« Marxisme et Structuralisme » : différence entre les versions

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Ces deux concepts sont différents, mais ont une certaine forme de lien entre eux. Nous allons exposer les théories de Marx centrées sur la lutte des classes et l’économie capitaliste. Ainsi, en l’analysant, il est possible de comprendre les enjeux politiques liés à la transformation globale de la planète. Puis nous verrons le structuralisme en essayant de montrer les liens qui peuvent y avoir entre le marxisme et le structuralisme qu’on appelle aussi le structuralo-marxisme.
Le marxisme est une théorie socio-économique et une méthode d'analyse socio-politique qui s'inspire des travaux de Karl Marx et Friedrich Engels. Il critique principalement le capitalisme et vise à son remplacement par le communisme, une société sans classes sociales. Le marxisme affirme que toutes les sociétés progressent à travers la lutte des classes, une confrontation entre la classe dirigeante et les classes opprimées. D'un autre côté, le structuralisme est une approche théorique principalement utilisée dans les sciences sociales, les sciences humaines, la psychologie, l'anthropologie et la linguistique. Il se concentre sur la compréhension des structures sous-jacentes qui déterminent ou façonnent le comportement humain, la perception et la signification. Les structuralistes soutiennent que la réalité ne peut être comprise qu'en examinant les systèmes plus larges qui façonnent les individus et les événements. Le structuralo-marxisme est un courant de pensée qui tente de fusionner les idées du marxisme et du structuralisme. Il s'agit de comprendre comment les structures sociales et économiques déterminent le comportement et la perception des individus, tout en gardant à l'esprit la lutte des classes et le rôle du capitalisme dans la structuration de ces systèmes. Les structuralo-marxistes soutiennent que le capitalisme est une structure en soi qui façonne le comportement et la perception des individus.
   
   
Nous partons d’une analyse du marxisme autour de son fondateur qui est Marx, ensuite nous passons à l’analyse du structuralisme avec Claude Lévi-Strauss, puis, finalement, nous allons nous intéresser à l’influence de la pensée marxiste sur le politique.
Pour structurer notre discussion, nous entamerons un examen du marxisme en mettant l'accent sur les contributions de son fondateur, Karl Marx. Ensuite, nous nous tournerons vers le structuralisme, en explorant en profondeur les travaux du célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss. Enfin, nous conclurons en évaluant l'influence durable de la pensée marxiste sur la sphère politique.


= Marxisme =
= Marxisme =
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Pendant de nombreuses années Marx va rédiger ''Le Capital'' jusqu’à sa publication en 1867. Il tourne autour d’un vocabulaire spécifique nouveau qui est le concept d’économie politique. L’économie n’est pas extérieure à la politique, elle conforme et décrit un système politique. En d’autres termes, l’économie n’est pas en dehors de la société, mais c’est le postulat élémentaire que l’économie soit partie intégrante de la société. L’économie politique fait un lien entre les enjeux économiques et les systèmes qui permettent de la réguler.
Pendant de nombreuses années Marx va rédiger ''Le Capital'' jusqu’à sa publication en 1867. Il tourne autour d’un vocabulaire spécifique nouveau qui est le concept d’économie politique. L’économie n’est pas extérieure à la politique, elle conforme et décrit un système politique. En d’autres termes, l’économie n’est pas en dehors de la société, mais c’est le postulat élémentaire que l’économie soit partie intégrante de la société. L’économie politique fait un lien entre les enjeux économiques et les systèmes qui permettent de la réguler.
   
   
Marx se réjouit de la révolution de 1848 en France et des conflits sociaux qui naissent, qui sont autant de signes de la transformation de la société par la révolution.
Marx se réjouit de la révolution de 1848 en France et des conflits sociaux qui naissent, qui sont autant de signes de la transformation de la société par la révolution. À partir des années 1864, il fera partie de l’international socialiste des travailleurs dont il sera un membre éminent. Ce mouvement va organiser les mouvements socialistes prérévolutionnaires. Après ''Le Capital'', il va s’interroger sur la commune. Enfin, il va s’interroger sur les relations entre les classes sociales et le capital ainsi qu’à l’enjeu d’une lutte collective au niveau des peuples européens.
À partir des années 1864, il fera partie de l’international socialiste des travailleurs dont il sera un membre éminent. Ce mouvement va organiser les mouvements socialistes prérévolutionnaires.  
Après ''Le Capital'', il va s’interroger sur la commune. Enfin, il va s’interroger sur les relations entre les classes sociales et le capital ainsi qu’à l’enjeu d’une lutte collective au niveau des peuples européens.
 
== Classes et luttes de classes ==
== Classes et luttes de classes ==


[[Fichier:Pyramid of Capitalist System.png|thumb|« ''Pyramid of Capitalist System'' », début du XXème.]]
[[Fichier:Pyramid of Capitalist System.png|thumb|« ''Pyramid of Capitalist System'' », début du XXème.]]


Marx est à la fois un théoricien politique, mais aussi un économiste dans une certaine mesure. Certains préfèreront le qualifier de philosophe politique. Il touche à de nombreux domaines en posant la question centrale du capital. Il faut d’abord partir sur un apriori du Manifeste, disant que {{citation|l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes des classes}}.  
Marx était un penseur très polyvalent. Son travail s'étendait sur de nombreux domaines, y compris la philosophie, la sociologie, l'économie et la politique. Sa critique du capitalisme, telle qu'elle est exposée dans des œuvres comme "Le Capital", est toujours influente et pertinente aujourd'hui. Il faut d’abord partir sur un apriori du Manifeste, disant que {{citation|l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes des classes}}. Cette citation est en tirée du "Manifeste du Parti Communiste", co-écrit par Marx et Friedrich Engels. Il s'agit de l'une des déclarations les plus célèbres de Marx, qui résume bien sa vision de l'histoire comme une série de conflits de classes. Selon lui, toute société est structurée autour des relations de production - les rapports entre ceux qui possèdent les moyens de production (la bourgeoisie) et ceux qui vendent leur force de travail (le prolétariat). Cette dynamique crée un conflit inhérent, une lutte de classes, qui est le moteur du changement social et historique.
 
Le marxisme, en tant que théorie, est donc profondément concerné par les questions de pouvoir, de contrôle et de conflit dans le contexte économique. Pour Marx, l'économie n'est pas une sphère séparée de la vie sociale et politique, mais est intrinsèquement liée à ces dernières. Le capitalisme, en tant que système économique, façonne et est façonné par les structures sociales et politiques. C'est cette compréhension de l'interconnexion entre l'économie, la politique et la société qui fait de Marx non seulement un économiste ou un philosophe politique, mais aussi un théoricien social révolutionnaire.


Ce qui définit une classe au sens marxiste est une prise de conscience collective d’appartenir à un groupe. Le concept de classe est fondamental de la philosophie marxiste. C’est le fait que les individus dans une société finissent par se regrouper selon une conscience d’appartenir à un groupe qui définit un comportement collectif.Ce groupe a des intérêts propres qui sont en opposition avec d’autres groupes.  
Pour Marx, une classe est définie non seulement par sa relation avec les moyens de production, mais aussi par sa conscience de classe - une compréhension partagée de sa position dans le système de production capitaliste et de ses intérêts en opposition à ceux des autres classes. Cette conscience de classe n'est pas automatique ou naturelle, mais est le produit de l'expérience vécue et de la lutte. Dans "Le Capital", Marx parle du processus par lequel les travailleurs, qui sont initialement en compétition les uns avec les autres sur le marché du travail, commencent à reconnaître qu'ils partagent une position commune et des intérêts communs en opposition à ceux de la bourgeoisie. C'est ce processus de prise de conscience et de formation de la solidarité qui permet la formation d'une classe en tant que force politique. Cependant, Marx a également souligné que la bourgeoisie utilise diverses stratégies pour empêcher la prise de conscience de la classe ouvrière, telles que la division des travailleurs le long de lignes raciales, ethniques ou de genre, ou la diffusion d'idéologies qui justifient et naturalisent l'inégalité de classe. Cette idée a été développée plus tard par des théoriciens marxistes tels que Antonio Gramsci, qui a parlé de l'hégémonie culturelle de la bourgeoisie. Ainsi, pour Marx, la lutte des classes n'est pas seulement une lutte économique, mais aussi une lutte idéologique et culturelle. C'est une lutte pour la conscience de classe, pour la reconnaissance des intérêts communs et pour l'organisation collective en vue du changement social.  


Nous sommes limités dans notre action par le fait que d’autres classes ont des objectifs antagonistes et des intérêts divergents.
Marx a soutenu que dans une société capitaliste, différentes classes ont des intérêts économiques fondamentalement divergents qui mènent à des objectifs antagonistes. Par exemple, la bourgeoisie, qui possède les moyens de production, cherche à maximiser ses profits. Cela peut être accompli en réduisant les coûts de production, ce qui inclut souvent la réduction des salaires ou la prolongation des heures de travail pour la classe ouvrière. D'autre part, le prolétariat, qui vend sa force de travail, a un intérêt direct à augmenter les salaires et à améliorer les conditions de travail. Ces intérêts divergents sont intrinsèques au système capitaliste et conduisent à une lutte constante entre les classes. Ces antagonismes de classe limitent les actions possibles pour chaque classe. Par exemple, la classe ouvrière est limitée dans ses actions par la nécessité de vendre sa force de travail pour survivre, tandis que la bourgeoisie est limitée par la nécessité de maximiser les profits pour rester compétitive dans le marché capitaliste. En outre, ces antagonismes de classe façonnent également le champ politique. Selon Marx, l'État sous le capitalisme agit généralement dans l'intérêt de la bourgeoisie et cherche à maintenir l'ordre de classe existant. Cela signifie que les tentatives de la classe ouvrière pour changer le système sont souvent rencontrées par la résistance de l'État et de la classe dominante. Pour Marx, la lutte des classes est non seulement une caractéristique du capitalisme, mais aussi une barrière à l'action, car elle reflète des intérêts divergents et antagonistes entre différentes classes sociales.


Dès lors, la société est fondée sur du conflit qui se passe par la lutte des classes, ce n’est pas de l’harmonie, mais du conflit. C’est la lutte des classes, avec ses effets historiques et ses tendances, qui détermine l’existence des classes, et non pas l’inverse. À un moment donné, les gens vont devoir se battre dans un système social et politique forgeant la conscience de classe et créant une identité commune. La société moderne énonce une liberté qui ne transcende pas la société de classe.  
Pour Marx, la lutte des classes est le moteur de l'histoire et de l'évolution sociale. La société n'est pas un ensemble harmonieux d'individus aux intérêts convergents, mais est plutôt marquée par des conflits fondamentaux et des antagonismes de classe. La lutte des classes n'est pas seulement une réalité économique, mais aussi une réalité sociale et politique. Elle façonne la conscience des individus, leur identité et leur compréhension du monde. En se confrontant à l'exploitation et à l'oppression de classe, les individus commencent à développer une conscience de classe - une compréhension de leur position commune et de leurs intérêts communs en tant que classe. Cette conscience de classe peut conduire à l'organisation collective et à la résistance, et finalement à la transformation de la société. Cependant, comme vous l'avez mentionné, la société de classe ne disparaît pas simplement avec l'annonce de la liberté formelle ou des droits égaux. Au contraire, la société de classe persiste et continue à structurer la vie sociale, économique et politique, même dans les sociétés modernes qui se présentent comme libres et égalitaires. Pour Marx, la lutte des classes est à la fois le produit de la société de classe et le moyen par lequel cette société peut être transformée. C'est une vision du monde profondément conflictuelle et dynamique, qui met l'accent sur le rôle de la lutte, de la résistance et du changement dans l'histoire humaine.  


Au fond, émerge au XIXème siècle de nouvelles formes d’oppressions, c’est-à-dire de nouvelles formes de dominations qui sont la domination de la bourgeoisie. La société bourgeoise moderne n’a pas aboli les antagonismes de classe comme la révolution l’a proclamée, elle ne fait qu’en créer de nouveaux. Elle ne fait que substituer de nouvelles classes : {{citation|La société bourgeoise moderne (...) n’a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n’a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles formes de luttes à celles d’autrefois}}.
{{citation|La société bourgeoise moderne (...) n’a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n’a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles formes de luttes à celles d’autrefois}}. Cette citation provient du "Manifeste du Parti Communiste" de Marx et Engels, et elle résume une partie importante de leur analyse. Selon eux, la révolution bourgeoise - c'est-à-dire la transition du féodalisme au capitalisme qui s'est produite en Europe au cours des 17e et 18e siècles - n'a pas aboli les antagonismes de classe, mais a plutôt transformé leur nature. Dans la société féodale, les principales classes étaient les nobles et les serfs. Avec l'avènement du capitalisme, ces classes ont été remplacées par la bourgeoisie et le prolétariat. La bourgeoisie, en tant que classe possédant les moyens de production, est devenue la nouvelle classe dominante, tandis que le prolétariat, qui vend sa force de travail à la bourgeoisie, est devenu la nouvelle classe opprimée. Cependant, même si la nature précise de l'oppression et de la domination de classe a changé, Marx et Engels soutenaient que l'antagonisme fondamental entre les classes demeurait. Le capitalisme, tout comme le féodalisme, est basé sur l'exploitation de la classe laborieuse par la classe dominante. De plus, Marx et Engels ont soutenu que le capitalisme a en fait exacerbé les antagonismes de classe. Le capitalisme se caractérise par une inégalité de classe extrême et par une instabilité inhérente, avec des crises économiques récurrentes qui exacerbent la lutte des classes. C'est pourquoi ils ont soutenu que le capitalisme serait finalement remplacé par le communisme, une société sans classes où les moyens de production seraient contrôlés collectivement.


== Capital et travail salarié ==
== Capital et travail salarié ==
=== Le mouvement de capital ===
=== Le mouvement de capital ===
À partir de , il avait analysé ce qu’était la société bourgeoise. Il va s’interroger sur la bourgeoisie qui constitue un ordre économique particulier dont l’enjeu fondamental est la perpétuation de la production de la valeur. En d’autres termes, la bourgeoisie n’a que pour destin d’accumuler du capital et de perpétuer de la production de cette valeur économique. La bourgeoisie qui ne veut que reproduire du capital n’a pas de pensée spécifique vis-à-vis de la classe ouvrière, sinon que la classe ouvrière la sert dans la production du capital. Selon la définition marxiste du capital, le capital est la production d’un bien ou d’une valeur qui pèse un coût de production (système capitaliste). Il induit une production de la valeur qui est marchande et qui permet de s’enrichir. Le capital, dans la pratique de l’économie bourgeoise, est la mise en valeur d’une quantité de valeur donnée. Ainsi, est mise en exergue une différenciation entre possédant et masse de travail. Le détenteur du capital à une seule fonction qui est celle de fabriquer encore plus de valeur
Pour Marx, la bourgeoisie est définie par sa relation aux moyens de production - elle possède et contrôle les usines, les machines, les terres et autres moyens de production qui sont nécessaires pour produire des biens et des services. La classe ouvrière, en revanche, ne possède pas ces moyens de production et doit donc vendre sa force de travail à la bourgeoisie en échange d'un salaire. Selon Marx, le but principal de la bourgeoisie est l'accumulation de capital. Cela signifie qu'elle cherche constamment à augmenter sa richesse en maximisant les profits et en minimisant les coûts. L'un des principaux moyens d'y parvenir est d'exploiter la force de travail de la classe ouvrière. Les travailleurs sont payés moins que la valeur totale de ce qu'ils produisent, et la différence (ce que Marx appelle la "plus-value") est conservée par la bourgeoisie sous forme de profits. Dans cette perspective, la bourgeoisie n'a pas d'intérêt particulier pour le bien-être de la classe ouvrière, sauf dans la mesure où cela affecte sa capacité à produire de la plus-value. Par conséquent, il peut y avoir une tension constante entre la bourgeoisie et la classe ouvrière, car la première cherche à maximiser ses profits tandis que la seconde cherche à améliorer ses salaires et ses conditions de travail. C'est cette tension, cette lutte des classes, qui est au cœur de la vision de Marx du capitalisme. Pour lui, le capitalisme est un système d'exploitation qui crée des inégalités et des conflits de classe inhérents. Et c'est cette lutte des classes qui, selon lui, serait finalement le moteur de la transformation sociale et de la transition vers une société sans classes.
 
Pour Marx, le capital n'est pas simplement une somme d'argent ou un stock de biens. Au lieu de cela, il le définit comme de la "valeur en processus" ou de la "valeur auto-accroissante". Dans le système capitaliste, le capital est investi dans l'achat de moyens de production (machines, matières premières, etc.) et de force de travail. Ces éléments sont ensuite utilisés pour produire des biens ou des services qui sont vendus sur le marché. La valeur de ces biens ou services est supérieure à la somme de la valeur des moyens de production et de la force de travail achetés initialement. Cette différence est ce que Marx appelle la "plus-value", et elle est la source du profit capitaliste. Dans ce processus, il y a une division claire entre les possédants du capital (la bourgeoisie) et ceux qui vendent leur force de travail (le prolétariat). La bourgeoisie utilise son capital pour générer plus de valeur, tandis que le prolétariat est payé une valeur (sous forme de salaires) qui est inférieure à la valeur qu'il produit. C'est cette extraction de la plus-value de la classe ouvrière qui, selon Marx, constitue l'exploitation au cœur du capitalisme. Ainsi, pour Marx, le but ultime du capital et de ses détenteurs n'est pas simplement la production de biens ou de services, mais l'accumulation de plus de valeur. C'est ce qui motive le système capitaliste et qui est également à l'origine de ses contradictions et de ses crises.


=== L’origine de la plus-value ===
=== L’origine de la plus-value ===
La valeur produite doit fabriquer de la plus-value. Il faut constamment produire de la plus-value qui est un processus infini de réinvestissement. La valeur du capital est toutes les formes de plus-value possible, entre autres de l’argent, des moyens de production se transcrivant en une valeur monétaire. Elle fabrique de l’argent et produit toujours plus de valeur. Le principe est que cette valeur ne se redistribue pas. Le capital a pour objet d’accroitre la quantité monétaire. La plus-value se dissout dans les différentes formes d’accroissement du capital.  
Pour Marx, l'objectif du capitaliste n'est pas simplement de produire des biens ou des services, mais de générer de la plus-value. Cette plus-value est la différence entre la valeur totale des biens ou des services produits et la valeur des intrants utilisés pour leur production, y compris la force de travail. Dans le système capitaliste, cette plus-value est constamment réinvestie pour générer encore plus de valeur. C'est ce que Marx appelle l'accumulation de capital. Il s'agit d'un processus sans fin, où l'argent est investi pour générer plus d'argent. Cette dynamique d'accumulation perpétuelle est au cœur du système capitaliste. Elle conduit à une croissance économique constante, mais aussi à une inégalité de plus en plus grande, car la plus-value est appropriée par les capitalistes plutôt que par les travailleurs qui la produisent. De plus, cette dynamique d'accumulation perpétuelle peut aussi conduire à des crises économiques, car la recherche constante de plus-value peut mener à la surproduction et à l'instabilité économique. Pour Marx, le capital n'est pas simplement une somme d'argent ou un stock de biens. C'est une relation sociale basée sur l'exploitation, où la plus-value est extraite du travail des travailleurs et réinvestie pour produire encore plus de valeur.
 
Dans le système capitaliste, la plus-value - c'est-à-dire la valeur créée par le travail au-delà de ce qui est nécessaire pour maintenir le travailleur - est appropriée par le capitaliste plutôt que d'être redistribuée aux travailleurs. Le capitaliste réinvestit ensuite cette plus-value pour générer encore plus de capital, dans un processus que Marx appelle "l'accumulation capitaliste". Cette accumulation de capital conduit à une concentration croissante de la richesse entre les mains d'une petite élite de capitalistes, tandis que la majorité des travailleurs restent relativement pauvres. Cela crée une inégalité de plus en plus grande au sein de la société. De plus, cette accumulation de capital ne bénéficie pas nécessairement à la société dans son ensemble. Par exemple, elle peut conduire à une surproduction de biens, à des crises économiques, et à une exploitation accrue des travailleurs. Pour Marx, le système capitaliste est intrinsèquement inégalitaire et instable. Il soutenait que la seule façon de résoudre ces problèmes serait de remplacer le capitalisme par le communisme, un système dans lequel les moyens de production sont contrôlés collectivement par les travailleurs eux-mêmes.


=== Travail et surtravail ===
=== Travail et surtravail ===

Version du 15 mai 2023 à 12:47

Le marxisme est une théorie socio-économique et une méthode d'analyse socio-politique qui s'inspire des travaux de Karl Marx et Friedrich Engels. Il critique principalement le capitalisme et vise à son remplacement par le communisme, une société sans classes sociales. Le marxisme affirme que toutes les sociétés progressent à travers la lutte des classes, une confrontation entre la classe dirigeante et les classes opprimées. D'un autre côté, le structuralisme est une approche théorique principalement utilisée dans les sciences sociales, les sciences humaines, la psychologie, l'anthropologie et la linguistique. Il se concentre sur la compréhension des structures sous-jacentes qui déterminent ou façonnent le comportement humain, la perception et la signification. Les structuralistes soutiennent que la réalité ne peut être comprise qu'en examinant les systèmes plus larges qui façonnent les individus et les événements. Le structuralo-marxisme est un courant de pensée qui tente de fusionner les idées du marxisme et du structuralisme. Il s'agit de comprendre comment les structures sociales et économiques déterminent le comportement et la perception des individus, tout en gardant à l'esprit la lutte des classes et le rôle du capitalisme dans la structuration de ces systèmes. Les structuralo-marxistes soutiennent que le capitalisme est une structure en soi qui façonne le comportement et la perception des individus.

Pour structurer notre discussion, nous entamerons un examen du marxisme en mettant l'accent sur les contributions de son fondateur, Karl Marx. Ensuite, nous nous tournerons vers le structuralisme, en explorant en profondeur les travaux du célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss. Enfin, nous conclurons en évaluant l'influence durable de la pensée marxiste sur la sphère politique.

Marxisme

Karl Marx : 1818 - 1883

Karl Marx en 1875.

Marx est une personnalité clé du XIXème siècle. Il va le traverser, se confrontant à la mutation exceptionnelle de ce siècle marqué par la révolution industrielle qui dépasse tous les cadres sociaux, politiques et culturels de l’ancien régime. On est projeté dans un bouleversement dont Marx va vouloir faire l’écho.

Issu d’une famille d’avocats israélites convertie au protestantisme, il grandit dans un cadre aisé et favorable qui n’était pas révolutionnaire, mais propice à l’épanouissement intellectuel. Il va conjuguer trois matières : le droit qui lui permet de comprendre que c’est une science de la structuration des sociétés par sa dimension normative qui imprime la société par son mode de fonctionnement et de régulation ; l’histoire qui offre un champ de longue durée pour interpréter les évènements et les phénomènes. Rapidement, il va être marqué par les lectures des premiers socialistes. Ensuite, il va compléter sa formation par des études en philosophe dans de grandes universités de l’époque que sont celles de Bonn et de Berlin.

En 1841, Marx soutient une thèse de doctorat sur Épicure[1]. Entre 1841 et 1845, il commence à s’imprégner des premières doctrines révolutionnaires qui apparaissent et fondées déjà sur un socialisme révolutionnaire qui prend en considération un monde très dur pour le travail conjugué à une montée en puissance du capitalisme qu’on appelle le « premier capitalisme ». C’est un capitalisme d’exploitation sans considération sociale de la main-d’œuvre.

Il vit dans un milieu qui va rapidement le sensibiliser à la contestation politique. Ainsi, dès 1840, il devient prérévolutionnaire, se faisant refouler de Prusse et de France. En Allemagne, il deviendra rédacteur de la Gazette Rhénane qui lui vaudra des ennuis.Journal d’opposition à tendance démocratique et révolutionnaire, en tant que rédacteur en chef, il participa à l’effervescence révolutionnaire allemande.

L’histoire de Marx est la constitution de l’internationale révolutionnaire. L’émergence de la société capitaliste voit l’émergence d’une diaspora d’intellectuelles et de penseurs disséminés dans les grandes capitales qui s’organisent, permettant le développement de la pensée révolutionnaire.

À Paris, il rencontre Engels qui milite et réfléchit sur un certain nombre de réformes à introduire. Ainsi, Marx va développer une théorie du socialisme prolétarien révolutionnaire qui légitime la violence ; la violence est un élément du combat ; la question de la violence sociale se légitime. La seule possibilité de transformer la société est de proposer la révolution. Traduit en justice, il part en Belgique d’où il sera aussi chassé.

À partir du Manifeste du Parti Communiste, il va s’interroger à partir de 1867 sur une des composantes majeures du capitalisme comme l’avait compris Weber à travers son ouvrage sur l’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme que pour comprendre le capitalisme, il faut intégrer la question du capital.

Pendant de nombreuses années Marx va rédiger Le Capital jusqu’à sa publication en 1867. Il tourne autour d’un vocabulaire spécifique nouveau qui est le concept d’économie politique. L’économie n’est pas extérieure à la politique, elle conforme et décrit un système politique. En d’autres termes, l’économie n’est pas en dehors de la société, mais c’est le postulat élémentaire que l’économie soit partie intégrante de la société. L’économie politique fait un lien entre les enjeux économiques et les systèmes qui permettent de la réguler.

Marx se réjouit de la révolution de 1848 en France et des conflits sociaux qui naissent, qui sont autant de signes de la transformation de la société par la révolution. À partir des années 1864, il fera partie de l’international socialiste des travailleurs dont il sera un membre éminent. Ce mouvement va organiser les mouvements socialistes prérévolutionnaires. Après Le Capital, il va s’interroger sur la commune. Enfin, il va s’interroger sur les relations entre les classes sociales et le capital ainsi qu’à l’enjeu d’une lutte collective au niveau des peuples européens.

Classes et luttes de classes

« Pyramid of Capitalist System », début du XXème.

Marx était un penseur très polyvalent. Son travail s'étendait sur de nombreux domaines, y compris la philosophie, la sociologie, l'économie et la politique. Sa critique du capitalisme, telle qu'elle est exposée dans des œuvres comme "Le Capital", est toujours influente et pertinente aujourd'hui. Il faut d’abord partir sur un apriori du Manifeste, disant que « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes des classes ». Cette citation est en tirée du "Manifeste du Parti Communiste", co-écrit par Marx et Friedrich Engels. Il s'agit de l'une des déclarations les plus célèbres de Marx, qui résume bien sa vision de l'histoire comme une série de conflits de classes. Selon lui, toute société est structurée autour des relations de production - les rapports entre ceux qui possèdent les moyens de production (la bourgeoisie) et ceux qui vendent leur force de travail (le prolétariat). Cette dynamique crée un conflit inhérent, une lutte de classes, qui est le moteur du changement social et historique.

Le marxisme, en tant que théorie, est donc profondément concerné par les questions de pouvoir, de contrôle et de conflit dans le contexte économique. Pour Marx, l'économie n'est pas une sphère séparée de la vie sociale et politique, mais est intrinsèquement liée à ces dernières. Le capitalisme, en tant que système économique, façonne et est façonné par les structures sociales et politiques. C'est cette compréhension de l'interconnexion entre l'économie, la politique et la société qui fait de Marx non seulement un économiste ou un philosophe politique, mais aussi un théoricien social révolutionnaire.

Pour Marx, une classe est définie non seulement par sa relation avec les moyens de production, mais aussi par sa conscience de classe - une compréhension partagée de sa position dans le système de production capitaliste et de ses intérêts en opposition à ceux des autres classes. Cette conscience de classe n'est pas automatique ou naturelle, mais est le produit de l'expérience vécue et de la lutte. Dans "Le Capital", Marx parle du processus par lequel les travailleurs, qui sont initialement en compétition les uns avec les autres sur le marché du travail, commencent à reconnaître qu'ils partagent une position commune et des intérêts communs en opposition à ceux de la bourgeoisie. C'est ce processus de prise de conscience et de formation de la solidarité qui permet la formation d'une classe en tant que force politique. Cependant, Marx a également souligné que la bourgeoisie utilise diverses stratégies pour empêcher la prise de conscience de la classe ouvrière, telles que la division des travailleurs le long de lignes raciales, ethniques ou de genre, ou la diffusion d'idéologies qui justifient et naturalisent l'inégalité de classe. Cette idée a été développée plus tard par des théoriciens marxistes tels que Antonio Gramsci, qui a parlé de l'hégémonie culturelle de la bourgeoisie. Ainsi, pour Marx, la lutte des classes n'est pas seulement une lutte économique, mais aussi une lutte idéologique et culturelle. C'est une lutte pour la conscience de classe, pour la reconnaissance des intérêts communs et pour l'organisation collective en vue du changement social.

Marx a soutenu que dans une société capitaliste, différentes classes ont des intérêts économiques fondamentalement divergents qui mènent à des objectifs antagonistes. Par exemple, la bourgeoisie, qui possède les moyens de production, cherche à maximiser ses profits. Cela peut être accompli en réduisant les coûts de production, ce qui inclut souvent la réduction des salaires ou la prolongation des heures de travail pour la classe ouvrière. D'autre part, le prolétariat, qui vend sa force de travail, a un intérêt direct à augmenter les salaires et à améliorer les conditions de travail. Ces intérêts divergents sont intrinsèques au système capitaliste et conduisent à une lutte constante entre les classes. Ces antagonismes de classe limitent les actions possibles pour chaque classe. Par exemple, la classe ouvrière est limitée dans ses actions par la nécessité de vendre sa force de travail pour survivre, tandis que la bourgeoisie est limitée par la nécessité de maximiser les profits pour rester compétitive dans le marché capitaliste. En outre, ces antagonismes de classe façonnent également le champ politique. Selon Marx, l'État sous le capitalisme agit généralement dans l'intérêt de la bourgeoisie et cherche à maintenir l'ordre de classe existant. Cela signifie que les tentatives de la classe ouvrière pour changer le système sont souvent rencontrées par la résistance de l'État et de la classe dominante. Pour Marx, la lutte des classes est non seulement une caractéristique du capitalisme, mais aussi une barrière à l'action, car elle reflète des intérêts divergents et antagonistes entre différentes classes sociales.

Pour Marx, la lutte des classes est le moteur de l'histoire et de l'évolution sociale. La société n'est pas un ensemble harmonieux d'individus aux intérêts convergents, mais est plutôt marquée par des conflits fondamentaux et des antagonismes de classe. La lutte des classes n'est pas seulement une réalité économique, mais aussi une réalité sociale et politique. Elle façonne la conscience des individus, leur identité et leur compréhension du monde. En se confrontant à l'exploitation et à l'oppression de classe, les individus commencent à développer une conscience de classe - une compréhension de leur position commune et de leurs intérêts communs en tant que classe. Cette conscience de classe peut conduire à l'organisation collective et à la résistance, et finalement à la transformation de la société. Cependant, comme vous l'avez mentionné, la société de classe ne disparaît pas simplement avec l'annonce de la liberté formelle ou des droits égaux. Au contraire, la société de classe persiste et continue à structurer la vie sociale, économique et politique, même dans les sociétés modernes qui se présentent comme libres et égalitaires. Pour Marx, la lutte des classes est à la fois le produit de la société de classe et le moyen par lequel cette société peut être transformée. C'est une vision du monde profondément conflictuelle et dynamique, qui met l'accent sur le rôle de la lutte, de la résistance et du changement dans l'histoire humaine.

« La société bourgeoise moderne (...) n’a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n’a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles formes de luttes à celles d’autrefois ». Cette citation provient du "Manifeste du Parti Communiste" de Marx et Engels, et elle résume une partie importante de leur analyse. Selon eux, la révolution bourgeoise - c'est-à-dire la transition du féodalisme au capitalisme qui s'est produite en Europe au cours des 17e et 18e siècles - n'a pas aboli les antagonismes de classe, mais a plutôt transformé leur nature. Dans la société féodale, les principales classes étaient les nobles et les serfs. Avec l'avènement du capitalisme, ces classes ont été remplacées par la bourgeoisie et le prolétariat. La bourgeoisie, en tant que classe possédant les moyens de production, est devenue la nouvelle classe dominante, tandis que le prolétariat, qui vend sa force de travail à la bourgeoisie, est devenu la nouvelle classe opprimée. Cependant, même si la nature précise de l'oppression et de la domination de classe a changé, Marx et Engels soutenaient que l'antagonisme fondamental entre les classes demeurait. Le capitalisme, tout comme le féodalisme, est basé sur l'exploitation de la classe laborieuse par la classe dominante. De plus, Marx et Engels ont soutenu que le capitalisme a en fait exacerbé les antagonismes de classe. Le capitalisme se caractérise par une inégalité de classe extrême et par une instabilité inhérente, avec des crises économiques récurrentes qui exacerbent la lutte des classes. C'est pourquoi ils ont soutenu que le capitalisme serait finalement remplacé par le communisme, une société sans classes où les moyens de production seraient contrôlés collectivement.

Capital et travail salarié

Le mouvement de capital

Pour Marx, la bourgeoisie est définie par sa relation aux moyens de production - elle possède et contrôle les usines, les machines, les terres et autres moyens de production qui sont nécessaires pour produire des biens et des services. La classe ouvrière, en revanche, ne possède pas ces moyens de production et doit donc vendre sa force de travail à la bourgeoisie en échange d'un salaire. Selon Marx, le but principal de la bourgeoisie est l'accumulation de capital. Cela signifie qu'elle cherche constamment à augmenter sa richesse en maximisant les profits et en minimisant les coûts. L'un des principaux moyens d'y parvenir est d'exploiter la force de travail de la classe ouvrière. Les travailleurs sont payés moins que la valeur totale de ce qu'ils produisent, et la différence (ce que Marx appelle la "plus-value") est conservée par la bourgeoisie sous forme de profits. Dans cette perspective, la bourgeoisie n'a pas d'intérêt particulier pour le bien-être de la classe ouvrière, sauf dans la mesure où cela affecte sa capacité à produire de la plus-value. Par conséquent, il peut y avoir une tension constante entre la bourgeoisie et la classe ouvrière, car la première cherche à maximiser ses profits tandis que la seconde cherche à améliorer ses salaires et ses conditions de travail. C'est cette tension, cette lutte des classes, qui est au cœur de la vision de Marx du capitalisme. Pour lui, le capitalisme est un système d'exploitation qui crée des inégalités et des conflits de classe inhérents. Et c'est cette lutte des classes qui, selon lui, serait finalement le moteur de la transformation sociale et de la transition vers une société sans classes.

Pour Marx, le capital n'est pas simplement une somme d'argent ou un stock de biens. Au lieu de cela, il le définit comme de la "valeur en processus" ou de la "valeur auto-accroissante". Dans le système capitaliste, le capital est investi dans l'achat de moyens de production (machines, matières premières, etc.) et de force de travail. Ces éléments sont ensuite utilisés pour produire des biens ou des services qui sont vendus sur le marché. La valeur de ces biens ou services est supérieure à la somme de la valeur des moyens de production et de la force de travail achetés initialement. Cette différence est ce que Marx appelle la "plus-value", et elle est la source du profit capitaliste. Dans ce processus, il y a une division claire entre les possédants du capital (la bourgeoisie) et ceux qui vendent leur force de travail (le prolétariat). La bourgeoisie utilise son capital pour générer plus de valeur, tandis que le prolétariat est payé une valeur (sous forme de salaires) qui est inférieure à la valeur qu'il produit. C'est cette extraction de la plus-value de la classe ouvrière qui, selon Marx, constitue l'exploitation au cœur du capitalisme. Ainsi, pour Marx, le but ultime du capital et de ses détenteurs n'est pas simplement la production de biens ou de services, mais l'accumulation de plus de valeur. C'est ce qui motive le système capitaliste et qui est également à l'origine de ses contradictions et de ses crises.

L’origine de la plus-value

Pour Marx, l'objectif du capitaliste n'est pas simplement de produire des biens ou des services, mais de générer de la plus-value. Cette plus-value est la différence entre la valeur totale des biens ou des services produits et la valeur des intrants utilisés pour leur production, y compris la force de travail. Dans le système capitaliste, cette plus-value est constamment réinvestie pour générer encore plus de valeur. C'est ce que Marx appelle l'accumulation de capital. Il s'agit d'un processus sans fin, où l'argent est investi pour générer plus d'argent. Cette dynamique d'accumulation perpétuelle est au cœur du système capitaliste. Elle conduit à une croissance économique constante, mais aussi à une inégalité de plus en plus grande, car la plus-value est appropriée par les capitalistes plutôt que par les travailleurs qui la produisent. De plus, cette dynamique d'accumulation perpétuelle peut aussi conduire à des crises économiques, car la recherche constante de plus-value peut mener à la surproduction et à l'instabilité économique. Pour Marx, le capital n'est pas simplement une somme d'argent ou un stock de biens. C'est une relation sociale basée sur l'exploitation, où la plus-value est extraite du travail des travailleurs et réinvestie pour produire encore plus de valeur.

Dans le système capitaliste, la plus-value - c'est-à-dire la valeur créée par le travail au-delà de ce qui est nécessaire pour maintenir le travailleur - est appropriée par le capitaliste plutôt que d'être redistribuée aux travailleurs. Le capitaliste réinvestit ensuite cette plus-value pour générer encore plus de capital, dans un processus que Marx appelle "l'accumulation capitaliste". Cette accumulation de capital conduit à une concentration croissante de la richesse entre les mains d'une petite élite de capitalistes, tandis que la majorité des travailleurs restent relativement pauvres. Cela crée une inégalité de plus en plus grande au sein de la société. De plus, cette accumulation de capital ne bénéficie pas nécessairement à la société dans son ensemble. Par exemple, elle peut conduire à une surproduction de biens, à des crises économiques, et à une exploitation accrue des travailleurs. Pour Marx, le système capitaliste est intrinsèquement inégalitaire et instable. Il soutenait que la seule façon de résoudre ces problèmes serait de remplacer le capitalisme par le communisme, un système dans lequel les moyens de production sont contrôlés collectivement par les travailleurs eux-mêmes.

Travail et surtravail

Marx identifie deux capitaux fondamentaux :

  • capital constant : qui s’investit en moyens de production, c’est le rachat de nouveaux moyens de production pour engranger encore plus de capital en machines, en matières premières, ou encore en équipement. Tout capitaliste qui ne réinvestit pas est condamné.
  • capital variable : qui s’investit en salaires, c’est le prix de la force de travail que le capital achète pour un temps déterminé. Dès lors, Marx explique le capitalisme dans cette logique en mettant en exergue deux limites :
  • La plus-value « absolue » : est obtenue par l’allongement de la durée du travail, de telle façon que le travailleur ne puisse reproduire sa force de travail qu’en travaillant plus longtemps. Ainsi le capitalisme est aussi une pensée sur la limite de la capacité à travailler.
  • La plus-value « relative » : est obtenu par la réduction du travail, en faisant baisser la valeur de la force de travail. Il faut repousser une limite inférieure pour augmenter la productivité. Un bon exemple est l’organisation scientifique du travail.

L’accumulation

L’accumulation du capital produit un double résultat :

  • la concentration du capital sous ses différentes formes. Pour produire toujours plus ; montrant une incohérence entre le capitalisme et le monopole, car le capitalisme détruit la concurrence
  • la création d’une surpopulation de travailleurs, qui est la « loi de population » de la société capitaliste : la concentration du capital engage la concentration du prolétariat selon Marx, il n’y a donc pas d’autres moyens que d’abolir ce rapport en transformant la lutte économique de classe, en une lutte politique de classe, une lutte organisée pour la transformation des rapports sociaux.

Les contradictions du capitalisme

Son objet est la transformation des rapports sociaux. Le capitalisme ne peut s’amender puisqu’il a par essence la concentration du capital et de la main-d’œuvre, alors il faut le détruire par la révolution. Il y a une contradiction au fond entre capital et travail. Toutes les sociétés capitalistes aggravent l’antagonisme des classes. Comme elle concentre d’un côté et massifie de l’autre ce contraste ne peut que s’aggraver.

Luttes de classes et communisme

Il faut essayer de penser la révolution :- c’est la prise de conscience collective de son exploitation: les travailleurs doivent prendre conscience de leur exploitation en leur expliquant grâce au Manifeste et en constituant une doctrine révolutionnaire sur laquelle engager le combat. La classe sociale est une identité collective de groupe parce qu’il y a prise de conscience par les individus, ainsi même s’il y a dépendance il y a la capacité à rebondir par la prise de conscience- L’idée de Marx est que « la classe ouvrière doit briser, démolir la machine d’État toute prête, et ne pas se borner à en prendre possession ». Il faut démolir l’institution et le système politique qui permet à la classe dominante de gouverner. L’enjeu n’est pas de changer de personne, mais de changer de système.

La thèse du « Manifeste »

Fac similé de la couverture de l'édition originale

Dans le Manifeste, il décrit les phases de la révolution : « La première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie. Le prolétariat se servira de sa domination politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’État ».

Mesures pour l’État du prolétariat :

  • expropriation de la propriété foncière : expropriation des riches et possédant
  • impôt fortement progressif
  • abolition de l’héritage : condamnation des dynasties capitalistes
  • confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles
  • confiscation des biens entre les mains de l’État
  • centralisation du crédit entre les mains de l’État
  • multiplication des manufactures nationales et des instruments de production
  • travail obligatoire pour tous ;
  • combinaison du travail agricole et du travail industriel
  • éducation publique et gratuite de tous les enfants. Apparait une conscience moderne de la nécessité d’un État structuré qui structure le champ du social. Apparaissent des éléments modernes dans l’analyse de l’amélioration du fonctionnement de la société :
  1. l’État : au centre du processus politique
  2. l’organisation du prolétariat en classe dominante
  3. transformation des rapports de production.

Le rêve du marxisme est d’arriver à une société sans classes. Quand la bourgeoisie sera éliminée est le capital réapproprié on doit pouvoir arriver à une nouvelle société sans classes et sans ennemis. La critique serait de dire que Marx s’est trompé, il acquiert une dimension utopique qui ne prend pas en compte que les divergences, d’autre part les intérêts ne peuvent pas être nécessairement concordantes, les rapports de forces ne s’évaporent pas.

Bien évidemment, toute lutte des classes est une lutte politique. Il faut arriver à la construction d’un nouvel État neutre, d’autre part la révolution doit être acceptée dans sa capacité à détruire la capacité de production, mais aussi dans la violence qu’elle génère. Au fond, on est dans une interprétation qui prend essence dans la pensée de Machiavel.

S’il n’y a plus de conflictualité dans la société alors il faut repenser l’essence de la politique. C’est un instrument de régulation qui sans conflit disparait.

Ainsi, on peut se demander s’il y peut y avoir une administration des choses sans politique ?

Quand Marx dit que toute société a été marquée par les conflits, il met en avant le concept de structure. Il postule que toute société est traversée par une conflictualité.

Il va aussi se poser la question des sociétés primitives ou il dénote des formes de conflits de classes. ; Marx est un historien de civilisations et des longues durées, quel que soit la nature sociale, politique et culturelle des sociétés le problème se pose. Marx postule qu’il y a des structures qui perdure dans les sociétés, mais ne sont pas nécessairement visibles, elles se donnent dans les sociétés, mais ne se donnent pas à lire immédiatement.

Structuralisme

Claude Lévi-Strauss : 1908 - 2009

Claude Lévi-Strauss en 2005.

Philosophe, ethnologue et sociologue né en 1908, Claude Lévi-Strauss est un personnage du XXème siècle, il est l’un des grands fondateurs de l’analyse structuraliste.

Il a va d’abord étudier la philosophie puis l’ethnologie. Il part ensuite au Brésil et devient en 1935 professeur de sociologie à l’université de Sao Paulo. Entre 1935 et 1938, il étudie les tribus indiennes de l’Amazonie. Son hypothèse est « plus je vais loin plus je peux analyser ce que je vis ».

Pendant la guerre, il part aux États-Unis et commence sa thèse qu’il présente en 1949. Cette thèse s’intitule Les structures élémentaires de la parenté. C’est une réflexion sur la construction des systèmes de parentés dans les sociétés amazoniennes. Les logiques de parenté ne sont pas aléatoires, elles sont programmées, c’est une organisation sociale un champ de la structure. Dès lors, la parenté n’est pas de l’ordre de la liberté. La constitution organisationnelle d’une société est une structure de parenté. Toute la reproduction des règles conscientes et inconscientes favorise le fonctionnement des sociétés.

C’est première analyse structuraliste du champ social entre parentés et structure. Derrière chaque cas individuel se cache la structure de l’organisation sociologique.

Il acquiert une influence considérable et devient le théoricien du structuralisme. En revenant en France, il fait rencontrer des chercheurs de différents domaines, en 1949 il devient directeur de l’école pratique des études en sciences sociales à une chaire des religions comparées. Il est mis en place dans un dispositif ou il va pouvoir travailler sur la construction des structures.

Derrière Lévi-Strauss, il y a un courant très complexe d’écriture et de recherche scientifique structuraliste. C’est une réflexion sur la permanence des structures et de leurs devenirs. Après sa thèse, il va produire une série de livres qui a une influence considérable sur l’analyse des mythes. Le mythe n’est jamais un objet gratuit, c’est un récit structurant qui produit une identité collective et fabrique un devenir commun. Toute société a besoin de mythes ; à partir de ce mythe, la société produit sa structure.

En 1958, il publie Anthropologie structurale, il y déploie tous les éléments d’analyses des différents champs sociaux de l’organisation sociale et sur comment la fabrication des mythes crée de la cohésion et de la cohérence

Dans le chapitre sur l’histoire et l’ethnologie, il produit une vision critique qui ne se porte pas sur la particularité, mais sur la structure comme forme d’une intemporalité. Ce qui l’intéresse est, qu’à un moment, elle contient des structures qui peuvent être comparées. Il produit une critique de l’ethnologie et de l’ethnographie :

  • L'ethnologie : observe et analyse des groupes humains considérés dans leur particularité. Il établit des documents qui peuvent servir à l'historien. Pour lui, il ne fait qu’étudier la science de la particularité.
  • L'ethnographie : décrit et analyse les différences qui apparaissent dans la manière dont elles se manifestent dans les diverses sociétés. Il recueille les faits, et les présente conformément à des exigences qui sont les mêmes que celles de l'historien.

Ensuite, il pose ce qu’il considère être une science plus fondamentale de l’origine du structuralisme :

  • La linguistique : peut apporter au sociologue, dans l’étude des problèmes de parenté, une assistance qui permet d’établir des liens qui n’étaient pas immédiatement perceptibles. Par les structures du langage, il permet de s’interroger sur des liens qui n’étaient pas immédiatement perceptibles.
  • La sociologie : peut faire connaître au linguiste des coutumes des règles positives et des prohibitions qui font comprendre la persistance de certains traits de culture

Toujours dans son ouvrage Anthropologie structurale, dans son chapitre sur la linguistique et l’anthropologie, il énonce le langage comme une architecture structurant le champ social non neutre qui définit des phénomènes structuraux. La langue peut être considérée comme produit de la culture , il énonce un mode de fonctionnement structuré.

L’idée est que les méthodes rigoureuses de la linguistique peuvent être appliquées aux méthodes des sciences sociales. Étant donné que dans la linguistique on trouve la linguistique structurale qui énonce la conception des mots.

Plus loin, il émet une autre critique en abordant la notion d’archaïsme en ethnologie. Toute l’histoire récente depuis un siècle et la colonisation ont fabriqué un discours antithétique fondé sur la civilisation d’un côté et l’absence de culture de l’autre. Tout le discours mis en place depuis les années 1830 est construit autour de la notion de l’aide et non de la domination pour apporter aux peuples des pays non développés la puissance et la culture des pays développés. Ainsi, Lévi-Strauss montre qu’il faut révolutionner les idées, car ce que l’on appelle « peuple primitif » n’est absolument pas doté d’un comportement primitif, mais au contraire d’un comportement social et politique structuré ; ce ne sont pas des peuples sans histoire, mais des peuples dont l’histoire elle-même nous échappe en partie notamment parce que dans beaucoup de ces sociétés il n’y a pas de transmission par l’écrit.

Ainsi, il produit une critique de l’archaïsme parce qu’il faut fabriquer de nouveaux outils qui puissent rendre compte du poids de la structure

Il développe ensuite un passage sur le sorcier et sa magie. Il ne s‘agit plus de penser nos sociétés modernes sur le principe de la rationalité, il s’agit de revenir sur le poids structurel qu’est la magie dans les sociétés. Lévi-Strauss va travailler sur ce que fabrique de la magie dans une société et qu’elle est son efficacité.

Au fond, il y a des comportements qui s’expliquent par leur fonction sociale dans la société. Pour René Girard, le sorcier est doté d’une efficacité de rationalité, car il est au service de la société et à partir d’un corpus de croyance permet à la société de fonctionner ; le sorcier n’est pas extérieur à la société, mais il en est pleinement acteur, c’est par là même un élément de structure qui fabrique de l’ordre social.

Pour Lévi-Strauss, un mythe est un récit qui fait présupposer d’une interprétation ésotérique du monde, les mythes sont une pensée conceptualisée pour penser le monde où apparait une interprétation structuraliste. Toutes les sociétés traditionnelles fabriquent du mythe et nos sociétés contemporaines vont hériter de ces mythes parlant de façon intemporelle du pouvoir. La valeur d’un mythe est son intemporalité relevant d’un récit structuraliste permanent. Ainsi, ils n’ont pas raison de disparaitre et de se reproduire.

Si on s’intéresse à la dimension du politique aujourd’hui, on se rend compte que le politique a besoin d’une dimension sacrée de la fonction du politique nécessaire à son fonctionnement. Quand le sacré est perdu, il n’y a plus de politique.

Avec Lévi-Strauss, nous sommes dans un domaine où la structure est fondamentale. La structure est de l’ordre du déchiffrement, elle ne se révèle pas. La pensée structuraliste permet d’analyser les modes de société.

Le structuralisme marxiste dans le champ du politique : Nicos Poulantzas (1936 - 1979)

Poulantzas.

Comme le structuralisme perdure, un certain nombre d’auteurs ont cherché à faire le lien entre structuralisme et marxisme dont Nico Poulantzas.

Poulantzas était un penseur marxiste et militant du parti communiste grec. Il va fortement s’inspirer de l’analyse de Marx travaillant beaucoup sur les fascismes et les dictatures, mais aussi sur les questions du lien entre le pouvoir politique et l’État (pouvoir politique et classes sociales). Il a connu son heure de gloire dans les années 1960 et les années 1970.

La pensée structuraliste sans Marx n’aurait probablement pas pu émerger, car il insiste à penser la société et regarder la société d’une façon autre.

La pensée des sciences sociales en Europe dans les années 1950 – 1960 est fortement marquée par le marxisme, car l’enjeu de la réflexion en sciences sociales n’est pas détaché des problèmes de la société notamment du paradigme de la décolonisation. Dans les années 1950 – 1960, les sciences sociales sont en interactions avec le marxisme qui permet de comprendre la naissance de ces luttes révolutionnaires. Dans le structuralisme, il y a une forte inspiration du marxisme sans le revendiquer au contraire de Poulantzas.

Quand il cherche à définir l’État capitaliste, il va s’intéresser à la construction de la domination bourgeoise dans l’État autoritaire. Selon Poulantzas, l’État capitaliste est une « condensation matérielle de rapports de forces » entre les classes.

Il décrit un système structuraliste d’organisation du pouvoir qui perdure et est une ligne de force tactique qui ne vit que par une structuration institutionnelle très forte. Il va proposer une analyse structuralo-marxiste sur le concept d’État national social : l’État participe de la constitution des rapports sociaux.

Ce qui caractérise la crise de l’État est une crise permanente qui fait fonctionner le dispositif afin de le faire fonctionner militairement. Il prolonge l’analyse marxiste, car on est dans un schéma mental et culturel dans les années 1950 - 1960 qui n’a pas changé en termes de structure dont la structuration de l’État. Ainsi, l’État incarne ce rapport de force structuraliste, l’État n‘est dès lors plus régulateur, mais au contraire créateur de divergences.

Bien qu’il soit le moteur de l’action sociale, l’État ne fait qu’entériner les rapports sociaux conçus par la classe dominante. Il ne règle pas la violence, il a cherché à réconcilier marxisme et structuralisme.

L’État est un concentré des forces dominantes. Pour Poulantzas, la constitution des États autoritaire ne peut être renversée que par la lutte populaire à travers la révolution. La lutte populaire permet de définir une configuration stratégique de remise en cause de ces structures.

Cette pensée est intéressante, car il est lui-même pris dans ses contradictions, car il pense pouvoir penser les choses, mais le poids de la pensée structuraliste tire du côté de l’impossibilité de l’interrompre. Il légitime la violence comme un acte naturel, il parle même de contre-révolution préventive comme mesure de l’État pour faire échouer toute révolution.

Annexes

Divers

Références

  1. Differenz der demokritischen und epikureischen Naturphilosophie.