Modification de Les entreprises en monopole
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| | | cours = [[Introduction à la microéconomie]] | ||
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*[[Emmanuel Milet|Milet, Emmanuel]] | |||
*[[Federica Sbergami|Sbergami, Federica]]<ref>[https://www.unige.ch/gsem/en/research/faculty/all/federica-sbergami/ Page personnelle de Federica Sbergami sur le site de l'Université de Genève]</ref><ref>[https://www.unine.ch/irene/home/equipe/federica_sbergami.html Page personnelle de Federica Sbergami sur le site de l'Université de Neuchâtel]</ref><ref>[https://www.researchgate.net/scientific-contributions/14836393_Federica_Sbergami Page personnelle de Federica Sbergami sur Research Gate]</ref> | |||
*[[Giovanni Ferro-Luzzi |Ferro-Luzzi , Giovanni]] | |||
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| lectures = | |||
*[[Introduction au cours d'introduction à la microéconomie]] | |||
*[[Approche méthodologiques au cours d'introduction à la microéconomie]] | |||
*[[Les forces du marché : l'offre et la demande]] | |||
*[[Les élasticités et ses applications]] | |||
*[[Offre, demande et politiques gouvernementales]] | |||
*[[Surplus du consommateur et du producteur]] | |||
*[[Les externalités et le rôle de l'État]] | |||
*[[Les biens publics]] | |||
*[[Les coûts de production]] | |||
*[[Les entreprises en concurrence parfaite]] | |||
*[[Les entreprises en monopole]] | |||
*[[Concurrence monopolistique]] | |||
*[[Oligopole]] | |||
*[[Contrainte et préférences du consommateur]] | |||
*[[Choix du consommateur]] | |||
*[[Les problèmes d'information et les choix publics]] | |||
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Dans de telles situations, l'absence de compétition confère un pouvoir substantiel aux offreurs présents. Ils deviennent des "price makers", c'est-à-dire qu'ils ont la capacité de fixer les prix plutôt que de simplement accepter les prix déterminés par le marché, comme c'est le cas dans un contexte de concurrence parfaite. Cette capacité de fixer les prix peut conduire à des inefficacités dans l'allocation des ressources. Par exemple, un monopoleur pourrait fixer un prix plus élevé que le prix d'équilibre concurrentiel, réduisant ainsi la quantité produite et vendue. Cela peut entraîner une perte de surplus pour les consommateurs et potentiellement pour la société dans son ensemble. En outre, ces situations de marché imparfait peuvent affecter négativement le bien-être collectif. Les inefficacités allouent les ressources de manière non optimale, ce qui peut entraîner une perte de bien-être économique. Par exemple, un prix artificiellement élevé peut empêcher les consommateurs d'accéder à certains biens ou services, ce qui peut avoir des répercussions sociales et économiques plus larges. | Dans de telles situations, l'absence de compétition confère un pouvoir substantiel aux offreurs présents. Ils deviennent des "price makers", c'est-à-dire qu'ils ont la capacité de fixer les prix plutôt que de simplement accepter les prix déterminés par le marché, comme c'est le cas dans un contexte de concurrence parfaite. Cette capacité de fixer les prix peut conduire à des inefficacités dans l'allocation des ressources. Par exemple, un monopoleur pourrait fixer un prix plus élevé que le prix d'équilibre concurrentiel, réduisant ainsi la quantité produite et vendue. Cela peut entraîner une perte de surplus pour les consommateurs et potentiellement pour la société dans son ensemble. En outre, ces situations de marché imparfait peuvent affecter négativement le bien-être collectif. Les inefficacités allouent les ressources de manière non optimale, ce qui peut entraîner une perte de bien-être économique. Par exemple, un prix artificiellement élevé peut empêcher les consommateurs d'accéder à certains biens ou services, ce qui peut avoir des répercussions sociales et économiques plus larges. | ||
Ces failles de marché s'éloignent de l'idéal de la concurrence pure et parfaite, où les prix et les quantités sont déterminés par l'intersection de la demande et de l'offre sans intervention extérieure. Dans une telle situation idéale, les marchés sont généralement considérés comme efficaces, maximisant le bien-être collectif. Cependant, en réalité, de nombreux marchés dévient de cet idéal pour diverses raisons, y compris en raison de la concentration du pouvoir de marché, ce qui conduit à une efficacité réduite et à des défis réglementaires importants. | Ces failles de marché s'éloignent de l'idéal de la concurrence pure et parfaite, où les prix et les quantités sont déterminés par l'intersection de la demande et de l'offre sans intervention extérieure. Dans une telle situation idéale, les marchés sont généralement considérés comme efficaces, maximisant le bien-être collectif. Cependant, en réalité, de nombreux marchés dévient de cet idéal pour diverses raisons, y compris en raison de la concentration du pouvoir de marché, ce qui conduit à une efficacité réduite et à des défis réglementaires importants.{{Translations | ||
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= Origines du monopole et choix optimal = | = Origines du monopole et choix optimal = | ||
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La cause constitutive fondamentale des monopoles se situe dans la présence de barrières à l’entrée. Ces barrières peuvent se manifester de différentes manières, chacune contribuant à la constitution d'un environnement monopolistique. | La cause constitutive fondamentale des monopoles se situe dans la présence de barrières à l’entrée. Ces barrières peuvent se manifester de différentes manières, chacune contribuant à la constitution d'un environnement monopolistique. | ||
La première cause majeure est le contrôle exclusif d'une ressource spécifique par une seule entreprise. Un exemple classique est celui de De Beers dans le secteur des mines de diamants. Lorsqu'une entreprise détient le contrôle exclusif sur une ressource cruciale, elle peut monopoliser le marché des produits qui dépendent de cette ressource. Un autre exemple pourrait être celui d'un fournisseur local de gaz naturel, qui possède l'infrastructure nécessaire à la fourniture de ce service dans une région donnée, rendant très difficile pour d'autres entreprises de pénétrer ce marché. | La première cause majeure est le contrôle exclusif d'une ressource spécifique par une seule entreprise. Un exemple classique est celui de De Beers dans le secteur des mines de diamants. Lorsqu'une entreprise détient le contrôle exclusif sur une ressource cruciale, elle peut effectivement monopoliser le marché des produits qui dépendent de cette ressource. Un autre exemple pourrait être celui d'un fournisseur local de gaz naturel, qui possède l'infrastructure nécessaire à la fourniture de ce service dans une région donnée, rendant très difficile pour d'autres entreprises de pénétrer ce marché. | ||
La deuxième cause importante est liée aux barrières légales créées par l'État. Lorsqu'un gouvernement accorde à une entreprise le droit exclusif de produire un bien ou un service, cela crée un monopole légal. Cette situation est fréquente dans des secteurs comme les médias, l'électricité, et d'autres services publics. Les brevets, notamment dans l'industrie pharmaceutique, sont un autre exemple où l'État confère un monopole temporaire à une entreprise pour l'exploitation d'une invention. De même, les droits d'auteur dans le domaine artistique protègent la création individuelle, conduisant à des monopoles légaux sur ces œuvres. Les barrières douanières telles que les quotas, les droits de douane et d'autres barrières non tarifaires peuvent également créer des conditions monopolistiques en limitant la concurrence étrangère. | La deuxième cause importante est liée aux barrières légales créées par l'État. Lorsqu'un gouvernement accorde à une entreprise le droit exclusif de produire un bien ou un service, cela crée un monopole légal. Cette situation est fréquente dans des secteurs comme les médias, l'électricité, et d'autres services publics. Les brevets, notamment dans l'industrie pharmaceutique, sont un autre exemple où l'État confère un monopole temporaire à une entreprise pour l'exploitation d'une invention. De même, les droits d'auteur dans le domaine artistique protègent la création individuelle, conduisant à des monopoles légaux sur ces œuvres. Les barrières douanières telles que les quotas, les droits de douane et d'autres barrières non tarifaires peuvent également créer des conditions monopolistiques en limitant la concurrence étrangère. | ||
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Cependant, la présence d'un monopole naturel soulève des questions importantes en matière de régulation. Bien que la structure du marché justifie l'existence d'un seul producteur pour des raisons d'efficacité, cela ne signifie pas que le monopoleur devrait avoir une liberté totale dans la fixation des prix ou des conditions de service. Souvent, les gouvernements interviennent pour réguler ces monopoles, en fixant des prix ou en contrôlant la qualité des services, afin de s'assurer que les intérêts des consommateurs ne soient pas lésés par l'absence de concurrence. | Cependant, la présence d'un monopole naturel soulève des questions importantes en matière de régulation. Bien que la structure du marché justifie l'existence d'un seul producteur pour des raisons d'efficacité, cela ne signifie pas que le monopoleur devrait avoir une liberté totale dans la fixation des prix ou des conditions de service. Souvent, les gouvernements interviennent pour réguler ces monopoles, en fixant des prix ou en contrôlant la qualité des services, afin de s'assurer que les intérêts des consommateurs ne soient pas lésés par l'absence de concurrence. | ||
En somme, les monopoles naturels représentent un cas unique dans l'économie où la concentration du marché entre les mains d'une seule entreprise est justifiée par des considérations d'efficacité. Néanmoins, cette efficacité doit être équilibrée avec des mesures de régulation pour protéger les consommateurs et assurer un fonctionnement équitable du marché.[[Fichier:Entreprises en monopole monopole naturel.png|400px|vignette|centré]]La courbe présentée représente un graphique typique illustrant le concept de coût moyen dans le cadre d'une production d'entreprise. Voici une description, une analyse et un commentaire de ce graphique : | En somme, les monopoles naturels représentent un cas unique dans l'économie où la concentration du marché entre les mains d'une seule entreprise est justifiée par des considérations d'efficacité. Néanmoins, cette efficacité doit être équilibrée avec des mesures de régulation pour protéger les consommateurs et assurer un fonctionnement équitable du marché.[[Fichier:Entreprises en monopole monopole naturel.png|400px|vignette|centré]]La courbe que vous avez présentée représente un graphique typique illustrant le concept de coût moyen dans le cadre d'une production d'entreprise. Voici une description, une analyse et un commentaire de ce graphique : | ||
Le graphique montre une courbe de coût moyen décroissante en fonction de la quantité produite. L'axe des ordonnées (vertical) représente le coût moyen, tandis que l'axe des abscisses (horizontal) indique la quantité produite. La courbe débute à un point élevé et descend progressivement, indiquant que le coût moyen diminue à mesure que la quantité produite augmente. Cette courbe illustre le phénomène d'économies d'échelle. Lorsque la quantité produite est faible (à gauche du graphique), le coût moyen est très élevé. Cela peut être dû au fait que les coûts fixes (comme l'infrastructure, la R&D, les coûts administratifs, etc.) sont répartis sur une petite quantité de biens produits, ce qui augmente le coût moyen par unité. À mesure que la production augmente, ces coûts fixes sont répartis sur un nombre plus important d'unités, réduisant ainsi le coût moyen. En outre, l'entreprise peut bénéficier de coûts variables plus faibles grâce à des techniques de production plus efficaces, des réductions de prix en volume sur les matières premières, ou une meilleure utilisation du personnel. La courbe montre un point où le coût moyen atteint son niveau le plus bas, après quoi on peut s'attendre à ce que le coût moyen se stabilise ou augmente légèrement en raison des déséconomies d'échelle si la production continue à augmenter. Cependant, cette partie de la courbe n'est pas visible ici. | Le graphique montre une courbe de coût moyen décroissante en fonction de la quantité produite. L'axe des ordonnées (vertical) représente le coût moyen, tandis que l'axe des abscisses (horizontal) indique la quantité produite. La courbe débute à un point élevé et descend progressivement, indiquant que le coût moyen diminue à mesure que la quantité produite augmente. Cette courbe illustre le phénomène d'économies d'échelle. Lorsque la quantité produite est faible (à gauche du graphique), le coût moyen est très élevé. Cela peut être dû au fait que les coûts fixes (comme l'infrastructure, la R&D, les coûts administratifs, etc.) sont répartis sur une petite quantité de biens produits, ce qui augmente le coût moyen par unité. À mesure que la production augmente, ces coûts fixes sont répartis sur un nombre plus important d'unités, réduisant ainsi le coût moyen. En outre, l'entreprise peut bénéficier de coûts variables plus faibles grâce à des techniques de production plus efficaces, des réductions de prix en volume sur les matières premières, ou une meilleure utilisation du personnel. La courbe montre un point où le coût moyen atteint son niveau le plus bas, après quoi on peut s'attendre à ce que le coût moyen se stabilise ou augmente légèrement en raison des déséconomies d'échelle si la production continue à augmenter. Cependant, cette partie de la courbe n'est pas visible ici. | ||
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== La recette : concurrence parfaite vs monopole == | == La recette : concurrence parfaite vs monopole == | ||
La distinction entre le comportement d'un monopoleur et celui des firmes dans un marché compétitif met en lumière une différence fondamentale en termes de pouvoir sur le marché et de formation des prix. Dans un marché compétitif, l'idée est que le marché est composé de nombreuses entreprises, chacune trop petite pour influencer le prix du marché. Ces entreprises sont donc des "price takers", ce qui signifie qu'elles acceptent le prix déterminé par la somme des décisions d'offre et de demande de tous les participants au marché. Elles ajustent leur production en fonction de ce prix de marché et maximisent leur profit en produisant jusqu'à ce que le coût marginal de production égale le prix du marché. Le marché dicte ainsi les conditions et les entreprises individuelles s'adaptent à ces conditions sans pouvoir les modifier. | La distinction que vous établissez entre le comportement d'un monopoleur et celui des firmes dans un marché compétitif met en lumière une différence fondamentale en termes de pouvoir sur le marché et de formation des prix. Dans un marché compétitif, l'idée est que le marché est composé de nombreuses entreprises, chacune trop petite pour influencer le prix du marché. Ces entreprises sont donc des "price takers", ce qui signifie qu'elles acceptent le prix déterminé par la somme des décisions d'offre et de demande de tous les participants au marché. Elles ajustent leur production en fonction de ce prix de marché et maximisent leur profit en produisant jusqu'à ce que le coût marginal de production égale le prix du marché. Le marché dicte ainsi les conditions et les entreprises individuelles s'adaptent à ces conditions sans pouvoir les modifier. | ||
À l'opposé, dans une situation de monopole où il n'existe qu'un seul producteur dominant sur le marché, ce producteur a un contrôle considérable sur le prix. Le monopoleur est un "price maker", choisissant le niveau de production qui maximise son profit, ce qui affecte directement le prix du marché. La quantité de biens que le monopoleur choisit de produire détermine le prix auquel ces biens seront vendus. Si le monopoleur réduit la quantité produite, le prix sur le marché augmente, et inversement. Ainsi, le monopoleur peut manipuler l'offre pour atteindre un point sur sa courbe de demande qui maximise ses bénéfices. Il est important de noter que, bien que le monopoleur ait la capacité d'influencer les prix, cette capacité n'est pas illimitée. Le monopoleur reste contraint par la demande du marché : s'il fixe un prix trop élevé, la quantité demandée pourrait chuter de manière significative, ce qui réduirait potentiellement ses profits globaux. Le monopoleur doit donc trouver le point où la recette marginale est égale au coût marginal pour maximiser ses profits, tout en tenant compte de la réaction des consommateurs à des changements de prix. | À l'opposé, dans une situation de monopole où il n'existe qu'un seul producteur dominant sur le marché, ce producteur a un contrôle considérable sur le prix. Le monopoleur est un "price maker", choisissant le niveau de production qui maximise son profit, ce qui affecte directement le prix du marché. La quantité de biens que le monopoleur choisit de produire détermine le prix auquel ces biens seront vendus. Si le monopoleur réduit la quantité produite, le prix sur le marché augmente, et inversement. Ainsi, le monopoleur peut manipuler l'offre pour atteindre un point sur sa courbe de demande qui maximise ses bénéfices. Il est important de noter que, bien que le monopoleur ait la capacité d'influencer les prix, cette capacité n'est pas illimitée. Le monopoleur reste contraint par la demande du marché : s'il fixe un prix trop élevé, la quantité demandée pourrait chuter de manière significative, ce qui réduirait potentiellement ses profits globaux. Le monopoleur doit donc trouver le point où la recette marginale est égale au coût marginal pour maximiser ses profits, tout en tenant compte de la réaction des consommateurs à des changements de prix. | ||
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En résumé, la dynamique fondamentale qui distingue un marché compétitif d'un monopole est le degré de contrôle sur le prix. Alors que dans un marché compétitif, les prix reflètent l'équilibre collectif des forces de l'offre et de la demande, dans un monopole, le prix est largement déterminé par les choix stratégiques d'un seul acteur. Cela a des implications profondes non seulement pour la fixation des prix, mais aussi pour l'efficacité globale du marché, le bien-être des consommateurs et la nécessité de réglementation pour prévenir les abus de pouvoir de marché. La réglementation peut prendre la forme de contrôle des prix, de lois antitrust, ou de mesures incitatives pour encourager l'entrée de nouveaux concurrents sur le marché. C'est ainsi que les autorités tentent de réconcilier les avantages d'efficacité d'un monopole naturel avec la nécessité d'empêcher que le pouvoir de marché ne soit utilisé de manière préjudiciable aux consommateurs et à l'efficacité économique. | En résumé, la dynamique fondamentale qui distingue un marché compétitif d'un monopole est le degré de contrôle sur le prix. Alors que dans un marché compétitif, les prix reflètent l'équilibre collectif des forces de l'offre et de la demande, dans un monopole, le prix est largement déterminé par les choix stratégiques d'un seul acteur. Cela a des implications profondes non seulement pour la fixation des prix, mais aussi pour l'efficacité globale du marché, le bien-être des consommateurs et la nécessité de réglementation pour prévenir les abus de pouvoir de marché. La réglementation peut prendre la forme de contrôle des prix, de lois antitrust, ou de mesures incitatives pour encourager l'entrée de nouveaux concurrents sur le marché. C'est ainsi que les autorités tentent de réconcilier les avantages d'efficacité d'un monopole naturel avec la nécessité d'empêcher que le pouvoir de marché ne soit utilisé de manière préjudiciable aux consommateurs et à l'efficacité économique. | ||
Dans un environnement de concurrence parfaite, le prix est indépendant de la quantité produite par une entreprise individuelle, ce qui signifie que le prix est exogène. La recette totale (RT) est directement proportionnelle à la quantité (q), donc si la quantité double, la recette totale double aussi. Cela se traduit par la formule <math>RT = p \times q</math>. En conséquence, si la quantité produite est doublée, la recette totale devient <math>p \times (2q) = 2RT</math>. Le prix est alors équivalent au revenu moyen par unité vendue et reste constant indépendamment de la quantité de biens vendus sur le marché. Si le prix est fixe, la recette totale évoluera de manière proportionnelle à la quantité produite. | Dans un environnement de concurrence parfaite, le prix est en effet indépendant de la quantité produite par une entreprise individuelle, ce qui signifie que le prix est exogène. La recette totale (RT) est directement proportionnelle à la quantité (q), donc si la quantité double, la recette totale double aussi. Cela se traduit par la formule <math>RT = p \times q</math>. En conséquence, si la quantité produite est doublée, la recette totale devient <math>p \times (2q) = 2RT</math>. Le prix est alors équivalent au revenu moyen par unité vendue et reste constant indépendamment de la quantité de biens vendus sur le marché. Si le prix est fixe, la recette totale évoluera de manière proportionnelle à la quantité produite. | ||
Dans le cas d'un monopole, la recette totale ne suit pas cette proportionnalité avec la quantité vendue. Le prix est intrinsèquement lié à la quantité produite : pour vendre une unité supplémentaire, le monopoleur doit souvent baisser le prix. Cela implique qu'une entreprise opérant dans un marché de concurrence parfaite peut ajuster ses quantités vendues avec peu ou pas d'impact sur le prix, qui est déterminé par le marché. De plus, dans de telles conditions, les produits offerts par différentes entreprises sont parfaitement substituables, ce qui signifie que les consommateurs sont indifférents par rapport à l'entreprise qui les produit. | Dans le cas d'un monopole, la recette totale ne suit pas cette proportionnalité avec la quantité vendue. Le prix est intrinsèquement lié à la quantité produite : pour vendre une unité supplémentaire, le monopoleur doit souvent baisser le prix. Cela implique qu'une entreprise opérant dans un marché de concurrence parfaite peut ajuster ses quantités vendues avec peu ou pas d'impact sur le prix, qui est déterminé par le marché. De plus, dans de telles conditions, les produits offerts par différentes entreprises sont parfaitement substituables, ce qui signifie que les consommateurs sont indifférents par rapport à l'entreprise qui les produit. | ||
En situation de monopole, le producteur unique fait face à l'ensemble de la demande du marché. Puisqu'il n'existe pas de concurrents, le monopoleur a le pouvoir de fixer le prix des biens ou services qu'il offre – il est un "price maker". Toutefois, cette capacité à fixer les prix ne signifie pas que le monopoleur peut les établir arbitrairement sans tenir compte de la réaction des consommateurs. La courbe de demande à laquelle le monopoleur fait face est généralement décroissante, ce qui signifie que pour vendre une quantité plus importante, il doit baisser le prix. La fixation du prix et de la quantité dans un monopole génère deux effets antagonistes sur la recette totale (RT). D'une part, augmenter la quantité vendue devrait logiquement augmenter la recette totale en raison de la vente d'unités supplémentaires. D'autre part, le prix doit être réduit pour vendre ces unités supplémentaires en raison de la pente négative de la courbe de demande. Cela signifie que chaque unité supplémentaire est vendue à un prix inférieur, ce qui peut réduire la recette totale. L'effet net de ces deux forces antagonistes sur la recette totale est a priori incertain. | En situation de monopole, le producteur unique fait effectivement face à l'ensemble de la demande du marché. Puisqu'il n'existe pas de concurrents, le monopoleur a le pouvoir de fixer le prix des biens ou services qu'il offre – il est un "price maker". Toutefois, cette capacité à fixer les prix ne signifie pas que le monopoleur peut les établir arbitrairement sans tenir compte de la réaction des consommateurs. La courbe de demande à laquelle le monopoleur fait face est généralement décroissante, ce qui signifie que pour vendre une quantité plus importante, il doit baisser le prix. La fixation du prix et de la quantité dans un monopole génère deux effets antagonistes sur la recette totale (RT). D'une part, augmenter la quantité vendue devrait logiquement augmenter la recette totale en raison de la vente d'unités supplémentaires. D'autre part, le prix doit être réduit pour vendre ces unités supplémentaires en raison de la pente négative de la courbe de demande. Cela signifie que chaque unité supplémentaire est vendue à un prix inférieur, ce qui peut réduire la recette totale. L'effet net de ces deux forces antagonistes sur la recette totale est a priori incertain. | ||
Le monopoleur, en exploitant la relation entre le prix et la quantité, va chercher à maximiser son profit. Il va ajuster sa quantité produite jusqu'au point où le coût marginal de production est égal à la recette marginale, qui est différente de la recette totale en raison de l'effet du prix sur la quantité vendue. Par opposition, dans un environnement de concurrence parfaite, les entreprises sont de simples "price takers" et ne peuvent pas influencer le prix par leurs actions individuelles. Elles vendent autant qu'elles le souhaitent au prix du marché. La demande à laquelle chaque entreprise individuelle fait face est horizontale ou parfaitement élastique, reflétant le fait qu'elles peuvent vendre n'importe quelle quantité au prix du marché sans affecter ce prix. Le monopoleur, en ajustant la quantité produite, peut choisir son point sur la courbe de demande et donc déterminer le prix de marché. Cela lui donne un contrôle direct sur l'équilibre du marché, un pouvoir dont ne disposent pas les entreprises dans un marché de concurrence parfaite.NB 1 : Dans un marché compétitif, chaque entreprise fait face à une courbe de demande parfaitement élastique ou horizontale. Cela signifie que l'entreprise peut vendre n'importe quelle quantité de son produit au prix du marché sans influencer ce prix. Les entreprises individuelles ne peuvent pas fixer les prix et doivent accepter le prix qui prévaut sur le marché, d'où l'expression "price takers". | Le monopoleur, en exploitant la relation entre le prix et la quantité, va chercher à maximiser son profit. Il va ajuster sa quantité produite jusqu'au point où le coût marginal de production est égal à la recette marginale, qui est différente de la recette totale en raison de l'effet du prix sur la quantité vendue. Par opposition, dans un environnement de concurrence parfaite, les entreprises sont de simples "price takers" et ne peuvent pas influencer le prix par leurs actions individuelles. Elles vendent autant qu'elles le souhaitent au prix du marché. La demande à laquelle chaque entreprise individuelle fait face est horizontale ou parfaitement élastique, reflétant le fait qu'elles peuvent vendre n'importe quelle quantité au prix du marché sans affecter ce prix. Le monopoleur, en ajustant la quantité produite, peut choisir son point sur la courbe de demande et donc déterminer le prix de marché. Cela lui donne un contrôle direct sur l'équilibre du marché, un pouvoir dont ne disposent pas les entreprises dans un marché de concurrence parfaite.NB 1 : Dans un marché compétitif, chaque entreprise fait face à une courbe de demande parfaitement élastique ou horizontale. Cela signifie que l'entreprise peut vendre n'importe quelle quantité de son produit au prix du marché sans influencer ce prix. Les entreprises individuelles ne peuvent pas fixer les prix et doivent accepter le prix qui prévaut sur le marché, d'où l'expression "price takers". | ||
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=== La recette totale === | === La recette totale === | ||
La recette totale est le produit du prix (<math>p</math>) par la quantité vendue (<math>q</math>), et elle est une fonction de la quantité, soit <math>RT(q) = p(q) \times q</math>. | La recette totale est le produit du prix (<math>p</math>) par la quantité vendue (<math>q</math>), et elle est une fonction de la quantité, soit <math>RT(q) = p(q) \times q</math>. | ||
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=== La recette marginale === | === La recette marginale === | ||
La recette marginale représente l'augmentation de la recette totale résultant de la vente d'une unité supplémentaire. Pour un monopoleur, cette recette marginale est affectée non seulement par le prix de l'unité supplémentaire vendue, mais aussi par l'effet de cette vente supplémentaire sur le prix de toutes les unités vendues. La formule de la recette marginale que vous avez donnée est correcte : | |||
La recette marginale représente l'augmentation de la recette totale résultant de la vente d'une unité supplémentaire. Pour un monopoleur, cette recette marginale est affectée non seulement par le prix de l'unité supplémentaire vendue, mais aussi par l'effet de cette vente supplémentaire sur le prix de toutes les unités vendues. La formule de la recette marginale est : | |||
<math>Rm = \frac{\partial RT(q)}{\partial q} = \frac{\partial [p(q) \times q]}{\partial q} = p + \frac{\partial p(q)}{\partial q} \times q</math> | <math>Rm = \frac{\partial RT(q)}{\partial q} = \frac{\partial [p(q) \times q]}{\partial q} = p + \frac{\partial p(q)}{\partial q} \times q</math> | ||
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Il est important de noter que, dans le cas d'un monopole, la recette marginale n'est pas simplement égale au prix de l'unité supplémentaire, car la vente de cette unité supplémentaire a un impact sur le prix global, qui à son tour affecte la recette totale. Cela contraste avec un marché de concurrence parfaite, où la recette marginale est simplement égale au prix du marché, car les entreprises ne peuvent pas influencer ce prix par leur niveau de production. | Il est important de noter que, dans le cas d'un monopole, la recette marginale n'est pas simplement égale au prix de l'unité supplémentaire, car la vente de cette unité supplémentaire a un impact sur le prix global, qui à son tour affecte la recette totale. Cela contraste avec un marché de concurrence parfaite, où la recette marginale est simplement égale au prix du marché, car les entreprises ne peuvent pas influencer ce prix par leur niveau de production. | ||
Dans un contexte de monopole, la recette marginale (Rm) est différente du prix en raison de l'effet de la quantité supplémentaire sur le prix global. | Dans un contexte de monopole, la recette marginale (Rm) est différente du prix en raison de l'effet de la quantité supplémentaire sur le prix global. Comme vous l'avez indiqué, la relation <math>\frac{\partial p}{\partial q} < 0</math> montre que le prix diminue à mesure que la quantité augmente. Cela a une implication directe sur la recette marginale. | ||
Dans un marché de concurrence parfaite, la recette marginale est égale au prix, car les entreprises sont des "price takers" et n'ont pas d'influence sur le prix par leur niveau de production. Toutefois, dans un monopole, la vente d'une unité supplémentaire augmente la recette totale du montant de ce prix, mais en même temps, elle entraîne une baisse du prix pour toutes les unités vendues (pas seulement l'unité supplémentaire), ce qui réduit la recette totale. | Dans un marché de concurrence parfaite, la recette marginale est égale au prix, car les entreprises sont des "price takers" et n'ont pas d'influence sur le prix par leur niveau de production. Toutefois, dans un monopole, la vente d'une unité supplémentaire augmente la recette totale du montant de ce prix, mais en même temps, elle entraîne une baisse du prix pour toutes les unités vendues (pas seulement l'unité supplémentaire), ce qui réduit la recette totale. | ||
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== Fonction de demande: concurrence parfaite vs monopole == | == Fonction de demande: concurrence parfaite vs monopole == | ||
La fonction de demande capture la relation entre le prix d'un bien ou service et la quantité de ce bien ou service que les consommateurs sont prêts à acheter. Cette relation varie grandement entre la concurrence parfaite et le monopole en raison des différences dans la structure du marché et le pouvoir de marché des entreprises. | La fonction de demande capture la relation entre le prix d'un bien ou service et la quantité de ce bien ou service que les consommateurs sont prêts à acheter. Cette relation varie grandement entre la concurrence parfaite et le monopole en raison des différences dans la structure du marché et le pouvoir de marché des entreprises. | ||
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Cette capacité de fixer les prix confère au monopoleur une grande influence sur le marché, qui contraste fortement avec le statut des entreprises en concurrence parfaite, qui prennent le prix comme une donnée et se concentrent plutôt sur la maximisation de leur efficacité de production pour maximiser leurs profits. Les implications de cette différence sont profondes, non seulement pour les stratégies commerciales des entreprises, mais aussi pour la régulation économique. Les monopoles peuvent conduire à des prix plus élevés et à une production inférieure à celle qui serait obtenue dans un marché parfaitement concurrentiel, ce qui peut justifier une intervention réglementaire pour protéger les consommateurs et assurer une allocation efficace des ressources. | Cette capacité de fixer les prix confère au monopoleur une grande influence sur le marché, qui contraste fortement avec le statut des entreprises en concurrence parfaite, qui prennent le prix comme une donnée et se concentrent plutôt sur la maximisation de leur efficacité de production pour maximiser leurs profits. Les implications de cette différence sont profondes, non seulement pour les stratégies commerciales des entreprises, mais aussi pour la régulation économique. Les monopoles peuvent conduire à des prix plus élevés et à une production inférieure à celle qui serait obtenue dans un marché parfaitement concurrentiel, ce qui peut justifier une intervention réglementaire pour protéger les consommateurs et assurer une allocation efficace des ressources. | ||
== Recettes d'un monopole: un exemple numérique == | == Recettes d'un monopole: un exemple numérique== | ||
Le tableau présenté offre un aperçu détaillé du fonctionnement de la tarification dans un monopole à travers un exemple numérique centré sur la vente d'eau. À mesure que la quantité d'eau vendue augmente, on observe une diminution progressive du prix, reflétant la nature décroissante de la courbe de demande à laquelle fait face un monopoleur. Cette situation met en évidence le pouvoir qu'a le monopoleur de fixer les prix en fonction de la quantité qu'il souhaite écouler sur le marché, mais avec la contrainte que des prix plus bas sont nécessaires pour attirer une demande plus importante. | Le tableau présenté offre un aperçu détaillé du fonctionnement de la tarification dans un monopole à travers un exemple numérique centré sur la vente d'eau. À mesure que la quantité d'eau vendue augmente, on observe une diminution progressive du prix, reflétant la nature décroissante de la courbe de demande à laquelle fait face un monopoleur. Cette situation met en évidence le pouvoir qu'a le monopoleur de fixer les prix en fonction de la quantité qu'il souhaite écouler sur le marché, mais avec la contrainte que des prix plus bas sont nécessaires pour attirer une demande plus importante. | ||
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== Maximisation du profit == | == Maximisation du profit == | ||
La maximisation du profit est un objectif central pour les entreprises, que ce soit dans un marché de concurrence parfaite ou en situation de monopole. Dans les deux cas, la règle de base pour maximiser les profits est d'égaliser la recette marginale (Rm) au coût marginal (Cm). Cependant, la manière dont le prix et la quantité sont déterminés diffère entre ces deux structures de marché en raison de la nature de la courbe de demande à laquelle chaque entreprise fait face. En situation de monopole, le producteur est l'unique vendeur sur le marché et fait face à la courbe de demande du marché entier, qui est généralement décroissante. Cela signifie que pour augmenter la quantité vendue, le monopoleur doit baisser le prix, ce qui entraîne une recette marginale inférieure au prix. Lorsque le monopoleur ajuste sa production pour que la recette marginale égale le coût marginal, la quantité d'équilibre trouvée est celle où le coût de production de la dernière unité (le coût marginal) est exactement égal au supplément de recette généré par la vente de cette unité (la recette marginale). | La maximisation du profit est un objectif central pour les entreprises, que ce soit dans un marché de concurrence parfaite ou en situation de monopole. Dans les deux cas, la règle de base pour maximiser les profits est d'égaliser la recette marginale (Rm) au coût marginal (Cm). Cependant, la manière dont le prix et la quantité sont déterminés diffère entre ces deux structures de marché en raison de la nature de la courbe de demande à laquelle chaque entreprise fait face. En situation de monopole, le producteur est l'unique vendeur sur le marché et fait face à la courbe de demande du marché entier, qui est généralement décroissante. Cela signifie que pour augmenter la quantité vendue, le monopoleur doit baisser le prix, ce qui entraîne une recette marginale inférieure au prix. Lorsque le monopoleur ajuste sa production pour que la recette marginale égale le coût marginal, la quantité d'équilibre trouvée est celle où le coût de production de la dernière unité (le coût marginal) est exactement égal au supplément de recette généré par la vente de cette unité (la recette marginale). | ||
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Cela reflète le fait que, pour augmenter les ventes, le monopoleur doit baisser le prix, ce qui affecte non seulement les unités supplémentaires vendues mais aussi toutes les unités vendues précédemment, réduisant ainsi la recette marginale en dessous du prix. La différence entre le prix et la recette marginale est essentiellement le pouvoir de marché du monopoleur et c'est ce qui lui permet de réaliser un profit sur chaque unité vendue au-dessus du coût marginal. | Cela reflète le fait que, pour augmenter les ventes, le monopoleur doit baisser le prix, ce qui affecte non seulement les unités supplémentaires vendues mais aussi toutes les unités vendues précédemment, réduisant ainsi la recette marginale en dessous du prix. La différence entre le prix et la recette marginale est essentiellement le pouvoir de marché du monopoleur et c'est ce qui lui permet de réaliser un profit sur chaque unité vendue au-dessus du coût marginal. | ||
NB 1 : Dans un environnement de monopole, le prix est fixé par le producteur, contrairement à une situation de concurrence parfaite où le prix est dicté par le marché. Le monopoleur, en tant que seul producteur, a la capacité d'influencer le prix en ajustant la quantité offerte. Cette capacité à fixer les prix vient du fait que le monopoleur contrôle l'offre totale d'un bien ou d'un service, et face à une courbe de demande décroissante, il peut choisir le point sur cette courbe qui maximise ses profits. Cela contraste avec les entreprises en concurrence parfaite qui, indépendamment de la quantité produite ou vendue, ne peuvent pas influencer le prix de marché car elles sont trop petites par rapport au marché global et leurs produits sont parfaitement substituables. | NB 1 : Dans un environnement de monopole, le prix est effectivement fixé par le producteur, contrairement à une situation de concurrence parfaite où le prix est dicté par le marché. Le monopoleur, en tant que seul producteur, a la capacité d'influencer le prix en ajustant la quantité offerte. Cette capacité à fixer les prix vient du fait que le monopoleur contrôle l'offre totale d'un bien ou d'un service, et face à une courbe de demande décroissante, il peut choisir le point sur cette courbe qui maximise ses profits. Cela contraste avec les entreprises en concurrence parfaite qui, indépendamment de la quantité produite ou vendue, ne peuvent pas influencer le prix de marché car elles sont trop petites par rapport au marché global et leurs produits sont parfaitement substituables. | ||
NB 2 : L'inégalité <math>p_M > Cm(q^\ast)</math> illustre le pouvoir de marché dont jouit le monopoleur. Le prix du marché <math>p_M</math> est supérieur au coût marginal <math>Cm(q^\ast)</math> à la quantité de profit maximisant <math>q^\ast</math>. Cela signifie que le monopoleur peut fixer un prix qui non seulement couvre le coût marginal de production mais qui lui permet aussi de réaliser un profit sur chaque unité vendue. C'est ce qui lui confère un pouvoir de marché – la capacité de fixer le prix au-dessus du coût marginal sans perdre tous ses clients. Ce pouvoir de marché peut entraîner des inefficacités économiques, car la quantité produite et vendue dans un monopole est généralement inférieure à celle d'un marché concurrentiel, et le prix est plus élevé, ce qui peut causer une perte de bien-être économique et justifier une réglementation ou une politique de concurrence. | NB 2 : L'inégalité <math>p_M > Cm(q^\ast)</math> illustre le pouvoir de marché dont jouit le monopoleur. Le prix du marché <math>p_M</math> est supérieur au coût marginal <math>Cm(q^\ast)</math> à la quantité de profit maximisant <math>q^\ast</math>. Cela signifie que le monopoleur peut fixer un prix qui non seulement couvre le coût marginal de production mais qui lui permet aussi de réaliser un profit sur chaque unité vendue. C'est ce qui lui confère un pouvoir de marché – la capacité de fixer le prix au-dessus du coût marginal sans perdre tous ses clients. Ce pouvoir de marché peut entraîner des inefficacités économiques, car la quantité produite et vendue dans un monopole est généralement inférieure à celle d'un marché concurrentiel, et le prix est plus élevé, ce qui peut causer une perte de bien-être économique et justifier une réglementation ou une politique de concurrence. | ||
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== Exemple : l'industrie pharmaceutique == | == Exemple : l'industrie pharmaceutique == | ||
L'exemple de l'industrie pharmaceutique illustre bien l'interaction entre les brevets, l'innovation et le pouvoir de marché. Les brevets sont un outil juridique conçu pour encourager l'innovation en accordant aux inventeurs un monopole temporaire sur l'exploitation de leurs inventions. Dans le secteur pharmaceutique, cela signifie qu'une entreprise qui découvre un nouveau médicament peut obtenir un brevet qui lui assure l'exclusivité de la production et de la vente de ce médicament pendant une période donnée, généralement 20 ans à partir de la date de dépôt de la demande de brevet. | L'exemple de l'industrie pharmaceutique illustre bien l'interaction entre les brevets, l'innovation et le pouvoir de marché. Les brevets sont un outil juridique conçu pour encourager l'innovation en accordant aux inventeurs un monopole temporaire sur l'exploitation de leurs inventions. Dans le secteur pharmaceutique, cela signifie qu'une entreprise qui découvre un nouveau médicament peut obtenir un brevet qui lui assure l'exclusivité de la production et de la vente de ce médicament pendant une période donnée, généralement 20 ans à partir de la date de dépôt de la demande de brevet. | ||
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== Le coût en bien-être du monopole == | == Le coût en bien-être du monopole == | ||
La distinction entre la perspective du consommateur et celle du producteur en présence d'un monopole par rapport à un marché compétitif est une question centrale en économie du bien-être. Dans un marché compétitif, le prix tend à se rapprocher du coût marginal, ce qui signifie que les entreprises vendent leurs biens et services au coût de production de la dernière unité. Cela conduit généralement à une allocation efficace des ressources, où le surplus total, composé du surplus du consommateur et du surplus du producteur, est maximisé. | La distinction entre la perspective du consommateur et celle du producteur en présence d'un monopole par rapport à un marché compétitif est une question centrale en économie du bien-être. Dans un marché compétitif, le prix tend à se rapprocher du coût marginal, ce qui signifie que les entreprises vendent leurs biens et services au coût de production de la dernière unité. Cela conduit généralement à une allocation efficace des ressources, où le surplus total, composé du surplus du consommateur et du surplus du producteur, est maximisé. | ||
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== Inefficience : perte de surplus du consommateur (SC) == | == Inefficience : perte de surplus du consommateur (SC) == | ||
Dans un contexte de monopole, l'inefficience est souvent décrite en termes de perte de surplus du consommateur (SC), qui est une conséquence directe du prix plus élevé fixé par le monopoleur par rapport à un marché compétitif. | Dans un contexte de monopole, l'inefficience est souvent décrite en termes de perte de surplus du consommateur (SC), qui est une conséquence directe du prix plus élevé fixé par le monopoleur par rapport à un marché compétitif. | ||
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== Inefficience : gain de surplus du producteur (SP) == | == Inefficience : gain de surplus du producteur (SP) == | ||
[[Fichier:Monopole Inefficience gain de SP.png|400px|vignette|centré]] | [[Fichier:Monopole Inefficience gain de SP.png|400px|vignette|centré]] | ||
== Inefficience : perte nette == | == Inefficience : perte nette == | ||
[[Fichier:Monopole Inefficience perte nette.png|400px|vignette|centré]] | [[Fichier:Monopole Inefficience perte nette.png|400px|vignette|centré]] | ||
= Politiques publiques et monopole = | = Politiques publiques et monopole = | ||
== Solutions possibles == | == Solutions possibles == | ||
Les décideurs politiques peuvent réagir au problème posé par un monopole de quatre façons : | |||
*En essayant de rendre les industries monopolistiques plus concurrentielles (cf. page suivante). | |||
*En réglementant le comportement des monopoles (cf. plus bas). | |||
*En transformant certains monopoles privés en entreprises publiques. | |||
*En ne faisant rien du tout. | |||
== Accroître la concurrence == | == Accroître la concurrence == | ||
L’État peut promouvoir la concurrence en utilisant les lois antitrust de plusieurs manières : | |||
*L’État peut empêcher les fusions. | |||
*L’État peut démanteler des entreprises ou punir l'abus de positions dominantes (Netscape vs Microsoft). | |||
*L'État peut réduire la durée des patentes ou des brevets. | |||
*Les lois antitrust peuvent empêcher les entreprises de coordonner leurs activités de manière à rendre les marchés moins concurrentiels. | |||
Les politiques de la concurrence sont connues aux États-Unis sous le nom de lois antitrust : | |||
*Le Sherman Act (1890) réduit le pouvoir de marché des groupes industriels qui dominent l’économie. | |||
*Le Clayton Act (1914) renforce les pouvoirs du gouvernement et autorise les procès civils. | |||
*Le Traité de Rome (Art. 82) en Europe (1957). | |||
*La nouvelle Lcart (Loi sur les cartels) en Suisse (1996). | |||
Le Sherman Act | |||
Le Clayton Act | |||
La | |||
== Réglementer le comportement des monopoles == | == Réglementer le comportement des monopoles == | ||
L’État peut réglementer le prix fixé par le monopole: l’allocation des ressources est efficace si le prix est tel qu’il est égal au coût marginal. | |||
Cependant, il n’est pas toujours aisé pour le régulateur de connaître et fixer le prix idéal. De plus, en monopole, fixer un prix égal au coût marginal n’est pas forcement viable pour l’entreprise. | |||
Forcer le résultat "idéal" de concurrence parfaite en imposant au monopoleur le prix de la concurrence parfaite comme plafond, implique automatiquement une recette marginale constante pour le monopoleur, de sorte qu’il n’a plus intérêt à limiter sa production. | |||
Problème pratique : le prix de concurrence parfaite n’est pas observé en monopole. L’État peut se tromper et fixer un prix qui est plus haut ou plus bas. | |||
Selon le niveau du prix choisi, le gain de bien-être sera moindre par rapport à la concurrence parfaite (ou même pire). | |||
== Prix plafond == | == Prix plafond == | ||
[[Fichier:Monopole prix plafond.png|400px|vignette|centré]] | [[Fichier:Monopole prix plafond.png|400px|vignette|centré]] | ||
== Réglementation dans le cas de monopole naturel == | == Réglementation dans le cas de monopole naturel == | ||
Si on force un monopole naturel à pratiquer un prix égal au coût marginal (concurrence parfaite), l’entreprise fera des pertes ! | |||
Rappel: en monopole naturel, le coût marginal est toujours inférieur au coût moyen de sorte que le prix-plafond sera aussi nécessairement inférieur au coût moyen => la recette totale est inférieure au coût total => perte. | |||
[[Fichier:Réglementation dans le cas de monopole naturel 1.png|400px|vignette|centré]] | [[Fichier:Réglementation dans le cas de monopole naturel 1.png|400px|vignette|centré]] | ||
== Monopole naturel : subventions == | == Monopole naturel : subventions == | ||
Dans ce cas, une solution de pis-aller consiste à subventionner (!) l’entreprise qui fait des pertes. | |||
Le montant de la subvention est alors : <math>[p(q^\ast) - CM(q^\ast)] \times q^\ast</math> de sorte que l’entreprise ne fait ni profit ni perte, <math>q^\ast</math> étant la quantité qui correspond à la condition de concurrence parfaite <math>p = Cm</math>. | |||
Inconvénient : la subvention nécessite une ponction fiscale ailleurs dans l’économie... | |||
Difficile de dire, sans une analyse d’équilibre général, si cette solution est avantageuse par rapport au statu quo (principe du second best). | |||
== Monopole naturel: tarification au CM == | == Monopole naturel: tarification au CM == | ||
Une autre solution consiste à appliquer une tarification au coût moyen. | |||
Aucune ponction fiscale n’est nécessaire, car l’entreprise est autonome (profit nul). | |||
En | En revanche, l’idéal de concurrence parfaite (<math>P = Cm</math>) n’est pas atteint avec une perte d’efficience malgré tout par rapport à l’idéal de concurrence parfaite... | ||
Cette perte d’efficience est toutefois moindre par rapport à la situation de monopole, et reste donc une amélioration possible. | |||
[[Fichier:Monopole naturel tarification au CM.png|400px|vignette|centré]] | [[Fichier:Monopole naturel tarification au CM.png|400px|vignette|centré]] | ||
== Monopole naturel : autres options == | == Monopole naturel : autres options == | ||
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<youtube>tIp_oeD1RuA</youtube> | <youtube>tIp_oeD1RuA</youtube> | ||
La propriété publique : au lieu de réglementer le monopole naturel d’une firme privée, l’État peut administrer le monopole lui-même en nationalisant le service en question (et en internalisant les pertes). Problème potentiel: les entreprises en monopole pourraient être utilisées pour des raisons électorales et non pas pour des raisons d’efficience productive. | |||
La propriété publique | |||
Ne rien faire : l’État peut considérer que la gestion publique d’une entreprise est sujette à des rigidités et lourdeurs administratives telles qu’il est préférable de ne pas nationaliser l’entreprise (les failles de marché sont plus petites que les failles du gouvernement)... mais... est-ce vraiment une solution ? | |||
== La discrimination par les prix == | == La discrimination par les prix == | ||
La discrimination par les prix est une pratique qui consiste à vendre le même bien à des prix différents à différents consommateurs. | |||
La discrimination par les prix est | La discrimination par les prix est impossible lorsqu’un bien est vendu sur un marché concurrentiel parce que de nombreuses firmes vendent le même bien au prix de marché, mais devient une pratique possible si le producteur est tout seul sur le marché (pour pouvoir pratiquer la discrimination par les prix, la firme doit avoir un certain pouvoir de marché). | ||
Exemples de discrimination par les prix : | |||
*Les tickets de cinéma ; | |||
*Les prix des billets d’avion ; | |||
*Les bons de réduction ; | |||
*Les remises sur les quantités achetées. | |||
La | La discrimination parfaite par les prix est possible dès lors que le monopole est capable de connaître exactement la volonté de payer de chaque consommateur et qu’il peut leur faire payer à tous un prix différent. | ||
== Bien-être et discrimination par les prix == | == Bien-être et discrimination par les prix == | ||
Deux effets importants de la discrimination par les prix : | |||
*elle augmente le profit du monopole (le SC est tout transféré au producteur). | |||
*elle réduit (ou élimine dans le cas de la discrimination parfaite) la perte sèche. | |||
[[Fichier:Bien être et discrimination par les prix.png|400px|vignette|centré]] | |||
== Quelques considérations d'équité == | == Quelques considérations d'équité == | ||
Avec la discrimination parfaite par les prix il n’y a plus de perte sèche/sociale mais il n’y a pas non plus de surplus pour le consommateur → considérations d'équité sociale : à priori, pourquoi mettre plus de poids sur le bien-être des consommateurs que sur celui des producteurs? (Pensez par exemple au pécheur d’huitre et son consommateur.) | |||
La discrimination | La discrimination par les prix peut être une bonne chose du point de vue social également (pas tout ce qui a l’air mauvais est nécessairement mauvais): les consommateurs qui auraient été exclus du marché sans discrimination (ceux qui sont entre la quantité du monopoleur sans discrimination et la quantité efficiente du point de vue social) ont maintenant accès au bien. Ils n’ont pas de surplus (dans ce cas extrême), mais au moins ils peuvent consommer ! | ||
= Résumé = | |||
Un monopole est une firme qui a l'exclusivité de production sur son marché. | |||
La courbe de demande qui s’adresse au monopole est décroissante => la recette marginale du monopole est toujours en dessous du prix du bien. | |||
Comme une firme concurrentielle, une firme en monopole maximise le profit en produisant la quantité pour laquelle la recette marginale est égale au coût marginal. | |||
Contrairement au cas d’une firme concurrentielle, le prix du monopole est supérieur à sa recette marginale et donc son prix est supérieur au coût marginal. | |||
La | La quantité de biens produite qui maximise le profit du monopole est inférieure au niveau qui maximise la somme du surplus des consommateurs et des producteurs (quantité en concurrence parfaite). | ||
Le monopole engendre donc une perte sèche pour la société. Cette perte est identique à celle causée par les taxes. | |||
Les décideurs politiques peuvent réagir à l’inefficacité du comportement du monopole en utilisant le droit de la concurrence, en réglementant les prix ou en transformant le monopole en entreprise publique. | |||
Les monopoles peuvent augmenter leurs profits en fixant des prix différents pour le même bien sur la base de la volonté de payer d’un acheteur. | |||
La discrimination par les prix peut augmenter le bien-être économique total et réduire les pertes sèches. | |||
= Annexes = | = Annexes = | ||
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[[Catégorie:Federica Sbergami]] | [[Catégorie:Federica Sbergami]] | ||
[[Catégorie:Giovanni Ferro-Luzzi]] | [[Catégorie:Giovanni Ferro-Luzzi]] | ||
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