Relations Internationales : théorie et éthique

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Relations Internationales I

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I. Introduction

Parmi les nombreuses approches théoriques contemporaines permettant d'analyser les relations internationales, ce cours traitera de quatre paradigmes (pour plus d'informations sur ce concept que l'on doit à Thomas Kuhn, se référer à[page]) parmi les plus importants du champ académique actuel :

  • le réalisme ou « Real Politik » : les relations internationales sont des relations interétatiques, le seul droit qui régisse le monde c’est la loi du plus fort. La nation c’est le peuple et l’Etat c’est l’organisme froid qui détient tout le pouvoir. Les forts commandent le monde et les faibles doivent se plier à leur volonté.


  • Le libéralisme : ils croient dans le pouvoir du droit qui régisse les relations internationales. Dans le libéralisme commerciale le commerce constitue une incitation à la collaboration et au maintien des bonnes relations entre sujets de droit international. Le néolibéralisme politique n’est pas du tout connoté négativement car c’est différent du néolibéralisme économique qui prône la déréglementation du commerce.


  • le globalisme ou néo-marxisme : les relations internationales sont des relations interclasses. Le système économique mondial capitaliste domine le monde actuel mais les choses changent à l’intérieur du système jusqu’à faire changer le système même. Ce changement est prévu prochainement.


  • Constructivisme : la réalité des relations internationales est une réalité construite, les relations internationales sont des relations inter-identitaires. Par exemple les Etats Unis ont plus peur de 5 bombes atomiques nord-coréennes que de 500 britanniques. Cela est explicable par le fait que les étasuniens se sentent beaucoup plus proches aux britanniques du point de vue identitaire et donc ils en ont pas peur.

Chacun de ces paradigmes décrit le monde de façon différente car il se pose des questions différentes. Dans le cadre de ce cour on analysera dans le détail la vision de chacun entre eux avec l’aide de certains textes.

II. Le réalisme

1. Le réalisme politique

Ce qui compte c’est la puissance, la puissance et la puissance. Le plus fort impose ce qu’il veut, le plus faible se plie. Les acteurs sont les seuls acteurs (essentiels) des relations internationales car les OI sont seulement des marionnettes au service des Etats. Tous les Etats réagissent grosso modo de la même manière car la nature humaine (ici utilisée pour expliquer le comportement de l’Etat) est unitaire et rationnelle (chacun a rationnellement comme principal intérêt le POUVOIR). Pour pouvoir garder le pouvoir il faut maintenir sa propre réputation et faire peur aux autres.Le pouvoir : certains réalistes le définissent comme la somme de la capacité économique, technologique, militaire, diplomatique et toutes les autres capacités possédées par un Etat. Le pouvoir doit aussi être vu relativement à celui des autres Etats. L’interdépendance entre Etats est mauvaise car diminue la sécurité de chacun (climat de méfiance), donc c’est crucial de s’emparer des ressources naturelles nécessaires à sa propre survie. Le système international est vu de deux façons chez les réalistes : c’est anarchique d’un côté et interactif de l’autre car des alliances sont formées pour la théorie de la balance des pouvoirs. Dans la même période en Inde et en Chine des penseurs font des réflexions similaires qui énoncent la pensée réaliste.Carr avance en premier le mot « réalisme », même si le mot « Real Politik » existait déjà depuis Bismarck.

Thucydide, la guerre du Péloponnèse

Thucydide est le premier écrivain de la tradition réaliste et aussi le père fondateur des relations internationales. Son but est d’expliquer la nature de la guerre et pourquoi elle revient tout le temps, pour cela il étudie l’histoire pour en faire une guide pour le futur. Pour lui la vraie cause des guerres c’est la peur des autres puissances. Le texte présenté est imprégné de réalisme politique qui décrit les guerres grecques du V siècle. Dans l’extrait présent dans le polycopié on trouve l’épisode des Athéniens qui arrivent Mélos pour le conquérir et débattent avec les méliens qui essayent de se sauver. Au feuille 33 il y a un hommage à la démocratie athénienne et sur l’Etat de droit qui détermine la hiérarchie étatique. On trouve déjà des signes du cosmopolitisme (ancêtre de la globalisation). Quelque page plus avant (feuille 36) on trouve une phrase très parlante :« les arguments de droit n’ont d’importance que s’ils ont la même puissance que l’armée des adversaires, autrement ils viennent écrasés. ». On voit bien ici le fonctionnement de la civilisation grecque, dans laquelle la démocratie régnait à l’intérieur des Etats et l’anarchie (loi du plus fort) dominait le plan international. Les méliens essayent de démontrer aux athéniens que c’est aussi dans leur intérêt de laisser libre leur cité. (l’intérêt est un argument très cher aux réalistes. Pour eux toute action est faite pas intérêt). Les athéniens répondent : « plus dangereuse serait votre amitié, qui nous discréditerait. Votre assujettissement est la preuve de notre puissance ». ici on trouve un autre grand principe du réalisme politique : l’importance de la réputation . la puissance perçue par l’ennemi est aussi importante que la puissance réelle. Ex : c’est dans l’intérêt des français, des américains,… de faire la guerre en Afghanistan même s’ils ne craignent pas d’être attaqués pas les talibans car de cette façon il montrent leur puissance politique et font peur aux autres.Ex II : l’OTAN a combattu aux Balkans pour préserver sa crédibilité. L’OTAN a dit aux serbes d’arrêter les hostilités, les serbes ne l’ont pas écouté, il est intervenu pour montrer d’avoir le pouvoir de faire respecter son avis.A la fin de l’extrait les athéniens envahissent Mélos et tuent tous les méliens. Voila ci de suite quelques uns des autres thèmes soulevés :- Peu importe qui est une personne (ses caractéristiques physiques et caractérielles), la seule chose importante est où elle se trouve : si elle a une armature athénienne se comportera comme un athénien et vice versa. Ce qui compte c’est la puissance.- La ligne politique meilleure c’est de traiter les plus faibles avec modération car ils ne sont pas dangereux et un attaque trop brutal pourrait réveiller une autre puissance.- La méfiance : il ne faut jamais faire confiance à personne car chacun regarde uniquement ses propres intérêts et il est prêt à trahir pour les poursuivre.- Ne veulent pas expliquer chaque événement dans le détail (théorie trop simpliste pour le faire dans le monde complexe actuel) mais veulent montrer la ligne de conduite des grands évenements.

Ibn Khaldûn, discours sur l’histoire universelle, 1379

- L’homme est politique par nature (idée née chez Aristote).- L’homme a deux instruments défensifs : la pensée et la main. Le premier, la raison, le fait coopérer avec les autres en lui faisant comprendre d’en avoir besoin pour survivre et se défendre (idée présente aussi chez Hobbes et Rousseau). L’homme est un animal social car grâce à la coopération remède à sa faiblesse.- L’homme est agressif par nature, pour vivre en société il faut qu’il y aie un modérateur qui puisse la gérer. De ce principe découle la hiérarchie sociale.- Argument réaliste : il n’y pas besoin du don prophétique pour gouverner, les prophètes ont tort. La puissance est bien suffisante pour s’imposer sur les autre.- Khaldûn anticipe les problèmes qui soulèvera Hobbes.

Thomas Hobbes, le Léviathan, 1651

L’homme est un loup pour l’homme mais en même temps il est obligé de vivre en société car sur le plan de la force corporelle l’homme le plus fort n’est pas à l’abri de l’homme le plus faible donc tout homme est vulnérable à tout autre, il faut un société qui lui garantisse protection. Tous les hommes se méfient de tous les autres car entre eux il y a une égalité d’aptitude (égalité d’espoir de rejoindre leur objectifs). Les problèmes surgissent lorsque plusieurs hommes ont les mêmes objectifs exclusifs. L’objectif le plus important dans la vie c’est survivre et les hommes sont prêts à tout pour assurer leur survie. Pour Hobbes la meilleure défense c’est l’attaque, il faut prendre les devants, se rendre maître d’un maximum d’hommes possible car chaque individu est potentiellement une menace. Les hommes qui mirent à la gloire se poussent encore plus loin dans ce processus. Tout ce la est légitime car il découle directement de la condition humaine : rien ne peut être injuste car là où il n’y a pas de pouvoir commun il n’y a pas de loi. Un autre conséquence de cet état c’est qu’il n’existe pas de propriété, chacun garde ce qu’il a jusqu’au moment où un autre le lui enlève. Il y a trois causes de conflit :- Rivalité : les intérêts peuvent être la richesse, les femmes,…- Méfiance : l’intérêt est principalement la sécurité (mesures préventives)- Fierté : intérêt de réputation. La solution à cette guerre de tous contre tous c’est le Léviathan : une puissance supérieure qui contrôle tout le monde. Si on déplace ce concept au niveau international il faudrait une police mondiale pour mettre fin à la situation de guerre permanente. Aujourd’hui pour les réalistes on se trouve encore à ce stade-là ; car un état de guerre ne veut pas forcement dire qu’il y a des combats effectifs mais signifie qu’il y a constamment une situation instable où la méfiance règne souveraine et une guerre est toujours possible et parfois même souhaitable. Il n’y a pas le concept d’injustice car il n’y a pas de loi. Chaque condition est relative à l’intérêt individuel. Hobbes à la fin de l’extrait inclus un principe de pensé libéral :« les passions qui inclinent les hommes à la paix sont la crainte de la mort, le désir des choses nécessaires à une vie agréable, l’espoir de les obtenir par leur industrie. Et la raison suggère des clauses appropriées d’accord pacifique, sur lesquelles on peut amener les hommes à s’entendre. Ces clauses sont ce qu’on appelle en d’autre termes les lois naturelles. La paix à la fin arrive comme le résultat de l’égoïsme des Etats. C’est Fénelon qui introduit ce concept d’équilibre des forces : the balance of powers. Sur le long terme la plus grande puissance va prévaloir au moins que les faibles se réunissent, pour cela c’est dans l’intérêt de chaque Etat de ne pas laisser s’agrandir excessivement l’Etat voisin. La balance des pouvoirs explique comment des alliances fictives vont se créer pour contrebalancer les pouvoirs changeants. Là on voit bien que la puissance, si on veut analyser les relations internationales de manière subtile, c’est plus un problème de relations que de possession. La puissance est relative, dépend de la puissance de tous les autres car si tous les Etats possèdent ou ne possèdent pas la bombe nucléaire la situation reste la même. Ex : l’Iraq attaque l’Iran, tout de suite après USA, France, GB et URSS se mobilisent à l’aide de l’Iraq. Les occidentaux le font principalement pour crainte de la révolution islamique iranienne (argument plutôt constructiviste) mais l’URSS le font car si deux puissances moyennes ses voisines se font la guerre elles s’affaiblissent et faisant augmenter la puissance relative dans la région. En 1991 par contre, quand l’Iraq attaque le Kuweit qui est soutenu par l’Iran (première guerre du Golfe), les occidentaux avec les USA à la tête ont soutenu Iran et Kuweit. Cela car autrement l’Iraq serait devenu trop puissant. ====Fénelon, la théorie de l’équilibre, 1734====Les Etats vont en soutien des faibles pour garder la balance en équilibre, seulement cet équilibre peut porter à la sécurité publique. On peut faire la métaphore avec les voutes romaines : la voute ne tombe pas car les pierres se contrebalancent. L’équilibre est maintenu grâce à des moyens internes : les Etats réalisent par exemple des politiques natalistes pour garder leur puissance ou l’augmenter ; et des moyens extérieurs : grâce au système des alliances, ou au contraire à la politique « diviser pour mieux régner » (URSS qui soutien l’Iraq). Certains Etats sont protégés pour des raisons naturelles (ex : GB), d’autres se protègent avec la création d’Etats-tampon (petits Etats situés entre deux puissances) : les deux puissances s’équilibrent en permettant l’indépendance des Etats-tampon, si les deux puissances s’allient les Etats-tampon viennent écrasés (Pologne dans la II GM).Solution : dilemme de sécurité internationale Je divise pour mieux régner, j’essaye d’augmenter ma puissance par des moyens internes et externes. Si chacun agisse de cette façon là le résultat est une insécurité accrue pour tous car, si chacun double sa puissance en termes relatifs ne change rien mais par contre les enjeux s’accroissent. Les réalistes s’enfichent de la stabilité ou de l’instabilité car ils regardent que à eux même, on le voit bien dans la théorie des jeux : la méfiance fait en soit que tout le monde s’arme en augmentant le danger (démonstration de la course aux armements). Une stratégie alternative à la course aux armements est la course aux alliés. Cela aussi comporte des risques car si un allié fait une bêtise il faut l’assumer (ex : l’Allemagne a du soutenir l’Autriche en 1914 qui voulait s’allier avec la Serbie et en même temps était en rivalité avec la Russie (autre élément du dilemme de sécurité). Le résultat est que chaque Etat s’arme et forme des alliances pour garantir sa propre sécurité et, en faisant comme ça, rend les autres Etats encore plus méfiants car ils voient ces mesures comme agressives. Un système multipolaire est pour les réalistes classiques plus stable car il augmente la possibilité d’alliances. Machiavel aussi introduit dans le prince des concepts réalistes. But de l’ouvrage : expliquer comment gagner, maintenir et exploiter le pouvoir. La sécurité de l’Etat est tellement importante que le gouvernant doit être prêt à tout pour la garantir., il doit suivre les règles si il peut mais au moment de la nécessité il doit les enfreindre. L’étique et la politique ne peuvent pas aller ensemble.

2. Le néo-réalisme (ou réalisme structurel/systémique)

Kenneth Waltz, Theory of international politics, 1979

« les guerres, ou chaudes ou froides, peuvent être expliquées par la structure des relations internationales ». Pour lui l’existence de deux grandes puissances porte en soi même les germes d’un conflit car l’une comporte un danger pour l’autre et inversement, c’est structurel car ça va au delà des moeurs, des consciences,… (Sparte vs Athènes, USA vs URSS,…). Dans son premier ouvrage : les trois images des relations internationales, il fait une analyse basée sur trois niveaux- Individuel : la guerre ressort de la nature humaine ( critique : comment expliquer les périodes de paix ?)- Etatique : la guerre ressort de la nature des Etats- Systémique : la guerre est la résultante du système international.Analyse néoréaliste, Waltz, 1979Il est contre le réductionnisme : doctrine méthodologique qui réduit l’explication du monde international au niveau des unités (des Etats en l’occurrence). Elle explique le système international grâce uniquement aux caractéristiques et aux comportements des Etats (leurs désirs et leurs interactions). Il est contre car une vision qui se concentre sur le bas de l’échelle : les individus, est forcement relative car elle dépend de la position dans laquelle elle se trouve. Pour Waltz un ensemble de facteurs intervient entre les objectifs des Etats et les résultats effectifs les choses ne se passent toujours comme les Etats souhaitent). Pour cela il défend la théorie systémiste qui voit le monde comme un ensemble cohérent qu’il faut analyser depuis le haut (comme un ensemble justement). Selon cette doctrine le système contraigne et façonne les unités. Le néoréalisme refuse l’idée que la guerre est explicable uniquement par l’envie irréfrénable de pouvoir des hommes. La vraie cause c’est le système anarchique façonnant, dans lequel les Etats peuvent se faire la guerre pour la soif du pouvoir mais aussi pour assurer sa propre sécurité. Les Etats s’allient principalement car ils ont peur les uns des autres. Structure du système international :Elle est analysable selon trois éléments- Principe d’arrangement : la hiérarchie gère les systèmes internes, l’anarchie règne dans le système international. On peut faire une analogie micro-économique : l’homo aeconomicus essaye de maximiser son intérêt individuel et le résultat c’est la concurrence parfaite du marché. Le système international est un système dans lequel les Etats peuvent compter seulement sur eux-mêmes et où la survie règne comme premier objectif de chacun et donc, au niveau de la politique, la SECURITE (ici on voit une différence avec le réalisme classique qui mettait au premier plan le pouvoir). Dans la réalité internationale il y a le mécanisme de sélection darwinienne, seulement les plus aptes vont survivre, les Etats faibles doivent se plier autrement ils disparaitront.- Entre les Etats souverains il n’y a pas de différence, ils ont tous les mêmes fonctions à leur intérieur (armée, corps diplomatique,..) et appartiennent tous à la même jungle. Chaque Etat agit de façon rationnelle lorsqu’il imite les autres : c’est la meilleure façon de se protéger. Les principes et les caractéristiques des Etats sont donc stables car d’un part le système international reste la jungle, d’autre part les Etats ils s’imitent l’un l’autre. La seule chose qui varie c’est le point 3 :- Distribution des ressources : cette distribution détermine le pouvoir, elle est relative : l’important c’est combien de ressources un Etat a par rapport aux autres. Elle détermine si le système est unipolaire, bipolaire ou multipolaire.Régularités du système international :- La guerre est normale et naturelle car elle est la conséquence première de la méfiance entre Etats.- Au niveau international règne l’indépendance tandis que au niveau interne règne l’interdépendance (la division des tâches). La structure internationale limite très fortement la coopération à cause de deux facteurs : o Le dilemme de la sécurité et gains relatifs (trop de coopération renforce les Etats rivaux). Ex : dans le commerce entre USA et Chine la Chine a un gain relatif supérieur. Les USA arrêtent de commercer car ils perdent de puissance.o La sécurité limite fortement la quantité acceptable d’interdépendance car une guerre est toujours possible contre n’importe quel Etat. - Chaque Etat, en se préoccupant que de soi, rend impossible une préoccupation pour le changement du système. (chaque Etat pense seulement à survivre).- L’anarchie a des vertus : la force pouvant être utilisée limite la possibilité des manipulations (méfiance générale), modère les demandes d’action et encourage la recherche des solutions diplomatique (peur de la guerre).Processus de la politique réaliste : les intérêts de survie et de puissance pour les classiques portent aux contraintes du système international (le stabilisent). Le système international développe la rationalité des Etats qui les amène a se préserver et à se renforcer constamment.- Equilibre des forces : il se produit automatiquement suit à l’anarchie international et à l’instinct de survie des Etats. Il se produit grâce à des moyens internes et externes aux Etats.- Il s’oppose à la vision du réalisme classique selon laquelle un système multipolaire serait plus stable que un système bipolaire à cause d’une majeure possibilité d’alliances. Les néoréalistes soutiennent que une majeure flexibilité augmente l’incertitude et le dilemme de sécurité et rend plus fréquents les mauvais calculs (perception mauvaise de la puissance des autres). Dans un système bipolaire l’incertitude baisse car les puissants visent à perpétuer le système. Le plus grand danger de guerre dans un monde bipolaire c’est la réaction excessive d’une des deux puissances, ce qui est moins dangereux que la plus haute probabilité de mauvaise perception de la force des autres présente dans un monde multipolaire. Différence entre réalisme défensif et réalisme offensif :Un Etat peut s’armer et s’allier à d’autres pour deux raisons :- Pour faire une guerre ou attaquer quelqu’un (offensif)- Pour se protéger préventivement à un attaque ou pour attaquer un voisin avant de se faire attaquer (défensif).Le réalisme classique contemple plus le premier car le premier but d’un Etat et d’augmenter sa puissance, le néoréalisme voit plutôt le deuxième car les Etats visent avant tout à leur survie. Pour les réalistes (classiques et néo) la technologie militaire joue un rôle crucial car augmente les contraintes : les armes nucléaires dissuadent beaucoup plus les Etats de commencer une guerre que les armes conventionnelles. Cela rend le monde actuel plus stable que celui d’il y a cent ans. D’autre côté la peur et le danger général augmentent. L’histoire enseigne que l’excessive accumulation de pouvoir par un Etat ou une coalition d’Etats amène inexorablement à la défaite car elle suscite l’opposition de tous les autres (Waltz).

John Mearsheimer, The future of the American pacifier, 2001

Mearsheimer est un néoréalisme qui fait une prévision sur les changements de l’équilibre de forces dans le futur. Il admet que la fin de la guerre froide amènera a un système multipolaire plus instable dans lequel d’un côté le dilemme de sécurité en Europe augmentera à cause de la diminution de l’influence américaine, lepotentiel hégémon régional qui se profile c’est l’Allemagne. D’autre côté on verra l’affrontement entre Chine (puissance en devenir) et USA (puissance établie). Pour une excellente synthèse de cette partie, voir ce Tableau récapitulatif pour le réalisme et le néo-réalisme

III. Le libéralisme

1. Le libéralisme classique

Les relations internationales sont vues comme des relations entre nations. Les organisations internationales sont des acteurs importantes qui contraignent les actions étatiques et peuvent créer des résistances. La morale intervient à côté des rapports de force et l’Etat n’est plus vu comme un organe froid et unitaire mais comme un organisme composé de différentes dimensions (gouvernement, entreprises, associations, population, meurs, culture,…). Les individus (et les groupes) sont les acteurs fondamentaux des relations internationales, ils sont des êtres rationnels dans le sens qu’il prennent des décisions sur la base d’un calcul coût/bénéfice. Chaque acteur social cherche à promouvoir ses propres intérêts (de nature matérielle ou spirituelle) pour atteindre le bien être tel qu’il le définisse, à travers l’action de ses membres. L’Etat a comme tâche la défense des intérêts des particuliers sur la scène internationale (car eux ne peuvent pas le faire directement), et pour cela il est complètement dépendant d’eux. L’intérêt national reflète les demandes sociétaires des acteurs les plus influents (qui ont le pouvoir de lui faire pression) et il est donc pluraliste. Pour les libéraux d’un Etat n’est pas a priori exclusif de celui de tous les autres, au contraire il évolue progressivement vers une prise en compte des intérêts nationaux d’autrui étant donné que la défense d’un intérêt national égoïste se révèle de plus en plus coûteuse dans un monde caractérisé par l’interdépendance complexe croissante. Le libéralisme classique nait pendant la renaissance, avec la naissance su « tourisme primitif » initié par la nouvelle classe commerçante qui voyage beaucoup. Inventions déterminantes :- La poudre : Les armes deviennent plus chères à cause de l’invention de la poudre et les rois commencent à avoir besoin de banquiers.- La boussole et l’astrolabe : les bateaux peuvent voyager beaucoup plus loin de côtes et donc aussi plus loin en sens absolu.- Imprimerie : accès directe à la Bible pour tout le peuple. L’intermédiaire du prêtre n’est plus nécessaire, c’est le débout de l’individualisme. Développement du droit international :- Francesco de Vittoria (1480-1549) : Est le premier à reconnaitre des droits aux païens (notamment aux indigènes amérindiens) et à limiter le pouvoir des rois (ne suffis pas qu’une guerre soit religieuse pour qu’elle soit juste).- Alberico Gentili (1552-1602) : L’homme est un être sociale et doit assistance aux autres, les océans appartiennent à tous et tous ont le droit de passage.- Jean Bodin (1530-1595) : première grande définition de la souveraineté : caractéristique de l’Etat et non des individus, elle est perpétuelle (« le roi est mort, vive le roi »).- Adam Smith et la main invisible Un grand principe du libéralisme c’est « pacta sunt servanda » : les Etats ne doivent pas respecter les traités signés à cause d’une obligation juridique mais par intérêt personnel (pour garder la confiance des autres Etats). Le gain absolu sur le long terme est plus important du gain relatif du non respect d’un seul contrat. On voit bien ici que aussi chez les libéraux l’intérêt est le moteur des actions. Il y a quatre grands principes dans le libéralisme : liberté, égalité, rationalité, propriété privée. Le système international est anarchique mais il pourrait devenir pacifique grâce au libéralisme commercial (interdépendances entre Etats bonne car garant de la paix) et au libéralisme démocratique (dans démocratie les gouvernements doivent tenir compte de l’opinion publique). Pour les libéraux ce n’est pas le système qui façonne le comportement des Etats mais le contraire, l’homme a le pouvoir d’action sur le monde. Il en découle que le changement est possible. Les pluralistes voient un monde qui bouge de plus en plus vers la paix grâce à l’interdépendance (commerce) et à la démocratie.

Montesquieu, de l’esprit des lois, 1748

« L’effet naturel du commerce est de porter à la paix »====Emmanuel Kant, projet de paix perpétuelle, 1795==== L’état naturel de la société c’est la guerre, l’état de paix ne peut donc être institué que par une démarche volontaire. Ce système se tient sur trois articles définitifs :- La constitution civile de chaque Etat doit être républicaine : c’est la théorie de la paix libérale, lorsque c’est le peuple qui doit décider d’aller en guerre ou non sa rationalité lui fait choisir la paix car c’est lui directement qui en devra subir les coûts (pertes humaines, dégâts matériels, dette économique,…).- Le droit des gents (DIP) doit être fondé sur une fédération d’Etats libres : une fédération d’Etats doit progressivement de constituer et s’élargir ensuite à tous les Etats du monde. La seule façon de sortir du système anarchique c’est de créer un gouvernement mondial. Cela peut se réaliser si un peuple puissant et éclairé (il pense aux USA) face le premier pas (théorie des biens publics : un acteur puissant lance un bien collectif qui profite à tous).- Le droit cosmopolite doit se borner aux conditions d’une hospitalité universelle : chaque individu (citoyen du monde) doit avoir le droit de passage dur tout territoire.Suppléments de garantie de la paix perpétuelle : le commerce et l’écoute des savants et des philosophes. L’élément central de l’analyse de Kant c’est la raison, c’est la raison qui amène inexorablement à la paix perpétuelle (à la condition que les trois postulats soient remplis). « même un peuple des démons, pour autant qu’ils aient la raison, aboutirait au même résultat de paix perpétuelle. Pour les libéraux classiques, le système international est anarchique dans le sens où il n’est par hiérarchique. Il pourrait devenir pacifique grâce au commerce et au libéralisme démocratique. Pour Kant c’est bien que les peuples soient séparés car c’est la naturel qui a voulu ainsi à travers deux moyens : la diversité des langues et des religions. Ces diversités culturelles font qu’il n’y aura jamais un Léviathan (Kant est un libéral car il pense que chacun doit pouvoir choisir ses croyances,…), Kant est le défenseur suprême de la liberté.Woodrow Wilson reprend cette idée en disant qu’il faut développer la démocratie à tout prix, même à travers les armes. Il prévoit deux mesures à la fin de la guerre : la constitution de la société des nations (homogénéité, coopération, débat politique) avec l’objectif de rejoindre une paix mondiale grâce à ses 14 points :- Il faut des accords publics et libéraux entre les Etats et non des accords secrets- Il faut supprimer dans le possible toute barrière économique- Liberté absolue de navigation sur la mer (droit de visite maritime)- Arrangements libres de toutes les revendications coloniales (poids égal entre colonisateurs et colonisés qui pénalise beaucoup l’Europe et très peu les USA car ils ont très peu de colonies)- Une société générale des nations où on trouve la garantie réciproque de la préservation territoriale et politique, aux petits comme aux grands Etats.- L’équilibre des forces doit être plus que jamais discrédité car la I GM a très largement montré ses limites. Les deux éléments qui empêchent cette théorie de fonctionner comme prévu sont :o Nationalismes et alliances culturelleso Démocraties qui n’acceptent pas la flexibilité des alliances

2. Le néo-libéralisme

Se développe après la 2ème Guerre Mondiale, avec la construction d’un monde nouveau et le boom des organisations internationales qui ont le pouvoir d’imposer des limites importantes aux Etats à travers les règles du droit international. Les puissances viennent limitées dans leur effectivité grâce aux nouvelles relations économiques, scientifiques, etc… C’est un paradigme politique qui croit que plus il y a des règles et des institutions, mieux c’est pour le système. Il est contraire à la doctrine du néolibéralisme économique, c’est un paradigme plutôt associé à la gauche. Eléments importants :- L’Etat n’est pas unitaire mais un conglomérat d’institutions. Les décisions sont prises sur une base organisationnelle (qui faut étudier de façon sociologique) et sur une base bureaucratique (jeux des alliances, des intérêts contrastants,..). il en résulte que les décisions prises ne sont pas toujours rationnelles dans l’ensemble.- Les acteurs trans-gouvernementaux (OI, ONG, multinationales) ont une certaine autonomie. Les acteurs spécifiques d’un domaine non politique ne passent même pas par l’Etat (ex : poste internationale).- Il y a d’autres domaines importantes en plus que la sécurité : un Etat peut être faible militairement mais très fort dans un autre domaine. Les néolibéraux analysent la puissance relative à chaque domaine (Ex : top 10 puissances financières).- La distinction entre politique intérieure et extérieure perd d’importance : les deux s’influencent mutuellement. (Ex : la politique extérieure des USA par rapport à Cuba est influencée par les immigrés cubains anticastristes qui se sont installés en Californie et se sont naturalisés américains). L’intérêt du néolibéralisme est de partir d’un constat sombre par rapport à la nature humaine (hobbésienne) et montrer que la collaboration est comme même possible. Ils montrent que, malgré la présence constante des guerres, elles sont peu par rapport au nombre de guerres possibles, pour eux la paix est normale et le conflit exceptionnel (le verre est à moitié plein). Il faut se rappeler que même pour les réalistes la collaboration est possible parfois (jeux d’alliances), la différence est plus complexe et au niveau des motivations. Théorie des biens publicsBiens privés : divisibles (plus on en consomme, moins il y en a) et exclusifs (appartiennent à une personne qui à le droit de propriété). Pour les libéraux ils sont indispensables pour garantir la liberté (idéologie libérale de la propriété privé).Biens publics : indivisibles (infinis) et non exclusifs (n’appartiennent à personne). Ex : haute mer, air, sécurité,…Problème : personne veut contribuer à la création d’un bien public pour ensuite l’offrir gratuitement aux autres (free riders). On peut appeler ce mécanisme le dilemme du prisonnier multiple : le mieux c’est qu’un autre paye, le pire c’est que je suis le seul à payer. L’intérêt individuel entre en collision avec l’intérêt collectif.Solutions : - une puissance hégémonique intervienne (comme chez Kant)- petit groupe plus intéressé plus que les autres au bien public fait l’effort.Ex : travail collectif scolaire, normalement dans le group il y a toujours quelqu’un qui ne veut pas travailler, en ce cas là les meilleures (qui tiennent à avoir une bonne note) font le travail pour tout le monde.Ex : systèmes fiscaux nationaux : les petits exploitent l’argent des gros.Ex : l’OTAN a un système de financement proportionnel (chaque Etat paye selon son PIB. Si les grands arrêtent de payer l’organisation disparaisse.Il y a aussi des intérêts pour les gros qui « se sacrifient » car de cette façon il font partie du club des décideurs. Ex : France et GB participent aux actions internationales pour continuer à être des membres permanents du conseil de sécurité.- l’ombre du futur : les acteurs coopèrent pour instaurer un climat de confiance qui permettra d’effectuer des autres coopérations dans le futur. Pour les libéraux le dilemme du prisonnier se stabilise dans la cage de double coopération si la question est périodique. (attention : l’enjeu de doit pas être d’importance vital car autrement la méfiance s’instaure).Régimes internationauxl’organisation du système internationale sur le plan théorique de convergence des atteintes se fait autour de 4 niveaux :1. Principes : principe du libre commerce, de la non prolifération nucléaire,…2. Normes : norme de la non discrimination,…3. Règles : dispositions juridiques précises et spécifiques4. Procédures de décision : règlements sur la mise en oeuvre de la loi. On a une situation « Gulliver » : les Etats puissants sont tenus par une multitude de petites ficelles (beaucoup de domaines internationaux réglés par des régimes). Ils respecteront les régimes pour obtenir un gain absolu majeur sur le long terme. Attention : un régime n’est pas une organisation ! il y a des organisations réglés par des régimes (CECA, CEE, UE) mais d’autres qui ne le sont pas (OMC). Une organisation international a la gouvernance sans être un gouvernement. En conclusion le libéralisme (classique et néo) se concentrent sur le SOFT POWER, c’est la force des idées et des influences cultures qui s’oppose à la force des armes (hard power) réaliste.===3. Le fonctionnalisme===Le précurseur de cette nouvelle branche du libéralisme est David Mitrany, il écrit une théorie fonctionnelle des relations internationales (fonctionnalisme : fait une analogie la société et le corps humain, il voit chaque branche de la société comme un organe fonctionnel du corps humain). En ‘44 il fait une critique de la Société des Nations, il soutient que la meilleure manière d’assurer la paix mondiale n’est pas de viser tout de suit trop haut, en forçant les Etats à se mettre tous, du jour au lendemain, à se mettre sur un pied d’égalité absolue. Pour lui il faut commencer par la base, en sélectionnant une fourchette d’activités nationales de type technique, qui profiteraient tout de suite à tout le monde sur le plan international. (ex : voies de communications internationales comme les chemins de fer, la navigation, etc…). c’est la logique du bottom-up, qui commence par instaurer la confiance pour ensuite aborder les vrais problèmes politiques internationaux. Les acteurs individuels, en étant rationnels, savent de devoir bien gérer les ressources et les technologies pour s’assurer un bien-être durable. Les fonctions qui ne sont pas satisfaites vont créer par elles-mêmes des structures pour se satisfaire. C’est le structuro-fonctionnalisme (système par lequel les fonctions vont créer leurs propres organes. Sur le plan international on parle d’organisations internationales). Merton développera aussi une grande théorie fonctionnaliste qui va dans cette direction. Cas pratique : Chicago est inondée par les immigrés venants de toute part du monde. Cela révèle un problème structurel : la constitution américaine, qui veut à tout prix diviser le pouvoir, fait en soi qu’il n’y aie pas de guichet unique pour les besoins des immigrés. De cette façon ils sont obligés de passer par beaucoup d’étapes d’une procédure complexe et la plus part renonce à cause aussi des problèmes de langue. Petit à petit Chicago développe une structure propre qui offre des services à la tête du client (multi-langue, simplifiés,...). Un autre problème naît à ce point là : les autorités commencent à demander un vote en échange de l’aide fourni : corruption.

3. Le néo-fonctionnalisme

Il est parfois possible d’accélérer le processus bottom-up en faisant un peu de top-down : créer des collaborations politiques qui produisent l’effet « boule de neige » ou à débordement.Exemple de top-down : 1950, déclaration du français Schumann qui propose la création d’une communauté européenne du charbon et de l’acier qui réunisse France et Allemagne en rétablissant le rapport de confiance entre elles. Les buts à long terme de cette collaboration est de s’élargir à tous les Etats européens et d’établir une solidarité de fait qui porte à une paix durable. La CECA c’est ensuite transformée en Communauté économique européenne (traité de Rome 1957), en communauté européenne (traité de Maastricht 1992) et enfin en union européenne (traité de Lisbonne 2009). ===4. Le transnationalisme et la théorie de l'interdépendance===L’accent est mis sur la collaboration internationale favorisée par les différents acteurs qui développent l’interdépendance. Interdépendance : d’une côté les effets réciproques entre Nations et de l’autre entre les différents acteurs à l’intérieur des différents Pays (Ex : rentiers britanniques qui achètent des actions en Amérique latine. Cette interdépendance a deux caractéristiques :- Sensibilité : à court terme les Pays sont sensibles à un changement politique négatif et adaptent leur politique de conséquence.- Vulnérabilité : à long terme un changement politique négatif peut révéler la vulnérabilité d’un Pays. Ex : Si le Moyen Orient ferme les flux de pétrole vers le Japon ce dernier réagira à court terme en mettant en place des politiques d’adaptation (journées sans voitures, transports publics plus performants,…). A moyen terme la situation s’améliore mais é long terme la vulnérabilité du Japon face à son besoin de pétrole va ressortir.L’interdépendance dans le monde moderne est complexe, beaucoup des relations se créent dans beaucoup de domaines différents. L’analyse du pouvoir reste centrale et est faite relativement à chaque domaine (distribution de la puissance). L’interdépendance complexe est régulatrice est empêche la formation d’une force militaire opprimante.

John Ikenberry, the rise of China and the future of the West, 2008

Il voit, comme Mearsheimer, le danger de la Chine montant en puissance. La différence entre les deux est que Ikenberry c’est un libéral, donc un optimiste du système international. Il croit que les USA, s’ils agissent intelligemment, peuvent éviter le conflit culturel. Plus particulièrement en doublant les efforts pour intégrer les pays en voie de développement dans les institutions internationales clés. L’OMC jouera aussi un rôle très important car il pourra favoriser la collaboration commerciale entre les deux puissances et aussi avec les pays en voie de développement. En conclusion les USA doivent accepter la montée en puissance de la Chine et son accru pouvoir décisionnel pour permettre aux institutions internationales en place de survivre au changement. Pour une excellente synthèse de cette partie, voir ce Tableau récapitulatif pour le libéralisme et les variantes du néo-libéralisme==IV. Le globalisme (ou marxisme systémique)==Marx est le fondateur de cette théorie, il est un économiste bourgeois, un philosophe hégélien même si plus matérialiste de Hegel. Sa théorie repose sur une analyse du système économique et de son organisation, il explique le passage de l’ancienne économie féodale au capitalisme économique et prédit la faillite de se dernier qui laissera la place à la révolution communiste. Dans cette dernière étape tout appartiendra à tout le monde : « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins, dans un monde d’abondance et prospérité ». il analyse les classes du système capitaliste par rapport au rôle qu’elles ont dans le système de production : les capitalistes gagnent leur vie grâce au profit des entreprises, les prolétaires en vendant leur force de travail sur le marché du travail. Piliers du marxisme- Les relations internationales sont des relations interclasses déterminées par rapport à leur position dans le processus de production capitaliste.- Le système international est anarchique et inégalitaire, on voit typiquement l’exploitation du Sud par le Nord, l’exploitation de ceux qui n’ont pas par ceux qui ont.- C’est une théorie plus proche du réalisme que du libéralisme, même s’il faut admettre que le libéralisme aussi a eu une influence, par exemple par rapport au commerce : pour les globalistes aussi, les phénomènes commerciaux sont au coeur de l’explication. L’économie est la superstructure du système, tout le reste (politique, culture, technologie,…) fait partie de l’infrastructure et est donc complètement dépendant de l’économie (son mirroir).- L’histoire est très importante car elle nous aide à comprendre le monde actuel. Pour Marx le processus est inévitable, les hommes n’ont pas le contrôle sur lui. Il ne dénonce pas le colonialisme par exemple, car il a aidé à répandre le capitalisme dans le monde, étape essentielle dans le chemin vers le communisme.- L’explication doit se baser sur les intérêts des classes, intérêts diamétralement opposés entre capitalistes et prolétaires (réalistes : intérêts des Etats, libéraux : intérêts des acteurs internationaux).Théorie de la dépendance : les capitalistes du Nord, du Sud et le prolétaires du Nord s’allient pour exploiter ensemble les acteurs les plus en bas de l’échelle : les prolétaires du Sud.- L’homo aeconomicus est au centre de l’explication mais il estdestiné à laisser la place à un homo sociologicus qui pense d’abord à l’intérêt général et ensuite à son intérêt personnel, qui agit sur la base de règles données par des normes et des valeurs sociales de justice.- Le nationalisme est condamné par l’évolution sociale qui bouge vers l’internationalisation des marchés. L’interdépendance est une bonne chose car elle permet non seulement la circulation des biens mais aussi des idées.- L’abolition des classes entraînera la disparition des guerres (dues à l’antagonisme des classes). Ici on trouve la même idée que chez Rousseau : le mythe du bon sauvage.« les démarcation et les antagonismes nationaux entre les peuples disparaissent de plus en plus, rien qu’avec le développement de la bourgeoisie, la liberté du commerce, le marché mondiale l’uniformisation de la production industrielle et des conditions d’existence correspondantes (crédo du libéralisme économique). La suprématie du prolétariat les effacera encore plus (crédo socialiste) ».- Pour permettre l’émancipation des classes travailleuses il faut passer par la lutte pour une politique internationale morale et juste. Pour atteindre ces objectifs il faut que la classe prolétaire s’unisse sans plus aucun préjugé de type racial, culturel, etc…- La prospérité des peux riches dépend directement de la destitution de la majorité pauvre. (les riches de moins en moins nombreux et de plus en plus riches et vice versa jusqu’au moment de la révolution). Le marxisme, un peu oublié par les occidentaux pendant la guerre froide pour souci de prise de position, a été ressuscité après sa fin. Dans ses points forts il y a une capacité remarquable d’explication des phénomènes actuels, notamment les crises de plus en plus fréquentes du système économique et financier. De plus il met l’accent sur des dimensions structurelles pour expliquer le système international qui les autres paradigmes ont négligé.

Jean-Jacques Rousseau, que l’état de guerre nait de l’Etat social

« L’homme à l’état de nature est pacifique, craintif (et solitaire : n’a pas besoin des autres), l’honneur, les intérêts, la vengeance, toutes les passions qui peuvent lui faire braver les périls et la mort, sont loin de lui à l’état de nature ». il n’y a donc pas de guerre naturelle d’homme à homme mais que entre Etats : c’est un phénomène artificiel. Les Etats sont inexorablement soumis au dilemme de sécurité par leur nature artificielle : il est porté sans cesse à se comparer aux autre car c’est le seul moyen de connaître sa force. La société est faite d’hommes et pas d’Etats car les uns peuvent exister sans les deuxièmes mais le contraire n’est pas vrai. ===Théorie d’Emmanuel Wallerstein===« On est dans le basculement de changement de système ». On a abouti à un système d’économie monde vers la fin du siècle, le débout du nouveau sera marqué par le changement du système-même. Wallerstein est un peu moins fataliste que Marx, il confère aux homme le pouvoir de détermination du nouveau système qui va arriver. Au centre il y aura la lutte entre les conservateurs (ceux qui défendent l’ancien système) et les progressistes (pour le nouveau système). Wallerstein, comme Marx d’ailleurs, se concentre plus sur une critique du capitalisme que sur une théorie du communisme. Son analyse du système actuel :Le système d’économie monde capitaliste connaît un seul élément central : l’accumulation du capital qui se fait à travers le cumul des profits des économies nationales (centre > semi-périphérie > périphérie ). Cette hiérarchie s’explique par le transfert de plus-value du Sud vers le Nord (exploitation). Pour que cela fonctionne :- Il faut des marchés partiellement libres car c’est bien qu’il y aie des monopoles temporaires qui puissent cumuler rapidement beaucoup de profit : c’est l’accumulation du capital à réinvestir.- Il faut une structure interétatique de type politique qui permet ces marchés partiellement libres (conflit naturel d’intérêts entre capitalistes et prolétaires).Comment dépasser les conflits capitalistes – travailleurs :- Carotte : salaires qui augmentent avec l’augmentation des profits- Bâton : répression- Idéologie : propagande, manipulation. Les deux derniers sont à la charge de l’Etat tandis que le premier à celle des capitalistes-mêmes. Les capitalistes contrôlent la superstructure et donc gèrent aussi l’infrastructure. Institutions développées par le capitalisme à ses débuts :- Le ménage (XVI-XVIII siècle) : le ménage est la plus petite unité économique, elle génère les ressources (salaires, petits revenus de la vente, production des alimentaires pour sa propre subsistance, rentes des propriétés louées, transferts de l’Etat). Grâce à l’existence du ménage les capitalistes peuvent se permettre de donner un salaire plus bas et augmenter ainsi leur profit, de plus le ménage permet l’exode rural et le maintien des inégalités.- Géo-culture unificatrice : pour contenir les forces centrifuges (la révolution française par exemple, qui transforme les mentalités et instaure l’idée d’une souveraineté populaire et de la possibilité du changement social). Les autorités misent sur l’histoire commune et instaurent la peur de l’extérieur chez les prolétaires.- Développement idéologique du libéralisme : politique du consensus autour de reformes partielles (s’opposent à la fois aux conservateurs et aux socialistes radicaux).- La science remplace la philosophie et en partie la religion. Il y a une libération par le rationnel.- Incorporer les classes dangereuses : ils donnent des petites améliorations aux socialistes et aux nationalistes pour les garder calmes. (suffrage universel mâle, patriotisme populaire, Etat social : achat d’une paix sociale). Relations internationales : relations interclasses Pour que le capitalisme se développe et une accumulation maximale soit possible, il fait des puissances hégémoniques qui se développent dans le même sens que les marchés partiellement libres (au niveau conceptuel). Cycles de Konradief : cycles économiques de durée de 50-60 ans qui se caractérisent par une expansion poussée par les monopoles (première phase) et le déclin qui suit à cause de l’arrivée de la concurrence.Wallerstein reprend ce cycle mais à côté il théorise le cycle hégémonique : c’est une théorie des relations internationales, chaque cycle dure plus qu’un cycle de Konradief. Une puissance hégémonique se caractérise pas un forte production, un forte taux d’échanges et une flotte marchande puissante. Après le première guerre des 30 ans, qui s’est conclue avec le traité de Westfalie qui a créé les Etats-nations, commence le cycle hégémonique des Pays Bas. Vers le XVIII il y a le déclin qui s’achève à la deuxième guerre des 30 ans (guerres napoléoniennes qui se concluent avec le traité de Vienne). Le nouveau cycle hégémonique qui commence est celui du Royaume Unit. Après la troisième guerre des 30 ans (’14 – ’45) les Etats Unis prennent le devant. Aujourd’hui on se trouve dans la phase de décadence de ce cycle. Toutes ces 3 puissances ont agit de la même façon :- Elles ont réalisé une ouverture des marchés dans lesquels elles détenaient un monopole partiel tandis que dans les secteurs faibles elles ont eu plutôt une politique de fermeture protectionniste (ex : industrie textile britannique).- Elles ont fait en soi que toutes les transactions financières passent à travers elles (centralisation des transactions) pour pouvoir imposer leur monnaie comme référence.- Elles ont obtenu un droit de regard sur toutes les grandes décisions politiques à l’étranger.L’hégémonie s’exprime par la force (économique, financière, militaire,…), par le recours à des alliés (payés ou corrompus). Et par le soft power : persuasion idéologique, imposition symbolique. La puissance hégémonique façonne, Marx décrit cela comme processus d’aliénation. La politique internationale est aussi soumise à la politique d’accumulation mais tout ce qui monte doit à un certain moment descendre : les facteurs qui mènent au succès portent en eux les germes du futur déclin (ici Marx est un disciple de Hegel et de sa théorie du maitre et de l’esclave : l’esclave travaille et le maitre profite, à un certain point l’esclave se rend compte de se trouver au centre du système donc il prend le pouvoir et le renverse. Thèse, antithèse et synthèse). Dans le cas du capitalisme :Thèse : force, alliés, persuasionAntithèse :- coût financier de la force, plus on utilise la force plus on perd de légitimation et on soulève les autres contre soi.- en développant les alliés on les renforce et on diminue de conséquence sa puissance relative.- la persuasion, au bout d’un certain temps, provoque la fatigue chez les Etats subjugués. Bilan de la solution actuelle (toujours selon Wallerstein) On n’est pas seulement à la fin d’un cycle hégémonique mais on est à la fin du système-même ! Wallerstein apporte sept preuves à sa thèse :1. Le développement capitaliste polarise et augmente les inégalités, comme conséquence l’exode rural devient de plus en plus important vers les centres économiques.2. Urbanisation : c’est une conséquence du développement capitaliste qui installe les moyens de production. Mais l’urbanisation contribue aussi à augmenter les populations marginales des villes : problème structurel.3. L’illusion développementariste du capitalisme (avenir radieux) est de plus en plus dévoilée : les inégalités entre les Etats et à l’intérieur des Etats augmentent de plus en plus et seulement peu profitent de la prospérité capitaliste.4. Il y a eu une désillusion par rapport aux mouvements systémiques classiques (les mouvements de libération nationale du tiers monde disparaissent, les mouvements socialistes de gauche sont faibles et inintéressants, il y a de moins en moins de mouvements contestataires face au capitalisme).5. Le libéralisme idéologique a encouragé les requêtes pour une démocratie et pour un Etat social (pour une redistribution). La désillusion par rapport à ces espoirs provoque le mécontentement général (impôts élevées pour la classe moyenne,…).6. Problèmes écologiques croissants7. Remise en question des effets bénéfiques de la science qui apparaisse même dans l’évolution des mots : ceux qui étaient des savants aujourd’hui sont des chercheurs. Tous ces éléments remettent en question le système économique mondial de prospérité et la cohésion sociale entre Etats libéral-démocratiques. Bref ils mettent en évidence les contradictions du système. Prédictions pour l’avenirLes inégalités vont augmenter jusqu’à la révolution que changera le système. Wallerstein ne dit pas clairement quel système suivra (Marx non plus d’ailleurs car il n’explique pas exactement qu’es ce qu’il entend par communisme). Wallerstein :« on doit faire quelque chose car c’est notre responsabilité que d’améliorer le monde. On peut voir que le 50% des possibilités c’est faible, moi je le voie comme une grande opportunité ! ». Si jusqu’à présent il n’a fait que décrire le système capitaliste tel qu’il le voyait, dans la dernière partie ajoute un jugement de valeurs en proposant comment le monde pourrait changer en mieux :- Plus de démocratie effective- Plus d’égalité économique et politique « dans ce monde il y a deux esprits : l’esprit de Davos (WEF : intérêts des grandes entreprises) et l’esprit de Porto Alegre (World Social Forum où se rencontrent les nouveaux mouvements sociaux, les anti-néolibéralisme, les no-global etc… dans un climat sans hiérarchies pour discuter pacifiquement de la possibilité d’un nouveau monde). L’esprit de Porto Alegre incarne l’image de la gauche mondiale et a le réseau nécessaire pour lancer la révolution.

V. Le constructivisme (social)

Insiste sur la construction sociale de la société, qui est seulement partiellement volontaire mais qui découle aussi de dynamiques sociales involontaires. C’est une démarche sociologique qui, encore moins que Marx, se concentre sur des intérêts quelconques. Pour les constructivistes la société internationale est construite par des relations identitaires. Les réalistes, les libéraux et les globalistes voient comme mécanisme rationnel qui explique chaque action un calcul d’intérêts. Les constructivistes se demandent d’où viennent ces intérêts et trouvent réponse dans les identités. Par exemple on voit que des Etats avec des identités proches ont aussi des intérêts similaires. (Etats culturellement similaires : amis et alliés. Les Etats identitairement très opposés se jugent l’un l’autre dangereux). Alexander Went : « l’anarchie c’est ce que les Etats en font ». Cela pour dire que si les Etats se croient dans un monde anarchique créent un monde anarchique. Les valeurs, les atteintes et la perception que les sociétés et les Etats ont de leur environnement, créent et façonnent à travers leur comportement l’environnement-même. Les perceptions du monde façonnent le monde : tout réside dans l’interprétation de l’environnement. Les identités se concentrent sur des éléments idéales (cultures, codes, normes, perceptions,…). Les éléments matériels ne sont que le reflet des identités. Les identités peuvent être utilisées pour des finalités politiques : jouer sur les peurs depuis toujours est la tactique des partis populistes (ex : UDC et vote contre les minarets, Bush et la justification des ses guerres en Afghanistan et en Iraq,…). Eléments importants :- L’Etat n’est pas unitaire- Le système international est changeant car les identités et de conséquence les intérêts changent. L’échec de l’administration Bush à façonné le monde et a involontairement, à travers son échec, favorisé l’administration Obama. Les échecs changent les identités plus rapidement que les réussites car il favorisent la remise en question.- Il faut analyser les intérêts comme des variables dépendantes des identités. Les intérêts résultent des relations entre acteurs, du contexte. Les acteurs changent et sont changés par le contexte. Il y a une situation normale (légitimé par la norme), au moment ou elle pose trop de problèmes il y a une révolution qui porte au changement de la norme. Une nouvelle situation normale s’instaure.- Les interprétations et les perceptions des acteurs sont beaucoup plus importantes que les intérêts matériaux. Tout est relatif, le statut c’est le rôle qui est attribué à un acteur par les autres. Il y a deux vérités relatives : ce que un acteur croit être et ce que les autres croient qu’il est. Les deux sont légitimes. Notons que le constructivisme étudié en cours est la forme dominante/mainstream du constructivisme. Des formes plus critiques existent, voir notamment Dider Bigo en France.

VI. Conclusion du cours

Les paradigmes montrent une différente vision du monde car ils partent de postulats différents (vérités acceptées de base). La vérité n’est jamais donnée de façon brute mais elle est toujours filtrée par le cadre cognitif, il y a autant de vérités que d’êtres humains. Le point essentiel pour défendre sa propre réalité c’est la cohérence. Il faut persuader plutôt que séduire avec des théories démagogiques qui ne se basent sur aucun élément fondé. Cohérence théorique : il ne doivent pas paraitre des contradictions conceptuelles.Cohérence empirique : les faits réels, aussi bien les passés que les présents, doivent confirmer la théorie. Il faut considérer aussi les non-faits : ce qui ne s’est pas passé et que, selon une théorie, aurait du.

1. Comment concilier les paradigmes ?

- il est possible de prendre deux paradigmes différents et les appliquer sur différents niveaux d’analyse.Ex : utiliser le réalisme pour expliquer les politiques de défense (high politics : enjeux fondamentaux) et le libéralisme pour le niveau inférieur (commerce, environnement,..)Ex : avoir une théorie réaliste à court terme et globaliste à long termeEx : vision libérale pour expliquer la coopération internationale et constructiviste pour expliquer l’évolution de certains valeurs fondamentaux (me convainque personnellement)- utiliser dans différents domaines différents paradigmes.Ex : sécurité : réalisme, commerce : libéralisme,…- analyser le monde selon plusieurs paradigmes, l’un après l’autre : ce qu’il faudra faire à l’examen.

2.Critiques aux paradigmes

En premier lieu les paradigmes se critiquent l’un l’autre.

  • Constructivisme : en mettant l’accent sur le fait que les relations internationales varient continuellement tout st explicable mais aucune explication n'est vraiment satisfaisante. On peut tout expliquer avec la phrase « tout change » mais on ne peut pas faire des prédictions. (un peu comme la théorie Darwinienne).
  • Globalisme : comment expliquer le formidable développement économique des pays asiatiques et du Brésil dans les dernières années, alors qu’ils étaient des pays exploités par le Nord ? Le globalisme se concentre uniquement sur l’impérialisme économique mais ne donne aucune explication par rapport aux autres types d’impérialisme (politique, culturel,…)
  • Libéralisme : c’est une théorie riche en variables qui donne une bonne capacité de prédiction. Le problème c’est justement sa complexité. Les fonctionnalistes pêchent un peu de volontarisme : « l’homme peut changer le monde comme il veut », Kant en fait un devoir moral : « il faut améliorer le monde ».
  • Réalisme : c’est un mécanisme statique celui qu’ils proposent, il parle que de changements à l’intérieur du système (parle du bipolarisme et du multipolarisme mais n’explique pas comment le changement se fait, il n’explique pas le changement de la société féodale en société capitaliste). Le système international est un peu une boite noire : les caractéristiques ressortent du système, mais on sais pas comment (Waltz). Pour certains réalistes l’objectif principal c’est la puissance et pour d’autres la sécurité : désaccord. Les prévisions sont très générales et peu concrètes, on a l’avantage de la simplicité mais on perd en précision et en crédibilité.