Contrainte et préférences du consommateur

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La théorie du consommateur est une branche fondamentale de la micro-économie qui se penche sur l'analyse du comportement décisionnel des individus en matière de consommation. Cette théorie, aussi connue sous le nom de théorie du choix du consommateur, cherche à éclairer diverses questions clés. Parmi celles-ci, on trouve l'interrogation sur la nature décroissante des courbes de demande, l'impact des variations salariales sur l'offre de travail, ainsi que l'influence des taux d'intérêt sur l'épargne des ménages. Un concept central à cette théorie est l'idée de compromis, soulignant que les ressources étant limitées, chaque choix implique un renoncement - illustré par l'adage qu'il n'existe pas de déjeuner gratuit.

L'objectif ultime des individus, selon cette théorie, est de maximiser leur bien-être. Face aux contraintes de leur revenu, au prix des biens et services, et à leurs préférences personnelles, ils s'efforcent de prendre des décisions de consommation qui optimisent leur satisfaction. Cette démarche d'optimisation sous contrainte met en lumière la manière dont les consommateurs arbitrent entre différentes options pour atteindre le meilleur niveau de bien-être possible étant donné leurs ressources limitées.

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La contrainte budgétaire

La contrainte budgétaire

La contrainte budgétaire joue un rôle crucial dans la théorie du choix du consommateur, délimitant ce que le consommateur peut réellement se permettre d'acheter avec son revenu disponible. Elle définit la frontière des possibles en matière de paniers de consommation accessibles, en fonction du revenu et des prix des biens. Cette contrainte explique pourquoi les individus consomment souvent moins qu'ils ne le désireraient : leurs choix sont limités par les ressources financières dont ils disposent.

La notion de contrainte budgétaire prend en compte tous les paniers de consommation possibles qu'un consommateur peut acquérir sans excéder son budget. Ainsi, elle reflète les choix disponibles dans le cadre des limitations financières et des prix des biens sur le marché. Pour simplifier l'analyse, on considère souvent que la dépense se répartit entre un nombre limité de biens, typiquement deux dans de nombreux modèles économiques.

Prenons l'exemple d'une consommatrice nommée Amy pour illustrer ce concept. Amy doit choisir comment dépenser son revenu disponible de 100 francs uniquement entre deux types de biens : des bières, avec un prix unitaire de 2 francs, et des kebabs, dont le prix unitaire est de 10 francs. En n'épargnant pas, Amy doit décider de la quantité de chaque bien à acheter, sachant que la somme de ses dépenses pour les bières (Qb x Pb) et les kebabs (Qk x Pk) ne doit pas excéder son revenu de 100 francs. Cette situation illustre parfaitement comment la contrainte budgétaire détermine les choix de consommation en fonction du revenu et des prix des biens.

Contrainte budgétaire : exemple

Ce tableau illustre un exemple de contrainte budgétaire pour une consommatrice nommée Amy, qui a un budget de 100 francs à répartir entre l'achat de bières et de kebabs. Les bières coûtent 2 francs chacune, tandis que les kebabs coûtent 10 francs chacun. Le tableau montre différentes combinaisons de quantités de bières et de kebabs qu'Amy peut acheter sans excéder son budget.

Contrainte budgétaire exemple 1.png

Analysons les informations données. Le tableau démarre avec Amy n'achetant aucune bière et se permettant le maximum de kebabs, soit 10, ce qui correspond à la totalité de son budget. Ensuite, pour chaque augmentation par tranche de 5 bières, le nombre de kebabs qu'elle peut se permettre diminue d'un, et la dépense totale reste constante à 100 francs. Cela illustre bien la notion de substitution entre les bières et les kebabs : pour chaque bière supplémentaire qu'Amy choisit d'acheter, elle doit renoncer à un demi kebab, puisque le coût de cinq bières équivaut à celui d'un kebab.

À mi-chemin du tableau, nous voyons qu'Amy peut choisir une répartition égale de son budget entre les bières et les kebabs, soit 25 bières et 5 kebabs, ce qui implique une dépense de 50 francs dans chaque catégorie. Cela représente un point où elle équilibre parfaitement sa consommation entre les deux biens.

À mesure que nous avançons vers la fin du tableau, Amy augmente progressivement sa consommation de bières aux dépens des kebabs jusqu'à atteindre le point où elle dépense tout son budget sur 50 bières, n'en laissant rien pour les kebabs.

Ce tableau est un exemple classique de la manière dont les consommateurs font face à des choix de substitution en présence de contraintes budgétaires fixes. Il représente graphiquement une ligne droite dans un graphique de contrainte budgétaire, montrant toutes les combinaisons possibles de deux biens qu'un consommateur peut acheter avec un budget donné. Cela démontre également le principe de la pente négative de la contrainte budgétaire, qui indique que plus on achète d'un bien, moins on peut acheter de l'autre, étant donné un budget limité.


Dans l'analyse économique, l'équation que vous avez fournie illustre la contrainte budgétaire d'un consommateur sous forme analytique. Cette équation est fondamentale dans l'étude de la microéconomie car elle décrit mathématiquement le budget dont dispose un consommateur pour répartir entre différents biens.

L'équation énonce que la dépense totale pour les bières (au prix par unité et en quantité ) plus la dépense totale pour les kebabs (au prix par unité et en quantité ) est égale au revenu total du consommateur. Cette relation capture l'idée que le consommateur ne peut pas dépenser plus que son revenu total.

La seconde équation, , est une reformulation de la première, résolue pour , la quantité de bières. Elle montre combien de bières le consommateur peut acheter en fonction de son revenu , du prix des bières , et de la quantité de kebabs qu'il décide d'acheter. Le terme représente le nombre maximal de bières qu'il pourrait acheter avec son revenu s'il ne dépensait rien en kebabs, tandis que le terme représente le nombre de bières auquel il doit renoncer pour chaque kebab acheté.

Cette dernière équation illustre également la pente de la ligne de la contrainte budgétaire dans un graphique où et sont sur les axes. La pente est déterminée par le rapport des prix des deux biens, , et elle est négative, reflétant le fait que si l'on dépense plus sur un bien, on doit en dépenser moins sur l'autre pour rester dans les limites du budget.

Contrainte budgétaire : interprétation

Contrainte : ou .

Toutes les combinaisons de (; ) qui respectent cette condition sont possibles pour Amy.

Le revenu divisé par le prix d’une bière représente la quantité maximale de bières que Amy peut acheter (lorsqu’elle n’achète pas de kebabs): . Par analogie : .

Il s'agit d'un revenu réel car exprimé en unités d’un bien.

NB : on passe de l’une quantité à l’autre par la simple opération : .

Contrainte budgétaire : prix relatif

Le rapport des prix (= pente de la droite) est donc un taux d’échange ou taux de conversion pour passer d’un bien à l’autre.

Dans l’exemple, indique ce que vaut un kebab en “équivalents bières” et à quel taux le consommateur peut échanger les deux biens (= coût d'opportunité d'un kebab et terme de bières): .

Le prix du kebab est ici cinq fois le prix d’une bière. Donc un kebab vaut cinq bières et le taux d’échange est de 5.

"Relecture" de la contrainte: la quantité possible de consommation de bières (Qb) est égale à QKmax diminuée de la quantité de kebabs achetés et convertis en “équivalents bières”; alternativement, la quantité de kebabs est donnée par la quantité maximale possible de kebabs diminuée des bières converties en “équivalents kebabs”:

.
.

Contrainte budgétaire : graphique

Contrainte budgétaire graphique 1.png

Variation du revenu

Le revenu diminue (de 100.- à 80.-)

Si l’on regarde les deux expressions de la contrainte budgétaire, et , on voit qu'une diminution du revenu réduit les quantités maximales de kebabs et de bières qu’Amy peut acheter ( et ).

La pente de la droite budgétaire (le taux d’échange) n’est pas du tout affectée par cette modification.

La droite budgétaire se déplace vers l’intérieur et réduit ainsi les possibilités de consommation d’Amy.

Il est clair qu’une augmentation de revenu a l’effet inverse.

Contrainte et préférences variation du revenu 1.png

Variation des prix

Le prix de la bière augmente (de 2.- à 2.50.-)

Si l’on regarde les deux expressions de la contrainte budgétaire, et , on voit que la hausse de prix modifie la quantité maximale de bière (mais pas la quantité maximale de kebabs) ainsi que la pente de la droite budgétaire.

Le taux d’échange entre les deux biens est maintenant différent (= variation de la pente). Graphiquement, la droite budgétaire pivote autour de la quantité maximale de kebabs (qui reste bien entendu inchangée).

Un kebab s’échange désormais contre 4 bières (= ): le coût d’opportunité d’un kebab est maintenant plus faible (on renonce à moins de bières en achetant un kebab). Alternativement, une bière s’échange contre 0,25 kebab (contre 0,20 avant): le coût d’opportunité d’une bière est maintenant plus élevé (on renonce à davantage de kebabs en achetant une bière).

La hausse du prix de la bière entraîne deux effets :

  • une perte de pouvoir d’achat;
  • une plus grande cherté relative de la bière par rapport au kebab (ce dernier devient plus “intéressant”).
Contrainte et préférences variation du prix 1.png

NBI: Pivotement inverse en cas de diminution du prix de la bière.

NBII: La variation du prix du kebab aura un effet analogue symétrique.

Préférences

Les préférences

Les références individuelles sont ce que le consommateur désire.

Etant donnés deux paniers (= combinaisons) des biens, et , où et représentent des quantités (par exemple de kebabs et de bières), le consommateur est toujours capable de donner un ordre de préférence à ces deux paniers et de dire s’il en préfère un à l’autre ou s’ils lui sont indifférents (indépendamment des prix et du revenu).

Hypothèses standards :

  • rationalité et cohérence dans le choix (les préférences sont transitives);
  • non-satiété: “plus” de biens est toujours préféré à “moins” de biens, et vice versa.
  • En revanche, pas de certitude lorsque la consommation d’un bien augmente et celle d’un autre diminue.
  • Si la quantité d'un bien baisse, il est possible d’imaginer une compensation suffisante du bien dont la consommation augmente pour être tout juste indifférent.

Ordre de préférence

Micro Ordre de préférence 1.png

Courbe d'indifférence

La courbe d’indifférence: trace une frontière entre les paniers préférés à et ceux jugés inférieurs. Elle réunit tous les paniers qui donnent le même niveau de bien-être que le panier .

Les paniers sur la courbe d’indifférence (, ) sont jugés équivalents entre eux et au panier par Amy.

Les paniers , sont jugés plus désirables que le panier par Amy.

: panier arbitrairement choisi. est certainement préféré à , , , . , , sont certainement préférés à . Quadrants NW et SE: incertitude car il y a moins de l’un mais plus de l’autre.

Courbe d'indifférence 1.png

La carte d'indifférence

Le choix du panier initial est arbitraire, ce qui fait qu'une courbe d’indifférence peut être tracée pour n’importe quel panier.

Chaque panier a donc un groupe de paniers pour lesquels le consommateur est indifférent (sur la courbe d’indifférence), un ensemble de paniers qui lui sont préférés (au-delà de la courbe d’indifférence) et un ensemble de paniers jugés moins désirables (en-deçà de la courbe).

On peut tracer une famille de courbes d’indifférence pour chaque individu. Chaque courbe est rattachée à un niveau de bien-être différent.

Propriétés :

  1. Les courbes d’indifférence les plus éloignées de l’origine correspondent à des niveaux de bien-être supérieurs;
  2. Les courbes d’indifférence sont décroissantes: compensation nécessaire pour rester indifférent;
  3. Les courbes d’indifférence ne peuvent pas se croiser;
  4. Les courbes d’indifférence sont convexes.
Carte d'indifférence 1.png

Courbes d'indifférence et bien-être

La fonction d'utilité est relation dans l’espace à trois dimensions qui permet de donner une « valeur » aux paniers de consommation.

Courbes d'indifférence et bien-être 1.png

Pas d'intersection

Les courbes d'indifférence ne doivent jamais se croiser. En effet, cela reviendrait à admettre que le panier situé au croisement est jugé équivalent aux paniers des deux courbes d’indifférence. Par conséquent, tous les paniers devraient être sur la même courbe d’indifférence !

Courbe d'indifférence pas d'intersection 1.png

Courbes convexes

Courbe d'indifférence courbe convexe 1.png

Le taux marginal de substitution

Le raisonnement à la marge est suite à la réduction marginale de la quantité d’un bien, quelle compensation exige implicitement l’individu en termes d’un autre bien pour rester indifférent (on reste sur la même courbe) ?

Cette compensation se nomme le taux marginal de substitution ou TmS → évaluation marginale subjective du bien: prix subjectif que l’individu attribue au bien (mais exprimé en unités de l’autre bien).

Plus concrètement : = montant de dont le consommateur a besoin pour renoncer à une unité de et rester indifférent, c'est-à-dire garder le même niveau d’utilité) => = pente de la courbe d’indifférence.

Avec des préférences convexes, cette évaluation marginale décroît au fur et à mesure que la consommation du bien () augmente → la pente change le long de la courbe d’indifférence (elle baisse en valeur absolue), et par conséquent le TmS aussi.

Taux marginal de substitution graphe 1.png

TmS et utilité marginale

On peut montrer que le TmS (en valeur absolue) est donné par le rapport des utilités marginales des deux biens.

Le concept d’utilité marginale est de combien augmente le bien-être suite à une augmentation marginale de la consommation d’un bien.

Exemple :

  • Admettons qu’il existe un “utilomètre” qui mesure le bien-être en “kiffogrammes”.
  • Le bien-être de Barack ne dépend que de deux biens: la cigarette et la bière.
  • Le panier de consommation de Barack est tel que l’utilomètre indique les valeurs suivantes:
Utilité marginale de la bière (UmB) = 10 kiffogrammes (kfg)
Utilité marginale des cigarettes (UmC) = 2 kiffogrammes (kfg)
  • Combien vaut le TmS d’une bière ?
  • Autrement dit, pour rester indifférent, une bière en moins (= -10 kfg) doit être compensé par 5 cigarettes en plus() => TmS = 5 est l’évaluation marginale d’une bière exprimée en cigarettes.

Cas particuliers

L'hypothèse traditionnelle est que les préférences sont régulières (well-behaved), c'est-à-dire comme celles que nous venons d'analyser, à savoir les courbes d’indifférence lisses et convexes à l’origine.

Cas spéciaux :

  • Les biens peuvent être parfaitement substituables : quelle que soit la composition du panier, c’est la quantité totale qui compte pour la satisfaction de l'individu ;
  • Les biens peuvent être parfaitement complémentaires : leur consommation isolée n’accroît pas le bien-être. Il faut que la consommation soit conjointe.

Biens substituts parfaits

Le consommateur est indifférent entre 3 pièces de 50 centimes et 15 pièces de 10 centimes = il est toujours prêt à sacrifier 5 pièces de 10 centimes pour 1 pièce de 50 centimes quelle que soit la quantité de monnaie totale.

Courbe indifférence biens subsituts parfaits 1.png

Biens compléments parfaits

Si le consommateur a 5 chaussures gauches, son utilité reste la même si les chaussures droites passent de 5 à 7.

Courbe indifférence Biens compléments parfaits 1.png

Résumé

La contrainte budgétaire montre les combinaisons possibles des différents biens que le consommateur peut acheter, son revenu et le prix des biens étant donnés.

La pente de la contrainte budgétaire est égale au prix relatif des biens, et traduit leur taux d’échange de marché ou coût d’opportunité relatif.

Les préférences du consommateur peuvent être exprimées grâce à des courbes d’indifférence.

En tout point, la pente d’une courbe d’indifférence mesure le taux marginal de substitution = le taux d'échange subjectif des deux biens.

Annexes

Références