Modification de Le Fédéraliste et la théorie politique américaine

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[[Image:Scene_at_the_Signing_of_the_Constitution_of_the_United_States.jpg|300px|thumb|right|''Scène à la signature de la Constitution des États-Unis'', par Howard Chandler Christy. Ce tableau représente les 33 délégués qui signèrent la Constitution.]]
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|image_caption= ''Scène à la signature de la Constitution des États-Unis'', par Howard Chandler Christy. Ce tableau représente les 33 délégués qui signèrent la Constitution.
| cours = [[Histoire de la pensée juridique et politique : les fondements de la pensée juridique et politique moderne 1500 – 1850]]
| faculté =
| département =
| professeurs = [[Alexis Keller]]<ref>[https://en.wikipedia.org/wiki/Alexis_Keller Alexis Keller - Wikipedia]</ref><ref>[https://www.unige.ch/droit/collaborateur/professeurs/keller-alexis/ Alexis Keller - Faculté de droit - UNIGE]</ref><ref>[https://www.ictj.org/about/alexis-keller Alexis Keller | International Center for Transitional Justice]</ref>
| enregistrement =
| lectures =
* [[Machiavel et la Renaissance italienne]]
* [[L’ère de la Réforme]]
* [[La naissance du concept moderne de l’État]]
* [[John Locke et le débat sur le gouvernement civil]]
* [[Montesquieu et la définition de l’État libre]]
* [[Jean-Jacques Rousseau et le nouveau pacte social]]
* [[Le Fédéraliste et la théorie politique américaine]]
* [[John Stuart Mill, démocratie et limites de l’Etat libéral]]
}}


Ce moment machiavélien, cette réflexion sur l’État commençant par Machiavel s’achève un peu avant la Révolution française avec la dernière réflexion qui est celle des constituants américains. De Machiavel aux Constituants Américains, se dessine et s’achève la réflexion sur le modèle de l’État.
Ce moment machiavélien, cette réflexion sur l’État commençant par Machiavel s’achève un peu avant la Révolution française avec la dernière réflexion qui est celle des constituants américains. De Machiavel aux Constituants Américains, se dessine et s’achève la réflexion sur le modèle de l’État.


Que devient la définition de l’État moderne ? Il appartient aux constituants de la proposer, c’est la fin du moment machiavélien, ils vont proposer une vision synthétisant les définitions précédentes.
Que devient la définition de l’État moderne ? Il appartient aux constituants de la proposer, c’est la fin du moment machiavélien, ils vont proposer une vision synthétisant les définitions précédentes.
 
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| en = The Federalist and American political theory
| es = El federalismo y la teoría política americana
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= La révolution américaine 1776-1787 - Repères chronologiques =
= La révolution américaine 1776-1787 - Repères chronologiques =
{{Article détaillé|L’indépendance des États-Unis}}
{{Article détaillé|L’indépendance des États-Unis}}
4 juillet 1776 : déclaration d’Indépendance.
4 juillet 1776 : déclaration d’Indépendance.


Mars 1781 : union des États américains sous la forme d’une confédération.
Mars 1781 : union des États américains sous la forme d’une confédération.
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Mai - septembre 1787 : Convention de Philadelphie.
Mai - septembre 1787 : Convention de Philadelphie.
*Rédaction d’un projet de constitution dont l’adoption nécessite l’accord de 9 États sur 13.
*Rédaction d’un projet de constitution dont l’adoption nécessite l’accord de 9 États sur 13.
*Entre octobre 1787 et avril 1788, sous le pseudonyme de PUBLIUS, trois célèbres personnages MADISON, HAMILTON et JAY rédigent une série de 85 articles. Ce sont les Federalist Papers dont le but est à la fois politique (convaincre) et théorique (repenser la république moderne).
*Entre octobre 1787 et avril 1788, sous le pseudonyme de PUBLIUS, trois célèbres personnages MADISON, HAMILTON et JAY rédigent une série de 85 articles. Ce sont les Federalist Papers dont le but est à la fois politique (convaincre) et théorique (repenser la république moderne).
*La devise américaine est E pluribus unum (faire de plusieurs un seul).
*La devise américaine est E pluribus unum (faire de plusieurs un seul).


= La pensée des constituants américains =
= La pensée des constituants américains =
Les constituants américains héritent d’une pensée riche et complexe, ils se sont eux-mêmes confrontés à une série de questions tentant de répondre à ces questions en s’inspirant de Locke, de Montesquieu et des autres.
Les constituants américains héritent d’une pensée riche et complexe, ils s’ont eux-mêmes confrontés à une série de questions tentant de répondre à ces questions en s’inspirant de Locke, de Montesquieu et des autres.


Ils se posent quatre grandes questions importantes :
Ils se posent quatre grandes questions importantes :
#comment réarticuler, redéfinir les idées de république et de démocratie ? La question est de savoir qui de Rousseau, de Montesquieu, de Machiavel a raison ou comment un État nouveau indépendant depuis à peine de 10 ans en 1786 peut devenir un État moderne, quelle forme d’État faut-il ?  
#comment réarticuler, redéfinir les idées de république et de démocratie ? la question est de savoir qui de Rousseau, de Montesquieu, de Machiavel a raison ou comment un État nouveau indépendant depuis à peine de 10 ans en 1786 peut devenir un État moderne, quel forme d’État faut-il ?  
#comment combiner la nécessaire pluralité existant dans la société américaine à l’unité nécessaire au bon fonctionnement d’une république ou d’un État moderne ? Comment encadrer la diversité ? Comment construire un État qui arrive à respecter la diversité tout en étant unitaire, uni et centralisé ? On retrouve cette problématique sur le billet de un dollar E pluribus unum.
#comment combiner la nécessaire pluralité existant dans la société américaine à l’unité nécessaire au bon fonctionnement d’une république ou d’un État moderne ? comment encadrer la diversité ? comment construire un État qui arrive à respecter la diversité tout en étant unitaire, uni et centralisé ? on retrouve cette problématique sur le billet de un dollar E pluribus unum.
#comment introduire et rendre opérationnel le principe de la souveraineté du peuple ? Ils sont tous favorables au principe de la souveraineté du peuple, ils sont tous des disciples de Rousseau, mais ils en ont tous peur aussi, que faire, comment unir tout en la limitant la souveraineté du peuple ?
#comment introduire et rendre opérationnel le principe de la souveraineté du peuple ? ils sont tous favorables au principe de la souveraineté du peuple, ils sont tous des disciples de Rousseau, mais ils en ont tous peur aussi, que faire, comment unir tout en la limitant la souveraineté du peuple ?
#quel modèle de république est souhaitable pour ce qui s’appelle désormais les États-Unis d’Amérique ? faut-il une République commerciale ou faut-il une république agraire constituée de petits propriétaires terriens, faut-il une République centralisée ou décentralisée ? faut-il une république impériale ?
#quel modèle de république est souhaitable pour ce qui s’appelle désormais les États-Unis d’Amérique ? faut-il une République commerciale ou faut-il une république agraire constituée de petits propriétaires terriens, faut-il une République centralisée ou décentralisée ? faut-il une république impériale ?


Les réponses à ces questions sont très complètes.  
Les réponses à ces questions sont très complètes.  
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La première remarque est que lorsqu’on suit le raisonnement des fédéralistes afin de savoir qui de la démocratie ou de la république est le régime préférable, ils partent d’un constat affligeant, les démocraties des cités anciennes étaient divisées par les querelles. Pour tous les fédéralistes sans exception, la démocratie telle que les anciens la pratiquaient est tout simplement impraticable, les démocraties du passé ont échoué à instaurer une certaine stabilité en politique.
La première remarque est que lorsqu’on suit le raisonnement des fédéralistes afin de savoir qui de la démocratie ou de la république est le régime préférable, ils partent d’un constat affligeant, les démocraties des cités anciennes étaient divisées par les querelles. Pour tous les fédéralistes sans exception, la démocratie telle que les anciens la pratiquaient est tout simplement impraticable, les démocraties du passé ont échoué à instaurer une certaine stabilité en politique.


La deuxième remarque est qu’en revanche ce qui fonctionne est le régime républicain : ce qui permet de gérer, de contrôler les factions, l’instabilité des cités anciennes peut être contenu et transformé dans le régime républicain ; en d’autres termes, la démocratie est le régime du passé, il faut construire une république de type nouveau avec un ordre juridique et politique précis afin de contrôler les factions.  
La deuxième remarque est qu’en revanche ce qui fonctionne est le régime républicain : ce qui permet de gérer, de contrôler les factions, l’instabilité des cités anciennes peut être contenu et transformé dans le régime républicain ; en d’autres termes, la démocratie est le régime du passé, il faut construire une république de type nouveau avec un ordre juridique et politique précis afin de contrôler les factions.  


Les factions sont une nécessité et un fait incontournable, on ne peut éviter des opinions divergentes, la question n’est pas de savoir comment les utiliser, mais de comment les utiliser afin que la liberté soit garantie ? Un régime permet à ces factions de cohabiter, de se combattre : c’est le régime républicain. Toutefois, on ne dit pas comment la déceler et comment est-elle structurée.
Les factions sont une nécessité et un fait incontournable, on ne peut éviter des opinions divergentes, la question n’est pas de savoir comment les utiliser, mais de comment les utiliser afin que la liberté soit garantie ? Un régime permet à ces factions de cohabiter, de se combattre : c’est le régime républicain. Toutefois, on ne dit pas comment la déceler et comment est-elle structurée.


La troisième remarque est que les fédéralistes construisent un système politique et juridique au sein duquel aucune faction ne peut l’emporter parce que c’est un système politique fondé sur quelques principes clefs. La question devient : quels sont ces principes incontournables ? On en distingue essentiellement trois montrant que les constituants américains sont les disciples de Rousseau, Montesquieu, Machiavel et un peu de Hobbes.  
La troisième remarque est que les fédéralistes construisent un système politique et juridique au sein duquel aucune faction ne peut l’emporter parce que c’est un système politique fondé sur quelques principes clefs. La question devient : quels sont ces principes incontournables ? On en distingue essentiellement trois montrant que les constituants américains sont les disciples de Rousseau, Montesquieu, Machiavel et un peu de Hobbes.  
*principe de la représentation politique : au fond contre Rousseau, les constituants américains, les fédéralistes notamment, établissent le lien entre souveraineté du peuple et représentation politique. Le principe de représentation et de souveraineté du peuple ne sont pas incompatible. Pour les fédéralistes on peut affirmer que le peuple est souverain, mais on peut dans la pratique politique rendre opérationnel ce principe différemment que les athéniens ou les spartiates, nous sommes souverain, mais on a besoin de représentants notamment sur un grand territoire. De ce point de vue, les constituants américains sont des disciples de Rousseau tout en s’en éloignant. Le premier critère de la république moderne est le principe de la représentation politique qui n’est pas incompatible avec le principe de souveraineté du peuple.
*principe de la représentation politique : au fond contre Rousseau, les constituants américains, les fédéralistes notamment, établissent le lien entre souveraineté du peuple et représentation politique. Le principe de représentation et de souveraineté du peuple ne sont pas incompatible. Pour les fédéralistes on peut affirmer que le peuple est souverain, mais on peut dans la pratique politique rendre opérationnel ce principe différemment que les athéniens ou les spartiates, nous sommes souverain, mais on a besoin de représentants notamment sur un grand territoire. De ce point de vue les constituant américains sont des disciples de Rousseau tout en s’en éloignant. Le premier critère de la république moderne est le principe de la représentation politique qui n’est pas incompatible avec le principe de souveraineté du peuple.
*une république moderne fondée sur la représentation et le principe de souveraineté du peuple doit être une république qui consacre et établit la séparation des pouvoirs : il s’agit de mettre en place des pouvoirs bien distincts en établissant un pouvoir judiciaire extrêmement fort et autonome ; la Cour suprême américaine a joué dans l’histoire américaine un rôle essentiel d’arbitre, de pouvoir au-dessus des pouvoirs.  
*une république moderne fondée sur la représentation et le principe de souveraineté du peuple doit être une république qui consacre et établit la séparation des pouvoirs : il s’agit de mettre en place des pouvoirs bien distincts en établissant un pouvoir judiciaire extrêmement fort et autonome ; la Cour suprême américaine a joué dans l’histoire américaine un rôle essentiel d’arbitre, de pouvoir au-dessus des pouvoirs.  
*il faut que la république soit fédérative : c’est la naissance de l’État fédéral américain qui est à distinguer de l’idée de confédération d’État. Un État fédéral est beaucoup plus centralisé alors que dans une confédération d’État le pouvoir ressort des États contractants, il y a un déplacement du pouvoir des États américains vers ce qui deviendra l’État fédéral.  
*il faut que la république soit fédérative : c’est la naissance de l’État fédéral américain qui est à distinguer de l’idée de confédération d’État. Un État fédéral est beaucoup plus centralisé alors que dans une confédération d’État le pouvoir ressort des États contractants, il y a un déplacement du pouvoir des États américains vers ce qui deviendra l’État fédéral.  


Il n’y a pas de république moderne fondée sur la représentation, la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs avec un pouvoir judiciaire fort si cette république n’est pas fédérale ; c’est Montesquieu qui définit la République fédérative.
Il n’y a pas de république moderne fondée sur la représentation, la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs avec un pouvoir judiciaire fort si cette république n’est pas fédérale ; c’est Montesquieu qui définit la République fédérative.


Ces quatre critères représentent la base de la République moderne défendue par les fédéralistes.
Ces quatre critères représentent la base de la République moderne défendue par les fédéralistes.
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La grande dénonciation des antifédéralistes au cours des débats de Philadelphie repose sur une crainte très importante qui est de voir le droit des États uniformisé. Ils vont dénoncer la vision centralisatrice et uniformisante de la vision des fédéralistes.
La grande dénonciation des antifédéralistes au cours des débats de Philadelphie repose sur une crainte très importante qui est de voir le droit des États uniformisé. Ils vont dénoncer la vision centralisatrice et uniformisante de la vision des fédéralistes.


En d’autres termes, les antifédéralistes ont une vision beaucoup plus particulariste de la république ; ces deux visions de la république s’opposent et de manière très forte pendant la convention de Philadelphie, les vaincus vont avoir la rhétorique pour eux, mais ne vont pas gagner le combat.
En d’autres termes, les antifédéralistes ont un vision beaucoup plus particulariste de la république ; ces deux visions de la république s’opposent et de manière très forte pendant la convention de Philadelphie, les vaincus vont avoir la rhétorique pour eux, mais ne vont pas gagner le combat.


D’autres enjeux entre fédéralistes et antifédéralistes interpellent, il y a l’État centralisé vs État décentralisé, l’universalisation, mais aussi la question de l’armée.
D’autres enjeux entre fédéralistes et antifédéralistes interpellent, il y a l’État centralisé vs. État décentralisé, l’universalisation, mais aussi la question de l’armée.


Les antifédéralistes défendaient une conception presque moderne de l’armée, l’armée devait constituer une armée de milice, on est dans une vision machiavélienne. Les fédéralistes vont défendre l’idée d’une armée moderne de métier.
Les antifédéralistes défendaient une conception presque moderne de l’armée, l’armée devait constituer une armée de milice, on est dans une vision machiavélienne. Les fédéralistes vont défendre l’idée d’une armée moderne de métier.
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Les fédéralistes cherchaient à mettre en place une république moderne impériale. Les antifédéralistes ont réagi fortement.
Les fédéralistes cherchaient à mettre en place une république moderne impériale. Les antifédéralistes ont réagi fortement.


{{citation bloc|Vous ne devez pas chercher à renforcer votre commerce, ni à devenir un peuple grand et puissant, mais à assurer les libertés ; car la liberté devrait être le but essentiel de votre gouvernement. […] ce nouveau pouvoir foulera aux pieds votre liberté déchue : que mes chers Américains se gardent bien contre cette léthargie fatale qui a perverti l’Univers ; avons-nous les moyens de résister à des armées disciplinées quand notre seul moyen de défense se trouve entre les mains du Congrès ? […] Imiterons-nous l’exemple de ces nations qui ont échangé un gouvernement modeste conter un gouvernement superbe ? Ces nations sont-elles dignes de notre imitation ? Quelles compensations peuvent-elles chercher pour la perte de leur liberté ? Si nous acceptons ce gouvernent consolidé, ce sera par amour de la splendeur et de la grandeur d’un pouvoir formidable. D’une manière ou d’une autre, nous aurons alors un grand et puissant Empire ; nous aurons une marine, une armée et bien d’autres choses. Quand l’esprit américain était dans sa jeunesse, le langage de l’Amérique était différent ; la liberté, Monsieur, était lors le but suprême.|Discours de P. Henry dans : The anti-federalist papers and the constitutional debates, publ. Par R Ketchmam, New York 1986, p.200}}
{{citation bloc|Vous ne devez pas chercher à renforcer votre commerce, ni à devenir un peuple grand et puissant, mais à assurer les libertés ; car la liberté devrait être le but essentiel de votre gouvernement. […] ce nouveau pouvoir foulera aux pieds votre liberté déchue : que mes chers Américains se gardent bien contre cette léthargie fatale qui a perverti l’Univers ; avons-nous les moyens de résister à des armées disciplinées quand notre seul moyen de défense se trouve entre les mains du Congrès ? […] Imiterons-nous l’exemple de ces nations qui ont échangé un gouvernement modeste conter un gouvernement superbe ? Ces nations sont-elles dignes de notre imitation ? Quelles compensations peuvent-elles chercher pour la perte de leur liberté ? Si nous acceptons ce gouvernent consolidé, ce sera par amour de la splendeur et de la grandeur d’un pouvoir formidable. D’une manière ou d’une autre, nous aurons alors un grand et puissant Empire ; nous aurons une marine, une armée et bien d’autres choses. Quand l’esprit américain était dans sa jeunesse, le langage de l’Amérique était différent ; la liberté, Monsieur, était lors le but suprême.|Discours de P. Henry dans : The anti-federalist papers and the constitutional debates, publ. Par R Ketchmam, New York 1986, p.200}}


= Le débat =
= Le débat =
Les penseurs de cette république moderne, commerciale, impériale vont contre-attaquer, les débats avec les antifédéralistes seront houleux.
Les penseurs de cette république moderne, commerciale, impériale vont contre attaquer, les débats avec les antifédéralistes seront houleux.


Un des angles de leur attaque est qu’au fond, la conception fédéraliste de la république va reposer sur la redéfinition de deux mots importants dans l’ordre politique. En d’autres termes les fédéralistes vont donner une nouvelle définition de l’idée de constitution et de peuple.
Un des angles de leur attaque est qu’au fond, la conception fédéraliste de la république va reposer sur la redéfinition de deux mots importants dans l’ordre politique. En d’autres termes les fédéralistes vont donner une nouvelle définition de l’idée de constitution et de peuple.


Quel est le nouveau sens donné par les fédéralistes ?
Quel est le nouveau sens donné par les fédéralistes ?


Au fond, l’idée de constitution peut être ramenée pour l’essentiel à deux significations différentes :
Au fond, l’idée de constitution peut être ramenée pour l’essentiel à deux significations différentes :
*le terme constitution tel que le pensent les fédéralistes a un sens institutionnel : la constitution est tout d’abord un document qui organise les pouvoirs publics, c’est le sens institutionnel classique que nous connaissons aujourd’hui.
*le terme constitution tel que le pense les fédéralistes a un sens institutionnel : la constitution est tout d’abord un document qui organise les pouvoirs publics, c’est le sens institutionnel classique que nous connaissons aujourd’hui.
*sens normatif de la constitution : les fédéralistes vont donner à la constitution le sens de loi suprême, loi au-dessus des lois ; la constitution dans cette perspective fédéraliste est définie comme la norme suprême. Cette dimension-là est nouvelle.  
*sens normatif de la constitution : les fédéralistes vont donner à la constitution le sens de loi suprême, loi au-dessus des lois ; la constitution dans cette perspective fédéraliste est définie comme la norme suprême. Cette dimension-là est nouvelle.  


Avant les fédéralistes américains, la constitution n’avait qu’un sens parmi d’autres, pour Bodin ce sont les lois fondamentales du royaume, une constitution n’est plus seulement un document, mais les articles de la constitution sont sacrés puisqu’ils ont une dimension normative.
Avant les fédéralistes américains, la constitution n’avait qu’un sens parmi d’autres, pour Bodin ce sont les lois fondamentales du royaume, une constitution n’est plus seulement un document, mais les articles de la constitution sont sacrés puisqu’ils ont une dimension normative.


L’autre apport est l’idée de peuple ou de nation américaine ; entre tous les désaccords institutionnels, constitutionnels, politiques, juridiques qu’ils avaient avec leurs opposants antifédéralistes, il y avait en fait une deuxième différence essentielle après la signification même du mot constitution qui était la conception de la nation américaine qui était extrêmement différente.
L’autre apport est l’idée de peuple ou de nation américaine ; entre tous les désaccords institutionnels, constitutionnels, politiques, juridiques qu’ils avaient avec leurs opposants antifédéralistes, il y avait en fait une deuxième différence essentielle après la signification même du mot constitution qui était la conception de la nation américaine qui était extrêmement différente.


Tout d’abord, la définition des fédéralistes est une définition assez classique faisant partie du peuple toute personne étant né sur le territoire américain. La deuxième dimension de la définition du peuple américain, les différencies des antifédéralistes auront et ils vont défendre une définition exclusive, pas tout le monde fait partie de la nation américaine et notamment les noirs, les Amérindiens et les peuples autochtones qui n’étaient pas considérés comme faisant partie de la nation américaine.
Tout d’abord la définition des fédéralistes est une définition assez classique faisant partie du peuple toute personne étant né sur le territoire américain. La deuxième dimension de la définition du peuple américain, les différencies des antifédéralistes auront et ils vont défendre une définition exclusive, pas tout le monde fait partie de la nation américaine et notamment les noirs, les amérindiens et les peuples autochtones qui n’étaient pas considérés comme faisant partie de la nation américaine.


Les non-wasps ne sont pas inclus pour les fédéralistes dans la nation américaine ; d’affirmer la souveraineté du peuple est une belle chose, mais si on définit le peuple de manière exclusive, les choses sont plus nuancées.
Les non-wasps ne sont pas inclus pour les fédéralistes dans la nation américaine ; d’affirmer la souveraineté du peuple est une belle chose, mais si on définit le peuple de manière exclusive, les choses sont plus nuancées.


Cette conception exclusive et limitée du peuple américain est retrouvée dans la déclaration d’indépendance américaine.
Cette conception exclusive et limitée du peuple américain est retrouvée dans la déclaration d’indépendance américaine.
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Ce n’est pas une spécificité américaine, dans les écrits révolutionnaires français, la conception définie par les révolutionnaires français est une vision hiérarchique des peuples européens. Il y a tout une liste de la hiérarchie des peuples selon les révolutionnaires français : les Français, suisses, les Anglais, les Américains, les Espagnols, les Russes, le chinois, les Perses. L’idée de fraternité universelle véhiculée par les révolutions américaine et française est menée à mal dans le fait par une vision de la hiérarchie des peuples qui interpelle.
Ce n’est pas une spécificité américaine, dans les écrits révolutionnaires français, la conception définie par les révolutionnaires français est une vision hiérarchique des peuples européens. Il y a tout une liste de la hiérarchie des peuples selon les révolutionnaires français : les français, suisses, les anglais, les américains, les espagnols, les russes, le chinois, les perses. L’idée de fraternité universelle véhiculée par les révolutions américaine et française est menée à mal dans le fait par une vision de la hiérarchie des peuples qui interpelle.


Les fédéralistes vont défendre une vision impériale de la république moderne. Ce sont des textes qui synthétisent les lumières européennes.
Les fédéralistes vont défendre une vision impériale de la république moderne. Ces sont des textes qui synthétisent les lumières européennes.


= Alexander Hamilton, John Jay, and James Madison, The Federalist, 1788 – Federalist IX =
= Alexander Hamilton, John Jay, and James Madison, The Federalist, 1788 – Federalist IX =
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Le constat du passé est clair, les démocraties du passé ne sont pas la solution des modernes, elles étaient instables et il faut y renoncer.
Le constat du passé est clair, les démocraties du passé ne sont pas la solution des modernes, elles étaient instables et il faut y renoncer.


Peut-on donc trouver un régime qui combine l’ordre et la liberté ?
Peut-on donc trouver un régime qui combine l’ordre et la liberté ?


{{citation bloc|From the disorders that disfigure the annals of those Republics, the advocates of despotism have drawn arguments, not only against the forms of Republican Government, but against the very principles of civil liberty. They have decried all free Government as inconsistent with the order of society […]}}
{{citation bloc|From the disorders that disfigure the annals of those Republics, the advocates of despotism have drawn arguments, not only against the forms of Republican Government, but against the very principles of civil liberty. They have decried all free Government as inconsistent with the order of society […]}}
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Les fédéralistes ont une conception un peu noire de la nature humaine. Les fédéralistes comme les antifédéralistes se méfient des vices humains, l’homme est un être corruptible, ils sont obsédés par la capacité que l’homme a de se corrompre.
Les fédéralistes ont une conception un peu noire de la nature humaine. Les fédéralistes comme les antifédéralistes se méfient des vices humains, l’homme est un être corruptible, ils sont obsédés par la capacité que l’homme a de se corrompre.


Ils ne sont pas comme leurs prédécesseurs intéressés à construire une réflexion sur l’homme, ce qui est important est de corriger les effets, on doit accepter que l’homme n’est pas nécessairement un « saint » et la question est de comment corriger les effets d’une telle constatation.
Ils ne sont pas comme leurs prédécesseurs intéressés à construire une réflexion sur l’homme, ce qui est important est de corriger les effets, on doit accepter que l’homme n’est pas nécessairement un « saint » et la question est de comment corriger les effets d’une telle constatation.


Pour Madison, le pouvoir arrête le pouvoir, c’est au nom de cet adage que les factions vont être arrêté :
Pour Madison, le pouvoir arrête le pouvoir, c’est au nom de cet adage que les factions vont être arrêté :
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*éloge de l’union fiscale et monétaire
*éloge de l’union fiscale et monétaire


Il y a deux idées importantes, le commerce adoucit les mœurs, le libre-échange permettant aux États de croitre et de se développer, et par corolaire, l’union fait la force.  
Il y a deux idées importantes, le commerce adoucie les mœurs, le libre-échange permettant aux États de croitre et de se développer, et par corolaire, l’union fait la force.  


= Alexander Hamilton, John Jay, and James Madison, The Federalist, 1788 – Federalist XIV =
= Alexander Hamilton, John Jay, and James Madison, The Federalist, 1788 – Federalist XIV =
Le gouvernement républicain peut être établi sur un grand territoire, c’est le contre-Rousseau et le contre-Montesquieu.
Le gouvernement républicain peut être établie sur un grand territoire, c’est le contre-Rousseau et le contre-Montesquieu.


Le régime républicain, l’État que les États-Unis appellent la république moderne peut exister sur un grand territoire, il s’agit de trouver un équilibre entre un État fédéral et le pouvoir des États. Cette répartition de compétence ne sera tranchée qu’en 1806 dans un célèbre arrêt américain qui donnera la prééminence de l’État fédéral sur l’État confédéré.
Le régime républicain, l’État que les États-Unis appellent la république moderne peut exister sur un grand territoire, il s’agit de trouver un équilibre entre un État fédéral et le pouvoir des États. Cette répartition de compétence ne sera tranchée qu’en 1806 dans un célèbre arrêt américain qui donnera la prééminence de l’État fédéral sur l’État confédéré.
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= Alexander Hamilton, John Jay, and James Madison, The Federalist, 1788 – Federalist LI =
= Alexander Hamilton, John Jay, and James Madison, The Federalist, 1788 – Federalist LI =
Ce chapitre consacre la séparation des pouvoirs qui est affirmée très clairement.  
Ce chapitre consacre la séparation des pouvoirs qui est affirmé très clairement.  


{{citation bloc|It is equally evident, that the members of each department should be as little dependent as possible on those of the others, for the emoluments annexed to their offices. Were the Executive magistrate, or the Judges, not independent of the Legislature in this particular, their independence in every other would be merely nominal.}}
{{citation bloc|It is equally evident, that the members of each department should be as little dependent as possible on those of the others, for the emoluments annexed to their offices. Were the Executive magistrate, or the Judges, not independent of the Legislature in this particular, their independence in every other would be merely nominal.}}
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{{citation bloc|it is the opinion of the ablest writers on the subject, that no extensive empire can be governed upon republican principles.}}
{{citation bloc|it is the opinion of the ablest writers on the subject, that no extensive empire can be governed upon republican principles.}}


Pour les antifédéralistes, ce qui est en train d’être construit n’est pas une république moderne, mais un empire ; les fédéralistes ont voulu synthétiser le modèle, mais pas dans le bon sens, ils ont tenté de fonder une république qui va devenir un empire.
Pour les antifédéralistes, ce qui est en train d’être construit n’est pas une république moderne mais un empire ; les fédéralistes ont voulu synthétiser le modèle mais pas dans le bon sens, ils ont tenté de fonder une république qui va devenir un empire.


= Que se passe-t-il après la Révolution américaine et la Révolution française ? =
= Que se passe t-il après la Révolution américaine et la Révolution française ? =


Après la révolution industrielle, au fond la pensée politique fait émerger au XIXème siècle un autre débat ; on ne discute plus de la définition de l’État, on ne discute plus du débat des rapports entre l’État et les individus comme l’avaient fait Montesquieu et Locke ; la question qui se pose est de savoir quel État voulons-nous ? L’État doit-il être régulateur ?
Apres la révolution in industrielle, au fond la pensée politique fait émerger au XIXème siècle un autre débat ; on ne discute plus de la définition de l’État, on ne discute plus du débat des rapports entre l’État et les individus comme l’avait fait Montesquieu et Locke ; la question qui se pose est de savoir quel État voulons-nous ? L’État doit il être régulateur ?


L’État doit-il rester un simple régulateur garant de la sécurité publique ou doit-il se transformer en protecteur de plus faible parce que le XIXème siècle la révolution industrielle et ouvre les portes de comment gouverner la misère, les ouvriers qui se déversent dans les États européens.
L’État doit il rester un simple régulateur garant de la sécurité publique ou doit il se transformer en protecteur de plus faibles parce que le XIXème siècle la révolution industrielle et ouvre les portes de comment gouverner la misère, les ouvriers qui se déversent dans les États européens.


Comment faire de l’État un État qui permet de préserver d’une certaine manière l’égalité et la fraternité, mais aussi une forme de justice et d’équité dans un monde transformé par la révolution industrielle ?
Comment faire de l’État un État qui permet de préserver d’une certaine manière l’égalité et la fraternité mais aussi une forme de justice et d’équité dans un monde transformé par la révolution industrielle ?


Si la philosophie de Mill et la philosophie contemporaine demeurent attentives aux problèmes soulevés par Mill, ce sont encore les questions que les philosophes se posent aujourd’hui ; en d’autres termes, l’État contemporain est repensé à la lumière de trois questions :
Si la philosophie de Mill et la philosophie contemporaine demeurent attentives aux problèmes soulevés par Mill, ce sont encore les questions que les philosophes se posent aujourd’hui ; en d’autres termes, l’État contemporain est repensé à la lumière de trois questions :
#l’État providence rêvé par les révolutionnaires américain et français a-t-il encore un avenir ?
#l’État providence rêvé par les révolutionnaires américain et français a t-il encore un avenir ?
#l’État est-il adapté au phénomène de la globalisation ?
#l’État est il adapté au phénomène de la globalisation ?
#la mondialisation des échanges ne porte-t-elle pas atteinte à la vision de l’État-nation centrée sur le politique, centrée sur une vision interne du droit, sur une vision de la souveraineté essentiellement interne et peu ouverte sur le monde ?
#la mondialisation des échanges ne porte t-elle pas atteinte à la vision de l’État-Nation centrée sur le politique, centrée sur une vision interne du droit, sur une vision de la souveraineté essentiellement interne et peu ouverte sur le monde ?


La mauvaise nouvelle est qu’on n’a pas encore répondu à ces trois grandes questions, la bonne nouvelle est que nous devons prendre le relais et réfléchir à l’histoire de ce concept d’État qui nait au XVIIème siècle en se souvenant qu’on ne peut savoir où l’on va si on ne sait pas d’où l’on vient.
La mauvaise nouvelle est qu’on a pas encore répondu à ces trois grandes question, la bonne nouvelle est que nous devons prendre le relais et réfléchir à l’histoire de ce concept d’État qui nait au XVIIème siècle en se souvenant qu’on ne peut savoir où l’on va si on ne sait pas d’où l’on vient.  


= Annexes =
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