« Le réalisme classique et ses origines historiques » : différence entre les versions

De Baripedia
Ligne 147 : Ligne 147 :
L’argument que est les hommes sont égaux en aptitudes, cela ne veut pas dire que chacun est également fort et tandis que l’intelligence est repartie de façon égale, toutefois la nature humaine fait que nous sommes tous égaux en aptitudes.
L’argument que est les hommes sont égaux en aptitudes, cela ne veut pas dire que chacun est également fort et tandis que l’intelligence est repartie de façon égale, toutefois la nature humaine fait que nous sommes tous égaux en aptitudes.
   
   
<blockquote>« De cette égalité de capacité résulte une égalité d'espoir d'atteindre nos fins. Et c'est pourquoi si deux hommes désirent la même chose, dont ils ne peuvent cepen­dant jouir tous les deux, ils deviennent ennemis; et, pour atteindre leur but (principa­lement leur propre conservation, et quelquefois le seul plaisir qu'ils savourent), ils s'efforcent de se détruire ou de subjuguer l'un l'autre. Et de là vient que, là où un envahisseur n'a plus à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, si quelqu'un plante, sème, construit, ou possède un endroit commode, on peut s'attendre à ce que d'autres, probablement, arrivent, s'étant préparés en unissant leurs forces, pour le déposséder et le priver, non seulement du fruit de son travail, mais aussi de sa vie ou de sa liberté. Et l'envahisseur, à son tour, est exposé au même danger venant d'un autre.
<blockquote>« ''De cette égalité de capacité résulte une égalité d'espoir d'atteindre nos fins. Et c'est pourquoi si deux hommes désirent la même chose, dont ils ne peuvent cepen­dant jouir tous les deux, ils deviennent ennemis; et, pour atteindre leur but (principa­lement leur propre conservation, et quelquefois le seul plaisir qu'ils savourent), ils s'efforcent de se détruire ou de subjuguer l'un l'autre. Et de là vient que, là où un envahisseur n'a plus à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, si quelqu'un plante, sème, construit, ou possède un endroit commode, on peut s'attendre à ce que d'autres, probablement, arrivent, s'étant préparés en unissant leurs forces, pour le déposséder et le priver, non seulement du fruit de son travail, mais aussi de sa vie ou de sa liberté. Et l'envahisseur, à son tour, est exposé au même danger venant d'un autre''.
   
   
Et de cette défiance de l'un envers l'autre, [il résulte qu'] il n'existe aucun moyen pour un homme de se mettre en sécurité aussi raisonnable que d’anticiper, c'est-à-dire de se rendre maître, par la force ou la ruse de la personne du plus grand nombre possible d'hommes, jusqu'à ce qu'il ne voit plus une autre puissance assez importante pour le mettre en danger; et ce n'est là rien de plus que ce que sa conservation exige, et ce qu'on permet généralement. Aussi, parce qu'il y en a certains qui, prenant plaisir à contempler leur propre puissance dans les actes de conquête, qu'ils poursuivent au-delà de ce que leur sécurité requiert, si d'autres, qui autrement seraient contents d'être tranquilles à l'intérieur de limites modestes, n'augmentaient pas leur puissance par invasion, ils ne pourraient pas subsister longtemps, en se tenant seulement sur la défensive. Et par conséquent, une telle augmentation de la domination sur les hom­mes étant nécessaire à la conservation de l'homme, elle doit être permise.
''Et de cette défiance de l'un envers l'autre, [il résulte qu'] il n'existe aucun moyen pour un homme de se mettre en sécurité aussi raisonnable que d’anticiper, c'est-à-dire de se rendre maître, par la force ou la ruse de la personne du plus grand nombre possible d'hommes, jusqu'à ce qu'il ne voit plus une autre puissance assez importante pour le mettre en danger; et ce n'est là rien de plus que ce que sa conservation exige, et ce qu'on permet généralement. Aussi, parce qu'il y en a certains qui, prenant plaisir à contempler leur propre puissance dans les actes de conquête, qu'ils poursuivent au-delà de ce que leur sécurité requiert, si d'autres, qui autrement seraient contents d'être tranquilles à l'intérieur de limites modestes, n'augmentaient pas leur puissance par invasion, ils ne pourraient pas subsister longtemps, en se tenant seulement sur la défensive. Et par conséquent, une telle augmentation de la domination sur les hom­mes étant nécessaire à la conservation de l'homme, elle doit être permise''.
   
   
De plus, les hommes n'ont aucun plaisir (mais au contraire, beaucoup de déplaisir) à être ensemble là où n'existe pas de pouvoir capable de les dominer tous par la peur. Car tout homme escompte que son compagnon l'estime au niveau où il se place lui-même, et, au moindre signe de mépris ou de sous-estima­tion, il s'efforce, pour autant qu'il l'ose (ce qui est largement suffisant pour faire que ceux qui n'ont pas de pouvoir commun qui les garde en paix se détruisent l'un l'autre), d'arracher une plus haute valeur à ceux qui le méprisent, en leur nuisant, et aux autres, par l'exemple.
''De plus, les hommes n'ont aucun plaisir (mais au contraire, beaucoup de déplaisir) à être ensemble là où n'existe pas de pouvoir capable de les dominer tous par la peur. Car tout homme escompte que son compagnon l'estime au niveau où il se place lui-même, et, au moindre signe de mépris ou de sous-estima­tion, il s'efforce, pour autant qu'il l'ose (ce qui est largement suffisant pour faire que ceux qui n'ont pas de pouvoir commun qui les garde en paix se détruisent l'un l'autre), d'arracher une plus haute valeur à ceux qui le méprisent, en leur nuisant, et aux autres, par l'exemple''.
   
   
De sorte que nous trouvons dans la nature humaine trois principales causes de querelle : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la défiance; et troisièmement la fierté.
''De sorte que nous trouvons dans la nature humaine trois principales causes de querelle : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la défiance; et troisièmement la fierté''.
   
   
La première fait que les hommes attaquent pour le gain, la seconde pour la sécurité, et la troisième pour la réputation. Dans le premier cas, ils usent de violence pour se rendre maîtres de la personne d'autres hommes, femmes, enfants, et du bétail ; dans le second cas, pour les défendre; et dans le troisième cas, pour des baga­telles, comme un mot, un sourire, une opinion différente, et tout autre signe de sous-estimation, [qui atteint] soit directement leur personne, soit, indirectement leurs parents, leurs amis, leur nation, leur profession, ou leur nom.
''La première fait que les hommes attaquent pour le gain, la seconde pour la sécurité, et la troisième pour la réputation. Dans le premier cas, ils usent de violence pour se rendre maîtres de la personne d'autres hommes, femmes, enfants, et du bétail ; dans le second cas, pour les défendre; et dans le troisième cas, pour des baga­telles, comme un mot, un sourire, une opinion différente, et tout autre signe de sous-estimation, [qui atteint] soit directement leur personne, soit, indirectement leurs parents, leurs amis, leur nation, leur profession, ou leur nom''.
   
   
Par là, il est manifeste que pendant le temps où les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les maintienne tous dans la peur , ils sont dans cette condition qu'on appelle guerre [40], et cette guerre est telle qu'elle est celle de tout homme contre homme. Car la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille, ou dans l'acte de se battre, mais dans un espace de temps où la volonté de combattre est suffisamment connue; et c'est pourquoi, pour la nature de la guerre, il faut prendre en considération la notion de temps, comme on le fait pour le temps qu'il fait. Car, tout comme la nature du mauvais temps ne réside pas dans une ou deux averses, mais dans une tendance au mauvais temps durant de nombreux jours, la nature de la guerre ne consiste pas en un combat effectif, mais en une disposition connue au combat, pen­dant tout le temps où il n'y a aucune assurance du contraire. Tout autre temps est PAIX ».</blockquote>
''Par là, il est manifeste que pendant le temps où les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les maintienne tous dans la peur , ils sont dans cette condition qu'on appelle guerre [40], et cette guerre est telle qu'elle est celle de tout homme contre homme. Car la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille, ou dans l'acte de se battre, mais dans un espace de temps où la volonté de combattre est suffisamment connue; et c'est pourquoi, pour la nature de la guerre, il faut prendre en considération la notion de temps, comme on le fait pour le temps qu'il fait. Car, tout comme la nature du mauvais temps ne réside pas dans une ou deux averses, mais dans une tendance au mauvais temps durant de nombreux jours, la nature de la guerre ne consiste pas en un combat effectif, mais en une disposition connue au combat, pen­dant tout le temps où il n'y a aucune assurance du contraire. Tout autre temps est PAIX'' ».</blockquote>
   
   
<blockquote>« c'est pourquoi si deux hommes désirent la même chose, dont ils ne peuvent cepen­dant jouir tous les deux, ils deviennent ennemis; et, pour atteindre leur but (principa­lement leur propre conservation, et quelquefois le seul plaisir qu'ils savourent ), ils s'efforcent de se détruire ou de subjuguer l'un l'autre». Pour Hobbes les hommes ont tous des aptitudes, l’homme est un loup pour l’homme, « chacun veut dominer l’autre parce que chacun se méfie de l’autre ».</blockquote>
<blockquote>« ''c'est pourquoi si deux hommes désirent la même chose, dont ils ne peuvent cepen­dant jouir tous les deux, ils deviennent ennemis; et, pour atteindre leur but (principa­lement leur propre conservation, et quelquefois le seul plaisir qu'ils savourent ), ils s'efforcent de se détruire ou de subjuguer l'un l'autre». Pour Hobbes les hommes ont tous des aptitudes, l’homme est un loup pour l’homme, « chacun veut dominer l’autre parce que chacun se méfie de l’autre'' ».</blockquote>
   
   
<blockquote>« fait de cette défiance de l'un à l'égard de l'autre, il n'existe pour nul homme aucun moyen de se garantir qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants, autrement dit, de se rendre maître, par la violence ou par la ruse, de la personne de tous les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive plus d'autre puissance assez forte pour le mettre en danger. Il n'y a rien là de plus que n'en exige la conservation de soi-même, et en général on estime cela permis ».</blockquote>
<blockquote>« ''fait de cette défiance de l'un à l'égard de l'autre, il n'existe pour nul homme aucun moyen de se garantir qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants, autrement dit, de se rendre maître, par la violence ou par la ruse, de la personne de tous les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive plus d'autre puissance assez forte pour le mettre en danger. Il n'y a rien là de plus que n'en exige la conservation de soi-même, et en général on estime cela permis'' ».</blockquote>
   
   
L’image la plus extrême est celle des scorpions. Deux scorpions sont dans une bouteille. Aucun des deux ne s’appesantira tant que l’autre n’est pas mort. Pour Hobbes il faut prendre les devants afin que l’autre ne puisse pas nous atteindre et survivre à son attaque.
L’image la plus extrême est celle des scorpions. Deux scorpions sont dans une bouteille. Aucun des deux ne s’appesantira tant que l’autre n’est pas mort. Pour Hobbes il faut prendre les devants afin que l’autre ne puisse pas nous atteindre et survivre à son attaque.
Ligne 169 : Ligne 169 :
Chez Hobbes l’idée est la méfiance, on se méfie des autres et donc on prend les devants.
Chez Hobbes l’idée est la méfiance, on se méfie des autres et donc on prend les devants.
   
   
<blockquote>« De sorte que nous trouvons dans la nature humaine trois principales causes de querelle : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la défiance; et troisièmement la fierté (glory) ».</blockquote>
<blockquote>« ''De sorte que nous trouvons dans la nature humaine trois principales causes de querelle : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la défiance; et troisièmement la fierté (glory)'' ».</blockquote>
   
   
C’est un jeu a somme nulle, tout le monde ne peut égalitairement être le meilleur ou le premier c’est par définition impossible.
C’est un jeu a somme nulle, tout le monde ne peut égalitairement être le meilleur ou le premier c’est par définition impossible.
Ligne 178 : Ligne 178 :
   
   
Tant qu’il n’y a pas de Léviathan au niveau mondial les choses sont délicates, la méfiance continue et on peut toujours perdre sa vie.  
Tant qu’il n’y a pas de Léviathan au niveau mondial les choses sont délicates, la méfiance continue et on peut toujours perdre sa vie.  
<blockquote>« pas de computation du temps ; pas d’art ; pas de lettres ; pas de sociétés et qui plus est la crainte et le risque continuel d’une mort violente ; la vie de l’homme est lors solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale et brève».</blockquote>  
<blockquote>« ''pas de computation du temps ; pas d’art ; pas de lettres ; pas de sociétés et qui plus est la crainte et le risque continuel d’une mort violente ; la vie de l’homme est lors solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale et brève'' ».</blockquote>  
Il faut le Léviathan, il faut un ordre.
Il faut le Léviathan, il faut un ordre.
   
   
La légitimé de Bashar Al Assad est celle qu’il représente l’ordre, certes peut être injuste, animal, c’est une domination mais au moins c’est un ordre. Les chrétiens de Syrie semblent t-il préfèrent cet ordre là, le pape François est également sur cette me « longueur d’onde », la force des armes n’est pas une solution. L’ordre a un avantage.
La légitimé de Bashar Al Assad est celle qu’il représente l’ordre, certes peut être injuste, animal, c’est une domination mais au moins c’est un ordre. Les chrétiens de Syrie semblent t-il préfèrent cet ordre là, le pape François est également sur cette me « ''longueur d’onde'' », la force des armes n’est pas une solution. L’ordre a un avantage.
   
   
Lorsque l’Union Soviétique a disparue en 1991, les réalistes ont dit qu’on allait bientôt regretter la guerre froide comme John Mearsheimer - « why we will soon miss the cold war » -.
Lorsque l’Union Soviétique a disparue en 1991, les réalistes ont dit qu’on allait bientôt regretter la guerre froide comme John Mearsheimer - « why we will soon miss the cold war »<ref> [http://www.theatlantic.com/past/politics/foreign/mearsh.htm Why we will soon miss the cold war] : The conditions that have made for decades of peace in the West are fast disappearing, as Europe prepares to return to the multi-polar system that, between 1648 and 1945, bred one destructive conflict after another  by John J. Mearsheimer</ref> -.
   
   
Par exemple la guerre de Yougoslavie a permis de mettre fin à un ordre peut être injuste mais en découle la question de savoir si la paix est-elle parfois meilleure que la guerre n’est injuste.
Par exemple la guerre de Yougoslavie a permis de mettre fin à un ordre peut être injuste mais en découle la question de savoir si la paix est-elle parfois meilleure que la guerre n’est injuste.

Version du 15 février 2014 à 12:41

Thucydide:

"[…] les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance, tandis que les plus faibles n'ont qu'à s'incliner"

La vision la plus ancienne, celle qui existait il y a déjà 2500 ans dans le sens qu’on écrit déjà ce qui se passe, la première analyse dans le détail des relations internationales est celle de Thucydide qui est au cœur du premier paradigme du realpolitik.

Le grec Thucydide

Thucydide - Θουκυδίδης
Description de cette image, également commentée ci-après

Buste de Thucydide, Musée royal de l'Ontario

Nom de naissance Θουκυδίδης (Thoukudídês)
Activités Historien, Politicien, Stratège
Naissance 460 av. J.-C.
dème d'Halimunte (Attique)
Décès 397 av. J.-C.
Langue d'écriture Grec Ancien

Erreur Lua : impossible de créer le processus : proc_open n’est pas disponible. Vérifiez la directive de configuration PHP « disable_functions ».

La vision de Thucydide est intéressante, il fut d’abord général mais exilé pendant 20 ans à la suite d’une défaite militaire. Comme l’écrient Viotti et Kauppi, la Grèce a perdue un général mais a gagné un historien. Nous avons pu ainsi profiter de ses récits. Thucydide vie au Vème siècle avant notre ère il y a 2500 ans, il fut général dans la guerre du Péloponnèse.

Dans l’extrait suivant Thucydide relate le discours de Périclès sur l’agora pour vanter la démocratie athénienne.

« La constitution qui nous régit n'a rien à envier à celles de nos voisins. Loin d'imiter les autres peuples, nous leur offrons plutôt un exemple. Parce que notre régime sert les intérêts de la masse des citoyens et pas seulement d'une minorité, on lui donne le nom de démocratie. Mais si, en ce qui concerne le règlement de nos différends particuliers, nous sommes tous égaux devant la loi, c'est en fonction du rang que chacun occupe dans l'estime publique que nous choisissons les magistrats de la cité, les citoyens étant désignés selon leur mérite plutôt qu'à tour de rôle. D'un autre côté, quand un homme sans fortune peut rendre quelque service à l'Etat, l'obscurité de sa condition ne constitue pas pour lui un obstacle. Nous nous gouvernons dans un esprit de liberté et cette même liberté se retrouve dans nos rapports quotidiens, d'où la méfiance est absente. Notre voisin se passe-t-il quelque fantaisie, nous ne lui en tenons pas rigueur et nous lui épargnons ces marques de réprobation qui, si elles ne causent aucun dommage matériel, sont pourtant fort pénibles à voir. Tolérants dans les relations particulières nous n'en sommes pas moins, dans la vie publique. Pénétrés par une révérence qui nous incite à nous soumettre mieux que quiconque à l'ordre établi. Nous obéissons aux magistrats qui se succèdent à la tête de la cité, comme nous obéissons aux lois, à celles surtout qui assurent la protection des victimes de l'injustice et à ces lois non écrites qui attirent sur ceux qui les transgressent le mépris général. »

Nous avons un discours semblable si nous écoutons les présidents américains, nous pouvons faire des analogies : Athènes sont les États-Unis et Sparte la Russie. Périclès est Obama, et Sparte est la Russie de Poutine.

Dans ce texte la méfiance est absente des rapports quotidiens tandis que le dernier paragraphe renvoi à la morale.

Athènes est une démocratie, on obéit aux magistrats, aux lois ; c’est un monde ou la méfiance est évacuée par le fait qu’il y ait un encadrement et que les citoyens d’Athènes se font confiance puisque la loi assure la tranquillité de tous et leur permet de vivre dans la liberté, on note que le terme de « liberté » est déjà là.

C’est dans ce sens que nous avons une première vision nationale interne avec les lois et les magistrats qui font qu’on a une hiérarchie. Pour prendre des décisions comme la désignation de généraux ou le jugement de Socrate, lorsque les décisions de nature militaire et judicaire doivent être prise cela se fait sur l’Agora.

En d’autres termes, chez les grecs il y a l’anarchie sur le plan international, dans le sens qu’il n’y a pas de puissance au-dessus des Cités-États pour gouverner les relations entre ces Cités-États. Du coup ce n’est que le pouvoir qui compte. Il n’y a pas de hiérarchie, c’est une vision internationale externe.

Evidement les esclaves et les femmes n’ont pas le droit de vote, cela ne concerne que 10% de la population mais par rapport à ce qui existait ailleurs cela était un système démocratique qui se différenciaient des oligarques et empereurs qui personnifient le pouvoir.

Il y a une schizophrénie entre le niveau interne de la hiérarchie et le niveau international externe ou seul le pouvoir et la puissance compte.

Note Bene :

  • NATIONAL INTERNE : lois, magistrats → hiérarchie
  • INTERNATIONAL EXTERNE : seul le pouvoir et la puissance compte → anarchie

L’ouvrage de Thucydide La Guerre du Péloponnèse dans son tome II relate un discours et un dialogue entre les athéniens et les méliens[1]. Les athéniens demandent la rémission des méliens ainsi que des lacédémoniens qui sont les ennemies d’Athènes. Les méliens ont des arguments qui vont faire valoir afin de négocier.

Aujourd’hui on retrouve le même cadre où le protecteur de la Syrie Sergueï Lavrov propose des solutions pour la Syrie. C’est l’étape de la diplomatie.

Selon Thucydide (paragraphe 89) les athéniens disent, dans un cadre de cynisme total :

« nous nous obtiendront pour notre par de faire de belles phrases »

« ne chercherez a obtenir que ce qui est possible compte tenu des véritables intentions de chacun. Vous savez aussi bien que nous que, dans le monde des hommes, les arguments de droit n'ont de poids que dans la mesure où les adversaires en présence disposent de moyens de contrainte équivalents et que, si tel n'est pas le cas, les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance, tandis que les plus faibles n'ont qu'à s'incliner »

Thucydide dit que dans le monde des hommes le droit ne compte pas, ce qui compte sont les moyens de contrainte que l’on a, lorsqu’on est de la même force, que nous avons les mêmes moyens de contrainte, on peut chercher une solution diplomatique soit un compromis.

« si tel n'est pas le cas, les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance, tandis que les plus faibles n'ont qu'à s'incliner ».

Les méliens argumentent que s’ils capitulent, cela n’est moralement pas une bonne chose tandis que les athéniens disent qu’il n’y a pas de morale dans ce monde. À cela les méliens répondent que si les athéniens les traites mal alors dans une situation où il serait faible ils pourraient souffrir, mais les athéniens répliquent que la situation exige de prendre des décisions adaptées à la situation selon le rapport de force.

Un autre argument proposé par les méliens est la « solution helvétique » c’est-à-dire la neutralité:

« alors, vous n’accepteriez pas que nous restions en dehors du conflit et que nous mettions un terme aux hostilités pour devenir vos amis, sans pour cela nous allier ni aux uns, ni aux autres ? ».

À cela les athéniens répondent par la négative car leur hostilité ne leur cause pas tellement de tort :

« Non, car votre hostilité ne nous cause pas tellement de tort. Plus dangereuse serait votre amitié que nos sujets interpréteraient comme un signe de faiblesse de notre part alors que votre haine constitue à nos yeux une preuve de notre puissance. »

Pour les athéniens il est hors de question d’être ami des méliens ; le grand préfère que le petit le haïsse plutôt que d’être ami car c’est ainsi que le grand se ferra craindre des autres.Si les méliens sont neutre, cela n’arrangera pas les athéniens qui veulent dominer, car leur pouvoir s’accroit avec la victoire.

S’il y a une escalade dans la crise syrienne c’est aussi est surtout du coté américain très clairement car à un moment on a les États-Unis qui par la voie de Obama tracent une ligne rouge concernant l’utilisation de l’arme chimique qui exige que celui qui ne respecte pas cette volonté doit être puni.

Le problème n’est pas simplement l’utilisation de armes chimiques par rapport à la population syrienne qui va souffrir mais c’est la perte de la perception des États-Unis parce qu’on se dira que si les États-Unis n’ont pas le courage de punir la Syrie dont les experts de l’ONU ont dit que l’utilisation de l’arme chimique provient indirectement du régime de Assad, alors que vaut la parole du président américain ? Que va penser madame Merkel en période d’élection si l’on sait que la garantie américaine, le parapluie nucléaire sur l’Allemagne, la défense de l’Allemagne par rapport à une Russie plus belliqueuse, se referme, le président américain dit et ne va pas jusqu’au bout ?

Ce texte de Thucydide reprend des éléments clefs de ce qui se passe aujourd’hui dans les relations internationales contemporaines. La puissance n’est pas seulement militaire mais aussi la volonté et la perception de cette volonté par les autres. C’est là que ce discours des méliens montre que les relations internationales vont dans le cœur de ce qui les constitue dans le cadre de la vision réaliste, et que cette vision des relations internationales est toujours et encore similaire à ce qu’elles étaient il y 2500 ans.

En fin de compte ce sont les rapports de force, les relations interpersonnelles, intersociétales, interétatiques qui sont au cœur de ce qui nous intéresse.

Les grandes puissances doivent « montrer les dents ». Par exemple dans les négociations entre la Suisse et le secret bancaire, l’ombre de femmes et d‘hommes politiques suisses conseillent de refuser, d’autres veulent faire du linkages, il faut que la suisse « montre ses dents » dise « non » et s’impose face aux autres en n’acceptant pas leurs désires.

Le chinois Sun Tzu, l'indien Kautilîya

Sun Tzu

Sun Tzu est un contemporain de Thucydide, penseur chinois qui, dans son ouvrage L’art de la Guerre, pose l’idée implicite que ce qui compte est l’État. En Grèce l’État était des Cités-États mais c’était des États modernes dans le sens où c’était des États militaires qui sont des acteurs sur le plan international et qui agissent.

« Sun Tzu dit : La guerre est d’une importance vitale pour l’État. C’est le domaine de la vie et de la mort: la conservation ou la perte de l’empire en dépendent; il est impérieux de le bien régler. Ne pas faire de sérieuses réflexions sur ce qui le concerne, c’est faire preuve d’une coupable indifférence pour la conservation ou pour la perte de ce qu’on a de plus cher, et c’est ce qu’on ne doit pas trouver parmi nous." (Article I, début) »

Chez Sun Tzu la guerre est tout à fait centrale, ce qui compte pour l’État est sa survie.

« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux.

Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales.

Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites. (Article III, fin) »

Si l’on connaît son ennemie - si l’on se connaît, alors on pourrait par la bonne stratégie et l’intelligence d’une stratégie directe voire indirecte - on aura la victoire. Au contraire l’ignorance mène à la défaite.

Selon Sun Tzu, l’État est au centre, il faut gérer les choses d’une manière rationnelle, il faut penser, réfléchir, faire jouer son intelligence collective. D’autre part Sun Tzu ajoute que les espions sont très important, espionner est tout à fait centrale, par exemple la NSA espionne tout comme les agences russes ou encore la Suisse. Rien n’est nouveau, les choses restent dans l’ombre mais parfois ressortent.

Kautilîya

Kautilîya est un penseur indien du IIIème siècle qui fait une science du politique, une science du gain matériel. Kautilîya postule que l’État utilise tous les moyens y compris immoraux pour s’étendre selon des stratégies directes comme la force des armes ou des stratégies indirectes comme les espions ou l’utilisation de la trahison pour faire tomber l’adversaire.

En d’autres termes Kautilîya décrit un État organisé (bureaucratie importante) qui utilise tous les moyens (y compris immoraux) pour se protéger et s'étendre, selon des stratégies directes et indirectes de toute sorte.

Si l’ile de mélos tombe cela est suite à une trahison. Un mélien a trahi sa ville, c’est pour cela que mélos tombe aux mains des athéniens. Par exemple Obama a fait assassiner Oussama Ben Laden en 2011. Dans le cas de mélos cela les mena à l’asservissement.

Ainsi nous voyons qu’il existe une réflexion universelle des relations internationales.

Ibn-Khaldun et Hobbes: pour un Léviathan

Ibn-Khaldun

Ibn-Khaldun est un penseur arabe qui dans son discours sur l’histoire fait une analyse de civilisation comparative à travers le temps avec la diachronie de l’évolution de l’histoire donc du développement historique des sociétés.

Il y a l’idée que l’on retrouve plus tard chez Hobbes :

« L’homme est fait pour vivre en société́. L’homme est politique par nature (Aristote). ... La raison en est que dieux a créé l’homme sous une forme qui ne peut que subsister sans nourriture ».

Ibn-Khaldun reprend Aristote en stipulant que l’homme est un animal politique. L’étude de la politique est l’étude de la cité, l’étude du pouvoir de la puissance de la cité et de l’État ainsi que du pouvoir de la puissance.

Le problème est que dieu a créé l’homme avec deux grandes faiblesses la première est que l’homme ne peut subsister sans nourriture, la seconde est qu’il doit faire appelle à un grand nombre de ses semblables. Parce qu’on ne peut survivre aisément en étant chasseur solitaire il faut se mettre ensemble dans la cité.

« il lui faut faire appel à un grand nombre de ses semblables, les besoins d’une collectivité́ ne peuvent être satisfait par la coopération ».

De même pour la défense :

« quand dieu a façonné les être vivants et leur a distribué des forces, il a été moins généreux pour l’homme que beaucoup d’autre ».

Les hommes doivent donc, de toute nécessité, s’entraider. « La vie sociale est donc indispensable à l’humanité. Sans elle, les hommes ne pourraient assurer complètement leur existence ni réaliser le plan divin de peuplement de la terre par eux-mêmes, en tant que représentants de dieu. Voilà ce qui constitue la civilisation, objet de la science qui nous occupe. »

Comment organise t-on la vie sociale ?

On voit que le pouvoir royal est une qualité naturelle de l’homme dont il ne serait se passer.

Il faut un roi pour domestiquer les hommes par rapport aux autres, que la vie des hommes soit comme la vie domestique dans son propre foyer, une vie sûre et protégée. II faut un pouvoir plus fort au dessus des individus qui les oblige à bien se comporter les uns par rapports aux autres.

Dans un royaume, puisqu’il y a le roi, la méfiance n’est pas de l’ordre du royaume, elle est limitée par cette situation d’un roi.

C’est pour cela que Ibn-Khaldun écrit :

« ils sont donc dans un État qui est le contraire de l’anarchie ».

Les hommes viennent dans un État qui est celui de la hiérarchie tout comme celui de l’oligarchie qui est le régime politique de sparte ennemie d’Athènes.

Ainsi on retrouve la schizophrénie entre le national interne et l’international externe où la puissance compte. C’est exactement parce qu’on se met ensemble et avec un roi qu’il est possible d’assurer la sécurité.

Hobbes

Le Léviathan se veut le pendant politique soit l’équivalent du traité d’Euclide pour la géométrie.

Hobbes cherche à faire de manière systématique un traité normatif restant dans l’esprit de Ibn-Khaldun ou le Léviathan est un roi ou bien le parlement qui est le pouvoir au dessus des uns et des autres, c’est ainsi que l’indépendance et la survie des individus à l’intérieur du royaume est assurée.

L’argument de Hobbes prend des formes similaires à l’argument de Ibn-Khaldun. La guerre de trente ans entre 1618 et 1648 est terminée depuis trois ans lorsque Hobbes publie le Léviathan. Cette guerre débouche sur principalement le traité de Westphalie. Ce traité de 1648 est le début du monde moderne ce qui n’est pas toute à fait vrai, mais un des arguments des réalistes.

Tout comme Khaldun, Hobbes ne se pose pas des questions par rapport aux relations internationales mais sur les relations des hommes par rapport aux autres.

L’argument que est les hommes sont égaux en aptitudes, cela ne veut pas dire que chacun est également fort et tandis que l’intelligence est repartie de façon égale, toutefois la nature humaine fait que nous sommes tous égaux en aptitudes.

« De cette égalité de capacité résulte une égalité d'espoir d'atteindre nos fins. Et c'est pourquoi si deux hommes désirent la même chose, dont ils ne peuvent cepen­dant jouir tous les deux, ils deviennent ennemis; et, pour atteindre leur but (principa­lement leur propre conservation, et quelquefois le seul plaisir qu'ils savourent), ils s'efforcent de se détruire ou de subjuguer l'un l'autre. Et de là vient que, là où un envahisseur n'a plus à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, si quelqu'un plante, sème, construit, ou possède un endroit commode, on peut s'attendre à ce que d'autres, probablement, arrivent, s'étant préparés en unissant leurs forces, pour le déposséder et le priver, non seulement du fruit de son travail, mais aussi de sa vie ou de sa liberté. Et l'envahisseur, à son tour, est exposé au même danger venant d'un autre.

Et de cette défiance de l'un envers l'autre, [il résulte qu'] il n'existe aucun moyen pour un homme de se mettre en sécurité aussi raisonnable que d’anticiper, c'est-à-dire de se rendre maître, par la force ou la ruse de la personne du plus grand nombre possible d'hommes, jusqu'à ce qu'il ne voit plus une autre puissance assez importante pour le mettre en danger; et ce n'est là rien de plus que ce que sa conservation exige, et ce qu'on permet généralement. Aussi, parce qu'il y en a certains qui, prenant plaisir à contempler leur propre puissance dans les actes de conquête, qu'ils poursuivent au-delà de ce que leur sécurité requiert, si d'autres, qui autrement seraient contents d'être tranquilles à l'intérieur de limites modestes, n'augmentaient pas leur puissance par invasion, ils ne pourraient pas subsister longtemps, en se tenant seulement sur la défensive. Et par conséquent, une telle augmentation de la domination sur les hom­mes étant nécessaire à la conservation de l'homme, elle doit être permise.

De plus, les hommes n'ont aucun plaisir (mais au contraire, beaucoup de déplaisir) à être ensemble là où n'existe pas de pouvoir capable de les dominer tous par la peur. Car tout homme escompte que son compagnon l'estime au niveau où il se place lui-même, et, au moindre signe de mépris ou de sous-estima­tion, il s'efforce, pour autant qu'il l'ose (ce qui est largement suffisant pour faire que ceux qui n'ont pas de pouvoir commun qui les garde en paix se détruisent l'un l'autre), d'arracher une plus haute valeur à ceux qui le méprisent, en leur nuisant, et aux autres, par l'exemple.

De sorte que nous trouvons dans la nature humaine trois principales causes de querelle : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la défiance; et troisièmement la fierté.

La première fait que les hommes attaquent pour le gain, la seconde pour la sécurité, et la troisième pour la réputation. Dans le premier cas, ils usent de violence pour se rendre maîtres de la personne d'autres hommes, femmes, enfants, et du bétail ; dans le second cas, pour les défendre; et dans le troisième cas, pour des baga­telles, comme un mot, un sourire, une opinion différente, et tout autre signe de sous-estimation, [qui atteint] soit directement leur personne, soit, indirectement leurs parents, leurs amis, leur nation, leur profession, ou leur nom.

Par là, il est manifeste que pendant le temps où les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les maintienne tous dans la peur , ils sont dans cette condition qu'on appelle guerre [40], et cette guerre est telle qu'elle est celle de tout homme contre homme. Car la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille, ou dans l'acte de se battre, mais dans un espace de temps où la volonté de combattre est suffisamment connue; et c'est pourquoi, pour la nature de la guerre, il faut prendre en considération la notion de temps, comme on le fait pour le temps qu'il fait. Car, tout comme la nature du mauvais temps ne réside pas dans une ou deux averses, mais dans une tendance au mauvais temps durant de nombreux jours, la nature de la guerre ne consiste pas en un combat effectif, mais en une disposition connue au combat, pen­dant tout le temps où il n'y a aucune assurance du contraire. Tout autre temps est PAIX ».

« c'est pourquoi si deux hommes désirent la même chose, dont ils ne peuvent cepen­dant jouir tous les deux, ils deviennent ennemis; et, pour atteindre leur but (principa­lement leur propre conservation, et quelquefois le seul plaisir qu'ils savourent ), ils s'efforcent de se détruire ou de subjuguer l'un l'autre». Pour Hobbes les hommes ont tous des aptitudes, l’homme est un loup pour l’homme, « chacun veut dominer l’autre parce que chacun se méfie de l’autre ».

« fait de cette défiance de l'un à l'égard de l'autre, il n'existe pour nul homme aucun moyen de se garantir qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants, autrement dit, de se rendre maître, par la violence ou par la ruse, de la personne de tous les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive plus d'autre puissance assez forte pour le mettre en danger. Il n'y a rien là de plus que n'en exige la conservation de soi-même, et en général on estime cela permis ».

L’image la plus extrême est celle des scorpions. Deux scorpions sont dans une bouteille. Aucun des deux ne s’appesantira tant que l’autre n’est pas mort. Pour Hobbes il faut prendre les devants afin que l’autre ne puisse pas nous atteindre et survivre à son attaque.

La grande doctrine de la dissuasion nucléaire est un exemple type. Elle fonctionne parce qu’on n’arrive pas à éliminer toutes les armes nucléaires de l’adversaire d’un seul coup, il a toujours une capacité de deuxième frappe soit « a second strike capability ».

Chez Hobbes l’idée est la méfiance, on se méfie des autres et donc on prend les devants.

« De sorte que nous trouvons dans la nature humaine trois principales causes de querelle : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la défiance; et troisièmement la fierté (glory) ».

C’est un jeu a somme nulle, tout le monde ne peut égalitairement être le meilleur ou le premier c’est par définition impossible.

La solution est la même que Ibn-Khaldun. « Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun ». Nous sommes toujours dans une situation de guerre.

Aujourd’hui le 18 septembre 2013 à 16h52 la Suisse est en situation de guerre du point vue de Hobbes malgré que l’armée n’intervienne pas on ne peut s’appesantir.

Tant qu’il n’y a pas de Léviathan au niveau mondial les choses sont délicates, la méfiance continue et on peut toujours perdre sa vie.

« pas de computation du temps ; pas d’art ; pas de lettres ; pas de sociétés et qui plus est la crainte et le risque continuel d’une mort violente ; la vie de l’homme est lors solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale et brève ».

Il faut le Léviathan, il faut un ordre.

La légitimé de Bashar Al Assad est celle qu’il représente l’ordre, certes peut être injuste, animal, c’est une domination mais au moins c’est un ordre. Les chrétiens de Syrie semblent t-il préfèrent cet ordre là, le pape François est également sur cette me « longueur d’onde », la force des armes n’est pas une solution. L’ordre a un avantage.

Lorsque l’Union Soviétique a disparue en 1991, les réalistes ont dit qu’on allait bientôt regretter la guerre froide comme John Mearsheimer - « why we will soon miss the cold war »[2] -.

Par exemple la guerre de Yougoslavie a permis de mettre fin à un ordre peut être injuste mais en découle la question de savoir si la paix est-elle parfois meilleure que la guerre n’est injuste.

L’élément essentiel de la pensée de Hobbes est qu’un individu est vulnérable. Goliath lorsqu’il dort peut être tué par le petit David, c’est la raison pour laquelle la méfiance, la défiance est la condition qui prévaut des êtres humains les uns par rapport aux autres ; cette peur perpétuelle de la situation de vulnérabilité est la condition des individus.

Postulats d’analyse ou croyances fondamentales des réalistes

Relation Internationales = Relations Interétatiques

États

L’intérêt principal : leur pouvoir – puissance

Ces États sont rationnels

Fénelon, ou la paix par la recherche égoïste de l’intérêt étatique, soit par l’équilibre des forces ("balance of power")

Fénelon n’est pas celui qui a inventé l’équilibre des forces mais il le conceptualisé, il en donne la substantifique moelle.

L’analyse réaliste se centre sur les grandes puissances

L’analyse réaliste se centre sur les grandes puissances car ce qui compte est la puissance, les petits ne comptent pas. Les grandes puissances sont partout. L’analyse peut être régionale mais on regarde une grande puissance dans une grande région.

La paix est parfaitement possible dans le monde réaliste dans ce monde interétatiques ou les États recherchent leur puissance, sont rationnels et où leur intérêts est d’assurer leur sécurité par le biais de leur puissance. L’intérêt ici est bien la rationalité, c’est grâce à la raison qu’on peut avoir une paix par l’équilibre des forces.

Dans la vision réaliste il y a des monstres froids qui se font face mais cela peut déboucher sur la paix ; il peut y a voir des paix injustes, si l’ordre est injuste et la sécurité se fait par la peur il ne faut pas oublier qu’il y a quand même une valeur morale.

« Il faut compter qu’à la longue la plus grande puissance prévaut toujours et renverse les autres, si les autres ne se réunissent pour faire le contrepoids. Il n’est pas permis d’espérer parmi les hommes qu’une puissance supérieure demeure dans les bornes d’une exacte modération, et qu’elle ne veuille dans sa force que ce qu’elle pourrait obtenir dans la plus grande faiblesse. Chaque nation est donc obligée à veiller sans cesse, pour prévenir l’excessif agrandissement de chaque voisin pour a propre sureté. Empêcher le voisin d’être trop puissant, ce n’est point faire un mal, c’est se garantir de la servitude et en garantir ses autres voisins »[3].

« à la longue la plus grande puissance prévaut toujours et renverse les autres »[4].

Certes il peut y avoir des accidents mais généralement c’est le plus fort qui l’emporte.

« Il n’est pas permis d’espérer parmi les hommes qu’une puissance supérieure demeure dans les bornes d’une exacte modération ».

Lorsqu’on a une puissance il faut l’utiliser. Celui qui peut voudra, celui qui peut et voudra on ne connaît pas.

Chaque nation est donc obligée à veiller sans cesse, pour prévenir l’excessif agrandissement de chaque voisin pour sa propre sureté. Empêcher le voisin d’être trop puissant, ce n’est point faire un mal, c’est se garantir de la servitude et en garantir ses autres voisins ».

Ce qui est au cœur ici sont deux éléments : le premier est que celui qui à la puissance va l’utiliser, l’autre élément est que l’État doit veiller sans cesse pour prévenir l’excessif agrandissement de chaque voisin.

Entre 1980 et 1988 il y eut la première guerre d’Irak. Les entreprises d’armements occidentales ont vendues des armes à l’Irak, c’était le temps de la guerre froide.

L’Union Soviétique à soutenu l’Irak, Chaque Chirac était dans l’association d’amitié franco-iraquienne ; on aidait l’Irak comme Fénelon le dit afin de prévenir l’excessif agrandissement du voisin de l’Irak qui est l’Iran. L’Irak a commencée la guerre en employant des armes chimiques afin d’empêcher l’excessif agrandissement du voisin iranien.

Les pays du golf arabe ne veulent pas que ce golf ne devienne comme le golf persique, tout le monde était du côté du relativement plus faible.

« ce n’est point faire un mal, c’est se garantir de la servitude et en garantir ses autres voisins ».

Si l’Irak fait la guerre contre l’Iran alors il empêche l’Iran d’attaquer l’Arabie Saoudite ; si en Iran il y a une guerre civile, on pourra dire pour des raisons pédagogiques, que, Israël se « frotte les mains ».

L’intérêt pour Israël dans le cas de la Syrie est que Bachar Al Assad reste au pouvoir et affaibli pour cela il faut que la guerre civile continue plutôt que d’avoir des djihadistes au pouvoir, cela sert les intérêts israéliens.

La paix est le résultat de l’équilibre des forces obtenues par des moyens internes ou externes

  • moyens internes : mobilisation des ressources nationales

La puissance d’un État dépend du militaire mais aussi des aspects comme la diplomatie qui dépend de la richesse économique du pays. Lorsque l’État mobilise la nation cela fonctionne bien, un État qui mobiles bien sa nation comme l’État israélien avec des dépenses militaires plus importantes que les dépenses militaires suisses qui et une possibilité d’assurer l’équilibre, Sparte arme et Athènes arme aussi, dès l’antiquité on vote des budgets d’armements tandis que des citoyens partent affronter d’autres entités.

  • moyens externes : coalitions, contre-coalitions, diviser pour mieux régner, politique de balancier, États-tampons

Ce sont les moyens diplomatiques ; le réalisme permet une « analyse de fauteuil » qu’on appelle en anglais « home chair analysis ».

Tous (puissant et faibles) sont en situation de dilemme de la sécurité, leurs efforts, unilatéraux de sécurité provoquant l’insécurité

En s’inspirant de Fénelon on fait une analyse hypothétique, il y a 5 États : A, B, C, D, E

Deux de ces États, A et B s’entendent pour attaquer et s’emparer de D. A, B, D et E ont sont des puissances disposant de forces similaires. A et B veulent attaquer D ; si A et B se mettent ensemble contre D alors ils peuvent le contrôler.

D est partagé en A et B mais on a A, B, C, D et E parce qu’on est dans un système international. C coopère avec A et B pour obtenir une portion de D.

Ce qui se passe en relations internationales est la même chose qui se passe dans la « cour de récréation » ; dans le petit Nicolas il y a le professeur Bouillon mais en politique internationale nous avons la « cour de re-création ».

L’Organisation des Nations-Unies n’a pas de pouvoir, c’est une organisation internationale aussi dit intergouvernementale, lorsque ces gouvernements sont d’accord, l’Organisation des Nations-Unies fonctionne mais dans le cas contraire on ne peut rien faire, il n’y a pas de monsieur Bouillon.

La paix est un résultat, elle ne vient pas parce qu’on l’a voulu, parce que précisément lorsque C et E voient A et B qui se mettent ensemble pour attaquer D ; C et E se méfient.

« Chaque nation est donc obligée à veiller sans cesse, pour prévenir l’excessif agrandissement de chaque voisin pour sa propre sureté »

Empêcher un voisin d’être trop puissant ce n’est pas faire un mal. Par intérêt C et E vont au secours de D et seulement par intérêt égoïste de C pour C et de E pour E. C’est eux qui la fois d’après seront « mangés ».

Si l’équilibre se poursuit on va continuer dans la poursuite de notre survie. C’est la raison pour laquelle on aide D.

Ce n’est pas d’un point de vue moral, pas d’un point de vue de la sympathie, pas d’un point de l’intérêt ni de la paix, C et E ne menace pas A et D pour faire la paix ; on lutte pour sa survie et c’est pour cela qu’on aide D, uniquement par son propre intérêt.

« Empêcher le voisin d’être trop puissant, ce n’est point faire un mal, c’est se garantir de la servitude et en garantir ses autres voisins »

Le résultat du calcul égoïste des acteurs internationaux est la paix. Pas pour des raisons morales, de sympathie ou encore d’autres raisons.

Différents moyens externes permettent d’arriver à une situation de paix par le jeu de l’équilibre des forces :

  • Diviser pour mieux régner est une autre méthode ; Bachar Al Assad a libéré le territoire du coté des kurdes, de ce point de vue l’opposition à Assad a été diminuée des kurdes.
  • La politique de balancier se réfère à la politique traditionnelle de la Grande-Bretagne qui a fait en sorte qu’il n’y ait pas de mauvais rapport de force en Europe afin d’empêcher qu’une grande puissance ne s’installe sur le continent.

En juin 1940 la Grande-Bretagne avait très peur suite à la défaite française qui permettait à l’Allemagne nazie de dominer l’Europe.

Il y a des États qui font tampon entre deux États, même si on n’est pas puisant dans un monde réaliste on peut survivre pour autant qu’on ait des moyens militaires.

Références

Notes

  1. Thucydide, La guerre du Péloponnèse, livre V, chapitre VII, 84-116.
  2. Why we will soon miss the cold war : The conditions that have made for decades of peace in the West are fast disappearing, as Europe prepares to return to the multi-polar system that, between 1648 and 1945, bred one destructive conflict after another by John J. Mearsheimer
  3. François DE LA MOTHE FENELON, "Examen de conscience sur les devoirs de la royauté" (rédigé avant avril 1711), Œuvres, II, Paris, Gallimard - Bibliothèque de la Pléiade, 1997.
  4. François DE LA MOTHE FENELON, "Examen de conscience sur les devoirs de la royauté" (rédigé avant avril 1711), Œuvres, II, Paris, Gallimard - Bibliothèque de la Pléiade, 1997.


<vote type=1 />