Modification de État, souveraineté, mondialisation, gouvernance multiniveaux
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L'État moderne est un concept central en science politique. Il désigne une entité territoriale qui exerce une autorité souveraine et dont le gouvernement a le pouvoir de prendre et d'appliquer des lois, d'administrer la justice et de contrôler les ressources. Cette entité est caractérisée par sa légitimité, sa souveraineté, son territoire délimité et son peuple. | L'État moderne est un concept central en science politique. Il désigne une entité territoriale qui exerce une autorité souveraine et dont le gouvernement a le pouvoir de prendre et d'appliquer des lois, d'administrer la justice et de contrôler les ressources. Cette entité est caractérisée par sa légitimité, sa souveraineté, son territoire délimité et son peuple. | ||
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Ces trois angles d'approche offrent un cadre analytique utile pour comprendre l'État moderne, ses rôles, ses fonctions et son impact sur la société. Ils permettent également d'appréhender les défis auxquels l'État est confronté et les opportunités qui s'offrent à lui dans le contexte contemporain. | Ces trois angles d'approche offrent un cadre analytique utile pour comprendre l'État moderne, ses rôles, ses fonctions et son impact sur la société. Ils permettent également d'appréhender les défis auxquels l'État est confronté et les opportunités qui s'offrent à lui dans le contexte contemporain. | ||
= | = L’État = | ||
== | == Qu’est-ce qu’un État ? == | ||
L'État est un concept complexe qui a évolué au fil du temps et qui varie en fonction des contextes historiques et culturels. Fondamentalement, l'État est une entité politique qui possède une souveraineté sur un territoire défini et une population. Il a le pouvoir de faire et d'appliquer des lois, d'imposer l'ordre, de contrôler et de défendre son territoire, et de conduire des relations avec d'autres États. | L'État est un concept complexe qui a évolué au fil du temps et qui varie en fonction des contextes historiques et culturels. Fondamentalement, l'État est une entité politique qui possède une souveraineté sur un territoire défini et une population. Il a le pouvoir de faire et d'appliquer des lois, d'imposer l'ordre, de contrôler et de défendre son territoire, et de conduire des relations avec d'autres États. | ||
Les fondements de l'État peuvent être retracés jusqu'à l'Antiquité, avec des exemples précoces en Égypte, en Grèce et en Chine. | Les fondements de l'État peuvent effectivement être retracés jusqu'à l'Antiquité, avec des exemples précoces en Égypte, en Grèce et en Chine. | ||
* En Égypte ancienne, le concept de l'État était lié à la figure du pharaon, qui était considéré comme un dieu vivant et qui détenait le pouvoir absolu sur le territoire et le peuple. La bureaucratie de l'État était organisée pour servir le pharaon et pour administrer le pays. | * En Égypte ancienne, le concept de l'État était lié à la figure du pharaon, qui était considéré comme un dieu vivant et qui détenait le pouvoir absolu sur le territoire et le peuple. La bureaucratie de l'État était organisée pour servir le pharaon et pour administrer le pays. | ||
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La définition de Weber met en avant l'idée que la légitimité de l'État repose en grande partie sur sa capacité à monopoliser l'usage de la violence physique de manière légitime. Cette capacité est essentielle pour maintenir l'ordre social et pour que l'État soit en mesure d'exercer son autorité de manière efficace. Il est à noter que bien que cette définition soit largement acceptée, elle a aussi été critiquée et débattue. Certains soutiennent, par exemple, que la légitimité de l'État repose non seulement sur son monopole de la violence, mais aussi sur sa capacité à fournir des biens publics, à protéger les droits de l'homme, à promouvoir la justice sociale, etc. | La définition de Weber met en avant l'idée que la légitimité de l'État repose en grande partie sur sa capacité à monopoliser l'usage de la violence physique de manière légitime. Cette capacité est essentielle pour maintenir l'ordre social et pour que l'État soit en mesure d'exercer son autorité de manière efficace. Il est à noter que bien que cette définition soit largement acceptée, elle a aussi été critiquée et débattue. Certains soutiennent, par exemple, que la légitimité de l'État repose non seulement sur son monopole de la violence, mais aussi sur sa capacité à fournir des biens publics, à protéger les droits de l'homme, à promouvoir la justice sociale, etc. | ||
=== | === Territoire === | ||
Le territoire est un élément essentiel de la définition de l'État, et il le distingue de la notion de "nation". En termes simples, le territoire se réfère à l'espace géographique délimité et contrôlé par un État. Il inclut non seulement les terres, mais aussi les ressources, l'espace aérien, et dans certains cas, les eaux territoriales et les zones économiques exclusives. | Le territoire est un élément essentiel de la définition de l'État, et il le distingue de la notion de "nation". En termes simples, le territoire se réfère à l'espace géographique délimité et contrôlé par un État. Il inclut non seulement les terres, mais aussi les ressources, l'espace aérien, et dans certains cas, les eaux territoriales et les zones économiques exclusives. | ||
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Il convient également de noter qu'il existe des nations qui n'ont pas leur propre État, parfois appelées "nations sans État". Les Kurdes, par exemple, sont souvent cités comme une nation sans État, car bien qu'ils aient un fort sentiment d'identité nationale, ils n'ont pas leur propre pays indépendant. Inversement, de nombreux États sont multinationaux ou multiethniques, abritant plusieurs groupes qui peuvent se considérer comme des nations distinctes. Par exemple, la Belgique comprend à la fois des Flamands et des Wallons, qui ont chacun leur propre langue et culture distinctes. | Il convient également de noter qu'il existe des nations qui n'ont pas leur propre État, parfois appelées "nations sans État". Les Kurdes, par exemple, sont souvent cités comme une nation sans État, car bien qu'ils aient un fort sentiment d'identité nationale, ils n'ont pas leur propre pays indépendant. Inversement, de nombreux États sont multinationaux ou multiethniques, abritant plusieurs groupes qui peuvent se considérer comme des nations distinctes. Par exemple, la Belgique comprend à la fois des Flamands et des Wallons, qui ont chacun leur propre langue et culture distinctes. | ||
En somme, alors que l'État se réfère à une entité politique et territoriale, la nation est un concept plus fluide et subjectif, basé sur le sentiment d'appartenance à une communauté. Les deux ne coïncident pas toujours. | En somme, alors que l'État se réfère à une entité politique et territoriale, la nation est un concept plus fluide et subjectif, basé sur le sentiment d'appartenance à une communauté. Les deux ne coïncident pas toujours.. | ||
=== | === Population === | ||
L'État-nation, comme modèle dominant de l'organisation politique, a renforcé le lien entre la nation et l'État, et par extension, le lien entre la nation et le territoire. L'idée derrière le concept d'État-nation est que chaque "nation", ou peuple ayant une identité culturelle commune, devrait avoir son propre État. Dans un État-nation idéal, les frontières de l'État coïncideraient parfaitement avec l'étendue de la nation. | L'État-nation, comme modèle dominant de l'organisation politique, a renforcé le lien entre la nation et l'État, et par extension, le lien entre la nation et le territoire. L'idée derrière le concept d'État-nation est que chaque "nation", ou peuple ayant une identité culturelle commune, devrait avoir son propre État. Dans un État-nation idéal, les frontières de l'État coïncideraient parfaitement avec l'étendue de la nation. | ||
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Ces exemples montrent que les relations entre la nation, l'État et le territoire peuvent varier considérablement et sont souvent beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît à première vue. | Ces exemples montrent que les relations entre la nation, l'État et le territoire peuvent varier considérablement et sont souvent beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît à première vue. | ||
L'État, en tant que concept et en tant que réalité tangible, est un construit humain. Il est un produit de l'histoire, des relations de pouvoir, des idéologies et des institutions créées par des êtres humains. L'État est non seulement une entité politique et juridique qui régit un certain territoire, mais il est aussi une communauté de personnes. Sans ses citoyens, un État n'aurait pas de raison d'être. Les personnes qui vivent dans un État sont à la fois les sujets de son pouvoir et les bénéficiaires de ses services. Ils contribuent à sa prospérité par leur travail, paient des impôts pour financer ses activités, obéissent à ses lois et participent (dans la plupart des cas) à son processus politique. De plus, l'État a une responsabilité envers ses citoyens : protéger leurs droits et libertés, fournir des services publics, maintenir l'ordre, et promouvoir le bien-être général. La relation entre un État et ses citoyens est donc fondamentale pour sa légitimité et son fonctionnement. | L'État, en tant que concept et en tant que réalité tangible, est en effet un construit humain. Il est un produit de l'histoire, des relations de pouvoir, des idéologies et des institutions créées par des êtres humains. L'État est non seulement une entité politique et juridique qui régit un certain territoire, mais il est aussi une communauté de personnes. Sans ses citoyens, un État n'aurait pas de raison d'être. Les personnes qui vivent dans un État sont à la fois les sujets de son pouvoir et les bénéficiaires de ses services. Ils contribuent à sa prospérité par leur travail, paient des impôts pour financer ses activités, obéissent à ses lois et participent (dans la plupart des cas) à son processus politique. De plus, l'État a une responsabilité envers ses citoyens : protéger leurs droits et libertés, fournir des services publics, maintenir l'ordre, et promouvoir le bien-être général. La relation entre un État et ses citoyens est donc fondamentale pour sa légitimité et son fonctionnement. | ||
C'est pourquoi on peut dire qu'un État sans habitants n'est pas concevable. Sans personnes pour le constituer, le gouverner, et être gouverné par lui, un État n'aurait ni substance, ni sens. | C'est pourquoi on peut dire qu'un État sans habitants n'est pas concevable. Sans personnes pour le constituer, le gouverner, et être gouverné par lui, un État n'aurait ni substance, ni sens. | ||
=== | === Monopole de la contrainte physique légitime === | ||
Dans de nombreuses sociétés historiques, le pouvoir, la violence et la contrainte étaient beaucoup plus diffus. Le monopole de la violence légitime par l'État est une caractéristique du système étatique moderne, mais ce n'était pas toujours le cas. Avant l'émergence des États modernes, la capacité d'exercer la violence était souvent distribuée entre différents groupes et institutions. Par exemple, au Moyen Âge en Europe, la violence légitime était partagée entre une variété d'acteurs, comme les seigneurs féodaux, l'Église, les villes autonomes, etc. Chacun de ces acteurs pouvait exercer une forme de violence légitime dans certains contextes. Avec l'émergence de l'État moderne, le processus de centralisation du pouvoir a progressivement conduit à l'établissement du monopole de l'État sur la violence légitime. Cette évolution est souvent liée à la nécessité de maintenir l'ordre, de sécuriser les frontières, et de contrôler les conflits internes. Cependant, même dans les États modernes, la violence et la contrainte peuvent parfois être exercées par d'autres acteurs, comme les groupes criminels ou les organisations paramilitaires. Ces situations sont généralement considérées comme des défis à l'autorité de l'État et à son monopole de la violence. | Dans de nombreuses sociétés historiques, le pouvoir, la violence et la contrainte étaient beaucoup plus diffus. Le monopole de la violence légitime par l'État est une caractéristique du système étatique moderne, mais ce n'était pas toujours le cas. Avant l'émergence des États modernes, la capacité d'exercer la violence était souvent distribuée entre différents groupes et institutions. Par exemple, au Moyen Âge en Europe, la violence légitime était partagée entre une variété d'acteurs, comme les seigneurs féodaux, l'Église, les villes autonomes, etc. Chacun de ces acteurs pouvait exercer une forme de violence légitime dans certains contextes. Avec l'émergence de l'État moderne, le processus de centralisation du pouvoir a progressivement conduit à l'établissement du monopole de l'État sur la violence légitime. Cette évolution est souvent liée à la nécessité de maintenir l'ordre, de sécuriser les frontières, et de contrôler les conflits internes. Cependant, même dans les États modernes, la violence et la contrainte peuvent parfois être exercées par d'autres acteurs, comme les groupes criminels ou les organisations paramilitaires. Ces situations sont généralement considérées comme des défis à l'autorité de l'État et à son monopole de la violence. | ||
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L'un des aspects clés de la définition de l'État moderne selon Max Weber est le monopole de la violence légitime. En d'autres termes, dans une société bien organisée et stable, seul l'État a le droit d'utiliser la force pour maintenir l'ordre et faire respecter les lois. Ce monopole est crucial pour le fonctionnement de l'État moderne. Il permet à l'État de maintenir l'ordre public, de protéger les droits et les libertés des citoyens, et d'exécuter les lois de manière efficace. Dans le même temps, il limite la possibilité pour les acteurs non étatiques, tels que les groupes criminels ou les individus, d'utiliser la violence pour parvenir à leurs fins. Cependant, il convient de noter que ce monopole de l'État n'est pas toujours complet ou incontesté. Il existe de nombreux cas où des acteurs non étatiques exercent une violence significative, que ce soit à travers le crime organisé, la violence domestique ou la rébellion armée. De plus, dans certaines circonstances, l'État lui-même peut abuser de son monopole de la violence, ce qui conduit à des violations des droits de l'homme et à la tyrannie. Dans l'ensemble, le monopole de la violence par l'État est une caractéristique clé de l'État moderne, mais il est également une source de nombreux défis et tensions. | L'un des aspects clés de la définition de l'État moderne selon Max Weber est le monopole de la violence légitime. En d'autres termes, dans une société bien organisée et stable, seul l'État a le droit d'utiliser la force pour maintenir l'ordre et faire respecter les lois. Ce monopole est crucial pour le fonctionnement de l'État moderne. Il permet à l'État de maintenir l'ordre public, de protéger les droits et les libertés des citoyens, et d'exécuter les lois de manière efficace. Dans le même temps, il limite la possibilité pour les acteurs non étatiques, tels que les groupes criminels ou les individus, d'utiliser la violence pour parvenir à leurs fins. Cependant, il convient de noter que ce monopole de l'État n'est pas toujours complet ou incontesté. Il existe de nombreux cas où des acteurs non étatiques exercent une violence significative, que ce soit à travers le crime organisé, la violence domestique ou la rébellion armée. De plus, dans certaines circonstances, l'État lui-même peut abuser de son monopole de la violence, ce qui conduit à des violations des droits de l'homme et à la tyrannie. Dans l'ensemble, le monopole de la violence par l'État est une caractéristique clé de l'État moderne, mais il est également une source de nombreux défis et tensions. | ||
Le concept de l'État ayant le monopole de la force légitime est une idéalisation qui ne reflète pas toujours la réalité complexe et nuancée sur le terrain. De nombreux pays à travers le monde ont des groupes armés non étatiques qui contestent le monopole de l'État sur l'usage de la force. En effet, dans de nombreux cas, ces groupes sont capables de contrôler des territoires, d'exercer une autorité substantielle sur les populations locales et de mener des opérations militaires ou paramilitaires contre l'État ou d'autres acteurs. | Le concept de l'État ayant le monopole de la force légitime est une idéalisation qui ne reflète pas toujours la réalité complexe et nuancée sur le terrain. De nombreux pays à travers le monde ont des groupes armés non étatiques qui contestent le monopole de l'État sur l'usage de la force. En effet, dans de nombreux cas, ces groupes sont capables de contrôler des territoires, d'exercer une autorité substantielle sur les populations locales et de mener des opérations militaires ou paramilitaires contre l'État ou d'autres acteurs. Comme vous l'avez mentionné, l'Armée Républicaine Irlandaise (IRA) en Irlande du Nord et le Hamas dans les Territoires palestiniens sont des exemples notables de tels groupes. Ces situations soulèvent de nombreuses questions difficiles concernant la légitimité, l'autorité et le contrôle de la violence. Par exemple, quand un groupe non étatique contrôle effectivement un territoire et exerce une autorité sur sa population, peut-il être considéré comme un État de facto ? Et si un groupe non étatique a le soutien d'une grande partie de la population locale, est-ce que cela lui donne une certaine légitimité pour utiliser la force ? Ces questions sont très controversées et il n'y a pas de réponses simples. Cependant, elles soulignent le fait que la réalité de la politique, du pouvoir et de la violence est souvent beaucoup plus complexe que les théories simplifiées de l'État et du monopole de la violence peuvent le laisser croire. | ||
La légitimité de l'usage de la force par l'État est un concept qui dépend en grande partie de la perspective et du contexte. L'usage de la force peut être jugé légitime si le gouvernement qui l'exerce est lui-même considéré comme légitime et si l'usage de la force est considéré comme nécessaire et proportionné pour maintenir l'ordre public, la sécurité nationale ou pour faire respecter les lois. Cependant, il est important de souligner que même si un gouvernement est généralement considéré comme légitime, cela ne signifie pas que tous ses usages de la force seront nécessairement vus comme légitimes. Il y a de nombreux exemples dans l'histoire où des gouvernements ont utilisé la force de manière abusive ou oppressive, ce qui a été largement condamné comme étant illégitime. De plus, la question de la légitimité peut être fortement influencée par des facteurs tels que la culture, la religion, l'histoire, les idéologies politiques et les relations de pouvoir. Par exemple, ce qui est considéré comme un usage légitime de la force dans une société peut être considéré comme totalement illégitime dans une autre. Enfin, il faut noter que la notion de légitimité n'est pas toujours clairement définie ou universellement acceptée. | La légitimité de l'usage de la force par l'État est un concept qui dépend en grande partie de la perspective et du contexte. L'usage de la force peut être jugé légitime si le gouvernement qui l'exerce est lui-même considéré comme légitime et si l'usage de la force est considéré comme nécessaire et proportionné pour maintenir l'ordre public, la sécurité nationale ou pour faire respecter les lois. Cependant, il est important de souligner que même si un gouvernement est généralement considéré comme légitime, cela ne signifie pas que tous ses usages de la force seront nécessairement vus comme légitimes. Il y a de nombreux exemples dans l'histoire où des gouvernements ont utilisé la force de manière abusive ou oppressive, ce qui a été largement condamné comme étant illégitime. De plus, la question de la légitimité peut être fortement influencée par des facteurs tels que la culture, la religion, l'histoire, les idéologies politiques et les relations de pouvoir. Par exemple, ce qui est considéré comme un usage légitime de la force dans une société peut être considéré comme totalement illégitime dans une autre. Enfin, il faut noter que la notion de légitimité n'est pas toujours clairement définie ou universellement acceptée. Comme vous l'avez mentionné, ce qui peut être considéré comme un "freedom fighter" pour certains peut être vu comme un "terroriste" pour d'autres. Cette ambiguïté et cette subjectivité peuvent souvent rendre les discussions sur la légitimité de l'usage de la force très complexes et controversées. | ||
Dans certains cas, des groupes armés peuvent justifier l'utilisation de la force comme une réponse à la répression ou à l'injustice perçue commise par l'État ou d'autres autorités légitimes. Ces groupes peuvent argumenter qu'ils utilisent la violence pour se défendre, pour défendre leur communauté ou pour résister à une autorité oppressive. C'est une raison fréquemment invoquée dans les conflits armés, les guérillas ou les mouvements de résistance. Cependant, il est important de noter que, bien que ces groupes puissent revendiquer la légitimité de leur usage de la violence, cela ne signifie pas nécessairement que cet usage sera reconnu comme légitime par d'autres, y compris la communauté internationale, les autres citoyens ou même d'autres membres de leur propre communauté. De plus, l'utilisation de la violence par ces groupes peut souvent entraîner des violations des droits de l'homme, des dommages collatéraux et d'autres conséquences négatives pour les civils innocents. En fin de compte, la question de savoir si l'usage de la force est légitime ou non peut être très complexe et controversée, et peut dépendre d'une multitude de facteurs, y compris le contexte spécifique, les motivations des acteurs impliqués, et les normes et valeurs de la société. | Dans certains cas, des groupes armés peuvent justifier l'utilisation de la force comme une réponse à la répression ou à l'injustice perçue commise par l'État ou d'autres autorités légitimes. Ces groupes peuvent argumenter qu'ils utilisent la violence pour se défendre, pour défendre leur communauté ou pour résister à une autorité oppressive. C'est une raison fréquemment invoquée dans les conflits armés, les guérillas ou les mouvements de résistance. Cependant, il est important de noter que, bien que ces groupes puissent revendiquer la légitimité de leur usage de la violence, cela ne signifie pas nécessairement que cet usage sera reconnu comme légitime par d'autres, y compris la communauté internationale, les autres citoyens ou même d'autres membres de leur propre communauté. De plus, l'utilisation de la violence par ces groupes peut souvent entraîner des violations des droits de l'homme, des dommages collatéraux et d'autres conséquences négatives pour les civils innocents. En fin de compte, la question de savoir si l'usage de la force est légitime ou non peut être très complexe et controversée, et peut dépendre d'une multitude de facteurs, y compris le contexte spécifique, les motivations des acteurs impliqués, et les normes et valeurs de la société. | ||
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L'État, quel que soit son régime politique, maintient son pouvoir et son ordre en utilisant une certaine forme de contrainte ou la menace de contrainte. Cette coercition peut se manifester de différentes manières, notamment par l'application de lois et de réglementations, par l'administration de la justice, par la collecte d'impôts, et par le maintien de l'ordre public. La coercition fiscale est un bon exemple. Les impôts sont obligatoires, et ceux qui ne les paient pas peuvent faire face à des pénalités, des amendes, voire des peines de prison. C'est par cette menace de contrainte que l'État peut collecter les revenus nécessaires pour fournir des biens et services publics. Cependant, la légitimité de cette contrainte est cruciale. Dans une démocratie, par exemple, la coercition de l'État est généralement perçue comme légitime parce qu'elle est exercée dans le cadre d'un système politique dans lequel les citoyens ont le pouvoir de choisir leurs dirigeants et d'influencer les politiques publiques. En revanche, dans une dictature, la coercition de l'État peut être perçue comme illégitime, en particulier si elle est utilisée pour réprimer la dissidence et violer les droits de l'homme. | L'État, quel que soit son régime politique, maintient son pouvoir et son ordre en utilisant une certaine forme de contrainte ou la menace de contrainte. Cette coercition peut se manifester de différentes manières, notamment par l'application de lois et de réglementations, par l'administration de la justice, par la collecte d'impôts, et par le maintien de l'ordre public. La coercition fiscale est un bon exemple. Les impôts sont obligatoires, et ceux qui ne les paient pas peuvent faire face à des pénalités, des amendes, voire des peines de prison. C'est par cette menace de contrainte que l'État peut collecter les revenus nécessaires pour fournir des biens et services publics. Cependant, la légitimité de cette contrainte est cruciale. Dans une démocratie, par exemple, la coercition de l'État est généralement perçue comme légitime parce qu'elle est exercée dans le cadre d'un système politique dans lequel les citoyens ont le pouvoir de choisir leurs dirigeants et d'influencer les politiques publiques. En revanche, dans une dictature, la coercition de l'État peut être perçue comme illégitime, en particulier si elle est utilisée pour réprimer la dissidence et violer les droits de l'homme. | ||
Dans la réalité, le contrôle absolu de la contrainte par l'État est rarement, voire jamais, totalement réalisé. Dans chaque société, il y a une variété d'acteurs non étatiques qui ont une certaine capacité à exercer la contrainte ou à résister à la coercition de l'État. Cela peut prendre la forme d'organisations criminelles, de groupes militants, de sociétés privées de sécurité, de communautés religieuses ou traditionnelles, entre autres. Ces acteurs peuvent parfois contester ou compléter la capacité de l'État à exercer la contrainte, notamment dans les zones où l'État est faible ou absent. Par exemple, dans certaines parties du monde, les groupes criminels organisés ou les milices armées peuvent exercer un contrôle effectif sur des territoires particuliers, en défiant ouvertement le monopole de l'État sur la violence. C'est pourquoi la notion de "comparative advantage" (avantage comparatif) introduite par North est importante. Plutôt que de décrire l'État comme ayant un monopole absolu sur la violence, North suggère que l'État a simplement un avantage comparatif dans l'exercice de la coercition. Cela reconnaît que, bien que l'État soit généralement l'acteur le plus puissant dans une société donnée, il n'est pas le seul acteur capable d'exercer la contrainte. | Dans la réalité, le contrôle absolu de la contrainte par l'État est rarement, voire jamais, totalement réalisé. Dans chaque société, il y a une variété d'acteurs non étatiques qui ont une certaine capacité à exercer la contrainte ou à résister à la coercition de l'État. Cela peut prendre la forme d'organisations criminelles, de groupes militants, de sociétés privées de sécurité, de communautés religieuses ou traditionnelles, entre autres. Ces acteurs peuvent parfois contester ou compléter la capacité de l'État à exercer la contrainte, notamment dans les zones où l'État est faible ou absent. Par exemple, dans certaines parties du monde, les groupes criminels organisés ou les milices armées peuvent exercer un contrôle effectif sur des territoires particuliers, en défiant ouvertement le monopole de l'État sur la violence. C'est pourquoi la notion de "comparative advantage" (avantage comparatif) introduite par North est importante. Plutôt que de décrire l'État comme ayant un monopole absolu sur la violence, North suggère que l'État a simplement un avantage comparatif dans l'exercice de la coercition. Cela reconnaît que, bien que l'État soit généralement l'acteur le plus puissant dans une société donnée, il n'est pas le seul acteur capable d'exercer la contrainte.. | ||
La notion de différentiation est centrale dans la conception de l'État. Elle fait référence à la distinction entre l'État et la société civile, où l'État maintient une certaine autonomie par rapport aux forces sociales, économiques et politiques qui opèrent dans la société. L'impôt est un bon exemple de cette différentiation. En prélevant des taxes et des impôts, l'État exerce son autorité et son contrôle sur les citoyens et les ressources économiques. Il utilise ces ressources pour financer une variété de fonctions publiques, y compris la défense et la sécurité, mais aussi les services sociaux, l'éducation, l'infrastructure, et d'autres activités. En contrôlant ces ressources et en décidant de leur allocation, l'État se distingue de la société civile et affirme son autorité. Comme Charles Tilly l'a souligné, l'impôt a joué un rôle clé dans le développement historique des États modernes. Il a permis aux États d'accumuler les ressources nécessaires pour financer des armées et des guerres, renforçant leur autorité et leur contrôle sur leurs territoires. De plus, l'impôt a souvent été utilisé comme un outil pour unifier des territoires et des populations diverses sous une seule autorité étatique. Par conséquent, la capacité de lever et de gérer efficacement l'impôt est souvent considérée comme une caractéristique essentielle d'un État fonctionnel. | La notion de différentiation est centrale dans la conception de l'État. Elle fait référence à la distinction entre l'État et la société civile, où l'État maintient une certaine autonomie par rapport aux forces sociales, économiques et politiques qui opèrent dans la société. L'impôt est un bon exemple de cette différentiation. En prélevant des taxes et des impôts, l'État exerce son autorité et son contrôle sur les citoyens et les ressources économiques. Il utilise ces ressources pour financer une variété de fonctions publiques, y compris la défense et la sécurité, mais aussi les services sociaux, l'éducation, l'infrastructure, et d'autres activités. En contrôlant ces ressources et en décidant de leur allocation, l'État se distingue de la société civile et affirme son autorité. Comme Charles Tilly l'a souligné, l'impôt a joué un rôle clé dans le développement historique des États modernes. Il a permis aux États d'accumuler les ressources nécessaires pour financer des armées et des guerres, renforçant leur autorité et leur contrôle sur leurs territoires. De plus, l'impôt a souvent été utilisé comme un outil pour unifier des territoires et des populations diverses sous une seule autorité étatique. Par conséquent, la capacité de lever et de gérer efficacement l'impôt est souvent considérée comme une caractéristique essentielle d'un État fonctionnel. | ||
== | == Les États-faillis == | ||
Samuel Huntington, dans sa théorie de l'ordre politique, soutient que la forme de gouvernement (par exemple, démocratie, autocratie) est moins importante pour le bien-être d'une société que le degré de gouvernement, c'est-à-dire, la capacité d'un État à administrer efficacement ses politiques et à maintenir l'ordre.<ref>Huntington, Samuel P. ''Political order in changing societies''. Yale university press, 2006.</ref> Pour Huntington, l'efficacité d'un gouvernement est mesurée par son niveau de bureaucratie, la stabilité de ses institutions et sa capacité à maintenir l'ordre public et à fournir des services publics essentiels à ses citoyens. Dans cette perspective, un État fort est celui qui peut maintenir la stabilité, l'ordre et fournir des services de base à ses citoyens, qu'il soit démocratique ou non. Par conséquent, Huntington soutient que l'ordre politique doit précéder la modernisation et la démocratisation. Autrement dit, avant de tenter d'instaurer une démocratie, il faut d'abord établir un État solide et bien géré. | Samuel Huntington, dans sa théorie de l'ordre politique, soutient que la forme de gouvernement (par exemple, démocratie, autocratie) est moins importante pour le bien-être d'une société que le degré de gouvernement, c'est-à-dire, la capacité d'un État à administrer efficacement ses politiques et à maintenir l'ordre.<ref>Huntington, Samuel P. ''Political order in changing societies''. Yale university press, 2006.</ref> Pour Huntington, l'efficacité d'un gouvernement est mesurée par son niveau de bureaucratie, la stabilité de ses institutions et sa capacité à maintenir l'ordre public et à fournir des services publics essentiels à ses citoyens. Dans cette perspective, un État fort est celui qui peut maintenir la stabilité, l'ordre et fournir des services de base à ses citoyens, qu'il soit démocratique ou non. Par conséquent, Huntington soutient que l'ordre politique doit précéder la modernisation et la démocratisation. Autrement dit, avant de tenter d'instaurer une démocratie, il faut d'abord établir un État solide et bien géré. | ||
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L'État moderne se distingue par son autorité souveraine qui s'exerce à travers la législation et le respect de la loi. Les règles et les obligations formulées par l'État s'appliquent à tous ceux qui résident sur son territoire, y compris l'État lui-même. Cela signifie que l'État est tenu de respecter ses propres lois et réglementations. Cette idée est au cœur du concept de l'État de droit, selon lequel toutes les personnes, institutions et entités, y compris l'État lui-même, sont redevables à la loi, qui est appliquée de manière juste et équitable. Dans cette optique, l'usage de la contrainte ou de la violence par l'État n'est pas arbitraire. Au contraire, il est réglementé par des lois ou des dispositions constitutionnelles qui définissent les circonstances et les modalités de son exercice. C'est ce qui fait que l'État détient le monopole de la "violence légitime" - car son utilisation de la force est limitée et encadrée par la loi. Cette capacité d'auto-régulation est fondamentale pour la légitimité de l'État. Sans elle, l'État risquerait de se transformer en une entité oppressive et arbitraire, perdant ainsi sa légitimité aux yeux de ses citoyens. | L'État moderne se distingue par son autorité souveraine qui s'exerce à travers la législation et le respect de la loi. Les règles et les obligations formulées par l'État s'appliquent à tous ceux qui résident sur son territoire, y compris l'État lui-même. Cela signifie que l'État est tenu de respecter ses propres lois et réglementations. Cette idée est au cœur du concept de l'État de droit, selon lequel toutes les personnes, institutions et entités, y compris l'État lui-même, sont redevables à la loi, qui est appliquée de manière juste et équitable. Dans cette optique, l'usage de la contrainte ou de la violence par l'État n'est pas arbitraire. Au contraire, il est réglementé par des lois ou des dispositions constitutionnelles qui définissent les circonstances et les modalités de son exercice. C'est ce qui fait que l'État détient le monopole de la "violence légitime" - car son utilisation de la force est limitée et encadrée par la loi. Cette capacité d'auto-régulation est fondamentale pour la légitimité de l'État. Sans elle, l'État risquerait de se transformer en une entité oppressive et arbitraire, perdant ainsi sa légitimité aux yeux de ses citoyens. | ||
La loi fournit le cadre structurel au sein duquel l'État fonctionne. Elle définit la forme du gouvernement (par exemple, une république, une monarchie constitutionnelle, etc.), la manière dont le pouvoir est distribué (par exemple, un système unitaire, fédéral, etc.), et les principes fondamentaux de l'organisation politique (par exemple, une démocratie, une autocratie, etc.). Outre ces aspects, la loi établit également le cadre de l'administration publique. Elle définit les responsabilités des différents organes gouvernementaux, les procédures à suivre pour la mise en œuvre des politiques, les droits et les obligations des fonctionnaires, etc. De plus, dans les démocraties, la loi prévoit généralement des mécanismes de contrôle démocratique, tels que des élections, des auditions publiques et d'autres formes de participation citoyenne, pour garantir que l'administration publique reste responsable et transparente. Enfin, la loi joue un rôle crucial dans l'établissement de l'ordre social et économique au sein de l'État. Elle régule une multitude d'aspects de la vie sociale et économique, de la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales à la régulation des marchés et de l'économie. En résumé, la loi est un outil essentiel par lequel l'État structure et organise sa propre activité, ainsi que la vie de ses citoyens. Sans la loi, l'État ne pourrait pas fonctionner de manière efficace ou équitable | La loi fournit en effet le cadre structurel au sein duquel l'État fonctionne. Elle définit la forme du gouvernement (par exemple, une république, une monarchie constitutionnelle, etc.), la manière dont le pouvoir est distribué (par exemple, un système unitaire, fédéral, etc.), et les principes fondamentaux de l'organisation politique (par exemple, une démocratie, une autocratie, etc.). Outre ces aspects, la loi établit également le cadre de l'administration publique. Elle définit les responsabilités des différents organes gouvernementaux, les procédures à suivre pour la mise en œuvre des politiques, les droits et les obligations des fonctionnaires, etc. De plus, dans les démocraties, la loi prévoit généralement des mécanismes de contrôle démocratique, tels que des élections, des auditions publiques et d'autres formes de participation citoyenne, pour garantir que l'administration publique reste responsable et transparente. Enfin, la loi joue un rôle crucial dans l'établissement de l'ordre social et économique au sein de l'État. Elle régule une multitude d'aspects de la vie sociale et économique, de la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales à la régulation des marchés et de l'économie. En résumé, la loi est un outil essentiel par lequel l'État structure et organise sa propre activité, ainsi que la vie de ses citoyens. Sans la loi, l'État ne pourrait pas fonctionner de manière efficace ou équitable | ||
= La notion de souveraineté = | = La notion de souveraineté = | ||
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Il faut remonter jusqu'au XVIe siècle pour trouver la première élaboration de cette notion avec Jean Bodin, qui sera par la suite examinée plus en détail par Thomas Hobbes. | Il faut remonter jusqu'au XVIe siècle pour trouver la première élaboration de cette notion avec Jean Bodin, qui sera par la suite examinée plus en détail par Thomas Hobbes. | ||
Jean Bodin (1530-1596) est souvent considéré comme l'un des premiers penseurs à avoir formulé une notion claire de la souveraineté dans son œuvre "Les Six Livres de la République" (1576). Bodin définissait la souveraineté comme le pouvoir suprême sur les citoyens et les sujets, irresponsable à l'égard de ces derniers. Pour Bodin, la souveraineté était une caractéristique nécessaire de l'État et était perpétuelle, indivisible et absolue. | Jean Bodin (1530-1596) est en effet souvent considéré comme l'un des premiers penseurs à avoir formulé une notion claire de la souveraineté dans son œuvre "Les Six Livres de la République" (1576). Bodin définissait la souveraineté comme le pouvoir suprême sur les citoyens et les sujets, irresponsable à l'égard de ces derniers. Pour Bodin, la souveraineté était une caractéristique nécessaire de l'État et était perpétuelle, indivisible et absolue. | ||
De son côté, Thomas Hobbes (1588-1679) a également contribué de manière significative à l'idée de la souveraineté. Dans son œuvre "Leviathan" (1651), Hobbes argumente que les hommes, pour éviter l'état de guerre de tous contre tous, s'engagent dans un contrat social et consentent à se soumettre à un souverain. Selon Hobbes, le souverain, qu'il soit une personne (comme dans une monarchie) ou un groupe de personnes (comme dans une république), détient le pouvoir absolu et indéfectible de maintenir l'ordre et la paix. | De son côté, Thomas Hobbes (1588-1679) a également contribué de manière significative à l'idée de la souveraineté. Dans son œuvre "Leviathan" (1651), Hobbes argumente que les hommes, pour éviter l'état de guerre de tous contre tous, s'engagent dans un contrat social et consentent à se soumettre à un souverain. Selon Hobbes, le souverain, qu'il soit une personne (comme dans une monarchie) ou un groupe de personnes (comme dans une république), détient le pouvoir absolu et indéfectible de maintenir l'ordre et la paix. | ||
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Ces différentes conceptions de la souveraineté soulignent la complexité de la notion de souveraineté dans la politique internationale contemporaine. Elles montrent que la souveraineté ne se réduit pas simplement à la capacité d'un État à exercer le pouvoir à l'intérieur de ses frontières, mais implique aussi des questions de contrôle des mouvements transfrontaliers, de non-ingérence et d'égalité formelle entre les États. | Ces différentes conceptions de la souveraineté soulignent la complexité de la notion de souveraineté dans la politique internationale contemporaine. Elles montrent que la souveraineté ne se réduit pas simplement à la capacité d'un État à exercer le pouvoir à l'intérieur de ses frontières, mais implique aussi des questions de contrôle des mouvements transfrontaliers, de non-ingérence et d'égalité formelle entre les États. | ||
== | == Souveraineté légale internationale == | ||
La souveraineté légale internationale est un concept central dans le droit international. Elle renvoie à la reconnaissance mutuelle des États en tant qu'entités juridiquement indépendantes au sein de la communauté internationale. En d'autres termes, il s'agit de l'acceptation par les États de la légitimité de tous les autres États en tant qu'acteurs autonomes sur la scène internationale. Cela signifie que chaque État a le droit de gouverner son propre territoire sans ingérence extérieure, et que les autres États doivent respecter ce droit. C'est ce qui est généralement compris lorsque l'on parle de la "souveraineté" d'un État. Les États ont également le droit de participer à la vie internationale, par exemple en signant des traités, en adhérant à des organisations internationales ou en participant à des négociations internationales. | La souveraineté légale internationale est un concept central dans le droit international. Elle renvoie à la reconnaissance mutuelle des États en tant qu'entités juridiquement indépendantes au sein de la communauté internationale. En d'autres termes, il s'agit de l'acceptation par les États de la légitimité de tous les autres États en tant qu'acteurs autonomes sur la scène internationale. Cela signifie que chaque État a le droit de gouverner son propre territoire sans ingérence extérieure, et que les autres États doivent respecter ce droit. C'est ce qui est généralement compris lorsque l'on parle de la "souveraineté" d'un État. Les États ont également le droit de participer à la vie internationale, par exemple en signant des traités, en adhérant à des organisations internationales ou en participant à des négociations internationales. | ||
Cependant, la souveraineté légale internationale ne garantit pas nécessairement la capacité réelle d'un État à exercer son autorité ou à contrôler son territoire (ce qu'on appelle la "souveraineté de facto"). Dans de nombreux cas, un État peut être reconnu comme souverain sur le plan juridique, mais manquer de contrôle effectif sur son territoire ou sa population. Par exemple, un gouvernement peut être incapable d'assurer l'ordre public, de fournir des services publics de base ou de défendre ses frontières contre des invasions étrangères. Dans de tels cas, on parle souvent d'"États faibles" ou d'"États défaillants". Dans le même temps, la reconnaissance internationale peut parfois être contestée ou refusée. Par exemple, certains territoires peuvent se déclarer indépendants et établir leur propre gouvernement, mais ne pas être reconnus comme États souverains par la communauté internationale. De tels territoires sont souvent appelés "États non reconnus" ou "États de facto". | Cependant, la souveraineté légale internationale ne garantit pas nécessairement la capacité réelle d'un État à exercer son autorité ou à contrôler son territoire (ce qu'on appelle la "souveraineté de facto"). Dans de nombreux cas, un État peut être reconnu comme souverain sur le plan juridique, mais manquer de contrôle effectif sur son territoire ou sa population. Par exemple, un gouvernement peut être incapable d'assurer l'ordre public, de fournir des services publics de base ou de défendre ses frontières contre des invasions étrangères. Dans de tels cas, on parle souvent d'"États faibles" ou d'"États défaillants". Dans le même temps, la reconnaissance internationale peut parfois être contestée ou refusée. Par exemple, certains territoires peuvent se déclarer indépendants et établir leur propre gouvernement, mais ne pas être reconnus comme États souverains par la communauté internationale. De tels territoires sont souvent appelés "États non reconnus" ou "États de facto". | ||
La reconnaissance internationale d'un État est souvent le fruit de processus bilatéraux. | La reconnaissance internationale d'un État est souvent le fruit de processus bilatéraux. Pour reprendre votre exemple, l'Allemagne a été le premier pays à reconnaître l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie en novembre 1991, dans le contexte de la dislocation de l'ex-Yougoslavie. Cette reconnaissance a ensuite été suivie par celle d'autres pays, ce qui a conduit à l'intégration de ces deux nouvelles entités dans la communauté internationale en tant qu'États souverains. La reconnaissance bilatérale est un moyen pour un État d'exprimer formellement son acceptation de la souveraineté et de l'indépendance d'un autre État. Elle implique généralement l'établissement de relations diplomatiques et peut également ouvrir la voie à des accords de coopération bilatéraux dans divers domaines, tels que le commerce, la défense ou la culture. | ||
La reconnaissance bilatérale n'est cependant pas toujours suivie d'une reconnaissance multilatérale. En d'autres termes, le fait qu'un État soit reconnu par un autre État ne signifie pas nécessairement qu'il sera reconnu par l'ensemble de la communauté internationale. Par exemple, certains États peuvent choisir de ne pas reconnaître un nouvel État en raison de désaccords politiques, de conflits territoriaux ou de considérations stratégiques. De plus, la reconnaissance internationale d'un État n'implique pas nécessairement sa reconnaissance par les organisations internationales. Par exemple, un État peut être reconnu par un grand nombre de pays, mais ne pas être admis aux Nations Unies en raison du veto d'un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité. | La reconnaissance bilatérale n'est cependant pas toujours suivie d'une reconnaissance multilatérale. En d'autres termes, le fait qu'un État soit reconnu par un autre État ne signifie pas nécessairement qu'il sera reconnu par l'ensemble de la communauté internationale. Par exemple, certains États peuvent choisir de ne pas reconnaître un nouvel État en raison de désaccords politiques, de conflits territoriaux ou de considérations stratégiques. De plus, la reconnaissance internationale d'un État n'implique pas nécessairement sa reconnaissance par les organisations internationales. Par exemple, un État peut être reconnu par un grand nombre de pays, mais ne pas être admis aux Nations Unies en raison du veto d'un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité. | ||
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Si ces avantages sont potentiellement importants, la reconnaissance internationale comporte également des responsabilités. Par exemple, un État reconnu est censé respecter les principes du droit international, tels que le respect des droits de l'homme, la non-agression, et la résolution pacifique des conflits. | Si ces avantages sont potentiellement importants, la reconnaissance internationale comporte également des responsabilités. Par exemple, un État reconnu est censé respecter les principes du droit international, tels que le respect des droits de l'homme, la non-agression, et la résolution pacifique des conflits. | ||
== | == Souveraineté Westphalienne == | ||
La souveraineté Westphalienne est un concept issu des Traités de Westphalie de 1648 qui ont mis fin à la Guerre de Trente Ans en Europe. Ce concept se réfère à l'idée selon laquelle chaque État a une autorité absolue et incontestable sur son territoire et sa population, et qu'aucun autre État ne peut interférer dans ses affaires intérieures. Selon cette conception de la souveraineté, chaque État est indépendant et égal aux autres sur la scène internationale, quels que soient sa taille, sa puissance économique ou militaire. C'est cette notion qui a largement structuré le système international moderne. Il est important de noter cependant que la souveraineté Westphalienne a été modifiée et contestée à plusieurs reprises au cours des siècles. Des interventions humanitaires aux organisations internationales, en passant par les normes globales sur des questions telles que les droits de l'homme et l'environnement, diverses forces ont cherché à moduler, restreindre ou transformer la souveraineté Westphalienne. | La souveraineté Westphalienne est un concept issu des Traités de Westphalie de 1648 qui ont mis fin à la Guerre de Trente Ans en Europe. Ce concept se réfère à l'idée selon laquelle chaque État a une autorité absolue et incontestable sur son territoire et sa population, et qu'aucun autre État ne peut interférer dans ses affaires intérieures. Selon cette conception de la souveraineté, chaque État est indépendant et égal aux autres sur la scène internationale, quels que soient sa taille, sa puissance économique ou militaire. C'est cette notion qui a largement structuré le système international moderne. Il est important de noter cependant que la souveraineté Westphalienne a été modifiée et contestée à plusieurs reprises au cours des siècles. Des interventions humanitaires aux organisations internationales, en passant par les normes globales sur des questions telles que les droits de l'homme et l'environnement, diverses forces ont cherché à moduler, restreindre ou transformer la souveraineté Westphalienne. | ||
Le concept de souveraineté Westphalienne met l'accent sur l'indépendance territoriale et l'autorité exclusive de l'État sur son territoire, en rejetant toute ingérence extérieure dans les affaires internes de l'État. C'est un principe fondamental du droit international, comme il est clairement énoncé dans la Charte des Nations Unies. L'article 2 de la Charte des Nations Unies, en particulier, affirme l'égalité souveraine de tous ses États membres. Ce principe signifie que tous les États, indépendamment de leur taille, de leur richesse ou de leur puissance militaire, ont les mêmes droits et obligations selon le droit international. De plus, la Charte des Nations Unies consacre également le principe de non-ingérence, selon lequel aucun État n'a le droit d'intervenir dans les affaires intérieures d'un autre État. Cette interdiction vise à protéger la souveraineté et l'indépendance de tous les États, grands ou petits. | Le concept de souveraineté Westphalienne met effectivement l'accent sur l'indépendance territoriale et l'autorité exclusive de l'État sur son territoire, en rejetant toute ingérence extérieure dans les affaires internes de l'État. C'est un principe fondamental du droit international, comme il est clairement énoncé dans la Charte des Nations Unies. L'article 2 de la Charte des Nations Unies, en particulier, affirme l'égalité souveraine de tous ses États membres. Ce principe signifie que tous les États, indépendamment de leur taille, de leur richesse ou de leur puissance militaire, ont les mêmes droits et obligations selon le droit international. De plus, la Charte des Nations Unies consacre également le principe de non-ingérence, selon lequel aucun État n'a le droit d'intervenir dans les affaires intérieures d'un autre État. Cette interdiction vise à protéger la souveraineté et l'indépendance de tous les États, grands ou petits. | ||
Selon les principes de la souveraineté Westphalienne et de la Charte des Nations Unies, tous les États sont égaux en termes de souveraineté. Cela signifie que, peu importe leur taille, leur puissance économique ou militaire, chaque État a la même autorité et le même contrôle sur son territoire, et aucun État ne peut interférer dans les affaires internes d'un autre. Par conséquent, du point de vue de la souveraineté, les États-Unis ne sont pas plus souverains que le Luxembourg ou Malte. Chaque État a la pleine autorité sur son propre territoire et est libre de mener sa politique interne comme il l'entend, sans interférence extérieure. | Selon les principes de la souveraineté Westphalienne et de la Charte des Nations Unies, tous les États sont égaux en termes de souveraineté. Cela signifie que, peu importe leur taille, leur puissance économique ou militaire, chaque État a la même autorité et le même contrôle sur son territoire, et aucun État ne peut interférer dans les affaires internes d'un autre. Par conséquent, du point de vue de la souveraineté, les États-Unis ne sont pas plus souverains que le Luxembourg ou Malte. Chaque État a la pleine autorité sur son propre territoire et est libre de mener sa politique interne comme il l'entend, sans interférence extérieure. | ||
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Le principe de non-interférence est directement lié à la notion de souveraineté Westphalienne. Selon ce principe, aucun État n'a le droit d'intervenir dans les affaires internes d'un autre État. Cela implique que les décisions politiques, économiques, sociales et culturelles d'un pays sont de sa seule responsabilité et ne peuvent pas être sujettes à l'interférence ou à l'ingérence d'un autre État. Le principe de non-interférence est également consacré par la Charte des Nations Unies. L'article 2(7) de la Charte stipule que : "Aucun disposition de la présente Charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État ni n'oblige les Membres à soumettre de telles affaires à une procédure de règlement en vertu de la présente Charte." Cependant, il convient de noter que ce principe connaît certaines exceptions, notamment en cas de violation grave des droits de l'homme ou du droit international humanitaire, où la communauté internationale peut être autorisée à intervenir pour protéger les individus concernés, comme le stipule la doctrine de la "Responsabilité de protéger" adoptée par les Nations Unies en 2005. | Le principe de non-interférence est directement lié à la notion de souveraineté Westphalienne. Selon ce principe, aucun État n'a le droit d'intervenir dans les affaires internes d'un autre État. Cela implique que les décisions politiques, économiques, sociales et culturelles d'un pays sont de sa seule responsabilité et ne peuvent pas être sujettes à l'interférence ou à l'ingérence d'un autre État. Le principe de non-interférence est également consacré par la Charte des Nations Unies. L'article 2(7) de la Charte stipule que : "Aucun disposition de la présente Charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État ni n'oblige les Membres à soumettre de telles affaires à une procédure de règlement en vertu de la présente Charte." Cependant, il convient de noter que ce principe connaît certaines exceptions, notamment en cas de violation grave des droits de l'homme ou du droit international humanitaire, où la communauté internationale peut être autorisée à intervenir pour protéger les individus concernés, comme le stipule la doctrine de la "Responsabilité de protéger" adoptée par les Nations Unies en 2005. | ||
== | == Souveraineté interne == | ||
La souveraineté interne fait référence à la capacité d'un État à maintenir l'ordre et à exercer son autorité à l'intérieur de ses frontières. Cette notion de souveraineté concerne l'efficacité de la structure de gouvernement, l'étendue du contrôle gouvernemental, le degré de cohésion parmi les élites et les citoyens, et la capacité à administrer efficacement les lois et les politiques. | La souveraineté interne fait référence à la capacité d'un État à maintenir l'ordre et à exercer son autorité à l'intérieur de ses frontières. Cette notion de souveraineté concerne l'efficacité de la structure de gouvernement, l'étendue du contrôle gouvernemental, le degré de cohésion parmi les élites et les citoyens, et la capacité à administrer efficacement les lois et les politiques. | ||
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Un État est considéré comme pleinement souverain sur le plan interne lorsqu'il est capable d'effectuer ces fonctions de manière efficace et sans entrave. En revanche, si un État est incapable de contrôler son territoire, d'assurer l'ordre public, de fournir des services de base à ses citoyens ou de maintenir l'autorité de son gouvernement, on peut dire que sa souveraineté interne est limitée ou compromise. C'est souvent le cas des États dits "fragiles" ou "en déliquescence". | Un État est considéré comme pleinement souverain sur le plan interne lorsqu'il est capable d'effectuer ces fonctions de manière efficace et sans entrave. En revanche, si un État est incapable de contrôler son territoire, d'assurer l'ordre public, de fournir des services de base à ses citoyens ou de maintenir l'autorité de son gouvernement, on peut dire que sa souveraineté interne est limitée ou compromise. C'est souvent le cas des États dits "fragiles" ou "en déliquescence". | ||
== | == Souveraineté d’interdépendance == | ||
La souveraineté d'interdépendance traite de la capacité d'un État à contrôler et à réguler les flux transnationaux qui traversent ses frontières. Ces flux peuvent prendre diverses formes, notamment les échanges commerciaux, les mouvements de capitaux, les migrations de population, la propagation d'informations et d'idées, etc. | La souveraineté d'interdépendance traite de la capacité d'un État à contrôler et à réguler les flux transnationaux qui traversent ses frontières. Ces flux peuvent prendre diverses formes, notamment les échanges commerciaux, les mouvements de capitaux, les migrations de population, la propagation d'informations et d'idées, etc. | ||
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En termes de souveraineté d'interdépendance, cela signifie que dans un monde de plus en plus mondialisé, l'État-nation peut avoir du mal à contrôler tous les aspects de son économie et de sa société car il est de plus en plus influencé par des forces extérieures, comme les flux de capitaux, de biens, de services et d'informations. Cela peut limiter sa capacité à mener des politiques publiques indépendantes et à répondre aux préférences de ses citoyens, ce qui peut à son tour avoir un impact sur la légitimité et la stabilité de l'État. | En termes de souveraineté d'interdépendance, cela signifie que dans un monde de plus en plus mondialisé, l'État-nation peut avoir du mal à contrôler tous les aspects de son économie et de sa société car il est de plus en plus influencé par des forces extérieures, comme les flux de capitaux, de biens, de services et d'informations. Cela peut limiter sa capacité à mener des politiques publiques indépendantes et à répondre aux préférences de ses citoyens, ce qui peut à son tour avoir un impact sur la légitimité et la stabilité de l'État. | ||
= | = La mondialisation = | ||
== Qu’est-ce que la mondialisation ? == | == Qu’est-ce que la mondialisation ? == | ||
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== Qu’est-ce que la mondialisation économique ? == | == Qu’est-ce que la mondialisation économique ? == | ||
{{Article détaillé|Globalisations : circulation entre impérialisme et stratégies cosmopolites}} | {{Article détaillé|Globalisations : circulation entre impérialisme et stratégies cosmopolites}} | ||
La mondialisation économique fait référence à l'intégration croissante des économies de différents pays à travers le monde, rendue possible par la libéralisation du commerce, les investissements étrangers directs (IED), les flux de capitaux et la migration. Elle se manifeste par une augmentation du commerce international de biens et de services, une augmentation des investissements internationaux, une plus grande interdépendance économique entre pays, et une standardisation et une homogénéisation croissante des produits et des marchés. Selon Schwartz, une caractéristique clé de la mondialisation économique est une "pression globale sur les prix". Cela signifie que, en raison de l'interconnexion accrue des marchés mondiaux, il y a une tendance à l'uniformisation des prix à l'échelle mondiale. Par exemple, si les prix d'un certain bien sont plus bas dans un pays que dans un autre, les consommateurs peuvent choisir d'acheter ce bien dans le pays où il est moins cher, ce qui exercera une pression à la baisse sur les prix dans le pays où le bien est plus cher. Cela peut se produire non seulement pour les biens physiques, mais aussi pour les services et même pour les travailleurs, dans le cas de la migration ou de l'externalisation. C'est un phénomène qui peut avoir des implications importantes pour les entreprises, les consommateurs et les travailleurs. | La mondialisation économique fait référence à l'intégration croissante des économies de différents pays à travers le monde, rendue possible par la libéralisation du commerce, les investissements étrangers directs (IED), les flux de capitaux et la migration. Elle se manifeste par une augmentation du commerce international de biens et de services, une augmentation des investissements internationaux, une plus grande interdépendance économique entre pays, et une standardisation et une homogénéisation croissante des produits et des marchés. Selon Schwartz, une caractéristique clé de la mondialisation économique est une "pression globale sur les prix". Cela signifie que, en raison de l'interconnexion accrue des marchés mondiaux, il y a une tendance à l'uniformisation des prix à l'échelle mondiale. Par exemple, si les prix d'un certain bien sont plus bas dans un pays que dans un autre, les consommateurs peuvent choisir d'acheter ce bien dans le pays où il est moins cher, ce qui exercera une pression à la baisse sur les prix dans le pays où le bien est plus cher. Cela peut se produire non seulement pour les biens physiques, mais aussi pour les services et même pour les travailleurs, dans le cas de la migration ou de l'externalisation. C'est un phénomène qui peut avoir des implications importantes pour les entreprises, les consommateurs et les travailleurs. | ||
L'interdépendance économique entre les pays est caractérisée par des flux transnationaux de biens, de services, de capitaux et parfois de travailleurs. L'importance croissante du commerce international et des investissements directs étrangers signifie que les économies des différents pays sont de plus en plus interconnectées. Cependant, les flux économiques transfrontaliers sont également influencés par les politiques publiques mises en place par les gouvernements nationaux. Ces politiques peuvent réguler l'ouverture ou la fermeture de ces flux, par le biais de divers mécanismes tels que les tarifs, les quotas, les restrictions à l'immigration, les contrôles des capitaux, etc. Par exemple, un pays peut décider d'instaurer des tarifs douaniers pour protéger ses industries locales, ce qui pourrait réduire les importations de certains biens. De plus, les gouvernements peuvent également mettre en œuvre des politiques destinées à attirer les investissements étrangers, par exemple en offrant des incitations fiscales ou en créant des zones économiques spéciales. Cela signifie que, bien que l'interdépendance économique soit une caractéristique majeure de la mondialisation, elle est également influencée par les décisions politiques prises au niveau national. Ainsi, la mesure dans laquelle un pays est intégré dans l'économie mondiale dépend à la fois de facteurs économiques et politiques. | L'interdépendance économique entre les pays est en effet caractérisée par des flux transnationaux de biens, de services, de capitaux et parfois de travailleurs. L'importance croissante du commerce international et des investissements directs étrangers signifie que les économies des différents pays sont de plus en plus interconnectées. Cependant, les flux économiques transfrontaliers sont également influencés par les politiques publiques mises en place par les gouvernements nationaux. Ces politiques peuvent réguler l'ouverture ou la fermeture de ces flux, par le biais de divers mécanismes tels que les tarifs, les quotas, les restrictions à l'immigration, les contrôles des capitaux, etc. Par exemple, un pays peut décider d'instaurer des tarifs douaniers pour protéger ses industries locales, ce qui pourrait réduire les importations de certains biens. De plus, les gouvernements peuvent également mettre en œuvre des politiques destinées à attirer les investissements étrangers, par exemple en offrant des incitations fiscales ou en créant des zones économiques spéciales. Cela signifie que, bien que l'interdépendance économique soit une caractéristique majeure de la mondialisation, elle est également influencée par les décisions politiques prises au niveau national. Ainsi, la mesure dans laquelle un pays est intégré dans l'économie mondiale dépend à la fois de facteurs économiques et politiques. | ||
L'indice de mondialisation KOF est un indice élaboré par l'Institut fédéral suisse de technologie de Zurich (ETH Zurich) qui mesure le degré de mondialisation de différents pays. Il utilise une vaste gamme de données, couvrant 24 variables individuelles dans trois catégories principales : économique, sociale et politique. | L'indice de mondialisation KOF est un indice élaboré par l'Institut fédéral suisse de technologie de Zurich (ETH Zurich) qui mesure le degré de mondialisation de différents pays. Il utilise une vaste gamme de données, couvrant 24 variables individuelles dans trois catégories principales : économique, sociale et politique. | ||
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# Le nombre de traités internationaux signés (25%) : cela reflète le niveau d'engagement d'un pays envers les normes et les règles internationales. Un pays qui a signé un grand nombre de traités est considéré comme plus engagé dans le système international. | # Le nombre de traités internationaux signés (25%) : cela reflète le niveau d'engagement d'un pays envers les normes et les règles internationales. Un pays qui a signé un grand nombre de traités est considéré comme plus engagé dans le système international. | ||
Ces quatre dimensions de la mondialisation politique fournissent une vue d'ensemble de la mesure dans laquelle un pays est intégré dans le système politique mondial. | Ces quatre dimensions de la mondialisation politique fournissent une vue d'ensemble de la mesure dans laquelle un pays est intégré dans le système politique mondial.[[Fichier:Indice de globalisation politique.png|500px|vignette|centré]]L'indice KOF de mondialisation sociale se concentre sur l'intégration d'un pays dans le monde social et culturel international. Il utilise divers indicateurs, qui se répartissent comme suit : | ||
[[Fichier:Indice de globalisation politique.png|500px|vignette|centré]] | |||
L'indice KOF de mondialisation sociale se concentre sur l'intégration d'un pays dans le monde social et culturel international. Il utilise divers indicateurs, qui se répartissent comme suit : | |||
# Données de contacts personnels (33%) : Il s'agit de mesures telles que le trafic téléphonique international, le tourisme international, la population étrangère et le nombre de lettres internationales par habitant. Ces mesures reflètent le degré de communication et d'interaction entre les personnes de différents pays. | # Données de contacts personnels (33%) : Il s'agit de mesures telles que le trafic téléphonique international, le tourisme international, la population étrangère et le nombre de lettres internationales par habitant. Ces mesures reflètent le degré de communication et d'interaction entre les personnes de différents pays. | ||
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# Données de proximité culturelle (31%) : Cette mesure reflète l'adoption de certaines formes de culture de consommation mondialisées. Il s'agit notamment du nombre de restaurants McDonald's et de magasins Ikea par habitant, ainsi que la part du commerce de livres dans le PIB. | # Données de proximité culturelle (31%) : Cette mesure reflète l'adoption de certaines formes de culture de consommation mondialisées. Il s'agit notamment du nombre de restaurants McDonald's et de magasins Ikea par habitant, ainsi que la part du commerce de livres dans le PIB. | ||
En utilisant ces trois groupes d'indicateurs, l'indice KOF de mondialisation sociale donne une image du degré d'intégration d'un pays dans la communauté mondiale au-delà des dimensions purement économiques ou politiques. Il montre comment la mondialisation se manifeste dans la vie quotidienne des personnes, que ce soit par la communication, l'information ou la culture de consommation. | En utilisant ces trois groupes d'indicateurs, l'indice KOF de mondialisation sociale donne une image du degré d'intégration d'un pays dans la communauté mondiale au-delà des dimensions purement économiques ou politiques. Il montre comment la mondialisation se manifeste dans la vie quotidienne des personnes, que ce soit par la communication, l'information ou la culture de consommation.[[Fichier:Indice globalisation sociale.png|500px|vignette|centré]]L'indice KOF de la mondialisation économique se concentre sur la mesure du degré d'intégration économique d'un pays dans l'économie mondiale. Il utilise divers indicateurs, répartis en deux grandes catégories : | ||
[[Fichier:Indice globalisation sociale.png|500px|vignette|centré]] | |||
L'indice KOF de la mondialisation économique se concentre sur la mesure du degré d'intégration économique d'un pays dans l'économie mondiale. Il utilise divers indicateurs, répartis en deux grandes catégories : | |||
# Flux (50%) : Cette catégorie comprend des mesures telles que le commerce international en pourcentage du PIB, les flux d'investissements directs étrangers (IDE) en pourcentage du PIB, les stocks d'IDE en pourcentage du PIB, les investissements de portefeuille en pourcentage du PIB et les paiements de revenus aux étrangers en pourcentage du PIB. Ces indicateurs mesurent le degré de connexion et d'interdépendance d'une économie nationale avec le reste du monde. | # Flux (50%) : Cette catégorie comprend des mesures telles que le commerce international en pourcentage du PIB, les flux d'investissements directs étrangers (IDE) en pourcentage du PIB, les stocks d'IDE en pourcentage du PIB, les investissements de portefeuille en pourcentage du PIB et les paiements de revenus aux étrangers en pourcentage du PIB. Ces indicateurs mesurent le degré de connexion et d'interdépendance d'une économie nationale avec le reste du monde. | ||
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== Le | == Le trilemme de l’économie mondiale == | ||
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Dani Rodrik souligne dans son travail que l'une des façons de résoudre le trilemme de la mondialisation serait de dépasser le cadre de l'État-nation et de développer des structures supranationales de gouvernance. En d'autres termes, les États-nations pourraient transférer une partie de leur souveraineté à des institutions internationales ou supranationales afin de pouvoir réguler de manière plus efficace l'économie mondiale. Cela pourrait potentiellement permettre de concilier les trois aspects du trilemme : une économie mondialisée, la démocratie et la régulation. En effet, une gouvernance mondiale renforcée pourrait aider à encadrer la mondialisation de manière à ce qu'elle respecte davantage les principes démocratiques et sociaux. Un exemple de ce type de gouvernance supranationale est l'Union européenne, qui exerce certaines compétences auparavant dévolues aux États membres. Cependant, la mise en œuvre de ce type de gouvernance présente des défis majeurs, notamment en termes de légitimité démocratique et d'équité. Il convient également de noter que cette approche ne fait pas l'unanimité et que de nombreux acteurs et analystes sont préoccupés par les implications potentielles d'une telle dévolution de la souveraineté, en particulier en ce qui concerne l'érosion potentielle de la démocratie et de l'autonomie nationale. | Dani Rodrik souligne dans son travail que l'une des façons de résoudre le trilemme de la mondialisation serait de dépasser le cadre de l'État-nation et de développer des structures supranationales de gouvernance. En d'autres termes, les États-nations pourraient transférer une partie de leur souveraineté à des institutions internationales ou supranationales afin de pouvoir réguler de manière plus efficace l'économie mondiale. Cela pourrait potentiellement permettre de concilier les trois aspects du trilemme : une économie mondialisée, la démocratie et la régulation. En effet, une gouvernance mondiale renforcée pourrait aider à encadrer la mondialisation de manière à ce qu'elle respecte davantage les principes démocratiques et sociaux. Un exemple de ce type de gouvernance supranationale est l'Union européenne, qui exerce certaines compétences auparavant dévolues aux États membres. Cependant, la mise en œuvre de ce type de gouvernance présente des défis majeurs, notamment en termes de légitimité démocratique et d'équité. Il convient également de noter que cette approche ne fait pas l'unanimité et que de nombreux acteurs et analystes sont préoccupés par les implications potentielles d'une telle dévolution de la souveraineté, en particulier en ce qui concerne l'érosion potentielle de la démocratie et de l'autonomie nationale. | ||
= | = Gouvernance = | ||
La Commission sur la Gouvernance Mondiale a formulé une définition éloquente de la gouvernance. Elle la perçoit comme l'accumulation des différentes méthodes par lesquelles les individus et les institutions, qu'ils soient du domaine public ou privé, administrent leurs affaires collectives. Selon elle, la gouvernance est un processus constant où les divergences ou les conflits d'intérêts peuvent être harmonisés, et où des actions coopératives peuvent être engagées. | La Commission sur la Gouvernance Mondiale a formulé une définition éloquente de la gouvernance. Elle la perçoit comme l'accumulation des différentes méthodes par lesquelles les individus et les institutions, qu'ils soient du domaine public ou privé, administrent leurs affaires collectives. Selon elle, la gouvernance est un processus constant où les divergences ou les conflits d'intérêts peuvent être harmonisés, et où des actions coopératives peuvent être engagées. | ||
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De plus, dans certains cas, ces acteurs peuvent même exercer un pouvoir similaire à celui de l'État. Par exemple, certaines grandes entreprises peuvent avoir une influence économique considérable, et certaines organisations non gouvernementales peuvent avoir un impact important sur les politiques sociales et environnementales. Cela dit, bien que l'État ne soit plus le seul acteur sur la scène internationale, il reste un acteur majeur et important. Même dans un monde de plus en plus globalisé, les États conservent un pouvoir significatif en matière de politique intérieure, de défense et de politique étrangère, et ils jouent un rôle crucial dans la formation et la mise en œuvre de la gouvernance mondiale. | De plus, dans certains cas, ces acteurs peuvent même exercer un pouvoir similaire à celui de l'État. Par exemple, certaines grandes entreprises peuvent avoir une influence économique considérable, et certaines organisations non gouvernementales peuvent avoir un impact important sur les politiques sociales et environnementales. Cela dit, bien que l'État ne soit plus le seul acteur sur la scène internationale, il reste un acteur majeur et important. Même dans un monde de plus en plus globalisé, les États conservent un pouvoir significatif en matière de politique intérieure, de défense et de politique étrangère, et ils jouent un rôle crucial dans la formation et la mise en œuvre de la gouvernance mondiale. | ||
La gouvernance moderne est beaucoup plus complexe et implique une variété d'acteurs qui dépassent le cadre traditionnel de l'État-nation. Ces acteurs peuvent influencer les politiques à différents niveaux et de différentes manières. Voici une expansion sur les types d'acteurs : | La gouvernance moderne est beaucoup plus complexe et implique une variété d'acteurs qui dépassent le cadre traditionnel de l'État-nation. Ces acteurs peuvent influencer les politiques à différents niveaux et de différentes manières. Voici une expansion sur les types d'acteurs que vous avez mentionnés : | ||
* Firmes transnationales : Ces entreprises, qui opèrent dans plusieurs pays, jouent un rôle de plus en plus important dans la gouvernance mondiale. En raison de leur taille et de leur influence économique, elles peuvent façonner les politiques par le biais du lobbying ou par des initiatives directes. Par exemple, elles peuvent promouvoir des normes de travail équitables dans leurs chaînes d'approvisionnement ou s'engager à réduire leurs émissions de carbone. | * Firmes transnationales : Ces entreprises, qui opèrent dans plusieurs pays, jouent un rôle de plus en plus important dans la gouvernance mondiale. En raison de leur taille et de leur influence économique, elles peuvent façonner les politiques par le biais du lobbying ou par des initiatives directes. Par exemple, elles peuvent promouvoir des normes de travail équitables dans leurs chaînes d'approvisionnement ou s'engager à réduire leurs émissions de carbone. | ||
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L'absence de gouvernement mondial est souvent caractérisée comme étant un état d'"anarchie" dans la théorie des relations internationales. Ce terme "anarchie" est utilisé non pas au sens courant de désordre ou de chaos, mais pour décrire un système dans lequel il n'y a pas d'autorité supérieure qui peut imposer ses décisions aux unités constitutives du système. En d'autres termes, chaque État est souverain et libre de poursuivre ses propres intérêts comme il le juge bon, sans avoir à rendre des comptes à une autorité supérieure. Les chercheurs qui adhèrent à l'école de pensée réaliste en relations internationales considèrent l'anarchie comme une caractéristique fondamentale et inévitable du système international. Selon eux, cette anarchie crée un environnement de compétition et de méfiance, dans lequel les États doivent principalement compter sur leur propre pouvoir pour assurer leur sécurité et promouvoir leurs intérêts. | L'absence de gouvernement mondial est souvent caractérisée comme étant un état d'"anarchie" dans la théorie des relations internationales. Ce terme "anarchie" est utilisé non pas au sens courant de désordre ou de chaos, mais pour décrire un système dans lequel il n'y a pas d'autorité supérieure qui peut imposer ses décisions aux unités constitutives du système. En d'autres termes, chaque État est souverain et libre de poursuivre ses propres intérêts comme il le juge bon, sans avoir à rendre des comptes à une autorité supérieure. Les chercheurs qui adhèrent à l'école de pensée réaliste en relations internationales considèrent l'anarchie comme une caractéristique fondamentale et inévitable du système international. Selon eux, cette anarchie crée un environnement de compétition et de méfiance, dans lequel les États doivent principalement compter sur leur propre pouvoir pour assurer leur sécurité et promouvoir leurs intérêts. | ||
= | = Gouvernance multiniveaux = | ||
La gouvernance multiniveaux se réfère à l'idée que l'autorité et la prise de décision sont réparties à travers plus d'un niveau de gouvernement - local, régional, national et supranational. C'est un concept souvent utilisé dans le contexte de l'Union européenne, où la prise de décision est partagée entre les différents niveaux de gouvernement. Ce concept capture l'idée que la prise de décision politique n'est pas seulement l'apanage du gouvernement national, mais implique aussi des autorités à différents niveaux. Ces niveaux peuvent varier de l'échelle locale à l'échelle globale, et inclure des entités telles que les gouvernements municipaux, les régions, les organisations non gouvernementales, les entreprises et les institutions internationales. | La gouvernance multiniveaux se réfère à l'idée que l'autorité et la prise de décision sont réparties à travers plus d'un niveau de gouvernement - local, régional, national et supranational. C'est un concept souvent utilisé dans le contexte de l'Union européenne, où la prise de décision est partagée entre les différents niveaux de gouvernement. Ce concept capture l'idée que la prise de décision politique n'est pas seulement l'apanage du gouvernement national, mais implique aussi des autorités à différents niveaux. Ces niveaux peuvent varier de l'échelle locale à l'échelle globale, et inclure des entités telles que les gouvernements municipaux, les régions, les organisations non gouvernementales, les entreprises et les institutions internationales. | ||
Dans une perspective de gouvernance multiniveaux, les problèmes politiques sont souvent perçus comme nécessitant une approche multi-acteurs et multi-niveaux. Cela peut nécessiter la coordination et la coopération entre différents niveaux de gouvernement, ainsi qu'entre le secteur public et le secteur privé. L'objectif de la gouvernance multiniveaux est de rapprocher les décisions politiques des citoyens, de renforcer la démocratie et d'augmenter l'efficacité des politiques publiques. Cependant, la mise en œuvre de la gouvernance multiniveaux peut également être un défi, car elle nécessite une coordination et une coopération étroites entre différents acteurs et niveaux de gouvernement. | Dans une perspective de gouvernance multiniveaux, les problèmes politiques sont souvent perçus comme nécessitant une approche multi-acteurs et multi-niveaux. Cela peut nécessiter la coordination et la coopération entre différents niveaux de gouvernement, ainsi qu'entre le secteur public et le secteur privé. L'objectif de la gouvernance multiniveaux est de rapprocher les décisions politiques des citoyens, de renforcer la démocratie et d'augmenter l'efficacité des politiques publiques. Cependant, la mise en œuvre de la gouvernance multiniveaux peut également être un défi, car elle nécessite une coordination et une coopération étroites entre différents acteurs et niveaux de gouvernement.[[Fichier:Gouvernance multiniveau1.png|500px|vignette|centré|sources : <ref>Kahler, Miles, and David A. Lake. Governance in a Global Economy: Political Authority in Transition. Princeton, NJ: Princeton UP, 2003</ref>]] | ||
[[Fichier:Gouvernance multiniveau1.png|500px|vignette|centré|sources : <ref>Kahler, Miles, and David A. Lake. Governance in a Global Economy: Political Authority in Transition. Princeton, NJ: Princeton UP, 2003</ref>]] | |||
L’État-nation qui se retrouve au centre de ce schéma a longtemps été l’autorité politique principale caractérisée par la souveraineté. La mondialisation va principalement engendrer des déplacements de souveraineté dans ces quatre directions : | |||
#'''déplacement vers le haut''' : on constate une augmentation de délégation d’autorité vers le haut c’est-à-dire vers les organisations internationales. La Suisse a rejoint les Nations-Unies il y a dix ans, elle a remis quelques compétences à cet organe. Si les Nations-Unies décident d’imposer des sanctions économiques à un pays, dorénavant, la Suisse participe aussi à ces sanctions et est obligée d’y participer. | |||
#'''Déplacement d’autorité vers le bas''' : déplacement à comprendre un niveau infranational, c’est-à-dire le déplacement d’une région à l’intérieur d’une Nation. | |||
#'''Latéralement''' : déplacement d’autorité en direction des acteurs qui sont véritablement transnationaux comme les firmes internationales, les organisations non gouvernementales qui privatiser des responsabilités qui étaient auparavant de type public. | |||
#'''Déplacement vers la droite''' : remise de compétences vers les régions intégrées au-delà de l’État-nation. L’économie mondiale est fortement régionalisée et intégrée. En Amérique du sud existe le Mercosur, en Europe la construction européenne a commencée avec une intégration économique forte sur laquelle s’est superposée une intégration politique. C’est à comprendre comme l’émergence de blocs économiques, politiques au niveau mondial. | |||
L’autorité est plus hétérogène que jamais avec des acteurs privés qui jouent un rôle de plus en plus important,il faut saisir le concept de gouvernance dans ce cadre-là. | |||
Caractéristique de la gouvernance multiniveaux : | |||
1) décisions politiques prises par différentes entités se situant à différents niveaux politiques. | |||
2) Il y a des influents qui sont non pas unilatéraux, mais réciproques entre ces différèrent niveaux ou les développements à un niveau ont de fortes influences à un niveau et réciproquement. | |||
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Dans le cas d’un accord international comme celui du protocole de Kyoto qui reflète les intérêts des pays, une fois mis en place, il dégage des effets contraignants au niveau des Nations. Par exemple si les États-Unis rejoignent cet accord, ils vont être contraints par cet accord international et faire des changements pour s’adapter à la législation de l’accord. | |||
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3) Il | 3) Il y a des interactions réciproques entre les niveaux, mais vont comprendre différents types de régulations et en particulier différents types de partenariats privés – publics. | ||
Ce schéma permet de saisir la diversité de types de partenariats publics – privés avec à l’extrême une régulation qui serait publique pure et à l’autre extrême de cette échelle une régulation purement privée. | |||
Une législation publique qui exclurait complètement les acteurs privés sont les décisions par exemple de la FIMNA qui est l’entité en Suisse qui supervise le secteur financier a ordonnée la transmission de données bancaires sur certains clients à des banques américaines. | |||
On voit aussi apparaitre une manière d’inclure les acteurs privés qui est ordinaire à savoir la consultation des acteurs privés dans le processus de décisions publiques. | |||
D’autres régulations s’orientent vers le rôle privé notamment le rôle que jouent les codes de conduite des firmes multinationales. Des grandes entreprises comme Nike qui produisent dans des pays asiatiques opèrent dans des pays ou l’administration centrale a très peu de ressources pour faire le monitoring des lois du travail dans ces entreprises. Les grandes entreprise pour se protéger d’éventuels scandales qui peuvent nuire à leur communication, ces codes de conduite qui sont des régulations privées de leurs activités et de leurs fournisseurs dans les pays en développement en exigeant le respect de la part des fournisseurs les clauses de ces codes de conduite. C’est une illustration de régulation privée dans l’économie mondiale. | |||
[[Fichier:Gouvernance multiniveau4.png|500px|vignette|centré]] | [[Fichier:Gouvernance multiniveau4.png|500px|vignette|centré]] | ||
La gouvernance multiniveau est | La gouvernance multiniveau est nommée ainsi, car il y a un accroissement de relations réciproques entre les niveaux. Ce schéma est un indicateur qui montre que les organisations internationales conventionnelles sont passées de 37 au début du XXème siècle à plus de 246 en 2006. On peut aussi illustrer le rôle des acteurstrans nationaux que sont d’une part les organisations non gouvernementales, il y a très forte augmentation surtout à partir de la seconde moitié du XXème siècle. | ||
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On peut voir un rôle de plus en plus important des firmes multinationales mesuré ici au niveau des filiales mères qui existent, on voit qu’elles estiment environ 700 dans les années 1980 et de l’ordre de plus de 80000 filiales mères aujourd’hui. La nouveauté est le rythme auquel les entreprises se transforment en entreprises internationales et internationalisent leurs activités par la production. | |||
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L’accroissement des blocs régionaux,des chercheurs ont essayé de montrer quels sont les domaines politiques ou les États-nations européens ont expérimenté la plus forte érosion de leur souveraineté nationale, car elle est très variée en fonction du domaine que l’on regarde | |||
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Le nombre que l’autorité reste principalement au niveau des États-nations et 5 inique que l’autorité est pleinement effectuée au niveau de l’Union européenne avec une gradation entre 1 et 5 avec moins de décisions prises au niveau national et davantage de décisions prisent au niveau supranational. | |||
Au niveau économique on voit que c’est le processus qui a été intégré en premier notamment la communauté du charbon et de l’acier de 1957, mais c’est aussi le domaine ou l’érosion de la souvenait nationale est la plus avancée. Ce qui est aussi surprendre est que la politique sociale liée à l’État providence, les politiques sociales et les interventions sur le marché du travail sont les politiques les moins intégrés au niveau européen. | |||
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Si on différencie à l’intérieur des relations internationales et de la sécurité externe et intégré d’un côté et beaucoup moins de l’autre. | |||
D’autres travaux ont montré qu’entre 1950 et aujourd’hui il y a une plus forte délégation de compétences au niveau infranational, c’est-à-dire au niveau régional. Ces tendances apparaissent dans plusieurs pays européens notamment en Espagne avec la Catalogne. | |||
Finalement, l’objet de la science politique est de rendre compte de ces relations et de ces interactions réciproquent c’est-à-dire comment un niveau influence d’autres niveaux. | |||
[[Fichier:Gouvernance multiniveau9.png|500px|vignette|centré]] | [[Fichier:Gouvernance multiniveau9.png|500px|vignette|centré]] | ||
Par exemple, lorsque la Suisse a signé l’accord de libre-échange avec l’Europe, suite à l’échec de la votation s’est constitué une conférence des gouvernements cantonaux qui renforce la coopération intercantonale, mais aussi la collaboration verticale sur des objets de politique fédérale qui ont des implications pour les cantons, ce sont par exemple les accords bilatéraux qui visent à permettre de faciliter la libre circulation des personnes et qui va avoir des conséquences au niveau de la sécurité et l’éducation. Ainsi, un échec de coopération va renforcer les relations notamment entre le gouvernement fédéral et les gouvernements cantonaux, mais aussi entre l’État fédéral et les autorités européennes à Bruxelles. | |||
= Annexes = | = Annexes = | ||
*Cours : | |||
**[[Globalisations : circulation entre impérialisme et stratégies cosmopolites]] | |||
*[http://www.un.org/fr/documents/charter/index.shtml Charte des Nations-Unies] | |||
*[http://rodrik.typepad.com/dani_rodriks_weblog/ Blog de Dani Rodrick] | |||
= Références = | = Références = |