Les économies d’échelle comme déterminant du commerce : au-delà de l’avantage comparatif
Idée: marché interne des petits pays n’est pas suffisant pour leur permettre de développer des économies d’ échelle. Le commerce avec le reste du monde donne accès à un marché plus grand.
- Création du marché unique européen
- Entrée du Canada dans l’ALENA
Mais si on a par exemple des rendements d’échelle internes croissants :
- Les grandes firmes ont un avantage sur les petites firmes et tendent à dominer le marché = > concurrence imparfaite
- Produits doivent être différenciés, sinon dans le long terme il y aurait simplement une firme sur le marché => variété des produits, et commerce intra-industriel (plutôt qu’ inter-industriel comme dans les modèles de Ricardo ou d’HO)
En présence d’économies d’échelle, la production d’un bien s’accroît de façon plus que proportionnelle à la quantité de facteurs employée dans ce secteur
Économies d’échelle internes : lorsque le coût unitaire de production dépend de la taille de chaque entreprise mais pas nécessairement de celle du secteur. (ex: coût fixe d’une machine)
Économies d’échelle externes : lorsque le coût unitaire de production (c.-à-d. le coût moyen) dépend de la taille du secteur d’activité mais pas nécessairement de celle de chaque entreprise. (ex: bassin de main d’œuvre, service non-échangeable, etc.)
Il y a des implications différentes sur les structures de marchés.
Modèle de commerce avec économies d’échelle internes
Hypothèses
Un produit, mais un grand nombre de variétés
Firmes font face à des économies d’ échelle interne, mais la concurrence est monopolistique: les firmes continuent à entrer dans le marché jusqu’à que les profits soient nuls.
Consommateurs hétérogènes et chaque consommateur a une variété préférée.
Deux pays identiques, mais avec une histoire différente (donc différentes variétés )
Les gains du commerce (au delà de l’avantage comparatif)
- Gains pro-compétitif
- Gains d’économie d’échelle (ou de rationalisation ou sélection)
- Gains de variété des produits
Rappels théoriques : Monopole et concurrence monopolistique
On suppose des économies d’échelle internes
Représentation:
Coûts fixes et coût marginal constant
- Coût total :
- Coût Moyen :
*Coût marginal :
Si alors => profit négatif
Économie d’échelle interne incompatible avec concurrence pure et parfaite
Rappels théoriques : Monopole et concurrence monopolistique
Monopole
Une possibilité = monopole
Règle de maximisation du profit: Rmx=Cmx prix=pm; quantité=xm, profit positif
Concurrence monopolistique
Autre possibilité : libre entrée jusqu’à ce que D soit tangente au CM (c-a-d jusqu’à ce que px=CMx) n1 firmes et toujours px>Cmx
Gain du commerce en concurrence monopolistique
Les modèles de concurrence monopolistique reposent sur 2 hypothèses centrales :
- Les biens sont supposés être différenciés donc chaque firme dispose d’un monopole sur sa variété.
- Chaque firme considère les prix de ses concurrents comme donnés.
Gain du commerce en concurrence monopolistique
Relation entre le prix (markup) et le nombre de firmes ?
- firmes symétriques (mêmes fonctions de coût et de demande) donc elles choisissent le même prix, la même quantité produite et représente une fraction 1/n de la production totale du secteur
- la taille du marché est donnée, donc une augmentation du nombre de firmes réduit la production de chacune et accroît ainsi son coût moyen (courbe CC)
- plus il y a de firmes dans le secteur, plus la concurrence est forte et incite les firmes à réduire leurs prix (markup baisse = Courbe PP)
Situation initiale
Ouverture au commerce
Gain du commerce en concurrence monopolistique
passage de Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle E^{’}} (Autarcie) à Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle E^{’’}} (libre-échange)
Gain pro-compétitif
- markup diminue de μ’ à μ’’ et donc le prix baisse de p’ à p’’
- Gain de bien-être pour les consommateurs de +C
Gain d’économie d’échelle (ou de rationalisation ou sélection)
- Moins de firmes en activité sur la totalité du marché (de 2n’ à n’’) plus de production par firme (de x’ à x’’)
- baisse du coût moyen
Gain de variétés
- Augmentation du nombre de variétés disponibles pour le consommateur de n’ à n’’
- Également gain pour les producteurs (plus grand nombre de variétés d’inputs disponibles => augmente leur productivité)
Remarque
Des firmes disparaissent lors de l'ouverture aux échanges. Dans ce modèle, comme toutes les firmes sont identiques, seul le hasard détermine quelles sont les gagnantes.
Modèle avec des firmes hétérogènes: toutes les entreprises n'ont pas la même productivité
Encore une fois le LE fait des gagnants et des perdants: les grandes entreprises très productives y gagnent, les plus petites voir leur part de marché se réduire et disparaissent.
Ce type de modèle permet également d'expliquer que moins de 20% des entreprises manufacturières françaises et américaines exportent, un % encore plus faible investissent à l'étranger.
Evidence empirique ?
Une grande partie du commerce des pays de l’OCDE est intra-industrielle (40% pour l’UE par exemple). Le modèle de commerce avec économies d’échelle permet d’expliquer ceci.
Evolution du poids du commerce intra-branche dans le commerce mondial
Effet de l'intégration au sein de NAFTA entre les US, Canada et Mexique, cf. section 3 chapitre 6 dans FT (2012)...
Effet de l’intégration commerciale au sein de l’UE-15:
Élimination des barrières tarifaires (UD en 1968) et surtout non-tarifaires (marché unique – 1992) , puis monnaie unique... défragmentation du marché européen à partir de 1992 Augmentation de la concurrence
On retrouve les effets attendus...
Effet de l’intégration commerciale au sein de l’UE-15 (suite) Augmentation de la concurrence
Gain de variété
Mohler et Seitz (2010): gains substantiels entre 1999-2008 pour les petit pays (ex: +0.75% du PIB pour le Danemark, +2.8% pour l'Estonie), faibles pour les grands pays.
Gain pro-compétitif
Allen et al. (1999): la mise en place du marché unique a réduit les marges prix-coût d’environ 4% en moyenne. Gain d’économie d’échelle ou de rationalisation
Augmentation de la concurrence
- Pression sur les profits
- Restructuration économique
= moins de firmes, chacune de taille plus importante et en théorie plus efficiente Politique européenne de surveillance de la concurrence
Gain d’économie d’échelle ou de rationalisation (suite)
- Evolution du nombre de banques dans la Zone Euro
- Essentiellement due à des opérations de fusions-acquisitions dans la zone euro dont 77% ont eu lieu a l’intérieur d’un même pays (surtout pour les plus grands pays)
Les économies d’échelle externes (ou accidents historiques versus avantage comparatif)
Résumé
En présence d’économies d’échelle internes, on aura des produits différenciés et donc de la concurrence imparfaite (on a supposé de la concurrence monopolistique).
Nouveaux gains du commerce:
Du coté des consommateurs: le commerce international offre
- simultanément une plus grande variété de biens à des prix plus faibles Du coté des producteurs: moins de firmes sur le marché qui produisent
- chacune une plus grande quantité de bien à coût moyen plus faible
Si les économies d’échelle sont externes à la firme (elles ne peuvent pas être internalisées par la firme), l’avantage comparatif peut refléter des accidents historiques. Ceci peut justifier des interventions de politiques ponctuelles.
L’évidence empirique suggère des gains importants de rationalisation ou sélection ainsi que des gains pro-compétitifs sur des marchés qui s’intègrent (exemple de l’UE) .