Le CICR et les limites de l’action humanitaire pendant la Deuxième guerre mondiale

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Le CICR et les limites de l’action humanitaire pendant la Deuxième guerre mondiale
Faculté Faculté des Lettres
Département Département d’histoire générale
Professeur(s) Matthias Schulz
Cours Sociétés et acteurs non-gouvernementaux en relations internationales

Lectures


La génération de la Première guerre mondiale, la génération qui a vécue la Première guerre mondiale s’habitue à un niveau de violence politique qu’on ne peut plus imaginer aujourd’hui. Cette génération s’habitue aussi à la haine de l’autre, cela devient une mentalité relativement généralisée de cette génération de la Première guerre mondiale. Le contexte d’après-guerre n’est pas très favorable à la coopération entre sociétés. L’ex-premier ministre italien, c’est-à-dire de la démocratie italienne encore, Francesco Nitti, il l’articule sous la forme de sons ouvrage L’Europa sanza pace, c’est-à-dire que l’Europe à la fin de la Première guerre mondiale et avec la conclusion des traités de paix est un continent sans paix. Donc, il critique de manière très claire l’ordre établie en 1919 et 1920.

L’Europe est frappé par l’introduction des passeports et une stricte réglementions des voyages transfrontaliers, elle est frappée par le problème des minorités nationales, notamment en Europe est-centrale, elle est déstabilisée politiquement par plusieurs politiques révisionnistes la plus importante est peut-être la politique révisionniste allemande. Mais, il y aussi une politique révisionniste hongroise parce que trois millions de hongrois vivent en dehors du territoire national Disons aussi que les allemands avaient certaines raisons pour être révisionnistes parce qu’il y avait a peu près dix millions d’allemands qui vivaient en dehors du territoire national. L’Autriche était aussi révisionniste bien que c’était un révisionnisme beaucoup moins prononcé et avec beaucoup moins de possibilités aussi de s’exprimer. Un révisionnisme aussi italien, l’Italie était une puissance gagnante à la fin de la Première guerre mondiale mais n’obtenait pas tout ce qu’elle voulait et notamment sous Mussolini et développait des tendances carrément révisionnistes. On parle aussi, Raymond Poindevin le fait et Pierre Renouvin le fait, donc des historiens français, un révisionnisme français pare que pour le gouvernement français, les élites politiques françaises, la paix n’était pas suffisamment dure contre l’Allemagne. Et bien entendu, il y avait aussi un révisionnisme soviétique d’abord parce que la Russie avait perdue la guerre contre l’Allemagne et puis parce que l’Union soviétique avait perdue la guerre qui s’en suivait contre la Pologne, elle avait perdue le contrôle de vastes territoires, les États baltes se sont créé, elle avait perdu la Finlande, elle avait perdue des grandes parties de la Pologne du au développement de la Première guerre mondiale. Ajouté à cela un chauvinisme national très rependu comme mentalité.

Le protectionnisme nationaliste, le protectionnisme commercial était massif dans l’entre-deux-guerres, c’est-à-dire en partie les États ne voulaient pas stopper les pratiques protectionnistes qu’ils avaient développée dans la première guerre mondiale, en partie il s’ajoutait d’autres nouvelles pratiques protectionnistes et c’est notamment dû à la multiplication des États, chaque nouvel État établissait de nouvelles frontières et avec cela de nouvelles frontières commerciales.

La mondialisation économique de l‘avant-guerre s’est carrément effondré dans les années de la Grande dépression entre 1929 à 1939. Ajouté à cela et en partie en parallèle se sont répandu les dictatures, les dictatures autoritaires et les dictatures totalitaires. Cela dit, William Rappard, le diplomate suisso-amércain qui était délégué suisse auprès de la Société des Nations, membre de la commission des mandats, avait écrit en 1925 dans un ouvrage qu’il y a eu en Europe après la fin de la Première guerre mondiale une victoire de la démocratie. Cela est très important, presque partout à l’exception de l’Union soviétique, il y a eu des démocraties. Or, en 1938, il y a eu presque partout des dictatures. Cela veut dire 16 dictatures qui existait en Europe et 7 démocraties.

Des démocraties, c’étaient, l’Angleterre, la Suisse, la France, les pays Benelux et quelques pays scandinaves. Tout le reste, Espagne, Portugal, Italie, les États balkaniques, l’Europe est-centrale, la Pologne, les États baltes et l’Allemagne était des dictatures. Donc, il y a eu un bouleversement du système politique en Europe dans cette période. Les dictatures en générale pratiquaient différentes formes de persécution contre les opposants politiques. Donc, évidemment, il y a eu des variations mais la persécution était présente partout dans les dictatures et il y a des formes de censures, des suppressions de l’opinion des autres.

Ajouté à cela, il y a eu un antisémitisme radicalisé qui trouvait ses racines peut être autour de Vienne déjà à la fin du XIXème siècle mais qui s’est transplanté d’une manière ou d’une autre en Allemagne et qui connaissait un essor important dû à la prise de pouvoir de Hitler et de la mise en place de la dictature nazie en Allemagne.

Cela dit, l’antisémitisme radicalisé n’était pas uniquement existant en Allemane il y avait aussi des pogromes en Pologne ou en Union soviétique par exemple aux premières décennies du XXème siècle. L’antisémitisme et Hitler et de son entourage était particulièrement radical et en rupture avec l’antisémitisme traditionnel parce qu’il était voient visait en fin de compte à l’extermination des juifs.

Comment l’internationalisme se positionne dans cet environnement ? D’abord, il faut souligner que l’internationalisme avant 1914 était basé un peu sur les valeurs européennes communes qui ont été renforcées par les révolutions dans le secteur des communications mais aussi la lente démocratisation progressive des sociétés européennes. En revanche, l’internationalisme avant 1914 était affaibli par le nationalisme et par l’impérialisme des grandes puissances.

Alors l’internationalisme à parti des années 1920 et 1930 était confronté surtout avec le sort des dictatures autoritaires et totalitaires notamment en Union soviétique et en Allemagne et des système autoritaires en Italie, en Espagne mais aussi au Japon par exemple.

Le défi du totalitarisme

Donc, comment est-ce que l’internationalisme se positionnait ? Alors d’abord on sait que la société civile peut s’organiser librement dans des systèmes politiques qui permettent la libre organisation de la société civile. Des dictatures, traditionnellement, empêchent l’organisation libre de la société civile. Alors, dans les dictatures que l’on appelle totalitaire, le problème est particulièrement brulant.

L’ouverture de la Deuxième guerre mondiale à partir de 1931 en Asie et dès 1938 en Europe a fait sombrer le monde entier dans la terreur d’un conflit déchaîné aux conséquences humanitaires incommensurablement dévastatrices, mettant l’internationalisme et les mouvements plaidoyers transnationaux devant leur plus grand défi, celui du totalitarisme de guerre.

Qu’est-ce que le totalitarisme ? Le totalitarisme vise à la destruction de l’ordre démocratique et constitutionnel au profit d’une dictature, il centralise le pouvoir. Mais, ajouté à cela, il aboli de manière générale les droits civils et politique, il produit des réfugiés, tous ceux qui sont opposés ou visés par le régime malgré eux parfois sont tenté de chercher du refuge ailleurs. Ce qui est particulier, ce qui distingue le totalitarisme des dictatures traditionnalistes ou autoritaires c’est la volonté d’octroyer un seule idéologie politique et de pénétrer avec cette idéologie toutes les couches de la société et toutes les dimensions de la société. Ajouté à cela, en tant qu’instrument, la dictature totalitaire utilise divers instruments de répression politique dirigés contre les ennemis intérieur et toute opposition politique. En URSS, on peut parler d’un totalitarisme économique, politique et culturel. La position de l’idéologie communiste s’ajoute à la volonté d’expansion de cette idéologie sur le plan international. Parmi les instruments figurait par exemple la police politique puis le KGB et le système du goulag donc de l’organisation du travail forcé, l’industrialisation forcée mais aussi des purges. Il y a eu des purges massives en Union soviétique, on parle de 30 millions de morts pour toute l’histoire du communisme soviétique.

La centralisation extrême des Etats totalitaires fascistes, mais aussi du système soviétique sous la dictature de Joseph Staline, ne laissait échapper rien ni personne au contrôle et au pouvoir de l’Etat. Ce dernier était de surcroît poussé à bout par la lutte totale et acharnée menée contre l’ennemi idéologique : la marge de manœuvre et l’autonomie des associations privées se retrouvaient extrêmement réduites. L’imperméabilité des frontières et des lignes de front entre les puissances de l’Axe et celles de la Grande Alliance compromettait davantage l’action des ONG transnationales.

Un autre instrument sur le plan économique d’imposer l’idéologie est sa traduction en terme économique et le communisme se traduit économiquement moyennant l’expropriation des personnes privées et de la collectivisation et ou de la nationalisation des moyens de production. Ajouté à cela, notamment sous Staline au court des années 1930, l’Union soviétique poursuive une politique d’industrialisation forcée moyennant les goulags, c’est-à-dire les camps de travail forcé. Tous les paysans qui refusent l’expropriation de leurs terres sont envoyés au goulag s’ils ne sont pas tués. Au goulag, parfois, ils trouvent la mort.

Mais c’est aussi dans le domaine culturel que le totalitarisme veut s’imposer. Dans le cadre de l’Union soviétique, c’est par le biais de l’imposition du réalisme socialiste par les arts, par le biais de l’interdiction des livres considérés comme non conforme à l’idéologie communisme, par l’introduction bien entendu de la censure. On peut évidemment approfondir ces aspects et en parler pendants des heures et des cours entiers.

En Allemagne nazi, c’est l’idéologie nazi qui s’impose ou qui est imposé par le gouvernement. On peut parler d’un totalitarisme politique, racial et culturel. Donc, ce n’est pas un totalitarisme économique, en fait, le capitalisme persiste bien qu’il y a eu des interventions aussi dans le domaine économique notamment au niveau de l’organisation de la coopération entre les associations du patronna et les syndicats. Il y a en fait de associations qui sont fusionnés par branche dans le système nazi, des associations de représentants du patronna et des travailleurs qui sont fusionnés par branche et cela fait parti aussi de la synchronisation et de la mise au pas des différents segments de la société mais le capitalisme en tant que tel ne disparait par en Allemagne nazi.

En Allemagne, le gouvernement nazi arrivé au pouvoir en 1933 a graduellement détruit l’ordre démocratique et l’état de droit établi par la République dite de Weimar, sous l’égide de la « défense contre l’ennemi intérieur », du rétablissement de l’ordre et de l’accomplissement de la soi-disante destinée de la race allemande telle que décrite dans le Weltanschauung d’Adolf Hitler. Par la suite, la nature fédérale de l’Etat allemand a été détruite et remplacée par un Etat unitaire et centralisé, agrandi par l’annexion de l’Autriche et d’autres territoires germaniques allogènes.

S’en est suivi la mise au pas de toutes les organisations importantes pour culminer à une unité idéologique conforme et à une centralisation totale du pouvoir, ce qui a frappé les institutions étatiques, dont le gouvernement et l’armée, les églises, la presse, mais aussi les organisations syndicales et la Croix Rouge allemande. L’aliénation de l’autonomie des associations privées de l’Etat a aboutit à l’élimination des libertés civiles : ces dernières ont été abolies par trois étapes :

  • à commencer par l’incendie du Reichstag en février 1933, suivi de la mise en suspens des libertés politiques et la persécution de millions de communistes ;
  • l’exclusion des juifs et d’autres minorités de leur fonction publique, suivie par leur dénationalisation, expropriation des biens et persécution dès le moi d’avril 1933 ;
  • l’envoi de millions d’Allemands considérés comme non-ariens dans des camps de concentration et leur persécution continue entérinée par les lois raciales de 1935, qui a vu la suppression de tous les partis politiques autre que le NSDAP.

Donc, au niveau politique c’est la politique de synchronisation ou de mise au pas des institutions et ce de toutes les institutions, institutives, judicatives, législatives mais aussi des associations économiques déjà entame des syndicats et des patronna et des associations privées comme par exemple la Croix Rouge allemande qui est mise au pas parce qu’un nazi on place un non nazi à la tête de la Croix Rouge allemande et cela est un élément très important pour la suite.

Parmi les instruments de la mise au pas figure la police politique, la persécution de l’opposition politique, la mise en place des camps de concentration, un peu au style de goulag mais pas encore avec du travail forcé systématique au départ mais cela se développe rapidement. À partir de 1933, à partir du mois de février et mars donc, six semaines après la prise du pouvoir de Hitler, le système concentrationnaire se met en place et les opposants politiques y sont envoyés.

Les droits civils et politiques sont suspendus par le parlement dominé par le parti nazi et quelques partis conservateurs qui collaboraient avec eux au départ. Déjà en mars 1933, un système s’étendra par la suite parce que la suspension est indéterminée. Des parties politiques autre que le parti nazi sont interdit au cours de l’année 1933. Donc, le parti nazi forme un système politique forme un système politique basé sur un parti politique unique. Des purges sont organisées, par exemple a SA qui avait cependant aidé Hitler a arriver au pouvoir et purgé dans ce qu’on appel la Nuit des long couteaux en été 1934. On dire que c’est à cause de certaines connaissances sur Hitler acquises pendant la Première guerre mondiale qu’une partie de ces camarades la Première guerre mondiale qui faisaient membre de la SA était tué. Pour le professeur Schulz, cela reste de la spéculation, on parle des tendances sexuelles de Hitler mais cela reste dans la spéculation. Il y a des recherches approfondies déjà là-dessus mais il n’a pas lu ces ouvrages, donc il ne va pas s’aventurer dans des spéculations.

Et, alors, au niveau politique, une politique nationaliste révisionniste mise en place qui se radicalise. L’incitation à la haine notamment envers les juifs est mobilisée par la parti nazi et l’expansionnisme est préparé par le réarmement notamment. Donc, Hitler prépare consciemment la guerre. Le totalitarisme du nazisme est aussi racial et surtout antisémite parce que dès le départ à partir d’avril 1933 des lois antisémites et à partir de 1935 des lois raciales sont adoptées. Le service public est purgé et en 1938 il y a eu un grand pogrome entre les magasins juifs en Allemagne. Ce pogrome est un symbole seulement d’une guerre économique très vaste organisée contre la population juive, une guerre économique et culturelle. Il y a eu des expropriations forcées, les juifs sont mis sous pression pour vendre à une valeur beaucoup inférieure de la valeur réelle leurs biens et ils sont systématiquement appauvris et ainsi déshumanisés.

À partir e 1940 un système de ghettos est établie en Pologne occupée par les nazis et à partir de 1941 et 1942, un système de camp d’extermination se met en place et la Shoa commence. À la fin de la guerre, il y avait environ 1000 camps de concentrations en Europe dont 8 camps d’extermination. Cela est le système nazi qui a été établie en fin de compte par un État dans l’État, à savoir l’organisation de la SS qui à la fin du nazisme est devenu l’institution prépondérante dans le système. On peut dire les plus criminels nazis ont été membre de l’organisation de la SS et les plus criminels des criminels sont devenus les plus puissants à la fin du régime nazi.

Sur le plan culturel, il y a eu la tentative d’imposition d’un art germanique diffamant d’autres styles. Il y a eu aussi des autodafé, c’est-à-dire que des livres ont été brulés publiquement, des livres ont été prohibés et il y avait de la censure donc pas de presse.

Le problème de la mise en place d’un système de non droit est pour la population que si on sent que quelqu’un est blessé dans ses droits, par un organe public, on ne sait pas à qui on peut se tourner. La synchronisation, la mise au pas des institutions veut dire que la police est synchronisée, le système judicaire est synchronisé, on met en place des nazis au pouvoir de ces institutions, donc on ne sait pas à qui on peut s’adresser si on a le sentiment que son concitoyen est blessés dans ses droits.

Le régime totalitaire ainsi créé menait à la négation de la liberté de l’individu et de la dignité humaine au sens large, mais aussi de la société civile, fondement même des mouvements organisés. Ainsi, les associations nationalisées s’associaient de plus en plus à l’idéologie nazie et adhéraient à leur programme raciste et eugénique :

La Deutsches Rotes Kreuz, s’éloignait de plus en plus des valeurs du mouvement de la Croix Rouge en adhérant au programme nazi. La DRK avait participé au programme d’euthanasie d’handicapés et menait des expérimentations inhumaines sur les captifs de camps de concentration nazis. Pendant ce temps, le CICR, gardien des Conventions et des valeurs de Genève, restait passif.

Le système nazi continuait à se radicaliser au fur et à mesure que le contrôle de l’Etat est passé des mains du NSDAP, qui rassemblait essentiellement l’élite intellectuelle, économique, politique et militaire du pays, vers la SS, un ordre criminel au sein de l’Etat composé d’extrémistes et de fanatiques sous l’égide du ReichsführerHimmler : dans les conditions de la centralisation et de la verticalité du pouvoir, cela culminait à rendre toute l’administration et tout l’appareil d’Etat tout aussi fanatique que la SS elle-même. Cette dernière était d’ailleurs responsable de tout le régime des camps de concentration et du travail forcé, du système du ghetto et des camps d’extermination dans l’Europe de l’Est occupée.

En Union Soviétique, le système les camps de détention de masses était bel et bien différents, tant dans leurs formes et leur histoire que dans leurs buts et leurs moyens. Au fur des années, le système des camps de travail forcé pour des prisonniers politiques, ou goulags, était une pratique qui s’est développée graduellement devenant à terme une réalité établie et allant de soi.

Dans les périodes de crise, comme à la suite de la Guerre civile et au moment de la crise des répression suite à la campagne anti-trotskiste de 1937, des millions d’individus au « statut spécial » présentant des « caractéristiques indésirables », étiquetées ainsi par des commissaires du peuple soucieux de prouver leur fidélité irréprochable au Parti et au vozhd’, se retrouvaient arrêtées et mises en détention après un procès sommaire et sans possibilité de faire appel.

Les campagnes d’arrestations sans mandat, suivies parfois par la mise à mort directe, devenait le fait d’une véritable compétition nationale et échappait entièrement au contrôle du judiciaire. Les détenus n’avaient aucune capacité, de droit ou de fait, de résister à leur sort, vu que la société civile soviétique était entièrement contrôlée et que toute opposition résiduelle se trouvait justement parmi les détenus, d’où l’intérêt même des goulags et la passivité du gouvernement face aux atrocités que subissait plus d’un million de citoyens soviétiques face à l’arbitraire du NKVD et du GPU.

Ces personnes étaient alors envoyées en tant que main d’œuvre gratuite pour alimenter des projets de construction gigantesques et périlleux tel que la construction du BelMorKanal ou de l’Autoroute Iakutsk Magadan, surnommée « Route des os » en mémoire des milliers de personnes qui ont périt lors de sa construction.

Pendant la Grande Guerre patriotique, le conflit le plus total dans l’histoire martiale, des millions de prisonniers allemands, roumains, italiens, japonais et autres étaient capturés par l’Armée Rouge et transférés vers des camps de travail. L’URSS n’avait pas signé la Convention de Genève de 1929 relative au traitement des prisonniers de guerre et ne procurait aux détenus qu’un niveau très basique de protections, tels que garantis par les Conventions de La Haye. Néanmoins, leur traitement était considérablement meilleur que celui des prisonniers soviétiques dans les camps des pays de l’axe, où leur statut de Untermensch leur valait un traitement plus qu’inhumain : ceux-là constituaient une majorité des captifs des camps allemands, des milliers de soldats n’ont d’ailleurs jamais vu un camp de guerre et se faisaient fusillé sur place.

Un grand nombre de prisonniers des armées fascistes étaient restés en URSS après la fin de la guerre et continuaient à purger leur peine dans des conditions plus que précaires jusque dans les 1950, une situation humanitaire déplorée par la société internationale, bien que modérée par la portée des atrocités commises par les militaires en question et le prestige moral dont faisait pleinement usage la superpuissance soviétique en tant que victime de l’agression nazie et libératrice d’Europe.

Le rôle du CICR

Face à ce système de détention, voir d’extermination de masse, le CICR était en grande difficulté. Néanmoins, le Comité réussira à faire valoir tant bien que mal les protections des Conventions de Genève, notamment en ce qui concerne les PDG. Cependant, l’absence d’une Convention protégeant spécifiquement les civils lors des conflits armés, malgré l’incitation du CICR dans les années précédant la guerre, se fera douloureusement sentir.

Avant la guerre, il n'y avait que quelques dispositions abordant de très loin la protection des civils en temps de guerre, notamment des règles sur la distinction et l’immunité d’objets civils « non défendus » (Art. 25 Règlement de La Haye) et quelques protections générales de civils adverses en dehors des hostilités, uniquement dans le cadre de territoires occupés. La détention et la déportation de civils n’étaient pratiquement pas couvertes.

Le but du CICR était d’aboutir à une Convention qui préviendrait des situations humanitaires désastreuses dans le traitement de civils lors de guerres futures, notamment en réglementant l’internement et la détention de civils adverses. Un projet était élaboré et discuté à la Conférence de Tokyo en 1934, mais n’a pas donné de résultats.

À partir de 1935, le CICR commence à intervenir dans des camps de concentration en Allemagne, avant tout des opposants politiques et, dans une moindre mesure, de minorités ethniques et religieuses. Le but du CICR était de protéger les internés, moyennant visites et plaidoyers aux autorités. Néanmoins, les effets de ces visites n’étaient que très limitées, vu que celles-ci étaient planifiées par les nazis et ne visaient qu’à légitimer le Reich par le constat de l’organisation neutre que les conditions des détenus étaient en ordre.

Une autre activité du CICR était l’aide à l’émigration de personnes persécutées, bien que le programme n’a eut que des effets très limités. La campagne d’aide à l’immigration était pourtant soutenue par la Commission en faveur de l’immigration en Allemagne à l’initiative du Président des Etats-Unis Franklin D. Roosevelt.

Lorsque la Deuxième Guerre mondiale a éclaté, notamment suite à l’agression allemande contre la Pologne, le CICR s’est concentré sur ses tâches traditionnelles pour lesquelles un cadre conventionnel existait déjà, c'est-à-dire sur la protection des prisonniers de guerre. Plus de 3'700 personnes travaillaient à la tâche à Genève : 40 millions de fichiers ont été établis sur les détenus et près de 100 millions de plis et 33 millions de colis avec 400'000 tonnes de denrées ont été envoyés pendant la guerre aux prisonniers de l’Axe tout comme aux prisonniers Alliés occidentaux, les Soviétiques n’ayant droit à aucun contact avec l’extérieur, pas plus qu’à personnalité juridique ou à quelconque protection conventionnelle ou coutumière : une grande partie d’entre eux étaient systématiquement exterminés sur place dans le cadre de la guerre idéologique menée par le Reich allemand.

Le CICR et le Comité mixte allemand s’engageaient notamment dans le domaine de l’aide spirituelle et intellectuelle des prisonniers : plus qu’un million de livres, 15'000 partitions de musique, 2 millions d’objets en tout genre pour des artisans et artistes ont été envoyés.

La Convention de 1925 prohibant l’utilisation de gaz asphyxiants négociée par le CICR était un succès qui s’est avéré tout à fait salutaire, puisque les armes chimiques n’ont pas été utilisés durant le conflit. L’autre grand succès du CICR a été la Convention relative au traitement des prisonniers de guerre, qui a permis de combler les lacunes désastreuses de l’époque de la Première Guerre mondiale en étendant le régime de protection pour les PDG (bien que la Convention n’a été appliquée que dans le Front occidental, qui ne constituait que moins de 20 % des combats de la guerre).

Les obstacles à l’action humanitaire de la Croix Rouge étaient pourtant nombreux. En particulier, la non application de la troisième Convention de Genève sur le front de l’Est se faisait sentir : la guerre idéologique que menaient les deux superpuissances militaires donnaient souvent lieu à des représailles dévastatrices pour le traitement des prisonniers de guerre, surtout du côté des puissances de l’Axe.

De plus, les interdictions du Droit de la Haye et les protections en faveur des civils, si vagues soit-elles, étaient violées de tous les côtés : l’extermination de plus de 20 millions de civils en Pologne et dans l’Union Soviétique occupée par les nazis, les représailles par l’Armée Rouge en Europe de l’Est, mais aussi la campagne du bombardement brutal et indiscriminé des Alliés anglo-saxons qui a emmené des millions de vies humaines, notamment en France, dans le Benelux, mais aussi et surtout en Allemagne au Japon.

Il faut constater que la guerre menée par le Troisième Reich avait deux visages : le premier s’adresser à l’Ouest, avec une adhérence relative aux lois et coutumes de la guerre et une certaine retenue dans la portée des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, et l’autre qui se tournait à l’Est, ou les nazis perpétraient des exactions incommensurablement inhumaines et infiniment cruelles en violant systématiquement tous les droits et les obligations du droit de la guerre.

Cette dichotomie était due à l’idéologie raciale nazie qui posait avançait que les « races » anglo-saxonnes ou latines n’étaient pas inférieures à la « race » arienne, alors que les personnes d’autres « races », comme les Slaves ou les Juifs, étaient considérés comme inférieurs, des sous-hommes parasitaires et détestables qui entraveraient le développement de la race maîtresse : il était un devoir moral de tout Allemand d’oeuvrer pour l’extermination des races « inférieures » et l’annexion des terres orientales pour doter l’Allemagne du Lebensraum qui lui advient.

Pour le CICR, la non application de la Convention de 1929 à une partie majeure des détenus était une difficulté de taille. Les tentatives du CICR de convaincre les belligérants de s’accorder à respecter la Convention ont été vaines, les deux parties exigeant la réciprocité pour la respecter.

Entre novembre 1943 et mai 1945, le CICR avait aussi commencé une action en faveur des détenus civils dans les camps de concentration, qui étaient soit des nationaux considérés comme ennemis politiques, soit des civils provenant des territoires occupés (dont des millions de juifs, de slaves, de tsiganes, et bien d’autre).

Les autorités nazies étaient plus que réticentes à donner accès aux délégués du CICR vers les camps de concentration : il leur été demandé de connaître le nom et l’emplacement des détenus pour entrer en contact avec eux. Néanmoins, le CICR est parvenu à envoyer plus de 750'000 aux civils captifs dans les innombrables camps de concentration dispersés à travers l’Europe occupée, contenant des millions de personnes surexploitées, déshumanisées et affamées. Les associations de la Croix Rouge d’autres Etats neutres s’engageaient également pour la cause, notamment l’association de la Croix Rouge suédoise.

L’absence quasi-totale de protections pour les millions de civils dans l’Europe occupée préoccupait le CICR, qui a tenté à plusieurs reprises de faire respecter les dispositions du projet de Tokyo de 1934 : une sorte de gentlemen’s agreement avait été conclue en 1940, mais suite à la défaite de la France et à l’occupation de tout Etat offrant une résistance à l’Allemagne sur le continent, le CICR s’est retrouvé dans l’incapacité à faire valoir l’accord.

Toutes les dispositions de la future Convention ont été violées, des millions de personnes ont été contraint au travail forcé (jusqu’à 7 millions de personnes), dépossédé de leurs biens, persécutés, opprimés, ou encore déporté et interné dans des camps de concentration ou d’extermination : jusqu’à 8 millions de personnes ont été tués à la chaîne dans le cadre de l’industrie de la mort créée par les SS.

Le traitement insondable et infiniment cruel qu’ont subit des millions de personnes sous l’oppression des nazis mettait le CICR dans une position difficile. Faisant pratiquement seul face au désastre humanitaire, le Comité s’est résolu à poursuivre autant que possible ses traditions et son mandat et oeuvrait avec une efficacité décuplée à soutenir et protéger les prisonniers, les blessés et les malades de guerre (là où les Etats respectaient les Conventions).

En ce qui concerne l’environnement de l’action du CICR, celui-ci souffrait du manque de réciprocité dans les rapports de force, qui étaient dominés par l’Axe dans les premières années de la guerre. Le Comité était également lié par la neutralité absolue que maintenait l’Etat suisse : tout comme les Etats neutres, le CICR se voyait contraint de fermer les yeux sur les exactions des nazis, voir de leur rendre service pour ne pas attirer leur courroux.

Malgré le caractère secret des programmes des camps d’extermination, le CICR disposait de nombreuses informations sur les massacres à échelle industrielle instrumentalisés par les SS en Europe de l’Est, notamment à travers des réfugiés et des fugitifs. Exposé devant l’atrocité de la shoah, le CICR, alors dirigé par l’éminent juriste suisse Max Huber, maintenait malgré tout sa politique de neutralité et de impartialité traditionnelles.

Il a été avancé que l’unité du mouvement de la Croix Rouge devait être maintenue et qu’il était de toute façon inutile de prendre position ou d’agir sur la question, voir contre-productif, puisque cela pouvait remettre en cause son action humanitaire relative aux prisonniers de guerre. L’idée d’un appel à la protection de la population civile a été discuté par le Comité, mais a fini par être exclu puisque cela pouvait être perçu comme une attaque contre le Reich, ce qui compromettrait davantage le Comité dans son œuvre humanitaire et allait à l’encontre de la position du gouvernement suisse.

Cependant, la situation a commencé à changer avec la victoire des Alliés à Stalingrad qui annonçait le début de la fin du nazisme et plus particulièrement suivant le Débarquement de Normandie concomitant à la grande poussée de l’Armée Soviétique vers l’Ouest dans le cadre du Plan Bagration. C’est en hiver 1944, alors que les troupes alliées avaient libéré une grande partie de l’Europe occupée et commençait déjà son invasion dans le territoire allemand, que le CICR a intensifié ses efforts en faveurs des internés dans les camps de concentration avec l’appui des Alliés.

C’est dans les derniers mois de la guerre que le CICR lancera sa campagne d’aide en faveur des détenus des camps de concentrations et des fabriques esclavagistes allemandes. Notamment, en mars 1945, le commandant du RSHA et sous-responsable du système concentrationnaire Kaltenbrunner avait négocier un accord avec le CICR donnant un accès permanent aux délégués du Comité vers certains camps.

Le CICR face à la Deuxième guerre mondiale

Donc, la problématique générale qui se pose pendant la Deuxième guerre mondiale pour le CICR est comment il peut agir en tant qu’acteur humanitaire en face de ces États totalitaires qui violent systématiquement les droits humains, qui établissent des systèmes de non droit plus ou moins au moins contre certaines couches de la population, pour certaines couches de la population c’était un système de non droit. Et comment préserver le droit humanitaire en guerre face à ces totalitarismes. Cela est la problématique.

Il y a la Ligue des associations nationales, des associations nationales eux-mêmes autonomes, le CICR et rattaché à ce mouvement et le soutenant sont les États membres des conventions de Genève puisque la convention pour les militaires blessés en guerre de campagne, la convention pour la guerre maritime et à partir de 1929 la convention ou le code en faveur des prisonniers de guerre, trois conventions.

Le projet de Tokyo est approuvé par les croix rouges nationales et par la Ligue mais pas par les gouvernements. Donc, la protection des civils ne rentre pas encore dans les comptes du CICR, on est pas à la base d’une nouvelle convention qui supplémente, qui complémente la convention de La Haye de 1907 qui parle déjà un peu des civils dans les zones occupées.

Alors, le problème du comportement du CICR ou de la marge de manœuvre du CICR par rapport aux dictatures et notamment au système totalitaire commence à se poser très tôt dans l’entre-deux-guerres parce qu’à partir de 1922, l’Italie devient un État fasciste et déjà auparavant c’est l’Union soviétique qui se met en place dans le cadre d’une guerre civile et ce n’est pas étonnant donc que lors de sa conférence à Genève, le mouvement de la Croix rouge, donc la Ligue, le CICR, les associations nationales, adoptent en 1921 à Genève une résolution exigeant la protection des prisonniers politiques. Le contexte de l’adoption de cette résolution est le contexte de la guerre civile russe qui oppose les forces tsaristes aux forces communistes. Et c’est le gouvernement soviétique qui met en prison les prisonniers politiques, tous ceux qui s’y opposent au communiste.

À partir de 1935, le CICR décide d’intervenir discrètement en faveur des détenus politiques en Allemagne. En fait, c’est Carl Jacob Burckhardt, un membre international qui effectue des visites dans des camps de concentration où sont détenus les prisonniers politiques, quelques prisonniers politiques de l’opposition allemande, opposition très variée, très riche jusqu’à la persécution et à la mort de la plupart des membres de cette opposition dans le cours de la Deuxième guerre mondiale.

D’autres délégués du CICR visitent notamment le camp de concentration de Theresienstadt en 1938 qui se trouve en Tchécoslovaquie à l’époque mais la Tchécoslovaquie a été démembré par les accords de Munich et par l’occupation d’abord d’une partie de ce territoire par les nazis en septembre 1938 puis par le reste de la Tchécoslovaquie à partir du mois de mars 1939 en violation de l’accord de Munich. Mais, à ce moment là, le CICR ne réussi pas vraiment à mobiliser l’opinion contre le nazisme, au contraire, les délégués se laissent tromper par les nazis. En fait, Theresienstadtest organisé un peu comme un camp de concentration modèle pour les journalistes et le CICR venant de l’étranger avant la visite des délégués du CICR. Par conséquent, le rapport est plutôt positif d’une certaine manière pour le gouvernement nazi. Se trouve déjà à ce moment là beaucoup de juifs à Theresienstadtet cependant le caractère criminel du régime n’est pas assez souligné à cause des conditions de détentions que le CICR considère comme plutôt benines.

Un autre problème qui se pose dans les relations du CICR avec le régime nazi est le fait que la Croix Rouge allemande est mise au pas et que le CICR ne s’y oppose pas. Alors, il est clair qu’au moment où la Croix Rouge allemande est dominée de plus en plus par une idéologie nazie, qu’il s’éloigne des valeurs du mouvement de la Croix Rouge. De plus, la Croix Rouge allemande était impliquée dans la mise en place d’un programme d’euthanasie pour l’homicide des handicapés et des aliénés, c’est-à-dire des personnes qui sont mentalement déficientes. L’euthanasie c’est une idéologie plutôt répandu aussi aux États-Unis à l’époque qui vise à purifier la race en tuant des êtres qui sont considérés par les nazis comme de moindre valeur. Et alors, à partir de ce moment là, à partir de 1938 et 1939, clairement, la Croix Rouge nationale allemande s’éloigne de plus en plus des valeurs du mouvement et devient plutôt une organisation nazie.

Le CICR ne s’y oppose pas non plus officiellement ou publiquement à la persécution des juifs ou des homosexuels ou des opposants politiques en Allemagne. En fait, il considère toute dénonciation comme incompatible avec sa position neutre et c’est un peu la problématique générale de savoir si l’impartialité et la neutralité est encore justifiable face au mal absolu. Le CICR semble avoir favorisé l’aide à l’immigration des juifs et des opposants allemands et avoir été instrumental dans la mise en place d’une conférence intergouvernementale des biens qui avait eu lieu en 1938 pour porter secours aux réfugiés d’Allemagne mais cette conférence intergouvernementale a été plutôt un échec. Le CICR se voit dans une situation relativement précaire face aux dictatures, c’est difficile de se positionner et le CICR devient aussi une sorte d’acteur diplomatique. Les liens avec le gouvernement suisse deviennent de plus en plus évident dans des situations fragiles. L’Italie fasciste est un État voisin voire un État ami, le CICR décide de ne pas partager son savoir sur la guerre chimique, il maintient en revanche les principes d’impartialité et de neutralité face au mal voire face à des crimes de guerres commis par l’Italie fasciste. Donc on constate un problème général.

Le deuxième élément est l’état du droit humanitaire de la guerre en 1939. On peut simplement dire que le droit humanitaire de la guerre en 1939 s’inscrivait entièrement encore dans cette tradition quasiment chevaleresque du XIXème siècle où les États partagent théoriquement un standard de civilisation et de valeurs communes. La Japon avait adhéré à la convention de Genève pour indiquer qu’elle peut remplir les standards de civilisation proposé par les européens. Adhérer à la convention de Genève, c’était un signe de pouvoir adhérer à ce standard de civilisation. Le droit de Genève était prévu pour de conflits entre États qui s’accordent aux standards. Ce droit peut prévaloir dans des conflits entre États qui s’accordent aux standards, et dans de telles circonstances, le CICR tire sur son efficacité comme l’avait écrit Jean-Claude Favier, de son autorité morale, de sa neutralité et du respect pour les États pour le CICR. Mais, ce droit n’est pas adapté à la terreur exercée par les États totalitaires contre une partie de leur propre population et en guerre contre une partie de la population dans les territoires occupés.

Cependant, ce droit de l’humanitaire n’est pas adapté à la terreur exercée par les États totalitaires contre une partie de leur propre population et en guerre contre une partie de la population dans les territoires occupés. De plus, le déroulement même au moins du début de la Première guerre mondiale met le CICR dans une position un peu imprévue. La guerre s’est bien préparé parce qu’il y a eu tellement de signes avant coureurs qu’à Genève on attendait quasiment l’éclatement de la Deuxième guerre mondiale.

Le front occidental

Cependant, la position imprévue était le fait qu’il y a eu une victoire provisoire de l’Allemagne nazie sur presque tous les fronts. Déjà en été 1940, le seul adversaire qui restait était la Grande-Bretagne et donc l’Allemagne nazie et les puissances de l’Axe tel que l’Autriche, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie avaient conquis les grandes parties de l’Europe, l’Italie avait conquis des grandes parties de l’Europe de la Grèce jusqu’à la Norvège en passant par une partie de la France qui avait capitulée et les Pays-Bas. Et par conséquent, il n’y avait plus de réciprocité dans la guerre, il y avait une puissance vainqueur qui avait fait beaucoup de prisonniers de guerre tandis que les autres puissances étaient vaincues. Donc, la base même de la logique humanitaire, à savoir une certaine réciprocité s’est effacée.

C’était le cas au front occidental jusqu’au moment où les alliés commençaient à envahir l’Afrique du nord en 1942, puis l’Italie en 1943 et la Normandie en 1944. À partir de ces moment-là la page se tournait et la réciprocité était réintroduire. L’applicabilité de la convention de Genève a changé pas grande chose par rapport aux États du manque de réciprocité parce que la convention de Genève de 1929 n’était pas appliquée par l’Union soviétique, elle n’avait pas ratifié la convention. Il y a eu des atrocités qui découlaient indirectement de cette absence d’applicabilité de la convention de Genève de 1929 sur le front oriental.

Alors, c’est-à-dire que le CICR dépendait pour une grande partie de la guerre, au moins jusqu’à 1943 et 1944, jusqu’aux invasions en Italie et en Normandie de la bonne volonté de l’Allemagne nazie et alors d’une dictature totalitaire qui d’ailleurs se radicalisait au fur et à mesure pendant la guerre, on parle de l’État dans l’État qui se met au pouvoir dans la rémige nazie. C’est la SS qui en fin de compte devient le centre du pouvoir pendant la Deuxième guerre mondiale dans l’État nazi.

Il y a eu une prise d’otage massive des civils ennemis qui suivaient les différentes déclarations de la guerre et des débuts de déportations par l’Allemagne nazie, c’est-à-dire des personnes qui se trouvaient sur le territoire par exemple les territoires occupés, par exemple comme le Danemark ou dans les Pays-Bas, des personnes qui déplaisaient le régime nazi étaient déportée. Donc, ils n’étaient pas simplement détenus comme des civils dont on craignait éventuellement de participer ou de lancer une guerre civile ou une résistance mais particulièrement les juifs étaient déportés par l’Allemagne nazi et donc la liste des victimes non militaires peut protéger par les conventions s’allonge.

L’autre difficulté est pour le CICR l’étendue de la Deuxième guerre mondiale qui dépasse encore très largement l’étendu de la Première guerre mondiale. Donc, c’est l’invasion Barbarossa lancée par l’Allemagne nazie contre l’Union soviétique en juin 1941 d’une part, et le bombardement de Pearl Harbour par les japonais qui déclenche l’entrée en guerre des États-Unis qui fait que la Deuxième guerre mondiale s’étend du Pacifique jusqu’à l’Europe occidental ou jusqu’aux États-Unis, jusqu’à l’Amérique du Nord bien étendu sans qu’il y ait eu des attaques de l’Amérique du Nord mais il y avait une guerre aussi dans l’Atlantique donc les mers aussi.

Donc, cela mettait le CICR devant un problème logistique. Contrairement à la Première guerre mondiale, il n’y avait pas de Croix Rouge danoise qui pouvait effectuer des services parallèles au CICR. Le CICR pendant la Deuxième guerre mondiale était la seule agence humanitaire agissant en faveur des prisonniers de guerres et il faisait de manière universelle. Donc, l’ampleur de son action était encore plus grande encore que dans la Première guerre mondiale. C’est pourquoi le CICR craint que la guerre dépasse ses capacités et que le mouvement de la Croix Rouge sera rongé par les régimes totalitaires. Il avait clairement raison et par rapport aux capacités, on peut dire que le CICR a connu un essor fulminant pendant la Deuxième guerre mondiale et contrairement à la Première guerre mondiale où il a laissé de problèmes logistiques comme la transportation des colis par exemple à la poste suisse vers la poste néerlandaise, à la poste danoise, le CICR devient un acteur logistique majeur pendant la Deuxième guerre mondiale. Il y a eu des pôles gigantesques à Genève stocké avec de denrées alimentaire et de la médecine et des pansements et des médicaments pour transportation en faveur des prisonniers de guerre ou des services de secours donc les services sanitaires des armées.

Le CICR s’appliquait dans trois champs d’actions pendant la Deuxième guerre mondiale. Si on simplifie on peut différencier sans fin mais il y a trois champs d’actions principaux. Premièrement la protection et le secours en faveur des prisonniers de guerre. Deuxièmement, il se charge partiellement des civils internés dans les zones occupées avec ‘laide d’une commission mixte composé du CICR et d’une Croix Rouge nationale et il essaie de s’occuper mais c’est encore plus bas dans la liste des priorités des détenus dans les camps de concentration ou qui sont distinctes des camps de prisonnier de guerre ou des civils internés. Mais, les camps de concentration et d’extermination des nazis ne représente à aucun moment pendant la guerre un groupe particulier pour le CICR. Ce n’est qu’à la fin de 1944 qu’il commence sous la pression des Alliés l’action en leur faveur.

On peut distinguer les activités du CICR pendant la Deuxième guerre mondiale selon les fronts et les possibilités d’action dont disposait le CICR parce que le cadre juridique pour les fronts était varié comme déjà évoqué avec le front oriental. Donc on peut pour simplifier dire que la plupart des actions concrètes du CICR se concentraient sur ledit front occidental, c’est-à-dire sur les hostilités entre l’Allemagne et les puissances de l’Axe d’une part et la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis d’autre part. Donc, le CICR se concentre clairement sur la protection et le secours en faveur des prisonniers de guerre et il y a 3700 personnes qui travaillent à l’agence des prisonniers de guerre établie à Genève par le CICR.

Le travail ressemble très fortement au travail effectué lors de la Première guerre mondiale, c’est-à-dire que le CICR établie des fichiers à la base des listes des prisonniers de guerre transmises par des puissances. Il établie ne tout cas 40 millions de fichiers et il utilise ces fichiers pour offrir un renseignement moyennant l’agence de renseignement qu’il a établie également en faveur des prisonniers de guerre et des civils. C’est une partie des activités et il essaie de permettre aux familles des prisonniers de guerre de continuer la communication avec les prisonniers.

De plus, le CICR se développe en entreprise peut-être la plus importante de l’Europe en matière de logistique parce qu’il a envoyé environ 33 millions de colis seulement aux prisonniers de guerre au front occidental équivalant à a peu près à 400000 tonnes de denrées alimentaires et de médicaments et d’autres éléments de base comme des vêtement ou des chaussettes. La valeur totale de ce que le CICR avait envoyait ou transmis était payé par les Croix Rouge nationale et envoyé par la suite par le CICR et livré par la suite par le CICR sur place pour s’assurer qu’il n’y a pas de détournement. Il y a eu des contrôles, des contresignatures par la personne de confiance du camp de prisonnier de guerre. Et donc la valeur totale des denrées envoyé par le CICR est estimé à 3 milliards de francs suisse.

On peut très clairement voir que c’était le champ principal de l’activité du CICR parce que pour les autres fronts, il n’y avait que 30000 tonnes de marchandises, denrées alimentaire et médicaments envoyés. Donc là, pour les prisonniers de guerre sur le front occidental, on peut voir que c’est l’activité logistique principale du CICR.

L’activité était en faveur surtout des prisonniers de guerre Alliés qui sont tombés dans les mains de l’Allemagne nazie. Avec la durée de la guerre, évidemment, il y avait de plus en plus d’allemands qui tombaient dans les mains des Alliés mais c’était surtout à partir de l’invasion en Normandie donc à partir de juin 1944 seulement.

Offrir de l’aide spirituelle et intellectuelle aux prisonniers de guerre faisait aussi partie à des activités du CICR parce qu’on connaissait depuis la Première guerre mondiale des phénomènes de maladie psychologique qui se développait dans les camps à cause de l’inactivité, à cause du manque de stimulation intellectuelle ou spirituelle. Donc le CICR avait, grâce à des dons et des récoltes de fond, envoyé plus d’un million de livres, des partitions de musiques et plusieurs millions d’objets divers pour des artisans, des artistes.

Pour résumer, on peut dire que les prisonniers de guerre du front occidental étaient plus ou moins protégés et étaient clairement au bénéfice des actions de secours et de renseignement du CICR. Le CICR programmait de nouveau des visites de camps. Donc, il y a eu plusieurs milliers de visites avait effectué moyennant les délégations permanentes tandis que pendant la Première guerre mondiale il avait décidé d’établir des délégations itinérantes. Ici, les délégations étaient permanentes, c’est-à-dire qu’elle était de manière permanente dans les pays concernés. La plus grande délégation était bien entendu en Allemagne nazie à cause du nombre de prisonniers de guerre détenus par l’Allemagne nazie.

Autre activité importante sur le front occidental, le CICR essayait de protéger les civils. Il y a eu en 1940 un accord provisoire, ou ce qu’on peut dire un gentleman agreement entre le CICR et les belligérants concernant l’application des principes du projet de Tokyo dans les zones occupées en faveur des civils. Cela veut dire qu’alors la convention de Tokyo n’entre pas en vigueur bien entendu mais l’idée du projet de Tokyo était que les civils internés bénéficiant des mêmes conditions de détention que les prisonniers de guerre. C’était là l’idée. Et, cette idée était accueillie finalement après deux ou trois approches du CICR de manière favorable de la part des belligérants sur le front occidental. C’était la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France avant sa capitulation.

Donc, une commission mixte de secours a été créée par la suite entre le CICR et les Croix Rouge nationale avec le siège à Genève, c’est-à-dire à Genève il y a eu le lien entre les Croix Rouge nationales et le CICR pour œuvrer en faveur des civils. Cette commission mixte assure la production de quelques dizaines de milliers de tonnes de produits représentant une valeur de quelques cent cinquante millions de francs suisse, y compris les colis qui lui sont remis par les belligérants et les familles en faveur des civils en zone d’occupation. Donc, cette activité aussi n’est pas négligeable, c‘est une acticité majeure du CICR.

Dans ce cadre de ses activités en faveur des civils, le CICR avait envoyé sur ses propres frais des colis pour 33 millions de francs suisses, c’est-à-dire en dépensant l’argent provenant des donateurs dont viennent 18,5 millions des citoyens suisses. Donc, l’étendu des activités en faveur des civils s’est élargie de manière considérable par rapport ou en comparaison par rapport à la Première guerre mondiale. Les civils sont clairement un souci pour le CICR.

Le front oriental

Sur le front oriental, la situation et le problème était complétement différent. Sur le front oriental, le problème se posait que d’abord, l’Union soviétique n’avait pas ratifié le code en faveur des prisonniers de guerre de 1929 qu’elle refusait d’entrer en matière. Lorsqu’après le lancement de l’agression allemande contre l’Union soviétique, il semblait que l’Union soviétique était prête de considérer l’application de la convention de La Haye de 1907 en faveur des prisonniers de guerre. Elle n’a pas échangé de liste de prisonniers de guerre tandis que l’Allemagne nazie avait envoyé dans un premier temps quelques listes de prisonniers de guerre soviétiques fait en début de la campagne contre l’Union soviétique.

Donc, l’Allemagne nazie constatant qu’il n’y a eu pas de réciprocité, que l’Union soviétique ne répondait pas à ses envoies de listes de prisonniers de guerre moyennant le CICR avec le même geste, l’Allemagne nazie avait donc terminé l’envoie des listes des prisonniers de guerre et constatait que ni la convention de 1929 en faveur des prisonniers de guerre ni la convention de La Haye s’appliquait.

Par la suite, ce n’est pas une conséquence directe de la non application de la convention par l’Union soviétique mais c’est peut-être un élément qui avait facilité on peut dire pour l’Allemagne de commettre des crimes contre les prisonniers de guerre soviétiques et cela s’est aussi simplifié pour l’Union soviétique de traiter les prisonniers allemands comme elle le voulait. Par conséquent, lors de leurs avancées sur le territoire soviétique entre 1941 et 1943, environ 2 millions de prisonniers de guerre soviétiques ont été tué, c’est-à-dire en grande partie assassiné par les troupes spéciales engagées par l’Allemagne nazie.

En revanche, cela n’est évidemment à aucun esprit du droit humanitaire mais cela n’a pas était non plus conforme à une logique de guerre parce que dans une logique de guerre, il aurait fallu mettre au travail les prisonniers de guerre pour contribuer à la productivité de la machine de guerre donc cela ne correspondant malheureusement à une logique raciste de l’Allemagne nazie.

L’Union soviétique en revanche mettait les prisonniers de guerre allemands dans des camps de travail forcé, dans des goulags ou faisant similarité lors des goulag utilisé et déjà installé lors de l’industrialisation forcée de l’Union soviétique dans les années 1930, raison pour laquelle parmi à peu près entre 1,5 et 2 millions de prisonniers de guerre allemand seulement moins que 500000 reviennent en Allemagne à la fin des hostilités, les derniers en 1955 seulement. Donc, il y a eu abus on peut dire, les prisonniers de guerre allemand se sont travaillé à la mort en grande partie ou ont été tué carrément dans les prisonniers de guerre et une partie à du rester dans les camps de prisonniers de guerre, dans les camps de travail forcé jusqu’à dix ans après la fin des hostilités.

En Asie

En Asie alors, le CICR était confronté à un autre problème encore, à savoir que le Japon n’avait pas non plus ratifié le code des prisonniers de guerre de 1929 et refusait de l’appliquer. De plus, le Japon n’était près d’accepter des délégations du CICR uniquement dans un cadre très limité, à savoir des délégations officielles en plus installés au Japon, à Shanghai et à Hong Kong mais pas dans les autres territoires occupés par le Japon pendant la guerre comme par exemple l’Indochine, Bornéo, les îles du pacifique ou encore la Malaisie par exemple. Là, le CICR n’était pas autorisé d’installer des délégations officielles, il envoyait parfois des délégations privées qui opéraient dans une insécurité totale avec les résultats que deux de ses délégués étaient décapité pendant la Deuxième guerre mondiale par les autorités japonaises sous prétexte d’espionnage sur l’île de Bornéo. Il s’agissait de Matthaeus Visher et de son épouse.

Donc, les activités du CICR dû à l’éloignement du front extrême oriental et du aux difficultés du au manque de réciprocité dans l’application de la convention de Genève, la marge de manœuvre du CICR était très restreinte en extrême orient. Cependant, du au fait qu’il y avait une délégation au Japon, Marcel Junod qui était aussi le premier délégué du CICR en Allemagne nazie envoyé en 1939 tout de suite après le début des hostilités, il était aussi le délégué principal du CICR lorsque tombait au Japon la première bombe atomique sur Hiroshima.

Marcel Junod était par conséquent le premier occidental qui a pu visiter le lieu de la bombe atomique tombé sur Hiroshima et qui pouvait en voir les conséquences. Par conséquent, il avait appelé les américains à organiser une grande action de secours en faveur des victimes de ce bombardement certainement aussi encore dans l’ignorance des conséquences de la radioactivité qui était émis avec le bombardement sur Hiroshima.=

Conclusion

La déférence et le silence du CICR devant l’extermination génocidaire des masses de civils dans des camps allemands et d’autres atrocités de la guerre vaudra au Comité la condamnation de certains à la suite de la guerre, ce malgré les efforts et l’aide humanitaire extensifs que l’organisation a procuré pendant la guerre ainsi que l’absence manifeste de mandat pour toute intervention dans la question.

Annexes

Références