Modification de Les problèmes d'information et les choix publics

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== La sélection adverse et le marché du crédit ==
== La sélection adverse et le marché du crédit ==
Pierre Desproges (humoriste français): “Un banquier est quelqu’un qui vous prête de l’argent à condition que vous lui prouviez que vous n’en avez pas besoin”. La citation humoristique de Pierre Desproges capte avec ironie un aspect crucial du marché du crédit et illustre le dilemme auquel sont confrontées les banques et autres institutions financières : l'évaluation du risque de crédit dans un contexte d'information asymétrique. Le marché du crédit est marqué par un phénomène de sélection adverse, où l'asymétrie d'information entre les prêteurs et les emprunteurs peut conduire à des résultats suboptimaux.
Pierre Desproges (humoriste français): “Un banquier est quelqu’un qui vous prête de l’argent à condition que vous lui prouviez que vous n’en avez pas besoin”. La citation humoristique de Pierre Desproges capte avec ironie un aspect crucial du marché du crédit et illustre le dilemme auquel sont confrontées les banques et autres institutions financières : l'évaluation du risque de crédit dans un contexte d'information asymétrique. Le marché du crédit est en effet marqué par un phénomène de sélection adverse, où l'asymétrie d'information entre les prêteurs et les emprunteurs peut conduire à des résultats suboptimaux.


Dans un monde idéal, les banques souhaiteraient prêter à des emprunteurs solvables, capables de rembourser leur dette tout en générant un retour sur investissement stable pour la banque. Cependant, la réalité est plus complexe. Souvent, ceux qui cherchent activement à obtenir un crédit sont ceux qui en ont le plus besoin et qui sont prêts à accepter des taux d'intérêt plus élevés pour accéder aux fonds nécessaires. Cette disposition à payer des taux d'intérêt élevés ne signifie pas nécessairement que ces emprunteurs sont les plus à même de rembourser le prêt.
Dans un monde idéal, les banques souhaiteraient prêter à des emprunteurs solvables, capables de rembourser leur dette tout en générant un retour sur investissement stable pour la banque. Cependant, la réalité est plus complexe. Souvent, ceux qui cherchent activement à obtenir un crédit sont ceux qui en ont le plus besoin et qui sont prêts à accepter des taux d'intérêt plus élevés pour accéder aux fonds nécessaires. Cette disposition à payer des taux d'intérêt élevés ne signifie pas nécessairement que ces emprunteurs sont les plus à même de rembourser le prêt.
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== La sélection adverse et le marché de l'assurance ==
== La sélection adverse et le marché de l'assurance ==
La sélection adverse sur le marché de l'assurance est un phénomène où les personnes ayant le plus grand risque de réclamer sont également celles qui sont le plus susceptibles de souscrire à une assurance. Les compagnies d'assurance, bien qu'ayant accès à des données statistiques sur la distribution des risques dans la population, rencontrent des difficultés à distinguer individuellement le niveau de risque de chaque souscripteur. En conséquence, lorsque des contrats d'assurance sont proposés en se basant sur ces informations générales, il existe un risque inhérent d'attirer principalement ceux qui ont des problèmes de santé plus significatifs ou qui sont plus susceptibles de rencontrer les situations contre lesquelles ils souhaitent s'assurer.
L’assurance connaît la distribution des affections et atteintes à la santé dans la population.


Ce problème ne se limite pas aux assurances santé. Il se manifeste dans divers domaines, tels que les assurances contre les inondations, les catastrophes naturelles, le chômage (dans les pays où l'assurance-chômage n'est pas obligatoire), le cambriolage ou encore l'assurance-ménage. Dans chacun de ces cas, les individus les plus exposés aux risques concernés sont plus enclins à chercher une protection assurantielle, conscient de leur probabilité plus élevée de devoir faire une réclamation.
En proposant des contrats fondés sur cette information, le danger est celui de n’attirer que les personnes ayant de problèmes de santé plus importants que la moyenne.


La conséquence directe de ce phénomène est que le pool d'assurés peut finir par avoir une probabilité moyenne de sinistre plus élevée que celle de la population générale. Cela peut conduire à une augmentation des primes pour tous les souscripteurs, rendant l'assurance moins abordable ou moins attrayante pour les individus à faible risque, qui pourraient alors choisir de ne pas souscrire, exacerbant encore le problème de sélection adverse.
Tous les risques sont sujets au même problème :
*inondations, catastrophes naturelles;
*chômage (si l’assurance-chômage n’est pas obligatoire);
*cambriolage, assurance-ménage;


Pour contrer ce phénomène, les compagnies d'assurance mettent en œuvre diverses stratégies, telles que la segmentation des offres en fonction de différents niveaux de risque, l'application de questionnaires de santé détaillés, ou encore l'introduction de franchises et de limitations dans les couvertures. L'objectif est de mieux équilibrer le rapport entre les primes perçues et les risques couverts, afin de rendre les contrats d'assurance viables et équitables pour tous les parties, tout en essayant de minimiser les effets de la sélection adverse.
Les plus exposés au risque vont être davantage attirés par des polices d’assurance.


== La sélection adverse et le marché d'occasion : une application ==
== La sélection adverse et le marché d'occasion : une application ==


Le modèle des "lemons" développé par George Akerlof illustre parfaitement les problèmes de sélection adverse sur le marché des voitures d'occasion. Ce modèle distingue deux types de véhicules : les "bonnes affaires", qui ont été bien entretenues par leurs propriétaires précédents et dont le prix de vente est de <math>14 000 $</math>, et les "mauvaises affaires", sujettes à des pannes fréquentes, pour lesquelles les vendeurs demandent seulement <math>7 000 $</math>. Du côté des acheteurs, la volonté de payer atteint <math>20 000 $</math> pour une bonne voiture et <math>10 000 $</math> pour une mauvaise.
:::Modèle célèbre de George Akerlof sur les "lemons"


Dans ce marché, les acheteurs savent qu'ils ont 50% de chances de tomber sur une "mauvaise affaire" (avec une probabilité <math>\pi_M = 0.50</math>), mais ils ne peuvent pas distinguer à l'avance les bonnes voitures des mauvaises.
Supposons que le marché d’une marque de voitures soit constitué de deux types de véhicules:
*Les “bonnes affaires” ont été bichonnées par leur ancien propriétaires qui sont prêts à s’en défaire pour un prix de <math>P_B^V = 14000. -</math>;
*Les “mauvaises affaires” tombent beaucoup plus souvent en panne, et leurs propriétaires n’en demandent que <math>P_M^V = 7000. -</math>.
*Le maximum qu’un acheteur représentatif serait prêt à payer pour une bonne voiture est <math>P_B^A = 20000. -</math> et <math>P_M^A = 10000. -</math> pour une mauvaise.


Dans un contexte d'information parfaite, où chaque partie connaît exactement la qualité du véhicule échangé, les transactions se réalisent à des prix qui reflètent fidèlement la valeur des voitures, permettant des échanges mutuellement avantageux. Les voitures sont vendues à un prix qui se situe quelque part entre les attentes des vendeurs et des acheteurs, et le marché atteint un équilibre efficient où toutes les voitures changent de mains à un prix juste.
Tout ce que les acheteurs savent c’est qu’il y a autant de mauvaises voitures que de bonnes, donc la probabilité de tomber sur une mauvaise est de 50% (<math>\pi_M = 0.50</math>).


Cependant, dans une situation où l'information est imparfaite mais symétrique, c'est-à-dire que ni les vendeurs ni les acheteurs ne peuvent identifier les bonnes des mauvaises voitures, les transactions peuvent toujours avoir lieu. Les acheteurs acceptent de payer un prix moyen, prenant en compte le risque d'acheter une voiture de moins bonne qualité. Même si certains acheteurs peuvent se retrouver avec une voiture moins fiable, le marché peut toujours atteindre un certain équilibre, car les prix moyens reflètent la probabilité mixte de qualité.
En cas d'information parfaite: gains mutuellement avantageux avec un prix intermédiaire entre le prix d'achat et le prix de vente. L'équilibre de marché est efficient, car toutes les voitures sont échangées à un prix conforme aux attentes des vendeurs et acheteurs.


Le vrai problème survient dans un contexte d'information imparfaite et asymétrique, où les vendeurs connaissent la qualité réelle de leurs voitures, mais pas les acheteurs. Dans ce cas, la qualité moyenne des voitures devient une variable endogène, dépendant directement du prix. Si les acheteurs ajustent leur offre à un prix moyen qui prend en compte le risque d'acheter une "mauvaise affaire", les vendeurs de bonnes voitures ne trouveront plus avantageux de vendre à ce prix moyen, car il est inférieur à la valeur qu'ils attribuent à leur véhicule. En conséquence, les bonnes voitures disparaissent progressivement du marché, laissant derrière elles une proportion plus élevée de "mauvaises affaires". Ce phénomène conduit à un cercle vicieux où la qualité moyenne des voitures disponibles sur le marché diminue encore plus, exacerbant le problème de sélection adverse et menant potentiellement à un effondrement du marché des voitures d'occasion de qualité.
En cas d'information imparfaite mais symétrique (personne ne sait quelles voitures sont bonnes ou mauvaises): l’échange se produit tout de même. Les acheteurs acceptent de payer un prix moyen avec un risque de tomber sur une guimbarde une fois sur deux. L’équilibre est efficient, même si des consommateurs peuvent s’avérer malchanceux.


Lorsque les vendeurs ont plus d'informations sur la qualité de leur bien que les acheteurs, ils ne seront motivés à vendre que si le prix offert atteint un certain seuil qui les satisfait. Face à l'incertitude sur la qualité des voitures sur le marché d'occasion, les acheteurs, sans autre information que la probabilité <math>\pi_M</math> de tomber sur une mauvaise voiture, vont rationnellement offrir un prix qui reflète une moyenne pondérée entre le prix qu'ils seraient prêts à payer pour une bonne voiture <math>P_B^A</math> et pour une mauvaise voiture <math>P_M^A</math> :
En cas d'information imparfaite et asymétrique: la qualité moyenne devient endogène car elle dépend du prix.


<math>\bar{P_{max}^A} = \pi_M \times P_M^A + (1 - \pi_M) \times P_B^A</math>
Lorsque les vendeurs bénéficient d’une asymétrie d’information sur leur bien, ils ne le mettent en vente que si le prix est suffisamment élevé.


En supposant que la probabilité de tomber sur une mauvaise voiture soit de 50% (<math>\pi_M = 0.5</math>), les acheteurs sont prêts à payer au maximum :
Sans autre information que la probabilité <math>\pi_M</math>, les acheteurs sont prêts à payer au maximum un prix moyen entre <math>P_B^A</math> et <math>P_M^A</math> :
:<math> \bar{P_{max}^A} = \pi_M \times P_M^A + (1 - \pi_M) \times P_M^A</math>
:= <math>0.5 \times 10000 + 0.5 \times 20000 = 15000</math>


<math>0.5 \times 10000 + 0.5 \times 20000 = 15000</math>
Le marché peut ici fonctionner, car ce prix est supérieur aux deux prix de réserve. Mais il suffit que la proportion de mauvaises voitures augmente, par exemple à <math>\pi_M</math> = 70% pour que le prix devienne:


À ce prix moyen de 15 000 $, le marché est en mesure de fonctionner car ce prix est au-dessus des prix de réserve des deux types de voitures. Cependant, si la proportion de mauvaises voitures sur le marché augmente, disons à 70% (<math>\pi_M = 0.7</math>), le prix maximum que les acheteurs sont prêts à payer s'ajuste à :
<math>\bar{P^A_{max}} = 0.7 \times 10000 + 0.3 \times 20000 = 13000 < 14000 = P_B^A</math>


<math>\bar{P^A_{max}} = 0.7 \times 10000 + 0.3 \times 20000 = 13000</math>
Dans ce cas, les propriétaires de bonnes occasions se retirent du marché : ils préfèrent attendre que leur voiture tombe toujours en panne pour la vendre au prix des mauvaises.


Ce nouveau prix moyen de 13 000 $ est inférieur au prix de réserve des bonnes voitures (<math>14 000 = P_B^A</math>), conduisant les propriétaires de ces voitures de meilleure qualité à se retirer du marché. Ils préfèrent garder leur voiture, estimant que la vente n'est pas suffisamment rémunératrice par rapport à la valeur qu'ils attribuent à leur bien. Cette situation illustre le "problème du marché des lemons" : une augmentation de la proportion de mauvaises voitures conduit à un ajustement à la baisse des prix offerts par les acheteurs, qui à son tour pousse les vendeurs de bonnes voitures à quitter le marché, réduisant ainsi la qualité moyenne des voitures disponibles à la vente.
== Comment résoudre le problème d'anti-sélection ? ==
Une manière de résoudre le problème de sélection adverse consiste à faire "révéler" les propriétés cachées (défauts ou qualités) du bien.
 
Le système de la garantie ou du label permet par exemple de transmettre une information du vendeur vers l’acheteur.
 
Cette garantie doit comporter un coût suffisant à décourager les propriétaires de mauvaises voitures de recourir aussi à la garantie.
 
Lorsque le vendeur manipule une caractéristique pour montrer sa qualité, on parle de signal de qualité.
 
== Application au marché de l'assurance ==
 
Soit 4 catégories différentes de personnes d’égale importance en terme de nombre dont les risques de maladie sont différents, mais que les assureurs ne parviennent pas à identifier.
 
Pour chaque groupe, le coût associé à la maladie est supposé identique: 1 000 francs pour l’intervention médicale.
 
Les personnes savent dans quel groupe de risque elles se situent et ont une volonté de payer pour une police d’assurance en accord avec ce risque :


== Comment résoudre le problème d'anti-sélection ? ==
[[Fichier:Problèmes d'information et les choix publics marché de l assurance 1.png|400px|vignette|centré]]


Comment fixer la prime d'assurance ?


Résoudre le problème de sélection adverse, ou anti-sélection, est crucial pour améliorer l'efficacité des marchés et la confiance entre les parties. Une stratégie efficace pour atténuer ce problème implique de rendre transparentes les informations cachées concernant les qualités ou les défauts d'un bien. Les mécanismes tels que les garanties ou les labels jouent un rôle essentiel en facilitant la transmission d'informations du vendeur à l'acheteur, permettant ainsi à ce dernier de faire des choix plus éclairés.
Le calcul actuariel dit que la prime doit être fixée au minimum à l’espérance de dommage.


Les garanties, en offrant une assurance sur la qualité ou la durabilité d'un produit, peuvent rassurer les acheteurs sur le fait que le bien correspond à leurs attentes. Pour que ce système soit efficace, il est crucial que l'octroi d'une garantie soit associé à un coût significatif pour le vendeur. Ce coût agit comme une barrière à l'entrée pour les vendeurs de produits de moindre qualité, qui trouveraient économiquement non rentable d'offrir une garantie similaire. Ainsi, seulement les vendeurs confiants dans la qualité supérieure de leurs biens seraient prêts à assumer ce coût, signalant efficacement cette qualité aux acheteurs potentiels.
On peut donc en principe calculer une prime actuarielle pour la population pour chaque groupe en prenant le produit du montant du dommage (le coût de l’intervention) et de la probabilité de la maladie.  


Les labels, d'autre part, fournissent une certification indépendante concernant certaines caractéristiques d'un produit, telles que sa durabilité, sa provenance ou son respect de certaines normes de qualité. La certification par un label reconnu peut servir de signal de qualité aux acheteurs, leur permettant de distinguer plus facilement les produits de haute qualité de ceux de qualité inférieure.
[[Fichier:Problèmes d'information et les choix publics marché de l assurance 2.png|400px|vignette|centré]]


L'acte de manipuler une caractéristique du bien pour en démontrer la qualité est communément appelé "signal de qualité". Ce signal peut prendre diverses formes, comme des investissements dans la publicité, des certifications de qualité, des garanties étendues, ou encore des prix élevés intentionnels pour refléter la qualité supérieure du produit.
Il y a des gains mutuellement avantageux à l’échange car le coût de la prime est inférieur à la volonté de payer pour tous les groupes.


Ces stratégies, en réduisant l'asymétrie d'information et en permettant aux caractéristiques cachées des biens d'être plus transparentes, contribuent à atténuer le problème de sélection adverse. Elles facilitent ainsi la formation d'un marché plus efficient où les transactions reflètent plus fidèlement la valeur réelle des biens échangés, améliorant la confiance des consommateurs et la dynamique globale du marché.
Or, le problème est que les assureurs ne connaissent pas forcement le risque par catégorie. Dans ce cas ils doivent fixer différemment la prime.


== Application au marché de l'assurance ==
Si le risque moyen de chaque catégorie n’est pas connu des assureurs, ces derniers vont fonder leur prime actuarielle sur le risque moyen de toute la population :
:<math>\frac {20% + 40% + 60% + 80%}{4} = 50%</math>.


Dans le contexte de l'assurance, où les compagnies sont confrontées à des catégories de personnes présentant des risques de maladie différents mais indiscernables pour elles, le marché pourrait être affecté par la sélection adverse. Chaque groupe de personnes connaît son propre risque de maladie et est prêt à payer une prime d'assurance proportionnelle à ce risque. Cependant, si les assureurs fixent une prime unique pour tous, basée sur la moyenne des risques, les personnes à faible risque pourraient choisir de ne pas souscrire, trouvant la prime trop élevée par rapport à leur risque personnel.
Si le coût annuel moyen d’une intervention est de 1000.-, cela implique qu’une prime annuelle de 500 francs (<math>= 0.5 \times 1000</math>) est tout juste suffisante pour ne pas faire de pertes.


Si l'on suppose que le coût de l'intervention médicale est de 1 000 francs pour tous, les personnes à plus haut risque trouveront l'assurance attrayante même à une prime élevée puisqu'elle est inférieure au coût de leur traitement potentiel. Par contre, pour celles à faible risque, une prime élevée les dissuadera de s'assurer.
Supposons que les assureurs ne peuvent pas faire de profits de sorte qu’ils fixent cette prime.


Cette dynamique mène à une situation où seules les personnes les plus à risque souscrivent une assurance, augmentant ainsi les coûts moyens pour l'assureur qui doit alors augmenter les primes pour couvrir ces coûts. Ce phénomène pourrait conduire à un cycle où de plus en plus de personnes à faible risque quittent le marché de l'assurance, laissant derrière elles un pool d'assurés composé principalement de personnes à haut risque et des primes d'assurance de plus en plus élevées.
Avec cette prime seuls ceux qui ont une volonté de payer supérieure à 500.- s’assureront, soit tous les groupes sauf celui ayant un risque de 20%.


Pour lutter contre la sélection adverse, les compagnies d'assurance pourraient essayer de différencier les primes selon des signaux de risque perceptibles ou introduire des mécanismes tels que des questionnaires de santé détaillés, des examens médicaux, ou des incitations à un comportement sain, pour mieux estimer le risque individuel et ajuster les primes en conséquence. Alternativement, des mesures comme l'assurance obligatoire pour tous peuvent aussi être mises en place pour garantir que les personnes à faible risque restent dans le pool d'assurance, aidant ainsi à équilibrer les risques et à stabiliser les primes.[[Fichier:Problèmes d'information et les choix publics marché de l assurance 1.png|400px|vignette|centré]]
Cependant, si ce groupe ne s’assure pas, cela veut dire que la clientèle des assureurs est maintenant plus risquée! (effet de la sélection adverse).


La prime d'assurance devrait idéalement être fixée en fonction de l'espérance de dommage pour chaque catégorie de risque. L'espérance de dommage est le coût moyen que l'assureur s'attend à payer pour un assuré et se calcule en multipliant la probabilité de survenance du sinistre par le coût du dommage pour l'assureur. Pour chacun des groupes identifiés dans ce tableau, voici comment la prime d'assurance pourrait être fixée :
La composition effective se modifie si aucun individu du premier groupe ne s’assure. Le vrai risque moyen fondé sur la population assurée sera alors :
:<math>\frac {40% + 60% + 80%}{3} = 60%</math>


# Pour le groupe à 20 % de risque, la prime serait de 0.20 (probabilité de la maladie) x 1 000 (coût de l'intervention) = 200 francs.
Lorsque les assureurs se retrouvent face à cette sélection de demandeurs, ils feront nécessairement des pertes avec la prime fixée initialement à 500.-, car la dépense moyenne sera elle de 600.- (<math>= 0.6 \times 1000</math>). Il devient donc nécessaire d’ajuster la prime à 600.-.
# Pour le groupe à 40 % de risque, la prime serait de 0.40 x 1 000 = 400 francs.
# Pour le groupe à 60 % de risque, la prime serait de 0.60 x 1 000 = 600 francs.
# Pour le groupe à 80 % de risque, la prime serait de 0.80 x 1 000 = 800 francs.


Ces primes représentent le minimum que l'assureur doit facturer pour couvrir le coût attendu des sinistres. Toutefois, en pratique, les assureurs ajoutent également des charges pour les frais administratifs, les coûts de souscription, les provisions pour les sinistres inattendus et une marge bénéficiaire, ce qui augmente la prime finale payée par les assurés.
Problème: avec la prime fixée à 600.-, la sélection adverse se fait sur le deuxième groupe qui préfère ne plus s’assurer, car la prime dépasse sa volonté de payer.


[[Fichier:Problèmes d'information et les choix publics marché de l assurance 2.png|400px|vignette|centré]]
La nouvelle prime doit passer à 700.- pour les deux derniers groupes, car le risque monte à 70%, mais le troisième groupe ayant une volonté de payer de 680.- renonce à l’assurance...


Un exemple classique de la façon dont la sélection adverse peut impacter le marché de l'assurance est lorsque les assureurs ne peuvent pas distinguer entre les différents niveaux de risque des assurés, ils sont contraints de fixer les primes d'assurance basées sur le risque moyen estimé pour toute la population. Si ce risque moyen est calculé sans considérer l'hétérogénéité des groupes, certains groupes à faible risque peuvent trouver la prime trop élevée par rapport à leur volonté de payer et choisir de ne pas s'assurer. Cela conduit à un ajustement à la hausse du risque moyen, qui à son tour nécessite un ajustement des primes à la hausse pour éviter les pertes.
Les seuls qui restent sont les membres du groupe le plus risqué qui payeront une prime de 800.-, avec un surplus total de 50.- (= volonté de payer − prime).


Dans cet exemple, si le risque moyen est initialement estimé à 50%, la prime actuarielle appropriée est de 500 francs. Cependant, cela ne tient pas compte du fait que le groupe à 20% de risque ne trouvera pas cette prime attractive, conduisant à leur départ du marché de l'assurance. Avec leur retrait, le risque moyen augmente, car il est désormais calculé uniquement sur les groupes restants (40%, 60%, et 80% de risque), ce qui porte le nouveau risque moyen à 60%. Cela signifie que les assureurs, pour rester sans pertes, doivent ajuster la prime à 600 francs, ce qui est au-dessus de la volonté de payer du groupe à 40% de risque. Ce processus se répète jusqu'à ce que seuls les individus du groupe le plus à risque restent sur le marché, payant une prime de 800 francs, ce qui est juste en dessous de leur volonté de payer de 850 francs.
Inefficience de l'équilibre de marché: l’équilibre finit par se vérifier, mais le marché est composé seulement des individus les plus risqués.


Ce processus montre clairement une inefficacité de marché : bien qu'il existe un potentiel d'échanges mutuellement avantageux pour tous les groupes, la sélection adverse empêche ces transactions de se réaliser, car les primes doivent être ajustées en fonction d'une population de plus en plus risquée. Les assureurs aimeraient être en mesure d'offrir des primes différenciées pour attirer les groupes à faible risque, mais sans pouvoir distinguer les groupes entre eux, ils se retrouvent dans une situation où seuls les clients les plus risqués sont assurés, avec des primes élevées qui reflètent leur risque.
Lecture du tableau: des gains mutuellement avantageux entre assureurs et demandeurs existent pour tous les groupes (puisque tous ont une volonté de payer supérieure à leur risque moyen).


Pour remédier à ce problème, les assureurs doivent trouver des moyens de différencier les clients en fonction de leur risque réel. Cela pourrait inclure des techniques de tarification plus sophistiquées, l'utilisation de données et d'analyses plus détaillées pour mieux évaluer le risque individuel, ou des incitations pour que les clients révèlent volontairement leur niveau de risque, comme des rabais pour des comportements sains ou des dispositifs de suivi dans le cas de l'assurance automobile.
Les assureurs aimeraient pouvoir assurer les trois groupes manquants, mais ne peuvent pas les distinguer des autres groupes plus risqués.


== Comment résoudre le problème de sélection adverse ? ==
== Comment résoudre le problème de sélection adverse ? ==


Pour résoudre le problème de sélection adverse dans un marché d'assurance où les risques sont divers et individuellement connus, mais pas discernables par les assureurs, une solution consiste à introduire une obligation d'assurance pour toute la population. Cela implique que chaque individu, indépendamment de son risque personnel, doit souscrire à une assurance.
Une solution permettant d’avoir une prime actuarielle échappant au problème de sélection consiste à contraindre toute la population à s’assurer.


Si la prime est fixée à un montant unique de 500 francs, comme illustré dans ce tableau, et que tout le monde est obligé de s'assurer, alors les individus des différents groupes de risque contribuent à un pool commun. Ceux qui ont des risques plus faibles payent en fait une "prime de solidarité", car leur volonté de payer est inférieure à la prime imposée. Inversement, les individus à plus haut risque bénéficient de cette situation, car leur volonté de payer est supérieure à la prime fixée.[[Fichier:Comment résoudre le problème de sélection adverse 1.png|400px|vignette|centré]]
Si on reprend le tableau initial avec une prime unique de 500.- et obligation de s’assurer, nous avons :


Dans ce scénario, bien que le surplus total soit positif, illustrant le bénéfice global pour la société, cela se fait aux dépens du groupe à faible risque, qui subventionne en quelque sorte les groupes à plus haut risque. C'est un principe de mutualisation des risques qui est courant dans les régimes d'assurance obligatoire, comme l'assurance-maladie ou l'assurance automobile dans certains pays.
[[Fichier:Comment résoudre le problème de sélection adverse 1.png|400px|vignette|centré]]


L'introduction d'une telle obligation a pour effet de maintenir la diversité des risques au sein du pool d'assurance, prévenant ainsi le processus par lequel les bons risques quittent le marché, ce qui augmenterait progressivement le risque moyen et les primes associées. C'est une méthode qui vise à garantir que l'assurance reste abordable et disponible pour tous, indépendamment du risque individuel, mais elle soulève aussi des questions d'équité et d'acceptabilité sociale, car elle implique un transfert de richesse des individus à faible risque vers ceux à haut risque.
Le surplus total est positif, mais il y a des perdants: le groupe le moins risqué essuie une perte nette en s’assurant = “prime de solidarité”.


= Les choix publics =
= Les choix publics =
== Choix public ==
== Choix public ==


La théorie du choix public s'intéresse à la manière dont les décisions gouvernementales sont prises et à la façon dont elles correspondent aux besoins et désirs de la collectivité. Cette branche de l'économie applique les méthodes de l'économie à l'analyse de la prise de décision politique et des actions de l'État, reconnaissant que, tout comme les acteurs du marché, les acteurs gouvernementaux sont confrontés à des contraintes d'information et agissent en fonction de leurs propres incitations et objectifs.
Les lacunes de marché appellent le plus souvent une intervention de l’État.


Les gouvernements sont souvent appelés à intervenir en cas de défaillance de marché, comme pour corriger les externalités, fournir des biens publics, ou atténuer les problèmes de sélection adverse et d'aléa moral. Cependant, l'intervention de l'État n'est pas infaillible. L'État, tout comme les acteurs privés, peut souffrir d'un manque d'informations complètes et fiables, ce qui peut conduire à des politiques inefficaces ou mal ciblées.
Souvent, exactement comme pour les agents économiques privés, aussi l’État fait face à des problèmes d’information, mais il existe d’autres raisons qui peuvent générer un écart entre les désirs de la collectivité et l’action de l’État.


Un autre aspect que la théorie du choix public examine est le problème d'agrégation des préférences. Avec une population dont les membres ont des préférences hétérogènes, il est difficile de déterminer une politique unique qui reflète fidèlement les désirs de tous les individus. Le paradoxe d'Arrow, par exemple, stipule qu'il n'est pas possible de convertir les préférences individuelles en une décision collective cohérente et rationnelle qui respecte certains critères d'équité, sans imposer une dictature (une situation où les préférences d'un seul individu dictent le choix collectif).
La théorie du CHOIX PUBLIC essaie de comprendre comment l’État prend des décisions pour la collectivité et si les conditions d’un planificateur social idéal existent.


La théorie du choix public explore également comment les décisions gouvernementales sont influencées par la politique, notamment la manière dont les bureaucrates et les politiciens poursuivent leurs propres intérêts, qui ne sont pas toujours alignés avec l'intérêt général. Cela peut inclure des activités de recherche de rente, où les individus ou les entreprises utilisent les ressources pour obtenir des faveurs économiques de l'État plutôt que de produire de nouvelles richesses.
Problème récurrent et ancien: comment agréger des préférences hétérogènes ?
 
Pour s'assurer que les actions de l'État correspondent aux besoins de la collectivité, diverses solutions peuvent être envisagées, comme des mécanismes de responsabilisation et de transparence, une participation citoyenne accrue dans le processus décisionnel, et la mise en œuvre de processus d'évaluation rigoureux pour les politiques publiques. En fin de compte, la théorie du choix public souligne l'importance de la conception des institutions politiques et économiques qui encouragent les décideurs à agir dans l'intérêt public.


== Le paradoxe du vote de Condorcet ==
== Le paradoxe du vote de Condorcet ==


L'exemple ci-dessous est une exemple classique du paradoxe de Condorcet, qui se produit lorsque les préférences collectives d'un groupe ne sont pas transitives. La transitivité, dans le contexte du choix social, signifie que si la préférence collective préfère l'option A à l'option B et l'option B à l'option C, alors elle devrait logiquement préférer l'option A à l'option C. Cependant, le paradoxe de Condorcet montre que ce n'est pas toujours le cas lorsqu'on agrège les préférences de tous les individus.
Dans une petite communauté, trois "types" d'individus doivent choisir parmi trois projets alternatifs. Le tableau montre que les préférences collectives violent le principe de transitivité :


[[Fichier:Paradoxe du vote de Condorcet 1.png|400px|vignette|centré]]
[[Fichier:Paradoxe du vote de Condorcet 1.png|400px|vignette|centré]]


Dans cet exemple, nous avons trois groupes d'électeurs avec des préférences différentes pour trois options A, B et C. Voici les résultats des votes entre chaque paire d'options :
*a. Si le vote concerne seulement l’alternative A et B, c’est A qui est choisi par les groupes 1-3 contre 2.
 
*b. Si le vote concerne seulement l’alternative B et C, c’est B qui est choisi par les groupes 1-2 contre 3.
a. Entre A et B, A est choisi par les types 1 et 3, qui représentent ensemble 55% des électeurs contre 45% pour le type 2 qui préfère B. b. Entre B et C, B est choisi par les types 1 et 2, qui représentent 80% des électeurs contre 20% pour le type 3 qui préfère C. c. Entre A et C, C est choisi par les types 2 et 3, qui représentent 65% des électeurs contre 35% pour le type 1 qui préfère A.
*c. Si le vote concerne seulement l’alternative A et C, c’est C qui est choisi par les groupes 2-3 contre 1.
 
Ce cycle de préférences non transitives montre que, malgré le fait qu'A est préféré à B, et B est préféré à C, C est finalement préféré à A, complétant ainsi un cycle sans qu'aucune option ne soit universellement préférée.


L'implication de ce paradoxe est que l'issue du vote dépend fortement de l'ordre dans lequel les options sont présentées et votées. Si toutes les options sont présentées simultanément, le résultat pourrait être différent, et il n'existe pas de méthode de vote qui puisse toujours résoudre ce paradoxe sans introduire d'autres problèmes, comme l'a montré le théorème d'impossibilité d'Arrow.
Implication : le choix de la votation dépendra de l’ordre dans lequel les alternatives sont proposées
 
Cela met en lumière les limites des mécanismes de vote et les défis de la prise de décision collective. Dans la pratique, différentes méthodes de vote essayent de contourner ce problème en utilisant des systèmes tels que le vote par élimination successive, le vote pondéré, ou d'autres règles qui cherchent à obtenir un choix collectif cohérent à partir des préférences individuelles.


== Théorème d'impossibilité de Arrow ==
== Théorème d'impossibilité de Arrow ==


Le Théorème d'impossibilité d'Arrow, aussi appelé le "paradoxe d'Arrow", est un résultat fondamental dans la théorie du choix social. Kenneth Arrow a démontré qu'il est impossible de formuler une règle de décision collective (comme une méthode de vote) qui transforme les préférences individuelles en une décision de groupe cohérente et satisfaisante, tout en respectant un ensemble de critères équitables et raisonnables. Ces critères sont:
Kenneth Arrow (prix Nobel en 1972) a proposé un ensemble de critères désirables et relativement peu exigeants pour obtenir un système de vote:
 
*Unanimité : si tous préfèrent un objet par rapport à un autre, il devrait être choisi;
# Unanimité (ou Pareto efficacité) : Si chaque électeur préfère une option A à une option B, alors le groupe doit également préférer A à B.
*Transitivité : si A est préféré à B et B est préféré à C, il faut que A soit préféré à C;
# Transitivité : Si le groupe préfère A à B et B à C, alors le groupe doit préférer A à C. Cela garantit la cohérence des choix collectifs.
*Indépendance des options non pertinentes : la préférence entre A et B ne devrait pas dépendre de l’existence (ou absence) d’une troisième option C;
# Indépendance des options non pertinentes : Le classement collectif de deux options, A et B, doit être indépendant de l'existence d'une troisième option C.
*Non-dictature : il n’y a pas d’individu dont les préférences correspondent à tous les choix sociaux indépendamment des préférences des autres.
# Non-dictature : Aucun individu ne doit avoir le pouvoir de déterminer de façon autoritaire les préférences du groupe, c'est-à-dire que le système de vote ne doit pas simplement refléter les préférences d'un seul individu tout en ignorant celles de tous les autres.
 
Arrow a prouvé que ces critères ne peuvent pas être tous respectés simultanément par un système de vote qui traite au moins trois options. Cela signifie que toute méthode de choix social qui respecte les trois premiers critères aboutit soit à un résultat non transitive, soit à une dictature, où les préférences d'un seul individu ou d'un groupe d'individus prévalent sur les autres.


L'implication de ce théorème est profonde : elle montre que les choix collectifs ne peuvent jamais être parfaitement équitables et rationnels en même temps. Cela ne signifie pas que toutes les décisions collectives sont mauvaises ou illégitimes, mais cela souligne les limites inhérentes à l'agrégation des préférences individuelles en une volonté collective. Cela a des implications pour la conception des systèmes électoraux et la théorie démocratique, et a stimulé le développement d'autres modèles et approches dans la prise de décision collective.
Le théorème montre que tout système de choix collectif doit relâcher au moins une de ces conditions (→ dictature?).


== Le principe de l'électeur médian ==
== Le principe de l'électeur médian ==


Le paradoxe de Condorcet et le théorème d'impossibilité d'Arrow soulèvent des questions fondamentales sur la manière dont les sociétés peuvent prendre des décisions collectives de manière juste et cohérente. Le paradoxe de Condorcet illustre le problème des cycles de préférence, où les choix collectifs ne sont pas transitifs. En d'autres termes, le groupe préfère A à B, B à C, mais aussi C à A, ce qui est illogique et mène à une impasse décisionnelle.
On peut montrer que, à partir du moment où les préférences sont exprimées en continu, le paradoxe de Condorcet n’a plus lieu d’être.


Le théorème d'impossibilité d'Arrow va plus loin en affirmant qu'aucun système de vote ne peut simultanément satisfaire un ensemble de conditions raisonnables sans aboutir à une situation de dictature (où les préférences d'un seul individu deviennent déterminantes pour la décision collective), à moins de renoncer à l'une des conditions.
Un système majoritaire implique alors que c’est toujours l’électeur médian qui décide du résultat final.


Cependant, lorsque les préférences des électeurs sont exprimées le long d'une échelle continue plutôt que sous forme de choix discrets, le paradoxe de Condorcet peut être évité grâce à l'hypothèse de l'électeur médian. Selon cette théorie, dans un système de vote majoritaire où les préférences sont distribuées de manière unidimensionnelle et continue, l'issue de toute élection sera déterminée par l'électeur médian. Cet électeur médian a autant de personnes avec des préférences plus extrêmes de part et d'autre de lui, faisant de sa position la plus centrale et la plus représentative de la population votante.
L’électeur médian est celui qui se trouve au milieu de la distribution des préférences. Il a donc 50% des votants à sa droite et 50% à sa gauche.


En conséquence, les candidats ou les propositions politiques tendent à se rapprocher de la position de l'électeur médian pour maximiser leurs chances de gagner. Cela suppose une certaine forme de convergence des propositions, où les politiques proposées s'orientent vers ce qui est souhaitable pour l'électeur médian, dans la mesure où il est celui qui, en fin de compte, décide du résultat des élections dans un système de vote majoritaire. Cependant, cette approche simplifie grandement la complexité des préférences politiques et suppose que tous les électeurs participent et votent conformément à leurs préférences réelles.
Étant donné que les préférences sont ordrées sur une variable continue, tous les électeurs des deux extrémités lui sont acquis.


Par exemple, imaginons la distribution suivante des préférences sur le budget de l’État :
Par exemple, imaginons la distribution suivante des préférences sur le budget de l’État :
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[[Fichier:Principe de l'électeur médian 1.png|400px|vignette|centré]]
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Ce scénario décrit une application du principe de l'électeur médian, qui est central dans le modèle de choix public. Ce principe suggère qu'en cas de distribution unimodale des préférences sur une question politique linéaire, comme le budget de l'État, l'option préférée par l'électeur médian sera celle qui remportera la décision finale dans un vote majoritaire.
Si chaque votant devait préciser le montant du budget dans le bulletin de vote, la moyenne donnerait un budget de 9 Mio CHF.


Dans cet exemple, les préférences des électeurs sont distribuées autour de différents montants de budget pour l'État, exprimés en millions de CHF. Si l'on effectuait une moyenne des montants préférés par tous les votants, on obtiendrait un budget moyen souhaité de 9 millions de CHF.
Mais s’il faut décider entre deux montants, ce sera toujours celui choisi par l’électeur médian, qu'ici souhaite 10 Mio.


Cependant, dans un système de vote majoritaire entre deux options, l'option qui coïncide avec la préférence de l'électeur médian est celle qui gagne. L'électeur médian est celui situé au point où la moitié des électeurs préfère une option moins coûteuse et l'autre moitié préfère une option plus coûteuse. Dans cet exemple, c'est le montant de 10 millions de CHF qui est préféré par l'électeur médian. Ainsi, peu importe contre quelle autre somme le montant de 10 millions de CHF est mis en concurrence, il y aura toujours plus de 50% des votants qui le préféreront à toute autre somme, car il recueillera les votes de tous ceux qui veulent dépenser 10 millions de CHF ou plus.
Il y aura toujours plus que 50% des votants qui préfèrent 10Mio à n'importe quelle autre somme.  


Ce résultat souligne l'importance stratégique de l'électeur médian dans les décisions de politique publique et explique pourquoi les politiques qui s'alignent avec les préférences de l'électeur médian ont souvent plus de chances d'être adoptées. C'est aussi une raison pour laquelle les politiciens et les partis politiques ciblent fréquemment leurs politiques pour gagner le soutien de l'électeur médian, notamment dans les démocraties représentatives.[[Fichier:Principe de l'électeur médian 2.png|400px|vignette|centré]]
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Ce graphique montre une distribution des préférences de budget d'un ensemble de personnes, avec des montants allant de 0 à 20 milliards d'euros. On peut observer que la majorité des personnes ont une préférence pour un budget de 15 milliards d'euros, comme indiqué par la plus grande barre du graphique. Les autres montants, tels que 0, 5, 10 et 20 milliards d'euros, ont respectivement attiré moins de préférences, avec la barre la plus basse indiquant que très peu de personnes préfèrent un budget de 20 milliards d'euros.
Implication: si deux partis politiques concurrents essayent de maximiser leur probabilité d'élection, ils vont les deux se rapprocher de la position de l'électeur médian (est-ce que ça vous rappelle quelque chose?).


Cette distribution illustre les préférences budgétaires dans une communauté et suggère que si une décision devait être prise par vote majoritaire, le budget de 15 milliards serait le plus susceptible d'être choisi, car il représente le pic de la distribution des préférences et est donc vraisemblablement le choix de l'électeur médian. L'électeur médian est celui dont la position coupe la population en deux moitiés égales, avec une moitié préférant moins que l'électeur médian et l'autre moitié préférant plus.
= Résumé =
 
Cette situation reflète le concept de l'électeur médian en théorie du choix public, qui suggère que dans un système de vote majoritaire, l'option préférée par l'électeur médian est généralement celle qui est adoptée. Les préférences de ceux qui souhaitent un budget inférieur à 15 milliards ou supérieur à 15 milliards sont moins représentées, ce qui signifie que leurs préférences ne sont pas déterminantes pour le résultat final dans un vote majoritaire.
 
Il est également intéressant de noter que cette distribution des préférences peut avoir des implications pour les politiques gouvernementales et les stratégies des candidats politiques. Les politiciens qui visent à gagner ou à rester en pouvoir auraient intérêt à proposer des politiques budgétaires proches de 15 milliards, car c'est la somme qui maximiserait leur soutien électoral selon cette distribution. Cela illustre comment la théorie de l'électeur médian peut être utilisée pour comprendre et prédire les politiques gouvernementales dans les démocraties représentatives.


L'histogramme suggère une distribution des préférences de budget dans une population donnée. Dans cette distribution, la majorité des personnes préfèrent un budget de 15 milliards d'euros, suivi par ceux qui préfèrent un budget de 5 milliards, puis 10 milliards, et enfin une minorité qui penche pour 0 ou 20 milliards. Ce profil de préférences illustre le concept de l'électeur médian en théorie politique et économique.
Les asymétries d’information sont présentes lors de nombreuses transactions économiques.


L'implication de cette distribution pour la stratégie politique est que deux partis cherchant à maximiser leurs chances d'être élus auront tendance à adopter des positions qui se rapprochent des préférences de l'électeur médian. La raison en est simple : dans un système électoral majoritaire, le candidat ou le parti qui gagne le soutien de l'électeur médian - l'individu dont les préférences sont exactement au centre de la distribution des préférences de l'électorat - est le plus susceptible de remporter la majorité des voix.
L’aléa moral se produit lorsque les incitations des agents sont modifiées suite à la conclusion d’un contrat sur un bien ou un service.


Dans cet exemple, si les préférences se distribuent autour des montants budgétaires, un parti politique qui propose un budget de 15 milliards aurait le soutien de l'électorat majoritaire, car c'est le montant qui recueille le plus grand nombre de préférences. Ainsi, même si un parti commençait avec une proposition de budget plus élevée ou plus faible, il serait incité à modérer sa position pour s'aligner avec celle de l'électeur médian pour gagner plus de voix.
Le problème d’agence survient lorsqu’un principal ne contrôle pas parfaitement le comportement d’un agent.


Ce phénomène est bien connu sous le nom de "convergence vers le centre" en politique. Cela peut souvent expliquer pourquoi les plateformes des partis politiques se ressemblent beaucoup dans des systèmes électoraux bipartites, chacun visant à capturer la préférence de l'électeur médian, qui est décisive. Ce comportement peut parfois décevoir les électeurs des deux extrémités du spectre politique, qui se sentent négligés lorsque les partis s'alignent sur des positions centristes. Cela peut aussi entraîner une certaine homogénéisation des politiques proposées et potentiellement réduire la diversité des choix offerts aux électeurs.
Lorsque les caractéristiques d’un bien ou service sont cachées, le marché est sujet à un problème de sélection adverse.
 
= Résumé =


Les asymétries d'information jouent un rôle important dans la plupart des transactions économiques, influençant le comportement des agents et la performance des marchés. L'aléa moral décrit une situation où les incitations à agir de manière prudente sont réduites après la signature d'un contrat, ce qui peut conduire à une prise de risque accrue. Le problème d'agence soulève la question de la surveillance : un principal ne peut pas toujours s'assurer que l'agent agit dans son meilleur intérêt, surtout lorsque les actions de l'agent ne sont pas entièrement observables.
Une solution marchande au problème d’asymétrie d’information est donné par le signal.


La sélection adverse se produit lorsqu'il y a des informations cachées sur un bien ou service, conduisant à une situation où les produits de moindre qualité peuvent être présentés comme équivalents à des produits de meilleure qualité. Pour surmonter ce problème, les marchés ont développé des mécanismes de signalisation, où les vendeurs utilisent des garanties, des marques ou d'autres indicateurs pour communiquer la qualité de leurs biens ou services aux acheteurs potentiels.
La théorie du choix public montre que les préférences collectives ne peuvent pas être aisément être exprimées.


La théorie du choix public nous enseigne que les préférences collectives ne sont pas simplement la somme des préférences individuelles. Elles sont complexes à agréger et ne peuvent pas toujours être facilement ou fidèlement représentées. Le théorème d'impossibilité d'Arrow nous rappelle qu'il n'existe pas de méthode de vote parfaite qui puisse traduire sans faille les préférences individuelles en une décision collective satisfaisante sans enfreindre au moins un principe éthique ou démocratique fondamental.
Le théorème d’impossibilité d’Arrow montre qu’aucun système de vote n’est parfait et que des concessions sont nécessaires.


Enfin, dans le contexte des institutions démocratiques, la tendance est souvent que l'électeur médian - celui dont les préférences se situent au centre de la distribution des préférences de l'électorat - détermine le résultat final. Cela explique pourquoi de nombreux partis politiques se positionnent autour du centre, afin de maximiser leur attrait auprès du plus grand nombre d'électeurs. Cette tendance peut mener à une certaine homogénéisation des politiques proposées et pose des questions sur la représentativité et l'équité des résultats politiques.
Dans de nombreuses situations, les institutions démocratiques engendreront le résultat désiré par l’électeur médian indépendamment des préférences du reste de l’électorat.


= Annexes =
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