Modification de L’Amérique latine pendant la Deuxième guerre mondiale

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''D'après un cours d'Aline Helg''<ref>[https://www.unige.ch/lettres/istge/unites/hco/anciens-collaborateurs/helg/ Aline Helg] - [https://www.unige.ch/ UNIGE]</ref><ref>[https://unige.academia.edu/AlineHelg Aline Helg] - [https://www.academia.edu/ Academia.edu]</ref><ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/Aline_Helg Aline Helg] - Wikipedia</ref><ref>[http://www.afrocubaweb.com/helg.htm Aline Helg] - [http://www.afrocubaweb.com/ Afrocubaweb.com]</ref><ref>[https://www.researchgate.net/profile/Aline_Helg Aline Helg] - [https://www.researchgate.net/profile/Aline_Helg Researchgate.net]</ref><ref>[https://www.cairn.info/publications-de-Aline-Helg--670782.htm Aline Helg] - [https://www.cairn.info Cairn.info]</ref><ref>[https://scholar.google.fr/citations?user=h3hUuPgAAAAJ&hl=en&oi=ao Aline Helg] - [https://scholar.google.fr/schhp?hl=en Google Scholar]</ref>
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*[[Les Amériques à la veille des indépendances (A. Helg)]]
 
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Aucun pays d'Amérique latine n'a choisi de s'aligner formellement avec les puissances de l'Axe. La neutralité était la position dominante, une posture qui masquait néanmoins un soutien sous-jacent aux Alliés. Le Mexique et le Brésil, en particulier, se sont distingués en déployant des troupes au combat, bien que leur implication directe soit restée symbolique comparée à celle des colosses militaires de l'époque.
Aucun pays d'Amérique latine n'a choisi de s'aligner formellement avec les puissances de l'Axe. La neutralité était la position dominante, une posture qui masquait néanmoins un soutien sous-jacent aux Alliés. Le Mexique et le Brésil, en particulier, se sont distingués en déployant des troupes au combat, bien que leur implication directe soit restée symbolique comparée à celle des colosses militaires de l'époque.


Les pays d'Amérique latine, bien qu'éclipsés par les puissances majeures, ont néanmoins joué un rôle déterminant dans l’économie de guerre. Leur apport en matières premières et denrées alimentaires a soutenu l'effort de guerre allié, illustrant que, bien que limitée sur le plan militaire, l’importance de l’Amérique latine sur l’échiquier mondial pendant la Seconde Guerre mondiale était indéniable. Cela a jeté les bases d'une transformation socio-politique post-guerre, marquant un chapitre significatif dans l'histoire de la région.
Les pays d'Amérique latine, bien qu'éclipsés par les puissances majeures, ont néanmoins joué un rôle déterminant dans l’économie de guerre. Leur apport en matières premières et denrées alimentaires a soutenu l'effort de guerre allié, illustrant que, bien que limitée sur le plan militaire, l’importance de l’Amérique latine sur l’échiquier mondial pendant la Seconde Guerre mondiale était indéniable. Cela a jeté les bases d'une transformation socio-politique post-guerre, marquant un chapitre significatif dans l'histoire de la région.{{Translations
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= Les réfugiés européens en Amérique latine : 1934 - 1939 =
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L'accueil des républicains espagnols et des socialistes en République dominicaine était inscrit dans une stratégie doublement opportuniste et visionnaire orchestrée par Trujillo. Le dictateur avait un agenda bien précis, teinté par des aspirations raciales et politiques complexes. En ouvrant les portes de son pays aux réfugiés espagnols, il ne visait pas seulement un acte humanitaire, mais une transformation démographique et culturelle de la République dominicaine. Trujillo aspirait à une nation dominée par des éléments culturels et raciaux hispaniques et blancs. Il percevait les racines afro-caribéennes de la population dominicaine non pas comme une richesse culturelle, mais comme un obstacle à l’ascension de son pays sur la scène internationale. Les réfugiés espagnols étaient pour lui un moyen de "blanchir" la nation, d’imprégner la culture dominicaine d’influences européennes et d’aligner le pays plus étroitement avec le monde hispanophone. Ce n'était pas un geste isolé. Trujillo cherchait également à polir l'image internationale de la République dominicaine. En se posant comme un défenseur des opprimés et des réfugiés, il espérait atténuer les critiques internationales à l’égard de son régime autoritaire et de ses violations des droits de l'homme. Cette manœuvre était destinée à présenter la République dominicaine comme une nation progressiste et ouverte, capable d’attirer des investissements et de nouer des alliances stratégiques. L’arrivée des réfugiés espagnols et socialistes a donc été une pièce maîtresse dans le puzzle complexe de la politique de Trujillo. C’était une stratégie habile pour remodeler l’identité nationale, attirer des investissements et soutien international, et positionner la République dominicaine comme un acteur clé au sein du monde hispanophone, tout en minimisant et marginalisant davantage les éléments afro-caribéens de la population. Ce chapitre de l'histoire dominicaine offre un aperçu des mécanismes subtils et souvent contradictoires par lesquels les régimes autoritaires cherchent à consolider leur pouvoir et à sculpter l’identité nationale selon leurs propres visions idéologiques et raciales.
L'accueil des républicains espagnols et des socialistes en République dominicaine était inscrit dans une stratégie doublement opportuniste et visionnaire orchestrée par Trujillo. Le dictateur avait un agenda bien précis, teinté par des aspirations raciales et politiques complexes. En ouvrant les portes de son pays aux réfugiés espagnols, il ne visait pas seulement un acte humanitaire, mais une transformation démographique et culturelle de la République dominicaine. Trujillo aspirait à une nation dominée par des éléments culturels et raciaux hispaniques et blancs. Il percevait les racines afro-caribéennes de la population dominicaine non pas comme une richesse culturelle, mais comme un obstacle à l’ascension de son pays sur la scène internationale. Les réfugiés espagnols étaient pour lui un moyen de "blanchir" la nation, d’imprégner la culture dominicaine d’influences européennes et d’aligner le pays plus étroitement avec le monde hispanophone. Ce n'était pas un geste isolé. Trujillo cherchait également à polir l'image internationale de la République dominicaine. En se posant comme un défenseur des opprimés et des réfugiés, il espérait atténuer les critiques internationales à l’égard de son régime autoritaire et de ses violations des droits de l'homme. Cette manœuvre était destinée à présenter la République dominicaine comme une nation progressiste et ouverte, capable d’attirer des investissements et de nouer des alliances stratégiques. L’arrivée des réfugiés espagnols et socialistes a donc été une pièce maîtresse dans le puzzle complexe de la politique de Trujillo. C’était une stratégie habile pour remodeler l’identité nationale, attirer des investissements et soutien international, et positionner la République dominicaine comme un acteur clé au sein du monde hispanophone, tout en minimisant et marginalisant davantage les éléments afro-caribéens de la population. Ce chapitre de l'histoire dominicaine offre un aperçu des mécanismes subtils et souvent contradictoires par lesquels les régimes autoritaires cherchent à consolider leur pouvoir et à sculpter l’identité nationale selon leurs propres visions idéologiques et raciales.


La dichotomie des actions de Trujillo réside dans la juxtaposition de son régime autoritaire interne et des gestes apparemment généreux envers les réfugiés espagnols. L'accueil de ces réfugiés n'était pas tant un acte de compassion qu'une stratégie délibérée pour servir ses propres intérêts politiques et sociaux. Le massacre des Haïtiens en 1937 met en lumière la brutalité de son régime, révélant un leader qui était tout sauf un humanitaire. Cela soulève la question critique de ses motivations réelles pour accueillir les réfugiés européens. Trujillo était en quête de légitimité et de reconnaissance internationale. En accueillant les réfugiés espagnols, il cherchait à remodeler l'image internationale de la République dominicaine. Ce geste a servi de contre-narratif à la brutalité de son régime, projetant une image d'ouverture et de générosité sur la scène mondiale. C'était également un moyen de se distinguer et de se positionner avantageusement par rapport aux nations qui étaient réticentes à accueillir des réfugiés en période de crise. Par ailleurs, l’arrivée des républicains et des socialistes espagnols a eu un impact positif sur la dynamique culturelle et intellectuelle du pays. Ils ont apporté avec eux une diversité d’idées, de talents et de compétences qui ont enrichi le paysage culturel de la République dominicaine. Leur présence a renforcé les liens du pays avec l’Espagne et le monde hispanophone, ouvrant des avenues pour des échanges culturels, éducatifs et politiques renforcés.
La dichotomie des actions de Trujillo réside dans la juxtaposition de son régime autoritaire interne et des gestes apparemment généreux envers les réfugiés espagnols. L'accueil de ces réfugiés n'était pas tant un acte de compassion qu'une stratégie délibérée pour servir ses propres intérêts politiques et sociaux. Le massacre des Haïtiens en 1937 met en lumière la brutalité de son régime, révélant un leader qui était tout sauf un humanitaire. Cela soulève la question critique de ses motivations réelles pour accueillir les réfugiés européens. Trujillo était en quête de légitimité et de reconnaissance internationale. En accueillant les réfugiés espagnols, il cherchait à remodeler l'image internationale de la République dominicaine. Ce geste a servi de contre-narratif à la brutalité de son régime, projetant une image d'ouverture et de générosité sur la scène mondiale. C'était également un moyen de se distinguer et de se positionner avantageusement par rapport aux nations qui étaient réticentes à accueillir des réfugiés en période de crise. Par ailleurs, l’arrivée des républicains et des socialistes espagnols a effectivement eu un impact positif sur la dynamique culturelle et intellectuelle du pays. Ils ont apporté avec eux une diversité d’idées, de talents et de compétences qui ont enrichi le paysage culturel de la République dominicaine. Leur présence a renforcé les liens du pays avec l’Espagne et le monde hispanophone, ouvrant des avenues pour des échanges culturels, éducatifs et politiques renforcés.


L'exode des républicains et des socialistes espagnols suite à la guerre civile a initié un mouvement de diaspora qui a répandu leur influence culturelle, intellectuelle et politique à travers l'Amérique latine. Au-delà du Mexique et de la République dominicaine, des pays comme le Chili, Cuba et l’Argentine sont également devenus des terres d’accueil pour ces individus déplacés. Au Chili, l'arrivée des réfugiés espagnols a coïncidé avec une période de dynamisme politique et culturel. Les idées progressistes et la vitalité culturelle des réfugiés ont trouvé une résonance dans la société chilienne. Ils ont non seulement été accueillis pour leur humanité, mais aussi pour les perspectives diversifiées et l’expertise qu'ils apportaient, enrichissant ainsi le dialogue politique et culturel du pays. À Cuba, les réfugiés ont été intégrés dans une nation qui était elle-même en train de naviguer à travers des complexités politiques intenses. Les républicains et socialistes espagnols ont contribué à la richesse culturelle et intellectuelle de l’île, introduisant des éléments de la tradition européenne qui se sont mêlés et ont enrichi la culture cubaine distincte. En Argentine, l'impact de l'arrivée des réfugiés a été particulièrement notable. Un pays déjà en effervescence avec une vie culturelle et intellectuelle riche, l'Argentine a vu en les républicains et socialistes espagnols des partenaires naturels dans le renforcement de son identité nationale. Ils ont été intégrés dans les secteurs de l'éducation, des arts et de la politique, où leur influence a aidé à façonner l'évolution de la société argentine.
L'exode des républicains et des socialistes espagnols suite à la guerre civile a initié un mouvement de diaspora qui a répandu leur influence culturelle, intellectuelle et politique à travers l'Amérique latine. Au-delà du Mexique et de la République dominicaine, des pays comme le Chili, Cuba et l’Argentine sont également devenus des terres d’accueil pour ces individus déplacés. Au Chili, l'arrivée des réfugiés espagnols a coïncidé avec une période de dynamisme politique et culturel. Les idées progressistes et la vitalité culturelle des réfugiés ont trouvé une résonance dans la société chilienne. Ils ont non seulement été accueillis pour leur humanité, mais aussi pour les perspectives diversifiées et l’expertise qu'ils apportaient, enrichissant ainsi le dialogue politique et culturel du pays. À Cuba, les réfugiés ont été intégrés dans une nation qui était elle-même en train de naviguer à travers des complexités politiques intenses. Les républicains et socialistes espagnols ont contribué à la richesse culturelle et intellectuelle de l’île, introduisant des éléments de la tradition européenne qui se sont mêlés et ont enrichi la culture cubaine distincte. En Argentine, l'impact de l'arrivée des réfugiés a été particulièrement notable. Un pays déjà en effervescence avec une vie culturelle et intellectuelle riche, l'Argentine a vu en les républicains et socialistes espagnols des partenaires naturels dans le renforcement de son identité nationale. Ils ont été intégrés dans les secteurs de l'éducation, des arts et de la politique, où leur influence a aidé à façonner l'évolution de la société argentine.
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== Neutralité ==
== Neutralité ==
La Seconde Guerre mondiale a créé une complexité géopolitique pour les pays d'Amérique latine, car ils devaient naviguer entre les exigences contradictoires des grandes puissances en guerre et leurs propres intérêts nationaux. La neutralité déclarée par la plupart des pays d'Amérique latine était en grande partie une stratégie visant à protéger leurs propres intérêts économiques et politiques. Ils voulaient éviter les dévastations directes de la guerre, tout en profitant des opportunités économiques qui découlaient de la demande croissante de matières premières nécessaires à l'effort de guerre. Cette neutralité a permis à ces pays de commercer avec toutes les parties belligérantes. Le Mexique, par exemple, a fini par soutenir ouvertement les Alliés, principalement en raison de ses liens étroits avec les États-Unis. Le pays a fourni d'importantes ressources, notamment du pétrole, aux Alliés. De plus, le Mexique a envoyé l'Escuadrón 201, une unité de pilotes de chasse, pour combattre aux côtés des Alliés dans le Pacifique. En ce qui concerne l'Argentine, le pays a maintenu une position officiellement neutre pendant la majeure partie de la guerre, mais il y avait des soupçons sur les sympathies pro-Axe au sein de certaines factions du gouvernement et de l'armée. L'Argentine n'a déclaré la guerre à l'Allemagne nazie qu'en mars 1945, peu de temps avant la fin de la guerre en Europe. Le Chili a également maintenu une neutralité officielle, bien que, comme en Argentine, il y ait eu des éléments au sein du pays qui ont manifesté des sympathies pour les puissances de l'Axe. Les efforts des nazis pour étendre leur influence en Amérique latine après 1933 ont été motivés par des raisons stratégiques et économiques. L'Argentine, en particulier, était perçue comme un partenaire commercial potentiellement précieux, riche en matières premières nécessaires à l'économie de guerre allemande. Les relations historiques entre des pays comme l'Argentine ou le Chili et la Prusse, ainsi que les importants groupes d'immigrants allemands présents dans ces pays, ont facilité les efforts de diplomatie et d'espionnage nazis. Néanmoins, la neutralité globale de la région a empêché une immersion totale dans les affaires de la guerre, limitant ainsi l'influence directe des puissances de l'Axe sur le continent. Après la guerre, l'Amérique latine est devenue un refuge pour de nombreux nazis en fuite, cherchant à échapper à la justice pour les crimes commis pendant le conflit.
//Cependant, la plupart des pays d'Amérique latine ont déclaré leur neutralité pendant la Seconde Guerre mondiale et ont entretenu des relations économiques tant avec les Alliés qu'avec les puissances de l'Axe. Certains pays, comme le Mexique, ont soutenu activement les Alliés en leur fournissant du pétrole et d'autres ressources. L'Argentine et le Chili ont maintenu une neutralité formelle, mais certains éléments au sein de ces pays ont sympathisé avec les puissances de l'Axe, ce qui a entraîné certaines tensions. Après 1933, le régime nazi a tenté d'établir des liens plus étroits avec les pays d'Amérique latine, notamment l'Argentine et le Chili, afin de s'assurer un accès à de précieuses matières premières. Les liens historiques entre la Prusse et ces pays, y compris les missions militaires, ont servi de base aux efforts diplomatiques des nazis. Cependant, la plupart des nations d'Amérique latine ont déclaré leur neutralité pendant la guerre, ce qui a limité l'étendue de l'influence nazie dans la région.


L'influence du nazisme en Amérique latine, bien que présente à un certain degré, était nettement moins marquée que celle d'autres idéologies ou mouvements politiques influençant la région à l'époque. Les petites communautés d'immigrants allemands dans des pays comme l'Argentine, le Guatemala et l'Uruguay ont tenté de promouvoir les idées nazies. Cependant, la taille de ces communautés n'était pas assez significative pour exercer une influence majeure sur la politique ou la société. L'absence d'une importante population juive en Amérique latine a également joué un rôle. Sans cette cible principale de l'idéologie nazie, une des motivations clés de ce mouvement était manquante. De plus, l'Amérique latine, avec son histoire riche et diverse de métissage racial et culturel, n'était pas un terrain fertile pour les idées de pureté raciale et de supériorité aryenne prônées par le nazisme. Les différences culturelles entre l'Europe et l'Amérique latine, ainsi que le manque d'acceptation généralisée de l'antisémitisme dans la région, ont rendu difficile la diffusion des idéologies nazies. En outre, bon nombre de pays d'Amérique latine entretenaient des relations économiques et diplomatiques étroites avec les Alliés, notamment les États-Unis et la Grande-Bretagne. Ces liens économiques et diplomatiques ont joué un rôle dans la limitation de l'acceptation et de la promotion des idéologies des puissances de l'Axe sur le continent.
De petites communautés d'immigrants allemands en Argentine, au Guatemala et en Uruguay formèrent des partis nazis locaux, avec environ 8 000 adeptes en Amérique latine. À la même époque, le parti nazi comptait 25 000 adeptes aux États-Unis. Malgré ces efforts, l'idéologie nazie n'a pas eu beaucoup d'adeptes en Amérique latine, pour diverses raisons, notamment l'absence d'une importante population juive et les différences culturelles entre les idéaux nazis et la population métisse prédominante dans la région. En outre, l'antisémitisme n'était pas largement accepté en Amérique latine, tout comme l'idée de la supériorité de la race aryenne.


La Seconde Guerre mondiale, bien que centrée sur les conflits en Europe, en Asie et dans le Pacifique, a eu des répercussions politiques et économiques mondiales. En Amérique latine, bien que les nations n'aient pas été des théâtres majeurs de combat, elles ont ressenti les effets indirects de la guerre à travers leurs relations économiques et diplomatiques. Certains dirigeants latino-américains étaient fascinés par les mouvements fascistes qui avaient pris le pouvoir en Europe. Ils voyaient dans le fascisme une possible solution aux défis économiques et sociaux auxquels leurs pays étaient confrontés. Des régimes comme ceux de Mussolini en Italie, Salazar au Portugal et Franco en Espagne ont servi de modèles pour certains dirigeants et élites latino-américains qui cherchaient à consolider leur pouvoir et à moderniser leurs économies. Néanmoins, malgré cette admiration pour les mouvements fascistes européens, aucune nation latino-américaine n'a officiellement rejoint l'alliance des puissances de l'Axe. La neutralité était la position la plus courante adoptée par les pays d'Amérique latine. Cette position était motivée par plusieurs raisons, notamment le désir d'éviter des conflits internes, l'absence d'enjeux directs dans la guerre et le souci de protéger leurs économies. Bien que neutres, de nombreux pays d'Amérique latine ont entretenu des relations commerciales avec les belligérants des deux côtés. Ces relations étaient souvent pragmatiques, basées sur des besoins économiques plutôt que sur des alliances idéologiques.
Malgré l'intérêt de certains dirigeants pour les actions des régimes fascistes en Italie, au Portugal et en Espagne, aucun pays d'Amérique latine ne s'est officiellement allié aux puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale. La plupart des pays d'Amérique latine se sont déclarés neutres pendant le conflit. Si certains ont entretenu des relations économiques avec les Alliés et l'Axe, ils ne se sont pas officiellement impliqués dans la guerre.


La Seconde Guerre mondiale a été un tournant décisif dans les relations internationales, démontrant le déclin des puissances coloniales européennes et l'ascension des États-Unis et de l'Union soviétique comme superpuissances dominantes. Pour l'Amérique latine, cela s'est traduit par un réalignement significatif de ses liens économiques et politiques. Jusqu'au début du XXe siècle, les nations d'Amérique latine entretenaient des relations étroites avec les puissances européennes, en particulier avec l'Espagne, le Portugal, la France et le Royaume-Uni. Cependant, avec l'expansion économique et territoriale des États-Unis, ces liens ont commencé à changer. La Doctrine Monroe, proclamée en 1823, a énoncé la vision américaine selon laquelle l'Europe ne devrait pas chercher à établir de nouvelles colonies ou à intervenir dans les affaires des républiques indépendantes de l'hémisphère occidental. Bien que la doctrine ait été largement rhétorique à l'origine, elle a jeté les bases d'une politique américaine plus interventionniste dans la région. Le principe de non-intervention, promu par les États-Unis, a été essentiellement une extension de cette doctrine, visant à protéger la sphère d'influence américaine contre les interventions étrangères, en particulier européennes. Les politiques telles que la "diplomatie du dollar" et la politique de "bon voisinage" ont cherché à établir des relations plus amicales et à renforcer l'influence économique et politique des États-Unis en Amérique latine. La Seconde Guerre mondiale a accéléré ce processus. Avec l'Europe en guerre et les anciennes puissances coloniales affaiblies, l'Amérique latine s'est tournée vers les États-Unis pour obtenir une aide économique et une protection. Les États-Unis, pour leur part, étaient désireux de s'assurer que l'Amérique latine ne tombe pas sous l'influence de l'Axe. Des initiatives telles que la Conférence interaméricaine de 1940 et les accords économiques ont renforcé les liens entre les États-Unis et l'Amérique latine.
Le fait que les pays d'Amérique latine ne se soient pas alignés sur les puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale témoigne d'un déplacement de l'influence de l'Europe vers les États-Unis. Les États-Unis pouvaient mobiliser la région sous leur direction grâce au principe de non-intervention, ce qui a contribué à renforcer leur influence dans la région. Cela s'inscrit dans la tendance plus large d'une implication accrue des États-Unis en Amérique latine au cours du XXe siècle, qui a marqué un changement dans la dynamique du pouvoir et un déclin de l'influence européenne dans la région.


== Déclaration de solidarité continentale de 1938 ==
== Déclaration de solidarité continentale de 1938 ==
Au cours de la période précédant la Seconde Guerre mondiale, les nations d'Amérique latine ont cherché à consolider leur position sur la scène internationale et à protéger leurs intérêts régionaux face à la montée des tensions en Europe. La Déclaration de solidarité continentale de 1938 symbolise ces aspirations. Elle a été adoptée lors de la Conférence interaméricaine pour le maintien de la paix, à Lima. Cette déclaration traduisait la prise de conscience des pays d'Amérique latine de la nécessité de s'unir face aux menaces extérieures et de définir une position commune sur les grands enjeux mondiaux. La déclaration promouvait la coopération interaméricaine, le respect de la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les États, ainsi que la non-intervention dans les affaires intérieures des autres nations. Elle reflétait également les préoccupations concernant l'expansionnisme des puissances de l'Axe et la possible propagation du conflit en Amérique. Cependant, en septembre 1939, face au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l'attitude de l'Amérique latine a évolué pour adopter une position de neutralité. Les ministres des Affaires étrangères des États américains, réunis lors de la Conférence de Panama, ont mis en avant cette position, voulant éviter toute implication directe dans le conflit européen. Leur choix était motivé non seulement par le souhait de préserver leurs économies des ravages de la guerre, mais aussi par la volonté d'affirmer leur autonomie et de résister à toute pression pour rejoindre l'un ou l'autre camp. Cette position était également un moyen pour les pays d'Amérique latine d'affirmer leur souveraineté et leur capacité à prendre des décisions indépendantes en matière de politique étrangère. Cela a montré qu'ils n'étaient pas de simples pions dans le jeu des puissances mondiales, mais des acteurs à part entière, capables de définir et de défendre leurs propres intérêts. Cependant, à mesure que la guerre progressait, cette position de neutralité s'est érodée sous la pression des États-Unis et d'autres facteurs, conduisant finalement de nombreux pays latino-américains à déclarer la guerre aux puissances de l'Axe. Malgré tout, la période initiale de neutralité a marqué une étape importante dans l'affirmation de l'indépendance et de la souveraineté de l'Amérique latine dans les affaires mondiales.
À la fin de l'année 1938, la Déclaration de solidarité continentale est adoptée, qui vise à promouvoir la coopération et la solidarité entre les pays des Amériques. Et en septembre 1939, les ministres des Affaires étrangères des États américains ont adopté une position de neutralité dans la guerre en cours, reflétant le désir de la plupart des pays d'Amérique latine de rester neutres dans le conflit. Cette déclaration de neutralité démontrait l'indépendance et la souveraineté des nations latino-américaines dans leurs décisions de politique étrangère et leur détermination à maintenir la stabilité dans la région.


La Seconde Guerre mondiale a eu un profond impact sur les relations internationales et la configuration du pouvoir mondial, et l'Amérique latine ne faisait pas exception à cette tendance. Lorsque la France et les Pays-Bas ont succombé à la machine de guerre nazie en 1940, leurs vastes empires coloniaux sont devenus des zones potentiellement vulnérables. La proximité géographique des colonies françaises et néerlandaises en Amérique du Sud et dans les Caraïbes avec les États-Unis et d'autres pays d'Amérique latine a suscité de vives préoccupations quant à leur sécurité et à la stabilité régionale. Dans ce contexte, les ministres des Affaires étrangères des États américains ont pris une décision audacieuse : mettre ces colonies sous leur tutelle collective. C'était une démarche sans précédent, qui visait à assurer que ces territoires ne deviendraient pas des bases d'opérations pour les puissances de l'Axe, en particulier l'Allemagne nazie. Cette mesure reflétait une prise de conscience croissante de l'interdépendance des États américains face à la menace mondiale posée par le fascisme. La décision de protéger ces colonies n'était pas seulement stratégique, mais avait également des implications symboliques. Elle manifestait la solidarité et la coopération entre les nations des Amériques, démontrant leur capacité à agir conjointement pour protéger leurs intérêts communs. Cette démarche envoyait également un message clair aux puissances de l'Axe sur la détermination des Amériques à défendre leur hémisphère. Le fait que l'Allemagne n'ait pas attaqué les territoires comme la Martinique et la Guadeloupe, malgré leur vulnérabilité potentielle, montre l'efficacité de cette stratégie de dissuasion. Cela met également en évidence l'influence croissante des États-Unis dans la région, qui jouait un rôle prépondérant dans la mise en œuvre de cette politique de protection. En fin de compte, l'initiative collective des États américains pendant cette période turbulente a joué un rôle crucial dans le maintien de la stabilité et de la neutralité de la région pendant les années de guerre.
En 1940, après la défaite de la France et des Pays-Bas, les ministres des affaires étrangères des États américains ont décidé de placer les colonies d'Amérique du Sud et des Caraïbes sous leur tutelle afin de préserver la neutralité de la région pendant la guerre. Cette décision visait à prévenir toute agression ou intervention militaire des puissances de l'Axe dans les colonies. Il s'agissait d'une démonstration de l'engagement des États américains à maintenir la stabilité régionale et à protéger l'indépendance des colonies. Il est intéressant de noter que l'Allemagne n'a pas attaqué les territoires français de la Martinique et de la Guadeloupe, qui étaient sous la tutelle des États américains pendant la guerre. Cela souligne encore le succès des efforts des États américains pour maintenir la neutralité des Amériques.<ref>Allevi, Jean-Jacques. “Seconde Guerre Mondiale : La Martinique Sous La Botte De Vichy.” Geo.fr, 20 Mar. 2019, www.geo.fr/histoire/seconde-guerre-mondiale-la-martinique-sous-la-botte-de-vichy-194978</ref><ref>Cantier, Jacques. L'empire Colonial Sous Vichy. Jacob, 2004. url: https://books.google.fr/books?id=5qKdHytlv-gC&pg=PA67&dq=martinique+guadeloupe+deuxi%C3%A8me+guerre+mondiale&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwiv_ejOxtfkAhWFAWMBHZRQB1YQ6AEIQDAD#v=onepage&q=martinique%20guadeloupe%20deuxi%C3%A8me%20guerre%20mondiale&f=false</ref><ref>Sim, Richard, and James Anderson. The Caribbean Strategic Vacuum. Institute for the Study of Conflict, 1980.</ref><ref>Skelton, Tracey. Introduction to the Pan-Caribbean. Arnold, 2004. url: https://books.google.fr/books?id=4Jd9AwAAQBAJ&lpg=PA35&dq=martinique%20guadeloupe%20second%20world%20war&pg=PA35#v=onepage&q=martinique%20guadeloupe%20second%20world%20war&f=false</ref>


La Seconde Guerre mondiale a présenté un dilemme aux nations d'Amérique latine, entre la préservation de la traditionnelle neutralité en matière de conflits externes et la pression croissante pour soutenir les Alliés, principalement exercée par les États-Unis. Après l'attaque de Pearl Harbor en 1941, le pivot stratégique des États-Unis vers une participation active dans le conflit a eu un effet d'entraînement sur leurs voisins au sud. Les États-Unis, avec leur puissance économique et leur influence politique dans la région, ont joué un rôle crucial dans la mobilisation de l'Amérique latine. Dans le contexte du « bon voisinage » promu par le président Franklin D. Roosevelt, les États-Unis ont cherché à renforcer les liens économiques et politiques avec leurs voisins du sud. Après Pearl Harbor, cet engagement s'est transformé en une pression pour que ces pays se joignent à l'effort de guerre allié. Les pays d'Amérique centrale et des Caraïbes, historiquement dans la sphère d'influence des États-Unis, ont été parmi les premiers à répondre à cet appel. L'histoire d'interventions américaines dans ces régions au cours des décennies précédentes a sans doute rendu ces pays plus enclins à suivre la direction américaine. Cependant, la décision d'entrer en guerre n'a pas été facile pour tous. L'Argentine, par exemple, est restée neutre pendant une grande partie de la guerre, malgré les pressions intenses des États-Unis. D'autres nations, bien qu'elles aient déclaré la guerre aux puissances de l'Axe, n'ont pas contribué activement à l'effort de guerre, limitant leur participation à des aspects non combattants. Néanmoins, que ce soit par conviction ou par pragmatisme, de nombreux pays d'Amérique latine ont finalement choisi de soutenir la cause alliée. Le rôle des États-Unis en tant que leader régional, avec leur capacité à offrir des incitations économiques et politiques, a été déterminant dans cette orientation. Cette période a marqué une étape supplémentaire dans le processus d'intégration de l'Amérique latine dans la politique mondiale, influencée en grande partie par les dynamiques et les attentes émanant de Washington.
L'entrée en guerre de l'Amérique latine est en grande partie une réponse aux États-Unis, la plupart des pays de la région ayant déclaré la guerre à l'Allemagne et au Japon après l'attaque de Pearl Harbor en décembre 1941. Les pays d'Amérique centrale et des Caraïbes, où les États-Unis étaient déjà intervenus dans les années 1920, ont été particulièrement prompts à se joindre à l'effort de guerre. Toutefois, cette décision n'a pas fait l'unanimité dans la région et les niveaux d'enthousiasme et d'implication dans l'effort de guerre étaient différents. Néanmoins, c'est en grande partie en réponse au leadership américain et à son impact sur la région que l'Amérique latine a fini par participer à la guerre.


Le paysage politique de l'Amérique latine pendant la Seconde Guerre mondiale était un mélange complexe d'idéologies, d'intérêts nationaux et de dynamiques géopolitiques. Bien que les régimes dictatoriaux aient pu, à première vue, sembler avoir des affinités avec les puissances de l'Axe, en particulier en raison de certaines similitudes en termes d'autoritarisme, de nombreux facteurs ont poussé ces régimes à se ranger du côté des Alliés. Premièrement, les pressions économiques et politiques des États-Unis, qui étaient devenues le pivot économique et militaire de l'hémisphère occidental, ne pouvaient être ignorées. Les avantages économiques d'une alliance avec les États-Unis, tels que l'accès aux marchés et l'aide économique, étaient attrayants pour de nombreux régimes latino-américains. Deuxièmement, déclarer la guerre aux puissances de l'Axe offrait une opportunité de légitimité internationale. En rejoignant les Alliés, ces régimes pouvaient présenter une image de défenseurs de la liberté et de la démocratie, même si cette image était en contradiction flagrante avec leurs politiques intérieures. Troisièmement, il est important de noter que si certains dirigeants et élites d'Amérique latine étaient attirés par les idéologies fascistes et autoritaires, ils étaient également pragmatiques. Ils reconnaissaient que les Alliés, en particulier les États-Unis, avaient de meilleures chances de l'emporter, et il était donc stratégiquement logique de se ranger de leur côté. Enfin, il ne faut pas négliger les rivalités internes et régionales. Dans de nombreux pays, des factions opposées étaient en concurrence pour le pouvoir, et la question de savoir quelle position adopter pendant la guerre est devenue un enjeu politique majeur. Se ranger du côté des Alliés pouvait être un moyen pour certains leaders de consolider leur pouvoir face à des adversaires internes. En fin de compte, la décision de nombreux régimes dictatoriaux d'Amérique latine de se joindre à l'effort de guerre des Alliés était le résultat d'un mélange complexe de pragmatisme, d'opportunisme et de pression géopolitique. Même si ces régimes n'incarnaient pas les idéaux démocratiques pour lesquels la guerre était censée être menée, ils ont reconnu les avantages stratégiques d'une alliance avec les puissances alliées.
Ironiquement, les régimes dictatoriaux ont conduit de nombreux pays d'Amérique latine à déclarer la guerre aux puissances de l'Axe, malgré leur engagement dans la cause des Alliés. Cela met en évidence la nature complexe et parfois contradictoire du paysage politique de la région à l'époque, ainsi que les considérations géopolitiques qui ont influencé la décision de ces pays de participer à l'effort de guerre. La participation de régimes dictatoriaux à la guerre soulève des questions quant à leurs motivations et à la légitimité de leurs prétentions à soutenir la démocratie et la liberté, car ils opprimaient souvent leurs propres populations et réprimaient la dissidence politique chez eux.


Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la position initiale du Mexique et du Brésil était celle de la neutralité, en partie due à leurs intérêts économiques et à la volonté d'éviter une implication directe dans le conflit. Cependant, cette neutralité a été mise à l'épreuve face aux agressions des puissances de l'Axe. Le Mexique, tout en souhaitant initialement préserver ses relations commerciales avec toutes les nations belligérantes, a été contraint de revoir sa position. En 1942, après l'attaque de ses navires pétroliers par des sous-marins allemands, le Mexique a rompu ses relations diplomatiques avec les puissances de l'Axe. Plus tard la même année, il a déclaré la guerre à l'Allemagne et, en 1945, aux autres puissances de l'Axe. Bien que le Mexique n'ait pas déployé un grand contingent de troupes, il a néanmoins participé au combat, notamment en envoyant le Escuadrón 201, un escadron de chasseurs, pour se battre aux côtés des Alliés dans le Pacifique. D'autre part, le Brésil, tout en cherchant à rester neutre, a subi des pressions économiques et politiques, notamment de la part des États-Unis. Sa neutralité a été ébranlée lorsque des navires marchands brésiliens ont été attaqués par des sous-marins allemands. En 1942, le Brésil a réagi en déclarant la guerre à l'Allemagne et à l'Italie. Cette décision a conduit à une collaboration militaire directe avec les Alliés, faisant du Brésil le seul pays d'Amérique latine à déployer des troupes en Europe durant la guerre. La FEB (Força Expedicionária Brasileira) a été envoyée en Italie, illustrant ainsi l'engagement du pays dans la lutte contre les puissances de l'Axe. Les positions initiales du Mexique et du Brésil reflètent la complexité des relations internationales à l'époque. Toutefois, face aux provocations directes de l'Axe, ces deux nations ont choisi de défendre leurs intérêts et d'honorer leurs obligations envers les Alliés.
Le Mexique et le Brésil font partie des quelques pays d'Amérique latine qui ont décidé de rester neutres pendant la Seconde Guerre mondiale. Les deux pays avaient des intérêts économiques et politiques importants à maintenir leur indépendance et à éviter une implication directe dans le conflit. Le Mexique, par exemple, cherchait à éviter toute perturbation de ses relations commerciales avec les puissances de l'Axe et les puissances alliées. Dans le même temps, le Brésil souhaitait préserver sa position de puissance neutre dans la région et maintenir son indépendance vis-à-vis de toute influence extérieure. Malgré la pression des États-Unis et d'autres nations alliées, le Mexique et le Brésil ont maintenu leur position de neutralité tout au long de la guerre, et leurs politiques indépendantes témoignent de leur force politique et économique à l'époque.


== Conférence interaméricaine de 1942 ==
== Conférence interaméricaine de 1942 ==
La Conférence interaméricaine sur les problèmes de guerre et de paix de 1942 à Rio de Janeiro a marqué une tentative significative des États-Unis d'unifier l'hémisphère occidental contre les puissances de l'Axe. En tant que puissance dominante de la région, les États-Unis voyaient l'importance stratégique de s'assurer que l'Amérique latine ne fournisse pas de ressources ou d'appui aux puissances de l'Axe, tout en cherchant à augmenter la contribution de la région à l'effort de guerre allié. Le Brésil, riche en ressources et stratégiquement situé le long de l'Atlantique Sud, était un point d'intérêt majeur pour les États-Unis. Bien que le Brésil ait finalement déclaré la guerre aux puissances de l'Axe en août 1942, cette décision a été prise après mûre réflexion et analyse des implications économiques et politiques. Les attaques allemandes contre les navires marchands brésiliens ont joué un rôle déterminant dans cette décision. Le Mexique, quant à lui, a été directement provoqué par l'Axe lorsque des sous-marins allemands ont attaqué ses pétroliers dans le golfe du Mexique. En réponse à cette agression, le Mexique a déclaré la guerre à l'Axe en mai 1942. La nécessité de protéger ses intérêts économiques et sa souveraineté a précipité cette décision. L'Argentine, en revanche, a choisi une voie différente. Bien qu'elle ait subi des pressions pour rejoindre les Alliés, l'Argentine a maintenu sa neutralité jusqu'à la fin de la guerre en mars 1945. Cette position peut être attribuée à une combinaison de facteurs, notamment les intérêts économiques, les divisions politiques internes et les relations diplomatiques avec les puissances européennes. Ces différentes réponses à la pression américaine illustrent la diversité des intérêts et des situations politiques en Amérique latine pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien que les États-Unis aient joué un rôle prédominant dans la diplomatie hémisphérique, chaque pays a évalué ses propres intérêts nationaux avant de prendre une décision sur son implication dans le conflit.
En 1942, les États-Unis ont organisé la Conférence interaméricaine sur les problèmes de guerre et de paix à Rio de Janeiro, où les pays participants ont convenu de rompre leurs relations diplomatiques et commerciales avec les puissances de l'Axe. Cette conférence était considérée comme une étape importante vers une plus grande unité hémisphérique et une plus grande coopération dans l'effort de guerre. Les États-Unis profitent de l'occasion pour faire pression sur le Brésil, le Mexique et l'Argentine afin qu'ils déclarent la guerre à l'Axe. Cependant, malgré cette pression, ces pays ont maintenu leur position neutre et n'ont rejoint la guerre que plus tard. Le Brésil, par exemple, n'a pas déclaré la guerre aux puissances de l'Axe avant août 1942, tandis que le Mexique a officiellement déclaré la guerre en mai 1942 après que des sous-marins allemands ont attaqué des pétroliers mexicains dans le golfe du Mexique. Quant à l'Argentine, elle est restée neutre jusqu'en mars 1945, vers la fin de la guerre.


== L'entrée en guerre du Mexique et du Brésil ==
== L'entrée en guerre du Mexique et du Brésil ==
La position géographique du Mexique, partageant une longue frontière avec les États-Unis, l'a naturellement placé dans une position d'allié stratégique lors de la Seconde Guerre mondiale. La relation bilatérale entre les deux pays, bien que complexe en raison d'antécédents historiques parfois tendus, était à ce moment-là sous le signe de la coopération. Le président Lázaro Cárdenas, connu pour ses politiques nationalistes et progressistes, avait une vision claire de la position du Mexique sur l'échiquier mondial. Bien qu'il ait nationalisé l'industrie pétrolière mexicaine en 1938, créant des tensions avec les compagnies étrangères, notamment américaines, cette décision a renforcé la souveraineté économique du pays. En dépit de cette nationalisation, le président Roosevelt a adopté une approche pragmatique, reconnaissant la nécessité de maintenir des relations cordiales avec son voisin du sud, surtout face à la menace mondiale croissante des puissances de l'Axe. Le soutien du Mexique à la cause alliée n'était pas seulement symbolique. Le pays a mobilisé des ressources pour la guerre. La plus célèbre contribution militaire du Mexique a été l'Escuadrón 201, également connu sous le nom d'Escadron des Aigles Azteques, qui a combattu aux côtés des forces alliées dans le Pacifique. L'engagement du Mexique dans le conflit a également été renforcé par des considérations intérieures. Cárdenas et d'autres dirigeants mexicains ne voyaient pas d'affinités idéologiques avec les régimes fascistes et nazis d'Europe. Au contraire, ils se sont identifiés davantage aux idéaux démocratiques et aux principes de justice sociale promus par les Alliés. Dans l'ensemble, la décision du Mexique de s'engager aux côtés des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale était le fruit d'une combinaison de facteurs géopolitiques, économiques et idéologiques. Le pays a démontré sa capacité à agir selon ses intérêts nationaux tout en s'alignant sur des causes plus larges qui reflétaient ses principes fondamentaux.
La décision du Mexique de déclarer la guerre aux puissances de l'Axe en 1942 a été influencée par plusieurs facteurs, notamment la relation étroite du pays avec les États-Unis et le fait que le président Lázaro Cárdenas n'avait aucune sympathie pour les forces de l'Axe. La situation du Mexique le long de la frontière américaine a également joué un rôle dans la décision, car le pays était considéré comme un allié stratégique dans l'effort de guerre. La nationalisation du pétrole mexicain en 1938 a également été un facteur, le président Roosevelt ayant accepté de compenser les pertes des compagnies pétrolières américaines en échange du soutien du Mexique dans la guerre. En plus d'envoyer une escadrille dans le Pacifique, le Mexique a également envoyé des troupes en Europe pour soutenir l'effort de guerre des Alliés, démontrant ainsi l'engagement du pays envers la cause.


Le Brésil, le plus grand pays d'Amérique du Sud, a joué un rôle stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec l'Atlantique Sud étant considéré comme une zone essentielle pour la navigation et la logistique de guerre, la position géographique du Brésil était d'une importance cruciale. Des sous-marins allemands opéraient dans l'Atlantique, et le Brésil, avec sa longue côte atlantique, était vulnérable à leurs attaques. De fait, l'Allemagne a ciblé plusieurs navires marchands brésiliens, poussant finalement le pays vers une position plus active contre les puissances de l'Axe. Le président Getúlio Vargas, un dirigeant astucieux et pragmatique, avait initié une période d'industrialisation et de modernisation au Brésil, cherchant à élever le pays au rang de puissance régionale. Bien que Vargas ait adopté des éléments de l'idéologie fasciste dans sa politique intérieure, il était clair sur la nécessité de maintenir de solides relations avec les États-Unis, en particulier compte tenu de l'évolution de la situation mondiale. En s'alliant aux Alliés, le Brésil a pu bénéficier d'une assistance technique, militaire et financière. Les États-Unis, reconnaissant l'importance du Brésil dans le conflit, ont investi dans la construction d'infrastructures clés, comme la route entre Belém et Brasília, et ont établi des bases aériennes dans le nord-est du pays. Les troupes brésiliennes, en particulier la Força Expedicionária Brasileira (FEB), ont été envoyées en Europe et ont combattu aux côtés des Alliés en Italie. Leur participation a été reconnue et valorisée, renforçant le rôle du Brésil en tant que contributeur significatif à l'effort de guerre allié. Ainsi, la participation du Brésil à la Seconde Guerre mondiale a renforcé sa position sur la scène internationale et a également favorisé une relation plus étroite et bénéfique avec les États-Unis. Toutefois, il convient de noter que le Brésil, sous la direction de Vargas, a réussi à naviguer avec habileté sur la scène internationale, en équilibrant ses intérêts nationaux avec les impératifs géopolitiques de l'époque.
La déclaration de guerre du Brésil aux puissances de l'Axe en décembre 1942 a été un événement important dans l'effort de guerre, car le pays était considéré comme une tête de pont potentielle entre l'Allemagne et le reste du monde. Le président Getúlio Vargas dirigeait le Brésil à l'époque. Malgré les relations étroites que le pays entretient avec les États-Unis, il conserve un certain degré d'indépendance et n'est pas dominé par les États-Unis. Les États-Unis considéraient le Brésil comme un allié clé dans leur stratégie de défaite des puissances de l'Axe et ont fourni un soutien militaire et économique important au pays tout au long de la guerre. L'entrée en guerre du Brésil a démontré son engagement envers la cause et a contribué à renforcer l'effort global des puissances alliées.


Durant la Seconde Guerre mondiale, le Brésil a occupé une position géopolitique délicate et stratégique. Sa longue côte atlantique le rendait vulnérable, tout en offrant des avantages stratégiques pour les puissances en guerre. Cette réalité a placé le Brésil dans une position où il pouvait potentiellement tirer profit des offres des deux côtés du conflit. Le président Getúlio Vargas, connu pour sa politique astucieuse, a cherché à maximiser l'intérêt national brésilien en naviguant habilement entre les puissances de l'Axe et les Alliés. Bien que Vargas ait montré des sympathies pour certaines idéologies associées au fascisme, il a également reconnu l'importance de maintenir des relations solides avec les États-Unis. Les pressions des États-Unis sur le Brésil étaient réelles. Ils voyaient le pays comme un élément essentiel pour sécuriser l'Atlantique Sud et empêcher l'Allemagne d'établir une présence significative dans l'hémisphère ouest. De plus, les États-Unis étaient bien conscients de la cour que l'Allemagne faisait au Brésil et d'autres pays d'Amérique latine pour tenter de renforcer leur influence. Vargas, tout en jouant un jeu délicat de diplomatie avec les deux puissances, a été poussé vers une décision par les réalités économiques et stratégiques. Lorsque l'Allemagne s'est avérée incapable de fournir les armes promises et que les États-Unis ont offert un soutien financier pour une usine d'armement, le choix de Vargas est devenu plus clair. La perspective d'un soutien économique et militaire accru des États-Unis était trop précieuse pour être ignorée. Néanmoins, il est essentiel de ne pas sous-estimer le rôle des attaques de sous-marins allemands. Bien qu'ils aient pu servir de prétexte à la déclaration de guerre, ils ont également mis en évidence la vulnérabilité du Brésil et la nécessité de choisir un camp. En fin de compte, le Brésil a choisi de s'aligner avec les Alliés, démontrant son engagement en envoyant des troupes pour combattre en Italie. Cette décision a renforcé le statut du Brésil sur la scène internationale et a approfondi ses liens avec les États-Unis, tout en confirmant le pragmatisme de Vargas en matière de politique étrangère.
La décision du Brésil de déclarer la guerre à l'Axe a été motivée par divers facteurs. Les États-Unis ont exercé des pressions, car ils craignaient que le Brésil ne serve de tête de pont entre l'Allemagne et le reste du monde. Dans le même temps, le dirigeant brésilien, Vargas, négocie à la fois avec les États-Unis et l'Allemagne, essayant de jouer sur les deux tableaux. Cependant, lorsque l'Allemagne ne peut fournir d'armes et que les États-Unis décident de financer une usine d'armement, le Brésil déclare la guerre à l'Axe et envoie des troupes en Italie. L'attaque d'un sous-marin n'était qu'un prétexte à cette décision.


L'Amérique du Sud a occupé une position singulière pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien que la plupart des pays de la région aient officiellement déclaré la guerre aux puissances de l'Axe seulement vers la fin du conflit, leur contribution aux Alliés sous forme de matières premières a été cruciale tout au long de la guerre. L'Argentine, en particulier, a adopté une politique de neutralité complexe. Bien que cette position ait été critiquée par d'autres nations alliées, en particulier par les États-Unis, elle était dictée par des considérations économiques, géopolitiques et intérieures. L'Argentine, avec son économie axée sur l'exportation de produits agricoles, en particulier de viande et de céréales, a vu une opportunité lucrative en continuant à commercer avec toutes les parties belligérantes. La neutralité argentine était également influencée par les dynamiques intérieures. Le pays était tiraillé entre des factions pro-Alliées et pro-Axe, et la neutralité était un moyen d'éviter une division interne profonde. En outre, les gouvernements successifs ont utilisé cette neutralité comme un moyen de renforcer l'indépendance et la souveraineté de l'Argentine face aux pressions extérieures. Néanmoins, l'orientation économique de l'Argentine vers les Alliés était claire. Les matières premières et les produits alimentaires argentins ont alimenté les économies de guerre du Royaume-Uni et des États-Unis, contribuant ainsi indirectement à l'effort de guerre allié. En retour, cela a assuré à l'Argentine une source continue de revenus en période de conflit mondial. La décision tardive de l'Argentine de déclarer la guerre aux puissances de l'Axe en 1945, peu de temps avant la fin de la guerre, était en grande partie symbolique. Elle reflétait la réalisation que le vent tournait en faveur des Alliés et que la participation, même symbolique, à la victoire serait bénéfique pour la position internationale de l'Argentine après-guerre.
De nombreux pays d'Amérique du Sud ont déclaré la guerre aux puissances de l'Axe vers la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, mais ils ont aidé les Alliés en leur fournissant des matières premières tout au long de la guerre. L'Argentine a déclaré la guerre aux puissances de l'Axe trois jours seulement avant la mort d'Hitler, en avril 1945. Le pays a vu un avantage à maintenir sa neutralité tout en fournissant des matières premières au Royaume-Uni et aux États-Unis.


== Le cas de l'Argentine ==
== Le cas de l'Argentine ==
[[Fichier:Gou.png|thumb|150px|Armoiries du GOU (aigle impérial et image du général San Martín au centre).]]
[[Fichier:Gou.png|thumb|150px|Escudo del GOU (águila imperial y al centro imagen del General San Martín).]]


Juan Domingo Perón est une figure centrale de l'histoire politique argentine du XXe siècle. Son émergence en tant que leader est enracinée dans un contexte d'instabilité politique, d'inégalités économiques et de tensions sociales. Les années 1930 et 1940 ont vu une série de coups d'État et de gouvernements éphémères en Argentine, et le pays cherchait un dirigeant stable qui pourrait offrir une vision claire pour l'avenir. En tant que secrétaire au Travail et à la Prévoyance puis comme vice-président de la nation sous le président Edelmiro Farrell, Perón a consolidé ses liens avec les syndicats et la classe ouvrière, se positionnant comme leur champion. Sa relation avec ces groupes a été renforcée par ses politiques de bien-être et sa rhétorique nationaliste, qui ont promis une Argentine plus inclusive et équitable. L'un des piliers de la politique de Perón était la "Justicialisme", une idéologie qu'il a développée, fondée sur les principes de justice sociale, d'indépendance économique et de souveraineté politique. Sous sa direction, l'Argentine a vu la mise en œuvre d'un certain nombre de réformes progressistes, notamment l'octroi du droit de vote aux femmes en 1947, la création d'un système de sécurité sociale, l'augmentation des salaires et la nationalisation d'industries clés comme les chemins de fer et les télécommunications. La femme de Perón, Eva "Evita" Perón, a également joué un rôle crucial dans sa popularité. Elle était dévouée à la cause des "descamisados" (littéralement "ceux sans chemises"), la classe ouvrière argentine, et a lancé de nombreux programmes sociaux en leur faveur. Elle est devenue une figure quasi-mythique en Argentine, incarnant les aspirations et les espoirs des plus défavorisés. Toutefois, le péronisme n'était pas sans critiques. Les politiques économiques protectionnistes et l'interventionnisme étatique ont été critiqués pour avoir causé des inefficacités économiques. De plus, Perón a également été accusé de populisme et d'autoritarisme, et son régime a été marqué par des atteintes à la liberté de la presse et à la répression des opposants.
Dans ce contexte, Perón est apparu comme une figure politique qui promettait d'apporter des changements sociaux et économiques, s'attirant le soutien des syndicats, de la classe ouvrière et de la classe moyenne inférieure. Il accède au pouvoir en 1945 et met en œuvre une série de politiques visant à améliorer le niveau de vie de la classe ouvrière, telles que l'établissement d'un État-providence, la création d'emplois et la nationalisation d'industries clés. Ces mesures l'ont rendu populaire auprès du peuple et ont contribué à faire de lui l'un des dirigeants les plus influents de l'histoire de l'Argentine.


Le coup d'État du 4 juin 1943 en Argentine s'inscrit dans une série de tumultes politiques et sociaux qui ont ébranlé le pays dans les années précédentes. La dépression économique mondiale des années 1930 avait des répercussions en Argentine, exacerbant les inégalités sociales et le mécontentement populaire. La classe politique traditionnelle était perçue comme corrompue et incapable de répondre aux besoins du peuple, et cela a créé un terreau fertile pour des changements radicaux. Le Groupe des officiers unis (GOU) était principalement composé d'officiers de l'armée de moyenne hiérarchie qui étaient mécontents de la direction que prenait le pays. Ils croyaient fermement que l'Argentine avait besoin d'un leadership fort pour la guider à travers ces temps troublés. Sous cette bannière, ils ont mené le coup d'État et évincé le président en place, Ramón Castillo, qui faisait partie de la décriée "Décennie infâme", une période de fraude électorale et de corruption politique. Une fois au pouvoir, le GOU a pris une série de mesures autoritaires pour consolider son contrôle. Le Congrès a été dissous, la liberté de la presse restreinte et de nombreux politiciens et dirigeants syndicaux ont été arrêtés. Toutefois, le GOU n'était pas monolithique et des divisions internes sont apparues quant à la direction que devait prendre le pays. C'est dans ce contexte que Juan Domingo Perón, un membre du GOU, a commencé à émerger comme une figure dominante. Occupant initialement des postes au sein du ministère du Travail et de la Prévoyance Sociale, il a développé des liens étroits avec les syndicats et a promu des politiques favorables à la classe ouvrière. Au fil du temps, avec le soutien des masses, il est devenu l'acteur politique le plus puissant du pays, posant les bases de sa future présidence et de la création du mouvement péroniste.
Le coup d'État militaire a eu lieu en Argentine le 4 juin 1943. Le Groupe des officiers unis est le groupe d'officiers militaires qui a réalisé le coup d'État. Le contexte était le mécontentement populaire croissant envers le système politique et le manque de représentation de la majorité de la population au gouvernement. Les militaires y ont vu l'occasion de prendre le contrôle au nom du peuple et de procéder à des réformes. Le coup d'État établit un gouvernement militaire dirigé par le Groupe des officiers unis qui dissout le congrès et interdit tous les partis politiques.


Juan Domingo Perón, après avoir été nommé secrétaire au travail et à la prévoyance dans le gouvernement militaire, a commencé à façonner un nouveau modèle politique et social pour l'Argentine. En utilisant ce poste comme tremplin, il a promu des réformes du travail qui ont non seulement amélioré les conditions des travailleurs, mais lui ont également permis de construire une solide base de soutien parmi la classe ouvrière. Ces actions ont donné naissance à ce que l'on appellera plus tard le péronisme, un mouvement politique et idéologique distinctement argentin. Sous Perón, l'État est devenu un acteur majeur dans l'économie, nationalisant des industries clés et promouvant des programmes d'assistance sociale. Eva Perón, sa femme, jouera un rôle crucial dans la popularisation de ces initiatives, en particulier en faveur des femmes et des défavorisés, renforçant davantage le charisme et la portée du couple présidentiel. Cependant, le style de leadership de Perón n'était pas sans failles. Alors qu'il se présentait comme un champion du peuple, ses méthodes étaient souvent autoritaires. Les opposants politiques étaient souvent réprimés, la liberté de la presse était limitée et l'État intervenait souvent dans les affaires des syndicats, malgré leurs relations étroites. L'héritage de Perón est complexe. Pour beaucoup, il est vu comme le père du mouvement ouvrier moderne en Argentine et un défenseur des défavorisés. Pour d'autres, il est critiqué pour son autoritarisme et son manque de respect pour les institutions démocratiques. Quoi qu'il en soit, son influence sur la politique argentine est indéniable, avec le péronisme restant une force dominante dans la politique du pays des décennies après sa mort.
Le gouvernement militaire nomme alors Juan Domingo Perón au poste de secrétaire au travail. Il devient rapidement une figure populaire parmi la classe ouvrière pour ses politiques qui améliorent leurs droits et leurs conditions de travail. La popularité et le charisme de Perón lui ont permis d'accéder au pouvoir en tant que président de l'Argentine, et il a mis en place un régime qui était un mélange d'autoritarisme et de politiques populistes. Son gouvernement s'est caractérisé par l'accent mis sur les programmes de protection sociale, notamment les régimes de retraite, les hôpitaux et d'autres avantages pour la classe ouvrière. Le gouvernement de Perón était également connu pour ses liens étroits avec les syndicats, ce qui a contribué à renforcer son soutien au sein de la classe ouvrière. Cependant, son gouvernement a également été critiqué pour avoir réprimé l'opposition politique, restreint la liberté de la presse et commis des violations des droits de l'homme. Malgré cela, Perón reste un personnage controversé de l'histoire de l'Argentine et demeure une figure importante de la politique argentine.


Juan Domingo Perón reste une figure complexe et controversée de l'histoire argentine. Sa montée au pouvoir est survenue à une période de changements géopolitiques mondiaux, de montée des idéologies fascistes en Europe et de tensions entre les pays des Amériques. La formation de Perón en Europe, en particulier en Italie, a sans doute influencé certaines de ses vues sur la gouvernance et la structure de l'État. Le fascisme italien, sous Benito Mussolini, a promu une forme d'autoritarisme qui mettait l'accent sur le nationalisme, l'unité nationale et le rôle actif de l'État dans la société et l'économie. Certains de ces principes ont été reflétés dans le péronisme, bien que le péronisme ait également été influencé par d'autres idéologies et ait évolué pour inclure un mélange de politiques populistes, socialistes et nationalistes. Les accusations des États-Unis à l'égard de Perón d'être pro-nazi étaient en partie basées sur la perception de sa sympathie pour les régimes autoritaires en Europe. Cependant, il est important de noter que, bien que l'Argentine ait eu des liens économiques et diplomatiques avec l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, elle n'a pas adhéré à l'idéologie nazie ou fasciste dans sa politique intérieure. L'Argentine, sous Perón et d'autres dirigeants, a plutôt cherché à naviguer de manière pragmatique dans le paysage géopolitique de l'époque, tout en promouvant ses propres intérêts nationaux. L'accusation d'autoritarisme de Perón est fondée sur ses méthodes de gouvernance. Bien qu'il ait mis en œuvre des réformes sociales et économiques populaires, il a également supprimé l'opposition politique, contrôlé les médias et utilisé l'appareil d'État pour consolider son pouvoir. Malgré cela, il reste un personnage adoré et admiré par une grande partie de la population argentine pour ses politiques pro-travailleurs et son rôle dans la modernisation de la nation.
Juan Domingo Perón était un syndicaliste qui s'est hissé sur le devant de la scène politique en Argentine après le coup d'État militaire du 4 juin 1943. Il est devenu ministre du travail et vice-président et a utilisé sa position pour construire sa base politique. Bien que les États-Unis aient considéré l'ascension de Perón avec inquiétude en raison de son association avec des régimes autoritaires et pro-nazis, Perón n'a déclaré la guerre à l'Allemagne nazie qu'après son effondrement. Juan Perón a entretenu des relations compliquées avec l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. Dans les années 1930, Perón est un jeune officier de l'armée qui est envoyé en Europe pour étudier les tactiques militaires. Pendant cette période, il a passé du temps en Italie et a été influencé par les idées du régime fasciste de Mussolini. Toutefois, rien ne permet de penser que Perón ait soutenu l'idéologie nazie. Après avoir été nommé ministre du travail et vice-président en 1943, les relations de Perón avec les États-Unis se sont tendues, car ils l'ont accusé d'être pro-nazi et autoritaire. Malgré cela, Perón ne déclara jamais officiellement la guerre à l'Allemagne nazie et attendit son effondrement pour le faire.


La montée au pouvoir de Juan Domingo Perón en Argentine dans l'après-guerre a inquiété les États-Unis pour plusieurs raisons. Tout d'abord, à cette époque, la Guerre froide commençait à prendre forme et les États-Unis étaient préoccupés par l'émergence de tout leader dans la région qui pourrait ne pas s'aligner complètement sur les intérêts américains ou qui pourrait même s'orienter vers le bloc soviétique. Deuxièmement, l'idéologie péroniste, avec son fort accent sur le nationalisme et la justice sociale, était en contradiction avec les politiques néolibérales que les États-Unis promouvaient dans la région. L'ambassadeur américain en Argentine à l'époque, Spruille Braden, a joué un rôle actif dans la campagne électorale, critiquant ouvertement Perón et sa politique. Cela a même conduit à la fameuse campagne électorale "Braden o Perón", où le choix était présenté comme un choix entre Braden (et donc les intérêts américains) et Perón. Cette intervention ouverte des États-Unis dans la politique intérieure de l'Argentine a fini par jouer en faveur de Perón, car elle a renforcé son image en tant que défenseur de la souveraineté argentine contre l'ingérence étrangère. Les tentatives de discréditer Perón en le dépeignant comme un fasciste ont également échoué. Bien que Perón ait eu des contacts avec des régimes autoritaires européens dans les années 1930 et 1940, et qu'il ait emprunté certains éléments du fascisme, son idéologie était principalement centrée sur la justice sociale, le bien-être des travailleurs et le nationalisme. Pour de nombreux Argentins, Perón incarnait l'espoir d'un avenir meilleur, d'une société plus égalitaire et d'un pays plus indépendant sur la scène internationale. En fin de compte, l'approche de Perón en matière de politique étrangère, qui a cherché à équilibrer les relations avec les États-Unis tout en renforçant les liens avec d'autres pays, notamment en Europe et en Amérique latine, a contribué à son succès durable en tant que figure politique majeure en Argentine.
En 1946, lorsque Juan Perón se présente aux élections, l'ambassadeur américain mène un effort concerté pour le discréditer en le dépeignant comme un fasciste qui renforce le nationalisme argentin. Malgré ces efforts, Perón réussit à remporter l'élection grâce à son image de défenseur des marginaux. Les États-Unis sont alarmés par l'arrivée au pouvoir de Perón et le considèrent comme une menace pour leurs intérêts en Argentine et dans la région, c'est pourquoi ils cherchent à le décrédibiliser. Cependant, le message de Perón a trouvé un écho auprès du peuple argentin, qui a vu en lui un défenseur de ses besoins et de ses aspirations, ce qui lui a permis de remporter les élections.


= Le programme de sécurité de l'administration Roosevelt contre les "étrangers ennemis" =
= Le programme de sécurité de l'administration Roosevelt contre les "étrangers ennemis" =


Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'administration Roosevelt a lancé l'Alien Enemy Control Program (AECP), un programme controversé souvent ombragé par les internements plus largement reconnus des Américains d'origine japonaise. Suite à l'attaque de Pearl Harbor en décembre 1941, une profonde méfiance s'est installée envers les individus originaires des pays de l'Axe, même ceux résidant en Amérique latine. Cette méfiance ne s'est pas limitée aux Japonais, mais s'est également étendue aux personnes d'origine allemande et italienne. Sous l'égide de l'AECP, les États-Unis ont collaboré avec plusieurs gouvernements latino-américains pour arrêter et détenir des milliers de résidents jugés potentiellement dangereux. Nombre d'entre eux ont été transférés aux États-Unis pour être internés dans divers centres. L'un des centres d'internement les plus importants était situé à Crystal City, au Texas, distinct des camps réservés aux Américains d'origine japonaise. L'administration Roosevelt justifiait ces actions au nom de la sécurité nationale. La crainte était que ces individus, supposés sympathisants de l'Axe résidant en Amérique latine, puissent s'engager dans des actions subversives ou servir d'espions pour les puissances de l'Axe. Certains internés ont été échangés contre des citoyens américains détenus par les puissances de l'Axe, tandis que d'autres ont été déportés vers leur pays d'origine après la guerre, indépendamment du nombre d'années ou de décennies qu'ils avaient passées en Amérique latine. La période post-guerre a été difficile pour beaucoup de ces internés. Certains n'ont jamais été autorisés à retourner dans leur pays d'origine en Amérique latine, ayant vu leur vie et celle de leurs familles bouleversées par l'internement. Avec le recul, ces actions ont été largement critiquées comme étant excessives, discriminatoires et injustifiées. En reconnaissant ces erreurs du passé, il est espéré que de tels abus pourront être évités à l'avenir.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'administration Roosevelt a mis en œuvre un programme de sécurité connu sous le nom de "Alien Enemy Control Program", qui visait les individus originaires de pays ennemis d'Amérique latine et considérés comme "dangereux". Ce programme était similaire à celui mis en œuvre contre les Américains d'origine japonaise. Il impliquait la surveillance, l'internement et, dans certains cas, la déportation de citoyens latino-américains d'origine allemande, italienne et japonaise. Ce programme s'inscrit dans le cadre des efforts plus larges déployés par le gouvernement américain pour assurer la sécurité nationale pendant la guerre.


Lors de la Seconde Guerre mondiale, les inquiétudes relatives à la sécurité nationale ont conduit l'administration Roosevelt à prendre des mesures drastiques, notamment en ce qui concerne les résidents d'Amérique latine d'origine allemande, italienne et japonaise. Sous l'influence des États-Unis, quinze pays d'Amérique latine ont été poussés à déporter des personnes considérées comme des "étrangers ennemis" vers les États-Unis. Ces déportations n'étaient pas toujours le résultat d'actes répréhensibles avérés de la part des personnes concernées, mais étaient plutôt fondées sur leur origine ethnique et la perception qu'elles pourraient constituer une menace. Une fois arrivés aux États-Unis, ces individus ont été internés dans des camps, parfois décrits comme des "camps de concentration", bien que différents des camps de la mort nazis en Europe. Ces centres d'internement étaient répartis sur le territoire américain, l'un des plus notables étant situé à Crystal City, au Texas. De plus, dans le cadre de ce programme de contrôle des étrangers ennemis, les biens de nombreux déportés ont été saisis et confisqués par les gouvernements. Les banques, les entreprises et les propriétés immobilières appartenant à ces individus ont été pris en charge par les autorités, laissant de nombreuses familles sans ressources et dans une situation précaire. Ces actions ont été justifiées à l'époque par la nécessité de protéger les intérêts et la sécurité des États-Unis en pleine guerre. Cependant, avec le recul, de nombreuses voix ont critiqué ces mesures comme étant excessivement sévères et discriminatoires. Elles ont perturbé et, dans de nombreux cas, détruit des vies, et leur légitimité a fait l'objet de débats intenses dans les décennies qui ont suivi.
L'administration Roosevelt fait pression sur 15 pays d'Amérique latine pour qu'ils déportent les personnes d'origine allemande, italienne et japonaise vers les États-Unis, elles sont internées dans des camps de concentration. Le gouvernement saisit et confisque leurs biens dans le cadre du programme de contrôle des étrangers ennemis. Ce programme est une réponse aux préoccupations relatives à la sécurité nationale et à la menace perçue que représentent les "étrangers ennemis" en pleine guerre.<ref>[http://en.wikipedia.org/wiki/World_War_II_related_internment_and_expulsion_of_Germans_in_the_Americas World War II related internment and expulsion of Germans in the Americas]</ref>


Au plus fort de la Seconde Guerre mondiale, le spectre de la menace ennemie à domicile hantait le psyché national des États-Unis. Dans ce climat de peur et de suspicion, le programme de contrôle des étrangers ennemis a été mis en place, visant principalement les personnes d'origine allemande, italienne et japonaise. Alors que l'objectif affiché était la protection de la sécurité nationale, les effets concrets du programme étaient bien plus vastes et souvent injustifiés. Une grande partie des personnes touchées par ce programme étaient des citoyens américains ou des résidents permanents qui vivaient aux États-Unis depuis de nombreuses années. Ces personnes étaient souvent profondément enracinées dans leurs communautés, contribuant à la société américaine en tant que travailleurs, entrepreneurs, et voisins. Pourtant, du jour au lendemain, en raison de leur patrimoine ethnique, elles sont devenues des cibles de suspicion et ont été déracinées de leurs foyers pour être placées dans des camps d'internement. Le fait que la majorité écrasante de ces individus internés ait été ultérieurement reconnue comme n'ayant commis aucun acte d'espionnage ou de trahison est révélateur. En effet, sur les milliers de personnes internées, un nombre infime a été identifié comme collaborant avec les puissances de l'Axe. Cela pose la question fondamentale de la proportionnalité des réponses en matière de sécurité et des sacrifices que les sociétés sont prêtes à faire au nom de la sécurité nationale. Le programme de contrôle des étrangers ennemis, avec ses profondes implications pour les droits civils, reste une tache sombre dans l'histoire américaine. Il est un rappel que, même au sein des démocraties les plus établies, la peur peut parfois l'emporter sur les principes, avec des conséquences dévastatrices pour les vies innocentes.
La mise en œuvre du programme de contrôle des étrangers ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale a entraîné l'internement de nombreuses personnes qui n'avaient aucun lien avec l'Allemagne nazie mais étaient simplement d'origine allemande, italienne ou japonaise. La plupart des personnes internées étaient des citoyens respectueux de la loi qui ne représentaient aucune menace pour la sécurité nationale. En fait, seul un petit nombre de personnes internées ont été identifiées plus tard comme des espions travaillant pour l'Allemagne nazie. Cela souligne le paradoxe du programme et soulève des questions sur l'équité et la nécessité des mesures prises par le gouvernement américain à l'époque.


Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la réponse internationale à la menace des puissances de l'Axe a été variée, chaque pays réagissant en fonction de ses propres intérêts, de son histoire et de ses relations diplomatiques. Le programme de contrôle des étrangers ennemis, bien qu'il ait été soutenu et mis en œuvre par les États-Unis, n'a pas été universellement adopté dans l'hémisphère occidental. Le Mexique, avec sa longue histoire d'indépendance et de défense de sa souveraineté, a choisi une voie différente. Doté d'une importante communauté d'origine allemande qui contribuait activement à sa société, le Mexique a jugé inutile et injuste d'interner ou de déporter ces personnes en raison de leur patrimoine. Au lieu de cela, le Mexique a cherché à protéger ses résidents, indépendamment de leurs origines ethniques, tout en maintenant sa neutralité pendant une grande partie de la guerre. D'autres pays d'Amérique du Sud, comme l'Argentine, le Brésil et le Chili, ont également évité une politique d'internement de masse, malgré la présence d'importantes populations d'origine allemande, italienne et japonaise. Ces décisions reflètent non seulement des réalités géopolitiques et des relations internationales, mais aussi des valeurs nationales et des principes de justice. L'approche humanitaire du Mexique en offrant un refuge à ceux qui fuyaient les persécutions ailleurs a renforcé son image de nation soucieuse des droits de l'homme. Cela a également renforcé la notion que, même face à des pressions internationales immenses, les nations souveraines ont la capacité et le droit de prendre des décisions alignées sur leurs valeurs et principes internes. En période de crise mondiale, il est crucial de se rappeler que chaque pays a sa propre identité, ses propres convictions, et sa propre manière de répondre aux défis mondiaux.
Le Mexique et d'autres pays, comme l'Argentine, le Brésil et le Chili, n'ont pas participé au programme de contrôle des étrangers ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces pays avaient d'importantes populations allemandes et ont choisi de ne pas déporter ou interner leurs citoyens ou résidents d'origine allemande. Le Mexique, en particulier, a refusé de participer au programme et a donné refuge à de nombreuses personnes qui fuyaient les persécutions dans d'autres pays d'Amérique latine. Le refus du Mexique de participer au programme souligne la nature souveraine des États-nations et leur capacité à prendre des décisions qui peuvent différer de celles de leurs alliés, même en plein conflit mondial.


Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la méfiance et la suspicion étaient à leur comble. En conséquence, les États-Unis ont instauré le programme de contrôle des étrangers ennemis en Amérique latine, ce qui a conduit à des actions majeures. Dans ce contexte, 50 % des Allemands résidant au Honduras, 30 % de ceux vivant au Guatemala et 20 % de la population allemande de la Colombie ont été déportés. Ces déportations étaient en contradiction directe avec la politique de bon voisinage de Roosevelt, qui visait à promouvoir des relations harmonieuses entre les États-Unis et les pays d'Amérique latine. Malgré cette politique, de nombreux résidents, y compris des Juifs qui avaient échappé à l'oppression nazie et des opposants au fascisme, se sont retrouvés internés et déportés. Ces chiffres montrent non seulement l'ampleur des actions entreprises, mais aussi la tragédie des personnes touchées, en particulier celles qui avaient déjà fui la persécution en Europe. Ces événements mettent en lumière les défis auxquels sont confrontés les gouvernements en temps de guerre et les conséquences potentiellement dévastatrices des actions basées sur la peur plutôt que sur des preuves concrètes.
Pas moins de 50 % des Allemands du Honduras, 30 % du Guatemala et 20 % de la Colombie ont été déportés dans le cadre du programme de contrôle des étrangers ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale. Même si nombre de ces personnes étaient considérées comme de "bons voisins" dans le cadre de la politique de bon voisinage de l'administration Roosevelt et comprenaient des opposants antifascistes et des Juifs qui avaient fui l'Allemagne nazie, elles ont tout de même fait l'objet d'internements et de déportations dans le cadre des efforts déployés par le gouvernement pour assurer la sécurité nationale pendant la guerre.


Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'ombre du nazisme et des régimes autoritaires s'étendait au-delà de l'Europe. Dans ce climat mondial tendu, l'Amérique latine, avec sa mosaïque de cultures, d'ethnies et de relations historiques avec les pays européens, a été perçue par de nombreux Américains comme un potentiel point faible dans l'hémisphère occidental. Les médias, les récits populaires et certains rapports gouvernementaux ont alimenté cette image d'une région susceptible d'être infiltrée, voire dominée, par les influences nazies. L'idée que le Brésil pourrait être utilisé par Hitler comme un tremplin pour une éventuelle attaque contre les États-Unis n'était pas simplement le fruit d'une imagination débordante, mais plutôt le reflet d'une anxiété plus profonde concernant la sécurité nationale américaine. L'Amérique latine, avec ses vastes territoires, ses ressources précieuses et sa proximité géographique avec les États-Unis, était perçue comme un maillon potentiellement faible dans la chaîne défensive des Amériques. La présence d'importantes communautés d'origine allemande, italienne et japonaise dans ces pays a renforcé ces craintes. Dans ce contexte de suspicion et d'anxiété, le programme de contrôle des étrangers ennemis est né. Des individus ont été ciblés non pas en fonction de leurs actions ou de leurs affiliations réelles, mais principalement en raison de leur origine ethnique ou nationale. Cette action préventive visait à contenir la menace perçue de subversion ou d'espionnage. Malheureusement, cette politique a eu des conséquences dramatiques pour de nombreux individus innocents qui ont été déportés ou internés sur la base de simples soupçons ou de préjugés.
Les déportations et les internements dans le cadre du programme de contrôle des étrangers ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale ont été influencés par les représentations et les perceptions que le gouvernement et les citoyens américains avaient de l'Amérique latine. La conviction qu'Hitler utilisait le Brésil comme base potentielle pour attaquer les États-Unis et que les pays d'Amérique latine ne pouvaient pas résister à la propagande nazie a conduit à une préoccupation accrue concernant la sécurité nationale et la menace perçue que représentaient les "étrangers ennemis". Cela a finalement conduit à la mise en œuvre du programme de contrôle des étrangers ennemis, qui visait les personnes d'origine allemande, italienne et japonaise vivant dans les pays d'Amérique latine.


Pendant les premières étapes de la Seconde Guerre mondiale, la neutralité des États-Unis était une question politique majeure. Bien que l'opinion publique américaine fût initialement réticente à s'impliquer dans un autre conflit européen, plusieurs facteurs ont contribué à changer cette position, y compris les attaques de Pearl Harbor et des informations provenant de diverses sources internationales. Les services de renseignement britanniques, dans leur effort pour obtenir le soutien des États-Unis, ont joué un rôle en fournissant des informations sur les activités des puissances de l'Axe, notamment en Amérique latine. Certains de ces rapports ont surestimé ou exagéré la menace nazie dans la région pour intensifier l'urgence de la situation. En conséquence, la désinformation, intentionnelle ou non, a renforcé les préoccupations des États-Unis concernant la sécurité de leur propre hémisphère. Ces rapports ont cultivé une image de l'Amérique latine comme une région potentiellement instable, susceptible à la subversion ou à l'influence de l'Axe. Dans le contexte d'une guerre mondiale et d'une atmosphère internationale tendue, le gouvernement américain a réagi en conséquence, cherchant à sécuriser tous les angles potentiels de vulnérabilité. Bien sûr, avec le recul, il est clair que certaines de ces informations étaient inexactes ou délibérément trompeuses. Cependant, à l'époque, dans le tumulte de la guerre et face à la menace existentielle que posaient les puissances de l'Axe, la capacité du gouvernement américain à discerner le vrai du faux était sans doute compromise. L'impact de cette désinformation a certainement eu des répercussions sur la politique américaine en Amérique latine et, plus largement, sur sa stratégie globale pendant la guerre.
Il a été suggéré que les craintes et les préoccupations qui ont conduit à la mise en œuvre du programme de contrôle des étrangers ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale ont été influencées par la désinformation des services de renseignement britanniques. Ces rapports étaient destinés à pousser les États-Unis à quitter leur position de neutralité et à entrer en guerre. Il a été reconnu que ces rapports étaient faux et qu'ils ont été créés dans le cadre d'un effort plus large des Britanniques pour inciter les États-Unis à rejoindre l'effort de guerre. Néanmoins, l'impact de ces faux rapports sur les perceptions et les représentations de l'Amérique latine par le gouvernement et les citoyens américains ne peut être négligé et a probablement joué un rôle dans la mise en œuvre du programme de contrôle des étrangers ennemis.


L'histoire de l'Amérique latine et de sa relation avec les États-Unis est riche en nuances, souvent marquée par des tensions, des malentendus et des intérêts géopolitiques. Durant la Seconde Guerre mondiale, la situation s'est compliquée davantage avec le poids des événements mondiaux et les enjeux stratégiques de cette période. Le mépris ou la condescendance de certaines élites de Washington envers l'Amérique latine n'était pas nouveau. Historiquement, la Doctrine Monroe, la politique du "Big Stick" ou même le Corollaire de Roosevelt montrent une tendance des États-Unis à considérer l'Amérique latine comme leur "arrière-cour", une zone d'influence naturelle. Cette attitude paternaliste a souvent sous-estimé la complexité et l'autonomie des nations latino-américaines. Lorsque la guerre a éclaté en Europe, ces préjugés ont été amplifiés par les craintes sécuritaires. L'idée que l'Amérique latine pourrait devenir une base pour des attaques contre les États-Unis, ou qu'elle était une région facilement influençable par la propagande nazie, était en partie basée sur ces perceptions condescendantes. Ces stéréotypes ont été alimentés par de la désinformation, des rapports exagérés et des préjugés existants. L'action de l'administration Roosevelt d'exhorter les pays latino-américains à identifier et expulser des individus suspects illustre l'effort pour sécuriser l'hémisphère occidental contre les menaces de l'Axe. La focalisation sur les individus d'origine allemande, ou ceux qui étaient impliqués dans des entreprises dirigées par des Allemands, révèle une vision réductrice, où le simple fait d'avoir une ascendance ou des liens commerciaux allemands pouvait être synonyme de collusion avec l'ennemi.
La croyance que l'Amérique latine était utilisée comme base pour des attaques contre les États-Unis et que la région était sensible à la propagande nazie était ancrée dans le mépris du gouvernement de Washington. Cette croyance est perpétuée par la propagande. En conséquence, l'administration Roosevelt demanda aux pays d'Amérique latine d'établir une liste de suspects et de les expulser vers les États-Unis tout en confisquant leurs biens. Cette liste comprenait les personnes d'origine allemande et celles qui possédaient des entreprises et des industries dirigées par des Allemands, dont on pensait qu'elles étaient susceptibles de commercer avec l'Allemagne. Cette représentation met en lumière les tensions et les malentendus culturels et politiques plus larges qui ont influencé la mise en œuvre du programme de contrôle des étrangers ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale.


L'histoire de la mise en œuvre du programme de contrôle des étrangers ennemis en Amérique latine pendant la Seconde Guerre mondiale montre comment les stratégies de sécurité nationale peuvent être exploitées à des fins politiques et économiques. Les actions entreprises par les ambassades américaines en Amérique latine étaient principalement motivées par les préoccupations de sécurité nationale, mais elles étaient également influencées par des intérêts économiques. L'établissement de listes de personnes considérées comme "suspectes" n'était pas uniquement basé sur des preuves tangibles de collaboration avec les puissances de l'Axe, mais était souvent le résultat de calculs politiques et économiques. Une fois que ces personnes étaient identifiées et leurs biens confisqués, cela créait une opportunité économique pour ceux qui étaient en position de bénéficier de ces confiscations. L'exemple du Nicaragua sous la direction de Somoza est particulièrement révélateur. Le zèle avec lequel les propriétés des Allemands ont été saisies et transférées à des sociétés américaines montre comment la rhétorique de la sécurité nationale peut être utilisée pour masquer des intérêts économiques plus profonds. Il est clair que pour Somoza et d'autres dirigeants régionaux, la collaboration avec les États-Unis sur le programme de contrôle des étrangers ennemis était une opportunité d'accroître leur pouvoir et leur richesse.
Les ambassades américaines en Amérique latine établissaient des listes de personnes considérées comme politiquement ou économiquement suspectes, et souvent, les gouvernements agissaient confidentiellement en réponse à ces demandes. Les personnes figurant sur ces listes étaient arrêtées et leurs biens étaient confisqués. Dans certains cas, comme au Nicaragua sous la direction de Somoza, les propriétés des Allemands ont été saisies avec empressement et sont ensuite passées aux mains de sociétés américaines. Cela met en évidence la nature politiquement motivée et économiquement orientée du programme de contrôle des étrangers ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale et la manière dont il s'est croisé avec d'autres intérêts politiques et économiques régionaux.


Au cours de la guerre froide, la division idéologique entre l'Ouest capitaliste et l'Est communiste a été à l'origine d'une intense paranoïa et méfiance. Les États-Unis, se percevant comme le bastion de la démocratie et du capitalisme, ont intensifié leurs efforts pour contrer l'influence communiste, tant sur le plan intérieur qu'extérieur. À l'intérieur des États-Unis, cette période a vu l'émergence du maccarthysme, une campagne anticomuniste dirigée par le sénateur Joseph McCarthy. De nombreuses personnes, que ce soit des fonctionnaires, des acteurs, des écrivains ou des citoyens ordinaires, ont été accusées sans preuve d'être des sympathisants communistes, entraînant des licenciements, des listes noires et des réputations ruinées. Les droits constitutionnels de nombreux Américains ont été bafoués dans le processus, car la chasse aux sorcières communistes a priorisé la sécurité nationale sur les libertés civiles. À l'étranger, les préoccupations relatives à la propagation du communisme ont entraîné des interventions directes et indirectes des États-Unis dans de nombreux pays. En Amérique latine, par exemple, la doctrine Monroe, qui considérait l'hémisphère occidental comme étant sous l'influence américaine, a été utilisée pour justifier des coups d'État, des soutiens à des régimes autoritaires et des interventions militaires, tout cela dans le but de prévenir l'émergence de gouvernements socialistes ou communistes. Comme lors de la Seconde Guerre mondiale, ces actions étaient souvent justifiées par la nécessité de protéger la sécurité nationale. Cependant, elles étaient également influencées par des intérêts économiques et géopolitiques. Par exemple, l'intervention américaine au Guatemala en 1954 était liée aux intérêts de la United Fruit Company, une entreprise américaine qui avait de vastes exploitations dans le pays. La guerre froide et la Seconde Guerre mondiale ont toutes deux vu des mesures drastiques prises au nom de la sécurité nationale. Mais à chaque fois, il y a eu un mélange d'intérêts idéologiques, politiques et économiques qui ont influencé ces décisions. Dans les deux cas, la rétrospection montre que la poursuite aveugle de la sécurité peut conduire à des injustices graves, mettant en évidence le défi constant de trouver un équilibre entre sécurité et liberté.
Des tactiques similaires ont été utilisées pendant la guerre froide, où les préoccupations relatives à la sécurité nationale et la menace perçue de l'idéologie communiste ont conduit à la mise en œuvre de divers programmes et politiques de sécurité visant à surveiller, restreindre et, dans certains cas, éliminer les individus considérés comme une menace pour la sécurité nationale. Ces programmes étaient souvent motivés par des considérations politiques et idéologiques et, comme le programme de contrôle des étrangers ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale, ont soulevé des questions sur l'équité et la nécessité des mesures prises par le gouvernement pour assurer la sécurité nationale.


= Les réfugiés européens en Amérique latine après la guerre =  
= Les réfugiés européens en Amérique latine après la guerre =  


L'Amérique latine a été une destination privilégiée pour de nombreux réfugiés européens après la Seconde Guerre mondiale. Ces individus fuyaient les horreurs du conflit, cherchant une vie meilleure et une opportunité de recommencer. De nombreux Juifs, communistes, socialistes, intellectuels et autres personnes persécutées par les nazis ont trouvé refuge dans des pays comme l'Argentine, le Brésil, et le Chili. Ces pays, avec leurs vastes territoires, leurs économies en développement et leurs besoins en main-d'œuvre qualifiée, étaient accueillants pour ces réfugiés, qui ont contribué à leur tour à la vie culturelle, scientifique et économique de leurs nouveaux foyers. Cependant, l'avènement de la guerre froide a changé la donne pour de nombreux réfugiés en Amérique latine. Les États-Unis, craignant la propagation du communisme dans la région, ont soutenu de nombreux régimes autoritaires et dictatures militaires. Ces régimes, en retour, ont souvent persécuté et ciblé ceux qui étaient perçus comme des menaces à l'ordre établi, y compris de nombreux réfugiés européens, en raison de leurs antécédents, de leurs croyances politiques ou de leurs associations antérieures. En parallèle, l'Amérique latine est devenue un lieu de refuge pour certains des criminels de guerre nazis les plus infâmes, qui ont fui la justice européenne. Des figures comme Adolf Eichmann et Josef Mengele ont trouvé refuge, en particulier en Argentine. Ces individus ont été protégés par certains gouvernements et réseaux sympathisants, et ont souvent vécu tranquillement, sans être inquiétés. La présence de ces criminels nazis en Amérique latine a suscité une vive préoccupation au sein de la communauté internationale, en particulier parmi les organisations juives. Ces groupes ont souvent collaboré avec les gouvernements pour retrouver et traduire ces criminels en justice. Cependant, en raison des réalités politiques, de la corruption, et des vastes régions éloignées d'Amérique latine, beaucoup de ces criminels ont échappé à la justice pendant des décennies.
De nombreux réfugiés européens, notamment ceux qui ont fui les persécutions nazies pendant la Seconde Guerre mondiale, ont cherché asile en Amérique latine après la guerre. Certains pays de la région, comme l'Argentine, le Brésil et le Chili, ont offert un refuge aux réfugiés et leur ont permis de reconstruire leur vie. Cependant, pendant la guerre froide, nombre de ces réfugiés ont été impliqués dans les bouleversements politiques de l'époque, notamment la montée des dictatures soutenues par les États-Unis dans les années 1960. Cela a entraîné des difficultés supplémentaires pour les réfugiés, car ces régimes les prenaient souvent pour cible en raison de leurs convictions politiques ou de leurs liens avec leur pays d'origine. En outre, de nombreux responsables et sympathisants nazis ont fui en Amérique latine pendant et après la Seconde Guerre mondiale pour échapper aux poursuites pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Certains pays de la région, comme l'Argentine, ont offert un refuge à ces personnes, qui ont pu reconstruire leur vie et poursuivre leurs activités politiques et idéologiques. Cependant, la communauté internationale et les organisations juives se sont inquiétées de la présence d'anciens nazis en Amérique latine et de leur potentiel à poursuivre leurs activités nuisibles. Malgré ces inquiétudes, de nombreux anciens nazis d'Amérique latine ont pu vivre leur vie sans avoir à répondre de leurs crimes devant la justice.
 
Klaus Barbie est un exemple frappant de la manière dont certains criminels de guerre nazis ont réussi à échapper à la justice pendant des décennies après la Seconde Guerre mondiale, en partie grâce à la protection et à la complicité d'agences de renseignement et de gouvernements étrangers. Leur expertise, leurs réseaux et leurs connaissances étaient souvent jugés plus précieux que leur passé criminel, surtout pendant la guerre froide, lorsque les superpuissances étaient désireuses de gagner des avantages dans les régions géopolitiquement stratégiques.


Barbie, qui était responsable de la torture, de l'exécution et de la déportation de milliers de Juifs et de membres de la Résistance française pendant la guerre, a réussi à échapper à la justice grâce à un réseau d'évasion nazi connu sous le nom de "ratlines". Après avoir séjourné en Allemagne puis en Italie, il s'est rendu en Amérique du Sud. Il est d'abord arrivé en Argentine avant de s'installer finalement en Bolivie. À La Paz, la capitale bolivienne, Barbie a vécu sous un faux nom et a été impliqué dans diverses activités, notamment des affaires et des opérations de contre-insurrection. Son expérience de la répression et de la torture en tant que fonctionnaire de la Gestapo l'a rendu précieux pour diverses dictatures militaires sud-américaines qui étaient aux prises avec des mouvements de guérilla et d'opposition. De plus, pendant la guerre froide, les États-Unis étaient principalement préoccupés par la menace du communisme dans la région, et des figures comme Barbie étaient considérées comme des atouts pour aider à contrer cette menace. Ce n'est qu'à la fin des années 1970 et au début des années 1980, à la suite d'enquêtes journalistiques et de la pression de la communauté internationale, que la véritable identité de Barbie et son lieu de résidence en Bolivie ont été révélés. Suite à ces révélations, une campagne mondiale pour son extradition a été lancée. En 1983, après des années de batailles judiciaires et politiques, Barbie a été extradé en France. Il a été jugé à Lyon, la ville où il avait commis certains de ses crimes les plus odieux. En 1987, il a été reconnu coupable de crimes contre l'humanité et condamné à la prison à vie. Il est décédé en prison en 1991. L'affaire Barbie met en lumière les complexités et les contradictions de la justice après-guerre, ainsi que la manière dont des intérêts géopolitiques peuvent parfois primer sur la poursuite de criminels de guerre.
Klaus Barbie, également connu sous le nom de "boucher de Lyon", est un criminel de guerre nazi notoire qui a fui en Amérique du Sud après la Seconde Guerre mondiale. Il a vécu dans plusieurs pays de la région, dont la Bolivie, où il a travaillé pour diverses agences de renseignement, notamment l'armée bolivienne et la Central Intelligence Agency (CIA) des États-Unis, en utilisant ses compétences et ses connaissances acquises en tant que fonctionnaire de la Gestapo pendant la guerre. Malgré ses antécédents de crimes de guerre, Barbie a été protégé et employé par ces agences en raison de sa valeur de renseignement. Ce n'est qu'après la chute des régimes militaires en Amérique du Sud dans les années 1980 que le passé de Barbie a été révélé, et il a finalement été extradé en France en 1983 pour être jugé pour ses crimes. Il a été reconnu coupable et condamné à la prison à vie.


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*[http://en.wikipedia.org/wiki/Italian-American_internment Italian-American internment]
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Italian-American_internment Italian-American internment]
*[http://en.wikipedia.org/wiki/German-American_internment German-American internment]
*[http://en.wikipedia.org/wiki/German-American_internment German-American internment]
*[http://www.memorialdelashoah.org/index.php/fr/ La conférence d'Évian] sur le site du Mémorial de la Shoah.
*<ref>[http://www.memorialdelashoah.org/index.php/fr/ La conférence d'Évian] sur le site du Mémorial de la Shoah.</ref><ref>[http://www.andanafilms.com/catalogue.php?idFiche=1090&display=fiche La Conférence de la peur], film documentaire de Michel Vuillermet, 68 min, 2009</ref><ref>Greg Robinson « Le Projet M de Franklin D. Roosevelt : construire un monde meilleur grâce à la science… des races », in Critique internationale 2/2005 (nº 27), p. 65-82</ref>
*[http://www.andanafilms.com/catalogue.php?idFiche=1090&display=fiche La Conférence de la peur], film documentaire de Michel Vuillermet, 68 min, 2009
*Greg Robinson « Le Projet M de Franklin D. Roosevelt : construire un monde meilleur grâce à la science… des races », in Critique internationale 2/2005 (nº 27), p. 65-82
*Allevi, Jean-Jacques. “Seconde Guerre Mondiale : La Martinique Sous La Botte De Vichy.” Geo.fr, 20 Mar. 2019, www.geo.fr/histoire/seconde-guerre-mondiale-la-martinique-sous-la-botte-de-vichy-194978
*Cantier, Jacques. L'empire Colonial Sous Vichy. Jacob, 2004. url: https://books.google.fr/books?id=5qKdHytlv-gC&pg=PA67&dq=martinique+guadeloupe+deuxi%C3%A8me+guerre+mondiale&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwiv_ejOxtfkAhWFAWMBHZRQB1YQ6AEIQDAD#v=onepage&q=martinique%20guadeloupe%20deuxi%C3%A8me%20guerre%20mondiale&f=false
*Sim, Richard, and James Anderson. The Caribbean Strategic Vacuum. Institute for the Study of Conflict, 1980.
*Skelton, Tracey. Introduction to the Pan-Caribbean. Arnold, 2004. url: https://books.google.fr/books?id=4Jd9AwAAQBAJ&lpg=PA35&dq=martinique%20guadeloupe%20second%20world%20war&pg=PA35#v=onepage&q=martinique%20guadeloupe%20second%20world%20war&f=false
*[http://en.wikipedia.org/wiki/World_War_II_related_internment_and_expulsion_of_Germans_in_the_Americas World War II related internment and expulsion of Germans in the Americas]


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