Comptes nationaux et balance des paiements
Qu’est-ce que la position extérieure d’un pays ?
Quel est son lien avec le PIB ou l’épargne nationale ?
Quels sont les différents postes de la balance des paiements ?
Comment interpréter correctement ces différents postes ?
Rappels de comptabilité nationale
PIB et RN
Le produit intérieur brut PIB (optique de territoire):
- [1]
Le revenu national brut RNB et le revenu national RN (optique de résidence) :
Le PIB et ses composantes
PIB = somme des valeurs ajoutées de tous les biens et services produits dans le pays.
PIB et RNB: un exemple
Comme on vient de voir, le PIB et le RNB ne coïncident pas. En particulier, pour un pays débiteur (importateur net de services du capital ou du travail) le → Exemple : Irlande
Absorption et balance courante
Simplification dans le modèle: dépréciation du capital, impôts et subventions supposés négligeables --> "" est à la fois le produit national et le revenu national :
Notation condensée :
- [2]
où:
- : absorption (dépense intérieure)
- : solde balance courante (ou compte courant)
- (flux)
NB: si → déficit de la balance courante financé par un endettement net (Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle AEN ↓} )
où:
- Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle AEN \equiv avoirs\ nets\ sur\ l'étranger} (ou reste du monde, RM) [3]
- Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle AEN \equiv créances\ sur\ RM - engagements\ envers\ RM}
Epargne, déficit public et compte courant
En économie ouverte, le compte courant est la différence entre le revenu et les dépenses (ou absorption) et reflète le changement des avoirs nets sur l’étranger pendant la période = capacité de financement de l’économie.
Affectation du revenu:
- ( = épargne privée, = taxes) [4]
Combiné avec on obtient:
- [5]
En économie ouverte, l'épargne conduit soit à un accroissement du stock de capital, soit à une hausse des AEN.
Ou, comme et :
- [5']
L'excédent d'épargne privée sur I sert à financer le déficit public et le compte courant. Dit différemment, l’investissement domestique peut être financé par l’épargne ou par un déficit courant.
Déficit courant et dette extérieure nette
Implications des identités
Une économie ouverte peut épargner soit en développant son stock de capital (comme en économie fermée), soit en acquérant des avoirs extérieurs (exemple de commerce intertemporel : la NZ qui construit une nouvelle centrale hydroélectrique).
L’équation [5] est une identité comptable fondamentale, mais pas un modèle économique → gare aux interprétations abusives. Exemple: étude de cas 13.1 de KO : cas des ‘déficits jumeaux’. USA début des années 80: politique budgétaire expansive → déficit public → déficit du CC. UE dans les années 90: la réduction des déficits de l’UE - pour satisfaire les critères de Maastricht - n’a pas résulté dans un surplus du CC. Pourquoi? Parce que l’épargne privée a diminué presque autant que l’augmentation de l’épargne publique (explication possible: équivalence ricardienne). → Pas d’automatisme → Nécessité d’un modèle économique qui EXPLIQUE les liens entre les variables intervenant dans l’identité.
La balance des paiements
Principes généraux
Toute transaction internationale est enregistrée dans la balance des paiements.
Toute transaction qui conduit à une recette de devises de l’étranger (exportations de biens ou d’actifs) est comptabilisée avec un signe positif indiquant un crédit (+)
- →offre de monnaie étrangère (ou demande de monnaie nationale).
Toute transaction qui conduit à un paiement en devises à l’étranger (importation de biens ou importation d’actifs) est comptabilisée avec un signe négatif indiquant un débit (-)
- →demande de monnaie étrangère (ou offre de monnaie nationale).
- →Si est la Suisse, toute opération conduisant à une demande (offre) de CHF est enregistrée comme un crédit (débit).
Types de transactions
Deux sortes de transactions (mais trois comptes!) :
Achat ou vente de biens et services. Transactions enregistrées dans le compte courant (CC). Un achat d’importation d’un résident en donne lieu à un débit du CC de (et un crédit du CC de ), car paiement en devises en contrepartie.
Achat ou vente d’actifs. Transactions enregistrées dans le compte financier (CF) ou dans le compte capital (CK). Par exemple un résident de H achète des actions d’une entreprise de (augmentation des actifs étrangers détenus par des résidents de ). Il y a débit du CF de car il y a demande de devises et crédit dans le CF de .
Balance des paiements: structure simplifiée
Interprétation : CC indique la capacité de financement nette de l’économie par rapport au RDM (par ex. un excédent de 100), et CK,CF indiquent comment cette capacité se matérialise (par ex. une réduction de dette de 20 = ↘ d’actifs nationaux détenus par RDM et une hausse de créance de 80 = ↗ d’actifs étrangers détenus par les résidents) => la balance des paiements est toujours en équilibre.
Le principe de double écriture
Chaque transaction internationale entre automatiquement deux fois dans la BP, une fois comme débit, une fois comme crédit ( à nouveau, la balance des paiements est toujours en équilibre)
Ex. 1: L’entreprise PRECISA de Genève vend des boîtiers de montre à son client français ARTHUS de Besançon. ARTHUS s’acquitte de son paiement:
- (i) en liquidant sa position de bons de caisse à la BCG.
- (ii) en tirant un chèque sur son compte du CA de Belfort. PRECISA en profite pour augmenter les titres français qu’elle détient déjà auprès du CA.
Ex. 2 : La fiduciaire BONCOMPTE de Genève importe du matériel informatique produit par l’entreprise OLIVETTO de Turin. Elle s’en acquitte:
- (i) en vendant toutes ses actions FIAT déposées dans le Banco M de Turin.
- (ii) en obtenant un prêt auprès du Banco M de Turin.
Balance des paiements : Décomposition
La balance commerciale (revenus du travail et des capitaux)
Débit : Les revenus du travail et des capitaux versés à l’étranger
Crédit : Les revenus du travail et des capitaux reçus de l’étranger
Balance des revenus de facteurs : détails
Revenus du travail:
- rémunérations versées aux frontaliers étrangers travaillant en Suisse;
- salaires que reçoivent les personnes au services des organisations internationales en Suisse.
Revenus des capitaux:
- revenus des titres (actions, obligations);
- revenus des investissements directs;
- revenus des placements de la Banque Nationale et de la Confédération.
Balance des transferts courants
Débit : Les paiements sans contrepartie versés à l’étranger
Crédit : Les paiements sans contrepartie reçus de l’étranger
Balance des transferts courants : détails
Transferts courants du secteur privé:
- transferts des émigrants suisses;
- transferts des institutions d’assurances étrangères;
- transferts des immigrés étrangers.
Transferts courants du secteur public:
- cotisations aux assurances sociales par des Suisses de l’étranger;
- recettes de l’Etat de l’impôt à la source;
- prestations des assurances sociales versées à l’étranger;
- contribution à des organisations internationales.
Balance des opérations en capital
Débit : Les paiements liés aux mouvements des capitaux du pays vers l’étranger (achat d’un titre étranger)
Crédit : Les paiements liés aux mouvements des capitaux de l’étranger vers le pays (vente d’un titre domestique)
Compte Capital (CK) = toute opération sur actifs non répertoriée dans le CF
Compte Financier (CF) = opérations privées, (CFp) et réserves officielles (ou « avoirs de réserve », RES)
== Balance des opérations en capital ==
Résumé
La position extérieure d’un pays est fréquemment mesurée par le solde du compte courant (CC) ou par celui de la balance de base (BB)
En termes d’aggrégats macroéconomiques, CC est égal à la différence entre le revenu national brut et l’absorption (ou dépense intérieure)
CC découle du solde de la balance commerciale et de celui de la balance des revenus de facteurs. Il reflète la capacité (ou le besoin) de financement externe du pays considéré.
Les différents postes du compte capital (CK) et du compte financier (CF) indiquent la matérialisation de cette capacité de financement en termes de variation des actifs détenus.
Le solde de la BB indique la capacité de la Banque Centrale à honorer ses engagements en régime de changes fixes
Les déséquilibres extérieurs se sont fortement accrus depuis 2001.