Introduction to Political Theory

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Introduction to Political Theory
Faculté Faculté des sciences de la société
Département Département de science politique et relations internationales
Professeur(s) Annabelle Lever
Enregistrement partie 1 (2015) partie 2 (2015)
Cours Introduction à la science politique

Lectures


Le défi de la démocratie moderne vient de ce que l’on apprend de la démocratie grecque. Le sujet de ce cours est la théorie politique de la démocratie. Pour cela, il faut appréhender les problèmes politiques de la démocratie moderne à travers ce que nous avons appris de la démocratie grecque.

Qu’est-ce que la théorie politique normative

Le modèle pluraliste de la démocratie est un modèle qui a été aussi critique pour la science politique empirique que pour la théorie politique normative. C’est ce modèle pluraliste avec ses attraits et ses défauts qui fait la base de ce que nous faisons aujourd’hui dans la science politique empirique ainsi que normative. C’est vraiment à travers ce modèle qui s’est fondé dans les années 1950, 1960 et 1970.

Bien comprendre le modèle pluraliste de la démocratie aide à comprendre le modèle élitiste de la démocratie, à savoir le modèle de Schumpeter. Pour bien comprendre les attraits, mais aussi les défauts du modèle élitiste de la démocratie, il faut comprendre pourquoi la démocratie moderne ne semble pas aussi évidente comme possibilité de forme de gouvernement légitime qui nous apparaît maintenant. Pour comprendre cela, il faut voir la démocratie moderne à travers la démocratie d’Athènes et comprendre que si le modèle de la démocratie qu’on connaissait vraiment était la démocratie d’Athènes et de Sparte, pourquoi la possibilité d’avoir un gouvernement démocratique dans le monde moderne, surtout après la Deuxième guerre mondiale, semblait tellement peu probable. Alors, pourquoi avons-nous vraiment même de nos jours un vrai défi, à savoir ce que peut être la démocratie dans le monde moderne ?

Même si de nos jours, la théorie politique semble être à la marge de la science politique moderne, la théorie politique normative est probablement la forme la plus vieille de la science politique ainsi que de la philosophie morale. C’est avec Socrate et ses questions sur la justice de la société, l’importance de devoirs de fils comparés aux devoirs de citoyen, avec la question de comment est une bonne vie pour les hommes, que nous commençons à la fois la philosophie et l’étude de la théorie politique, alors, en effet, c’est avec la théorie politique normative que commence la science politique et ses problèmes.

La théorie politique normative se concentre sur comment le monde doit être, pas comment il est. On s’intéresse aux questions de savoir comment on doit organiser ces institutions, quelle forme de gouvernement doit être légitime, acceptée comme moralement bien, on se demande quels devoirs les citoyens devraient avoir et pas ceux qu’ils ont. Par exemple, en ce qui concerne le vote obligatoire, on se demande si ce n’est pas justifié d’avoir un vote obligatoire si nos devoirs citoyens n’incluent pas le devoir d’aller voter. La théorie politique est surtout concernée par les questions de comment le monde devrait être, comment devrions-nous être, comment devrions-nous nous organiser, quelles préférences politiques devrions-nous avoir, quelles formes de liberté, d’égalité et de solidarité nous devrions essayer de mettre en œuvre et ainsi de suite.

Dans ce sens, la théorie politique normative diffère des aspects plus empiriques de la science politique même si on veut comprendre comment le monde devrait être, c’est une bonne chose de comprendre comment il est et pourquoi elle est comme elle est. Même si on fait de la théorie politique normative, on a des raisons de s’intéresser fortement aux questions empiriques et plus formelles dans la théorie politique. Dans la mesure où la science politique plus généralement empirique essaie d’expliquer comment notre monde est, la manière dont elle est. Dans la science politique plus empirique, ce n’est pas seulement ce qu’on essaie de décrire vraiment d’une façon détaillée, mais on essaie aussi d’expliquer pourquoi ils sont comme ils sont. Cela est la même chose en théorie politique normative, même si nos explications sont des explications normatives au lieu de causale, on ne cherche pas à expliquer pourquoi les gens ont les valeurs qu’ils ont, on essaie par contre d’expliquer ou de démontrer pourquoi nous devrions par exemple changer nos valeurs, pourquoi nous devrions aller voter au lieu de nous abstenir, pourquoi nous devrions être pacifistes au lieu de souscrire aux théories de la guerre juste. L’explication et l’utilisation de l’évidence sont aussi importantes dans la théorie politique que dans les autres sous-disciplines plus empiriques de la science politique.

Parfois, on a l’impression que la philosophie morale et la philosophie politique font preuve de relativité, cela est faux. Dans la mesure où nous parlons d’une discipline intellectuelle, comme dans les autres disciplines, il y a les questions de méthode, les demandes de preuves, la confrontation avec des opinions diverses, il faut faire face et expliquer avec des preuves à l’appui ; les instruments de la théorie normative sont la logique, l’analyse conceptuelle, le savoir de comment peut on faire les critiques internes et le pouvoir de bien organiser et d’utiliser l’évidence fondée sur les normes, sur la qualité des actions jugées normativement. La question est de savoir comment utiliser les pouvoirs de jugement moral et éthique que nous avons déjà, mais nous essayons de la discipliner et de le raffiner pour qu’on puisse l’utiliser en tant qu’étude académique.

Les théories politiques à l’Université de Genève

Le département de sciences politiques de l’Université de Genève est à l’heure actuelle le seul département de science politique en Suisse qui enseigne la théorie politique normative du baccalauréat au doctorat, la plupart du temps, en Suisse, on étudie l’histoire des idées. Dans la théorie politique positive, on essaie de donner une formulation aussi précise et donc mathématique que possible sur les idées politiques, normalement sur les problèmes de coordination des conflits et des attentes. D’autre part, on essaie de prendre les problèmes actuels et en utilisant la logique, l’analyse des concepts normatifs tels que la valeur des droits et des devoirs de la démocratie, de gouvernement, de tolérance, nous essayons de comprendre les enjeux de nos jours, les combats, les conflits. Comparé aux autres formes d’histoire des idées, dans la théorie politique normative, on prend les problèmes actuels, les problèmes qui font le sujet des conflits politiques actuels et nous essayons de comprendre quelles sont les valeurs en jeu, essayer de clarifier les enjeux. Parfois, on peut avoir des conflits fondés sur des mécompréhensions, dès qu’on ouvre le champ sur la clarté, le conflit s’évanouit. Une chose importante est d’essayer de clarifier et de faire comprendre les attraits des positions concurrentielles sur les problèmes politiques de nos jours ; après, s’il reste des conflits, des choix difficiles, on essaie de clarifier les mesures, les aspects positifs, mais aussi les mesures négatives de ces options.

Introduction à la théorie politique démocratique moderne

Importance de pluralisme démocratique

Pourquoi examiner les théories pluralistes de la démocratie dont l’exemple paradigmatique est celui de Robert Dahl. Pourquoi regarder ces théories pluralistes de la démocratie, pourquoi s’intéresser aux théories qui à la fin, se sont faites il y cinquante ans et dont, après tout, on connaît les défauts. La réponse est que les théories, surtout celle de Dahl qui est paradigmatique, présentent un modèle ou une peinture du monde de la démocratie qui semble refléter les aspects clefs de nos sociétés modernes. Par exemple, en dépit des différences entre les États-Unis, la Suisse, la France, l’Inde, l’Angleterre, et les pays scandinaves, on peut dire que les démocraties modernes sont les sociétés avec les gouvernements représentatifs, avec le suffrage universel, avec la règle de décision par la majorité, avec les votes et surtout avec la liberté des modernes ainsi que l’appelait Constant, les libertés d’expression, de pensée, de religion, d’association, de mouvement et naturellement de choix politique. Une chose qui rend ces théories pluralistes importantes est l’effort qu’elles font de nous donner un modèle des démocraties modernes à travers leurs différences, un modèle que nous pourrions utiliser à la fois pour l’analyse empirique, pour les théories sociales et surtout pour les jugements normatifs. Ce que ce modèle essaie de nous montrer est pas seulement les caractéristiques de notre monde et de notre démocratie moderne, mais c’est aussi une façon de penser la légitimité de nos gouvernements, de notre façon de nous gouverner face aux raisons de croire que la démocratie n’est, après tout, pas une forme très bonne de gouvernement.

L’attrait des théories pluralistes est qu’à la fois, elles nous offrent un modèle utile empiriquement, mais surtout utile du point de vue du point de vue normatif, un modèle qui essaie de montrer pourquoi les gouvernements de nos sociétés, les gouvernements démocratiques, en dépit des défauts trop bien connus, ont une légitimité que les autres formes de gouvernement n’ont pas. Fondé sur ceci, le pluralisme nous offre ce que nous pouvons appeler une étude de concurrence équitable et du gouvernement comme une forme de concurrence équitable entre les partis politiques organisés, mais aussi les associations secondaires organisées telles que les syndicats, les associations des employeurs, les associations religieuses et ainsi de suite ; ils essaient de dire que dans un système politique où les gens ne peuvent pas se mettre d’accord sur comment il faut agir, sur les lois qui font les gouverner tous, la seule forme de légitimité, semble-t-il, dépend de la possibilité de concourir d’une façon équitable pour le pouvoir de gouverner. Cette concurrence équitable dépend à la fois de la protection de l’égalité des citoyens et de leur liberté personnelle ainsi que politique, et, dès alors, le modèle pluraliste est important parce que cela montre, si on peut dire, le minimum nécessaire pour la légitimité politique.

Le défi posé par la démocratie grecque

Pourquoi peut-il sembler si nécessaire de pouvoir répondre à ces questions ? Pourquoi peut-il sembler si nécessaire de montrer que nos gouvernements sont démocratiques et en tant que démocratie, ils ont une légitimité importante. Afin de bien comprendre ceci, il est absolument nécessaire de comprendre les défis que nous pose la démocratie grecque. La démocratie était une question de petits États cités tels qu’Athènes ou encore Sparte, les cités de quelques milliers d’habitants et de beaucoup moins de citoyens, les cités et surtout les démocraties fondées sur l’esclavage qui donnait aux citoyens la possibilité de dévouer leurs heures au gouvernement de leur patrie ainsi que de leur famille et que leurs États. Nous vivons dans des sociétés modernes, gigantesques dans lesquelles il n’y a pas d’esclavage, la majorité des citoyens doivent travailler pour gagner leur vie et doivent rentrer chez eux pour vaquer à leurs occupations ménagères et remplir les obligations familiales, ayant donc donc très peu de temps pour la politique et l’éducation politique. On peut se demander, vu les différences entre la démocratie grecque et notre situation si cela est possible vraiment d’avoir la démocratie dans le monde moderne.

Le premier défi, et c’est un défi fondamental qui a pesé lourdement sur les philosophes tels que Arendt qui, depuis la Seconde guerre mondiale, essayait de comprendre quelles possibilités pour la démocratie dans un monde qui a souffert de deux guerres mondiales dont la nation la plus avancée à l’époque, à savoir l’Allemagne, est tombée dans la barbarie ; alors, songeons-nous, nous qui prenons nos sociétés comme démocratiques, mais on peut se demander en quoi cette démocratie réside vu que nous savons que pour la plupart très peu sur la politique publique même de notre pays et pas seulement sur l’international. Nous avons en plus très peu de temps afin de participer, pour nous organiser, mais aussi pour débattre des questions politiques avec les autres. Pour rendre les choses encore pires, ce n’est pas seulement que nous n’avons pas d’esclaves, on peut avoir des servants payés, et en plus, maintenant qu’il y a eu un peu d’émancipation des femmes, il n’y a pas plus le travail non payé des femmes à la maison. Le problème de l’émancipation des femmes était en partie le problème de comment allons-nous avoir la démocratie dans un monde sans esclave, dans un monde où on n’a pas les esclaves pour éduquer les enfants, pour organiser la maison ; alors, si les citoyens, les gens comme nous, d’intelligence moyenne, avec les énergies moyennes, si les gens comme nous doivent à la fois gagner la vie, garder les enfants, soigner les parents et grands-parents, et en plus s’éduquer et s’intéresser à une politique qui pour nous est parfois très abstraite, mais aussi très difficile à comprendre et naturellement très difficile à influencer, alors, on peut vraiment se demander qu’est-ce que cela a à voir avec la démocratie telle que connue en Grèce où, à la fin, se sont les citoyens qui se gouvernaient eux-mêmes, qui étaient élus au tirage au sort. Ce sont les gens qui pouvaient s’intéresser pleinement en la politique de leur pays.

La première chose à comprendre si on essaie de comprendre l’influence du modèle pluraliste est le problème, le défi fondamental de comment on peut avoir la démocratie de nos jours en dépits de ce qu’on appel nos gouvernements. Deuxièmement, les démocraties anciennes, les démocraties grecques n’avaient pas de liberté de religion, Socrate n’avait pas liberté de penser et liberté d’expression. Pour la plupart, c’était les citoyens assez unanimes sur ce qui comptait pour une bonne vie humaine et ce qui devrait être le but de leur pays. Par contre, dans nos sociétés modernes, nous sommes divisés assez profondément sur les questions morales, sur la religion et s’il faut avoir une religion, combien de déités faut-il accepter ou non. Sur le rôle de la religion dans la politique, nous sommes divisées sur l’économie, comment faut-il l’organiser de façon socialiste, devrions-nous accepter le revenu basique. Nous diviser pas seulement sur nos préférences personnelles, mais sur nos convictions les plus profondes, les plus intimes. Alors, de nouveau, on peut se demander si cela est possible dans ces circonstances, les circonstances modernes de la distanciation fondamentale sur les questions du bien et de la moralité, dans cette perspective, est-ce que c’est vraiment possible, que les citoyens peuvent partager le gouvernement en tant qu’égaux, est-ce vraiment possible de voir comme nous égaux les gens qui ont les idées que nous trouvons déplorables, les idées que nous trouvons idiotes, mal pensées, dangereuses, c’est le défi de nos jours, à savoir si cela est possible de nous traiter en tant qu’égaux si à la fin nous partageons très peu de valeurs en commun. Finalement, nous pouvons nous demander si dans un monde moderne, cosmopolite, avec les économies qui dépassent de loin notre cité et notre pays, dans les économies dont nos gouvernements ne peuvent gérer qu’une petite part, si cela est possible d’avoir la démocratie. Dans le monde grec, les décisions économiques ne prenaient pas une très grande place dans la vie politique, cela n’était que quelques questions de taxations, de revenus afin de financer le gouvernement, les citoyens pauvres, mais aussi pour financer les guerres et particulièrement à Athènes et Sparte. Par contre, de nos jours, les questions économiques forment une part énorme de la politique publique, mais cela est clair que ces questions dépassent de loin notre compréhension pour la plupart en tant qu’individu et nos pouvoirs d’agir. Alors, de nouveau, il faut se demander si cela est possible et comment cela est possible d’avoir les gouvernements démocratiques dans notre monde actuel.

Pourquoi nous soucier de ce qu’on fait les Grecs ? Il y a des choses qu’ils ont faites, surtout la démocratie qui nous parle, qui nous attire même en dépit de différence de siècles de mœurs et surtout même en dépit de nos différences de valeurs autour des questions d’égalité sexuelle, raciales et naturellement de l’esclavage. L’attrait de la démocratie grecque est l’attrait de l’autogouvernement, de la possibilité de se gouverner, d’avoir une voie, d’avoir une voie avec du poids dans ce qui nous arrive dans la vie. Après tout, cela est très difficile pour nous d’influencer ce qui nous arrive et même dans les questions personnelles. Il y a tout un tas de choses qui nous arrivent que nous ne pouvons pas influencer, mais d’avoir ce manque de puissance, cette impossibilité même d’avoir une voix dans les matières qui nous concernent, surtout dans les questions de politique où il s’agit de la coercition, de la convention, mais aussi des lois, où il s’agit aussi de la force, les risques de la violence, dans ces ces, le manque de voix, de puissance, de possibilité de se gouverner non pas individuellement, mais avec les autres serait vraiment quelque chose de grave. C’est parce que nous nous trouvons, nous pouvons nous trouver dans les Grecs, dans cet idéal d’autogouvernance, que l’idéal de la démocratie a des attraits pour nous et que pour nous cela est une vraie question que si nous pouvons réaliser l’autogouvernement, la démocratie dans les conditions si différentes de ce qui a donné naissance à cette idée et à cette forme de gouvernement.

Mais, pourquoi penser que l’autogouvernement est quelque chose d’attirant ? Pour certains cela est une utopie, pour d’autre que c’est un leurre de croire que nous pouvons nous gouverner en tant que groupe, que cela est attirant de se donner les façons d’influencer la politique. Pour aborder ces questions, il faut entrer dans la conception de la personne, dans la philosophie de la personne, de comment nous pensons, nous appréhendons nos possibilités en tant qu’humains, nos possibilités de réfléchir, de délibérer sur nos actions, d’évaluer ce que nous pensons, ce que nous voulons et ce que nous avons fait. Nous avons le sentiment de la liberté, de la possibilité de développer nos capacités d’action et de réflexion, de choix dans nos actions pas seulement individuelles, mais en tant que groupe dont cet idéal de l’autogouvernement parle. Nous avons des intérêts dans la politique même si nous allons nous mettre d’accord sur l’idéal de personne autonome en contrôle de ses émotions, en contrôle de ses désirs, cette image de l’idéal stoïque que nous avons appris des Grecs. Nous pouvons valoriser la politique et la possibilité d’avoir une voie avec le même poids que les autres pour des raisons purement instrumentales. L’importance de ces raisons instrumentales pour vouloir la démocratie vient, si nous jetons en regard en arrière, sur les formes de gouvernements féodales, sur les formes de gouvernements monarchiques, sur les formes de gouvernement représentatif, mais non démocratique qui caractérisaient par exemple les États-Unis et l’Europe du XIXème siècle.

Dans ces autres formes de gouvernements, ce qui arrivait à la grande partie des gens n’importait plus. Si on était un serf, on était tel un animal, une bête pour les nobles, les intérêts des serfs n’avaient aucune importance en soi, ils étaient peut-être les corps à jeter à la guerre, pour travailler dans les champs, pour avoir des enfants, mais leurs sentiments, ce qu’ils voulaient et sentaient ne comptait pour absolument rien. En effet, même dans les gouvernements représentatifs, mais pas démocratiques, les gouvernements tels qu’en Angleterre au XIXème siècle, cela est clair que les intérêts de ceux qui n’avaient pas le vote, les intérêts des femmes ou encore des hommes de classe ouvrière ne comptaient pas pour grand-chose parce qu’ils n’avaient pas de voie, parce que leur statut était beaucoup moins que celui des autres. Si nous pensions que pouvoir se gouverner est quelque chose de valable, si nous pensions qu’il est important de pouvoir participer dans les affaires internationales, il faut pouvoir justifier la capacité politique des autres. La justification était de dire que la grande partie des gens n’était pas assez intelligente afin de participer dans les affaires compliquées telles que la politique. Comme suggérait Platon, la politique a un aspect technique, il y a les choses qui demandent l’expertise, du savoir de comment gérer les gens, comparer les possibilités, il y a les aspects techniques en politique comme en économie et dans la médecine. Dans la mesure où nous croyons que la politique a cet aspect technique, et en plus, en nous rendant compte que la plupart des gens ont très peu de temps afin d’apprendre ces techniques, alors, il est naturel de croire que c’est une mauvaise idée de donner le suffrage à la majorité des gens parce qu’ils ne sauront pas comment l’utiliser. Si on peut le dire, une raison de vouloir un vote démocratique, de vouloir être membre d’un pays démocratique n’est pas parce que nous acceptons peut-être, mais c’est parce que nous craignons ce qui va nous arriver si les autres que nous ne pensons pas être assez intelligent de participer dans les affaires communes, pas assez intelligent de mériter une voie dans les affaires qui nous concernent, alors, les raisons instrumentales de vouloir un vote démocratique, de vouloir participer dans le gouvernement, donne, même de nos jours, un attrait important à l’idéal de l’autogouvernement grec même si nous rejetons une grande partie de la philosophie de l’homme et de la conception du monde qui rendait cette vision de la démocratie attirante pour les Grecs eux-mêmes.

À travers les difficultés, à travers les différences, nous croyons, soit qu’il y a quelque chose d’attirant dans l’idée que les hommes, les gens tels que nous, sans capacités vraiment spéciales, sans vraiment de savoirs spéciaux, sans atouts spéciaux, peuvent participer dans leur gouvernement. C’est idéal est attirant en soit et pour les raisons instrumentales, nous croyons qu’à la fin que l‘histoire enseigne que la seule façon vraiment de se protéger contre le dédain, l’indifférence, le paternalisme mal placé des autres, est de donner à tout le monde le vote.

À quoi devrions-nous songer ? Nous pouvons voir une justification pour la démocratie à travers les idées et les idées distinctement modernes de la liberté, de la liberté et même de la solidarité. Indépendamment de l’attrait de l’idée que même les gens sans atouts vraiment spéciaux peuvent participer et faire les choses difficiles dans la vie comme se gouverner. Cela peut se faire dans des petits groupes, alors pourquoi pas essayer dans des groupes plus larges. En dépit de ceci, cela est clair que la démocratie dans ses aspects intrinsèques et instrumentaux répond à des idées distinctement modernes de la liberté et de l’égalité. Ils répondent aux idées modernes de la liberté parce que la démocratie évite le paternalisme. L’idée moderne de la liberté est que les gens adultes, rationnels et éduqués, sans défaut intellectuel, en dépit de leur capacité d’erreur, ont intérêt à faire leur choix eux-mêmes, de s’informer à comment gérer leur vie, d’apprendre de ces erreurs, de pouvoir les corriger, mais aussi de pouvoir vivre avec ses erreurs. Nous savons tous que parfois les autres connaissent beaucoup mieux que nous ce que nous devrions faire. Le cas paradigmatique est nos parents, cela est toujours quand nos parents ont raison que cela est le plus difficile de l’admettre. Néanmoins, nous savons aussi que notre sentiment de liberté, de l’importance de la liberté est la possibilité de faire ses erreurs soi-même et de vivre avec les conséquences même si elles sont malheureuses et de pouvoir apprendre de ses erreurs en discutant avec les autres, en réfléchissant à ce qu’on a fait de mauvais et de bien et à continuer d’agir.

Alexis de Tocqueville par Théodore Chassériau (1850).

Un aspect important de la démocratie du point de vue moderne est que c’est la forme de gouvernement qui semble répondre au plus direct à la valeur de la liberté individuelle et à nos capacités de protéger ces libertés individuelles en tant que collective. C’est l’une des choses les plus importantes et on trouve un peu de sa justification dans l’idée de Tocqueville dans ses études sur la démocratie en Amérique où il se dit qu’il est clair qu’en Amérique, il y a des politologues de beaucoup moins de qualité qu’en France aristocratique, parfois les gens qui veulent faire une carrière en politique sont mauvais, mais, le plus important de la démocratie n’est pas que les politiciens sont les plus intelligents et la plupart ne le seront pas, mais que nous pouvons corriger leur erreur, que les démocraties ont les possibilités de se corriger parce que ce sont des gouvernements avec la liberté d’expression, pas seulement pour les nobles, mais pour tout le monde, avec la liberté d’association, la liberté de mouvement et naturellement avec les libertés de choix politiques ainsi que personnels. C’est la même idée qui anime le prix Nobel d’économie Amartya Sen.

Dans ses études sur les famines en Inde, Sen a remarqué qu’après la démocratie, il n’y a plus jamais eu de famine en Inde. Bien sûr, ce n’est pas parce que d’un coup les politiciens en Inde sont devenus beaucoup plus intelligents, ce n’est pas le cas ayant fait un tas d’erreurs y inclus des erreurs économiques assez graves, mais l’importance de la démocratie et les libertés qui la compose, est que si dans un petit quartier, on voit qu’il y a des manques alimentaires, la liberté de mouvement permet que l’on puisse aller dans un autre village dire qu’on manque de blé. Auparavant, sans la possibilité de quitter son village, cela était impossible de distribuer ce savoir. Avec la liberté de se mouvoir, on peut dénoncer une politique ou un changement environnemental à l’origine d’un manque.

Si nous valorisons la liberté des modernes, la liberté de mouvement impensable historiquement et dans quelques pays tristement de nos jours, les libertés de mouvement, d’association et d’expression ainsi que de choix, nous savons la raison tout à fait moderne de valoriser la démocratie même si cela est une forme de gouvernement qui ne nous donne pas les formes d’autogouvernement qui faisait l’idéal grec. Si nous pensons ainsi, nous pouvons aussi voir que nous avons les raisons basées sur les idées modernes de l’égalité de valoriser la démocratie. La démocratie est une forme de politique égalitaire qui donne à tout le monde indépendamment de ses ressources, de ses statuts, une voie et une voie égale dans les prises de décision politique. Dans notre monde, la valeur d’égalité est d’une importance, mais aussi d’une controverse importante. Basés sur les idées modernes de l’égalité, nous avons les raisons de valoriser la démocratie même si c’est une forme d’autogouvernement assez restreinte dans le monde moderne.

C’est un idéal ancien qui est né dans les sociétés très différentes de nous. Cela est clair qu’en partie, l’idéal d’autogouvernement qui nous attire vers la démocratie comme forme de gouvernement est un idéal difficile à réaliser dans les conditions modernes. Dans les grands pays tels que les nôtres, comment parler d’autogouvernement ? Dans les pays dans un monde tel que le nôtre où les décisions politiques ne sont pas seulement sous le doigt de notre gouvernement, nous vivons dans un monde global, comment parler d’autogouvernement ? À la fin, même si c’est l’idéal d’autogouvernement, la possibilité de guider la vie qui nous attire vers la démocratie, cela est basé sur les idées modernes de la liberté, de l’égalité et peut être de la solidarité que nous allons trouver plus de fondements, plus de justification pour cette forme de gouvernement que nous valorisons.

Avant de décider que nous pouvons appeler nos gouvernements démocratiques, il faut se demander comment les gouvernements représentatifs peuvent être démocraties ; qu’est-ce dans l’idéal de la représentation qui peut donner vie à l’idéal de la démocratie. Bernard Manin montre que l’idéal de gouvernement représentatif était historiquement une façon d’écarter le gouvernement démocratique. Le gouvernement représentatif, à sa naissance au XVIIIème siècle était une théorie du gouvernement explicitement antidémocratique basée sur le fait que dans le monde moderne, la majorité de nous n’ont pas les capacités de se gouverner, du moins il semble que la majorité des nôtres n’a pas de temps à consacrer à se gouverner. Alors, l’idéal de gouvernement représentatif était de minimiser la participation politique de la grande partie des gens dans la politique. Si cela était l’idéal de gouvernement représentatif, cela était une forme idéale de représentation qui essayait de prendre les intérêts que nous avions, de les donner à voir sans que nous soyons là pour les défendre, sans que nous ayons la possibilité de participer aux questions qui nous concernent. Comment était-il possible de concilier l’attrait de la démocratie comme forme de liberté et d’égalité moderne avec une forme de gouvernement représentatif.

Nous vivons dans le monde du XXème siècle, mais après la Deuxième guerre mondiale, mais surtout dans l’ère avant la Première guerre mondiale, c’était des questions vives. On vivait dans les pays les plus riches, stables et puissants du monde tel que l’Angleterre du XIXème siècle. Mais, la grande majorité des gens n’avaient pas le droit de vote dans la politique et leur gouvernement qui se disait représentatif et on se demandait si cela était possible d’avoir à la fois un gouvernement qui essayait de représenter des idéals différents du peuple, et surtout les intérêts différents du peuple.

La démocratie « élitiste » de Schumpeter

Joseph Schumpeter.

Avec le suffrage universel, pourquoi il semblait avoir un tel problème ? Imaginons, à l’ère de Schumpeter, qu’il y a les gouvernements représentatifs, en tant que membre du gouvernement on sait très bien qu’en face, il y avait des milliers d’ouvriers pas éduqués, nombreux et qui voulait participer dans le gouvernement et on se demandait si on leur donnait le vote, une voie égale, dans les décisions collectives, la question était de savoir ce qui va se passer. La grande peur était que la démocratie, le suffrage universel allait détruire le gouvernement représentatif parce que l’idée était que les ouvriers vont voter en bloc et en bloc aurait été une tyrannie de la majorité au lieu d’un gouvernement libre et représentatif. C’est ce genre de peur qui semblait se réaliser entre les deux guerres et après la révolution russe surtout avec l’exemple des États socialistes. Il semblait que la possibilité de concilier le gouvernement représentatif nécessaire pour les grands pays où on ne peut pas participer tous directement dans la politique ; avec le suffrage démocratique, c’était de détruire le gouvernement représentatif. L’importance de Schumpeter et sa conception élitiste de la démocratie, est qu’il semblait ouvrir le champ à la possibilité de concilier à la fois les libertés modernes et les formes d’égalité moderne avec le gouvernement représentatif.

L’idée de Schumpeter est qu’en effet, dans une société moderne, même avec le vote, les ouvriers ne vont pas s’intéresser énormément à la politique, ils ont trop peu de temps. La grande majorité de gens, croyait-il, n’a ni l’éducation ni le désir vraiment de participer dans la politique. En effet, comme l’a remarqué Tocqueville, l’effet de la liberté des modernes de nos possibilités d’avoir une vie privée, une vie familiale, de participer aux sports, aux associations personnelles, de pratiquer sa religion, de former des associations caritatives, de voyager, etc., toutes ces parties du monde moderne inconnu dans le monde ancien ; Schumpeter a remarqué que tout ceci donné à nous, les gens comme nous, les ouvriers, n’a pas vraiment le désir de participer en politique. Nous voulons bien sûr avoir la possibilité de le faire, nous ne voulons pas être prohibés de la participation, alors le vote universel est très important de ce point de vue : on ne veut pas que les autres nous dédaignent et nous contraignent. Mais, pour la plupart, nous n’avons pas les capacités ni vraiment les envies, pensait Schumpeter, de participer vraiment pleinement à la politique. Alors, il croyait que cela était possible de concilier un gouvernement représentatif moderne avec le suffrage universel à travers ce qu’il appelle la « division du travail ». Pour la plupart, les gens ordinaires voulaient voter pour leurs représentants, mais ils n’avaient pas vraiment le désir d’être représentants et de participer directement en politique. On croyait que cela était bien, important de ne pas avoir ces désirs parce que pour la plupart des ouvriers, ils considéraient ne pas savoir assez, ne pas avoir assez de temps pour gérer la politique.

L’idée élitiste de la démocratie selon Schumpeter n’était pas que nous avons une noblesse héritée et menée à nous gouverner. L’élite était une élite élue par le suffrage universel, une élite de ceux qui veulent faire une carrière dans la politique, qui veulent maitriser les questions techniques de la politique du monde. La division du travail restait sur cette distinction entre une élite spécialisée dans la politique et les gens ordinaires qui vont choisir entre les membres de cette élite. La question était de savoir qui préférons-nous voir nous représenter. C’est un modèle de la démocratie qui n’a pas énormément à voir avec l’idée d’autogouvernement. La grande majorité des gens dans les démocraties modernes, mais surtout dans les démocraties modernes telles que Schumpeter les voulait, n’ont pas les moyens de prendre les décisions eux-mêmes.

Selon Schumpeter, cela était parfait, il n’y avait de problèmes. Après tout, si l’importance de la démocratie, en partie qui protégeait nos libertés personnelles, nous pouvons bien le faire sans participer directement dans le gouvernement de notre société, peut être allons nous protéger nos libertés personnelles mieux en laissant la politique aux spécialistes que nous avons choisis que d’essayer de le faire nous-mêmes. Pour Schumpeter, l’égalité moderne était mieux protégée par une forme de démocratie même élitiste, même avec une élite des gens éduqués pour la politique, spécialisés dans la politique qui concourraient pour le pouvoir entre eux. Si nous essayons nous même par exemple de prendre des décisions sur la politique internationale, la politique de l’énergie, les questions financières ; selon Schumpeter et pas seulement, si nous valorisons l’égalité moderne, nous devrions prendre en compte le fait que c’est peu de gens qui vont et veulent se réaliser dans la politique. Comparé aux idéaux républicains historiques, les idées républicains tel que Rousseau au XVIIème siècle qui pensait que nous devrions forcer les citoyens à être libre, forcer les gens à s’intéresser à la politique, forcer les gens à participer politiquement pour être libre, Schumpeter a cru que la meilleure façon de protéger à la fois nos libertés et notre égalité, est de reconnaitre qu’avec les libertés des modernes, avec les possibilités de choisir son plan de vie, la plupart des gens ne vont pas choisir une carrière en politique que nous n’aimerons pas nous donner, à l’éducation, aux heures de participations, aux difficultés qu’une carrière politique demande. À la place, Schumpeter a suggéré que nous pouvons réaliser à la fois les valeurs démocratiques et les avantages d’un gouvernement représentatif des spécialistes en acceptant que la démocratie moderne soit une démocratie de division de travail entre les élites qui vont concourir pour nos votes et nous les citoyens qui, en dehors des élections, ne va pas s’intéresser et selon lui, ne devrions pas s’intéresser trop à la politique.

Avec le modèle élitiste de la démocratie, selon Schumpeter et pas seulement lui, de nos jours il y a Samuel Huntington aux États-Unis qui pense qu’à la fin, ce modèle, est le seul modèle de la démocratie valable, possible, stable et légitime dans les sociétés modernes. Pourquoi ? Parce que c’est clair que si beaucoup de gens voulaient vraiment participer, voulaient vraiment que leurs idées politiques soient reconnues dans les décisions collectives, nous aurons vraiment des luttes graves des uns contres les autres, des ouvriers contre les autres classes, des religions contre les autres. Si on peut le dire, la démocratie moderne dépend de la possibilité de faire des compromis demandant d’accepter que seulement une partie de nos demandes seront réalisées dans nos politiques communes, que seulement une partie de nos idées, seulement une partie de nos efforts seront réalisés dans la politique.

C’est une vision de la démocratie que l’on peut appeler « cynique », mais qu’on peut aussi appeler « réaliste ». l’idée est que dans un monde moderne, l’idéal d’autogouvernement doit être au mieux un idéal personnel et pas un idéal politique, que c’est impossible que des milliers de gens puissent vraiment se gouverner ensemble, que si néanmoins nous voulons garder l’idée que le gouvernement doit se faire pour le bonheur des citoyens, qu’ils doivent traiter ces citoyens en tant que gens libres et égaux, selon Schumpeter et plusieurs politologues, la seule façon de réaliser la démocratie dans ces conditions moderne et ce qu’on appelle la démocratie élitiste. Cela est démocratique dans la mesure où ceux qu’ils veulent avoir, le pouvoir politique, doivent concourir pour leur vote, alors la noblesse de sang n’a rien à voir avec la démocratie élitiste. La bonne famille, la richesse n’ont rien à voir avec la démocratie élitiste, ce qui compte peut être pour le plus est le charisme, la possibilité de bien parler, de promouvoir les gens, de leur parler, des les entrainer et de faire des compromis afin que les gouvernent arrivent à des décisions difficiles telles qu’on a pu le voir avec Laurent Fabius à la COP21 à Paris. Cela est l’idéal de la démocratie élitiste.

On peut voir ses attraits. Cela semble réaliste, cela semble bien protégé, la liberté des gens qui pour la plupart n’ont pas d’intérêt dans la politique, cela évite les dangers d’une politique autoritaire qui insiste que nous, en tant que citoyen, nous devrions vouloir participer en politique, nous devrions mettre l’intérêt de nos autres citoyens à une échelle plus haute que l’intérêt des étrangers, des gens que nous ne connaissons pas, de l’intérêt de l’environnement, etc.

Alors, l’importance de ce modèle est que c’est à la fois antiautoritaire, anti-paternaliste et anti-moraliste. On peut aussi se demander si cela ne frôle pas le cynisme de parler de la démocratie, de parler de la politique libre et égale dans une situation ou peut être, la vaste majorité des gens ne connaitront jamais l’expérience de faire une décision politique importance. C’est ce Dahl qui va proposer une réponse à la démocratie moderne qui répond à la fois aux attraits du modèle élitiste, mais aussi assez gravement du point de vue empirique et du point de vue empirique.

Le modèle dit élitiste de Joseph Schumpeter est élitiste dans une forme assez spécifique. Surtout, cela est est élitiste non pas parce que cela prône l’importance d’une aristocratie héréditaire pour le gouvernement. Au contraire, il cherchait une élite qui ferait les spécialistes du gouvernement, ne choisit pas un peuple basé sur un vote démocratique. Alors, comparée à l’idéal d’une noblesse et ‘une aristocratie héréditaire, l’idée de Schumpeter est que la concurrence liée avec les institutions de la démocratie représentative donnait les moyens aux citoyens de choisir parmi eux les gens qui étaient plus intéressés et plus formés pour gouverner. L’élite, si on peut dire, était les gens qui avaient plus de vocations pour la politique, plus de talent et de désir pour la politique et qui pouvait convaincre les autres. Comparé aux façons de choisir son gouvernement par l’héritage ou pas la loterie, Schumpeter croyait que les élections nous donnaient la plus grande opportunité d’un gouvernement compétent, un gouvernement des gens qui savaient ou qui pouvaient maitriser au moins les techniques de la politique, de la persuasion, du jugement politique, et du savoir faire de la politique. Comparé à la noblesse héréditaire qui d’une part avec un tas de problèmes en termes de capacités, selon Schumpeter, l’idéal était que nous, nous pouvons choisir les politiciens qui nous semblent être les mieux. Cela est selon lui la meilleure façon de trouver les politiciens compétents, fiables avec le savoir et les techniques afin de gouverner dans le monde moderne.

En plus, il croyait que les élections démocratiques comparées à la loterie et comparés au principe d’hérédité nous donnait une plus grande chance d’avoir un gouvernement qui nous valorisait, qui voulait notre bien. Si nous pouvons rester sur l’idéal de la démocratie comme gouvernement pour le peuple, l’idée de Schumpeter était la meilleure façon de trouver un gouvernement pour le peuple qui était de lier un gouvernement représentatif avec le suffrage universel pour choisir parmi ceux qui voulaient gouverner celui qui nous plait le plus.

Naturellement, et c’est cela qui rend élitiste l’idéal de Schumpeter, l’idéal d’autogouvernement, l’idée de la démocratie d’un gouvernement par le peuple, avait très peu d’intérêt pour Schumpeter. À vrai dire, il croyait que dans le monde moderne, l’idéal d’autogouvernement n’avait pas de sens ; comment cela serait possible que chacun de nous puisse nous gouverner puisque nous sommes nombreux. Même dans les républiques classiques, la démocratie participative avait des limites assez strictes. Il croyait qu’à la fin, même dans les républiques grecques, l’idéal d’autogouvernement était plutôt la potence que quelque chose d’attirant. La solution était l’idéal que le gouvernement constitutionnel avec des élections régulières nous donnait les moyens de réaliser ce qui était réalisable dans le monde moderne des idéaux de la liberté, de l’égalité et de la démocratie du monde classique. Nous aurons la liberté parce que nul ne va être forcé de participer dans le gouvernement s’il ne le veut pas. Selon Schumpeter, on ne doit pas s’intéresser à la politique si on ne veut pas. Alors, pour lui, une démocratie représentative où les citoyens peuvent s’intéresser à leurs propres affaires ou autres affaires que la politique était l’expression simple de la liberté des modernes. Le fait que si nous voulons et pouvons élire nos représentants et nous présenter comme représentant pour les autres, cela nos donnait toute la liberté politique qui était souhaitable et réalisable dans le monde moderne.

Cela est d’autant plus important si nous songeons que dans l’histoire des années après la Première guerre mondiale était l’époque de la révolution soviétique, de l’ère du fascisme et du nazisme où les gens étaient forcés à participer en politique et à participer dans les moyens acceptés. L’importance de la liberté de ne pas s’intéresser à la politique était quelque chose de vraiment essentiel selon Schumpeter à une idée démocratique. Si on n’a pas la possibilité de refuser la participation, le choix de s’abstenir, l’idée d’une politique libre était née. Qui a-t-il de libre dans la politique si on est forcé de participer. En plus, il se demandait où est l’égalité politique si on est forcé de participer selon les idées des autres. Alors, l’essentiel pour lui de la démocratie moderne ne pouvait qu’être que la possibilité de participer aux élections, de se présenter comme candidat si on le voulait, mais d’avoir aussi la possibilité de ne plus s’intéresser à la politique.

On croyait que c’était à cause du gouvernement représentatif, démocratique qu’on pouvait lier à la fois l’efficacité, la liberté, l’égalité, mais aussi la stabilité ainsi que la compétence qui manquait à la démocratie grecque. Les républiques anciennes grecques, mais aussi les républiques comme Florence du Moyen-Âge étaient très instables. L’exil était chose courante parce qu’il y avait tellement de combats, tellement de difficultés à concilier les intérêts différents dans une même république. Selon Schumpeter, ce qui rendait la démocratie attirante dans le monde moderne était le fait que cela était représentatif au lieu de participatif. C’était précisément parce que nous participons pour la plupart que nous avons la possibilité d’avoir des formes de démocratie stable parce que puisque nous devrions participer en choisissant nos représentants, les représentants doivent chercher à nous unir, à trouver les plateformes, les idéaux qui nous intéressent, qui vont nous faire voter et les soutenir. Pour lui, ce qui était important avec le gouvernement représentatif était que cela était à nos représentants de se faire élire, de nous unifier de nous offrir une plateforme qui nous mobilise. Mais après les avoir choisis, nous ne devrions plus faire les vraies demandes politiques. L’idée de Schumpeter était précisément en se fiant à nos représentants de nous représenter que nous pouvons avoir une démocratie stable. L’instabilité selon lui venait avec l’idée que les gens doivent continuer à agir, continuer à présenter leurs demandes, continuer à manifester ; cela, selon lui était de mal comprendre ce qui était valable et important pour la démocratie dans l’innovation du gouvernement représentatif.

Si on peut dire, le modèle élitiste de la démocratie était que nous allons élire nos représentas, en tant que libre et égaux, nous avons le choix de qui nous allons accepter, nous ne devrions pas voter si on ne veut pas, mais après nous devrions nous taire et laisser les experts faire leurs décisions. Pour la plupart, il croyait que c’était exactement ce que nous allons vouloir faire parce qu’après tout, la majorité d’entre nous ne s’intéresse pas particulièrement à la politique. Cela est un peu la division du travail de laisser à ceux qui s’intéressent vraiment à la politique la tâche de nous gouverner et nous pouvons les autres choses qui nous intéressent.

Même s’il y a les attraits importants dans l’effort de Schumpeter de lier à la fois l’idée de la représentation et une forme de démocratie élitiste, cela est clair qu’il y a un tas de problèmes empiriques ainsi que normatifs. Empiriquement, la théorie de Schumpeter est que le gouvernement représentatif constitutionnel avec le suffrage universel va générer tant de concurrence parmi les gens qui veulent participer dans la politique que nous n’aurons pas de problèmes à trouver un gouvernement stable, plein de gens compétents qui s’intéressent à notre bonheur. L’idée était que la concurrence entre les partis organisés va donner aux représentants les motivations de chercher parmi toutes les couches de la société les autres individus qui ont les talents politiques pour les amener dans leur parti. Il semblait qu’on avait un modèle avec un cercle vertueux où à cause de la concurrence, les élites vont ne se reproduire pas par le principe d’hérédité, mais parce qu’ils vont chercher parmi les élites les gens qui ont la vocation pour la politique. Empiriquement, nous savons que ce n’est pas vraiment le cas, que dans un système où la majorité des gens ne participe pas dans la politique, les politiciens deviennent des castes parfois héréditaires comme aux États-Unis ou encore en Amérique latine. On sait qu’en devenant plutôt héréditaire, la qualité de ces politiques devient de pire en pire et il faut seulement comparer la famille Bush. La théorie qui lie la concurrence avec une élite spécialisée non héréditaire n’a vraiment pas marché empiriquement. En plus, au lieu de vraiment s’intéresser au bonheur des citoyens qui ne s’intéressent pas à la politique, l’effet inévitable d’avoir une élite qui sait comment gérer les rênes du pouvoir est de donner à nos représentants les moyens de s’entretenir pour le futur et ainsi le pouvoir politique devient le moyen de s’enrichir et de se maintenir à un statut social peut être qu’ils n’avaient pas de naissance.

Traditionnellement, les gens riches ou les aristocraties de bonne naissance venaient au pouvoir, mais leur base politique était leur terre, leur sang bleu, etc. Par contre, le problème des élites démocratiques et surtout sur le modèle présenté par Schumpeter était que la prise de pouvoir politique devient le moyen de se sécuriser économiquement et de sécuriser sa position sociale. On voit beaucoup de gens qui entrent en politique précisément pour s’enrichir et pas parce qu’ils avaient déjà les moyens de s’intéresser à la politique.

Voilà les problèmes empiriques modernes. Normativement, on a un tas de problèmes parce qu’après tout, si a une forme de gouvernement avec une partie assez restreinte qui ont une connaissance spéciale des rênes du pouvoir et une majorité qui sait très peu sur la politique comment cela s’organise, comment cela se fait, il est clair que la liberté et l’égalité de ce deuxième groupe beaucoup plus grand est mis en danger. Si on peut dire, un modèle de la démocratie qui devient assez vite cynique au lieu d’idéal.

Il semble qu’on peut modifier ce modèle élitiste de la démocratie pour le rendre moins élitiste, pour le rendre plus participatif, égalitaire. On peut imaginer par exemple un système où on garde l’idée d’une concurrence de pouvoir parmi un groupe restreint, mais avec peut être une forme d’action positive pour vraiment élargir le cercle du gouverneur, ou on peut imaginer une forme de corporatisme à la Durkheim et ses successeurs, une forme de corporatisme où on essaie de faire participer et de représenter en politique les intérêts divers des parties différentes de la population. Dans le modèle corporatiste de la démocratie, on essaie de faire représenter les gens pas en tant que citoyens seulement à travers les élections, mais on essaie aussi de les représenter en tant qu’ouvrier ou en tant que religieux ou en tant qu’employeur dans les associations qui vont participer directement dans la prise de décision politique. On peut imaginer un moyen de rendre moins élitiste, plus égalitaire au moins ou plus participatif le modèle de la démocratie formulé par Schumpeter peut-être en utilisant les idées plutôt corporatistes. Là, il faut se rendre que dans le modèle où les gens doivent pour la plupart s’associer en tant que membre d’un syndicat, ils doivent rejoindre un syndicat pour être représentés et les gens doivent se faire représenter en tant qu’agriculteur par exemple afin que les intérêts agricoles soient représentés en politique. On a un modèle de la politique qui dépasse Schumpeter qui perd l’attrait que nous ne devrions pas participer à la politique si cela ne nous intéresse pas et il n’y a pas de forme spécifique de participation.

David Held n’essaie pas assez de voir comment peut-on modifier ces modèles dans la mesure où cela ne nous plait pas parce que cela est toujours intéressant de voir comment peut-on améliorer un modèle qui a ses attraits et ses désavantages. La théorie du corporatisme, à la fois de Durkheim dans la Divion du travail et du suicide, mais aussi de la pratique du corporatisme. Ces modèles peuvent peut-être améliorer la forme de démocratie prônée par Schumpeter, mais le risque est qu’à la fin nous allons dépasser aussi les attraits de ce modèle en essayant de corriger ces défauts. Cela nous donne la clef à l’intérêt vraiment du pluralisme et de Dahl parce qu’il essaie de montrer comment nous pouvons garantir ou construire sur l’aspect le plus attirant des idées de Schumpeter sans ses défauts à la fois empirique et normatif.

La démocratie pluraliste de Dahl

Robert A. Dahl.

Nous allons voir comment Dahl essaie de construire sur l’aspect attirant et peut être même innovateur de Schumpeter, mais essaie d’éviter les difficultés empiriques et normatives de cette conception élitiste de la démocratie. Nous allons voir pourquoi Dahl croit qu’une vision pluraliste basée sur les formes différentes de pouvoir semblait à la fois plus empiriquement correcte et même plus idéale, normativement attirante que la vision élitiste de Schumpeter.

Qu’est-ce que la clef du pluralisme ? La clef est la liberté d’association, c’est l’importance d’une société démocratique faite d’associations multiples, d’individus qui se cherchent, qui se joignent pour le plaisir de se joindre, mais aussi pour des raisons instrumentales. L’idée de Dahl est de dire que Schumpeter a une idée pauvre de la démocratie parce qu’il ne s’intéresse pas à la démocratie sociétale, la base nécessaire pour un gouvernement démocratique dans le monde moderne et cette base pour Dahl ainsi que pour Tocqueville est l’association libre des individus qui peuvent former des associations parce que cela leur plait et ont des intérêts en commun.

L’idée à la fois de Tocqueville et reprise de façon importante par Dahl est qu’une démocratie moderne, un gouvernement démocratique moderne doit avoir une société, des citoyens qui s’organisent, qui s’associent de multiples façons selon leurs goûts individuels, selon leurs besoins et selon leurs croyances. L’idée est que si nous avons une société où les gens peuvent entrer, quitter, laisser les associations comme ils veulent, nous aurons ce qu’on appelle les clivages enchevêtrés. L’idée est que si voulons et quand nous pouvons nous associer avec les autres pour une raison personnelle, si nous pouvons associer de multiple façon les différences de classe, les différences de race, de croyances politiques, religieuses ou encore morales, va s’estomper d’une façon importante parce que nous allons découvrir à travers nos associations diverses qu’il y a des intérêts multiples, divers qui se traduisent dans la politique, des façons complètement différentes. Comparé à la peur qui hantait Schumpeter, mais aussi un tas de politologues depuis l’avènement du suffrage universel, la peur que la classe ouvrière aille voter purement en tant que classe ouvrière et que la classe propriétaire va voter purement en tant que propriétaire pour leurs intérêts, l’importance des associations, comme Dahl l’a reconnu, est que nous pouvons voir que nous avons un tas d’autres intérêts même en tant qu’ouvrier, que propriétaire, un tas d’intérêts divers qui peut aussi se représenter dans la politique et parfois doit se faire représenter. L’idée alors est que dès qu’on voit que la démocratie ne demande pas seulement une forme de gouvernement représentatif avec le suffrage universel et majoritaire, mais elle demande aussi une société vivante où les individus discutent, une société où les individus cherchent les autres avec qui ils peuvent s’associer pour prôner leurs demandes, avec qui ils peuvent identifier ce qui les intéresse et leur signification pour la politique. Dès qu’on voit cette société pleine de groupes, vivantes, combative couvrant tous nos intérêts, nous aurons un modèle de la démocratie vraiment libre parce que cela va refléter la différence et la liberté des citoyens et d’une façon vraiment importants égaux parce que comme cela la naissance ne serait pas la destinée politique. On peut naitre pauvre, mais le fait d’être pauvre n’implique pas qu’on ne peut pas être membre d’un tas d’associations avec les autres qui ne sont pas pauvres et qui auront alors tant d’intérêts. L’idée est que si les gens décident aussi de s’engager en politique sur la base de leur religion, nous aurons aussi les moyens d’estomper les différences raciales, entre les immigrés et les gens de souche parce qu’à la fin, si on peut représenter ces intérêts en tant que membre d’une même association, nous aurons les raisons de vouloir le bien de tous les autres qui prônent notre religion indentant de la couleur, de leur statut d’immigré ou de souche. C’est un idéal d’un monde où les gens vont estomper les différences héréditaires, les différences qui les divisent pour arriver à une politique concurrentielle, mais où les clivages vont changer d’un moment à l’autre, une politique créative, réactive, comptable qui répond directement aux intérêts des individus tels que les individus eux-mêmes les conçoivent.

Pour Dahl ainsi que peut être pour Tocqueville dans La Démocratie en Amérique, l’idée était que dans une société vraiment démocratique avec des associations multiples, changeantes, la technique et le savoir politique sont quelque chose à la main de tout le monde parce que les associations doivent se gérer, doivent s’unifier, doivent savoir comment coopérer entre elles, et alors, on peut apprendre la politique comme comptable d’une association ,et petit à petit, c’est l’idée que la politique devient quelque chose liée à nos intérêts personnels qui nos formes et donne les atouts pour participer au niveau national. Cela est loin de l’idée de Schumpeter que la politique est une profession spéciale différente qui n’a rien à voir avec les capacités de la grande majorité des gens. Dans la vision pluraliste de Dahl, la politique n’est pas quelque chose de spécial, c’est quelque chose à la portée de tout le monde.

C’est une vision assez attirante, une vision où on peut voir, donner peut-être un sens dans le monde moderne de l’idéal de l’autogouvernement, l’idéal d’une démocratie, des associations démocratiques. Cependant, en dépit des attraits de Dahl, en dépit de cette vision vivante, changeante et fluide la politique qu’il prônait, on a une réalité beaucoup plus complète. Robert Putman a publié en 2000 Bowling Alone: The Collapse and Revival of American Community qui est un livre pleurant pour la perte de cette vision, mais aussi de ce monde pluraliste que prônait Dahl. Il y avait une vision peut-être idéaliste de l’Amérique des années 1950, une vision où tout le monde était associé avec les autres. Ce qui est triste pour la politique est que la politique ne se fasse plus comme elle se faisait avant. Maintenant, la politique s’est professionnalisée à tous les niveaux. Des partis cherchent à acheter les capacités d’experts politiques afin de prône un agenda. La difficulté, à la fin, empiriquement, du modèle de Dahl, que cela tourne très vite dans la réalité élitiste et il faut dire capitaliste de Schumpeter, cela arrive pour plusieurs raisons.

La première est l’idée est que l’idéal du pluralisme où les gens peuvent concourir de manière multiple ignore que dans notre société il y a des groupes qui sont des minorités distinctives des petits. Il y a un tas de petits groupes dans nos sociétés qui sont trop petits pour vraiment se trouver lié avec les autres. Alors, pour la plupart, nous, la majorité, nous ne savons rien d’eux, nous ne portons que très peu d’intérêt sur eux. La conséquence est que la politique qui nous plait ne prend pas en compte leurs intérêts spécifiques. Par contre, la logique du pluralisme était qui puisque nous avons un tas d’intérêts qui se chevauchent, il est très facile de protéger par la politique publique nos intérêts divers. Le problème est pour les groupes isolés, petits et distincts qui ne seront pas inclus dans ce mélange d’association et ne vont pas se retrouver représenté dans la politique.

Le deuxième problème est que ce modèle attirant du pluraliste où on entre et on quitte les associations ne prend pas vraiment en compte ce que Mancur Olsen appelait la logique de l’action collective. Dans la logique de l’action collective, on se montre combien les ressources, l’argent est nécessaire pour l’organisation des groupes. Le problème sous-jacent de la politique pluraliste est que si les ressources sont très inégales, les associations mêmes les plus volontaires n’auront pas le même pouvoir de représenter les intérêts de ses membres. C’est par exemple le problème de beaucoup d’associations de consommateurs. En tant que consommateur nous sommes très nombreux, on aurait cru qu’en tant que consommateur, nous aurions un pouvoir politique énorme, après tout, en tant que consommateur, nous avons un pouvoir d’achat, mais aussi de voie sans pareil, mais le problème est que le plus grand groupe, le plus cher à organiser, le groupe le plus divisé, alors le plus de difficulté, plus de temps et d’argent il va nous falloir afin d’identifier nos intérêts en commun et de nous organiser pour les avancer. C’est pour cette raison que les intérêts des consommateurs sont beaucoup moins protégés dans les démocraties que les intérêts de producteurs.

Finalement, la théorie pluraliste ne prend pas en compte les préjugés arbitraires et la lègue dans nos institutions et nos politiques comme, par exemple, contre les femmes, les gens de couleur ou ceux qui ont une opinion différente que celle de la majorité. Le problème c’est qu’avec la liberté d’association, il est très difficile pour les gens victimes de préjugé de vraiment s’associer avec les autres. Même si formellement, cela est quelque chose d’important dans nos démocraties que nous pouvons entrer, quitter également des associations différentes ; dans le monde actuel, nous savons très bien que ces possibilités sont distribuées d’une façon très inégalitaire à cause des différences de la richesse, mais aussi à cause des effets structurels, des préjugés de nos gouvernements.

Les problèmes empiriques du pluralisme se reflètent dans la difficulté aux États-Unis, mais aussi ailleurs de vraiment estomper les différences de classe, de race et même de religion de nos sociétés. La théorie pluraliste avait promis que sans changer les libertés, nous pouvons estomper ces différences tellement problématiques et parfois tellement injustes. En réalité, pour la plupart, nos associations volontaires, au moins de les estomper, peuvent les approfondir. C’est l’une des tragédies de l’association libre que l’on va peut-être au lieu d’estomper nos différences, les approfondir.

Nous avons regardé deux efforts de lier l’idée de la démocratie d’une politique de la liberté et de l’égalité, un idéal de l’autonomie pour le monde moderne, mais nous avons vu aussi que ces deux modèles en dépit de leurs attraits réels ont des difficultés très profondes. Les enjeux maintenant dans la théorie politique normative ainsi que dans la science politique plus empirique est de savoir si nous pouvons envisager un modèle, un modèle de la démocratie qui peut à la fois récupérer ce qui était fort et attirant dans le modèle pluraliste de Dahl, dans le modèle de démocratie plutôt tocquevilien, mais en acceptant que sans les efforts intentionnels d’estomper les inégalités héritées du passé, sans les efforts intentionnels de promouvoir le bien commun, il n’y a pas de possibilité vraiment d’arriver à une politique libre et égale basée sur l’intérêt propre des individus.

Annexes

References