« Principes et Dilemmes des Biens Publics dans l'Économie de Marché » : différence entre les versions

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== Analyse coûts-bénéfice ==
== Analyse coûts-bénéfice ==
Une solution consiste donc à procéder à une analyse coûts-bénéfices, en procédant au décompte de tous les bénéfices et tous les coûts (monétaires et non-monétaires) pour la collectivité associés à une certaine quantité du bien public.
L'analyse coûts-bénéfices est une approche couramment utilisée pour évaluer les biens publics et prendre des décisions éclairées en matière de quantité optimale, de financement et de fourniture de ces biens.


Problème: sans prix, comment estimer les bénéfices et coûts pour la société d’un bien public? Exemples :
L'analyse coûts-bénéfices consiste à évaluer et quantifier tous les coûts et bénéfices, tant monétaires que non monétaires, associés à un bien public donné. Cela comprend l'identification et la mesure des coûts financiers directs, tels que les dépenses de production et de maintenance, ainsi que des coûts indirects, tels que les externalités négatives (pollution, congestion) ou les coûts d'opportunité.
*quelle valeur sociale pour une ambassade? Un zoo?
*des routes plus sûres? Valeur d’une vie sauvée?
*valeur d’une atteinte à la bio-diversité? Combien vaut une forêt?


Ce type d’analyse est nécessairement complexe et emprunt de subjectivité dans l’évaluation des coûts et des bénéfices.
D'un autre côté, les bénéfices doivent également être évalués. Cela peut inclure des avantages directs, tels que l'amélioration de la qualité de vie, l'efficacité économique accrue ou la réduction des coûts futurs, ainsi que des bénéfices indirects, tels que les externalités positives (amélioration de l'environnement, du bien-être social) ou les gains de productivité.
:Selon le poids que l’on donne à l’énergie générée par un barrage hydro- électrique et les atteintes aux riverains et la bio-diversité, différentes décisions pourraient être prises.
 
Une fois que tous les coûts et bénéfices pertinents ont été identifiés et quantifiés, une comparaison entre les deux est effectuée pour déterminer si les bénéfices l'emportent sur les coûts. Cette comparaison permet de prendre une décision éclairée sur la quantité optimale du bien public, ainsi que sur la façon dont les coûts seront financés et répartis.
 
L'analyse coûts-bénéfices peut aider à évaluer si la fourniture d'un bien public est socialement bénéfique, en considérant les préférences individuelles et collectives, ainsi que les conséquences à long terme. Elle fournit une approche structurée pour évaluer et comparer les différentes options, et peut aider les décideurs à prendre des décisions informées et transparentes.
 
Une question fondamentale concerne l'estimation des bénéfices et des coûts pour la société d'un bien public lorsque les prix ne sont pas disponibles ou ne reflètent pas pleinement la valeur sociale de ces biens. Cela peut être particulièrement complexe lorsqu'il s'agit d'évaluer des biens publics tels qu'une ambassade, un zoo, des routes plus sûres, la conservation de la biodiversité ou la valeur d'une forêt. Dans de tels cas, des méthodes d'évaluation économique non monétaire peuvent être utilisées pour estimer les bénéfices et les coûts. Ces méthodes incluent l'évaluation contingente, l'analyse de la valeur économique totale, l'analyse des choix discrets et d'autres approches basées sur des enquêtes et des études empiriques.  L'évaluation contingente consiste à interroger directement les individus pour estimer leur volonté de payer (WTP) ou leur volonté d'accepter (WTA) pour un bien public donné. Les enquêtes peuvent poser des questions hypothétiques sur la valeur qu'une personne attache au bien public, afin de déterminer une estimation de sa valeur sociale. L'analyse de la valeur économique totale cherche à estimer l'ensemble des valeurs attribuées à un bien public, qu'elles soient marchandes ou non marchandes. Elle inclut la valeur d'usage direct, la valeur d'usage indirect, la valeur d'option et la valeur d'existence. Par exemple, pour une forêt, cela peut inclure la valeur récréative, la valeur de préservation de la biodiversité, la valeur esthétique, etc. L'analyse des choix discrets est une autre méthode utilisée pour évaluer les bénéfices et les coûts. Elle implique de présenter aux individus différentes options et de mesurer leurs préférences en fonction des choix qu'ils font. Cela permet de déterminer la valeur qu'ils attribuent à différents attributs du bien public.
 
Cependant, l'estimation des bénéfices et des coûts pour les biens publics implique souvent des valeurs subjectives et des préférences individuelles et collectives qui peuvent varier. Il n'existe pas de méthode unique et parfaitement précise pour évaluer ces biens. Les résultats peuvent également dépendre du contexte, de la population ciblée et des hypothèses sous-jacentes. Dans ces situations, la consultation d'experts, de spécialistes et du public peut également être importante pour intégrer différentes perspectives et valeurs, afin de parvenir à des estimations plus complètes et équilibrées des bénéfices et des coûts. L'estimation des bénéfices et des coûts pour la société d'un bien public lorsque les prix ne sont pas disponibles ou ne reflètent pas pleinement la valeur sociale implique l'utilisation de méthodes d'évaluation économique non monétaire et la prise en compte de différentes perspectives et valeurs. Bien que des défis subsistent, ces méthodes fournissent des outils pour estimer les bénéfices et les coûts d'un bien public, même en l'absence de prix directement observables.
 
L'analyse des coûts et des bénéfices des biens publics peut être complexe et subjective, car elle implique souvent des valeurs et des préférences individuelles et collectives qui peuvent varier. Différents acteurs peuvent accorder un poids différent aux différents aspects et impacts liés à un bien public donné, ce qui peut conduire à des décisions différentes.
 
Prenons l'exemple d'un barrage hydro-électrique. L'énergie générée par le barrage peut être considérée comme un bénéfice important, car elle contribue à la production d'électricité et peut répondre aux besoins énergétiques de la société. Cependant, les atteintes aux riverains, tels que les déplacements forcés, les perturbations environnementales et les conséquences sur la biodiversité, peuvent être considérées comme des coûts importants associés au projet. La manière dont ces coûts et bénéfices sont évalués et pondérés dépendra des valeurs, des priorités et des perspectives des parties prenantes impliquées dans la prise de décision. Certains peuvent accorder plus d'importance à l'énergie générée et considérer les coûts comme des externalités acceptables, tandis que d'autres peuvent donner une plus grande importance aux impacts sociaux et environnementaux et remettre en question la pertinence du projet. La prise de décision dans de tels cas peut impliquer des consultations publiques, des évaluations d'impact environnemental et social, des études économiques, ainsi que des délibérations démocratiques. L'objectif est de prendre en compte les différentes perspectives et de chercher un équilibre entre les coûts et les bénéfices, en tenant compte de l'intérêt public et du respect des droits des communautés affectées et de l'environnement. Cependant, même avec ces processus participatifs, la subjectivité et les biais peuvent persister. Les décisions peuvent être influencées par des facteurs politiques, économiques et sociaux, ainsi que par des intérêts et des pressions diverses.
 
En somme, l'analyse des coûts et des bénéfices des biens publics est complexe et sujette à la subjectivité. Les décisions finales peuvent varier en fonction des valeurs et des priorités des acteurs impliqués, ainsi que des processus de prise de décision et de délibération utilisés. Il est important de chercher une approche équilibrée et transparente, en tenant compte des différentes perspectives et des impacts potentiels sur la société, les communautés et l'environnement.
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== Exemple : construction d'un pont ==
== Exemple : construction d'un pont ==


Analyse coût-bénéfice de la construction d'un pont sur une rivière (bien mixte).
Dans l'analyse coût-bénéfice de la construction d'un pont, différents éléments doivent être pris en compte pour évaluer les coûts et les bénéfices associés. Voici une ventilation des principaux éléments :
 
Bénéfices :


Bénéfices
# Bénéfices monétaires : Les bénéfices monétaires peuvent inclure les revenus provenant du péage que les automobilistes paient pour utiliser le pont. Ces revenus peuvent être estimés en fonction du nombre de véhicules prévus, des tarifs de péage et de la durée prévue pour recouvrer les coûts de construction.
*Bénéfices monétaires: péage (si péage il y a) que les automobilistes paient.
# Bénéfices non-monétaires : Les automobilistes peuvent également bénéficier d'un surplus de consommateur en utilisant le pont plutôt que de devoir faire un détour ou utiliser une alternative moins pratique. Cela peut se traduire par des économies de temps et d'efforts, une meilleure accessibilité à d'autres régions, une réduction des coûts de carburant, etc.
*Bénéfices non-monétaires: surplus des consommateurs = automobilistes.
# Externalités positives : La construction du pont peut également avoir des externalités positives, telles qu'une augmentation du tourisme dans des régions autrement isolées. Les régions peuvent attirer plus de visiteurs en raison de la facilité d'accès offerte par le pont, ce qui peut stimuler l'économie locale et créer de nouvelles opportunités commerciales.
*Externalités positives: plus de tourisme dans des régions autrement isolées, trafic moins congestionné sur les routes.


Coûts
Coûts :
*Coûts monétaires : paiement de l’entreprise de construction.
*Coûts non-monétaires : perte sèche du prélèvement d'une taxe pour financer la construction du pont.
*Externalités négative : moins de profits pour le tourisme dans d’autres régions ou pour la compagnie qui faisait la traversée en bateau (externalités monétaires) + vue des riverains ou destruction de la vie sauvage dans les environs (externalités non-monétaires).


# Coûts monétaires : Les coûts monétaires comprennent le paiement à l'entreprise de construction chargée de réaliser le projet. Cela peut inclure les frais de conception, d'ingénierie, de main-d'œuvre, de matériaux, etc.
# Coûts non-monétaires : Les coûts non-monétaires peuvent inclure la perte sèche résultant du prélèvement d'une taxe ou d'un financement pour couvrir les coûts de construction du pont. Cela peut se traduire par une réduction de l'argent disponible pour d'autres projets publics ou une augmentation de la charge fiscale pour les contribuables.
# Externalités négatives : La construction du pont peut également entraîner des externalités négatives. Par exemple, cela peut avoir un impact sur les activités économiques dans d'autres régions qui étaient auparavant desservies par des compagnies de traversée en bateau. De plus, des effets environnementaux tels que la destruction de la vie sauvage ou une altération des paysages naturels peuvent également être considérés comme des coûts non-monétaires.
Une fois que tous ces éléments ont été identifiés et quantifiés dans la mesure du possible, une comparaison entre les coûts et les bénéfices peut être réalisée pour évaluer si la construction du pont est socialement bénéfique. Cette analyse peut aider les décideurs à prendre des décisions éclairées sur l'opportunité de construire le pont, en prenant en compte les avantages économiques, les impacts environnementaux, les considérations sociales et les préférences des parties prenantes.
Les décisions finales sur la construction d'un pont doivent prendre en compte les incertitudes et les difficultés liées à l'estimation des coûts et des bénéfices, en particulier lorsqu'il s'agit d'attribuer une valeur aux aspects non-monétaires tels que les externalités positives ou négatives.
L'estimation des coûts monétaires est généralement plus directe, car elle repose sur des données financières et des estimations de coûts spécifiques liés à la construction du pont. Cependant, même dans ce cas, des incertitudes peuvent subsister en raison de variations potentielles dans les coûts réels, les changements de conditions du marché, etc.
L'évaluation des bénéfices monétaires peut également être réalisée en se basant sur des données telles que les tarifs de péage, les projections de trafic et les estimations des revenus attendus. Cependant, ces estimations peuvent être influencées par des facteurs tels que l'élasticité de la demande, les préférences des utilisateurs et les changements dans les comportements de déplacement.
L'évaluation des coûts et des bénéfices non-monétaires est souvent plus complexe, car elle implique de prendre en compte des aspects tels que les externalités, les impacts environnementaux et les préférences sociales. La quantification de ces éléments peut nécessiter des modèles économiques, des évaluations environnementales et des enquêtes auprès des parties prenantes. Cependant, il peut y avoir des différences d'opinions et des incertitudes dans la détermination de la valeur des impacts non-monétaires.
Dans le cas des exemples mentionnés, tels que la valeur d'une vie sauvée, l'atteinte à la biodiversité ou la valeur d'une forêt, ces aspects peuvent être très difficiles à évaluer de manière objective. Des méthodes d'évaluation environnementale, économique et sociale peuvent être utilisées pour estimer ces valeurs, mais elles sont souvent sujettes à des débats et à des divergences d'opinions.
En fin de compte, la prise de décision concernant la construction d'un pont nécessite de peser les coûts et les bénéfices dans leur ensemble, en tenant compte des incertitudes et des aspects subjectifs. Il est essentiel d'impliquer les parties prenantes, de recueillir leurs perspectives et de mener une analyse approfondie pour prendre des décisions éclairées et équilibrées.


== Exemple : la valeur d'une vie ==
== Exemple : la valeur d'une vie ==


Très souvent, les décideurs politiques doivent se prononcer sur l’amélioration de la sécurité (lieu de travail, circulation, loisirs...) et le projet peut nécessité des coûts qu’il faut mettre en balance avec des vies sauvées.
Très souvent, les décideurs politiques doivent se prononcer sur l’amélioration de la sécurité (lieu de travail, circulation, loisirs...) et le projet peut nécessité des coûts qu’il faut mettre en balance avec des vies sauvées. Lorsqu'il s'agit d'évaluer la valeur d'une vie sauvée dans le cadre de décisions politiques, plusieurs approches ont été utilisées pour tenter de quantifier cette valeur. Voici quelques-unes des approches couramment utilisées :
 
# Approche du capital humain : Cette approche considère la valeur économique d'une vie en se basant sur les revenus potentiels que la personne aurait pu générer tout au long de sa vie. Elle est souvent utilisée dans certains tribunaux aux États-Unis pour évaluer les dommages compensatoires. Cependant, cette approche peut poser des problèmes d'équité, car elle peut sous-évaluer la valeur d'une vie pour les personnes ayant un niveau d'éducation moins élevé ou des perspectives de revenus plus faibles.
# Approche des dépenses de sécurité : Cette approche considère les dépenses que les individus sont prêts à engager pour se protéger et éviter les risques de décès. Par exemple, les dépenses pour l'achat d'un airbag dans une voiture, de freins ABS ou d'un extincteur. En utilisant cette approche, on suppose que les individus sont prêts à payer une certaine somme d'argent pour réduire les risques de décès.
# Approche de la valeur statistique : Cette approche se base sur le marché du travail et l'idée que les travailleurs acceptent des emplois comportant un certain risque de décès si une prime salariale de risque est accordée en compensation. En estimant la prime de risque que les travailleurs demandent pour accepter des emplois dangereux, on peut extrapoler la valeur statistique d'une vie en utilisant les données du marché du travail.
 
Toutes ces approches comportent des limitations et des controverses. Évaluer la valeur d'une vie sauvée est un exercice complexe et chargé de considérations éthiques et morales. Les valeurs attribuées peuvent varier en fonction du contexte culturel, des normes sociales et des préférences individuelles. Par conséquent, ces approches ne fournissent qu'une estimation approximative et sont souvent utilisées comme référence pour guider les décisions plutôt que d'être considérées comme une mesure absolue.


Problème : quelle valeur donner à une vie sauvée?
En fin de compte, la valeur d'une vie sauvée reste un sujet délicat et sujet à débat. Les décideurs politiques doivent prendre en compte plusieurs facteurs, tels que l'importance de la sécurité, les ressources disponibles et les préférences des parties prenantes, tout en reconnaissant les limites de ces approches d'évaluation.
:'''Approche du capital humain''' : utilisée dans certains tribunaux aux USA pour évaluer des dommages compensatoires. Problème d’équité: ceux dont les proches décédés n’ont pas fait d’études reçoivent moins que ceux ayant un niveau d'éducation élevé.
:'''Approche des dépenses de sécurité''' : tout ce que les gens payent pour avoir un airbag, des freins ABS ou un extincteur.
:'''Approche de la valeur statistique''' : le marché du travail comporte des risques de décès que les travailleurs peuvent être prêts à prendre si on les compense avec une prime salariale de risque encouru.


== Analyse coûts-bénéfice et le temps ==
== Analyse coûts-bénéfice et le temps ==

Version du 24 mai 2023 à 08:02


Dans le chapitre 7, nous avons analysé un premier cas d'échec du marché, c'est-à-dire une première situation dans laquelle le marché décentralisé n'est pas en mesure d'assurer la réalisation de l'optimum social (= allocation efficace des ressources) → externalité.

Il existe des biens qui pour leur nature intrinsèque ne peuvent pas être (partiellement ou totalement) offerts par le secteur privé → échec partiel ou total de la solution marchande.

Par exemple :

  • Pourquoi les routes, les ponts, la voirie, l’éducation, les transports les services du feu, la sécurité, sont-ils l’oeuvre de collectivités publiques?
  • Pourquoi l’État intervient-il sur certains marchés comme celui des véhicules à moteur ou des frigos pour en limiter les émissions polluantes?
  • Pourquoi certaines espèces végétales ou animales qui sont exploitées à des fins marchandes disparaissent ou sont menacées d’extinction tandis que d’autres pas ?
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Nature des biens publics

Caractéristiques des biens publics

Les biens publics et les biens caractérisés par des externalités ont en effet des points communs en termes de mésallocation par le marché. Les externalités peuvent également conduire à une sous-production ou à une absence de production efficiente dans une économie privée, tout comme les biens publics. Lorsque des externalités positives ou négatives sont présentes, le marché ne parvient souvent pas à tenir compte de ces effets externes dans les décisions individuelles des agents économiques. Cela peut entraîner une allocation inefficace des ressources, car les coûts ou les bénéfices sociaux liés à ces externalités ne sont pas internalisés dans les prix du marché. De la même manière, les biens publics sont souvent confrontés à une mésallocation par le marché en raison de leur non-exclusivité et de leur non-rivalité. Étant donné que les biens publics sont partagés par tout le monde, il est difficile d'exclure les individus de leur utilisation une fois qu'ils sont fournis. Cela crée une asymétrie entre le coût de fourniture d'un bien public et la possibilité pour les individus de bénéficier de ce bien sans payer. Dans les cas où les externalités ou les caractéristiques des biens publics conduisent à une mésallocation du marché, l'intervention de l'État peut être justifiée pour pallier cette défaillance du marché et augmenter le bien-être collectif. L'État peut prendre en charge la fourniture de biens publics ou mettre en place des politiques et des réglementations visant à internaliser les externalités. En fournissant des biens publics ou en réglementant les activités à l'origine des externalités, l'État peut viser à maximiser le bien-être social en assurant une allocation plus efficace des ressources et en prenant en compte les coûts et les bénéfices sociaux.

On peut résumer les caractéristiques principales des biens publics comme il suit:

  1. Fortes économies d'échelle dans la production : Les biens publics sont souvent caractérisés par des économies d'échelle importantes, ce qui signifie que les coûts moyens de production diminuent à mesure que la quantité produite augmente. Cela peut être dû à des infrastructures coûteuses ou à des investissements importants nécessaires pour fournir le bien public. Les économies d'échelle dans la production peuvent rendre difficile ou inefficace la fourniture de ces biens par le secteur privé.
  2. Caractéristiques de "biens publics" : Les biens publics sont définis par leur non-exclusivité et leur non-rivalité. La non-exclusivité signifie que l'utilisation du bien par une personne ne limite pas l'accès ou l'utilisation du bien par d'autres. La non-rivalité signifie que la consommation du bien par une personne n'affecte pas sa disponibilité ou son utilisation par d'autres. Ces caractéristiques font que les biens publics sont "partagés" par tout le monde et que tous les individus peuvent en bénéficier simultanément.
  3. Droits de propriété inexistants, vagues ou non respectés : Dans certains cas, les droits de propriété sur certaines ressources nécessaires à la production ou à la fourniture de biens publics peuvent être inexistants, vagues ou non respectés. Cela peut rendre difficile la création d'incitations appropriées pour la production et la fourniture de ces biens par le secteur privé. L'absence ou la faiblesse des droits de propriété peut conduire à une mésallocation des ressources et à une inefficacité du marché dans la fourniture de biens publics.

Ces caractéristiques des biens publics contribuent à expliquer pourquoi le marché seul peut souvent échouer à fournir efficacement ces biens. En raison des économies d'échelle, de la non-exclusivité, de la non-rivalité et de l'absence de droits de propriété clairs, l'intervention de l'État est souvent nécessaire pour assurer la production et la fourniture des biens publics, afin de maximiser le bien-être collectif et de remédier à la défaillance du marché.

Propriétés des biens publics

Les biens publics se distinguent des biens privés par rapport à deux propriétés liées à leur fourniture sur le marché. Ces propriétés sont les suivantes :

  • Non-exclusion : Les biens publics sont caractérisés par la non-exclusion, ce qui signifie que les individus ne peuvent pas être exclus de l'utilisation du bien, quel que soit leur paiement ou leur contribution. Une fois que le bien public est fourni, il est accessible à tous les individus sans discrimination. Par exemple, une personne qui bénéficie de la sécurité fournie par la police ne peut pas exclure les autres de cette sécurité. La non-exclusion rend difficile la fourniture des biens publics par le marché privé, car il n'est pas possible de facturer individuellement chaque utilisateur en fonction de leur utilisation.
  • Non-rivalité : Les biens publics sont également caractérisés par la non-rivalité, ce qui signifie que la consommation du bien par une personne n'affecte pas la disponibilité ou l'utilisation du bien par d'autres individus. En d'autres termes, la consommation du bien par une personne ne réduit pas la quantité disponible pour les autres. Par exemple, si une personne profite d'un feu d'artifice public, cela n'empêche pas les autres de profiter également du spectacle. La non-rivalité rend difficile l'attribution de droits de propriété exclusifs sur les biens publics et crée des défis pour leur fourniture par le marché privé.

Ces deux propriétés, la non-exclusion et la non-rivalité, sont fondamentales pour comprendre la nature des biens publics et les raisons pour lesquelles le marché privé peut avoir des difficultés à les fournir de manière efficace. En raison de la non-exclusion, il peut y avoir un problème de gratuité des biens publics, car les individus peuvent bénéficier de leur utilisation sans payer. De plus, en raison de la non-rivalité, il peut y avoir une sous-production de biens publics par le secteur privé, car il est difficile de facturer chaque individu pour leur consommation. Ces caractéristiques nécessitent souvent une intervention de l'État ou d'autres acteurs publics pour assurer la fourniture et l'accès équitable aux biens publics.

La non-rivalité

La non-rivalité dans la consommation est une caractéristique clé des biens publics. Une fois que le bien public est produit, le coût additionnel pour qu'une autre personne consomme une unité supplémentaire de ce bien est effectivement nul.

L'exemple du phare est très pertinent. Une fois que le phare est construit et allumé, il peut éclairer un nombre indéfini de bateaux sans que cela entraîne de coût supplémentaire significatif. Chaque bateau peut bénéficier de la lumière du phare sans réduire la disponibilité ou la qualité de cette lumière pour les autres. De même, d'autres exemples tels que les ponts, les autoroutes, les paysages ou la sécurité peuvent également illustrer cette caractéristique de non-rivalité. Une fois que le pont est construit, plusieurs véhicules peuvent l'emprunter sans que cela entraîne de coûts supplémentaires importants. De même, un paysage naturel peut être apprécié par plusieurs personnes simultanément sans diminuer sa disponibilité. La sécurité fournie par les services de police ou de lutte contre les incendies est également un bien public caractérisé par la non-rivalité dans la consommation. Cette non-rivalité signifie que la consommation d'une unité supplémentaire du bien par une personne n'affecte pas la capacité des autres à en bénéficier. Elle contribue à rendre les biens publics différents des biens privés, où la consommation par une personne réduit la disponibilité du bien pour les autres. La non-rivalité dans la consommation des biens publics est l'une des raisons pour lesquelles leur fourniture par le marché privé seul peut être inefficace. Elle nécessite souvent une intervention de l'État ou d'autres acteurs publics pour garantir l'accès équitable et la fourniture efficace de ces biens publics non rivaux.

Les biens privés sont en effet typiquement rivaux dans la consommation, ce qui signifie qu'une seule personne peut en profiter à la fois. Dans le cas des biens privés, la consommation par une personne réduit la disponibilité du bien pour les autres. Par exemple, lorsqu'une personne consomme une barre de chocolat donnée, cette barre n'est plus disponible pour être consommée par une autre personne. Les biens privés sont donc soumis à une rivalité dans la consommation, car leur utilisation par une personne exclut ou limite la possibilité pour les autres de les utiliser simultanément. C'est précisément cette rivalité dans la consommation qui justifie l'exclusion possible des consommateurs potentiels par le marché privé. Les entreprises privées peuvent facturer individuellement les utilisateurs et s'appuyer sur les principes de l'offre et de la demande pour allouer efficacement les biens privés. En revanche, les biens publics sont caractérisés par la non-rivalité dans la consommation, comme vous l'avez mentionné précédemment. Une fois que le bien public est fourni, la consommation par une personne n'affecte pas la disponibilité ou l'utilisation du bien par les autres. Plusieurs personnes peuvent bénéficier simultanément du bien public sans que cela ne réduise sa disponibilité pour les autres.

Il est effectivement essentiel de distinguer entre le coût marginal de fabrication d'un bien public, qui peut ne pas être nul, et le coût associé à la consommation supplémentaire d'une unité de ce bien, qui est souvent nul ou très faible. Dans le cas des biens publics tels que les autoroutes, le coût marginal de fabrication peut augmenter avec la densité du réseau autoroutier. Cela signifie que chaque nouvelle autoroute construite peut entraîner des coûts supplémentaires croissants. Par exemple, les coûts d'acquisition des terrains, de construction et de maintenance peuvent augmenter à mesure que de nouvelles autoroutes sont ajoutées à un réseau existant. Cependant, une fois que le réseau autoroutier est construit, le coût associé à la consommation supplémentaire de ce bien devient négligeable. Cela signifie que les coûts pour permettre à un véhicule supplémentaire d'utiliser les autoroutes existantes sont généralement très faibles ou même nuls. Chaque véhicule peut profiter de l'utilisation de l'autoroute sans que cela n'entraîne de coûts significatifs supplémentaires. Cette distinction est importante car elle met en évidence la nature non-rivale des biens publics une fois qu'ils sont produits et disponibles. Bien que les coûts de fabrication et de mise en place d'un bien public puissent être significatifs, une fois que le bien est en place, sa consommation supplémentaire ne génère souvent que des coûts marginaux minimes ou négligeables.

Une autre caractéristique importante des biens publics est leur indivisibilité une fois qu'ils sont fabriqués. Cela signifie qu'il est difficile de fractionner le bien en fonction de la demande ou des besoins individuels, et il est généralement fourni en bloc. En raison de cette indivisibilité, il peut être difficile de répondre aux préférences spécifiques de chaque individu en ce qui concerne la quantité ou la qualité du bien public. Par exemple, lors de la construction d'un parc public, il peut être difficile de satisfaire les préférences de chaque personne en termes d'aménagement paysager, de taille ou d'équipements spécifiques. Le parc est généralement fourni avec un ensemble d'attributs prédéfinis qui ne peuvent pas être facilement adaptés aux préférences individuelles. Cette caractéristique d'indivisibilité des biens publics peut entraîner une certaine insatisfaction ou des préférences non entièrement satisfaites chez certains individus. Cependant, elle est souvent inévitable en raison des coûts et des contraintes liés à la fourniture des biens publics à grande échelle. Il convient également de noter que cette indivisibilité peut être liée à la nature même du bien public, par exemple, dans le cas de certains biens d'infrastructure ou de services collectifs. Cependant, il est également possible de trouver des mécanismes ou des solutions permettant de mieux répondre aux préférences individuelles, par exemple, en offrant une variété d'options ou de caractéristiques dans la conception des biens publics, ou en encourageant la participation et la prise de décision collective dans leur fourniture.

La non-exclusion

Il existe des biens pour lesquels il est difficile, voire impossible, d'exclure quelqu'un de leur consommation. Cette caractéristique est appelée la non-exclusion dans la consommation et elle est associée aux biens publics.

Dans le cas des biens publics, une fois qu'ils sont fournis, il est difficile de restreindre l'accès ou d'exclure certains individus de les consommer, qu'ils aient contribué financièrement ou non. Cela est dû à la nature du bien lui-même ou aux coûts associés à l'exclusion. Par exemple, prenons le cas d'un feu d'artifice public. Une fois que le feu d'artifice est lancé et visible par le public, il est pratiquement impossible d'exclure certaines personnes de le regarder. Même si une personne n'a pas contribué financièrement à l'organisation du feu d'artifice, elle peut quand même en profiter et le regarder sans aucune restriction. De même, dans le cas de biens publics tels que les parcs publics, les paysages naturels ou les espaces publics, il est difficile de restreindre l'accès à certains individus ou de les exclure de leur utilisation. Une fois que ces espaces sont ouverts au public, ils sont généralement accessibles à tous, indépendamment de leur contribution financière ou de leur participation préalable.

Cette non-exclusion dans la consommation des biens publics est une caractéristique fondamentale qui rend difficile la fourniture de ces biens par le marché privé seul. Elle est souvent l'une des raisons principales pour lesquelles l'intervention de l'État ou d'autres acteurs publics est nécessaire pour assurer la fourniture équitable et l'accès aux biens publics.

Les exemples suivants illustrent parfaitement la non-exclusion dans la consommation des biens publics:

  • Un phare ou la signalisation routière sont des biens publics qui fournissent des informations et une orientation pour assurer la sécurité de tous les utilisateurs. Une fois que le phare est allumé ou que la signalisation routière est en place, il est difficile d'exclure certains individus de bénéficier de ces dispositifs.
  • Les beaux paysages ou les feux d'artifice sont des exemples de biens publics liés à l'appréciation esthétique. Une fois qu'un paysage naturel magnifique est présent ou qu'un feu d'artifice est lancé dans un lieu public, il est difficile d'exclure certaines personnes de les contempler.
  • L'éclairage des rues ou la propreté des espaces publics sont des exemples de biens publics qui contribuent au bien-être et à la sécurité de la communauté. Une fois que les rues sont éclairées ou que les espaces publics sont entretenus, il est difficile d'exclure certaines personnes de bénéficier de ces services.
  • La défense nationale ou la sécurité d'un quartier sont des biens publics essentiels qui visent à protéger l'ensemble de la société. Une fois que ces services sont en place, il est difficile d'exclure certains individus de bénéficier de la protection et de la sécurité qu'ils offrent.
  • La qualité de l'air, de l'eau et de l'environnement en général sont des exemples de biens publics qui ont un impact sur la santé et le bien-être de l'ensemble de la population. Une fois que la qualité de l'air ou de l'eau est améliorée, il est difficile d'exclure certains individus de bénéficier de cette amélioration.

Tous ces exemples mettent en évidence la difficulté, voire l'impossibilité, d'exclure des individus de la consommation de ces biens publics une fois qu'ils sont fournis. Ils soulignent l'importance de la fourniture collective et de l'accès équitable à ces biens pour le bien-être et la qualité de vie de la société dans son ensemble.

La difficulté d'exclusion dans la consommation des biens publics est souvent liée à des considérations économiques plutôt que techniques. Bien qu'il puisse être techniquement possible de mettre en place des barrières ou des mécanismes d'exclusion pour certains biens publics, cela peut être économiquement peu rentable ou impraticable. Dans le cas d'un feu d'artifice, par exemple, il serait techniquement possible de mettre en place des barrières ou des contrôles d'accès pour limiter la visualisation du spectacle à un certain groupe de personnes. Cependant, cela impliquerait des coûts considérables, tels que la mise en place de dispositifs de sécurité, la gestion des entrées et des sorties, et la nécessité d'un personnel de sécurité supplémentaire. Ces coûts élevés rendraient souvent cette exclusion économiquement non viable. Cela s'applique également à d'autres biens publics. Par exemple, il serait techniquement possible de mettre en place des systèmes de péage pour limiter l'accès à certaines routes ou autoroutes. Cependant, la mise en place de tels systèmes pourrait nécessiter des investissements importants dans l'infrastructure et la gestion, ce qui rendrait l'exclusion coûteuse et complexe. Ainsi, même si des moyens techniques peuvent exister pour exclure certains individus de la consommation des biens publics, les contraintes économiques, notamment les coûts élevés et l'inefficacité des mécanismes d'exclusion, font qu'il est souvent plus pragmatique de les fournir en tant que biens publics accessibles à tous. La difficulté économique d'exclusion dans la consommation des biens publics est une des raisons pour lesquelles ils nécessitent souvent une intervention de l'État ou d'autres acteurs publics pour assurer leur fourniture et leur accès équitable à l'ensemble de la société.

Résumé

Nature des biens publics résumé 1.png

Le problème du resquilleur

La non-exclusion et le problème du resquilleur

La non-exclusion dans la consommation des biens publics est étroitement liée au problème du "passager clandestin" (free rider problem) ou des préférences non révélées.

Le problème du passager clandestin se pose lorsque des individus peuvent bénéficier de l'utilisation d'un bien public sans avoir à payer pour sa fourniture ou à contribuer financièrement à son financement. Étant donné que les biens publics sont caractérisés par leur non-exclusion, il est difficile d'empêcher les individus de profiter de ces biens sans participer financièrement à leur coût.

Cela crée une situation où certains individus ont tendance à éviter de payer pour le bien public, en espérant plutôt bénéficier des contributions financières d'autres individus pour sa fourniture. Ils cherchent à profiter du bien sans en supporter le coût, ce qui conduit à un problème d'incitation et à une allocation inefficace des ressources.

Ce comportement des passagers clandestins est amplifié lorsque les préférences individuelles ne sont pas révélées de manière transparente, c'est-à-dire lorsque les individus ne sont pas obligés de divulguer leur véritable volonté de payer pour le bien public. Dans ce cas, les individus peuvent cacher leurs préférences pour éviter de payer, tout en bénéficiant quand même du bien public si d'autres individus sont prêts à financer sa fourniture.

La difficulté d'exclusion dans la consommation des biens publics crée donc un défi pour leur financement et leur fourniture. Les mécanismes de marché traditionnels basés sur le prix et l'échange volontaire peuvent être inefficaces pour résoudre le problème du passager clandestin. Cela nécessite souvent une intervention de l'État ou d'autres mécanismes collectifs pour assurer le financement et la fourniture des biens publics, afin de réduire les effets du problème du passager clandestin et d'assurer une allocation plus efficace des ressources.

Les exemples suivants illustrent le problème du passager clandestin lié à la non-exclusion dans la consommation des biens publics:

  • Dans le cas d'un bateau qui ne paie pas mais bénéficie de l'éclairage d'un phare, cela représente un exemple classique du passager clandestin. Le phare fournit une signalisation et une orientation pour la sécurité des navires, mais certains bateaux peuvent bénéficier de cette signalisation sans contribuer financièrement à son fonctionnement. Cela crée une situation où certains bateaux peuvent éviter de payer pour l'utilisation du phare tout en bénéficiant de la sécurité qu'il procure.
  • La télévision publique et la redevance représentent également un exemple de passager clandestin. La télévision publique est financée par une redevance payée par les utilisateurs, mais certains individus peuvent profiter des émissions de télévision publique sans payer la redevance. Cela crée une situation où certains individus peuvent bénéficier des programmes télévisés sans contribuer financièrement à leur financement.
  • Concernant la vaccination, les personnes non vaccinées peuvent indirectement bénéficier de la vaccination des autres. Lorsqu'une grande partie de la population est vaccinée, la propagation des maladies est limitée, ce qui réduit également le risque d'infection pour les personnes non vaccinées. Cela signifie que les personnes non vaccinées peuvent profiter d'une certaine protection contre la maladie sans avoir à se faire vacciner, car elles bénéficient de l'immunité collective créée par la vaccination des autres.

Ces exemples mettent en évidence le problème du passager clandestin qui découle de la non-exclusion dans la consommation des biens publics. Lorsque les individus peuvent bénéficier des biens publics sans avoir à payer ou à contribuer financièrement à leur fourniture, cela crée des incitations à éviter de supporter les coûts tout en bénéficiant des avantages. Cela peut entraîner une allocation inefficace des ressources et nécessite souvent des mécanismes tels que la réglementation, la taxation ou d'autres formes de financement collectif pour réduire les effets du passager clandestin et garantir une fourniture équitable et efficace des biens publics.

Comportement stratégique du resquilleur

Le comportement du passager clandestin peut être analysé à l'aide de la théorie des jeux, en particulier à travers le concept du dilemme du prisonnier.

Le dilemme du prisonnier est un concept de la théorie des jeux qui illustre la situation où deux individus sont confrontés à la décision de coopérer ou de trahir, sans connaître la décision de l'autre. Dans cette situation, chaque individu est incité à trahir l'autre pour maximiser ses propres bénéfices, ce qui conduit à une situation sous-optimale pour les deux parties. Dans le contexte du passager clandestin et des biens publics, chaque individu est confronté à la décision de contribuer financièrement ou de bénéficier des biens publics sans contribuer. Chaque individu est incité à adopter un comportement de passager clandestin, car cela lui permet de bénéficier du bien public sans supporter les coûts. Cependant, si tous les individus adoptent ce comportement, cela conduit à une sous-production ou à une absence de financement pour les biens publics, ce qui est préjudiciable à l'ensemble de la société. C'est une situation sous-optimale où personne ne bénéficie pleinement des avantages des biens publics. Ce dilemme du passager clandestin illustre l'importance de trouver des mécanismes ou des incitations appropriés pour encourager la contribution financière et la coopération dans la fourniture des biens publics. Cela peut impliquer l'utilisation de mécanismes tels que la réglementation, la taxation, les incitations ou la création d'une culture de responsabilité collective pour résoudre ce problème et atteindre une allocation plus efficace des ressources. La théorie des jeux fournit des outils analytiques pour comprendre et aborder ces questions de comportement stratégique dans le contexte des biens publics.

La théorie de Nash met en évidence le fait que la poursuite de l'intérêt propre peut en effet aller à l'encontre de l'intérêt collectif. Cela remet en question l'idée de la "main invisible" qui suppose que les actions individuelles motivées par l'intérêt personnel conduisent automatiquement à un résultat optimal pour l'ensemble de la société. La théorie de Nash, formulée par John Nash, montre que dans certaines situations, les individus ont une incitation naturelle à adopter des comportements stratégiques pour maximiser leurs propres bénéfices, même si cela peut entraîner des résultats sous-optimaux pour l'ensemble du groupe ou de la société. Cela peut se produire lorsque les décisions d'un individu dépendent des choix des autres, et que chacun cherche à maximiser ses propres gains sans considérer les conséquences pour les autres. Dans le contexte des biens publics, le comportement du passager clandestin est un exemple de cette dynamique. Chaque individu est incité à bénéficier des biens publics sans contribuer financièrement, car cela maximise ses propres bénéfices. Cependant, si tout le monde agit de cette manière, cela peut conduire à une sous-production ou à une absence de financement pour les biens publics, ce qui nuit à l'ensemble de la société.

Cette réalité met en évidence l'importance d'interventions, telles que la réglementation, la taxation ou d'autres mécanismes de coordination, pour résoudre les problèmes de coordination et aligner les intérêts individuels avec l'intérêt collectif. La théorie de Nash fournit un cadre analytique pour comprendre ces dynamiques et aider à concevoir des mécanismes incitatifs appropriés pour promouvoir la coopération et atteindre des résultats plus favorables sur le plan collectif.

Exemple fictif

Deux voisins, dont le chemin jusqu’au village est dépourvu de tout éclairage la nuit, contemplent le possible investissement en éclairage de rue. Deux lampadaires permettraient d’avoir une visibilité sur tout le trajet, et un seul lampadaire n’apporte qu’un bénéfice partiel car une partie du chemin reste dans l’obscurité. Admettons que le coût d’un lampadaire soit de 3000. Le gain de bien-être associé à un éclairage complet du chemin (en équivalents monétaires) est de 4000 chacun. Si l’éclairage est partiel, le bien-être n’augmente que de 2000.

Biens publics exemple fictif 1.png

Dans cet exemple, les deux voisins envisagent d'investir dans l'éclairage de rue pour améliorer la visibilité du chemin jusqu'au village la nuit. Ils considèrent deux options : installer deux lampadaires pour obtenir une visibilité complète sur tout le trajet ou installer un seul lampadaire qui fournirait un bénéfice partiel car une partie du chemin resterait dans l'obscurité.

Supposons que le coût d'un lampadaire soit de 3000. Si les deux lampadaires sont installés, chaque voisin bénéficierait d'une visibilité complète et cela entraînerait un gain de bien-être de 4000 chacun (en équivalents monétaires).

En revanche, si seulement un seul lampadaire est installé, cela ne fournirait qu'un bénéfice partiel et le bien-être augmenterait seulement de 2000. Cela signifie que certaines parties du chemin resteraient dans l'obscurité et n'auraient pas le même niveau de visibilité.

Dans ce cas, les voisins devraient prendre en compte à la fois le coût de l'investissement et les gains de bien-être associés à chaque option. Si le coût total de l'installation de deux lampadaires (6000) est inférieur ou égal à la somme des gains de bien-être (8000), il serait rationnel pour les voisins d'opter pour cette option, car elle permettrait d'obtenir une visibilité complète sur tout le chemin et d'augmenter le bien-être de manière optimale pour les deux parties.

Cependant, si le coût total de l'installation de deux lampadaires est supérieur à la somme des gains de bien-être, les voisins pourraient envisager d'autres alternatives, telles que la recherche de financement supplémentaire ou la recherche d'une solution de compromis qui permettrait de maximiser le bien-être dans les contraintes budgétaires existantes.

Cet exemple fictif illustre comment les individus peuvent prendre des décisions concernant la fourniture de biens publics en tenant compte des coûts et des bénéfices associés, ainsi que des préférences individuelles et collectives. Il met également en évidence l'importance de l'analyse coût-bénéfice et de l'évaluation des alternatives pour prendre des décisions éclairées dans le contexte de la fourniture de biens publics.

Problème de coordination

Si les deux voisins parviennent à coordonner leur action et à investir conjointement dans l'éclairage de rue en installant les deux lampadaires, le gain net pour chacun pourrait être positif (+1000, +1000).

Dans ce scénario, les deux voisins contribueraient financièrement à l'installation des deux lampadaires, et en retour, ils bénéficieraient tous les deux d'une visibilité complète sur tout le trajet jusqu'au village la nuit. Cela entraînerait un gain de bien-être de 4000 pour chacun, compte tenu du bénéfice total associé à l'éclairage complet du chemin. Si les coûts totaux de l'investissement (6000) sont répartis de manière équitable entre les deux voisins (3000 chacun), ils pourraient tous deux obtenir un gain net de 1000 (4000 - 3000) dans cette situation coordonnée. Cela signifie qu'ils bénéficieraient tous les deux d'un niveau de bien-être supérieur par rapport à la situation où ils n'investiraient pas du tout dans l'éclairage de rue.

La coordination de l'action conjointe dans la fourniture de biens publics peut permettre d'optimiser les résultats et de générer des gains collectifs. Cela implique souvent une communication, une coopération et une entente mutuelle entre les parties concernées pour parvenir à une décision et à une action communes. Dans ce cas, la coordination réussie aboutit à un gain net positif pour chaque individu, ce qui incite à la participation et à la fourniture collective des biens publics.

Dans le cas où les voisins agissent de manière individuelle et non coordonnée, il existe une incitation pour chaque voisin à minimiser l'importance du problème de l'éclairage et à profiter de l'action unilatérale de l'autre voisin. Cette situation crée un dilemme du prisonnier, où la stratégie dominante pour chaque voisin est de ne rien faire (Ne fait rien, Ne fait rien). Dans cet équilibre de Nash, chaque voisin choisit de ne pas investir dans l'éclairage de rue, espérant que l'autre voisin assumera les coûts et fournira l'éclairage nécessaire. Cela se produit parce que chaque voisin peut anticiper que s'il est le seul à investir, il supporterait tous les coûts, tandis que si l'autre voisin investit, il peut profiter de l'éclairage sans avoir à payer lui-même.

Cet équilibre de Nash de l'inaction conduit à une situation sous-optimale, où aucun des voisins n'investit dans l'éclairage de rue et où les deux voisins continuent de faire face à un problème d'éclairage. Cela illustre le dilemme du prisonnier, où la poursuite de l'intérêt individuel conduit à une situation globalement sous-optimale pour l'ensemble du groupe. Dans ce cas, la coordination et la coopération entre les voisins sont nécessaires pour sortir de cet équilibre sous-optimal et trouver une solution mutuellement bénéfique. Cela peut impliquer des mécanismes de communication, de négociation ou de coopération pour surmonter les incitations à l'inaction et parvenir à une action coordonnée qui maximise le bien-être collectif.

Le problème des préférences non-révélées peut rendre difficile la collecte de financements pour les biens publics. Les individus peuvent ne pas révéler leurs préférences ou prétendre ne pas bénéficier du bien public afin d'éviter de contribuer financièrement.

Dans de tels cas, l'intervention de l'État peut être nécessaire pour fournir le bien public et garantir une contribution obligatoire de tous les individus. L'État peut imposer une obligation légale, telle qu'une taxe, une redevance ou une contribution obligatoire, pour financer le bien public.

La question de savoir dans quelle mesure chacun doit participer au financement du bien public dépend de divers facteurs, tels que la capacité de paiement des individus, les bénéfices individuels attendus du bien public, les principes d'équité et les mécanismes de répartition des coûts. Il peut être nécessaire de mettre en place des systèmes de taxation ou de tarification qui tiennent compte de ces facteurs afin de garantir une contribution équitable et appropriée de la part de tous les individus.

La détermination de la juste répartition des coûts peut être complexe et impliquer des considérations politiques, économiques et sociales. Des études économiques, des enquêtes d'opinion ou des mécanismes de consultation peuvent être utilisés pour évaluer les préférences et les capacités de paiement des individus afin de guider la décision sur la contribution financière de chacun.

En fin de compte, l'intervention de l'État avec des mécanismes de contribution obligatoire peut permettre de surmonter le problème des préférences non-révélées et de garantir le financement adéquat des biens publics, en assurant que tous les individus contribuent de manière équitable à leur fourniture.

Biens mixtes

Exclusion et non-rivalité

Certains biens peuvent présenter une combinaison de caractéristiques des biens publics et des biens privés. Par exemple, un pont, un cinéma, une autoroute, une piscine ou même la télévision peuvent présenter la non-rivalité dans la consommation, c'est-à-dire que la consommation par un individu n'empêche pas la consommation par d'autres. Cependant, ces biens peuvent également permettre l'exclusion, ce qui signifie qu'il est possible d'empêcher certains individus d'y accéder.

Dans le cas des biens mixtes, la fourniture peut être assurée soit par des acteurs privés, soit par l'État. La décision de qui fournit ces biens peut varier d'un pays à l'autre en fonction de diverses considérations, notamment des considérations d'efficacité économique, d'équité sociale et de préférences politiques.

Par exemple, les ponts, les cinémas ou les piscines peuvent souvent être fournis par des acteurs privés, qui peuvent facturer un prix d'entrée pour couvrir les coûts de fourniture et réaliser un bénéfice. Dans ce cas, la non-rivalité dans la consommation permet à plusieurs individus de profiter de ces biens simultanément, mais l'exclusion est possible car ceux qui ne paient pas ne sont pas autorisés à accéder à ces installations.

D'autre part, dans certains cas, l'État peut intervenir et fournir des biens mixtes. Par exemple, les autoroutes peuvent être construites et gérées par l'État pour assurer une circulation fluide et faciliter le transport des personnes et des marchandises. Dans ce cas, l'accès à l'autoroute peut être ouvert à tous les utilisateurs sans exclusion, mais l'État peut financer la construction et l'entretien de l'autoroute grâce à des impôts, des péages ou d'autres mécanismes de financement.

Il est également important de noter que la congestion et la réduction de la qualité peuvent introduire une certaine rivalité entre les consommateurs pour l'utilisation de ces biens mixtes. Par exemple, lorsqu'une autoroute est congestionnée, la qualité du service peut être réduite pour tous les utilisateurs, ce qui crée une forme d'exclusion implicite car l'accès à une utilisation optimale de l'autoroute est limité. Dans ces cas, des mécanismes de régulation ou de gestion de la demande peuvent être mis en place pour atténuer la congestion et garantir une utilisation équitable et efficace du bien mixte.

En résumé, les biens mixtes présentent une combinaison de caractéristiques des biens publics et des biens privés, et la fourniture de ces biens peut être assurée par des acteurs privés ou par l'État. Les considérations d'efficacité économique, d'équité sociale et de préférences politiques influencent les décisions concernant qui fournit ces biens et comment ils sont financés. La congestion et la réduction de qualité peuvent également introduire une certaine rivalité entre les consommateurs et nécessiter des mécanismes de gestion pour garantir une utilisation optimale et équitable de ces biens mixtes.

L'éducation est un exemple de bien mixte qui présente à la fois des caractéristiques d'exclusion et de non-rivalité dans la consommation.

Dans de nombreux pays, l'éducation est fournie par le secteur public à des degrés divers. Cela signifie que l'accès à l'éducation est ouvert à tous les individus, ce qui reflète la non-exclusion. Ainsi, une fois que le système éducatif est en place, il est difficile d'exclure certains individus de bénéficier de l'éducation. L'éducation publique est souvent fournie à un prix inférieur à son coût de production, ce qui peut s'expliquer par des considérations de redistribution et de promotion de l'égalité des chances. En offrant une éducation abordable ou gratuite, les gouvernements cherchent à favoriser la mobilité sociale en donnant à tous les individus, indépendamment de leur situation socio-économique, la possibilité d'accéder à une éducation de qualité. Un autre argument en faveur de la fourniture publique de l'éducation est lié aux externalités positives qu'elle génère. L'éducation bénéficie non seulement à l'individu qui en bénéficie directement, mais elle a également des retombées positives pour la société dans son ensemble. Une population éduquée est souvent associée à une meilleure productivité, une plus grande innovation, une meilleure santé, et contribue au développement économique et social global. Cependant, en cas de congestion, c'est-à-dire lorsque la demande pour l'éducation publique dépasse la capacité du système à fournir des services de qualité, certains problèmes se posent. Les personnes ayant des ressources financières plus élevées peuvent se tourner vers l'éducation privée qui peut offrir une meilleure qualité d'enseignement. Cela peut entraîner une réduction de l'objectif redistributif initial de l'éducation publique, car les individus plus aisés peuvent accéder à une éducation de meilleure qualité en substituant l'éducation publique par l'éducation privée.

La fourniture d'une éducation publique de qualité reste néanmoins essentielle pour garantir l'accès équitable à l'éducation et promouvoir la mobilité sociale. Des politiques et des réformes peuvent être mises en place pour améliorer la qualité de l'éducation publique, réduire la congestion et garantir une répartition équitable des ressources éducatives.

En résumé, l'éducation est un exemple de bien mixte qui présente à la fois des caractéristiques d'exclusion et de non-rivalité dans la consommation. Sa fourniture par le secteur public peut être motivée par des objectifs de redistribution, de promotion de l'égalité des chances et de création d'externalités positives pour la société. Cependant, la congestion et la possibilité de substitution vers l'éducation privée peuvent poser des défis en termes de maintien de l'objectif redistributif et de qualité de l'éducation publique.

Non-exclusion et rivalité

Certains biens mixtes peuvent présenter la configuration de non-exclusion combinée à la rivalité dans la consommation. Cela se produit souvent dans le cas des ressources naturelles ou des biens communs.

Les ressources naturelles, telles que les forêts, les pâturages, les cours d'eau ou les zones de pêche, peuvent être considérées comme des biens mixtes avec une non-exclusion, ce qui signifie que l'accès à ces ressources n'est pas facilement exclu. Cependant, ces ressources peuvent également présenter une rivalité dans la consommation, ce qui signifie que la consommation par un individu réduit la quantité disponible pour les autres. Lorsque les ressources naturelles sont gérées en tant que propriété commune, sans régulation appropriée, cela peut conduire à des problèmes de congestion ou de surexploitation. Chaque individu a une incitation à consommer autant que possible de la ressource, car il sait que si d'autres n'utilisent pas leur part, cela pourrait réduire sa propre part à l'avenir. Cela crée une rivalité entre les consommateurs et peut conduire à une surconsommation ou à l'épuisement des ressources.

Le problème de la tragédie des biens communs, formulé par Garrett Hardin, illustre cette dynamique. Lorsque les individus poursuivent leur intérêt personnel sans considération pour l'intérêt collectif, cela peut conduire à la dégradation et à l'épuisement des ressources communes. Pour faire face à ce problème, différentes approches peuvent être utilisées, telles que la régulation, la gestion des quotas, la privatisation des ressources, les systèmes de droits de propriété ou les mécanismes de coopération collective. L'objectif est de mettre en place des incitations et des règles qui permettent une gestion durable des ressources naturelles et d'éviter les problèmes de congestion ou de surexploitation.

En résumé, les biens mixtes peuvent également présenter la configuration de non-exclusion couplée à la rivalité dans la consommation. Cela est particulièrement vrai pour les ressources naturelles ou les biens communs, où la gestion appropriée et la mise en place de mécanismes incitatifs sont essentielles pour prévenir la congestion et assurer une utilisation durable de ces ressources.

La sur-exploitation des ressources communes peut conduire à la disparition de la ressource elle-même, ce qui entraîne une mésallocation des ressources et des conséquences négatives pour les exploitants eux-mêmes et pour la société dans son ensemble.

L'article célèbre de Garrett Hardin publié en 1968, intitulé "The Tragedy of the Commons" (La tragédie des biens communs), a mis en évidence les conséquences néfastes de la sur-exploitation des ressources communes. Hardin a décrit comment les individus agissant de manière rationnelle et poursuivant leur intérêt personnel sans considération pour l'intérêt collectif peuvent finir par épuiser les ressources communes, entraînant ainsi une mésallocation des ressources et une détérioration de l'environnement. Cependant, la prise de conscience de la tragédie des biens communs a également conduit à des travaux importants sur la gestion des ressources communes de manière durable. Les recherches d'Elinor Ostrom, qui a reçu le prix Nobel d'économie en 2009 pour ses travaux sur la gouvernance des biens communs, ont montré que dans certains cas, les communautés locales sont capables de mettre en place des mécanismes de gestion collective qui permettent une utilisation durable des ressources communes.

Ostrom a identifié des exemples de gestion réussie des ressources communes, tels que les systèmes d'irrigation, les pêcheries ou les pâturages, où les acteurs locaux ont élaboré des règles et des normes pour réguler l'accès et l'utilisation des ressources. Elle a montré que lorsque les communautés sont impliquées dans la prise de décision et ont des droits de gestion clairement définis, elles peuvent parvenir à une gestion durable des ressources communes. Ces travaux ont remis en question l'idée selon laquelle les ressources communes sont condamnées à l'échec et ont souligné l'importance de la gouvernance locale et de l'implication des acteurs concernés dans la gestion des ressources communes. Ils ont mis en évidence la possibilité d'éviter la mésallocation et de parvenir à une utilisation durable des ressources, même dans des contextes où les incitations individuelles peuvent sembler contradictoires avec l'intérêt collectif.

La sur-exploitation des ressources communes peut conduire à leur disparition et à une mésallocation des ressources. Cependant, les travaux de Garrett Hardin et d'Elinor Ostrom ont permis de mieux comprendre ces problèmes et ont mis en évidence des mécanismes de gestion collective qui permettent une utilisation durable des ressources communes. Cela souligne l'importance de la gouvernance locale et de la participation des acteurs concernés pour parvenir à une gestion efficace et durable des ressources communes.

La tragédie des communaux

L'exemple classique de la tragédie des communaux illustre parfaitement les conséquences de la sur-exploitation des ressources communes. Dans un village d'éleveurs qui partagent des champs communs pour faire paître leurs bêtes, chaque éleveur a une incitation individuelle à sur-exploiter le pré, car il ne ressent pas les coûts complets de son utilisation.

En l'absence d'incitations à la retenue et d'un mécanisme de gestion approprié, chaque éleveur maximise ses propres bénéfices en augmentant le nombre de bêtes qu'il fait paître sur le pré commun. Cependant, cette action a un impact négatif sur les autres éleveurs, car la sur-utilisation réduit la qualité et la disponibilité de l'herbe pour tous.

Cette situation crée une externalité négative, où chaque éleveur impose des coûts sur les autres en dégradant la qualité du champ commun. Les éleveurs ne prennent souvent pas en compte ces coûts externes dans leurs décisions, car ils ne sont pas internalisés et ne leur sont pas directement facturés.

L'absence d'une gestion collective responsable de la ressource commune crée une dynamique où chaque éleveur a peu d'incitation à restreindre son utilisation en prévision de l'absence d'une telle attitude par les autres. Par conséquent, tous les éleveurs finissent par sur-exploiter le pré, épuisant l'herbe et ne permettant pas à la ressource de se renouveler.

La tragédie des communaux met en évidence les limites du comportement individuel lorsque les biens communs sont impliqués. L'absence d'une propriété clairement définie et d'un mécanisme de régulation ou de gestion adéquat peut conduire à une mésallocation des ressources et à une détérioration de la ressource commune elle-même.

Pour éviter la tragédie des communaux, des solutions peuvent inclure l'établissement de droits de propriété clairs sur la ressource commune, la mise en place de mécanismes de régulation ou de gestion collective, et l'adoption de normes et de règles qui encouragent une utilisation durable de la ressource. Cela nécessite souvent une coordination et une coopération entre les acteurs concernés, ainsi qu'une prise de conscience des conséquences négatives de la sur-exploitation individuelle sur l'ensemble du groupe et sur la durabilité de la ressource commune.

Tragédie des communaux exemple 1.png

La problématique des zones de pêche illustre parfaitement le dilemme entre la difficulté d'exclusion et la rivalité dans la consommation.

Dans les zones de pêche, il est souvent difficile d'exclure de nouveaux bateaux de pêche, car les ressources marines sont généralement publiques et accessibles à tous. Cependant, il existe une rivalité entre les différents bateaux de pêche pour les prises, car chaque bateau a un intérêt individuel à maximiser ses propres prises avant que les autres ne le fassent. Cette dynamique crée un problème de surpêche, où les pêcheurs ont tendance à pêcher de manière excessive pour maximiser leurs bénéfices à court terme, sans prendre en compte les conséquences à long terme pour la durabilité des stocks de poissons. Si chaque pêcheur agit de manière similaire, cela peut entraîner l'épuisement des ressources marines et des conséquences néfastes pour l'écosystème et les industries de la pêche. Face à ce problème, une régulation par une instance publique est souvent nécessaire pour limiter les prises individuelles et préserver la durabilité des ressources. Des mesures de gestion des pêches peuvent être mises en place, telles que l'établissement de quotas de pêche, la création de zones de protection, la limitation des engins de pêche, la surveillance et l'application des règles, et la promotion de pratiques de pêche durable. Cependant, le défi devient encore plus complexe lorsque la ressource naturelle est partagée par plusieurs pays, comme c'est souvent le cas pour les zones de pêche internationales. Dans de tels cas, une coopération et une coordination internationales sont nécessaires pour réguler la pêche de manière efficace et équitable. Des instances supranationales, telles que des organisations régionales de gestion des pêches, peuvent être mises en place pour faciliter cette coopération et prendre des décisions collectives pour la gestion des ressources partagées. La nécessité d'une régulation et d'une gestion durable des zones de pêche est d'autant plus cruciale de nos jours, alors que de nombreuses ressources marines sont surexploitées ou en danger. Cela nécessite une prise de conscience collective des enjeux de durabilité, ainsi qu'une volonté politique et une coordination internationale pour mettre en œuvre des mesures de régulation efficaces et préserver les ressources marines pour les générations futures.

Les problématiques liées aux émissions de CO2 et au changement climatique sont des exemples pertinents de la tragédie des communaux et des tentatives de régulation pour y faire face.

Le CO2 et autres gaz à effet de serre émis dans l'atmosphère constituent un bien commun, car ils sont produits par de nombreuses sources et se propagent à travers l'atmosphère sans exclusion directe. Cependant, les émissions de CO2 ont des effets négatifs sur le climat, l'environnement et la santé humaine, créant ainsi une externalité négative pour l'ensemble de la société. En l'absence de régulation, chaque acteur (pays, entreprise, individu) a une incitation à émettre autant de CO2 que possible pour poursuivre ses intérêts économiques, sans tenir compte des coûts externes du changement climatique. Cela crée un problème de sur-émission, où les émissions collectives dépassent les niveaux souhaitables pour atténuer les effets du changement climatique.

Pour aborder cette problématique, des accords internationaux tels que le Protocole de Kyoto en 1997 et l'Accord de Copenhague en 2009 ont été établis pour réguler les émissions de CO2. Ces accords visent à limiter les émissions de gaz à effet de serre des pays signataires et à encourager la transition vers des technologies et des pratiques plus durables. Cependant, la régulation des émissions de CO2 est un défi complexe, car elle nécessite la coopération et l'engagement de nombreux acteurs à travers le monde. Les différences de capacités, d'intérêts nationaux et de responsabilités historiques rendent les négociations et la mise en œuvre de ces accords difficiles.

De plus, la question de l'équité joue un rôle important dans les discussions sur la régulation des émissions de CO2. Les pays développés ont une plus grande responsabilité historique dans les émissions passées et une plus grande capacité à mettre en œuvre des mesures d'atténuation, tandis que les pays en développement peuvent soutenir qu'ils devraient avoir plus de flexibilité pour poursuivre leur développement économique. Malgré les défis, les accords internationaux sur le climat continuent d'être des instruments importants pour encourager la réduction des émissions de CO2 et la transition vers une économie plus durable. Ils soulignent l'importance de la coopération internationale et de la prise de conscience collective pour faire face aux problèmes mondiaux tels que le changement climatique.

En résumé, les émissions de CO2 et le changement climatique sont des exemples de la tragédie des communaux, où les émissions excessives ont des conséquences négatives pour la société dans son ensemble. Les accords internationaux tels que le Protocole de Kyoto et l'Accord de Copenhague ont été établis pour réguler les émissions de CO2 et encourager la transition vers une économie plus durable, mais des défis subsistent en termes de mise en œuvre et d'équité. La coopération internationale reste cruciale pour relever ces défis et promouvoir une action collective contre le changement climatique. L'enjeu consiste à trouver un équilibre entre les intérêts économiques des acteurs individuels et la nécessité de préserver les ressources communes pour le bien-être collectif et les générations futures.

La tragédie des communaux : coût privé versus coût social

La tragédie des communaux met en évidence le conflit entre les coûts privés et les coûts sociaux associés à l'utilisation des biens communs. Les coûts privés font référence aux coûts supportés par les individus ou les acteurs économiques dans la poursuite de leurs intérêts personnels, tandis que les coûts sociaux reflètent les coûts supportés par la société dans son ensemble, y compris les externalités négatives et les conséquences à long terme.

Dans le cas des biens communs, les acteurs individuels ont tendance à maximiser leurs propres bénéfices en utilisant la ressource commune, sans tenir compte des coûts sociaux liés à la sur-exploitation ou à la dégradation de la ressource. Chaque acteur cherche à obtenir le plus grand avantage personnel, ce qui peut conduire à une utilisation excessive ou non durable des biens communs.

Cependant, les coûts sociaux associés à la surexploitation ou à la dégradation des biens communs peuvent être importants et avoir des conséquences négatives pour l'ensemble de la société. Ces coûts sociaux peuvent inclure la dégradation de l'environnement, la diminution des ressources disponibles, la perte de biodiversité, les impacts sur la santé publique, les effets du changement climatique, et bien plus encore.

La tragédie des communaux met en évidence le désalignement entre les incitations individuelles et les intérêts collectifs. Les acteurs individuels peuvent ne pas internaliser les coûts sociaux de leurs actions, ce qui peut conduire à une mésallocation des ressources et à une détérioration des biens communs au détriment de la société dans son ensemble.

Pour atténuer la tragédie des communaux, il est souvent nécessaire de mettre en place des mécanismes de régulation, de gestion collective et de coordination pour tenir compte des coûts sociaux et promouvoir une utilisation durable des biens communs. Cela peut inclure l'établissement de droits de propriété, l'imposition de réglementations et de quotas, la création de mécanismes d'incitation économique, la sensibilisation et l'éducation, ainsi que la coopération internationale lorsque les biens communs sont partagés entre plusieurs pays.

En résumé, la tragédie des communaux met en évidence le conflit entre les coûts privés et les coûts sociaux associés à l'utilisation des biens communs. La prise en compte des coûts sociaux et la mise en place de mécanismes de régulation et de gestion collective sont essentielles pour prévenir la surexploitation et la détérioration des biens communs, et pour promouvoir une utilisation durable et équitable de ces ressources.

Tragédie des communaux - coût privé versus coût social 1.png

Le graphique représente le concept de la tragédie des communaux à l'aide de deux courbes : une courbe ascendante représentant les bénéfices individuels et une courbe descendante représentant les coûts sociaux.

  • L'axe horizontal représente la quantité d'utilisation des ressources communes, allant de zéro à un niveau maximum.
  • L'axe vertical représente le bénéfice ou le coût, avec des valeurs positives indiquant le bénéfice individuel ou le coût privé, et des valeurs négatives indiquant le coût social.

La courbe des bénéfices individuels commence à un niveau bas, illustrant le bénéfice initial que les individus tirent de l'utilisation des ressources communes. À mesure que la quantité d'utilisation augmente, la courbe monte progressivement, indiquant que les bénéfices individuels augmentent également. Cela reflète l'incitation individuelle à maximiser le bénéfice personnel en utilisant davantage des ressources communes.

La courbe des coûts sociaux commence à un niveau relativement bas, montrant que les coûts pour la société dans son ensemble sont initialement limités. Cependant, à mesure que la quantité d'utilisation des ressources communes augmente, la courbe des coûts sociaux s'élève rapidement, illustrant que les externalités négatives et les conséquences pour la société augmentent également. Cela peut inclure des problèmes tels que la dégradation de l'environnement, la diminution des ressources, la perte de biodiversité, etc.

La tragédie des communaux se produit lorsque les courbes des bénéfices individuels et des coûts sociaux se croisent. À ce stade, les coûts sociaux dépassent les bénéfices individuels, indiquant que l'utilisation excessive des ressources communes a des conséquences néfastes pour la société dans son ensemble. Cela peut conduire à une surexploitation ou à la dégradation des ressources communes, mettant en péril leur durabilité à long terme.

L'objectif de la régulation et de la gestion des biens communs est de trouver un équilibre où les bénéfices individuels et les coûts sociaux sont pris en compte de manière équilibrée. Cela peut être réalisé en instaurant des mécanismes de gestion, tels que des quotas, des règles de gestion collective, des incitations économiques, etc., afin de limiter l'utilisation excessive et de préserver la durabilité des ressources communes.

Allocation du bien public

Offre optimale

Sur le marché d'un bien privé, les consommateurs peuvent choisir la quantité optimale du bien en fonction de leurs préférences individuelles et du prix du bien. Chacun a une demande individuelle qui dépend de ses propres besoins, préférences et capacités financières.

Dans le cas d'un bien privé, les consommateurs peuvent ajuster leur consommation en fonction du prix. Lorsque le prix est élevé, la demande est généralement plus faible, et lorsque le prix est bas, la demande est généralement plus élevée. Les consommateurs évaluent le bien en fonction de son utilité individuelle et de leur capacité à payer.

Le marché d'un bien privé atteint un équilibre où l'offre et la demande se rencontrent, déterminant un prix et une quantité d'équilibre. À ce point d'équilibre, chaque consommateur obtient une quantité du bien qui lui procure le plus haut niveau d'utilité compte tenu du prix. Cela est souvent représenté par une courbe de demande individuelle et une courbe d'offre, qui se croisent au niveau de l'équilibre du marché.

Il est important de noter que dans le cas des biens publics, la situation est différente. Étant donné que les biens publics sont non rivaux et non exclusifs, il n'est pas possible d'attribuer différentes quantités individuelles en fonction du prix. Tous les consommateurs ont un accès égal au bien public une fois qu'il est fourni.

Ainsi, lorsqu'il s'agit de déterminer la quantité optimale d'un bien public à fournir, d'autres considérations entrent en jeu. Les décisions sont généralement prises par des autorités publiques ou des organismes de gouvernance pour déterminer la quantité qui maximise le bien-être social ou l'efficacité économique. Des critères tels que l'évaluation des avantages sociaux, les coûts de production et les préférences collectives sont pris en compte pour établir la quantité optimale à fournir.

En résumé, dans le cas des biens privés, les consommateurs choisissent leur propre quantité optimale en fonction de leurs préférences individuelles et du prix. Cependant, dans le cas des biens publics, la quantité optimale à fournir est déterminée par des considérations collectives et est souvent décidée par des autorités publiques ou des organismes de gouvernance.

Pour un bien public, la question porte davantage sur la détermination du prix à payer pour une quantité donnée du bien public, étant donné sa non-rivalité dans la consommation.

Dans le cas d'un bien public, où la consommation par un individu n'empêche pas la consommation par d'autres individus, il est souvent difficile de mesurer directement la valeur marginale ou la volonté de payer de chaque individu. Cependant, il est généralement souhaitable que la somme des bénéfices marginaux, ou des volontés de payer, pour une quantité donnée du bien public soit égale ou au moins se rapproche du coût de production du bien public.

L'idée d'une fourniture efficiente de biens publics est que chaque individu devrait contribuer à la mesure de sa volonté de payer, c'est-à-dire que chaque individu paie l'équivalent de la valeur qu'il attribue au bien public. Cela permettrait d'aligner les coûts supportés par les individus avec les bénéfices qu'ils retirent de la consommation du bien public.

Dans ce contexte, il est possible d'avoir la même quantité de bien public fournie à des prix différents pour différents individus. Chaque individu paierait selon sa volonté de payer, ce qui pourrait varier en fonction de ses préférences individuelles, de sa capacité financière ou de l'utilité qu'il attribue au bien public.

Cette approche permet d'atteindre une forme de tarification différenciée pour les biens publics, où chaque individu contribue en fonction de sa propre appréciation et valeur du bien public. Cela peut également contribuer à assurer une meilleure allocation des ressources en tenant compte des préférences individuelles et de la valeur attribuée par chaque individu au bien public.

En résumé, pour un bien public, la question porte sur la détermination du prix à payer pour une quantité donnée du bien public. Une approche efficace consiste à faire en sorte que la somme des bénéfices marginaux ou des volontés de payer des individus soit égale ou se rapproche du coût de production du bien public. Cela peut conduire à des prix différents pour la même quantité de bien public, chaque individu contribuant selon sa propre volonté de payer.

Demandes individuelles et demande agrégée : bien privé

Dans le cas des biens privés, la demande individuelle fait référence à la quantité spécifique d'un bien qu'un consommateur est prêt à acheter à un certain prix, en fonction de ses préférences individuelles et de sa capacité financière. Chaque consommateur a une demande individuelle qui peut varier en fonction de ses goûts, de ses besoins et de ses contraintes budgétaires.

La demande individuelle est représentée par une courbe de demande individuelle, qui illustre la relation inverse entre le prix du bien et la quantité demandée par un consommateur donné. Lorsque le prix est élevé, la quantité demandée est généralement faible, et lorsque le prix baisse, la quantité demandée a tendance à augmenter.

La demande agrégée, en revanche, fait référence à la quantité totale d'un bien qui est demandée par tous les consommateurs d'un marché donné à différents niveaux de prix. La demande agrégée est obtenue en agrégeant les demandes individuelles de tous les consommateurs du marché.

La demande agrégée est également représentée par une courbe de demande, appelée courbe de demande agrégée, qui illustre la relation inverse entre le prix du bien et la quantité totale demandée sur le marché. Lorsque le prix est élevé, la demande agrégée est généralement plus faible, et lorsque le prix baisse, la demande agrégée a tendance à augmenter.

Il est important de noter que la demande agrégée est la somme des demandes individuelles à chaque niveau de prix. La courbe de demande agrégée est donc obtenue en ajoutant horizontalement les quantités demandées par chaque consommateur à chaque prix.

Au prix d'équilibre de marché, chaque consommateur consomme une quantité différente du bien

Au prix d'équilibre de marché pour un bien privé, chaque consommateur consomme en effet la même quantité du bien.

Dans un marché concurrentiel, le prix d'équilibre est atteint lorsque l'offre et la demande se rencontrent, c'est-à-dire que la quantité offerte est égale à la quantité demandée. À ce prix d'équilibre, tous les consommateurs qui sont prêts à acheter le bien à ce prix peuvent acheter la même quantité du bien.

L'équilibre du marché se produit lorsque chaque consommateur maximise son utilité en achetant la quantité du bien qui lui procure le plus de satisfaction compte tenu du prix. La quantité consommée par chaque consommateur est donc déterminée par son évaluation individuelle du bien, ses préférences et sa capacité financière, mais une fois que le prix d'équilibre est établi, chaque consommateur achète la même quantité du bien.

En résumé, au prix d'équilibre de marché pour un bien privé, chaque consommateur consomme la même quantité du bien, car c'est le niveau de consommation qui maximise l'utilité individuelle compte tenu du prix.

Demandes individuelles et demande agrégée : bien public

En ce qui concerne les biens publics, la situation diffère des biens privés. En raison de la non-exclusion et de la non-rivalité, la quantité consommée du bien public est la même pour tous les individus. Cependant, chaque individu peut payer un prix différent pour le bien public.

Dans un contexte de bien public, la demande individuelle ne dépend pas du prix, car les individus ne peuvent pas être exclus de la consommation du bien public. Par conséquent, chaque individu a une demande de consommation maximale pour le bien public, qui est la même pour tous.

La demande agrégée pour le bien public est obtenue en ajoutant horizontalement les quantités demandées par chaque individu à chaque niveau de prix. La courbe de demande agrégée pour un bien public représente donc la somme horizontale des demandes individuelles.

En ce qui concerne le prix, il est souvent déterminé par un processus de financement collectif, tel que l'imposition ou les subventions gouvernementales. Chaque individu peut alors payer un prix différent pour le bien public en fonction de sa capacité financière, de son revenu ou d'autres facteurs pertinents.

L'objectif de la fourniture de biens publics n'est pas de maximiser les bénéfices ou les profits, mais plutôt de maximiser le bien-être social ou de répondre à des objectifs spécifiques tels que l'équité ou l'efficacité économique. Par conséquent, la fixation du prix dans le cas des biens publics peut différer de celle des biens privés et être basée sur des considérations de politique publique et de redistribution des coûts.

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Si le prix d'un bien public était établi de manière équivalente au coût marginal de production (Cm) dans un marché privé, l'offre du bien serait susceptible d'être sous-optimale ou nulle.

Dans un marché privé, où les biens sont caractérisés par l'exclusion et la rivalité dans la consommation, le prix est généralement fixé en fonction du coût marginal de production. Les entreprises évaluent les coûts de production pour déterminer le prix auquel elles peuvent vendre leurs produits tout en réalisant un bénéfice. Cette approche incite les producteurs à fournir des quantités du bien correspondant à la demande du marché.

Cependant, pour les biens publics, la situation est différente. Les biens publics se caractérisent par la non-exclusion et la non-rivalité dans la consommation. Cela signifie que les individus ne peuvent être exclus de la consommation du bien public, et la consommation d'un individu n'affecte pas la disponibilité du bien pour les autres.

Si le prix d'un bien public était établi équivalent au coût marginal de production, cela signifierait que chaque individu devrait payer le coût marginal pour chaque unité de bien consommée. Cependant, étant donné la non-exclusion, les individus pourraient être enclins à profiter du bien public sans payer, car ils peuvent en bénéficier même sans contribuer financièrement.

Cette situation créerait une divergence entre la valeur réelle que les individus attribuent au bien public et les coûts qu'ils sont prêts à supporter pour le consommer. Certains individus pourraient être disposés à payer plus que le coût marginal, tandis que d'autres pourraient ne pas être disposés à payer du tout.

En conséquence, si le prix était équivalent au coût marginal de production dans un marché privé pour les biens publics, l'offre du bien pourrait être sous-optimale ou nulle. Les producteurs ne seraient pas incités à fournir le bien public en raison de l'absence de sources de financement adéquates pour couvrir les coûts de production.

Pour remédier à cela, des mécanismes de financement alternatifs sont souvent mis en place pour assurer la fourniture des biens publics. Cela peut inclure des financements publics par le biais de l'imposition, des subventions gouvernementales ou d'autres formes de contribution obligatoire. Ces mécanismes visent à aligner les coûts de production du bien public avec la valeur que les individus lui attribuent et à garantir une offre adéquate pour répondre à la demande sociale.

Exemple

Les individus ayant des volontés de payer différentes, il est nécessaire de trouver un moyen d'équilibrer ces différences pour atteindre une quantité optimale du bien public.

Dans le cas d'une entreprise privée de voirie, elle ne pourrait pas financer le service en se basant uniquement sur les volontés de payer individuelles, en raison du problème du passager clandestin et des préférences non révélées. Les individus peuvent avoir une incitation à minimiser leur volonté de payer afin de bénéficier du service sans avoir à supporter pleinement le coût.

L'intervention de l'État devient nécessaire pour évaluer les bénéfices sociaux du service de voirie et déterminer une quantité optimale en prenant en compte l'ensemble de la population. L'État dispose du pouvoir de coercition pour collecter les fonds nécessaires à la fourniture du bien public.

La question de l'évaluation des bénéfices et de la répartition du fardeau entre les citoyens est en effet délicate. L'État peut utiliser diverses méthodes pour estimer les bénéfices sociaux, telles que des enquêtes, des études économiques ou des consultations publiques. Cependant, il est vrai qu'il peut être difficile de connaître précisément les préférences de chaque individu, car celles-ci peuvent varier et ne sont pas toujours facilement mesurables.

La répartition du fardeau financier entre les citoyens peut également être un défi, car il existe des considérations d'équité et de capacité de paiement. L'État peut utiliser des mécanismes fiscaux progressifs ou d'autres méthodes de tarification pour tenter de répartir le fardeau de manière équitable.

En somme, l'État joue un rôle essentiel dans l'évaluation des bénéfices sociaux, la détermination de la quantité optimale et la répartition du financement pour les biens publics tels que le service de voirie des rues. Bien que les questions d'évaluation et de répartition puissent être complexes, elles nécessitent une prise de décision éclairée basée sur des considérations d'intérêt public, d'équité et de participation citoyenne.

Analyse coûts-bénéfice

L'analyse coûts-bénéfices est une approche couramment utilisée pour évaluer les biens publics et prendre des décisions éclairées en matière de quantité optimale, de financement et de fourniture de ces biens.

L'analyse coûts-bénéfices consiste à évaluer et quantifier tous les coûts et bénéfices, tant monétaires que non monétaires, associés à un bien public donné. Cela comprend l'identification et la mesure des coûts financiers directs, tels que les dépenses de production et de maintenance, ainsi que des coûts indirects, tels que les externalités négatives (pollution, congestion) ou les coûts d'opportunité.

D'un autre côté, les bénéfices doivent également être évalués. Cela peut inclure des avantages directs, tels que l'amélioration de la qualité de vie, l'efficacité économique accrue ou la réduction des coûts futurs, ainsi que des bénéfices indirects, tels que les externalités positives (amélioration de l'environnement, du bien-être social) ou les gains de productivité.

Une fois que tous les coûts et bénéfices pertinents ont été identifiés et quantifiés, une comparaison entre les deux est effectuée pour déterminer si les bénéfices l'emportent sur les coûts. Cette comparaison permet de prendre une décision éclairée sur la quantité optimale du bien public, ainsi que sur la façon dont les coûts seront financés et répartis.

L'analyse coûts-bénéfices peut aider à évaluer si la fourniture d'un bien public est socialement bénéfique, en considérant les préférences individuelles et collectives, ainsi que les conséquences à long terme. Elle fournit une approche structurée pour évaluer et comparer les différentes options, et peut aider les décideurs à prendre des décisions informées et transparentes.

Une question fondamentale concerne l'estimation des bénéfices et des coûts pour la société d'un bien public lorsque les prix ne sont pas disponibles ou ne reflètent pas pleinement la valeur sociale de ces biens. Cela peut être particulièrement complexe lorsqu'il s'agit d'évaluer des biens publics tels qu'une ambassade, un zoo, des routes plus sûres, la conservation de la biodiversité ou la valeur d'une forêt. Dans de tels cas, des méthodes d'évaluation économique non monétaire peuvent être utilisées pour estimer les bénéfices et les coûts. Ces méthodes incluent l'évaluation contingente, l'analyse de la valeur économique totale, l'analyse des choix discrets et d'autres approches basées sur des enquêtes et des études empiriques. L'évaluation contingente consiste à interroger directement les individus pour estimer leur volonté de payer (WTP) ou leur volonté d'accepter (WTA) pour un bien public donné. Les enquêtes peuvent poser des questions hypothétiques sur la valeur qu'une personne attache au bien public, afin de déterminer une estimation de sa valeur sociale. L'analyse de la valeur économique totale cherche à estimer l'ensemble des valeurs attribuées à un bien public, qu'elles soient marchandes ou non marchandes. Elle inclut la valeur d'usage direct, la valeur d'usage indirect, la valeur d'option et la valeur d'existence. Par exemple, pour une forêt, cela peut inclure la valeur récréative, la valeur de préservation de la biodiversité, la valeur esthétique, etc. L'analyse des choix discrets est une autre méthode utilisée pour évaluer les bénéfices et les coûts. Elle implique de présenter aux individus différentes options et de mesurer leurs préférences en fonction des choix qu'ils font. Cela permet de déterminer la valeur qu'ils attribuent à différents attributs du bien public.

Cependant, l'estimation des bénéfices et des coûts pour les biens publics implique souvent des valeurs subjectives et des préférences individuelles et collectives qui peuvent varier. Il n'existe pas de méthode unique et parfaitement précise pour évaluer ces biens. Les résultats peuvent également dépendre du contexte, de la population ciblée et des hypothèses sous-jacentes. Dans ces situations, la consultation d'experts, de spécialistes et du public peut également être importante pour intégrer différentes perspectives et valeurs, afin de parvenir à des estimations plus complètes et équilibrées des bénéfices et des coûts. L'estimation des bénéfices et des coûts pour la société d'un bien public lorsque les prix ne sont pas disponibles ou ne reflètent pas pleinement la valeur sociale implique l'utilisation de méthodes d'évaluation économique non monétaire et la prise en compte de différentes perspectives et valeurs. Bien que des défis subsistent, ces méthodes fournissent des outils pour estimer les bénéfices et les coûts d'un bien public, même en l'absence de prix directement observables.

L'analyse des coûts et des bénéfices des biens publics peut être complexe et subjective, car elle implique souvent des valeurs et des préférences individuelles et collectives qui peuvent varier. Différents acteurs peuvent accorder un poids différent aux différents aspects et impacts liés à un bien public donné, ce qui peut conduire à des décisions différentes.

Prenons l'exemple d'un barrage hydro-électrique. L'énergie générée par le barrage peut être considérée comme un bénéfice important, car elle contribue à la production d'électricité et peut répondre aux besoins énergétiques de la société. Cependant, les atteintes aux riverains, tels que les déplacements forcés, les perturbations environnementales et les conséquences sur la biodiversité, peuvent être considérées comme des coûts importants associés au projet. La manière dont ces coûts et bénéfices sont évalués et pondérés dépendra des valeurs, des priorités et des perspectives des parties prenantes impliquées dans la prise de décision. Certains peuvent accorder plus d'importance à l'énergie générée et considérer les coûts comme des externalités acceptables, tandis que d'autres peuvent donner une plus grande importance aux impacts sociaux et environnementaux et remettre en question la pertinence du projet. La prise de décision dans de tels cas peut impliquer des consultations publiques, des évaluations d'impact environnemental et social, des études économiques, ainsi que des délibérations démocratiques. L'objectif est de prendre en compte les différentes perspectives et de chercher un équilibre entre les coûts et les bénéfices, en tenant compte de l'intérêt public et du respect des droits des communautés affectées et de l'environnement. Cependant, même avec ces processus participatifs, la subjectivité et les biais peuvent persister. Les décisions peuvent être influencées par des facteurs politiques, économiques et sociaux, ainsi que par des intérêts et des pressions diverses.

En somme, l'analyse des coûts et des bénéfices des biens publics est complexe et sujette à la subjectivité. Les décisions finales peuvent varier en fonction des valeurs et des priorités des acteurs impliqués, ainsi que des processus de prise de décision et de délibération utilisés. Il est important de chercher une approche équilibrée et transparente, en tenant compte des différentes perspectives et des impacts potentiels sur la société, les communautés et l'environnement.

Exemple : construction d'un pont

Dans l'analyse coût-bénéfice de la construction d'un pont, différents éléments doivent être pris en compte pour évaluer les coûts et les bénéfices associés. Voici une ventilation des principaux éléments :

Bénéfices :

  1. Bénéfices monétaires : Les bénéfices monétaires peuvent inclure les revenus provenant du péage que les automobilistes paient pour utiliser le pont. Ces revenus peuvent être estimés en fonction du nombre de véhicules prévus, des tarifs de péage et de la durée prévue pour recouvrer les coûts de construction.
  2. Bénéfices non-monétaires : Les automobilistes peuvent également bénéficier d'un surplus de consommateur en utilisant le pont plutôt que de devoir faire un détour ou utiliser une alternative moins pratique. Cela peut se traduire par des économies de temps et d'efforts, une meilleure accessibilité à d'autres régions, une réduction des coûts de carburant, etc.
  3. Externalités positives : La construction du pont peut également avoir des externalités positives, telles qu'une augmentation du tourisme dans des régions autrement isolées. Les régions peuvent attirer plus de visiteurs en raison de la facilité d'accès offerte par le pont, ce qui peut stimuler l'économie locale et créer de nouvelles opportunités commerciales.

Coûts :

  1. Coûts monétaires : Les coûts monétaires comprennent le paiement à l'entreprise de construction chargée de réaliser le projet. Cela peut inclure les frais de conception, d'ingénierie, de main-d'œuvre, de matériaux, etc.
  2. Coûts non-monétaires : Les coûts non-monétaires peuvent inclure la perte sèche résultant du prélèvement d'une taxe ou d'un financement pour couvrir les coûts de construction du pont. Cela peut se traduire par une réduction de l'argent disponible pour d'autres projets publics ou une augmentation de la charge fiscale pour les contribuables.
  3. Externalités négatives : La construction du pont peut également entraîner des externalités négatives. Par exemple, cela peut avoir un impact sur les activités économiques dans d'autres régions qui étaient auparavant desservies par des compagnies de traversée en bateau. De plus, des effets environnementaux tels que la destruction de la vie sauvage ou une altération des paysages naturels peuvent également être considérés comme des coûts non-monétaires.

Une fois que tous ces éléments ont été identifiés et quantifiés dans la mesure du possible, une comparaison entre les coûts et les bénéfices peut être réalisée pour évaluer si la construction du pont est socialement bénéfique. Cette analyse peut aider les décideurs à prendre des décisions éclairées sur l'opportunité de construire le pont, en prenant en compte les avantages économiques, les impacts environnementaux, les considérations sociales et les préférences des parties prenantes.

Les décisions finales sur la construction d'un pont doivent prendre en compte les incertitudes et les difficultés liées à l'estimation des coûts et des bénéfices, en particulier lorsqu'il s'agit d'attribuer une valeur aux aspects non-monétaires tels que les externalités positives ou négatives.

L'estimation des coûts monétaires est généralement plus directe, car elle repose sur des données financières et des estimations de coûts spécifiques liés à la construction du pont. Cependant, même dans ce cas, des incertitudes peuvent subsister en raison de variations potentielles dans les coûts réels, les changements de conditions du marché, etc.

L'évaluation des bénéfices monétaires peut également être réalisée en se basant sur des données telles que les tarifs de péage, les projections de trafic et les estimations des revenus attendus. Cependant, ces estimations peuvent être influencées par des facteurs tels que l'élasticité de la demande, les préférences des utilisateurs et les changements dans les comportements de déplacement.

L'évaluation des coûts et des bénéfices non-monétaires est souvent plus complexe, car elle implique de prendre en compte des aspects tels que les externalités, les impacts environnementaux et les préférences sociales. La quantification de ces éléments peut nécessiter des modèles économiques, des évaluations environnementales et des enquêtes auprès des parties prenantes. Cependant, il peut y avoir des différences d'opinions et des incertitudes dans la détermination de la valeur des impacts non-monétaires.

Dans le cas des exemples mentionnés, tels que la valeur d'une vie sauvée, l'atteinte à la biodiversité ou la valeur d'une forêt, ces aspects peuvent être très difficiles à évaluer de manière objective. Des méthodes d'évaluation environnementale, économique et sociale peuvent être utilisées pour estimer ces valeurs, mais elles sont souvent sujettes à des débats et à des divergences d'opinions.

En fin de compte, la prise de décision concernant la construction d'un pont nécessite de peser les coûts et les bénéfices dans leur ensemble, en tenant compte des incertitudes et des aspects subjectifs. Il est essentiel d'impliquer les parties prenantes, de recueillir leurs perspectives et de mener une analyse approfondie pour prendre des décisions éclairées et équilibrées.

Exemple : la valeur d'une vie

Très souvent, les décideurs politiques doivent se prononcer sur l’amélioration de la sécurité (lieu de travail, circulation, loisirs...) et le projet peut nécessité des coûts qu’il faut mettre en balance avec des vies sauvées. Lorsqu'il s'agit d'évaluer la valeur d'une vie sauvée dans le cadre de décisions politiques, plusieurs approches ont été utilisées pour tenter de quantifier cette valeur. Voici quelques-unes des approches couramment utilisées :

  1. Approche du capital humain : Cette approche considère la valeur économique d'une vie en se basant sur les revenus potentiels que la personne aurait pu générer tout au long de sa vie. Elle est souvent utilisée dans certains tribunaux aux États-Unis pour évaluer les dommages compensatoires. Cependant, cette approche peut poser des problèmes d'équité, car elle peut sous-évaluer la valeur d'une vie pour les personnes ayant un niveau d'éducation moins élevé ou des perspectives de revenus plus faibles.
  2. Approche des dépenses de sécurité : Cette approche considère les dépenses que les individus sont prêts à engager pour se protéger et éviter les risques de décès. Par exemple, les dépenses pour l'achat d'un airbag dans une voiture, de freins ABS ou d'un extincteur. En utilisant cette approche, on suppose que les individus sont prêts à payer une certaine somme d'argent pour réduire les risques de décès.
  3. Approche de la valeur statistique : Cette approche se base sur le marché du travail et l'idée que les travailleurs acceptent des emplois comportant un certain risque de décès si une prime salariale de risque est accordée en compensation. En estimant la prime de risque que les travailleurs demandent pour accepter des emplois dangereux, on peut extrapoler la valeur statistique d'une vie en utilisant les données du marché du travail.

Toutes ces approches comportent des limitations et des controverses. Évaluer la valeur d'une vie sauvée est un exercice complexe et chargé de considérations éthiques et morales. Les valeurs attribuées peuvent varier en fonction du contexte culturel, des normes sociales et des préférences individuelles. Par conséquent, ces approches ne fournissent qu'une estimation approximative et sont souvent utilisées comme référence pour guider les décisions plutôt que d'être considérées comme une mesure absolue.

En fin de compte, la valeur d'une vie sauvée reste un sujet délicat et sujet à débat. Les décideurs politiques doivent prendre en compte plusieurs facteurs, tels que l'importance de la sécurité, les ressources disponibles et les préférences des parties prenantes, tout en reconnaissant les limites de ces approches d'évaluation.

Analyse coûts-bénéfice et le temps

Un autre problème qui se pose aux décideurs survient lorsque les flux de coûts et de bénéfices arrivent à des périodes différentes.

Exemple: meilleur encadrement éducatif, investissement dans une meilleure épuration des eaux, reboisement d’une forêt... coûts sont subis aujourd’hui, alors que les bénéfices sont plus éloignés dans le futur.

Or: “un tiens vaut mieux que deux tu l’auras”. Autrement dit, les individus ne donnent pas la même valeur à des flux de coûts ou bénéfices présents et futurs: c’est la préférence pour le présent.

Il est clairement très difficile de faire des évaluations des conséquences non-monétaires ou des externalités, mais on peut aussi avoir beaucoup d'incertitude sur tout ce qui est monétaire.

L'État de droit est un bien public

Les résultats d’efficience du marché dépendent crucialement du respect de l’État de droit et, en particulier, de la sauvegarde des droits de propriété, mais aussi des libertés individuelles de base. Sans respect des droits fondamentaux, pas d'efficience de l'économie de marché.

Or, le marché seul ne permet pas en soi de voir émerger un État de droit.

La poursuite de l’intérêt privé (main invisible) seule donne lieu à des situations de non-droit où les échanges sont réduits, car découragés par l’expropriation (seigneurs de guerre, mafia, Far West...).
La collectivité dans son ensemble pâtit du non-respect des droits fondamentaux. Loi du plus fort : l'incitation n'est pas à la production mais à l'extorsion.

Les sociétés de chasseurs cueilleurs vivent sans droits de propriété! Mais: sont peu nombreux en regard des ressources environnantes. Dès que la pression démographique augmente, les ressources sont épuisées, car il n’y a pas d’incitation à les préserver (tragédie des communaux).

Résumé

Les biens diffèrent au regard de leur nature: (non-)exclusion et (non-)rivalité.

Exclusion: il est possible d’empêcher quelqu’un de l’utiliser. Un bien est rival dans le cas où, s’il est consommé par quelqu’un, la possibilité qu’il soit aussi consommé par quelqu’un d’autre est réduite.

Les biens publics purs sont caractérisés par la non-exclusion et la non- rivalité.

Si l’exclusion n’est pas possible, les individus sont incités à se comporter en passagers clandestins lorsque ce bien est fourni par le secteur privé.

L’État prend en charge les biens publics et décide de la quantité à fournir au moyen d’une analyse coûts-bénéfices.

Les ressources communes sont des biens rivaux sans exclusion possible.

Comme les individus ne paient pas pour l’utilisation de ces ressources, ils tendent à les sur-exploiter.

L’État est dans ce cas nécessaire pour suppléer au marché. Le problème devient critique lorsque la ressource dépasse les frontières nationales d’un pays.

Annexes

Références