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== The challenge of Greek democracy ==
== The challenge of Greek democracy ==
Pourquoi peut-il sembler si nécessaire de pouvoir répondre à ces questions ? Pourquoi peut-il sembler si nécessaire de montrer que nos gouvernements sont démocratiques et en tant que démocratie, ils ont une légitimité importante. Afin de bien comprendre ceci, il est absolument nécessaire de comprendre les défis que nous pose la démocratie grecque. La démocratie était une question de petits États cités tels qu’Athènes ou encore Sparte, les cités de quelques milliers d’habitants et de beaucoup moins de citoyens, les cités et surtout les démocraties fondées sur l’esclavage qui donnait aux citoyens la possibilité de dévouer leurs heures au gouvernement de leur patrie ainsi que de leur famille et que leurs États. Nous vivons dans des sociétés modernes, gigantesques dans lesquelles il n’y a pas d’esclavage, la majorité des citoyens doivent travailler pour gagner leur vie et doivent rentrer chez eux pour vaquer à leurs occupations ménagères et remplir les obligations familiales, ayant donc donc très peu de temps pour la politique et l’éducation politique. On peut se demander, vu les différences entre la démocratie grecque et notre situation si cela est possible vraiment d’avoir la démocratie dans le monde moderne.
Why does it seem so necessary to be able to answer these questions? Why can it seem so necessary to show that our governments are democratic and as a democracy, they have an important legitimacy. In order to fully understand this, it is absolutely necessary to understand the challenges posed by Greek democracy. Democracy was a question of small states such as Athens or Sparta, cities of a few thousand inhabitants and many fewer citizens, cities and especially democracies based on slavery which gave citizens the opportunity to devote their hours to the government of their homeland as well as their families and states. We live in modern, gigantic societies in which there is no slavery, the majority of citizens have to work to earn a living and have to return home to do their household chores and fulfill family obligations, thus having very little time for politics and political education. One may wonder, given the differences between Greek democracy and our situation if it is really possible to have democracy in the modern world.


Le premier défi, et c’est un défi fondamental qui a pesé lourdement sur les philosophes tels que Arendt qui, depuis la Seconde guerre mondiale, essayait de comprendre quelles possibilités pour la démocratie dans un monde qui a souffert de deux guerres mondiales dont la nation la plus avancée à l’époque, à savoir l’Allemagne, est tombée dans la barbarie ; alors, songeons-nous, nous qui prenons nos sociétés comme démocratiques, mais on peut se demander en quoi cette démocratie réside vu que nous savons que pour la plupart très peu sur la politique publique même de notre pays et pas seulement sur l’international. Nous avons en plus très peu de temps afin de participer, pour nous organiser, mais aussi pour débattre des questions politiques avec les autres. Pour rendre les choses encore pires, ce n’est pas seulement que nous n’avons pas d’esclaves, on peut avoir des servants payés, et en plus, maintenant qu’il y a eu un peu d’émancipation des femmes, il n’y a pas plus le travail non payé des femmes à la maison. Le problème de l’émancipation des femmes était en partie le problème de comment allons-nous avoir la démocratie dans un monde sans esclave, dans un monde où on n’a pas les esclaves pour éduquer les enfants, pour organiser la maison ; alors, si les citoyens, les gens comme nous, d’intelligence moyenne, avec les énergies moyennes, si les gens comme nous doivent à la fois gagner la vie, garder les enfants, soigner les parents et grands-parents, et en plus s’éduquer et s’intéresser à une politique qui pour nous est parfois très abstraite, mais aussi très difficile à comprendre et naturellement très difficile à influencer, alors, on peut vraiment se demander qu’est-ce que cela a à voir avec la démocratie telle que connue en Grèce où, à la fin, se sont les citoyens qui se gouvernaient eux-mêmes, qui étaient élus au tirage au sort. Ce sont les gens qui pouvaient s’intéresser pleinement en la politique de leur pays.
The first challenge, and it is a fundamental challenge that has weighed heavily on philosophers such as Arendt who, since the Second World War, was trying to understand what possibilities for democracy in a world that suffered two world wars whose most advanced nation at the time, namely Germany, fell into barbarism..; then, we who think of our societies as democratic, but we may wonder how this democracy resides since we know that for the most part very little about the very public policy of our country and not only on the international level. We also have very little time to participate, to organise ourselves, but also to debate political issues with others. To make things even worse, it's not only that we don't have slaves, we can have paid servants, and in addition, now that there has been some emancipation of women, there is no more unpaid work for women at home. Part of the problem of women's emancipation was the problem of how we are going to have democracy in a world without slaves, in a world where we do not have slaves to educate children, to organize the home...; so if citizens, people like us, of average intelligence, with average energies, if people like us must both earn a living, keep children, care for parents and grandparents, and in addition educate and take an interest in a policy that for us is sometimes very abstract, but also very difficult to understand and naturally very difficult to influence, so one can really wonder what this has to do with democracy as known in Greece where, in the end, citizens governed themselves, who were elected by lot. They were the people who could take a full interest in the politics of their country.


La première chose à comprendre si on essaie de comprendre l’influence du modèle pluraliste est le problème, le défi fondamental de comment on peut avoir la démocratie de nos jours en dépits de ce qu’on appel nos gouvernements. Deuxièmement, les démocraties anciennes, les démocraties grecques n’avaient pas de liberté de religion, Socrate n’avait pas liberté de penser et liberté d’expression. Pour la plupart, c’était les citoyens assez unanimes sur ce qui comptait pour une bonne vie humaine et ce qui devrait être le but de leur pays. Par contre, dans nos sociétés modernes, nous sommes divisés assez profondément sur les questions morales, sur la religion et s’il faut avoir une religion, combien de déités faut-il accepter ou non. Sur le rôle de la religion dans la politique, nous sommes divisées sur l’économie, comment faut-il l’organiser de façon socialiste, devrions-nous accepter le revenu basique. Nous diviser pas seulement sur nos préférences personnelles, mais sur nos convictions les plus profondes, les plus intimes. Alors, de nouveau, on peut se demander si cela est possible dans ces circonstances, les circonstances modernes de la distanciation fondamentale sur les questions du bien et de la moralité, dans cette perspective, est-ce que c’est vraiment possible, que les citoyens peuvent partager le gouvernement en tant qu’égaux, est-ce vraiment possible de voir comme nous égaux les gens qui ont les idées que nous trouvons déplorables, les idées que nous trouvons idiotes, mal pensées, dangereuses, c’est le défi de nos jours, à savoir si cela est possible de nous traiter en tant qu’égaux si à la fin nous partageons très peu de valeurs en commun. Finalement, nous pouvons nous demander si dans un monde moderne, cosmopolite, avec les économies qui dépassent de loin notre cité et notre pays, dans les économies dont nos gouvernements ne peuvent gérer qu’une petite part, si cela est possible d’avoir la démocratie. Dans le monde grec, les décisions économiques ne prenaient pas une très grande place dans la vie politique, cela n’était que quelques questions de taxations, de revenus afin de financer le gouvernement, les citoyens pauvres, mais aussi pour financer les guerres et particulièrement à Athènes et Sparte. Par contre, de nos jours, les questions économiques forment une part énorme de la politique publique, mais cela est clair que ces questions dépassent de loin notre compréhension pour la plupart en tant qu’individu et nos pouvoirs d’agir. Alors, de nouveau, il faut se demander si cela est possible et comment cela est possible d’avoir les gouvernements démocratiques dans notre monde actuel.
The first thing to understand if we try to understand the influence of the pluralist model is the problem, the fundamental challenge of how we can have democracy today despite what we call our governments. Secondly, the ancient democracies, the Greek democracies had no freedom of religion, Socrates had no freedom of thought and freedom of expression. For the most part, it was the citizens fairly unanimous on what counted for a good human life and what should be the goal of their country. On the other hand, in our modern societies, we are quite deeply divided on moral questions, on religion and whether to have a religion, how many deities to accept or not. On the role of religion in politics, we are divided on the economy, how it should be organized in a socialist way, should we accept basic income. We divide not only on our personal preferences, but on our deepest, most intimate convictions. So, again, one may wonder if this is possible in these circumstances, the modern circumstances of fundamental distancing on questions of good and morality, from this perspective, is it really possible, that citizens can share government as equals, is it really possible to see how equal we are to people who have ideas that we find deplorable, ideas that we find idiotic, ill-conceived, dangerous, that is the challenge these days, to know if it is possible to treat us as equals if in the end we share very few common values. Finally, we can ask ourselves whether in a modern, cosmopolitan world, with economies far beyond our city and our country, in economies of which our governments can only manage a small part, whether it is possible to have democracy. In the Greek world, economic decisions did not take a very big place in political life, it was only a few questions of taxation, of income to finance the government, poor citizens, but also to finance wars and particularly in Athens and Sparta. Today, however, economic issues are a huge part of public policy, but it is clear that these issues far exceed our understanding for the most part as individuals and our powers to act. So, once again, we must ask ourselves whether this is possible and how it is possible to have democratic governments in our current world.


Pourquoi nous soucier de ce qu’on fait les Grecs ? Il y a des choses qu’ils ont faites, surtout la démocratie qui nous parle, qui nous attire même en dépit de différence de siècles de mœurs et surtout même en dépit de nos différences de valeurs autour des questions d’égalité sexuelle, raciales et naturellement de l’esclavage. L’attrait de la démocratie grecque est l’attrait de l’autogouvernement, de la possibilité de se gouverner, d’avoir une voie, d’avoir une voie avec du poids dans ce qui nous arrive dans la vie. Après tout, cela est très difficile pour nous d’influencer ce qui nous arrive et même dans les questions personnelles. Il y a tout un tas de choses qui nous arrivent que nous ne pouvons pas influencer, mais d’avoir ce manque de puissance, cette impossibilité même d’avoir une voix dans les matières qui nous concernent, surtout dans les questions de politique où il s’agit de la coercition, de la convention, mais aussi des lois, où il s’agit aussi de la force, les risques de la violence, dans ces ces, le manque de voix, de puissance, de possibilité de se gouverner non pas individuellement, mais avec les autres serait vraiment quelque chose de grave. C’est parce que nous nous trouvons, nous pouvons nous trouver dans les Grecs, dans cet idéal d’autogouvernance, que l’idéal de la démocratie a des attraits pour nous et que pour nous cela est une vraie question que si nous pouvons réaliser l’autogouvernement, la démocratie dans les conditions si différentes de ce qui a donné naissance à cette idée et à cette forme de gouvernement.  
Why do we care what we do in Greece? There are things they have done, especially democracy that speaks to us, that even attracts us despite centuries of differences in mores and especially despite our differences in values around issues of sexual equality, race and of course slavery. The appeal of Greek democracy is the appeal of self-government, of the possibility of governing oneself, of having a way, of having a way with weight in what happens to us in life. After all, it is very difficult for us to influence what happens to us and even in personal matters. There are all kinds of things that happen to us that we cannot influence, but to have this lack of power, this very impossibility of having a voice in matters that concern us, especially in matters of politics where it is a question of coercion, of the convention, but also of laws, where it is also a question of force, the risks of violence, in these, the lack of voice, of power, of the possibility of governing oneself not individually, but with others would really be something serious. It is because we find ourselves, we can find ourselves in the Greeks, in this ideal of self-governance, that the ideal of democracy has attractions for us and that for us this is a real question only if we can achieve self-government, democracy under conditions so different from what gave rise to this idea and this form of government.


Mais, pourquoi penser que l’autogouvernement est quelque chose d’attirant ? Pour certains cela est une utopie, pour d’autre que c’est un leurre de croire que nous pouvons nous gouverner en tant que groupe, que cela est attirant de se donner les façons d’influencer la politique. Pour aborder ces questions, il faut entrer dans la conception de la personne, dans la philosophie de la personne, de comment nous pensons, nous appréhendons nos possibilités en tant qu’humains, nos possibilités de réfléchir, de délibérer sur nos actions, d’évaluer ce que nous pensons, ce que nous voulons et ce que nous avons fait. Nous avons le sentiment de la liberté, de la possibilité de développer nos capacités d’action et de réflexion, de choix dans nos actions pas seulement individuelles, mais en tant que groupe dont cet idéal de l’autogouvernement parle. Nous avons des intérêts dans la politique même si nous allons nous mettre d’accord sur l’idéal de personne autonome en contrôle de ses émotions, en contrôle de ses désirs, cette image de l’idéal stoïque que nous avons appris des Grecs. Nous pouvons valoriser la politique et la possibilité d’avoir une voie avec le même poids que les autres pour des raisons purement instrumentales. L’importance de ces raisons instrumentales pour vouloir la démocratie vient, si nous jetons en regard en arrière, sur les formes de gouvernements féodales, sur les formes de gouvernements monarchiques, sur les formes de gouvernement représentatif, mais non démocratique qui caractérisaient par exemple les États-Unis et l’Europe du XIXème siècle.
But why think that self-government is something attractive? For some it is a utopia, for others it is a decoy to believe that we can govern ourselves as a group, that it is attractive to give ourselves ways to influence politics. To address these questions, we must enter into the conception of the person, into the philosophy of the person, of how we think, we apprehend our possibilities as humans, our possibilities to reflect, to deliberate on our actions, to evaluate what we think, what we want and what we have done. We have the feeling of freedom, of the possibility of developing our capacities for action and reflection, of choices in our actions not only individually, but as a group of which this ideal of self-government speaks. We have interests in politics even if we will agree on the ideal of an autonomous person in control of his emotions, in control of his desires, this image of the stoic ideal that we learned from the Greeks. We can value politics and the possibility of having a path with the same weight as the others for purely instrumental reasons. The importance of these instrumental reasons for wanting democracy comes, if we look back, on the forms of feudal governments, on the forms of monarchical governments, on the forms of representative but undemocratic government that characterized for example the United States and 19th century Europe.


Dans ces autres formes de gouvernements, ce qui arrivait à la grande partie des gens n’importait plus. Si on était un serf, on était tel un animal, une bête pour les nobles, les intérêts des serfs n’avaient aucune importance en soi, ils étaient peut-être les corps à jeter à la guerre, pour travailler dans les champs, pour avoir des enfants, mais leurs sentiments, ce qu’ils voulaient et sentaient ne comptait pour absolument rien. En effet, même dans les gouvernements représentatifs, mais pas démocratiques, les gouvernements tels qu’en Angleterre au XIXème siècle, cela est clair que les intérêts de ceux qui n’avaient pas le vote, les intérêts des femmes ou encore des hommes de classe ouvrière ne comptaient pas pour grand-chose parce qu’ils n’avaient pas de voie, parce que leur statut était beaucoup moins que celui des autres. Si nous pensions que pouvoir se gouverner est quelque chose de valable, si nous pensions qu’il est important de pouvoir participer dans les affaires internationales, il faut pouvoir justifier la capacité politique des autres. La justification était de dire que la grande partie des gens n’était pas assez intelligente afin de participer dans les affaires compliquées telles que la politique. Comme suggérait Platon, la politique a un aspect technique, il y a les choses qui demandent l’expertise, du savoir de comment gérer les gens, comparer les possibilités, il y a les aspects techniques en politique comme en économie et dans la médecine. Dans la mesure où nous croyons que la politique a cet aspect technique, et en plus, en nous rendant compte que la plupart des gens ont très peu de temps afin d’apprendre ces techniques, alors, il est naturel de croire que c’est une mauvaise idée de donner le suffrage à la majorité des gens parce qu’ils ne sauront pas comment l’utiliser. Si on peut le dire, une raison de vouloir un vote démocratique, de vouloir être membre d’un pays démocratique n’est pas parce que nous acceptons peut-être, mais c’est parce que nous craignons ce qui va nous arriver si les autres que nous ne pensons pas être assez intelligent de participer dans les affaires communes, pas assez intelligent de mériter une voie dans les affaires qui nous concernent, alors, les raisons instrumentales de vouloir un vote démocratique, de vouloir participer dans le gouvernement, donne, même de nos jours, un attrait important à l’idéal de l’autogouvernement grec même si nous rejetons une grande partie de la philosophie de l’homme et de la conception du monde qui rendait cette vision de la démocratie attirante pour les Grecs eux-mêmes.
In these other forms of government, what happened to most people no longer mattered. If you were a serf, you were like an animal, a beast to the nobles, the interests of the serfs had no importance in themselves, they were perhaps the bodies to throw into the war, to work in the fields, to have children, but their feelings, what they wanted and smelled, counted for absolutely nothing. Indeed, even in representative but not democratic governments, governments such as in 19th century England, it is clear that the interests of those who did not have the vote, the interests of women or working class men did not count for much because they had no way, because their status was much less than that of others. If we think that being able to govern ourselves is something worthwhile, if we think it is important to be able to participate in international affairs, we must be able to justify the political capacity of others. The justification was to say that most people were not smart enough to participate in complicated matters such as politics. As Plato suggested, politics has a technical aspect, there are things that require expertise, knowledge of how to manage people, comparing possibilities, there are technical aspects in politics as well as in economics and medicine. To the extent that we believe that politics has this technical aspect, and in addition, realizing that most people have very little time to learn these techniques, then it is natural to believe that it is a bad idea to give the vote to the majority of people because they will not know how to use it. If we can say so, a reason to want a democratic vote, to want to be a member of a democratic country is not because we perhaps accept, but because we fear what will happen to us if others that we do not think are smart enough to participate in common affairs, not smart enough to deserve a voice in matters that concern us, so the instrumental reasons for wanting a democratic vote, for wanting to participate in government, gives, even nowadays, an important attraction to the ideal of Greek self-government even if we reject much of the human philosophy and worldview that made this vision of democracy attractive to the Greeks themselves.


À travers les difficultés, à travers les différences, nous croyons, soit qu’il y a quelque chose d’attirant dans l’idée que les hommes, les gens tels que nous, sans capacités vraiment spéciales, sans vraiment de savoirs spéciaux, sans atouts spéciaux, peuvent participer dans leur gouvernement. C’est idéal est attirant en soit et pour les raisons instrumentales, nous croyons qu’à la fin que l‘histoire enseigne que la seule façon vraiment de se protéger contre le dédain, l’indifférence, le paternalisme mal placé des autres, est de donner à tout le monde le vote.  
Through difficulties, through differences, we believe that either there is something attractive in the idea that men, people like us, without really special abilities, without really special knowledge, without special assets, can participate in their government. This is ideal is attractive in itself and for instrumental reasons, we believe that at the end that history teaches that the only real way to protect oneself from the disdain, indifference, misplaced paternalism of others, is to give everyone the vote.


À quoi devrions-nous songer ? Nous pouvons voir une justification pour la démocratie à travers les idées et les idées distinctement modernes de la liberté, de la liberté et même de la solidarité. Indépendamment de l’attrait de l’idée que même les gens sans atouts vraiment spéciaux peuvent participer et faire les choses difficiles dans la vie comme se gouverner. Cela peut se faire dans des petits groupes, alors pourquoi pas essayer dans des groupes plus larges. En dépit de ceci, cela est clair que la démocratie dans ses aspects intrinsèques et instrumentaux répond à des idées distinctement modernes de la liberté et de l’égalité. Ils répondent aux idées modernes de la liberté parce que la démocratie évite le paternalisme. L’idée moderne de la liberté est que les gens adultes, rationnels et éduqués, sans défaut intellectuel, en dépit de leur capacité d’erreur, ont intérêt à faire leur choix eux-mêmes, de s’informer à comment gérer leur vie, d’apprendre de ces erreurs, de pouvoir les corriger, mais aussi de pouvoir vivre avec ses erreurs. Nous savons tous que parfois les autres connaissent beaucoup mieux que nous ce que nous devrions faire. Le cas paradigmatique est nos parents, cela est toujours quand nos parents ont raison que cela est le plus difficile de l’admettre. Néanmoins, nous savons aussi que notre sentiment de liberté, de l’importance de la liberté est la possibilité de faire ses erreurs soi-même et de vivre avec les conséquences même si elles sont malheureuses et de pouvoir apprendre de ses erreurs en discutant avec les autres, en réfléchissant à ce qu’on a fait de mauvais et de bien et à continuer d’agir.  
What should we think about? We can see a justification for democracy through distinctly modern ideas and ideas of freedom, freedom and even solidarity. Regardless of the appeal of the idea that even people without truly special assets can participate and do difficult things in life like governing themselves. This can be done in small groups, so why not try in larger groups. Despite this, it is clear that democracy in its intrinsic and instrumental aspects responds to distinctly modern ideas of freedom and equality. They respond to modern ideas of freedom because democracy avoids paternalism. The modern idea of freedom is that adult, rational and educated people, without intellectual defects, despite their capacity for error, have an interest in making their own choices, in learning how to manage their lives, in learning from these errors, in being able to correct them, but also in being able to live with their errors. We all know that sometimes others know much better than we do what we should do. The paradigmatic case is our parents, it is always when our parents are right that it is most difficult to admit it. Nevertheless, we also know that our sense of freedom, of the importance of freedom is the possibility of making our own mistakes and living with the consequences even if they are unhappy and being able to learn from our mistakes by talking with others, reflecting on what we have done wrong and right and continuing to act.  


[[Fichier:Alexis de tocqueville cropped.jpg|vignette|Alexis de Tocqueville par Théodore Chassériau (1850).]]
[[Fichier:Alexis de tocqueville cropped.jpg|vignette|Alexis de Tocqueville par Théodore Chassériau (1850).]]An important aspect of democracy from a modern perspective is that it is the form of government that seems to respond most directly to the value of individual freedom and our ability to protect these individual freedoms as a collective. This is one of the most important things and we find some of its justification in Tocqueville's idea in his studies on democracy in America where he says that it is clear that in America there are political scientists of much lower quality than in aristocratic France, sometimes people who want to make a career in politics are bad, but, The most important thing about democracy is not that politicians are the smartest and most will not be, but that we can correct their mistake, that democracies have the opportunity to correct themselves because they are governments with freedom of expression, not only for the nobles, but for everyone, with freedom of association, freedom of movement and of course with political as well as personal choices. It is the same idea that drives the Nobel Prize in Economics Amartya Sen.


Un aspect important de la démocratie du point de vue moderne est que c’est la forme de gouvernement qui semble répondre au plus direct à la valeur de la liberté individuelle et à nos capacités de protéger ces libertés individuelles en tant que collective. C’est l’une des choses les plus importantes et on trouve un peu de sa justification dans l’idée de Tocqueville dans ses études sur la démocratie en Amérique où il se dit qu’il est clair qu’en Amérique, il y a des politologues de beaucoup moins de qualité qu’en France aristocratique, parfois les gens qui veulent faire une carrière en politique sont mauvais, mais, le plus important de la démocratie n’est pas que les politiciens sont les plus intelligents et la plupart ne le seront pas, mais que nous pouvons corriger leur erreur, que les démocraties ont les possibilités de se corriger parce que ce sont des gouvernements avec la liberté d’expression, pas seulement pour les nobles, mais pour tout le monde, avec la liberté d’association, la liberté de mouvement et naturellement avec les libertés de choix politiques ainsi que personnels. C’est la même idée qui anime le prix Nobel d’économie [[La théorie des capabilités d’Amartya Sen et Marta Nussbaum|Amartya Sen]].
In his studies on famines in India, Sen noted that after democracy, there was never any more famine in India. Of course, it is not because suddenly the politicians in India have become much smarter, this is not the case having made a lot of mistakes including fairly serious economic errors, but the importance of democracy and the freedoms that compose it, is that if in a small neighborhood, we see that there are food shortages, freedom of movement allows us to go to another village to say that we lack wheat. Previously, without the possibility of leaving one's village, it was impossible to distribute this knowledge. With the freedom to move, we can denounce a policy or an environmental change that causes a lack.


Dans ses études sur les famines en Inde, Sen a remarqué qu’après la démocratie, il n’y a plus jamais eu de famine en Inde. Bien sûr, ce n’est pas parce que d’un coup les politiciens en Inde sont devenus beaucoup plus intelligents, ce n’est pas le cas ayant fait un tas d’erreurs y inclus des erreurs économiques assez graves, mais l’importance de la démocratie et les libertés qui la compose, est que si dans un petit quartier, on voit qu’il y a des manques alimentaires, la liberté de mouvement permet que l’on puisse aller dans un autre village dire qu’on manque de blé. Auparavant, sans la possibilité de quitter son village, cela était impossible de distribuer ce savoir. Avec la liberté de se mouvoir, on peut dénoncer une politique ou un changement environnemental à l’origine d’un manque.  
If we value the freedom of the modern, the freedom of movement unthinkable historically and in some countries sadly nowadays, the freedoms of movement, association and expression as well as choice, we know the quite modern reason to value democracy even if it is a form of government that does not give us the forms of self-government that made the Greek ideal. If we think so, we can also see that we have reasons based on modern ideas of equality to value democracy. Democracy is a form of egalitarian politics that gives everyone, regardless of their resources, status, an equal voice and path in political decision-making. In our world, the value of equality is important, but also controversial. Based on modern ideas of equality, we have reasons to value democracy even if it is a rather limited form of self-government in the modern world.


Si nous valorisons la liberté des modernes, la liberté de mouvement impensable historiquement et dans quelques pays tristement de nos jours, les libertés de mouvement, d’association et d’expression ainsi que de choix, nous savons la raison tout à fait moderne de valoriser la démocratie même si cela est une forme de gouvernement qui ne nous donne pas les formes d’autogouvernement qui faisait l’idéal grec. Si nous pensons ainsi, nous pouvons aussi voir que nous avons les raisons basées sur les idées modernes de l’égalité de valoriser la démocratie. La démocratie est une forme de politique égalitaire qui donne à tout le monde indépendamment de ses ressources, de ses statuts, une voie et une voie égale dans les prises de décision politique. Dans notre monde, la valeur d’égalité est d’une importance, mais aussi d’une controverse importante. Basés sur les idées modernes de l’égalité, nous avons les raisons de valoriser la démocratie même si c’est une forme d’autogouvernement assez restreinte dans le monde moderne.  
It is an ancient ideal that was born in societies very different from us. It is clear that, in part, the ideal of self-government that draws us to democracy as a form of government is a difficult ideal to achieve in modern conditions. In large countries such as ours, how can we talk about self-government? In countries in a world like ours where political decisions are not just under the finger of our government, we live in a global world, how can we talk about self-government? In the end, even if it is the ideal of self-government, the possibility of guiding life that draws us towards democracy, it is based on modern ideas of freedom, equality and perhaps solidarity that we will find more foundations, more justification for this form of government that we value.


C’est un idéal ancien qui est né dans les sociétés très différentes de nous. Cela est clair qu’en partie, l’idéal d’autogouvernement qui nous attire vers la démocratie comme forme de gouvernement est un idéal difficile à réaliser dans les conditions modernes. Dans les grands pays tels que les nôtres, comment parler d’autogouvernement ? Dans les pays dans un monde tel que le nôtre où les décisions politiques ne sont pas seulement sous le doigt de notre gouvernement, nous vivons dans un monde global, comment parler d’autogouvernement ? À la fin, même si c’est l’idéal d’autogouvernement, la possibilité de guider la vie qui nous attire vers la démocratie, cela est basé sur les idées modernes de la liberté, de l’égalité et peut être de la solidarité que nous allons trouver plus de fondements, plus de justification pour cette forme de gouvernement que nous valorisons.
Before we decide that we can call our governments democratic, we must ask ourselves how representative governments can be democracies; what in the ideal of representation can give life to the ideal of democracy. Bernard Manin shows that the ideal of representative government was historically a way of excluding democratic government. Representative government, when it was born in the 18th century, was an explicitly undemocratic theory of government based on the fact that in the modern world, the majority of us do not have the capacity to govern ourselves, at least it seems that the majority of us do not have the time to govern ourselves. So the ideal of representative government was to minimize the political participation of the majority of people in politics. If that was the ideal of representative government, it was an ideal form of representation that tried to take the interests we had, to give them to see without us being there to defend them, without us having the opportunity to participate in the issues that concern us. How was it possible to reconcile the appeal of democracy as a form of modern freedom and equality with a form of representative government.


Avant de décider que nous pouvons appeler nos gouvernements démocratiques, il faut se demander comment les gouvernements représentatifs peuvent être démocraties ; qu’est-ce dans l’idéal de la représentation qui peut donner vie à l’idéal de la démocratie. Bernard Manin montre que l’idéal de gouvernement représentatif était historiquement une façon d’écarter le gouvernement démocratique. Le gouvernement représentatif, à sa naissance au XVIIIème siècle était une théorie du gouvernement explicitement antidémocratique basée sur le fait que dans le monde moderne, la majorité de nous n’ont pas les capacités de se gouverner, du moins il semble que la majorité des nôtres n’a pas de temps à consacrer à se gouverner. Alors, l’idéal de gouvernement représentatif était de minimiser la participation politique de la grande partie des gens dans la politique. Si cela était l’idéal de gouvernement représentatif, cela était une forme idéale de représentation qui essayait de prendre les intérêts que nous avions, de les donner à voir sans que nous soyons là pour les défendre, sans que nous ayons la possibilité de participer aux questions qui nous concernent. Comment était-il possible de concilier l’attrait de la démocratie comme forme de liberté et d’égalité moderne avec une forme de gouvernement représentatif.
We live in the world of the 20th century, but after the Second World War, but especially in the era before the First World War, these were lively issues. We lived in the richest, most stable and most powerful countries in the world, such as 19th century England. But the vast majority of people did not have the right to vote in politics and their government, which claimed to be representative, and we wondered whether it was possible to have a government that tried to represent different ideals of the people, and especially the different interests of the people.
 
Nous vivons dans le monde du XXème siècle, mais après la Deuxième guerre mondiale, mais surtout dans l’ère avant la Première guerre mondiale, c’était des questions vives. On vivait dans les pays les plus riches, stables et puissants du monde tel que l’Angleterre du XIXème siècle. Mais, la grande majorité des gens n’avaient pas le droit de vote dans la politique et leur gouvernement qui se disait représentatif et on se demandait si cela était possible d’avoir à la fois un gouvernement qui essayait de représenter des idéals différents du peuple, et surtout les intérêts différents du peuple.


= La démocratie « élitiste » de Schumpeter =
= La démocratie « élitiste » de Schumpeter =

Version du 7 août 2018 à 21:25

Introduction to Political Theory
Faculté Faculté des sciences de la société
Département Département de science politique et relations internationales
Professeur(s) Annabelle Lever
Enregistrement partie 1 (2015) partie 2 (2015)
Cours Introduction à la science politique

Lectures


The challenge of modern democracy comes from what we learn from Greek democracy. The subject of this course is the political theory of democracy. To do this, we must understand the political problems of modern democracy through what we have learned from Greek democracy.

What is normative political theory

The pluralist model of democracy is a model that has been as critical for empirical political science as it has been for normative political theory. It is this pluralistic model with its attractions and flaws that forms the basis of what we do today in empirical as well as normative political science. It is really through this model that was founded in the 1950s, 1960s and 1970s.

Understanding the pluralistic model of democracy helps to understand the elitist model of democracy, Schumpeter's model. To understand the attractions, but also the flaws, of the elitist model of democracy, we must understand why modern democracy does not seem so obvious as a legitimate form of government that now appears to us. To understand this, we must see modern democracy through the democracy of Athens and understand that if the model of democracy that we really knew was the democracy of Athens and Sparta, why the possibility of having a democratic government in the modern world, especially after the Second World War, seemed so unlikely. So why do we really even have a real challenge these days, namely what democracy can be in the modern world?

Although political theory today seems to be at the margins of modern political science, normative political theory is probably the oldest form of political science as well as moral philosophy. It is with Socrates and his questions on the justice of society, the importance of the duties of sons compared to the duties of citizens, with the question of how a good life is for men, that we begin both philosophy and the study of political theory, then, indeed, it is with normative political theory that political science and its problems begin.

Normative political theory focuses on how the world should be, not how it is. We are interested in the questions of how these institutions should be organized, what form of government should be legitimate, accepted as morally right, what duties citizens should have and not those they have. For example, with regard to compulsory voting, we wonder whether it is not justified to have a compulsory vote if our duties as citizens do not include the duty to vote. Political theory is primarily concerned with questions of how the world should be, how we should be, how we should organize ourselves, what political preferences we should have, what forms of freedom, equality and solidarity we should try to implement and so on.

In this sense, normative political theory differs from the more empirical aspects of political science even if one wants to understand how the world should be, it is a good thing to understand how it is and why it is as it is. Even if we do normative political theory, we have reasons to take a strong interest in empirical and more formal questions in political theory. To the extent that more generally empirical political science tries to explain how our world is, how it is. In more empirical political science, it's not just what you really try to describe in detail, but why they are who they are. It is the same thing in normative political theory, even if our explanations are normative explanations instead of causal, we do not try to explain why people have the values they have, but we try to explain or demonstrate why we should, for example, change our values, why we should vote instead of abstaining, why we should be pacifists instead of subscribing to the theories of just war. The explanation and use of evidence is as important in political theory as in the more empirical sub-disciplines of political science.

Sometimes we have the impression that moral philosophy and political philosophy show relativity; this is false. To the extent that we speak of an intellectual discipline, as in other disciplines, there are questions of method, demands for evidence, confrontation with diverse opinions, we must face and explain with supporting evidence; the instruments of normative theory are logic, conceptual analysis, knowledge of how internal criticism can be made and the power to well organize and use evidence based on norms, on the quality of actions judged normatively. The question is how to use the moral and ethical powers of judgment that we already have, but we are trying to discipline it and refine it so that it can be used as an academic study.

Political theories at the University of Geneva

The Department of Political Science at the University of Geneva is currently the only political science department in Switzerland that teaches normative political theory from baccalaureate to doctorate, most of the time, in Switzerland, one studies the history of ideas. In positive political theory, one tries to give as precise and therefore mathematical a formulation as possible on political ideas, normally on problems of coordination of conflicts and expectations. On the other hand, we try to take the current problems and by using logic, the analysis of normative concepts such as the value of the rights and duties of democracy, government, tolerance, we try to understand the stakes nowadays, the struggles, the conflicts. Compared to other forms of the history of ideas, in normative political theory, we take the current problems, the problems that are the subject of current political conflicts and we try to understand what values are at stake, try to clarify the issues. Sometimes, we can have conflicts based on misunderstandings, as soon as we open the field to clarity, the conflict disappears. One important thing is to try to clarify and make people understand the attractions of competitive positions on political problems these days; after that, if there are still conflicts, difficult choices, we try to clarify the measures, the positive aspects, but also the negative measures of these options.

Introduction to modern democratic political theory

Importance of democratic pluralism

Why examine the pluralist theories of democracy whose paradigmatic example is that of Robert Dahl. Why look at these pluralist theories of democracy, why take an interest in the theories which, at the end, were made fifty years ago and whose flaws, after all, we know. The answer is that the theories, especially Dahl's paradigmatic theories, present a model or painting of the world of democracy that seems to reflect the key aspects of our modern societies. For example, despite the differences between the United States, Switzerland, France, India, England, and the Scandinavian countries, we can say that modern democracies are societies with representative governments, with universal suffrage, with the rule of decision by the majority, with votes and especially with the freedom of the modern as Constant called it, the freedoms of expression, thought, religion, association, movement and of course political choice. One thing that makes these pluralistic theories important is the effort they make to give us a model of modern democracies through their differences, a model that we could use both for empirical analysis, for social theories and especially for normative judgments. What this model is trying to show us is not only the characteristics of our world and our modern democracy, but also a way of thinking about the legitimacy of our governments, our way of governing ourselves in the face of the reasons for believing that democracy is, after all, not a very good form of government.

The appeal of pluralist theories is that they offer us both a useful model empirically, but above all a useful model from a normative point of view, a model that tries to show why the governments of our societies, democratic governments, despite all too well-known defects, have a legitimacy that other forms of government do not have. Based on this, pluralism offers us what we can call a study of fair competition and government as a form of fair competition between organized political parties, but also organized secondary associations such as unions, employers' associations, religious associations and so on; they try to say that in a political system where people cannot agree on how to act, on the laws that make them all govern, the only form of legitimacy, it seems, depends on the possibility of competing fairly for the power to govern. This fair competition depends both on the protection of citizens' equality and their personal as well as political freedom, and, from then on, the pluralist model is important because it shows, so to speak, the minimum necessary for political legitimacy.

The challenge of Greek democracy

Why does it seem so necessary to be able to answer these questions? Why can it seem so necessary to show that our governments are democratic and as a democracy, they have an important legitimacy. In order to fully understand this, it is absolutely necessary to understand the challenges posed by Greek democracy. Democracy was a question of small states such as Athens or Sparta, cities of a few thousand inhabitants and many fewer citizens, cities and especially democracies based on slavery which gave citizens the opportunity to devote their hours to the government of their homeland as well as their families and states. We live in modern, gigantic societies in which there is no slavery, the majority of citizens have to work to earn a living and have to return home to do their household chores and fulfill family obligations, thus having very little time for politics and political education. One may wonder, given the differences between Greek democracy and our situation if it is really possible to have democracy in the modern world.

The first challenge, and it is a fundamental challenge that has weighed heavily on philosophers such as Arendt who, since the Second World War, was trying to understand what possibilities for democracy in a world that suffered two world wars whose most advanced nation at the time, namely Germany, fell into barbarism..; then, we who think of our societies as democratic, but we may wonder how this democracy resides since we know that for the most part very little about the very public policy of our country and not only on the international level. We also have very little time to participate, to organise ourselves, but also to debate political issues with others. To make things even worse, it's not only that we don't have slaves, we can have paid servants, and in addition, now that there has been some emancipation of women, there is no more unpaid work for women at home. Part of the problem of women's emancipation was the problem of how we are going to have democracy in a world without slaves, in a world where we do not have slaves to educate children, to organize the home...; so if citizens, people like us, of average intelligence, with average energies, if people like us must both earn a living, keep children, care for parents and grandparents, and in addition educate and take an interest in a policy that for us is sometimes very abstract, but also very difficult to understand and naturally very difficult to influence, so one can really wonder what this has to do with democracy as known in Greece where, in the end, citizens governed themselves, who were elected by lot. They were the people who could take a full interest in the politics of their country.

The first thing to understand if we try to understand the influence of the pluralist model is the problem, the fundamental challenge of how we can have democracy today despite what we call our governments. Secondly, the ancient democracies, the Greek democracies had no freedom of religion, Socrates had no freedom of thought and freedom of expression. For the most part, it was the citizens fairly unanimous on what counted for a good human life and what should be the goal of their country. On the other hand, in our modern societies, we are quite deeply divided on moral questions, on religion and whether to have a religion, how many deities to accept or not. On the role of religion in politics, we are divided on the economy, how it should be organized in a socialist way, should we accept basic income. We divide not only on our personal preferences, but on our deepest, most intimate convictions. So, again, one may wonder if this is possible in these circumstances, the modern circumstances of fundamental distancing on questions of good and morality, from this perspective, is it really possible, that citizens can share government as equals, is it really possible to see how equal we are to people who have ideas that we find deplorable, ideas that we find idiotic, ill-conceived, dangerous, that is the challenge these days, to know if it is possible to treat us as equals if in the end we share very few common values. Finally, we can ask ourselves whether in a modern, cosmopolitan world, with economies far beyond our city and our country, in economies of which our governments can only manage a small part, whether it is possible to have democracy. In the Greek world, economic decisions did not take a very big place in political life, it was only a few questions of taxation, of income to finance the government, poor citizens, but also to finance wars and particularly in Athens and Sparta. Today, however, economic issues are a huge part of public policy, but it is clear that these issues far exceed our understanding for the most part as individuals and our powers to act. So, once again, we must ask ourselves whether this is possible and how it is possible to have democratic governments in our current world.

Why do we care what we do in Greece? There are things they have done, especially democracy that speaks to us, that even attracts us despite centuries of differences in mores and especially despite our differences in values around issues of sexual equality, race and of course slavery. The appeal of Greek democracy is the appeal of self-government, of the possibility of governing oneself, of having a way, of having a way with weight in what happens to us in life. After all, it is very difficult for us to influence what happens to us and even in personal matters. There are all kinds of things that happen to us that we cannot influence, but to have this lack of power, this very impossibility of having a voice in matters that concern us, especially in matters of politics where it is a question of coercion, of the convention, but also of laws, where it is also a question of force, the risks of violence, in these, the lack of voice, of power, of the possibility of governing oneself not individually, but with others would really be something serious. It is because we find ourselves, we can find ourselves in the Greeks, in this ideal of self-governance, that the ideal of democracy has attractions for us and that for us this is a real question only if we can achieve self-government, democracy under conditions so different from what gave rise to this idea and this form of government.

But why think that self-government is something attractive? For some it is a utopia, for others it is a decoy to believe that we can govern ourselves as a group, that it is attractive to give ourselves ways to influence politics. To address these questions, we must enter into the conception of the person, into the philosophy of the person, of how we think, we apprehend our possibilities as humans, our possibilities to reflect, to deliberate on our actions, to evaluate what we think, what we want and what we have done. We have the feeling of freedom, of the possibility of developing our capacities for action and reflection, of choices in our actions not only individually, but as a group of which this ideal of self-government speaks. We have interests in politics even if we will agree on the ideal of an autonomous person in control of his emotions, in control of his desires, this image of the stoic ideal that we learned from the Greeks. We can value politics and the possibility of having a path with the same weight as the others for purely instrumental reasons. The importance of these instrumental reasons for wanting democracy comes, if we look back, on the forms of feudal governments, on the forms of monarchical governments, on the forms of representative but undemocratic government that characterized for example the United States and 19th century Europe.

In these other forms of government, what happened to most people no longer mattered. If you were a serf, you were like an animal, a beast to the nobles, the interests of the serfs had no importance in themselves, they were perhaps the bodies to throw into the war, to work in the fields, to have children, but their feelings, what they wanted and smelled, counted for absolutely nothing. Indeed, even in representative but not democratic governments, governments such as in 19th century England, it is clear that the interests of those who did not have the vote, the interests of women or working class men did not count for much because they had no way, because their status was much less than that of others. If we think that being able to govern ourselves is something worthwhile, if we think it is important to be able to participate in international affairs, we must be able to justify the political capacity of others. The justification was to say that most people were not smart enough to participate in complicated matters such as politics. As Plato suggested, politics has a technical aspect, there are things that require expertise, knowledge of how to manage people, comparing possibilities, there are technical aspects in politics as well as in economics and medicine. To the extent that we believe that politics has this technical aspect, and in addition, realizing that most people have very little time to learn these techniques, then it is natural to believe that it is a bad idea to give the vote to the majority of people because they will not know how to use it. If we can say so, a reason to want a democratic vote, to want to be a member of a democratic country is not because we perhaps accept, but because we fear what will happen to us if others that we do not think are smart enough to participate in common affairs, not smart enough to deserve a voice in matters that concern us, so the instrumental reasons for wanting a democratic vote, for wanting to participate in government, gives, even nowadays, an important attraction to the ideal of Greek self-government even if we reject much of the human philosophy and worldview that made this vision of democracy attractive to the Greeks themselves.

Through difficulties, through differences, we believe that either there is something attractive in the idea that men, people like us, without really special abilities, without really special knowledge, without special assets, can participate in their government. This is ideal is attractive in itself and for instrumental reasons, we believe that at the end that history teaches that the only real way to protect oneself from the disdain, indifference, misplaced paternalism of others, is to give everyone the vote.

What should we think about? We can see a justification for democracy through distinctly modern ideas and ideas of freedom, freedom and even solidarity. Regardless of the appeal of the idea that even people without truly special assets can participate and do difficult things in life like governing themselves. This can be done in small groups, so why not try in larger groups. Despite this, it is clear that democracy in its intrinsic and instrumental aspects responds to distinctly modern ideas of freedom and equality. They respond to modern ideas of freedom because democracy avoids paternalism. The modern idea of freedom is that adult, rational and educated people, without intellectual defects, despite their capacity for error, have an interest in making their own choices, in learning how to manage their lives, in learning from these errors, in being able to correct them, but also in being able to live with their errors. We all know that sometimes others know much better than we do what we should do. The paradigmatic case is our parents, it is always when our parents are right that it is most difficult to admit it. Nevertheless, we also know that our sense of freedom, of the importance of freedom is the possibility of making our own mistakes and living with the consequences even if they are unhappy and being able to learn from our mistakes by talking with others, reflecting on what we have done wrong and right and continuing to act.

Alexis de Tocqueville par Théodore Chassériau (1850).

An important aspect of democracy from a modern perspective is that it is the form of government that seems to respond most directly to the value of individual freedom and our ability to protect these individual freedoms as a collective. This is one of the most important things and we find some of its justification in Tocqueville's idea in his studies on democracy in America where he says that it is clear that in America there are political scientists of much lower quality than in aristocratic France, sometimes people who want to make a career in politics are bad, but, The most important thing about democracy is not that politicians are the smartest and most will not be, but that we can correct their mistake, that democracies have the opportunity to correct themselves because they are governments with freedom of expression, not only for the nobles, but for everyone, with freedom of association, freedom of movement and of course with political as well as personal choices. It is the same idea that drives the Nobel Prize in Economics Amartya Sen.

In his studies on famines in India, Sen noted that after democracy, there was never any more famine in India. Of course, it is not because suddenly the politicians in India have become much smarter, this is not the case having made a lot of mistakes including fairly serious economic errors, but the importance of democracy and the freedoms that compose it, is that if in a small neighborhood, we see that there are food shortages, freedom of movement allows us to go to another village to say that we lack wheat. Previously, without the possibility of leaving one's village, it was impossible to distribute this knowledge. With the freedom to move, we can denounce a policy or an environmental change that causes a lack.

If we value the freedom of the modern, the freedom of movement unthinkable historically and in some countries sadly nowadays, the freedoms of movement, association and expression as well as choice, we know the quite modern reason to value democracy even if it is a form of government that does not give us the forms of self-government that made the Greek ideal. If we think so, we can also see that we have reasons based on modern ideas of equality to value democracy. Democracy is a form of egalitarian politics that gives everyone, regardless of their resources, status, an equal voice and path in political decision-making. In our world, the value of equality is important, but also controversial. Based on modern ideas of equality, we have reasons to value democracy even if it is a rather limited form of self-government in the modern world.

It is an ancient ideal that was born in societies very different from us. It is clear that, in part, the ideal of self-government that draws us to democracy as a form of government is a difficult ideal to achieve in modern conditions. In large countries such as ours, how can we talk about self-government? In countries in a world like ours where political decisions are not just under the finger of our government, we live in a global world, how can we talk about self-government? In the end, even if it is the ideal of self-government, the possibility of guiding life that draws us towards democracy, it is based on modern ideas of freedom, equality and perhaps solidarity that we will find more foundations, more justification for this form of government that we value.

Before we decide that we can call our governments democratic, we must ask ourselves how representative governments can be democracies; what in the ideal of representation can give life to the ideal of democracy. Bernard Manin shows that the ideal of representative government was historically a way of excluding democratic government. Representative government, when it was born in the 18th century, was an explicitly undemocratic theory of government based on the fact that in the modern world, the majority of us do not have the capacity to govern ourselves, at least it seems that the majority of us do not have the time to govern ourselves. So the ideal of representative government was to minimize the political participation of the majority of people in politics. If that was the ideal of representative government, it was an ideal form of representation that tried to take the interests we had, to give them to see without us being there to defend them, without us having the opportunity to participate in the issues that concern us. How was it possible to reconcile the appeal of democracy as a form of modern freedom and equality with a form of representative government.

We live in the world of the 20th century, but after the Second World War, but especially in the era before the First World War, these were lively issues. We lived in the richest, most stable and most powerful countries in the world, such as 19th century England. But the vast majority of people did not have the right to vote in politics and their government, which claimed to be representative, and we wondered whether it was possible to have a government that tried to represent different ideals of the people, and especially the different interests of the people.

La démocratie « élitiste » de Schumpeter

Joseph Schumpeter.

Avec le suffrage universel, pourquoi il semblait avoir un tel problème ? Imaginons, à l’ère de Schumpeter, qu’il y a les gouvernements représentatifs, en tant que membre du gouvernement on sait très bien qu’en face, il y avait des milliers d’ouvriers pas éduqués, nombreux et qui voulait participer dans le gouvernement et on se demandait si on leur donnait le vote, une voie égale, dans les décisions collectives, la question était de savoir ce qui va se passer. La grande peur était que la démocratie, le suffrage universel allait détruire le gouvernement représentatif parce que l’idée était que les ouvriers vont voter en bloc et en bloc aurait été une tyrannie de la majorité au lieu d’un gouvernement libre et représentatif. C’est ce genre de peur qui semblait se réaliser entre les deux guerres et après la révolution russe surtout avec l’exemple des États socialistes. Il semblait que la possibilité de concilier le gouvernement représentatif nécessaire pour les grands pays où on ne peut pas participer tous directement dans la politique ; avec le suffrage démocratique, c’était de détruire le gouvernement représentatif. L’importance de Schumpeter et sa conception élitiste de la démocratie, est qu’il semblait ouvrir le champ à la possibilité de concilier à la fois les libertés modernes et les formes d’égalité moderne avec le gouvernement représentatif.

L’idée de Schumpeter est qu’en effet, dans une société moderne, même avec le vote, les ouvriers ne vont pas s’intéresser énormément à la politique, ils ont trop peu de temps. La grande majorité de gens, croyait-il, n’a ni l’éducation ni le désir vraiment de participer dans la politique. En effet, comme l’a remarqué Tocqueville, l’effet de la liberté des modernes de nos possibilités d’avoir une vie privée, une vie familiale, de participer aux sports, aux associations personnelles, de pratiquer sa religion, de former des associations caritatives, de voyager, etc., toutes ces parties du monde moderne inconnu dans le monde ancien ; Schumpeter a remarqué que tout ceci donné à nous, les gens comme nous, les ouvriers, n’a pas vraiment le désir de participer en politique. Nous voulons bien sûr avoir la possibilité de le faire, nous ne voulons pas être prohibés de la participation, alors le vote universel est très important de ce point de vue : on ne veut pas que les autres nous dédaignent et nous contraignent. Mais, pour la plupart, nous n’avons pas les capacités ni vraiment les envies, pensait Schumpeter, de participer vraiment pleinement à la politique. Alors, il croyait que cela était possible de concilier un gouvernement représentatif moderne avec le suffrage universel à travers ce qu’il appelle la « division du travail ». Pour la plupart, les gens ordinaires voulaient voter pour leurs représentants, mais ils n’avaient pas vraiment le désir d’être représentants et de participer directement en politique. On croyait que cela était bien, important de ne pas avoir ces désirs parce que pour la plupart des ouvriers, ils considéraient ne pas savoir assez, ne pas avoir assez de temps pour gérer la politique.

L’idée élitiste de la démocratie selon Schumpeter n’était pas que nous avons une noblesse héritée et menée à nous gouverner. L’élite était une élite élue par le suffrage universel, une élite de ceux qui veulent faire une carrière dans la politique, qui veulent maitriser les questions techniques de la politique du monde. La division du travail restait sur cette distinction entre une élite spécialisée dans la politique et les gens ordinaires qui vont choisir entre les membres de cette élite. La question était de savoir qui préférons-nous voir nous représenter. C’est un modèle de la démocratie qui n’a pas énormément à voir avec l’idée d’autogouvernement. La grande majorité des gens dans les démocraties modernes, mais surtout dans les démocraties modernes telles que Schumpeter les voulait, n’ont pas les moyens de prendre les décisions eux-mêmes.

Selon Schumpeter, cela était parfait, il n’y avait de problèmes. Après tout, si l’importance de la démocratie, en partie qui protégeait nos libertés personnelles, nous pouvons bien le faire sans participer directement dans le gouvernement de notre société, peut être allons nous protéger nos libertés personnelles mieux en laissant la politique aux spécialistes que nous avons choisis que d’essayer de le faire nous-mêmes. Pour Schumpeter, l’égalité moderne était mieux protégée par une forme de démocratie même élitiste, même avec une élite des gens éduqués pour la politique, spécialisés dans la politique qui concourraient pour le pouvoir entre eux. Si nous essayons nous même par exemple de prendre des décisions sur la politique internationale, la politique de l’énergie, les questions financières ; selon Schumpeter et pas seulement, si nous valorisons l’égalité moderne, nous devrions prendre en compte le fait que c’est peu de gens qui vont et veulent se réaliser dans la politique. Comparé aux idéaux républicains historiques, les idées républicains tel que Rousseau au XVIIème siècle qui pensait que nous devrions forcer les citoyens à être libre, forcer les gens à s’intéresser à la politique, forcer les gens à participer politiquement pour être libre, Schumpeter a cru que la meilleure façon de protéger à la fois nos libertés et notre égalité, est de reconnaitre qu’avec les libertés des modernes, avec les possibilités de choisir son plan de vie, la plupart des gens ne vont pas choisir une carrière en politique que nous n’aimerons pas nous donner, à l’éducation, aux heures de participations, aux difficultés qu’une carrière politique demande. À la place, Schumpeter a suggéré que nous pouvons réaliser à la fois les valeurs démocratiques et les avantages d’un gouvernement représentatif des spécialistes en acceptant que la démocratie moderne soit une démocratie de division de travail entre les élites qui vont concourir pour nos votes et nous les citoyens qui, en dehors des élections, ne va pas s’intéresser et selon lui, ne devrions pas s’intéresser trop à la politique.

Avec le modèle élitiste de la démocratie, selon Schumpeter et pas seulement lui, de nos jours il y a Samuel Huntington aux États-Unis qui pense qu’à la fin, ce modèle, est le seul modèle de la démocratie valable, possible, stable et légitime dans les sociétés modernes. Pourquoi ? Parce que c’est clair que si beaucoup de gens voulaient vraiment participer, voulaient vraiment que leurs idées politiques soient reconnues dans les décisions collectives, nous aurons vraiment des luttes graves des uns contres les autres, des ouvriers contre les autres classes, des religions contre les autres. Si on peut le dire, la démocratie moderne dépend de la possibilité de faire des compromis demandant d’accepter que seulement une partie de nos demandes seront réalisées dans nos politiques communes, que seulement une partie de nos idées, seulement une partie de nos efforts seront réalisés dans la politique.

C’est une vision de la démocratie que l’on peut appeler « cynique », mais qu’on peut aussi appeler « réaliste ». l’idée est que dans un monde moderne, l’idéal d’autogouvernement doit être au mieux un idéal personnel et pas un idéal politique, que c’est impossible que des milliers de gens puissent vraiment se gouverner ensemble, que si néanmoins nous voulons garder l’idée que le gouvernement doit se faire pour le bonheur des citoyens, qu’ils doivent traiter ces citoyens en tant que gens libres et égaux, selon Schumpeter et plusieurs politologues, la seule façon de réaliser la démocratie dans ces conditions moderne et ce qu’on appelle la démocratie élitiste. Cela est démocratique dans la mesure où ceux qu’ils veulent avoir, le pouvoir politique, doivent concourir pour leur vote, alors la noblesse de sang n’a rien à voir avec la démocratie élitiste. La bonne famille, la richesse n’ont rien à voir avec la démocratie élitiste, ce qui compte peut être pour le plus est le charisme, la possibilité de bien parler, de promouvoir les gens, de leur parler, des les entrainer et de faire des compromis afin que les gouvernent arrivent à des décisions difficiles telles qu’on a pu le voir avec Laurent Fabius à la COP21 à Paris. Cela est l’idéal de la démocratie élitiste.

On peut voir ses attraits. Cela semble réaliste, cela semble bien protégé, la liberté des gens qui pour la plupart n’ont pas d’intérêt dans la politique, cela évite les dangers d’une politique autoritaire qui insiste que nous, en tant que citoyen, nous devrions vouloir participer en politique, nous devrions mettre l’intérêt de nos autres citoyens à une échelle plus haute que l’intérêt des étrangers, des gens que nous ne connaissons pas, de l’intérêt de l’environnement, etc.

Alors, l’importance de ce modèle est que c’est à la fois antiautoritaire, anti-paternaliste et anti-moraliste. On peut aussi se demander si cela ne frôle pas le cynisme de parler de la démocratie, de parler de la politique libre et égale dans une situation ou peut être, la vaste majorité des gens ne connaitront jamais l’expérience de faire une décision politique importance. C’est ce Dahl qui va proposer une réponse à la démocratie moderne qui répond à la fois aux attraits du modèle élitiste, mais aussi assez gravement du point de vue empirique et du point de vue empirique.

Le modèle dit élitiste de Joseph Schumpeter est élitiste dans une forme assez spécifique. Surtout, cela est est élitiste non pas parce que cela prône l’importance d’une aristocratie héréditaire pour le gouvernement. Au contraire, il cherchait une élite qui ferait les spécialistes du gouvernement, ne choisit pas un peuple basé sur un vote démocratique. Alors, comparée à l’idéal d’une noblesse et ‘une aristocratie héréditaire, l’idée de Schumpeter est que la concurrence liée avec les institutions de la démocratie représentative donnait les moyens aux citoyens de choisir parmi eux les gens qui étaient plus intéressés et plus formés pour gouverner. L’élite, si on peut dire, était les gens qui avaient plus de vocations pour la politique, plus de talent et de désir pour la politique et qui pouvait convaincre les autres. Comparé aux façons de choisir son gouvernement par l’héritage ou pas la loterie, Schumpeter croyait que les élections nous donnaient la plus grande opportunité d’un gouvernement compétent, un gouvernement des gens qui savaient ou qui pouvaient maitriser au moins les techniques de la politique, de la persuasion, du jugement politique, et du savoir faire de la politique. Comparé à la noblesse héréditaire qui d’une part avec un tas de problèmes en termes de capacités, selon Schumpeter, l’idéal était que nous, nous pouvons choisir les politiciens qui nous semblent être les mieux. Cela est selon lui la meilleure façon de trouver les politiciens compétents, fiables avec le savoir et les techniques afin de gouverner dans le monde moderne.

En plus, il croyait que les élections démocratiques comparées à la loterie et comparés au principe d’hérédité nous donnait une plus grande chance d’avoir un gouvernement qui nous valorisait, qui voulait notre bien. Si nous pouvons rester sur l’idéal de la démocratie comme gouvernement pour le peuple, l’idée de Schumpeter était la meilleure façon de trouver un gouvernement pour le peuple qui était de lier un gouvernement représentatif avec le suffrage universel pour choisir parmi ceux qui voulaient gouverner celui qui nous plait le plus.

Naturellement, et c’est cela qui rend élitiste l’idéal de Schumpeter, l’idéal d’autogouvernement, l’idée de la démocratie d’un gouvernement par le peuple, avait très peu d’intérêt pour Schumpeter. À vrai dire, il croyait que dans le monde moderne, l’idéal d’autogouvernement n’avait pas de sens ; comment cela serait possible que chacun de nous puisse nous gouverner puisque nous sommes nombreux. Même dans les républiques classiques, la démocratie participative avait des limites assez strictes. Il croyait qu’à la fin, même dans les républiques grecques, l’idéal d’autogouvernement était plutôt la potence que quelque chose d’attirant. La solution était l’idéal que le gouvernement constitutionnel avec des élections régulières nous donnait les moyens de réaliser ce qui était réalisable dans le monde moderne des idéaux de la liberté, de l’égalité et de la démocratie du monde classique. Nous aurons la liberté parce que nul ne va être forcé de participer dans le gouvernement s’il ne le veut pas. Selon Schumpeter, on ne doit pas s’intéresser à la politique si on ne veut pas. Alors, pour lui, une démocratie représentative où les citoyens peuvent s’intéresser à leurs propres affaires ou autres affaires que la politique était l’expression simple de la liberté des modernes. Le fait que si nous voulons et pouvons élire nos représentants et nous présenter comme représentant pour les autres, cela nos donnait toute la liberté politique qui était souhaitable et réalisable dans le monde moderne.

Cela est d’autant plus important si nous songeons que dans l’histoire des années après la Première guerre mondiale était l’époque de la révolution soviétique, de l’ère du fascisme et du nazisme où les gens étaient forcés à participer en politique et à participer dans les moyens acceptés. L’importance de la liberté de ne pas s’intéresser à la politique était quelque chose de vraiment essentiel selon Schumpeter à une idée démocratique. Si on n’a pas la possibilité de refuser la participation, le choix de s’abstenir, l’idée d’une politique libre était née. Qui a-t-il de libre dans la politique si on est forcé de participer. En plus, il se demandait où est l’égalité politique si on est forcé de participer selon les idées des autres. Alors, l’essentiel pour lui de la démocratie moderne ne pouvait qu’être que la possibilité de participer aux élections, de se présenter comme candidat si on le voulait, mais d’avoir aussi la possibilité de ne plus s’intéresser à la politique.

On croyait que c’était à cause du gouvernement représentatif, démocratique qu’on pouvait lier à la fois l’efficacité, la liberté, l’égalité, mais aussi la stabilité ainsi que la compétence qui manquait à la démocratie grecque. Les républiques anciennes grecques, mais aussi les républiques comme Florence du Moyen-Âge étaient très instables. L’exil était chose courante parce qu’il y avait tellement de combats, tellement de difficultés à concilier les intérêts différents dans une même république. Selon Schumpeter, ce qui rendait la démocratie attirante dans le monde moderne était le fait que cela était représentatif au lieu de participatif. C’était précisément parce que nous participons pour la plupart que nous avons la possibilité d’avoir des formes de démocratie stable parce que puisque nous devrions participer en choisissant nos représentants, les représentants doivent chercher à nous unir, à trouver les plateformes, les idéaux qui nous intéressent, qui vont nous faire voter et les soutenir. Pour lui, ce qui était important avec le gouvernement représentatif était que cela était à nos représentants de se faire élire, de nous unifier de nous offrir une plateforme qui nous mobilise. Mais après les avoir choisis, nous ne devrions plus faire les vraies demandes politiques. L’idée de Schumpeter était précisément en se fiant à nos représentants de nous représenter que nous pouvons avoir une démocratie stable. L’instabilité selon lui venait avec l’idée que les gens doivent continuer à agir, continuer à présenter leurs demandes, continuer à manifester ; cela, selon lui était de mal comprendre ce qui était valable et important pour la démocratie dans l’innovation du gouvernement représentatif.

Si on peut dire, le modèle élitiste de la démocratie était que nous allons élire nos représentas, en tant que libre et égaux, nous avons le choix de qui nous allons accepter, nous ne devrions pas voter si on ne veut pas, mais après nous devrions nous taire et laisser les experts faire leurs décisions. Pour la plupart, il croyait que c’était exactement ce que nous allons vouloir faire parce qu’après tout, la majorité d’entre nous ne s’intéresse pas particulièrement à la politique. Cela est un peu la division du travail de laisser à ceux qui s’intéressent vraiment à la politique la tâche de nous gouverner et nous pouvons les autres choses qui nous intéressent.

Même s’il y a les attraits importants dans l’effort de Schumpeter de lier à la fois l’idée de la représentation et une forme de démocratie élitiste, cela est clair qu’il y a un tas de problèmes empiriques ainsi que normatifs. Empiriquement, la théorie de Schumpeter est que le gouvernement représentatif constitutionnel avec le suffrage universel va générer tant de concurrence parmi les gens qui veulent participer dans la politique que nous n’aurons pas de problèmes à trouver un gouvernement stable, plein de gens compétents qui s’intéressent à notre bonheur. L’idée était que la concurrence entre les partis organisés va donner aux représentants les motivations de chercher parmi toutes les couches de la société les autres individus qui ont les talents politiques pour les amener dans leur parti. Il semblait qu’on avait un modèle avec un cercle vertueux où à cause de la concurrence, les élites vont ne se reproduire pas par le principe d’hérédité, mais parce qu’ils vont chercher parmi les élites les gens qui ont la vocation pour la politique. Empiriquement, nous savons que ce n’est pas vraiment le cas, que dans un système où la majorité des gens ne participe pas dans la politique, les politiciens deviennent des castes parfois héréditaires comme aux États-Unis ou encore en Amérique latine. On sait qu’en devenant plutôt héréditaire, la qualité de ces politiques devient de pire en pire et il faut seulement comparer la famille Bush. La théorie qui lie la concurrence avec une élite spécialisée non héréditaire n’a vraiment pas marché empiriquement. En plus, au lieu de vraiment s’intéresser au bonheur des citoyens qui ne s’intéressent pas à la politique, l’effet inévitable d’avoir une élite qui sait comment gérer les rênes du pouvoir est de donner à nos représentants les moyens de s’entretenir pour le futur et ainsi le pouvoir politique devient le moyen de s’enrichir et de se maintenir à un statut social peut être qu’ils n’avaient pas de naissance.

Traditionnellement, les gens riches ou les aristocraties de bonne naissance venaient au pouvoir, mais leur base politique était leur terre, leur sang bleu, etc. Par contre, le problème des élites démocratiques et surtout sur le modèle présenté par Schumpeter était que la prise de pouvoir politique devient le moyen de se sécuriser économiquement et de sécuriser sa position sociale. On voit beaucoup de gens qui entrent en politique précisément pour s’enrichir et pas parce qu’ils avaient déjà les moyens de s’intéresser à la politique.

Voilà les problèmes empiriques modernes. Normativement, on a un tas de problèmes parce qu’après tout, si a une forme de gouvernement avec une partie assez restreinte qui ont une connaissance spéciale des rênes du pouvoir et une majorité qui sait très peu sur la politique comment cela s’organise, comment cela se fait, il est clair que la liberté et l’égalité de ce deuxième groupe beaucoup plus grand est mis en danger. Si on peut dire, un modèle de la démocratie qui devient assez vite cynique au lieu d’idéal.

Il semble qu’on peut modifier ce modèle élitiste de la démocratie pour le rendre moins élitiste, pour le rendre plus participatif, égalitaire. On peut imaginer par exemple un système où on garde l’idée d’une concurrence de pouvoir parmi un groupe restreint, mais avec peut être une forme d’action positive pour vraiment élargir le cercle du gouverneur, ou on peut imaginer une forme de corporatisme à la Durkheim et ses successeurs, une forme de corporatisme où on essaie de faire participer et de représenter en politique les intérêts divers des parties différentes de la population. Dans le modèle corporatiste de la démocratie, on essaie de faire représenter les gens pas en tant que citoyens seulement à travers les élections, mais on essaie aussi de les représenter en tant qu’ouvrier ou en tant que religieux ou en tant qu’employeur dans les associations qui vont participer directement dans la prise de décision politique. On peut imaginer un moyen de rendre moins élitiste, plus égalitaire au moins ou plus participatif le modèle de la démocratie formulé par Schumpeter peut-être en utilisant les idées plutôt corporatistes. Là, il faut se rendre que dans le modèle où les gens doivent pour la plupart s’associer en tant que membre d’un syndicat, ils doivent rejoindre un syndicat pour être représentés et les gens doivent se faire représenter en tant qu’agriculteur par exemple afin que les intérêts agricoles soient représentés en politique. On a un modèle de la politique qui dépasse Schumpeter qui perd l’attrait que nous ne devrions pas participer à la politique si cela ne nous intéresse pas et il n’y a pas de forme spécifique de participation.

David Held n’essaie pas assez de voir comment peut-on modifier ces modèles dans la mesure où cela ne nous plait pas parce que cela est toujours intéressant de voir comment peut-on améliorer un modèle qui a ses attraits et ses désavantages. La théorie du corporatisme, à la fois de Durkheim dans la Divion du travail et du suicide, mais aussi de la pratique du corporatisme. Ces modèles peuvent peut-être améliorer la forme de démocratie prônée par Schumpeter, mais le risque est qu’à la fin nous allons dépasser aussi les attraits de ce modèle en essayant de corriger ces défauts. Cela nous donne la clef à l’intérêt vraiment du pluralisme et de Dahl parce qu’il essaie de montrer comment nous pouvons garantir ou construire sur l’aspect le plus attirant des idées de Schumpeter sans ses défauts à la fois empirique et normatif.

La démocratie pluraliste de Dahl

Robert A. Dahl.

Nous allons voir comment Dahl essaie de construire sur l’aspect attirant et peut être même innovateur de Schumpeter, mais essaie d’éviter les difficultés empiriques et normatives de cette conception élitiste de la démocratie. Nous allons voir pourquoi Dahl croit qu’une vision pluraliste basée sur les formes différentes de pouvoir semblait à la fois plus empiriquement correcte et même plus idéale, normativement attirante que la vision élitiste de Schumpeter.

Qu’est-ce que la clef du pluralisme ? La clef est la liberté d’association, c’est l’importance d’une société démocratique faite d’associations multiples, d’individus qui se cherchent, qui se joignent pour le plaisir de se joindre, mais aussi pour des raisons instrumentales. L’idée de Dahl est de dire que Schumpeter a une idée pauvre de la démocratie parce qu’il ne s’intéresse pas à la démocratie sociétale, la base nécessaire pour un gouvernement démocratique dans le monde moderne et cette base pour Dahl ainsi que pour Tocqueville est l’association libre des individus qui peuvent former des associations parce que cela leur plait et ont des intérêts en commun.

L’idée à la fois de Tocqueville et reprise de façon importante par Dahl est qu’une démocratie moderne, un gouvernement démocratique moderne doit avoir une société, des citoyens qui s’organisent, qui s’associent de multiples façons selon leurs goûts individuels, selon leurs besoins et selon leurs croyances. L’idée est que si nous avons une société où les gens peuvent entrer, quitter, laisser les associations comme ils veulent, nous aurons ce qu’on appelle les clivages enchevêtrés. L’idée est que si voulons et quand nous pouvons nous associer avec les autres pour une raison personnelle, si nous pouvons associer de multiple façon les différences de classe, les différences de race, de croyances politiques, religieuses ou encore morales, va s’estomper d’une façon importante parce que nous allons découvrir à travers nos associations diverses qu’il y a des intérêts multiples, divers qui se traduisent dans la politique, des façons complètement différentes. Comparé à la peur qui hantait Schumpeter, mais aussi un tas de politologues depuis l’avènement du suffrage universel, la peur que la classe ouvrière aille voter purement en tant que classe ouvrière et que la classe propriétaire va voter purement en tant que propriétaire pour leurs intérêts, l’importance des associations, comme Dahl l’a reconnu, est que nous pouvons voir que nous avons un tas d’autres intérêts même en tant qu’ouvrier, que propriétaire, un tas d’intérêts divers qui peut aussi se représenter dans la politique et parfois doit se faire représenter. L’idée alors est que dès qu’on voit que la démocratie ne demande pas seulement une forme de gouvernement représentatif avec le suffrage universel et majoritaire, mais elle demande aussi une société vivante où les individus discutent, une société où les individus cherchent les autres avec qui ils peuvent s’associer pour prôner leurs demandes, avec qui ils peuvent identifier ce qui les intéresse et leur signification pour la politique. Dès qu’on voit cette société pleine de groupes, vivantes, combative couvrant tous nos intérêts, nous aurons un modèle de la démocratie vraiment libre parce que cela va refléter la différence et la liberté des citoyens et d’une façon vraiment importants égaux parce que comme cela la naissance ne serait pas la destinée politique. On peut naitre pauvre, mais le fait d’être pauvre n’implique pas qu’on ne peut pas être membre d’un tas d’associations avec les autres qui ne sont pas pauvres et qui auront alors tant d’intérêts. L’idée est que si les gens décident aussi de s’engager en politique sur la base de leur religion, nous aurons aussi les moyens d’estomper les différences raciales, entre les immigrés et les gens de souche parce qu’à la fin, si on peut représenter ces intérêts en tant que membre d’une même association, nous aurons les raisons de vouloir le bien de tous les autres qui prônent notre religion indentant de la couleur, de leur statut d’immigré ou de souche. C’est un idéal d’un monde où les gens vont estomper les différences héréditaires, les différences qui les divisent pour arriver à une politique concurrentielle, mais où les clivages vont changer d’un moment à l’autre, une politique créative, réactive, comptable qui répond directement aux intérêts des individus tels que les individus eux-mêmes les conçoivent.

Pour Dahl ainsi que peut être pour Tocqueville dans La Démocratie en Amérique, l’idée était que dans une société vraiment démocratique avec des associations multiples, changeantes, la technique et le savoir politique sont quelque chose à la main de tout le monde parce que les associations doivent se gérer, doivent s’unifier, doivent savoir comment coopérer entre elles, et alors, on peut apprendre la politique comme comptable d’une association ,et petit à petit, c’est l’idée que la politique devient quelque chose liée à nos intérêts personnels qui nos formes et donne les atouts pour participer au niveau national. Cela est loin de l’idée de Schumpeter que la politique est une profession spéciale différente qui n’a rien à voir avec les capacités de la grande majorité des gens. Dans la vision pluraliste de Dahl, la politique n’est pas quelque chose de spécial, c’est quelque chose à la portée de tout le monde.

C’est une vision assez attirante, une vision où on peut voir, donner peut-être un sens dans le monde moderne de l’idéal de l’autogouvernement, l’idéal d’une démocratie, des associations démocratiques. Cependant, en dépit des attraits de Dahl, en dépit de cette vision vivante, changeante et fluide la politique qu’il prônait, on a une réalité beaucoup plus complète. Robert Putman a publié en 2000 Bowling Alone: The Collapse and Revival of American Community qui est un livre pleurant pour la perte de cette vision, mais aussi de ce monde pluraliste que prônait Dahl. Il y avait une vision peut-être idéaliste de l’Amérique des années 1950, une vision où tout le monde était associé avec les autres. Ce qui est triste pour la politique est que la politique ne se fasse plus comme elle se faisait avant. Maintenant, la politique s’est professionnalisée à tous les niveaux. Des partis cherchent à acheter les capacités d’experts politiques afin de prône un agenda. La difficulté, à la fin, empiriquement, du modèle de Dahl, que cela tourne très vite dans la réalité élitiste et il faut dire capitaliste de Schumpeter, cela arrive pour plusieurs raisons.

La première est l’idée est que l’idéal du pluralisme où les gens peuvent concourir de manière multiple ignore que dans notre société il y a des groupes qui sont des minorités distinctives des petits. Il y a un tas de petits groupes dans nos sociétés qui sont trop petits pour vraiment se trouver lié avec les autres. Alors, pour la plupart, nous, la majorité, nous ne savons rien d’eux, nous ne portons que très peu d’intérêt sur eux. La conséquence est que la politique qui nous plait ne prend pas en compte leurs intérêts spécifiques. Par contre, la logique du pluralisme était qui puisque nous avons un tas d’intérêts qui se chevauchent, il est très facile de protéger par la politique publique nos intérêts divers. Le problème est pour les groupes isolés, petits et distincts qui ne seront pas inclus dans ce mélange d’association et ne vont pas se retrouver représenté dans la politique.

Le deuxième problème est que ce modèle attirant du pluraliste où on entre et on quitte les associations ne prend pas vraiment en compte ce que Mancur Olsen appelait la logique de l’action collective. Dans la logique de l’action collective, on se montre combien les ressources, l’argent est nécessaire pour l’organisation des groupes. Le problème sous-jacent de la politique pluraliste est que si les ressources sont très inégales, les associations mêmes les plus volontaires n’auront pas le même pouvoir de représenter les intérêts de ses membres. C’est par exemple le problème de beaucoup d’associations de consommateurs. En tant que consommateur nous sommes très nombreux, on aurait cru qu’en tant que consommateur, nous aurions un pouvoir politique énorme, après tout, en tant que consommateur, nous avons un pouvoir d’achat, mais aussi de voie sans pareil, mais le problème est que le plus grand groupe, le plus cher à organiser, le groupe le plus divisé, alors le plus de difficulté, plus de temps et d’argent il va nous falloir afin d’identifier nos intérêts en commun et de nous organiser pour les avancer. C’est pour cette raison que les intérêts des consommateurs sont beaucoup moins protégés dans les démocraties que les intérêts de producteurs.

Finalement, la théorie pluraliste ne prend pas en compte les préjugés arbitraires et la lègue dans nos institutions et nos politiques comme, par exemple, contre les femmes, les gens de couleur ou ceux qui ont une opinion différente que celle de la majorité. Le problème c’est qu’avec la liberté d’association, il est très difficile pour les gens victimes de préjugé de vraiment s’associer avec les autres. Même si formellement, cela est quelque chose d’important dans nos démocraties que nous pouvons entrer, quitter également des associations différentes ; dans le monde actuel, nous savons très bien que ces possibilités sont distribuées d’une façon très inégalitaire à cause des différences de la richesse, mais aussi à cause des effets structurels, des préjugés de nos gouvernements.

Les problèmes empiriques du pluralisme se reflètent dans la difficulté aux États-Unis, mais aussi ailleurs de vraiment estomper les différences de classe, de race et même de religion de nos sociétés. La théorie pluraliste avait promis que sans changer les libertés, nous pouvons estomper ces différences tellement problématiques et parfois tellement injustes. En réalité, pour la plupart, nos associations volontaires, au moins de les estomper, peuvent les approfondir. C’est l’une des tragédies de l’association libre que l’on va peut-être au lieu d’estomper nos différences, les approfondir.

Nous avons regardé deux efforts de lier l’idée de la démocratie d’une politique de la liberté et de l’égalité, un idéal de l’autonomie pour le monde moderne, mais nous avons vu aussi que ces deux modèles en dépit de leurs attraits réels ont des difficultés très profondes. Les enjeux maintenant dans la théorie politique normative ainsi que dans la science politique plus empirique est de savoir si nous pouvons envisager un modèle, un modèle de la démocratie qui peut à la fois récupérer ce qui était fort et attirant dans le modèle pluraliste de Dahl, dans le modèle de démocratie plutôt tocquevilien, mais en acceptant que sans les efforts intentionnels d’estomper les inégalités héritées du passé, sans les efforts intentionnels de promouvoir le bien commun, il n’y a pas de possibilité vraiment d’arriver à une politique libre et égale basée sur l’intérêt propre des individus.

Annexes

References