Marché financier

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Dans ce chapitre on explore l’importance des institutions financières (marchés et intermédiaires financiers) pour l’économie.

Le fonctionnement du système financier affecte deux grandes variables macroéconomiques qui, à leur tour, sont des déterminants importants de la productivité :

  • l’épargne (S) → offre de fonds prêtables ;
  • l’investissement (I) → demande de fonds prêtables.

La demande et l’offre de fonds prêtables permettent d’établir sous quelles conditions l’économie est à l’équilibre.

À la fin du chapitre on verra comment les politiques gouvernementales peuvent encourager l’épargne et l’investissement.

Les institutions financières

Les institutions financières

Le principal rôle des institutions financières est d’allouer le capital (une des ressources rares en économie) provenant des épargnants (offre) vers les investisseurs qui en ont besoin (demande) → marché des fonds prêtables (ou des capitaux).

On les groupe dans deux catégories :

  • les marchés financiers
    • le marché des obligations
    • le marché des actions
  • les intermédiaires financiers
    • les banques
    • les fonds mutuels

À travers les marchés financiers les épargnants mettent directement leur capital à disposition des investisseurs.

À travers les intermédiaires financiers les épargnants mettent indirectement leur capital à disposition des investisseurs.

Les obligations

Une obligation est une reconnaissance de dette d’une entreprise (ou d’un gouvernement) envers le porteur de l’obligation.

L’entreprise emprunte directement au public sans passer par le système bancaire.

Deux caractéristiques essentielles d’une obligation:

  • Le terme de l’obligation (date d’expiration)
  • Le risque de signature (ou probabilité de non remboursement)

Ces deux caractéristiques vont déterminer l’intérêt fixe (ou coupon) qui va être payé pour cet emprunt: les ‘‘junk bonds’’ (obligations très risquées) paient plus que les obligations de la Confédération et une obligation à 10 ans paie un intérêt plus élevé qu'une obligation à 1 an. Cf. next slide

Le prix d’une obligation sera déterminé par le marché en fonction du terme, du risque de signature et du taux d’intérêt nominal de marché. Ceteris paribus, si l'intérêt de marché ↓, le prix de l’obligation ↑ => relation inverse entre l’intérêt du marché et le prix, le taux du marché étant le rendement des obligations de nouvelle émission.

Échelle de notation financière selon les principales agences de notation

“Junk bond” (or “high-yield debt”): ou « obligation pourrie » en français, est l'appellation familière désignant aux États-Unis les obligations à haut risque, obligations qui sont classées comme « spéculatives » par les agences de notation, c’est-à-dire celles dont la notation financière est inférieure à l'investment grade.

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Junk bonds ?

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L’évolution du prix

Evolution du prix de marché des obligations grecques à terme en juillet 2019 donnant un intérêt nominal de 6% entre mars 2009 et mars 2010 (en ligne avec l’évolution du spread par rapport aux obligations allemandes).

Intromacro obligation évolution prix 1.png

Les actions

Une action est un titre de propriété partielle sur une entreprise donnant droit à une part correspondante des profits réalisés dans le futur et en principe aussi à un droit de vote à l’assemblée des actionnaires

Si Nestlé a émis au total 1 million d’actions, à chaque action correspond 1 millionième de ses profits futurs.

Le prix de l’action est déterminé sur le marché des actions (LSE, NYSE...) → cf. la fin de cette section.

Généralement une action implique plus de risque qu’une obligation, et donc un rendement moyen plus élevé.

Prix du jour et minimum et maximum de la journée et/ou sur l’année

Informations dans les journaux :

  • Volume: la quantité d’actions qui ont été échangées lors de la session précédente
  • Changement du prix lors de la dernière séance
  • Dividend ratio: le montant des bénéfices qui ont été distribués aux actionnaires en pourcentage de la valeur de l’action (= rendement de l’action)
  • Price/Earning ratio (P/E) ou coût/bénéfice: le ratio entre le prix de l’action et les bénéfices totaux par action (= valeur de l’action). Historiquement une valeur de 15 est considérée normale. Si ce taux est plus élevé ceci veut dire que le marché s’attend une accélération des bénéfices et s’il est inférieur cela veut dire que le marché s’attend une baisse des bénéfices futurs.

Intermédiaires financiers

Pas toutes les compagnies peuvent émettre des actions ou des obligations.

=> Des intermédiaires permettent de faire le lien entre investisseurs et épargnants. Ces sont les intermédiaires financiers tels que les banques ou les fonds mutuels.

Les banques prennent les dépôts des épargnants et les utilisent pour faire des prêts aux investisseurs mais aussi elles paient des intérêts aux épargnants légèrement inférieurs à ceux qu’elles demandent aux emprunteurs (marge de gain pour la banque).

Les fonds mutuels vendent des parts au public et ensuite achètent un portefeuille de différents types d’actions et obligations. Ceci permet à des individus avec des budgets limités de diversifier leur portefeuille d’actifs financiers.

Il y a aussi des fonds de pension, compagnies d’assurance...

Prix des actifs : analyse des fondamentaux

Quel prix est-ce qu’une action devrait avoir ?

Première méthode d’évaluation des prix: analyse des fondamentaux, i.e. des déterminants (il y en a beaucoup!) sous-jacents les profits futurs de l’entreprise (type de secteur, degré de concurrence, travailleurs syndicalisés ou pas...). Sous l’hypothèse d’efficience des marchés et d'agents rationnels, toutes les informations disponibles publiquement concernant les fondamentaux d’une entreprise sont déjà incorporées dans le prix des actions (une marge entre le prix de marché et la valeur suggérée par l’analyse des fondamentaux indique une opportunité de profit qui n’a pas été exploitée) => si les marchés sont efficients, à n’importe quel moment les prix des actions sont correctement valorisés (pas de surestimation ni de sous-estimation systématique).

Conséquence : le prix des actifs ne varie qu’en réaction à des nouvelles informations imprévisibles concernant les fondamentaux => l’évolution du prix des actions suivra un sentier aléatoire (évolution dans le temps d’une variable imprévisible).

Marchés irrationnels

L’hypothèse d’efficience des marchés est fortement critiquée par beaucoup d’économistes: évidence d’un dérèglement systématique des prix de marché (dans certains cas les prix fluctuent bien plus de ce qu’il serait justifié par les variations des fondamentaux) ou d'un comportement irrationnel des investisseurs qui, par exemple, plutôt que faire une analyse des fondamentaux, regardent simplement à l’évolution passée de la valeur d’une action et s’attendent à qu’elle continue dans le future.

Risque de fortes fluctuations des prix des titres, parfois à l’origine de problèmes économiques majeurs. Deux exemples récents:

1.La bulle des nouvelles technologies (ou d’Internet) qui a éclatée vers la fin des années 90: prix des actions sur le marché des nouvelles technologies difficilement justifiables → avec l’explosion de la bulle les actions ont perdu les 2/3 de leur valeur → crise 2001 → chômage élevé.

2.La bulle de l’immobilier (cf. après), à l’origine de la dernière crise économique. (NB: même type de craintes pour le marché de l’immobilier genevois aujourd'hui.)

Bulle USA de l’immobilier

Entre 2000 et 2006 énorme augmentation du prix des logements au USA: en 2006 prix des logements dans les grandes villes plus que deux fois qu’en 2000.

Selon un certain nombre d’économistes cette augmentation des prix était excessive et était due à des anticipations irréalistes sur les prix futurs. Selon d’autres (y inclus Alan Greenspan, gouverneur de la Federal Reserve), elle était en ligne avec les fondamentaux et donc parfaitement justifiée.

Les premiers avaient raison → énorme bulle au plan national → le prix de l’immobilier chute → énormes difficultés économiques et crise (on verra un peu plus tard comment la bulle immobilière s’est transmise au système économique).

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Epargne et investissement : équilibre national

Résumé

Le système financier est constitué par des institutions financières telles que les marchés financiers (marchés des actions et des obligations) et des intermédiaires financiers (les banques et les fonds mutuels).

Son objectif est d’allouer l’épargne à l’investissement.

Sous l’hypothèse d’efficience des marchés, toutes les informations disponibles publiquement concernant les fondamentaux d’une entreprise sont déjà incorporés dans le prix des actions.

Selon un certain nombre d’économistes en réalité l’hypothèse de marchés financiers efficients n’est pas vérifiée. Ceci est à l’origine de difficultés économiques très graves.

Dans une économie fermée, l’épargne privée sert à financer l’investissement privé et le déficit public.

Le taux d’intérêt est déterminé par l’offre et la demande de fonds prêtables.

L’offre de fonds prêtables provient généralement des ménages qui épargnent une partie de leur revenu.

La demande de fonds prêtables provient généralement des ménages et des entreprises qui veulent emprunter pour pouvoir investir.

Un déficit public réduit l’épargne privée à disposition des emprunteurs et donc réduit l’offre de fonds prêtables. Cela conduit normalement à un taux d’intérêt d’équilibre plus élevé et moins de fonds prêtables.

Quand le déficit public réduit l’investissement privé (crowding out) cela réduit la productivité et la croissance.

Références