Modification de La Constitution des États-Unis et la société du début du XIXème siècle
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| cours = [[Les États-Unis et l’Amérique Latine : fin XVIIIème et XXème siècles]] | |||
| faculté = [[Lettres]] | |||
| département = [[Département d’histoire générale]] | |||
| professeurs = [[Aline Helg]]<ref>[https://www.unige.ch/lettres/istge/unites/hco/anciens-collaborateurs/helg/ Aline Helg] - [https://www.unige.ch/ UNIGE]</ref><ref>[https://unige.academia.edu/AlineHelg Aline Helg] - [https://www.academia.edu/ Academia.edu]</ref><ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/Aline_Helg Aline Helg] - Wikipedia</ref><ref>[http://www.afrocubaweb.com/helg.htm Aline Helg] - [http://www.afrocubaweb.com/ Afrocubaweb.com]</ref><ref>[https://www.researchgate.net/profile/Aline_Helg Aline Helg] - [https://www.researchgate.net/profile/Aline_Helg Researchgate.net]</ref><ref>[https://www.cairn.info/publications-de-Aline-Helg--670782.htm Aline Helg] - [https://www.cairn.info Cairn.info]</ref><ref>[https://scholar.google.fr/citations?user=h3hUuPgAAAAJ&hl=en&oi=ao Aline Helg] - [https://scholar.google.fr/schhp?hl=en Google Scholar]</ref> | |||
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| lectures = | |||
*[[Les Amériques à la veille des indépendances (A. Helg)]] | |||
*[[L’indépendance des États-Unis]] | |||
*[[La Constitution des États-Unis et la société du début du XIXème siècle]] | |||
*[[La Révolution haïtienne et son impact dans les Amériques]] | |||
*[[Les indépendances des nations d’Amérique latine]] | |||
*[[L’Amérique latine vers 1850 : sociétés, économies, politiques]] | |||
*[[Les États-Unis du Nord et du Sud vers 1850 : immigration et esclavage]] | |||
*[[La Guerre de Sécession et la Reconstruction aux États-Unis : 1861 - 1877]] | |||
*[[Les États-(ré) Unis : 1877 - 1900]] | |||
*[[Régimes d’Ordre et de Progrès en Amérique latine : 1875 - 1910]] | |||
*[[La Révolution mexicaine : 1910 - 1940]] | |||
*[[La société étasunienne des années 1920]] | |||
*[[La Grande Dépression étasunienne et le New Deal : 1929 - 1940]] | |||
*[[De la politique du Big Stick à celle du Good Neighbor]] | |||
*[[Coups d’État et populismes latino-américains]] | |||
*[[Les États-Unis face à la Deuxième guerre mondiale]] | |||
*[[L’Amérique latine pendant la Deuxième guerre mondiale]] | |||
*[[La société étasunienne de l’Après-guerre : Guerre froide et société d’abondance]] | |||
*[[La Guerre froide en Amérique latine et la Révolution cubaine]] | |||
*[[Le Civil Rights Movement aux États-Unis]] | |||
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{{Translations | La Constitution des États-Unis, adoptée en 1787, ne sert pas uniquement de fondement au gouvernement fédéral américain, mais s'impose également comme un édifice symbolique qui articule et protège les droits et libertés des citoyens. Cette charte fondamentale a subi 27 amendements depuis son adoption, témoignant de sa capacité à évoluer en fonction des besoins changeants de la société. Dans le cadre de ce cours, nous explorerons les racines, les développements et les tensions entourant cette Constitution, particulièrement jusqu'à la période tumultueuse de la guerre civile qui a sévi de 1861 à 1865. | ||
Mais l'étude de cette époque ne s'arrête pas à la Constitution. Nous plongerons également dans les mutations politiques, religieuses et socioculturelles qui ont culminé avec l'énonciation de la Doctrine Monroe en 1823. Celle-ci, en posant que toute intervention européenne dans le Nouveau Monde serait vue comme une menace, a façonné la politique étrangère américaine pendant des décennies. En s'immergeant dans l'Amérique des années 1800, nous dévoilons les mécanismes profonds qui ont sculpté l'histoire des États-Unis et qui continuent, inéluctablement, d'influencer le visage de la nation à ce jour.{{Translations | |||
| en = The U.S. Constitution and Early 19th Century Society | | en = The U.S. Constitution and Early 19th Century Society | ||
| es = La Constitución de los Estados Unidos y la Sociedad de principios del siglo XIX | | es = La Constitución de los Estados Unidos y la Sociedad de principios del siglo XIX | ||
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= Les articles de la Confédération et les Constitutions des différents États = | = Les articles de la Confédération et les Constitutions des différents États = | ||
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L'un des débats les plus intenses et controversés de la Convention a été celui du "compromis des trois cinquièmes". Cette disposition stipulait que, pour déterminer la représentation et la fiscalité, un esclave serait compté comme les "trois cinquièmes" d'une personne. Ce compromis a donné aux États esclavagistes une plus grande représentation au Congrès, renforçant ainsi leur pouvoir politique. De plus, la structure du gouvernement lui-même a fait l'objet d'un débat approfondi. Les délégués ont été divisés entre ceux qui soutenaient un gouvernement central fort et ceux qui croyaient en des États forts avec un gouvernement central limité. Le compromis qui en a résulté a établi un système bicaméral pour le législatif (la Chambre des représentants et le Sénat) et a équilibré le pouvoir entre les États plus grands et plus petits. Enfin, la question du suffrage était également au cœur des discussions. À une époque où les critères de propriété étaient couramment utilisés pour déterminer l'éligibilité au vote, la Convention a laissé cette décision aux États individuels. Cette approche a conduit à une variété de politiques de suffrage, avec certains États étendant progressivement le droit de vote à un plus grand nombre de citoyens au fil du temps. La Convention constitutionnelle était donc un mélange complexe d'idéaux, d'intérêts économiques et de pragmatisme. Les hommes qui s'y sont rassemblés étaient loin d'être unanimes, mais ils ont réussi à élaborer un cadre qui a non seulement uni les États, mais a également fourni une base pour la croissance et l'évolution de la nation au cours des siècles suivants. | L'un des débats les plus intenses et controversés de la Convention a été celui du "compromis des trois cinquièmes". Cette disposition stipulait que, pour déterminer la représentation et la fiscalité, un esclave serait compté comme les "trois cinquièmes" d'une personne. Ce compromis a donné aux États esclavagistes une plus grande représentation au Congrès, renforçant ainsi leur pouvoir politique. De plus, la structure du gouvernement lui-même a fait l'objet d'un débat approfondi. Les délégués ont été divisés entre ceux qui soutenaient un gouvernement central fort et ceux qui croyaient en des États forts avec un gouvernement central limité. Le compromis qui en a résulté a établi un système bicaméral pour le législatif (la Chambre des représentants et le Sénat) et a équilibré le pouvoir entre les États plus grands et plus petits. Enfin, la question du suffrage était également au cœur des discussions. À une époque où les critères de propriété étaient couramment utilisés pour déterminer l'éligibilité au vote, la Convention a laissé cette décision aux États individuels. Cette approche a conduit à une variété de politiques de suffrage, avec certains États étendant progressivement le droit de vote à un plus grand nombre de citoyens au fil du temps. La Convention constitutionnelle était donc un mélange complexe d'idéaux, d'intérêts économiques et de pragmatisme. Les hommes qui s'y sont rassemblés étaient loin d'être unanimes, mais ils ont réussi à élaborer un cadre qui a non seulement uni les États, mais a également fourni une base pour la croissance et l'évolution de la nation au cours des siècles suivants. | ||
La Convention constitutionnelle de Philadelphie était le théâtre de débats intenses sur le droit de vote. À l'époque, l'idée que seuls les propriétaires terriens devraient avoir le droit de vote était largement acceptée par beaucoup, car on considérait que ces personnes avaient un enjeu stable et durable dans la société et étaient donc les plus aptes à prendre des décisions éclairées pour le bien de la collectivité. L'arrière-plan de cette croyance est enraciné dans la tradition britannique, où le suffrage était historiquement lié à la possession de terres. Cependant, d'autres délégués ont soutenu que le droit de vote devait être étendu à d'autres citoyens. Ils estimaient que limiter le droit de vote aux propriétaires terriens était en contradiction avec les principes énoncés dans la Déclaration d'indépendance. Si "tous les hommes sont créés égaux" et ont le droit "à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur", alors pourquoi ce principe ne se traduirait-il pas également par un suffrage plus universel? La situation était encore compliquée par la question des esclaves. Bien que la Déclaration d'indépendance parle d'égalité, elle a été rédigée dans une société où l'esclavage était largement pratiqué. Pour beaucoup, il y avait une dissonance cognitive entre les idéaux d'égalité et de liberté et la réalité de l'esclavage. La question de savoir si les esclaves étaient inclus dans l'affirmation que "tous les hommes sont créés égaux" était largement évitée lors de la rédaction de la Constitution, conduisant à des compromis tels que le compromis des trois cinquièmes. En fin de compte, la Convention a laissé la question du suffrage aux États individuels. Cette décision a permis une diversité de politiques à travers la jeune nation. Certains États ont progressivement réduit ou éliminé les exigences de propriété pour voter, élargissant ainsi le corps électoral, tandis que d'autres ont maintenu des restrictions plus strictes pendant des décennies. La tension entre les idéaux d'égalité et de liberté et les réalités sociales et économiques des États-Unis de la fin du XVIIIe siècle a été une source constante de débat et de conflit. Il a fallu des décennies et de nombreux mouvements sociaux pour commencer à combler cet écart entre l'idéal et la réalité. | La Convention constitutionnelle de Philadelphie était en effet le théâtre de débats intenses sur le droit de vote. À l'époque, l'idée que seuls les propriétaires terriens devraient avoir le droit de vote était largement acceptée par beaucoup, car on considérait que ces personnes avaient un enjeu stable et durable dans la société et étaient donc les plus aptes à prendre des décisions éclairées pour le bien de la collectivité. L'arrière-plan de cette croyance est enraciné dans la tradition britannique, où le suffrage était historiquement lié à la possession de terres. Cependant, d'autres délégués ont soutenu que le droit de vote devait être étendu à d'autres citoyens. Ils estimaient que limiter le droit de vote aux propriétaires terriens était en contradiction avec les principes énoncés dans la Déclaration d'indépendance. Si "tous les hommes sont créés égaux" et ont le droit "à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur", alors pourquoi ce principe ne se traduirait-il pas également par un suffrage plus universel? La situation était encore compliquée par la question des esclaves. Bien que la Déclaration d'indépendance parle d'égalité, elle a été rédigée dans une société où l'esclavage était largement pratiqué. Pour beaucoup, il y avait une dissonance cognitive entre les idéaux d'égalité et de liberté et la réalité de l'esclavage. La question de savoir si les esclaves étaient inclus dans l'affirmation que "tous les hommes sont créés égaux" était largement évitée lors de la rédaction de la Constitution, conduisant à des compromis tels que le compromis des trois cinquièmes. En fin de compte, la Convention a laissé la question du suffrage aux États individuels. Cette décision a permis une diversité de politiques à travers la jeune nation. Certains États ont progressivement réduit ou éliminé les exigences de propriété pour voter, élargissant ainsi le corps électoral, tandis que d'autres ont maintenu des restrictions plus strictes pendant des décennies. La tension entre les idéaux d'égalité et de liberté et les réalités sociales et économiques des États-Unis de la fin du XVIIIe siècle a été une source constante de débat et de conflit. Il a fallu des décennies et de nombreux mouvements sociaux pour commencer à combler cet écart entre l'idéal et la réalité. | ||
== Silences, concessions et acquis de la Constitution de 1787 == | == Silences, concessions et acquis de la Constitution de 1787 == | ||
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=== La Constitution et la structure du gouvernement fédéral américain === | === La Constitution et la structure du gouvernement fédéral américain === | ||
La Constitution des États-Unis sert de pierre angulaire à la structure du gouvernement fédéral américain, établissant les principes fondamentaux qui guident la nation. Elle opère sur le principe du fédéralisme, une doctrine qui alloue les pouvoirs entre le gouvernement national et les gouvernements des États individuels. Au cœur de cette structure, chaque État a sa propre constitution, servant de cadre à son propre gouvernement et lui permettant de légiférer sur une variété de sujets spécifiques à ses besoins et préférences. Par exemple, bien que la Constitution fédérale énonce les droits fondamentaux des citoyens, c'est aux États individuels qu'il revient souvent de préciser et d'élaborer ces droits. De plus, chaque État a le pouvoir de définir ses critères de citoyenneté, de sorte que les droits et responsabilités d'un citoyen peuvent différer selon qu'il réside en Californie, au Texas ou à New York. Cet équilibre entre le pouvoir central et les droits des États offre une flexibilité essentielle, permettant à la diversité culturelle et socio-économique des États-Unis de s'épanouir. En essence, le fédéralisme crée une mosaïque où chaque État peut agir selon ses caractéristiques propres tout en étant partie intégrante d'une entité nationale unifiée.[[Fichier:SystèmeUS.png|300px|vignette|centré]] | La Constitution des États-Unis sert de pierre angulaire à la structure du gouvernement fédéral américain, établissant les principes fondamentaux qui guident la nation. Elle opère sur le principe du fédéralisme, une doctrine qui alloue les pouvoirs entre le gouvernement national et les gouvernements des États individuels. Au cœur de cette structure, chaque État a sa propre constitution, servant de cadre à son propre gouvernement et lui permettant de légiférer sur une variété de sujets spécifiques à ses besoins et préférences. Par exemple, bien que la Constitution fédérale énonce les droits fondamentaux des citoyens, c'est aux États individuels qu'il revient souvent de préciser et d'élaborer ces droits. De plus, chaque État a le pouvoir de définir ses critères de citoyenneté, de sorte que les droits et responsabilités d'un citoyen peuvent différer selon qu'il réside en Californie, au Texas ou à New York. Cet équilibre entre le pouvoir central et les droits des États offre une flexibilité essentielle, permettant à la diversité culturelle et socio-économique des États-Unis de s'épanouir. En essence, le fédéralisme crée une mosaïque où chaque État peut agir selon ses caractéristiques propres tout en étant partie intégrante d'une entité nationale unifiée.[[Fichier:SystèmeUS.png|300px|vignette|centré]] | ||
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Le collège électoral est l'une des institutions les plus singulières de la démocratie américaine, et il a souvent été l'objet de débats et de controverses. Conçu à l'origine comme un compromis entre l'élection du président par un vote du Congrès et l'élection du président par un vote populaire direct, le collège électoral reflète la méfiance des Pères fondateurs à l'égard de la "tyrannie de la majorité". Ils croyaient qu'en confiant la décision à un groupe d'électeurs, cela offrirait une couche supplémentaire de médiation, garantissant que le président serait choisi par des individus informés et dévoués. La structure du collège électoral, où chaque État reçoit un nombre d'électeurs égal à son nombre total de représentants au Congrès (Chambre des représentants + Sénat), était aussi une manière d'équilibrer le pouvoir entre les grands et les petits États. Ainsi, même les États les moins peuplés disposent d'au moins trois électeurs. Avec le temps, des changements se sont avérés nécessaires pour s'adapter aux réalités changeantes de la politique américaine. Le 12e amendement est venu corriger une faiblesse apparente du système originel. Au départ, le candidat ayant reçu le plus de voix devenait président et le deuxième devenait vice-président. Cela a posé problème en 1800 lorsque Thomas Jefferson et Aaron Burr ont reçu un nombre égal de voix, créant une impasse. L'amendement a donc séparé les votes pour les deux postes, garantissant que les électeurs votent explicitement pour un président et un vice-président. Le 23e amendement est le reflet de la volonté de reconnaître les droits de citoyenneté et de suffrage des résidents de la capitale nationale, le district de Columbia. Bien que ces résidents vivent au cœur de la politique américaine, ils n'avaient pas de voix dans le choix du président jusqu'à la ratification de cet amendement. Au fil des ans, le collège électoral a été l'objet de nombreuses critiques et de propositions de réforme. Certains plaident pour son abolition au profit d'un vote populaire direct, tandis que d'autres cherchent à le réformer pour mieux refléter la volonté populaire. Néanmoins, son existence continue de façonner la manière dont les campagnes présidentielles sont menées et la manière dont les candidats abordent la stratégie électorale.[[Fichier:2008electoralvote.png|vignette|gauche]] | Le collège électoral est l'une des institutions les plus singulières de la démocratie américaine, et il a souvent été l'objet de débats et de controverses. Conçu à l'origine comme un compromis entre l'élection du président par un vote du Congrès et l'élection du président par un vote populaire direct, le collège électoral reflète la méfiance des Pères fondateurs à l'égard de la "tyrannie de la majorité". Ils croyaient qu'en confiant la décision à un groupe d'électeurs, cela offrirait une couche supplémentaire de médiation, garantissant que le président serait choisi par des individus informés et dévoués. La structure du collège électoral, où chaque État reçoit un nombre d'électeurs égal à son nombre total de représentants au Congrès (Chambre des représentants + Sénat), était aussi une manière d'équilibrer le pouvoir entre les grands et les petits États. Ainsi, même les États les moins peuplés disposent d'au moins trois électeurs. Avec le temps, des changements se sont avérés nécessaires pour s'adapter aux réalités changeantes de la politique américaine. Le 12e amendement est venu corriger une faiblesse apparente du système originel. Au départ, le candidat ayant reçu le plus de voix devenait président et le deuxième devenait vice-président. Cela a posé problème en 1800 lorsque Thomas Jefferson et Aaron Burr ont reçu un nombre égal de voix, créant une impasse. L'amendement a donc séparé les votes pour les deux postes, garantissant que les électeurs votent explicitement pour un président et un vice-président. Le 23e amendement est le reflet de la volonté de reconnaître les droits de citoyenneté et de suffrage des résidents de la capitale nationale, le district de Columbia. Bien que ces résidents vivent au cœur de la politique américaine, ils n'avaient pas de voix dans le choix du président jusqu'à la ratification de cet amendement. Au fil des ans, le collège électoral a été l'objet de nombreuses critiques et de propositions de réforme. Certains plaident pour son abolition au profit d'un vote populaire direct, tandis que d'autres cherchent à le réformer pour mieux refléter la volonté populaire. Néanmoins, son existence continue de façonner la manière dont les campagnes présidentielles sont menées et la manière dont les candidats abordent la stratégie électorale.[[Fichier:2008electoralvote.png|vignette|gauche]] | ||
Le système de collège électoral des États-Unis est unique et souvent mal compris, même par certains citoyens américains. Concrètement, lorsqu'un électeur vote lors de l'élection présidentielle, il vote en réalité pour un groupe de grands électeurs promis à un candidat spécifique plutôt que directement pour le candidat lui-même. La méthode "winner-takes-all" (le gagnant prend tout) est la norme dans presque tous les États. Cela signifie que, même si un candidat ne remporte la majorité des voix que d'une faible marge, il reçoit l'ensemble des grands électeurs de cet État. Seuls le Nebraska et le Maine dérogent à cette règle, distribuant une partie de leurs grands électeurs selon le résultat dans chaque district électoral. L'impact de ce système est double. Premièrement, il crée une tendance où, dans les États fermement acquis à un parti (par exemple, la Californie pour les Démocrates ou l'Oklahoma pour les Républicains), les candidats n'ont pas vraiment besoin de faire campagne car l'issue est largement anticipée. Deuxièmement, cela met en lumière l'importance des "États-clés" ou "swing states" - des États où les électeurs sont profondément divisés et où le résultat est incertain. Ces États deviennent des champs de bataille essentiels pour les candidats, qui y dépensent une part disproportionnée de leurs ressources et de leur temps. Des États comme la Floride, l'Ohio ou la Pennsylvanie deviennent ainsi le centre d'attention lors de chaque cycle électoral, car leur basculement d'un côté ou de l'autre peut déterminer l'issue de l'élection. Cette dynamique est critiquée par certains qui estiment que cela donne à quelques États une influence exagérée sur l'élection, négligeant ainsi les préoccupations des autres régions du pays. Le système électoral des États-Unis est unique et a suscité de nombreuses discussions au fil des ans, en particulier le mécanisme du collège électoral. Lorsque les citoyens américains votent lors d'une élection présidentielle, ils ne votent pas directement pour leur candidat préféré, mais plutôt pour un groupe de grands électeurs qui, à leur tour, votent pour le président. La plupart des États ont adopté la méthode du "winner-takes-all", où le candidat qui remporte le vote populaire de l'État remporte tous les grands électeurs de cet État. Cependant, le Maine et le Nebraska ont adopté une approche différente : la "méthode des districts du Congrès". Selon cette méthode, deux grands électeurs sont attribués au candidat qui remporte le vote populaire général de l'État. Les grands électeurs restants (basés sur le nombre de districts du Congrès dans l'État) sont ensuite attribués individuellement au gagnant de chaque district. Cela signifie que, théoriquement, les votes électoraux de ces États pourraient être partagés entre les candidats. Cette distinction est cruciale car elle met en lumière la manière dont différents États abordent le processus électoral. Tandis que les États utilisant la méthode "winner-takes-all" peuvent voir tous leurs grands électeurs attribués à un candidat même s'il remporte l'État par une faible marge, le Maine et le Nebraska offrent une chance de représenter une diversité d'opinions au sein même de leurs frontières. Bien que cette méthode ne soit utilisée que dans deux États, elle souligne la variabilité et la complexité du processus électoral américain. | Le système de collège électoral des États-Unis est unique et souvent mal compris, même par certains citoyens américains. Concrètement, lorsqu'un électeur vote lors de l'élection présidentielle, il vote en réalité pour un groupe de grands électeurs promis à un candidat spécifique plutôt que directement pour le candidat lui-même. La méthode "winner-takes-all" (le gagnant prend tout) est en effet la norme dans presque tous les États. Cela signifie que, même si un candidat ne remporte la majorité des voix que d'une faible marge, il reçoit l'ensemble des grands électeurs de cet État. Seuls le Nebraska et le Maine dérogent à cette règle, distribuant une partie de leurs grands électeurs selon le résultat dans chaque district électoral. L'impact de ce système est double. Premièrement, il crée une tendance où, dans les États fermement acquis à un parti (par exemple, la Californie pour les Démocrates ou l'Oklahoma pour les Républicains), les candidats n'ont pas vraiment besoin de faire campagne car l'issue est largement anticipée. Deuxièmement, cela met en lumière l'importance des "États-clés" ou "swing states" - des États où les électeurs sont profondément divisés et où le résultat est incertain. Ces États deviennent des champs de bataille essentiels pour les candidats, qui y dépensent une part disproportionnée de leurs ressources et de leur temps. Des États comme la Floride, l'Ohio ou la Pennsylvanie deviennent ainsi le centre d'attention lors de chaque cycle électoral, car leur basculement d'un côté ou de l'autre peut déterminer l'issue de l'élection. Cette dynamique est critiquée par certains qui estiment que cela donne à quelques États une influence exagérée sur l'élection, négligeant ainsi les préoccupations des autres régions du pays. Le système électoral des États-Unis est unique et a suscité de nombreuses discussions au fil des ans, en particulier le mécanisme du collège électoral. Lorsque les citoyens américains votent lors d'une élection présidentielle, ils ne votent pas directement pour leur candidat préféré, mais plutôt pour un groupe de grands électeurs qui, à leur tour, votent pour le président. La plupart des États ont adopté la méthode du "winner-takes-all", où le candidat qui remporte le vote populaire de l'État remporte tous les grands électeurs de cet État. Cependant, le Maine et le Nebraska ont adopté une approche différente : la "méthode des districts du Congrès". Selon cette méthode, deux grands électeurs sont attribués au candidat qui remporte le vote populaire général de l'État. Les grands électeurs restants (basés sur le nombre de districts du Congrès dans l'État) sont ensuite attribués individuellement au gagnant de chaque district. Cela signifie que, théoriquement, les votes électoraux de ces États pourraient être partagés entre les candidats. Cette distinction est cruciale car elle met en lumière la manière dont différents États abordent le processus électoral. Tandis que les États utilisant la méthode "winner-takes-all" peuvent voir tous leurs grands électeurs attribués à un candidat même s'il remporte l'État par une faible marge, le Maine et le Nebraska offrent une chance de représenter une diversité d'opinions au sein même de leurs frontières. Bien que cette méthode ne soit utilisée que dans deux États, elle souligne la variabilité et la complexité du processus électoral américain. | ||
Le collège électoral, bien qu'il ait été conçu comme un moyen d'équilibrer le pouvoir électoral entre les États et de prévenir une domination trop forte des États les plus peuplés, est devenu une source de controverse pour exactement ces raisons. L'un des principaux points de contention est que le système peut, et a par le passé, permis à un candidat de devenir président sans remporter le vote populaire. C'est précisément ce qui s'est passé en 2000, lors de l'élection controversée entre George W. Bush et Al Gore. Al Gore a remporté le vote populaire par une petite marge, mais après une bataille juridique concernant le décompte des voix en Floride, Bush a été déclaré vainqueur dans cet État clé, lui donnant ainsi une majorité de votes électoraux et, par conséquent, la présidence. Cette situation a suscité de vifs débats et une remise en question du système du collège électoral, car de nombreuses personnes se sont demandé comment il était possible qu'un candidat puisse devenir président sans avoir remporté le vote populaire. Des situations similaires se sont également produites lors des élections de 1876, 1888 et 2016. Ces élections, bien qu'espacées dans le temps, ont renforcé les appels à la réforme ou à l'abolition du collège électoral. Les défenseurs du système soutiennent qu'il protège les intérêts des petits États et garantit une représentation équilibrée, tandis que ses détracteurs estiment qu'il est antidémocratique et qu'il peut donner une voix disproportionnée à certains électeurs. La question de savoir si le collège électoral est toujours pertinent ou s'il doit être réformé est un débat en cours dans le paysage politique américain. Ce débat soulève des questions fondamentales sur la nature de la démocratie et la meilleure manière de représenter équitablement les citoyens dans le processus électoral. | Le collège électoral, bien qu'il ait été conçu comme un moyen d'équilibrer le pouvoir électoral entre les États et de prévenir une domination trop forte des États les plus peuplés, est devenu une source de controverse pour exactement ces raisons. L'un des principaux points de contention est que le système peut, et a par le passé, permis à un candidat de devenir président sans remporter le vote populaire. C'est précisément ce qui s'est passé en 2000, lors de l'élection controversée entre George W. Bush et Al Gore. Al Gore a remporté le vote populaire par une petite marge, mais après une bataille juridique concernant le décompte des voix en Floride, Bush a été déclaré vainqueur dans cet État clé, lui donnant ainsi une majorité de votes électoraux et, par conséquent, la présidence. Cette situation a suscité de vifs débats et une remise en question du système du collège électoral, car de nombreuses personnes se sont demandé comment il était possible qu'un candidat puisse devenir président sans avoir remporté le vote populaire. Des situations similaires se sont également produites lors des élections de 1876, 1888 et 2016. Ces élections, bien qu'espacées dans le temps, ont renforcé les appels à la réforme ou à l'abolition du collège électoral. Les défenseurs du système soutiennent qu'il protège les intérêts des petits États et garantit une représentation équilibrée, tandis que ses détracteurs estiment qu'il est antidémocratique et qu'il peut donner une voix disproportionnée à certains électeurs. La question de savoir si le collège électoral est toujours pertinent ou s'il doit être réformé est un débat en cours dans le paysage politique américain. Ce débat soulève des questions fondamentales sur la nature de la démocratie et la meilleure manière de représenter équitablement les citoyens dans le processus électoral. | ||
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=== Les tensions entre gouvernement fédéral et États === | === Les tensions entre gouvernement fédéral et États === | ||
La Convention constitutionnelle de 1787 a été un théâtre de débats intenses et de négociations cruciales, bien au-delà de la question de l'esclavage. Au cœur de ces délibérations se trouvait un autre dilemme fondamental : comment équilibrer le pouvoir entre le gouvernement fédéral central et les États individuels. C'était un défi de taille, car il fallait concilier les besoins d'un gouvernement central fort, capable de diriger une nation émergente, avec le désir des États de préserver leur autonomie et leur souveraineté. Le sujet de la fiscalité était particulièrement controversé. Après l'expérience des Articles de la Confédération, où le gouvernement central manquait de fonds et dépendait des contributions volontaires des États, il était évident qu'un changement était nécessaire. Cependant, donner au gouvernement fédéral le pouvoir de lever des impôts suscitait des inquiétudes. Beaucoup craignaient que cela ne donne trop de pouvoir à ce gouvernement central, permettant éventuellement une forme d'autorité tyrannique. Les petits États étaient particulièrement préoccupés. Ils s'inquiétaient du fait que, si la représentation et la fiscalité étaient basées sur la population ou la richesse, ils seraient alors dominés par les intérêts des grands États, plus peuplés et plus riches. Ces craintes ont conduit au fameux Compromis du Connecticut ou Compromis du Grand Compromis, qui a établi un Congrès bicaméral : la Chambre des représentants, où la représentation serait basée sur la population, et le Sénat, où chaque État aurait deux sénateurs, indépendamment de sa taille ou de sa population. En fin de compte, la Convention a réussi à forger une série de compromis qui, bien qu'imparfaits, ont permis de jeter les bases d'une constitution durable. Elle a établi un équilibre délicat entre le pouvoir central et les droits des États, une tension qui continue d'influencer la politique américaine jusqu'à ce jour. | La Convention constitutionnelle de 1787 a effectivement été un théâtre de débats intenses et de négociations cruciales, bien au-delà de la question de l'esclavage. Au cœur de ces délibérations se trouvait un autre dilemme fondamental : comment équilibrer le pouvoir entre le gouvernement fédéral central et les États individuels. C'était un défi de taille, car il fallait concilier les besoins d'un gouvernement central fort, capable de diriger une nation émergente, avec le désir des États de préserver leur autonomie et leur souveraineté. Le sujet de la fiscalité était particulièrement controversé. Après l'expérience des Articles de la Confédération, où le gouvernement central manquait de fonds et dépendait des contributions volontaires des États, il était évident qu'un changement était nécessaire. Cependant, donner au gouvernement fédéral le pouvoir de lever des impôts suscitait des inquiétudes. Beaucoup craignaient que cela ne donne trop de pouvoir à ce gouvernement central, permettant éventuellement une forme d'autorité tyrannique. Les petits États étaient particulièrement préoccupés. Ils s'inquiétaient du fait que, si la représentation et la fiscalité étaient basées sur la population ou la richesse, ils seraient alors dominés par les intérêts des grands États, plus peuplés et plus riches. Ces craintes ont conduit au fameux Compromis du Connecticut ou Compromis du Grand Compromis, qui a établi un Congrès bicaméral : la Chambre des représentants, où la représentation serait basée sur la population, et le Sénat, où chaque État aurait deux sénateurs, indépendamment de sa taille ou de sa population. En fin de compte, la Convention a réussi à forger une série de compromis qui, bien qu'imparfaits, ont permis de jeter les bases d'une constitution durable. Elle a établi un équilibre délicat entre le pouvoir central et les droits des États, une tension qui continue d'influencer la politique américaine jusqu'à ce jour. | ||
Le voyage vers la ratification de la Constitution des États-Unis n’a pas été aisé. Suite à la Convention de 1787 à Philadelphie, il était clair que bien que beaucoup soutenaient la nouvelle Constitution, il y avait aussi une forte opposition. Les Antifédéralistes, comme on les appelait, craignaient que la nouvelle Constitution ne donne trop de pouvoir au gouvernement central au détriment des États et des droits individuels. Pour eux, sans protections explicites, il y avait un risque que le nouveau gouvernement devienne aussi tyrannique que celui contre lequel les colonies avaient combattu lors de la Révolution américaine. Face à ces préoccupations, et dans le but d'obtenir le soutien nécessaire à la ratification, il a été convenu qu'une fois la Constitution ratifiée, le premier Congrès proposerait une série d'amendements pour protéger les droits individuels. Ces amendements deviendraient ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Bill of Rights (Déclaration des droits). Les dix premiers amendements à la Constitution, collectivement appelés la Déclaration des droits, ont été adoptés en 1791. Ils garantissent une série de droits personnels, comme la liberté d'expression, de religion et de la presse, ainsi que des protections contre des procédures judiciaires injustes. Ces droits sont devenus fondamentaux dans la culture politique et juridique américaine. En ajoutant la Déclaration des droits à la Constitution, les Pères fondateurs ont cherché à garantir non seulement les libertés fondamentales des citoyens américains, mais aussi à apaiser les craintes et les inquiétudes des Antifédéralistes. Ce geste a joué un rôle essentiel pour garantir la ratification de la Constitution et l'établissement d'un gouvernement stable et durable pour la jeune république américaine. | Le voyage vers la ratification de la Constitution des États-Unis n’a pas été aisé. Suite à la Convention de 1787 à Philadelphie, il était clair que bien que beaucoup soutenaient la nouvelle Constitution, il y avait aussi une forte opposition. Les Antifédéralistes, comme on les appelait, craignaient que la nouvelle Constitution ne donne trop de pouvoir au gouvernement central au détriment des États et des droits individuels. Pour eux, sans protections explicites, il y avait un risque que le nouveau gouvernement devienne aussi tyrannique que celui contre lequel les colonies avaient combattu lors de la Révolution américaine. Face à ces préoccupations, et dans le but d'obtenir le soutien nécessaire à la ratification, il a été convenu qu'une fois la Constitution ratifiée, le premier Congrès proposerait une série d'amendements pour protéger les droits individuels. Ces amendements deviendraient ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Bill of Rights (Déclaration des droits). Les dix premiers amendements à la Constitution, collectivement appelés la Déclaration des droits, ont été adoptés en 1791. Ils garantissent une série de droits personnels, comme la liberté d'expression, de religion et de la presse, ainsi que des protections contre des procédures judiciaires injustes. Ces droits sont devenus fondamentaux dans la culture politique et juridique américaine. En ajoutant la Déclaration des droits à la Constitution, les Pères fondateurs ont cherché à garantir non seulement les libertés fondamentales des citoyens américains, mais aussi à apaiser les craintes et les inquiétudes des Antifédéralistes. Ce geste a joué un rôle essentiel pour garantir la ratification de la Constitution et l'établissement d'un gouvernement stable et durable pour la jeune république américaine. | ||
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La guerre de 1812, bien que largement oubliée dans le grand récit de l'histoire américaine, a joué un rôle déterminant dans la formation de la nation. Confrontés aux rigueurs d'un blocus imposé par les Britanniques, les États-Unis ont dû chercher des solutions internes pour répondre à leurs besoins croissants. Cette nécessité s'est avérée être la mère de l'invention, engendrant une révolution industrielle sur la côte Est. Des usines textiles se sont élevées, tirant parti des ressources naturelles abondantes et de l'ingéniosité américaine. Parallèlement à cela, la métallurgie et l'armement ont connu une croissance, transformant la nation en une puissance industrielle naissante. Ce changement économique n'a pas seulement renforcé les structures matérielles des États-Unis, il a également provoqué une transformation culturelle. Avec une industrie florissante, les Américains ont commencé à voir leur pays sous un jour nouveau, non plus comme une jeune colonie luttant pour se définir, mais comme une nation mature, capable de rivaliser avec les puissances européennes. Les artistes, capturant cet esprit de renouveau et de confiance, ont peint des scènes idylliques de la campagne américaine, dépeignant une société agraire robuste qui, malgré son virage vers l'industrialisation, restait profondément enracinée dans ses valeurs fondamentales. Ainsi, la guerre de 1812, avec ses défis et ses triomphes, a non seulement façonné la trajectoire économique des États-Unis, mais a également influencé sa culture et son identité nationale, laissant un héritage durable qui continue de résonner aujourd'hui. | La guerre de 1812, bien que largement oubliée dans le grand récit de l'histoire américaine, a joué un rôle déterminant dans la formation de la nation. Confrontés aux rigueurs d'un blocus imposé par les Britanniques, les États-Unis ont dû chercher des solutions internes pour répondre à leurs besoins croissants. Cette nécessité s'est avérée être la mère de l'invention, engendrant une révolution industrielle sur la côte Est. Des usines textiles se sont élevées, tirant parti des ressources naturelles abondantes et de l'ingéniosité américaine. Parallèlement à cela, la métallurgie et l'armement ont connu une croissance, transformant la nation en une puissance industrielle naissante. Ce changement économique n'a pas seulement renforcé les structures matérielles des États-Unis, il a également provoqué une transformation culturelle. Avec une industrie florissante, les Américains ont commencé à voir leur pays sous un jour nouveau, non plus comme une jeune colonie luttant pour se définir, mais comme une nation mature, capable de rivaliser avec les puissances européennes. Les artistes, capturant cet esprit de renouveau et de confiance, ont peint des scènes idylliques de la campagne américaine, dépeignant une société agraire robuste qui, malgré son virage vers l'industrialisation, restait profondément enracinée dans ses valeurs fondamentales. Ainsi, la guerre de 1812, avec ses défis et ses triomphes, a non seulement façonné la trajectoire économique des États-Unis, mais a également influencé sa culture et son identité nationale, laissant un héritage durable qui continue de résonner aujourd'hui. | ||
La guerre de 1812, malgré son nom, a laissé une empreinte indélébile sur la trajectoire nationale des États-Unis bien au-delà des champs de bataille. Ses répercussions se sont étendues à des domaines qui peuvent sembler, à première vue, éloignés des affrontements militaires. Par exemple, elle a stimulé une réévaluation majeure des infrastructures du pays, tout en mettant en évidence la nécessité de politiques publiques robustes. Face à une Europe riche en connaissances et avancée en matière d'éducation, les dirigeants américains ont compris que pour s'assurer une place sur la scène mondiale, ils devaient investir dans l'éducation. Par conséquent, l'accent a été mis sur la création d'écoles et d'universités. De la même manière, la santé publique est devenue une préoccupation essentielle, menant à des investissements dans des hôpitaux et des initiatives de santé. La nécessité d'une communication rapide et d'une mobilité accrue a conduit à des améliorations dans les infrastructures de transport, avec le développement de routes, de canaux et, plus tard, de chemins de fer. Cela a permis une expansion économique, mais aussi culturelle, en reliant les différentes régions du pays. Sur le plan architectural, une nouvelle esthétique a émergé, s'inspirant des idéaux classiques de la Grèce et de Rome. Bien que Thomas Jefferson ait joué un rôle dans la popularisation de ce style néoclassique, il est à noter qu'il n'a pas conçu la Maison-Blanche. Cependant, son propre domaine, Monticello, est un exemple remarquable de cette influence gréco-romaine. Ces bâtiments, avec leurs colonnes majestueuses et leurs proportions harmonieuses, n'étaient pas seulement esthétiques, ils symbolisaient également les idéaux démocratiques et la grandeur de la jeune république. Ainsi, la guerre de 1812, au-delà de ses implications militaires et politiques, a agi comme un catalyseur pour le développement des États-Unis, influençant la direction de ses politiques, de son infrastructure et de sa culture pour des générations à venir. | La guerre de 1812, malgré son nom, a laissé une empreinte indélébile sur la trajectoire nationale des États-Unis bien au-delà des champs de bataille. Ses répercussions se sont étendues à des domaines qui peuvent sembler, à première vue, éloignés des affrontements militaires. Par exemple, elle a stimulé une réévaluation majeure des infrastructures du pays, tout en mettant en évidence la nécessité de politiques publiques robustes. Face à une Europe riche en connaissances et avancée en matière d'éducation, les dirigeants américains ont compris que pour s'assurer une place sur la scène mondiale, ils devaient investir dans l'éducation. Par conséquent, l'accent a été mis sur la création d'écoles et d'universités. De la même manière, la santé publique est devenue une préoccupation essentielle, menant à des investissements dans des hôpitaux et des initiatives de santé. La nécessité d'une communication rapide et d'une mobilité accrue a conduit à des améliorations dans les infrastructures de transport, avec le développement de routes, de canaux et, plus tard, de chemins de fer. Cela a permis une expansion économique, mais aussi culturelle, en reliant les différentes régions du pays. Sur le plan architectural, une nouvelle esthétique a émergé, s'inspirant des idéaux classiques de la Grèce et de Rome. Bien que Thomas Jefferson ait effectivement joué un rôle dans la popularisation de ce style néoclassique, il est à noter qu'il n'a pas conçu la Maison-Blanche. Cependant, son propre domaine, Monticello, est un exemple remarquable de cette influence gréco-romaine. Ces bâtiments, avec leurs colonnes majestueuses et leurs proportions harmonieuses, n'étaient pas seulement esthétiques, ils symbolisaient également les idéaux démocratiques et la grandeur de la jeune république. Ainsi, la guerre de 1812, au-delà de ses implications militaires et politiques, a agi comme un catalyseur pour le développement des États-Unis, influençant la direction de ses politiques, de son infrastructure et de sa culture pour des générations à venir. | ||
La guerre de 1812, bien que menée avec des succès mitigés sur le terrain, a servi de réveil pour la jeune république américaine sur la nécessité d'une armée professionnelle bien formée. Dans la période suivant cette guerre, il y eut une prise de conscience renforcée que, pour être une nation souveraine et autonome, les États-Unis devaient avoir une force militaire capable non seulement de défendre ses frontières, mais aussi d'affirmer son influence. L'Académie militaire de West Point, bien que fondée avant le déclenchement de la guerre, est devenue un symbole central de cette nouvelle approche en matière de préparation militaire. Les États-Unis, ayant vu les faiblesses de leurs forces face à une puissance coloniale expérimentée, ont compris que leur armée avait besoin d'une formation plus structurée et plus rigoureuse. West Point n'était pas seulement une institution où l'on apprenait l'art de la guerre. Elle incarnait une fusion de la discipline militaire avec l'éducation académique, faisant de ses diplômés non seulement des soldats, mais aussi des penseurs, des leaders et des citoyens exemplaires. Les cadets étaient immergés dans des études allant des tactiques militaires à l'ingénierie, des mathématiques à la philosophie, tout en étant formés pour être les défenseurs de la constitution et des valeurs américaines. Ainsi, West Point est devenue une institution emblématique, illustrant l'engagement américain envers l'excellence militaire et académique. Elle a contribué à forger une armée américaine plus compétente et plus professionnelle, prête à relever les défis du XIXe siècle et au-delà, renforçant ainsi la position des États-Unis sur la scène internationale. | La guerre de 1812, bien que menée avec des succès mitigés sur le terrain, a servi de réveil pour la jeune république américaine sur la nécessité d'une armée professionnelle bien formée. Dans la période suivant cette guerre, il y eut une prise de conscience renforcée que, pour être une nation souveraine et autonome, les États-Unis devaient avoir une force militaire capable non seulement de défendre ses frontières, mais aussi d'affirmer son influence. L'Académie militaire de West Point, bien que fondée avant le déclenchement de la guerre, est devenue un symbole central de cette nouvelle approche en matière de préparation militaire. Les États-Unis, ayant vu les faiblesses de leurs forces face à une puissance coloniale expérimentée, ont compris que leur armée avait besoin d'une formation plus structurée et plus rigoureuse. West Point n'était pas seulement une institution où l'on apprenait l'art de la guerre. Elle incarnait une fusion de la discipline militaire avec l'éducation académique, faisant de ses diplômés non seulement des soldats, mais aussi des penseurs, des leaders et des citoyens exemplaires. Les cadets étaient immergés dans des études allant des tactiques militaires à l'ingénierie, des mathématiques à la philosophie, tout en étant formés pour être les défenseurs de la constitution et des valeurs américaines. Ainsi, West Point est devenue une institution emblématique, illustrant l'engagement américain envers l'excellence militaire et académique. Elle a contribué à forger une armée américaine plus compétente et plus professionnelle, prête à relever les défis du XIXe siècle et au-delà, renforçant ainsi la position des États-Unis sur la scène internationale. | ||
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Bien que la doctrine ait été énoncée principalement en réponse à des menaces potentielles de puissances européennes, comme la Sainte-Alliance, qui pourraient tenter de reprendre le contrôle des colonies récemment indépendantes, elle a également solidifié la position des États-Unis en tant que puissance dominante dans l'hémisphère occidental. Avec le temps, cette doctrine sera invoquée pour justifier non seulement la défense des nations d'Amérique latine contre l'ingérence étrangère, mais aussi certaines interventions américaines dans la région, sous le prétexte de stabiliser les républiques "défaillantes" ou de protéger les intérêts américains. Elle a donc servi à la fois de bouclier protecteur pour l'hémisphère occidental et d'outil justifiant l'expansion de l'influence américaine. Même si la doctrine Monroe établissait les États-Unis comme protecteurs de l'Amérique latine, elle n'était pas nécessairement bien accueillie ou acceptée sans réserve par les nations d'Amérique latine elles-mêmes, beaucoup percevant cette protection comme une autre forme d'impérialisme. | Bien que la doctrine ait été énoncée principalement en réponse à des menaces potentielles de puissances européennes, comme la Sainte-Alliance, qui pourraient tenter de reprendre le contrôle des colonies récemment indépendantes, elle a également solidifié la position des États-Unis en tant que puissance dominante dans l'hémisphère occidental. Avec le temps, cette doctrine sera invoquée pour justifier non seulement la défense des nations d'Amérique latine contre l'ingérence étrangère, mais aussi certaines interventions américaines dans la région, sous le prétexte de stabiliser les républiques "défaillantes" ou de protéger les intérêts américains. Elle a donc servi à la fois de bouclier protecteur pour l'hémisphère occidental et d'outil justifiant l'expansion de l'influence américaine. Même si la doctrine Monroe établissait les États-Unis comme protecteurs de l'Amérique latine, elle n'était pas nécessairement bien accueillie ou acceptée sans réserve par les nations d'Amérique latine elles-mêmes, beaucoup percevant cette protection comme une autre forme d'impérialisme. | ||
//La doctrine Monroe a été annoncée en 1823, alors que les révolutions d'indépendance en Amérique latine étaient en plein essor, notamment avec la victoire de la révolution haïtienne en 1804, l'indépendance du Brésil en 1822 et les colonies espagnoles qui ont commencé à s'affranchir. Les États-Unis craignaient que les puissances européennes, en particulier la Grande-Bretagne, cherchent à rétablir leur influence sur ces nations indépendantes et à contester leur propre hégémonie régionale. | |||
La doctrine Monroe | La doctrine Monroe comprenait une demande de non-colonisation de l'hémisphère ouest par les puissances européennes, notamment en ce qui concerne l'Alaska qui était alors sous contrôle russe. Il a également été souligné que les États-Unis ne toléreraient pas l'intervention des puissances européennes dans les affaires des nations d'Amérique latine, et se considéreraient comme le principal protecteur de ces nations. | ||
Il est également important de noter que la doctrine Monroe précisait que les États-Unis s'engageaient à ne pas s'ingérer dans les affaires de l'Europe, y compris dans les colonies européennes, et qu'ils respecteraient leur politique de neutralité dans les conflits européens. Cela était en ligne avec la politique de non-ingérence et d'isolationnisme qui a prévalu aux États-Unis pendant la plupart de leur histoire jusqu'à la première guerre mondiale. | |||
A l'époque où la doctrine Monroe a été annoncée, elle a été largement ignorée par les puissances européennes, en particulier la Grande-Bretagne qui était alors la principale puissance mondiale et avait une présence importante dans les Amériques. En raison de sa puissance navale, la Grande-Bretagne était en mesure de se faire respecter dans les Amériques et de maintenir son influence sur les nations de la région. Les États-Unis, en revanche, étaient encore un pays relativement jeune et faible sur la scène internationale, et leur politique était donc largement ignorée par les puissances européennes. | |||
La doctrine Monroe | La doctrine Monroe a effectivement été un premier pas dans les ambitions américaines d'expansionnisme et de domination sur les Amériques et dans le monde. Les États-Unis ont progressivement renforcé leur influence dans la région au cours des décennies qui ont suivi, notamment en menant des guerres pour l'expansion territoriale (guerre mexicaine, guerre d'Espagne-Amérique) et en intervenant dans les affaires des nations d'Amérique latine pour protéger leurs intérêts économiques. Cette politique d'expansionnisme et d'ingérence a continué à s'étendre dans le monde au fil des siècles, avec l'entrée des Etats-Unis dans la première guerre mondiale et la seconde guerre mondiale, et avec la politique de containment pendant la guerre froide, qui visait à contenir l'expansionnisme soviétique. Les Etats-Unis sont devenus une puissance dominante mondiale depuis le XXe siècle en se basant sur cette politique d'expansionnisme et d'ingérence. | ||
= Annexes = | = Annexes = | ||
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*[http://www.lewis-clark.org/ Lewis & Clark Fort Mandan Foundation: Discovering Lewis & Clark] | *[http://www.lewis-clark.org/ Lewis & Clark Fort Mandan Foundation: Discovering Lewis & Clark] | ||
*[http://lcatlas.lclark.edu/ Corps of Discovery Online Atlas, created by Watzek Library, Lewis & Clark College]. | *[http://lcatlas.lclark.edu/ Corps of Discovery Online Atlas, created by Watzek Library, Lewis & Clark College]. | ||
*Rodriguez, Junius P. (2002). [https://books.google.fr/books?id=Qs7GAwwdzyQC&pg=PA139&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false The Louisiana Purchase: A Historical and Geographical Encyclopedia]. ABC-CLIO. ISBN 978-1576071885. | *Rodriguez, Junius P. (2002). [https://books.google.fr/books?id=Qs7GAwwdzyQC&pg=PA139&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false The Louisiana Purchase: A Historical and Geographical Encyclopedia]. ABC-CLIO. ISBN 978-1576071885. | ||
*Burgan, Michael (2002). [https://books.google.fr/books?id=pFc4NvjxsZQC&dq=%22Louisiana+Purchase%22&redir_esc=y The Louisiana Purchase]. Capstone. ISBN 978-0756502102. | *Burgan, Michael (2002). [https://books.google.fr/books?id=pFc4NvjxsZQC&dq=%22Louisiana+Purchase%22&redir_esc=y The Louisiana Purchase]. Capstone. ISBN 978-0756502102. | ||
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*Benn, Carl (2002). [https://books.google.fr/books?id=aG2ICwAAQBAJ&redir_esc=y The War of 1812]. Oxford: Osprey Publishing. ISBN 978-1-84176-466-5. | *Benn, Carl (2002). [https://books.google.fr/books?id=aG2ICwAAQBAJ&redir_esc=y The War of 1812]. Oxford: Osprey Publishing. ISBN 978-1-84176-466-5. | ||
*Latimer, Jon (2007). [https://books.google.fr/books?id=0lsWOwZXw1gC&redir_esc=y 1812: War with America]. Cambridge: Belknap Press. ISBN 978-0-674-02584-4. | *Latimer, Jon (2007). [https://books.google.fr/books?id=0lsWOwZXw1gC&redir_esc=y 1812: War with America]. Cambridge: Belknap Press. ISBN 978-0-674-02584-4. | ||
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