Modification de La Guerra: Concepciones y Evoluciones
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|[[ | |[[Introduction to Political Science]] | ||
|[[ | |[[La pensée sociale d'Émile Durkheim et Pierre Bourdieu]] ● [[Aux origines de la chute de la République de Weimar]] ● [[La pensée sociale de Max Weber et Vilfredo Pareto]] ● [[La notion de « concept » en sciences-sociales]] ● [[Histoire de la discipline de la science politique : théories et conceptions]] ● [[Marxisme et Structuralisme]] ● [[Fonctionnalisme et Systémisme]] ● [[Interactionnisme et Constructivisme]] ● [[Les théories de l’anthropologie politique]] ● [[Le débat des trois I : intérêts, institutions et idées]] ● [[La théorie du choix rationnel et l'analyse des intérêts en science politique]] ● [[Approche analytique des institutions en science politique]] ● [[L'étude des idées et idéologies dans la science politique]] ● [[Les théories de la guerre en science politique]] ● [[La Guerre : conceptions et évolutions]] ● [[La raison d’État]] ● [[État, souveraineté, mondialisation, gouvernance multiniveaux]] ● [[Les théories de la violence en science politique]] ● [[Welfare State et biopouvoir]] ● [[Analyse des régimes démocratiques et des processus de démocratisation]] ● [[Systèmes Électoraux : Mécanismes, Enjeux et Conséquences]] ● [[Le système de gouvernement des démocraties]] ● [[Morphologie des contestations]] ● [[L’action dans la théorie politique]] ● [[Introduction à la politique suisse]] ● [[Introduction au comportement politique]] ● [[Analyse des Politiques Publiques : définition et cycle d'une politique publique]] ● [[Analyse des Politiques Publiques : mise à l'agenda et formulation]] ● [[Analyse des Politiques Publiques : mise en œuvre et évaluation]] ● [[Introduction à la sous-discipline des relations internationales]] | ||
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== La guerra como constructora del Estado moderno == | == La guerra como constructora del Estado moderno == | ||
[[Fichier:Passage de la Seine par armee anglaise et pillage Vitry XIVe siecle.jpg|vignette|droite | [[Fichier:Passage de la Seine par armee anglaise et pillage Vitry XIVe siecle.jpg|vignette|droite]] | ||
Para estudiar la guerra, primero debemos centrarnos en sus vínculos con el Estado moderno como organización política. Vamos a ver cómo la guerra en la actualidad está moldeada por y a través de la aparición del Estado moderno. Empezaremos por ver que la guerra es un asunto de Estado. Para introducir la idea de que la guerra está ligada a la propia construcción del Estado y al surgimiento del Estado como forma de organización política en Europa desde finales de la Edad Media, lo mejor es hacerlo como lo planteó el sociohistoriador Charles Tilly en su artículo ''War Making and State Making as Organised Crime'', que desarrolló la idea de war making/state making: fue haciendo la guerra como hicimos el Estado, y viceversa. | Para estudiar la guerra, primero debemos centrarnos en sus vínculos con el Estado moderno como organización política. Vamos a ver cómo la guerra en la actualidad está moldeada por y a través de la aparición del Estado moderno. Empezaremos por ver que la guerra es un asunto de Estado. Para introducir la idea de que la guerra está ligada a la propia construcción del Estado y al surgimiento del Estado como forma de organización política en Europa desde finales de la Edad Media, lo mejor es hacerlo como lo planteó el sociohistoriador Charles Tilly en su artículo ''War Making and State Making as Organised Crime'', que desarrolló la idea de war making/state making: fue haciendo la guerra como hicimos el Estado, y viceversa. | ||
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=== La guerra y el Estado moderno === | === La guerra y el Estado moderno === | ||
[[Fichier:Einhard vita-karoli 13th-cent.jpg|vignette|right | [[Fichier:Einhard vita-karoli 13th-cent.jpg|vignette|right]] | ||
El sistema feudal era una compleja estructura de relaciones entre los señores y el rey, basada en la propiedad de la tierra (o "feudos") y la lealtad. Los señores gozaban de gran autonomía sobre sus tierras y, en general, eran responsables de la seguridad y la justicia en ellas. A cambio de su feudo, debían jurar lealtad al rey y proporcionarle apoyo militar cuando lo necesitara. Este sistema de vasallaje constituyó la base del poder durante la Edad Media. Sin embargo, con la llegada del Estado moderno, este sistema fue sustituido gradualmente. La consolidación del Estado fue acompañada de un esfuerzo por centralizar el poder, lo que a menudo supuso abolir o reducir el poder de los señores feudales. Un elemento clave en este proceso fue la necesidad de financiar y apoyar la guerra. Los reyes empezaron a desarrollar estructuras administrativas y fiscales para recaudar fondos y reclutar ejércitos directamente, en lugar de depender de los señores feudales. Esto reforzó su autoridad y permitió la formación de Estados más centralizados y burocráticos. | El sistema feudal era una compleja estructura de relaciones entre los señores y el rey, basada en la propiedad de la tierra (o "feudos") y la lealtad. Los señores gozaban de gran autonomía sobre sus tierras y, en general, eran responsables de la seguridad y la justicia en ellas. A cambio de su feudo, debían jurar lealtad al rey y proporcionarle apoyo militar cuando lo necesitara. Este sistema de vasallaje constituyó la base del poder durante la Edad Media. Sin embargo, con la llegada del Estado moderno, este sistema fue sustituido gradualmente. La consolidación del Estado fue acompañada de un esfuerzo por centralizar el poder, lo que a menudo supuso abolir o reducir el poder de los señores feudales. Un elemento clave en este proceso fue la necesidad de financiar y apoyar la guerra. Los reyes empezaron a desarrollar estructuras administrativas y fiscales para recaudar fondos y reclutar ejércitos directamente, en lugar de depender de los señores feudales. Esto reforzó su autoridad y permitió la formación de Estados más centralizados y burocráticos. | ||
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== El nuevo (des)orden mundial == | == El nuevo (des)orden mundial == | ||
{{Article détaillé|L’ONU et la sécurité internationale : 1945 – 2013}} | |||
La | La chute du mur de Berlin en 1989 et la dissolution de l'Union soviétique en 1991 ont marqué la fin de la Guerre froide et du système bipolaire qui avait dominé la politique mondiale pendant près d'un demi-siècle. Pendant cette période, les États-Unis et l'Union soviétique, en tant que superpuissances, avaient établi deux blocs d'influence globale distincts. Malgré des tensions constantes et de nombreuses crises, un conflit ouvert entre ces deux puissances a été évité, en grande partie en raison de la menace de la destruction mutuelle assurée (MAD) en cas de guerre nucléaire. Cependant, la fin de la Guerre froide n'a pas conduit à un "nouvel ordre mondial" de paix et de stabilité comme certains l'avaient espéré. Au lieu de cela, de nouveaux défis et conflits ont émergé. Les États faillis, les guerres civiles, le terrorisme international et la prolifération des armes de destruction massive sont devenus des problèmes majeurs. La nature des conflits a également changé, avec une augmentation des guerres asymétriques et des conflits impliquant des acteurs non étatiques. | ||
La fin de la Guerre froide a initié une nouvelle ère dans la politique mondiale, marquée par une certaine dose d'optimisme. De nombreux experts et décideurs politiques espéraient que la fin de la rivalité entre les superpuissances conduirait à une ère de paix et de coopération internationales accrues. Le philosophe politique Francis Fukuyama a même décrit cette période comme "la fin de l'histoire", suggérant que la démocratie libérale avait finalement émergé comme le système de gouvernement incontesté et définitif. Avec la disparition de l'Union soviétique, les États-Unis se sont retrouvés comme la seule superpuissance mondiale, inaugurant ce que certains ont appelé l'"hyperpuissance" américaine. Beaucoup pensaient que cette nouvelle ère unipolaire permettrait une plus grande stabilité et paix dans le monde. Dans le même temps, la fin de la rivalité entre les deux superpuissances a permis aux Nations Unies de jouer un rôle plus efficace dans la prévention des conflits et la promotion de la paix. L'obstruction systématique par l'un des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait souvent paralysé l'organisation pendant la Guerre froide, a été largement levée. Cela a donné lieu à une augmentation significative des opérations de maintien de la paix de l'ONU au cours des années 1990. | |||
Avec la fin de la Guerre froide, les années 1990 ont été marquées par une augmentation significative des opérations de maintien de la paix de l'ONU. Les Casques bleus de l'ONU ont été déployés dans des conflits du monde entier, dans le but de maintenir ou de rétablir la paix et de promouvoir la réconciliation et la reconstruction. L'idée était que ces opérations de maintien de la paix pourraient aider à prévenir l'escalade des conflits, protéger les civils, faciliter la fourniture de l'aide humanitaire et soutenir le processus de paix. En d'autres termes, ces missions étaient censées aider à "récolter les dividendes de la paix" après la fin de la Guerre froide. | |||
La fin de la Guerre froide et l'émergence d'un nouveau système international ont été accompagnées par un discours croissant sur le "désordre mondial". Ce terme fait référence à l'idée que le monde post-Guerre froide est caractérisé par une incertitude accrue, des défis mondiaux complexes et interconnectés, et l'absence d'un cadre clair et stable pour la gouvernance internationale. Plusieurs facteurs ont contribué à cette perception de "désordre mondial". Tout d'abord, la fin de la bipolarité de la Guerre froide a éliminé le cadre clair qui avait auparavant structuré les relations internationales. Au lieu d'un monde divisé entre deux superpuissances, nous avons assisté à un paysage plus complexe et multipolaire avec plusieurs acteurs importants, y compris non seulement les États-nations, mais aussi les organisations internationales, les entreprises multinationales, les groupes non gouvernementaux et autres. Ensuite, le monde post-Guerre froide a été marqué par une série de défis mondiaux, notamment le terrorisme transnational, les crises financières, le changement climatique, les pandémies, la cybersécurité, et d'autres problèmes qui ne respectent pas les frontières nationales et ne peuvent pas être résolus par un seul pays ou même par un groupe de pays. Enfin, il y a eu une prise de conscience croissante des limites et des contradictions des institutions internationales existantes. Par exemple, l'ONU, le FMI, la Banque mondiale, et d'autres organisations ont été critiquées pour leur manque de représentativité, leur inefficacité, et leur incapacité à répondre efficacement aux défis mondiaux. Dans ce contexte, la question de savoir comment gérer ce "désordre mondial" et construire un système international plus juste, efficace et résilient est devenue un enjeu central de la politique mondiale. | |||
Dans son livre très discuté "Le Choc des civilisations", l'analyste politique Samuel P. Huntington a proposé une nouvelle manière de voir le monde post-Guerre froide. Il a argumenté que les futures sources de conflit international n'impliqueraient pas tant les idéologies politiques ou économiques, mais plutôt les différences entre les diverses grandes civilisations du monde. Selon Huntington, le monde pourrait être divisé en environ huit civilisations majeures, basées sur la religion et la culture. Il prévoyait que les conflits les plus importants du 21e siècle auraient lieu entre ces civilisations, en particulier entre la civilisation occidentale et les civilisations islamique et confucianiste (cette dernière principalement représentée par la Chine). | |||
La fin de la Guerre froide a marqué une transition significative dans la nature des conflits. Alors que la période de la Guerre froide était dominée par des conflits interétatiques et des guerres par procuration entre les deux superpuissances, l'ère post-Guerre froide a vu une augmentation significative des guerres civiles et des conflits internes. Ces conflits ont souvent impliqué une variété d'acteurs non étatiques, tels que les groupes rebelles, les milices, les groupes terroristes et les gangs criminels. De plus, ils ont souvent été marqués par une violence intense et prolongée, des violations massives des droits de l'homme, et de graves crises humanitaires. Ces tendances ont posé de sérieux défis pour la communauté internationale. D'une part, il a été plus difficile de gérer et de résoudre ces conflits, car ils impliquent souvent des problèmes profondément enracinés tels que l'identité ethnique ou religieuse, la gouvernance, l'inégalité et l'accès aux ressources. D'autre part, ces conflits ont souvent des effets déstabilisateurs qui dépassent les frontières nationales, tels que les flux de réfugiés, la propagation de groupes extrémistes, et la déstabilisation régionale. | |||
Historiquement, l'État-nation était le principal acteur des conflits armés, et la plupart des guerres se produisaient entre États. Cependant, avec l'effondrement de l'ordre mondial bipolaire à la fin de la Guerre froide, la nature de la guerre a commencé à changer. La guerre civile, qui était autrefois un type de conflit relativement rare, est devenue de plus en plus courante. Ces conflits internes ont souvent impliqué une variété d'acteurs non étatiques, tels que les groupes rebelles, les milices, les groupes terroristes et les gangs criminels. La montée des guerres civiles a posé de nouveaux défis pour la gestion des conflits et la sécurité internationale. Contrairement aux guerres interétatiques, les guerres civiles sont souvent plus complexes et difficiles à résoudre. Elles peuvent impliquer des problèmes profondément enracinés tels que les divisions ethniques ou religieuses, la gouvernance, l'inégalité et l'accès aux ressources. De plus, ces conflits ont souvent des conséquences déstabilisatrices qui dépassent les frontières nationales, comme les flux de réfugiés, la propagation de groupes extrémistes et la déstabilisation régionale | |||
Depuis la fin de la Guerre froide en 1989, la nature des conflits a changé de manière significative. Alors que les guerres interétatiques étaient autrefois la forme dominante de conflit, l'ère post-Guerre froide a été marquée par une augmentation des guerres civiles et des conflits internes. Ces guerres civiles ont souvent impliqué un éventail d'acteurs non étatiques, y compris des groupes armés, des milices, des groupes terroristes et des gangs. Par conséquent, on a souvent l'impression que l'État n'est plus l'acteur principal dans les conflits armés. Cela représente un défi significatif pour le système international, qui a été construit sur le principe de la souveraineté de l'État et qui est conçu pour gérer les conflits entre États. Les guerres civiles sont souvent plus complexes, plus difficiles à résoudre et plus susceptibles de provoquer des crises humanitaires que les guerres interétatiques. | |||
L'ère post-Guerre froide a été marquée par l'émergence et la prolifération d'une variété d'acteurs non étatiques qui sont devenus des acteurs clés dans de nombreux conflits à travers le monde. Les groupes terroristes, les milices, les organisations criminelles telles que les mafias et les gangs sont devenus des acteurs importants dans la violence et les conflits. Ces acteurs ont souvent réussi à exploiter les faiblesses de l'État, notamment dans les pays où l'État est faible ou fragile, où il n'a pas la capacité de contrôler efficacement son territoire ou de fournir des services de base à sa population. Ils ont souvent utilisé la violence pour atteindre leurs objectifs, que ce soit pour saper l'autorité de l'État, pour contrôler un territoire ou des ressources, ou pour faire avancer une cause politique ou idéologique. Cela a eu de nombreuses implications pour la sécurité internationale. D'une part, cela a rendu les conflits plus complexes et plus difficiles à résoudre. D'autre part, cela a entraîné une augmentation de la violence et de l'instabilité, avec des conséquences dévastatrices pour les populations civiles. | |||
Le concept de souveraineté, qui a longtemps été fondamental pour structurer le système interétatique et réguler la violence, a été sérieusement remis en question dans le contexte post-Guerre froide. La montée des acteurs non étatiques violents, tels que les groupes terroristes et les organisations criminelles, a souvent eu lieu dans des zones où l'autorité de l'État est faible ou absente, ce qui a mis en évidence les limites de la souveraineté en tant que moyen de maintenir l'ordre et la sécurité. En outre, la prolifération des conflits internes et des guerres civiles a soulevé des questions importantes sur la responsabilité de l'État de protéger sa propre population et sur le droit de la communauté internationale d'intervenir dans les affaires d'un État souverain pour prévenir ou mettre fin à de graves violations des droits de l'homme. Ces défis ont conduit à des discussions et des débats importants sur la nature et la signification de la souveraineté au XXIe siècle. Parmi les concepts qui ont émergé de ces débats figure le principe de la "responsabilité de protéger", qui stipule que la souveraineté n'est pas seulement un droit, mais aussi une responsabilité, et que si un État est incapable ou refuse de protéger sa population de crimes de masse, la communauté internationale a la responsabilité d'intervenir. | |||
Les "États faillis", ou États défaillants, sont des États qui n'arrivent plus à maintenir l'ordre et à assurer la sécurité sur l'ensemble de leur territoire, à fournir des services essentiels à leur population ou à représenter un pouvoir légitime aux yeux de leurs citoyens. Ces États, bien que toujours reconnus comme souverains sur la scène internationale, sont souvent confrontés à une perte de contrôle sur une partie significative de leur territoire, à des insurrections ou à des conflits internes violents, ainsi qu'à la corruption et à une mauvaise gouvernance. Depuis les années 1990, un grand nombre de conflits, en particulier en Afrique, mais aussi dans d'autres régions du monde, ont eu lieu dans ces États faillis. Ces conflits sont souvent caractérisés par des violences massives à l'encontre des civils, des violations généralisées des droits de l'homme et du droit humanitaire international, et ont souvent des répercussions déstabilisantes sur les pays et les régions environnants. | |||
L'augmentation des conflits internes et des guerres civiles à partir des années 1990 a suscité une réévaluation du concept traditionnel de souveraineté dans le discours international. Alors que la souveraineté était auparavant considérée comme une garantie d'ordre et de stabilité, protégeant les États de l'interférence extérieure, elle a commencé à être perçue de manière plus problématique. Dans ce contexte, la souveraineté a parfois été considérée comme une barrière à l'intervention internationale dans les situations où des populations étaient menacées par des violences massives, des génocides ou des crimes contre l'humanité. Cela a donné lieu à des débats sur la "responsabilité de protéger" et sur la question de savoir quand et comment la communauté internationale devrait intervenir pour protéger les populations civiles, même en violation du principe traditionnel de non-ingérence dans les affaires internes d'un État souverain. En outre, la souveraineté a également été mise en question en tant que source de légitimité, lorsque des régimes autoritaires ou despotiques s'en sont prévalus pour justifier des violations des droits de l'homme ou pour résister aux demandes de réforme démocratique. Ainsi, bien que la souveraineté reste un principe fondamental du système international, sa signification et son application sont devenues de plus en plus contestées dans le contexte contemporain. | |||
== | == L'Emergence des Nouvelles Guerres == | ||
{{Article détaillé|Guerre, paix et politique en Afrique depuis la fin de la Guerre froide}} | |||
Mary Kaldor, | Mary Kaldor, une spécialiste des relations internationales et de la théorie de la guerre, a présenté l'idée des "nouvelles guerres" dans son ouvrage "New and Old Wars: Organised violence in a global era" (1999). Selon elle, les conflits qui ont émergé après la fin de la Guerre froide présentent des caractéristiques distinctes des "anciennes guerres" traditionnelles, en grande partie en raison de l'impact de la mondialisation et des changements politiques, économiques et technologiques. | ||
Les "nouvelles guerres", selon Kaldor, sont typiquement caractérisées par : | |||
* La | * La dégradation de la guerre en violences diffuses et souvent décentralisées, impliquant une variété d'acteurs non étatiques, tels que des milices, des groupes terroristes, des gangs criminels et des seigneurs de guerre. | ||
* | * La focalisation sur l'identité plutôt que sur l'idéologie comme moteur de conflit, avec souvent un recours à des discours ethniques, religieux ou nationalistes pour mobiliser le soutien et justifier la violence. | ||
* | * L'importance accrue des crimes contre l'humanité et des attaques contre les civils, plutôt que des combats conventionnels entre forces armées. | ||
* | * L'implication croissante des acteurs internationaux et transnationaux, à la fois en termes de financement et de soutien aux parties en conflit, et en termes d'efforts pour résoudre les conflits ou atténuer leurs impacts humanitaires. | ||
Ces "nouvelles guerres" présentent des défis distincts en termes de prévention, de résolution et de reconstruction après conflit, et nécessitent des stratégies et des approches différentes de celles qui étaient efficaces dans les "anciennes guerres". | |||
Dans son analyse des nouvelles guerres, Mary Kaldor soutient que l'ère post-1989 est marquée par trois éléments clés. Le premier est la globalisation. La fin du XXe siècle a été caractérisée par une accélération de la mondialisation, transformant en profondeur les relations économiques, politiques et culturelles au niveau global. Cette globalisation a des répercussions directes sur la nature des conflits. Le financement transnational de groupes armés, la diffusion d'idéologies extrémistes par le biais des médias numériques, ou encore l'implication de forces internationales dans des opérations de maintien de la paix sont autant de phénomènes qui en sont issus. Deuxièmement, l'époque post-1989 est marquée par une transformation majeure des structures politiques. Avec la fin de la Guerre froide, de nombreux régimes communistes et autoritaires se sont effondrés, donnant naissance à de nouvelles démocraties. Parallèlement, les interventions internationales dans les affaires internes des États se sont multipliées, souvent justifiées par la nécessité de protéger les droits de l'homme ou de prévenir les génocides. Enfin, Kaldor met en évidence un changement fondamental dans la nature de la violence. Les conflits sont devenus plus diffus et décentralisés, impliquant une multitude d'acteurs non étatiques. Les attaques délibérées contre les civils, l'exploitation de l'identité ethnique ou religieuse à des fins de mobilisation, et l'utilisation de tactiques de terreur sont devenues monnaie courante. Ainsi, selon Kaldor, ces trois éléments interagissent pour créer un nouveau type de guerre, profondément différent des guerres interétatiques traditionnelles du passé. | |||
Selon Mary Kaldor, l'ère moderne a vu un glissement des idéologies vers les identités comme principaux moteurs des conflits. Dans ce contexte, les batailles ne sont plus menées pour des idéaux politiques, mais pour l'affirmation et la défense d'identités particulières, souvent ethniques. Cette évolution marque un pas vers l'exclusion, car elle peut entraîner une polarisation et une division accrues dans la société. Contrairement à un débat idéologique où il peut y avoir compromis et consensus, la défense de l'identité peut créer une dynamique de "nous contre eux", qui peut être extrêmement destructrice. | |||
Mary Kaldor | Mary Kaldor met en évidence ce changement crucial dans les motifs de conflit. Lorsque les luttes étaient centrées sur des idéologies, comme le socialisme international par exemple, elles avaient un caractère plus inclusif. Le but était de convaincre et de rallier le plus grand nombre à une cause, à un système de pensée ou à une vision du monde. En revanche, lorsque les conflits sont basés sur l'identité, en particulier sur l'identité ethnique, ils ont tendance à être plus exclusifs. En se battant pour une identité ethnique spécifique, on délimite un groupe particulier comme étant le "nous", ce qui implique inévitablement un "eux" qui est distinct et différent. Cela crée une dynamique d'exclusion qui peut être profondément divisante et conduire à des violences intercommunautaires. C'est un changement profond par rapport aux conflits idéologiques du passé. | ||
D’autre part, selon Kaldor, la guerre n’est plus pour le peuple, mais contre le peuple, c’est-à-dire que nous sommes de plus en plus face à des acteurs qui ne représentent pas l’État et qui n’aspirent même pas à être l’État. Auparavant, les conflits étaient généralement menés par des États ou des acteurs qui aspiraient à contrôler l'État. La guerre était donc menée "pour le peuple", dans le sens où l'objectif était de gagner le contrôle du gouvernement pour, théoriquement, servir les intérêts du peuple. Dans le contexte actuel, elle affirme que la guerre est souvent menée "contre le peuple". Cela signifie que les acteurs non étatiques tels que les groupes terroristes, les milices ou les gangs sont de plus en plus impliqués dans les conflits. Ces groupes ne cherchent pas nécessairement à contrôler l'État et peuvent en fait s'engager dans des actes de violence principalement dirigés contre les populations civiles. Ainsi, la nature de la guerre a évolué pour devenir moins une lutte pour le contrôle de l'État et davantage une source de violence contre le peuple. | |||
Il y a de plus en plus une guerre de bandits où l’objectif est d’extraire les ressources naturelles des pays pour l’enrichissement personnel de certains groupes. Mary Kaldor décrit cette transformation comme une forme de "guerre de banditisme". Dans ce contexte, la guerre n'est pas menée pour atteindre des objectifs politiques traditionnels, comme le contrôle de l'État ou la défense d'une idéologie, mais plutôt pour l'enrichissement personnel ou de groupe. Cette nouvelle forme de conflit est souvent caractérisée par l'extraction et l'exploitation de ressources naturelles dans des régions en proie à des conflits Ces "guerres de banditisme" peuvent avoir des conséquences désastreuses pour les populations locales, non seulement en raison de la violence directe qu'elles impliquent, mais aussi à cause de la déstabilisation économique et sociale qu'elles engendrent. Souvent, les ressources qui pourraient être utilisées pour le développement économique et social sont plutôt détournées au profit d'intérêts privés ou de groupes, ce qui peut exacerber la pauvreté et l'inégalité. | |||
L'ère post-Guerre Froide a vu l'émergence d'une économie mondiale de la guerre, où des acteurs non étatiques comme des organisations criminelles, des groupes terroristes et des milices privées jouent un rôle de plus en plus important. Ces groupes s'appuient souvent sur des réseaux transnationaux pour financer leurs opérations, par le biais du trafic de drogues, du commerce illégal d'armes, de la contrebande de biens, et d'autres formes de criminalité organisée. Cette économie de la guerre a pour effet de prolonger les conflits, en offrant aux groupes armés un moyen de financer leurs activités sans le besoin d'un soutien étatique ou populaire. En même temps, elle contribue à l'instabilité régionale, car les profits de ces activités illégales sont souvent utilisés pour financer d'autres formes de violence et de désordre. En outre, ces réseaux transnationaux rendent plus difficile le contrôle et la résolution des conflits par les autorités étatiques et les organisations internationales. Ils opèrent souvent en dehors des cadres juridiques traditionnels et peuvent s'étendre à travers plusieurs pays ou régions, compliquant ainsi les efforts pour les combattre. Enfin, l'implication d'acteurs non étatiques dans les conflits peut également avoir des effets déstabilisateurs sur les États, en sapant leur autorité et leur capacité à maintenir l'ordre et la sécurité. Cela peut à son tour aggraver les tensions et les conflits, créant un cercle vicieux de violence et d'instabilité. [[File:Death of Pablo Escobar.jpg|thumb|right|Members of Colonel Hugo Martínez's Search Bloc celebrate over Pablo Escobar's body on December 2, 1993. His death ended a fifteen-month search effort that cost hundreds of millions of dollars, and involved coordination between the U.S. Joint Special Operations Command, the Drug Enforcement Administration, Colombian Police, and the vigilante group Los Pepes.]] | |||
L'approche de Mary Kaldor sur la guerre peut être considérée comme dépolitisante. Elle soutient que les conflits contemporains sont principalement motivés par des facteurs ethniques, religieux ou identitaires plutôt que par des idéologies politiques. Cela marque une rupture avec les guerres du passé, qui étaient souvent menées au nom d'une idéologie politique, comme le communisme ou le fascisme. Dans cette perspective, la guerre n'est plus une continuation de la politique par d'autres moyens, comme l'a dit le théoricien militaire Carl von Clausewitz, mais plutôt un acte de violence motivé par des différences identitaires. Cela suggère que les solutions traditionnelles, comme les négociations politiques ou les accords de paix, pourraient ne pas être suffisamment efficaces pour résoudre ces conflits. | |||
La vision traditionnelle de la guerre, comme le décrivait Carl von Clausewitz, la considère comme "la continuation de la politique par d'autres moyens". Dans cette perspective, la guerre est vue comme un outil que les Etats utilisent pour atteindre des objectifs politiques spécifiques. Cependant, selon l'approche de Mary Kaldor et d'autres chercheurs similaires, cette dynamique aurait changé. Ils soutiennent que dans les conflits contemporains, les objectifs politiques traditionnels sont souvent éclipsés par d'autres motivations, telles que l'identité ethnique ou religieuse, ou le désir d'accéder à des ressources économiques. Dans ces cas, la guerre n'est plus au service de la politique, mais semble plutôt être motivée par des intérêts économiques ou identitaires. | |||
Nous sommes confronté à des États issus de la décolonisation, principalement dans les régions du sud, qui ont eu des processus de construction nationale difficiles. Ces États n'ont souvent pas reçu les outils nécessaires pour une structuration solide et durable. Par conséquent, ils sont devenus fragiles et instables, une situation qui favorise l'émergence de conflits et de violences. Lorsque ces États commencent à se désagréger, ils laissent place à un certain chaos où des groupes ethniques peuvent se retrouver en conflit les uns avec les autres. Parallèlement, des bandits et d'autres acteurs non étatiques profitent de cette instabilité pour leurs propres intérêts. L'absence d'une autorité étatique forte et efficace contribue à perpétuer ce désordre et empêche l'établissement d'une paix durable. | |||
La perspective proposée par Mary Kaldor, qui suggère une disparition des conflits politiques au profit d'une forme de désordre mondial, a eu un impact significatif sur notre compréhension des transformations contemporaines de la guerre. Selon cette vision, les États faibles ou en déliquescence seraient incapables d'assurer une stabilité sur leur territoire, ce qui ouvrirait la porte à un ensemble de menaces et de dangers. En l'absence de la structure et du contrôle de l'État, un certain chaos peut émerger, générant des conflits souvent ethniques, des activités criminelles et un accès illimité à des ressources naturelles par divers groupes non étatiques. C'est dans ce contexte que l'on voit une augmentation des guerres civiles et des conflits internes, alimentés par des réseaux transnationaux tels que les mafias. L'absence d'un État stable et fort conduit donc à un paysage conflictuel complexe, où les conflits politiques classiques cèdent la place à une multitude de menaces plus diffuses et décentralisées. Cette approche a joué un rôle clé dans la façon dont nous comprenons les conflits modernes et les défis de la paix et de la sécurité mondiale. | |||
Le désordre observé au Moyen-Orient a suscité de nombreuses inquiétudes, souvent en lien avec le concept de l'État et son rôle en tant qu'entité stabilisatrice. Lorsque l'État semble incapable de maintenir le contrôle et l'ordre, cela peut mener à une multitude de menaces et de risques. Dans le cas du Moyen-Orient, ces menaces sont diverses. Elles vont de l'instabilité sociale et économique à l'intérieur des pays, à l'augmentation des conflits sectaires et ethniques, en passant par le risque de terrorisme international. Ces conflits peuvent également entraîner des crises humanitaires, des déplacements massifs de populations et des problèmes de réfugiés à l'échelle mondiale. L'absence d'un contrôle étatique efficace peut également permettre à des acteurs non étatiques, tels que les groupes terroristes, de gagner en influence et en pouvoir. Par exemple, l'État islamique (EI) a pu émerger et prendre le contrôle de vastes territoires en Irak et en Syrie en profitant de la faiblesse des États locaux et du chaos ambiant. Cela illustre bien la complexité des enjeux liés à l'absence de contrôle étatique et à l'instabilité, et les défis qu'ils posent pour la sécurité internationale. | |||
Notre conception du système international est fortement ancrée dans le concept de l'État. L'État est généralement considéré comme l'acteur principal en politique internationale, assurant la sécurité, l'ordre et la stabilité au sein de ses frontières. Lorsqu'un État s'effondre ou est incapable d'exercer efficacement son autorité, cela peut entraîner des conséquences déstabilisantes à la fois pour le pays concerné et pour la communauté internationale. L'effondrement d'un État peut générer un vide de pouvoir, créant ainsi un terrain propice à l'émergence de groupes armés non étatiques, de conflits internes et de violence généralisée. Cette situation peut également entraîner une crise humanitaire, avec des réfugiés fuyant la violence et la pauvreté, ce qui peut à son tour créer des tensions dans les pays voisins et au-delà. Par ailleurs, l'incapacité d'un État à contrôler son territoire peut également représenter une menace pour la sécurité internationale. Cela peut créer un espace où le terrorisme, la criminalité organisée et d'autres activités illicites peuvent prospérer, avec des conséquences potentiellement graves au-delà des frontières de l'État concerné. C'est pour ces raisons que l'effondrement des États est souvent perçu comme une source majeure d'instabilité et d'insécurité dans le système international. Il est donc crucial pour la communauté internationale de travailler ensemble pour prévenir l'effondrement des États et aider à rétablir la stabilité lorsque cela se produit. | |||
Dans l'histoire des relations internationales, il y a eu des cas où des puissances étrangères ont soutenu des régimes autoritaires ou dictatoriaux dans le but de préserver la stabilité régionale, de contenir une idéologie concurrente, d'accéder à des ressources ou pour des raisons stratégiques. Cependant, cette pratique pose des problèmes éthiques significatifs et peut être en contradiction avec les principes démocratiques et les droits de l'homme que ces puissances étrangères prétendent souvent défendre. Dans le contexte de la politique internationale, le soutien à un régime autoritaire peut parfois refléter une préférence pour un État qui contrôle fermement son pays, même si cela se fait au détriment des droits de l'homme ou de la démocratie. C'est une tendance qui découle souvent d'une préoccupation pour la stabilité régionale et la sécurité internationale. L'idée est que, bien que ces régimes puissent être répressifs et antidémocratiques, ils peuvent aussi assurer un certain degré de stabilité et de prévisibilité. Ils peuvent empêcher le chaos ou la violence qui pourrait autrement émerger en l'absence d'un contrôle étatique fort, et ils peuvent également servir de contrepoids à d'autres forces régionales ou internationales perçues comme une menace. | |||
L'État-nation reste une structure fondamentale pour organiser et comprendre nos sociétés et le monde dans lequel nous vivons. C'est par l'État que nous définissons généralement notre identité nationale, c'est l'État qui représente les citoyens sur la scène internationale, et c'est à travers les États que nous structurons le plus souvent nos interactions et relations internationales. L'État-nation est aussi un outil clé pour maintenir l'ordre public, garantir les droits et libertés des citoyens, fournir des services publics essentiels et assurer la sécurité nationale. Il représente donc une certaine stabilité et prévisibilité dans un monde par ailleurs complexe et en constante évolution. | |||
La notion de "guerre postmoderne" renvoie à une évolution fondamentale de l'art de la guerre, s'éloignant des paradigmes traditionnels liés à des États-nations en conflit pour des raisons politiques ou territoriales. Au cœur de la guerre postmoderne, nous observons une dépolitisation des conflits, où les motifs politiques ou le contrôle territorial sont remplacés par une multitude de facteurs tels que les différends ethniques, religieux, économiques ou environnementaux. Cette nouvelle ère de la guerre se caractérise également par une déterritorialisation, où les conflits ne sont plus restreints à des régions spécifiques mais peuvent devenir transnationaux ou globaux, à l'image du terrorisme international ou des cyberconflits. L'un des aspects les plus perturbants de la guerre postmoderne est la privatisation de la violence, où les acteurs non étatiques, tels que les groupes terroristes, les milices privées ou les organisations criminelles, jouent un rôle de plus en plus prééminent. Parallèlement, l'impact des conflits sur les civils s'est intensifié, avec des effets dévastateurs directs, tels que la violence, et indirects, tels que le déplacement de population, la famine ou la maladie. | |||
Bien que les démocraties soient moins susceptibles d'entrer en guerre entre elles - un concept connu sous le nom de "paix démocratique" - elles continuent d'être impliquées dans des conflits militaires. Ces conflits impliquent souvent des pays non démocratiques ou s'inscrivent dans le cadre de missions internationales de maintien de la paix ou de la lutte contre le terrorisme. Les pays du Nord ont également tendance à utiliser des moyens autres que la guerre conventionnelle pour atteindre leurs objectifs de politique étrangère. Par exemple, ils peuvent utiliser la diplomatie, les sanctions économiques, l'aide au développement, et d'autres outils de "soft power" pour influencer les autres nations. De plus, la technologie a changé la nature de la guerre. Les pays du Nord, en particulier, ont tendance à dépendre fortement de la technologie avancée dans leur conduite de la guerre. L'usage des drones, des cyberattaques, et d'autres formes de guerre non conventionnelle est de plus en plus courant. En fin de compte, bien que la nature et la conduite de la guerre puissent changer, le recours à la force militaire reste malheureusement une caractéristique de la politique internationale. Il est donc crucial de continuer à chercher des moyens de prévenir les conflits et de promouvoir la paix et la sécurité mondiales. | |||
== Vers une Guerre Postmoderne == | |||
{{Article détaillé|La transformation des pratiques contemporaines de sécurité : entre guerre et police globale ?}} | |||
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Les modes de guerre ont changé de façon significative, surtout pour les pays occidentaux. Cette évolution s'est principalement matérialisée par un plus grand recours à la technologie, une professionnalisation accrue des armées et une aversion grandissante pour les pertes humaines, souvent appelée "allergie au risque". Le concept du "Western Way of War" met l'accent sur la préférence pour la technologie avancée et la supériorité aérienne dans la conduite de la guerre. La technologie est devenue un élément clé de la conduite de la guerre, avec le développement d'armes toujours plus sophistiquées, l'utilisation de drones, et l'importance croissante de la cyberguerre. En outre, la professionnalisation accrue des armées s'est traduite par une formation plus poussée et une spécialisation accrue des militaires. Les armées de métier sont de plus en plus courantes, et les conscriptions ou les drafts sont de moins en moins fréquents dans les pays occidentaux. L' "allergie au risque" a été exacerbée par le fait que les sociétés occidentales ont de plus en plus de mal à accepter les pertes humaines en temps de guerre. Cela a conduit à une préférence pour les frappes aériennes et l'utilisation de drones, qui permettent de mener des opérations militaires sans mettre en danger les vies des soldats. | |||
A l'époque actuelle, il y a une nette diminution de l'acceptation sociale de la perte de vies humaines dans les guerres menées à l'étranger. Les populations sont de moins en moins disposées à soutenir des conflits qui entraînent des pertes de vies, notamment de leurs propres citoyens. Cette situation est en partie alimentée par une couverture médiatique omniprésente et instantanée des conflits, qui rend les coûts humains de la guerre plus visibles et plus réels pour la population générale. En même temps, les avancées technologiques ont permis de mener des guerres de manière plus éloignée. L'utilisation de drones, de missiles de précision et d'autres technologies de pointe permet de mener des attaques à distance, sans risque direct pour les troupes sur le terrain. Cette forme de guerre technologique est en grande partie le fruit des développements technologiques facilités par les États. | |||
L'utilisation des drones dans les conflits modernes a radicalement changé la nature de la guerre. Le pilotage de drones permet de mener des opérations militaires, y compris des frappes meurtrières, depuis des milliers de kilomètres. Le personnel qui contrôle ces drones le fait souvent depuis des bases situées en dehors du champ de bataille, parfois même dans un autre pays. Cela soulève un certain nombre de questions éthiques et morales. D'une part, cela permet de minimiser le risque pour les forces militaires qui contrôlent ces drones. D'autre part, cela peut créer une déconnexion entre l'acte de tuer et la réalité de la guerre, qui peut à son tour entraîner des conséquences psychologiques pour les opérateurs de drones. En outre, cela peut rendre la prise de décision sur l'usage de la force moins immédiate et moins personnelle, ce qui peut potentiellement abaisser le seuil de l'utilisation de la force. Par ailleurs, l'utilisation des drones a également des implications stratégiques. Il permet de mener des frappes précises avec un risque minimal pour les forces militaires, mais il peut également conduire à des pertes civiles et à des dommages collatéraux. L'utilisation de drones soulève donc des questions importantes en matière de droit international humanitaire et de responsabilité. | |||
La | La question est de savoir si cette mise à distance change la nature de la guerre, est-ce que cela est une évolution, une révolution des affaires militaires avec le concept de guerre « zéro mort », doit-on dépasser Clausewitz lorsqu’on parle de Mary Kaldor par exemple. La mise à distance de la guerre grâce à la technologie, notamment les drones, soulève la question de savoir si la nature même de la guerre est en train de changer. La possibilité de mener des opérations militaires sans mettre directement en danger la vie de ses propres soldats modifie indéniablement l'expérience de la guerre et peut influencer la prise de décisions concernant l'usage de la force. Le concept de "guerre zéro mort" peut certes sembler attrayant du point de vue de ceux qui mènent la guerre, mais il ne doit pas faire oublier que même une guerre menée à distance peut avoir des conséquences dévastatrices pour les civils et entraîner des pertes de vies humaines. La question de savoir si nous devons "dépasser Clausewitz" est un sujet de débat parmi les théoriciens militaires. Clausewitz a soutenu que la guerre est une extension de la politique par d'autres moyens. Même si la technologie a changé la façon dont la guerre est menée, il peut être argumenté que l'objectif ultime reste le même : atteindre des objectifs politiques. Dans cette perspective, la pensée de Clausewitz reste toujours pertinente. Cela dit, les travaux de chercheurs comme Mary Kaldor ont souligné que les formes contemporaines de violence organisée peuvent différer des modèles traditionnels de guerre envisagés par Clausewitz. Les "nouvelles guerres", selon Kaldor, se caractérisent par des violences intra-étatiques, l'implication d'acteurs non étatiques, et l'importance croissante des identités plutôt que des idéologies. Ces transformations pourraient nous pousser à repenser certaines des théories classiques de la guerre. | ||
La guerre est-elle vraiment en train de se transformer ? Est-ce quelque chose qui se dépolitise de plus en plus dans les pays du Sud et qui est quelque chose en fin de compte d’éminemment technologique où il n’y a plus aucun rapport avec ce qui se passe sur le terrain ? La perception de la guerre comme quelque chose de distant et technologique, particulièrement en Occident, peut être un phénomène croissant. Cependant, affirmer que la guerre est en train de se "dépolitiser" nécessite une analyse plus nuancée. | |||
Dans les pays du Sud, bien qu'il y ait une augmentation des conflits intra-étatiques et de la violence perpétrée par des acteurs non-étatiques, ces conflits restent profondément politiques. Ils peuvent être liés à des luttes pour le contrôle des ressources, des différences ethniques ou religieuses, des aspirations à l'autodétermination, ou des réactions à la corruption et à la mauvaise gouvernance. De plus, la violence organisée peut avoir des implications politiques majeures, influençant les structures de pouvoir, modifiant les relations entre les groupes et façonnant l'avenir politique d'un pays. Dans les pays du Nord, l'utilisation de technologies telles que les drones peut donner l'impression d'une "déshumanisation" de la guerre, où les actes de violence sont commis à distance et de manière apparemment détachée. Cependant, cette approche de la guerre peut avoir ses propres implications politiques. Par exemple, la facilité apparente avec laquelle la violence peut être infligée à distance peut influencer les décisions sur quand et comment utiliser la force. De plus, la manière dont ces technologies sont utilisées et réglementées peut susciter des débats politiques importants. Il est donc crucial de comprendre que même si la nature et la conduite de la guerre peuvent évoluer, la guerre reste une entreprise profondément politique, et ses conséquences se font ressentir bien au-delà du champ de bataille. | |||
On parle de toutes ces guerres que nous voyons à travers les écrans avec par exemple la Guerre du Golf dans les années 1990 qui parait éloignées parce qu’on ne l’expérimente même plus au travers de nos familles ou de nos propres expériences. La Guerre du Golfe dans les années 1990 a marqué un tournant dans la manière dont la guerre est perçue par le public. Cette guerre a été largement médiatisée, avec des images de la guerre diffusées en direct à la télévision. Cela a contribué à créer une certaine distance entre le public et le conflit réel. En regardant la guerre à travers l'écran de la télévision, elle peut sembler lointaine et déconnectée de notre quotidien. Cette distance peut également être accentuée par le fait que de moins en moins de personnes dans les pays occidentaux ont une expérience directe du service militaire. Alors que le service militaire était autrefois une expérience commune pour de nombreux hommes (et certaines femmes), de nombreux pays ont aujourd'hui des armées entièrement professionnelles. Cela signifie que la guerre est vécue directement par un plus petit pourcentage de la population. Bien que la guerre puisse sembler lointaine pour de nombreuses personnes dans les pays occidentaux, elle a des conséquences très réelles pour ceux qui y sont directement impliqués, que ce soit les militaires déployés en zones de conflit ou les populations locales touchées. De plus, même si un conflit peut sembler éloigné géographiquement, il peut avoir des conséquences indirectes à travers des phénomènes tels que les flux de réfugiés, les impacts économiques ou les menaces pour la sécurité internationale. | |||
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