Internationalisation des luttes et émergence du terrorisme international

De Baripedia

Nous allons traiter du « terrorisme international » qui est une appellation très datée et historicisée. Le « terrorisme international » concerne généralement les années 1960 jusqu’aux années 1990. On oppose le « terrorisme international » au « terrorisme global ».

Dans un premier temps, nous allons essayer de qualifier le « terrorisme international » puis dans un second temps nous allons aborder les techniques du « terrorisme international » en montrant qu’il y a peut être un lien à traiter entre les définitions du terrorisme et le et les techniques. Il y a des luttes à partir des années 1960 qui s’internationalisent.

Le « terrorisme international » a fortement marqué les débats politiques dans les démocraties occidentales à partir des années 1970 jusqu’au début des années 2000. Les années 1970 sont liées à l’évolution de l’idéologie marxiste révolutionnaire, d’autre part, il va frapper au cœur des démocraties occidentales c’est une action violente revendiquée comme telle et efficace. Le « terrorisme international » va préparer les États modernes à la gestion de la violence et va anticiper le 11 septembre et l’après 11 septembre. Le 11 septembre va s’enraciner dans cette histoire préalablement avant que les démocraties occidentales vont construire des formes de contrôles administratifs très poussés dès les années 1970. On peut aussi se demander comment les formes d’actions violentes n’anticiperaient-elles pas le terrorisme du XXIème siècle.

3 raisons :

  • une part importante de notre histoire politique contemporaine ;
  • une évolution importante du terrorisme dans les démocraties occidentales ;
  • des formes de terrorisme et d’action violente qui anticipent le terrorisme du XXIème siècle.

Le terrorisme international

Il faut prendre en considération deux mots souvent accolés :

  • Terrorisme international

Ce terme désigne le mouvement d’internationalisation - dépassement des frontières de l’État-nation. Le mot « international » est un dépassement de l’État nation, c’est l’État-Nations qui doit assurer la sécurité des citoyens.

Il y a une relation importante entre le territoire politique et le territoire de l’action violente. L’internationalisation du terrorisme va dans le sens d’un dépassement poussif des frontières parce que la frontière qui définit un périmètre d’un État-Nation est un territoire très intéressant pour ceux qui veulent commettre une action de violence car on se trouve dans un autre système de sécurité d’un autre État. Changer de frontière protège et garantie une protection si nous ne sommes pas dans un espace international de frontières ouvertes. C’est le cas de l’ETA qui commet des crimes en Espagne et se réfugie dans des bases arrière en France. La frontière devient un enjeu important participant à faire prospérer le terrorisme.

  • Terrorisme de la Guerre froide

Ce terme désigne seulement la période dans laquelle le terrorisme se développe dans le cadre des conflits d’intérêts entre grands blocs. La Guerre froide va geler avec l’armement nucléaire directement le conflit entre les deux. Dans la dissuasion nucléaire il y a un outil paradoxal de maintien de la paix. Bien évidemment, la Guerre froide va fonctionner par toutes les marges des territoires et des empires, par tous les territoires qui peuvent être joué par une puissance contre un autre. La Guerre froide va multiplier des aires de conflit et de puissance hors du territoire. Le terrorisme va être accaparé dans le registre d’opposition entre ouest et est. Certains pays avaient intérêt à développer des forces de violence politique en dehors de chez eux. L’Égypte de Nasser déçu des américains qui se rapproche des régimes politiques dissident va financer les régimes anticolonialistes contre le France. Le terrorisme international entre dans la relation de la complexité de la Guerre froide.

Lorsqu’on parle de « terrorisme international », on met trois types de mouvements ensembles. Autrement dit, il y a une périodisation et une désignation à nuancer puisque sous la rubrique « terrorisme international », se rangent trois ensembles de mouvements :

  1. les groupuscules palestiniens : sont liés directement à la création de l’État d’Israël naissant à partir des premières guerres israélo-arabe de 1949. Va se redynamiser à partir de 1956 avec la fondation du MLNP par Yasser Arafat. C’est une revendication territoriale de destin qui nécessite de lutter les armes à la main.
  2. la Rote Armee Fraktion ou « Bande à Baader » [République Fédérale d’Allemagne] : dans la crise de l’État providence et des démocraties occidentales qui doutent de leur efficacité, va émerger la Rote Armee Fraktion.
  3. les Brigade Rosse [Italie] : c’est un mouvement ouvriériste qui va chercher à lutter contre les grands propriétaires bourgeois.

Dans ce « terrorisme international », on met des choses relativement différentes.

Les trois mouvements du terrorisme international

Les groupuscules palestiniens

Le conflit israélo-palestinien va faire monter de nombreux mouvements qui vont par la suite susciter la dissidence. Il y a le besoin de fabriquer un discours de légitimité pour former la lutte et ensuite de s’opposer à l’autre.

Le conflit né de la création de l’État d’Israël avec de nombreuses nébuleuses :

En 1956, Yasser Arafat et Salah Khalef fondent le MLNP [Mouvement de libération nationale de la Palestine] qui adopte en 1959 le nom de Fath puis de Fatha ou d’El Fatha [acronyme inversé de «harakat ut-tahrîr il-
wataniyy ul-falastîniyy» « Mouvement national palestinien de libération »]. Ces mouvements sont dans le refus de l’État israélien ayant même des appuis institutionnels focalisant un certain type de sympathisant. L’objet est de lutter au départ contre la spoliation des terres. Les palestiniens vont s’armer fabriquant tout un corps de sympathisants reconnus par les États voisins afin de projeter une dimension géopolitique. Le constat est très important, l’enjeu n’a rien à voir avec les autres enjeux, il y a l’idée de créer un État et de se faire identifier. Il y a la tentation de rassembler les palestiniens dans une direction commune.

En 1964 est créé l’OLP [Organisation de la Palestine] qui intègre le Fatah en 1968. En 1967, Ahmed Jibril et Georges Habache fondent le FPLP
[Front Populaire de libération de la Palestine]
qui est une mouvement d’inspiration marxiste-léniniste accusant Israël d’être « un État impérial ». LE FPLP à l’OLP se rallient en 1969 – 1970 puis vont de scissions en scissions ; le FPLP se radicalise. C’est une lutte inespérée par l’idéologie marxiste pour se libérer d’une tutelle et dans ce discours Israël est un État impérial.

En provenance du Fatah, des membres créent Septembre Noir en 1970 pour engager la lutte armée organisant la lutte armée notamment en Jordanie. En 1974, Arafat condamne depuis la tribune de l’ONU les activités terroristes pour faire entrer l’OLP sur la scène internationale. Pour Arafat l’enjeu est de faire de la violence un moyen de la lutte. Il tente de faire reconnaître l’OLP comme un acteur international pour organiser la paix. Certains vont le considérer comme un grand homme politique et d’autres comme un traite.

La position d’Arafat engage d’importantes scissions avec la création du Fath conseil révolutionnaire [فتح المجلس الثوري] par Abou Nibal et la création du PLP. Il nous faut donc parler de « nébuleuse palestinienne ».

La Rote Armee Fraktion

La Rote Armee Fraktion [RAF] et les Brigades Rouges [BR] naissent dans un contexte socio-politique bien diffèrent que celui des mouvements palestiniens qui est celui du destin de deux puissances industrielles enchevêtrées dans des contradictions politiques, économiques et culturelles. Ce sont des sociétés bloquées parce qu’elles n’ont pas été capable et n’ont pas pu réfléchir à leur propre histoire et à leur propre responsabilité dans la Seconde guerre mondiale. Beaucoup d’élites sont directement des élites qui proviennent de l’Allemagne nazie ou de l’Italie fasciste. L’après guerre n’a pas permis une véritable révolution mentale, intervient une crise d’identité des jeunes.

Avec la deuxième école de Francfort qui est une école de philosophie avec des grands penseurs et le grand institut de recherche sociale vont être le cadre d’un débat un peu marxiste universitaire sur la lutte contre la technocratie, la lutte contre le consumérisme et la lutte contre la société de masse. Très rapidement le marxisme va avoir un effet mobilisateur important pour passer à autre chose qui pousse vers une lutte de gauche révolutionnaire.

La RAF critique la société allemande justifiant le fait qu’il faut se rebeller contre cette société, il n’est pas possible de le faire par une voie réformiste des partis de gauche.

La RAF est issue de la « nouvelle gauche » antiparlementaire des années 1960 qui s’oppose à la voie réformiste prise par les partis de gauche. La RAF et les Brigade Rouges se déterminent contre une « bonne » pensée de gauche, tout comme à Berlin avec Rudi Dutschle, marxiste qui rejette la société allemande et son passé trouble. De plus, cela entre dans l’écologie de la guerre du Vietnam qui ne serait qu’une forme supplémentaire d’impérialisme en Asie. Le modèle que l’on va promouvoir afin de porter cette révolution est le modèle latino-américain. La guérilla latino américaine est un moment important de la prise de conscience par le peuple de la capacité à faire la révolution. Il y a une solidarité avec les guérillas d’Amérique latine avec un anti-impérialisme, un tiers-mondisme, et un anticapitalisme qui conduit la société de consommation de masse et a prorogé les élites nazies. La colonisation américaine se traduit aussi par un impérialisme américain en Allemagne à travers les bases américaines.

Les premiers attentats vont commencer en 1968 et durer jusqu’en 1998. Le 2 avril 1968 est le premier passage à l’acte avec des attentats contre deux magasins de Francfort par Horst Sohlein, Thoward Proll, Andreas Baader et Gudrun Ensslin. Le 14 mars 1970, Andreas Baader est libéré de la bibliothèque de l’Institut des Sciences sociales de Dahlem à Berlin par un commando dirigé par Ulrike Meinhof. C’est alors que le sigle de la RAF apparaît. Le 18 mars 1998, Les derniers membres du groupe annoncent depuis la clandestinité qu’ils cessent le combat et que leur lutte appartient à l’Histoire. L’histoire de la RAF aura durée 20 ans.

Les Brigades Rouges

Avec les Brigade Rouges, il y a la perception d’une société italienne bloquée où se forme un gros prolétariat avec un fort ressentiment face à l’impossibilité de partager les dividendes de la croissance économique. Dans les usines du Nord émergent des groupes autonomes clandestins liés au marxisme, maoïsme, trotskisme, opératisme et situationnisme. Leur idéal est de dire qu’il faut installer un communisme mais qui soit un communisme révolutionnaire et qui part de la base. Dans l’idéologie des Brigades Rouges, il y a une idéologie de terrain. Le renversement dialectique revient à dire que les intellectuels doivent entrer dans les usines pour mener la lutte. La condamnation politique à la base est une condamnation de la politique de la Démocratie Chrétienne et du « compromis historique » du Parti communiste italien avec la première formation politique.

Ces mouvements apparaissent aussi parce que la contestation ne trouve plus sa place sur l’échiquier politique de la démocratie. Comme en RFA, la contestation ne trouve plus les débouchés démocratiques de son expression. C’est entre 1969 et 1970 que se constitue les Brigades Rouges favorable à l’usage de la « force révolutionnaire » afin changer la société, dénoncer la guerre du Viêtnam et la présence des bases de l’OTAN. Le 25 avril 1969 a lieu l’attentat de Milan faisant 21 blessés puis le 12 décembre 1969 a lieu les attentats de Rome tuant 16 personnes.

L’histoire de ces mouvements est complexe. Ces étudiants très mobilisés dans les années 1969, localisés dans les centres industriels vont aussi avoir des difficultés à pouvoir porter longtemps leur lutte notamment parce qu’ils sont très traqués et cherchés, de plus, une fragmentation idéologique apparaît. En 1981, les Brigades Rouges se fragmentent trois groupes:

  • BR-colonna Walter Alesia ;
  • BR-partito guerriglia ;
  • BR-partito communista combattente.d’oû naissent en 1985, les BR-unione dei communisti combattenti.

En 1987 est voté la loi de dissociation qui permet aux anciens brigadistes de négocier leur rapatriement dans la société et en 1988, les fondateurs des Brigades Rouges annoncent la fin du mouvement. Mais, depuis quelques, années les Brigades Rouges réapparaissent. Les nouvelles générations de violence qui apparaissent en Italie s’appellent les Nouvelle Bridages Rouges. Le cigle « Brigade Rouge » serait en train de revenir mais dans une légitimation qui est récusée par les fondateurs des Brigades Rouges.

Les convergences BR – RAF et divergences avec les mouvements palestiniens

Les divergences BR – RAF

Les techniques du terrorisme international

La piraterie aérienne

Un arsenal offensif

Les assassinats politiques : une double référence des BR et RAF

Quel bilan du terrorisme international peut-on dresser ?

Notes

Références


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