Modification de Sécurité

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| faculté = [[Faculté des sciences de la société]]
| département = [[Département de science politique et relations internationales]]
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* [[Stephan Davidshofer]]<ref>[http://unige.academia.edu/StephanDavidshofer Page de Stephan Davidshofer sur Academia.edu]</ref><ref>[https://www.gcsp.ch/News-Knowledge/Experts/Guest-Experts/Davidshofer-Dr-Stephan-Davidshofer Page personnelle de Stephan Davidshofer sur le site du Geneva Centre for Security Policy]</ref><ref>[https://twitter.com/stedavids Compte Twitter de Stephan Davidshofer]</ref>
* [[Xavier Guillaume]]<ref>[http://edinburgh.academia.edu/XavierGuillaume Page de Xavier Guillaume sur Academia.edu]</ref><ref>[http://www.pol.ed.ac.uk/people/academic_staff/xavier_guillaume Page personnelle de Xavier Guillaume sur le site de l'Université de Édimbourg]</ref><ref>[http://www.sciencespo.fr/psia/users/xavierguillaume Page personnelle de Xavier Guillaume sur le site de Science Po Paris PSIA]</ref><ref>[http://edinburgh.academia.edu/XavierGuillaume Page de Xavier Guillaume sur Academia.edu]</ref><ref>[https://www.rug.nl/staff/x.guillaume/research Page personnelle de Xavier Guillaume sur le site de l'Université de Groningen]</ref> 
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| cours = [[Relations Internationales : approches critiques de l’international]]
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*[[Introduction aux approches critiques de l’international]]
*[[Sociologie de la discipline]]
*[[Normes]]
*[[Globalisations : définition et situation]]
*[[Globalisations : circulation entre impérialisme et stratégies cosmopolites]]
*[[Altérité]]
*[[Dominations]]
*[[L’humanitaire : entre action et intervention]]
*[[Développement]]
*[[Sécurité]]
*[[Surveillance]]
*[[Guerre]]
*[[Guerre, paix et politique en Afrique depuis la fin de la Guerre froide]]
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*[[Les frontières de l’Europe]]   
*[[Mobilités]]
*[[En forme de conclusion au cours de relations internationales II]]
}}
Nous allons utiliser la notion de sécurité pour mobiliser des éléments des précédentes thématiques. Pour comprendre les enjeux de la sécurité, il faut un certain nombre d’outils au-delà d’une approche plus intuitive ou qui relèverait du sens commun.  
Nous allons utiliser la notion de sécurité pour mobiliser des éléments des précédentes thématiques. Pour comprendre les enjeux de la sécurité, il faut un certain nombre d’outils au-delà d’une approche plus intuitive ou qui relèverait du sens commun.  
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= Sécurité : notions de base =
= Sécurité : notions de base =
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Dans ''Security'' publié en 2009<ref>Zedner, Lucia. Security. London: Routledge, 2009.</ref>, Zedner montre que la sécurité est un concept avec de multiples significations. Il faut voir la sécurité de quatre manières différentes qui sont quatre façons d’aborder le sujet :
Dans ''Security'' publié en 2009<ref>Zedner, Lucia. Security. London: Routledge, 2009.</ref>, Zedner montre que la sécurité est un concept avec de multiples significations. Il faut voir la sécurité de quatre manières différentes qui sont quatre façons d’aborder le sujet :
*'''un état objectif''' : on est face à des menaces et il faut gérer ces menaces pour être en sécurité. C’est un état objectivement défini. Par exemple, lorsqu’un char d’assaut allemand traverse la frontière française en 1940, l’objet est une menace à la souveraineté et l’intégrité territoriale de la France. Il y a un rapport fonctionnel à la sécurité induisant qu’il faut combattre les menaces pour assurer la sécurité ;
*'''un état objectif''' : on est face à des menaces et il faut gérer ces menaces pour être en sécurité. C’est un état objectivement défini. Par exemple, lorsqu’un char d’assaut allemand traverse la frontière française en 1940, l’objet est une menace à la souveraineté et l’intégrité territoriale de la France. Il y a un rapport fonctionnel à la sécurité induisant qu’il faut combattre les menaces pour assurer la sécurité ;
*'''un état subjectif''' : la situation de l’état objectif n’est pas suffisante, car se sentir en sécurité peut selon les contextes et les personnes être beaucoup plus subjectif faisant notamment appel au sentiment d’insécurité. Ce n’est pas un objet qui automatiquement est une menace. La sécurité est aussi un état subjectif, c’est quelque chose qu’on vise à atteindre qui serait un « sentiment » de sécurité. Sécurité vient du terme latin « securitas » qui vient du terme grec ataraxia qui signifie sécurité intérieure.  
*'''un état subjectif''' : la situation de l’état objectif n’est pas suffisant car se sentir en sécurité peut selon les contextes et les personnes être beaucoup plus subjectif faisant notamment appel au sentiment d’insécurité. Ce n’est pas un objet qui automatiquement est une menace. La sécurité est aussi un état subjectif, c’est quelque chose qu’on vise à atteindre qui serait un « sentiment » de sécurité. Sécurité vient du terme latin « securitas » qui vient du terme grec ataraxia qui signifie sécurité intérieure.  


Lorsque l’on parle de sécurité objective ou subjective, dans les deux cas on parle d’un état. La sécurité va de pair avec la notion de sécurité. Un état de sécurité est relativement insatisfaisant comme objet, car c’est un état qui doit être atteint. La sécurité n’est pas un état.  
Lorsque l’on parle de sécurité objective ou subjective, dans les deux cas on parle d’un état. La sécurité va de pair avec la notion de sécurité. Un état de sécurité est relativement insatisfaisant comme objet, car c’est un état qui doit être atteint. La sécurité n’est pas un état.  
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== La dérégulation d’un concept : vers les approches critiques de la sécurité ==
== La dérégulation d’un concept : vers les approches critiques de la sécurité ==
Il faut s’interroger sur la question de savoir si la sécurité est un monopole des relations internationales. Pendant très longtemps, ceux qui s’intéressaient à l’objet de la sécurité étaient dans la discipline des relations internationales. La plupart du temps, cela était l’affaire des relations internationales, mais aussi l’affaire du courant des néoréalistes.
Il faut s’interroger sur la question de savoir si la sécurité est un monopole des relations internationales. Pendant très longtemps, ceux qui s’intéressaient à l’objet de la sécurité était dans la discipline des relations internationales. La plupart du temps cela était l’affaire des relations internationales, mais aussi l’affaire du courant des néoréalistes.


La domination de l’approche néo-réaliste a créé un grand nombre d’études. Pour Walt dans ''The Renaissance of Security Studies''<ref>Walt, Stephen M. The Renaissance of Security Studies. Beverly Hills: Sage, 1991.</ref> publié en 1991, le point central de la sécurité est « facile à identifier [...] : il s’agit de la guerre ». Si on parle de sécurité, on parle de gérer la menace de la guerre. La définition de la sécurité est à ce moment une définition stato-centrée et militaire de la sécurité qui prévaut jusqu’aux années 1990. Travailler sur la sécurité pendant la Guerre froide est s’intéresser aux causes de la guerre, mais aussi comment gérer un dilemme de la sécurité, d’autre part, on s’intéresse à la question du nucléaire. C’est un champ qui va progressivement être remis en question et notamment l’hégémonie néo-réaliste.
La domination de l’approche néo-réaliste a créé un grand nombre d’études. Pour Walt dans ''The Renaissance of Security Studies''<ref>Walt, Stephen M. The Renaissance of Security Studies. Beverly Hills: Sage, 1991.</ref> publié en 1991, le point central de la sécurité est « facile à identifier [...] : il s’agit de la guerre ». Si on parle de sécurité, on parle de gérer la menace de la guerre. La définition de la sécurité est à ce moment une définition stato-centrée et militaire de la sécurité qui prévaut jusqu’aux années 1990. Travailler sur la sécurité pendant la Guerre froide est s’intéresser aux causes de la guerre, mais aussi comment gérer un dilemme de la sécurité, d’autre part, on s’intéresse à la question du nucléaire. C’est un champ qui va progressivement être remis en question et notamment l’hégémonie néo-réaliste.
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== Sécurité : condition de possibilité ou d’impossibilité ==
== Sécurité : condition de possibilité ou d’impossibilité ==
On peut voir la sécurité comme une condition de possibilité ou d’impossibilité. Lorsqu’on fait appel à la sécurité, on appelle à une suspension temporaire de l’état de droit. Guantanamo et Lampedusa sont des systèmes concentrationnaires d’un côté avec des personnes classifié comme terroriste et de l’autre comme une menace en tant que migrants. On ne s’attend pas à ce que l’État crée des systèmes concentrationnaires pour des délits mineurs. Toutefois, peu de personnes s’élèvent contre Guantanamo et Lampedusa parce que ce sont des individus qui sont présentés comme hors du normal. Les migrants sont présentés comme des potentielles personnes qui vont s’en prendre aux emplois.  
On peut voir la sécurité comme une condition de possibilité ou d’impossibilité. Lorsqu’on fait appel à la sécurité, on appelle à une suspension temporaire de l’état de droit. Guantanamo et Lampedusa sont des systèmes concentrationnaires d’un côté avec des personnes classifié comme terroriste et de l’autre comme une menace en tant que migrants. On ne s’attend pas à ce que l’État crée des systèmes concentrationnaires pour des délits mineurs. Toutefois, peu de personnes s’élèvent contre Guantanamo et Lampedusa parce que ce sont des individus qui sont présentés comme hors du normal. Les migrants sont présentés comme des potentiels personnes qui vont s’en prendre aux emplois.  


L’État a un pouvoir discrétionnaire d’estimer comment les individus agissent par rapport aux autres. Par exemple, la frontière est un objet de différenciation. L’exception est souvent la norme, mais on ne la perçoit pas parce qu’elle ne nous est pas appliquée, mais les pratiques de l’État sont des pratiques où l’État s’arroge le droit de choisir qui est bon, ennemi et qui n’a pas besoin de se justifier. Guantanamo et Lampedusa nous amènent à réfléchir par rapport à l’autre et alors que souvent la logique sécuritaire va s’appliquer à tous comme c’est le cas de la NSA. Dans ce cas, la sécurité peut être justifiée comme préventive dans le cas d’une menace potentielle.  
L’État a un pouvoir discrétionnaire d’estimer comment les individus agissent par rapport aux autres. Par exemple, la frontière est un objet de différenciation. L’exception est souvent la norme, mais on ne la perçoit pas parce qu’elle ne nous est pas appliquée, mais les pratiques de l’État sont des pratiques où l’État s’arroge le droit de choisir qui est bon, ennemi et qui n’a pas besoin de se justifier. Guantanamo et Lampedusa nous amènent à réfléchir par rapport à l’autre et alors que souvent la logique sécuritaire va s’appliquer à tous comme c’est le cas de la NSA. Dans ce cas, la sécurité peut être justifié comme préventive dans le cas d’une menace potentielle.  


Un exemple est de comment la notion de sécurité permet de faire des associations d’idées qui n’ont pas de rapport entre elles. La sécurité crée une transitivité entre des domaines qui ne sont pas liés comme le souligne Bigo. Cela ferme la société. Les raisonnements sécuritaires créent des associations qui se répercutent souvent dans la presse. Cela amène à des réactions avec la création d’institutions afin de faire face à ce qui était avant. Les institutions ne s’effacent pas rapidement, mais restent.  
Un exemple est de comment la notion de sécurité permet de faire des associations d’idées qui n’ont pas de rapport entre elles. La sécurité crée une transitivité entre des domaines qui ne sont pas liés comme le souligne Bigo. Cela ferme la société. Les raisonnements sécuritaires créent des associations qui se répercutent souvent dans la presse. Cela amène à des réactions avec la création d’institutions afin de faire face à ce qui était avant. Les institutions ne s’effacent pas rapidement, mais restent.  
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== Sécurité comme acte de parole ==
== Sécurité comme acte de parole ==
Le langage ne reflète pas la réalité politique et sociale, mais cette dernière est la résultante du langage. Parmi toutes les approches qu’il a pu y avoir en termes de philosophie du langage, une approche a eu beaucoup de succès en science sociale qui est l’approche par acte de parole élaboré par Austin en 1962 dans son ouvrage ''How to do things with words''<ref>Austin, J. L. How to Do Things with Words. Cambridge: Harvard UP, 1962. </ref>. Cela renvoi à l’idée de « dire, c’est faire ».
Le langage ne reflète pas la réalité politique et sociale, mais cette dernière est la résultante du langage. Parmi toutes les approches qu’il a pu y avoir en termes de philosophie du langage, une approche a eu beaucoup de succès en science-sociales qui est l’approche par acte de parole élaboré par Austin en 1962 dans son ouvrage ''How to do things with words''<ref>Austin, J. L. How to Do Things with Words. Cambridge: Harvard UP, 1962. </ref>. Cela renvoi à l’idée de « dire, c’est faire ».


Un acte de parole est que lorsque quelqu’un dit quelque chose, un effet peut être produit par une réaction dans un contexte spécifique. En d’autres termes, un acte de parole produit des effets dans certains contextes s’il est émis par un émetteur spécifique et qu’il est accepté par un public. Un acte de parole produit des effets.
Un acte de parole est que lorsque quelqu’un dit quelque chose, un effet peut être produit par une réaction dans un contexte spécifique. En d’autres termes, un acte de parole produit des effets dans certains contextes s’il est émis par un émetteur spécifique et qu’il est accepté par un public. Un acte de parole produit des effets.
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== La sécurisation ==
== La sécurisation ==
Dans ''Security. A new framework of analysis'' publié en 1998 et rédigé par Buzan, Barry, Ole Wæver, Jaap de Wilde, est postulé qu’« étudier la sécurisation est étudier le discours et des constellations politiques: quand est-ce qu’un argument, possédant une structure rhétorique et sémiotique spécifique, atteint suffisamment d’effet pour faire tolérer à un public des violations de règles qui devraient être suivies en temps normal? Si par le biais d’un argument sur la priorité et l’urgence d’une menace existentielle, l’acteur sécurisant a réussi à se libérer des procédures ou règles, il ou elle aurait normalement suivi, nous nous trouvons face à un cas de sécurisation ».  
Dans ''Security. A new framework of analysis'' publié en 1998 et rédigé par Buzan, Barry, Ole Wæver, Jaap de Wilde, est postulé qu’« étudier la sécurisation est étudier le discours et des constellations politiques: quand est-ce qu’un argument, possédant une structure rhétorique et sémiotique spécifique, atteint suffisamment d’effet pour faire tolérer à un public des violations de règles qui devraient être suivies en temps normal? Si par le biais d’un argument sur la priorité et l’urgence d’une menace existentielle, l’acteur sécurisant a réussi à se libérer des procédures ou règles, il ou elle aurait normalement suivi, nous nous trouvons face à un cas de sécurisation ».  
Produire la sécurité et produire un effet concret qui est celui de retirer de la sphère publique quelque chose. Si on arrive à la solution de sécurité, c’est qu’il y a eu des débats dans lesquels des arguments sont produits. C’est l’idée dans laquelle on peut discuter de tout et tout le monde a les capacités de débattre. C’est l’idée qu’il y a une sphère publique ouverte à laquelle tout le monde peut avoir accès. L’idée de sécurisation est l’idée que si on dit sécurité alors on va créer une situation où on va pouvoir utiliser les moyens à disposition afin de réduire cette menace. Analytiquement, on essaie de comprendre ce qui se passe : qui dit quoi, quand, où, comment.
Produire la sécurité et produire un effet concret qui est celui de retirer de la sphère publique quelque chose. Si on arrive à la solution de sécurité, c’est qu’il y a eu des débats dans lesquels des arguments sont produits. C’est l’idée dans laquelle on peut discuter de tout et tout le monde a les capacités de débattre. C’est l’idée qu’il y a une sphère publique ouverte à laquelle tout le monde peut avoir accès. L’idée de sécurisation est l’idée que si on dit sécurité alors on va créer une situation où on va pouvoir utiliser les moyens à disposition afin de réduire cette menace. Analytiquement on essaie de comprendre ce qui se passe : qui dit quoi, quand, où, comment.


Quelles sont les institutions qui ont la capacité de produire le discours sécuritaire ? La théorie fait penser que tout le monde serait capable de le faire. L’important est de savoir qui a le capital afin de pouvoir dire la sécurité. L’un des acteurs premiers est l’État ou encore la figure de l’expert. Pas tout le monde peut dire la sécurité et notamment parler c’est s’exposer à l’insécurité. La vision traditionnelle de la sécurité est que ceux qui ont le pouvoir en sont capables.  
Quelles sont les institutions qui ont la capacité de produire le discours sécuritaire ? La théorie fait penser que tout le monde serait capable de le faire. L’important est de savoir qui a le capital afin de pouvoir dire la sécurité. L’un des acteurs premiers est l’État ou encore la figure de l’expert. Pas tout le monde peut dire la sécurité et notamment parler c’est s’exposer à l’insécurité. La vision traditionnelle de la sécurité est que ceux qui ont le pouvoir en sont capables.  
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D’un point de vue de la sécurité, l’idée de migration dans jusque dans les années 1980 était traité du point de vue économique c’est-à-dire en tant que main d’œuvre. Il n’était pas question de savoir si les migrants étaient une menace pour la société. Au début des années 1980 et des années 1990, certains partis politiques vont faire des migrants un objet référent. L’acte de parole est de dire que « la barque est pleine », de dire que la société est danger à cause de la menace identifiée qui est la migration. Le fait que ces populations sont construites comme une menace a une répercussion sur la façon dont de objets politiques vont être adoptés. L’objet de « migration » est passé d’un traitement « normal » à un traitement de l’ordre de « l’exception ». Des acteurs ont la capacité de créer un objet comme un objet de sécurité, mais aussi de transformer un domaine de nono-sécuritaire à sécuritaire avec un certain nombre d’étapes.  
D’un point de vue de la sécurité, l’idée de migration dans jusque dans les années 1980 était traité du point de vue économique c’est-à-dire en tant que main d’œuvre. Il n’était pas question de savoir si les migrants étaient une menace pour la société. Au début des années 1980 et des années 1990, certains partis politiques vont faire des migrants un objet référent. L’acte de parole est de dire que « la barque est pleine », de dire que la société est danger à cause de la menace identifiée qui est la migration. Le fait que ces populations sont construites comme une menace a une répercussion sur la façon dont de objets politiques vont être adoptés. L’objet de « migration » est passé d’un traitement « normal » à un traitement de l’ordre de « l’exception ». Des acteurs ont la capacité de créer un objet comme un objet de sécurité, mais aussi de transformer un domaine de nono-sécuritaire à sécuritaire avec un certain nombre d’étapes.  


Nous sommes menés à nous interroger sur 'qui peut produit la sécurité ?' il y a un biais euro-centré de dire que tout le monde peut s’exprimer. Il y a une dimension légitimatrice relevant d’un accord entre l’émetteur et un public. Une situation d’exception n’est pas une dérive de l’État, mais un accord que le public a donné à l’État, c’est un blanc-seing donné à l’État. D’autre part, nous sommes amenés a nous demander si 'quoi peut être sécurisé ?' S’il y a des limitations sur qui peut produire la sécurité, on peut commencer par réfléchir de savoir s’il n’y a pas des gens capables de définir l’objet. Sont-ils liés à des logiques de produire des biens communs ou liés à des groupes qui visent à produire de l’insécurité ?
Nous sommes menés à nous interroger sur 'qui peut produit la sécurité ?' il y a un biais euro-centré de dire que tout le monde peut s’exprimer. Il y a une dimension légitimatrice relevant d’un accord entre l’émetteur et un public. Une situation d’exception n’est pas une dérive de l’État, mais un accord que le public a donné à l’État, c’est un blanc-seing donné à l’État. D’autre part, nous sommes amenés a nous demander si 'quoi peut être sécurisé ?' S’il y a des limitations sur qui peut produire la sécurité, on peut commencer par réfléchir de savoir s’il n’y a pas des gens capables de définir l’objet. Sont-ils liés à des logiques de produire des biens communs ou liés à des groupes qui vise à produire de l’insécurité ?


Dans la théorie austinienne, on parle de perlocution. C’est lorsque le public réagit à ce qu’il a été invité à faire. L’idée de sécurisation est l’idée que le public et la population sont en accord. Il faut s’interroger sur la manière d’identifier, de mesurer, ce qui est extrêmement difficile. Un des seuls moyens est le cas suisse puisqu’il y a des votations régulières et des acteurs comme l’UDC qui peuvent produire une menace. Dans un cadre extrêmement spécifique et des cultures spécifiques, cela est possible, mais la plupart des pays n’ont pas ces moyens-là.  
Dans la théorie austinienne, on parle de perlocution. C’est lorsque le public réagit à ce qu’il a été invité à faire. L’idée de sécurisation est l’idée que le public et la population sont en accord. Il faut s’interroger sur la manière d’identifier, de mesurer, ce qui est extrêmement difficile. Un dès seuls moyens est le cas suisse puisqu’il y a des votations régulières et des acteurs comme l’UDC qui peuvent produire une menace. Dans un cadre extrêmement spécifique et des cultures spécifiques, cela est possible, mais la plupart des pays n’ont pas ces moyens-là.  


Le problème de cette approche est qu’intuitivement, cela semble logique, mais analytiquement, on se rend compte que cela est extrêmement difficile. C’est un cadre analytique difficilement opérationnalisable, mais paradoxalement cela a eu beaucoup de succès. L’importance d’un public est que cela jette un regard sur une approche intersubjectif, mais analytiquement on se rend compte que peut être tout ceci est un peu une illusion et cette approche n’est qu’une approche sophistiquée de dire ce qu’est la menace.  
Le problème de cette approche est qu’intuitivement, cela semble logique, mais analytiquement, on se rend compte que cela est extrêmement difficile. C’est un cadre analytique difficilement opérationnalisable, mais paradoxalement cela a eu beaucoup de succès. L’importance d’un public est que cela jette un regard sur une approche intersubjectif, mais analytiquement on se rend compte que peut être tout ceci est un peu une illusion et cette approche n’est qu’une approche sophistiquée de dire ce qu’est la menace.  
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L’observation que Bigo qu’a fait est d’observer qu’à terme, depuis les années 1970 et surtout depuis la fin de la Guerre froide, il y a une logique de dédifférenciation de ces pratiques. Il y a une logique de dérégulation. C’est l’observation d’un phénomène qui a débuté il y a un certain temps, mais surtout c’est une vue de l’esprit qui n’a jamais été hermétique. Il est intéressant de parler en termes de dédifférenciation parce que c’est une distinction qui s’érode.  
L’observation que Bigo qu’a fait est d’observer qu’à terme, depuis les années 1970 et surtout depuis la fin de la Guerre froide, il y a une logique de dédifférenciation de ces pratiques. Il y a une logique de dérégulation. C’est l’observation d’un phénomène qui a débuté il y a un certain temps, mais surtout c’est une vue de l’esprit qui n’a jamais été hermétique. Il est intéressant de parler en termes de dédifférenciation parce que c’est une distinction qui s’érode.  


Le terrorisme est un lieu de ce mélange des genres. À partir du moment le terrorisme s’est posé comme un objet à gérer, les gens en charge se le sont approprié. Au 11 septembre, la réponse américaine a été militaire alors que la réponse européenne fut policière. Dans les pays om les événements sont arrivés les réponses vont être différente. Autour de la question du terrorisme vont se déployer différents savoir-faire, différentes personnes qui proposent leur façon de lutter contre ces menaces qui sont des définitions transnationales. Il y a un rôle joué par la transnationalisation des pratiques de gestion de la menace. Les pratiques contre-interactionnelle soulèvent un cadre d’analyse. Les pratiques contre-interactionnelle suite au 11 septembre vont revenir en interne. Si on pratique la contrinsurrection en matière de terrorisme en Afghanistan, il n’y a aucune raison de ne pas les réimporter sur le territoire national.  
Le terrorisme est un lieu de ce mélange des genres. À partir du moment ou le terrorisme s’est posé comme un objet à gérer, les gens en charge se le sont approprié. Au 11 septembre, la réponse américaine a été militaire alors que la réponse européenne fut policière. Dans les pays om les événements sont arrivés les réponses vont être différente. Autour de la question du terrorisme vont se déployer différents savoir-faire, différentes personnes qui proposent leur façon de lutter contre ces menaces qui sont des définitions transnationales. Il y a un rôle joué par la transnationalisation des pratiques de gestion de la menace. Les pratiques contre-interactionnelle soulèvent un cadre d’analyse. Les pratiques contre-interactionnelle suite au 11 septembre vont revenir en interne. Si on pratique la contrinsurrection en matière de terrorisme en Afghanistan, il n’y a aucune raison de ne pas les réimporter sur le territoire national.  


Les logiques des professionnelles et des praticiens de la sécurité ne sont pas nécessairement les mêmes de ce qui se passe dans le monde. On a à faire à des gens dont la profession est de faire de la sécurité. Chaque métier se retrouve dans des considérations sociales avec des enjeux propres à chaque métier. Il y a un décalage entre les phénomènes sociaux que l’on peut étudier d’avec l’espace social dans lequel sont produites ces réponses. La réaction d’une agence de sécurité à une menace ou une situation n’est jamais automatique. L’espace fait de médiation par rapport à la réponse à apporter aux problèmes.  
Les logiques des professionnelles et des praticiens de la sécurité ne sont pas nécessairement les mêmes de ce qui se passe dans le monde. On a à faire à des gens dont la profession est de faire de la sécurité. Chaque métier se retrouve dans des considérations sociales avec des enjeux propres à chaque métier. Il y a un décalage entre les phénomènes sociaux que l’on peut étudier d’avec l’espace social dans lequel sont produites ces réponses. La réaction d’une agence de sécurité à une menace ou une situation n’est jamais automatique. L’espace fait de médiation par rapport à la réponse à apporter aux problèmes.  
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Si Bigo dans ''La mondialisation de l'(in)sécurité ? Réflexions sur le champ des professionnels de la gestion des inquiétudes et analytique de la transnationalisation des processus d'(in)sécurisation'' se permet une si forte intuition c’est parce que cela est lié a une transformation des pratiques de la sécurité dans un contexte de globalisation de la sécurité. Ce n’est pas que les phénomènes de sécurités sont objectivement globaux, c’est plutôt de se dire qu’opère à travers des questions notamment de terrorisme, un espèce de jeu global de la sécurité. Apparaissent des guildes transnationales des professionnels de la sécurité. La sécurité fonctionne beaucoup par métier et les gens de ce métier sont en relations entre eux. Du moment qu’un jeu se globalise, il va y avoir des réseaux d’acteurs de la sécurité qui vont se constituer et devenir de plus en plus important dans les luttes démocratiques et les façons de travailler.  
Si Bigo dans ''La mondialisation de l'(in)sécurité ? Réflexions sur le champ des professionnels de la gestion des inquiétudes et analytique de la transnationalisation des processus d'(in)sécurisation'' se permet une si forte intuition c’est parce que cela est lié a une transformation des pratiques de la sécurité dans un contexte de globalisation de la sécurité. Ce n’est pas que les phénomènes de sécurités sont objectivement globaux, c’est plutôt de se dire qu’opère à travers des questions notamment de terrorisme, un espèce de jeu global de la sécurité. Apparaissent des guildes transnationales des professionnels de la sécurité. La sécurité fonctionne beaucoup par métier et les gens de ce métier sont en relations entre eux. Du moment qu’un jeu se globalise, il va y avoir des réseaux d’acteurs de la sécurité qui vont se constituer et devenir de plus en plus important dans les luttes démocratiques et les façons de travailler.  


Se constitue à terme l’espace transnational qui n’est pas forcément connecté à l’état réel de la menace. L’enjeu de cet espace dans lequel on peut positionner tout le monde est d’avoir la légitimité de dire ce qui est dangereux de pouvoir affirmer ce qui est plus dangereux qu’autre chose. Cette légitimité vient de la possession de certains capitaux et de certaines ressources. Dans la logique globalisée et le champ transnational de la sécurité, ceux qui vont être le plus sécurité sont ceux qui ont des ressources de connexions se basant sur un savoir-faire ou des connaissances spécifiques comme l’utilisation des données et des technologies qui va permettre soi-disant de gérer au mieux les problèmes d’aujourd’hui et cela et plus certains métiers que d’autres.  
Se constitue à terme l’espace transnational qui n’est pas forcément connecté à l’état réel de la menace. L’enjeu de cet espace dans lequel on peut positionner tout le monde est d’avoir la légitimité de dire ce qui est dangereux de pouvoir affirmer ce qui est plus dangereux qu’autre chose. Cette légitimé vient de la possession de certains capitaux et de certaines ressources. Dans la logique globalisée et le champ transnational de la sécurité, ceux qui vont être le plus sécurité sont ceux qui ont des ressources de connexions se basant sur un savoir-faire ou des connaissances spécifiques comme l’utilisation des données et des technologies qui va permettre soi-disant de gérer au mieux les problèmes d’aujourd’hui et cela et plus certains métiers que d’autres.  


Lorsque l’idée de Schengen s’est mise en place, il y a eu l’ambition d’instaurer la liberté de circulation pour tous les citoyens de l’Union européenne. Se pose la question de la gestion des flux de circulation d’individus. Cela va donner un rôle prépondérant à Interpol reflétant une vision bien spécifique d’un métier de la sécurité qui est celui de faire de l’échange d’information et du fichage. Schengen a été fait par des gens dont le métier est de dire que les frontières est le monde d’avant et qu’il est plus efficace de mobiliser les technologies pour trier les flux qui passent. Il y a une réponse qui est propre aux enjeux d’un espace social qui est celui de sécurité.  
Lorsque l’idée de Schengen s’est mise en place, il y a eu l’ambition d’instaurer la liberté de circulation pour tous les citoyens de l’Union européenne. Se pose la question de la gestion des flux de circulation d’individus. Cela va donner un rôle prépondérant à interpole reflétant une vision bien spécifique d’un métier de la sécurité qui est celui de faire de l’échange d’information et du fichage. Schengen a été fait par des gens dont le métier est de dire que les frontières est le monde d’avant et qu’il est plus efficace de mobiliser les technologies pour trier les flux qui passent. Il y a une réponse qui est propre aux enjeux d’un espace social qui est celui de sécurité.  


Le problème est qu’il y a des effets politiques. Le fait de décider comment hiérarchiser la menace à des résultats assez catastrophiques parce qu’on a constitué un continuum de la sécurité en liant certaines problématiques qui étaient une façon de voir de certaines personnes. En imposant leur vision du métier, ils ont contribué à instaurer une situation où il y a toute une série de menaces qui convergent sur la figure de l’étranger. L’effet politique ultime est de générer de l’exclusion en mettant à l’écart une population pour faire qu’une certaine population puisse circuler librement. Si aujourd’hui la figure de l'immigré est si centrale, c’est peut être parce qu’on a une convergence avec d’autres phénomènes dont celui du processus de sécurisation.
Le problème est qu’il y a des effets politiques. Le fait de décider comment hiérarchiser la menace à des résultats assez catastrophiques parce qu’on a constitué un continuum de la sécurité en liant certaines problématiques qui étaient une façon de voir de certaines personnes. En imposant leur vision du métier, ils ont contribué à instaurer une situation où il y a toute une série de menaces qui convergent sur la figure de l’étranger. L’effet politique ultime est de générer de l’exclusion en mettant à l’écart une population pour faire qu’une certaine population puisse circuler librement. Si aujourd’hui la figure de l'immigré est si centrale, c’est peut être parce qu’on a une convergence avec d’autres phénomènes dont celui du processus de sécurisation.
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= Annexes =
= Annexes =
*Baylis, John. "The concept of security in international relations." Globalization and Environmental Challenges. Springer, Berlin, Heidelberg, 2008. 495-502.


= Bibliographie =
= Bibliographie =
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