« Jean-Jacques Rousseau and the new social contract » : différence entre les versions

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The whole history of Geneva in the 18th century can be read as a struggle between citizens, bourgeois and natives, who in 1792 obtained the same rights as citizens and bourgeois. This struggle for the political emancipation of the natives left its mark on Rousseau, who found in his writings numerous allusions to the struggles between natives, citizens and bourgeois.
The whole history of Geneva in the 18th century can be read as a struggle between citizens, bourgeois and natives, who in 1792 obtained the same rights as citizens and bourgeois. This struggle for the political emancipation of the natives left its mark on Rousseau, who found in his writings numerous allusions to the struggles between natives, citizens and bourgeois.


= Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755 =
= Discourse on the Origin and Foundations of Inequality among Men, 1755 =


[[Fichier:DOI Rousseau.jpg|vignette]]
[[Fichier:DOI Rousseau.jpg|vignette]]


En 1755 est publié le discours dans lequel il répond à [[La naissance du concept moderne de l’État|Hobbes]] et [[Montesquieu et la définition de l’État libre|Montesquieu]]. Ce discours sur l’''Origine et les fondements l’inégalité parmi les hommes'' est un texte fondateur et fondamental qui tente de répondre à trois questions :
In 1755 the speech in which he responds to [[The birth of the modern concept of the state|Hobbes]] and [[Montesquieu and the definition of the Free State|Montesquieu]] is published. This discourse on the 'Origin and foundations of inequality among men' is a founding and fundamental text which tries to answer three questions:
#question de l’histoire de l’humanité : comment en est-on arrivé où nous en sommes ? C’est une dimension historique de l’humanité.
#question of the history of humanity: how did we get to where we are today? It is a historical dimension of humanity.
#question de savoir qui sommes-nous : avons-nous des passions inhérentes à l’humanité ? de quoi sommes-nous constitués ?  
#question of who we are: do we have passions inherent in humanity? what are we made of?  
#analyse de la dégradation de la nature humaine : histoire de la dégradation et de la corruption de la nature humaine. Qu’est-ce qui fait que l’Homme né libre et pourtant est dans les fers.  
#analysis of the degradation of human nature: history of the degradation and corruption of human nature. What makes man born free and yet in irons.  


Rousseau montre que les métiers qu’il a exercés sont chez lui fondamentaux, il a une connaissance de la nature humaine exceptionnelle. Il nous montre que son vécu a marqué sa philosophie politique et sa philosophie du droit.  
Rousseau shows that the professions he has practised are fundamental to him, he has an exceptional knowledge of human nature. He shows us that his life experience marked his political philosophy and his philosophy of law.  


La première partie est la réponse sur la nature humaine reprenant la posture de Hobbes :
The first part is the answer on human nature, taking up the posture of Hobbes :
#oui il est d’accord avec Hobbes pour dire que l’homme est seul, isolé, qui n’est pas naturellement social, toutefois l’Homme n’est pas craintif, il ne se sent pas menacé, l’homme est heureux. C’est le mythe du bon sauvage, l’Homme est simple et autosuffisant.
#Yes he agrees with Hobbes that man is alone, isolated, which is not naturally social, yet man is not fearful, he does not feel threatened, man is happy.#Yes he agrees with Hobbes that man is alone, isolated, which is not naturally social, yet man is not fearful, he does not feel threatened, man is happy. This is the myth of the good savage, Man is simple and self-sufficient.
#L’homme n’est pas doté de passion guerrière, l’homme n’est pas un loup pour l’homme il est doté de deux caractéristiques à l’état de nature :  
#Man is not endowed with a passion for war, man is not a wolf for man, he is endowed with two characteristics in the state of nature:  
##l’amour de soi-même
#self love
##la pitié
#pity
#le sentiment d’amour de soi-même se transforme, nous nous comparons, nous envions nos voisins parce que né en nous l’amour propre. L’amour propre change, détruit et corrompt notre innocence naturelle. La pitié est un noble sentiment tout comme l’autoconservation, mais l’amour propre ne l’est plus.
#the feeling of self-love is transformed, we compare ourselves, we envy our neighbours because self-love is born in us. Self-love changes, destroys and corrupts our natural innocence. Pity is a noble feeling just like self-preservation, but self-love is no longer.


L’homme va quitter cet état d’instabilité pour constituer la société moderne.
Man is going to leave this state of instability to form modern society.


{{citation bloc|Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile.}}
{{citation bloc|The first one who, having enclosed a piece of land and said: This is mine, and found people simple enough to believe it, was the true founder of civil society.}}


Rousseau attaque la propriété, mais ce n’est pas tant la propriété que l’accumulation de la richesse qu’il attaque parce qu’elle engendre une triple dégradation chez l’être humain est de trois ordres :
Rousseau attacks property, but it is not so much property as the accumulation of wealth that he attacks because it causes a threefold degradation in human beings is of three orders:
*moral ;
*moral;
*politique ;
*political;
*culturelle.
*cultural.


L’amour propre et l’amour des richesses corrompent notre âme pour Rousseau, cette corruption est à l’origine des inégalités entre les hommes.  
Self-esteem and love of wealth corrupt our soul for Rousseau, this corruption is at the root of inequalities between men.  


L’humanité s’est construite sur un certain nombre de principes humains qui ont introduit l’inégalité parmi les hommes, il faut donc trouver une formule, un État qui respecte et qui restaure cette égalité naturelle qui a été détruite et dégradée.
Humanity was built on a certain number of human principles that introduced inequality among men, so we must find a formula, a state that respects and restores this natural equality that has been destroyed and degraded.


Il faut construire un modèle qui permette à l’égalité entre les hommes d’être constitutive de cet État. Il faut trouver un modèle qui fasse du peuple le cœur même du pouvoir.
A model must be constructed that allows equality among men to be constitutive of this State. We must find a model that makes the people the very heart of power.


L’État des modernes n’est pas l’Angleterre, mais l’État démocratique que nous connaissons maintenant étant le sens du Contrat Social de 1762.  
The state of the modern people is not England, but the democratic state we now know as the meaning of the Social Contract of 1762.  


Rousseau - Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755
Rousseau - Discourse on the origin and foundations of inequality among men, 1755
Rousseau nous offre dans le deuxième discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes deux choses essentielles :  
In the second discourse on the origin and foundations of inequality among men, Rousseau offers us two essential things:  
#une histoire de l’humanité : c’est une tentative de répondre à la question qu’est-ce que l’Homme et comment a-t-il évolué à l’état de nature ? Qu’est-ce qui l’a distingué ? Qu’est-ce qui l’a fait perfectible ? Qu’est-ce qui fait que nous avons évolué du temps zéro jusqu’au moment où nous avons décidé de vivre ensemble ? C’est l’histoire des êtres humains des origines à nos jours.
#a history of humanity: it is an attempt to answer the question what is Man and how did he evolve in the state of nature? What made him different? What made him perfectible? What made us evolve from zero time to the moment we decided to live together? This is the story of human beings from the origins to the present day.
#comment expliquer que cette évolution aboutie à une inégalité politique et sociale entre les hommes ? que s’est-il passé dans l’histoire de l’humanité faisant que la machine homme – société s’est grippée et que va s’installer l’inégalité parmi les Hommes ?
#How can we explain that this evolution led to political and social inequality among men? What happened in the history of mankind that caused the man-society machine to seize up and that will lead to inequality among men?


Le diagnostic est posé dans le se second discours qui est l’analyse, la solution au problème sera proposée par Rousseau en 1762 qui est ''Le Contrat Social''.
The diagnosis is made in the second discourse, which is the analysis, the solution to the problem was proposed by Rousseau in 1762, which is "The Social Contract".


Afin de restaurer l’égalité perdue parmi les Hommes, voici le type d’État qui est proposé à instaurer. Rousseau ne remet pas en cause l’existence d’une inégalité naturelle.
In order to restore the lost equality among men, here is the type of state that is proposed to be established. Rousseau does not question the existence of natural inequality.


{{citation bloc|Je conçois dans l'espèce humaine deux sortes d'inégalité ; l'une que j'appelle naturelle ou physique, parce qu'elle est établie par la nature, et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps, et des qualités de l'esprit, ou de l'âme, l'autre qu'on peut appeler inégalité morale, ou politique, parce qu'elle dépend d'une sorte de convention, et qu'elle est établie, ou du moins autorisée par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges, dont quelques-uns jouissent, au préjudice des autres, comme d'être plus riches, plus honorés, plus puissants qu'eux, ou même de s'en faire obéir.}}
{{citation bloc|Je conçois dans l'espèce humaine deux sortes d'inégalité ; l'une que j'appelle naturelle ou physique, parce qu'elle est établie par la nature, et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps, et des qualités de l'esprit, ou de l'âme, l'autre qu'on peut appeler inégalité morale, ou politique, parce qu'elle dépend d'une sorte de convention, et qu'elle est établie, ou du moins autorisée par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges, dont quelques-uns jouissent, au préjudice des autres, comme d'être plus riches, plus honorés, plus puissants qu'eux, ou même de s'en faire obéir.}}

Version du 6 novembre 2020 à 16:18


One man will answer Hobbes and Montesquieu, challenging state modernity, and that man is Rousseau. Rousseau is fascinating because his work is gigantic; he is a man who practised many professions before becoming the citizen he was. He was born and grew up in Geneva in 1712.

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Biography

Jean-Jacques Rousseau was born in Geneva on June 28th 1712. He was the second son of Isaac Rousseau and Suzanne Bernard, who died on July 7th.

1712 - 1722 : Education by his father. Reading of Plutarch.
1722 - 1724 : Isaac Rousseau settles in Nyon. Jean-Jacques in boarding school in Bossey.
1725 : Apprenticeship as an engraver.
1728: On March 14, Rousseau finds the gates of Geneva closed. He takes refuge with the parish priest of Confignon and then, on 21 March, meets Mme de Warens in Annecy. He soon converts to Catholicism in Turin.
1729 - 1731 : Rousseau lives with Mme de Warens in Annecy and then in Chambéry. He learns various trades, notably music. Travels in Switzerland (1730-1731) and Paris (summer 1731).
1736 : Stays at Les Charmettes (Chambéry).
1738 - 1739 : At Les Charmettes, Rousseau perfects his scientific, literary and philosophical education.
1740 - 1741 : Stay in Lyon. Rousseau tutor of the children of Mably.
1742 : Hardly in Paris, Rousseau presents to the Academy of Sciences his Project concerning new signs for music.
1743 - 1744 : Rousseau in Venice as secretary of the French Ambassador, M. de Montaigu. Discovery of politics.
1745 : Rousseau becomes friends with Diderot. Beginning of his liaison with Thérèse Levasseur. Their children will be put in the Foundlings.
1746 : Secretary of Mme Dupin.
1749 : Rousseau writes the articles on music for the Encyclopaedia. In October, while going to see Diderot imprisoned in Vincennes, he discovers in the Mercure de France the theme of the competition of the Academy of Dijon: If the restoration of sciences and arts has contributed to purify morals. This is the illumination and the idea of the First Discourse.
1750 : Rousseau's Discourse on the Sciences and Arts is crowned by the Academy of Dijon.
1752 : His opera Le Devin de village is performed in October in front of Louis XV. In December, performance at the Théâtre-Français of his play: Narcisse ou l'Amant de lui-même.
1753 : Preparation of the Second Discourse for the Academy of Dijon: What is the origin of inequality among men and if it is authorized by natural law?
1754 : Trip to Geneva. Rousseau enters the Calvinist Church and regains his rights as a citizen and member of the General Council.
1755 : Publication of the Second Discourse dedicated to the Republic of Geneva and the article Political Economy in Volume V of the Encyclopaedia.
1756 : Rousseau moves in with Mme d'Epinay. He begins writing La Nouvelle Héloïse.
1757 : After quarrelling with Grimm, Mme d'Epinay and Diderot, Rousseau settles in Montmorency.
1758 : Letter to M. d'Alembert on the shows by which Rousseau answers d'Alembert's article on Geneva in volume VII of the Encyclopaedia. Completion of the writing of La Nouvelle Héloïse and beginning of that of l'Émile.
1761 : Publication of La Nouvelle Héloïse.
1762 : Publication in the spring of the Social Contract and the Emile. Condemnation of l'Émile on June 9th. Pursued, Rousseau takes refuge in Yverdon, then in Môtiers-Travers, in the principality of Neuchâtel, which depends on the King of Prussia. On 19 June, Émile and the Social Contract are burned in Geneva and Rousseau is decreed to take his body.
1763: Rousseau renounces his claim to the bourgeoisie of Geneva. The Public Prosecutor of Geneva Jean-Robert Tronchin publishes the written Letters of the campaign.
1764 : Rousseau replies from Môtiers-Travers to J.-R. Tronchin with the Letters written from the mountain. Beginning of the writing of the Confessions.
1765 : Rousseau in conflict with the pastor and the inhabitants of Môtiers-Travers - Drafting of the Draft Constitution for Corsica. Stay on the island of Saint-Pierre from where the Little Council of Bern ends up expelling him.
1766 : Departure for England with David Hume.
1767 : Fight with Hume and return to France. Publication of the Dictionary of Music in Paris.
1768 : Rousseau wins Grenoble, Chambéry and finally settles in Bourgoin in the Dauphiné, where he marries Thérèse Levasseur on August 30th (marriage under natural law).
1770 : Rousseau goes back to Paris.
1771 : Rousseau writes the Considerations on the government of Poland at the request of Count Wielhorski.
1773 : Drafting of Rousseau judge of Jean-Jacques.
1776 - 1778 : Drafting of the Reveries of the Solitary Walker.
Rousseau's tomb at the Pantheon of Paris

<1778 : In the spring, Rousseau settles in Ermenonville at M. de Girardin's house with his wife Thérèse. He dies on July 2nd and is buried there on the 4th in the Ile des Peupliers.

1782 : Publication of Rousseau's Works in Geneva, with the Confessions and Reveries of the Solitary Walker.
1792 : The General Council of Geneva reports the decree of condemnation of Rousseau.
1794 : Transfer to Paris of Rousseau's remains to the Pantheon.
1835 : Inauguration in Geneva of the statue of Rousseau by Pradier on the Ile des Barques, which becomes the Ile Rousseau.
1878: Celebration in Geneva of the "Centenary of Jean-Jacques" on the hundredth anniversary of his death. Marc Monnier addresses the French delegation : « You gave us the Reformation, we gave you the Revolution. We owe you Calvin, you owe us Rousseau. ».

Rousseau is a man who has experienced the relationship of domination having worked for people who did not always treat him well, he has the experience of a craftsman, the experience of service, he has worked in multiple trades giving him considerable human experience.

Rousseau is a great traveller who has had a wandering life, he has the experience of the humanity of men, but also the experience of travel and wandering.

He tackles a multitude of subjects, he is the author of treatises on music, a treatise on languages, a political and literary work, he was interested in education, he was a man of genius who touched everything; he is the Mozart of the humanities, he has something universal for having touched many and varied subjects.

Geneva in the 18th century: a struggle between social classes

Rousseau does not write in a European context, but in a Geneva context, he is proud of his Geneva citizenship. The structures of the social institutions of the Republic of Geneva left a strong impression on Rousseau.

Functioning of Geneva's Political Institutions under the Ancien Régime, from Barara Roth-Lochner, "De la Réforme à la Révolution"., p. 76[4]

The Republic of Geneva operates on the system of emboitement :

  • first of all, there are the four trade unionists who are in charge and exercise the executive power, having to execute the decisions taken by the ...
  • ... Small Council composed of 25 people who execute the laws, but also propose them. It is the heart of the power of the Republic of Geneva.
  • The Council of Sixty is a council that meets when the Republic is threatened, it is a kind of political war council.
  • the Council of Two Hundred meets once a month to adopt laws, but the laws proposed by the Petit Conseil. It is a legislative power limited by its capacity to initiate legislative reforms.
  • the General Council and the electorate, it is within the General Council that the members of the Councils are chosen. This council includes all those who have the title of citizen and are over 25 years of age.

Sociologically, Geneva is divided into four categories. Rousseau was haunted by discrimination between citizens and others :

  • citizens.
  • a bourgeois in the Republic of Geneva is a foreigner, but who has bought the right of bourgeois, i.e. a right giving the same political rights as citizens, but with the reservation of eligibility.
  • the inhabitants have the right to reside and to practise their profession.
  • The natives are the descendants of the inhabitants who do not hold any political rights, but can exercise their profession as craftsmen.

The whole history of Geneva in the 18th century can be read as a struggle between citizens, bourgeois and natives, who in 1792 obtained the same rights as citizens and bourgeois. This struggle for the political emancipation of the natives left its mark on Rousseau, who found in his writings numerous allusions to the struggles between natives, citizens and bourgeois.

Discourse on the Origin and Foundations of Inequality among Men, 1755

DOI Rousseau.jpg

In 1755 the speech in which he responds to Hobbes and Montesquieu is published. This discourse on the 'Origin and foundations of inequality among men' is a founding and fundamental text which tries to answer three questions:

  1. question of the history of humanity: how did we get to where we are today? It is a historical dimension of humanity.
  2. question of who we are: do we have passions inherent in humanity? what are we made of?
  3. analysis of the degradation of human nature: history of the degradation and corruption of human nature. What makes man born free and yet in irons.

Rousseau shows that the professions he has practised are fundamental to him, he has an exceptional knowledge of human nature. He shows us that his life experience marked his political philosophy and his philosophy of law.

The first part is the answer on human nature, taking up the posture of Hobbes :

  1. Yes he agrees with Hobbes that man is alone, isolated, which is not naturally social, yet man is not fearful, he does not feel threatened, man is happy.#Yes he agrees with Hobbes that man is alone, isolated, which is not naturally social, yet man is not fearful, he does not feel threatened, man is happy. This is the myth of the good savage, Man is simple and self-sufficient.
  2. Man is not endowed with a passion for war, man is not a wolf for man, he is endowed with two characteristics in the state of nature:
  3. self love
  4. pity
  5. the feeling of self-love is transformed, we compare ourselves, we envy our neighbours because self-love is born in us. Self-love changes, destroys and corrupts our natural innocence. Pity is a noble feeling just like self-preservation, but self-love is no longer.

Man is going to leave this state of instability to form modern society.

« The first one who, having enclosed a piece of land and said: This is mine, and found people simple enough to believe it, was the true founder of civil society. »

Rousseau attacks property, but it is not so much property as the accumulation of wealth that he attacks because it causes a threefold degradation in human beings is of three orders:

  • moral;
  • political;
  • cultural.

Self-esteem and love of wealth corrupt our soul for Rousseau, this corruption is at the root of inequalities between men.

Humanity was built on a certain number of human principles that introduced inequality among men, so we must find a formula, a state that respects and restores this natural equality that has been destroyed and degraded.

A model must be constructed that allows equality among men to be constitutive of this State. We must find a model that makes the people the very heart of power.

The state of the modern people is not England, but the democratic state we now know as the meaning of the Social Contract of 1762.

Rousseau - Discourse on the origin and foundations of inequality among men, 1755 In the second discourse on the origin and foundations of inequality among men, Rousseau offers us two essential things:

  1. a history of humanity: it is an attempt to answer the question what is Man and how did he evolve in the state of nature? What made him different? What made him perfectible? What made us evolve from zero time to the moment we decided to live together? This is the story of human beings from the origins to the present day.
  2. How can we explain that this evolution led to political and social inequality among men? What happened in the history of mankind that caused the man-society machine to seize up and that will lead to inequality among men?

The diagnosis is made in the second discourse, which is the analysis, the solution to the problem was proposed by Rousseau in 1762, which is "The Social Contract".

In order to restore the lost equality among men, here is the type of state that is proposed to be established. Rousseau does not question the existence of natural inequality.

« Je conçois dans l'espèce humaine deux sortes d'inégalité ; l'une que j'appelle naturelle ou physique, parce qu'elle est établie par la nature, et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps, et des qualités de l'esprit, ou de l'âme, l'autre qu'on peut appeler inégalité morale, ou politique, parce qu'elle dépend d'une sorte de convention, et qu'elle est établie, ou du moins autorisée par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges, dont quelques-uns jouissent, au préjudice des autres, comme d'être plus riches, plus honorés, plus puissants qu'eux, ou même de s'en faire obéir. »

On voit très bien que Rousseau a conscience de cette distinction nécessaire entre l’égalité naturelle et physique entre les hommes et l’égalité en société ; il ne veut pas interférer et intervenir sur le premier type d’inégalité, mais sur le deuxième.

« De quoi s'agit-il donc précisément dans ce Discours ? De marquer dans le progrès des choses le moment où le droit succédant à la violence, la nature fut soumise à la loi ; d'expliquer par quel enchaînement de prodiges le fort put se résoudre à servir le faible, et le peuple à acheter un repos en idée, au prix d'une félicité réelle. »

Rousseau connaît les auteurs du passé, il envoie une pique à chacun d’entre eux :

« Les philosophes qui ont examiné les fondements de la société ont tous senti la nécessité de remonter jusqu'à l'état de nature, mais aucun d'eux n'y est arrivé. Les uns n'ont point balancé à supposer à l'homme dans cet état la notion du juste et de l'injuste, sans se soucier de montrer qu'il dût avoir cette notion, ni même qu'elle lui fût utile. D'autres ont parlé du droit naturel que chacun a de conserver ce qui lui appartient, sans expliquer ce qu'ils entendaient par appartenir ; d'autres donnant d'abord au plus fort l'autorité sur le plus faible, ont aussitôt fait naître le gouvernement, sans songer au temps qui dut s'écouler avant que le sens des mots d'autorité et de gouvernement pût exister parmi les hommes. Enfin tous, parlant sans cesse de besoin, d'avidité, d'oppression, de désirs, et d'orgueil, ont transporté à l'état de nature des idées qu'ils avaient prises dans la société. Ils parlaient de l'homme sauvage, et ils peignaient l'homme civil. »

On sent Rousseau qui monte peu à peu, qui nous explique d’où nous venons tandis que Hobbes est beaucoup plus brutal dans le passage de l’état de nature à l’état de société.

Toute la première partie retrace l’histoire de l’humanité :

« je ne suivrai point son organisation à travers ses développements successifs. je ne m'arrêterai pas à rechercher dans le système animal ce qu'il put être au commencement, pour devenir enfin ce qu'il est […] »

« En dépouillant cet être, ainsi constitué, de tous les dons surnaturels qu'il a pu recevoir, et de toutes les facultés artificielles qu'il n'a pu acquérir que par de longs progrès, en le considérant, en un mot, tel qu'il a dû sortir des mains de la nature, je vois un animal moins fort que les uns, moins agile que les autres, mais, à tout prendre, organisé le plus avantageusement de tous. je le vois se rassasiant sous un chêne, se désaltérant au premier ruisseau, trouvant son lit au pied du même arbre qui lui a fourni son repas, et voilà ses besoins satisfaits. »

C’est le mythe du bon sauvage et de l’Homme naturel, il continue son explication : depuis le moment t0 que s’est-il passé ? La nature a joué son rôle, l’Homme a fait preuve d’un instinct particulier.

« Avec si peu de sources de maux, l'homme dans l'état de nature n'a donc guère besoin de remèdes, moins encore de médecins ; l'espèce humaine n'est point non plus à cet égard de pire condition que toutes les autres, et il est aisé de savoir des chasseurs si dans leurs courses ils trouvent beaucoup d'animaux infirmes. Plusieurs en trouvent-ils qui ont reçu des blessures considérables très bien cicatrisées, qui ont eu des os, et même des membres, rompus et repris sans autre chirurgien que le temps, sans autre régime que leur vie ordinaire, et qui n'en sont pas moins parfaitement guéris, pour n'avoir point été tourmentés d'incisions, empoisonnés de drogues, ni exténués de jeûnes. Enfin, quelque utile que puisse être parmi nous la médecine bien administrée, il est toujours certain que si le sauvage malade abandonné à lui-même n'a rien à espérer que de la nature, en revanche il n'a rien à craindre que de son mal, ce qui rend souvent sa situation préférable à la nôtre. »

C’est une vision anthropologique presque moderne qui voit l’Homme à l’état de nature.

« Seul, oisif, et toujours voisin du danger, l'homme sauvage doit aimer à dormir, et avoir le sommeil léger comme les animaux, qui, pensant peu, dorment, pour ainsi dire, tout le temps qu'ils ne pensent point. »

L’homme diffère de la bête dans le sens qu’il a besoin de se perfectionner, il est perfectible. Ce qui va distinguer l’Homme des animaux est le langage.

Rousseau insiste sur nos capacités à communiquer, il pense que nous avons développé un langage plus sophistiqué.

« Qu'il me soit permis de considérer un instant les embarras de l'origine des langues. »

L’homme progresse, communique et développe son langage. Rousseau développe une véritable théorie évolutionniste du langage. Il n’y a pas un langage, mais des langages que l’Homme s’approprie et développe, c’est par le langage que les idées naissent, que la raison se met à fonctionner.

Toute l’attention est toujours portée à l’évolution calme et sereine de l’Homme à l’état de nature.

« Il paraît d'abord que les hommes dans cet état n'ayant entre eux aucune sorte de relation morale, ni de devoirs connus, ne pouvaient être ni bons ni méchants, et n'avaient ni vices ni vertus, à moins que, prenant ces mots dans un sens physique, on n'appelle vices dans l'individu les qualités qui peuvent nuire à sa propre conservation, et vertus celles qui peuvent y contribuer. »

La critique de Hobbes monte :

« N'allons pas surtout conclure avec Hobbes que pour n'avoir aucune idée de la bonté, l'homme soit naturellement méchant, qu'il soit vicieux parce qu'il ne connaît pas la vertu, qu'il refuse toujours à ses semblables des services qu'il ne croit pas leur devoir, ni qu'en vertu du droit qu'il s'attribue avec raison aux choses dont il a besoin, il s'imagine follement être le seul propriétaire de tout l'univers. Hobbes a très bien vu le défaut de toutes les définitions modernes du droit naturel : mais les conséquences qu'il tire de la sienne montrent qu'il la prend dans un sens qui n'est pas moins faux. En raisonnant sur les principes qu'il établit, cet auteur devait dire que l'état de nature étant celui où le soin de notre conservation est le moins préjudiciable à celle d'autrui, cet état était par conséquent le plus propre à la paix, et le plus convenable au genre humain. »

L’état de nature pour Rousseau est l’anti-Hobbes, c’est l’état de félicité. L’homme de nature n’a pas les qualités voulues par Hobbes, mais il en a deux essentielles :

« Il y a d'ail¬leurs un autre principe que Hobbes n'a point aperçu et qui, ayant été donné à l'homme pour adoucir, en certaines circonstances, la férocité de son amour-propre, ou le désir de se conserver avant la naissance de cet amour, tempère l'ardeur qu'il a pour son bien-être par une répugnance innée à voir souffrir son semblable. Je ne crois pas avoir aucune contradiction à craindre, en accordant à l'homme la seule vertu naturelle, qu'ait été forcé de reconnaître le détracteur le plus outré des vertus humaines, je parle de la pitié, disposition convenable à des êtres aussi faibles, et sujets à autant de maux que nous le sommes […] »

« Il ne faut pas confondre l'amour-propre et l'amour de soi-même ; deux passions très différentes par leur nature et par leurs effets. L'amour de soi-même est un senti¬ment naturel qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation et qui, dirigé dans l'homme par la raison et modifié par la pitié, produit l'humanité et la vertu. L'amour-propre n'est qu'un sentiment relatif, factice et né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que de tout autre, qui inspire aux hommes tous les maux qu'ils se font mutuellement et qui est la véritable source de l'honneur. »

L’amour-propre est la comparaison avec les autres, c’est une forme d’égoïsme et d’égocentrisme. D’une certaine manière, Rousseau rejoint Hobbes dans le sens où le principe d’autoconservation est en nous, mais il ajoute la pitié. C’est parce que nous nous aimons que nous voulons nous conserver.

« Il est donc certain que la pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce. »

Chez Rousseau la pitié est un sentiment noble parce qu’elle assure la paix, le caractère paisible des relations entre les hommes.

« Après avoir prouvé que l'inégalité est à peine sensible dans l'état de nature, et que son influence y est presque nulle, il me reste à montrer son origine, et ses progrès dans les développements successifs de l'esprit humain. »

Que s’est-il donc passé ?

« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne. Mais il y a grande apparence, qu'alors les choses en étaient déjà venues au point de ne pouvoir plus durer comme elles étaient ; car cette idée de propriété, dépendant de beaucoup d'idées antérieures qui n'ont pu naître que successivement, ne se forma pas tout d'un coup dans l'esprit humain. Il fallut faire bien des progrès, acquérir bien de l'industrie et des lumières, les transmettre et les augmenter d'âge en âge, avant que d'arriver à ce dernier terme de l'état de nature. Reprenons donc les choses de plus haut et tâchons de rassembler sous un seul point de vue cette lente succession d'événements et de connaissance, dans leur ordre le plus naturel. »

Cette interprétation erronée de la propriété a quelque part bouleversé l’évolution naturelle de l’humanité. Ensuite les hommes font l’expérience de l’amour-propre et se comparent jusqu’à que tout commence à changer de face.

« Tout commence à changer de face. Les hommes errants jusqu'ici dans les bois, ayant pris une assiette plus fixe, se rapprochent lentement, se réunissent en diverses troupes, et forment enfin dans chaque contrée une nation particulière, unie de mœurs et de caractères, non par des règlements et des lois, mais par le même genre de vie et d'aliments, et par l'influence commune du climat. »

« Mais il faut remarquer que la société commencée et les relations déjà établies entre les hommes exigeaient en eux des qualités différentes de celles qu'ils tenaient de leur constitution primitive ; que la moralité commençant à s'introduire dans les actions humaines, et chacun avant les lois étant seul juge et vengeur des offenses qu'il avait reçues, la bonté convenable au pur état de nature n'était plus celle qui convenait à la société naissante. »

Les remèdes qui permettent à l’homme de vivre avec ses semblables à l’état de nature, les mécanismes ne peuvent plus exister et ne sont plus applicables à l’état de société.

« Voilà donc toutes nos facultés développées, la mémoire et l'imagination en jeu, l'amour-propre intéressé, la raison rendue active et l'esprit arrivé presque au terme de la perfection, dont il est susceptible. Voilà toutes les qualités naturelles mises en action, le rang et le sort de chaque homme établis, non seulement sur la quantité des biens et le pouvoir de servir ou de nuire, mais sur l'esprit, la beauté, la force ou l'adresse, sur le mérite ou les talents, et ces qualités étant les seules qui pouvaient attirer de la considération, il fallut bientôt les avoir ou les affecter, il fallut pour son avantage se montrer autre que ce qu'on était en effet. Être et paraître devinrent deux choses tout à fait différentes, et de cette distinction sortirent le faste imposant, la ruse trompeuse, et tous les vices qui en sont le cortège. »

« Il faut donc qu'il cherche sans cesse à les intéresser à son sort, et à leur faire trouver en effet ou en apparence leur profit à travailler pour le sien : ce qui le rend fourbe et artificieux avec les uns, impérieux et dur avec les autres, et le met dans la nécessité d'abuser tous ceux dont il a besoin, quand il ne peut s'en faire craindre, et qu'il ne trouve pas son intérêt à les servir utilement. Enfin l'ambition dévorante, l'ardeur d'élever sa fortune relative, moins par un véritable besoin que pour se mettre au-dessus des autres, inspire à tous les hommes un noir penchant à se nuire mutuellement, une jalousie secrète d'autant plus dangereuse que, pour faire son coup plus en sûreté, elle prend souvent le masque de la bienveillance; en un mot, concurrence et rivalité d'une part, de l'autre opposition d'intérêt, et toujours le désir caché de faire son profit aux dépens d'autrui, tous ces maux sont le premier effet de la propriété et le cortège inséparable de l'inégalité naissante. »

Il a retourné l’Homme, l’homme n’est pas un loup pour l’homme à l’état de nature, mais à l’état de société.

« Telle fut, ou dut être, l'origine de la société et des lois, qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles forces au riche, détruisirent sans retour la liberté naturelle, fixèrent pour jamais la loi de la propriété et de l'inégalité, d'une adroite usurpation firent un droit irrévocable, et pour le profit de quelques ambitieux assujettirent désormais tout le genre humain au travail, à la servitude et à la misère. »

Rousseau a critiqué les inégalités, il a constaté que l’Homme à l’état de société est un loup pour l’homme et non point à l’état de nature, il a retourné les arguments de Hobbes, mais pas proposé de solutions.

Rousseau – Le Contrat Social, Livre I, 1762

Du contrat social, édition de 1772.

Le Contrat Social est la réponse politique, est la solution politique que nous propose Rousseau après avoir analysé magistralement l’origine de l’inégalité parmi les hommes.

L’ouvrage est fondé sur quatre livres ; c’est un traité systématique, la logique du raisonnement est parfaite. Comme une société politique n’est pas naturelle, il est nécessaire que les Hommes consentent à se mettre ensemble et à renégocier sur d’autres bases le pacte social.

Il s’agit de redéfinir le pacte social, tous ceux qui ont pensé le contrat social ont eu raison de penser en termes de contrat, mais il faut le repenser. Il propose une autre forme d’ordre politique qui vise à instaurer un nouveau contrat social. Toute la question du contrat social est de construire, restaurer une forme d’inégalité, mais surtout d’instaurer un État légitime c’est-à-dire un État qui garantit l’équité et la justice.

Cet État est fondé sur l’idée de souveraineté du peuple, c’est la grande idée du contrat social qui a quatre critères ; la souveraineté est l’expression de la volonté générale, mais elle a quatre critères :

  • infaillible
  • inaliénable
  • indivisible
  • absolue

Les deux derniers termes rapprochent Rousseau de Bodin ; le terme central du Contrat Social est celui de la souveraineté du peuple.

Hobbes avait raison de dire qu’il fallait un pouvoir qui tienne le corps politique ensemble, mais ce n’est pas un monarque imposant un pouvoir descendent, mais pour que ce pouvoir soit légitimé, il doit venir d’en bas, c’est le peuple qui est souverain et non pas le Léviathan, le peuple est le Léviathan, il reste et est toujours le souverain : il promulgue les lois, les ratifie, mais ne les applique pas.

Rousseau est le premier à donner au gouvernement la notion de pouvoir exécutif ; avant Rousseau lorsqu’on parlait de gouvernement on pensait État.

Tableau comparatif des théories du contrat social[5]
Conception de l’état de nature Logique dans laquelle s’inscrit le pacte Valeurs fondamentales, prioritaires
selon Hobbes (Léviathan) guerre de tous contre tous sécuritaire (rompre avec l'état de nature) la sécurité, la vie, de chacun.
selon Locke (Second Traité du gouvernement civil) chacun jouit de droits naturels (liberté et propriété privée) libérale (garantir l'état de nature) la liberté et la propriété privée
selon Rousseau (Du contrat social) l'humain est naturellement bon démocrate (rompre avec l'état de nature : le peuple est souverain) l’intérêt général

Pour Hobbes, le souverain est le Léviathan qui est généralement un Homme, pour Locke il y a un glissement, le souverain n’est plus un homme, mais c’est le parlement, pour Rousseau le souverain est le peuple. On voit très bien l’évolution et le glissement de la définition du peuple qui est la souveraineté du parlement chez Locke et du peuple chez Rousseau.

Le peuple pour Rousseau est et reste souverain. Au fond tout l’objectif de Rousseau est de prévenir la société, l’État d’un double danger :

  • l’usurpation par le souverain des fonctions gouvernementales.
  • l’usurpation par le gouvernement des fonctions du souverain.

Pour Rousseau, ce qui est extrêmement important est que celui qui vote et ratifie les lois ne soit pas celui qui les applique ; les deux fonctions doivent être distinctes. Autrement il y a un danger de dérive autoritaire.

Ce double danger montre que Rousseau n’est pas favorable à la démocratie au sens antique du terme. Rousseau refuse le régime de démocratie directe où celui qui lève la main pour voter est aussi celui qui applique les lois, pour lui c’est un vrai danger : « il faudrait un peuple de Dieu pour qu’il se gouverne démocratiquement ».

Est-ce que Rousseau est un démocrate ? Au sens moderne, Rousseau anticipe l’avènement de la démocratie moderne, mais si on entend la démocratie au sens athénien alors non, il ne l’est pas.

Cet ouvrage de 1782 aura une postérité particulière, il sera interdit en France, sera condamné à Genève, et va se diffuser lentement.

C’est la Révolution française qui va faire du Contrat Social un ouvrage de référence ; depuis la Révolution française il y a deux lectures offertes du Contrat Social qui sont aussi radical l’une que l’autre :

  • ceux qui pensent que le Contrat Social est une utopie qui fait l’apologie de la bonté du peuple et de la démocratie directe.
  • ceux faisant du Contrat Social un ouvrage anticipant les autoritarismes et les prémices des totalitarismes par son côté rigide.

À l’évidence, ces deux lectures sont erronées, lorsqu’on se pose la question de savoir ce que cherche Rousseau lorsqu’il écrit le Contrat Social est qu’il défend un régime légitime qui permette à l’Homme de devenir un citoyen.

Un homme ou un individu n’est pas complet s’il n’est pas aussi un citoyen. L’ouvrage de Rousseau cherche surtout à définir l’idée qu’être citoyen est un exercice exigeant, il y a un certain nombre de conditions pour réussir qui est l’éducation à la souveraineté.

Le Contrat Social est peut-être là afin de nous proposer un modèle politique légitime et reposant sur l’équité. La proposition d’établir un rémige légitime, plus juste et équitable restaurant cette égalité perdue, se retrouve chapitre premier.

« L'homme est né libre, et partout il est dans les fers, Tel se croit le maître des autres, qui ne laisse pas d'être plus esclave qu'eux. Comment ce changement s'est-il fait? Je l'ignore. Qu’est-ce qui peut le rendre légitime? Je crois pouvoir résoudre cette question.

Si je ne considérais que la force et l'effet qui en dérive, je dirais: «Tant qu'un peuple est contraint d'obéir et qu'il obéit, il fait bien; sitôt qu'il peut secouer le joug, et qu'il le secoue, il fait encore mieux: car, recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou on ne l’était point à la lui ôter». Mais l'ordre social est un droit sacré qui sert de base à tous les autres. Cependant, ce droit ne vient point de la nature; il est donc fondé sur des conventions. Il s'agit de savoir quelles sont ces conventions. Avant d'en venir là, je dois établir ce que je viens d'avancer. »

Rousseau va proposer un ordre juste fondé sur le principe de légitimité.

Pour Rousseau, le début de l‘état de société est la famille parce qu’il y a une convention : la famille est comme une convention, ce qui est dans les relations familiales peut être transposé dans les relations intersociétales.

« S'ils continuent de rester unis, ce n'est plus naturellement, c'est volontairement; et la famille elle-même ne se maintient que par convention. »

Au chapitre III on voit très bien l’allusion à Hobbes :

« Obéissez aux puissances. Si cela veut dire: Cédez à la force, le précepte est bon, mais superflu; je réponds qu'il ne sera jamais violé. Toute puissance vient de Dieu, je l'avoue; mais toute maladie en vient aussi : est-ce à dire qu'il soit défendu d'appeler le médecin ? »

Rousseau veut proposer un modèle d’État. Il voit un droit des rapports de forces dérivées de l’esclavage, les chapitres III et IV peuvent se résumer dans l’affirmation que les sociétés autour de nous ne sont que des reliquats de la vie, de la société romaine fondée sur l’esclavage. Selon Rousseau les esclaves sont ceux qui doivent obéir, ceux soumis à des rapports de domination.

Pourquoi Rousseau fait de la liberté et de l’égalité le cœur même de sa réflexion ? Si on renonce à être un homme libre, alors on est plus un homme.

« Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs. »

Hobbes et Locke avaient raison de dire que la société moderne est fondée sur un pacte, mais le pacte proposé n’est pas le bon, il faut un pacte fondé sur l’équité, la justice et le partage.

« Je suppose les hommes parvenus à ce point où les obstacles qui nui¬sent à leur conservation dans l'état de nature l'emportent, par leur résistance, sur les forces que chaque individu peut employer pour se maintenir dans cet état […] Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant. »

Il faut noter qu’il s’agit de préserver les biens, la diatribe de sept ans plus tôt s’est estompée ; il s’agit de préserver les biens de chaque associé.

« Enfin, chacun se donnant à tous ne se donne à personne; et comme il n’y a pas un associé sur lequel on n'acquière le même droit qu'on lui cède sur soi, on gagne l'équivalent de tout ce qu'on perd, et plus de force pour conserver ce qu'on a. »

« Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout. »

Rousseau – Le Contrat Social, Livre II, 1762

« Je dis donc que la souveraineté, n'étant que l'exercice de la volonté générale, ne peut jamais s'aliéner, et que le souverain, qui n'est qu'un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même; le pouvoir peut bien se transmettre, mais non pas la volonté. »

La souveraineté dispose d’un certain nombre de caractéristiques :

  • la souveraineté est inaliénable : on ne peut pas déléguer, on ne peut représenter la volonté. Rousseau est hostile à la représentation politique parce que la souveraineté que nous possédons tous ne peut pas s’aliéner à un corps tiers. Rousseau est ici très hostile à l’idée de la représentation politique, il estime que la volonté ne peut pas se représenter.
  • la souveraineté est indivisible : soit le peuple est souverain, soit il ne l’est pas, il ne peut pas l’être à moitié, ou bien il a les compétences générales soit il ne les a pas.
  • la souveraineté est infaillible : « [...] la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l'utilité publique ». Toutefois que « On veut toujours son bien, on ne le voit pas toujours. Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe [...] ». Et comment trouve-t-on l'intérêt général? « Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale; celle-ci ne regarde qu'à l'intérêt commun; l'autre regarde à l'intérêt privé, et n'est qu'une somme de volontés particulières: mais ôtez de ces mêmes volontés les plus et les moins qui s'entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale. ».
  • la souveraineté est absolue : elle ne peut pas se borner.

Ce qui fait avancer les corps politiques est les lois débattues, ratifiées, votées par le souverain et appliquées par le gouvernement.

Rousseau au chapitre VI fait de la loi un acte général et abstrait :

« Mais quand tout le peuple statue sur tout le peuple, il ne considère que lui-même; et s'il se forme alors un rapport, c'est de l'objet entier sous un point de vue à I‘objet entier sous un autre point de vue, sans aucune division du tout. Alors la matière sur laquelle on statue est générale comme la volonté qui statue. C'est cet acte que j'appelle une loi. »

La loi exprime un rapport quelque part un équilibre entre ce qui doit être et ce qui peut être. Pour Rousseau, la loi ne touche pas un individu en particulier, mais la loi doit rester générale ne voulant pas dire vague parce qu’elle est l’expression de la volonté générale et doit s’adresser à tous.

« On voit encore que, la loi réunissant l'universalité de la volonté et celle de l'objet, ce qu’un homme, quel qu’il puisse être, ordonne de son chef n'est point une loi: ce qu'ordonne même le souverain sur un objet particulier n'est pas non plus une loi, mais un décret; ni un acte de souveraineté, mais de magistrature.

J’appelle donc république tout État régi par des lois, sous quelque forme d'administration que ce puisse être: car alors seulement l'intérêt public gouverne, et la chose publique est quelque chose. Tout gouvernement légitime est républicain : j'expliquerai ci-après ce que c'est que gouvernement. »

Que le gouvernement prenne la forme d’une monarchie ou d’une démocratie ne pose pas problème à Rousseau, ce qui est important est que le régime soit républicain et que la loi soit la clef de voute.

Rousseau est le digne hérité de Machiavel faisant de la Respublica, des lois, la souveraineté du peuple, la clef de voute de tout État qui se réclame légitime équitable ou juste.

Annexes

References

  1. Alexis Keller - Wikipedia
  2. Alexis Keller - Faculté de droit - UNIGE
  3. Alexis Keller | International Center for Transitional Justice
  4. Barbara Roth-Lochner, Dans Sont Livre "d. Fonctionnement Des Institutions Genevoises Sous L'ancien Régime (n.d.): n. pag. Web. <http://www.patrigest.ch/Dufour-5b.pdf>.
  5. Contractualisme. (2014, juillet 4). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 21:30, juillet 31, 2014 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Contractualisme&oldid=105175730.