Les problèmes d'information et les choix publics

De Baripedia

Hypothèse de concurrence parfaite: transparence et pas d'incertitude. On suppose que les agents des deux côtés du marché savent tout des caractéristiques du bien ou service échangé. Exemples:

  • Si une tomate n’est pas très mûre, ça se voit. Le consommateur peut aller acheter ailleurs;
  • Un euro acheté à Genève ou à Paris est rigoureusement identique;
  • Même dans l’électroménager, je peux savoir si un ventilateur est bruyant en allumant le modèle exposé avant de l’acheter.

Mais dans la réalité, il existe de très nombreux biens ou services pour lesquels l’information n’est pas parfaite → cas d'asymétrie d'information qui peuvent affecter les choix et les actions des individus.

Dans son rôle de redresseur des failles de marché l’État fait également face à des problèmes d’information, mais, au de là de cela, il existe des difficultés qui peuvent générer un écart entre les désirs de la collectivité et l’action de l’État → théorie du choix public.

Les asymétries d'information

Exemples d'asymétrie d'information du côté des ménages

Le client/patient connaît mal la cause de la maladie ou de la panne. Le garagiste/médecin a donc un avantage informationnel sur le service à produire;

Les produits sont parfois complexes intentionnellement → ex.: contrats pour des produits bancaires ou d’assurance souvent difficilement comparables → les entreprises essayent de différencier;

Ordinateurs ou appareils-photo numériques: trop de caractéristiques;

Un client peut engager un avocat pour sa cause, mais ignore tout du comportement effectif de ce dernier dans son étude;

La publicité introduit des distorsions dans l’information des consommateurs.

Exemples d'asymétrie d'information du côté des entreprises

L’employeur connaît-il bien ses employés et l'effort qu'ils vont mettre dans leur travail ?

Les actionnaires contrôlent-ils bien les gestionnaires ?

Une banque sait-elle bien à qui elle va prêter de l’argent et si son débiteur va pouvoir rembourser sa dette ?

Une assurance qui propose des polices contre différents risques sait-elle qui va prendre ces polices ?

Pour un fournisseur, dans la chaîne de distribution, l’acheteur est-il fiable (va-t-il payer) ?

Plusieurs domaines d'application possibles de la théorie de l'asymétrie d'information.

Information cachée

L’asymétrie d’information peut accroître le comportement opportuniste des agents économiques.

L’avantage informationnel peut alors être exploité aux dépens d’autres agents moins bien informés.

On distingue deux types de problèmes d’asymétrie d’information :

  • l’aléa moral (ou risque moral);
  • la sélection adverse (ou anti-sélection).

Les deux ont trait à des comportements qui ne se produiraient pas en information parfaite, ou pas dans les mêmes conditions.

Prix Nobel en économie attribué en 2001 conjointement à Akerlof, Stiglitz et Spence pour leurs travaux sur les problèmes d’asymétrie d’information.

Aléa moral

L’aléa moral s’observe lorsqu’un agent modifie son comportement à son avantage de manière contraire aux termes acceptés dans l’échange.

Exemples "hard":

  • Un employé surfe sur internet ou tire au flanc ou profite pour se créer un portefeuille de clients;
  • Déclarer un bien (faussement) volé à l’assurance pour remboursement;
  • Se mettre volontairement au chômage sans intention immédiate de retrouver un emploi;
  • Détourner l’argent d’un prêt pour un placement très risqué;

Le comportement “immoral” n’est pas nécessairement extrême. En effet le terme (moral) n’est pas idéal, car le cadre d’analyse reste celui de l’économie positive, et ne juge pas la moralité du comportement.

Exemples "soft":

  • Un employé ne travaille pas au maximum de l’effort possible;
  • Se montrer moins vigilant par rapport à la perte ou le vol d’un objet ou tout autre sinistre;
  • Ne pas chercher très activement un emploi;
  • Utiliser le crédit à d’autres fins (consommation plutôt qu’investissement).

L'aléa moral et les marchés financiers

Les banques centrales ou le Fonds Monétaire International (FMI) sont des institutions censée intervenir en cas de problème de liquidité majeur sur les marchés.

Cependant, le fait-même d’exister et d’assurer ce rôle induit un comportement plus risqué de la part des opérateurs du marché.

La fonction de prêteur en dernier recours incite les banques (ou les États) à se reposer sur ce coussin amortisseur.

L’introduction d’une plus grande sécurité sur un marché peut donc impliquer une plus grande prise de risque sur le marché.

Cas particulier : les problèmes d'agence

Un problème particulier d’aléa moral survient dans une situation d’agent- principal.

Typiquement, le principal (employeur/actionnaire) confie à l’agent (employé/manager) une mission donnée, mais n’a aucun contrôle sur son comportement effectif et sur l'effort qu'il va effectivement faire.

Il est donc nécessaire de trouver un contrat qui assure que le bien-être de l’agent soit lié à l’intérêt du principal.

Comment limiter le problème d'aléa moral ?

Assurances : franchise et participation aux frais réintroduisent une incitation à la prudence.

Problèmes d’agence : rétribution basée sur la performance: primes, bonus, stock-options des managers qui voient leur rémunération associée à celle des actionnaires. Cf. exemple.

Contrats de travail : le bâton et la carotte avec contrôle aléatoire et salaires élevés.

Prêteurs en derniers recours (banque centrale, FMI) : asseoir une crédibilité en n’assistant pas systématiquement les pays ou banques en difficulté.

Un exemple d'agence

Un propriétaire (le principal) met sa boutique en gérance auprès d’un vendeur (l’agent).

Le chiffre d’affaire mensuel de la boutique dépend de l’acharnement au travail du vendeur et de la demande de vêtements qui fluctue entre faible, moyenne et forte avec une égale probabilité (de 1/3).

Le vendeur peut choisir de travailler d’arrache-pied ou de tirer au flanc. Travailler d’arrache-pied implique un coût pour le vendeur (qu’on suppose pouvoir mesurer en francs) évalué à 1 000 francs.

Le bénéfice de la boutique est simplement donné par la différence entre le chiffre d’affaire (cf. tableau) et le salaire du vendeur.

Le gain net du vendeur est simplement le salaire diminué de la valeur monétaire de l’effort (1 000) si ce dernier est fourni.

Problèmes d'information et les choix publics exemple agence 1.png

Deux cas possibles :

1. SALAIRE FIXE

  • Si le propriétaire offre un salaire fixe de 3000 au vendeur, ce dernier n'a aucune incitation à travailler d'arrache-pied et le bénéfice moyen de la boutique sera calculé avec la deuxième ligne du tableau des chiffres d’affaires.
  • La boutique réalise donc un bénéfice moyen de : Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \frac {5000 + 10000 + 15000}{3} − 3000 = 7000} .

2. SALAIRE VARIABLE

  • Le vendeur perçoit un salaire lié au chiffre d'affaire: le salaire est de 12 000 si le chiffre d’affaire du mois arrive à 20000, et de 3000 si le chiffre d’affaire est inférieur à 20000.
  • Le gain net du vendeur avec effort devient : Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \frac {3000 + 3000 + 12000}{3} − 1 000 = 5 000} . Par conséquent, il devient intéressant de fournir l’effort.
  • Le bénéfice moyen de la boutique sera alors : Échec de l’analyse (erreur de syntaxe): {\displaystyle \frac {10000 + 15000 + 20000}{3} − \frac {3000 + 3000 + 12000}{3} = 9000} et il est plus élevé avec ce 33 mécanisme de salaire incitatif.

Sélection adverse

La sélection adverse advient lorsqu’une partie du marché ne connaît pas la qualité intrinsèque du service échangé avec l’autre partie, du moins pas avant son acquisition.

La qualité est hétérogène sur le marché, mais l’information sur cette qualité est asymétrique.

Lorsque les différences de qualité s’observent (concurrence parfaite), les prix s’ajustent en conséquence, sans créer de perte particulière. Le problème survient lorsque les différentes qualités peuvent se mélanger sur un marché sans qu’on puisse les distinguer de l’autre côté.

Le choix d’échange marchand comporte alors une composante de risque.

NB.: Aléa moral et sélection adverse sont parfois difficiles à distinguer.

Exemple :

  • Monsieur X prend une assurance "casco" complète, parce qu’il connaît les risques qu’il prend au volant (sélection adverse);
  • Monsieur Y roule plus vite parce qu’il sait qu’il est couvert par une assurance "casco" complète (aléa moral).

Qualités hétérogènes

La sélection adverse s’observe lorsque les “mauvais” biens ou services sont sur-représentés et peuvent se camoufler parmi les biens ou services de qualité supérieure.

Exemples(cf. plus en détail ci-dessous) :

  • Marché du travail : l’employeur ne connaît pas toujours très bien ses employés ;
  • Marché du crédit : les banques ont parfois de la difficulté à séparer les “bons pères de famille” des “têtes brûlées”;
  • Marché de l’assurance : les clients connaissent leurs risques, tandis que l’assureur possède une information plus limitée;
  • Marché de l’occasion : difficile de connaître la qualité d’un véhicule.

La sélection adverse et le marché du travail

La sélection adverse et le marché du crédit

La sélection adverse et le marché de l'assurance

La sélection adverse et le marché d'occasion : une application

Comment résoudre le problème d'anti-sélection ?

Application au marché de l'assurance

Comment résoudre le problème de sélection adverse ?

Les choix publics

Choix public

Théorème d'impossibilité de Arrow

Le principe de l'électeur médian

Résumé

Références