêts à le vendre. Ils cherchent à maximiser leur profit en fixant un prix qui reflète leur évaluation subjective de la valeur du bien. Si le prix proposé par les acheteurs potentiels n'atteint pas ce seuil, les vendeurs peuvent choisir de ne pas mettre leur bien en vente, car ils estiment qu'ils ne recevraient pas une juste rémunération compte tenu de la qualité perçue du bien. Cette pratique peut être particulièrement observée dans les marchés où l'information sur la qualité des biens est difficile à évaluer ou à vérifier de manière objective. Par exemple, dans les marchés de l'art, des antiquités ou des objets de collection, où la valeur d'un bien dépend de sa rareté, de son authenticité ou de son état de conservation, les vendeurs peuvent détenir des informations précieuses qui ne sont pas facilement accessibles aux acheteurs potentiels.

Sans autre information que la probabilité , les acheteurs peuvent être prêts à payer au maximum un prix moyen entre et  :

Le prix moyen maximal que les acheteurs seraient prêts à payer, noté , peut être calculé en utilisant la formule suivante :

Dans votre exemple, avec une probabilité de 0.5 (), le prix maximum moyen que les acheteurs seraient prêts à payer serait :

Cela signifie que, dans cette situation d'information imparfaite où les acheteurs ne savent pas quelles voitures sont bonnes ou mauvaises, ils seraient prêts à payer au maximum 15000 euros en moyenne pour une voiture, en prenant en compte la probabilité de tomber sur une mauvaise voiture.

Dans votre exemple, avec une proportion de mauvaises voitures de 70% (), le prix maximal moyen que les acheteurs seraient prêts à payer serait :

Dans ce cas, le prix maximal moyen () est inférieur au prix de réserve pour les bonnes affaires (), qui est de 14000. Cela signifie que les propriétaires de bonnes occasions peuvent être incités à se retirer du marché, car ils préfèrent attendre et vendre leur voiture au prix des mauvaises affaires.

Cela crée une situation où les acheteurs se retrouvent principalement confrontés à des mauvaises voitures sur le marché, ce qui peut conduire à une diminution de la confiance des acheteurs et à une dégradation de la dynamique du marché. Les propriétaires de bonnes voitures préfèrent attendre pour obtenir un meilleur prix, tandis que les acheteurs se retrouvent avec un choix limité et peuvent être réticents à payer le prix demandé pour les mauvaises voitures.

Cette dynamique illustre comment la sélection adverse peut affecter le marché de l'occasion lorsque les vendeurs ont une asymétrie d'information sur la qualité de leurs biens. Les propriétaires de bonnes occasions peuvent être réticents à mettre leurs voitures en vente, car ils risquent de les vendre au même prix que les mauvaises voitures. Cela peut entraîner une réduction de l'offre de bonnes voitures sur le marché et une détérioration de l'efficacité et de la confiance des transactions.

Comment résoudre le problème d'anti-sélection ?

L'une des méthodes pour résoudre le problème de sélection adverse est de trouver des mécanismes qui permettent de "révéler" les propriétés cachées du bien, qu'il s'agisse de défauts ou de qualités.

Il existe plusieurs approches possibles pour atteindre cette révélation. Voici quelques exemples :

  1. Certification ou évaluation indépendante : Une façon de révéler la qualité d'un bien est de le faire évaluer ou certifier par une tierce partie indépendante. Par exemple, dans le cas des voitures d'occasion, une inspection réalisée par un expert automobile peut permettre aux acheteurs de connaître l'état réel du véhicule et d'atténuer l'asymétrie d'information.
  2. Garanties et politiques de retour : En offrant des garanties ou des politiques de retour, les vendeurs peuvent réduire les inquiétudes des acheteurs quant à la qualité du bien. Cela peut inciter les vendeurs à révéler les défauts potentiels ou à garantir la qualité du bien vendu.
  3. Transparence des informations : Une plus grande transparence des informations peut contribuer à réduire l'asymétrie d'information. Par exemple, en fournissant des informations détaillées sur les caractéristiques, l'historique ou l'entretien d'un bien, les vendeurs peuvent permettre aux acheteurs de prendre des décisions plus éclairées.
  4. Mécanismes de marché et d'enchères : Les mécanismes de marché et d'enchères peuvent également jouer un rôle dans la révélation des propriétés cachées d'un bien. Par exemple, les enchères inversées peuvent permettre aux vendeurs de révéler leurs prix minimums ou leurs réserves, incitant ainsi les acheteurs à faire des offres compétitives.

Ces approches visent à réduire l'asymétrie d'information en fournissant aux acheteurs des informations plus complètes et précises sur la qualité des biens. En permettant aux acheteurs de prendre des décisions plus éclairées, ces mécanismes contribuent à atténuer les effets de la sélection adverse et à favoriser des échanges plus efficaces sur le marché.

Le système de garantie ou de label peut jouer un rôle important dans la transmission d'informations du vendeur vers l'acheteur, aidant ainsi à résoudre le problème de sélection adverse. La garantie ou le label est une forme de signal envoyé par le vendeur pour attester de la qualité ou de la fiabilité du bien. Il indique aux acheteurs potentiels que le vendeur a suffisamment confiance dans la qualité du bien pour offrir une garantie ou obtenir un label de qualité reconnu. Cependant, pour que la garantie ou le label soit efficace dans la lutte contre la sélection adverse, il est important que son coût soit suffisant pour dissuader les propriétaires de mauvaises voitures de s'en prévaloir. Si le coût de la garantie est trop faible ou facilement accessible, cela pourrait inciter les propriétaires de voitures de moindre qualité à se prévaloir de la garantie pour dissimuler les défauts ou les problèmes du véhicule.

  • En fixant un coût approprié pour la garantie, les vendeurs peuvent dissuader les propriétaires de mauvaises voitures de s'engager dans le processus de garantie, car cela leur imposerait un coût significatif. Cela permet de signaler aux acheteurs que seuls les vendeurs de biens de qualité supérieure sont prêts à supporter ce coût et à offrir une garantie.
  • En fixant un coût de garantie adéquat, les vendeurs peuvent réduire l'incidence de la sélection adverse en créant une distinction entre les biens de qualité supérieure et les biens de qualité inférieure sur le marché. Cela renforce la confiance des acheteurs et encourage des échanges plus efficaces en fournissant des incitations appropriées pour la révélation de la qualité réelle des biens.

Lorsque le vendeur utilise une caractéristique ou un signal pour montrer la qualité supposée de son produit, on parle de signal de qualité. Le signal de qualité est une stratégie utilisée par les vendeurs pour tenter de réduire l'asymétrie d'information entre eux et les acheteurs. Le signal de qualité peut prendre différentes formes selon le contexte. Voici quelques exemples courants de signaux de qualité :

  1. Prix élevé : Un prix élevé peut être perçu comme un signal de qualité, car les acheteurs peuvent associer un prix élevé à un produit de meilleure qualité. Cela fonctionne particulièrement bien lorsque les acheteurs ne peuvent pas facilement évaluer la qualité du produit par d'autres moyens.
  2. Marques ou labels de qualité : Les marques ou labels de qualité reconnus peuvent servir de signaux de qualité. Les acheteurs font souvent confiance à des marques bien établies ou à des labels de qualité reconnus pour garantir la fiabilité et la qualité des produits.
  3. Certification ou évaluation indépendante : Faire certifier ou évaluer un produit par une tierce partie indépendante peut servir de signal de qualité. Lorsqu'un produit est accompagné d'une certification ou d'une évaluation positive provenant d'une source crédible, cela peut rassurer les acheteurs quant à la qualité du produit.
  4. Garanties ou politiques de retour : Offrir des garanties solides ou des politiques de retour généreuses peut également servir de signal de qualité. Les vendeurs qui sont confiants dans la qualité de leurs produits sont plus enclins à offrir des garanties prolongées ou des politiques de retour flexibles pour rassurer les acheteurs.

Le signal de qualité vise à convaincre les acheteurs de la qualité supposée du produit en utilisant des éléments tangibles ou des caractéristiques qui sont perçues comme étant liées à la qualité. Cela permet au vendeur de se différencier des autres vendeurs et de transmettre une impression positive aux acheteurs, réduisant ainsi l'asymétrie d'information et créant une confiance accrue dans le produit.

Application au marché de l'assurance

Dans le marché de l'assurance, la sélection adverse peut se produire lorsque les assureurs ne parviennent pas à identifier avec précision les différents niveaux de risque des assurés. Cela peut conduire à une sous-représentation des personnes à faible risque et à une sur-représentation des personnes à haut risque.

Il y a 4 catégories différentes de personnes, toutes d'importance égale en termes de nombre, mais avec des risques de maladie différents que les assureurs ne parviennent pas à identifier. Chaque groupe a un coût associé à la maladie de 1 000 francs pour l'intervention médicale.

Les personnes sont conscientes de leur groupe de risque et ont une volonté de payer pour une police d'assurance en accord avec ce risque. Cela signifie que chaque groupe est prêt à payer un montant différent en fonction de son niveau de risque.

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Comment fixer la prime d'assurance ? Dans le cadre du calcul actuariel, la prime d'assurance est généralement fixée au minimum à l'espérance de dommage, c'est-à-dire le produit du montant du dommage (le coût de l'intervention) et de la probabilité de la maladie.

Pour chaque groupe de risque, il est possible de calculer une prime actuarielle en utilisant cette approche. Cela consiste à estimer la probabilité de chaque groupe d'être touché par la maladie et à multiplier cette probabilité par le montant du dommage attendu pour obtenir l'espérance de dommage. Cette espérance de dommage représente le montant moyen que l'assureur devrait payer pour chaque assuré appartenant à ce groupe de risque.

La prime actuarielle peut ensuite être fixée en fonction de cette espérance de dommage. L'objectif est de couvrir les coûts attendus de l'assureur tout en prenant en compte les frais administratifs et les marges bénéficiaires.

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Dans un contexte où il y a des gains mutuellement avantageux à l'échange, la prime d'assurance est généralement fixée de manière à ce que son coût soit inférieur à la volonté de payer des assurés pour tous les groupes de risque. Cela permet de créer une situation où les assurés peuvent obtenir une protection contre les risques à un coût inférieur à leur propre évaluation de la valeur de cette protection.

Cependant, le problème se pose lorsque les assureurs ne connaissent pas précisément le niveau de risque de chaque catégorie d'assurés. En l'absence d'informations fiables sur le risque réel, les assureurs peuvent être confrontés à un défi dans la fixation différenciée de la prime pour chaque groupe.

Dans cette situation, les assureurs peuvent adopter différentes approches pour fixer la prime :

  1. Tarification moyenne : Les assureurs peuvent choisir de fixer une prime moyenne pour l'ensemble de la population assurée, en utilisant des informations agrégées sur le risque. Cela peut conduire à une tarification qui ne reflète pas exactement le niveau de risque spécifique de chaque groupe, mais qui tente de trouver un équilibre global.
  2. Utilisation de variables proxy : Les assureurs peuvent utiliser des variables proxy, telles que l'âge, le sexe ou d'autres caractéristiques démographiques, pour différencier les primes entre les groupes. Bien que ces variables puissent ne pas être directement liées au risque de maladie, elles peuvent être utilisées comme approximation pour ajuster les primes.
  3. Modèles statistiques : Les assureurs peuvent également utiliser des modèles statistiques pour estimer le risque de chaque groupe. En utilisant des données historiques et des techniques d'analyse statistique, ils peuvent essayer d'estimer les probabilités de maladie pour chaque catégorie d'assurés et ajuster les primes en conséquence.

Il est important de noter que ces approches peuvent être limitées par l'exactitude des informations disponibles et par la capacité des assureurs à obtenir des données pertinentes sur le risque. De plus, la fixation différenciée de la prime peut également être soumise à des contraintes réglementaires et à des considérations de discrimination ou d'équité. Dans l'idéal, les assureurs cherchent à obtenir des informations plus précises sur le risque de chaque groupe d'assurés afin de pouvoir fixer des primes qui reflètent de manière plus précise leur niveau de risque respectif. Cela peut nécessiter des efforts pour améliorer la collecte de données et développer des modèles plus sophistiqués d'évaluation du risque.

Si les assureurs ne disposent pas d'informations précises sur le risque moyen de chaque catégorie d'assurés, ils peuvent choisir de fonder leur prime actuarielle sur le risque moyen de toute la population. Dans ce cas, la prime serait calculée en utilisant la moyenne des pourcentages de risque de chaque catégorie.

Les pourcentages de risque pour chaque catégorie sont de 20%, 40%, 60% et 80%. En prenant la moyenne de ces pourcentages, on obtient 50% :

La prime actuarielle serait donc basée sur un risque moyen de 50% pour l'ensemble de la population assurée. Cela signifie que tous les assurés, indépendamment de leur catégorie de risque spécifique, paieraient la même prime basée sur ce risque moyen.

Si le coût annuel moyen d'une intervention est de 1000 francs, cela signifie que l'assureur devrait s'attendre à payer en moyenne 1000 francs par assuré chaque année pour les interventions médicales. Pour que l'assureur puisse couvrir ces coûts et éviter de faire des pertes, il devrait fixer une prime annuelle d'au moins 500 francs par assuré. Cette prime de 500 francs représente la moitié du coût moyen des interventions (0.5 x 1000), ce qui permettrait à l'assureur de couvrir les coûts attendus. Il est important de noter que cette prime de 500 francs correspond au minimum nécessaire pour couvrir les coûts attendus, mais elle peut être ajustée en fonction d'autres facteurs tels que les frais administratifs, les marges bénéficiaires et les réglementations spécifiques du marché de l'assurance.

Si les assureurs fixent une prime de 500 francs en l'absence de possibilité de réaliser des profits, seuls les individus ayant une volonté de payer supérieure à ce montant choisiront de s'assurer. Cela signifie que tous les groupes de risque, à l'exception de celui présentant un risque de 20%, souscriront une assurance. Cependant, si le groupe à faible risque ne s'assure pas, cela crée un effet de sélection adverse dans le marché de l'assurance. En ne participant pas à l'assurance, ce groupe diminue la qualité globale de la clientèle des assureurs, car les individus présentant un risque plus élevé sont surreprésentés parmi les assurés.

Cela peut entraîner une situation où les coûts moyens des prestations médicales pour les assureurs augmentent, car ils sont davantage confrontés à des réclamations plus importantes. Pour compenser ces coûts plus élevés, les assureurs pourraient être amenés à augmenter la prime d'assurance, ce qui pourrait à son tour décourager davantage les individus à faible risque de souscrire une assurance. Ce cercle vicieux de sélection adverse peut perturber le fonctionnement du marché de l'assurance, car les individus à faible risque sont incités à se désengager, ce qui crée une augmentation du risque moyen parmi les assurés restants.

Si aucun individu du premier groupe ne souscrit une assurance, cela modifiera la composition effective de la population assurée. Dans ce cas, le risque moyen basé sur la population assurée sera calculé en excluant le premier groupe. En utilisant votre exemple, où les pourcentages de risque pour les groupes sont de 20%, 40% et 60%, la composition effective de la population assurée sera :

Ainsi, le risque moyen de la population assurée sera de 60%. Cela signifie que la composition de la population assurée sera désormais dominée par les groupes à risque plus élevé, car les individus à faible risque ne participent pas à l'assurance. Cela peut avoir un impact sur les coûts des prestations pour les assureurs, car ils doivent maintenant faire face à un risque moyen plus élevé parmi les assurés restants. Pour compenser ces coûts plus élevés, les assureurs peuvent être amenés à augmenter la prime d'assurance pour maintenir leur solvabilité.

Lorsque les assureurs sont confrontés à cette sélection adverse de demandeurs, il devient évident qu'ils subiront des pertes avec la prime initiale fixée à 500 francs, car la dépense moyenne par bénéficiaire sera de 600 francs (0,6 fois le coût moyen de l'intervention de 1000 francs). Pour éviter ces pertes et maintenir leur solvabilité, les assureurs devront ajuster la prime d'assurance à 600 francs, qui correspond à la dépense moyenne prévue. En augmentant la prime, les assureurs peuvent compenser les coûts plus élevés associés à la population assurée plus risquée.

Cependant, il est important de noter que l'ajustement de la prime à 600 francs peut créer un nouvel effet de sélection adverse. Les individus à faible risque peuvent être découragés de souscrire une assurance en raison de la prime plus élevée, ce qui entraînera une composition encore plus déséquilibrée de la population assurée. Cela peut conduire à une spirale de sélection adverse, où les primes augmentent continuellement pour compenser les coûts élevés, ce qui entraîne une participation encore plus faible des individus à faible risque.

Avec une prime fixée à 600 francs, la sélection adverse se manifeste et les individus du deuxième groupe préfèrent ne plus s'assurer car la prime dépasse leur volonté de payer. Ainsi, il devient nécessaire d'ajuster la prime pour les deux derniers groupes, compte tenu de leur risque plus élevé. Pour le troisième groupe, qui a une volonté de payer de 680 francs, il renonce à souscrire une assurance car la prime proposée de 700 francs dépasse sa volonté de payer. Finalement, seuls les membres du groupe le plus risqué restent assurés et acceptent de payer une prime de 800 francs. Dans ce cas, le surplus total, c'est-à-dire la différence entre la volonté de payer et la prime, est de 50 francs.

Cela démontre comment la sélection adverse peut affecter le marché de l'assurance, conduisant à une concentration d'individus plus risqués qui sont prêts à payer une prime plus élevée. Cela peut entraîner des problèmes de tarification inefficace et de pertes pour les assureurs, ainsi qu'une exclusion des individus à faible risque du marché de l'assurance. Pour résoudre ce problème, il peut être nécessaire d'explorer des mécanismes incitatifs ou des réglementations visant à encourager la participation de tous les groupes de risque, afin de maintenir un équilibre dans la composition de la population assurée et d'éviter les distorsions causées par la sélection adverse.

Dans le cas décrit, l'équilibre de marché finit par se vérifier, mais cela conduit à une inefficience car le marché est composé uniquement des individus les plus risqués. Cela crée un déséquilibre dans la composition de la population assurée, avec une concentration excessive de risques élevés. Cette situation est inefficace car elle exclut les individus à faible risque du marché de l'assurance, ce qui limite leur accès à une protection financière contre les risques. De plus, la concentration de risques élevés peut entraîner des coûts plus élevés pour les assureurs, ce qui peut se traduire par des primes plus élevées pour les assurés restants. Pour remédier à cette inefficience, il peut être nécessaire de mettre en place des mesures pour encourager la participation de tous les groupes de risque, notamment en adoptant des mécanismes incitatifs ou des réglementations qui limitent la sélection adverse. Par exemple, des subventions ou des incitations fiscales peuvent être offertes pour encourager les individus à faible risque à souscrire une assurance.

En examinant le tableau, on peut constater qu'il existe des gains mutuellement avantageux entre les assureurs et les demandeurs pour tous les groupes. Cela est dû au fait que la volonté de payer de chaque groupe est supérieure à son risque moyen. Pour le premier groupe, la volonté de payer est de 400 francs, ce qui est supérieur à son risque moyen de 300 francs. Ainsi, les membres de ce groupe ont une incitation à souscrire une assurance car ils peuvent obtenir une protection contre le risque à un coût inférieur à leur volonté de payer. De même, pour le deuxième groupe, la volonté de payer est de 700 francs, tandis que le risque moyen est de 600 francs. Les membres de ce groupe ont également intérêt à s'assurer car la prime d'assurance de 600 francs leur permet d'obtenir une couverture contre le risque à un coût inférieur à leur volonté de payer. Enfin, pour le troisième groupe, la volonté de payer est de 900 francs, tandis que le risque moyen est de 800 francs. Encore une fois, les membres de ce groupe ont une incitation à souscrire une assurance car la prime de 800 francs est inférieure à leur volonté de payer.

Ces résultats démontrent qu'il existe des opportunités d'échange mutuellement avantageuses entre les assureurs et les demandeurs, car les primes d'assurance proposées permettent aux demandeurs d'obtenir une couverture contre le risque à un coût inférieur à leur volonté de payer. Cependant, il est important de noter que ces résultats sont basés sur les données spécifiques du tableau et peuvent varier en fonction des paramètres spécifiques du marché de l'assurance étudié. En conclusion, l'examen du tableau révèle l'existence de gains mutuellement avantageux entre les assureurs et les demandeurs pour tous les groupes, ce qui indique des opportunités d'échange bénéfiques sur le marché de l'assurance.

Dans le contexte présenté, les assureurs aimeraient pouvoir assurer les trois groupes manquants, mais ils se trouvent dans l'incapacité de les distinguer des autres groupes plus risqués. Cette situation d'incertitude sur la répartition des risques parmi les différents groupes pose un défi pour les assureurs. Sans la capacité de distinguer avec certitude les différents groupes et leurs niveaux de risque respectifs, les assureurs ne peuvent pas ajuster leurs primes en conséquence. Ils se retrouvent donc confrontés à une asymétrie d'information qui limite leur capacité à établir une tarification précise et équitable pour chaque groupe. En l'absence de cette distinction, les assureurs sont confrontés à un dilemme. D'une part, ils peuvent choisir de ne pas assurer les groupes manquants par prudence, afin d'éviter les pertes potentielles liées à une concentration de risques élevés. D'autre part, ils pourraient décider d'assurer tous les groupes avec une prime uniforme, mais cela pourrait entraîner des primes excessivement élevées pour les groupes moins risqués et décourager leur participation.

Cette situation souligne l'importance de la capacité des assureurs à obtenir des informations fiables sur les risques individuels des demandeurs. Des efforts peuvent être déployés pour améliorer la collecte et la vérification des données, ainsi que pour encourager la transparence et l'échange d'informations entre les assureurs et les demandeurs. Ces initiatives peuvent contribuer à réduire l'asymétrie d'information et faciliter une tarification plus précise et équitable sur le marché de l'assurance. En résumé, les assureurs souhaiteraient pouvoir assurer tous les groupes, mais l'incapacité à distinguer les groupes moins risqués des groupes plus risqués en raison de l'asymétrie d'information pose des défis pour la tarification et la souscription des polices d'assurance. Des mesures visant à améliorer la collecte d'informations et la transparence peuvent contribuer à résoudre ce problème et à faciliter une participation plus large et équilibrée sur le marché de l'assurance.

Comment résoudre le problème de sélection adverse ?

Une façon de résoudre le problème de sélection adverse consiste à mettre en place une contrainte qui oblige toute la population à s'assurer. Cette approche, souvent appelée assurance obligatoire ou universelle, vise à éliminer la possibilité pour les individus de choisir de ne pas s'assurer en fonction de leur propre évaluation des risques.

L'assurance obligatoire élimine la sélection adverse en garantissant que tous les individus, quels que soient leur niveau de risque ou leur volonté de payer, participent au système d'assurance. Cela permet de réduire les distorsions causées par la concentration de risques élevés et garantit une meilleure solidarité entre les assurés.

En imposant cette obligation, les assureurs peuvent fixer des primes actuarielles qui reflètent l'ensemble de la population assurée, plutôt que de se concentrer sur des groupes spécifiques plus ou moins risqués. Cela permet une tarification plus équitable et une répartition plus équilibrée des coûts entre les assurés.

Dans ce cas, tous les groupes sont contraints de s'assurer, indépendamment de leur risque individuel. La prime unique de 500 francs est imposée à tous les assurés. Cependant, on observe que cette prime unique ne permet pas de garantir un surplus positif pour tous les groupes. Le groupe A, qui présente un risque moyen de 20%, a une volonté de payer de 250 francs, ce qui est inférieur à la prime de 500 francs. Ils ont donc un surplus négatif de -250 francs, ce qui indique un coût excessif pour eux. En revanche, les groupes B, C et D ont un surplus positif, ce qui signifie qu'ils bénéficient d'une prime inférieure à leur volonté de payer. Cela peut être considéré comme un avantage pour ces groupes.

Dans l'ensemble, l'imposition d'une prime unique et l'obligation de s'assurer peuvent entraîner des résultats mitigés en termes de surplus pour chaque groupe. Certains groupes peuvent ressentir un coût excessif tandis que d'autres peuvent bénéficier d'une prime inférieure à leur volonté de payer.

Comment résoudre le problème de sélection adverse 1.png

Dans le cas où une prime unique de 500 francs est imposée à tous les groupes et où l'assurance est rendue obligatoire, il y a un surplus total positif, ce qui indique des gains mutuellement avantageux pour le marché de l'assurance dans son ensemble. Cependant, il est important de noter qu'il peut y avoir des perdants dans ce scénario. Le groupe le moins risqué, dans cet exemple, le groupe A avec un risque moyen de 20%, subit une perte nette en s'assurant. Leur volonté de payer de 250 francs est inférieure à la prime de 500 francs, ce qui se traduit par une perte de 250 francs pour ce groupe. Cette perte subie par le groupe A peut être considérée comme une forme de "prime de solidarité" imposée aux groupes moins risqués pour soutenir les groupes plus risqués et permettre une tarification plus équitable et une répartition plus équilibrée des coûts au sein du système d'assurance obligatoire.

Les choix publics

Les choix publics font référence aux décisions prises par les gouvernements et les institutions publiques pour répondre aux besoins et aux préférences de la société dans son ensemble. Ces décisions peuvent concerner un large éventail de domaines tels que la politique économique, la santé publique, l'éducation, l'environnement, la sécurité, et bien d'autres. Les choix publics sont souvent complexes car ils impliquent la prise en compte des intérêts et des valeurs multiples des individus et des groupes au sein de la société. Les décisions prises dans le cadre des choix publics peuvent avoir des conséquences importantes sur la vie des citoyens et de la société dans son ensemble.

L'une des principales caractéristiques des choix publics est la prise en compte de l'intérêt général et la recherche de l'efficacité sociale. Les décideurs publics doivent tenir compte des externalités, des inégalités et des imperfections du marché pour prendre des décisions qui maximisent le bien-être collectif. Les choix publics peuvent également être influencés par des considérations politiques, des pressions d'intérêts particuliers, des contraintes budgétaires et des limites de capacité. Il est souvent nécessaire d'évaluer les coûts et les avantages de différentes options, de prendre en compte les préférences des citoyens et de trouver un équilibre entre des objectifs parfois contradictoires.

L'analyse économique et d'autres disciplines fournissent des outils et des concepts pour comprendre et évaluer les choix publics. Cela inclut l'évaluation des politiques, la théorie de la régulation, l'économie du bien-être, l'analyse coût-bénéfice, la théorie des jeux, et d'autres approches analytiques.

Choix public

Les lacunes de marché, également appelées défaillances de marché, sont des situations dans lesquelles le marché ne parvient pas à allouer efficacement les ressources et à atteindre les résultats souhaitables. Ces lacunes peuvent prendre différentes formes, telles que les externalités, les biens publics, le pouvoir de marché, l'asymétrie d'information et les externalités de réseau.

Face à ces lacunes de marché, une intervention de l'État est souvent considérée comme nécessaire pour corriger les inefficiences et promouvoir l'intérêt général. L'État peut intervenir de différentes manières pour remédier aux défaillances de marché, notamment par le biais de la réglementation, de la taxation, de la fourniture de biens publics, de la redistribution des revenus, de la promotion de la concurrence et de la protection des droits de propriété. Par exemple, dans le cas des externalités, où les actions d'un agent économique affectent les autres agents sans qu'ils soient compensés ou pénalisés, l'État peut intervenir en imposant des réglementations pour réduire les externalités négatives (comme les normes environnementales) ou en accordant des incitations pour encourager les externalités positives (par le biais de subventions ou de politiques d'incitation).

De même, dans le cas des biens publics, qui sont caractérisés par la non-exclusion et la non-rivalité, l'État peut jouer un rôle en fournissant ces biens lorsque le marché ne le fait pas de manière efficace. Cela peut inclure des services publics tels que la défense nationale, la sécurité publique, l'éducation publique et les infrastructures. Enfin, dans le cas de la concentration du pouvoir de marché, où une seule entreprise ou un petit nombre d'entreprises dominent un marché, l'État peut intervenir pour promouvoir la concurrence et protéger les consommateurs. Cela peut se faire par le biais de politiques antitrust, de réglementations sur la concurrence et de la surveillance des pratiques commerciales.

L'État peut également être confronté à des problèmes d'information qui peuvent compromettre ses décisions et actions. Ces problèmes peuvent être similaires à ceux rencontrés par les agents économiques privés, tels que les asymétries d'information et les incertitudes quant à l'efficacité des politiques mises en œuvre. Les asymétries d'information peuvent se produire lorsque les décideurs politiques n'ont pas accès à toutes les informations pertinentes pour prendre des décisions éclairées. Cela peut entraîner des politiques inappropriées ou inefficaces, car les décideurs ne disposent pas de toutes les connaissances nécessaires sur les besoins, les préférences et les contraintes de la société. De plus, l'État peut être confronté à des contraintes politiques qui peuvent créer un écart entre les désirs de la collectivité et les actions de l'État. Les décisions politiques sont souvent influencées par des intérêts particuliers, des pressions de groupes d'intérêts et des considérations politiques à court terme. Cela peut entraîner des politiques qui ne correspondent pas aux besoins et aux préférences de l'ensemble de la société.

Il est également important de noter que l'État peut être limité par des contraintes budgétaires et des ressources limitées. Les ressources disponibles peuvent ne pas être suffisantes pour répondre à tous les besoins et toutes les demandes de la société, ce qui peut entraîner des compromis et des choix difficiles dans l'allocation des ressources publiques. En outre, il peut y avoir des divergences d'opinions et de valeurs au sein de la société, ce qui rend difficile la prise de décisions qui satisferont pleinement tous les membres de la collectivité. Les préférences et les priorités peuvent varier d'un individu à l'autre, ce qui rend complexe la recherche d'un consensus sur les politiques à mettre en œuvre.

La théorie du choix public est une approche qui vise à comprendre comment les décisions sont prises par l'État pour la collectivité. Elle examine comment les mécanismes politiques, les intérêts et les incitations influencent les choix des décideurs politiques et les résultats des politiques publiques. La théorie du choix public s'appuie sur l'idée que les acteurs politiques sont également rationnels et cherchent à maximiser leurs intérêts, tout comme les acteurs économiques dans le cadre de la théorie économique standard. Elle considère l'État comme un acteur parmi d'autres sur la scène politique, soumis à des pressions et à des contraintes politiques.

L'un des principaux objectifs de la théorie du choix public est d'évaluer si les conditions d'un planificateur social idéal existent, c'est-à-dire si l'État peut prendre des décisions qui maximisent véritablement le bien-être de la collectivité. Elle examine les obstacles à l'action publique efficace, tels que les distorsions politiques, les incertitudes, les asymétries d'information et les contraintes budgétaires. La théorie du choix public met également en évidence l'importance de l'analyse des institutions et des mécanismes politiques pour comprendre comment les décisions sont prises et comment les intérêts sont articulés et pris en compte dans le processus de décision. Elle examine les structures de gouvernance, les systèmes électoraux, les groupes d'intérêts et les mécanismes de contrôle et de responsabilité qui influencent les décisions politiques.

Le problème d'agrégation des préférences hétérogènes est en effet un défi récurrent et ancien en sciences sociales et en théorie politique. Il se pose lorsque différentes personnes ou groupes ont des préférences et des intérêts différents, et il est nécessaire de prendre des décisions collectives ou de formuler des politiques qui tiennent compte de cette diversité.

Il existe plusieurs approches et méthodes pour aborder ce problème, dont voici quelques exemples :

  • Majorité et démocratie : Dans de nombreux systèmes politiques, les décisions sont prises par la majorité, où les préférences de la majorité l'emportent sur celles de la minorité. Cela repose sur le principe de la règle de la majorité et des élections démocratiques. Cependant, cela peut ne pas prendre en compte les préférences et les intérêts des minorités, ce qui peut conduire à des inégalités et à des problèmes d'exclusion.
  • Mécanismes de vote et de négociation : Différents mécanismes de vote et de négociation peuvent être utilisés pour agréger les préférences. Par exemple, le vote à la majorité simple, le vote pondéré, le vote par consensus ou la méthode de Borda qui attribue des points aux différentes options en fonction des préférences individuelles. Ces mécanismes peuvent aider à prendre en compte les différentes préférences, mais ils peuvent également être influencés par des biais, des stratégies de vote et des dynamiques de pouvoir.
  • Théorie du choix social : La théorie du choix social se penche sur l'élaboration de règles et de procédures pour agréger les préférences individuelles en une préférence collective. Elle étudie les propriétés des procédures de choix collectif, telles que la transparence, la rationalité, l'unanimité et la non-dictature. Des théorèmes célèbres, tels que le théorème d'impossibilité d'Arrow, mettent en évidence les limites de l'agrégation des préférences dans certaines conditions.
  • Délibération et participation : Une approche alternative consiste à promouvoir la délibération et la participation de tous les acteurs concernés dans le processus de prise de décision. Cela permet aux individus et aux groupes de faire valoir leurs points de vue, de discuter et de négocier, ce qui peut conduire à une meilleure compréhension mutuelle et à des décisions plus consensuelles. Des mécanismes tels que les forums publics, les débats et les consultations peuvent faciliter cette délibération.

Il convient de noter que l'agrégation des préférences hétérogènes est un défi complexe et qu'il n'existe pas de solution universelle ou parfaite. Les approches utilisées peuvent varier en fonction du contexte politique, culturel et social, ainsi que des objectifs spécifiques de la prise de décision collective. L'objectif est souvent de trouver un équilibre entre la représentativité des préférences individuelles, l'équité, l'efficacité et la légitimité des décisions prises.

Le paradoxe du vote de Condorcet

Le paradoxe du vote de Condorcet est un phénomène intéressant qui met en évidence les défis de l'agrégation des préférences dans un système de vote. Il a été formulé par le mathématicien et philosophe français Nicolas de Condorcet au XVIIIe siècle. Le paradoxe se produit lorsque, dans un vote entre plusieurs options, une option peut être préférée individuellement à chaque autre option dans des duels tête-à-tête, mais finit par perdre lorsqu'elle est confrontée simultanément à toutes les autres options. Autrement dit, il n'y a pas de vainqueur clair dans le scrutin global.

Cela peut sembler contre-intuitif, car on pourrait s'attendre à ce que l'option préférée individuellement par la majorité l'emporte dans le vote global. Cependant, le paradoxe du vote de Condorcet montre que les résultats peuvent être sensibles à la manière dont les préférences individuelles sont agrégées. Le paradoxe du vote de Condorcet met en lumière les limites des systèmes de vote basés sur les préférences individuelles lorsqu'il s'agit de parvenir à un choix collectif cohérent. Il souligne les défis de l'agrégation des préférences et met en évidence la difficulté de concilier les différentes opinions et préférences au sein d'un groupe.

Dans une petite communauté, trois "types" d'individus doivent choisir parmi trois projets alternatifs. Le tableau montre que les préférences collectives violent le principe de transitivité. Le principe de transitivité stipule que si une option A est préférée à une option B, et que l'option B est préférée à une option C, alors l'option A doit être préférée à l'option C. En d'autres termes, si les préférences individuelles sont transitives, les préférences collectives devraient également être transitives.

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  • a. Lorsque le vote ne concerne que les alternatives A et B, l'alternative A est choisie par les groupes 1 à 3 contre le groupe 2. Cela signifie que la majorité préfère A à B dans cette paire d'alternatives.
  • b. Lorsque le vote ne concerne que les alternatives B et C, l'alternative B est choisie par les groupes 1 à 2 contre le groupe 3. Encore une fois, cela indique que la majorité préfère B à C dans cette paire d'alternatives.
  • c. Cependant, lorsqu'il s'agit de choisir entre les alternatives A et C, l'alternative C est choisie par les groupes 2 à 3 contre le groupe 1. Dans cette paire d'alternatives, la majorité préfère C à A.

Le paradoxe de Condorcet se produit lorsque les préférences individuelles ne permettent pas de déterminer une option clairement préférée à toutes les autres options. Dans ce cas, nous voyons que chaque alternative est préférée par la majorité dans au moins une paire d'alternatives. Ce paradoxe met en évidence les défis de l'agrégation des préférences individuelles et souligne la difficulté de parvenir à un choix collectif cohérent lorsqu'il y a des préférences hétérogènes au sein d'un groupe.

L'ordre dans lequel les alternatives sont présentées peut avoir une influence sur le choix final lors d'un processus de votation. Cela est dû à l'existence du paradoxe de l'ordre de vote, qui est étroitement lié au paradoxe de Condorcet. Le paradoxe de l'ordre de vote se produit lorsque l'issue d'un vote dépend de l'ordre dans lequel les alternatives sont présentées. Selon cet ordre, les préférences individuelles peuvent être influencées, ce qui peut conduire à des résultats différents en fonction de la séquence des alternatives proposées. Dans cet exemple, si les alternatives A, B et C sont présentées dans l'ordre A-B-C, alors l'alternative A serait choisie car elle est préférée par une majorité dans la première paire. Cependant, si l'ordre est inversé et que les alternatives sont présentées dans l'ordre C-B-A, alors l'alternative C serait choisie car elle est préférée par une majorité dans la dernière paire. Cela met en évidence la sensibilité du processus de votation à l'ordre de présentation des alternatives. L'ordre peut influencer les préférences individuelles et, par conséquent, le choix collectif final.

Théorème d'impossibilité de Arrow

Kenneth Arrow (prix Nobel en 1972) a proposé un ensemble de critères désirables et relativement peu exigeants pour obtenir un système de vote:

  • Unanimité : si tous préfèrent un objet par rapport à un autre, il devrait être choisi;
  • Transitivité : si A est préféré à B et B est préféré à C, il faut que A soit préféré à C;
  • Indépendance des options non pertinentes : la préférence entre A et B ne devrait pas dépendre de l’existence (ou absence) d’une troisième option C;
  • Non-dictature : il n’y a pas d’individu dont les préférences correspondent à tous les choix sociaux indépendamment des préférences des autres.

Le théorème montre que tout système de choix collectif doit relâcher au moins une de ces conditions (→ dictature?).

Le principe de l'électeur médian

On peut montrer que, à partir du moment où les préférences sont exprimées en continu, le paradoxe de Condorcet n’a plus lieu d’être.

Un système majoritaire implique alors que c’est toujours l’électeur médian qui décide du résultat final.

L’électeur médian est celui qui se trouve au milieu de la distribution des préférences. Il a donc 50% des votants à sa droite et 50% à sa gauche.

Étant donné que les préférences sont ordrées sur une variable continue, tous les électeurs des deux extrémités lui sont acquis.

Par exemple, imaginons la distribution suivante des préférences sur le budget de l’État :

Principe de l'électeur médian 1.png

Si chaque votant devait préciser le montant du budget dans le bulletin de vote, la moyenne donnerait un budget de 9 Mio CHF.

Mais s’il faut décider entre deux montants, ce sera toujours celui choisi par l’électeur médian, qu'ici souhaite 10 Mio.

Il y aura toujours plus que 50% des votants qui préfèrent 10Mio à n'importe quelle autre somme.

Principe de l'électeur médian 2.png

Implication: si deux partis politiques concurrents essayent de maximiser leur probabilité d'élection, ils vont les deux se rapprocher de la position de l'électeur médian (est-ce que ça vous rappelle quelque chose?).

Résumé

Les asymétries d’information sont présentes lors de nombreuses transactions économiques.

L’aléa moral se produit lorsque les incitations des agents sont modifiées suite à la conclusion d’un contrat sur un bien ou un service.

Le problème d’agence survient lorsqu’un principal ne contrôle pas parfaitement le comportement d’un agent.

Lorsque les caractéristiques d’un bien ou service sont cachées, le marché est sujet à un problème de sélection adverse.

Une solution marchande au problème d’asymétrie d’information est donné par le signal.

La théorie du choix public montre que les préférences collectives ne peuvent pas être aisément être exprimées.

Le théorème d’impossibilité d’Arrow montre qu’aucun système de vote n’est parfait et que des concessions sont nécessaires.

Dans de nombreuses situations, les institutions démocratiques engendreront le résultat désiré par l’électeur médian indépendamment des préférences du reste de l’électorat.

Annexes

Références